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"Distinguo entre Islamisme, Salafisme, Soufisme, Chiisme, Sunnisme, Wahhabisme" par Jacques Hallard
mardi 13 août 2019, par
Distinguo entre Islamisme, Salafisme, Soufisme, Chiisme, Sunnisme, Wahhabisme : avec Hoda Barakat écrivaine libanaise respectueuse des textes sacrés de l’islam et parisienne d’adoption et … l’ouverture de la mosquée « inclusive » ‘Fatima’ à Paris en 2019 par Kahina Bahloul, islamologue, théologienne, actrice du dialogue interreligieux et première imame de France
Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS 12
/08/2019
Série « Divers aspects du monde arabe et de l‘islam » :
Partie 1 : ’Données géographiques et linguistiques sur les Pays arabes et découverte de la civilisation islamique et du monde musulman ’ par Jacques Hallard dimanche 5 mai 2019.
Partie 2 : ’De l’Âge d’Or de la civilisation islamique au monde musulman contemporain en Francophonie - Compléments sur la foi et la raison ’ par Jacques Hallard , dimanche 26 mai 2019.
Partie 3 : ’La présence de femmes musulmanes ‘savantes’, réputées et engagées est attestée depuis le IXème siècle et jusqu’à nos jours à travers le monde’ par Jacques Hallard, vendredi 31 mai 2019
Partie 4 : ’Des 5 piliers de l’islam à l‘exégèse coranique moderne selon Jacqueline Chabbi ; regards sur la place de la femme dans l’Islam, son statut dans les versets coraniques, et quelques réalités quotidiennes en Occident’ par Jacques Hallard, jeudi 13 juin 2019
Partie 5 : ’Une série documentaire sans complaisance sur les multiples lieux communs et les clichés projetés sur les femmes arabes qui vivent en France’ par Jacques Hallard , dimanche 23 juin 2019
Partie 6 : ’Féminisme, laïcité « à la française » et valeurs républicaines reprises par des militantes musulmanes qui s’engagent en politique en France et en Belgique notamment pour la liberté de pensée et de conscience, l’égalité sexuelle et d’accès à l’éducation, leurs choix et droits vestimentaires’ par Jacques Hallard, dimanche 14 juillet 2019
Partie 7 : Distinguo entre Islamisme, Salafisme, Soufisme, Chiisme, Sunnisme, Wahhabisme : avec Hoda Barakat écrivaine libanaise respectueuse des textes sacrés de l’islam et parisienne d’adoption … et ouverture de la mosquée « inclusive » ‘Fatima’ à Paris en 2019 par Kahina Bahloul, islamologue, théologienne, actrice du dialogue interreligieux et première imame de France
PLAN : Définitions préliminaires Introduction {{}}Sommaire Auteur
Pédagogiquement, il peut être utile de considérer et de distinguer tout d’abord les courants historiques et les divers mouvements basés sur l’islam : l’Islamisme, le Salafisme, le Soufisme, le Chiisme et le Sunnisme, qui sont cités dans les documents choisis pour ce dossier montrant essentiellement des initiatives qui concernent l’engagement de femmes musulmanes dans les pratiques religieuses en islam.
Rappel : Islam avec ou sans majuscule ? Roland Laffitte - 20 janvier 2016 - Pour Wikipédia « Le mot « islam » avec une minuscule désigne la religion dont le prophète est Mahomet. Le terme d’« Islam » avec une majuscule21 désigne la civilisation islamique dans son ensemble22… »
Contenu de ces définitions préliminaires :
A. L’Islamisme d’après Wikipédia
B. Sélection d’informations sur le Salafisme
C. Sélection d’informations sur le Soufisme
D. Sélection d’informations sur le Chiisme
E. Sélection d’informations sur le Sunnisme
F. Le conflit sunnites/chiites – Documentation ‘Espace Prépas’
G. Sélection d’information sur le Wahhabisme
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A. L’Islamisme d’après Wikipédia
L’Islamisme est un courant de pensée musulman, essentiellement politique, apparu au XXe siècle. L’usage du terme depuis sa réapparition dans la langue française à la fin des années 1970 a beaucoup évolué1,2.
Il peut s’agir, par exemple, du « choix conscient de la doctrine musulmane comme guide pour l’action politique »3 – dans une acception que ne récusent pas certains islamistes –, ou encore, selon d’autres, d’une « idéologie manipulant l’islam en vue d’un projet politique : transformer le système politique et social d’un État en faisant de la charia, dont l’interprétation univoque est imposée à l’ensemble de la société, l’unique source du droit »4. C’est ainsi un terme d’usage controversé.
Sommaire
- 1 Étymologie
- 2 Histoire
- 3 Mouvances islamistes
- 4 Fondements de l’islamisme
- 5 Critiques du terme
- 6 Annexes
- 7 Notes et références
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Islamisme
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B.
Sélection d’informations sur le Salafisme
VIDEO : Ça veut dire quoi ’salafiste’ ? 1 jour, 1 question – Vidéo 01:42 –Document ‘education.francetv.fr’
Le mot « salafiste » vient du terme arabe « salaf », qui veut dire ancêtre. Il désigne les premiers musulmans, les compagnons de Mahomet, le prophète qui a fondé comme religion l’islam il y a 1 400 ans. Les salafistes sont donc des musulmans qui veulent un retour à l’islam tel qu’il était pratiqué à l’époque de Mahomet. Mais comment peut-on pratiquer un islam aussi ancien de nos jours ?
Réalisateur : Jacques Azam - Producteur : Milan Presse, France Télévisions - Production : 2015 - Publié le 18-05-2016 - Mis à jour le 15-11-2018 - © 2019 France Télévisions
Source : https://education.francetv.fr/matiere/actualite/ce1/video/ca-veut-dire-quoi-salafiste
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Le Salafisme d’après Wikipédia
Le salafisme (arabe : السلفية) est un mouvement religieux de l’islam sunnite, prônant un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane à l’époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples — connus comme les « pieux ancêtres » (al-Salaf al-Ṣāliḥ ) — et la « rééducation morale » de la communauté musulmane.
Les salafistes ont une lecture littérale des textes fondateurs de l’islam, le Coran et la Sunna, et postulent que leur interprétation est la seule légitime ; ils rejettent la jurisprudence islamique (fiqh) ainsi que les innovations dites « blâmables » (bidʻah).
Historiquement le mouvement salafiste est un mouvement d’inspiration libérale, né vers la fin du XIXe siècle en Égypte qui prend sa forme contemporaine dans les années 1920, laquelle s’inscrit essentiellement dans l’héritage idéologique de Ibn Taymiyya (XIIIe siècle) et a convergé avec le wahhabisme, parfois indifférencié de salafisme.
On distingue trois principales mouvances dans le salafisme contemporain : une qualifiée de « quiétiste », refusant de s’impliquer dans la vie civique ou politique et se consacrant à l’éducation des musulmans à la doctrine salafiste, une « politique » et une « djihadiste », qui prône l’action armée et utilise le salafisme comme une base idéologique pour justifier le terrorisme.
Le mouvement est ainsi caractérisé par des polémiques internes et des disputes théologiques, chacune de ces tendances entretenant un rapport particulier aux sociétés européennes et musulmanes ainsi qu’aux façons de parvenir à l’établissement de l’État islamique.
Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Salafisme
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Autres articles sur le salafisme :
Qu’est-ce que le salafisme ? - Croire - Questions de vie, questions de foihttps://croire.la-croix.com › Definitions › Lexique -22 juin 2018 - Emmanuel Pisani, dominicain, directeur de l’ISTR à l’Institut catholique de Paris répond aux questions de Sophie de Villeneuve ...
Qu’est-ce que le salafisme ? - Magazine Sciences Humaineshttps://www.scienceshumaines.com/qu-est-ce-que-le-salafisme_fr_35302.html --Le salafisme* est une orthodoxie religieuse, revendiquée par une mouvance hétérogène, complexe et évolutive, dans laquelle on peut distinguer trois ... »
Que désigne le terme « salafisme » ?https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-richier/blog/.../que-designe-le-terme-salafisme- 23 déc. 2018 – « Si on veut un titre nigaud à la mode, ça donnerait : « Au fait, c’est quoi le salafisme ? »
Le salafisme, une nébuleuse fondamentaliste en croissance en Francehttps://www.lepoint.fr › Société - 15 juin 2018 – « Le salafisme est-il un sas d’accès à la violence armée ? D’après les spécialistes, si cet islam de rupture reste minoritaire, il est en croissance… »
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Salafisme et jihadisme en Islam - Le blog d’Antoine Sfeir. Journaliste, politologue, directeur des ‘Cahiers de l’Orient’
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Racine : de salaf, « ancêtres » ou « pieux prédécesseurs », quête de l’authenticité et retour à la pureté des sources. Ce concept appartient à l’islam sunnite.
Au contraire de l’islamisme, le salafisme n’est donc ni un mouvement religieux à revendication politique, ni une organisation à proprement parler, plutôt une tendance de « régénération » de la foi et de réislamisation de la société. Un salafiste peut être considéré comme un musulman « ultra-orthodoxe ».
Doctrine - Le salafisme prône :
- le retour à l’islam des origines par l’imitation de la vie du Prophète, de ses compagnons et des deux générations suivantes ;
- le respect aveugle de la sunna (tradition islamique, comprenant le Coran, les hadiths et la sira).
Il condamne :
- toute interprétation théologique, en particulier par l’usage de la raison humaine, accusée d’éloigner le fidèle du message divin ;
- toute piété populaire ou superstition, comme le culte des saints, jugé contraire à l’unicité de Dieu (tawhîd) ;
- toute influence occidentale, comme le mode de vie et la société de consommation, mais également la démocratie et la laïcité.
Histoire
La filiation du salafisme débute, après les « pieux ancêtres », par l’école hanbalite, la plus rigoureuse des quatre écoles juridiques islamiques, qui ne reconnaît que le Coran et la sunna comme sources du droit musulman et inspire plus tard le wahhabisme, qui règne encore en Arabie séoudite et au Qatar.
Il faut distinguer deux notions de salafisme : celle des réformistes du début du XIXe siècle (Jamal ed-Dine al-Afghani et Mohammed Abduh), qui veulent alors imposer une réforme au sens quasi luthérien du terme (c’est-à-dire une lecture épurée des textes) ; et celle des salafistes actuels, davantage un littéralisme aveugle qui rejette toute innovation (bida’a).
Le salafisme s’impose progressivement dans tout le monde musulman, des pondoks (écoles coraniques) indonésiennes aux jeunes musulmans d’Europe. Il suit les préceptes de la finance islamique conceptualisés par les théologiens séoudiens. Ce néo-fondamentalisme traditionnaliste se révèle parfois une passerelle intellectuelle vers l’extrémisme et le jihad planétaire.
En France, dans les années 1980, les salafistes ont d’abord été assimilés à des fondamentalistes ou des traditionnalistes. Les années 1990 et la guerre civile algérienne ont donné une tribune aux prédicateurs salafistes dans les banlieues françaises, qui acquièrent une nouvelle visibilité grâce à l’Internet. Plus récemment, de jeunes convertis et d’autres issus de l’immigration ayant tenté la hijra (l’installation en Arabie séoudite) en sont revenus déçus. Se concevant comme une groupe social communautaire « puriste », confortés par l’émergence des salafistes tunisiens et égyptiens lors des « printemps arabes », ils contestent davantage l’influence des Frères musulmans.
Aujourd’hui, le salafisme se décline en trois courants principaux :
- Le salafisme « cheikhite » ou quiétiste, inspiré par le wahhabisme et les cheikhs implantés en Arabie séoudite, en Jordanie ou au Yémen, peut être considéré comme le plus littéraliste et le plus largement majoritaire à travers le monde. Uniquement préoccupé de vivre en symbiose avec les prescriptions coraniques, celui qui adopte cette forme de salafisme « de prédication » professe un certain mépris pour la vie sociale et politique et les courants engagés en politique, tels les Frères musulmans. Sous l’égide du cheikh Mohammad Nasser Al Dîn Al Albani (mort en 1999), du Yéménite Moukbil ou de l’imam algérien de Marseille, Abdelhadi Doudi, cette stratégie s’appuie sur une prédication non violente et non directement politique. La foi « revivifiée » doit naturellement transformer la société et, par-delà, le monde entier.
- Al Sahwa al Islamiya (« le Réveil islamique »), une tendance directement inspirée d’un courant plus politique, conduite en 1991 par les deux cheikhs wahhabites Salman Al Awda et Safar Al Hawali contre feu le roi Fahd après la première guerre du Golfe. Il trouve son origine dans la vive protestation d’une partie des oulémas contre l’entrée de l’armee américaine en Arabie séoudite. En Algerie, Ali Belhadj se réclamait d’Al Albani mais le FIS recevait Al Awda avec tous les honneurs dans de son plus grand meeting en 1991 dans un stade d’Alger. L’influence des deux personnages a diminué en raison de la montée du salafisme radical et autres tendances réformistes. Hawali fut atteint, en 2005, d’une forte hémorragie cérébrale ; quant à Awda, qui ne se situe plus sur le terrain de la contestation, ses relations avec le royaume séoudien sont désormais au beau fixe. La référence la plus citée de ce courant reste le Syrien Mohammad Sourour, qui veut rétablir le pouvoir des religieux face aux politiques. Ayant vécu longtemps à Birmingham, en Grande-Bretagne, il y a créé le Centre islamique, toujours en activité. Ce courant minoritaire accepte de se lancer dans la politique quand ils estiment que l’identité islamique est remise en cause en Occident. Nés et ayant grandi en Occident, ces salafistes sont prêts à négocier leurs votes auprès des élus. Dans ces cas, ils deviennent des concurrents directs des Frères musulmans, avec lesquels ils partagent alors une stratégie d’entrisme dans la vie politique et se disputent la même clientèle.
- Le salafisme « jihadiste » suit, lui, une ligne révolutionnaire : il constitue la base intellectuelle du terrorisme et des opérations suicide, encourageant des actions violentes contre les Occidentaux. Inspiré par l’expérience du Frère musulman égyptien Sayyed Qotb ou du Jordanien Abou Mohamed Al Maqdissi, il statue que tout musulman a l’obligation, où qu’il soit, de porter le fer contre ceux, musulmans ou non, qui oppriment les « musulmans pieux ».
Né au cours de la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan durant les années 1980, ce courant est le fruit de la rencontre entre la doctrine traditionnaliste séoudienne et la stratégie de prise de pouvoir des Frères musulmans. C’est sur ce terrain mythique témoin de la victoire des moudjahidin contre la puissante URSS, que la plupart des liens se sont créés entre les futurs terroristes islamistes de la planète, depuis la Jamaah islamiya indonésienne jusqu’au GICM (Groupe islamiste combattant marocain). Dès lors, les salafistes jihadistes se prononcent pour le combat armé destiné à libérer les pays musulmans des occupations étrangères et des régimes jugés impies. Ils fustigent à la fois les islamistes pour leur manque de piété et les autres courants salafistes pour leur « hypocrisie » face aux États occidentaux.
Ce jihadisme est celui mené par Al Qaïda et développé par Al Zawahiri et Abou Mossab, qui portent la lutte à l’échelle mondiale tandis que d’autres privilégient d’abord le combat dans un cadre national (Tchétchénie, Irak, Palestine, Algérie). La dimension meurtrière de ce jihad est favorisée par la diffusion d’images sur vidéocassettes, CD-Rom et sur l’Internet, et culmine dans la seconde moitié des années 1990 jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001, de Bali (2002), de Madrid (2004) et de Londres (2005). Son action est néanmoins battue en brèche dès le lendemain des attentats de New York. L’intervention de l’OTAN en Afghanistan, l’interdiction progressive de toutes les cellules de soutien telles celles de certaines ONG et le volontarisme de tous les États auparavant rétifs à s’attaquer aux bases arrières du terrorisme (Royaume-Uni, Malaisie, Afrique de l’Est) ont considérablement limité le champ d’action du terrorisme jihadiste, même si le Pakistan et l’Afghanistan restent les maillons faibles du dispositif en offrant l’asile aux derniers combattants.
Les États musulmans eux-mêmes alternent les politiques de répression avec celles du « rachat », permettant aux anciens jihadistes de s’amender. Ainsi l’amnistie des repentis en Algérie a-t-elle peut-être permis l’arrêt de la guerre civile en 1997. La politique plus subtile des autorités égyptiennes qui ont négocié dès 1997, avec les membres de la Gamaa islamiyya le repentir dans leur prison, en est un autre exemple. Toutefois, les flux continus des jihadistes en Irak et la permanence des bases salafistes, bien que majoritairement quiétistes, prouvent que le terreau du jihadisme demeure vivace.
On assiste depuis 2011 à l’effacement spectaculaire d’Al Qaïda, dont la mort du chef Ossama Ben Laden, en mai 2011, a constitué le point d’orgue. Les mouvements religieux, tant islamistes que salafistes, n’ont pas participé au déclenchement des soulèvements populaires dans le monde arabe et les tentatives de récupération ont plutôt consacré la montée des islamistes « politiques », tels Annahda en Tunisie et les Frères musulmans en Égypte.
Il n’en reste pas moins que cette petite minorité de salafistes fait une lecture « révolutionnaire » de l’islam, qui rendrait légitime l’usage de la violence. Ils se voient comme des combattants pour une cause « juste » : l’instauration d’un État islamique qui préfigurera l’avènement de la justice de Dieu sur terre.
En France et en Europe :
La France constitue un véritable pôle de l’organisation en Europe. Les salafistes européens, âgés de 18 à 35 ans environ, sont un phénomène nouveau. Les salafistes sont estimés entre 20.000 et 30.000, dont un quart à un tiers de convertis issus de milieux catholiques ou protestants (Français « de souche métropolitaine », Antillais, Congolais, Zaïrois…). Ces derniers, désirant « compenser » une vie jusque lors éloignée de l’islam, sont souvent les plus radicaux.
Les salafistes « quiétistes » sont légalistes et se soumettent au système législatif européen, meme si une loi contrevient à un principe religieux ; c’est le cas pour le voile des femmes, que les « quiétistes » ont appelé à ne pas porter si la loi l’exigeait. De la même façon, ils ont condamné toute forme de violence politique et d’actions terroristes après les attentats du 11 septembre, certains conseillant même aux musulmans occidentaux à collaborer avec les services de sécurité pour dénoncer une personne ou une organisation prônant la violence terroriste.
Source : Antoine Sfeir (dir.), Dictionnaire du Moyen-Orient, Bayard Éditions, 2011, 964 p.
Pour aller plus loin :
Mohammad Nasser Al Dîn Al Albani (dir.), Le salafisme du mythe à la réalité, Édition Al-Hadith, (2008), 244 p.
Bernard Rougier (dir.), Qu’est-ce que le salafisme ?, Presses Universitaires de France (2008), 271 p.
Samir Amghar, Le salafisme d’aujourd’hui. Mouvements sectaires en Occident, Michalon (2011), 280 p.
Source : https://antoinesfeir.wordpress.com/decryptages/salafisme/
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Pourquoi les salafistes inquiètent les autorités - Par Jean-Michel Décugis, Jérémie Pham-Lê et Éric Pelletier - Le 27 mai 2018 à 18h36, modifié le 27 mai 2018 à 16h35 - ocument ‘leparisien - Photo : À Marseille, l’imam radical El Hadi Doudi a été expulsé vers l’Algérie fin avril. AFP/Anne-Christine Poujoulat – « La montée en puissance de cette mouvance minoritaire de l’islam inquiète les autorités. Une note des Renseignements territoriaux pointe une « lecture de l’islam incompatible avec les valeurs fondamentales de la société française ».
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« Interdire le salafisme est impossible et absurde » Propos recueillis par Sébastien Ramnoux - Le 27 mai 2018 à 07h17, modifié le 27 mai 2018 à 07h30 – Document ‘leparisien’ – Photo : Bilel Ainine est membre de l’observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès. DR. « Les autorités s’inquiètent de la montée en puissance de cette mouvance minoritaire. Que préconise ce courant religieux ? Les salafistes ont-ils un but précis ? Éléments de réponse avec Bilel Ainine, docteur en sciences politiques et enseignant à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.
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C.
Sélection d’informations sur le Soufisme
Le Soufisme d’après Wikipédia
Le soufisme (en arabe : تصوف, tassawuf) représente une tendance ésotérique et mystique de l’islam1.
Il s’agit d’une voie d’élévation spirituelle par le biais d’une initiation dite tassawuf ou encore tariqa2, qui par extension désigne les confréries rassemblant les fidèles autour d’une figure sainte.
Le soufisme est présent, depuis les origines de la révélation prophétique de l’islam, à la fois dans les branches sunnite et chiite, bien qu’il ait pris des formes différentes dans les deux cas. Le soufisme est en contradiction avec le salafisme.
Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Soufisme
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Qui sont les soufis, ou mystiques musulmans ?
https://vous-avez-dit-arabe.webdoc.imarabe.org/revo_vignettes/articles/default/vignette_general.jpg
« Le soufi est quelqu’un qui est tel qu’il était, alors qu’il n’était pas encore ».
La manière dont, au IXe siècle, Jounayd définit le soufisme peut paraître énigmatique. Il exprime en fait l’un des principes majeurs du mysticisme musulman : l’unité entre Dieu et sa création, grand mystère que cherchent à pénétrer les mystiques musulmans.
Le mysticisme en islam est né dans le siècle qui suit la mort du Prophète. Peut-être influencé, à son origine, par les ermites chrétiens, il s’est considérablement développé au cours du temps, donnant lieu à une importante littérature en vers et en prose. On donna rapidement à ses adeptes le nom de soufi, probablement en référence à la laine (souf) grossière dont ils se vêtaient. D’autres étymologies ont été envisagées : une dérivation du mot grec sophos (« sagesse »), ou de l’arabe safa (« pureté »), mais elles sont généralement rejetées par les chercheurs.
Contrairement aux savants, qui cherchent à atteindre Dieu par l’étude du Coran et des textes religieux, les soufis revendiquent leur ignorance. Leur objectif est d’obtenir une connaissance de Dieu non par l’intellect, mais par l’expérience personnelle et intime, jusqu’à ne faire qu’un avec le Créateur. L’un des plus grands maitres soufis, al-Hallaj, proclamait ainsi par les rues de Bagdad, « Je suis l’absolue vérité », à savoir Dieu lui-même ; d’autres écrivirent des poèmes amoureux, en arabe ou en persan, où la description de l’aimé correspond à celle de la divinité.
Afin d’atteindre à la connaissance et à l’amour de Dieu, les soufis doivent parcourir un chemin scandé par plusieurs étapes – sept, en général, parmi lesquelles la pauvreté, la patience, la crainte, la satisfaction, la confiance en Dieu. Pour ce faire, ils pratiquent l’ascèse, la méditation, la retraite spirituelle, souvent pendant quarante jours. À l’instar des mystiques d’autres religions, ils s’adonnent aussi à la scansion inlassable du nom de Dieu et de la profession de foi musulmane : c’est peut-être par leur biais que le chapelet, utilisé à l’origine en Inde, serait arrivé en Occident. Celui des mystiques musulmans compte quatre-vingt-dix-neuf boules, qui correspondent chacune à l’un des noms de Dieu présent dans le Coran.
Le soufisme ne se pratique jamais seul : celui qui y aspire, le mourid, doit être pris en charge par un maître, le shaikh, qui s’occupe de son entraînement spirituel. Cette relation entre le maître et l’élève permet de perpétuer une chaîne de transmission initiatique, qui remonte toujours à Muhammad. Généralement, un shaikh a plusieurs disciples, qui se regroupent dans une confrérie et pratiquent ensemble les exercices de méditation et d’ascèse. L’une des plus connues est celle des Mevlevi, ou « derviches tourneurs », qui vit le jour à Konya, en Turquie actuelle, au XIIIe siècle.
La valorisation de la danse, de la musique, de la sensualité, voire de la boisson chez ces personnages pieux se justifie, à leur yeux, par leur désir de connaître Dieu non pas dans la lettre du Coran, mais dans l’esprit. On note que le soufisme fait souvent la part belle aux femmes : d’après l’un des principaux maîtres soufis, Ibn Arabi, celles-ci ont la même faculté d’accéder à la sainteté que les hommes. Parmi les premiers adeptes du mysticisme, on trouve d’ailleurs la poétesse Rabia al-Adawiyya, dont s’est inspirée, onze siècles plus tard, la fameuse chanteuse égyptienne Oum Kalsoum.
Néanmoins, le soufisme a souvent été considéré comme subversif et manquant aux principes de l’islam par les autorités religieuses. Dès le Xe siècle, al-Hallaj, par exemple, a été exécuté publiquement. De nos jours, la pratique du soufisme est condamnée en Arabie Saoudite, souvent mal acceptée en Afrique du Nord, et violemment rejetée par les mouvements islamistes. Elle séduit toutefois, de par le monde, de nombreux jeunes musulmans en quête de renouveau spirituel.
Mélisande Bizoirre
Pour aller plus loin :
- Le soufisme, « al-taṣawwuf » et la spiritualité islamique, Christian Bonaud, Paris : Maisonneuve et Larose, Institut du monde arabe, 1991
- Le soufisme, Éric Geoffroy, Paris : Eyrolles, 2013
- Introduction au monde du soufisme, Annemarie Schimmel, Saint-Jean-de-Braye : Dangles, 2004
- La sagesse soufie, inspiratrice pour notre temps ? , Les jeudis de l’IMA, 2016 , Voir le site
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Le soufisme expliqué à mon fils selon Souleymane Bachir Diagne
A l’occasion du 4e festival ‘Mode d’emploi’, BibliObs offre carte blanche à l’un de ses invités. Aujourd’hui : Souleymane Bachir Diagne. Par Invité de BibliObs - Publié le 15 novembre 2015 à 18h31 - Photo : Souleymane Bachir Diagne. (©Le Figaro) – Document : ‘bibliobs.nouvelobs.com’
- J’ai appris qu’une grande partie des musulmans sont des soufis. Dis-moi, c’est quoi le soufisme ?
– Je crois que la meilleure manière de t’expliquer c’est de te raconter une histoire que l’on trouve dans le livre saint des musulmans qui s’appelle, comme tu sais, le Coran.
Mais regardons d’abord quelle est l’origine de ce mot « soufisme ». Eh bien il y a en plusieurs possibles. L’une explique que le mot vient de ce que beaucoup de ceux qui voulaient vivre comme des « Soufis » portaient un vêtement en laine, un froc : laine se dit « souf » en arabe. Une autre dit que « soufisme » vient plutôt de « saffa » qui veut dire pureté. Une autre encore que cela vient du mot « sofa » qui signifie « banc », un mot qui a été adopté en français d’ailleurs.
- Et quel lien entre « banc » et « soufisme » ?
– Parmi les premiers compagnons du prophète Mohammed, certains étaient connus pour être en permanence assis sur un banc près de sa maison car ils désiraient vivre au maximum dans la plus grande proximité avec lui, afin de mieux conformer leur manière de vivre à la sienne. Les « gens du banc » auraient ainsi commencé la tradition de cet effort de vivre en imitant le modèle que constitue le prophète, une tradition qui peut donc être une définition du soufisme.
Une origine moins souvent évoquée est le mot « sophia » qui signifie « sagesse » en grec. Elle l’est par ceux qui disent que le soufisme est étranger à l’islam, est une importation d’autres traditions. Inutile de te dire que ceux-là rejettent et condamnent le soufisme.
Maintenant l’histoire que je t’ai annoncée. Avant de faire exister le monde et tous les êtres, Dieu réunit les humains qui vont vivre sur terre et les fait témoigner : « ne suis-je pas votre Seigneur ? », leur demande-t-il ; et tous de répondre : « Oh oui, nous en témoignons ». Reconnaître ainsi leur relation à Dieu, qui est une relation d’amour pour celui qui les crée et les maintient, c’est aussi se connaître eux-mêmes en comprenant la signification de leur humanité.
Les commentaires de ce passage du Coran continuent l’histoire et disent qu’après leur témoignage les humains, une fois apparus sur terre, ont oublié ce moment important où ils ont connu leur Seigneur et se sont connus eux-mêmes. Mais ils n’en ont pas totalement perdu le souvenir. Dans ce qu’ils font, dans ce qu’ils vivent, ils ont la nostalgie et le désir de ce moment d’union avec Dieu et avec eux-mêmes. Ils cherchent à se rappeler mais sans savoir quoi. L’aventure de se rappeler et le voyage de retour vers ce moment de réunion, c’est une définition possible du soufisme.
Le soufisme enseigne une manière de vivre plutôt que des connaissances. Et c’est pourquoi il s’exprime plus volontiers dans la poésie ou la musique, considérées comme un art de se souvenir, comme un rappel à l’humain, et qu’il doit se mettre en route vers le moment de la réunion.
- A-t-on raison de considérer les soufis en général comme tolérants ?
– Considère le sens de l’histoire de tout à l’heure : tous les êtres humains du fond de l’oubli sont animés par le désir de retrouver ce moment de la réunion ; les chemins qu’ils suivent peuvent être différents, mais l’amour qui les pousse à s’y engager est le même. Si on voit que c’est un seul et même amour qui est le moteur, alors on a un sens de l’unité des chemins au-delà de leur pluralité. C’est ce sens qui est cultivé par le soufisme.
Lire ’Il faut rendre sa face humaine à l’islam’
Souleymane Bachir Diagne, bio express - Spécialiste de philosophie islamique et en particulier du soufisme, Souleymane Bachir Diagne est philosophe et historien des sciences. Né au Sénégal, il y a enseigné pendant 20 ans avant de s’expatrier aux États-Unis, où il exerce aux départements de français et de philosophie de l’Université Columbia (New York). Il est l’auteur de nombreux livres, dont ’Comment philosopher en islam ?’ (Panama, 2008) et ’L’Encre des savants - Réflexions sur la philosophie en Afrique’ (Présence africaine, 2013). Il participe au festival Mode d’emploi 2015, à Lyon, autour de deux questions : ’Suis-je le gardien de mon frère ?’ (au Théâtre des Célestins ce 16 novembre à 19h30) et ’Soufisme, l’humanité à réaliser’ (aux Musée des confluences, ce 17 novembre à 10h).
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Source : https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20151115.OBS9536/le-soufisme-explique-a-mon-fils.html
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VIDEO - Soufisme, l’autre voie de l’islam : cycle de 5 émissions proposée par France Culture - Vidéo 2:18:10 ajoutée le 31 mars 2017 - Résonance[s] - http://www.franceculture.fr dans le cadre de ‘émission ’Les chemins de la connaissance’ par ar Abdelwahab Meddeb :
1/ Serge de Beaurecueil : ’Les commencements’ 29/01/2001
2/Salah Stétié : ’l’ivresse mystique’ 30/01/2001
3/Christian Jambet : ’Ibn’Arabi et les autres croyances : 31/01/2001
4/Charles de Fauchecourt : ’Le Masnavi de Rumi’ : le 01/02/2001
5/Denis Matringe : ’Le Soufi et le Yogi’
Catégorie : Divertissement - Musique utilisée dans cette vidéo - En savoir plus - Écoutez de la musique sans publicité avec YouTube Premium –
Titre : Dua / Mihrez - Artiste : Adnan Doğru - Album : Efsun - Dünya İslam Müzikleri (World Islamic Musics) - Concédé sous licence à YouTube par Believe Music (au nom de Uluçınar Müzik) et 1 sociétés de gestion des droits musicaux –
Titre : Majnun - Artiste : Hassan Kasaei - Album : Persian Ney II - Concédé sous licence à YouTube par The Orchard Music (au nom de Iran Music Foundation(IMF)).
Titre : Ney Taksimi - Niyâz Ilahileri - Son Yürüksemai ve Son Taksim - Artiste : Kani Karaca - Album : Mevlana - Dede Efendi (Saba Ayini) - Concédé sous licence à YouTube par The Orchard Music (au nom de Kalan Ses)
Source : https://www.youtube.com/watch?v=g_vXLILCszs
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D.
Sélection d’informations sur le Chiisme
Le Chiisme d’après Wikipédia – Photo : Le mausolée de l’imam Al-Hussein ibn Ali à Kerbala en Irak est un lieu saint pour les musulmans chiites.
Le chiisme (ou shî’isme1) constitue l’une des deux principales branches de l’islam, l’autre étant le sunnisme. Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans, dont 90 % de la population iranienne2,3,4.
Sommaire
- 1 Étymologie
- 2 Nomination du successeur
- 3 Histoire
- 4 Doctrines
- 5 Divisions et branches
- 6 Les chiites dans le monde
- 7 Calendrier religieux
- 8 Notes et références
- 9 Annexes
- 9.1 Bibliographie
- 9.2 Ouvrages sur le chiisme
- 9.3 Pour aller plus loin
- 9.4 Voir aussi
- 9.4.1 Articles connexes
- 9.4.2 Liens externes
Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (juillet 2010). Si vous disposez d’ouvrages ou d’articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l’article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références » - En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chiisme
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Quelles sont les particularités du chiisme ? Document de l’Institut du Monde Arabe
« Chiisme » vient de l’expression arabe shia Ali, les « partisans de Ali ». Il s’agit du plus ancien courant de l’islam puisqu’il émerge dans le contexte extrêmement mouvementé des premières décennies après la mort du prophète Muhammad en 632.
Ali ibn Abi Talib était le cousin et le gendre du prophète Muhammad. Compagnon de la première heure, réputé pour son courage au combat et sa connaissance de l’intégralité de la révélation coranique, il était une figure de premier plan de la communauté, même aux yeux de ceux qui deviendraient les sunnites. À la mort de Muhammad, les notables musulmans élurent Abou Bakr, un autre de ses premiers compagnons, comme son successeur (« calife »). Cette élection, menée en l’absence de Ali, fut perçue par son entourage comme un quasi coup d’État. Ali finit par prendre le pouvoir à son tour, à la mort du troisième calife de l’islam, Othman, en 656. Mais une partie de la communauté refusa alors de reconnaître son autorité, ce qui donna lieu à deux batailles fratricides : celle du Chameau et celle de Siffin, qui opposa Ali à Moawiya, le futur fondateur de la dynastie omeyyade. C’est à cette fitna (« discorde ») que remonte la division des musulmans entre chiites et sunnites.
La fitna s’aggrava encore lorsque les troupes du fils de Moawiya, Yazid Ier, massacrèrent Hossein, l’un des fils de Ali, et sa famille, en 680 à Karbala. Cet événement frappa les esprits et fut l’un des actes fondateurs du chiisme. Aujourd’hui encore, les chiites commémorent le martyr de Hossein lors de la fête de ashoura et il est dit que celui qui pleure avec sincérité son assassinat est assuré du salut. De ce massacre, les chiites tirèrent la conviction que tout pouvoir politique est injuste, sauf s’il est détenu par un imam, un homme issu de la descendance de Ali et Fatima, la fille du Prophète. La terre ne sera « remplie d’équité et de justice comme elle avait été remplie d’iniquité et d’injustice » qu’au retour du dernier imam, à la fin des temps
Théologiquement, le chiisme repose sur deux principes fondamentaux : le dualisme et la dualité. Le dualisme consiste à faire de l’histoire le théâtre d’une lutte perpétuelle entre amis et ennemis de Dieu. Cette approche peut se prévaloir du Coran : « Nous donnons à chaque prophète des ennemis parmi les criminels » (sourate 35, verset 31), mais elle accentue fortement ce trait.
La dualité repose sur l’idée que toute chose a une face apparente (zahir</italic) et une face cachée (
En ce sens, le chiisme est essentiellement une « imamologie », une religion de l’imam, puisque, sans sa médiation, le sens de la parole divine demeurerait inaccessible. La notion de walaya en témoigne : elle désigne aussi bien l’« amitié » ou la « proximité » entre Dieu et l’imam que la fidélité du croyant à l’imam – d’où la forme chiite de la profession de foi musulmane : « Il n’y a de dieu que Dieu, Muhammad est l’Envoyé de Dieu, et Ali est l’Ami (wali) de Dieu. » Reconnaître l’imam c’est participer à la walaya par son intercession.
En 874, la mort du onzième imam Hassan al-Askari priva les chiites de la présence matérielle d’un guide pour la communauté. Selon la tradition, son fils, le douzième imam, entra alors dans la « Petite Occultation », durant laquelle il continua à donner ses instructions à ses fidèles par l’intermédiaire de quatre ambassadeurs successifs. En 940, ce fut la « Grande Occultation » ; l’imam ne donna plus signe de vie, et les fidèles attendent depuis lors son retour à la fin des temps.
Les chiites ont toujours été minoritaires dans le monde islamique. De nos jours encore, ils représentent entre 10 et 20% de la population musulmane, et se divisent en trois courants principaux : le chiisme duodécimain ou imamite, l’ismaélisme et le zaydisme. Il existe d’autres courants plus confidentiels et plus ésotériques, comme les Alaouites de Syrie. Fârès Gillon
Pour aller plus loin :
- Le Guide divin dans le shīʿisme originel, aux sources de l’ésotérisme en islam, Mohammad Ali Amir-Moezzi, Paris : Verdier, 1992
- Qu’est-ce que le shî’isme ?, Mohammad Ali Amir-Moezzi, Christian Jambet, Paris : Fayard, 2004
- La Religion discrète, croyances et pratiques spirituelles dans l’islam shî’ite, Mohammad Ali Amir-Moezzi, Paris : Vrin, 2006
- Le Coran silencieux et le Coran parlant, sources scripturaires de l’islam entre histoire et ferveur, Mohammad Ali Amir-Moezzi, Paris : CNRS éditions, 2011
- Histoire de la philosophie islamique, Henry Corbin, Paris : Gallimard, 1986
- La Grande Discorde, religion et politique dans l’Islam des origines, Hichem Djaït, Paris : Gallimard, 1990
- L’Islam, religion et communauté, Louis Gardet, Paris : Desclée de Brouwer, 1967
- Le chiisme, [tr. H. Hougue], Heinz Halm, Paris : Presses Universitaires de France, 1995
- Shi‘ite doctrine, Mohammad Ali Amir-Moezzi, Encyclopaedia Iranica, 2005, Voir le site
- Qu’est-ce que le shî’isme ? , Mohammad Ali Amir Moezzi, Canal-U, 2015 , Voir le site
- Qu’est-ce que le chiisme ? , Amélie Neuve-Eglise, La revue de Téhéran, novembre 2011, 72 , Voir le site
- Dis, Uncle Obs… quelle est la différence entre chiites et sunnites ? , François Reynaert, L’Obs, 2013, Voir le site
- Le chiisme, en attendant l’imam caché, Saïd Bakhtaoui, Mohammad Ballout, Arte France, 2005
Source : https://vous-avez-dit-arabe.webdoc.imarabe.org/religion/sunnisme-chiisme-et-soufisme/quelles-sont-les-particularites-du-chiisme
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De 661 à nos jours - Les musulmans chiites et l’origine du chiisme – Document ‘herodote.net’
Ali, époux de Fatima, l’une des filles du prophète Mahomet, est à l’origine des deux principales scissions qui ont affecté la communauté musulmane (le kharidjisme et le chiisme). En 656, il succède à Othman, le troisième calife (ou remplaçant du prophète Mahomet).
Le nouveau calife et ses partisans (en arabe, chiites ou chi’ites) prônent une grande rigueur dans la mise en pratique de l’islam et l’assimilation des populations conquises. Ils recommandent aussi que le califat revienne aux descendants en ligne directe du prophète. Ils s’opposent sur ces points aux orthodoxes ou sunnites, adeptes d’une application souple de la doctrine musulmane (la sunna).
Les partisans d’Ali, conduits par le fils cadet de celui-ci, Al-Hussein, affrontent les sunnites à Kerbela en 680. Ils sont défaits et la mort d’Al-Hussein va consommer la rupture entre sunnites et chiites.
Les chiites dans le monde actuel -
Les chiites duodécimains (ils reconnaissent douze imams) représentent aujourd’hui environ 15% de l’ensemble des musulmans (environ 150 millions de fidèles). Ils sont très majoritaires en Iran (60 millions sur 70 millions d’habitants). Ils sont aussi majoritaires en Irak (60% des 30 millions d’Irakiens) où ils ont été jusqu’à ces dernières années opprimés par les Arabes sunnites (15% de la population), d’où les désordres actuels.
Ils sont devenus au Liban, ces dernières années, la communauté religieuse la plus nombreuse, devant les chrétiens, ce qui explique là aussi les tensions politiques. Ils sont présents aussi dans le nord de l’Arabie séoudite et dans les émirats du Golfe (une dizaine de millions) ainsi qu’à l’est de la Turquie (environ 15% des 70 millions de Turcs).
N’oublions pas surtout que le deuxième pays chiite au monde après l’Iran est le... Pakistan, avec plus de 40 millions de chiites pour 120 millions de sunnites.
Les différentes branches du chiisme
Les musulmans chiites attribuent une importance cruciale au culte de l’imam (d’après le mot arabe amâma qui veut dire devant). Cet imam chiite n’a rien à voir avec l’imam qui, chez les sunnites, préside simplement à la prière dans les mosquées.
L’imam, selon les chiites, est un homme de la descendance d’Ali. Il est réputé infaillible dans l’interprétation du sens caché du Coran. Tous les fidèles lui doivent allégeance. Est de même réputée infaillible Fatima, la fille du Prophète et l’épouse d’Ali.
Malheureusement, les chiites ne s’accordent pas sur le nombre d’imams légitimes.
– La plus grande partie d’entre eux s’accordent sur l’existence de douze imams, y compris Ali et ses deux fils. Ce sont les chiites duodécimains ou imamites.
D’après eux, le douzième et dernier imam aurait disparu en 873, à l’âge de 8 ans, du côté de Samarra, près de Bagdad, pour fuir les persécutions.
Cet « Imam caché » est appelé à revenir à la fin des temps pour juger les hommes. Les chiites duodécimains sont prédominants en Irak et en Iran mais aussi très présents au Liban où ils ont créé les milices du Hezbollah.
– Une autre branche très influente - quoique moins nombreuse - est le chiisme septimanien ou ismaélien, qui reconnaît l’existence de sept imams seulement, le dernier étant Ismaïl, disparu vers 765. Pour les ismaéliens, Mahomet s’inscrit dans une lignée de prophètes dont le dernier et le plus pur sera le Mahdi (guide suprême). Ces ismaéliens sont quelques millions autour de l’océan Indien, en Inde et en Afrique.
Religion et politique chez les chiites
Les chiites se distinguent des sunnites par l’existence d’un clergé très hiérarchisé, proche de la population et indépendant du pouvoir politique.
La population suit des « ayatollah » (ou « signe de Dieu »), chefs religieux régionaux qui se signalent par leur charisme, leur science et leur foi. Ces ayatollah portent en Iran le nom de leur ville d’attache. Ainsi Rouhollah Mostafavi, mort en 1989, est-il plus connu sous le nom de Khomeiny (de la ville de Khomeyn) et Ali-Akbar Hâchemi sous celui de Rafsandjâni (de Rafsandjân).
Au sommet de l’État, il s’ensuit des différences majeures quant au gouvernement. Tandis que les musulmans sunnites acceptent la confusion de l’autorité politique et de l’autorité religieuse en une même personne (autrefois le calife, aujourd’hui le souverain, comme au Maroc, ou plus trivialement le dictateur du moment), les chiites distinguent les deux sphères politique et religieuse.
Dans l’actuelle République islamique d’Iran, le président élu de la République doit composer avec le « Guide de la Révolution » (l’ayatollah Khomeyni, jusqu’à sa mort en 1989, puis l’ayatollah Ali Khamenei). Il est nommé par un conseil de 80 religieux ou mollahs, le Conseil des experts.
Le Guide de la Révolution, qui est aussi le chef de l’État, possède d’importantes prérogatives (nominations...) et figure hiérarchiquement au-dessus du Président, ce qui confirme l’orientation théocratique du régime mais limite les risques de dérive autocratique.
Source : https://www.herodote.net/661_nos_jours-synthese-8.php
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VIDEO - Entre sunnites et chiites, quelle différence ? | Le tour de la question - Vidéo 1:42 ajoutée le 26 octobre 2017 - La Croix
« Les sunnites constituent le courant très largement majoritaire de l’islam. Dans le monde, il y aurait environ 85 % de sunnites et 15 % de chiites. Les divisions entre sunnites et chiites remontent à la guerre de succession qui a suivi la mort du prophète Mohammed en 632. Certains fidèles sont les « partisans » (c’est ce que signifie « chiites ») d’Ali, cousin et gendre du prophète. Ali et ses fils seront les premiers imams. Ils mourront assassinés et seront vénérés comme martyrs. La majorité des musulmans ont préféré Abou Bakr, un compagnon du prophète, nommé premier « calife » d’un territoire qui s’étend de l’Arabie à l’Égypte. Depuis, sunnisme et chiisme divergent sur le statut de l’imam. Pour les sunnites, il n’y a pas d’intermédiaire entre le croyant et Dieu. L’imam est uniquement chargé de conduire la prière, et le vendredi, de lire et commenter les passages du Coran. Pour les chiites, le clergé est très hiérarchisé. L’imam est le véritable guide de la communauté en attendant le retour du Mahdi, le sauveur. Mais ces deux courants diffèrent surtout dans leur lecture de textes sacrés. Les sunnites, à l’opposé des rationalistes, considèrent le Coran ’incréé’. C’est la ’sunna’ (les faits et gestes prêtés au prophète Mohammed) qui sert à interpréter, voire à compléter le Coran. Pour les chiites, le Coran est une œuvre humaine : ils acceptent donc plus volontiers la nécessité de l’interpréter ». Catégorie : Actualités et politique – Source : https://www.youtube.com/watch?v=pt4fP2oiugw
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E.
Sélection d’informations sur le Sunnisme
Découverte su Sunnisme avec Wikipédia
Photo : La Kaaba, située à La Mecque en Arabie saoudite, est le centre de l’islam
Le sunnisme1 est le principal courant religieux de l’islam représentant 90 % des musulmans du monde2. Constituant l’un des trois grands courants de l’islam avec le chiisme et le kharidjisme, le sunnisme se distingue des autres courants de l’islam par son interprétation de la religion. Les sunnites sont désignés en arabe comme les gens de la « sunna » et de la majorité religieuse (ahl al-sunna wa’l-djama‘a). Par opposition aux chiites et aux kharidjites, on les appelle parfois « musulmans orthodoxes »3.
Sommaire
- 1 Origine sémantique
- 2 Histoire
- 3 Écoles juridiques
- 4 Écoles théologiques
- 5 Écoles philosophiques
- 6 Répartition géographique
- 7 Révision du concept de sunnisme
- 8 Notes et références
- 9 Voir aussi
- 9.1 Bibliographie
- 9.2 Articles connexes
- 9.3 Lien externe
Origine sémantique
« Le mot sunnite est dérivé du mot « sunna » qui représente la ligne de conduite de Mahomet4, dernier prophète de l’Islam. Ses actes ont donc valeur de modèle et sont compilés dans des recueils de logions appelés « hadith », dont les principaux sont le Sahih al-Bukhari et le Sahih Muslim, considérés comme authentiques (sahih) par les seuls musulmans sunnites4… »
Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sunnisme
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Qu’est-ce que le sunnisme ? – Présentation de l’Institut du Monde Arabe
Aujourd’hui, la majorité des musulmans se reconnaissent dans l’appartenance au sunnisme. Ce terme dérive du mot arabe sunna, qui désigne de nos jours l’ensemble des hadiths, les traditions relatives aux faits et gestes de Muhammad. Les sunnites se considèrent donc comme ceux qui suivent la tradition du Prophète, la voie « orthodoxe » de l’islam.
La distinction entre le sunnisme et le chiisme (et d’autres courants minoritaires de l’islam) est d’ordre théologique et légal. Mais historiquement, elle apparaît en premier lieu à la suite d’un conflit d’ordre politique. En raison d’une conception différente et inconciliable de la personne chargée de guider la communauté des croyants musulmans après la mort du Prophète, deux camps s’opposent : les compagnons de Ali, genre et cousin du prophète (futurs chiites et kharijites), et le groupe qui se coalise autour de Moawiya, puissant gouverneur de la Syrie, issu de noblesse de La Mecque (futurs sunnites). Cette « grande discorde » (fitna) est à l’origine d’une violente guerre civile, remportée par le clan de Moawiya, qui met en place la première dynastie islamique, celle des Omeyyades (661-750).
La fitna ne suffit toutefois pas, à elle seule, à expliquer la naissance du sunnisme tel qu’on le connaît aujourd’hui. Si cette division demeure constitutive des identités sunnite et chiite, d’autres éléments, plus théologiques, construisent progressivement cette différence.
La notion de sunna elle-même n’est pas fixe dans l’histoire. Le terme est connu déjà chez les Arabes avant la naissance de l’islam : assez neutre, il définit une manière d’agir, qu’elle soit bonne ou mauvaise, attestée dans le passé et devenue une coutume (sunnat al-awwalin, « coutume des anciens »). À cette acception « neutre » de sunna fait écho une parole du prophète (hadith) admise chez les sunnites : « Quiconque introduit dans l’islam une bonne sunna, recevra sa propre récompense […]. ». Dans le Coran, le terme sunna est souvent lié à Dieu : la « coutume de Dieu » indique un type d’intervention divine constant et régulier au cours de l’histoire.
Au cours du premier siècle de l’islam, alors que se constitue progressivement la pensée légale musulmane, fondée sur les sources religieuses, la sunna n’est pas encore exclusivement celle du Prophète. À l’inverse des tous premiers califes, qui se disaient « vicaires de l’envoyé de Dieu sur terre », les califes de la dynastie Omeyyade, qui règnent à partir de 661, se proclament directement « vicaires de Dieu sur terre » ; ils revendiquent ainsi une autonomie vis-à-vis du modèle que constitue Muhammad. Les grandes compilations des dits et gestes du Prophète n’existent pas encore à cette époque : plusieurs manières de concevoir l’autorité en islam s’affrontent.
C’est probablement à partir du début du VIIIe siècle qu’a lieu le premier essai de focalisation sur la sunna du Prophète. Vers la fin du même siècle, le juriste al-Shafii donne à la sunna une place prépondérante dans le droit islamique : elle devient l’une des principales sources du droit à ses yeux, juste après le Coran. D’autres juristes suivent ce principe, aidés par l’écriture, au même moment, des grands recueils de hadiths. C’est à partir de ce moment qu’on peut considérer le mouvement sunnite comme constitué.
Les sunnites sont toujours largement majoritaires dans le monde : ils représentent environ 80% des musulmans. Plusieurs écoles juridiques, qui interprètent différemment la sunna ont émergé au fil du temps et sont toujours d’actualité. Mais tous les sunnites partagent des points communs, comme la formulation de la profession de foi.
Francesco Chiabotti
Pour aller plus loin :
- Aux fondements de l’orthodoxie sunnite, Yadh Ben Achour, Paris : PUF, 2008
- Études sur la tradition islamique, Ignác Goldziher, Paris : Adrien-Maisonneuve, 1952
- Histoire de l’islam, fondements et doctrines, Sabrina Mervin, Paris : Flammarion, 2016
- Le sunnisme, des origines à la constitution des écoles, Corentin Pabiot, Paris : maison d’Ennour, 2014
- L’islam, Dominique Sourdel, Paris : PUF, 2010
- L’islam sunnite contemporain, Edgar Weber, Turnhout : Brepols, 2001
- Le sunnisme ou la force de la tradition , Anne-Marie Delcambre, Clio, 202 , Voir le site
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F.
Le conflit sunnites/chiites – Documentation ‘Espace Prépas’
Dernière mise à jour le 25/01/2018 Publié le 11/01/2018 Par Hugo Lemaitre – Document : ‘grandes-ecoles.studyrama.com’ – Photo : Le conflit sunnites/chiites sert de terreau aux conflits du Proche et Moyen-Orient depuis le début des années 1980. L
Le conflit sunnites-chiites sert de terreau aux conflits du Proche et Moyen-Orient depuis le début des années 1980
La fracture sunnites/chiites est d’abord une fracture théologique. Le schisme de 656 entre sunnites et chiites a été réactivé par la révolution iranienne de 1979. Aujourd’hui, Daech se réclame du sunnisme, courant très majoritaire de l’islam. Ses ennemis les plus déterminés sont les chiites, que ce soit en Iran ou en Irak.
Mais dans l’Orient compliqué, où l’Islam est dominant, la fracture sunnites/chiites cache aussi des rivalités entre puissances, des questions sociales et nationales.
Au départ un différend théologique Photo
L’éclatement de l’islam en trois branches trouve ses racines dès les débuts de cette religion. Au cours du temps, les divergences portant à la fois sur le dogme et les rites se sont accentuées. C’est en 656, à l’avènement du quatrième calife successeur du prophète Mahomet, que la communauté des croyants (oumma) s’est divisée. Ali, le quatrième prophète, bien que gendre et cousin du prophète, ne fait pas l’unanimité. Dès sa désignation, la légitimité d’Ali est remise en cause. Le gouverneur de Damas, Mo’awiya, l’accuse d’avoir trempé dans l’assassinat de son prédécesseur. Il lève une armée contre le nouveau calife. Cette armée est défaite mais Ali, après avoir hésité lui accorde une trêve. Cette trêve est rejetée par des opposants qui veulent faire sécession (les kharijites). Ces derniers sont partisans d’une succession califale méritocratique. L’un d’entre eux assassinera Ali en 661. On trouve encore aujourd’hui des minorités kharijites en Tunisie (Djerba), en Algérie et en Lybie.
Après l’assassinat d’Ali, Mo’awiya s’autoproclame calife et instaure un califat dynastique fidèle à la tradition (sunna) du prophète. Les fils d’Ali Hassan et Hussein refusent de faire allégeance à Mo’awiya, sans doute pour des raisons politiques mais surtout pour des raisons religieuses et spirituelles, qui donneront naissance au chiisme.
La différence va progressivement devenir doctrinale. Sunnites et chiites se réclament certes du même socle et des quatre premiers califes mais, dès l’éclatement (fitna) de l’islam en trois branches au VIIème siècle (kharijites, sunnites et chiites), les chiites n’ont jamais cessé de développer leur propre effort d’interprétation (itjtihad). C’est cet itjtihad qui a inspiré les constitutionnalistes en Iran en 1916 ou qui a installé l’ayatollah Khomeini à la tête de la République islamique en 1979, de retour de son exil en France.
Les sunnites mettront fin pour leur part à cet effort d’interprétation dès le xie siècle en ne retenant que quatre écoles juridiques et théologiques, qui font encore autorité aujourd’hui (malékite, chaféite, hanbalite et hanafite). Ces écoles s’inscrivent dans la tradition des premiers musulmans.
Le malékisme est majoritaire en Afrique du Nord, en Égypte et au Soudan. Les chaféites sont aussi présents en Égypte, en Indonésie, en Malaisie, au Yémen et dans le sultanat de Brunei. Les hanbalites, les plus conservateurs des quatre, sont surtout présents en Arabie Saoudite et au Qatar. Ils affirment l’origine divine du droit. Les hanafites acceptent, eux, la prise en compte de l’opinion personnelle quand une réponse ne peut être trouvée dans les sources originelles de l’Islam. Ils sont très présents en Turquie, dans l’ancien Empire ottoman et dans les régions asiatiques situées à l’est de l’Iran (Afghanistan, Tadjikistan, Pakistan, Inde et Bangladesh). En 2016, un concile regroupant plus de 200 dignitaires sunnites a réaffirmé l’appartenance des hanafites à la grande communauté sunnite.
Aujourd’hui 85 % des musulmans dans le monde se réclament du sunnisme, 13 % du chiisme et 2 % de la communauté kharijite ou de branches minoritaires du chiisme.
Pour les sunnites, l’homme est entièrement soumis à Dieu (Allah) dans son essence et dans son devenir.
Pour les chiites, l’homme est libre et responsable de ses actes.
Le clergé est inexistant chez les sunnites alors qu’il est très hiérarchisé chez les chiites. L’iman est chez les sunnites un fonctionnaire nommé pour conduire la prière communautaire, alors qu’il est le chef de la communauté chez les chiites. Le rang des clercs dans la communauté chiite dépend de leur niveau d’études en théologie.
Chez les chiites, depuis l’origine, le croyant, s’il est en danger est autorisé à dissimuler sa véritable foi et, dans ce cas, il est dispensé des prescriptions cultuelles de sa religion.
Des clivages religieux mais aussi géopolitiques
L’affrontement moderne entre sunnites et chiites s’est exacerbé au xvie siècle avec la constitution de l’Empire ottoman sunnite combattant l’empire perse chiite. Il existe depuis une certaine tension entre ces deux obédiences. Le xixe siècle se caractérise par deux mouvements contradictoires : œcuménique pour une part mais aussi identitaire.
Pour autant, jusqu’à la révolution islamique iranienne de 1979, l’opposition chiites/sunnites demeure secondaire dans l’espace musulman où prédominent les questions nationales et sociales.
C’est depuis l’installation de la République islamique en Iran en 1979 que les chiites redressent la tête un peu partout dans le monde, du Pakistan à l’Inde, de l’Afghanistan à la Chine, au Yémen, au Sud-Liban (avec le Hezbollah) à la Syrie (où les alaouites sont au pouvoir depuis 1966) à l’Irak où ils se sont renforcés après l’invasion américaine de 2003. Les Iraniens contrôlent le golfe Persique et le détroit d’Ormuz, par lequel passe près de 20 % du pétrole mondial.
L’Iran est ainsi devenu la « patrie » du chiisme, l’équivalent de ce qu’a longtemps été l’Arabie pour le sunnisme même si, pour cette dernière, ce rôle lui est un peu contesté dans le monde sunnite par le Qatar et l’Égypte.
Malgré leur nombre restreint, les chiites représentent une menace pour les sunnites de la péninsule Arabique et même au-delà. Ils contrôlent Sannaa, la capitale du Yémen. Ils sont concentrés dans la région pétrolière du royaume saoudien. 70 % de la population du Bahrein est chiite, 30 % au Koweit, 27 % dans les Emirats arabes unis.
Nombre de sunnites ressentent une volonté d’hégémonie des chiites sur tout l’Islam. En réaction, par exemple, les djihadistes sunnites vainqueurs des Soviétiques en Afghanistan théoriseront vite leur victoire pour se retourner contre leurs deux autres grands ennemis : les Américains et les chiites…
On a même vu certains extrémistes sunnites expliquer que les chiites étaient une invention des juifs pour compromettre l’islam.
Chronologie d’une opposition millénaire
• 632 : mort du prophète Mahomet, Abou Bakr, Omar puis Ohtman prennent la tête de la communauté musulmane en tant que califes.
• 656 : Ali, cousin et gendre du prophète accède à son tour au califat. Un schisme oppose ses partisans, les chiites à la majorité sunnite.
• 632-661 : conquête de l’Arabie, du Proche-Orient et du bassin méditerranéen par les quatre premiers califes.
• 680 : Hussein, le fils d’Ali, est tué par l’armée du calife sunnite à Karbala. Début de la martyrologie chiite.
• viiie-xiiie siècles : coexistence de deux califats, les Abassides, sunnites (750-1258), et les Fatimides, chiites (909-1171).
• 939 : disparition du 12e iman, dont les chiites attendent depuis le retour.
• 1517-1924 : califat ottoman, sunnite.
• 1639 : le traité de Qasr E-Chirin met fin à un siècle et demi de conflit entre l’Empire ottoman sunnite et l’empire perse séfévide chiite.
• xviiie siècle : le wahhabisme, branche rigoriste du sunnisme, devient religion d’État en Arabie.
• 1926 : la première constitution libanaise partage les fonctions politiques entre groupes confessionnels.
• 1932 : fondation de l’Arabie Saoudite, monarchie associée au courant wahhabite (sunnite).
• 1959 : dans une fatwa, le grand iman d’Al-Azhar (premier centre théologique sunnite) reconnaît les chiites comme des musulmans à part entière.
• 1979 : révolution islamique en Iran. Khomeiny instaure une république islamique. Le pouvoir politique devient sous tutelle du pouvoir religieux.
• 1980 : au Pakistan, la communauté chiite manifeste contre l’imposition de lois sunnites à toute la communauté musulmane.
• 1982 : fondation au Liban du Hezbollah, parti politique chiite possédant une branche armée et allié à l’Iran.
• 1980-1988 : guerre Iran-Irak opposant le régime laïc baasiste irakien (majoritairement sunnite) à la république islamique iranienne (chiite).
• 1997-1998 : massacre de 2 000 chiites par des talibans afghans, fondamentalistes sunnites.
• 2003 : l’invasion américaine en Irak met fin à la domination sunnite et place des chiites à la tête de l’État.
• 2006 : après la pendaison de Saddam Hussein, une vague de violence frappe l’Irak. Les divisions sont confessionnelles.
• Depuis 2011 : la guerre en Syrie cristallise l’affrontement entre l’Arabie Saoudite (cœur du sunnisme) et l’Iran chiite.
Un monde mulsulman morcelé en proie aux radicalismes
La revanche des chiites et ses conséquences
Quatorze années après l’expédition militaire américaine en Irak, l’Iran est aussi devenue la principale puissance non arabe du monde arabe (Michel Foucher). Cette puissance a été reconnue de fait avec l’accord de juillet 2015 avec Washington sur le nucléaire.
Le 30 décembre 2006, Saddam Hussein, dictateur irakien du parti baas sunnite fut pendu pour crime contre l’humanité. L’accusation avait reposé sur le massacre, plus de vingt ans auparavant, de 148 villageois chiites de Doujaïl, en représailles d’un attentat manqué contre le convoi présidentiel. Durant son procès, Saddam Hussein n’avait eu de cesse de dénoncer les ennemis de l’Irak : les Américains et les « mages perses », désignant ainsi les ayatollahs et les gardiens de la révolution iraniens.
La date de l’exécution, choisie par le Premier ministre irakien chiite Nouri al-Maliki, fut le premier jour de l’Aïd el-Kébir, que les sunnites célèbrent un jour avant les chiites.
Ce choix fut interprété par l’Arabie Saoudite et par la plupart des médias du Maghreb comme l’exécution d’un sunnite et non d’un tyran.
Un expert du Parlement russe vit dans cette exécution et sa symbolique l’annonce d’une nouvelle spirale de violence en Irak et dans la région du Golfe. L’avenir allait vite lui donner raison.
La montée en puissance de l’Iran chiite était donc devenue inacceptable par l’Arabie Saoudite et provoquait également l’inquiétude croissante d’Israël et de la Turquie.
L’Arabie Saoudite souhaitait alors diminuer l’influence iranienne au Proche-Orient. Ceci passait par la déstabilisation du régime syrien et la formation d’un front sunnite. Le Printemps arabe lui en fournit l’opportunité.
Extraits de ‘En attendant le Messie’, Leila Slimani,
In « Le diable est dans le détail » L’aube, Le Un, 2016
Karim le neveu d’Hamid : « Tu ne sais donc pas tout le mal que ces chiites font à l’islam ? Ces gens-là sont des hérétiques et des adorateurs de Satan. Tu ignores qu’ils insultent à longueur de journée la femme du Prophète et les califes ?… Les chiites ne sont pas des musulmans, un point c’est tout. Ce sont des étrangers à la vraie foi… »
Un patron de café à Hamid : « Si Hamid, mes respects. Vous avez vu cette jeunesse ? Des bons à rien, qui n’ont plus aucune valeur. J’ai entendu ce que disait votre neveu et sachez qu’il fait fausse route. Il ne devrait pas insulter des musulmans de la sorte. Car les chiites sont des musulmans : ils prient face à La Mecque et ils adorent notre prophète Mohamed, que la paix soit sur lui ; certes, ils se sont éloignés du droit chemin et ils sont manipulés par ces enturbannés aux yeux déments. Mais il est de notre devoir de les ramener dans notre giron car nous avons le même ennemi : les juifs et l’Occident décadent. »
Plus loin Hamid à sa fille Amina :
« Ah, dit le vieux en se grattant le menton. Quelle époque, ma fille ! Si c’est ça la modernité, très peu pour moi. À présent, il y a autant de musulmans que de marques de voitures. Et chacun pense qu’il vaut mieux que les autres. De mon temps, ça n’existait pas. Il y avait bien les juifs qui étaient différents. Et encore, est-ce qu’on ne célébrait pas les fêtes avec eux ? Est-ce qu’on ne disait pas Sidna Moussa par respect pour leur prophète ? Quelle époque. »
L’Iran, ses satellites et les minorités chiites inquiètent l’Arabie saoudite
La situation actuelle
Près de quinze ans après l’intervention américaine en Irak, les conflits confessionnels se sont exacerbés et alimentent tous les conflits au Proche et Moyen-Orient.
Pour autant, l’essence de ces conflits est-elle principalement religieuse ou les clivages religieux ne sont-ils pas instrumentalisés par des États et des mouvements politiques en quête de suprématie régionale ?
Il y a bien, avec la révolution iranienne de 1979 et ses conséquences, l’affirmation d’une revanche des chiites confortée par la chute du pouvoir minoritaire sunnite en Irak.
Les djihadistes de Daech ont d’ailleurs tiré parti de la tentative de formation d’un « Sunnistan » dans les quatre provinces centrales de l’Irak après la chute de Saddam Hussein.
Leur volonté de rétablir un grand califat passe par une exacerbation des clivages politico-religieux. Notamment par des attaques très meurtrières contre les mosquées chiites en Irak ou dans le nord-est de l’Arabie Saoudite chiite lui aussi. À Bahreïn, la rébellion de la majorité chiite contre la dynastie sunnite au pouvoir a été écrasée par l’Arabie Saoudite.
Tous ces affrontements traduisent les stratégies d’influence des deux grandes puissances du Proche-Orient, l’Iran et l’Arabie saoudite. Le rapprochement de l’administration Trump avec l’Arabie saoudite au détriment des relations avec l’Iran est de ce point de vue loin d’être une simple péripétie diplomatique.
Michel Foucher voit dans les conflits protéiformes du Moyen-Orient l’équivalent de ceux de la guerre de Trente Ans, très meurtrière en Europe et qui, de 1618 à 1648, opposait catholiques et protestants, laissant entrevoir les luttes d’influence entre princes allemands instrumentalisés par les grandes puissances de l’époque (France, Suède, Autriche). Tout nouvel équilibre dans ces territoires devrait avoir comme préalable un accord entre l’Iran et l’Arabie Saoudite accepté par les autres puissances régionales (La Turquie et Israël…). L’ampleur de la tâche est immense. Elle l’était aussi en Europe avant le traité de Westphalie (1648)…
Une réconciliation sunnites/chiites est-elle possible à court terme ?
Cela paraît peu probable, idéologiquement ou politiquement. Beaucoup des affrontements chiites/sunnites se déroulent actuellement en Syrie. La guerre en Syrie cristallise l’affrontement entre l’Arabie Saoudite, cœur du sunnisme, et l’Iran chiite. Mais ce conflit ne peut s’interpréter avec cette seule grille de lecture. Cette guerre, cruelle de toutes parts, aspire toutes les forces régionales à laquelle s’ajoutent des djihadistes européens qui combattent aux côtés de Daech mais aussi des milices chiites internationales venant du Liban, de l’Irak ou de l’Afghanistan qui combattent au côté des troupes régulières syriennes et de la Russie. À ce jour, aucune véritable solution militaire ou politique ne semble vraiment s’affirmer. Pour autant, une grande partie de l’avenir du Proche-Orient se joue sans doute aujourd’hui en Syrie. Mais c’est aussi sans doute là aussi que se dessine un nouvel ordre politique mondial, marqué par la fin de l’hégémonisme américain né de l’effondrement du bloc soviétique.
Bibliographie
- Le 1 n° 25 : L’État islamique mérite-t-il son nom ? 2014 ; n° 74 : sunnites-chiites le grand Choc, 2015 ; n° 89 : Que veut l’Arabie Saoudite ? 2016 ; n° 102 : Daech, La Syrie et nous, 2016.
- Serge Lafitte, Chiites et sunnites, Plon, 2007.
- Antoine Sfeir, L’Islam contre l’Islam, Grasset, 2013.
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G.
Sélection d’information sur le Wahhabisme
Introduction au wahhabisme d’après Wikipédia
Le wahhabisme (en arabe : وهابية, Wahhābiya(h)) ou la dawa wahhabite (arabe : الدعوة الوهابية, ad-Da’wa al-Wahhābiya(h)) est un mouvement de réforme se réclamant de l’islam sunnite hanbalite1,7 8, prônant « un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane du prophète Mahomet et ses premiers successeurs ou califes »9,10. Le prédicateur et théologien Mohammed ben Abdelwahhab (1703-1792) est considéré comme le fondateur du mouvement vers 1740. Il s’allie avec Mohammed Ibn Saoud, le fondateur de la dynastie saoudienne, vers 1744-1745, alliance qui perdure encore aujourd’hui entre la famille de ses descendants, Al ach-Cheikh, et la dynastie Al Saoud.
L’un des principes centraux du wahhabisme est la qualité de Dieu où toute association d’être ou objet avec Dieu, telle que le « culte des saints », est considérée comme une forme de polythéisme (shirk)9,11,12.
Le wahhabisme est aujourd’hui la forme officielle de l’islam sunnite hanbalite en Arabie saoudite et, sous une forme atténuée, au Qatar. Toutefois, les intéressés et officiels saoudiens récusent hautement l’utilisation de ce terme à leur égard13,14 : la doctrine qu’ils suivent est selon eux évolutive15, contrairement à la doctrine wahhabite qui enseigne qu’une seule interprétation des textes religieux est possible et qu’il n’y aurait donc pas de place pour un pluralisme islamique16.
Les estimations du nombre d’adhérents au wahhabisme varient selon les sources. Mehrdad Izady avance le chiffre de moins de 5 millions de wahhabites dans la seule région du golfe Persique (contre 28,5 millions de sunnites et 89 millions de chiites). Avec l’envol de la manne pétrolière notamment (chocs pétroliers de 1973 et 1979), le mouvement s’est internationalisé à partir des années 1970. Le wahhabisme a été accusé d’être une source de terrorisme mondial17, ou tout au moins d’inspirer l’idéologie salafiste djihadiste embrassée par Al-Qaïda et l’État islamique (Daesh)18,19.
Dans l’usage contemporain, le « wahhabisme » et le « salafisme » sont souvent considérés comme des termes synonymes16 pour désigner des mouvements d’origine différente ayant fusionné dans les années 196020.
Sommaire
- 1 Dénominations
- 2 Histoire
- 3 Doctrine
- 4 Nettoyage culturel
- 5 Critiques et controverses
- 6 Influence internationale et mondialisation
- 7 Répartition géographique
- 8 Démographie
- 9 Personnalités wahhabites
- 10 Notes et références
- 11 Voir aussi
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Arabie saoudite et wahhabisme : trois questions pour comprendre Par Anne-Bénédicte Hoffner, le 27/09/2017 à 15:18 – Document ‘www.la-croix.com’ - Photo - Des pèlerins entourent la Kaaba, à La Mecque, Arabie Saoudite, le 2 septembre 2017. Karim Sahib/AFP
Les femmes, empêchées de conduire par la loi, ont été autorisées, mercredi 27 septembre 2019, par un décret royal à le faire en Arabie saoudite. Ce pays, devenu royaume en 1932, est né au XVIIIe siècle d’une alliance théologico-politique inédite, nouée entre un prédicateur fondamentaliste musulman et le chef de la tribu des Saoud. D’abord minoritaire, et même vigoureusement combattu par les autres courants de l’islam, le wahhabisme tente aujourd’hui de s’imposer comme l’orthodoxie musulmane.
À quand remonte le royaume saoudien ?
C’est en Arabie que le prophète de l’islam, Mohammed, a vécu et prêché. Mais une fois l’empire musulman créé – avec pour capitale Damas puis Bagdad –, celle-ci perd son caractère central. « La division politique est la caractéristique principale de la péninsule arabe depuis les origines, avec la décentralisation et l’effritement économique », note la doctorante Yara El Khoury.
Au XVIIIe siècle, l’un des clans – celui des Saoud – parvient à prendre l’ascendant sur les autres : il domine le Najd, région de plateaux située au centre de la péninsule qui, aujourd’hui encore, constitue le noyau du pouvoir de la famille royale.
En 1744, le chef des Saoud scelle un pacte avec un prédicateur prônant un retour aux fondements de l’islam : Mohammed ben Abdelwahhab (qui donnera son nom au « wahhabisme »). Devenue dynastie à la fin du XVIIIe siècle, la famille Saoud étend progressivement son influence sur la péninsule arabique. En 1802, ses troupes occupent Médine et l’oasis de Taëf. L’année suivante, ils prennent la Mecque.
Bien des péripéties surviendront avant la création, en 1932, du royaume d’Arabie saoudite par la fusion entre les provinces du Najd et du Hedjaz.
Qu’est-ce que le wahhabisme ?
Fils d’un juge religieux, devenu prédicateur itinérant, Mohammed ben Abdelwahhab s’insurge contre les formes de religiosité populaire : l’adoration du prophète, de sa famille, de ses compagnons ou des saints, dont il veut la destruction des tombeaux. Il prône un retour aux pratiques « authentiques ». Son premier ouvrage s’intitule Le livre de l’unicité. Il plaide également pour une application stricte de la loi islamique.
Exilé pour son radicalisme, il trouve refuge chez Mohammed Ben Saoud, « au fait de la nouvelle prédication et ayant compris le bénéfice politique qu’il pouvait en tirer », note Yara El Khoury. De fait, « l’arrivée du prédicateur lance une dynamique de conquêtes qui va augmenter les ressources ».
À lire aussi : Le grand mufti d’Arabie saoudite souhaite la destruction de « toutes les églises » dans la péninsule arabique
Le théologien et juriste Ibn Taymiyya (XIIIe siècle), appartenant à l’école hanbalite, auteur d’une abondante production sur le djihad, est la principale référence de Mohammed ben Abdelwahhab : les Saoudiens se disent donc « hanbalites » et refusent l’étiquette de « wahhabites ». Quant à Ibn Taymiyya, il reste l’un des auteurs les plus cités par les salafistes actuels.
« Puritain, austère, conquérant », le wahhabisme est également exclusiviste, et même « sectaire » selon l’historien tunisien Hamadi Redissi, auteur de Le Pacte de Nadjd ou comment l’islam sectaire est devenu l’islam (2007) – paru en poche sous le titre : Une histoire du wahhabisme (Seuil, 2016). De fait, les wahhabites ne cessent d’accuser les autres musulmans de déviance, d’« innovation » (bid’a), ou encore – les soufis notamment – d’« associationnisme », considérant qu’ils associent d’autres divinités à Dieu.
À lire aussi : Un mufti régional saoudien sanctionné pour des propos misogynes
Quelle est l’influence actuelle du wahhabisme ?
« Partie de rien ou presque », l’alliance entre les Saoud et Abdelwahhab « est parvenue à imposer son empreinte rigoriste à une partie de la péninsule arabique (dont les lieux saints de l’islam) », constate Hamadi Redissi. « Après de multiples péripéties, la doctrine wahhabite s’est diffusée, à partir du XXe siècle, du Maroc à l’Inde, non plus par le glaive, mais par ses affinités avec le fondamentalisme, par le prosélytisme, l’alliance avec diverses puissances, parmi lesquelles – à travers l” argument’du pétrole - les États-Unis ».
À lire aussi : Comment l’Arabie saoudite exporte-t-elle le wahhabisme à l’étranger ?
En un sens, le wahhabisme apparaît aujourd’hui comme précurseur des mouvements « réformistes » du XIXe siècle. Combattu par les tenants de l’islam traditionnel, puis par les premiers réformistes, il imprègne finalement et les uns et les autres. Il est « en passe de devenir l’islam majoritaire dans de nombreux pays de tradition musulmane », s’inquiète Hamadi Redissi.
Tags : Arabie saoudite - islam
La Croix - Actualité en France, en Europe et dans le MondeRetour au contenu de la rubrique ‘définitions préliminaires’
Le wahhabisme, ce côté obscur de la foi - Points de vue - Rédigé par Malik Bezouh | Samedi 26 Janvier 2019 – Document ‘saphirnews.com’ – Photo : « du livre »
« (Le Diable) entra en Iraq et y satisfit ses (petits) besoins puis se rendit en Syrie et en fut chassé. Ensuite, il alla en Egypte où il pondit, couva et s’installa solidement. » (1) Ce hadith attribué au Prophète de l’islam est tiré d’une publication saoudienne faisant l’éloge de Mohammed Ibn Abd al-Wahhab dont la doctrine religieuse, le wahhabisme, forme l’ossature constitutionnelle de l’Arabie saoudite. Concernant le sens à donner à cette phrase, il est évident pour ceux qui se réclament de l’école wahhabite : le Messager de Dieu aurait prédit qu’il viendrait un temps, après sa mort, où le Diable déféquerait en Irak, en Syrie et en Égypte différentes hérésies, parmi lesquelles le mu’tazilisme et certaines formes du soufisme et du chiisme. Bref, les sectateurs du wahhabisme sont persuadés que ces écoles, qu’ils abominent, sont l’œuvre de Satan. Elles doivent être donc combattues avec la dernière énergie afin d’être réduites, à défaut d’être éliminées.
Est-ce là une interprétation excessive et, partant, dévoyée des enseignements de Mohammed Ibn Abd al-Wahhab ? A moins que celle-ci reflète effectivement la rigidité extrême de ce personnage, somme toute fort méconnu ? Une certitude : cet homme de conviction va profondément marquer l’histoire de la péninsule arabique en y faisant apparaître, au XVIIIe siècle, les prodromes d’une théologie éminemment sectaire dont les effets néfastes se feront cruellement ressentir deux siècles plus tard.
Retour sur l’histoire du prophète du wahhabisme
« (…) Il n’y a pas en lui la moindre des qualités requises pour exercer la jurisprudence. (…) La communauté (musulmane) tout entière l’interpelle d’une et une seule voix ; pas une seule ne trouve grâce à ses yeux. Au contraire, tous sont pour lui des incroyants (kuffar). Seigneur, ramène cet égaré sur le droit chemin. » (2) L’« égaré » en question n’est autre que Mohammed Ibn Abd al-Wahhab. Quant à l’accusateur, il s’agit de Sulayman Ibn Abd al-Wahhab, le propre frère de l’incriminé…
Photo - C’est en 1703, dans une oasis du Nejd, région située au centre de l’Arabie, que naît Mohammed Ibn Abd al-Wahhab. Après avoir appris auprès de son père, savant reconnu, les fondements du hanbalisme, branche la plus intransigeante de l’islam sunnite, il quitte, vers l’âge de 12 ans, le cocon familial afin de parfaire ses connaissances religieuses. Pour cela, il sillonne l’Arabie, s’installe à Médine un temps, et parcours l’Irak.
Ses voyages lui font prendre conscience de l’influence, néfaste à ses yeux, du chiisme et des pratiques liées à l’islam populaire. D’ailleurs, c’est à Bassora, en Irak, qu’il aurait rédigé son ouvrage majeur, Livre de l’unicité, reprenant les opinions inflexibles du célèbre Ibn Taymiyya (1263 – 1328), exégète exécrant le chiisme au plus haut point comme on peut le voir à travers cette citation tirée de l’une de ses œuvres, Le chemin de la tradition prophétique : « Les (chiites) sont des hérétiques, athées et ennemis de l’islam. »
Mohammed Ibn Abd al-Wahhab, qui n’est pas un penseur mais un prédicateur dans l’âme, a bâti sa doctrine en réaction à un monde musulman qu’il jugeait égaré car éloigné de la saine orthodoxie comme l’écrira, avec emphase, son contemporain, l’historiographe Ibn Ghannam, acquis lui-même aux thèses du dévot : « Au début du XVIIIe siècle, la plupart des musulmans sont retournés aux ténèbres préislamiques. Ignorants, (…) privés de la lumière de la bonne direction, ils ont tourné le dos au livre de Dieu (…). Ils ont adoré des marabouts, morts et vivants, ils ont vénéré des arbres et ont substitué à Dieu de nouvelles idoles. » (3)
La dangereuse prétention d’une exclusivité dogmatique
Arrivé à ce stade, est-on fondé de penser que les positions de Mohammed Ibn Abd al-Wahhab sont simplement l’expression d’un hanbalisme exacerbé ? Non. Car ce messianique, qui a fait de l’unicité de Dieu la pierre angulaire de son apologétique, va introduire un élément marquant une réelle rupture théologique. En effet, contrairement aux tenants de l’islam classique, ce dévotieux affirmera qu’il est le seul détenteur de la vérité. Autrement dit, ceux qui ne le suivent pas se fourvoient dans l’erreur. Même les adeptes de l’école hanbalite n’iront pas jusqu’à une telle exclusivité dogmatique comme le fait remarquer la politologue Fatiha Dazi-Héni dans L’Arabie Saoudite en 100 questions (Édition Tallandier, 2017) : « Le wahhabisme se différencie (…) du hanbalisme en prétendant au monopole de la vérité dans le monde islamique, ce que le hanbalisme classique réfute. »
Le chercheur Nabil Mouline va encore plus loin dans sa réflexion : « Ibn ‘Abd al-Wahhab affirme que seule la religion qu’il professe est le véritable islam. Cette affirmation marque une rupture irréfragable avec l’histoire et le milieu d’origine. Dans ce cas, l’exclusion est la règle d’or et l’interaction avec les autres groupes n’est envisageable que dans le cadre de la conversion ou de l’affrontement. Ce sont là toutes les caractéristiques d’une contre-religion. »
Une « contre-religion » dont l’excès d’ascétisme va limiter les adhésions, en particulier chez ces musulmans, nombreux, qui attachent une grande importance à la vénération des saints et des monuments funéraires. Quant à certains émirs locaux, souvent rivaux, livrant l’Arabie à des guerres intestines sans fin, ils verront en ce sermonnaire une menace potentielle pour leur pouvoir politique. Résigné, le prosélyte devra s’exiler. Nous sommes en 1744.
Le politique pour asseoir le fanatisme doctrinal du wahhabisme
En dépit des vicissitudes de son sacerdoce, Mohammed Ibn Abd al-Wahhab, convaincu de son impérieux devoir, réussira à porter son message dans la péninsule arabique grâce à l’alliance qu’il contracte avec l’émir Mohammed Ibn Saoud. Devenu son protecteur, ce dernier, qui a embrassé la nouvelle religion, a bien compris le parti qu’il pouvait tirer de ce pacte théo-politique : une légitimité religieuse qui fait cruellement défaut aux autres roitelets arabes. Même constat pour l’apôtre du wahhabisme qui a vu dans le sabre de la tribu des Saoud l’indispensable outil à sa prédication. Et nous touchons là un point essentiel de la théologie wahhabite : le jihad. Arme redoutable dont va se servir Abd-al-Aziz Ier, le fils de Mohammed Ibn Saoud pour contraindre les chiites à abjurer leur foi.
Dès lors, ceux-ci n’auront d’autres choix que « le wahhabisme ou la mort » : « Abd-al-Aziz Ier envahit la Mésopotamie chiite à partir de 1801. Il (…) dévasta une première fois, en 1802, la ville de Karbala (…), ville sacrée pour les chiites qui abrite le tombeau de l’imam chiite Hussein. (…) Douze mille wahhabis mirent Karbala à sac, massacrant en à peine huit heures près de quatre mille hommes, femmes et enfants, accusés d’idolâtrie. » (4)
Le fanatisme doctrinal du wahhabisme, doublé d’une intolérance religieuse paroxystique, tiendra en souci les autorités ottomanes qui l’assimileront à une « perfidie » contraire aux fondements de l’islam, rapporte Henri Laurens dans L’Orient arabe – Arabisme et islamisme de 1798 à 1945 (Armand Colin, 2015) : « Ce qui s’est produit (en Arabie) (…) est fait de honte et d’infamie ; ce qui est arrivé aux peuples des deux excellentes villes (La Mecque et Médine) est marqué de perfidie et de destruction du fait de la secte (wahhabite) (…). (Le wahhabisme) est de la trahison et de l’offense envers (l’islam). »
Comme nous l’avions dit, « le caractère extrêmement rigoureux » du wahhabisme constitua un frein à sa progression « en dehors du territoire conquis par les armes des Al-Saoud ». (5) Une réalité qui poussera Mohammed Ibn ‘Abd al-Wahhab à nuancer son discours, en particulier dans le domaine de l’excommunication (takfir) des autres courants de l’islam. Après sa mort, en 1792, ses continuateurs s’organisent en clergé au sein d’un royaume devenu l’Arabie saoudite depuis l’arrivée au pouvoir du roi Abd al-Aziz Ibn Saoud (1902-1953) dans un contexte marqué par l’effondrement de l’Empire ottoman et la pénétration, tant physique que culturelle, de l’Europe au cœur de l’Orient arabe. Processus qui enclenchera l’irruption de ce que l’on nommera, plus tard, « l’islamisme ». Au passage, relevons que les deux phénomènes, « islamisme » et « wahhabisme » furent essentiellement des réactions ; la première, orientée vers « l’extérieur », contre un Occident perçu comme hégémonique ; la seconde, dirigée vers « l’intérieur », contre un monde islamique jugé décadent…
Tel un visionnaire, le voyageur français, Gervais-Courtellement, présent à la Mecque, s’inquiétait, en 1890 déjà, du risque lié à une propagation du « wahhabisme » via l’imprimerie naissante en Arabie : « Qui sait ce que ces presses imprimeront un jour, à l’heure de la guerre sainte si jamais elle éclate (…) ces vieilles races (arabes) endormies ne s’éveilleront-elles pas de leur torpeur séculaire ? J’exprime le vœu que ce soit lentement, car le réveil sera pénible pour nous s’il était brusque et violent. » (6)
Le wahhabisme contemporain, un fléau théologique
Devant un parterre de religieux, le grand mufti de l’Arabie saoudite insistait, en 2013, sur la nécessité « de détruire toutes les églises » de la péninsule arabique. Un appel d’autant plus terrifiant qu’à quelques lieux de là, le groupe takfiriste Daesh allait trouver dans cette funeste recommandation une justification religieuse à son projet de martyrisation des Irakiens de confession chrétienne…
Cela dit, il faut se garder d’identifier le wahhabisme actuel, aussi doctrinaire soit-il, à la théologie sanguinaire de Daesh. Pour preuve, des minorités chiites, certes discriminées, vivent en Arabie Saoudite. Il n’en demeure pas moins que ce pays, antre du wahhabisme, est bel et bien la matrice de l’extrémisme islamique contemporain dont la facette la plus spectaculaire est le phénomène jihadiste : « Aucune solution durable au fléau djihadiste, et (…) au néo-traditionalisme qui gangrène le monde musulman, ne peut donc être envisagée sans se pencher sérieusement sur le cas saoudien. De Saint-Denis à Mossoul, de Bruxelles à Raqqa, de Syrte aux autres régions aux mains d’al-Qaïda, Daesh et consorts, toutes les routes du djihad mènent à Riyad. » (7)
Autre caractéristique fondamentale du wahhabisme : le strict contrôle de l’espace public. En effet ; dans la pensée de Mohammed Ibn ‘Abd al-Wahhab, l’Homme, s’il n’est pas contraint par une sorte de « police des mœurs », tend à suivre sa pente. D’où la nécessité, au nom du respect de l’orthodoxie et de l’orthopraxie, de surveiller, avec zèle, les individus. Avec la prudence qu’il convient lorsque l’on opère par comparaison, il n’est pas déraisonnable d’affirmer que la vertu par la terreur, principe cher à Robespierre, sied à parfaitement aux théologiens wahhabites. Voilà, du reste, le portrait que dressa de cette inquiétante « police des mœurs » (muttawa), un voyageur du XIXe siècle, William Gifford Palgrave :
« Vingt-deux (…) fervents wahhabites, (forment) un conseil auquel (l’émir Faysal a confié) des pouvoirs absolus pour extirper l’impiété, d’abord à Riyad, puis dans tout l’empire. (…) Non seulement les (wahhabites) devaient dénoncer les coupables, mais ils pouvaient aussi (…) appliquer (…) la peine prononcée ; la nation entière fut mise, corps et biens, à leur merci (…). Ne pas assister cinq fois par jour aux prières publiques, fumer, (…) porter de la soie ou de l’or, parler ou avoir de la lumière dans sa maison après l’office du soir, chanter, jouer de quelque instrument de musique, (…), en un mot tout ce qui semblerait s’écarter de la lettre du Coran et du rigide commentaire de (Mohammed Ibn ‘Abd al-Wahhab) devint un crime sévèrement puni. » (8)
Photo - Les mutawwa, c’est ainsi qu’on nomme aujourd’hui ces zélotes, veillent scrupuleusement à l’homogénéisation religieuse de la société saoudienne en s’appuyant sur le principe du Commandement du bien et l’interdiction du mal, élevé au rang d’une institution par décret royal, le 10 septembre 1926. Abhorrée par la jeunesse saoudienne, cette milice défraya la chronique après la mort tragique de 15 jeunes saoudiennes, le 11 mars 2002. En effet, les mutawwa, jugeant non conformes les tenues des adolescentes tentant de fuir leur école en feu, obligèrent les malheureuses à retourner dans l’enceinte du bâtiment afin de récupérer leur habits religieux. Ces dernières seront dévorées par les flammes.
Aujourd’hui, partout dans le monde musulman, cette surveillance de l’espace public par des groupes salafisants est devenue une réalité tangible. Jusqu’en dans nos quartiers, en France et en Europe, où des femmes sont sommées ici de se vêtir correctement, là de se faire discrètes. D’ailleurs, pour l’islamologue Rachid Benzine, dans une interview au Point, « le wahhabisme est devenu le modèle même de l’orthodoxie sunnite ». C’est dire l’influence de ce courant hétérodoxe de l’islam sunnite qui a su s’imposer à la faveur d’une « diplomatie wahhabite » appuyée par les « moyens financiers colossaux » de l’Arabie saoudite. La conséquence est terrible puisque ce littéralisme coranique aliénant amplifie le processus de vitrification de l’islam et, plus grave, alimente les dérives religieuses extrémistes dont l’un des aspects est le profond mépris de l’altérité, qu’elle soit chrétienne, juive, athée, homosexuelle...
Ainsi donc, cette monstruosité théologique, le wahhabisme, né dans l’esprit d’un homme pieux mais exalté, a su s’adapter au gré des circonstances, parfois difficiles, et se propager dans un contexte particulier, celui notamment de la Guerre Froide, qui lui sera favorable. Et pour cause, l’ennemi irréductible pour l’Occident était, à cette époque-là, l’ogre rouge, entendez l’Union soviétique confrontée, en Afghanistan, à des jihadistes enhardis par le wahhabisme et perçus aux États-Unis comme des « combattants de la liberté ».
Selon le chercheur Nabil Mouline, l’Arabie saoudite, en dépit des timides efforts des autorités pour circoncire l’extrémisme religieux, ne parviendra pas à dé-wahhabiser le pays car l’Église wahhabite a montré son indéniable capacité d’acclimatation. La page du wahhabisme est donc loin d’être tournée. Hélas.
(1) Ahmed Ibn Hajar Abou Tamy, L’imam Mohammed Ibn Abd al-Wahhab : ses croyances, sa réforme, Publication du Ministère des Affaires Islamiques, des Waqfs, de l’Appel et de l’Orientation, Arabie Saoudite, 2000, p. 114.
(2) Mirani Moulay Rachid, La géopolitique du conflit confessionnel au Moyen-Orient : LE WAHHÂBISME ET LE CHIISME DUODECIMAIN, Thèse, Université Bordeaux IV, 2014, p. 146.
(3) Nabil Mouline, Les clercs de l’islam – Autorité politique et pouvoir politique en Arabie Saoudite, XVIIIe – XXIe siècle, P.U.F, 2011, p. 66.
(4) Rigoulet-Roze David, « Les chiites de la province saoudienne du Hasa : une minorité <
(5) Olivier Da Lage, Géopolitique de l’Arabie Saoudite, Éditions Complexe, 1996, p. 35.
(6) Hamadi Redisi, Une histoire du wahhabisme – Comment l’islam sectaire est devenu l’islam, Édition du Seuil, 2007, p. 15.
(7) Sabrina Mervin & Nabil Mouline, Islams politiques – Courants, doctrines et idéologies, CNRS Éditions, 2017, p. 70.
(8) Sabrina Mervin & Nabil Mouline, op. cit., p. 49.
Malik Bezouh est physicien de formation. Spécialiste de questions sur l’islam de France, de ses représentations sociales dans la société française et des processus historiques à l’origine de l’émergence de l’islamisme, il est auteur de Crise de la conscience arabo-musulmane pour la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) et France-islam : le choc des préjugés. Notre Histoire, des croisades à nos jours (Plon, septembre 2015).
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VIDEO - Le wahhabisme : histoire et actualité (entretien avec Jean-Michel Vernochet) Vidéo 1:15:31 ajoutée le 1er décembre 2017 - CHL.TV
Entretien du Cercle Henri Lagrange avec Jean-Michel Vernochet (écrivain, essayiste, journaliste et géopolitologue) 0:32 - Différence entre sunnisme et chiisme 3:57 - Présentation des quatre écoles traditionnelles de l’Islam sunnite (hanafite, malikite, chafiite et hanbalite) 7:19 - Qui était Mohammed ben Abdelwahhab ? 10:28 - Quelle fut sa doctrine et en quoi se distingue-t-elle des quatre écoles traditionnelles sunnites déjà évoquées ? 13:37 - Le wahhabisme est-il une hérésie, un courant schismatique, un fondamentalisme ? 16:44 - Wahhabisme, salafisme et takfirisme sont-ils une seule et même chose ? 20:39 - Wahhabisme et capitalisme 24:23 - Origines dönme d’Albdelwahhab et Mohammed ben Saoud 28:14 - Quel rôle ont joué les Britanniques dans l’émergence de l’État saoudien ? 30:54 - Le Qatar 31:35 - Articulation entre pouvoir politique et pouvoir religieux en Arabie saoudite et au Qatar 36:02 - L’Arabie saoudite et le Qatar sont-ils les seuls États théocratiques de la région ? Ne peut-on pas également qualifier les pays anglo-saxons de ’théocraties’ ? 39:44 - Le pacte du Quincy 42:50 - L’alliance entre les USA et les États wahhabites. 49:15 - Opposition wahhabisme/nationalisme arabe 51:31 - Carte actuelle du wahhabisme dans le monde 52:34 - Facteurs permettant l’expansion du wahhabisme 55:07 - Impact des attentats du 11 septembre sur les rapports entre le monde wahhabite et l’Occident 57:58 - Rapport entre wahhabisme et terrorisme. Rôle joué par les État wahhabites dans l’émergence de l’État islamique. 1:00:17 - Positionnement géopolitique d’Israël vis-à-vis des États wahhabites 1:04:16 - Dialectique entre le monde wahhabite et l’arc chiite. 1:07:22 - Rapports entre l’Arabie saoudite et le Qatar 1:08:30 - Pourquoi le Quai d’Orsay a-t-il misé sur le Qatar ? 1:10:19 - Le wahhabisme en France - Catégorie : People et blogs –
Source : https://www.youtube.com/watch?v=0kta40-_sW4
Le prince héritier saoudien révèle que le wahhabisme a été exporté à la demande des Occidentaux Par Meriem Laribi, 28 mars 2018, 07:26 – Document ‘francais.rt.com’ - Photo © MANDEL NGAN / AFP Source : AFP - Mohammed ben Salmane et Donald Trump à Washington, illustration.
Dans une interview au Washington Post, le prince héritier Mohamed ben Salmane a déclaré que l’Arabie saoudite avait commencé à propager l’idéologie wahhabite à la demande de ses alliés occidentaux, pendant la guerre froide, pour contrer l’URSS.
Une déclaration du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane (surnommé « MBS ») publiée par le Washington Postle 22 mars et passée, semble-t-il, inaperçue dans les médias francophones, fait office d’aveu. En effet, le prince héritier saoudien a assuré que l’idéologie wahhabite avait été propagée au cours de la seconde moitié du XXe siècle par Riyad à la demande des alliés occidentaux du royaume, dans le but de contrer l’influence de l’Union soviétique dans les pays musulmans.
En visite diplomatique aux Etats-Unis, « MBS » s’est exprimé lors d’une rencontre avec des membres de la rédaction du Washington Post. Bien que cette réunion ait été tenue secrète dans un premier temps, l’ambassade saoudienne a par la suite autorisé le célèbre journal américain à publier des extraits spécifiques des propos tenus par le prince héritier. Ainsi, le journal relate des déclarations de Mohamed ben Salmane sur différents dossiers, dont sa relation avec Jared Kushner, le gendre de Donald Trump et conseiller de la Maison Blanche, ses réformes internes au royaume, la guerre au Yémen ou encore le conflit israélo-palestinien.
Interrogé sur la propagation du wahhabisme, idéologie islamiste rigoriste née en Arabie saoudite et parfois accusée par la presse et des responsables politiques en Occident d’être une source du terrorisme islamiste, le prince héritier a déclaré que les investissements saoudiens dans les mosquées et écoles islamiques à l’étranger trouvaient leur origine dans le contexte de la guerre froide. Le prince héritier a expliqué que, à cette époque, les alliés occidentaux de Riyad avaient demandé à l’Arabie saoudite d’utiliser ses ressources afin d’empêcher l’Union soviétique de « conquérir le monde musulman ou d’y acquérir de l’influence ».
Une révélation tardive du rôle de l’Occident dans la propagation du wahhabisme
Interrogé par RT France, Pierre Conesa, historien français, auteur du livre Dr. Saoud et Mr. Djihad, qualifie cette révélation de « tardive ». Pour ce spécialiste en stratégies politiques internationales, cette révélation permet au prince héritier de « se décharger d’une partie de sa responsabilité sur le financement du terrorisme ».
Dans un article publié dans le Monde Diplomatique de juin-juillet 2016, intitulé « Un demi-siècle de diplomatie wahhabite », Pierre Conesa expliquait déjà que la politique étrangère du royaume saoudien avait été anticommuniste durant la guerre froide et opposait le panislamisme au panarabisme socialisant de Gamal Abdel Nasser, dirigeant égyptien de 1954 à 1970. Cette politique était largement soutenue par les Occidentaux et notamment les Américains. « L’adage très répandu pendant la guerre froide selon lequel ’l’ennemi de notre ennemi est notre ami’ empêche alors [les Occidentaux] de voir que le royaume wahhabite a son propre programme », ajoute l’historien. Une véritable industrie « théo-idéologique » qui « emprunte au soft power américain et à la propagande soviétique » se met alors au service du wahhabisme.
Un système de promotion mondiale de l’islam rigoriste
Lire aussi : Depuis Riyad, Donald Trump appelle tous les pays à « isoler » l’Iran
Plus de deux décennies après la fin de la Guerre Froide, WikiLeaks publie plus de 60 000 documents diplomatiques saoudiens. Ces « câbles » mettent en lumière le système de prosélytisme et de promotion d’une lecture rigoriste de l’islam appliqué par le royaume wahhabite au niveau international. « Depuis des dizaines d’années, l’Arabie Saoudite injecte des milliards de pétrodollars dans des organisations islamiques à travers le monde, pratiquant une diplomatie du chéquier », révèle le journal américain New York Times, en juillet 2015, après avoir épluché tous les documents diplomatiques mis à jour par WikiLeaks.
« Quand après les attentats du 11 septembre 2001, alors que 15 des terroristes étaient saoudiens, George W.Bush désigne l’Afghanistan et l’Irak comme les ennemis des Etats-Unis, on comprend que l’Arabie est un bon client qu’il ne faut pas contrarier », analyse encore Pierre Conesa. Pour l’historien, la situation est similaire aujourd’hui, quand « Donald Trump annonce depuis Riyad que c’est l’Iran qui est la cause du terrorisme ».
Riyad ne semble toutefois plus assumer son rôle d’exportateur global du wahabisme. Aux journalistes du Washington Post, Mohammed ben Salmane a en effet confié que les gouvernements saoudiens successifs « s[’étaient] fourvoyés sur de fausses pistes » et qu’il était temps désormais que « les choses reviennent à la normale », en ce qui concerne notamment le financement du wahhabisme. Il a assuré que ce « financement prov[enait] aujourd’hui en grande partie de fondations saoudiennes, et non du gouvernement ». De manière on ne peut plus claire, le prince héritier Mohammed ben Salmane entend donc séduire ses partenaires occidentaux. L’accueil que lui a réservé Donald Trump au premier jour de son voyage à Washington semble démontrer que cette offensive de charme fonctionne à merveille.
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Source : https://francais.rt.com/international/38648-a-riyad-donald-trump-appelle-tous-pays-isoler-iran
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L’essentiel de ce dossier commence par une description détaillée, à usage didactique, de données préliminaires distinctives sur les diverses modalités, courants et formes d’expression que l’on retrouve de nos jours dans l’Islam à travers le monde. Voir ci-dessus .
Deux personnages féminins francophones ont été retenus pour illustrer des positons et des actions qui ont été entreprises avec une certaine forme d’émancipation féminine : , dans le secteur littéraire, l’écrivaine libanaise Hoda Barakat, parisienne d’adoption, qui reste respectueuse des textes sacrés de l’islam, d’une part, et l’islamologue et théologienne Kahina Bahloul, franco-algérienne qui a grandi en Kabylie, qui, comme actrice du dialogue interreligieux, est devenue la première imame de France en facilitant l’ouverture de la mosquée « inclusive » ‘Fatima’ à Paris en 2019, d’autre part.
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1. La personnalité de l’écrivaine Hoda Barakat d’après Wikipédia
3. Hoda Barakat : « Je veux bien respecter les textes sacrés, mais la langue ne peut pas être sacrée » Par Christophe Ayad - Publié le 25 juillet 2019 à 06h00 - Mis à jour le 31 juillet 2019 à 11h28 – Document ‘lemonde.fr’
4. Kahina Bahloul, l’islamologue qui veut ouvrir une mosquée « inclusive » - Par Baudouin Eschapasse - Modifié le 10/01/2019 à 09:36 - Publié le 09/01/2019 à 18:30 | Le Point.fr
5. Femmes de dieu(x) - Kahina Bahloul, première imame de France Par Virginie Larousse - Publié le 26/04/2019 – Document ‘lemondedesreligions.fr’
7. Bahloul Kahina intervient dans une émission de ‘radiorcj.info’
8. Kahina Bahloul, ou le combat pour un islam érudit et décliné au féminin Par Nadia Henni-Moulaï PARIS, France - Vendredi 8 février 2019 - Document ‘middleeasteye.net’
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1.
La personnalité de l’écrivaine Hoda Barakat d’après Wikipédia
Hoda Barakat est une écrivaine, romancière, journaliste et artiste, née à Bcharré au Liban en 19521. Ses romans sont écrits en arabe et traduits en français chez Actes Sud. Considérée comme l’une des grands écrivains de langue arabe d’aujourd’hui [réf. nécessaire], elle a obtenu de nombreux prix littéraires, dont le prestigieux prix Naguib Mahfouz. Elle est diplômée de l’Université de Beyrouth en 1975 avec un diplôme en littérature française.
Elle a enseigné pendant un an dans le village de al-Khaim dans le sud du Liban. Après le début de la guerre civile au Liban en 1975, elle s’installe à Bcharré dans le nord. En 1975-76, elle est allée à Paris pour commencer un doctorat, mais en raison de la guerre civile, elle a décidé de retourner dans son pays où elle a travaillé comme enseignante, journaliste et traductrice. En 1985, elle a publié son premier recueil de nouvelles, intitulé Za’irat. En 1985-86, elle a travaillé au Centre pour la Recherche Libanaise. En 1988, elle a participé au lancement de Shahrazad, un magazine féminin. Elle vit actuellement à Paris, et a été pendant plusieurs années la directrice de l’information à Radio Orient.
Ses romans se déroulent pendant la guerre civile libanaise et sont construits autour d’un personnage de sexe masculin vivant en marge de la société. La Pierre du Rire, qui a remporté le prix Al-Naqid, est le premier roman de langue arabe à avoir un homosexuel comme personnage central. Un autre de ses romans, Le laboureur des eaux, a remporté la médaille Naguib Mahouz de littérature. Son sixième roman, Courrier de nuit, publié en France chez Actes Sud, a reçu le 23 avril 2019 le prix international de la fiction arabe de la fondation Booker2. C’est la première fois qu’une femme reçoit ce prix1.
Œuvres
- La Pierre du Rire, 1990
- Les Illuminés, 1993
- Le Laboureur des eaux, 1998
- Mon maître, mon amour, 2007
- Le royaume de cette terre, 2012
- Hoda Barakat (trad. Philippe Vigreux), Courrier de nuit, Actes Sud, coll. « Mondes arabes », octobre 2018, 144 p. (ISBN 978-2-330-11371-1)
Notes et références
- ↑ a et b « Littérature. La Libanaise Hoda Barakat remporte le Booker arabe » [archive], sur Courrier international, 25 avril 2019 (consulté le 25 avril 2019)
- ↑ AFP, « Le Booker arabe décerné à l’écrivaine libanaise Hoda Barakat », La Croix, 24 avril 2019 (ISSN 0242-6056, lire en ligne [archive], consulté le 24 avril 2019)
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hoda_Barakat
2.
Littérature - La Libanaise Hoda Barakat remporte le Booker arabe Publié le 25/04/2019 - 13:14 - Document ‘courrierinternational.com’ - Photo : Hoda Barakat, Lebanese writer, September 2012. Credit : Ulf Andersen / Aurimages Ulf Andersen / Aurimages’ - Document ‘courrierinternational.com’
Le 23 avril 2019, le prix Booker arabe a été octroyé à la Libanaise Hoda Barakat pour son roman Courrier de nuit. C’est la première fois, depuis douze ans que cette prestigieuse récompense littéraire est décernée, qu’une femme en est la seule lauréate.
“C’est la première fois qu’une femme remporte à part entière le prix international de la fiction arabe”, se réjouit The National. Le 23 avril 2019, le douzième “Booker arabe”, ainsi surnommé car soutenu par la Fondation du Booker Prize à Londres (et financé par l’Autorité du tourisme et de la culture d’Abou Dhabi), a été décerné à la Libanaise Hoda Barakat. De quoi faire oublier le précédent de 2011, quand la Saoudienne Raja Alem avait dû partager la prestigieuse récompense avec le Marocain Mohammed Achaari – “une décision qui avait été critiquée dans les cercles littéraires”, rappelle le quotidien d’Abou Dhabi.
Des lettres qui cherchent un destinataire
Hoda Barakat est née en 1952 à Bécharré, ce village maronite au cœur de la montagne libanaise qui a aussi donné naissance à l’écrivain Gibran Khalil Gibran (1883-1931) et à la poétesse Vénus Khoury-Ghata (née en 1937). Le jury du Booker arabe l’a récompensée pour son roman Barid Al-layl, publié en 2017 chez l’éditeur beyrouthin Dar Al-Adab, et traduit l’année suivante chez Actes Sud sous le titre Courrier de nuit. “Dans ce roman épistolaire, l’écrivaine met en scène des marginaux, dont les lettres sont condamnées à n’être jamais lues par leur destinataire”, résumait l’an dernier L’Orient-Le Jour.
Dans Al-Hayat, la romancière revient sur la genèse de cet ouvrage : “Courrier de nuit est né d’images qui m’obsédaient, celles de réfugiés fuyant leur sort. Ces errants sur leurs rafiots de mort sont devenus pour le monde un groupe indésirable, un virus menaçant la civilisation. Je ne réclame pas que le monde occidental ouvre grand ses portes ou qu’il idéalise les réfugiés, je voulais leur donner une existence humaine, chose qu’on leur dénie souvent.” Le prix, accompagné d’un chèque de 50 000 dollars (45 000 euros), lui offre désormais l’assurance que son roman sera traduit en anglais.
“Mon lecteur est arabe”
Contactée parL’Orient-Le Jouraprès la remise du prix, Hoda Barakat a réagi en ces termes : « Je suis très heureuse parce que ce prix est important, il permet d’être visible partout dans le monde arabe, or je suis très loin de cette région, aussi bien physiquement que mentalement. […] Ça me fait vraiment plaisir que mon roman épistolaire soit récompensé, car mon lecteur est arabe, et j’écris en arabe ».
La romancière a en effet choisi les voies de l’exil. En 1989, elle s’est installée en France avec ses enfants, après avoir fui la guerre civile au Liban. Et elle réside actuellement aux États-Unis, où elle enseigne pour un semestre à l’université de Dartmouth, dans le New Hampshire. Mais “pour écrire en arabe, le lieu géographique n’a aucune importance”, assurait-elle en 2018 dans son interview au journal libanais. Elle y racontait son amour pour sa langue d’écriture : “J’ai commencé à découvrir l’arabe après l’école, car l’enseignement de l’arabe ne le mettait pas en valeur. Il était répulsif : toutes les matières étaient enseignées en français et on faisait exprès de faire haïr cette langue, comme si ça ne valait pas le coup de l’étudier. En plus, passer du libanais parlé à l’arabe écrit était compliqué, il y avait des kilomètres, et il fallait voyager tout seul. […] Ce qui m’a fait aimer l’arabe, c’est un éveil, un déclic. Je me suis rendu compte au début des années 1970 que cette langue était magnifique, grâce à tout ce qui s’écrivait à cette époque. C’était l’époque de la nouvelle Nahda (Renaissance) avec des auteurs comme Youssef El-Khal ou Ounsi El-Hage. Je n’ai pas délaissé le français, j’ai juste pris conscience du fait que j’avais déjà une langue.”
Sélection de la rédaction : Liban Littérature Littérature. Le Caire, ma ville, “une machine à bruits” Tribune. Antisémitisme-antisionisme : lettre à Alain Finkielkraut
Entretien. Selon l’écrivain Alaa El-Aswany, la situation en Égypte est “pire que jamais”
Rencontre. Yehoshua Blau, mémoire vive de la langue judéo-arabe
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3.
Hoda Barakat : « Je veux bien respecter les textes sacrés, mais la langue ne peut pas être sacrée » Par Christophe Ayad - Publié le 25 juillet 2019 à 06h00 - Mis à jour le 31 juillet 2019 à 11h28 – Document ‘lemonde.fr’ - Photo - Entretien Réservé à nos abonnés
Grands écrivains, grands entretiens 2|5. L’écrivaine libanaise, traduite dans le monde entier, a reçu en avril le très convoité « Booker arabe ». Rencontre, à Paris, sa ville d’adoption, où elle évoque la littérature, la religion, et la guerre civile qui enflamme le monde arabe.
Hoda Barakat est une écrivaine rare. Née au Liban en 1952, elle a publié son premier roman relativement tard, en 1990, peu après avoir quitté son pays à cause de la guerre civile. En six romans, elle a obtenu la plupart des récompenses les plus prestigieuses de la littérature arabe : en 1990, le prix Al-Naqid pour La Pierre du rire (Actes Sud, 1996) ; le prix Naguib Mahfouz en 2000, au Caire, pour Le Laboureur des eaux (Actes Sud, 2001) ; le prix Al-Owais en 2017, à Dubaï ; enfin, en 2019, le très convoité Prix international de la fiction arabe, décerné à Abou Dhabi sous l’égide du Booker Prize, pour sa dernière œuvre, Courrier de nuit (Actes Sud, 2018). Elle est la première femme à recevoir cette distinction. Enseignante, journaliste et traductrice, Hoda Barakat peut enfin, à 67 ans, se consacrer entièrement à l’écriture après avoir dirigé pendant des années la rédaction de Radio Orient à Paris.
Elle reçoit dans le chaleureux salon de son petit appartement du 20e arrondissement de Paris. Tout y rappelle le Liban, pays perdu, présent dans presque tous ses livres. Mais, contrairement aux apparences, sa patrie n’est pas son vrai sujet. Le véritable pays d’Hoda Barakat, arabe chrétienne du Liban, son territoire, c’est l’âme humaine et ses recoins les plus sombres, les plus inavouables, les troubles de l’identité.
Que change un grand prix international dans la vie d’un écrivain ?
Cela change que je deviens vraiment visible, que le roman se vend très bien et que le public arabe va se rendre compte que je ne suis pas une écrivaine élitiste ou une « Occidentale » dévergondée par ses nombreuses traductions à l’étranger. Je ne savais pas que ce prix avait autant d’écho et c’est une très bonne nouvelle. J’avais peur que, dans plusieurs pays arabes, mon livre ne puisse pas être diffusé.
« Maintenant que j’ai eu tous les grands prix arabes, je vais devenir encore plus radicale »
C’est quand même ironique que le prix le plus prestigieux de littérature arabe soit organisé par un pays du Golfe, les Emirats arabes unis, pas spécialement connu pour défendre la liberté d’expression…
Les régimes de certains pays arabes se défendent comme ça face aux critiques occidentales et aux organisations de défense des droits de l’homme. Ils veulent montrer qu’il n’y a pas de censure… Cela ne veut pas dire qu’ils sont devenus démocratiques. C’est comme un double jeu. J’ai longtemps refusé les invitations officielles, je piquais des crises quand on me prenait en photo avec l’image d’un dirigeant arabe derrière moi. J’ai fini par me trouver ridicule : même les auteurs que j’admire sont dans les jurys ou acceptent ces prix.
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4.
Kahina Bahloul, l’islamologue qui veut ouvrir une mosquée « inclusive » - Par Baudouin Eschapasse - Modifié le 10/01/2019 à 09:36 - Publié le 09/01/2019 à 18:30 | Le Point.fr - Photo - Future imame de la mosquée Fatima à Paris, Kahina Bahloul est doctorante à l’École pratique des hautes études. Elle prépare une thèse sur le théologien musulman Ibn Arabi qui, dès le XIIe siècle, ne voyait aucun obstacle à ce que des femmes dirigent la prière. © DR – Documents : ‘lepoint.fr’
La première femme imam de France veut ouvrir un lieu de culte où hommes et femmes prieraient côte à côte et promouvoir un islam libéral.
Depuis qu’elle a annoncé, début janvier 2019, vouloir ouvrir une mosquée « inclusive » à Paris où hommes et femmes prieraient côte à côte, son téléphone ne cesse de sonner. « L’initiative que je porte, avec Faker Korchane, provoque beaucoup de réactions. Soutiens et questions pleuvent. L’attente est visiblement très grande », note Kahina Bahloul. Entre un rendez-vous avec un reporter italien du Corriere della Serra et une interview au journal brésilien d’O Globo, Le Point a rencontré la jeune femme. Si celle-ci se réjouit de l’intérêt suscité par son projet, elle assure que l’objectif de sa démarche n’était pas de « faire sensation ».
Juriste de formation, cette Franco-Algérienne de 39 ans, née à Paris mais qui a grandi en Kabylie, rêvait depuis plusieurs années de trouver un endroit où elle pourrait pratiquer l’islam que lui a transmis son père : « Un islam empreint d’humanisme et de progressisme, une religion où le dogme n’étouffe pas la réflexion, où la tradition peut se conjuguer avec la modernité », explique-t-elle. Ne se sentant pas en adéquation avec ce qui se pratique dans les mosquées actuelles, surtout celles qui se réclament du salafisme, la jeune femme a décidé d’ouvrir son propre lieu de culte. « Ma décision a résulté du fait que je ne parvenais pas à trouver un lieu qui réponde à mes attentes », explique-t-elle.
Lire aussi Notre dossier « L’islam, faits et mythes » - « 74% des Français pensent que l’islam n’est pas compatible avec les valeurs de la République. Mais qu’en connaissent-ils vraiment ? L’Islam ne peut se résumer au fondamentalisme et à la violence politique actuelle, dont les premières victimes sont les musulmans eux-mêmes. Le voile, le djihad, le refus des images, le statut des femmes, autant d’exemples où les affirmations de l’islam radical contredisent les textes. L’objectif de ce hors-série est de décrypter les mythes et de revenir aux faits en se fondant sur le Coran, les textes de la Tradition mais aussi sur les analyses des plus grands théologiens et juristes, du Moyen Age à nos jours… » - Illustration.
Mosquée libérale
Photo © DR - Le projet de mosquée inclusive vise à permettre aux femmes de prier au côté des hommes. ’La salle sera divisée en deux pour éviter une trop grande promiscuité, notamment lors des prosternations, mais les enseignements seront mixtes, délivrés alternativement par un homme et une femme’, indique Kahina Bahloul.
Son projet de mosquée baptisé « Fatima » vise à accueillir « dignement » les femmes, poursuit-elle. « Il est temps que les femmes musulmanes se fassent entendre et que l’islam leur fasse la place qu’elles méritent. Le Coran a trop longtemps été lu avec des lunettes d’homme. Les textes peuvent être interrogés autrement », expose-t-elle. Au lendemain des attentats, de janvier 2015, Kahina Bahloul avait créé le site « Parle-moi d’islam ». Une chaîne YouTube, qui propose des cycles de conférences online, destinée à offrir un autre visage à l’héritage culturel et religieux légué par le prophète Mahomet. « Le succès de ces vidéos m’a encouragé à aller plus loin », énonce Kahina Bahloul. L’écho rencontré par l’appel lancé le 3 janvier dernier la conforte dans l’idée qu’une mosquée libérale répondrait aux aspirations de nombreux musulmans français.
Accoler le qualificatif « libéral » à côté du mot « islam » ne va pas de soi. Il fait même bondir certains musulmans. L’expression, calquée sur celle de « judaïsme libéral », dont la figure la plus médiatique est la femme-rabbin Delphine Horvilleur, désigne simplement un mouvement religieux réformateur envisageant le dogme sous le prisme de la modernité. « Notre mosquée proposera une approche historico-critique des enseignements du Prophète. Ce qui ne veut pas dire que nous rejetons cet héritage, mais que nous souhaitons au contraire l’envisager de manière contemporaine », précise Faker Korchane, 40 ans, qui porte, lui aussi, ce projet. Ce professeur de philosophie, Français d’origine tunisienne, regrette que l’on oppose trop souvent « Esprit des Lumières » et religion. « De nombreux exégètes ont pourtant examiné les textes dans une perspective moderne. Aujourd’hui, leur pensée n’est exposée qu’à l’université. Notre souhait est que leurs enseignements soit aussi disponibles dans une mosquée », expose ce jeune père de famille, par ailleurs fondateur de l’Association pour la renaissance de l’islam mutazilite (ARIM). Le mutazilisme est une école théologique musulmane rationaliste, apparue dès le VIIIe siècle de l’ère chrétienne qui aborde le Coran dans une double approche de réflexion (le fikr) et de discernement (le furqân).
Lire aussi La transmission du message coranique – « Dans quelles conditions et quand exactement a été rédigé le Coran ? Dans quelle mesure le texte aujourd’hui reconnu comme officiel est-il fidèle aux « messages célestes » reçus par le Prophète ? L’histoire du Coran a été présente très tôt chez les savants musulmans. Même pour ce qui est du contenu de ce Livre, les fidèles considèrent certaines parties en relation avec des vérités éternelles et d’autres liées à des circonstances précises de la vie de Mahomet et de l’histoire de son temps. Évidemment, chez eux, il ne s’agit pas d’histoire comme discipline critique, mais d’une science religieuse... » - Illustration - Article réservé aux abonnés - Déjà abonné ? Identifiez-vous - Pas encore abonné ? Abonnez-vous
Genèse du projet
Photo © DR : « Kahina Bahloul, ici à la mosquée de Phoenix aux États-Unis, cite souvent Amina Wadud, première femme imam outre-Atlantique, comme modèle ».
Kahina Bahloul, que n’a jamais quitté la foi mais que rebutait, à l’adolescence, une lecture trop normative des textes, a redécouvert l’islam au moment de la mort de son père, en lisant notamment le poète d’origine syrienne Khaled Roumo. « Bien que j’ai étudié la religion quand j’étais enfant, je n’avais pas pris la mesure de l’apport que la spiritualité peut constituer pour les individus avant cette grande épreuve qu’a été la disparition de mon père », émet-elle. Ce décès a constitué, dans sa vie, un tournant. Au point de bouleverser son existence.
Il y a quatre ans, elle quitte le secteur des assurances où elle travaillait depuis 12 ans et décide de reprendre des études d’islamologie à l’École pratique des hautes études. Kahina Bahloul s’investit alors dans diverses associations cultuelles de sensibilité soufie. « La mystique occupe désormais une place très importante dans ma vie », explique la jeune femme, dont le père entrepreneur n’était pas particulièrement versé dans la religion. Sa mère (d’origine juive par sa mère et catholique par son père) se revendiquait comme athée. Kahina Bahloul s’engage, parallèlement, très activement dans le dialogue interreligieux avec la femme rabbin Pauline Bebe et le père Antoine Guggenheim, ancien directeur du pôle de recherche du Collège des Bernardins.
Après avoir créé des ateliers dédiés à l’enseignement de l’histoire des prophètes au sein de l’association Alawya, à Drancy, elle participe à la fondation de l’association La Maison de la paix à Paris, avec la femme imam norvégienne Annika Skattum, au sein de laquelle l’Irakienne Fawzia Al-Rawi, vivant aujourd’hui en Autriche, dispense des enseignements d’inspiration soufie. « L’expérience a tourné court puisque la Maison de la paix a dû fermer ses portes au bout d’un an, faute de financement (en 2017). Mais il est clair que cette première expérience a été déterminante dans mon itinéraire », émet-elle.
Le délicat sujet de l’imamat féminin
Photo © DR - - Si de nombreuses femmes prêchent dans des mosquées étrangères, Kahina Bahloul est le première à le faire en France.
Pour l’islamologue, l’accès des femmes au statut d’imam ne pose aucun problème d’ordre théologique. « Il est acquis, depuis le XIIe siècle, et les écrits d’Ibn Arabi que rien n’interdit à une femme de diriger la prière », note-t-elle. « Il faut juste déconstruire près d’un millénaire de discours sexiste, car même si les textes ne l’interdisent pas, les croyants restent parfois heurtés par l’idée qu’une femme soit en chaire », glisse Faker Korchane. « La société où s’est forgé l’islam que nous connaissons était très patriarcale, mais nous pouvons soulever cette chape de plomb », veut croire Kahina Bahloul, qui cite de nombreux pays étrangers où des femmes prêchent dans des mosquées.
« En dehors de France, les femmes s’emparent de la question de la transmission de la tradition, dirigent la prière et cela ne pose aucun problème », relève Kahina Bahloul citant la Danoise Sherin Khankan, reçue l’année dernière à l’Élysée, ou encore Amina Wadud, professeure d’études islamiques de l’université du Commonwealth de Virginie et imam depuis 2005. Il n’empêche. Même si l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou a publiquement exprimé que l’imamat féminin n’était pas interdit par le Prophète, aucun représentant officiel de l’islam de France n’a encore pris position officiellement en faveur de Kahina Bahloul, qui se réjouit que d’autres projets de mosquées « libérales » aient fleuri depuis l’annonce de son projet.
Lire aussi L’islam selon Tareq Oubrou - Très médiatisé mais peu expliqué, l’islam est la deuxième religion de France. L’imam de Bordeaux livre en vidéos toutes les clés pour le comprendre. Photo.
Les réactions outrées de certains, exprimées sur les réseaux sociaux, qui moquent le projet de mosquée Fatima comme une sorte de centre de « yoga spirituel » ou les attaques et menaces reçues ne font pas peur à Kahina Bahloul. Cette dernière pense que son refus de porter le voile en dehors de la mosquée est peut-être la cause de cette « hostilité », provenant de la frange la plus conservatrice de la communauté musulmane. « S’ils pensent que cela me fera changer d’avis, ils se trompent. C’est peut-être lié à mon prénom, qui renvoie à une reine berbère inflexible, mais je ne cède pas aux pressions (l’autorité de la reine Dihya, surnommée Kahina en arabe, s’étendit au VIIe siècle sur toute la Numidie : du Maghreb en Égypte, NDLR) », sourit la jeune femme. « Kahina est extraordinairement forte », confirme Faker Korchane.
Lire aussi : Qui sont les salafistes de France ? ( Radiographie des salafistes de France) - VIDÉOS. Les autorités recensent une centaine de mosquées salafistes en France. Un état des lieux difficile tant les contours de ce mouvement sont indécis. Par Baudouin Eschapasse - Modifié le 08/04/2019 à 12:54 - Publié le 26/11/2015 à 08:21 | Le Point.fr – « Le mouvement salafiste compterait aujourd’hui de 30 000 à 50 000 adeptes. L’imam de Brest (au centre), Rachid Abou Houdeyfa en a longtemps été l’une des figures emblématiques ».
« En février 2015, une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) estimait le nombre de lieux de culte salafiste à une soixantaine dans l’Hexagone. Un an et demi plus tard, les spécialistes du ministère de l’Intérieur pensent que les mosquées françaises d’inspiration hanbalo-wahhabite seraient plus d’une centaine. Ce boom n’étonne pas vraiment ceux qui s’intéressent à ce mouvement piétiste, né au XIXe siècle en Arabie saoudite et qui revendique une pratique rigoriste de l’islam. Le salafisme est à la mode. Il ne cesse de gagner du terrain depuis quinze ans dans notre pays... » - Article complet réservé aux abonnés - Déjà abonné ? Identifiez-vous - Pas encore abonné ? Abonnez-vous - Consultez notre dossier : Spécial attentats de Paris
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La France va mal – « Il faudrait que la France se réveille et voit la réalité en face, et non pas comme ces béni oui-oui qui crient au scandale dès que l’on parle de la mouvance Islamiste. Depuis les années 1980 l’Arabie Saoudite a envoyé environ 45.000 imams
pour contaminer le Moyen Orient les Pays du Sahel et ensuite l’Europe pour que
l’islam radical wahhabite soit rependu partout. Et l’on voit qu’ils ont en partie réussis
nos jeunes Musulmans Français sont sous la coupe de la Charia, que faisons-nous
pour contrer cela et rester maître en FRANCE RIEN DU TOUT. Par AdLib le 20/09/2016 à 14:46
Pourquoi pas une sorte de ’boîte noire’ ? – « Un imam qui n’a rien à se reprocher et respecte, dans ses prêches, les valeurs de notre Etat républicain et démocratique, ne devrait pas trouver intolérable qu’on enregistre systématiquement ses prêches et que la police puisse éventuellement les contrôler. Et, s’il le faut, tout ce qui se prêche dans tous les autres lieux de culte publics devrait pouvoir être enregistré et contrôlé. Certes, ça fait un peu ’police de la pensée’, mais, en temps de guerre, il faut peut-être renoncer à certaines délicatesses. Par Gilles57 le 19/09/2016 à 16:33
Lu dans la revue le Point : « 30% des musulmans de France font passer la charia avant les lois françaises ! Peut-on lutter contre çà ? Certainement pas avec la méthode Hollande ou autres socialistes ! » Déjà abonné ? Connectez-vous Abonnez-vous
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Femmes de dieu(x) - Kahina Bahloul, première imame de France Par Virginie Larousse - Publié le 26/04/2019 – Document ‘lemondedesreligions.fr’
Née à Paris en 1979 d’un père algérien kabyle et d’une mère française (dont la propre mère était juive polonaise et le père catholique français), Kahina a grandi en Algérie, où elle a passé toute son enfance et ses années d’études de droit. Elle y a connu la décennie noire et les attentats islamistes. Un traumatisme pour la jeune femme, confrontée à une vision de la religion musulmane radicalement opposée à celle qui lui a été inculquée. « Je descends d’une famille maraboutique. Depuis l’enfance, mon père m’a toujours enseigné que le plus important, pour un musulman, est de purifier son coeur », explique celle qui est désormais la première imame de France. « L’islam ne poursuit qu’un objectif : grandir spirituellement et intellectuellement - avancer vers le meilleur de soi-même », résume-t-elle.
Une mosquée fraternelle
C’est en 2003 qu’elle revient en France. Le décès de son père la conduit à approfondir son lien avec la mystique musulmane, le soufisme, dans lequel elle a pu « trouver les réponses à toutes les questions » qui la taraudaient depuis l’enfance. Les attentats islamistes qui frappent Paris en 2015 achèvent de lui faire prendre conscience qu’elle doit désormais agir pour déconstruire le fondamentalisme au sein de l’islam. Elle reprend des études d’islamologie à l’École pratique des hautes études (EPHE, Paris) et lance l’association « Parle-moi d’islam ».
Kahina Bahloul porte le projet de la mosquée Fatima - du nom de la fille du prophète Mahomet - avec le professeur de philosophie Faker Korchane, président de l’association pour la renaissance de l’islam mutazilite, courant rationaliste musulman. Hommes et femmes pourront y prier ensemble, de part et d’autre d’une salle commune. Les prêches se feront en français. Les femmes seront libres de porter ou non le voile, et la conduite de la prière sera assurée alternativement par un imam et une imame. « Fraternité » pourrait être le maître-mot de la mosquée, qui sera ouverte également aux non-musulmans. Ne reste plus qu’à trouver un lieu.
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Kahina Bahloul - Islamologue, théologienne, actrice du dialogue interreligieux. Dimanche 21 Juillet 2019 -Documentation ‘lescahiersdelislam.fr’ Accueil
Kahina BAHLOUL est diplômée en islamologie, à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, elle est spécialisée dans la mystique musulmane et ses recherches portent particulièrement sur la pensée d’Ibn ‘Arabî. Elle s’intéresse à l’universalité du message de l’Islam, à la diversité religieuse, à la cosmologie akbarienne et au processus d’évolution de la pensée religieuse en Islam. Elle est également engagée sur la question du ministère religieux féminin et le rôle de la femme dans les lieux de culte en Islam.
Et si la bid‘a [1] était d’interdire l’imamat de la femme ? - 19/05/2019 | Défis & enjeux contemporains – « Une femme pour guider la prière du vendredi à la Mosquée devant une assemblée mixte et qui délivrerait la khotba [2], cela semble être une image surréaliste tant l’Islam, ces dernières décennies, a donné une image dégradante de la femme musulmane. Et pourtant cela est devenu réalité depuis que... »
Les Cahiers de l’Islam © 2012-2019. Tous droits réservés. ISSN 2269-1995 – Source : https://www.lescahiersdelislam.fr/author/Kahina-Bahloul/ |
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France Inter – Info, Culture, Humour, Musique
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Bahloul Kahina intervient dans une émission de ‘radiorcj.info’ - Accueil – Sa photo – Document ‘radiorcj.info’
Née dans une famille aux origines ancrées dans les monothéismes abrahamiques, la quête spirituelle de Kahina Bahloul, a été enrichie depuis l’enfance par cette diversité qui a, par ailleurs, éveillé le désir de jeter des ponts afin de voir se réaliser l’Unicité divine.
Engagée dans le dialogue inter-religieux et dans la lutte contre les discours de haine et la radicalisation sur Internet et réseaux sociaux, elle intervient dans des conférences, interventions radiophoniques et télévisuelles sur des thématiques en rapport à l’Islam, au soufisme et à la femme dans l’Islam.
Elle est présidente et oratrice de l’association Parle-moi d’Islam : vidéos pédagogiques sur internet sur l’Islam, la laïcité, le vivre ensemble…etc.
Elle anime les ateliers « Histoires des Prophètes » à l’association Soufie Alawya : AISA à Drancy en région parisienne et « Sagesse des Prophètes » à La Maison de la Paix de Paris. Elle est juriste de formation et Cadre dans l’économie sociale.
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Source : https://radiorcj.info/intervenants/bahloul-kahina/
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Kahina Bahloul, ou le combat pour un islam érudit et décliné au féminin Par Nadia Henni-Moulaï PARIS, France - Date de publication : Vendredi 8 février 2019 - 09:40 – Document ‘middleeasteye.net’- Photo - Kahina Bahloul : « Avec la mosquée Fatima, je plaide pour une approche savante de la religion » (MEE/Nadja Makhlouf)
Kahina Bahloul, diplômée en études islamiques, cherche à ouvrir un lieu de culte mixte à Paris, où elle assurerait elle-même le prêche. Un projet inédit qui suscite enthousiasme et rejet
Depuis le 3 janvier dernier [2019], le portable de Kahina Bahloul fonctionne à plein régime. « Les demandes d’interviews n’arrêtent plus », explique-t-elle à Middle East Eye, avant de nuancer, non sans un certain étonnement : « les demandes de médias arabophones ».
À 40 ans, cette ancienne cadre dans l’assurance vient de formuler une idée peu orthodoxe : « ouvrir, à Paris, une mosquée mixte avec deux imams, un homme et une femme ». Les fidèles des deux sexes – les uns à droite, les autres à gauche – prieraient dans la même salle. Une première en France, où le culte des femmes est tenu à l’écart, en mezzanine ou dans une pièce annexe, et la prière uniquement guidée par un homme.
« Au départ, nous voulions proposer une prière totalement mixte mais nous pensons qu’il est mieux, pour que tous les fidèles soient à l’aise, qu’ils prient côte à côte, mais dans la même pièce », précise-t-elle.
Kahina Bahloul y tiendrait elle-même le prêche aux côtés de Faker Korchane, autre initiateur du projet. Ancien journaliste, ce professeur de philosophie est également fondateur de l’Association pour la renaissance de l’islam mutazilite (ARIM), une école de théologie musulmane qui rejette tout dogmatisme. Chacun, donc, dirigerait l’office à tour de rôle une semaine sur deux.
Les femmes, en outre, n’auraient pas l’obligation de se voiler pendant la prière, contrairement aux usages habituels.
« L’ignorance et le patriarcat se nourrissent »
L’annonce de ce projet de mosquée « progressiste » – qui existe déjà à l’étranger, notamment aux États-Unis et en Allemagne –, a placé Kahina Bahloul dans un vortex de violence, typique des réseaux sociaux.
Insultes à caractère sexiste, raciste – sa grand-mère maternelle étant juive –, remise en cause de sa légitimité… Kahina Bahloul se frotte, désormais, au fiel acide et anonyme de la toile.
Photo - Des fidèles musulmans des deux sexes prient ensemble lors de l’inauguration de la mosquée mixte Ibn Rushd-Goethe à Berlin (Allemagne), le 16 juin 2017 (AFP)
Face à nous, dans ce café parisien, un trait de personnalité émane pourtant d’elle. Son calme olympien. Une quasi quiétude qui détonne avec la violence de la vindicte populo-virtuelle dans laquelle elle est prise.
Kahina Bahloul reste droite dans ses bottes, répondant par l’affirmatif aux sollicitations des journalistes. « J’ai un message à faire passer. C’est le plus important », répète-t-elle, sereine. « Nous cherchons, avec Faker Korchane, un local parisien pour fonder la mosquée Fatima. C’est notre priorité ». Une détermination qui explique sa disponibilité médiatique. Cette « évolution », selon elle, vaut bien le flot d’insultes.
Entre autre noms d’oiseaux, il lui est reproché de provoquer la fitna (terme arabe renvoyant à la division entre musulmans) ou d’engraisser la bête islamophobe en critiquant l’exclusion des femmes de la prière dans les mosquées françaises, en autorisant que des fidèles non-voilées participent au culte ou encore en dénonçant « la percée de l’islam fondamentalisme ou l’application décontextualisée de l’islam ». S’exprimer dans les médias mainstream sans nourrir la stigmatisation des musulmans peut en effet s’avérer un véritable exercice d’équilibriste.
« On est toujours étiquetés. Je veux faire connaître ce projet, en tout bienveillance. Et les critiques que je formule, j’en prends les responsabilités. Il faut avancer, c’est tout. »
D’habitude dans l’ombre, Kahina Bahloul a donc décidé de renier sa discrétion habituelle. Ce projet lui tient à cœur. Il faut tenir le cap. Faire un effort sur soi-même.
Une enfance algérienne
D’autant qu’elle dispose d’un solide bagage pour le mener à bien. Née en France en 1979, Kahina Bahloul s’installe en Algérie, avec son père kabyle et sa mère française, un an plus tard. C’est dans ce pays fraîchement indépendant, non loin de Bejaïa, qu’elle grandit.
« J’ai toujours eu l’image d’un Dieu juste. Or, dans mon quotidien, je voyais des choses injustes, notamment vis-à-vis des femmes »
Sa mère, qui peine à s’acclimater au pays, les quitte pour un retour définitif en France. Élevée par la famille de son père, Kahina passe alors enfance et adolescence dans la Kabylie profonde, maîtrisant à la fois les langues berbère, arabe et française.
« J’ai fait toute ma scolarité en Algérie. Après le bac, je me suis lancée dans une maîtrise de droit », précise-t-elle. « En arabe littéraire ». Le détail est d’importance tant la langue est liée, viscéralement, à l’islam. Les puristes vous le diront, pas de maîtrise du corpus textuel de cette religion sans connaissance presque technique de la langue arabe. Nous voilà rassurés. Kahina Bahloul a lu, analysé, interprété les textes.
De cette connaissance, émergent alors les premiers questionnements sur sa religion, dans laquelle elle baigne naturellement. « Lors de mes études de droit algérien, j’ai vu que les questions liées au statut personnel des individus relevaient de la charia. Ce qui n’était pas le cas pour d’autres domaines qui, eux, relevaient du droit hérité de la colonisation ».
Un paradoxe qui vient s’ajouter à son vécu kabyle. « Le patriarcat y règne en maître. Il y a le devoir de respecter la loi des hommes, parfois plus que la loi de Dieu », souligne-t-elle.
Élève brillante, Kahina est gênée par cette forme d’infantilisation des femmes inhérente à l’autorité masculine. Très vite, elle manifeste une volonté de s’affranchir intellectuellement. Et puis la jeune femme, de par son histoire, est à la croisée des cultures. « Le fait d’avoir des grands-parents catholiques et une grand-mère juive me place dans une situation de comparaison permanente ».
Voile algérien vs. voile saoudien
En toile de fond de ces années algériennes, la décennie noire. « J’ai vécu cette période au plus près. J’ai vu comment les choses ont changé peu à peu », relate-t-elle.
Alors adolescente, elle se souvient, nostalgique, d’une Algérie encore attachée à un islam maghrébin. « Je voyais mes grands-parents aller à la mosquée. C’était une pratique très familiale… très spirituelle aussi. »
La guerre civile constitue une époque charnière qui marque l’entrée de son pays dans « une pratique plus rigoriste », selon elle, « venue d’Arabie Saoudite ».
Autour d’elle, « les premiers foulards pénètrent peu à peu dans l’espace public ». Bien qu’elle ne le porte pas, Kahina Bahloul n’est pas étrangère au voile. Si ses tantes ne se couvraient pas les cheveux, elle a toujours vu sa grand-mère se parer du traditionnel haïk algérien, étoffe de laine ou de soie.
« Le haïk était tellement élégant. C’était presque un objet de féminité… et puis j’ai toujours vu ma grand-mère libre de ses mouvements. » Contrairement à l’image des femmes saoudiennes, faut-il comprendre.
Photo - Femmes algériennes en haïk lors de la parade du 1er novembre 2015 à Alger (Mustapha Brahim Djelloul /Wikimedia Commons)
« Pour moi, le voile tel qu’il est apparu en Algérie dans les années 1990-2000 émane d’une idéologie en provenance du Golfe persique. On est dans la négation du droit des femmes… tout y est fait pour les invisibiliser », tranche-t-elle.
À l’irruption du voile en Algérie correspond l’entrée du pays dans la guerre civile. La collision des réalités la déroute. « Au même moment, je vois l’idéologie des salafistes et des Frères musulmans monter, tout comme le nombre de morts de la décennie noire. »
« Pour moi, le voile tel qu’il est apparu en Algérie dans les années 1990-2000 émane d’une idéologie en provenance du Golfe persique. On est dans la négation du droit des femmes… tout y est fait pour les invisibiliser »
La société algérienne se crispe, enserrant alors le Coran d’une main et son goût pour la liberté de l’autre. Une dualité qui produit un contexte et des trajectoires personnelles complexes.
« Cet islam fondamentalisme exprimait un rejet des non-musulmans. En tant que métisse, la situation était compliquée », confie-t-elle. « J’ai toujours eu l’image d’un Dieu juste. Or, dans mon quotidien, je voyais des choses injustes, notamment vis-à-vis des femmes. »
Le contexte français en arrière-plan
« Ce qui ne tue pas rend plus fort », écrivait Nietzche. Mais le chemin de la foi s’accompagne, parfois, du doute. À son arrivée en France en 2003 à l’âge de 24 ans, Kahina Bahloul, sonnée par l’actualité internationale, prend « ses distances avec la religion ».
Nous sommes deux ans après le 11 septembre 2001 et l’islam, tout comme les musulmans, sont pris dans le piège des amalgames. Le nom d’Oussama ben Laden est devenu la marque d’un islam visible, violent.
« Cela a duré quelques années mais au fond de moi, le lien avec Dieu et la foi est resté intact », poursuit Kahina Bahloul. Une forme d’introspection spirituelle que, très vite, le contexte politique français rattrape.
Le président Jacques Chirac inaugure cette année-là un cercle de réflexion, la fameuse commission Stasi, du nom de son président Bernard Stasi. Avec un dessein : disserter sur l’application de la laïcité dans la République.
Depuis 1989 et l’affaire des jeunes collégiennes voilées de Creil, le voile islamique a fait une entrée fracassante dans le débat public.
Ces Français, héritiers de l’immigration maghrébine, nés dans la décennie 80, ont grandi. Et là où beaucoup imaginaient une érosion de l’islam au fil des générations, les prédictions volent en éclat. L’islam s’est non seulement transmis de parents à enfants, mais il s’est régénéré à travers une pratique plus visible, plus littérale et plus rituelle.
La commission Stasi, dans un rapport remis à Jacques Chirac le 11 décembre 2003, sera l’armature de la loi du 15 mars 2004. Votée à une large majorité, celle-ci interdit les signes ostensibles religieux à l’école.
Légitimité et terrain
« C’est vrai que j’ai été étonnée du débat sur le voile. Je n’ai pas compris comment il s’est propagé alors qu’il n’est ni endogène à la France, ni à l’Algérie », avance Kahina Bahloul.
Dessin - INTERVIEW – Solenne Jouanneau : la structuration de l’imamat en France est « contreproductive » - Lire
Mais les deux pays sont-ils vraiment comparables ? Peut-on mettre sur le même plan des trajectoires de Français d’origine maghrébine, bercés des illusions du mythe républicain, et celle de Kahina Bahloul, dont l’essentiel du parcours s’effectue en Algérie, sans stigmatisation, ni racisme, ni ghettoïsation ?
Il faut savoir ce qu’est grandir à la marge pour saisir ce qui se joue à travers les sempiternels débats autour des musulmans, lui reproche-t-on parfois.
En effet, si l’on dépasse le sexisme auquel se heurte Kahina Bahloul depuis l’annonce de son projet, c’est la question de sa légitimité qui est souvent posée par ses détracteurs. Est-elle légitime pour s’approprier cette question cultuelle si sensible ?
En creux, les critiques pointent également son inexpérience dans la gestion d’une mosquée – dans ses aspects les plus triviaux notamment, sanitaires, entretien, bricolage. L’argument peut paraitre léger mais il fait aussi partie de la réalité.
Les 2 400 lieux de cultes (salles de prière et mosquées) que compte la France sont aussi le fruit d’un engagement bénévole mené d’arrache-pied par les parents puis leurs enfants. Un engagement parfois ingrat, chronophage et pas toujours exaltant. Un engagement qui s’inscrit souvent dans le cadre des luttes de l’immigration tant les obstacles sont nombreux.
Or, le combat de Kahina Bahloul, tel que perçu, balaie ce point clé. La mixité dans les mosquées n’apparaît pas comme une urgence pour certains. Avec seulement 300 000 m2de lieux de culte pour 1,5 million de pratiquants musulmans là où il faudrait 1 m2 par fidèle, très vite, on lui fait comprendre le caractère subsidiaire de son idée.
« Lors d’une réunion avec l’AMIF [Association musulmane pour l’islam de France], j’ai évoqué l’imamat de la femme… on m’a rétorqué qu’il y avait d’autres priorités », déplore-t-elle. « Alors même qu’un théologien présent a toutefois confié avoir formé sa fille en espérant qu’elle prenne le relai… »
Un imamat féminin ?
L’idée d’un leadership partagé du culte demeure de fait la question la plus brûlante. « Parmi les arguments de mes opposants, se trouve celui-ci : nous n’avons pas assez de femmes savantes. » Une contrevérité, selon Kahina Bahloul, qui permet de « nous maintenir, nous les femmes », en dehors des instances de décision.
« Cette mosquée n’est pas en opposition avec les hommes. Il s’agit de reconstruire un féminisme complémentaire »
« Cette mosquée n’est pas en opposition avec les hommes. Il s’agit de reconstruire un féminisme complémentaire, de recréer des liens intracommunautaires », argumente-t-elle.
Pour ce faire, les musulmanes doivent se raccrocher à la science coranique et à l’histoire des idées en islam, pense-t-elle. Après un Master 2 en islamologie à l’École pratique des hautes études, elle-même poursuit un doctorat autour de « la dimension juridique de la pensée d’Ibn Arabi », théologien, poète et soufi andalou qui, au XIIe siècle, affirmait déjà que rien n’interdisait aux femmes de mener la prière.
Un impératif de connaissance incontournable pour cette femme meurtrie par les attentats de 2015 et les interprétations erronées de l’islam qu’entretiennent les auteurs de ces actes. « Après ces attaques, j’ai créé Parle-moi d’islam, une association visant à contrecarrer les discours extrémistes associés à la religion. »
Elle souhaite ainsi montrer une autre image de sa religion, empreinte de tolérance et d’humanisme. « La religion musulmane porte un message universel. Tous peuvent se l’approprier », commente-t-elle.
Aujourd’hui, Kahina Bahloul estime que le rétablissement d’une image authentique de l’islam ne peut faire l’impasse sur « la question de l’imamat des femmes ». Une approche qu’elle entend bien fonder sur la connaissance et la redécouverte des « libres-penseurs de l’islam », un courant initié par Rhazès, médecin et philosophe perse du Xe siècle.
« Ces figures reléguées de l’islam montrent à quel point la pensée musulmane a été dynamique », pointe-t-elle. « Avec la mosquée Fatima, je plaide pour une approche savante de la religion. »
À travers son projet, Kahina Bahloul veut donc, à sa manière, pousser au questionnement des esprits et bousculer les inerties intellectuelles. « Ces érudits ont eu une pensée très libre. Or, je pense que nous, musulmans, devrions pouvoir débattre des textes. « On ne peut pas évoluer avec une pensée statique. »
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