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"Rétrospective et mises à jour concernant l’islam et la notion de laïcité avec notamment des contributions de l’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh et les positions officielles françaises" par Jacques Hallard
jeudi 12 novembre 2020, par
Rétrospective et mises à jour concernant l’islam et la notion de laïcité avec notamment des contributions de l’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh et les positions officielles françaises
Jacques Hallard , Ing. CNAM, site ISIAS – 10/11/2020
Plan du dossier : Résumé Humour Définitions préalables Introduction Sommaire Auteur
Distinction entre islam avec un /i/ minuscule (religion) et Islam avec un /I/ majuscule (pays et sociétés islamiques). Différences entre un musulman et un islamiste, entre monde arabe et monde musulman. Révision sur les aspects fondamentaux de l’islam (religion) et de l’Islam (sociétés et pays de culture islamique). Rétrospective sur l’état de la laïcité « à la française » depuis les années 1990 dans ses rapports avec l’islam et l’Islam. De nombreuses contributions de l’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France. Révision de certains aspects de la laïcité « à la française » pour comprendre le contexte social actuel, les violences et le terrorisme. Reflet des positions gouvernementales officielles récentes, en France, mais aussi en Belqique francophone, sur la notion de laïcité, de république, de culture et de religion musulmanes, ainsi que des actualités concernant la politique et l’Islam en général.
« La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres, mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction, mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l’ordre public ». Source
Avant tout, un peu d’humour quand même !
A propos des trois religions de souche abrahamique et de la laïcité typique en France
VIDEO. Vivre ensemble : un évêque, un rabbin et un imam donnent l’exemple - Le Parisien{{}}Source
islam religion laicite humour - Photo de humour islam 2 - projet pour la france{{}}Source
Religion & Laïcité - Les Jeunes Socialistes{{}}Source
« Le terme religion abrahamique désigne les religions monothéistes apparues dans l’héritage d’Abraham soit principalement le judaïsme, le christianisme et l’islam dont les textes et paroles sacrés, respectivement le Tanakh, l’Ancien Testament et le Nouveau Testament de la Bible, et le Coran, évoquent la figure d’Abraham1. Il existe également d’autres religions abrahamiques plus minoritaires comme le mandéisme, basé sur l’enseignement de Jean-Baptiste, appelé Yahya en arabe… » Source Wikipédia.
La laïcité est-elle réalisable en Tunisie ? – Partie 1 – Définition et situation actuelle{{}}
« La laïcité n’est pas l’athéisme ! C’est une notion politique et non pas religieuse ». Source tunisienne
laïcité – Histoire des arts ,Ni l’un ni l’autre{{}}
Sur la laïcité, les clivages sont nombreux à gauche
Sur la laïcité, les clivages sont nombreux à gauche [comme ailleurs !] - Bernard Gorce, le 10/12/2012 – Source
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laicite symbole dessin humour
Le travail des Francs-maçons et l’intérêt de la visite d’un temple >Les francs-marçons ouvrent leurs portes à Arcachon (2/2) de Michel Lenoir on Vimeo.
« La vérité est que tout homme intelligent, vous le savez bien, rêve d’être un gangster et de régner sur la société par la seule violence. Comme ce n’est pas aussi facile que veut bien le faire croire la lecture des romans spécialisés, on s’en remet généralement à la politique et l’on court au parti le plus cruel » - Aussi : « Le goût de la vérité n’empêche pas prendre parti ». Albert Camus – Source : Le Dico des citations
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On peut soit continuer à lire la suite, soit passer directement à l’introduction ou au sommaire de ce dossier constitué bénévolement et à usage typiquement pédagogique.
Islam avec ou sans majuscule ? – Selon Roland Laffitte - 20 janvier 2016
« Islam » - © Mohammed Abou Aziz, 2016
L’édition française a pris l’habitude d’écrire avec une initiale minuscule les noms de religions et de courants de pensée ainsi que leurs adeptes, mais avec une initiale majuscule ceux des peuples et des pays ainsi que leurs membres ou habitants.
Selon les règles typographiques généralement suivies par l’Imprimerie nationale, l’université et la presse, on écrit donc islam avec un /i/ minuscule lorsqu’il s’agit de la religion islamique, mais on use de la graphie Islam avec un /I/ majuscule quand il s’agit des sociétés. Source
Quelle est la différence entre un musulman et un islamiste ? D’après ‘caminteresse.fr’
Un musulman est un fidèle de l’islam
L’islam est une religion monothéiste fondée par Mahometau début du VIIe siècle. Son fondement est le Coran, livre saint et parole de Dieu révélée à Mahomet, et la Sunna, enseignement et vie du prophète. Le mot islam signifie soumission à la volonté d’Allah (Dieu). Les musulmans se répartissent en deux courants principaux : le sunnisme (84%) et le chiisme (15%).
Actuellement, l’islam compte 1,8 milliard de croyants, c’est-à-dire 24 % de la population mondiale. Les pays qui comptent le plus de musulmans sont l’Indonésie, le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh, la Turquie, l’Iran, l’Égypte et le Nigeria.
Il ne faut pas confondre musulmans et arabes : les arabes sont minoritaires parmi les musulmans (20 à 25%) et il existe des arabes chrétiens (en Égypte, au Liban…).
Selon une estimation de l’Observatoire de la laïcité en 2019, il y aurait entre 4,1 millions de musulmans en France.
L’islamisme est un mouvement regroupant les courants les plus radicaux de l’islam. Ces courants veulent faire de l’islam une idéologie politique qui passe par l’application rigoureuse de la charia (loi islamique fondée sur les préceptes du Coran) et la création d’États islamiques. Le terme est réapparu en France à la fin des années 1970. L’islamisme ne doit pas être confondu avec l’adjectif « islamique » qui qualifie tout ce qui se rapporte à l’islam [avec un petit /i/ minuscule au sens de la religion].
Le Centre français de recherche sur le renseignement a publié un rapport sur le développement de l’islam fondamentaliste en France. Il indique que l’islamisme représente 5 à 10% de la communauté musulmane, soit 300.000 à 500.000 personnes. En outre, 1% des musulmans français seraient prêts à s’engager ou à soutenir activement le djihad, soit 3.000 à 5.000 personnes.
Par l’équipe ‘Ça m’intéresse - Article complet sur ce site : https://www.caminteresse.fr/economie-societe/quelle-est-la-difference-entre-un-musulman-et-un-islamiste-1133526/
Introduction à l’Islam selon Wikipédia
Ne pas confondre l’islam avec l’islamisme, ni son sens religieux avec la civilisation islamique ou Islam.
Islam | |
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Image illustrative de l’article Islam La Kaaba, située à La Mecque en Arabie saoudite, est le centre de l’islam | |
Présentation | |
Nom original | arabe : الإسلام ; Alʾislām (« la soumission ») |
Nom français | Islam |
Nature | Religion distincte |
Lien religieux | Apport du judaïsme et du christianisme avec changements majeurs disruptifs |
Principales branches religieuses | Sunnisme (90 %) et chiisme |
Nom des pratiquants | Musulman |
Croyances | |
Type de croyance | Monothéisme |
Croyance surnaturelle | Divinité, djinn, ange |
Principales divinités | Dieu (Allah en arabe) |
Principaux prophètes | Ibrahim, Moussa, Issa et Mahomet |
Personnages importants | Mahomet, Ali (chiisme) |
Lieux importants | La Mecque, Médine, Jérusalem |
Principaux ouvrages | Le Coran, divers recueils de hadiths |
Pratique religieuse | |
Date d’apparition | VIIe siècle |
Lieu d’apparition | Arabie |
Aire de pratique actuelle | Monde entier |
Nombre de pratiquants actuel | 1,8 milliard |
Principaux rites | Divers rites suivant branches et mouvements religieux |
Clergé | Pas de clergé sauf dans le Chiisme. |
Classification | |
Classification d’Yves Lambert | Religion de Salut universaliste |
Période axiale selon Karl Jaspers | Formation des grands empires (IVe siècle av. J.-C. - Ier siècle av. J.-C.), puis des grandes aires civilisationnelles politico-religieuses |
L‘islam (en arabe : الإسلام ; Alʾislām, « la soumission ») est une religion abrahamique s’appuyant sur le dogme du monothéisme absolu (تَوْحيد, tawhid) et prenant sa source dans le Coran, considéré comme le réceptacle de la parole de Dieu (الله, Allah) révélée, au VIIe siècle en Arabie, à Mahomet (محمّد, Muḥammad), proclamé par les adhérents de l’islam comme étant le dernier prophète de Dieu. Un adepte de l’islam est appelé un musulman ; il a des devoirs cultuels, souvent appelés les « piliers de l’islam ». Les musulmans croient que Dieu est unique et indivisible et que l’islam est la religion naturelle au sens où elle n’a pas besoin de la foi en l’unicité divine pour constater l’existence de Dieu, cette vérité étant donnée tout entière dès le premier jour et dès le premier Homme (Adam). Ainsi, elle se présente comme un retour sur les pas d’Abraham (appelé, en arabe, Ibrahim), en une soumission exclusive à la volonté d’Allah.
En 2015, le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,8 milliard, soit 24 % de la population mondiale, ce qui fait de l’islam la deuxième religion du monde après le christianisme et devant l’hindouisme. L’islam se répartit en différents courants, dont les principaux sont le sunnisme, qui représente 90 % des musulmans, le chiisme et le kharidjisme.
L’islam est, chronologiquement parlant, le troisième grand courant monothéiste de la famille des religions abrahamiques, après le judaïsme et le christianisme, avec lesquels il possède des éléments communs. Le Coran reconnaît l’origine divine de l’ensemble des livres sacrés de ces religions, tout en estimant qu’ils seraient, dans leurs interprétations actuelles, le résultat d’une falsification partielle : les Feuillets d’Abraham, la Tawrat (le Livre de Moïse identifié à la Torah), le Zabur de David et Salomon (identifié au Livre des Psaumes) et l’Injil (l’Évangile de Jésus).
L’islam accorde une grande importance à la Sunna de Mahomet, dont la tradition musulmane a rapporté des paroles, faits et gestes... Ces récits, appelés hadîths, auxquels se réfèrent la majorité des musulmans pour l’établissement de règles juridiques (fiqh), permettent de codifier la foi et la pratique musulmane. Les différentes branches de l’islam ne s’accordent pas sur les compilations de hadiths à retenir. Le Coran et les hadiths dits « recevables » sont deux des quatre sources de la loi islamique (la charia), les deux autres étant le consensus (ijmâ’) et l’analogie (qiyâs)…
Source ce l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Islam
Monde arabe et monde musulman, quelle différence ? Par Tiphaine Vilbert Diplômée en sociologie. 02 mars 2020– Document ‘orientxxi.info’ -© Hélène Aldeguer, 2020 -https://orientxxi.info/fr/Tiphaine-...Religion > Va comprendre ! >
Le 22 mars 1945 au Caire, un ensemble de pays signent la création de la Ligue des États arabes. Si leur intention est à la fois d’affermir des relations politiques, de défendre des intérêts économiques et de travailler sur les conflits au sein de leurs territoires, elle officialise aussi les liens culturels et religieux entre ses États signataires.
Les 22 pays qui la composent aujourd’hui, du Maroc jusqu’au pays du Golfe en passant par la Palestine ont en commun l’arabe comme langue officielle et l’islam comme religion majoritaire. Ils forment le monde arabe contemporain, mais celui-ci ne se confond pas avec le monde musulman. On peut être arabe sans être musulman, et être musulman sans être arabe.
Présence du christianisme
La population musulmane est dominante dans le monde arabe, berceau des trois religions monothéistes majeures. Les différents courants de l’islam s’y retrouvent : les musulmans sunnites en majorité, suivi des musulmans chiites et kharidjites et un certain nombre de branches minoritaires affiliées. Mais l’islam n’est pas la seule religion présente.
La région est constellée de minorités religieuses, la principale étant le christianisme : coptes, maronites, orthodoxes, catholiques, chaldéens, assyriens, entre autres. Les coptes représentent une grande partie de la minorité chrétienne avec un foyer de plus de 4 millions en Égypte, et les maronites près d’1,4 million au Liban. Quant aux communautés juives ancestrales, elles ont presque disparu dans le monde arabe depuis les indépendances des pays arabes par l’obtention de citoyennetés extra-nationales, notamment européennes, et aussi à la suite de la création d’Israël et du conflit israélo-arabe.
La région est un puzzle complexe où des populations cumulent des caractéristiques minoritaires, à la fois religieuse, ethnique et linguistique, à l’exemple des communautés kurde et arménienne au Proche-Orient. On oublie aussi souvent de mentionner l’installation, pour des raisons d’attractivité économique, de populations étrangères au monde arabe, notamment dans le Golfe. Parmi les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), seuls l’Arabie saoudite et Oman ont un nombre d’étrangers résidents inférieur au nombre de nationaux.
Mais les musulmans du monde arabe ne représentent pas plus de 20 % des musulmans du monde.
L’étendue du monde musulman
En dehors du monde arabe, le continent asiatique regroupe la plus large part de population musulmane mondiale, estimée à un milliard. 62 % des musulmans du monde se répartissent entre six pays, qui sont par ordre décroissant l’Indonésie, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, mais aussi l’Iran et la Turquie. L’Indonésie, pays séculier où l’islam n’est pas religion d’État est le pays musulman le plus peuplé au monde avec 13 % de la totalité des musulmans de la planète. Elle est suivie de près par l’Inde (11 %) qui devrait la dépasser en nombre d’ici 2050.
Si les musulmans d’Asie du Sud (Inde, Pakistan, Afghanistan, Bangladesh, Maldives, Népal, Sri Lanka) représentent un quart de l’ensemble de la population musulmane, ils n’incarnent qu’une part minoritaire de sa population totale (27 %), dominée par la communauté hindoue. Les musulmans ne sont majoritaires que dans les pays situés en marge, comme le Pakistan et le Bangladesh.
Les lieux saints de l’islam que sont la Mecque et Jérusalem, mais également Karbala, en Irak, pour les chiites qui se trouvent dans le monde arabe. Du temps des empires musulmans, la langue arabe, celle du Coran, dynamisée par l’islam, s’est déployée à travers l’espace géographique musulman. Elle est devenue la langue véhiculaire, une lingua franca qui sera celle des productions intellectuelles, littéraires et scientifiques.
… La plupart des savants musulmans connus, comme Avicenne [(ibn-Sina) 980 – 1037), médecin, savant et homme politique de l’ancienne Perse] ou Al-Farabi [(872-950), philosophe hellénisant musulman de langue arabe, commentateur de Platon et d’Aristote et penseur musicien] : ils écrivaient en arabe sans pour autant être arabes !
Tags : Proche-Orient IndonésieChristianisme Iran Islam Ligue arabe Monde arabe Turquie
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Retour au début des définitions préalables
Retour au début de la partie humoristique
Après un court résumé, puis quelques dessins humoristiques et de brèves définitions préalables spécialement choisies, ce dossier, qui est constitué avec une visée didactique à partir d’une recherche documentaire, regroupe et ordonne des articles qui ont été sélectionnés et répartis dans les 5 rubriques que voici :
Rubrique A : elle propose une révision sur les aspects fondamentaux de l’islam (religion) et de l’Islam (pays et sociétés islamiques) avec un accès à nos publications antérieures sur le sujet.
Rubrique B : on y traite d’une rétrospective des années 1990 à nos jours sur les relations entre la religion islamique (islam) et la laïcité.
Rubrique C : elle comprend une série de textes et de vidéos sur des contributions de l’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France (FIF).
Rubrique D : on revient ici sur certains aspects de la laïcité « à la française » aussi en discussion.
Rubrique E : elle reflète les positions officielles en France sur la notion de laïcité, de république, de culture et de religion musulmane, ainsi que des actualités concernant l’Islam (avec un grand /I/ au sens de la culture islamique en général).
NB. Les articles choisis dans ce dossier ont été conservés dans leur texte original complet, au risque d’une certaine redondance, afin de conserver l’esprit de leurs auteurs, variant selon les diverses sources de référence et l’époque de leur publication.
Les 38 documents retenus pour ce dossier reflètent une pluralité de points de vue et ils sont tous référencés : ils sont présentés, avec leurs accès complémentaires éventuellement, dans le sommaire ci-dessous
Retour au début de l’introduction
Retour au début des définitions préalables
Retour au début de la partie humoristique
A. Révision
sur les aspects fondamentaux de l’islam (religion) et de l’Islam (pays et sociétés islamiques)
1. (Re)voir éventuellement des informations sur le Portail de l’islamبوابة#EINSالإسلام–
2. L’islam et la laïcité. Article écrit par Lucie Dupuis – Document communiqué ‘inshallah.com’
3. Pour en savoir plus sur « islam musulman arabe » et/ou « laïcité » avec ISIAS
B.
Rubrique sur l’état de la laïcité à la française dans ses rapports avec l’Islam
C.
Rubrique consacrée aux contributions de l’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France
12. Article de Wikipédia sur l’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh
19. Notice de France Culture sur Ghaleb Bencheikh – Document ‘franceculture.fr’
D.
Rubrique traitant de certains aspects de la laïcité « à la française »
25. Rappels sur la Laïcité avec Wikipédia et quelques vidéos
26. La laïcité à l’école : outils et ressources avec ‘eduscol’
28. Débat - Laïcité, le modèle français peut-il s’exporter ? Le 27/06/2019à06:02 - Document‘la-croix.com’
29. Info Marianne - Des Français farouchement laïques, fracture chez ceux de confession musulmane : les résultats d’un sondage exclusif Par Hadrien Mathoux Publié le 05/11/2020 à 7:00 – Document ‘marianne.net’
E.
Rubrique reflétant les positions officielles en France et en Belgique sur la notion de laïcité, de république, de culture et de religion musulmane, et les actualités concernant l’Islam
30. Qu’est-ce que la laïcité ? – Document officiel ‘gouvernement.fr’
31. Le principe de laïcité selon le Ministère de l’Education Nationale
32. La laïcité d’après le Ministre de l’Intérieur Cultes et laïcité
33. La laïcité : un concept simple à définir , par le document belge ‘le laicite.be’
Retour au début de l’introduction
Retour au début des définitions préalables
Retour au début de la partie humoristique
A. Révision sur les aspects fondamentaux de l’islam (religion) et de l’Islam (pays et sociétés islamiques)
1.
(Re)voir éventuellement des informations sur le Portail de l’islam بوابة الإسلام -
4.938 articles sont actuellement liés au portail.
L’islam est une religion monothéiste révélée au prophète Mahomet [En arabe : Muḥammad] à La Mecque en Arabie au VIIe siècle. La religion musulmane se veut une révélation en langue arabe, se présentant comme issue de la continuité de la religion originelle d’Adam, de Noé, et de tous les prophètes parmi lesquels elle place aussi Jésus (appelé Îsâ dans le Coran). Ainsi, l’islam se décrit comme un retour au monothéisme pur d’Abraham (appelé Ibrahim), du point de vue de la croyance. Le livre sacré de l’islam est le Coran. Le dogme islamique assure qu’il contient le recueil de la révélation d’Allah, qui s’est exécutée sur son prophète Mahomet avec l’intermédiaire de l’archange Gabriel (appelé Jibril dans le Coran). Le Coran reconnaît l’origine divine de l’ensemble des livres sacrés du judaïsme et du christianisme, tout en considérant qu’ils sont, dans leurs écritures actuelles, le résultat d’une falsification : le Suhuf-i-Ibrahim (les Feuillets d’Abraham), la Tawrat (le Pentateuque ou la Torah) de Moussa (Moïse), le Zabur de Daoud (David) et Suleyman (Salomon) (identifié au Livre des Psaumes) et l’Injil (l’Évangile) de Îsâ (Jésus). En 2015, le Pew Research Center estime que l’islam comprend 1,8 milliard de fidèles…Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:IslamRetour au début du sommaire 2. L’islam et la laïcité. Article écrit par Lucie Dupuis – Document communiqué ‘inshallah.com’Aujourd’hui, la place de l’islam dans les sociétés dites « modernes » suscite de nombreuses interrogations. L’accroissement constant de la population musulmane provoque une remise en question du rapport du monde occidental avec l’islam. https://www.inchallah.com/serve/AMIfv97S4UHWVhmpUPnbYjBVMTLaPU5XMoDyc7yHjzziKMuk_hhOOq5arIeLDuGlk_mVo-oKz2Pj4mcuGyA73csO-EPNbNz5KPfW-62O4iiuJjbJIxs_B0wkmdJCGRUFxsqdW3tA1QkD-h8c1sKZTSDouWU2hNmh5QPhoto - De nos jours, l’islam est souvent assimilé à une religion renfermée sur elle-même, qui prône la haine et l’intolérance envers ceux qui ne partagent pas la même croyance. L’idée, selon laquelle l’islam représente un frein pour la modernité et le développement des sociétés, est également récurrente. C’est pourquoi il est important de revenir sur les valeurs et principes de l’islam qui démentent ce stéréotype. L’islam appelle à la solidarité et à l’entraide et ceci même vis-à-vis des athées, le Coran en témoigne d’ailleurs : « Et si l’un des polythéistes te demande l’asile, alors, accorde-le lui » (s.9, v.6). L’islam promulgue et veille au respect de la liberté de culte de chacun, à ce propos il est dit : « A vous votre religion, et à moi ma religion » (s.109, v.6), « A chacun la liberté de croire ou de mécroire » (s.18, v.29), « ne tenez pas des propos insultants vis-à-vis de ceux qui adorent d’autres divinités à part Allah » (s.6, v.108). Il exhorte à l’équité et à la justice à l’égard de tous individus : « Et lorsque vous jugez entre les hommes faites-le en toute équité » (s.4, v.58). En outre, l’islam a rétabli la dignité et l’honneur de l’Homme à travers les propos du Prophète : « L’Homme est l’œuvre de Dieu et malheur à celui qui porte atteinte à l’œuvre de Dieu » (al kachaf). D’autre part, il garantit les libertés des Hommes, et ceci peu importe leurs convictions, et enjoint au respect. L’exemple le plus probant à ce sujet demeure celui du jour de la reconquête de la Mecque. Lorsqu’en l’an dix de l’hégire, et après vingt trois années passées dans l’oppression, l’exil forcé, l’humiliation et la guerre, le Prophète n’accabla nullement ses ennemis d’hier à qui Il dit : « Partez, vous êtes libres » (Ibn Hicham). Ni la vengeance, bien que légitime, ni le désir de se les accaparer en leur imposant sa foi, n’animèrent son cœur. Cet acte illustre la grandeur des valeurs dont il est l’ambassadeur et atteste de sa fidélité envers la parole de son Seigneur : « Et nous ne t’avons envoyé que par miséricorde pour l’humanité » (s.21, v.107). Tous ces éléments nous conduisent à croire qu’il n’y a aucune contradiction entre l’islam et la laïcité au sens de liberté de conscience et libre exercice de culte. En revanche, si séparation de l’Etat et de la religion rime avec déni des religions et interdiction d’exprimer son désaccord alors nous ne pouvons tolérer ce principe. Tout simplement, car ceci est diamétralement opposé aux fondements garantis par la constitution. La séparation de l’Eglise et de l’Etat. https://www.inchallah.com/serve/AMIfv95BithbFfNqJlnHLrqyNuPZCyPc1YABUcrk2VZvMIhs64sujZJ9mteT7qQuUBzit_hJEm41aqGz0NpnsH90Ik9SmN3mNJqW3wHAbsCgRcLHkzdjBwMLqtOITxbG9YsiqeZpIoDOf6aOaPn-WJKgGaexuE0LTwPhoto - Votée en 1905, la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat met fin aux rapports entre le gouvernement français et l’Eglise catholique. Cette loi établit la neutralité religieuse de l’Etat, et affirme que « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes » (article 1). Néanmoins, notons que, ce choix de la laïcité ne concerne que très peu de pays dans le monde. La plupart ont opté pour la conservation d’une religion d’Etat comme c’est le cas en Angleterre, pour ne citer qu’un exemple. Il suffit juste de regarder nos voisins donc, pour constater que religion d’Etat et liberté de culte ne sont pas incompatibles. Nous observons effectivement qu’il n’y a pas plus de problèmes qu’ailleurs dans ces pays par rapport à l’islam. Bien au contraire, chacun est libre de vivre ses convictions. La France ne peut donc pas prétendre posséder l’unique modèle de réussite quant aux lois relatives à la question de la manifestation du religieux dans un Etat de droit. La religion relève du privé.Du moins, c’est ce que l’on nous incite à croire. La religion relèverait du domaine de la vie privée, par conséquent, il faudrait en faire totalement abstraction dans le domaine publique. Cette idéologie est purement irréaliste. Il serait illusoire de penser que les décisions politiques, par exemple, ne sont jamais guidées par des croyances, convictions ou valeurs éthiques respectivement inspirées du religieux. Il est plus sensé d’œuvrer non pas à la négation de la religion mais à la tolérance des unes par rapport aux autres. Signes religieux ostentatoires.La loi de 2004, qui vise à restreindre le port de signes religieux dans les écoles, collèges et lycées publics, est une loi incompréhensible. Notamment parce que les principes de cette loi n’ont cessé d’être reformulés, sans doute car elle entend faire accepter l’inacceptable. Le fossé est grand entre le fait de porter un signe religieux et celui de l’imposer aux autres ! L’absurdité de cette loi se traduit par les difficultés rencontrées lors de son application. La République était-elle habilitée à se prononcer sur le caractère ostentatoire ? N’est-ce pas un jugement qui nécessite forcément de faire appel à la subjectivité ? Où se trouve la frontière entre la liberté d’expression et du culte, et, l’acte ostentatoire ? Des lois contre une religion. https://www.inchallah.com/serve/AMIfv95ig6DtXPWj_F-qGS7pODuT9EeWPzPyxk3zxoDYr1oKlRQ88vi9hkau-fEfIL6oQKzb6iQvNdupzLWbNTsJdOQphEiZExuhPPvBkjzXjQTfriHydFGFJY0c3ANhQk1xyJ9A3a8z729UMXHYZvsYFcoePtD-mgPhoto - La polémique récente sur la loi anti-minarets en 2009, en Suisse, prouve à quel point les passions peuvent se déchaîner et fausser complètement le débat sur la place de l’Islam. Cette loi n’a pas été exemptée de commentaires acerbes par certains politiques français jugeant la présence de minarets dans une mosquée sur le sol français « pas acceptable ». Même si, les minarets n’ont aucun caractère religieux ou sacré, cette polémique a une fois de plus été l’occasion de pointer du doigt l’islam et d’encourager le sentiment d’antipathie à l’encontre des musulmans en les stigmatisant. Le même cas de figure se présente face au phénomène des prières de rue. Il est vrai que c’est un problème à résoudre. Mais les français de confession musulmane comme tous les autres concitoyens paient des impôts et sont donc des contribuables à qui l’on doit donner le droit de s’adonner à leur culte de la manière la plus digne. La langue de bois ne peut pas durer. On reproche aux musulmans de prier dans les rues en oubliant d’expliquer que les mosquées font défaut à cause du refus officieux (camouflé sous des prétextes administratifs) d’autoriser la création de lieux de cultes. La France dépense pourtant des millions d’euros chaque année pour conserver et entretenir des églises sous prétexte qu’elles font désormais partie du patrimoine culturel français. Islam de/en France.Cette controverse linguistique, à la mode, largement relayée par les politiques, s’obstine à vouloir éradiquer l’« islam en France ». Cette rigueur dans le choix des mots ne révèle rien d’autre qu’un bel exemple d’ingérence. Par exemple, il est souvent question du problème lié à la formation des imams en France, mais on conçoit mal dans quelle mesure un Etat dit laïque pourrait s’investir dans l’organisation d’un quelconque culte. Et pourtant cette prétention aboutit étonnement à la promotion du fameux C.F.C.M, qui ne trouve pas écho dans la communauté musulmane. Malgré tout on s’entête à nous faire admettre qu’il s’attèle à la protection de l’intérêt général. En réalité, l’islam devient trop présent et dérange. Dans quelle limite sommes-nous libres ? Si on en est parvenu à prendre des mesures contre l’islam sous couvert d’intérêt général, quand prendra-t-on réellement en considération l’intérêt général ? Cette expression a-t-elle vraiment toujours un sens ? Ces questions méritent d’être étudiées afin de déterminer si ce qui se passe actuellement est vraiment légitime. Certes les musulmans sont de plus en plus nombreux et doivent apprendre à s’organiser et à organiser leur culte en accord avec le contexte du temps et de l’espace où ils se trouvent. A notre sens, les musulmans doivent débuter en faisant preuve d’abord d’exigence envers ceux qui prétendent représenter le culte, autrement dit : les imams et les conseils d’administration des mosquées, qui, il faut le dire, sont d’abord par leur incompétence les premiers à nuire à l’islam. Il suffit de se déplacer dans une mosquée le jour du sermon du vendredi pour se rendre compte de l’amateurisme qui y règne. Le changement doit venir aussi de l’Etat et des médias qui doivent respecter la France, les français et la constitution de la République : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». « La manœuvre perfide n’enveloppe que ses instigateurs » s35 V43. Présentation de l’équipe - Parce que la science doit rester l’apanage des érudits, votre site a fait appel à des spécialistes de la théologie et du droit musulman qui seront garants de la bonne diffusion du savoir. Lire la suite >> Vos questions nos réponses - Trouvez les réponses aux questions que vous vous posez sur votre couple, la religion, la sexualité, etc. Communiqué - Chers lecteurs, chères lectrices, C’est avec plaisir que votre site inshAllah.com vous propose cette rubrique intitulée : « Le Rappel du Vendredi ». Elle aborde l’islam sous toutes ses formes humaines, morales, spirituelles et scientifiques. Le but étant de diffuser les connaissances islamiques et de permettre ainsi à tous de se familiariser progressivement avec ses convictions. Dans un souci de continuité et de renouveau, cette rubrique fera l’objet de mises à jour et d’ajout de thèmes de manière hebdomadaire, plus précisément tous les vendredis. Notre équipe de consultants chargée de cette rubrique a œuvré pour aborder les thèmes d’une manière facile et accessible en utilisant un style bref et explicite, en espérant que vos attentes soient comblées. Haut du formulaireLe rappel du vendredi:Bas du formulaire
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Critique, Test et AnalyseSource : https://www.inshallah.com/help/dir/8931880/9983958/lislam-et-la-lacit/?page=1Retour au début du sommaire 3. Pour en savoir … encore plus sur « islam musulman arabe » et/ou « laïcité » avec ISIASLes documents étiquetés « islam musulman arabe » et postés sur ISIAS sont consulter à partir de cette adresse : http://isias.lautre.net/spip.php?page=recherche&recherche=islam+musulman+arabeLes documents étiquetés « laïcité » et postés sur ISIAS sont consulter à partir de cette adresse : http://isias.lautre.net/spip.php?page=recherche&recherche=laicit%C3%A9Retour au début du sommaire B. Rubrique sur l’état de la laïcité à la française dans ses rapports avec l’Islam 4. Chronique scientifique - Islam et laïcité - Laïcité(s) en France et en Turquie Colloque international à l’Université de Galatasaray, Istanbul, 22/24 septembre 1994 – Par Ural MANÇO - Référence électronique : « Islam et laicité », Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien [En ligne], 19 |
1995, mis en ligne le 15 mai 2006, consulté le 04 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/cemoti/1711 - DOI : https://doi.org/10.4000/cemoti.1711 PlanLa Turquie : retour de l’islam ou maintien de la laïcité ?L’islam et la laïcité dans les BalkansL’islam face aux Etats dans l’ancien espace soviétique1Une trentaine de communications ont été présentées lors de cette rencontre réalisée avec la participation de plus de soixante-dix universitaires, diplomates et journalistes. Le colloque était co-organisé par l’Equipe de Recherches interdisciplinaires sur les Sociétés méditerranéennes musulmanes non-arabes (ERISM) de l’Institut national des Langues et Civilisations orientales et l’Institut français d’Etudes anatoliennes (IFEA) d’Istanbul avec le concours du CNRS. La rencontre comprenait cinq ateliers.2 Sous le titre Réflexions sur la laïcité, le premier atelier, présidé par Jacques Thobie de l’IFEA, avait pour thème les relations Etat/religion dans les pays de l’Europe occidentale. Le deuxième atelier, qui fut successivement présidé par Stéphane Yerasimos de l’Université de Paris VIII et Yildizhan Yayla, Recteur de l’Université de Galatasaray, avait pour objet l’Islam et la laïcité dans les Balkans. Le troisième atelier, entièrement consacré à la Turquie contemporaine, était divisé en deux parties : une première séance intitulée Que reste-il de la laïcité kémaliste ? a été présidée par Niyazi Öktem, de la section francophone de science politique de l’Université de Marmara à Istanbul. La seconde séance du troisième atelier était consacrée au dilemme Retour de l’islam/maintien de la laïcité sous la présidence de Yasar Gürbüz, Président de la section francophone de science politique de l’Université de Marmara, Istanbul. Le quatrième atelier, présidé par Jean-Louis Bacqué-Grammont du CNRS, était intitulé Islam face aux Etats, résistances islamiques et il concernait essentiellement la redynamisation de la religion dans les pays musulmans issus de l’ancienne Union soviétique. Enfin, le dernier atelier était présidé par Altan Gökalp, du CNRS, et avait un thème lié à la problématique de l’immigration et de l’interculturalité, les Musulmans de France face à la laïcité française. Nous vous proposons le compte rendu des ateliers deux, trois et quatre qui épousent les centres d’intérêt et l’aire géographique couverte par les CEMOTI.3 Dans sa présentation, Michel Bozdemir (ERISM) a précisé que les premières expériences laïcistes du monde musulman ont eu lieu en marge du centre arabe. Deux modèles laïques ont dominé l’islam périphérique : le marxisme et le kémalisme. A l’heure où le modèle soviétique s’est écroulé et le modèle kémaliste donne des signes d’essoufflement, la laïcité divise profondément les sociétés musulmanes. Est-il impossible d’envisager un consensus entre les tenants de l’islam et ceux de la laïcité ? L’islam peut-il apporter des réponses cohérentes aux problèmes des sociétés complexes nées de changements sociaux rapides qui commandent de plus en plus la séparation du spirituel et du profane ? Contribuer à une approche comparative et pluridisciplinaire de ce thème, dont le besoin se fait sentir plus que jamais, tel était le but du colloque.4 Serif Mardin de l’American University de Washington (Islam d’hier et d’aujourd’hui) a insisté, dans sa conférence d’introduction, sur la nécessité de rechercher le principe propulseur de l’islam afin de comprendre sa dynamique. Bien des recherches sur l’islam contemporain se complaisent dans la dénonciation du ’péril vert’. Par ailleurs, l’islam arabe est souvent identifié à l’islam tout court. Alors que les rapports entre un centre arabe et la périphérie multiculturelle de l’islam ont grandement enrichi la civilisation musulmane.5 Au temps de la confrontation avec l’Europe de la révolution industrielle, les Etats islamiques tentèrent de sauvegarder leurs institutions politiques en s’occidentalisant. Une couche de bureaucrates assurant une fonction ’weberienne’ surgit dans l’espace politique de ces pays. Les institutions traditionnelles, qui résistaient à la pénétration occidentale, passèrent sous l’influence des confréries soufies, apparaissant désormais comme un mouvement proto-politique. La sécularisation des institutions est le leitmotiv des bureaucrates modernistes du XIXè siècle musulman. C’est dans ce cadre général qu’est intervenu la rationalisation et la fonctionnarisation du religieux (au temps d’Abdülhamit II pour l’Empire ottoman).6 Quelques décennies plus tard, la question de la laïcisation de la société s’est posée comme une variante de la problématique générale de la sécularisation (durant la période kémaliste pour la Turquie). Elle opposa l’élite étatique et les confréries. La confrontation de la modernisation élitaire et de la tradition populaire est un phénomène constant dans l’islam des XIXè et XXè siècles. Au cours de notre siècle, le quotidien islamique et ses valeurs prirent une place dans l’espace politique moderne pour contester la laïcité et la sécularisation. Malgré la contestation, le débat d’idées sur les différences entre les concepts de laïcité et de sécularisation tarde à venir. De même, la ’sécularisation de l’islam’ sous l’action des groupes islamistes est un phénomène qui n’est pas encore étudié. Dans le monde musulman, la Turquie est le seul pays où un tel cadre de discussion semble s’établir.La Turquie : retour de l’islam ou maintien de la laïcité ?7 Pour Altan Gökalp du CNRS (Identité communautaire entre ethnie et religion) la construction kémaliste de l’identité nationale est un projet d’accès à la modernité occidentale. Mais force est de constater que les deux piliers du système se sont effondrés durant les années ’80 : l’idée républicaine de la nation unitaire et la laïcité musclée. Il s’agit de deux quêtes identitaires, kurde et islamiste, qui s’en prennent au système de manière concomitante. Pour l’islamisme, la différentiation entre la civilisation musulmane et la culture turque est une abomination. L’islam imprègne de la personnalité individuelle à l’identité nationale.8 La contestation islamiste est loin d’occuper tout le champ socio-politique : le cas kurde est plus préoccupant et doit lui aussi être mis dans la perspective de la Turquie républicaine. La revendication identitaire des Kurdes se déploie dans un contexte paradoxal. D’un côté, le militantisme kurde s’insurge contre la république kémaliste qui a nié sa culture ; de l’autre il tâche d’instaurer une homogénéité nationale dans ses propres rangs. Ceci se traduit par une recherche de modernité qui tombe dans les vieux schémas kémalistes. La conjonction simultanée des clivages ethniques et religieux est une configuration inédite pour la Turquie.9 Odile Moreau de l’IFEA (De la guerre sainte à la laïcité : l’évolution de l’institution militaire turque) a rappelé que l’on passe, à la fondation de la république, d’une institution militaire ottomane, qui fait la guerre sainte à l’appel du Sultan-Khalife, à l’armée républicaine kémaliste. Depuis 1923, elle s’est constituée en gardienne ’de l’indépendance nationale et de la laïcité’... Les écoles militaires demeurent interdites aux diplômés d’écoles religieuses (imam-hatip). Il n’y a pas d’aumônier musulman dans l’armée. Il se déroule, à l’intérieur de l’institution militaire turque, des épurations anti-islamistes récurrentes. Le comportement conjoncturel anti-laïque de l’armée durant la période de gouvernement militaire en 1980-83 et même plus tard (obligation de l’instruction religieuse, l’appui de l’armée à l’idéologie de la ’synthèse turco-islamique’,...) ne semble pas avoir entamé la conception laïque kémaliste de l’élite militaire.10 Pour Faruk Bilici (Alévisme et Béktachisme : alliés naturels de la laïcité ?), les Alévis-Béktachis (hétérodoxes anatoliens apparentés au chiisme duodécimain) furent des alliés précieux pour le kémalisme. Paradoxalement, ce pouvoir ne leur a laissé aucune place sur le plan de la représentation religieuse. L’exacerbation des sentiments turco-islamiques a donné lieu, durant les deux décennies précédentes, à des affrontements violents entre l’islam orthodoxe et hétérodoxe. Les Alévis minoritaires en ont été les victimes.11 Avec la montée de l’islamisme, la communauté alévie-béktachie s’est attelée à défendre tant la laïcité que sa propre spécificité. Le gouvernement semble encourager discrètement l’implantation de lieux de culte (cem evi) alévis et la renaissance culturelle de la communauté. Pourtant les islamistes sunnites et les sympathisants du régime iranien ne ménagent pas leurs efforts concurrents pour la ’réislamiser’. A l’avenir, cette communauté qui représente une partie importante (entre le quart et le tiers) de la population, risque de connaître des clivages : entre Alévis turcs et kurdes, entre Alévis laïques et ceux qui pactisent avec le parti islamiste, comme cela s’est passé par endroits aux dernières élections communales (mars 1994).12 Le débat sur le port du foulard dans les universités turques touche de près la problématique des droits individuels et de la liberté de conscience a précisé Nilüfer Narli de l’Université de Marmara (The Turban : the Symbol of Female Participation in the Islamist Movement). Mais il a également une dimension culturelle touchant les valeurs liées à la sexualité féminine. Il s’agit d’un phénomène urbain, d’un mouvement de protestation politique qui exige ’l’égalité et la participation’. Le port du foulard sert de ’passeport’ à la femme d’origine populaire, qui peut ainsi outrepasser les limites du rôle traditionnel des femmes d’urbanisation récente : elle peut étudier à l’université ou travailler, en mettant en évidence une identité sociale féminine nouvelle.13 Dans sa dimension politique, le foulard sert à rendre l’islam plus présent dans la vie sociale. Le foulard symbolise alors une résistance à l’occidentalisation et à un régime non-islamique. La combinaison de l’engagement islamiste et de l’affirmation d’une personnalité féminine nouvelle soulève une question inédite. La participation d’étudiantes au mouvement islamiste va-t-elle conduire à un ordre du jour féministe, qui associe l’islam militant à une revendication d’égalité entre les sexes, dans la famille et dans la sphère publique ?14 A la suite du succès remporté par le Parti de la Prospérité (islamiste) lors des élections municipales de mars 1994, une large partie de l’opinion publique s’était mobilisée considérant que la laïcité était sérieusement menacée dans le pays, a précisé Rusen Çakir du quotidien stanbouliote Milliyet (Les débats actuels sur la laïcité en Turquie). Cette campagne a perdu sa vigueur avec le temps. Face à une prolifique intelligentsia islamiste, les élites, qui se référent au kémalisme dans leur tentative de défendre la laïcité, éprouvent beaucoup de difficultés. La plus grande lacune des ’laïques’ est leur ignorance consentie à l’égard de la partie islamiste. Pour les islamistes, la laïcité turque est un laïcisme athée et autoritaire.15 Il est intéressant de voir que ces critiques sont partagées par des intellectuels occidentalisés défendant une laïcité qu’il faut redéfinir sous l’éclairage de la démocratie. Qu’on le veuille ou non, le débat alimenté par des islamistes et des intellectuels occidentalisés non-kémalistes concerne plus la démocratie que la laïcité proprement dite. L’attitude qui consistait, chez les islamistes, à condamner la démocratie comme une ’idéologie humaine’ commence à être abandonnée. Tandis que les intellectuels laïques se demandent si l’islam peut s’adapter à la démocratie et la laïcité, des intellectuels islamistes cherchent à savoir si la démocratie et la laïcité conviennent à l’islam.16 Gérard Groc de l’IREMAM, Aix-en-Provence (Le deuxième âge de la laïcité turque) a attiré l’attention sur le fait que des décennies de kémalisme n’ont pas évité une renaissance religieuse. Cependant, même si les milieux islamistes apparaissent à beaucoup comme porteurs d’une démarche anti-républicaine, il faut reconnaître, au-delà des présupposés idéologiques que chacun leur attribue, qu’ils émergent au milieu d’un processus de démocratisation, auquel ils participent. Le renouveau islamique est un phénomène ambivalent. Il s’oppose aux mesures de laïcisation kémalistes, mais il n’en déclenche pas moins une série de changements dans les rapports Etat/islam et islam/société.17 Ces innovations et questionnements nouveaux provoquent, paradoxalement, un approfondissement inédit de la laïcité. Certaines de ces mutations en cours permettent de délimiter plus nettement le temporel et le spirituel. On remarque une indéniable tempérance de la politisation, une cohabitation relativement pacifique et un dialogue inédit entre les différents secteurs de la société ; dialogue qui amorce une désoccultation des intentions des uns et des autres. L’avènement d’une sphère privée réhabilitée (notamment sur des questions identitaires) va en s’affirmant. La démocratisation impose la parité. Il n’est plus question, pour les laïcistes, de s’en remettre encore et toujours à l’action coercitive de l’Etat. Les milieux laïques doivent s’affirmer comme une force sociale autonome dont l’efficacité dépendra désormais de la justesse et de la pertinence de leur argumentation.18 Selon Ural Manço de l’Université libre de Bruxelles (Les confréries et l’avenir de la laïcité : hypothèse sur la pilarisation de la société turque) une confrérie est un système clientéliste, qui distribue un soutien moral et une assistance sociale en échange d’une obéissance religieuse et politique. Les ordres monnaient cette force électorale potentielle sur l’échiquier politique. L’intégration dans l’espace politique semble neutraliser leur potentiel contestataire. Depuis peu, des confréries revendiquent la ’vraie’ laïcité : une place dans l’organisation du culte et l’enseignement de la religion. Dans ce contexte, l’évolution de la laïcité turque vers une conception neutre n’est plus à exclure.19 Il s’agit d’une neutralité telle qu’elle existe aux Pays-Bas ou en Belgique, qui reconnaît une liberté de conscience et d’organisation des cultes ; et un pluralisme institutionnel, qui sous entend l’existence d’une société civile, notamment confessionnelle, concurrençant les services publics officiels et laïques (cette structuration socio-politique est appelée pilarisation). Ce qui nécessite, en Turquie, la légalisation de services éducatifs, médicaux et sociaux confessionnels privés. Bien que divisées, les confréries pourraient structurer un pilier musulman qui pourra prendre en charge des secteurs non négligeables de la société. Pris sous l’angle qui vient d’être exposé, l’islamisme ne paraît pas être une menace pour la Turquie, mais plutôt un défi : l’insertion dans le système, fût-elle sous la forme d’un pilier musulman, sécularise les sociabilités islamistes.L’islam et la laïcité dans les Balkans20 Joëlle Dalègre (Citoyens hellènes de confession musulmane) a précisé qu’il y a deux groupes de musulmans distincts en Grèce : les étudiants étrangers et les travailleurs clandestins, souvent Albanais, d’une part ; et d’autre part, les musulmans de la Thrace occidentale, citoyens hellènes, qui sont 130.000. Même si la liberté religieuse est garantie par la constitution, la Grèce est un pays où l’identité nationale est étroitement liée à l’orthodoxie. Le concept de laïcité à la française y est inconnu. Par ailleurs, l’islam est la base légale de l’identité des musulmans de Grèce. Une laïcisation pourrait signifier la perte de leurs privilèges. En matière civile, le droit islamique est d’application. Les écoles primaires musulmanes dispensent un enseignement religieux. Dans ces conditions, les musulmans de la Thrace occidentale ont longtemps regardé la laïcité kémaliste avec scepticisme.21 Mais les choses bougent depuis les années ’70. Aujourd’hui, les communications sont plus faciles avec Istanbul qu’avec Athènes. Des instituteurs de Turquie enseignent dans les écoles et les chaînes de télévision turques sont captées. Une identité nationale turque s’est développée. Mais la Grèce, qui ne reconnait pas d’identité nationale à ses minorités, préfère voir ses musulmans pieux, plutôt que laïques et turcs. Le clivage intra-communautaire entre les ’religieux’ et les ’nationalistes’ est encore vivace en Thrace occidentale.22 Selon le recensement officiel de 1992, la Bulgarie compte 10,6% de musulmans, dont 822.000 Turcs (9%) a rapporté Yordan Peev de l’Université de Sofia (L’appartenance religieuse et l’identité ethnique des musulmans en Bulgarie). Parmi les musulmans bulgares, les Turcs sont les seuls à bénéficier d’une spécificité ethnique. Les deux piliers de l’identité minoritaire, l’appartenance religieuse et l’identité ethnique balancent entre des tendances intégratrices et différenciatrices suivant les événements décisifs de l’histoire de la Bulgarie indépendante (1878), puis communiste (1944) et de la Turquie nationaliste et laïque. La laïcisation ininterrompue que connaît la vie sociale bulgare depuis un siècle et demi n’épargne pas l’orthodoxie : la pratique religieuse des Bulgares est bien plus tiède que celle des Grecs. Cependant, si la sécularisation sociologique rabote les antagonismes religieux, les circonstances politiques internes et internationales les attisent.23 Alexandre Popovic du C.N.R.S. (La politique titiste de religions et ses conséquences) a regretté la méconnaissance de l’histoire des régions ex-yougoslaves dont fait preuve la communauté scientifique. Plusieurs facteurs expliquent cela, notamment le fait que les apparatchiks d’hier, qui forment toujours l’élite des nouveaux régimes, tentent d’obscurcir le passé. Entre 1941 et 1944, la politique titiste des religions a un objectif essentiel : faire reconnaître les musulmans comme un groupe ethnique pour effacer lentement le sentiment d’appartenance religieuse. Durant la première période de pouvoir, entre 1944 et 1948, une lutte anti-serbe est déclenchée. Le régime tient à ne pas heurter les catholiques et les musulmans, alliés objectifs contre les serbes orthodoxes.24 Après la rupture avec l’URSS et surtout après la Conférence de Bandoeng (1955), la Yougoslavie cherchera a assumer le leadership du mouvement des non-alignés. La communauté musulmane devient alors la vitrine du titisme pour sa politique d’influence dans le Tiers-Monde et au Moyen-Orient. A cette fin, une nation musulmane sera créée en Bosnie. Après 1979, il est possible de parler de ’libéralisme religieux’, mais parler de politique titiste en matière de religion revient à parler de la politique titiste tout court qui se résume au démantèlement des communautés anciennes et à leur remplacement par l’homme socialiste.25 Selon Smail Balic du Lehranstalt für Orientalische Sprachen de Vienne et de l’Université de Sarajevo (Religion and Laicism of Bosnian Muslims), l’adoption de l’islam durant les XVè et XVIè siècles par une large partie de la population bosniaque chrétienne hérétique s’explique par les souffrances qui lui ont été infligées par les deux églises principales. L’islam est apporté par les Janissaires adeptes du syncrétisme Béktashi, dont le culte comprend énormément d’éléments chrétiens. La nouvelle religion n’est donc pas une rupture avec le passé. Dès la fin de la domination ottomane en Bosnie (1878), l’objectif des musulmans fut de faire reconnaître leur culture comme une réalité sociale. Au début du XXè siècle, la Bosnie connaîtra en la personne de Mehmed Dzemaludin Causevic (mort en 1938) un chef religieux réformiste, qui modernisera la gestion des fondations pieuses et se fera le champion de l’émancipation féminine. Plus tard, le laïcisme kémaliste influencera la Bosnie et le pouvoir des leaders spirituels déclinera à l’avènement du régime titiste.26 Sylvie Gangloff de l’INALCO (L’islam et la politique extérieure de la Turquie : le conflit en Bosnie-Herzégovine) a rappelé la place importante occupée par le conflit bosniaque dans la vie publique turque. Dans la situation actuelle des Balkans, la Turquie est poussée à la défense des intérêts de ceux avec qui elle partage une histoire et une identité communes. Elle pourrait donc voir en l’islam un instrument de relations internationales. Mais la Turquie laïque et occidentale ne peut user de cet instrument qu’avec modération. Il est vrai que la politique étrangère de la Turquie s’est très clairement déplacée vers des régions peuplées de musulmans ethniquement proches des Turcs (Asie Centrale, Caucase, Balkans). Mais, avant tout, il s’agit pour elle d’exporter le ’modèle de laïcité’ kémaliste et de développer des relations économiques et culturelles. En ce qui concerne le conflit bosniaque, le gouvernement turc, qui se montre prudent dans ses actes, ne peut agir que de concert avec les pays occidentaux.27 La nouvelle constitution albanaise devra comprendre des garanties en matière de liberté de culte et de conscience a constaté Odile Daniel de l’INALCO (La situation de l’islam albanais dans le nouveau contexte politique). Les Albanais sont majoritairement musulmans (70%), mais par sa langue, l’Albanie est européenne. Si elle est devenue membre de l’Organisation de la Conférence islamique, c’est manifestement pour des raisons économiques. L’islam, comme l’Albanais, a servi de rempart contre l’assimilation dans un ensemble orthodoxe tant dans le pays que dans les régions voisines qui n’appartiennent plus à l’Albanie depuis 1918. L’irrédentisme, toujours présent dans la vie politique, est une source d’instabilité pour le gouvernement de Tirana. Celui-ci s’est allié à la Turquie et a resserré ses liens avec le Kosovo.28 Sur le plan interne, il n’y a pas de parti confessionnel musulman et les béktachis albanais (1/5è des musulmans) sont de fervents défenseurs de la nation. La communauté musulmane reçoit une aide moyen-orientale en matière d’enseignement de la religion et de reconstruction de mosquées. La communauté crée des associations et édite des journaux qui diffusent un esprit d’entente nationale multiconfessionnelle. Le gouvernement albanais lui-même tente de reconstituer la laïcité albanaise d’avant 1939. Cette entreprise ne pourra réussir qu’avec l’aboutissement de la démocratisation.29 D’après Nathalie Clayer du CNRS (Identité nationale et identité religieuse chez les musulmans albanais), l’identité religieuse des Albanais musulmans se renforce depuis les bouleversements politiques qui ont secoué le Sud-Est européen. Il y a environ cinq millions d’Albanais musulmans ; c’est le groupe musulman le plus important dans les Balkans. C’est également le groupe ethnico-religieux le plus fractionné de part et d’autre des frontières de la région.30 L’étude de publications musulmanes d’Albanie et de la minorité albanaise de Macédoine montre que les identités nationale et religieuse ont tendance à coïncider. Le statut de la laïcité n’est abordé qu’indirectement par ces leaders d’opinions musulmans. Mais les publications musulmanes reconnaissent le fait accompli : un gouvernement sans confession, qui met toutes les religions sur un pied d’égalité ne semble pas déranger les musulmans albanais. La situation est plus tendue en Macédoine où la majorité orthodoxe vient de donner une coloration religieuse à ses institutions socio-politiques. On est loin de l’esprit d’entente inter-confessionnel qui règne actuellement en Albanie, sous la majorité musulmane.L’islam face aux Etats dans l’ancien espace soviétique31 Alexandre Toumarkine de l’IFEA (Sécularisation et ethnicisation du concept d’émigration chez les immigrés caucasiens de Turquie et leurs descendants) a rappelé que le mouvement migratoire des mouhadjirs accompagnait le reflux de l’Empire ottoman ou l’avancée russe dans le Nord du Caucase. La terminologie explicitement religieuse, qui renvoie à l’Hégire, fut abandonnée à partir de 1935 au profit du néologisme göçmen, migrant. Les göçmens de la période républicaine ne provenaient pratiquement plus que des Balkans. La lente et difficile intégration des Nord-Caucasiens par rapport aux Balkaniques provient de la composition ethnique et linguistique de cette immigration. L’émigration nord-caucasienne était d’un profil majoritairement non-turc.32 L’avènement de la République kémaliste nationaliste débouche sur une politique d’assimilation des musulmans non turcs. Mais aujourd’hui, à l’heure du réveil des identités ethniques, ceux-ci commémorent l’histoire de leurs ancêtres. La société civile nord-caucasienne de Turquie, renaissante, apparaît, à travers ces activités et publications, comme étant essentiellement laïque. Les descendants des immigrés nord-caucasiens vivent au rythme de l’actualité politique mouvementée du Caucase post-soviétique et revendiquent leur place au sein d’une Turquie mosaïque.33 Selon Frédérique Longuet-Marx de l’Université de Caen (Image du Daghestan aujourd’hui : réveil de l’islam ou retour aux valeurs traditionnelles), l’imposition du laïcisme soviétique au Daghestan (Nord-Est du Caucase) a été d’autant plus traumatisante que l’islam chaféite et la culture arabo-musulmane étaient des facteurs fédérateurs dans ce pays où cohabitent plus de 30 ethnies. De multiples indices militent en faveur de l’hypothèse d’un retour de l’islam depuis l’effondrement de l’URSS.34 De manière générale la pratique de la religion est devenue plus visible. Mais il est plus question de la réhabilitation d’un patrimoine et de valeurs traditionnelles que d’un réel renouveau religieux. Ce qui est en jeu, c’est la restauration d’une mémoire nationale. Celle-ci est nécessairement orientée contre les Russes, ennemis communs de toutes les ethnies daghestanaises. Il faut voir dans la vitalité islamique daghestanaise un désir de renouer avec un passé longtemps occulté, plutôt qu’un projet politique autour de la religion. Ce sont davantage les problèmes linguistiques, ethniques et les problèmes économiques de partage des richesses, liés à l’ethnicité, qui animent la vie publique du Daghestan d’aujourd’hui.35 Le but de l’intervention de Catherine Poujol de l’INALCO (Quels islams en Asie Centrale ?) était de montrer que plusieurs islams coexistent en Asie Centrale post-soviétique. Aujourd’hui, on assiste bien sûr à un réveil islamique, mais toutes les autres religions se sont également redynamisées. La réislamisation se déroule dans un cadre constitutionnel laïque (influence du modèle kémaliste) ; sous le poids des déterminismes géo-politiques (présence et ingérence russes) ; sur fond de recherche identitaire et de frictions inter-ethniques ; et durant une période de crise économique qui a suivi l’accession non attendue des républiques soviétiques à l’indépendance.36 La réislamisation se déroule également de manière différente selon les catégories sociales. Les élites (l’ancienne direction soviétique locale) préfèrent un islam de légitimation, modéré et officiel. Certaines couches contestataires s’emparent de la religion comme d’un outil de lutte politique. Il y a encore l’islam populaire, avant tout piétiste. La multiplicité des formes que revêt le renouveau islamique dans la recherche identitaire, actuellement en oeuvre en Asie Centrale, est manifeste. La transition post-soviétique ne sera achevée qu’à l’arrivée aux affaires d’une nouvelle génération d’élite qui n’aura plus été éduquée en russe et dans l’idéologie soviétique.37 Bruno Etienne de l’Université d’Aix-en-Provence (De la laïcité à la sécularisation) a remarqué qu’il a plus été question de l’islam que de la laïcité lors de ce colloque dont il assumait la conclusion : la religion sert-elle à se protéger de la modernisation sans modernité ? La modernisation brutale partout dans le monde musulman et la démocratisation dans certains de ses pays ne sont-elles pas à l’origine du développement des mouvements islamistes ? Dans ces mouvements, il est autant question d’une recherche de salut personnel que communautaire : l’individu n’est-il pas une des dimensions principales de la modernité ? Derrière le débat sur la (les) laïcité(s) se profile le débat sur la démocratie, l’altérité et la recherche d’équilibre entre la tradition (respectée) et la modernité (enviée).38 Est-il nécessaire d’être laïque pour vivre une sécularisation ? La réponse est manifestement non : voyez l’Europe du Nord et le monde anglo-saxon. La sécularisation est un processus global par lequel des secteurs de la société et de la culture s’émancipent de la religion. La sécularisation lève l’hypothèque divine sur la connaissance, mais plus nous nous connaissons, plus nous sommes désenchantés, plus nous avons soif de certitudes. La laïcité est la différenciation des institutions. La séparation de l’Etat et de la religion qui rejette tout essentialisation divine du pouvoir. Cela a toujours été le cas dans le monde musulman, sinon en paroles, du moins en actes ; le pouvoir temporel a toujours su dicter sa loi aux ouléma. Ibn Khaldoun ne disait-il pas : un peuple ne peut faire l’histoire que s’il n’imagine pas son avenir ancré dans la providence.39 On ne peut que féliciter les organisateurs de ce colloque de la qualité des interventions. Les orateurs, tous spécialistes de domaines pointus, ont fourni un apport factuel historique ou d’actualité d’une grande précision. Cependant, nous tenons à souligner la réflexion suivante : la Turquie serait le seul pays du monde musulman où il est (encore) possible de débattre publiquement de la laïcité et de la démocratie, sa condition nécessaire. Mais puisque l’on peut se permettre ce luxe en Turquie, pourquoi ne pas avoir invité aussi des intellectuels manifestant un attachement islamiste ? Il semble que la présence d’intellectuels islamistes lors de colloques de cette qualité, où le camp de la laïcité et des valeurs occidentales est largement représenté, peut servir à les intégrer dans les grands débats d’idées internationaux. La participation d’intervenants islamistes à ces rencontres scientifiques permettrait l’établissement d’un dialogue plus franc et le dépassement de certains complexes et préjugés que les tenants de la laïcité et ceux d’un islam, à la fois religion et politique, nourrissent vis-à-vis des uns et des autres.Pour citer cet article - Référence électronique : Ural MANÇO, « Islam et laicité », Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien [En ligne], 19 | 1995, mis en ligne le 15 mai 2006, consulté le 04 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/cemoti/1711 - DOI : https://doi.org/10.4000/cemoti.1711 Plan | Texte | Citation | AuteurAuteur : Ural MANÇO - Texte intégral - PDF Signaler ce documentArticles du même auteur : Monothéismes et Modernités ; Compte rendu d’un colloque international organisé à Carthage, Tunis, 2/4 novembre 1995 [Résumé]Paru dans Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, 21 Islam et laïcité ; Compte rendu par d’un colloque international à l’Université de Galatasaray, Istanbul, 22/24 septembre 1994 [Résumé]Paru dans Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, 19 De la pathologie au traitement : la gestion municipale de l’islam en Belgique [Résumé]Paru dans Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, 33 Droits d’auteur - Tous droits réservés – Index AuteursPrésentations : La revue CEMOTI L’association AFEMOTI Se procurer des numéros Politiques de publication Lettres d’information : La Lettre d’OpenEditionOpenEdition Journals :ISSN électronique 1777-5396 - Voir la notice dans le catalogue OpenEdition - Plan du site – La revue CEMOTI – L’association AFEMOTI – Se procurer des numéros – Flux de syndication - Nous adhérons à OpenEdition Journals – Édité avec Lodel – Accès réservé Source : https://journals.openedition.org/cemoti/1711Retour au début du sommaire5. Adhérer au CLR : Comité Laïcité République : Déclaration de principes et bulletin d’adhésion – Adresse : Comité Laïcité République - Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris - Comité Laïcité République : « La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une » - Le Comité Laicité République Actualités CultureLes Comités locaux- Bas du formulaire Accueil > Qui sommes-nous ? > Communiqués du CLR Tous droits réservés © Comité Laïcité République – Source : https://www.laicite-republique.org/islam-laicite-et-loi-1905-1er-jan.htmlRetour au début du sommaire6. Accueil |
Revue ProjetSource : https://www.revue-projet.com/articles/2008-5-l-islam-dans-la-laicite/6941Retour au début du sommaire7. Laïcité et Islam : un terrain miné ? Par Robert Bistolfi - Dans Confluences Méditerranée 2014/1 (N° 88), pages 185 à 196 - Mis en ligne sur Cairn.info le 27/03/2014 - https://doi.org/10.3917/come.088.0185 1 Les combats républicains avec l’Eglise catholique avaient été âpres, avant d’aboutir à un compromis constructif. La laïcité – fondée sur des principes institutionnels à visée pacificatrice – a ensuite vu sa pratique entrer progressivement dans les mœurs ; la constitution l’a consacrée comme un des piliers de l’ordre républicain. Au-delà de tensions sur certains sujets, l’école par exemple, une application consensuelle de la règle laïque a prévalu. Depuis une vingtaine d’année, un changement sociétal important est cependant intervenu, soumettant à interrogations les évidences de cet ordre laïque : liée aux immigrations de la seconde moitié du XIXe siècle, une partie aujourd’hui significative de la population française a un lien avec l’islam. Qu’il se manifeste par une pratique religieuse active, qu’il soit perçu comme une référence culturelle ou la trace évanescente d’un héritage, ce lien est vécu de manière très diverse au niveau individuel. [1]Le « Souchien », comme le nomme ironiquement – et de manière… Fondamentale du point de vue de l’intégration, cette diversité tend cependant de plus en plus à être gommée par la perception que le Français se disant de souche a du « musulman », perception brouillée par divers faits et images de violence associés à l’islam. Par ailleurs, alors qu’un « islam discret », celui de travailleurs pauvres et soumis, était longtemps passé inaperçu, l’affirmation décomplexée de leur croyance par de jeunes Français musulmans conscients de leurs droits républicains, suscite inquiétudes et interrogations dans une partie de population. La profonde crise économique et sociale de la période, avec les insécurités multiformes qui l’accompagnent, ne contribue pas peu à ces replis identitaires frileux et au rejet de l’autre. Incompréhensions et frictions2 Les faits touchant à la présence musulmane sont trop connus (les médias les exploitant souvent inconsidérément) pour qu’on s’étende longuement à leur sujet. Un terme – « visibilité » – résume la nouveauté sociétale avec l’apparition de mosquées dans le paysage urbain, un port du voile (dont la fameuse burqa) qui se banalise dans l’espace public, etc. À cela s’ajoute, chez certains croyants pratiquants, des exigences qui viennent bousculer la tradition établie : à l’école, à l’hôpital, dans l’entreprise, des demandes nouvelles réclament une écoute et des réponses inédites… Les conflits, moins nombreux que les exemples montés en épingle ne le donnent à croire, sont souvent dénoués pragmatiquement sur le terrain. Mais il demeure que le sentiment d’être ostracisé en tant que musulman n’est pas un pur fantasme, ce que démontrent tous les cas d’actes islamophobes recensés et de plus en plus nombreux. 3 Inversement, dans une société minée par la fragilisation des statuts et la montée des inégalités, la visibilité de la présence musulmane sera souvent perçue comme agressive, et aussi comme un élément de fragilité identitaire additionnel. Quand « l’autre » n’est plus une composante marginale du corps social mais se fait « nombre », et en tant que tel détenteur d’un pouvoir potentiel, les chances d’une rencontre sans réserves sont réduites. De manière plus ou moins subliminale, certains médias aidant, se diffuse l’idée d’un risque de remplacement du bon peuple autochtone par une mouvance musulmane conquérante. Une partie de la Droite, de moins en moins républicaine, et surtout l’Extrême-Droite sèment avec succès sur ce terreau anxiogène. Un socle laïc solide4 Dans ce contexte, il semble important de pouvoir s’appuyer sur le corpus laïque comme socle d’un vivre-ensemble plus apaisé. Encore faut-il clarifier la nature de ce corpus, tant, dans le désarroi de la période, la référence à la laïcité se révèle d’une dangereuse plasticité : elle peut fonder ici des comportements totalement islamophobes, alors qu’ailleurs le principe de neutralité républicaine ne sera pas respecté en répondant de manière trop laxiste aux exigences de certains croyants. Sauf en remontant au début du XXe siècle, on ne trouve pas d’interrogations aussi aiguës que depuis une vingtaine d’années sur ce qu’est la laïcité et sur ce que doit être le respect de son esprit et de ses règles. [2][2]Rapport au Président de la République de la « Commission de…Sur la base du « Rapport Stasi » de 2003, les signes religieux ostensibles avaient été interdits dans l’école (et chacun sait que c’est le « voile » qui était visé), plus récemment une loi a proscrit la burqa dans l’espace public. On a enregistré maintes hésitations, au « Haut-Conseil à l’intégration », où encore au sein de l’« Observatoire de la laïcité » sur certains sujets problématiques (le dernier en date, inattendu, est celui du port du voile à l’Université !). Une Charte de la laïcité vient d’être placardée dans les écoles : elle se veut porteuse de clarification et d’apaisement, mais des critiques opposées se sont déjà fait entendre : trop imprécise et insuffisamment exigeante pour les uns, elle serait pour d’autres porteuse d’une stigmatisation hypocrite des musulmans. Ces remous montrent que le débat n’est pas clos. À dire vrai il ne peut l’être car la laïcité n’étant pas un dogme mais reposant sur un principe de bonne conduite sociétale, les changements sociétaux, précisément, obligent dans la pratique à un incessant aggiornamento. Si la base du système laïque est claire parce que fondée sur deux postulats (aucune religion d’Etat ni de religions particulières pouvant faire l’objet d’une reconnaissance officielle ; liberté de conscience et de croyance dans le respect de l’ordre public), le fonctionnement de ce système a exigé des adaptations dont témoignent un grand nombre de lois et de décisions jurisprudentielles. Ces adaptations que des problèmes pratiques ont appelées sont intervenues aussi dans le cadre d’une pensée laïque où n’ont cessé de dialoguer – de s’opposer – deux courants. Face aux questions inédites soulevées par une présence musulmane qui n’est plus marginale, cette opposition s’est durcie. C’est d’elle qu’il faut partir, en explicitant les soubassements des deux « philosophies » structurant la pensée laïque, en tablant sur leur dépassement pour définir une juste ligne d’intégration de l’islam dans l’ordre républicain. Deux sensibilités laïques5 Les ondes des événements traumatiques de l’histoire se prolongent longtemps en profondeur dans des eaux apparemment redevenues calmes : les clivages d’il y a un siècle structurent encore les débats au sein de la pensée laïque. En bref, deux sensibilités et démarches sont toujours présentes. 6 En premier lieu, dans le prolongement de la pensée antireligieuse qui avait atteint son point culminant sous Emile Combes, une partie des laïques d’aujourd’hui demeure profondément méfiante à l’égard des religions : en tablant prioritairement sur la raison et sur une formation active des esprits à la critique des croyances irrationnelles, elle désigne implicitement les religions et leurs dogmes comme porteurs d’aliénations, et bridant la liberté créatrice des hommes dans le domaine des valeurs. Sous-jacent, un optimisme progressiste table sur l’affirmation d’une spiritualité agnostique ou athée dans un monde dont la sécularisation doit être encouragée. Cette laïcité-là attend de l’instruction qu’elle développe l’exercice autonome du jugement et forme chacun à une approche maîtrisée de ses propres convictions, peut être qualifiée de laïcité normative. S’il fallait, non sans simplification, n’évoquer aujourd’hui à son sujet qu’un seul nom, celui d’Henri Pena-Ruiz pourrait être avancé. 7 Une autre tradition, pour laquelle on peut parler de laïcité inclusive, s’inscrit dans le droit fil du compromis constructif qui a présidé à la mise en place du dispositif laïque. Ses tenants mettent l’accent sur la dimension institutionnelle pacificatrice de ce dernier, et ne veulent pas être méfiant a priori à l’égard des religions. En découlera une attitude d’ouverture et de dialogue avec elles : ouverture lorsqu’il est raisonnablement admis que la croyance et la pratique religieuse puissent déborder du strict cercle de l’intime ; dialogue aussi lorsque, par exemple, des représentants religieux sont invités es qualités par la puissance publique à l’élaboration consensuelle d’un « code des valeurs sociétales » (cf. la composition du Comité consultatif national d’éthique). S’il fallait, ici aussi, avancer un nom de la société civile pour illustrer ce courant laïque, celui de Jean Baubérot s’imposerait. Une « zone médiane » ?8 On se souvient de l’incompréhension suscitée par François Mitterrand lorsqu’il avait parlé de « seuil de tolérance » à propos de l’immigration : son propos ambigu, lâché trop hâtivement dans une interview, avait été perçu comme un emprunt dangereux à la thématique du FN (il avait été corrigé et explicité ensuite). On peut le lire aussi comme le constat qu’une société est plus ou moins en mesure d’accueillir des nouveaux venus, et donc d’intégrer du « différent » sur le plan identitaire, que cette capacité d’accueil va dépendre de multiples paramètres – économiques, sociaux, culturels – éminemment variables et modifiables par l’action politique. Parler de seuil de tolérance (le terme de « seuil d’intolérance » serait plus adéquat) conduit à s’interroger sur une zone ou « bande médiane » des perceptions et des comportements où se jouerait concrètement l’avenir de la cohésion sociétale. La principale ligne de partage politique (et culturelle) va à cet égard opposer deux camps. Il y a ceux, d’un côté, qui travaillent activement à l’élargissement de cette bande médiane, en visant à une pacification sociétale intégratrice de la nouvelle diversité. S’y opposent ceux qui exploitent des incompréhensions et des frictions par ailleurs réelles à des fins politiciennes, au risque d’une fragilisation de la capacité intégratrice du pays et de sa cohésion. Dans la crise générale que connaît la société française, avec un avenir collectif paraissant bouché et porteur de déclassements massifs au plan individuel, le centre de gravité de l’identité collective semble frappé par tellement d’incertitudes que les seconds – ceux qui ont une démarche de fermeture – progressent et que le seuil d’intolérance glisse dangereusement vers le bas. La manière dont cette société a récemment polarisé son angoisse identitaire sur une vingtaine de milliers de Roms est symptomatique d’un tel glissement, mais c’est surtout, bien évidemment, avec l’islam et les musulmans, et cela avec des enjeux collectifs autrement significatifs, que la méfiance et le rejet ont crû. [3][3]Au Royaume-Uni, un notable de l’Eglise anglicane pensait alors… Ce phénomène est général en Europe comme en Amérique du Nord : partout, des réaménagements du modèle d’intégration (chacun ayant sa spécificité nationale) interviennent. En témoignent les débats récents au Québec sur un projet de « Charte des valeurs », tout comme, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas…, les correctifs apportés à des systèmes longtemps très ouverts aux démarches communautaires. Rien de tel en France, où le communautarisme dénoncé à tout bout de champ n’a pas de consistance réelle : en la matière, il n’y a vraiment risque que lorsque – en particulier pour le droit des personnes – une demande collective d’application d’un droit particulier serait avancée avec force à l’encontre du droit commun républicain. Or les demandes en ce domaine sont marginales. C’est pour l’essentiel dans « la vie courante » que les incompréhensions et les frictions se sont manifestées. C’est par rapport à elles, aussi, que les réponses souhaitées par les tenants des deux laïcités – la critique et l’inclusive – divergent le plus. Quel champ pour l’accommodement raisonnable ?9 C’est autour de l’accommodement raisonnable [4][4]L’accommodement raisonnable se réfère ici à une démarche… que beaucoup va se jouer. Ce qui oblige à s’interroger aussitôt sur le cadre où cet accommodement pourrait intervenir, et cela en partant de la distinction entre espace public et espace privé. [5][5]Cf. Espace public, Espace privé, publication du Cercle… Pour être usuelle, la distinction ne permet pas pour autant d’identifier toujours une délimitation nette et fixe. Sauf aux deux extrêmes : 10 D’un côté, l’espace privé – celui de l’intime et de l’exercice sans contrainte des droits de la pensée et de la croyance – peut être aisément circonscrit et protégé : il n’appelle évidemment pas d’accommodement raisonnable de la part de la collectivité. 11 De l’autre côté, à l’autre bout, l’Etat, ses services administratifs régaliens, et par extension toute la fonction publique (autrement dit l’espace de la puissance publique) applique des règles du jeu ne rencontrant pas, non plus, des difficultés majeures : le principe de neutralité posé par les lois laïques joue ici pleinement, et il serait impensable que des exigences tenant à la pratique religieuse viennent frontalement le contester. [6][6]Dans une société plus apaisée face à sa diversité culturelle,… [7][7]Dans son acception la plus générale, l’espace public est…12 Le troisième champ – l’espace public au sens propre – est essentiel dans une démocratie : il a progressivement acquis une réalité substantielle autonome grâce, jusqu’ici, à l’élargissement régulier des libertés démocratiques. C’est donc le lieu d’affirmation par excellence de la société civile, là où s’expriment et s’affrontent toutes les expressions et aspirations, toutes les « communautés d’élection ». C’est dire que cet espace est tout sauf un lieu aseptisé, un espace de tranquillité consensuelle : c’est là qu’à travers des confrontations pouvant être âpres, des compromis sociétaux peuvent lentement émerger. [8][8]L’acceptation du débat et de la confrontation dans l’espace… C’est dire aussi que la délimitation et le contrôle des expressions identitaires dans l’espace public deviennent, en période de crise, des objectifs politiques majeurs. Instrumentalisations de la laïcité13 C’est en fait aux frontières des différents « espaces » que les frictions vont le plus souvent intervenir. En témoigne l’affaire de la crèche Baby Loup [9][9]Les faits concernent le port du voile par l’employée d’une…, ou encore le refus de certains commerçants de servir des femmes portant le « voile islamique ». Dans le premier cas, l’application des règles touchant à l’espace de la puissance publique n’a-t-il pas été abusivement étendu ? Dans le second, c’est l’expression publique, licite, d’une appartenance religieuse qui a été tout aussi abusivement renvoyée autoritairement au seul espace privé. [10][10]Ces demandes sont de nature très différentes, et appelant…14 Tout cela est révélateur de tensions et d’une intolérance croissante à l’égard de toutes les demandes émanant de la mouvance musulmane. Certaines d’entre elles sont légitimes si d’autres ne le sont pas, mais dans tous les cas la réponse devrait être calibrée : elle ne l’est pas toujours, et c’est le rejet a priori qui tend à prévaloir. On a déjà évoqué l’accommodement raisonnable qui, le plus souvent, aurait pu ou pourrait permettre de dénouer les conflits. La démarche que cet accommodement implique est de moins en moins acceptée : là où la nuance devrait intervenir, on souhaite une règle claire, de préférence restrictive. On se réfère alors à « la laïcité » dans la plus grande confusion, avec chez certains – dans la « droite populaire » et à l’extrême droite – la volonté de l’utiliser comme arme antimusulmane. [11][11]Dernier exemple en date de cette utilisation pervertie, la… Bien que majoritairement situés à gauche et ne pouvant être suspectés d’islamophobie, certains tenants d’une laïcité normative donnent l’impression de glisser insensiblement vers une idéologie d’Etat (les règles du bien-vivre ensemble qui sont celles du dispositif laïque seraient alors tordues dans un sens coercitif contraire à son esprit). Un indice de ce glissement : la prise de position du ministre de l’intérieur Manuel Valls déclarant que la question du voile à l’Université – un sujet qui n’a jamais été conflictuel – pouvait donner lieu à interrogations. En bref, veut-on autoritairement contenir la visibilité de la présence musulmane dans l’espace public, l’Etat en arrivant à faire pression pour un rapatriement de la pratique religieuse dans le seul espace privé ? Il y aurait aussi là, par rapport à toutes les autres religions, une démarche à l’évidence discriminatoire. Elargir le champ des reconnaissances15 Les réserves explicites à l’égard de l’islam, les manifestations d’islamophobie agressive expriment une rétraction générale face à la nouvelle diversité culturelle. Par leur nombre, les musulmans transformeraient en profondeur la société française et pourraient à terme formuler des exigences communautaires insupportables. L’image d’une islamisation rampante, exploitée de manière nauséabonde, accroît les sentiments d’insécurité identitaire. Peu importe que tout cela relève du phantasme : encore une fois, les perceptions sont constitutives de la réalité, et l’on doit en tenir compte pour ajuster l’action. En d’autres termes, peut-on éviter de s’interroger sur les normes sociétales implicites, sur l’existence et les déterminants de la « zone médiane » évoquée précédemment, zone où se situeraient à un moment donné les comportements licites, les affirmations identitaires que la société peut accepter et comprendre sans traumatismes majeurs (des traumatismes pouvant à leur tour être générateurs de démarches d’exclusion plus virulentes) ? Formuler une telle interrogation, n’est-ce pas adopter déjà une attitude inégalitaire à l’égard des musulmans, puisque c’est de leur accueil qu’il s’agit ici ? Sans doute pas, mais se tenir sur la ligne de crête est difficile : aborder cette question, c’est simplement faire appel à une considération sociologique de bon sens : à un moment donné, le principe d’égalité des religions que porte la laïcité se heurte à des pesanteurs historiques et culturelles avec lesquelles il faut composer : face à une mairie ou à une église, la construction d’une mosquée-cathédrale – événement emblématique d’une inscription normalisée de l’islam dans le paysage collectif – n’est pas toujours chose immédiatement évidente. Pour qu’elle le devienne, les discussions et les affrontements seront encore nombreux ; le résultat dépendra aussi de facteurs autres (et d’abord d’une sortie de la crise économique sans ravages sociaux insupportables, et aussi de la capacité de restauration, pour la collectivité nationale, sur le plan proprement social, d’un projet d’avenir crédible). La préservation de l’espace public comme lieu le plus largement ouvert aux confrontations est impérative. C’est pourquoi les tenants d’une laïcité inclusive ont une fonction essentielle en s’opposant aux instrumentalisations autoritaires de l’idée laïque. Ce glissement autoritaire, on l’a dit, se traduit par un double grignotage de l’espace public : il y a grignotage, d’un côté lorsque l’espace de la puissance publique est abusivement étendu (exemple précité de l’interdiction de nounous voilées), de l’autre quand on veut renvoyer tout aussi abusivement l’expression religieuse dans le seul espace privé (en mettant obstacle par exemple à la construction de mosquées, alors que le financement de la réfection d’églises est courante). Résister à un tel glissement, le dénoncer lorsque des détenteurs de l’autorité publique s’y abandonnent au cœur de l’Etat, est-ce pour autant suffisant ? Pour une « morale de la retenue »16 Solidement assurés sur le terrain du droit, agissant dans l’esprit originaire de l’institution laïque, les tenants d’une laïcité inclusive mettent à juste titre l’accent sur le principe égalitaire et son corolaire : la lutte contre les discriminations. Il est le seul qui permet d’affronter dans la clarté le défi du rejet des musulmans. Mais, tout en se battant sur ce terrain égalitaire du droit, une approche progressiste ne peut faire l’économie d’une juste appréciation de certaines données sociologiques et de leur composante culturelle. En d’autres termes, le soubassement composite des comportements islamophobes doit être pleinement pris en compte : ces comportements se nourrissent de méfiance à l’égard d’un islam suspecté d’être génétiquement porteur de valeurs non démocratiques, et ils expriment aussi des craintes liées à l’immigration, des préjugés hérités du passé colonial, des peurs relatives aux nouvelles « classes dangereuses » de la banlieue proche… 17 Face à cela, tout en dénonçant sans relâche le rejet d’un islam et de musulmans largement fantasmés, il est à souhaiter que prévale en pratique – chez tous – une plus grande modération. Pour faire bref, deux images : lorsque la cause de la liberté et de l’égalité des femmes est symboliquement défendue, d’un côté par quelques centaines de burqas, de l’autre par les excentricités des Femen, peut-on raisonnablement penser que l’on progresse vers une société plus apaisée où prévaudrait la reconnaissance mutuelle ? Claude Lévi-Strauss avait souligné que la construction de valeurs universelles en partage « requiert une morale de la retenue, infiniment accueillante à toute vérité venue de l’extérieur ». Cette exigence, la laïcité et, en son sein, ceux qui défendent une laïcité inclusive, en sont porteurs au premier titre. Il est à souhaiter qu’en face – dans une mouvance musulmane infiniment diverse dans ses militantismes – ceux qui portent cette « morale de la retenue » soient davantage écoutés et suivis. Il n’appartient certes pas à des laïques de s’ingérer abusivement dans une pensée musulmane en recherche ; mais un progressiste a néanmoins le droit d’espérer que l’emportent ceux qui construisent dans la durée un islam de France autonome, un islam soucieux de réponses contextualisées aux exigences de la foi et consolidant de manière apaisée sa place dans la société. Face à l’accommodement raisonnable, l’acculturation raisonnable ? Celle-ci est largement en marche, et c’est heureux. L’alternative pourrait être un durcissement autoritaire d’une laïcité idéologisée. On citera ici, pour finir, Emile Poulat : dans « Notre laïcité publique », il avait rappelé après Durkheim qu’il n’y a pas de société sans contrainte. Et il avait ajouté : « Le paradoxe serait qu’une société de libertés publiques en vienne à chercher sa garantie et son lien – son vinculum – dans une contrainte publique fondée sur la nécessité sociale ». ? Notes Le « Souchien », comme le nomme ironiquement – et de manière inutilement agressive ? – le Parti des Indigènes de la République. Rapport au Président de la République de la « Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République », dit « Rapport Stasi », du nom de son président. Au Royaume-Uni, un notable de l’Eglise anglicane pensait alors que des éléments de la charia devraient sans doute, un jour, être intégrés au droit britannique. Un tel propos serait inaudible aujourd’hui. L’accommodement raisonnable se réfère ici à une démarche strictement pragmatique visant à faciliter la pratique religieuse des croyants dans un cadre laïque aux principes confirmés : l’approche d’une Dounia Bouzar peut ici être évoquée. Dans un tel cadre, c’est le dispositif laïque qui prévaut toujours en tant qu’élément constitutif de l’édifice républicain. Tout autre est l’accommodement raisonnable tel qu’il a été théorisé à partir de pratiques nord-américaines : là, l’exercice de la croyance prévaut en tant que droit de l’homme, et la puissance publique se doit d’y répondre. Il y a une sorte de renversement de la preuve, et cette même puissance publique doit justifier chaque fois les limitations qu’au nom d’une exigence collective supérieure elle pourrait imposer aux demandes des différents croyants touchant à leur libre pratique. Cf. Espace public, Espace privé, publication du Cercle Condorcet de Paris, 2006. Dans une société plus apaisée face à sa diversité culturelle, on pourrait cependant imaginer une application plus souple, dans les administrations non régaliennes, de la règle évoquée. Dans son acception la plus générale, l’espace public est d’abord un lieu physique normalement sécurisé (voies de circulation, marchés, parcs…) dont l’accès est gratuit et où les citoyens peuvent avoir des activités de flânerie ou d’échange, ce dernier pouvant lui-même être gratuit ou commercial. Comme lieu d’échanges, l’espace public est aussi un lieu de nature virtuelle où s’expriment des choix associatifs : options partisanes, croyances religieuses, militantismes divers, affirmations identitaires… L’acceptation du débat et de la confrontation dans l’espace public ne va pas de soi : très présente à la télévision et par ailleurs chroniqueuse au Figaro, l’influente Natacha Polony a ainsi pu affirmer sans être contredite que « parmi les principes qui président à l’organisation de notre vie sociale » figure « la constitution de l’espace public comme un espace neutre dans lequel s’exprime seulement ce qui nous rassemble et fait de nous une Nation ». Les faits concernent le port du voile par l’employée d’une crèche. L’affaire a été popularisée par les rebondissements judiciaires qui ont vu la cour d’appel de Paris rendre un « arrêt de rébellion » contre une décision de la cour de cassation. Les faits, complexes, relèvent de plusieurs registres : le statut de l’établissement – crèche associative privée exerçant une mission d’intérêt public – a constitué un des éléments centraux du débat. Ces demandes sont de nature très différentes, et appelant évidemment des réponses différenciées. Elles sont afférentes – citation sans hiérarchie – aux lieux de culte, au contenu de l’enseignement, à la nourriture dans les cantines, au choix du médecin, à l’expression religieuse dans l’entreprise… Dernier exemple en date de cette utilisation pervertie, la déclaration d’un responsable du FN à propos d’un projet d’abattoir halal à Guéret : « La construction d’un abattoir halal serait une atteinte à la laïcité et irait de pair avec l’islamisation de la France ». Le Monde du 20 septembre 2013. Article Résumé Plan Auteur Sur un sujet procheÉditeurs Particuliers Bibliothèques Organisations À propos Cairn Psy Contact Aide Cairn International (English) Authentification hors campus © Cairn.info 2020 Conditions générales d’utilisation Conditions générales de vente Politique de confidentialité – Source : https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2014-1-page-185.htm Retour au début du sommaire8. logo france cultureSource : https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-12h30/journal-de-12h30-du-mardi-29-octobre-2019Retour au début du sommaire9. https://www.atlantico.fr/sites/default/files/imce_upload/user/93941/image.jpgMots-clés : débat, France, Polémique, islam, islamophobie, fondamentalisme, laïcité, modèle français Thématiques : Media Société France ReligionAlain Rodier - Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la...Voir la bio - Suivre – Jean Lafontaine - Jean Lafontaine est l’auteur de l’ouvrage L’islam de France (et d’Europe). Un message de paix ?, aux éditions 7écrit. Il a également publié Les sources doctrinales de l’État Islamique, aux éditions UPPR.Voir la bio - SuivreBienvenue sur Atlantico.fr- Décryptages Pépites Dossiers Rendez-vous Atlantico-light Podcasts Vidéos Aidez Atlantico à être libre, bénéficiez d’une réduction d’impôt - OkpalSource : https://www.atlantico.fr/decryptage/3592085/la-laicite-francaise—un-concept-incomprehensible-en-islam—fondamentalisme-religion-radicalisation-france-alain-rodier-jean-lafontaineRetour au début du sommaire10. 7 Ces deux principes juridiques encadrent toutes les solutions données par le droit. Ils fournissent au juriste les critères d’appréciation permettant de répondre à chaque situation. Prenons deux exemples :8 1 - La neutralité des cimetières – Elle fut imposée par la loi du 14 novembre 1881 dite sur « la liberté des funérailles », prise lors de la promulgation des lois de laïcisation adoptées par les républicains soucieux d’affermir leur pouvoir par une politique anticléricale virulente 5. Cette neutralité fut confirmée par la loi du 5 avril 1884 sur les pouvoirs des maires et ses dispositions ont été reprises dans l’article 28 de la loi de 1905. En France, à quelques rares exceptions près, les cimetières sont la propriété des communes, qui les entretiennent et les gèrent, dans le respect de la laïcité 6. Cette neutralité n’a pas constitué un obstacle absolu à la pratique des « carrés confessionnels », permettant de regrouper, en fait, les défunts d’une même religion dans une même partie du cimetière municipal. Le cimetière est un lieu public où toute marque de reconnaissance confessionnelle est prohibée dans les parties communes, ces marques restant autorisées sur les tombes elles-mêmes. Des carrés confessionnels avaient été autorisés – ou tolérés - par une circulaire de 1975. En février 1991, une nouvelle circulaire du ministre de l’Intérieur, prise en concertation avec le Conseil de Réflexion sur l’Islam de France (CORIF) avait encouragé les maires à les multiplier. La circulaire ministérielle visait naturellement les carrés de toutes les confessions, mais c’était une demande des musulmans qui avait été à l’origine de la mesure. Des regroupements de fait existaient déjà dans de nombreuses communes et la circulaire visait à favoriser leur développement. Depuis, cette instruction de 1991 a été remplacée par une troisième circulaire, émanant également du ministère de l’Intérieur, en date du 19 février 2008 7, reprenant très largement les principes antérieurs tout en apportant quelques précisions. Le carré confessionnel ne doit pas porter atteinte à la neutralité du cimetière telle que définie par la loi ; il ne doit pas être distingué du reste du cimetière par une séparation matérielle mais constituer simplement un espace réservé dont la disposition générale permet l’orientation des tombes dans une direction déterminée. Le maire, saisi d’une demande d’inhumation dans un tel carré confessionnel n’est pas habilité à vérifier auprès d’une autorité religieuse la confession du défunt. L’inhumation dans les autres parties du cimetière reste possible. Cette circulaire a été confirmée à plusieurs reprises, notamment en mars 2008. Ces carrés accueillent effectivement de nombreux musulmans pour lesquels la famille n’a pas pu organiser le « retour du corps au pays » qu’elle aurait sans doute souhaité.9 2 - D’autres aspects de la neutralité, ou la neutralité d’autres lieux et institutions, soulevèrent aussi certains débats – quelques exemples parmi bien d’autres : 10 On pourrait multiplier les exemples des cas où le droit sait prendre en compte la liberté religieuse, et souvent celle des musulmans, tout en assurant le respect de l’ordre public.11 Peut-on dégager les principes généraux guidant les politiques publiques ? Le droit français ne dispose que de très peu de lois règlementant l’exercice de la liberté religieuse et son expression. Le silence du législateur est salutaire. Aux lois laïques (1905 / 1907 / 1908), s’ajoute celle de 2004. Parfois, la doctrine mentionne comme concernant aussi la laïcité, la loi du 12 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public 9. Certes, la dissimulation du visage est essentiellement le fait de certaines femmes musulmanes ; néanmoins cette législation vise à ce que chacun puisse identifier l’individu qu’il croise et côtoie plus que l’application du principe de laïcité. Les lois relatives à la laïcité sont peu nombreuses, mais elles suffisent. Le domaine de la liberté religieuse est particulièrement sensible. Il importe de ne légiférer qu’exceptionnellement et avec la plus grande prudence. En fonction du cadre législatif actuel, la jurisprudence donne une appréciation sur chaque affaire, au cas par cas, en application du principe de « proportionnalité ». En outre, les praticiens ont à leur disposition les nombreux guides et chartes, concernant chacun des domaines spécifiques. L’Observatoire de la Laïcité, actuellement présidé par Jean-Louis Bianco, assiste et conseille le gouvernement ; il établit un « rapport annuel » ainsi que de nombreux « guides pratiques » sur le fait religieux, dans l’entreprise, dans les collectivités locales, dans l’enseignement, dans les établissements de santé, etc. D’autre part, les entreprises, associations, écoles, universités et autres organismes rédigent des « chartes ». Ces documents n’ont pas valeur législative mais sont souvent des aides précieuses fournissant les réponses appropriées aux questions les plus fréquentes.B – La prohibition de financement direct des cultes sur fonds publics12 Le second principe fondamental de notre régime des cultes en France est celui de la prohibition de financement direct des cultes sur fonds publics. Là encore, la règle s’applique à l’Islam comme aux autres religions. Mais si le droit français interdit les financements directs, il autorise les aides indirectes et l’Islam peut être concerné. Ces aides sont possibles, dès lors qu’elles respectent le principe constitutionnel de neutralité de l’État, principe qui permet, et même requiert, une prise en compte des faits religieux, selon leurs diverses expressions.13 Inutile de revenir sur ces mécanismes, divers et nombreux, très souvent mis en œuvre. Beaucoup datent des années 1907 ou 1908 ; ils profitent surtout à l’Église catholique 10. Pourtant, ils permettent aussi une prise en compte de l’Islam par l’État et les manifestations en sont de plus en plus fréquentes ces dernières années.14 1 - Le financement de la construction de mosquées sur fonds publics est interdit. Mais la prohibition ne concerne pas les installations attenantes aux mosquées tels un restaurant ou une bibliothèque. Comme tout mouvement religieux, une communauté musulmane peut fort bien créer deux associations distinctes : une association de droit commun conforme à la loi de 1901, assurant l’organisation des actions culturelles, comme le restaurant, la bibliothèque, ou une salle de réunion ; cette association de la loi de 1901 est habilitée à solliciter des subventions auprès des collectivités locales. À côté de cette première instance, peut être constituée une autre association, qualifiée de cultuelle conforme à la loi de 1905 (articles 4 et 19), pour le fonctionnement de la salle de prière ; cette association cultuelle ne percevra aucune subvention directe sur fonds publics, mais elle pourra bénéficier des avantages fiscaux accordés aux donateurs par la loi de 1987, modifiée en 2003, dite loi sur le mécénat 11. Le rapport de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics, dit rapport Machelon, car présidée par le professeur Jean-Pierre Machelon de l’Université Paris Descartes, et remis le 20 septembre 2006 au ministre de l’Intérieur, encourage les communautés à faire usage de ces deux catégories d’associations, régies par deux régimes fiscaux distincts mais dont les avantages peuvent ainsi se combiner. Ce même rapport préconise d’établir entre les deux types d’association des passerelles, utiles aux usagers et notamment aux communautés musulmanes.15 Certaines mosquées, dans des situations très particulières et avec des justifications très spécifiques, ont été, en totalité ou en partie, financées sur fonds publics. Tel fut le cas de la Grande Mosquée de Paris dont la construction commence en 1922. Déjà au XIXe siècle, cette mosquée était demandée par l’État et un fort courant la souhaitait. Au lendemain de la Grande Guerre, il s’agissait aussi de rendre hommage aux très nombreux musulmans français morts pour la patrie. L’État a financé, non pas la salle de prière elle-même, mais la bibliothèque, le hammam, et d’autres salles annexes. En juillet 1926, l’édifice fut inauguré par le Président de la République Gaston Doumergue.16 Dans un tout autre contexte, la mosquée de Strasbourg a aussi bénéficié de fonds publics. Les collectivités locales (région, département, ville) ont contribué pour environ 26% du coût total, les autres financements venant notamment du Maroc et de l’Arabie Saoudite. La mosquée, située en plein centre de Strasbourg, a été inaugurée le 27 septembre 2012 par Manuel Valls alors Ministre de l’Intérieur. Les projets étaient anciens et peinaient à prendre forme pour deux raisons : d’une part certains désaccords entre musulmans strasbourgeois ; d’autre part la volonté des pouvoirs publics que leur propre participation soit conditionnée par la certitude que financements étrangers resteraient d’un montant limité. Le droit local des cultes autorise le financement des religions sur fonds publics sans qu’il soit pour autant nécessaire de concéder à la religion concernée le statut de culte reconnu 12.17 Ces deux exceptions sont justifiées par des considérations spécifiques et l’interdiction de financement direct des constructions de mosquées par les pouvoirs publics demeure la règle ferme.18 2 - Citons d’autre part les cinq arrêts du CE du 19 juillet 2011 qui concernent différents cultes et donc pas seulement l’Islam. La Haute juridiction a admis que des collectivités territoriales sont autorisées à aider financièrement un projet intéressant un culte, dès lors que le projet présente également un « intérêt public local ». Elle exige néanmoins le respect du principe de neutralité et d’égalité envers les cultes ce qui exclut toute libéralité 13. La concomitance de ces cinq affaires atteste de la volonté de marquer une évolution dans les politiques publiques. Cette importante jurisprudence a été confirmée par une circulaire ministérielle du 29 juillet de la même année, reprenant cette notion « d’intérêt public local » et ouvrant ainsi une possibilité – certes limitée et encadrée – de financement public d’installations ayant un caractère religieux.19 Ces quelques exemples, pris parmi beaucoup d’autres, suffisent à établir que les dispositions générales du régime juridique de séparation-laïcité permettent et même incitent l’État et les pouvoirs publics à prendre en considération l’Islam, seconde religion de notre pays. Parallèlement, le développement même de cette religion stimule de très nombreuses initiatives d’acteurs privés ou publics, se souciant de la place de l’Islam dans notre société. Là encore, nous ne pouvons donner que quelques exemples parmi bien d’autres.II – Deux orientations récentes spécifiques des politiques publiques20 Le gouvernement et plus largement chacun des responsables de la vie publique tentent de multiplier le dialogue avec les religions et avant tout avec l’Islam (A). Ils prennent aussi très au sérieux la question de la formation des cadres religieux musulmans (B).A – Des instances de dialogues se multiplient21 Je me borne à signaler quelques manifestations de ces échanges entre les pouvoirs publics et les cadres musulmans, sans évoquer ici ce que l’on qualifie comme étant le « dialogue inter-religieux ». Celui-ci est l’une des préoccupations majeures des responsables religieux. Il aide à la cohésion de l’ensemble de la société en facilitant la compréhension entre croyants de différentes confessions. L’État n’y est pas indifférent et l’encourage fortement ; toutefois sa mission ne consiste pas à en prendre l’initiative ou à l’organiser et nous n’avons pas à l’analyser ici. Envisageons seulement deux initiatives récentes des pouvoirs publics, à l’égard de l’Islam.1) La plus notable est sans nul doute l’Instance nationale de dialogue avec l’Islam de France22 En juin 2015, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur et des cultes, annonce la création de cette nouvelle instance. Il indique le souhait du gouvernement « d’entretenir avec les représentants du culte musulman un dialogue franc et régulier, à la mesure de la place qu’occupent nos compatriotes musulmans au sein de la communauté nationale, afin d’examiner de façon concertée les questions intéressant la pratique de ce culte dans le respect du principe de laïcité » 14. Cette instance de dialogue travaillera selon quatre axes essentiels : 23 Cette instance s’est effectivement réunie une première fois dès juin 2015. Une seconde réunion s’est tenue en mars 2016, dont les débats ont été centrés sur la prévention de la radicalisation. Sur ce point, on note une nette augmentation du budget consacré aux aumôneries pénitentiaires musulmanes. Cet accroissement demeure néanmoins insuffisant en raison des besoins et les aumôniers continuent à souligner la difficulté de la tâche qui leur incombe. Bien d’autres mesures éducatives se mettent en place et doivent encore se développer, à l’égard des jeunes en particulier. La troisième réunion (et à ce jour - mars 2017 - la dernière) a eu lieu en décembre 2016. Le thème de la formation des imams était au cœur des préoccupations 15.24 Les discussions qui se déroulent dans le cadre de cette instance n’ont pas, par elles-mêmes, valeur impérative, mais débouchent sur la mise en place d’organismes importants qui devraient améliorer considérablement la structuration de l’Islam en France ; en particulier : 2) Bien d’autres exemples pourraient être mentionnés :25 Ainsi en est-il des « consultations départementales des acteurs du culte musulman », notamment celles organisées régulièrement par le préfet de Seine Saint Denis.26 Mentionnons les « conférences départementales de la laïcité et de la liberté religieuse » de la préfecture de région d’Ile de France, qui travaillent d’ailleurs en relation avec l’instance nationale de dialogue.27 De nombreuses missions ou commissions existent dans le cadre de pratiquement chacun des ministères ; il en va de même dans la plupart des grandes villes, etc.3) L’initiative française n’est pas isolée dans l’ensemble de l’Europe28 À titre d’exemple, notons qu’en Italie, en février 2017, a été signé un Pacte national pour un islam italien, entre le ministère de l’Intérieur et neuf organisations représentatives de l’Islam en Italie. Ce pacte constitue un net pas en avant dans le dialogue avec l’Islam 16. Le document parle de communauté ouverte et de l’adhésion aux valeurs et principes de l’ordre étatique. Le texte commence par rappeler les principes constitutionnels s’imposant à tous, la laïcité et le pluralisme religieux. Il consacre l’engagement des musulmans à tenir un registre des imams, à traduire les prêches en Italien et à pratiquer la transparence financière. De son côté le ministère s’engage à proposer les bases d’une « entente » 17 et à favoriser l’ouverture des lieux de culte. On constate que les préoccupations sont assez semblables en France ou en Italie ; lors des négociations de ce pacte, les intervenants italiens n’ont pas caché leur souci de lutter contre l’extrémisme.B – La formation des cadres religieux29 Elle compte plusieurs volets et les pouvoirs publics se mobilisent pour favoriser son organisation, aux divers échelons.1) Une formation théologique minimale doit être assurée pour tous les imams30 Il convient que celle-ci soit dispensée à chacun de ceux qui sont en contact avec une communauté musulmane ou peuvent être appelés à prononcer un prêche dans une mosquée. Tous s’entendent, pouvoirs publics ou responsables musulmans, sur la nécessité de ces connaissances théologiques, permettant d’exercer un rôle de prédicateur et de conseiller d’une communauté locale. L’enseignement qu’il faut de diffuser doit être simple, clair, parfaitement assimilé par les imams afin qu’eux-mêmes puissent le répercuter sans hésitation et sans altération auprès de ceux qu’ils côtoient.31 Le 30 mars 2017, le CFCM a adopté une Charte de l’imam, signée par plusieurs grandes associations musulmanes de France, mais aussi contestée par d’autres, tout aussi importantes. Le texte avait été l’objet de multiples négociations, parfois délicates et il ne fait pas l’unanimité. L’objectif est que le recrutement des imams soit subordonné à leur « attachement à l’islam du juste milieu et au pacte républicain ». Un tel objectif constitue naturellement le souhait de tous les responsables musulmans. Les réserves concernent non pas tellement le contenu du texte, mais sa nature, son utilité, sa portée. Qu’est-ce que ce « juste milieu » ? Et qui pourra évaluer « l’attachement » de chacun ? Cette charte témoigne de ce que les communautés musulmanes sont pleinement conscientes des enjeux de la formation dispensée aux prédicateurs et aumôniers ; il n’est pourtant pas évident qu’elle suffise à ce que ladite formation puisse toujours être parfaitement assurée. L’État ne s’immisce pas dans ce projet, en raison de sa nature strictement religieuse voire théologique, même si certains estiment que les pouvoirs publics se montrent satisfaits de ce geste de la part des musulmans.32 Depuis déjà quelques années, nombre de négociations se déroulent avec l’Algérie, le Maroc, la Turquie et d’autres États encore, afin d’améliorer le niveau d’instruction des imams, français ou étrangers, exerçant leurs fonctions en France. Trois préoccupations dominent qui toutes tendent à la lutte contre les attitudes extrémistes et les discours salafistes : une formation théologique musulmane permettant de répondre aux attentes des populations ; une connaissance suffisante de la langue française afin que les prédications et autres interventions se fassent en français ; une initiation aux « valeurs de la république », au droit et à la société française. Plusieurs accords importants ont été conclus, toujours partiels mais significatifs néanmoins ; signalons en particulier : 33 L’Association cultuelle qui se met actuellement en place devrait contribuer efficacement à cette formation.2) La charge d’un second volet de formation incombe plus spécifiquement aux pouvoirs publics et aux universités publiques34 Des diplômes d’Université (DU) se développent dans les universités publiques en France, en accord avec le Bureau central des Cultes du ministère de l’Intérieur. Il s’agit d’une initiative du ministère de l’Intérieur, à laquelle le ministère consacre d’importants moyens (notamment financiers) et sur laquelle il mise de façon considérable. Les organisateurs ont un temps désigné ces cursus comme étant des diplômes d’Université de formation civile et civique ; aujourd’hui, l’appellation diplômes d’Université sur le fait religieux et la laïcité est préférée car plus précise.35 En octobre 2016, il existait quatorze diplômes d’Université de ce type ; réunissant 375 inscrits ; quatre de plus vont être créés ; 34% des effectifs d’étudiants sont des cadres religieux musulmans. Ces diplômes sont organisés par chacune des universités partenaires, mais ils obéissent tous à une charte commune, établie par les responsables des diplômes, en accord avec le Bureau central des Cultes. Avec un volume horaire annuel de 120 ou 140 heures de cours, il s’agit de former au droit français des cultes, à la laïcité, mais aussi de donner les principales notions de sociologie et d’histoire des religions. Ces diplômes ont vocation à devenir obligatoires 20 pour toute personne désireuse d’occuper un poste d’aumônier (en prison ou à l’hôpital) rémunéré sur fonds publics.3) Le troisième volet de ces formations est le développement – ou plus exactement la mise en place – de centres d’enseignement et de recherche de haut niveau scientifique en islamologie36 Un Master d’islamologie existe à l’université de Strasbourg ; il est, actuellement, le seul en France ; son parcours relatif à la Finance islamique attire un certain nombre d’étudiants. D’autre part, le ministère de l’Enseignement supérieur a récemment créé quelques postes d’islamologie dans des universités publiques, mais les pouvoirs publics ne souhaitent pas s’engager actuellement dans la création d’un établissement d’enseignement supérieur islamique, privé ou public.37 Ce fut essentiellement pour réfléchir à ces études scientifiques de haut niveau que fut créée, à l’initiative conjointe du ministère de l’Intérieur et de celle du ministère de l’Enseignement supérieur, une Mission de réflexion sur la formation des imams et des cadres religieux musulmans, qui a rendu un rapport de 70 pages en mars 2017 21. Ce document est aujourd’hui fondamental tant parce qu’il fait le point sur les institutions existant actuellement, que par les réflexions et propositions qui y sont formulées. Il existe un certain nombre d’instituts privés d’étude de l’Islam (pour la théologie tout d’abord, mais également les questions culturelles et historiques). Parmi les principaux figurent l’Institut Al Ghazali, dépendant de la Grande mosquée de Paris, liée à l’Algérie, ainsi que l’Institut européen des Sciences humaines (IESH), dont le premier établissement a été créé près de Château-Chinon par l’UOIF en 1990 et qui a, depuis, développé un autre centre important à Saint-Denis, au Nord de Paris.38 Des projets pourraient être élaborés, visant à étendre les collaborations entre universités publiques et instituts privés d’islamologie. L’aboutissement d’éventuelles propositions n’est pas simple. Les difficultés concernent aussi bien le niveau d’étude recherché, que le recrutement des professeurs ou des étudiants, ainsi que l’orientation des enseignements et des recherches menées, ou encore les relations entre établissements privés et universités publiques. Les réflexions doivent continuer et des collaborations doivent exister même si l’institutionnalisation de parcours académiques n’est pas immédiate.39 Parallèlement, l’État encourage, notamment par le biais de la nouvelle Fondation présidée par Jean-Pierre Chevènement, l’ouverture de cours de langue arabe, l’essor d’une politique éditoriale de manuels, livres, sources diverses, et la mise en place d’un campus numérique d’envergure.4) Mentionnons, pour terminer ce panorama, l’apprentissage du français (en premier lieu par les imams détachés)40 Que chacun soit apte à s’exprimer en français apparaît comme une exigence fondamentale, pourtant loin d’être satisfaite aujourd’hui. Les politiques publiques veillent, je l’ai dit, à cette initiation dans le pays d’origine, mais elles favorisent aussi de nombreuses initiatives en France, généralement financées ou du moins subventionnées par les pouvoirs publics. Par exemple, des cours de français dispensés aux imams détachés en Seine-Saint-Denis, sont financés par l’Office de l’Immigration, actuellement dirigé par Didier Leschi.41 Ce bref article ne suffit certes pas pour évaluer la « prise en compte de l’Islam par l’État laïque ». Nous n’avons donné que quelques exemples illustrant l’action – et les limites de l’action – des pouvoirs publics. Ces exemples permettent néanmoins d’illustrer ce qu’est notre laïcité : la « connaissance » de religions que l’État ne « reconnaît » pas ou des « financements indirects » compatibles avec l’article 2 de la loi de 1905. L’Islam ne jouit pas d’un traitement de faveur. Au cours du XXe siècle, la loi de 1905 a connu interprétations et modifications multiples, qui ont pu paraître profiter, du moins pendant la première moitié du siècle, à l’Église catholique ; celle-ci était alors la religion dominante ; elle était aussi celle qui avait le plus durement pâti des lois de laïcisation du début de la Troisième République. Législateur et pouvoirs publics en ont tenu compte 22.42 L’État laïque prend aujourd’hui en considération le changement que connaît notre paysage religieux depuis trente ou quarante ans. Certains dénoncent ce qu’ils estiment être un interventionnisme déplacé de l’État dans un régime de séparation et qu’ils qualifient de bonapartisme ou de gallicanisme abusif. Il semble au contraire qu’il y ait là une conséquence positive du fait que l’État « connaît » les religions. Notre laïcité française se doit être « inclusive ». Cette laïcité inclusive veille à faire leur place, dans une société ouverte et pluraliste, à toutes les religions, tous les adeptes des divers courants de pensée, dès lors qu’ils respectent le droit français et l’ordre public et les libertés fondamentales. C’est parce qu’elle doit conduire à la paix sociale que la laïcité est un principe essentiel de notre République.Notes1 Loi du 9 décembre 1905 sur la Séparation des Églises et de l’État : article 1 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public » ; article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’État, des départements et des communes toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d’aumôneries et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons. Les établissements publics du culte seront supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l’article 3 ». La loi de 1905 a subi ses premières modifications dès 1907, par trois mesures importantes constituant, avec la loi de 1905, ce que l’on appelle « les lois laïques » : Loi du 2 janvier 1907 concernant l’exercice public des cultes ; loi du 28 mars 1907 relative aux réunions publiques ; loi du 13 avril 1908 modifiant la loi du 5 décembre 1905. Principe constitutionnel de laïcité : Constitution du 27 octobre 1946, titre 1, art. 1 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». - Constitution du 4 octobre 1958, art. 2 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ».2 En Alsace et en Moselle, dans les diocèses de Strasbourg et de Metz, il fut décidé de conserver le régime juridique des religions existant alors. Le système des cultes reconnus, mis en place par Napoléon, fut donc maintenu, avec les modifications que les autorités allemandes avaient apportées. Il est encore aujourd’hui en vigueur dans ses grandes lignes et concerne l’Église catholique, l’Église réformée et l’Église de la Confession d’Augsbourg, ainsi que le culte juif.3 Outre les travaux strictement sociologiques (Philippe Gaudin, Jean Baubérot, Jean-Paul Willaime parmi d’autres), les publications récentes des juristes sont elles aussi très nombreuses ; signalons seulement deux dossiers thématiques intéressants : l’un dans la Revue Le Débat, n° 185, 2015, l’autre dans la Revue du droit public et de la science politique, n° 2, 2015.4 Principe de liberté de conscience posé, dans un contexte daté et reflétant l’idéologie de la fin de l’Ancien Régime, dès la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, art. 10 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». Rappelons aussi l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites ».5 Signalons aussi la loi du 15 novembre 1887, permettant au défunt, s’il a exprimé un souhait et sinon aux familles, de donner aux funérailles un caractère civil ou religieux.6 Parmi ces exceptions figurent les cimetières privés israélites dont les consistoires avaient la propriété avant 1806 (date de la reconnaissance du culte juif par Napoléon) ; de même pour quelques cimetières protestants privés. La législation sur la neutralité des cimetières n’a pas été étendue à l’Alsace-Moselle. Citons encore, le cimetière musulman de Bobigny, près de l’hôpital Avicenne. 7 Circulaire sur la Police des lieux de sépulture : aménagement des cimetières – regroupements des sépultures.8 Avis du CE, 27 nov. 1989 : « dans les établissements scolaires, le port par les élèves de signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance à une religion n’est pas par lui-même incompatible avec le principe de laïcité, … mais cette liberté ne saurait permettre aux élèves d’arborer des signes d’appartenance religieuse qui, par leur nature, par les conditions dans lesquelles ils seraient portés individuellement ou collectivement, ou par leur caractère ostentatoire ou revendicatif, constitueraient un acte de pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, …, perturberaient le déroulement des activités d’enseignement … ou le fonctionnement normal du service public ». L’avis fut dans un premier temps confirmé par la jurisprudence du Conseil d’Etat (cf. arrêt Kherouaa, 1992). Progressivement, les revendications se durcirent ; la jurisprudence de la Haute juridiction dut répondre à des requêtes plus nombreuses et plus revendicatrices. Dans ce contexte, a été votée la loi du 15 mars 2004 qui dispose : « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. … ». En pratique, de nombreuses jeunes filles ont été exclues d’établissements d’enseignement public.9 La loi a été complétée par la circulaire du 2 mars 2011 et est entrée en vigueur le 11 avril 2011. De nombreux procès-verbaux ont depuis été dressés. Le 7 octobre 2010, le Conseil Constitutionnel a reconnu la constitutionnalité de cette loi et a, à cette occasion, donné une nouvelle définition, très extensive, de l’ordre public, couvrant « les exigences minimales de la vie en commun ». La Cour EDH (juillet 2014) a également confirmé la loi française sur la dissimulation du visage dans l’espace public.10 En conséquence du refus de constituer des associations cultuelles conformes à la loi de 1905, le législateur a décidé que les collectivités publiques retrouveraient la propriété des édifices du culte non réclamés par une association cultuelle. Il en est résulté que les églises, cathédrales, presbytères, palais épiscopaux construits avant 1905 sont, aujourd’hui, propriété des collectivités territoriales auxquelles incombent donc les dépenses de réparation. Dans un tout autre domaine, la loi Debré de 1959, permettant le financement public de l’école privée, bénéficie aussi essentiellement aux écoles catholiques.11 Loi du 23 juillet 1987, modifiée par la loi du 1er août 2003, permettant aux donateurs de déduire, du montant de leur impôt sur le revenu, 66% de leur don aux associations cultuelles (dans une certaine limite et sous certaines conditions).12 En Alsace-Moselle, des courants musulmans ont parfois demandé à ce que l’Islam devienne « culte reconnu ». Cette requête n’a jamais abouti ; le régime des cultes reconnus demeure comme fruit de l’histoire mais n’a pas vocation à s’étendre.13 Notamment : aide au financement d’un orgue dans une église afin de faciliter les manifestations culturelles que sont les concerts ; subvention en vue de la construction d’un ascenseur permettant aux personnes à mobilité réduite de visiter la basilique de Fourvière à Lyon ; aide à l’équipement d’un abattoir rituel respectant les normes de sécurité et de salubrité publique ; mise à disposition par une commune d’un local dans des conditions financières qui excluent toute libéralité, et de façon ni exclusive, ni pérenne ; possibilité pour une collectivité territoriale de consentir un bail emphytéotique administratif à une association cultuelle.14 Lettre du Premier ministre, 2 juin 2015.15 Cf. infra, II – B.16 Voir le commentaire d’Alessandro Ferrari, http://www.settimananews.it/ecumenismo-dialogo/patto-un-islam-italiano/17 En Italie, les cultes peuvent négocier une « entente » avec le gouvernement ; celle-ci concerne diverses questions souvent essentielles (lieux de culte, enseignement de la religion, associations, parfois hôpitaux, etc.) ; ces ententes sont ensuite soumises au Parlement qui les adoptent en tant que loi. Le culte acquiert dès lors une place en quelque sorte « reconnue ».18 Il s’agit d’imams, envoyés par l’Algérie, afin d’exercer leurs fonctions en France pour quelques années (souvent trois à cinq ans).19 L’accord a été signé par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et le ministre marocain des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq. 20 Ils ont été rendus obligatoires par le décret du 3 mai 2017.21 La Mission était composée de Rachid Benzine, Catherine Mayeur-Jaouen et de Mathilde Philip-Gay. Si la commission devait avant tout examiner les projets relatifs aux formations de haut niveau, les auteurs ont également dressé un très utile état des lieux des autres volets de ces questions (diplômes d’université, apprentissage du français…). À ce jour, le rapport n’est pas encore publié ; on le trouve sur le site internet de « l’étudiant ».22 Propriété publique des édifices du culte non revendiqués par une association cultuelle ; création des associations diocésaines ; financement de l’enseignement privé, etc.Auteur : Brigitte Basdevant-Gaudemet Professeur émérite des Universités, Université Paris-Sud-SaclayDu même auteur : Livre : 1èrede couverture - © Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2017 - Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540La mise en œuvre de la loi du 9 décembre 1905 : une question de principes Source : https://books.openedition.org/putc/3747 Retour au sommaire 11 bis. Islam et Laïcité - Résonance du mot laïcité selon l’obédience maçonnique Association Philosophique ‘LE DROIT HUMAIN’ Fédération FrançaiseIntroductionPour certains jeunes citoyens français de confession musulmane, mais aussi d’autres citoyens, le mot laïcité signifie : ce qui est contraire à la religion, et même contre une religion en particulier : l’islam. Ainsi, pour les jeunes qui nous intéressent ici, la laïcité entrerait en conflit avec leur religion, induisant le sentiment d’un manque de respect.Un constat complexeDans notre société du XXIe Siècle, la diversité des cultures, des religions et des philosophies rend de plus en plus complexe le vivre-ensemble dans la paix démocratique. Comment faire respecter la liberté de conscience et l’égalité de tous sans en appeler au principe de laïcité ?En termes de législation, la conviction de faire des lois pour régler tous les problèmes, tout en satisfaisant les uns et les autres, ne suffit pas en l’absence d’une pédagogie diffusée à tous.La République sait-elle se faire des alliés des Français issus de l’immigration qui ont parfois des trajectoires tout aussi méritoires, que celles de la population française de souche ? Combien légitime est leur déception de se savoir diplômés et cependant non reconnus dans leur altérité ! Non comptant le plan Vigipirate qui les stigmatise tout particulièrement.Il existe dans notre pays toute une génération de Français issue de l’immigration « fatiguée » de l’exclusion et de la discrimination à l’emploi, au logement, et qui risque de baisser les bras. Pour certains, « baisser les bras », c’est se tourner vers leurs communautés dans une attitude de repli, en tournant le dos à la République, en ne croyant plus à ses valeurs. « Votre devise (Liberté, Egalité, Fraternité) n’est pas pour nous », disent-ils.Ceux qui résistent et vivent dans l’espoir d’être respectés pour leur compétence et dans la dignité, nous interpellent en déclarant « vivre en insécurité républicaine, dans un désenchantement… »Pour une minorité de jeunes de la 4ème génération d’immigration française, sortis du système scolaire avant l’âge légal, le mot « laïcité » est inconnu ou détourné pour remettre en cause l’un des fondements de notre société, il est synonyme d’arnaque !Nous constatons que beaucoup d’autres vivent un malaise permanent : ils sont français mais nous ne les reconnaissons pas comme tels, et ils se sentent cantonnés à leur seule communauté. Alors le risque est grand pour certains, dans l’errance et l’oisiveté parfois subie, d’être happés par des sermonnaires doctrinaires radicaux. La laïcité devient pour eux le bras séculier du prosélytisme, et/ou un produit du Judaïsme et de la Franc-Maçonnerie.Ainsi, nous assistons de loin, impuissants, à une islamisation obscurantiste dans certains quartiers des grandes villes, et les esprits de ces jeunes se « talibanisent ». Il y a même des écoles non officielles qui donnent des cours de religion à des enfants d’école primaire. A noter que, dans ces quartiers, le taux de chômage et d’échec scolaire est bien au-dessus de la moyenne nationale.Laïcité et défense des héritages culturels ne sont pas antinomiquesLa majorité des citoyens français de confession ou de culture musulmane a adopté la laïcité. Cette majorité ne se reconnait pas dans cette jeunesse à l’idéologie douteuse d’inspiration salafiste ou wahhabite qui se focalise sur des règles vestimentaires et alimentaires.La majorité des citoyens français de tradition musulmane tient à la laïcité qui leur offre la possibilité de pratiquer ou pas, leur permet de réfléchir sur cette tradition en regard d’autres façons de penser. La majorité des citoyens français de confession ou de culture musulmane comprend la laïcité comme une garantie juridique et une neutralité de l’Etat dans tous les établissements publics, ces citoyens n’aspirent qu’à la tranquillité. La laïcité c’est le vivre-ensemble, avec ou sans le voile, qui n’est pas forcément mauvais une chose, disent-ils, mais ils réclament des imams francophones.Pourtant ces mêmes citoyens s’inquiètent de constater la présence croissante d’un « salafisme tentaculaire », qui divise les hommes et les femmes, divise les femmes entre elles. Des jeunes filles de 20/25 ans nommées « les VRP de la conversion » disent clairement ne plus vouloir saluer celles qui ne portent pas le voile. Et le nombre de ces converti(e)s va croissant.Notre exigence républicaine ferait-elle défaut des lors qu’il s’agit de l’islam ? De quoi aurions-nous peur ?Peur d’être laxistes, discriminants, anti-laïques, islamophobes ? Peur de ces extrémistes qui excellent dans l’art de la manipulation mentale envers nos jeunes en manque de repères ?Nous ne pensons évidemment pas que l’Islam interdise aux jeunes toute intégration potentielle, une telle pensée en effet conforterait la position des groupuscules radicaux qui disent déjà aux plus fragiles : « Etre français ne vous permettra jamais d’être de bons musulmans », d’où cette notion de « résistance musulmane » qui émerge dans certains quartiers. Aussi le fait religieux, au lieu de relier, est-il détourné pour être utilisé comme barrière entre le jeune et le reste de la société. Et Les plus fragiles de ces jeunes, trouvent au sein de ces groupes radicaux, un système social et une référence identitaire.Au nom de la liberté de conscience, et parce qu’ils se sentent abandonnés, certains élus locaux ont délégué la gestion des quartiers défavorisés aux religieux. Ainsi l’utilisation qu’en font certains aboutit à une religion vecteur de séparation et d’inégalité, surtout si l’Imam, étranger et ignorant de notre législation, n’est pas à même et/ou enclin à faire respecter les principes républicains.Quelles solutions ?Par la communication, le dialogue, le respect d’autrui, il est urgent que tous les services publics manifestent à nouveau leur présence dans les quartiers défavorisés, à condition que leur protection soit assurée, ce qui suppose tant un effort économique et un travail de pédagogie que le courage et la volonté politiques. « L’injection » du principe de laïcité ne peut se réaliser qu’avec la complicité, l’implication et les efforts de tous, en privilégiant aussi l’éducation populaire selon Condorcet. Faire aimer la République et la France dès le plus jeune âge pour faire naître « un autre possible pour tous »Donnons aux éducateurs, aux parents, aux professeurs, les outils de valorisation de leurs tâches éducatives, l’enjeu est collectif et impératif.Ne tolérons plus, sous prétexte d’Islam, des comportements d’incivilité et d’incivisme, qui mettent en péril les valeurs républicaines, nuisent à la laïcité et entravent l’égalité. Ces insultes, ces violences morales au quotidien, les tolérerions-nous chez d’autres ?Arrêtons de laisser « rebaptiser » la marche pour l’égalité en « marche des Beurs », le marché de Noël en « marché d’hiver ».Cessons de discriminer « les sans-porc » dans les cantines scolaires, et proposons à tous viande ou poisson ou œufs, pour qu’il n’y soit plus question de religion. Cessons de faire l’amalgame entre immigré et musulman et pensons en termes de citoyens français.Sachons identifier ce besoin de reconnaissance, sans sous-estimer la légitime revendication à l’égalité.Recherchons des solutions qui, sans introduire la stigmatisation, profitent à tout le monde.L’exigence républicaine accorde à tous les mêmes droits et réclame d’eux les mêmes devoirs, dans une exigence identique pour que triomphent la liberté et l’égalité.Nous Francs-Maçons, dans ce « pluralisme citoyen » qui nous place au cœur de la communauté de nos concitoyens, nous reconnaissons la volonté qui nous anime de rendre plus juste et plus fraternelle la société dans laquelle nous vivons.Conclusion :Restons prudents, prenons garde de ne pas dénoncer l’islam en tant que tel.Autant nous devons condamner énergiquement les comportements fanatiques, autant nous devons mettre en pratique notre Fraternité en allant vers la jeunesse « en mal de vivre » défavorisée, méprisée, pour l’écouter et lui transmettre les valeurs humanistes que nous défendons, avant qu’elle ne réponde aux sirènes « intégristes ». Nous avons le devoir d’œuvrer pour que l’égalité des chances ne devienne pas « un concept de ministère », et que l’avenir des Français, quelle que soit leur origine, ne se révèle pas « un cul de sac ».Sources : Adjoint au Maire Avignon - Responsable jeunes en TIG Tribunal Avignon - Directrice CAS quartier défavorisé - D. Bouzar, anthropologue - H. Chalgoumi, Imam Drancy - G. Bencheikh, HCI - Jeunes issus immigrationLaïcité : La laïcité et le DROIT HUMAIN Islam et Laïcité La laïcité en Alsace et Moselle La laïcité dans les DOM TOM Institutions et laïcité Ecole et laïcité Audition du Droit Humain au Sénat sur le financement des lieux de cultesMode d’emploi : Mode d’emploi de l’application mobile - Pour nous contacter : Tél :01.44.08.62.62Haut du formulaireBas du formulaireHaut du formulaireBas du formulaireA propos du Droit Humain – Fédération Française - Association Philosophique LE DROIT HUMAIN Fédération Française - LE DROIT HUMAIN est l’obédience maçonnique historique de la mixité, il proclame l’égalité de l’homme et de la femme qui doivent « parvenir sur toute la terre à bénéficier d’une façon égale de la justice sociale dans une humanité organisée en sociétés libres et fraternelles ».Mode d’emploi : Mode d’emploi de l’application mobile – Mentions : Mentions Légales Politique de confidentialité des données personnelles - Accueil Nous rejoindre Actualités Perspectives Nos travaux Notre histoire ©2020 Ordre Maçonnique Mixte et International LE DROIT HUMAIN - Fédération française – « L’expérience maçonnique en mixité » - Site public du DROIT HUMAIN INTERNATIONAL : ledroithumain.international - Source : https://www.droithumain-france.org/islam-et-laicite/Retour au sommaireC. Rubrique consacrée aux contributions de l’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France |
12.
Article de Wikipédia sur l’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh
Ghaleb Bencheikh el Hocine, né le 27 août 1960 à Djeddah (Arabie saoudite), est un islamologue franco-algérien. Réformateur de l’islam libéral, Ghaleb Bencheikh a été élu en décembre 2018 président de la Fondation de l’islam de France (FIF).
Biographie
Ghaleb Bencheikh est le fils du cheikh Abbas Bencheikh el Hocine, recteur de la Grande mosquée de Paris de 1982 à 1989, et le demi-frère du chercheur Soheib Bencheikh1. Il naît le 27 août 1960 à Djeddah, en Arabie saoudite, où son père représente le GPRA avant d’y devenir l’ambassadeur d’Algérie ; sa famille vit ensuite au Caire puis revient à Alger2.
Il suit des études de physique à l’Université Pierre-et-Marie-Curie et y obtient en 1990 un doctorat en présentant une thèse intitulée « Influence de la gravité sur un écoulement isobare monodimensionnel instationnaire avec apport de chaleur », sous la direction de Roger Prud’homme, chercheur du CNRS3,4.
Issu d’une famille de soufis algériens, Ghaleb Bencheikh estime que le soufisme constitue le cœur même de l’islam, alors qu’il est souvent perçu comme se situant à la périphérie5.
Il est président de la branche française de la Conférence mondiale des religions pour la paix, et est régulièrement l’invité de colloques et de congrès en France et à l’étranger. Vice-président des Artisans de paix et membre du comité de parrainage de la Coordination pour l’éducation à la non-violence et à la paix, il a été pendant cinq ans le vice-président de la Fraternité d’Abraham6.
Ghaleb Bencheikh est un réformateur de l’islam libéral7,8,9. Il soutient notamment la prière dirigée par des femmes et mixte, hommes et femmes mélangés10,11. Il est auteur d’ouvrages et d’essais ayant trait à la laïcité et au dialogue avec les autres religions.
Il a animé entre 2000 et 2019 l’émission Islam sur France Télévisions, dans le cadre du programme Les Chemins de la foi, le dimanche matin, et produit l’émission hebdomadaire Cultures d’islam, devenue depuis la mi-mai 2016 Questions d’islam, sur France Culture12,13.
Le 13 décembre 2018, Ghaleb Bencheikh est élu président de la Fondation de l’islam de France, par dix voix contre une (celle du représentant du CFCM)14, sur les onze voix du conseil d’administration15, succédant ainsi à Jean-Pierre Chevènement16,4,17.
Il est membre du conseil des sages de la laïcité, organe du ministère de l’Éducation nationale, depuis janvier 201818.
Ouvrages
- 2001 : Alors, c’est quoi l’islam ?, Paris, Presses de la Renaissance, 105 p. (ISBN 2-85616-845-0)
- 2002 : L’Islam et le Judaïsme en dialogue (avec Philippe Haddad et la collaboration de Jean-Philippe Caudron), Paris, Éditions de l’Atelier, 186 p. (ISBN 2-7082-3636-9)
- 2005 : La Laïcité au regard du Coran, Paris, Presses de la Renaissance, 297 p. (ISBN 2-85616-988-0)
- 2008 : Lettre ouverte aux islamistes (avec Antoine Sfeir), Montrouge, Bayard, 141 p. (ISBN 978-2-227-47703-2)
- 2008 : Juifs, Chrétiens et Musulmans : ’Ne nous faites pas dire n’importe quoi !’ (avec Philippe Haddad et Jacques Arnould), Montrouge, Bayard, 286 p. (ISBN 978-2-227-47777-3)
- 2009 : Le Coran, Paris, Eyrolles, coll. « Eyrolles pratique », 219 p. (ISBN 978-2-212-54498-5)
- 2015 : Le Coran : Une synthèse d’introduction et de référence pour éclairer le contexte, les épisodes, les valeurs et l’actualité du texte, Paris, Eyrolles, coll. « Eyrolles pratique / Religion », 222 p. (ISBN 978-2-212-56251-4) ; réédition 2018 (ISBN 978-2-212-57077-9)
- 2018 : Petit manuel pour un islam à la mesure des hommes, Paris, Jean-Claude Lattès, 189 p. (ISBN 978-2-7096-6086-0)
Source de l’article complet avec notes et références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ghaleb_Bencheikh
13.
Ghaleb Bencheikh El Hocine, Président de la Fondation de l’Islam de France – Document ‘fondationdelislamdefrance.fr’
Photo - Ghaleb Bencheikh. Crédit photo Astrid di Crollalanza
Ghaleb Bencheikh El Hocine est docteur ès sciences diplômé de l’Université Paris 6 et a suivi parallèlement une formation philosophique à l’Université Paris 1. Islamologue, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont principalement un Petit manuel pour un islam à la mesure des hommes (JC Lattès, 2018) ; Le Coran expliqué (Eyrolles, rééd. déc. 2018) ; Juifs, Chrétiens et Musulmans : « Ne nous faites pas dire n’importe quoi ! » (avec Philippe Haddad et Jacques Arnould, Bayard 2008) ; Lettre ouverte aux islamistes (avec Antoine Sfeir, Bayard, 2008), La laïcité au regard du Coran (Presses de la Renaissance, 2005). Il produit et anime l’émission Questions d’islam sur France Culture. Il a présenté l’émission Islam sur France Télévisions le dimanche matin de 2000 à 2019. Il est membre du Conseil des sages de la laïcité.
Ghaleb Bencheikh est l’invité de colloques et de conférences, en France et à l’étranger, dont le sujet est la laïcité ayant trait aux problématiques des sociétés contemporaines. Il également président de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix - France.
Le 13 décembre 2018, il a été élu président de la Fondation de l’Islam de France, où il succède à Jean-Pierre Chevènement.
Fondation de l’Islam de France
Reconnue d’utilité publique le 5 décembre 2016, la Fondation de l’Islam de France (FIF) a été créée à la suite des attentats de novembre 2015. Elle est née notamment de la volonté de contrecarrer, par la connaissance et la culture, l’idéologie salafiste, réductrice et manichéenne, qui nourrit le terrorisme djihadiste. La Fondation est laïque et œuvre dans les champs éducatif, culturel et social. Son objet n’est pas religieux mais profane ; elle n’est pas communautaire.
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Source : https://fondationdelislamdefrance.fr/ghaleb-bencheikh/
14.
Débat Ghaleb Bencheikh vs Alain Finkielkraut - ’Islam & Démocratie’ Vidéo 1:02:09 - 29 avril 2015 - al-kawakibi Foundation
L’islam et la démocratie sont-elles deux entités incompatibles ? Les musulmans sont ils une menace pour la France ? y a- t-il une civilisation Européenne étrangère à une dite civilisation islamique ? Pour répondre aux questions de Sophie Gherardi, (rédactrice en chef chez Faitreligieux.com), nous accueillons Alain Finkielkraut, (philosophe, écrivain) dont les positions critiques sur l’islam et les musulmans ne nous laissent pas indifférents.
Au même titre que des Zemmour ou des Houellebeck, le problème ce serait l’islam et les musulmans et qu’un clash des civilisations serait inévitable. Face à ce dernier il était nécessaire d’opposer une parole d’érudition et apaisée face à laquelle toute polémique serait stérile. Ghaleb Bencheikh astrophysicien, philosophe et théologien incarne mieux que personne cette voix érudite et éloquente, soutenant l’idée que la civilisation dite européenne est comptable d’héritages islamiques et que ce qu’on présente comme étant les valeurs des lumières ne sont évidemment pas incompatibles avec l’islam. parmi les théologiens musulmans, un travail d’autocritique important est mené et cette initiative n’en est qu’une illustration parmi tant d’autre
Source : https://www.youtube.com/watch?v=fqqbLjFwVeY
15.
Ghaleb Bencheikh s’exprime sur la question du voile Vidéo 7:03 - 17 janvier 2020 - Fondation de l’Islam de France
« Je suis extrêmement respectueux des femmes voilées. Mais d’un point de vue civilisationnel, je pense que nous vivons une régression terrible » Ghaleb Bencheikh s’exprime sur le voile lors de l’université populaire itinérante de Nantes le 14 novembre 2019 Un membre de l’assistance pose une question : « Je fais partie des personnes qui ne comprennent pas votre position sur le sujet du voile en France. Je pense que la posture à avoir dans ce sujet-là est la défense des libertés individuelles et non l’exposition des différents avis à ce sujet. (…) Il est important de respecter le choix de porter le voile ».
Ghaleb Bencheikh lui répond : « Quiconque a envie de se vêtir comme il l’entend en France a le droit de le faire. Qui suis-je pour entrer par effraction dans la conscience des êtres humains, pour leur dire ’tu t’habilles comme ça ou tu t’habilles comme ça’ ? Je ne pourrais jamais me permettre une telle forfaiture ! (…) Je suis extrêmement respectueux des femmes voilées. (…) Mais d’un point de vue civilisationnel, je pense que nous vivons une régression terrible. »
Source : https://www.youtube.com/watch?v=N6goWNKBUEc
16.
La laïcité à l’épreuve des amalgames par Ghaleb Bencheikh Vidéo 44:23 25 janvier 2020 - ACTISCE Patronage Laique Jules Vallès
La laïcité est née au sein des Lumières. Elle souffre d’amalgames voire de méprises concernant son application. Le concept de laïcité a pris naissance au sein même de l’idéal des Lumières. Participant à une aspiration d’émancipation des individus face à toute forme de pression tant affective qu’idéologique, voire même familiale, la laïcité n’a été consacrée juridiquement en France qu’au début du XXème siècle, plus de deux siècles après la parution du Traité théologico-politique de Spinoza.
Aujourd’hui, ce principe fondateur de la République semble est menacé par des amalgames, des méprises concernant son application et plus gravement encore, souffre d’être dévoyé pour en devenir son contraire et servir le communautarisme. Il est urgent de faire la lumière sur ce que promeut aujourd’hui la laïcité en France pour faire face aux enjeux contemporains. C’est pourquoi, l’esprit critique et la raison ne peuvent faire l’économie de remettre en chantier ce sur quoi elle pense et par là même ce sur quoi elle ne pense pas (son impensé). Non qu’il faille faire table rase du passé pour prendre une feuille blanche, mais au contraire s’inspirer du passé pour continuer dans le même élan initié par les Lumières des XVIIème et XVIIIème siècles.
Au chaos du début de siècle, et face à l’accélération voire l’invasion des technologies dans notre quotidien, il semble bien qu’il nous faille reprendre le travail après les Lumières. Oser penser qu’il y a de l’inachevé dans ce qu’Elles nous ont laissé.
Ghaleb Bencheikh est Docteur es sciences. De double formation scientifique et philosophique, il est islamologue et auteur de nombreux ouvrages, notamment d’essais ayant trait à la laïcité et ou fait islamique en lien avec les problématiques des sociétés contemporaines. Il produit et anime l’émission Questions d’islam, sur France Culture, et présente l’émission Islam sur France 2. Il est fait partie du Conseil des sages de la laïcité présidée par Dominique Schnapper et mis en place par le Ministère de l’Education national. En 2018, il est nommé président de la Fondation de l’Islam de France succédant ainsi à Jean-Pierre Chevènement.
En savoir plus – Source : https://www.youtube.com/watch?v=tTR9JGTbg00
17.
Laïcité et émancipation (discussion) par Ghaleb Bencheikh Vidéo 29:48 - 07 juin 2020 - ACTISCE Patronage Laique Jules Vallès
’La laïcité participe, à titre à la fois conceptuel et juridique, à l’émancipation de chaque individu. C’est en résistance aux violences provoquées par les discordes religieuses que l’Europe a progressivement promu la laïcité. L’universalisme laïque se construit à distance de tout préjugé et aux antipodes de toute idéologie ethnocentriste ou communautariste. Il y a donc un paradoxe à constater aujourd’hui que certains biais amènent à voir dans la laïcité un facteur de racisme ou d’exclusion. Ghaleb Bencheikh est Docteur es sciences. De double formation scientifique et philosophique, il est islamologue et auteur de nombreux ouvrages, notamment d’essais ayant trait à la laïcité et au fait islamique en lien avec les problématiques des sociétés contemporaines. Il produit et anime l’émission Questions d’islam sur France Culture, et il a présenté l’émission Islam sur France Télévisions le dimanche matin de 2000 à 2018. Il fait partie du Conseil des sages de la laïcité présidée par Dominique Schnapper, mis en place par le Ministère de l’Education nationale. En 2018, il est nommé président de la Fondation de l’Islam de France succédant ainsi à Jean-Pierre Chevènement.’
https://www.youtube.com/watch?v=s_uvmnC6Zyc
18.
Islam et laïcité une irréductible incompatibilité - Questions à Ghaleb Bencheikh Vidéo 44:17 - 15 juillet 2020 - ACTISCE Patronage Laique Jules Vallès
L’idée laïque a été profitable pour insérer et rassembler les gens dans la société, en instituant que le religieux demeure écarté du politique. La laïcité a permis une évolution de la société qui s’est elle-même répercutée sur la chrétienté. Ceci dit, les changements au sein de l’Eglise catholique résultent d’un processus lent. L’esprit laïque allant de pair avec un exercice critique, il s’agit d’interroger la façon dont la laïcité peut aujourd’hui travailler l’Islam. Si certains doutent de la compatibilité de l’Islam avec la laïcité, du fait notamment de l’existence d’un Islam politisé, la laïcité, en tant que principe fédérateur, se comprend au delà de toutes les religions. Alors dans quelle mesure l’Islam échapperait-il à cela ?
Ghaleb Bencheikh est Docteur es sciences. De double formation scientifique et philosophique, il est islamologue et auteur de nombreux ouvrages, notamment d’essais ayant trait à la laïcité et au fait islamique en lien avec les problématiques des sociétés contemporaines. Il produit et anime l’émission ‘Questions d’islam’ sur France Culture, et il a présenté l’émission Islam sur France Télévisions le dimanche matin de 2000 à 2018. Il est fait partie du Conseil des sages de la laïcité présidée par Dominique Schnapper, mis en place par le Ministère de l’Education nationale. En 2018, il est nommé président de la Fondation de l’Islam de France succédant ainsi à Jean-Pierre Chevènement.
Source : https://www.youtube.com/watch?v=qMDxHw6IA4s
19.
Notice de France Culture sur Ghaleb Bencheikh – Document ‘franceculture.fr’
Ghaleb Bencheikh islamologue, président de la Fondation de l’islam de France et producteur de l’émission ’Questions d’islam’, le dimanche de 7h05 à 8h sur France Culture - En savoir plus
Biographie de Ghaleb Bencheikh
Ghaleb Bencheikh, islamologue, président de la Fondation de l’islam de France et producteur de l’émission ’Questions d’Islam’, le dimanche de 7h05 à 8h sur France Culture :
Islamologue de formation scientifique et philosophique, Ghaleb Bencheikh est l’auteur de nombreux ouvrages ayant trait à la laïcité et au fait islamique. Il donne des conférences dans des colloques nationaux et internationaux.
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Source : https://www.franceculture.fr/personne-ghaleb-bencheikh.html
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Interview - « La Constitution prime sur la chari’a » Par Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’Islam de France, à L’Expression [L’Expression : Quotidien national d’information Algérien]–Par Ali GHANEM - Document ‘lexpressiondz.com’
Ghaleb Bencheikh
Photo : Ghaleb Bencheikh
En France, la décapitation par un jeune terroriste tchétchène d’un professeur qui, dans un cours d’instruction civique consacré à la liberté d’expression, avait évoqué les caricatures du prophète Mohamed (Qsssl), affole l’homme de la rue et les partis politiques. On parle de guerre contre les islamistes et on demande au gouvernement des mesures d’exception. Les partis d’opposition de droite clament : « Si nous étions au pouvoir nous n’en serions pas arrivés là » et la religion musulmane devient une affaire politique. Les amalgames se multiplient entre Islam et islamisme et plongent dans l’inquiétude et l’incompréhension beaucoup de musulmans. Deux femmes voilées ont été frappées au pied de la tour Eiffel par des individus qui leur ont enlevé leur foulard et leurs agresseurs ont été arrêtés.
Une cinquantaine d’associations présumées islamistes, parmi lesquelles le Ccif (Collectif contre l’islamophobie en France), ont été dissoutes et le gouvernement a fermé la mosquée de Pantin. On parle d’expulser 231 étrangers radicalisés et une nouvelle loi destinée à préciser les conditions d’application de la laïcité, en cours d’élaboration avant l’attentat, sera examinée par le Parlement avant la fin de l’année et durcira sans aucun doute l’arsenal antiterroriste. Dans cette interview, le président de la Fondation de l’Islam de France, Ghaleb Bencheikh se prononce sur nombre de questions brûlantes.
Ali Ghanem : Quel est exactement le rôle de la fondation de l’Islam en France ?
Ghaleb Bencheikh : Le rôle de la Fondation de l’Islam en France ou de l’Islam de France - le vocabulaire se stabilisera bientôt - est avant tout un rôle éducatif, culturel, social, humanitaire et philanthropique.
Il s’agit de l’Islam écrit avec une majuscule et l’Islam écrit avec un grand i cela renvoie à la civilisation et aux cultures des Empires musulmans. (N’oublions pas qu’à un moment donné nous avions trois empires concomitants : l’Empire ottoman, l’Empire safavide et l’Empire moghol).
Ramener les aspects culturels, civilisationnels, éducatifs et sociaux à la question islamique en France, c’est aussi une manière de résoudre la question épineuse de l’Islam en France et en Europe.
Qu’est-ce qu’on entend par Islam de France ? Y aurait-il plusieurs islams ?
C’est un problème de vocabulaire que je vais expliquer.
Le hadith de Jibril, dans lequel selon la tradition l’ange Gabriel vient interroger le Prophète (Qsssl) sur les fondements de la religion, ne définit, bien sûr, qu’un seul islam qui universalise tous les musulmans de par le monde.
Cependant, si je vis en Indonésie, à Zanzibar, au Yémen, au Canada ou en France, je ne pratiquerai pas ma religion de la même façon et je n’aurai pas le même rapport à la religion.
En France, qui est un Etat laïque, on doit pratiquer sa religion et vivre sa foi dans le cadre des lois républicaines, qui assurent le primat de la Constitution, la Loi fondamentale du pays, sur toute loi religieuse (et donc sur ce qu’on appelle la chari’a).
C’est pour cela, entre autres, qu’on dit qu’on vit un Islam de France.
Cependant, face à une minorité qui porte préjudice à la majorité des musulmans, pourquoi ne voit-on pas des musulmans dans la rue pour clamer leur désaccord à propos de la violence et du terrorisme ?
L’histoire est faite des minorités actives, en effet.
Il est vrai que cela occasionne beaucoup de dégâts de ne pas voir les musulmans manifester en tant que tels, mais comment les repérer au sein d’une manifestation ?
Quand 4 millions de citoyens français sont sortis manifester après les attentats de Charlie, il y avait dans la foule,
400 000 musulmans, soit exactement la même proportion de musulmans que dans la population nationale (10%).
Auraient-ils dû mettre un bandeau « je suis musulman » ? Aurait-on dû chercher dans cette foule les femmes voilées et les barbus ?
Ce jour-là, les musulmans sont allés manifester comme citoyens et non en tant que tels.
Si l’on veut une manifestation où les musulmans sont sortis dans la rue en tant que tels, on peut citer le cas de Mantes-la-Jolie où 6000 musulmans ont manifesté au lendemain de l’attaque qui avait pris pour cible un couple de policiers à Magnanville, mais les médias n’en ont pas parlé.
Les Français que j’ai interrogés disent aussi qu’à la différence des musulmans, les Asiatiques et les juifs pratiquent leur religion en toute discrétion sans poser de problème.
Distinguons deux choses : s’il s’agit des citoyens juifs, ils sont peu nombreux, ils sont éduqués et ils sont bien organisés et cette structuration s’est faite sur deux siècles puisque c’est Napoléon qui a convoqué une assemblée rabbinique (le Grand Sanhédrin) pour définir l’organisation des juifs dans son empire. Leur ancrage dans la nation française a donc eu le temps de s’affirmer.
Difficile d’attendre la même chose d’une communauté dix fois plus nombreuse, d’implantation récente et qui souffre d’indigence intellectuelle, de déscolarisation et de déshérence culturelle.
En ce qui concerne les Asiatiques, on met sur le même pied d’égalité une ethnie, les Asiatiques et une religion, les musulmans, or parmi les Asiatiques il y a aussi des musulmans.
Pour la cohérence du propos, dès qu’on parle des Asiatiques, il faudrait parler des Maghrébins et des Subsahariens. Mais laissons de côté cette question de concept :
oui les Asiatiques sont discrets, oui ils ne font pas trop de vagues, oui ils règlent leurs problèmes entre eux alors que les Maghrébins et les Subsahariens manquent souvent de finesse, d’éducation et de sagesse.
Raison de plus pour que la fondation les aide à adopter une manière de vivre faite de calme et de sérénité.
À propos de visibilité de l’Islam dans la rue, beaucoup lient l’Islam au voile, mais le voile a des origines bien plus anciennes et l’imam Kahina Bahloul ne porte pas le voile, qu’en pensez-vous ?
La première fois où la question du voile a fait son apparition dans l’histoire, c’est dans la tablette A 40 des lois assyriennes. C’est en effet le roi Teglath-Palasar 1er (1115-1077 avant J.-C), qui a pris sur lui de couvrir les cheveux de l’hiérodule - c’était une femme attachée au service d’un temple, mais aussi une sorte de courtisane dédiée à une divinité particulière et réservée au grand prêtre-.
Par la suite, l’obligation faite aux femmes d’avoir une coiffe qui cache leur chevelure ne concernait que les femmes de haut rang, les autres, au contraire, ne devaient pas être voilées. Cette pratique s’est étendue au-delà du mont Taurus en Asie mineure et on la retrouve au Moyen-Orient. Dans une approche religieuse, le voile est mentionné dans le judaïsme antique et dans le christianisme.
L’imam Kahina Bahloul ne porte pas le voile car, me semble-t-il, elle en a une compréhension large et symbolique, celle de la pudeur et de l’honneur qui n’ont pas à être médiatisées par un tissu. Elle sait sûrement que très tôt à Médine, hommes et femmes faisaient ensemble leurs ablutions, avant la prière, dans un même bassin. Tout comme elle sait que le calife Omar a battu une femme de basse extraction parce qu’elle avait osé se voiler...
Cette affaire semblait réglée une bonne fois pour toutes dans les contrées islamiques dans les années soixante. Aucune élève et aucune étudiante n’allait au lycée ou à l’université voilée de Djakarta à Zanzibar, de Casablanca à Peshawar et de Tanta à Dakar.
En Algérie, sous férule coloniale, Abdelhamid Ben Badis a fondé des instituts mixtes dans un temps où l’école communale séparait les garçons des filles. Les institutrices qui y enseignaient n’étaient pas voilées. Et lui-même, comme guide spirituel du mouvement scout islamique, voyait bien que les garçons étaient en bermudas et les filles en jupe. Si elles devaient avoir un quelconque foulard, il n’était qu’autour du cou !
Le phénomène du voilement n’a surgi qu’avec la révolution de Khomeiny auquel a répondu la déferlante wahabo-salafiste dans sa version la plus rigoriste.
Il est question de légiférer sur l’islam en France et dans un premier temps on a parlé d’une loi sur le séparatisme, maintenant on parle d’une loi de laïcité. S’agit-il de substituer une nouvelle loi à la loi de 1905 ?
Non au contraire, il s’agit de la compléter et de renforcer pour passer de la loi de 1901 à la loi de 1905 en ce qui concerne la gestion des lieux de culte musulmans parce que certaines mosquées sont gérées par des associations de la loi de 1901 qui laissent une grande liberté dans l’organisation et le fonctionnement des associations alors qu’il faudrait davantage de rigueur dans ce domaine.
Laurent Nunez, spécialiste du terrorisme et conseiller d’Emmanuel Macron recense 8.000 musulmans radicalisés et surveillés par la police. D’où vient cette radicalisation ?
Malheureusement, quand on analyse la radicalisation, on a trop souvent recours à des explications sociologisantes de la question du terrorisme, du djihadisme, de la violence, qui recherchent des excuses.
Or qui dit analyser, ne dit pas excuser- (on a eu un ancien Premier ministre qui a dit qu’essayer de comprendre c’est déjà excuser, mais il se trompait).
Comprendre ne veut en aucun cas dire admettre.
Les explications qu’on a voulu donner sont des explications complexes, enchevêtrées, composites, dont la grille de lecture est stratifiée.
Il y a une analyse sociologique, une explication politique, une lecture économique, une présentation psychanalytique, une compréhension nihiliste et bien sûr une dernière approche théologique.
Moi je retiens deux explications. La première est d’ordre social. Beaucoup de jeunes gens, davantage des garçons que des filles, ont épuisé la question de l’identité uniquement dans le discours religieux. Cela leur a donné une forme de fierté et aussi une sorte de référence qui les a fait passer de la délinquance à la militance.
Marginalisés, déscolarisés, précarisés, déshumanisés, ils ont trouvé dans le discours djihadiste et dans l’idéologie mortifère de la violence de quoi structurer leur psyché qui était totalement déstructurée.
Sont venus s’y ajouter le manque de repères, l’absence du père, les carences affectives et la crise du monde islamique, car il y a malheureusement une crise du monde islamique qui se traduit par l’obsession de la norme religieuse, un discours de pensée magique, une hantise du non-permis (ceci est licite, ceci ne l’est pas).
Tout cela a contribué à donner un peu de rigueur et structurer le comportement de ces jeunes gens, qui théâtralisent la violence, esthétisent la barbarie, et ont été aimantés par le discours de Daesh.
À propos du communautarisme, certains assurent que tous les problèmes de terrorisme, d’islamisme et de racisme viennent des gouvernements français successifs qui ont relégué les immigrés en banlieue dans des ghettos.
Oui, à ceci près qu’il faut dissocier la question de l’Islam de la question de l’immigration, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de recoupement.
D’un côté on a une religion et une civilisation et d’un autre côté on a l’affaire de l’immigration.
L’Islam a une longue histoire aussi en Europe, c’est méconnu, mais cela existe. À un moment de son histoire, la France a, elle aussi, connu l’Islam et est devenue une puissance musulmane (au moins sur le plan démographique) avec son empire colonial.
Ce qui est nouveau, c’est la présence sur le sol métropolitain - qualifiée de massive par certains - d’immigrés qui se trouvent être de confession islamique et qui ne comprennent même pas leur propre religion.
Et c’est vrai, la difficulté provient du fait qu’il n’y a pas eu de politique de la ville, intelligente, respectueuse de la dignité des personnes. On les a parqués dans des ghettos où on les a laissés se recroqueviller sur eux-mêmes avec une compréhension erronée de leur propre religion et devenir la cible de la déferlante wahabo-salafiste.
Autres articles :
L’Ecole des énergies renouvelables de Batna : un fleuron de la transition énergétique (en Algérie) - Chems Eddine CHITOUR(photo) - Photo : cette école a été l’œuvre du professeur Chitour - Extraits
« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer » Guillaume d’Orange…
Conclusion - On le voit, l’Algérie devra plus que jamais compter sur soi. La panoplie des possibilités est féconde, l’essentiel est d’expliquer pédagogiquement aux citoyens cette transition énergétique vers le développement durable. Tous les secteurs sont concernés par la sobriété en tout et l’appel à l’intelligence. Le Développement humain durable serait la solution au problème.
En définitive, il n’est pas interdit de penser à moyen terme avec la disponibilité de l’électricité renouvelable à la mise en place justement d’une Transsaharienne électrique d’Alger à Tamanrasset qui permettra d’irriguer les nouvelles villes et qui pourrait faire de Tamanrasset la porte de l’Afrique, la disponibilité de l’eau et de l’électricité verte seront des facteurs contribuant à la création de richesse dans le secteur agricole, le secteur industriel mais aussi toutes les activités du secteur tertiaire C’est à nous tous de faire preuve d’imagination pour mobiliser les financements Cela permettra ainsi d’imaginer un nouveau Schéma national d’aménagement du territoire (Snat) où le Sud dégorgera le Nord en offrant des possibilités de création de richesse et d’emplois aux centaines de milliers de diplômés qui pourront montrer leurs talents dans des milliers de start-up, de micro-entreprises.
Enfin, c’est à l’école que nous formerons l’éco-citoyen de demain. C’est au lycée que nous proposerons un baccalauréat du développement durable C’est à l’université et au sein de la formation professionnelle que nous proposerons les métiers de la mise en oeuvre de la transition énergétique en terme de cursus de formation pour les ingénieurs et les techniciens.
Cette nouvelle vision est la seule à même de nous permettre de laisser un viatique aux générations futures Il y a un train à prendre, celui de la modernité, du développement scientifique et technologique. Nous allons relever ce défi avec l’apport de chacun. Il s’agit des fondations d’une Algérie nouvelle qui aura fort à faire dans un environnement impitoyable. Et comme le martèle si bien Nietzsche : « Périssent les faibles et les ratés » Nous ne serons pas faibles si nous sommes unis.
Lire aussi dans « L’analyse du Professeur CHITOUR » :
- Aouel Moharrem Un repère cultuel qui doit nous inciter à la science
- Le professeur Grangaud tire sa révérence Hommage à un juste
- Le professeur chitour lance le concept pour une nouvelle économie solidaire La sobriété énergétique
- Ramadhan et Aïd au temps du coronavirus Le nouveau Satan s’appelle Covid-19
Source : https://www.lexpressiondz.com/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/un-fleuron-de-la-transition-energetique-319372
Aussi : Les pandémies vont se multiplier et faire plus de morts
À moins d’une transformation radicale du système économique, les pandémies comme le Covid-19 vont se multiplier et faire plus de morts, alertent des experts de l’ONU sur la biodiversité (Ipbes) soulignant l’immense réservoir de virus inconnus dans le monde animal. « Sans des stratégies de prévention, les pandémies vont émerger plus souvent, se répandre plus rapidement, tuer plus de gens et avoir des impacts dévastateurs sans précédent sur l’économie mondiale », met en garde ce rapport.
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L’Expression : Quotidien national d’information Algérien -Tél. : 023 70.94.01 - 023 70.94.03 - 023 70.94.11 - Fax : 023709398 - Journal national d’information - Maison de la presse Kouba Alger - © www.lexpressiondz.com - tous droits réservés - Conception et Réalisation
Fichier:Logo lexpression.jpg — Wikipédia
Source : https://www.lexpressiondz.com/nationale/la-constitution-prime-sur-la-chari-a-336986
Voir aussi : L’Expression est un quotidien généraliste algérien en langue française. Lire sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Expression_(Alg%C3%A9rie)
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Entretien - Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France : “l’affaire du burqini vise à tester la République” 23 janvier 2020 – Document ‘fondationdelislamdefrance.fr’ - Place Gre’net, propos recueillis par Patricia Cerinsek, le 21 janvier 2020 -
L’islamologue Ghaleb Bencheikh sera vendredi 24 janvier 2020 au Musée de Grenoble pour une conférence sur « la République et l’islam », à l’invitation de l’association Atllas. Il revient pour Place Gre’net sur la nécessaire séparation entre le politique et le religieux. Et sur la provocation qu’il juge « inacceptable » des opérations burqini dans les piscines municipales de la ville, l’été dernier. Pour le président de la Fondation de l’Islam de France, le maillot intégral relève du « bricolage théologico-politique pour des considérations identitaires ».
Photo - L’islamologue Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France. © Astrid di Crollalanza - Source : article Ghaleb Bencheikh : le burqini “vise à tester la République” | Place Gre’net – Place Gre’net
Patricia Cerinsek : Le titre de votre conférence met en parallèle la République et l’islam, sans intégrer la seconde dans la première. L’islam est-il incompatible avec les valeurs de la République ?
Ghaleb Bencheikh : De prime abord, il y aurait une incompatibilité irréductible. Mais, pardonnez-moi de revenir sur votre question : le concept d’« islam » et celui de « République » ne sont pas dans le même registre épistémologique.
La République désigne un mode de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par des personnes élues ; elle est le cadre dans lequel se vit la nation. Et l’islam est une tradition religieuse et, en principe, un système pourvoyeur d’éthique et d’élévation spirituelle.
Maintenant, la triade républicaine « liberté-égalité-fraternité » n’est pas incompatible avec les valeurs d’entraide que prône la tradition religieuse islamique. Poser la question entre l’islam et la République, ce serait poser la question entre la République et d’autres traditions religieuses du monothéisme abrahamique. Il s’agit de respecter le primat de la loi commune et du droit positif sur toute autre loi d’inspiration religieuse. La séparation de la politique d’avec la religion est un acquis de la modernité. Il n’y a aucune raison, en France, pour que les citoyens musulmans ne l’observent pas et ne s’y trouvent pas. La force est à la loi. Sinon, ce serait la loi de la force et nous n’en voudrions pas.
Quel est, aujourd’hui en France, le poids et l’influence des Frères musulmans ? Avec quelle emprise sur les électeurs de confession musulmane ?
Qu’il y ait de l’activisme politique de la mouvance des Frères musulmans en France, c’est une réalité indéniable. Il y avait une prise en charge sociale de la jeunesse dans les quartiers dits « sensibles ». Je ne connais pas actuellement leur véritable « aide ». Il me semble que leur influence est en ce moment contenue.
Il faut toutefois rester vigilant quant aux méfaits de l’activisme politique qui émane des Frères musulmans. De toute façon, on ne peut pas accepter l’islamisme politique, ni l’idée qu’on doit gérer les affaires de la cité selon le désir politique de Dieu. La plus grande arnaque intellectuelle est d’avoir considéré le Coran comme une constitution de l’État moderne. Je ne suis pas sûr qu’il y ait un vote musulman. Les citoyens musulmans dans leur globalité, n’obéissent pas à des consignes de vote univoques d’une manière disciplinée. Ils sont même très divisés politiquement. Néanmoins, dans certaines municipalités, il y a une réalité d’inféodation à des activistes islamistes. Auquel cas, le clientélisme de certains élus est préjudiciable à l’ensemble.
Comment avez-vous perçu les actions coup de poing portées par l’Alliance citoyenne à Grenoble, notamment pour introduire le burqini dans les piscines municipales ? Peut-on y voir l’émergence d’un islam politique ?
Cette affaire du burqini est une provocation inacceptable. Le burqini n’a aucun fondement canonique. Les salafistes attachés à la pudibonderie ont un problème avec la nudité : il ne leur suffit pas de ne pas exposer la leur, ils doivent aussi ne pas regarder celle des autres. Le burqini relève du bricolage théologico-politique pour des considérations identitaires. Gageons que ce n’est qu’un épiphénomène qui disparaîtra, même si son apparition a pour but de tester la République. Il faut savoir l’endiguer sans faillir ni faiblir.
Conférence de Ghaleb Bencheikh le 24 janvier 2020 à 18h30 au musée de Grenoble, 5 place de Lavalette, entrée libre sans réservation.
22.
Enseignant décapité : ’Trop c’est trop, ça suffit !’, s’insurge le président de la Fondation de l’islam de France – Document ‘Franceinfo Radio France’ - Publié le 19/10/2020 08:11 - Mis à jour le 19/10/2020 09:44
’Lorsqu’on est civilisé on obéit au droit’, martèle Ghaleb Bencheikh qui rappelle également que la tradition de l’islam est de respecter ’le maître, le professeur, celui qui donne à comprendre, qui transmet le savoir et la connaissance’. Il appelle les ’théologiens, philosophes, intellectuels musulmans’ à entreprendre ’une refondation de la pensée’.
Photo - Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France, 29 août 2016. (NICOLAS KOVARIK / MAXPPP)
Depuis l’attentat de vendredi dont Samuel Paty, un professeur d’histoire-géographie a été victime, le ministère de l’Intérieur et la plateforme Pharos [plateforme de signalement des contenus et comportements illicites sur internet] ont identifié 80 messages qui soutiennent l’action de l’agresseur de Samuel Paty, a annoncé dimanche l’Élysée à l’issue du Conseil de défense. Dès lundi, des procédures seront diligentées contre les personnes qui les ont diffusés. ’Trop c’est trop, ça suffit, le travail est à mener’ pour éviter de tels actes, a déclaré lundi 19 octobre sur franceinfo Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France.
Des mesures vont être prises, notamment des contrôles de police chez les personnes ayant soutenu le tueur. Les associations au discours de haine sont également visées. Que pensez-vous des annonces d’Emmanuel Macron ?
Elles sont bonnes, elles arrivent tardivement, mais mieux vaut tard que jamais et c’est ce qu’il faut faire. Il faut faire évoluer le droit, nous sommes dans un État de droit et lorsqu’on est civilisé on obéit au droit.
Avez-vous le sentiment qu’on s’apprête à confondre l’islam de haine et celui que vous défendez ?
Mon horizon c’est la nation française et pourquoi pas au-delà si je suis dans une approche humaniste et de fraternité entre les hommes. Je ne défends pas un islam en particulier.
Les préceptes de bonté, d’amour, de miséricorde ont été bafoués depuis longtemps et avilis par les jihadistes et les extrémistes et il est temps, aussi, que d’un point de vue théologique il y ait une réforme de la pensée théologique et philosophique au sein de la tradition religieuse islamique pour renouer avec ce qui a pu se passer à travers l’histoire.
Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France à franceinfo
Il est temps de conjuguer un humanisme totalement oblitéré et effacé des mémoires qui a prévalu dans les contextes islamiques avec l’héritage des Lumières. Dans notre pays c’est possible.
Que faut-il faire ?
Il y a trois types de ripostes. Une première, c’est celle que nous avons vue dès hier, elle est d’ordre sécuritaire et de prise de conscience de l’ensemble du peuple de France puisque pour l’instant nous sommes chez nous en France. Deuxièmement, c’est la réponse éducative, culturelle et sociale. Il incombe aux théologiens, aux philosophes, aux intellectuels musulmans d’entreprendre un travail qui dépasse le simple aggiornamento [mise à jour] qui est une refondation de la pensée sur des chantiers titanesques. La liberté, la liberté de conscience, d’expression, l’égalité fondamentale entre les êtres humains, quel que soit le genre, l’orientation métaphysique ou spirituelle, la désacralisation de la violence, l’autonomisation du champ du savoir et de la connaissance par rapport à celui de la révélation et de la croyance et aussi libérer le sujet humain de la pression communautaire, surtout si celle-ci est obsédée par la norme canonique. Ce travail est à mener nécessairement. À chaque fois nous disons que c’est l’attentat de trop, on est sidéré, après la sidération c’est la révolte, on dit que le cauchemar continue mais il n’y a pas de mesures réalisées. Trop c’est trop, ça suffit, le travail est à mener, il faut qu’il porte ses fruits.
Comment le militant Abdelhakim Sefrioui a-t-il pu avoir un rôle aussi important ?
C’est de l’autoproclamation, personne ne l’a mandaté. Je ne sais pas comment il a pu agir de la sorte. C’est une affaire aussi de vigilance de la part des services de sécurité et des renseignements généraux. Maintenant il doit répondre de ce qu’il a fait sur le plan pénal et je le laisse à sa conscience. Le rôle des imams, des aumôniers, des prédicateurs, des cadres du culte, parmi les musulmans doivent aussi avoir un travail de veille, de vigilance, et appeler à vivre au sein de la République selon les lois de la République. Un enseignant ne fait rien d’autre que d’appliquer son programme qui est une émanation de la loi commune. En même temps, il faut conjuguer cela avec la grande tradition au sein de l’islam qui respecte le maître, le professeur, celui qui donne à comprendre, qui transmet le savoir et la connaissance.
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Décryptages - Sondage IFOP pour Charlie Hebdo - SOS fraternité : comment s’appuyer sur les 82% de Français musulmans qui condamnent le massacre de Charlie Hebdo pour éviter le gouffre vers lequel nous attirent ceux qui ne le font pas...? Avec Malik Bezouh,Ghaleb Bencheikh,Guylain Chevrier – Document diffusé par ‘atlantico.fr/decryptage’
La France est-elle tombée dans un piège identitaire qui ne peut que se creuser avec la montée des nouvelles générations ? Comment ramener ces jeunes vers un sentiment d’appartenance à la communauté nationale ?
Atlantico.fr : Un sondage IFOP publié par Charlie Hebdo à l’occasion de l’ouverture du procès de l’attentat ayant visé l’hebdomadaire montre que si 82% des Français de religion musulmane les condamnent », 5% déclarent qu’ils « ne les condamnent pas » et 13 % des musulmans se disent indifférents à l’égard des terroristes ayant assassiné les 12 personnes lors de cet attentat. Au total, la proportion de Français musulmans n’exprimant de condamnation à l’égard des assassins de Charlie Hebdo est donc deux fois supérieure (18%) à la moyenne nationale (8%). Si on veut voir le verre aux 3/4 plein, comment s’appuyer sur cette très large majorité de Français musulmans qui condamnent pour éviter le gouffre de fracture identitaire vers lequel nous attirent ceux qui les approuvent ou s’en lavent les mains ?
Malik Bezouh : C’est là une question fondamentale à laquelle il convient d’apporter une réponse. Tout d’abord relevons, et c’est là un point des plus importants, que ces 18% de françaises et français de culture ou de confession musulmane rétifs à une valeur essentielle du vivre-ensemble, la tolérance, ne sont pas forcément des individus systématiquement acquis aux thèses sanguinaires du groupe terroriste DAECH. Parmi eux, en effet, on trouvera d’une part des citoyens musulmans ultra-conservateurs piétistes, non-violents, pour qui le blasphème constitue un crime de lèse-allahité et d’autre part des musulmans identitaires, et donc peu religieux, mais travaillés par des courants indigénistes et décolonialistes qui, il faut bien le reconnaitre, développent un discours francophobe au possible qui pose question. Chez cette dernière frange de la population française musulmane, l’islam se vit avant tout comme une question identitaire. Le sentiment de relégation sociale doublé du sentiment d’être victime d’une France anti-musulmane favorise le ressentiment. Par suite, chez eux l’anti-Charlisme - si je puis dire – est plus révélateur d’une frustration profonde et protéiforme que d’un réel attachement à une quelconque orthodoxie religieuse. Aussi, pour répondre à la question posée, il importe de faire entendre les voix, majoritaires, de ces françaises et français musulmans qui réprouvent l’usage de la violence à des fins religieuses. Cela pose, en filigrane, le problème de la pluralité de la parole musulmane dans les médias. Ainsi donc, il est de la plus haute importance que des discours musulmans équilibrés, distanciés et pédagogiques se fassent entendre. Une personnalité telle que Zineb El-Rhazoui, ouvertement athée, et dont les propos parfois virulents et peu nuancés choquent profondément des pans entiers de la composante musulmane de notre société, ne peut entrainer un sentiment d’adhésion chez ces français musulmans condamnant à demi-mots voire pas du tout les attentats anti-Charlie. Bref, il est crucial d’élargir le débat, un débat de portée nationale. Cela permettra d’éviter de tomber dans ce piège de la pensée unique. Car on peut être français musulman, profondément républicain et, partant, condamner avec force les attentats anti-Charlie sans pour autant « être Charlie ».
Ghaleb Bencheikh : En gardant la tête froide. En comprenant que nous faisons tous partie d’une même nation. Notre seule communauté de destin est la communauté nationale. Et surtout considérer que nous avons vécu tous ensemble des moments terribles. Notre Nation a été sidérée, traumatisée. Elle a été résiliente et convalescente. Nous n’allons pas rajouter à la fracture d’autres fractures. Au-delà d’un discours mièvre, notre volonté est de guérir et de sortir par le haut d’une tragédie et de cette crise qui a assez duré. On ne reconnaît le génie des peuples qu’au moment de l’adversité. Et la digue n’a pas cédé, car nous sommes une grande nation.
Il faut aussi comprendre - qui dit comprendre ne dit jamais admettre - que le quart qui reste et qui nous pose sérieusement problème concerne les jeunes gens de confession islamique de moins de 25 ans.
C’est qu’il y a malheureusement une approche monolithique ou univoque et exclusive de l’identité comprise dans son approche religieuse. Alors, ces jeunes gens ont compris que les caricatures étaient une insulte à leur propre identité. Aussi, est-ce sur ce domaine qu’il faut travailler avec l’éducation, la culture, la connaissance et l’acquisition du savoir. Sensibiliser et expliquer que l’identité n’est pas monolithique. Elle n’est pas monocolore ni exclusive. Les appartenances sont multiples. L’appartenance à la Nation est primordiale. Elle l’est comme des jeunes Français tout aussi importante que l’appartenance à une communauté confessionnelle si ce n’est encore plus important. Tout cela doit se construire dans le temps.
Quand on apprendra que le Prophète de l’islam lui-même a été insulté, battu, humilié et qu’à travers l’histoire la divine comédie de Dante le place dans le pandémonium … on ne s’offusquera pas des caricatures. Notre pays consacre les libertés fondamentales. La liberté de conscience et la liberté d’expression relèvent d’un impératif absolu qui ne souffre aucune tergiversation ni atermoiement. Pouvoir blasphémer est garanti dans notre pays. Nous avons surement failli quant à une bonne explication sérieuse et apaisée relative à ces conquêtes à travers l’histoire. Rattraper ce manquement est la voie indiquée pour sortir de l’ornière dans laquelle nous nous débattons depuis des décennies.
Guylain Chevrier : Si l’on peut s’imaginer s’appuyer sur ces Français de confession musulmane, il faut immédiatement y mettre un bémol, car est largement répandue aussi chez eux l’idée que les journaux ont eu « tort » de publier les caricatures (69%), encore plus chez les jeunes de moins de 25 ans (47%). En réalité, il semble que la condamnation des actes terroristes fasse écran au véritable problème que pose aujourd’hui une partie non négligeable de nos concitoyens de confession musulmane, qui se renferment de plus en plus sur eux-mêmes, avec une extension visible de ce phénomène. 24% des femmes se déclarant comme musulmanes disaient porter le voile en 2003, alors qu’elles sont aujourd’hui 31%, selon une étude de l’Ifop (septembre 2019). On assiste à la montée d’un risque de « séparatisme » et de communautarisation, avec des revendications de plus en plus pressantes contre les mœurs libres de la société française, dont la revendication du port du burkini que l’on tente d’imposer dans les piscines françaises, est un bel exemple de régression, avec des actions coup de poing menées par des associations agressives réclamant que la loi religieuse soit respectée partout contre le droit commun. On l’a vu avec le Collectif « Alliance citoyenne » à Lyon, qui a envahi une salle de sport pour y faire lever toute restriction au port du voile. Les 18% de ceux n’exprimant aucune condamnation des attentats, représente déjà un ordre de valeur très inquiétant, qui reflète ce climat revendicatif plus général, et une certaine hostilité envers la société française, qui pourrait relever des progrès de la radicalisation.
Il faut sans doute voir l’écho de cette situation de tension dans le fait que les Français, selon l’enquête, s’avèrent de moins en moins compréhensifs à l’égard de l’indignation suscitée par ce type de publications chez les musulmans : seuls 29% d’entre eux partagent cette indignation, contre 36% en février 2006. Dans ce prolongement, 59% des Français estiment que les journaux avaient « raison » de publier ce type de caricatures « au nom de la liberté d’expression », alors qu’en février 2006, seule une minorité de Français partageaient cette opinion (38%).
On a annoncé la préparation par le gouvernement d’une loi dite « contre le séparatisme », qui devrait être présentée prochainement au parlement. Elle doit viser juste et avant tout réaffirmer le principe d’une même loi pour tous, qui est la voie de la reconquête de quartiers à l’abandon, tombés entre les mains d’influences religieuses dangereuses pour notre cohésion sociale. C’est un signe a envoyé à ceux qui, concitoyens de confession musulmane, entendent s’appuyer sur la République pour se protéger eux-mêmes de ce danger, celui d’une assignation à une communauté religieuse derrière les murs de laquelle, le risque existe de la perte de leurs droits, de leur libre choix.
Le même sondage Ifop montre que la fracture se creuse chez les jeunes musulmans, puisque 26% de moins de 25 ans ne condamnent pas explicitement les auteurs des attentats du 7 janvier 2015 et 12% les condamnent tout en admettant partager certaines de leurs motivations, sans doute parce qu’ils voient dans l’irrévérence envers l’Islam une forme inacceptable d’irrespect envers eux. La France est-elle tombée dans un piège identitaire qui ne peut que se creuser avec la montée des nouvelles générations ? Comment ramener ces jeunes vers un sentiment d’appartenance à la communauté nationale ?
Malik Bezouh : L’islam de France, un islam de diaspora, recroquevillé sur lui-même, a les plus grandes difficultés à accepter cette modernité qui se joue du sacré de façon éhontée. L’institution catholique, qui depuis Vatican II compose avec la modernité, a pris acte, depuis fort longtemps déjà, de la victoire de l’anticléricalisme, devenu un élément constitutif de l’identité française. Ce n’est pas encore le cas de l’islam de France qui, comme tous les islams, de Rabat au Caire, n’a jamais été aux prises avec un processus de sécularisation et de désacralisation. Trouvons-lui, par voie de conséquence, quelques circonstances atténuantes. Cela étant dit, il est tout à fait exact que la dimension identitaire joue un rôle important dans ces phénomènes de rupture. Poussés dans leur dernier retranchement, ces jeunes individus ont développé non pas une religiosité quiétiste mais une névrose dans leur rapport à la francité. D’autres, au contraire, ont puisé dans le corpus de l’islam classique de la matière théologique capable de justifier leur détestation de notre société. Oui, l’identitarisme d’essence musulmane et le basculement dans le côté obscur de la foi islamique constituent les sources de la francophobie dans lesquelles des jeunes gens, en perte de repère, vont s’abreuver. Et l’on aurait tort de mésestimer la question identitaire tant celle-ci alimente les discours rejetant la France, son histoire et sa culture. De ce point de vue-là, les thèses indigénistes et décolonialistes ont causé beaucoup de dégâts. Tout comme les discours stigmatisant l’altérité musulmane en France. Mais il n’est pas trop tard. Il est possible, par l’éducation et la tempérance, de faire aimer la France. Car la France est un immense pays par son histoire, sa culture. Un exemple concret : on a beaucoup parlé, et de façon anachronique, du Général Bugeaud et des massacres coloniaux en Algérie. Mais pourquoi n’enseignons-nous pas, de la même façon, l’histoire de Charles de Montalembert, catholique libéral et contemporain du Général Bugeaud, qui, à l’Assemblée Nationale, s’est dressé contre les agissements de ces militaires français qui ont déshonoré le drapeau et la nation par leurs agissements sanguinaires en Algérie ? À croire que notre pays aime à se diviser en rejetant du débat les positions non exaltées. Nous arriverons à recréer un sentiment d’appartenance nationale non par les discours simplistes et binaires mais par la profondeur du débat. Certes, il y a le Général Bugeaud – qu’il convient de replacer dans son contexte – mais il y aussi le catholique Charles de Montalembert. En tuant l’esprit de nuance, en banalisant l’outrance verbale, nous laissons un boulevard aux radicaux de tout bord qui sèment les ferments de la discorde nationale. Dans ces conditions rien d’étonnant qu’un jeune garçon, quelque peu décontenancé, issu de l’immigration maghrébine et à qui l’on n’a jamais enseigné que l’histoire de France c’est aussi des catholiques de la trempe de Montalembert, cède aux sirènes des tenants de l’identitarisme musulman ou de la fermeture religieuse.
Ghaleb Bencheikh : Hélas, le piège identitaire est là. L’identité est une fable philosophique, pour emprunter le titre d’un ouvrage récent. Tant que l’on n’aura pas rasséréné au niveau de l’insécurité culturelle et colmaté les failles identitaires et tant que l’on n’aura pas expliqué que l’identité est multiple et que lorsqu’elle est plurielle et composite, elle est riche et vivante, la fracture s’aggravera. Au-delà des mots convenus, cette identité-là ne peut pas s’épuiser uniquement dans la donne religieuse pour parler à (et de) ces jeunes musulmans. Ceux-là ont trouvé malheureusement dans le discours des doctrinaires islamistes et des idéologues aventuriers de quoi tomber dans la violence extrémiste, djihadiste.
Dans l’immédiat et à court terme, c’est une réponse de l’autorité de l’Etat et la force est à la loi, celle de la République. La réponse est politique et sécuritaire, cette dernière a permis de déjouer de nombreux attentats. En revanche, la réponse à moyen et à long termes est celle de la préparation du citoyen par l’éducation, par l’instruction, par l’acquisition du savoir, la culture, la connaissance, l’ouverture sur le monde. Le sentiment d’appartenance à la nation se nourrit et se cultive en le sensibilisant à l’altérité confessionnelle et non confessionnelle. C’est en ouvrant l’esprit à d’autres options métaphysiques et en le sortant de la gangue idéologique islamiste. Le tout doit être accompagné d’une prise en charge sociale afin que cette jeunesse ne tombe pas comme une proie facile aux sermonnaires fondamentalistes.
Guylain Chevrier : L’idée selon laquelle « L’islam est la seule vraie religion » est partagée par de plus en plus de musulmans : 61 %, soit une proportion en hausse de six points par rapport à ce que l’IFOP avait pu mesurer en 2016 (IFOP/Montaigne). Ce qui souligne l’accélération d’un décrochage, au regard d’une intégration de pans entiers de population ayant l’islam en référence, qui n’a pas aboutie. N’est-ce pas le produit d’une politique d’intégration qui a par trop cherché à intégrer en valorisant la différence pour croire ensuite pouvoir s’appuyer sur elle pour mieux faire prévaloir la formation du citoyen ? On s’est lourdement trompé. Il n’y a pas de compromis possible avec les valeurs et principes républicains, qui ne peuvent qu’être premiers et les particularismes divers seconds. La polémique du voile dans l’école publique l’a bien montré, avec une période de flottement de la laïcité de quinze ans entre le moment où le problème y a été posé en juin 1989 et la loi du 15 mars 2004, qui a réaffirmé le principe de l’interdiction des signes religieux ostentatoires pour les élèves. Mais quelle confusion a été alors répandue et avec quelles conséquences dans les esprits pour longtemps. Il y a indéniablement un climat d’errance identitaire qui touche l’ensemble des jeunes qu’il ne faut pas prendre à la légère, avec une République qui évolue dans un contexte de crise du politique, d’absence de projet rassemblant les Français. Le repli identitaire a dans ce contexte de beaux jours devant lui, surtout si on ne sait pas faire autre chose que des compromis entre le principe de différence et la règle commune, pour brouiller les cartes en favorisant ainsi les discours de séparation voire d’endoctrinement, qui se nourrissent des ratés de l’intégration.
On notera que parallèlement, les jeunes dans l’enquête se distinguent du reste de la population en adoptant une position de complaisance sur le droit à la différence, la moitié des moins de 25 ans (47%, contre 23% des plus de 35 ans) partageant cette indignation devant les caricatures. Il semble qu’on puisse voir là les effets de l’influence d’une idéologie individualiste fondée sur le « chacun ses choix » et la pénétration de l’idée de « tolérance ». Des jeunes qui subissent l’influence d’un multiculturalisme dont le modèle certes, transfère à travers les séries américaines, mais surtout propre à un courant d’idées en France largement porté par les élites médiatiques et politiques qui y sont fréquemment gagnées. Cette reconnaissance dans les relations sociales d’un droit à la différence est perçue comme une valeur supérieure à une égalité alors comprise comme une entrave au droit de chacun, de vivre comme on veut, impliquant de ne rien faire d’offensant pour l’identité de l’autre. Ce qui confine à ne plus rien comprendre de l’importance du respect du même droit pour tous, des mêmes règles communes, pour protéger les individus justement quant à leur libre choix et donc leur autonomie, que les logiques religieuses ou culturelles peuvent mettre à mal. Cette incompréhension est partagée par ces jeunes en général avec des effets différents mais, une même cause, le flottement des repères communs.
Le RN, Eric Zemmour ou d’autres ont beaucoup été accusés de jeter de l’huile sur le feu de ces fractures françaises mais quid de la responsabilité des entrepreneurs du nouvel anti-racisme identitaire qui dénonce une islamophobie à la fois contestable en tant que concept et largement fantasmée si on l’assimile à l’hostilité qui existerait au sein de la société française vis à vis des musulmans ?
Malik Bezouh : Je crois que les responsabilités sont partagées. Je dirai donc, s’il fallait utiliser une formule simple, ni musulmophobie, ni francophobie. Je crois profondément, car je le vois et le vis tous les jours, que la société française est tolérante. Dit autrement, elle n’est pas musulmophobe. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas des problèmes de discriminations à l’embauche ou au logement. Elles existent. Cela étant dit, oui, il est pertinent de dire que nous faisons face à une difficulté de taille dans les analyses traitant de la question de l’islam de France : la déformation du réel par deux blocs s’affrontant à couteaux tirés. Le premier, crispé, comme assiégé, tend à décrire une vision apocalyptique du réel. À l’entendre, les Talibans et consorts seraient aux portes du pouvoir et des territoires entiers de notre pays seraient soumis aux lois de la Sharia, la loi islamique. L’autre, angélique, faisant fi des difficultés pourtant réelles, contribuent, et c’est dramatique, à la détestation de la France en faisant croire que ce pays est, dans son essence, et de façon systémique, antimusulman. Une fois encore, et au risque de nous répéter, il est urgent de faire émerger une troisième voix qui ne cultive pas les excès, dans un sens ou un autre. En France, après l’accession au pouvoir du roi Henri III en 1574, deux mouvements vont apparaitre. Las des guerres de religions qui déchirent le royaume, ils militent pour une troisième voie. Il s’agit des « Malcontents » et des « Politiques ». Ils ont en commun un désir de réforme tout en rejetant les dérives outrancières des catholiques et protestants radicaux…
Aujourd’hui, en France, il serait bon, dans l’intérêt du débat public, que des « Malcontents » et des « Politiques » s’expriment afin de faire entendre une voix du juste milieu. Une voix plus équilibrée, moins partisane. Notre nation doit impérativement renouer avec la tempérance et la pédagogie. Ce qui nous tuera, c’est l’inquiétante dérive partisane et sectaire dudit débat public.
Ghaleb Bencheikh : Nous avons une alliance objective entre deux formes d’extrémismes. D’un côté, nous avons les entrepreneurs identitaires, je parle davantage des idéologues sermonneurs et les prêcheurs de haine qui ont capitalisé les frustrations en mobilisant tout un capital mémoriel en souffrance. De l’autre côté, ce sont les aventuriers qui prennent « tous » les musulmans, avec l’article abusif les, comme indistinctement, uniment, globalement solidaires de l’hydre de Lerne islamiste et couvant la bête immonde du djihadisme.
Alors que faire ? Revenir à la responsabilité du citoyen. Quand il est adulte, en pleine possession de ses facultés mentales avec une volonté de construire une nation solidaire et fraternelle, sa prise de parole publique doit être mesurée et sage. Elle ne doit pas verser dans ce qui va nous amener à ce que d’aucuns appellent la guerre civile à petits pas ou la barbarie à bas bruits.
Il y a lieu d’appeler, c’est ce que je fais comme président de la Fondation de l’Islam de France à non seulement dénoncer le condamnable et le condamner avec force, de réprouver le répréhensible mais aussi à donner de quoi sortir par le haut de la crise que nous connaissons.
Sur la question de l’islamophobie, je partage avec vous l’idée que le concept est problématique. On a pinaillé, ergoté sur l’islamophobie-le mot et on a oublié l’islamophobie-la chose. Or lorsqu’il il n’y a pas le mot, il n’y a pas la chose…
L’islamophobie étymologiquement est la peur de l’islam. Et avoir peur de l’islam, de nos jours, est recevable, parce qu’il est devenu synonyme d’épouvante, de violence, d’attentats, d’extrémisme. En outre, l’islamophobie n’est pas et ne doit pas être un prétexte pour museler toute critique à l’encontre de l’islam comme religion.
Bien au contraire la critique est salutaire lorsqu’elle est populaire et elle bénéfique lorsqu’elle est académique. J’ai toujours affirmé que toute doctrine, toute philosophie et a fortiori une pensée religieuse qui élude les questions et esquive le débat se vulnérabilise et finit par s’atrophier. Redoutant la mort, il ne lui reste plus que le fanatisme et la terreur pour pouvoir subsister quelque temps. Alors bienvenue à la critique et les musulmans doivent en être demandeurs, il y a un acte salvateur dans la critique. Maintenant sous ce prétexte de critique d’une religion certains s’autorisent à déverser leur fiel sur les musulmans comme personnes. C’est pour cela que j’ai mis en avant le néologisme misislamie, du grec mîsos renvoyant à la haine et à la détestation. Un détour par la psychologie féminine, à titre d’exemple, illustrera mes propos : on a la femme androphobe et la femme misandre. La femme androphobe a peur des hommes ; la femme misandre les hait. Il y a dans notre pays des islamophobes - étymologiquement - et on pourra les comprendre car ils ont vraiment peur de l’islam, s’ils n’ont comme seule information sur le fait islamique, sur sa civilisation, sur son histoire, sur ses cultures, ce qui est donné par l’épouvante et la terreur présentes dans les médias. Et on a oublié qu’il y a des misilamiques affichant l’hostilité contre les musulmans et l’assumant comme telle
Guylain Chevrier : On voit bien à travers ce que nous dit cette enquête d’opinion une fracture, entre une population dont une part croissante se referme sur une identité religieuse et une autre qui de plus en plus entre en défiance face au risque que cela fait courir à ce qu’est la France, un pays laïque, dégagé de l’influence politique des traditions religieuses et des croyances. Ce qui a laissé la place à notre modernité démocratique. La désignation de notre pays comme raciste par ceux qui entendent lui imposer une forme de société contraire à nos valeurs et principes, est révélatrice d’une stratégie d’intimidation et de culpabilisation qui vise la conquête du pouvoir politique, au sens de le soumettre aux exigences religieuses de tel culte ou de tel groupe se désignant de tel caractère ethnique particulier réclamant sa part.
D’ailleurs, le climat de victimisation identitaire actuel est le pendant du rejet de l’intégration et des lois de la République. C’est particulièrement patent lorsque l’on voit être mis en exergue des délinquants qu’on héroïse pour la circonstance, présentés systématiquement comme victime d’une police désignée comme raciste, non pas pour réclamer l’égalité, mais de la discrimination positive, c’est-à-dire, un droit à la différence aboutissant à la différence des droits.
Le reste du sondage IFOP montre qu’une proportion non négligeable de Français musulmans n’adhèrent pas ou peu aux valeurs communes et aux principes républicains. Ainsi, interrogés sur leur rapport à la religion, les musulmans sont deux fois plus nombreux (40%) que l’ensemble des Français (17%) à faire passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République, sachant que cette proportion est très largement majoritaire chez les jeunes musulmans de moins de 25 ans (74%). Comment mettre un terme à cette dérive largement alimentée et entretenue par les discours de victimisation ou souhaitant éviter « la stigmatisation » ? Est-il temps de traiter ceux-ci des musulmans comme des majeurs à qui il est possible de demander des comptes sans se faire accuser de racisme ?
Malik Bezouh : C’est là une donnée importante. L’explication à ce phénomène, non pas du rejet des principes de la République, mais de la sacralisation des valeurs religieuses, s’expliquent par ce que nous avions dit plus haut : le monde islamique n’a pas encore été confronté à un véritable processus de sécularisation. Autre élément d’explication : le processus d’islamisation à l’échelle mondiale enclenché par l’Arabie saoudite depuis la seconde moitié du XXe siècle. Rappelons que des sommes astronomiques, les fameux pétrodollars, ont été utilisées pour la diffusion du wahhâbisme dans tous les continents ; y compris en Europe où des communautés musulmanes sont implantées. L’islamisme, plus élitiste, a joué aussi un rôle, mais dans une bien moindre mesure. Cette islamisation, de très mauvaise facture car porteuse de la forme la plus rigoriste, pour ne pas extrémiste, de l’islam sunnite, a eu une influence néfaste en ce sens qu’elle a contribué très massivement à la wahhâbisation des esprits, entendez la radicalisation. Ainsi donc, dans l’écrasante majorité des pays musulmans, l’islam, érigé en dogme intouchable, est religion d’État, avec toutes ses funestes conséquences en termes de liberté de conscience. Cela dit, les choses commencent à changer petit à petit. Les analyses de l’experte en géopolitique, Alexandra Allio De Corato, tendent à montrer que dans des pays tels que l’Irak et le Liban, pour ne citer qu’eux, l’attachement à la nation manifesté par les jeunesses assoiffées de renouveau de ces pays-là a quelque peu ébranlé les adeptes du confessionalisme plaçant la religion au-dessus de l’intérêt du pays. Sans parler de la propagation de l’athéisme dans les pays où l’islam domine…
En France, où le contexte est fort différent, l’islam se sent comme assiégé, ainsi que nous l’avons précité. Et pour cause ! Ses adeptes ont l’impression d’être attaqués de toute part. À gauche, par les anticléricaux voyant d’un mauvais œil le retour d’un Dieu - de surcroît mahométan et partant régressif - dans l’espace publique alors même que la IIIe République eut tant de mal à l’en chasser. Mais aussi à droite, par les défenseurs de l’identité française, parfois prisonniers de leur vision fantasmée d’un islam belliqueux et conquérant.
En résumé, la déferlante wahhâbite qui a frappé l’islam de France à partir des années 80, un islam de diaspora fragilisé par sa minorisation et par sa confrontation à la modernité athée, a nettement contribué à ce phénomène de repli. Il faudra donc du temps pour que l’islam de France s’apaise. Nous sommes, aujourd’hui, dans le temps du questionnement, du doute. Viendra, tôt ou tard, le temps de l’apaisement. Les débats dans lesquels l’intelligence sera mise à l’honneur contribueront à hâter l’arrivée de ce temps où l’islam en France ne fera plus du tout débat. Nous en sommes encore loin aujourd’hui. Hélas.
Ghaleb Bencheikh : Les valeurs de la République, l’esprit laïc, la législation de l’Etat français, la loi commune, la loi fondamentale : la Constitution ce sont des choses non négociables. Et cela s’applique à l’ensemble des citoyens sans barguigner. Cela s’applique d’autorité, sans faillir ni mollir. Simplement, il faut comprendre avec froideur d’esprit pourquoi en sommes-nous arrivés à ce qu’une partie de la Nation ait cette défiance par rapport aux valeurs et aux lois de la République : qu’il y ait des individus qui pensent que leur conviction religieuse prime les valeurs de la République, hélas, nous sommes dans un Etat de droit et c’est leur liberté. L’important c’est qu’ils n’agissent pas en violation de la loi et qu’ils continuent à le penser in petto.
En attendant, pour les générations à venir, il y a lieu impérativement d’œuvrer inlassablement à expliquer non seulement que ce n’est pas une affaire de non-incompatibilité. La croyance en un dieu miséricordieux n’est absolument pas antinomique avec le fait de respecter le droit positif. On ne peut pas se prévaloir de sa propre législation – et de surcroît – vouloir l’imposer à autrui. En France, nous respectons le droit positif. C’est en cela que la préparation des citoyens est importante. Leur expliquer que le droit, la norme juridique et la fabrique de la loi sont une émanation rationnelle des Hommes et qui s’appliquent aux Hommes pour le bien-être des Hommes. Le jeu démocratique fait que l’instance législative puisse changer la loi.
La laïcité est un acquis de la modernité. C’est une conquête de l’esprit humain. Tout cela va être un attrait et un point positif y compris pour les citoyens musulmans parce que l’on saura que l’on vit dans un Etat de droit et dans un contexte de liberté inestimable, lequel contexte est introuvable dans les sociétés dites majoritairement musulmane.
Guylain Chevrier : Cela passe sans doute par rompre avec une politique d’accompagnement par l’Etat de l’organisation du culte musulman, qui n’a donné que des résultats calamiteux. On a pensé ainsi influer sur les croyants en les contrôlant pour mieux les intégrer, tel que le rôle en a été attribué au Conseil français du culte musulman, sur un mode qu’on pourrait juger infantilisant, voire ayant des relents postcoloniaux. On n’a en fait que renforcé leur identification comme communauté, se mettant de plus en plus à part. Par cette méthode, on a comme voulu négocier un contrat social qui est normalement non-négociable. Il est indéniable qu’un contrat social tel que celui posé par notre pays pour y vivre, est censé engager réciproquement le citoyen et l’Etat, sans menus à la carte, et doit être fait respecter, non seulement en droits mais aussi en devoirs, ce qui est loin d’être le cas. Nos concitoyens, dont la plus grande part de ceux de confession musulmane eux-mêmes, craignent cette évolution vers le « séparatisme » qui est porteuse de rupture avec un principe d’égalité qui garantit des droits fondamentaux à tous, droit politiques, civils, économiques et sociaux
L’idée selon laquelle « l’islam est incompatible avec les valeurs de la société française » se répand chez les non-musulmans (61% des Français partageant cette idée d’après un récent sondage de l’Ifop) comme chez les musulmans (approuvée par 29% d’entre eux et près d’un jeune musulman sur deux, 45%). Y-a-t-il une fatalité théologique comme culturelle et politique ?
Malik Bezouh : L’islam est divers. Il convient de le rappeler. Ainsi donc, le wahhâbisme diffusé par l’Arabie saoudite, est, sans l’ombre d’un doute, incompatible avec les valeurs de la société française. En revanche, d’autres formes de l’islam le sont. Comme le soufisme, cette forme très spirituelle de l’islam, ou le mu’tazilisme qui défend une vision rationaliste de l’islam ou même le chiisme ésotérique qui rejette toute lecture littéraliste des sources canoniques de l’islam. Par suite ce n’est pas l’islam en soi qui est incompatible avec les valeurs de notre société mais certaines de ses interprétations. Considérons, à titre d’exemple, la lecture de l’islam développée par la très prestigieuse université islamique du Caire, Al-Azhar. Celle-ci est décrite, y compris par de nombreux médias occidentaux, comme une institution prônant un islam pacifique et par suite apportant son écot à la lutte contre l’extrémisme religieux. C’est d’ailleurs, selon ladite institution, sa mission première. Pourtant à y regarder de plus près, l’islam défendu par Al-Azhar, un islam de référence nous dit-on, est rigoriste au possible pour ne pas dire fondamentaliste. Pour preuve, l’université Al-Azhar, qui abomine les homosexuels considérés comme des pervers, soutient un projet de loi en Égypte dont le but est de « criminaliser les athées ». De plus, elle défend des positions absolument choquantes sur la femme. Ahmed el-Tayeb, son recteur, considéré partout comme un homme de paix, a dit au sujet des femmes : « Tout croyant a le droit de corriger sa femme si celle-ci se montre désobéissante ; sous réserve qu’il ne lui brise pas les os. »… À la lecture de ces quelques mots, qui font froid dans le dos, comment ne pas comprendre les questionnements et les doutes – fondés - d’une partie de la population française ? Mais une fois encore, ces propos reflètent non pas l’islam mais une lecture salafisante et donc intégriste de l’islam.
À nous de faire preuve de pédagogie, de nuance, d’intelligence citoyenne dans un seul et unique but : éclairer le débat. L’enjeu est grand. Très grand. C’est celui de l’unité de notre nation.
Ghaleb Bencheikh : Non. En aucun cas et d’aucune manière. D’un point de vue théologique la religion islamique ne se veut pas nouvelle par rapport au monothéisme abrahamique. Ce qui a été possible avec le judaïsme avec la fameuse phrase en hébreu dina di malkhouta dina - la loi du Royaume est la loi – et toute l’œuvre rendue possible avec la théologie chrétienne pourra être et sera possible avec la théologie islamique. Cette dernière n’a pas des spécificités irréductibles.
Il n’y a pas de fatalité théologique, bien au contraire. Nous avons besoin de l’islamologie savante, notamment comme discipline de prestige à l’université française. On saura alors qu’à travers l’histoire, on n’a pas gouverné toujours selon le « désir » politique de Dieu, on apprendra que Soliman le Magnifique n’appliquait pas la charia, puisque sous son règne il y avait la production d’un droit séculier. On saura que les logorrhées dégénérées des Frères Musulmans ne sont que conjoncturelles et accidentelles, récentes dans l’histoire, comparées à celle du temps long des empires. On comprendra que le wahabo-salafisme est une aliénation de l’esprit et qu’il s’est exacerbé depuis quarante ans en voulant rivaliser avec la révolution de Khomeini...
Le travail intellectuel, théologique, philosophique doit être mené que sous le ciel clément au-dessus de notre tête chez nous en France, en dépit de tout. Ce n’est pas encore le cas à Riyad ou à Téhéran ou au Caire. Il faut simplement savoir poursuivre les recherches, les travaux, les études des universités, des instituts et couvrir le tintamarre tumultueux et le vacarme que nous connaissons de la part de certains polémistes qui sévissent davantage sur les plateaux de télévision.
Guylain Chevrier : Je crois que nous commençons en réalité à mesurer aussi un écart de culture, qui est celui relatif à une population immigrée de plusieurs décennies, venant de pays d’islam, avec une société française au sein de laquelle elle a le plus grand mal à s’intégrer. On a sous-estimé par un déni constant, des difficultés qui étaient liées à l’intégration de personnes ayant immigré de pays où l’Etat est encore étroitement lié au religieux, alors que peu ou prou, les pays européens ont connu leur mouvement de sécularisation ou de laïcisation, selon un processus historique de prise de conscience sur le temps long. Ce qui ne s’acquière pas que par le savoir, l’école, mais par l’expérience collective, une histoire commune, et la mise en place d’un contrat social mettant au centre le citoyen, sans compromis.
On a sous-estimé toutes une série d’influences, allant à l’encontre de cette intégration, telle celle des Frères musulmans, à l’image des journées de l’UOIF au Bourget résonnant des discours vindicatifs de prédicateurs radicaux vantant les louanges de la charia, qu’on a laissé librement agir sur notre territoire. C’est aussi vrai d’un salafisme que l’on s’est refusé d’interdire, alors qu’il prône un mode de vie qui est celui du prophète et un respect à la lettre des textes religieux, à front renversé avec notre République mise hors la loi. On a fermé les yeux sur une organisation religieuse comme le tabligh, mouvement fondamentaliste prosélyte qui prône une vision ultra-rigoriste et littérale de l’islam, qui vise un public déshérité immigré, très actif dans les quartiers. Un mouvement religieux qui est associé à l’endoctrinement de jeunes djihadistes du village de Lunel dans l’Hérault d’où ils ont été nombreux à partir pour la Syrie. On a sous-estimé l’attachement à une forme de foi qui considère que le droit, entendu comme droit positif, n’a pas de prise sur elle, une foi et une culture, des traditions, constituant les biais d’une résistance très forte à une adaptation au pays d’accueil. On n’a pas voulu voir que l’islam comme religion contient des ingrédients très résistant à notre République, comme l’idée d’un coran incréé, autrement dit donné directement de dieu au prophète pour lui attribuer un caractère sacré, interdit de toute critique, et donc pouvant faire barrage à toute volonté d’évolution, d’intégration. On n’a pas voulu voir que l’islam pouvait être une nation dans la nation, parce qu’aussi un projet politique, un projet de société.
On n’a pas aidé non plus toujours, du côté de nos représentants politiques, à bien voir ce contrat social dont je parle, lorsqu’aux dernières élections municipales on a littéralement banalisé l’intégration de candidats communautaires sur les listes, dont des candidates voilées, dans un contexte de clientélisme politico-religieux qui ne se cache plus. Ce qui souligne ici l’échec à faire respecter les principes républicains synthétisés dans une notion d’intérêt général tombé ainsi en miettes, effet du renoncement face à la pression de groupes religieux entendant représenter des populations formées d’individus qui n’en finissent plus ainsi de se considérer d’abord comme musulmans avant que citoyens. On connait le diagnostic et même l’antidote, mais on attend la volonté politique.
Mots-clés : islam, sondage, Charlie Hebdo, caricature, procès, attentats, attentat de Charlie Hebdo, société, Français, citoyens
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Entretien - Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’Islam de France (FIF) : « La séparation des ordres politique et religieux est un acquis de la modernité » - Par Nadjia Bouzeghrane29 octobre 2020 à 10 h 30 min – Document ‘elwatan.com’ - Photo - Ghaleb Bencheikh arrive au ministère de l’intérieur pour une consultation sur l’ islam en France
Ghaleb Bencheikh, islamologue de formation scientifique et philosophique est président de la Fondation de l’islam de France, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix et membre du Conseil des sages de la laïcité. Producteur de l’émission « Questions d’Islam », le dimanche de 7h05 à 8h sur France Culture, il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages ayant trait à la laïcité et au fait islamique dont principalement un Petit manuel pour un islam à la mesure des hommes (JC Lattès, 2018) ; Le Coran expliqué (Eyrolles, rééd. déc. 2018) ; Juifs, Chrétiens et Musulmans : « Ne nous faites pas dire n’importe quoi ! » (avec Philippe Haddad et Jacques Arnould, Bayard 2008) ; Lettre ouverte aux islamistes (avec Antoine Sfeir, Bayard, 2008), La laïcité au regard du Coran (Presses de la Renaissance, 2005). Il donne des conférences dans des colloques nationaux et internationaux.
Nos lecteurs le connaissent pour les nombreuses sollicitations d’El Watan auxquelles il a toujours répondu positivement.
A chaque crime commis au nom de leur religion, les Musulmans sont sommés de se justifier comme s’ils en partageaient la responsabilité ou en étaient complices. N’est-ce pas une situation intenable ?
Oui, la situation est intenable, en effet. Les musulmans sont sommés de se désolidariser d’avec les terroristes qui commettent des crimes abominables. Cela implique, de ce fait, qu’ils sont considérés unanimement et indistinctement comme au mieux partageant une tacite complicité et au pire comme solidaires de l’acte terroriste commis. A chaque fois, l’article « les » est abusif et il suggère que ce sont les musulmans in globo qui s’accommodent de la terreur islamiste. Tout cela est foncièrement injuste. Aucun être normalement constitué ne peut accepter une telle barbarie ni une telle abjection. Mais quoi qu’il en soit, les musulmans pâtissent d’une quadruple peine : la barbarie qui sévit est perpétrée au nom de leur religion ; ils sont soupçonnés d’en être solidaires ; les musulmans sont eux-mêmes touchés par ce terrorisme ; quoi qu’ils entreprennent, ils n’arrivent pas, pour le moment, à l’endiguer. Sauf qu’en dépit de ce désastre, la résistance est invincible et la volonté d’en arriver à bout est réelle.
Nous sommes arrivés, à vrai dire, à cette situation – sans autoflagellation aucune ni haine de soi – à cause des atermoiements et de la pusillanimité des hiérarques musulmans. Ceux-ci, au début du surgissement de la violence qui s’abattait au nom de l’islam, n’ont pas su, n’ont pas pu ou n’ont pas voulu condamner avec force et avec vigueur l’ignominie qui pervertissait leur religion et flétrissait ses préceptes. Nous ne les avons pas suffisamment entendus lorsque le terrorisme d’essence islamiste a commencé à sévir. Je pense aux terribles exactions des GIA en Algérie lors de la décennie noire, aux abus de la Jamaat islamiya en Égypte, aux crimes de Boko Haram au Nigeria, aux forfaitures d’Abou Sayaf sur l’île de Jolo aux Philippines. Les préceptes islamiques de bonté, d’amour, de miséricorde et les messages de paix et de fraternité ont été bafoués depuis longtemps et avilis par les djihadistes extrémistes sans qu’il y ait une réaction à la mesure du désastre. Cela a laissé dans l’esprit de nombreux non-musulmans, comme un soupçon de complicité tacite. Ensuite, il est vrai, devant l’horreur qui allait crescendo, ces mêmes hiérarques ont commencé à condamner les attentats en assortissant les condamnations de la fameuse expression « halte à l’amalgame », ceci n’a rien à voir avec l’islam, c’est une religion d’amour et de paix. Sauf que cela n’était pas suffisant. Parce que le spectacle affligeant de la terreur a, malheureusement, à voir avec l’islam. Ce n’est pas tout l’islam, certes et heureusement, mais une certaine compréhension fallacieuse et captieuse des sources et des référents islamiques. Les auteurs assassins revendiquent leurs crimes au nom de Dieu et au nom de la tradition islamique, textes à l’appui !
Enfin, depuis l’annus horribilis 2015, les responsables musulmans ont durci leurs condamnations tout en ajoutant aussitôt, après chaque attentat : « n’oublions pas que les musulmans sont stigmatisés ». Ce qui est vrai. Mais, le discours est devenu insupportable et inaudible pour les Français non musulmans qui, après la sidération et l’effroi puis l’indignation et la révolte, sont traumatisés. Et quand bien même les hiérarques musulmans avaient raison sur le fond, il y aurait une forme de communication à avoir en ne confondant pas les temporalités. Le temps de la dénonciation n’est pas celui de la « victimisation ».
Pris en tenailles entre l’extrême-droite et son idéologie identitariste d’une part, et l’extrémisme islamiste, d’autre part, les citoyens français et résidents de confession ou/et de culture musulmane doivent-ils sortir massivement dans la rue pour clamer publiquement leur rejet du fanatisme et de l’intégrisme distillés par le salafisme et le wahabisme ?
Les musulmans de France sont effectivement entre le marteau de l’extrémisme djihadiste et l’enclume de l’extrême droite suprémaciste qui a vu le triomphe de son idéologie sur Cnews et certains organes de presse. Quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils disent, on oppose aux musulmans que la violence est intrinsèque, propre à leur religion et qu’elle lui est organique. C’est la zemmourisation des esprits : des propos à l’emporte-pièce, sans analyse, sans distanciation, un déversoir de haine, d’hostilité et de ressentiment. La démission de l’esprit et la défaite de la pensée donnent lieu à une confusion terrible des registres : le registre théologique mélangé avec le registre social et politique. Dans l’actuelle séquence, malheureuse, de telles paroles se libèrent davantage et des appels à la vengeance se font entendre sur les plateaux de télévision et via les réseaux sociaux. Nous devons avec sagesse, calme et froideur d’esprit en sortir par le haut. Il est temps de tout faire pour écarter les deux mâchoires de la tenaille qui a tendance de se fermer.
On aurait pu déplorer l’absence d’une lame de fond qui eût pu faire sortir tous les musulmans pour manifester leur rejet et l’exécration de la violence qui s’abat au nom de l’islam. Et je fais partie de ceux qui l’avaient regrettée dès le début des attaques terroristes. Mais comment faire devant la fameuse injonction paradoxale ou la double contrainte ? On demande aux musulmans de France, citoyens et résidents, de se fondre d’une manière caméléonesque au sein de la nation française. Rien ne doit les distinguer. Aucune particularité ne doit dépasser. Il ne faut surtout pas qu’ils se singularisent par quelques caractéristiques que ce soient, tout en leur intimant l’ordre concomitant d’aller se déterminer comme musulmans pour manifester contre le terrorisme. D’ailleurs, lorsqu’ils l’avaient fait massivement en 2016 à Mantes la Jolie suite à l’attentat de Magnanville, cela n’a pas été rapporté par les media mainstream. Et le mouvement #not in my name n’est pas du tout relayé.
Les facettes du fondamentalisme islamique et ses modes opératoires sont multiples. Par quel bout le combattre ?
Les idées fanatiques sont comme des clous, plus on tape dessus plus elles rentrent. Il faut des stratégies de contournement du dogmatisme obscurantiste et des trésors de pédagogie pour expurger des esprits l’intolérance. Mais, au départ la force est à la loi sinon ce sera la loi de la force. C’est pour cela que la riposte immédiate doit être toujours d’ordre sécuritaire et de renseignement, bien évidemment. Puis viendra le contre-discours qu’il faut opposer à celui des djihadistes extrémistes. Un contre-discours puisé dans la tradition dans sa version standard, celle qui magnifie la mansuétude, le pardon, la magnanimité, l’amour, la bonté et la miséricorde. Ensuite les réponses éducatives, culturelles et sociales doivent prendre en charge toute une jeunesse laissée à la dérive. Cette jeunesse a colmaté ses failles identitaires par le recours à la donne religieuse face à une citoyenneté qui lui est déniée. Elle s’est réfugiée dans une autre citoyenneté supranationale miroitée par les doctrinaires sermonnaires islamistes.
C’est à la République de nourrir et d’instruire tous ses enfants, tous, quels qu’ils soient comme le préconise la légende de la toile exécutée par le peintre Honoré Daumier lorsqu’il a concouru au prix de l’Allégorie de la République en 1848. Enfin, la réaction au niveau de la refondation de la pensée théologique relève d’une nécessité impérieuse. Les chantiers à entreprendre sont titanesques : ceux de la liberté de conscience, de l’égalité ontologique et juridique des êtres humains, de la désacralisation de la violence, de l’autonomisation du champ du savoir et de la connaissance par rapport à celui de la révélation et de la croyance. Enfin, il y a lieu d’émanciper le sujet humain musulman. Il croule encore sous des pesanteurs sociales terribles.
Pour ce faire, quelle en est la part des institutions musulmanes de France ?
Les institutions islamiques doivent assumer leurs responsabilités. L’incurie organique qui les caractérisait a laissé la part belle à l’activisme des fondamentalistes islamistes mieux organisés et bien structurés. Il est temps de laisser place à des jeunes cadres religieux compétents, sérieux, probes et intègres. Je déplore que nous n’ayons pas vu ces trois dernières décennies des colloques d’importance ni des congrès internationaux ni des séminaires nationaux en France pour clamer haut et fort la réprobation absolue de la violence et de sa condamnation par les hiérarques musulmans ainsi qu’un travail qui dépasse le simple aggiornamento. En outre, on a assisté jusqu’à cette crise sanitaire due à la pandémie du coronavirus à trente-quatre éditions de la « foire » du Bourget ou des discours, loin d’aiguiser l’esprit critique de la jeunesse, étaient prononcés.
Comment prémunir les enfants et les jeunes musulmans de l’emprise de l’idéologie salafiste et wahabite ?
Les meilleurs antidotes contre l’emprise de cette idéologie mortifère demeure toujours dans les maîtres-mots : éducation, instruction, acquisition du savoir, culture et connaissance, ouverture sur le monde et altérité confessionnelle avec une inclination pour les valeurs esthétiques. Ce sont les humanités, les belles lettres et les beaux-arts qui immuniseront cette jeunesse des méfaits du salafisme et du wahhabisme. Nous ne pouvons pas nous attendre à quelque chose de bon de la part de celui qui n’est pas sensible à la poésie ou à la musique.
A côté de cela, une préparation du citoyen musulman à l’esprit critique afin de passer par le filtre de la raison les billevesées et les fadaises que peuvent débiter certains imams autoproclamés, est fondamentale. La pensée magique, le merveilleux, le fabuleux et l’extraordinaire mélangés dans l’histoire occasionnent beaucoup de dégâts dans la psychè de la jeunesse musulmane.
Qu’est-ce qui explique que l’islam séculier, pacifique soit si peu connu, voire rarement médiatisé ? Comment lui donner une visibilité ? Une prééminence sur le discours obscurantiste et exclusif ?
Les musulmans de France vaquent à leurs occupations en s’acquittant de leurs devoirs de citoyens. Ils n’aspirent qu’à une seule chose, vivre d’une manière apaisée et recouvrer une dignité bafouée par les soupçons de collusion, fût-ce tacite, avec le fondamentalisme et d’intelligence avec l’islamisme.
La visibilité n’est peut-être pas « criarde » encore. Mais elle se fait percevoir déjà, sans être au niveau requis eu égard à leur poids démographique, dans les laboratoires du CNRS, dans les organes stratégiques des grands groupes, dans les cabinets ministériels, dans les milieux sportifs, dans l’armée, dans la technostructure de l’Etat, dans les milieux artistiques…
C’est pour cela qu’il faut toujours investir dans les études et privilégier les cursus diplômants jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte comme sacrifices financiers. L’éducation familiale doit renouer avec l’humanisme d’expression arabe en contextes islamiques, un humanisme totalement effacé des mémoires, oblitéré, occulté, insoupçonné même. Il est temps de revenir à la notion d’al adab. Il faut laisser placer davantage à l’éthique qu’à une culpabilisation des consciences par une obsession quasi névrotique de la norme canonique.
N’est-ce pas l’une des missions de la Fondation de l’islam de France, créée au lendemain des attentats de novembre 2015 et que vous présidez ?
Les missions stratégiques de la Fondation de l’Islam de France sont de dirimer les thèses fondamentalistes, de pourfendre l’idéologie wahabite et de contrecarrer la doctrine salafiste. Afin d’endiguer l’islamisme radical la FIF agit dans les domaines éducatif, culturel, social et philanthropique.
Elle donne des bourses à des étudiants en thèse de doctorat en islamologie savante. Il faut bien que cette discipline recouvre ses lettres de noblesse et devienne une discipline de prestige à l’université. La FIF aide à la formation civique des imams, des aumôniers, des prédicateurs et des cadres religieux. Elle enrichit son campus numérique Lumières d’Islam de tous ce qui a trait à la civilisation et aux cultures à travers les trois grands empires des dynasties ottomane, safavide et moghole. Elle a instauré une université populaire itinérante qui va de ville en ville pour apporter le débat afin d’exorciser les hantises, d’apprivoiser les peurs et de domestiquer les angoisses. La circulation des idées et leurs confrontations par des arguments rationnels permettent une thérapie de et par la parole. L’importance de l’éducation populaire est capitale et le débat entre musulmans et non musulmans relève d’une nécessité impérieuse. Autant qu’il soit canalisé dans un contexte serein et propice à l’échange. Des expositions et des activités culturelles et artistiques relatives au fait islamique sont initiées et exercées. Enfin, une attention particulière est portée à des jeunes gens qui voulant fuir la délinquance épousent une forme de militance. Sauf que celle-ci les fait tomber de Charybde en Scylla, alors nos les extrayons de leurs milieux hostiles pour les inscrire dans des internats afin de sanctuariser leur scolarité.
Pourquoi selon vous la laïcité heurte-t-elle les fondamentalistes musulmans qui la rejettent et la combattent violemment ?
Tout simplement, parce qu’ils n’arrivent pas encore à comprendre qu’on ne gouverne pas selon le désir politique de Dieu. Ils se présentent comme les seuls à avoir scruté la volonté divine et de surcroît ils veulent l’imposer à leurs semblables. Ils sont encore dans un registre politique éculé où l’on doit gérer les affaires de la Cité par des préceptes religieux. Nous sommes effarés de constater l’anachronisme de leur vision du monde. C’est une vision passéiste, rétrograde et obscurantiste voire attentatoire à la dignité humaine.
La séparation des ordres politique et religieux est un acquis de la modernité. C’est une conquête de l’esprit humain. Les fondamentalistes musulmans pâtissent d’une réelle indigence intellectuelle. L’arriération mentale qu’ils donnent à voir est affligeante. Ils sont encore dans une approche intégraliste comme celle qu’avait l’Eglise catholique lors des débats houleux et emportés au moment de la promulgation de la loi dite de Séparation en 1905.
Les fondamentalistes, comme vous les nommez, n’ont jamais lu l’ouvrage du théologien Ali Abderraziq « l’islam et les fondements du Pouvoir » paru en 1925. Il y démontre clairement que le califat n’a aucune valeur sacrale. Ces fondamentalistes ne connaissent pas les positions du cheikh Abdelhamid Ben Badis félicitant et encourageant Mustapha Kemal Atatürk après l’abolition du califat. Les oulémas s’étaient réjouis et s’étaient félicités de cette abolition. Ils avaient même regretté qu’elle fût aussi tardive. Sait-on que les oulémas algériens s’étaient déplacés en métropole pour plaider auprès du conseil d’Etat l’application de la loi de Séparation ? Parce qu’ils y avaient vu l’intérêt et l’importance pour l’islam de l’affranchir de la tutelle politique. En outre, le concept de laïcité est victime de considérations sémantiques. Comme aucune langue véhiculaire de la pensée islamique n’a une bonne traduction du mot laïcité, il y a été rendu par des termes qui renvoient à l’athéisme avec l’idée d’une gouvernance sans foi ni loi !
Il est temps d’expliquer que la laïcité n’est qu’un principe juridique sans densité doctrinale. C’est un principe de liberté et de neutralité de l’Etat quant aux options métaphysiques et religieuses des administrés. L’Etat n’a pas de confession. Ce sont les citoyens qui librement choisissent d’en avoir ou non.
Est-ce que le terme séparatisme employé par le président Macron, et qui devra faire l’objet d’une loi, vous semble-t-il approprié ?
La sémantique a son importance, bien sûr. On a évoqué les séparatismes au pluriel, puis c’est devenu un séparatisme en particulier, bien singulier… a priori, on a changé de vocabulaire et on parle désormais de loi de consolidation du principe de laïcité. Il est vrai que nous sommes passés du communautarisme au séparatisme. Entendons-nous bien, si par communautarisme on vise les accoutrements improbables, les looks introuvables, les comportements intolérables et les discours inacceptables, oui, il existe une forme de communautarisme visible et dérangeant. Mais s’il y a une communauté divisée, déstructurée et inorganisée c’est bien la composante islamique de la nation française. En revanche des groupes minoritaires salafisés – mais l’histoire est écrite par les minorités agissantes – ayant considéré que la société est dépravée, permissive et dissolue, ont décidé de faire scission. Ce sont ceux-là les séparatistes. En réalité, ce sont des séditieux à leur manière arguant que leur loi religieuse prime celle de la République. Tout indique leur volonté de vivre à l’écart des règles communes. Enfin, n’oublions pas qu’à côté d’un séparatisme affiché, il y a un autre subi à cause de la marginalisation, de la ghettoïsation et de la précarisation.
Aussi, la meilleure lutte contre le séparatisme revient à étendre sur l’ensemble des territoires de la République une égalité de traitement et un meilleur service public. C’est la promesse démocratique. C’est la reconquête républicaine de ces territoires « perdus ».
Quelle est votre réaction aux appels au boycott des produits français émanant des autorités et des institutions de pays musulmans ?
Il est vrai que depuis le discours d’Emmanuel Macron dans lequel la phrase « nous ne renoncerons pas aux caricatures » sans préciser qu’il s’agit d’une tradition séculaire en France, sans viser d’une manière explicite le prophète de l’islam, des appels au boycott de produits français ont été entendus dans certains pays du monde musulman.
En réalité, jusqu’à la prise de parole du chef de l’Etat turc, les demandes de boycott s’étaient d’abord multipliées via les réseaux sociaux. En revanche, dans d’autres pays, les instances diplomatiques et les institutions religieuses ont dénoncé cet état de fait sans aller jusqu’à appeler au boycott. Ce sont plutôt des chefs de partis qui ont relayé cet appel.
Je comprends l’émotion des fidèles musulmans sincères de par le monde. En France, eu égard à la longue tradition de liberté d’expression qui n’est pas bordée si ce n’est que par des impératifs d’ordre public et par la responsabilité de celui qui l’exerce, il y a lieu d’espérer que le sursaut éthique fera qu’on ne doit pas blesser autrui gratuitement. Si tel n’est pas le cas et s’il y a manquement au devoir de fraternité et d’amitié civique, il reste à saisir les tribunaux. C’est la seule manière civilisée de se faire entendre. Et comme, le plus souvent, les plaignants sont déboutés dans ce genre d’affaires, il incombe aux musulmans de France de retourner la situation avec intelligence et indifférence en faisant preuve de maturité psychologique et d’élévation spirituelle. C’est l’occasion de montrer la grandeur d’âme et la patience du prophète Muhammad face aux attaques verbales et aux agressions physiques. Il ne disait rien d’autre, avec son visage ensanglanté, après avoir été lapidé, battu et raillé à Taïf en 619, que : « Ô mon Dieu pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… ».
Enfin, je m’interroge aussi pourquoi ceux qui s’insurgent – non sans raison – pour marquer leur attachement à la figure prophétique, ne boycottent pas les produits chinois, alors que le gouvernement de Pékin persécute terriblement les Ouïghours… il ne s’agit pas d’hiérarchiser les indignations. J’en appelle simplement à un peu de raison et de cohérence et à être vigilant quant à certaines exploitations politiciennes du sentiment religieux.
C’est une énième convulsion paroxystique de la crise que connaît le monde musulman. Elle sera derrière nous lorsque l’actualité aura chassé l’actualité. J’espère qu’elle ne laissera pas trop d’aigreur ni ressentiment.
Propos recueillis par Nadjia BOUZEGHRANE – El Watan - L’actualité en Algérie, Premier quotidien ...
Fichier:Logo elwatan.png — Wikipédia
Selon Wikipédia, « El Watan (qui signifie « La patrie ») est un quotidien généraliste algérien en langue française ». Source
D. Rubrique traitant de certains aspects de la laïcité « à la française »
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Rappels sur la Laïcité avec Wikipédia et quelques vidéos
D’après Wikipédia, « En droit, la laïcité est le « principe de séparation dans l’État de la société civile et de la société religieuse »1 et « d’impartialité ou de neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses »1. Le mot désigne par extension le caractère des « institutions, publiques ou privées, qui sont indépendantes du clergé et des Églises »1. La laïcité s’oppose à la reconnaissance d’une religion d’État. Toutefois, le principe de séparation entre l’État et les religions peut trouver des applications différentes selon les pays, de la laïcité proprement dite à la simple sécularisation (sécularisme)… »
Article complet à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/La%C3%AFcit%C3%A9
Vidéos
3:22 Comprendre la laïcité en France en trois minutesLe Monde 16 mars 2017
Aperçu 4:34 La Laïcité en 3 minutesYouTube· COEXISTER France 3 sept. 2016
Aperçu 5:47 Qu’est-ce que la laïcité ? en 5 mnYouTube· UFAL - Union des FAmilles Laïques 7 sept. 2017
3:40 VIDEO. L’histoire de la laïcité en FranceFranceinfo· Franceinfo 29 janv. 2015
Laïcité à l’école : la ’Lettre aux instituteurs et institutrices’ de Jean Jaurès avait été publiée dans La Dépêche en 1888 - Publié le 25/10/2020 à 20:51 , mis à jour le 02/11/2020 à 09:45
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La laïcité à l’école : outils et ressources avec ‘eduscol’
La politique éducative de transmission de la laïcité à l’école a pour vocation de fournir aux enseignants et personnels éducatifs tous les outils pour se former à la laïcité, connaître les différents cas d’application avec, pour finalité, de transmettre le sens de la laïcité aux élèves. Les ressources nationales comportent des outils de formation, des références institutionnelles, associatives et de partenaires de l’éducation nationale, afin de construire une culture et des réflexes communs.
- Se former à la laïcité
- Ressources pédagogiques
Le principe de laïcité
Principe inscrit à l’article premier de la Constitution française, la laïcité garantit la liberté de conscience et protège la liberté de croire ou de ne pas croire. Ce principe républicain est établi par la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. La République garantit le libre exercice des cultes mais ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. Il en résulte la neutralité de l’État, le respect de toutes les croyances et l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction de religion.
La laïcité est le principe fondateur de l’École républicaine, depuis les lois Ferry (1882) et Goblet (1886). Dans sa mission première de « faire partager les valeurs de la République à tous les élèves », l’école transmet le sens du principe de laïcité qui est aux fondements de la citoyenneté.
Compte tenu du fait que, dans les écoles et les établissements, les élèves sont pour la plupart mineurs, la loi du 15 mars 2004 leur impose certaines règles. En ’encadrant le port de signes ou de tenues manifestant un appartenance religieuse’, la loi protège la liberté de conscience des élèves de toute forme de pression, d’emprise idéologique ou de prosélytisme.
La loi du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance a renforcé la lutte contre le prosélytisme. Son article 10 énonce que « les comportements constitutifs de pressions sur les croyances des élèves ou de tentatives d’endoctrinement de ceux-ci sont interdits dans les écoles publiques et les établissements publics locaux d’enseignement, à leurs abords immédiats et pendant toute activité liée à l’enseignement. La méconnaissance de cette interdiction est punie de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe. »
Des documents pour faire vivre la laïcité à l’École
Les textes officiels (Lois, Circulaires, BO)
Une bibibliographie
Conçue comme un support pour enseigner, faire partager et faire respecter les principes et les valeurs de la République, la Charte de la laïcité à l’École est exploitée par les enseignants dans des activités pédagogiques variées.
Pour favoriser son appropriation, des ressources pédagogiques sont proposées :
- La Charte commentée : explication et commentaire des thèmes et des notions majeures du préambule de la Charte et de chacun de ses 15 articles. Cette ressource, principalement à destination des professeurs, permet, dans une perspective d’auto-formation, une meilleure maîtrise de ce qu’est la laïcité au sein de l’Ecole. Elle peut également être une ressource à destination des élèves des lycées.
- Sur le site Canopé, un dossier complet sur la Charte de la laïcité à l’École est proposé. Le contenu des 15 articles de la Charte de la laïcité à l’école y est commenté en vidéo.
La Charte de la laïcité est disponible en différents formats :
- la Charte de la laïcité au format A5
- la Charte de la laïcité au format A4 (couleur)
- la Charte de la laïcité au format A4 (noir et blanc)
- la Charte de la laïcité au format A3 (couleur)
- la Charte de la laïcité simplifiée peut être utilisée, notamment avec les élèves des cycles 2 et 3.
Le vademecum La laïcité à l’École constitue un référentiel de situations pour les équipes académiques, les écoles et les établissements. Elaboré conjointement par les directions du ministère de l’Education nationale et le Conseil des sages de la laïcité, il présente des fiches pratiques qui abordent le respect de la laïcité par les élèves, les personnels, les parents d’élèves et les intervenants extérieurs et proposent une analyse juridique et des conseils éducatifs et pédagogiques mais aussi de nombreuses ressources.
https://cache.media.eduscol.education.fr/image/Valeurs_republicaines/24/6/Magistere_1276246.pngTout enseignant et tout personnel éducatif peut acquérir une formation en ligne, tutorée et interactive grâce au parcours M@gistère mis à disposition.
Le parcours formation M@gistère Laïcité est composé de modules auto-formatifs d’environ 20 mn sur :
- Eléments d’histoire de la laïcité en France
- Sens et enjeux de la laïcité
- La Charte de la laïcité à l’Ecole
- Situations de vie scolaire ou d’enseignement
Ressources pédagogiques
Pour les enseignants
Sur Canopé, le site Valeurs de la République explicite chacune des valeurs et notions, parmi lesquelles la laïcité. Ces ressources, destinées à l’ensemble de la communauté éducative, ont vocation à préciser un certain nombre de termes en y apportant un double éclairage : philosophique et historique.
Sur le site Vie-publique, le dossier « L’État et les cultes - Laïcité et loi de 1905 » permet grâce des éclairages, de définir la laïcité à la française, de faire le point sur des questions d’actualité et de comparer le modèle français à d’autres systèmes comme celui des Etats-Unis. Les lycéens peuvent également y trouver des informations.
https://cache.media.eduscol.education.fr/image/Valeurs_republicaines/21/0/Observatoire_de_la_laicite_1276210.pngLe site de l’Observatoire de la laïcité offre de nombreuses ressources : rapports, des fiches pratiques pour expliciter la laïcité au quotidien ce qui permet de mieux dégager les spécificités de l’espace scolaire.
À destination des élèves
Cycle 2
Canopé met en ligne une ressource à destination des élèves du Cycle 2. A travers les aventures de Vinz et Lou, commence une première appréhension de la laïcité en distinguant ce qui est du domaine de la croyance et du savoir.
Cycle 3-4
L’association Enquête conçoit et diffuse des pédagogies et outils ludiques d’éducation à la laïcité et aux faits religieux.
La laïcité en questions. Cette exposition virtuelle de la Bnf, d’une grande richesse iconographique, est utilisable en ligne. Ce dossier comprend également des pistes pédagogiques problématisées et des ressources.Le site #générationlaïcité. Ce projet est une initiative conjointe de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) et de l’Observatoire de la laïcité, pour faire découvrir aux jeunes ce qu’est la laïcité. Grâce à un jeu de question-réponse, les élèves peuvent découvrir la laïcité au quotidien.
L’association Le moutard propose une expo-quiz® sur la laïcité.
Le site #générationlaïcité. Ce projet est une initiative conjointe de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) et de l’Observatoire de la laïcité, pour faire découvrir aux jeunes ce qu’est la laïcité. Grâce à un jeu de question-réponse, les élèves peuvent découvrir la laïcité au quotidien.
Lycée
L’association Bibliothèques Sans Frontières, fondée en 2007, soutient avant tout les bibliothèques, mais propose aussi de nombreux projets culturels auprès des jeunes, pour promouvoir l’information et le savoir. Pour répondre à une demande des enseignants, mais aussi des jeunes rencontrés, BSF, en partenariat avec la DILCRAH, propose une web-série en 10 épisodes permettant de mieux appréhender la laïcité. Chaque épisode de trois minutes environ est centré autour d’une problématique sur la liberté de conscience, la laïcité en France et ailleurs, ou pourquoi condamner Dieudonné et pas Charlie Hebdo ?
Sur Canopé également, le dossier complet sur la Charte de la laïcité à l’École. Le contenu des 15 articles de laCcharte de la laïcité à l’école y est commenté en vidéo.
Les actes des formations nationales
Enseignement des faits religieux
Laïcité, vérité, enseignement IGEN, ESEN, DESCO, CRDP de Bourgogne, mars 2005 Actes du colloque organisé en mars 2005 pour répondre aux préoccupations des enseignants quant à la légitimité de certains contenus d’ enseignement remis en cause par les élèves et pour enraciner une pratique raisonnée et concrète du principe de laïcité à l’école.
La laïcité au cœur des enseignements IGEN, septembre 2004. Document de synthèse présentant quelques repères fondamentaux sur la pratique de la laïcité en milieu scolaire. Exemples proposés : sciences de la vie et de la terre, éducation physique et sportive, histoire-géographie et éducation civique.
Les rapports
Valeurs de la République et laïcité, Rapport IGEN - Avril 2015
Ce rapport est le fruit d’un travail collégial des groupes de l’IGEN mené en séminaire en avril 2015 sur les valeurs de la République.
L’application du principe de laïcité dans les établissements scolaires publics. IGESR, octobre 2019 Au terme de dix-huit mois de fonctionnement du dispositif ministériel mis en place au tout début de l’année civile 2018 pour mieux faire comprendre, partager et respecter le principe de laïcité dans le système éducatif, une mission d’inspection générale a été chargée d’en évaluer l’impact et d’établir à cet effet un état des lieux de l’application de ce principe dans les écoles et établissements du second degré de l’enseignement scolaire public.
Textes de référence
Charte de la laïcité à l’École - Valeurs et symboles de la République
Circulaire n° 2013-144 du 6 septembre 2013 (BOEN du 12 septembre 2013)
Loi pour une école de la confiance, loi du du 26 juillet 2019
Mis à jour le 29 octobre 2020
Dans ce dossier - Accueil du dossier
- La laïcité à l’École
- Le formulaire’atteinte à la laïcité’
- Journée de la laïcité à l’École de la République
- L’enseignement des faits religieux
- Textes de référence
Formulaire - Un formulaire en ligne « atteinte à la laïcité » réservé à tous les personnels de l’Éducation nationale.
Les équipes académiques Valeurs de la République
Lien à venir
Conseil des sages de la laïcité
Le Conseil des sages de la laïcité, composé d’experts et placé auprès du ministre, est chargé de préciser la position de l’institution scolaire en matière de laïcité et de faits religieux.
Consulter éducation.gouv Observatoire de la laïcité
L’Observatoire assiste le Gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité en France. Visitez le site Consultez le dernier rapport de l’Observatoire
Sur l’édusphère
- education.gouv.fr Toute l’information sur l’éducation en France
- Onisep L’information nationale et régionale sur les métiers et les formations
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27.
Conférence : Laïcite : modifier la loi pour quelle réponse a quel problème - Résumé - 25 mars 2019 - << Les Français d’Algérie en... >>
Conférence : LAÏCITE : MODIFIER LA LOI POUR QUELLE REPONSE A QUEL PROBLEME - Résumé
A la suite de l’annonce d’un projet de loi portant sur la Laïcité, projet de loi essentiellement motivé par la présence de l’Islam en France, le Cercle d’Aix a organisé le 7 mars dernier une conférence/débat intitulée « Laïcité : modifier la loi, pour apporter quelle(s) réponse(s) à quel(s) problème(s) ».
Cette conférence n’a eu pour prétention que d’ouvrir une réflexion à compléter au fur et à mesure de l’actualité et de nos contributions respectives. Cette réflexion inclut l’expérience de la laïcité dans l’Algérie alors française.
Voici quelques éléments tirés de cette soirée.
I – Quel est ce projet de loi ?
Selon les annonces faites, ce projet de modification de la Loi de Séparation de l’Etat et des Eglises de 1905 aurait pour but de responsabiliser les gérants des lieux de culte, de prévenir les dérives et de réduire l’influence étrangère.
Seuls les titres IV (associations pour l’exercice du culte) et V (police des cultes) seraient concernés. Le gouvernement veut placer les lieux de culte de l’Islam sous le régime des ’associations cultuelles’ régies par la loi de 1905, alors que cet exercice s’est généralement placé sous le régime des associations loi 1901 moins contraignant.
*(rappel Loi 1905) =
TITRE I : Principes
Art 1 : La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public
Art 2 : la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. …….
TITRE II : Attribution des biens, pensions (Art 3 à 11)
TITRE III : Des édifices des cultes (Art 12 à 17)
TITRE IV : Des associations pour l’exercice des cultes (Art 18 à 24)
TITRE V : Police des cultes (Art 25 à 36)
TITRE VI : Dispositions générales (Art 37 à 44)
**Rappel = Associations cultuelles : créées pour subvenir aux frais, à l’entretien et à l’exercice d’un culte. En 1905, les catholiques refusèrent d’être placés sous le régime des associations cultuelles qui ne reconnaissaient pas l’autorité du Saint Siège. C’est pourquoi furent créées en 1924 les associations diocésaines qui répondirent à cette volonté.
II – Bref rappel historique
A travers la période révolutionnaire, le Concordat et la IIIème République se dessinent les linéaments de la laïcité d’où émergent :
- la singularité du concept « laïcité » qui est un concept français,
- le transfert de la sacralité du religieux vers le politique,
- la volonté de fonder un homme nouveau dégagé des hypothèses métaphysiques et des dogmes des religions,
- la volonté de déclarer universelle la morale laïque (car puisant ses racines au fond de la conscience humaine).
III - La difficulté d’adapter l’islam à la laïcité
Cette difficulté vient de la conception que se font la Chrétienté et l’Islam de l’humanité.
Pour les Chrétiens, il y a distinction entre les domaines spirituels et temporels et pour la France laïque républicaine, le libre arbitre fait partie de la conscience humaine.
Toute autre est la conception de l’Islam : Il n’y a pas de distinction entre le spirituel et le temporel et le libre arbitre individuel est contraire à l’Oumma, fraternité obligatoire de protection et de surveillance qui en fait un projet global à la fois spirituel, sociétal et politique.
IV – La laïcité en Algérie alors française
- Au moment de la conquête (1830), la convention de capitulation signée entre la France et le Bey d’Alger stipule le respect du libre exercice de la religion. Néanmoins, l’intégration des biens habbous dans le Domaine Public français engage la France dans la nécessité de contrôler l’administration du culte musulman.
- Lors de la discussion de la loi de 1905, le principe de son application en Algérie ne suscitera aucune opposition et même peu d’intérêt.
- Un décret du 27 décembre 1907 aménage la législation à la situation spéciale de l’Algérie en veillant à contrôler le culte musulman et à préserver le culte catholique, compte tenu de sa mission apostolique d’intégration.
-Malgré l’encouragement à constituer ’des associations cultuelles musulmanes’ notamment pour jouir gratuitement des mosquées restées propriété de l’Etat, celles-ci n’ont aucun succès, les acteurs religieux islamistes s’engouffrant dans le cadre des associations Loi 1901 moins contraignant.
V- Atteintes à la laïcité
Depuis plus d’une trentaine d’années, nombreuses sont des situations où sont concernés les musulmans et qui sont /ou sont perçues en France comme des atteintes à la laïcité.
Elles touchent notamment au rapport aux services publics, à l’espace public, aux tenues vestimentaires, aux interdits alimentaires, à la place de la femme dans la société, à l’enseignement, etc…
Au cours de notre soirée, a été particulièrement soulevé l’exemple du mariage en France entre un homme non musulman français et une femme musulmane étrangère ou bi-nationale– soumise à l’interdiction religieuse d’épouser un non musulman.
Il résulte de l’Instruction Générale de Règlement de l’Etat Civil (IGREC) que ce mariage peut être célébré, les conditions exigées par la loi française étant remplies. Mais selon le 2ème alinéa du n° 546 de IGREC ’leur union risque de ne pas être reconnue à l’étranger et pourrait même être annulée en France’ ! Sans doute, ce qui a entrainé la pratique des ’certificats de conversion’.
Sur toutes ces questions rapidement abordées et résumées, le débat reste ouvert.
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28.
Débat - Laïcité, le modèle français peut-il s’exporter ? Le 27/06/2019 à 06:02 - Document ‘la-croix.com’
Le dernier jeudi du mois, l’émission « Du grain à moudre », à 18 h 20 sur France Culture aborde, en partenariat avec « La Croix », l’un des grands thèmes qui ont fait l’actualité des semaines écoulées. Le 27 juin, l’historienne Valentine Zuber et le politologue Philippe Raynaud débattront de la loi sur la laïcité adoptée dimanche 16 juin au Québec, après des années de polémiques. Ils répondront aux questions d’Hervé Gardette, de France Culture, et de Guillaume Goubert, de « La Croix ».
Laïcité, le modèle français peut-il s’exporter ?
« La loi québécoise va plus loin que la doctrine française »
Valentine Zuber (photo) Valentine Zuber, directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Études (PSL), titulaire de la chaire de « Religions et relations internationales »
Le modèle historique français n’était sûrement pas totalement absent des esprits quand les élus québécois ont adopté, par 73 voix contre 35, cette loi sur la laïcité. L’exemple français suscite pourtant de nombreuses réserves, si l’on en juge les nombreuses réactions négatives, que ce soit au Québec ou au Canada, y compris celle du premier ministre canadien, Justin Trudeau. Je pense pourtant que cette loi québécoise diffère du système de séparation défini par la loi de 1905 et qu’elle va plus loin sur trois points. Lire la suite.
Ce qui compte vraiment dans l’actualité - Participez aux débats dans le respect des convictions de chacun et en disposant des meilleures sources d’information. Newsletters La Croix i L’édition de 19H - Chaque soir, l’essentiel de l’actualité du jour.
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« Ne tombons pas dans un nationalisme à prétention universelle »
Philippe Raynaud (photo) politologue, auteur de La laïcité. Histoire d’une singularité française (1)
La laïcité est la forme française de la sécularisation, c’est-à-dire l’émancipation des États à l’égard de la religion. Ce terme n’a pas beaucoup d’équivalents ailleurs, et passe pour intraduisible ! La Révolution de 1789ou encore la dureté du conflit religieux en France au XIXe siècle ont fait de la laïcité française ce qu’elle est, jusqu’à la séparation de l’Église et de l’État en 1905. Elle pose pour principe que l’État n’est pas subordonné aux institutions religieuses mais que, parallèlement, il doit garantir la liberté de croyance.
Même si cette version française de la sécularisation correspond au départ à des problèmes français, ces problèmes peuvent survenir aussi ailleurs ! Je suis convaincu que certains des principes sur lesquels s’appuie notre laïcité sont universellement valides et acceptables, et que les solutions qu’elle a inspirées en France peuvent être transposées dans d’autres pays. Lire la suite.
À découvrir : « La liberté d’expression ne consiste pas à pouvoir tout dire, tout écrire, tout dessiner »- Jean-Marie Petitclerc, Salésien de Don Bosco, coordinateur du réseau DBAS lire la suite
À découvrir : « De la toléranceàl’intolérable : les ressources du libéralisme politique pour notre République laïque »https://www.la-croix.com/Debats/tol...Bernard Bourdin, professeur de philosophie politique à l’Institut catholique de Paris. lire la suite
La Croix - Actualité en France, en Europe et dans le Monde -laïcité - Forum et débats
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© 2020 - Bayard Presse - Tous droits réservés - @la-croix.com est un site de la Croix Network - Source : https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Laicite-modele-francais-peut-sexporter-2019-06-27-1201031697
29.
Info Marianne - Des Français farouchement laïques, fracture chez ceux de confession musulmane : les résultats d’un sondage exclusif Par Hadrien MathouxPublié le 05/11/2020 à 7:00 – Document ‘marianne.net’
Pour le Comité Laïcité République, l’IFOP a mené une enquête sur l’adhésion à la laïcité, le rapport au religieux et la lutte contre l’islamisme auprès d’un échantillon de 2.000 Français et d’un autre de 500 Français de confession musulmane. Marianne en dévoile les résultats en exclusivité.
À contexte particulier, méthodologie exceptionnelle. L’institut d’opinion Ifop a mené pour la deuxième année consécutive une étude pour le Comité Laïcité République (CLR), qui remet ce jeudi 5 novembre son prix annuel de la laïcité. La publication de ce sondage s’inscrit dans un contexte lourd et particulier, puisque la France a été endeuillée ces dernières semaines par une série d’attentats islamistes, alors que le gouvernement s’apprête à faire voter un « projet de loi visant à renforcer la laïcité ».
Liberté d’expression, place du religieux dans l’espace public, islam et islamisme : ces sujets brûlants sont au cœur des débats. Pour mesurer au mieux l’état de l’opinion, l’Ifop a mobilisé deux échantillons distincts : l’un, de 2.034 personnes, représentatif de la population française, interrogé fin octobre ; l’autre, composé de 515 citoyens de confession musulmane interrogés en août, un choix que les sondeurs justifient par l’intérêt « d’obtenir des données fiables sur une catégorie de la population dont l’avis est central dans une étude abordant notamment les manifestations de religiosité dans l’espace public ou la lutte contre l’islamisme. »
Fracture sur la loi de 2004 sur les signes religieux
Ce sondage livre une série d’enseignements éclairants, parfois revigorants, d’autres fois alarmants. S’agissant des principales lois laïques, force est de constater qu’elles sont massivement approuvées par la population : la loi de 1905 trouve 88 % de sondés favorables, celle de 2004 (interdisant les signes religieux à l’école publique) 85 %, et celle de 2010 (interdisant le port du voile intégral) 88 %. Les musulmans, plus sceptiques, sont majoritairement opposés (56 %) à la loi de 2004, souvent accusée d’être “islamophobe“ par les activistes islamistes et leurs alliés objectifs.
Une dichotomie qui sera plus spectaculaire sur d’autres thèmes. S’ils sont 87 % à approuver la loi de 1905, 37 % déclarent vouloir en assouplir certains aspects. Les récentes propositions émanant de la droite ont également été testées par l’Ifop, et recueillent l’assentiment d’une large majorité de sondés, comme l’instauration de cours sur les valeurs de la République et la laïcité qui seraient sanctionnés par une épreuve obligatoire au brevet des collèges (82 % d’approbation) ou la mise en place d’une épreuve de laïcité pour les candidats à un concours d’enseignant (81 %).
S’éloignant des seuls aspects juridiques, l’Ifop a cherché à mesurer la perception qu’ont les Français de la laïcité. Leur évolution est spectaculaire : 26 % estiment ainsi que la laïcité, « c’est avant tout faire reculer l’influence des religions dans notre société », un chiffre en progression de 17 points depuis 2005 ! Est-ce une réaction aux récents attentats qui ont marqué l’actualité ? Les données tendent à montrer qu’il s’agit au contraire d’une tendance de fond. « Le partage entre les conceptions “offensives” et “minimalistes” de la laïcité est aujourd’hui relativement figé dans l’opinion », constate François Kraus, directeur du pôle politique et actualité à l’Ifop. « Il n’en a donc pas moins beaucoup évolué au profit de l’idée selon laquelle la laïcité doit être associée à un combat culturel visant à réduire l’influence des religions dans la société et le poids des appartenances religieuses. »
D’après le sondeur, cette évolution durable de l’opinion trouve son origine dans « l’affirmation d’une religion exogène (l’islam) dont les manifestations suscitent de plus en plus de malaise, notamment avec la défense d’un symbole sexiste comme le voile. Il faut probablement y voir une réaction de la population majoritaire face à la “réislamisation” des Français d’origine maghrébine, une volonté de lutter contre des manifestations publiques de religiosité qu’on ne voyait pas dans les années 80. » Ainsi, seuls 19 % des Français interrogés, contre 32 % en 2015, considèrent que la laïcité consiste avant tout à « mettre toutes les religions sur un pied d’égalité », une proportion qui atteint tout de même 30 % chez les musulmans et 41 % chez ceux qui ont moins de 25 ans. Enfin, plus classiquement, 27 % estiment que la laïcité, c’est avant tout « séparer les religions et la politique », et 23 % qu’elle assure en priorité « la liberté de conscience. »
Fracture culturelle sur la visibilité du religieux
La fracture la plus nette au sein de la population française est culturelle et non pas juridique : elle s’observe en ce qui concerne la place de la religion dans la société. Majoritairement acquis aux lois de laïcité, les Français de confession musulmane sont bien plus favorables que les autres à la visibilité du religieux dans l’espace public : 75 % approuvent le port de signes religieux pour des parents accompagnateurs d’une sortie scolaire (26 % chez l’ensemble des Français), 69 % s’agissant des salariés du secteur privé (dont 78 % des musulmans de moins de 25 ans, contre 24 % de la population globale), et 63 % (contre 21 %) pour les agents du service public, ce qui reviendrait à revenir sur le devoir de neutralité religieuse des fonctionnaires.
Particulièrement favorables à une forme de discrétion, les Français ne sont que 22 % à accepter le port de signes religieux ostensibles chez les usagers des services publics, une pratique pourtant tout à fait légale, et se prononcent même à 72 % pour l’interdiction de toute prière de rue ! Autre signe que, pour une majorité de musulmans, la laïcité peut clairement s’envisager “à la carte” : 81% se déclarent favorables à une loi autorisant les femmes à avoir droit à des horaires réservés aux femmes dans les piscines municipales, et 81 % à une loi autorisant le burqini dans les piscines publiques, deux propositions rejetées par plus de trois quarts des sondés.
L’Ifop a enfin soumis une série de questions ayant trait à la lutte contre l’islamisme à son échantillon principal, interrogé après la mort de Samuel Paty : les chiffres de réponse des musulmans sont donc moins fiables que ceux de l’échantillon de 515 personnes questionné en août, mais certains écarts peuvent se révéler instructifs et confirment d’ailleurs les résultats des études les plus récentes.
Ainsi, 75 % des Français dans leur ensemble, se déclarent favorables à « laisser aux enseignants le droit de montrer à leurs élèves des dessins caricaturant ou se moquant des personnages religieux afin d’illustrer les formes de liberté d’expression », contre seulement 36 % chez ceux de confession musulmane. Les dissolutions des associations islamistes BarakaCity et CCIF, approuvées par une forte majorité de la population (76 et 65 %), sont rejetées par deux tiers des sondés de confession musulmane. Enfin, alors que le tandem formé par Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène est remis en cause pour sa vision jugée trop complaisante, notons que 72 % des Français se prononcent pour « la nomination à la tête de l’Observatoire de la laïcité de personnalités engagées contre l’influence des intégristes religieux dans la société. »
La charia passe avant la loi de la République pour plus de la moitié des jeunes musulmans
Terminons ce panorama avec un chiffre pour le moins effrayant, ayant trait à une interrogation simple posée aux croyants : « les normes et règles » édictées par leur religion sont-elles plus importantes que celles de la République ? Chez les musulmans, les conceptions sont bien plus équitablement partagées : si 37 % ne sont « pas du tout d’accord » avec le fait de placer « la loi islamique » avant celle de la République, 38 % partagent au contraire ce point de vue… Une proportion qui atteint même 57 % chez les 18 à 24 ans, en hausse de 10 points par rapport à 2016.
« La revendication d’un statut particulier avec des droits particuliers progresse fortement chez les Français musulmans, notamment chez les jeunes qui plébiscitent un modèle communautariste », soupire Jean-Pierre Sakoun, président du Comité Laïcité République, qui constate que « face au modèle communautariste culturellement dominant, propagé par les États-Unis, l’Union européenne et les pays musulmans, nos institutions l’école de la République peinent à faire valoir les qualités de la laïcité en matière de paix civile, de liberté collective et d’émancipation individuelle. » Il n’est dès lors pas étonnant de constater la multiplication d’incidents dans les écoles, puisqu’une majorité de jeunes musulmans semble ouvertement placer la charia avant la loi française.
À lire aussi >>Ces centaines d’incidents que décrivait le rapport sur la laïcité à l’école remis à Jean-Michel Blanquer
https://cdn.marianne.net/static/images/logos/logo-marianne-round.png{Par Hadrien Mathoux
Après les attentats islamistes en France, la presse américaine fait le procès de la laïcité Louis Nadaule 04/11/2020
Hommage à Samuel Paty : plusieurs enquêtes pour ’apologie du terrorisme’ ouvertes contre desélèves Anthony Cortesle 04/11/2020
’Pourquoi la critique des religions est essentielle (et libère les hommes)’ Yvon Quinioule 03/11/2020
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Hommage à Samuel Paty : plusieurs enquêtes pour ’apologie du terrorisme’ ouvertes contre desélèves
« Le goût de la vérité n’empêche pas de prendre parti » Albert Camus
Marianne - Actualités et débats
Marianne (magazine) — Wikipédia
E. Rubrique reflétant les positions officielles en France sur la notion de laïcité
30.
Qu’est-ce que la laïcité ? – Document officiel ‘gouvernement.fr’
La laïcité garantit la liberté de conscience. De celle-ci découle la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l’ordre public. La laïcité implique la neutralité de l’Etat et impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou de conviction.
La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions. Elle assure aussi bien le droit d’avoir ou de ne pas avoir de religion, d’en changer ou de ne plus en avoir. Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint au respect de dogmes ou prescriptions religieuses.
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La laïcité implique la séparation de l’Etat et des organisations religieuses. L’ordre politique est fondé sur la seule souveraineté du peuple des citoyens, et l’Etat —qui ne reconnaît et ne salarie aucun culte— ne régit pas le fonctionnement interne des organisations religieuses. De cette séparation se déduit la neutralité de l’Etat, des collectivités territoriales et des services publics, non de ses usagers. La République laïque impose ainsi l’égalité des citoyens face à l’administration et au service public, quelles que soient leurs convictions ou croyances.
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La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l’ordre public.
Entretien avec Jean-Louis Bianco, Président de l’Observatoire de la laïcité
Vous avez dit laïcité ? Par Nicolas Cadène, Rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité
’La laïcité en trois minutes (ou presque)’
Film de l’association Coexister, lauréat d’une mention spéciale du Prix de la laïcité de la République française 2016
« La laïcité à l’école »
Le clip du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Voir les autres vidéos réalisées en partenariat avec le CNFPT
#generationlaicité Le port de signes distinctifs à l’école
#generationlaicite Cours de sport et religion
Si vous avez plus de questions sur la laïcité en pratique, à l’école, au collège ou au lycée, rendez-vous sur :www.generationlaicite.fr
Actions à la une
Action Publique 2022 : pour une transformation du service public
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© Gouvernement 2020 - Source : https://www.gouvernement.fr/qu-est-ce-que-la-laicite
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Le principe de laïcité selon le Ministère de l’Education Nationale
Le principe de laïcité est au fondement du système éducatif français depuis la fin du XIXe siècle. Les différents enseignements contribuent à la transmission de la laïcité, en particulier l’enseignement moral et civique, l’histoire géographie ou encore la littérature. Pour soutenir les professeurs, les directeurs d’école et les chefs d’établissements qui sont parfois confrontés à des remises en cause du principe de la laïcité, il a été mis en place un nouveau dispositif.
Faire respecter le principe de laïcité à l’écoleLe conseil des sages de la laïcitéL’équipe nationale laïcité et fait religieuxLes équipes académiques laïcité et fait religieuxUn vademecum laïcitéUn formulaire en ligne, réservé aux personnels de l’éducation nationale
[Infographie] Respect du principe de laïcité : prévenir, répondre, soutenir
La charte de la laïcité à l’écoleTélécharger la charte de la laïcité
La charte de la laïcité accessible pour tous
Faire respecter le principe de laïcité à l’école
La laïcité est un principe de liberté, liberté de croire ou de ne pas croire. Elle est au fondement de notre société et de notre école qui doit préserver les élèves de tout prosélytisme idéologique, économique et religieux.
Pour soutenir les professeurs, les directeurs d’école et les chefs d’établissement qui sont parfois confrontés à des remises en cause du principe de la laïcité, il a été mis en place un dispositif début 2018 :
Le conseil des sages de la laïcité
Un conseil des sages réunit les experts en mesure de les éclairer sur cette question. Il réfléchit aux modalités concrètes pour faire respecter le principe de laïcité à l’École.
L’équipe nationale laïcité et fait religieux
Une équipe nationale laïcité est en soutien des académies. Pour faciliter le recueil et la prise en compte des atteintes à la laïcité, l’équipe nationale offre plusieurs modes de signalement qui garantissent un état des lieux précis.
Les équipes académiques laïcité et fait religieux
Dans chaque académie, une équipe laïcité et fait religieux apporte aux équipes pédagogiques et éducatives une réponse concrète en cas d’atteinte au principe de laïcité. Elle les forme et aide les établissements à réagir de manière appropriée.
Autour du coordonnateur académique laïcité, l’équipe académique associe des expertises juridique, éducative et pédagogique. Elle analyse les situations et intervient auprès des écoles et des établissements, ponctuellement ou en accompagnement à plus long terme. Elle définit une stratégie d’intervention et de formation pour les établissements concernés et pour l’académie. 400 personnes sont mobilisées sur le territoire national pour prévenir et réagir.
Un vademecum laïcité
Un vade-mecum laïcité, validé par le conseil des sages, apporte des réponses juridiques précises et donne des conseils d’action aux équipes éducatives. Le vademecum La Laïcité à l’École : un référentiel commun à tous les personnels. Le vademecum « La Laïcité à l’École » est destiné aux chefs d’établissement, aux inspecteurs de l’éducation nationale, aux directeurs d’école et aux équipes éducatives et pédagogiques. Il prend la forme de fiches pratiques qui rappellent le sens de la laïcité, aident les équipes à le faire comprendre aux élèves et à agir en cas d’atteinte ou de remise en cause. Ce vademecum propose une analyse juridique et des conseils éducatifs et pédagogiques. C’est un support de formation et de réflexion pour les équipes, qui vient compléter les ressources déjà disponibles : la Charte de la laïcité à l’École, etc…
Téléchargez le vademecum ’la laïcité à l’École’ sur éduscol
Un formulaire en ligne, réservé aux personnels de l’éducation nationale
Une adresse de saisine permet à chaque professeur, chaque directeur et à chaque chef d’établissement d’écrire au ministère. Une réponse est apportée dans les vingt-quatre heures en cas de signalement d’un problème relatif à la laïcité. La demande est ensuite traitée par l’équipe laïcité du rectorat concerné.
[Infographie] Respect du principe de laïcité : prévenir, répondre, soutenir
Conseil des sages laïcité
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Des ressources sur la laïcité
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La laïcité en questions
Une exposition virtuelle proposée par la Bibliothèque nationale de France
Textes de référence
Charte de la laïcité à l’École
Circulaire n°2013-144 du 6 septembre 2013
110e anniversaire de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État
Circulaire n°2015-182 du 28 octobre 2015
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École Collège - Le système d’enseignement français est fondé sur de grands principes, certains inspirés de la Révolution de 1789, de lois votées entre 1881 et 1889 et sous les IVe et Ve Républiques ainsi que de la Constitution du 4 octobre 1958 : ’l’organisation de l’enseignement public obligatoire gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État ’.
_En savoir plus Faire respecter le principe de laïcité à l’école
Actualité À l’occasion du premier séminaire national réunissant ce mercredi 30 mai à Paris les équipes académiques et nationale laïcité et fait religieux, ainsi que les membres du conseil des sages de la laïcité, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a présenté l’ensemble des mesures prises pour faire respecter le principe de laïcité à l’école.https://www.education.gouv.fr/faire...En savoir plus
Le conseil des sages de la laïcité - Ministère - Le ministère chargé de l’éducation nationale se dote d’un conseil des sages de la laïcité, composé d’experts issus de tous les horizons, pour préciser la position de l’institution scolaire en matière de laïcité.En savoir plus
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Signaler une atteinte au principe de laïcité - École Collège
Les personnels de l’Éducation nationale se sentent parfois seuls face à une situation où ils pressentent que le principe de laïcité est remis en cause. Depuis juin 2018, une adresse de saisine ’atteinte à la laïcité’ permet à chaque personnel de l’éducation nationale de saisir le ministère et de faire part d’une situation dont il a été témoin ou d’une difficulté qu’il rencontre sur ce sujet au cœur des fondements de l’école républicaine.En savoir plus
La charte de la laïcité à l’école École Collège - La Nation confie à l’École la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la RépubliqueEn savoir plus
Suivi des recommandations du médiateur de l… École Collège - Les recommandations émises dans le rapport 2018 ont fait l’objet d’une réunion du comité de suivi qui s’esttenue le 26 février 2020. Elle était présidée par les directeurs de cabinet des ministres chargés de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur.En savoir plus
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La laïcité d’après le Ministre de l’Intérieur Cultes et laïcité
Illustration - La laïcité repose sur trois principes : la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l’ordre public, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, et l’égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions.
La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs convictions. Elle assure aussi bien le droit d’avoir ou ne de pas avoir de religion, d’en changer ou de ne plus en avoir.
Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint par le droit au respect de dogmes ou prescriptions religieuses.
La laïcité suppose la séparation de l’État et des organisations religieuses. L’ordre politique est fondé sur la seule souveraineté du peuple des citoyens, et l’État —qui ne reconnaît et ne salarie aucun culte— ne régit pas le fonctionnement interne des organisations religieuses.
De cette séparation se déduit la neutralité de l’État, des collectivités et des services publics, non de ses usagers. La République laïque assure ainsi l’égalité des citoyens face au service public, quelles que soient leurs convictions ou croyances.
La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l’ordre public.
Source : www.gouvernement.fr - https://www.interieur.gouv.fr/Publications/Cultes-et-laicite/La-laicite
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La laïcité : un concept simple à définir , par le document belge ‘le laicite.be’
Illustration - Le mot « laïcité » se pare souvent de sens variables selon l’usage et la personne qui l’utilise. Il n’en a pourtant qu’un seul. Selon le Petit Robert, la laïcité est le « principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l’État n’exerçant aucun pouvoir religieux et les Églises aucun pouvoir civil ».
Cette définition est facile à comprendre. Toutefois, certains préfèrent voir dans la laïcité l’expression de l’athéisme ou de l’agnosticisme, ou même le rejet de la religion. Or, rien n’est moins exact. En séparant clairement le pouvoir civil du pouvoir religieux, la laïcité permet l’égalité de tous devant la loi. Cette égalité garantissant la liberté de chacun d’adhérer aux idées, convictions ou croyances de son choix.
La laïcité est le principe humaniste qui fonde le régime des libertés et des droits humains sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse.
Il oblige l’État de droit à assurer l’égalité, la solidarité et l’émancipation des citoyens par la diffusion des savoirs et l’exercice du libre examen.
Réalisé par le Centre Laïque Enghien-Silly ASBL avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles et des communes d’Enghien et de Silly
Comme dit l’adage : la laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une.
Lucia de Brouckère assignait ainsi à la laïcité l’objectif de construire une société juste, progressiste et fraternelle. Une société qui puisse assurer à chacun la liberté de la pensée et de son expression par l’adoption du libre examen comme méthode de pensée et d’action en dehors de tout dogme. La laïcité, c’est aussi et surtout une posture humaniste, ouverte, basée sur l’émancipation de l’individu qui va faire ses emplettes, ses choix, précisément à partir des outils que lui procure l’autonomie.
Le principe de laïcité a pour corollaire de garantir à tous une vie digne et l’accès aux outils qui permettent l’autonomie des consciences et des choix. Au lieu de se satisfaire d’une égalité abstraite, le mouvement laïque poursuit des égalisations fondées sur l’instruction et revendique prioritairement le respect des personnes et la libre rencontre des idées.
Le défi consiste à passer du règne des communautarisations à celui de l’universalisme dans le respect de la diversité et du vivre ensemble.
Seul un humanisme universaliste, laïque, permettra demain le « vivre-libre-ensemble ». La laïcité qui autorise le débat, jusqu’au blasphème, dans le respect absolu de la personne humaine, apparaît comme une condition de survie de l’humanité. Il nous appartient d’œuvrer pour une approche transversale de la vie en société, pour le « construire ensemble ».
Dans l’idéal laïc, il y a de la place pour la liberté et la diversité, pour des options, pour des idéologies, pour des partis…
Tous ces éléments contribuent à forger une société solidaire, solidement ancrée sur ses inamovibles piliers : liberté, égalité, solidarité.
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Source : https://www.laicite.be/la-laicite/la-laicite-un-concept-simple-a-definir/
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Le président français Emmanuel Macron s’engage contre ’le séparatisme islamiste’ et les ’influences étrangères’ Le 19/02/2020 – Extrait à retrouver dans l’émission de France Culture Journal de 7 h par Rédaction, Catherine Duthu et Sophie Delpont
Plus question d’accueillir des imams ’détachés’ envoyés par des pays comme la Turquie et l’Algérie et en finir avec les enseignements de Langue et Culture d’Origine : ce sont des mesures annoncées, hier, par le chef de l’Etat pour lutter ’le séparatisme islamiste’.
Photo - Emmanuel Macron, hier à Mulhouse • Crédits : SEBASTIEN BOZON / POOL / AFP - AFP
Décidé à lutter contre le ’séparatisme islamiste’, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures contre les ’influences étrangères’ sur l’islam en France, allant des imams étrangers au financement des mosquées en passant par l’enseignement.
Ce serait une faute profonde de penser qu’il s’agit d’un plan contre l’islam. Emmanuel Macron a développé sa vision du ’séparatisme islamiste’, hier à Mulhouse, dans le quartier populaire de Bourtzwiller, l’un des 15 territoires faisant l’objet d’une lutte coordonnée contre le repli islamiste. D’entrée de jeu, le chef de l’Etat a tenu à préciser qu’il n’était pas là pour stigmatiser une ville ou un quartier. Afin d’éviter des prêches non conformes aux lois de la République, la France cessera d’accueillir des ’imams détachés’ envoyés par d’autres pays, comme la Turquie et l’Algérie, en augmentant parallèlement le nombre d’imams formés en France.
Emmanuel Macron a annoncé que le dispositif de cours facultatifs en langues étrangères dispensés par des enseignants désignés par les gouvernements d’autres pays serait également supprimé à la prochaine rentrée scolaire. ’Le problème que nous avons aujourd’hui avec ce dispositif, c’est que nous avons de plus en plus d’enseignants qui ne parlent pas le français (...), que nous avons de plus en plus d’enseignants sur lesquels l’Education nationale n’a aucun regard’, a expliqué le chef de l’Etat.
Reportage à Mulhouse de Rosalie Lafarge et réaction de l’essayiste Hakim El Karoui, auteur pour l’Institut Montaigne de trois rapports sur l’islam, dont ’La Fabrique de l’Islamisme’, - 600 pages remises en septembre 2018 à Emmanuel Macron - : interrogé par Delphine Evenou, il estime que de solides bases contre le communautarisme ont été posées à Mulhouse, même si le travail ne fait que commencer. A son sens, c’est la première fois qu’un président de la République dit clairement qu’il faut rompre avec l’islam consulaire…
À découvrir :
Emmanuel Macron veut combattre le ’séparatisme islamiste’
’L’Islam est en crise’ : la phrase d’Emmanuel Macron passe mal dans le monde musulman
logo france culture
Source : https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-7-h/journal-de-7h-du-mercredi-19-fevrier-2020
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France - Interview du Président Emmanuel Macron à Al Jazeera. Publié le 31 octobre 2020 ArEnFr– Document ‘elysee.fr’
Photo - Le Président de la République Emmanuel Macron a accordé une interview à la chaîne de télévision Al Jazeera au cours de laquelle il revient sur les évènements récents qui ont ébranlé la France et les violentes réactions internationales suscitées. Dans un format long, il a souhaité expliquer sa vision de manière apaisée, répondre aux différentes contre-vérités qui ont accompagné ses récents discours et réexpliquer les fondements du modèle républicain français.
(Ré)écoutez son interview :
مقابلة الرئيس إيمانويل ماكرون على قناة الجزيرة
INTERVIEW DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE M. EMMANUEL MACRON À AL-JAZEERA - 31 octobre 2020 - Seul le prononcé fait foi
Journaliste : Monsieur le Président, bonjour.
Le Président de la République : Bonjour à vous, bienvenue.
Journaliste
Merci d’accorder cette interview à Al Jazeera. La France a été frappée deux fois en deux semaines, doublement choquée, à Conflans-Sainte-Honorine dans une école, à Nice dans une église. Le monde musulman vous suit et vous-même, vous suivez les réactions dans le monde musulman. Qu’est-ce que vous pouvez dire au monde musulman aujourd’hui ?
Le Président de la République
Merci d’être là, et vous avez raison de rappeler que notre pays a été frappé à trois reprises par des actes terroristes conduits par des extrémistes violents qui l’ont fait en déformant, en détournant l’islam et avec des actes qui ont véritablement sidéré et blessé le peuple français : la décapitation d’un professeur parce qu’il enseignait librement, et à Nice ce jeudi dans une église, la basilique Notre-Dame de Nice, la décapitation de deux personnes et l’attaque aux coups de couteau d’une troisième. La France, aujourd’hui, est sous le choc de ces attentats, à la fois dans un sentiment de tristesse, d’unité aussi et de colère. Et pour la première fois, alors même que nous vivions ces attentats, il y a eu des réactions très fortes je dirais à l’international pour attaquer la France sur la base de beaucoup de malentendus. C’est pour ça que je voulais les lever, y compris avec vous, parce que j’ai suivi ce qu’il y avait parfois dans vos réseaux sociaux, sur votre antenne, et je pensais qu’il fallait lever beaucoup de malentendus. Si vous le permettez, mon premier mot, il sera pour les Français dont la confession est plutôt d’être catholique parce qu’ils ont vécu hier une blessure très profonde. Je veux leur redire tout notre soutien, la protection de la République. J’étais il y a quelques minutes avec le Pape pour justement évoquer cela. Ensuite, plus largement, je veux redire que la France est un pays attaché à la liberté de culte et ce qu’on appelle souvent la laïcité, ce terme si compliqué qui donne lieu à tant de malentendus que, j’espère, nous dissiperons aujourd’hui, qui, je le rappelle, est une liberté de croire ou de ne pas croire, mais qui fait de la France un pays où nous souhaitons que chacun soit citoyen quelle que soit sa religion, où chacun ait les mêmes droits politiques, civiques quelle que soit sa religion et où, en quelque sorte, la société, elle vit avec toutes les religions qui s’y expriment, et c’est important, la transcendance a une place dans la société, mais où l’Etat doit garantir ce droit à chacun. Et ce que je veux dire, contrairement à ce que j’ai beaucoup entendu ces derniers jours, c’est que notre pays est un pays qui n’a de problème avec aucune religion au monde parce que d’ailleurs, elles s’y exercent toutes librement. Et pour ce qui est des Français de confession musulmane, comme d’ailleurs des citoyens du monde entier dont l’islam est la religion, je veux leur dire que la France est un pays où l’on exerce librement aussi cette religion. Il n’y a pas de stigmatisation, tout cela est faux, et un pays dont la vocation universelle est d’ailleurs d’être attaché à la paix, à la capacité à vivre quelle que soit sa religion. Donc beaucoup de choses fausses ont été dites. Je voulais ici avoir un message de fermeté contre le terrorisme, contre tous ces extrémistes violents, et en même temps de paix, d’unité, de restitution d’une certaine vérité. C’est le principal objectif que j’ai aujourd’hui en échangeant avec vous.
Journaliste
Sachant que les musulmans sont les premiers à souffrir de la violence, ils payent même le prix toujours. Concernant les caricatures qu’on a publié en France à plusieurs reprises, ces caricatures qui dessinent le prophète de l’islam, des musulmans, les musulmans, à chaque fois, ils se sentent blessés, choqués et des fois, mal compris. Dans quelle mesure on peut prendre en considération les sentiments des musulmans ?
Le Président de la République
Vous revenez, et on commence par un des malentendus de ces dernières semaines, en tout cas un malentendu ou la source de beaucoup de manipulations, si j’étais plus sévère, qui est le sujet des caricatures. Ce n’est pas un sujet nouveau. Je rappelle qu’il y a maintenant un peu plus de 15 ans, il a donné lieu à des polémiques terribles avec le Danemark aussi et le soutien de la France à ce moment-là, et aujourd’hui donc avec la France. Notre pays a son histoire, et l’histoire de notre pays, c’est d’avoir construit la chose publique en l’extrayant en quelque sorte de la religion. C’est ça, ce qu’on appelle aussi souvent la laïcité, parce que la France a vécu une histoire qui est plutôt d’abord avec la religion catholique. Nous avons bâti nos lois, qui sont le fruit de l’esprit des Lumières, nos lois sont l’émanation du peuple français, de ce peuple souverain. Et dans nos lois, nos principes, nos droits, il y a les libertés de chacun, la liberté de culte que j’évoquais, que nous défendons et qui s’exerce dans notre pays, mais aussi la liberté de conscience et la liberté d’expression. Ça veut dire que dans notre pays, la France, quiconque qui est journaliste peut s’exprimer librement sur le Président de la République, le Gouvernement, la majorité politique comme la minorité et sur le reste du monde. Dans cette liberté d’expression, il y a la possibilité aussi de dessiner, de caricaturer. Ça, c’est notre droit. Il vient de loin, de la fin du XIXème siècle. Il est important de le défendre parce que c’est celui que veut le peuple français, et nous sommes dans notre pays souverain. Ce droit a conduit à ce qu’il y ait des caricatures dans des journaux, et nous avons aussi une histoire. Et ces caricatures se sont moquées des dirigeants politiques, votre serviteur le premier, et c’est normal, et de beaucoup de religions, de toutes les religions. Et lorsqu’on parle de caricatures, je veux que vous sachiez que beaucoup de titres de presse, Charlie Hebdo puisqu’on en a beaucoup parlé, ont surtout d’abord et avant tout caricaturé le dieu des chrétiens, caricaturé la religion juive, les rabbins, etc., et aujourd’hui, depuis plusieurs années, en effet, caricaturent le prophète Muhammad, caricaturent en effet la religion aussi musulmane. Moi, je comprends les sentiments que cela éveille, je les respecte, mais je veux que vous compreniez le rôle qui est le mien. Mon rôle est d’apaiser les choses, comme je le fais là, mais c’est en même temps de protéger ces droits. Et il y a une différence qui est importante que tous les musulmans qui ont pu être choqués doivent comprendre. La question n’est pas de savoir si la France, et la représentant, le Président de la République française, fait ses caricatures ou les soutient en tant que telles – ce n’est pas le sujet parce que cette presse est libre, ce ne sont pas des journaux officiels, ce n’est pas le Gouvernement français qui a fait ces caricatures – mais si le Président de la République en France est d’accord pour supprimer ce droit : la réponse est non parce que c’est un droit du peuple français et il touche tout le monde. Et donc ce qui est important, c’est que je dois préserver cette liberté. Je veux ensuite que tout ça se fasse dans le respect de chacune et chacun, mais cette liberté est importante. Et donc beaucoup de choses qui se sont dites ces dernières semaines sur les caricatures, on peut les condamner, et c’est très bien. Aussi vrai que des gens peuvent en France les faire et dans d’autres pays qui sont attachés à la liberté d’expression, je trouve ça tout à fait normal qu’il y ait des gens qui réagissent, qui disent : ’on n’est pas d’accord’. Je ne suis pas… Mais il y a deux choses que je ne peux pas accepter. La première, c’est la confusion qui a été entretenue par beaucoup de médias, parfois des dirigeants politiques et religieux, qui consisterait à dire que ces caricatures sont en quelque sorte le projet ou l’émanation du Gouvernement français ou du Président de la République. Non, moi, je suis là pour préserver ce droit et je le préserverai toujours. Mais il y a des gens qui l’exercent, c’est ainsi. Et la deuxième, c’est qu’on puisse justifier de manière directe ou indirecte quelque violence au nom de cette réaction. Je ne suis pas spécialiste de théologie, mais je n’ai pas compris que l’islam légitimait ou soutenait le recours à quelque violence que ce soit. Et donc je comprends et respecte qu’on puisse être choqué par ces caricatures, mais je n’accepterai jamais qu’on puisse justifier une violence physique pour ces caricatures et je défendrai toujours dans mon pays la liberté de dire, d’écrire, de penser, de dessiner. Ça ne veut pas dire que je soutiens à titre personnel tout ce qu’on dit, pense, dessine, mais ça veut dire que ces libertés, ces droits de l’homme qui ont été pensés, voulus, créés en France, je considère que c’est notre vocation de les protéger et de protéger aussi la souveraineté du peuple français qui le veut.
Journaliste
Monsieur le Président, je vous transmets les questions qui sont de temps en temps posées dans le monde arabe et dans le monde musulman en se basant sur quelques déclarations de Monsieur le Président. Dans votre discours pendant l’hommage rendu au professeur assassiné, M. Samuel PATY, vous avez déclaré que, je cite, ’Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent.’ Cette fermeté, elle se base sur la liberté d’expression, mais à chaud, elle est perçue comme une sorte de défi et non considération des sentiments des musulmans. Comment évaluer cela ?
Le Président de la République
Alors, je viens de vous l’expliquer. Mais d’abord, il y a eu sur la phrase que vous venez de dire, et je vous remercie de l’avoir littéralement citée, il y a eu dans les traductions qui ont été faites par beaucoup de médias dans le monde arabe, que j’ai vues sur les réseaux sociaux, un mensonge. On m’a fait dire : ’Je soutiens les caricatures humiliant le prophète’. Je n’ai jamais dit ça, d’abord parce que ces caricatures, et c’est important pour tous les musulmans qui nous écoutent, ces caricatures, elles touchent toutes les religions, toutes, il n’y a pas de caricatures spécialement contre une religion plutôt qu’une autre, et au-delà de ça tous les dirigeants. La deuxième chose, c’est que j’ai dit que je protégeais ce droit parce que c’est mon rôle et que je considère ensuite que dans la société, nous devons accepter, ménager ce respect de chacune avec chacun. Mais il ne m’appartient pas à moi, en tant que Président de la République, d’amoindrir ce droit parce que certains sont choqués. C’est ça que je voudrais que vous compreniez parce qu’à ce moment-là, j’instaurerais dans mon pays une forme d’ordre moral ou d’ordre religieux. Je dirais aux gens qui écrivent ou qui dessinent : ’Vous n’avez pas le droit de dire cela parce que ça en choque d’autres.’ Et de proche en proche, la liberté d’expression se réduirait parce qu’elle deviendrait l’espace qui fait qu’en quelque sorte, on ne parle plus les uns des autres. Et c’est toute la difficulté du projet qui est le nôtre collectivement, et je crois à ce qui est le projet des Lumières, des valeurs que nous portons, qui n’est pas simplement de coexister côte à côte, mais qui est d’accepter de nous commenter les uns les autres dans le calme, dans le respect auquel je crois, de parfois nous moquer les uns des autres, quelle que soit notre religion ou notre philosophie, mais d’accepter de le faire dans un cadre de respect et un cadre pacifique. Et par rapport à la phrase que vous citiez, les réactions du monde musulman, je crois d’abord ont été dues à beaucoup de mensonges, au détournement que j’ai évoqué, et au fait que les gens ont cru comprendre que moi, j’étais favorable à ces caricatures. Je leur dis : ça n’est même pas la question. Moi, je suis favorable à ce qu’on puisse écrire, penser, dessiner librement dans mon pays parce que je pense que c’est important, que c’est un droit, ce sont nos libertés. Je comprends que ça puisse choquer, je respecte cela, mais il faut en parler. Il faut en parler. Il faut construire cet espace de respect et de compréhension mutuelle. Mais je pense que la solution n’est pas d’interdire ce droit, et la solution est évidemment encore moins de justifier quelque violence au nom du fait qu’il choque.
Journaliste
Pour les caricatures, bien sûr, ce sujet qui reste toujours, qui fait la une des évènements, les musulmans s’opposent à toutes les caricatures de Moïse, de Jésus et de la Vierge Marie, mais ils remarquent que les dessins, les caricatures de Muhammad, du prophète de l’islam sont facilement répétés. La publication est très facile, la republication, cette répétition comme si c’est très facile de caricaturer le prophète de l’islam plus que les autres.
Le Président de la République
Non, je vous l’ai dit, d’abord c’est faux factuellement et ça n’est pas vrai dans cette histoire. Les catholiques de notre pays ont parfois été aussi beaucoup choqués par ce qu’ils avaient vu, je sais que les juifs ont pu l’être, et donc il faut en discuter. Vous savez, quand ça vous touche vous-même, je ne parle pas là des caricatures d’une religion, mais en tant que dirigeant, ça peut ne pas vous plaire, mais ce n’est pas parce que quelque chose ne vous plait pas ou vous choque que ça justifie la violence, une fois encore. Mais je n’accepte pas l’idée qu’il puisse y avoir une forme de stigmatisation. C’est faux. Et je veux aussi insister sur le fait que la liberté d’expression est quelque chose de beaucoup plus large que la simple caricature, mais elle est là. Donc voilà, je pense qu’il ne faut pas tomber dans une espèce de provocation contre provocation. Je voulais vous redire la vérité des choses, à la fois l’histoire. Ces dessins sont faits en France, ça n’est pas la loi de l’islam qui s’applique en France, c’est la loi du peuple français souverain. Et il en décide, et en particulier ces lois viennent du 19è siècle. Qui serais-je pour dire parce qu’une religion a un problème avec telle représentation ou tel mot : je dois interdire ? Je ne peux pas le faire et je pense que ça n’est pas ma vocation. Et donc ce que je veux c’est qu’ensemble, et c’est pour ça que c’est un message de… je veux lever les mensonges et les ambiguïtés, et je veux dire à tous les musulmans du monde : il y a dans vos pays des choses qui ne plaisent pas forcément à certaines religions ou peut-être aux ressortissants de mon pays, vous attaquent-ils parce que cela ne leur plaît pas, parce que cela les choque ? Non. Nous devons apprendre à nous connaître les uns les autres, à comprendre d’où nos lois, d’où nos habitudes viennent. Mais il n’y a rien qui dans ces caricatures, dans cette liberté d’expression est fait contre une religion quelle qu’elle soit, et en particulier contre l’islam. Mais il y a l’importance dans notre pays — et beaucoup de pays, moi je le vois aussi avec une certaine tristesse, beaucoup de pays dans le monde ont renoncé à la liberté d’expression ces dernières décennies parce qu’il y a eu des polémiques, par la peur, par le chaos justement des réactions. Et donc on a une forme de réduction de cette liberté de dessiner, de discuter, parfois de provoquer qui je crois est grave pour notre liberté à tous. Donc croyez dans une chose, ici en particulier votre serviteur en tant qu’il est Président de la République française, respecte tous les concitoyens de France mais tous les citoyens du monde, quelle que soit leur religion. Et je suis attaché à ce respect.
Mais je veux que vous compreniez ce qu’est l’exercice de cette liberté qui vaut en France et dans d’autres pays et qu’une marque de mon respect c’est aussi de traiter les musulmans comme toutes les religions, d’essayer d’installer cet espace de respect qui peut accepter l’humour, le décalage. À moi de dire quand les choses parfois choquent, mais pas pour les interdire ou les réduire, pour qu’on puisse en parler.
Journaliste
Souvent quand on parle de l’islam en France, les musulmans citent l’antisémitisme. Pourquoi il y a des lois qui pénalisent l’antisémitisme ? Pourquoi il y a des lois qui ferment le débat sur certains faits historiques ? Par exemple le révisionnisme, des trucs comme ça, qu’on ne peut pas, qui sont protégés par la loi française.
Le Président de la République : Oui, je vous confirme.
Journaliste : Est-ce qu’il n’y a pas une possibilité d’avoir des lois pour protéger leurs symboles sacrés ?
Le Président de la République
Alors vous confondez deux choses : l’histoire, le respect des peuples entre eux et les religions. La France combat l’antisémitisme et le racisme sous toutes ses formes et l’antisémitisme en tant qu’elle est l’attaque, la remise en question, la haine contre un peuple, mais contre tous les peuples. L’antisémitisme et le racisme en France sont combattus et interdits par la loi. Et donc il n’y a pas que l’antisémitisme, ce serait faux, tous les racismes le sont. Mais de la même manière, en France, on a le droit de caricaturer pour reprendre ce qu’on évoquait à l’instant, de critiquer la religion juive, comme toutes les religions. Donc il n’y a pas un double standard, il n’y a pas un double statut. C’est faux, c’est faux. Il y a en France une loi qui pénalise en effet le révisionnisme historique parce que beaucoup de gens ont construit l’antisémitisme sur la négation de ce qu’était la Shoah. C’est un fait historique. Mais en France, nous n’accompagnons qu’un fait historique. Allez chercher dans d’autres pays le refus de voir tel ou tel génocide ou d’enseigner telle ou telle épreuve de l’histoire, pas en France. Nous reconnaissons les choses, y compris d’ailleurs les crimes que nous avons nous-mêmes commis. Je le rappelle, il y a maintenant 25 ans, Jacques CHIRAC a reconnu la responsabilité de l’Etat français pour ce qui était de la Deuxième Guerre mondiale. Nous avons nous-mêmes reconnu ce qui avait été fait au titre de l’esclavage et du colonialisme. Donc la France regarde son histoire en vérité, mais elle entend que chacun le regarde et que la haine ne se nourrisse pas d’une histoire revue, corrigée ou fausse. Et après, ce n’est pas le Gouvernement qui fait l’histoire, ce sont les historiens. Toutes les formes de racisme et d’antisémitisme sont combattues en France de par la loi. Après est-ce que ça veut dire qu’il n’en existe pas ? Il en existe et c’est un fléau terrible et nous luttons contre celui-ci. J’ai demandé au Gouvernement de faire encore davantage dès le début de mon mandat, et d’ailleurs mes prédécesseurs, quelle que soit leur sensibilité politique, l’ont aussi fait, à la fois parce qu’il y avait beaucoup de violence qui ont été faits contre les Juifs en France depuis ces dernières années, mais parce qu’il y a aussi des actes qui sont commis au nom du racisme et qui sont inacceptables. Nous combattons de la même manière tous ces actes. Après il y a la possibilité, je le disais, de critiquer les religions. Et puis, il y a les actes que certains font contre certaines religions. Et là je vais être très clair, je souhaite que nous soyons intraitables. Mais il y a en France aujourd’hui, au moment où je vous parle, des gens qui commettent des actes contre les musulmans parce qu’ils sont musulmans, contre les catholiques parce qu’ils sont catholiques, contre les protestants parce qu’ils sont protestants, contre les juifs parce qu’ils sont juifs, et j’en passe. Et donc j’ai souhaité que le ministre de l’Intérieur puisse confier à un parlementaire en mission, justement, cette responsabilité d’identifier, de suivre, de bâtir une transparence sur tous les actes qui sont faits contre nos concitoyens sur notre sol en raison de leur religion.
Journaliste : Après les critiques que la France a subies ces dernières semaines, il y a la campagne de boycott, quelle est votre réaction vis-à-vis de cette campagne de boycott ?
Le Président de la République
Elle est indigne et je la condamne. Mais elle est faite par certains groupes privés parce qu’ils n’ont pas compris et qu’ils se sont reposés sur les mensonges, sur les caricatures, parfois par d’autres dirigeants. C’est inadmissible. Parce que vous comprenez qu’est-ce qui est en train de se passer sur le sujet des caricatures ? Parce qu’en France, qui est un pays souverain, je décide que le droit, la loi voulue par le peuple souverain est appliquée, que moi-même j’ai des mots d’apaisement, mais que je dis ce droit je ne vais pas y renoncer parce que ce serait inconstitutionnel et ce serait une perte de souveraineté pour nous terrible, pour cela, parce que les gens confondent cette position qui est, à mon avis, est inattaquable avec le fait de les soutenir, ils se mettent à attaquer un État. Mais je le dis aussi à beaucoup de dirigeants, en France la presse est libre. Dans beaucoup de pays qui ont appelé au boycott, il n’y a plus de presse libre, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de possibilité de caricaturer mais pas seulement le prophète ou Dieu ou Moïse qui que ce soit, mais les dirigeants mêmes du pays. On fait parfois la caricature de dirigeants étrangers, pas du pays où l’on vit parce qu’on a cassé les mains des caricaturistes ou des dessinateurs, parce qu’on a parfois tué des journalistes ou qu’on les a mis en prison. Ça n’est pas le cas de la France. Et donc quand un journal en France dit quelque chose, ce n’est pas la position du Gouvernement. Et décider du boycott d’un pays, d’un peuple, parce qu’un journal a dit quelque chose dans notre pays, est fou. Ou c’est juste transposer ce qui vaut dans certains pays mais pas chez nous et pas dans le monde libre parce que la parole d’un journaliste n’est pas une parole de propagande. Il n’y en a plus chez nous et je m’en félicite.
Journaliste : Vous craignez des répercussions sur les Français à l’étranger, sur les sociétés françaises à l’étranger ?
Le Président de la République
Je pense que tous les dirigeants politiques et religieux qui ne condamnent pas avec la plus grande clarté toute forme de violence à l’égard de la France qui est un pays de liberté et de Lumières, prennent une responsabilité parfois directe, en tout cas indirecte certaine sur les violences qui seraient commises à l’égard des Français en France ou à l’étranger. C’est pourquoi avec le message d’amitié et d’apaisement que je voulais faire aujourd’hui, c’est aussi un message d’appel à la responsabilité. J’ai vu trop de gens ces derniers jours dire des choses inacceptables sur la France, corroborer tous les mensonges qui étaient dits sur nous, sur ce que j’avais pu dire, et être les complices tacites du pire. Vous savez, je veux que vous compreniez ce que nous sommes en train de faire en France. Depuis plusieurs années, nous combattons le terrorisme, avec force. Il a coûté la vie à plus de 300 de nos concitoyens et parfois d’étrangers qui vivaient sur notre sol. Ce terrorisme qui est fait au nom de l’islam est un fléau pour les musulmans du monde entier. Vous le disiez vous-même tout à l’heure. Vous savez, quand on regarde les chiffres qui aujourd’hui font autorité, si on prend les 40 dernières années dans le monde, plus de 80 % des victimes de ce terrorisme sont des musulmans. Lorsque des jeunes filles sont enlevées au Nigeria par des groupes au nom de l’islam, ce sont ces jeunes filles dont les familles sont musulmanes qui en sont les victimes. Lorsque telle maternité est bombardée, lorsque... Je pourrais citer des dizaines d’exemples. Les principales victimes du terrorisme fait au nom de l’islam sont les musulmans. Ce terrorisme, nous le combattons parce qu’il nous frappe sur notre sol. Et il y a ensuite une deuxième catégorie que j’ai décidée de combattre, et là-dessus il y a eu des incompréhensions parce qu’il y a eu un problème de traduction. C’est ce qu’on appelle en France l’islamisme radical. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ce sont les extrémistes violents qui détournent la religion et qui commettent des violences au sein de l’islam. Et on a traduit ce combat que je menais comme étant un combat contre l’islam. Non, au contraire. La France est un pays où il y a plusieurs millions de nos concitoyens dont la religion est l’islam. Je ne vais pas les combattre. Ils sont pleinement citoyens, ils veulent vivre en paix. Et nous avons des pays amis partout dont la religion majoritaire est l’islam. Mais aujourd’hui, au nom de l’islam et détournant cette religion, des extrémistes violents font le pire. Et ils ne sont pas terroristes. Mais qu’est-ce qu’ils font ? Ils déscolarisent des enfants, ils les endoctrinent et ils justifient la violence. Sur notre sol en France, ils agissent en connexion avec des groupes à l’étranger. Et donc ce à quoi nous nous sommes attelés depuis trois ans avec beaucoup de force, c’est justement d’essayer de réduire leur emprise pour protéger notre peuple et pour protéger, entre autres aussi, les Français de confession musulmane parce qu’ils nourrissent progressivement un sentiment qui peut être nocif pour eux, l’amitié justement entre les religions. Parce que comme tout ça se fait au nom d’une religion il y a une incompréhension qui naît. Et donc ce que j’ai réaffirmé dans le discours des Mureaux au début du mois d’octobre, c’est ma détermination par un projet de loi qui arrive, qu’on a appelé séparatismes mais je veux lever les ambiguïtés, qui est un projet de loi pour lutter contre ces groupes et ces personnes extrémistes violents qui agissent au nom de l’islam. C’est protéger toutes les Françaises et les Français et plus largement et en particulier ceux dont la religion est l’islam. Et donc qu’est-ce que nous allons faire ? Les empêcher de déscolariser des enfants de la République, nous allons empêcher qu’il y ait des financements liés avec des activités terroristes qui viennent leur permettre de mener leurs activités. Donc on va créer de la transparence financière. Et on va surtout s’assurer, ce qui pour moi est essentiel en France, que toute personne quel que soit son culte — ce n’est pas mon sujet — quelle que soit sa religion, mais respecte pleinement les lois de la République française. Ça c’est essentiel. Et donc c’est ça ce que nous sommes en train de faire. Mais moi je veux faire la séparation entre ces extrémistes qui commettent le pire ou justifient le pire, parfois dans des discours très sophistiqués et dangereux, avec les musulmans. Et partout ces dernières semaines dans le monde musulman, on a essayé d’agréger les deux en déformant mes propos, en me faisant mentir, en disant le Président de la République française et donc la France ils ont un problème avec l’islam. Non, nous nous n’avons aucun problème avec l’islam, aucun. Notre histoire d’ailleurs intellectuelle, culturelle, est intriquée avec l’islam. Nous sommes un des premiers pays qui a traduit le Coran. A la Sorbonne en France, depuis le 17e siècle, on le traduit, on l’enseigne, il y a des controverses importantes qui s’y sont tenues. Nous sommes un des premiers pays à avoir ouvert dans le cœur de la capitale une magnifique mosquée, la Grande Mosquée de Paris. Et interrogez nos représentants religieux, le président du Conseil français du culte musulman, le recteur de la Grande mosquée, ils vous diront la même chose que ce que je viens de vous dire. Et donc le combat dans lequel nous sommes engagés qui est un combat pour nos générations essentiel, c’est un combat contre le terrorisme, contre l’extrémisme violent et tous les discours de justification de cette violence au nom de l’islam mais pour protéger nos concitoyens dans tous les pays du monde, quelle que soit leur religion, y compris les musulmans.
Journaliste
L’islam, ce mot-là, vous l’avez dit dans votre discours des Mureaux, surtout cette phrase qui a été répandue et publiée plusieurs fois, je cite : “l’islam est une religion qui vit une crise profonde d’aujourd’hui partout dans le monde.” Cette phrase bien sûr a été dite dans un discours qui dure 70 minutes, mais on a focalisé sur cette phrase qui a fâché beaucoup de monde. Qu’est-ce que monsieur le Président veut dire par cette phrase et ce diagnostic ?
Le Président de la République
Ce que je viens d’évoquer à l’instant. Vous avez raison de dire que cette phrase a été sortie de son contexte et d’un discours de 70 minutes. Mais ce que j’ai voulu dire très clairement, c’est qu’aujourd’hui il y a dans le monde des individus qui, au nom de cette religion, la déforment en prétendant défendre cette religion, tuent, assassinent, égorgent et ont un discours justifiant une forme de sortie du reste du monde de groupes humains. Et qu’il y a aujourd’hui une violence qui est portée par des mouvements, des individus extrémistes au nom de l’islam. Et c’est un problème évidemment pour l’islam parce que les musulmans en sont les premières victimes, j’en rappelais les chiffres, plus de 80 %, et c’est un problème pour nous tous. Et donc toutes les religions ont vécu ce type de crise dans leur histoire.
Journaliste : Et donc que la crise elle n’est pas au sein de l’islam, mais elle est au sein de la société musulmane pour être plus clair ?
Le Président de la République
La crise, elle est au sein de nos sociétés parce que nous avons partout des individus qui, au nom d’une religion, d’ailleurs souvent en la connaissant mal, avec la complicité parfois de gens qui la connaissent mieux ou prétendent mieux la connaître, commettent le pire : des actes terroristes, des actes d’une grande violence et des projets politiques qui sont complètement contraires à nos valeurs et à la capacité à vivre ensemble. C’est ce qui va justement de ces extrémistes violents jusqu’au terrorisme. Ces personnes-là sont un danger pour nos sociétés et nous le vivons. Elles sont un danger parce que la Tunisie a vécu dans sa chair des attentats qui ont été faits par justement, ces terroristes au moment du Bardo. L’Algérie a vécu il y a plusieurs décennies des attentats terribles qui ont été faits par des extrémistes au nom de cette religion. L’Afghanistan a vécu cela. Aujourd’hui, le Sahel le vit et l’Afrique subsaharienne et nos sociétés le vivent. On ne peut pas faire comme si de rien n’était. Ces gens-là ne le font pas au nom d’autre chose. Et donc, c’est aussi pour cela que le moment que nous vivons est si important que j’ai voulu m’adresser à vous. Parce que je pense qu’il est absolument vital pour nous tous que tous les musulmans du monde soient extrêmement lucides sur cette situation et aident toutes celles et ceux qui veulent se battre contre la violence. Il n’y a rien qui la justifie. Et qu’ils doivent tous se grouper derrière des initiatives que nous devons prendre pour justement combattre avec clarté non seulement les terroristes, mais ceux qui bâtissent des idéologies qui justifient le terrorisme. Et pour moi, il y a un élément clé de la bataille que nous menons, c’est qu’au fond s’est développé une idéologie dans le monde qui, en détournant une religion, est devenue une idéologie de mort. C’est ça, l’extrémisme violent, au nom de l’islam. C’est ça ce qu’a fait Al-Qaïda. C’est ça ce que fait Daesh. C’est ça ce que fait, justement, ce que font les groupements d’État islamique au Grand Sahara et plusieurs autres. Et donc, tous ces groupes terroristes ont derrière aussi des gens qui se disent prédicateurs, des intellectuels, des organisateurs, y compris dans nos sociétés qui, parfois tiennent des discours qui semblent à la limite de l’acceptable, mais qui justifient ce recours à la violence. Et donc, nous devons tous avoir nos lignes rouges. Et en particulier la condamnation claire de toute violence est une ligne rouge. Et quand je vois aujourd’hui des dirigeants, je vous le redis, politiques ou religieux qui justifient des décapitations ou le terrorisme lorsqu’ils considèrent qu’ils sont humiliés ou qu’ils sont blessés par un dessin, ces gens-là choisissent leur camp. Ces gens-là, au moment de clarification, nous nous parlons, ils ne défendent plus les musulmans du monde, ils défendent les terroristes et justifient leurs actes. Nous devons avoir cette clarté tous ensemble. Et je le dis parce que c’est aussi avoir un message de vérité à l’égard de tous les musulmans du monde et un message de protection parce qu’ils sont les premiers menacés par cette dérive. Donc, voilà ce que j’ai voulu dire à travers cette formule. Il y a aujourd’hui une idéologie avec des femmes et des hommes qui, au fond, ont une logique de mort et qui, en déformant une religion, en la détournant, justifient le crime et justifient la volonté de ne plus vivre ensemble.
Journaliste : Les musulmans en France ont besoin, les musulmans français. Cette communauté a besoin d’être apaisée et rassurée.
Le Président de la République
Bien sûr, parce que tout ça a un impact sur nous. Parce que les Français de confession musulmane, ils regardent vos médias parfois, on doit le dire, donnent une certaine image de violence et les contre-vérités qu’il y a partout sur les réseaux. Et donc, on a tous une responsabilité pour les apaiser. Vous aussi, c’est pour ça que je suis là. Importante, votre chaîne, vos réseaux sociaux parce que parfois, on a l’impression qu’on ne vit pas dans le même monde. En tout cas, qu’on ne met le projecteur sur une chose. L’Etat français ne connaît pas de religion. La société française les accueille toutes. Et donc, toutes les Françaises, et tous les Français doivent pouvoir vivre calmement leur religion. Et toutes les Françaises et tous les Français, quelles que soient leurs origines, quelles que soient les autres nationalités qu’ils peuvent partager, doivent respecter absolument toutes les lois de la République. C’est comme ça que ça marche. Mais je veux avoir un message d’apaisement et de paix parce que le projet qui est le mien, qui est le nôtre, celui sur lequel le peuple français m’a confié mandat, mais je crois celui qui est historiquement celui de notre pays. Sa mission profonde, c’est une mission de paix entre les religions parce que c’est une mission de savoir, de construction de la raison. Et donc, en quelque sorte, moi, je ne m’occupe pas de savoir ce que vous croyez. Je m’occupe de savoir si vous respectez toutes les lois de la République. Je n’accepterai jamais que vous ne respectiez pas une loi du pays en raison de votre religion si vous vivez sur le sol français. Mais je veux que vous puissiez croire dans votre Dieu, quel qu’il soit, de manière calme, apaisée, sur notre sol. Et donc, quand parfois il y a des actes qui sont faits contre les musulmans en France, je veux leur dire que nous serons intraitables. Il y en a et il y a des faits divers. Malheureusement, trop souvent, il y en a contre, aujourd’hui, nos concitoyens, quelle que soit leur religion. Trop souvent.
Journaliste
Monsieur le Président, vous avez parlé de séparatismes, ce terme qui est devenu dans un peu de temps, très répandu et tout le monde en parle. On a l’impression que ce terme stigmatise les musulmans en France. Et dans votre discours des Mureaux, vous avez parlé, et vous avez dit que : « Nous-mêmes, on a construit notre propre séparatisme ». Donc, il y a une responsabilité de l’Etat ?
Le Président de la République
Oui, j’ai dit qu’il y avait en tout cas, que la politique que nous menons, c’est de lutter contre ces extrémistes violents qui agissent au nom de l’islam. Mais que l’Etat devait aussi réengager une politique à l’égard de beaucoup des enfants de notre pays qui vivent sur notre sol et qui se sentent abandonnés parce que je suis lucide sur notre situation. Quand j’ai parlé d’un séparatisme, qu’est-ce que ça veut dire et pourquoi ça correspond à ce que vous décrivais tout à l’heure ? Parce que vous avez des groupes que j’appelle ces extrémistes violents qui agissent au nom de l’islam et en détournant la religion qui enseignent, expliquent dans le cadre d’associations, en utilisant toutes les libertés, et les droits que la République offre, que notre pays offre. Ils enseignent qu’il ne faut pas respecter la France, qu’il ne faut pas respecter notre droit, qu’il faut en quelque sorte sortir de nos lois. Ils enseignent que les femmes ne sont pas l’égal des hommes. Ils enseignent que les petites filles ne doivent pas avoir les mêmes droits que les petits garçons.
Pas chez nous. Je vous le dis très clairement, pas chez nous. Nous, nous croyons dans les Lumières. Et les citoyennes ont les mêmes droits que les citoyens. C’est existentiel. Et donc jamais, jamais, jamais je n’accepterai une association, quand bien même elle le ferait au nom d’une religion qui pousserait ses droits. En tout cas, qui dirait une petite fille n’est pas l’équivalent d’un petit garçon. Elle n’aura pas le même enseignement. On ne lui donnera pas les mêmes chances parce que ce n’est pas notre droit. Les gens qui croient ça, qu’ils aillent le faire ailleurs, pas sur le sol français. Donc, je dis, ces groupes-là qui, sur notre sol veulent instaurer leur droit, séparer une partie de la société, nous devons lutter contre eux, très clairement, parce qu’ils décident de se séparer. Ce n’est pas contre les musulmans, je le redis, c’est contre ces extrémistes violents qui ne veulent pas respecter nos droits. Parce que c’est la clé pour protéger les Françaises et les Français, et en particulier ceux de confession musulmane. Parce que je ne veux pas qu’une petite fille, parce que ses parents croient dans l’islam, ce qui est tout à fait leur droit en France, se retrouve à être prise par une de ces associations et à être ainsi, en fait, maltraitée sur notre sol. Ça, je ne peux pas l’accepter. Donc, quand on a parlé de ce mot séparatisme, ça n’est pas quelque religion que ce soit, mais contre l’utilisation, au nom d’une religion, de certaines pratiques. Et on a d’ailleurs cité d’autres pratiques qui existent aussi sur notre sol et qui sont le fruit d’autres religions ou d’autres groupes.
Ensuite, j’ai dit nous, nous avons une responsabilité parce que quand je regarde la stratégie de ces extrémistes et parfois de ces terroristes, ils construisent tout leur discours, leur narratif sur le ressentiment. C’est-à-dire, ils expliquent au monde musulman, vous n’avez pas été bien traités par l’Occident, vous avez été humiliés, vous avez été colonisés, vous n’êtes pas bien traités dans leur société. D’abord, moi, je regarde les faits, nous avons une histoire. Je me suis déjà exprimé sur le colonialisme et l’histoire de la France sur plusieurs continents. Donc, on la regarde en face et je sais ce qu’est cette histoire. Mais je n’accepte pas. Et donc, il faut aller au bout, d’ailleurs, de ce travail de réconciliation par l’histoire, la vérité. Mais je suis frappé de voir que ces discours des groupes extrémistes prospèrent au sein d’une jeunesse qui n’a jamais, elle, connu la colonisation, qui parfois est en France depuis des générations. Et ça marche pourquoi ? Parce qu’en effet, il y a un ressentiment qui est lui plus économique et social. Et donc, je considère que nous, en France, on n’a pas assez fait le travail pour permettre à tous les enfants nés sur notre sol ou arrivés de réussir avec la même égalité. Et là, je ne voudrais pas qu’on confonde deux choses. Ça n’a rien à voir avec la religion. Très peu. Ça a à voir souvent avec le prénom, le nom, la couleur de peau, le lieu où l’on habite
Journaliste : Donc le modèle d’intégration en France nécessite une amélioration.
Le Président de la République
Oui, il nécessite un plus grand engagement collectif parce que nous avons aujourd’hui ce que j’appellerais des corporatismes qui bloquent la société. Ils touchent tout le monde, vous savez. Ils touchent aussi des jeunes qui sont dans des quartiers qui ne sont pas les plus difficiles de la société mais qui viennent de milieux modestes, mais ils touchent encore plus les jeunes qui viennent de milieux modestes, et qui sont souvent issus de l’immigration et qui ont une couleur de peau différente. C’est un fait, et je le regarde en face. Donc nous devons faire beaucoup plus par notre politique de logement, on a déjà commencé depuis trois ans mais c’est ça aussi que je veux accélérer, par nos politiques de logement pour que justement l’accès au logement soit plus équilibré sur le territoire, par notre formation. Mais on doit faire beaucoup plus pour l’emploi et la clé dans ces quartiers, pour éviter que ce soient les groupes extrémistes violents qui réussissent, qui endoctrinent, c’est qu’on retrouve le rêve républicain, un rêve français, c’est que ces jeunes aient la possibilité de trouver des opportunités économiques, qu’ils deviennent des champions dans les start-ups, qu’ils deviennent des champions dans le cinéma, qu’ils deviennent des champions et des championnes dans le milieu académique français, qu’ils deviennent des champions et des championnes dans la transition écologique. Et aujourd’hui, ils sont davantage bloqués que dans le reste de la société. C’est vrai.
Journaliste : La laïcité française, on a l’impression qu’elle est hyper sensible au fait religieux, d’une manière générale.
Le Président de la République : J’ai parfois le sentiment que c’est certaines religions qui sont hypersensibles aussi à la laïcité française.
Journaliste : Mais de loin …
Le Président de la République
Je n’ai encore jamais vu quelqu’un condamné à mort au nom de la laïcité française. Vous m’accorderez ce distinguo. Mais j’aimerais que tout le monde soit aussi clair que ça, la ligne rouge, quiconque condamne à mort ou justifie un acte violent pour moi est de l’autre côté. Si on est clair là-dessus, on aura fait un énorme progrès déjà au cours de cette émission.
Journaliste
Loin de la violence et de la condamnation, la laïcité française, on a l’impression qu’elle est sensible au fait religieux, et surtout à l’islam, à certains aspects de l’islam. Le foulard, ça fait 30 ans qu’on parle du foulard et du voile islamique. On n’a pas ce genre de débat en Grande-Bretagne ou bien dans d’autres villes européennes. De loin, on voit cette sensibilité. Pourquoi ?
Le Président de la République
Je vais vous dire d’abord pourquoi il y en a une, ce que c’est que la laïcité et pourquoi il y a des différences avec d’autres sociétés. Je ne dis pas que c’est mieux en France. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi. La laïcité, c’est à la fois la possibilité de croire ou de ne pas croire sans que ça ait quelque conséquence sur votre citoyenneté, et donc c’est une loi de liberté, la laïcité. C’est ce qui fait qu’en France, vous pouvez, je vous l’ai dit, croire ou ne pas croire quelle que soit votre religion. Et je vous invite à faire cet examen critique : beaucoup de pays parfois qui nous donnent de leçons, comment traitent-ils certains de leurs concitoyens quand ils ont telle ou telle religion ? Ont-ils les mêmes droits ? Souvent, non. Ensuite, c’est un principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat, c’est que l’État est neutre et ne s’occupe pas de religion. Il ne les finance pas, il ne les réglemente pas, et celles et ceux qui servent l’Etat, qui sont fonctionnaires, ont un principe de neutralité, ne doivent pas avoir de signes apparents de religion pour accueillir tout le monde. Et notre école, pour nos élèves, parce que nous formons des consciences qui ne sont pas encore adultes, elle doit permettre justement cet espace neutre, et donc c’est pour ça qu’il n’y a pas de signes religieux dans notre école jusqu’à 18 ans. Il peut y en avoir à l’université. Mais une fois qu’on a dit ça, la laïcité ne veut pas dire l’effacement des religions. Ça, ce n’est pas vrai. Et donc dans la société, toutes les religions vivent. Et vous voyez dans les rues le foulard, vous voyez dans les rues des gens qui peuvent porter la croix ou la kippa. Parfois, on a fait ces confusions, ce n’est pas le cas en France. Mais il y a ces espaces de neutralité quand l’Etat est présent, il y a ce distinguo. Donc je le redis très clairement, en France, le principe de laïcité n’a pas de problème avec l’islam comme religion, aucun. Ce qui ensuite est un fait, c’est qu’au moment où les cultes se sont organisés, l’islam était très peu présent en France. La civilisation musulmane a cette histoire avec notre pays et a beaucoup apporté à notre pays depuis des siècles et des siècles. Nos savants s’y sont intéressés, nous avons un rapport avec un islam des Lumières très fort, mais il y avait peu de citoyens dont la confession était l’islam en 1905. Avec les vagues migratoires des années 1960-1970 et qui se sont poursuivies ces dernières décennies, l’islam a grandi dans notre pays. Je le disais, les chiffres ne sont jamais précis parce qu’on ne fait pas de statistiques religieuses, mais quand je regarde les analyses qui sont faites par certains instituts, ils disent qu’entre 4 et 6 millions de Français auraient comme religion l’islam. Donc nous n’avons pas de problème avec cette religion, qui est celle de plusieurs millions de nos concitoyens.
Une fois que j’ai dit ça, pourquoi les choses ne sont pas dans notre société, par exemple, comme en Grande-Bretagne ? Parce que nous ne sommes pas un pays, une société qu’on appelle multiculturelle. C’est vrai que les anglo-saxons, parfois plusieurs autres pays en Europe, se sont construits très différemment par rapport aux religions. Je rappelle que, par exemple, la Grande-Bretagne est encore une monarchie parlementaire. Le monarque a un rapport avec une religion qui elle-même s’est construite d’ailleurs dans la douleur par des péripéties au XVIIème siècle, et donc le rapport au religieux n’est pas le même. Le rapport du politique au religieux n’est pas le même parce que c’est le fruit d’une autre histoire. Mais les sociétés anglo-saxonnes ont en effet un multiculturalisme qui est là, qui fait que les religions cohabitent. Est-ce que c’est un meilleur modèle que le nôtre ? Moi, je ne le jugerai pas, mais il est différent, vous avez raison. Mais je voudrais dire deux mots sur la beauté du modèle français parce que j’y crois très profondément. Je n’y crois pas pour lutter contre telle ou telle religion, moi je veux que tous les enfants nés ou arrivant sur le sol de notre pays vivent heureux et en harmonie, mais parce que je pense que dans l’ambition française, il y a quelque chose d’unique qui est l’idée qu’au fond, on peut avoir la même représentation du monde parce qu’on est citoyens d’un même pays, parce qu’on est citoyennes et citoyens d’un même pays. Et c’est l’idée de dire : ’Vous pouvez exercer votre religion, vous pouvez croire ou ne pas croire, mais nous devons dialoguer, nous respecter pour partager la même représentation du monde, c’est-à-dire qu’on doit savoir vivre ensemble au sens propre et profond du terme. Nous devons savoir nous comprendre, accepter l’altérité de l’autre et bâtir une représentation commune de ce que nous sommes et du reste du monde.
Et donc ce que nous devons faire l’effort de faire tous, c’est de reconnaître chacun, quelle que soit sa religion, de l’embrasser, de lui permettre de vivre en paix, et c’est de lui dire : ’On doit avoir un dialogue permanent pour bâtir ensemble les lois qui sont les nôtres, et ce n’est pas au nom de la religion que tu peux sortir de la citoyenneté’, et ce n’est jamais au nom de la citoyenneté qu’on peut combattre une religion. Ça, c’est le message que porte la France et elle l’a, à un moment donné, aussi largement diffusé dans le Proche/Moyen-Orient, sur le continent africain. Je pense qu’il ne faut pas oublier ce message parce que quand je regarde la folie du monde dans lequel nous vivons et sa brutalité, elle est aussi aujourd’hui liée au fait que des gens dans un même pays ne veulent plus bâtir des lois ensemble, n’ont plus la même représentation du monde ensemble, même si c’est fait par des médiations imparfaites. Ils veulent simplement que leur religion l’emporte sur une autre, que leur représentation du monde l’emporte sur une autre, et c’est pour ça que je le dis avec vraiment beaucoup d’humilité et d’amitié au sens propre du terme pour tous les musulmans, ne vous méprenez pas sur ce qu’est la liberté d’expression en France. Ça n’est en aucun cas quelque chose qui est fait pour vous atteindre, vous blesser, mais aidez-moi à la défendre, d’abord parce que parfois, dans vos pays, vous l’avez eue, cette liberté. Peut-être vous en avez oublié le sel. Il n’y a rien de plus beau que cela. Mais aidez-moi à la défendre parce que c’est à cette condition qu’on peut vivre ensemble. Sinon, on ne peut vivre que les uns contre les autres. Je ne dis pas que les gens sont parfaits, je ne dis pas que ce qui vous a blessé était innocent, mais que ça puisse se faire est important. Et ce que maintenant, nous, nous devons comprendre, c’est pourquoi ça a blessé et essayer de réduire ces incompréhensions. Mais je crois très profondément que ce qui est en train de se passer est plus qu’un contre-sens. Je pense que la France, par ses valeurs, parce qu’elle essaie de… Le combat qu’elle est en train de mener aujourd’hui, que nous sommes en train de mener porte la possibilité de construire un modèle pour l’avenir, c’est-à-dire celui de vivre ensemble en tant que citoyens d’un pays, quelles que soient nos religions.
Journaliste
On va faire un saut dans des questions de relations internationales avec la Turquie. Qu’est-ce qui se passe avec la Turquie, ce pays des fois allié et des fois jamais sur la même longueur d’onde ? En Syrie ou en Libye, il y a beaucoup de différences en ce moment. Où vont les relations ?
Le Président de la République
J’ai envie de dire, beaucoup de cela dépend du président ERDOGAN. Pour ma part, je suis conforme aux principes que je viens d’édicter. Je crois dans l’amitié et le respect. Je n’ai jamais insulté un dirigeant du monde quel qu’il soit. Jamais. Moi je suis respectueux du président que les Turcs ont élu pour eux-mêmes et je suis aux côtés de la Turquie. Au moment où nous nous parlons, la Turquie a été frappée par un terrible séisme, et donc je veux d’ailleurs présenter mes condoléances au peuple turc et je veux d’ailleurs dire que nous avons proposé immédiatement l’assistance de notre sécurité civile pour venir en aide aux populations. La Turquie est un grand peuple, c’est d’ailleurs un grand peuple de savoirs, de connaissances, d’ouverture avec lequel nous avons des liens universitaires, académiques, historiques. Un grand peuple qui d’ailleurs a su parfois puiser dans notre histoire aussi des sources d’inspiration. Qu’est-ce qu’il se passe aujourd’hui ? Je note que la Turquie a des velléités impériales dans la région et je pense que ces velléités impériales ne sont pas une bonne chose pour la stabilité de la région, voilà. Ce qui s’est passé en Syrie, je pense, a été une surprise et une agression pour beaucoup d’alliés. Les États-Unis d’Amérique étaient présents sur le sol, nous l’étions dans le cadre, nous étions présents dans la région par voie aérienne dans le cadre de la coalition internationale. Et je rappelle, nous nous sommes battus contre Daech en Syrie grâce aux forces démocratiques syriennes, grâce aux combattants kurdes, aux combattants et aux combattantes immensément courageux. La guerre étant en train d’être gagnée contre le califat territorial, qu’a fait la Turquie ? Elle a envahi la Syrie, ne respectant aucune souveraineté, pour combattre et pour combattre ceux qui étaient nos alliés d’hier. En Libye, je regrette le non-respect des engagements de la conférence de Berlin. A Berlin, nous avons tous autour de la table tous dit nous devons faire respecter l’embargo sur les armes et ne permettre qu’aucun combattant étranger puisse venir sur le sol libyen. Nous avons plusieurs fois montré que plusieurs pays, dont la Turquie, avaient violé cet embargo. La Turquie n’est pas le seul mais elle l’a fait. Je considère que ces deux seuls exemples montrent qu’aujourd’hui la Turquie a un comportement belliqueux avec les alliés de l’OTAN. Ensuite ce que la Turquie a conduit dans la Méditerranée orientale était profondément agressif à l’égard de Chypre et de la Grèce. Ces deux pays sont européens. Nous sommes en soutien de la souveraineté de l’Europe. Je rappelle tout cela pour vous expliquer, mais je ne l’ai jamais fait de manière belliqueuse à l’égard de la Turquie ou de son dirigeant. Mais je pense que nous ne pouvons pas accepter l’état de fait, ce qui est la stratégie contemporaine du président turc. Donc moi je considère que quand on est allié, quand on est ami, on doit dire les choses en vérité et où sont nos lignes. Maintenant quel est notre souhait ? Que les choses s’apaisent, que la Turquie respecte, que le président turc respecte la France, respecte l’Union européenne, respecte ses valeurs, ne dise pas de mensonges et ne profère pas d’insultes. Ce serait formidable et je pense que c’est le minimum minimorum. Et ensuite que le président turc, à la hauteur de l’histoire de son pays, cesse les actes unilatéraux qu’il a conduits contre plusieurs Européens. Voilà ce que je dis. Et quel est notre souhait si je faisais fi de tout cela ? Évidemment moi je crois dans la paix, donc c’est plutôt qu’on réengage des relations pacifiques, des coopérations académiques, universitaires, culturelles, économiques. Mais le préalable à ces relations, c’est quand même de retrouver des sentiments amicaux, de la décence et de la clarification que j’évoquais. Aujourd’hui, on n’y est pas. Ces dernières semaines, on a plutôt reculé. Le président, je veux dire là-dessus d’ailleurs par rapport à votre point, que ce n’est pas une position française, c’est une position européenne. Hier, nous avons tenu un Conseil européen où les 27 membres ont été unanimes pour soutenir la France. Et hier, le président Charles MICHEL a très clairement soutenu la France dans les attaques auxquelles elle fait face aujourd’hui et il a rappelé d’ailleurs la Turquie à ses devoirs.
Journaliste : Dernière question, Monsieur le président
Il y a une pierre dans l’édifice civilisationnel dans les deux mondes, la pierre de Rosette, 1799, découverte par Jean-François CHAMPOLLION. Ce modèle de relations culturelles, comment le renforcer dans le futur à l’avenir ?
Le Président de la République : Mais vous savez…
Journaliste - C’est ma dernière question.
Le Président de la République :
Non, merci de finir avec justement ces liens de civilisation et de connaissance. Comment le renforcer ? En renforçant la connaissance mutuelle. Je l’ai dit, dans la politique que j’entends mener, nous allons investir dans notre enseignement supérieur, notre recherche académique et culturelle pour recréer des chaires à l’Université française sur le Maghreb, le Proche et Moyen-Orient, sur la civilisation musulmane. Je souhaite aussi qu’on puisse multiplier les partenariats, j’en ai beaucoup noué depuis que je suis président. Mais nous avons besoin tous de mieux connaître nos civilisations. Et donc je pense que le temps de la pierre de Rosette a vécu avec d’ailleurs ce qu’il y a de cette histoire. Mais vous avez raison de le citer, il y aurait beaucoup d’autres exemples à convoquer. Mais je pense qu’aujourd’hui la voie qui doit être la nôtre, c’est celle de la connaissance, de la raison, de la coopération scientifique, académique, de l’éducation. Ce qui nourrit la peur, c’est l’incompréhension. Ce qui nourrit la haine, c’est l’ignorance. Et les tyrans de ce monde entretiennent cela. Et donc l’arme la plus efficace contre les tyrans, contre ces extrémistes dans la durée, c’est la connaissance. C’est la compréhension et c’est la connaissance du visage de l’autre dans toutes ses aspérités, de ses traits. C’est la capacité à regarder le visage de l’autre dans ce qu’il a de différent avec le mien. Nos civilisations les unes avec les autres, les hommes et les femmes que nous sommes, c’est très important. Et donc je pense que cette histoire-là doit se poursuivre, et nous allons le faire en investissant dans la connaissance de nos civilisations, en créant des chaires dans les pays du Proche et Moyen-Orient et des pays arabes, à la fois sur évidemment la civilisation musulmane mais la civilisation européenne, les Lumières, la philosophie française et la culture française, de développer en France des chaires universitaires pour mieux connaître la civilisation musulmane, permettre les controverses académiques. Parce que quand les controverses se font entre les femmes et les hommes de savoirs, le combat s’arrête entre les femmes et les hommes d’ignorance. Et on peut éduquer chacun. Je crois profondément à cela, je crois au savoir, au respect mutuel, à la connaissance. Mais nous aurons, soyons très clairs, dans la période qui vient, des combats ardus à mener, difficiles parce qu’aujourd’hui certaines et certains ont décidé du pire. Et dans ce combat contre l’ignorance, dans ce combat qui est un combat de haine, j’aurai besoin de toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, quelle que soit leur religion.
Journaliste : Monsieur le Président, choukran, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions, surtout que ça coïncide avec le 24ème anniversaire d’Al Jazeera.
Le Président de la République : Bon anniversaire !
Journaliste : Merci, Monsieur le Président. Choukran.
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Voir également :
الجزيرة نت : آخر أخبار اليوم حول العالم
Breaking News, World News and Video from Al Jazeera www.aljazeera.com – « News, analysis from the Middle East & worldwide, multimedia & interactives, opinions, documentaries, podcasts, long reads and broadcast schedule »…
« Al Jazeera (en arabe الجزيرة - parfois transcrit en français al-Jazira, al-Jezira ou al-Djezira), est une chaîne de télévision satellitaire qatarienne qui émet en arabe, en anglais, en turc et en serbo-croate. En 2013, la chaîne revendique 25,23 millions de spectateurs dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, sur la base de deux sondages2…
Image illustrative de l’article Al Jazeera
Plus sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Al_Jazeera
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Après le Discours d’Emmanuel Macron sur le ’séparatisme islamiste’ - ’L’Islam est en crise’ : la phrase d’Emmanuel Macron passe mal dans le monde musulman Le 08/10/2020 – Extrait de l’émission Revue de presse internationale par Camille Magnard de France Culture - Photo - Discours d’Emmanuel Macron sur le ’séparatisme islamiste’ le 02/10/20 • Crédits : Ludovic Marin - AFP
Une semaine après le discours du président français sur le séparatisme islamiste, les réactions sont vives et critiques contre une phrase en particulier selon laquelle ’l’Islam est en crise dans le monde entier’. Au Vietnam, inquiétude apràs l’arrestation d’une journaliste et militante des libertés…
Retour sur le discours qu’Emmanuel Macron a consacré il y a une semaine au ’séparatisme islamiste’ à travers les réactions que ces propos ont suscité dans le monde musulman.
Car ce discours continue de faire abondamment réagir... et ce passage-là en particulier :
C’est bien cette formule, ’l’Islam est en crise’, qui suscite encore aujourd’hui dans le monde musulman le plus de réprobation, de ’colère’, même selon Caroline Hayek du quotidien libanais L’Orient-Le Jour. La journaliste cite en tout premier lieu la réaction de la plus influente institution de l’Islam sunnite, l’université Al-Azhar du Caire, selon qui les propos d’Emmanuel Macron sont ’racistes, de nature à enflammer les sentiments de deux milliards de musulmans à travers le monde’. Al-Azhar, qui a toujours clairement ces dernières années condamné le terrorisme justifié au nom du djihad, elle ne rejoint pas le président français dans sa nouvelle bataille contre ce qu’il qualifie de ’séparatisme islamiste’... mais qui n’est selon de nombreux titres de presse que j’ai pu consulter qu’une manière, une fois de plus de réduire l’Islam et ses millions de fidèles à une généralité vite ébauchée, à ces mêmes ’amalgames’ que le président français prétend combattre.
En Egypte, Manal Lotfy, du quotidien Al-Ahram, reconnaît de bonnes intentions à Emmanuel Macron, mais sa conclusion est sans illusion : par son discours de vendredi, le chef de l’Etat ’s’attire inmanquablement des ennuis’ et la réprobation de nombreux musulmans de France. Ces dernier auront auront peut-être quelque chose à gagner, en terme d’intégration, avec les nouvelles règles de financement des mosquées et de recrutement des imams ; mais qu’on ne s’y trompe pas, estime Manal Lotfy, ce n’est qu’en ’combattant l’hostilité européenne contre les musulmans, et pas en l’alimentant, qu’Emmanuel Macron rendrait un vrai service aux croyants de son pays’.
Et puis d’ailleurs, poursuit cette fois l’universitaire palestinien Joseph Massad pour le Middle East Eye, si l’’Islam est en crise’, c’est avant tout ’l’héritage de deux siècles de brutalité coloniale’. Et de replacer le président français dans une tradition séculaire nationale qui voit les dirigeants de notre pays, de l’invasion de l’Algérie sous Charles X en 1830 à la barbarie de la Guerre d’algérie plus près de nous, tomber dans ce travers de vouloir ’libérer les musulmans à leur place’. Avec les conséquences que ce passé a aujourd’hui encore sur les discriminations systémiques dont sont victimes les musulmans de France, selon donc Joseph Massad pour qui ’la seule manière de résoudre vraiment la crise de l’Islam en France, c’est de purger enfin, de rembourser cette dette coloniale’.
La revue de géopolitique Foreign Policy s’interroge quant à elle sur le but politique recherché par Emmanuel Macron avec ce diagnostic de ’l’Islam en crise’.
... Et de rappeler, que, vu de l’extérieur, notre pays semble bel et bien ’obsédé par ces questions liées au culte musulman, objet d’incessantes controverses qui tournent en boucle’ sur nos médias. La longue analyse de Foreign Policy, signée Karina Piser, cite notamment Olivier Roy pour qui le chef de l’Etat, avec sa vision d’une menace qui viendrait de ’l’influence de puissances étrangères’ sur l’islam de France, est une ’méconnaissace fondamentale’ de la réalité de cette religionpour preuve, les imams les plus radicaux identifiés ces dernières années ainsi que les terroristes qui sont passés à l’acte dans notre pays étaient pour la très grande majorité nés et radicalisés en France, purs produits d’une réalité sociale et religieuse bien française.
’Macron veut déclencher une révolution islamique’, titre de manière provocatrice l’atricle de Foreign Policy, qui met toutefois en doute ses motivations politiques réelles : à moins de deux ans de l’élection présidentielle, le président fait juste comme tous ses prédécesseurs, il cherche à arracher des voix à la droite et à l’extrême-droite et il le fait en stigmatisant, une fois de plus les musulmans de France.
Les Dernières Diffusions - Chroniques 7H40 38 min dans le cadre de L’Invité(e) des Matins
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Tags : Islam – Religion musulmane Emmanuel Macron monde musulman Liberté d’expression Droits de l’homme
L’équipe – Production : Camille Magnard
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Une tribune - « La France ne se bat pas contre l’islam », répond Emmanuel Macron, qui s’estime mis en cause par le « Financial Times » - Le Monde avec AFP Publié le 05/11/2020 à 02h48, mis à jour à 07h25 - Document ‘lemonde.fr’ PolitiqueIslam
Dans une lettre au quotidien britannique, le président français s’indigne d’un article où il se dit « accusé de stigmatiser, à des fins électorales, les Français musulmans ».
Le président français, Emmanuel Macron, a publié, mercredi 4 novembre 2020 au soir dans le prestigieux quotidien britannique Financial Times, une tribune pour expliquer que « la France se bat contre le séparatisme islamiste, jamais contre l’islam », en réponse à un article paru lundi mais retiré du site depuis.
Dans une longue lettre à la rédaction,publiée aussi sur le site de l’Elysée, le président de la République s’indigne d’un article où il se dit « accusé de stigmatiser, à des fins électorales, les Français musulmans ; pire, d’entretenir un climat de peur et de suspicion à leur égard ». Le chef de l’Etat estime que ses propos ont été déformés :
« Je ne laisserai personne affirmer que la France, son Etat, cultive le racisme vis-à-vis des musulmans. »
Comme sur la chaîne qatarie Al-Jazira la semaine dernière, le président français veut expliquer, au-delà des frontières de la France, que sa lutte contre le « séparatisme islamiste » n’est pas un combat contre l’islam, alors que les musulmans de plusieurs pays ont réagi avec colère à ses propos, avec un appel au boycottage des produits français.
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« La haine de la République »
Après avoir rappelé la série d’attentats qui ont frappé la France depuis la tuerie de Charlie Hebdo en 2015 et ont fait 300 morts, M. Macron explique que la France est attaquée pour ses valeurs, la laïcité, la liberté d’expression, et qu’elle « ne cédera rien ».
Mais il expose aussi en détail les cas de « séparatisme » islamiste, selon lui « terreau (…) [des] vocations terroristes ». Il évoque ainsi « des centaines d’individus radicalisés dont on craint, à tout moment, qu’ils prennent un couteau et aillent tuer des Français ».
« Dans certains quartiers autant que sur Internet, des groupes liés à l’islam radical enseignent aux enfants de France la haine de la République, appellent à ne pas respecter les lois. »
« Vous ne me croyez pas ? Relisez les échanges, les appels à la haine diffusés au nom d’un islam dévoyé, sur les réseaux sociaux qui ont finalement abouti à la mort du professeur Samuel Paty il y a quelques jours. Allez visiter les quartiers où des petites filles de 3 ou 4 ans portent le voile intégral » et « [sont] élevées dans un projet de haine des valeurs de la France », lance-t-il.
« C’est contre cela que la France entend aujourd’hui lutter », mais « jamais contre l’islam ». « Contre l’obscurantisme, le fanatisme, l’extrémisme violent. Jamais contre une religion. Nous disons : “pas chez nous !” », ajoute-t-il.
« C’est notre droit le plus strict de nation souveraine », « nous n’avons pas besoin que des articles de journaux cherchent à nous diviser », conclut-il.
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Le Monde.fr - Actualités et Infos en France et dans le monde
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Le Monde avec AFP - Source : https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/11/05/la-france-ne-se-bat-pas-contre-l-islam-repond-macron-qui-s-estime-mis-en-cause-par-le-financial-times_6058541_823448.html
Pour en savoir … encore plus sur « islam musulman arabe » et/ou « laïcité » avec ISIAS
Les documents étiquetés « islam musulman arabe » et postés sur ISIAS sont consulter à partir de cette adresse : http://isias.lautre.net/spip.php?page=recherche&recherche=islam+musulman+arabe
Les documents étiquetés « laïcité » et postés sur ISIAS sont consulter à partir de cette adresse : http://isias.lautre.net/spip.php?page=recherche&recherche=laicit%C3%A9
Remerciements à Alex Risso pour son appui documentaire
Retour au début de l’introduction
Retour au début des définitions préalables
Retour au début de la partie humoristique
Traductions, compléments et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 10/11/2020
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Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin du site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti, géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr - Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103
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