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"La religion de l’Amour : Poème d’Ibn ‘Arabî (1165-1240) et autres mystiques, philosophes et francs-maçons en Islam : Abdelkader ibn Muhieddine (1808-1883) et Rıza Tevfik Bölükbaşı (1869-1949) - Soufisme" par Jacques Hallard

jeudi 2 mars 2023, par Hallard Jacques



ISIAS Monde musulman Islam Musique Littérature Philosophie

La religion de l’Amour : Poème d’Ibn ‘Arabî (1165-1240) et autres mystiques, philosophes et francs-maçons en Islam : Abdelkader ibn Muhieddine (1808-1883) et Rıza Tevfik Bölükbaşı (1869-1949) - Soufisme

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 1er mars 2023

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur

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Ibn Arabi, le voyageur sans bagages 14 novembre 2019 –« Avec son livre L’arbre voyageur, Érik Sablé nous offre une histoire incroyable, celle d’un maître spirituel soufi, ayant donné une dimension profonde à l’islam. Voyageur impénitent, Ibn Arbi, a vécu au XIIe siècle, et a accompli de longs périples à travers toute la terre d’Islam. Cette recension est d’abord parue dans la revue en ligne Boojum, et elle est désormais en accès libre dans l’Ouvroir »Source


Préambule

Le Printemps des Poètes 2023 est la 25ème édition d’un évènement organisé en France, cette année du 11 au 27 mars ; il offre l’opportunité de proposer spécialement sur ISIAS un poème d’Ibn ‘Arabî (1165-1240) intitulé « La religion de l’Amour ».

Dans le sillage de cet auteur, les personnages d’Abdelkader ibn Muhieddine et de Riza Tevfik sont décrits : ils ont en commun d’avoir, en leur temps, contribué à la diffusion de la voie d’élévation spirituelle du soufisme, et d’avoir été également actifs en franc-maçonnerie.

Les pratiques ésotériques et mystiques du soufisme en Islam comprennent aussi des danses rituelles initialement réservées aux hommes connus comme « derviches tourneurs » ; « Le tourbillon soufi est une forme de méditation physiquement active qui trouve son origine dans certains groupes soufis et qui est toujours pratiquée par les derviches soufis de l’ordre Mevlevi et d’autres ordres tels que les Rifa’i-Marufi ». Wikipédia (anglais)

L’artiste Rana Gorgani a adapté ces pratiques des danses soufies pour les femmes et pour les hommes auxquels elle les enseigne : une opportunité pour le souligner à l’occasion de « la Journée internationale des femmes, également appelée journée internationale des droits des femmes dans certains pays ou régions comme la France ou le Québec, est célébrée chaque année rituellement le 8 mars… » Wikipédia

Rappel de quelques définitions et personnages historiques

Amour - L’amour est un fort sentiment d’affection et d’attachement envers un être vivant ou une chose, assez intense pour pousser ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, intellectuelle ou même imaginaire avec l’objet de cet amour. Wikipédia

Soufi : adepte du soufisme - Le soufisme désigne les pratiques ésotériques et mystiques de l’Islam visant la « purification de l’âme » en vue de se « rapprocher » de Dieu. Il s’agit d’une voie d’élévation spirituelle, un chemin initiatique de transformation intérieure. Wikipédia

Mystique – Adjectif : 1. Qui concerne les pratiques, les croyances visant à une union entre l’homme et la divinité. Extase, expérience mystique – Nom : Personne prédisposée au mysticisme, qui à une foi intense et intuitive, a un caractère exalté, absolu, intuitif. Amour, patriotisme mystique. Pratiques du mysticisme : système d’affirmations absolues à propos de ce à quoi on attribue une vertu suprême ; exemple : la mystique de la paix.

Philosophe - La philosophie, du grec ancien φιλοσοφία, signifiant littéralement « amour du savoir » et communément « amour de la sagesse », est une démarche qui vise à une compréhension du monde et de la vie par une réflexion rationnelle et critique. Wikipédia – Un philosophe est une p Personne qui élabore une doctrine philosophique. Synonyme : penseur - Au XVIIIème siècle, personnage partisan des ‘Lumières’, du libre examen, de la liberté de pensée… Personne qui pratique la sagesse. Synonyme : sage…

Franc-maçon – Etymologie - (XVIIIe siècle) Composé de franc (« libre ») et de maçon ; calque de l’anglais freemason, composé de free (« libre ») et de mason (« maçon »). Le mot anglais est attesté depuis le XIVème siècle et désignait des compagnons et maitres bâtisseurs, itinérants et de grande qualification [1]… - https://fr.wiktionary.org/wiki/franc-ma%C3%A7on

Islam - L’islam est une religion abrahamique s’appuyant sur le dogme du monothéisme absolu et prenant sa source dans le Coran, considéré comme le réceptacle de la parole de Dieu révélée, au VIIᵉ siècle en Arabie, à Mahomet, proclamé par les adhérents de l’islam comme étant le dernier prophète de Dieu… Wikipédia – NB. En français, on a pris l’attitude suivante : on réserve une minuscule aux religions et aux courants de pensée - partant de là, à l’islam -, d’une part, et on attribue une majuscule aux peuples et aux pays concernés par la religion musulmane et sa culture dérivée de l’islam, donc Islam, d’autre part. « Selon les règles typographiques généralement suivies par l’Imprimerie nationale, l’université et la presse, on écrit donc islam avec un /i/ minuscule lorsqu’il s’agit de la religion islamique, mais on use de la graphie Islam avec /I/ majuscule quand il s’agit des sociétés. Source

Note sur les trois personnages cités dans ce dossier :

Ibn Arabî, né en 1165 à Murcie (en Al-Andalus, alors Espagne) et mort en novembre 1240 à Damas Syrie), fut un ouléma, théologien, juriste, poète, maître soufi arabe, métaphysicien et philosophe andalou, auteur de quelque 850 ouvrages. Il déploya en plein Moyen-Âge, une pensée extrêmement complexe et fascinante… - Wikipédia

Abdelkader ibn Muhieddine, né le 6 septembre 1808 à El Guettana, dans la régence d’Alger, et mort le 26 mai 1883 à Damas, alors dans l’Empire ottoman et dans l’actuelle Syrie, est un émir, chef religieux et militaire algérien, qui mène une lutte contre la conquête de l’Algérie par la France au milieu du XIXᵉ siècle. Wikipédia

Riza Tevfik, appelé Rıza Tevfik Bölükbaşı depuis l’adoption de la Loi turque sur les noms de famille en 1934, né en 1869 et mort le 31 décembre 1949, est un philosophe, poète et politicien turc, membre de l’ordre religieux bektachi et franc-maçon. Wikipédia

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Introduction

Les premiers articles sélectionnés pour ce dossier – réalisé dans un but didactique – se rapportent essentiellement à Ibn Arabi et à son cheminement spirituel soufi de son époque aux 12-13èmes siècles dans l’Islam.

A la suite, ont été choisis des articles d’Abd el-Kader et de Rıza Tevfik qui ont tous deux en commun d’avoir tenté de concilier le soufisme et franc-maçonnerie aux 19-20èmes siècles.

Finalement, deux courtes vidéos présentent les danses soufies qualifiées « d’Art entre Ciel et Terre » et qui sont développées en France pour les femmes – mais aussi pour les hommes - par Rana Gorgani, « une danseuse franco-iranienne et ancienne actrice qui se produit dans la tradition artistique de la danse soufie et qui est l’une des rares femmes ‘derviches tourneurs’ au monde ; née en Allemagne d’une mère iranienne et d’un père kurde, elle a grandi et vit en France…. » Wikipédia (anglais) – Voir aussi : la danse soufie ’Tourner pour donner un sens à l’existence’ à la fin de ce dossier

Rana Gorgani au mausolée de Rûmi à Konya, en Turquie.

Rana Gorgani au mausolée de Rûmi à Konya, en Turquie. ©​Hans Tibben

Une autre façon de marquer ici la Journée internationale des femmes le 8 mars !

Les articles sélectionnés pour ce dossier sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

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Sommaire

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  • الحب ديني - Ma religion est l’amour - Ibn Arabi – Vidéo 7:34 - Abir Nasraoui Officiel -عبيرhttps://www.youtube.com/@abirnasrao...النصراوي - 06 février 2022 #ibnarabi #piano #oud –Musique et chant
    Salam Pacem - Institut du Monde Arabe Spectacle produit par l’Institut des Cultures d’Islam Date de création : Décembre 2018 - Concept et chant : Abir Nasraoui - Direction artistique, oud et composition : Ahmed Jebali - Piano : Ronan Hilaireau - Violon : Amal Guermazi - Contrebasse : Jérôme Seguin - Percussions : Sabrina Calvo & Mohamed Abdel Kader Haj Kacem

لقد كنت قبل اليوم أنكر صاحبي إذا لم يكن ديني إلى دينه داني لقد صارَ قلـبي قابلاً كلَ صُـورةٍ فـمرعىً لغـــــزلانٍ ودَيرٌ لرُهبـَــــانِ وبيتٌ لأوثــانٍ وكعـــبةُ طـائـــفٍ وألـواحُ تـوراةٍ ومصـحفُ قــــــرآن أديـنُ بدينِ الحــــبِ أنّى توجّـهـتْ ركـائـبهُ ، فالحبُّ ديـني وإيـمَاني

Traduction : “Mon coeur est devenu capable d’accueillir toute forme - Il est pâturage pour les gazelles Et abbaye pour moines ! Il est temple pour les idoles : la Ka’ba pour qui en fait le tour - Il est les Tables de la Thora et aussi les feuillets du Coran ! La religion que je professe est celle de l’amour - Partout où ses montures se tournent, l’Amour est ma religion et ma foi !”

Ibn Arabi #AbirNasraoui #musiquearabe #musiquesoufi #chantsoufi #chantliturgique #chanteusetunisienne #chantspirituel #choeur #oud #piano #percussionorientale #chanttraditionnel #soufisme #IMA #ibnarabi

Source : https://www.youtube.com/watch?v=WIafBRqL1Aw

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0bis.

قة أبن عربي - أدين بدين الحب - Ibn Arabi Ensemble - Sofien Nahdi – Vidéo 4:24 - 25 décembre 2012

تَنَاوَحتِ الأرْوَاحُ فِي غَيْضَةِ الغَضا فمَالَتْ بأفنان علىّ ، فأفناني وجاءت من الشوق المبرّح والجوى ومن طُرَف البلوى إلى بأفنان لقد صار قلبي قابلاً كل صورة فمرعىً لغزلانٍ، ودير لرهبانِ وبيتٌ لأوثانٍ، وكعبة طائفٍ وألواح توراةٍ، ومصحف قرآنِ أدين بدين الحب أنَّى توجهتْ ركائبه، فالحب ديني وإيماني الإمام الأكبر محيي الدين ابن عربي

MusiqueTITRE Je crois en la religion de l’amour – ARTISTE Ensemble Ibn Arabi – ALBUM Chants soufis arabo-andalous (Arabo-Andalusian Sufi Songs) – LICENCES - S’abonner à YouT S’abonner à YouTube Premium

Source : https://www.youtube.com/watch?v=HnbE2up7_B0

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  • Poème d’Ibn ‘Arabî : La religion de l’Amour - Commentaires du poème par Maurice Gloton 
    « La religion que je professe
    Est celle de l’Amour.
    Partout où ses montures se tournent
    L’amour est ma religion et ma foi ! »

La religion que je professe est celle de l’Amour, en référence à cette parole divine : « Si vous aimez Dieu, conformez-vous à moi [il s’agit du Prophète, selon l’interprétation habituelle], Dieu vous aimera » (Coran 3/29). Pour cette raison, elle est appelée religion de l’amour (dîn al-ḥubb). Il la pratique afin d’accueillir les obligations que son bien-aimé lui impose, et cela avec acceptation et satisfaction, avec amour et disparition de la peine et de la fatigue qui accompagnent ces obligations sous un aspect ou sous un autre. En conséquence, il est précisé dans ce vers : Partout où les montures se tournent, ou encore quels que soient les chemins qu’elles empruntent, approuvés ou non, elles en sont satisfaites, selon nous.

L’amour est ma religion (dîn) et ma foi (îmân), car il n’y a pas de religion plus élevée que celle fondée sur l’amour et le désir pour Celui envers Qui je la professe et Qui l’ordonne mystérieusement. Telle est la caractéristique des spirituels de type muḥammadien. Car Muḥammad – sur lui la Grâce et la Paix de Dieu – a sur les autres prophètes le privilège de la station de l’amour parfait ; et bien qu’il soit aussi élu, confident, ami intime et d’autres qualifications parmi celles qui sont reconnues aux prophètes, Dieu lui accorda une faveur supplémentaire, celle de l’avoir pris comme amoureux (ḥabîb), c’est-à-dire amant (muḥibb) et aimé (maḥbûb). Or, j’ai hérité de sa voie.

Source : L’Interprète des désirs , traduit et présenté par Maurice Gloton, Albin Michel. p. 102.

Vous retrouverez ci-dessous le poème chanté par l’Ensemble Ibn Arabi, puis du texte du poème en arabe et de sa traduction française par Maurice Gloton.

Ensemble Ibn Arabi · أدينُ بدينِ الحُبِّ >>> https://www.youtube.com/watch?v=HnbE2up7_B0

Traduction du poème en français : « La religion de l’Amour » par Maurice Gloton

***
Ô colombes des bois de arak et de bân !
Témoignez de mansuétude !
Ne venez pas, par vos lamentations,
Accroître mon chagrin !
***
Faites preuve de compassion,
Et ne montrez point, par plaintes et pleurs,
Le secret de mon fervent amour
Et l’objet caché de ma tristesse.
***
Avec elle je converse
Au crépuscule et à l’aube,
Rempli d’un désir de tendresse
Et d’un amour éploré.
***
Les esprits se font face
Dans les bois de tamaris.
L’inclination de leurs branches sur moi
A provoqué ma disparition.
***
Avec cruels désirs et intense passion,
Avec des épreuves nouvelles,
Ils viennent jusqu’à moi
En prenant de multiples formes.
***
Qui sera à moi à Jam‘
À al-Muḥaççab près de Minâ ?
Qui sera à moi à Dhât al-Athl ?
Qui aussi à Na‘mân ?
***
Autour de mon cœur, ils tournent,
Heure après heure,
Pour l’extase et l’affliction,
Et pour baiser mes pierres angulaires ;
***
Comme le meilleur des Messagers
Le fit avec la Ka‘ba,
Elle, au sujet de laquelle
La raison se montre déficiente.
***
Il en embrassa des pierres inertes
Tout en restant doué de discernement.
Quelle est donc la valeur du Temple
Par rapport au degré de l’Homme ?
***
Combien de vœux et de serments
A-t-elle faits de ne pas changer.
Or, celle qui s’est teinte
À la promesse fut infidèle !
***
Quoi de plus surprenant
Qu’une gazelle voilée
Montrant un jujubier,
Et faisant signe de ses paupières !
***
Une gazelle dont le pâturage
Se trouve entre côtes et entrailles !
Ah quel prodige !
Un jardin au milieu de feux !
***
Mon cœur est devenu capable
D’accueillir toute forme.
Il est pâturage pour gazelles
Et abbaye pour moines !
***
Il est un temple pour idoles
Et la Ka‘ba pour qui en fait le tour,
Il est les Tables de la Thora
Et aussi les feuillets du Coran !
***
La religion que je professe
Est celle de l’Amour.
Partout où ses montures se tournent
L’amour est ma religion et ma foi !
***
Nous avons comme exemple Bishr,
Épris de Hind et de sa semblable,
Et Qays l’amoureux de Layla,
Et l’affection de Ghaylân pour Mayya.
***

Texte du poème en arabe : …. أدين بدين الحب » محيي الدين بن عربي »

Extrait de « Turjumân al-Ashwâq »- L’Interprète des désirs, traduit et présenté par Maurice Gloton. 

Vous pouvez retrouver cet ouvrage sur le site Albin Michel ici.

Clés de lecture pour entrer dans le Mathnawi de Rûmi

Poème du cheikh al-‘Alâwî : Danawtu min hayy Laylâ

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La Hamziyya De l’imam al-Busîrî 21 décembre 2022

Ibn ‘Arabî : sa vie, sa fonction – Entretien avec Michel Chodkiewicz (1/3)

Ibn ‘Arabî : sa vie, sa fonction – Entretien avec Michel Chodkiewicz (1/3) 23 septembre 2021

Source : https://consciencesoufie.com/poeme-dibn-arabi-la-religion-de-lamour/

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  • La voix soufie ’L’Amour est ma religion et ma foi’ - 5 mars 2011 – Document ‘imarabe.org’
    La voix soufie ’L’Amour est ma religion et ma foi’ - Photo

De la Musique de la Nahda (Renaissance culturelle arabe) dont ils révèlent les trésors aux nouvelles compositions sur la poésie soufie, Aïcha Redouane et Habib Yammine nous invitent à une exploration de l’univers du Maqâm dans sa dimension musicale et mystique. Une quête du sens, un voyage intérieur à travers les plus beaux poèmes d’amour soufi …

Le sens de la qasida (pl.qasâ’id), poème, signifie, d’après sa racine Q-S-D, le fait d’aller vers, de tendre à, de viser un but, et le but se dit aussi al-qasd ; ici, le but est le Bien-Aimé, le Divin. Aussi, parce que le foyer de l’Amour est le coeur, d’un poète à l’autre, la qasida conjugue et décline sous toutes ses formes, l’influence de cet Amour sur le coeur. Les coeurs des poètes se sont embrasés et sont devenus des phares pour les amoureux assoiffés.

Ce concert est entièrement dédié à l’Amour et il est conçu autour du célèbre poème soufi d’Ibn Arabi “L’Amour est ma religion et ma foi” (Adînu bidîni l-hubb), noyau central autour duquel viennent graviter en écho les plus belles odes mystiques de Sohrawardî, Omar Ibn al-Fârid, Al-Hallâj, Nâbolosî, Al-Bora’î. Unissant tradition et modernité, c’est une suite de maqâms essentiellement composée à l’écoute de l’inspiration. Telles des pierres précieuses, les qasida s’enchassent dans la couronne des maqâmât musicales, livrant leurs brillances, leurs vibrations, leurs timbres, pour aboutir à l’harmonie parfaite.

Par Habib Yammine
“Mon coeur est devenu capable
D’accueillir toute forme
Il est pâturage pour gazelles
Et abbaye pour moines !
Il est temple pour idoles
Et la Ka’ba pour qui en fait le tour
Il est les Tables de la Thora
Et aussi les feuillets du Coran !
La religion que je professe
Est celle de l’amour
Partout où ses montures se tournent
L’Amour est ma religion et ma foi !”
Ibn Arabi

Ensemble Al-Adwâr :
Aïcha Redouane : chant, composition musicale
Habib Yammine : riqq et daff (percussions), composition musicale
Salah el-Din Mohammad : qânûn (cithare sur table)
Safwan Kenani : kamân (violon)
Issa Murad : ‘ûd (luth)

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2bis.
L’amour, un cheminement soufi (conférence avec Idris de Vos) – Vidéo -Conscience Soufie - 25 février 2020 - Conférence du 12 février 2020 avec Idris de Vos.

L’amour est selon l’islam la raison de la création de l’univers : Dieu serait, selon une parole du Prophète Muḥammad , un « trésor caché » qui, aimant à être connu, se serait révélé à lui- même et à la conscience humaine dans les mille formes de l’univers. Cette conférence sera l’occasion de passer en revue les divers aspects de cet enseignement et de les illustrer par les paroles de grands maîtres soufis.

Pour plus d’informations, visitez notre site : https://consciencesoufie.com – Source : https://www.youtube.com/watch?v=N3Ff7CzkUq0

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Conscience Soufie a le plaisir de vous proposer de clore ensemble la saison 2021-2022 par un cercle d’échange centré sur Ibn ‘Arabî et son œuvre. En septembre 2021, nous avions consacré notre rentrée à Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî (1165-1240), le « Grand Maître » (al-Shaykh al-Akbar) de la spiritualité et de l’ésotérisme islamiques. Nous vous avions exposé quelques facettes de son vaste enseignement, tout aussi riche que subtil, et nous vous avions fourni, en toute humilité, quelques clés afin d’y pénétrer. Les conférences et les nombreux articles publiés lors de ces événements, ont été largement suivis et partagés, et n’ont pas manqué de susciter de la curiosité, des interrogations et l’envie d’aller plus loin encore. Nous avons donc décidé d’inviter trois des intervenants des conférences de septembre 2021 pour un cercle d’échange ouvert et convivial : Grégory Vandamme, Rim Feriani et Denis Gril.

Afin de vous replonger dans l’univers d’Ibn ‘Arabî en amont de ce cercle d’échange, nous vous invitons à retrouver notre dossier spécial « Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî » sur notre site : https://consciencesoufie.com/muhyi-al... Nous avons mis également à votre disposition une bibliographie dédiée à Ibn ‘Arabî sur notre site : https://consciencesoufie.com/une-peti... Muhyî l-Dîn Ibn ‘Arabî (1165-1240) est le « Grand Maître » (al-shaykh al-akbar) de la spiritualité et de l’ésotérisme islamiques. Depuis son Andalousie natale jusqu’à Damas, dernière étape de sa pérégrination en ce monde, il a parcouru toutes les stations de la Voie soufie. Désigné comme le « Sceau muhammadien de la sainteté » – le Sceau universel étant, selon l’islam, Jésus – il était dès lors investi pour laisser une œuvre écrite aussi dense qu’abondante. Vous pouvez retrouver un dossier spécial « Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî (1165-1240) » sur notre site : https://consciencesoufie.com/muhyi-al... Pour plus d’informations visitez notre site : consciencesoufie.com/

Source : https://www.youtube.com/watch?v=eNjRGEqB1LA

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  • La langue des oiseaux chez Ibn ‘Arabî et son œuvre avec Grégory Vandamme, Rim Feriani et Denis Gril - Conscience Soufie - 11 septembre 2022
    Conscience Soufie a le plaisir de vous proposer de clore ensemble la saison 2021-2022 par un cercle d’échange centré sur Ibn ‘Arabî et son œuvre. En septembre 2021, nous avions consacré notre rentrée à Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî (1165-1240), le « Grand Maître » (al-Shaykh al-Akbar) de la spiritualité et de l’ésotérisme islamiques. Nous vous avions exposé quelques facettes de son vaste enseignement, tout aussi riche que subtil, et nous vous avions fourni, en toute humilité, quelques clés afin d’y pénétrer. Les conférences et les nombreux articles publiés lors de ces événements, ont été largement suivis et partagés, et n’ont pas manqué de susciter de la curiosité, des interrogations et l’envie d’aller plus loin encore. Nous avons donc décidé d’inviter trois des intervenants des conférences de septembre 2021 pour un cercle d’échange ouvert et convivial : Grégory Vandamme, Rim Feriani et Denis Gril. Afin de vous replonger dans l’univers d’Ibn ‘Arabî en amont de ce cercle d’échange, nous vous invitons à retrouver notre dossier spécial « Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî » sur notre site : https://consciencesoufie.com/muhyi-al... Nous avons mis également à votre disposition une bibliographie dédiée à Ibn ‘Arabî sur notre site : https://consciencesoufie.com/une-peti... Muhyî l-Dîn Ibn ‘Arabî (1165-1240) est le « Grand Maître » (al-shaykh al-akbar) de la spiritualité et de l’ésotérisme islamiques. Depuis son Andalousie natale jusqu’à Damas, dernière étape de sa pérégrination en ce monde, il a parcouru toutes les stations de la Voie soufie. Désigné comme le « Sceau muhammadien de la sainteté » – le Sceau universel étant, selon l’islam, Jésus – il était dès lors investi pour laisser une œuvre écrite aussi dense qu’abondante. Vous pouvez retrouver un dossier spécial « Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî (1165-1240) » sur notre site : https://consciencesoufie.com/muhyi-al... Pour plus d’informations visitez notre site : consciencesoufie.com/

Source : https://www.youtube.com/watch?v=6twVj_O-CP0

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  • Portrait d’Ibn Arabî - Par Florian Besson - Publié le 01/04/2013, modifié le 15/04/2020 • Document ‘lesclesdumoyenorient.com’
    Ibn Arabi (Moheiddin ou Moyiddin Ibn Arabi, 1165-1240) appele Cheik al Akbar ou Ibn Aflatun, mystique soufi et philosophe arabo andalou - Gravure colorisee - Ibn Arabi (1165-1240), Arab Andalusian Sufi mystic and philosopher - Colored engraving - 19th century. Illustration ©PrismaArchivo/Leemage /AFP

Né en 1165 à Murcie (en Al-Andalus) et mort en novembre 1240 à Damas, Ibn Arabî est un théologien et un maître soufi arabe, déployant une pensée extrêmement complexe et fascinante.

Un parcours géographique

Né à Murcie, Ibn Arabî grandit à Séville où sa famille s’est installée dès 1173. C’est là qu’il se forme aux différentes sciences islamiques, étonnant ses professeurs, nous dit-il lui-même, par ses talents intellectuels. Il grandit dans cet empire almoravide qui, on l’a vu avec Ibn Rushd/Averroès ou al-Idrisi, fait une large place aux savoirs et aux intellectuels. Ibn Arabî fait d’ailleurs la connaissance d’Averroès en 1179, dans une rencontre apparemment organisée par son père, ce qui indiquerait que ce dernier s’investit plus dans la formation intellectuelle de son fils que celui-ci ne veut le laisser entendre. Dans ses écrits en effet, Ibn Arabî s’attache à se poser comme un homme qui s’est fait tout seul, indépendamment des influences ou des volontés des autres : s’il mentionne ainsi sa rencontre avec Ibn Rushd, c’est pour mieux minimiser l’importance qu’aurait eu le philosophe andalou sur la formation de sa pensée. Etudiant brillant, Ibn Arabî rédige dès les années 1185 des traités de jurisprudence, de théologie, de philosophie. Mais très vite, il est attiré par la voie mystique et ésotérique et se détourne des sciences profanes.

En 1200, Ibn Arabî part pour l’Orient, d’abord pour faire le pèlerinage à La Mecque, où il arrive en 1201, puis pour aller de ville en ville chercher l’enseignement des grands maîtres soufis. Le soufisme, repensé en profondeur par Al-Ghazalî [1], est alors en train de se structurer comme science religieuse par excellence et comme mouvement organisé : Ibn Arabî peut ainsi loger dans des maisons d’accueil, les khanqâ, dirigées par des sheikhs qui surveillent les disciples. En 1204, au moment où les croisés prennent Constantinople, il est à Mossoul, où il reçoit l’enseignement du grand maître soufi Alî ibn Jamî. Ses convictions hétérodoxes lui valent également un bref séjour dans les prisons du Caire en 1206. On le retrouve ensuite à Konya, où il enseigne à un groupe de jeunes étudiants parmi lesquels Sadr al-Dîn al-Qûnawî, un jeune homme originaire de Tunis que Ibn Arabî a adopté, qu’il forme et avec lequel sa fille se mariera. Il sera lui aussi un grand imam et un grand maître soufi. Après l’Anatolie, Ibn Arabî vit en Arménie, à Bagdad, à Alep. Il est alors surnommé « le grand maître » (sheikh al-akbar), et c’est auprès de lui désormais que de jeunes étudiants viennent chercher des révélations et des conseils. Il participe ainsi puissamment de la structuration du soufisme et de son ouverture. Après plus de vingt ans d’errance, il s’établit à Damas où il passe les quinze dernières années de sa vie ; il y meurt en 1240, et sera enterré au pied du Mont Qassioun.

Un parcours spirituel

Ce parcours géographique à travers le Dar al-Islam est aussi un parcours spirituel. En 1196, à Fès, Ibn Arabî reçoit une révélation de la part du Prophète Muhammad : celui-ci lui apparaît en rêve pour lui remettre la « pierre de la sagesse ». Cette pierre, symbolisant la vérité atteinte à travers la Révélation, est le point de départ d’une réflexion mystique : seul le véritable croyant, ayant parcouru la voie mystique, pourra en embrasser simultanément toutes les facettes. Celui que Ibn Arabî surnomme « l’homme parfait » doit, par la méditation, parvenir à faire l’expérience de la Présence divine (hadarât), en se rapprochant le plus possible de la « Présence totale ». Cette métaphore permet également à Ibn Arabî de parler des autres religions du Livre : tous les Prophètes, d’Abraham à Muhammad en passant par Jésus, ont reçu la même pierre, mais ils la taillent tous différemment. Enfin, cette révélation lui permet de donner aux saints une place fondamentale dans l’islam : les saints (walis) reçoivent une partie de la lumière de Dieu, telle qu’elle est reflétée par la révélation muhammadienne, et ils peuvent ensuite refléter cette lumière vers les autres. Le rôle spirituel et social des saints trouve sa formulation théorique la plus accomplie chez Ibn Arabî : les saints se distinguent par la puissance spirituelle (baraka) dont ils rayonnent et qui se manifeste par des miracles (karamât). C’est là un point clairement hétérodoxe et auquel de nombreux docteurs de la loi s’opposeront (et s’opposent toujours). Pour Ibn Arabî, cette hiérarchie des saints est dominée par un « pôle », Alî, le neveu et gendre du Prophète, et close par un « sceau des saints » (tout comme Muhammad est le « sceau des Prophètes ») qui n’est autre que… lui-même.

Ibn Arabî aura de nombreuses autres visions et apparitions, qui le guideront dans son évolution spirituelle. Il reçoit ainsi la visite de Ibn Rushd en 1199, un an après la mort de celui-ci, et est poussé par lui à quitter l’Espagne. A La Mecque en 1201, il a une véritable révélation théophanique et mystique auprès d’une jeune fille, Nizhâm. Celle-ci, comme le souligne H. Corbin dans son étude de référence sur Ibn Arabî, joue le même rôle pour lui que Béatrice pour Dante : elle est sa Sophia, l’incarnation même de la beauté du monde, de l’amour de Dieu et de la vérité que le mystique cherche à atteindre. Développant dans ses écrits un véritable parcours mystique, Ibn Arabî est influencé par Al Hallaj [2] : il s’agit rien de moins que de se fondre en Dieu (c’est la fanâ’, la disparition de l’âme en Dieu). Le mystique doit accomplir un parcours spirituel qui passe par plusieurs étapes (maqâm), pour atteindre le Vrai et découvrir le sens caché (bâtin) des textes religieux. Pour cela, Ibn Arabî propose notamment une lecture mystique du Coran : son vrai sens résiderait dans les premières lettres qui ouvrent chaque sourate, et non dans le message en lui-même.

Il aura une grande influence : non seulement il fonde une école de spiritualité propre, qu’on appelle akbarienne, mais ses écrits sont repris par diverses autres confréries soufies. Il s’attache dans ses écrits à proposer une voie médiane apte à réconcilier les différentes confréries soufies, mais les forces centrifuges seront les plus fortes, et le soufisme ne se conjuguera qu’au pluriel.

Une pensée métaphysique

L’œuvre de Ibn Arabî ne se laisse pas facilement appréhender. D’abord par son ampleur : c’est près de 850 ouvrages que le mystique andalou aura rédigés au cours de sa vie. Ensuite par sa difficulté : brassant philosophes grecs (notamment Platon, ce qui lui vaut le surnom de Ibn Aflatûn, le fils de Platon) et lectures contemporaines de ceux-ci, poèmes mystiques et ouvrages théologiques, il livre des textes pétris de référence et souvent délibérément écrits comme des énigmes que le lecteur devra percer. Les titres mêmes de ces œuvres tiennent davantage de la poésie que de la philosophie : citons Mawâqi al-Nujûm, Le couchant des étoiles, ou encore le Kitâb inshâ’ ad-dawâ’ir al-ihâtiyya, La production des cercles. On peut tout de même dégager quelques grandes lignes de force.

Ibn Arabî dégage trois modes d’accès à Dieu. Celle de la Sharîa, de la Loi, consiste à appliquer à la lettre les préceptes rapportés par le Coran, la Sunna et les hadîth : c’est la voie la plus répandue, la moins difficile, mais aussi la moins satisfaisante car l’on n’arrive qu’à une connaissance indirecte de Dieu, la connaissance directe devant attendre la mort. La voie de la Haqîqa, vérité métaphysique, est celle des philosophes qui tentent de comprendre les causes et les effets. Enfin, la voie de la Tarîqa (le chemin) est la voie spirituelle et exotérique qui seule peut mener à la « réalisation de la Vérité dans le cœur du croyant ». Cette voie mystique n’est pas à proprement parler irrationnelle pour Ibn Arabî, car précisément elle permet à l’esprit d’échapper à lui-même, d’aller au-delà de la raison charnelle (le nafs) et de ses limites, pour atteindre Dieu. Les grands philosophes-médecins (Ibn Rushd, Ibn Sina/Avicenne, Maimonide) faisaient de l’étude des phénomènes un mode de connaissance de Dieu, alliant ainsi la science et la foi. Ibn Arabî reprend en partie cet héritage, mais en déplace les enjeux : Dieu a créé le monde, et se manifeste dans toutes les créatures. « Le monde est un miroir pour Dieu » écrit-il dans. Ibn Arabî ne s’oppose donc pas à la démarche scientifique d’un Averroès (contrairement à Al-Ghazalî), mais la considère comme incomplète, relevant de la Haqîqa. En sorte que le parfait croyant n’est plus celui qui cherche à élucider les phénomènes pour mieux connaître Dieu, mais celui qui comprend que le monde n’est qu’un miroir, et donc que les phénomènes ne sont que les reflets de Dieu. Alors que le philosophe étudie les œuvres de Dieu, le mystique, lui, « voit Dieu à l’œuvre » écrit Ibn Arabî.

Mais l’homme ne peut atteindre la réalité de Dieu, son essence : il ne peut le connaître qu’à travers Ses noms (le Miséricordieux, le Clément, le Pardonneur, le Juste,…). « Et Dieu apprit à Adam tous les noms » trouve-t-on ainsi dans le Coran (sourate 2, verset 31). La Création, pensée on l’a vu comme miroir, reflète les noms de Dieu sans pour autant les absorber : Ibn Arabî ne construit pas une lecture panthéiste de la nature, ce qui a souvent été reproché aux soufis par les oulémas musulmans. Certes Dieu se voit dans sa Création, mais comme reflet, sans que son essence ne se confonde avec les substances des choses. On pourrait dire que Ibn Arabî théorise une voie mystique modérée. Cette vision de Dieu renvoie directement à une pratique soufie, dans laquelle la récitation à l’infini des noms de Dieu (une pratique appelée zikr), associée à des danses, mène à un état de transe propice à des visions mystiques. L’autre pratique privilégiée est le concert spirituel (samâ), une récitation de poésie amoureuse.

Dans cette vision, l’homme est la créature privilégiée, la seule apte à recevoir la Révélation, car elle est la seule à résumer en elle tous les noms de Dieu : c’est la théorie dite de « l’homme parfait », un homme qui reproduit à son échelle le cosmos. Du coup, Ibn Arabî, réfléchissant sur l’essence divine et ses liens avec la création, est amené à construire la théorie dite de l’unicité de l’être, wahdat al-wujûd, qui sera systématisée plus tard par son disciple al-Qûnawî. Dieu est l’être absolu, le seul qui existe vraiment, alors que tous les autres étants sont à la fois contingents (ils auraient pu ne pas exister) et subordonnés (ils dépendent d’un autre étant). Seul Dieu est nécessaire, seul Dieu n’existe que pour lui-même. Cette notion reprend en l’amplifiant celle du tawhîd, l’affirmation de l’unicité divine (« il n’y a d’autre dieu que Dieu »), l’un des dogmes fondamentaux de l’islam.

D’où, au final, la place-clé de l’amour dans cette doctrine. Ibn Arabî propose une vision théophanique : l’amour profane est le support de l’amour divin. En sorte que Dieu ne s’incarne pas dans l’être aimé, mais que celui-ci reflète Dieu. « L’objet de l’amour, quel qu’il soit, est Dieu » écrit-il dans le Traité de l’amour. La principale capacité du mystique est l’imagination, c’est-à-dire précisément la capacité de voir les reflets divins dans les choses et les êtres, et de les aimer pour ça. Le soufi allie donc pratiques ascétiques – il méprise les richesses du monde, ce qui se manifeste par l’errance, le jeûne, la mendicité – et amour profond de la Création.

Conclusion

En construisant une doctrine extrêmement complexe et hermétique, Ibn Arabî participe puissamment de la structuration du soufisme et de son accomplissement comme science religieuse majeure. Au moment où Ibn Rushd réconcilie l’approche scientifique et la foi, Ibn Arabî propose quant à lui un mode d’approfondissement de la relation à Dieu à travers la voie mystique et ésotérique. Ibn Arabî, entre Al-Andalus et Damas, joue ainsi un rôle-clé dans la revivification d’un islam qui est sur le point de subir de plein fouet le choc mongol.

Bibliographie :

- M. Chodkiewicz, Le sceau des saints. Prophétie et sainteté dans la doctrine d’Ibn Arabî, Paris, 1986.

- H. Corbin, L’imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn Arabî, 1993.

- Éric Geoffroy, Initiation au soufisme, Paris, 2004.

Publié le 01/04/2013 Florian Besson Agrégé d’histoire, élève à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, les recherches doctorales de Florian Besson portent sur la construction de la féodalité en Orient Latin, après un master sur les croisades. Voir toutes ses publications

Notes

[1] Philosophe et mystique persan né en 1058 et mort en 1111.

[2] Mystique persan né en 857 et supplicié à Bagdad en 922 en raison de ses opinions hétérodoxes.

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6.
Le chant de l’ardent désir, choix de poèmes traduits de l’arabe et présentés par Sami-Ali (Paris Sindbad, 1989). Citation n°681  Ibn ’Arabi - Extrait issu d’un ensemble ‘onelittleangel.com’


Hasan al-Basrî - qu’Allâh lui fasse miséricorde ! - (qui donnait régulièrement un enseignement public), lorsqu’il voulait parler de ces mystères qui ne doivent pas se trouver sur le chemin de ceux qui n’en sont pas dignes, appelait à part Farqad as-Sabakhî et Mâlik Ibn Dinâr, ainsi que les autres présents d’entre les gens du ’goût’ initiatique, et fermant la porte aux autres, traitait de ces matières en séance intime. S’il n’y avait pas eu une nécessité d’observer le secret, il n’aurait pas procédé de cette façon. De même Abû Hurayra - qu’Allâh soit satisfait de lui ! - a dit, selon ce que rapporte al-Bukhârî dans son Recueil de hadîths : ’J’ai porté de la part du Prophète - qu’Allâh prie sur lui et le salue ! - deux ’sacs’ : l’un, je l’ai dispensé entre vous tous ; l’autre, si j’agissais de même, on me couperait cette gorge’. De son côté, Ibn ’Abbâs, - qu’Allâh soit satisfait de lui ! - en parlant du verset : ’Allâh qui a créé sept Voûtes Célestes et autant de Terres ; le Commandement descend entre elles’ (Cor. 65, 12), déclarait : ’Si je vous disais quelle en est l’interprétation (ésotérique), vous me lapideriez en disant que je suis un infidèle’. D’autre part, ’Alî ben Abî Tâlib - sur lui la paix ! - frappait sa poitrine et disait : ’Ah ! En vérité, ici il y a force sciences ! Si seulement je trouvais des êtres qui puissent les porter !’ Enfin, l’Envoyé d’Allâh - qu’Allâh prie sur lui et le salue ! - disait : ’Abû Bakr vous est supérieur, non pas par le nombre des prières ou des jeûnes, mais par quelque chose qui est survenu dans sa poitrine’, et il n’expliqua pas ce qu’était cette chose, mais se tut là-dessus. Toute science ne doit pas être expliquée par celui qui la possède, et le Prophète - qu’Allâh prie sur lui et le salue ! - disait : ’Parlez aux hommes selon la capacité de leurs intelligences’. Source : https://www.onelittleangel.com/sagesse/citations/saint.asp?mc=26

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7.
Qui sont les soufis, ou mystiques musulmans ? - (ebdoc de l’Institut du Monde Arabe)

« Le soufi est quelqu’un qui est tel qu’il était, alors qu’il n’était pas encore ».

La manière dont, au IXe siècle, Jounayd définit le soufisme peut paraître énigmatique. Il exprime en fait l’un des principes majeurs du mysticisme musulman : l’unité entre Dieu et sa création, grand mystère que cherchent à pénétrer les mystiques musulmans.

Le mysticisme en islam est né dans le siècle qui suit la mort du Prophète. Peut-être influencé, à son origine, par les ermites chrétiens, il s’est considérablement développé au cours du temps, donnant lieu à une importante littérature en vers et en prose. On donna rapidement à ses adeptes le nom de soufi, probablement en référence à la laine (souf) grossière dont ils se vêtaient. D’autres étymologies ont été envisagées : une dérivation du mot grec sophos (« sagesse »), ou de l’arabe safa (« pureté »), mais elles sont généralement rejetées par les chercheurs.

Contrairement aux savants, qui cherchent à atteindre Dieu par l’étude du Coran et des textes religieux, les soufis revendiquent leur ignorance. Leur objectif est d’obtenir une connaissance de Dieu non par l’intellect, mais par l’expérience personnelle et intime, jusqu’à ne faire qu’un avec le Créateur. L’un des plus grands maitres soufis, al-Hallaj, proclamait ainsi par les rues de Bagdad, « Je suis l’absolue vérité », à savoir Dieu lui-même ; d’autres écrivirent des poèmes amoureux, en arabe ou en persan, où la description de l’aimé correspond à celle de la divinité.

Afin d’atteindre à la connaissance et à l’amour de Dieu, les soufis doivent parcourir un chemin scandé par plusieurs étapes – sept, en général, parmi lesquelles la pauvreté, la patience, la crainte, la satisfaction, la confiance en Dieu. Pour ce faire, ils pratiquent l’ascèse, la méditation, la retraite spirituelle, souvent pendant quarante jours. À l’instar des mystiques d’autres religions, ils s’adonnent aussi à la scansion inlassable du nom de Dieu et de la profession de foi musulmane : c’est peut-être par leur biais que le chapelet, utilisé à l’origine en Inde, serait arrivé en Occident. Celui des mystiques musulmans compte quatre-vingt-dix-neuf boules, qui correspondent chacune à l’un des noms de Dieu présent dans le Coran.

Le soufisme ne se pratique jamais seul : celui qui y aspire, le mourid, doit être pris en charge par un maître, le shaikh, qui s’occupe de son entraînement spirituel. Cette relation entre le maître et l’élève permet de perpétuer une chaîne de transmission initiatique, qui remonte toujours à Muhammad. Généralement, un shaikh a plusieurs disciples, qui se regroupent dans une confrérie et pratiquent ensemble les exercices de méditation et d’ascèse. L’une des plus connues est celle des Mevlevi, (ou « derviches tourneurs »), qui vit le jour à Konya, en Turquie actuelle, au XIIIe siècle.

La valorisation de la danse, de la musique, de la sensualité, voire de la boisson chez ces personnages pieux se justifie, à leur yeux, par leur désir de connaître Dieu non pas dans la lettre du Coran, mais dans l’esprit. On note que le soufisme fait souvent la part belle aux femmes : d’après l’un des principaux maîtres soufis, Ibn Arabi, celles-ci ont la même faculté d’accéder à la sainteté que les hommes. Parmi les premiers adeptes du mysticisme, on trouve d’ailleurs la poétesse Rabia al-Adawiyya, dont s’est inspirée, onze siècles plus tard, la fameuse chanteuse égyptienne Oum Kalsoum.

Néanmoins, le soufisme a souvent été considéré comme subversif et manquant aux principes de l’islam par les autorités religieuses.
Dès le Xe siècle, al-Hallaj, par exemple, a été exécuté publiquement. De nos jours, la pratique du soufisme est condamnée en Arabie Saoudite, souvent mal acceptée en Afrique du Nord, et violemment rejetée par les mouvements islamistes. Elle séduit toutefois, de par le monde, de nombreux jeunes musulmans en quête de renouveau spirituel.

Mélisande Bizoirre

Pour aller plus loin :

Bibliographie : Toutes les sources et références des articles indexés selon les thématiques du Webdoc. Voir tout

Les liens externes vers plein de références …. sont à lire à la source ci-après :

Institut du Monde Arabe - Contacts

Institut du monde arabe — Wikipédia

Source : https://vous-avez-dit-arabe.webdoc.imarabe.org/religion/sunnisme-chiisme-et-soufisme/qui-sont-les-soufis-ou-mystiques-musulmans

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8.
Une exposition sur Abd el-Kader, mis en relief par ‘mucem.org’

À découvrir en ligne - | Du mercredi 6 avril 2022 au lundi 22 août 2022

Présentation - Une exposition qui remet en lumière la figure d’Abd el-Kader dans toute sa richesse et son importance historique et intellectuelle

Émir de la résistance, saint combattant, fondateur de l’État algérien, précurseur de la codification du droit humanitaire moderne, guerrier, homme d’État, apôtre… Les épithètes – souvent impressionnantes, mais aussi contradictoires – affluent lorsqu’il s’agit d’évoquer l’émir Abd el-Kader, dont nous avons tous entendu parler. Mais connaît-on assez Abd el-Kader ibn Muhyî ed-Dîn ? A-t-on justement présenté celui qui inspira également de nombreux écrivains français, tels Victor Hugo qui l’appela « l’émir pensif, féroce et doux », Arthur Rimbaud qui le surnomma « le petit-fils de Jugurtha », ou encore le facétieux Gustave Flaubert qui indiquait qu’« “émir” ne se dit qu’en parlant d’Abd el-Kader » ?

L’exposition présentée au Mucem |Marseille] entend remettre en lumière la figure d’Abd el-Kader dans toute sa richesse et son importance historique et intellectuelle. À l’aide des recherches les plus récentes, de sources nouvelles et de collections inédites, elle déroule le fil chronologique de sa vie et explore certains aspects saillants de sa personnalité et de son action. Par-delà les éloges et les critiques, la fascination qu’il continue d’exercer invite à une meilleure connaissance de son expérience d’homme ; une expérience riche d’enseignements pour les générations actuelles et futures.

L’exposition réunit près de 250 œuvres et documents issus de collections publiques et privées françaises et méditerranéennes, dont les Archives nationales d’outre-mer, la Bibliothèque nationale de France, les Archives nationales, le château de Versailles, le musée de l’Armée, le musée d’Orsay, le musée du Louvre, la chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille, La Piscine de Roubaix…

Commissariat d’exposition et direction d’ouvrage : Camille Faucourt, conservatrice, responsable du pôle Mobilités et métissages, Mucem
Florence Hudowicz, conservatrice en chef du patrimoine, responsable du département des Arts graphiques et décoratifs, musée Fabre, Montpellier

Conseil scientifique : Ahmed Bouyerdene, auteur et chercheur en histoire, spécialiste de la vie et de l’œuvre de l’émir Abd el-Kader - Christian Delorme, prêtre du diocèse de Lyon, auteur, acteur du dialogue interreligieux

Scénographie : Atelier Maciej Fiszer - Graphisme : Atelier Bastien Morin

Avec la contribution exceptionnelle du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Entretien avec Camille Faucourt et Florence Hudowicz, commissaires de l’exposition

Éditions - Catalogue d’exposition

Catalogue Abd el-Kader, Coédition / Errance/Actes SudIllustration agrandie

Émir de la résistance à la conquête française, fondateur du premier État algérien, précurseur du droit des prisonniers en temps de guerre, homme de paix entre l’Europe et l’Islam, mystique soufi entre tradition et modernité… Le nombre impressionnant des qualificatifs et titres dédiés à l’émir Abd el-Kader (1808-1883) donne un premier aperçu de la richesse du personnage et nous invite à cette double question : que sait-on aujourd’hui d’Abd el-Kader ibn Muhieddine, de sa vie, de son œuvre, et que faisons-nous de son héritage ? 

Cet ouvrage, catalogue de la nouvelle exposition qui lui est consacrée par le Mucem, revient sur le parcours de ce personnage complexe, dont il convient plus que jamais de nous inspirer aujourd’hui, de part et d’autre de la Méditerranée.

Directrices d’ouvrage : Camille Faucourt et Florence Hudowicz, commissaires de l’exposition - Avec les contributions de Ahmed Bouyerdene, Christian Delorme, Camille Faucourt, Jacques Frémeaux, Éric Geoffroy, Florence Hudowicz, Ariane James-Sarazin, Michel Mégnin, Paul Mironneau, Amar Mohand-Amer, Lucile Paraponaris, François Pouillon, Tom Woerner-Powell, Thierry Zarcone - Découvrir

 _Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée -https://fr.wikipedia.org › wiki › Musée_des_Civilisation... -Le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) est un musée national situé à Marseille. Il est inauguré par le président Hollande, ...

logo-mucem - Réseau Mom’Artre

Source : https://www.mucem.org/programme/exposition-et-temps-forts/abd-el-kader

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https://www.cairn.info/revue-la-cha...

9.
Publication - Le F Abd el-Kader entendait concilier soufisme et franc-maçonnerie – Par Brahim Drici - Dans La chaîne d’union 2008/4 (N° 46), pages 9 à 10

Bruno Étienne ne se lasse pas de présenter aux Occidentaux le doux visage de l’islam.

ABD EL-KADER ET LA FRANC-MAÇONNERIE - Suivi de Soufisme et franc-maçonnerie - Bruno Etienne - Dervy, 2008, 156 p., 160 €

Vendredi 17 novembre 2007, le maire de Paris inaugure une place au 5ème arrondissement dédié à « l’Émir Abd el-kader, héros national algérien ». Un large éventail de personnalités de tous bords y assiste. De nombreuses prises de parole se succèdent, mais une en particulier retient mon attention, c’est celle de Bruno Etienne, le Frère du G∴O∴D∴F∴ qui a fait connaître ce personnage exceptionnel. J’aurai d’ailleurs tant aimé voir ajoutée, ce jour-là, sur cette même plaque, la mention « et Maçon »…

Mais il y a encore tant à faire pour en arriver là. Et voilà un des pourquoi de ce livre, à l’heure où les politiques, les démagogues et tous ceux qui réécrivent l’histoire pour nourrir leurs desseins personnels, s’élèvent pour dire : « Comment le héros libérateur de l’Algérie aurait-il pu être membre d’une organisation antimusulmane et notoirement pro-sioniste ? ».

Initié dans une loge égyptienne en 1864 pour le compte de la loge française Henri IV

Bruno Étienne, par ce livre, remet les pendules à l’heure. Avec sa minutie de chercheur, il nous guide dans tout le parcours et ce jusqu’à l’initiation du T∴C∴F∴ Abd el-Kader. Cela sera fait en 1864, le 18 juin à 21h 00, dans la loge Les Pyramides d’Égypte, du Caire, pour le compte de la loge Henri IV du Grand Orient de France.

Timbre à l’effigie de l’Emir Abd el-Kader, émis par la poste française à l’occasion de la commémoration du bicentenaire de sa naissance.

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Il ne manque pas aussi de nous rappeler le pourquoi de cette initiation. En ces périodes où tous les intégrismes sont mis en avant par une presse avide de sensationnel, il m’est si doux de lire sous sa plume que c’est bien au nom d’une autre vision de l’islam, celle du juste milieu, ouverte et tolérante, bienveillante envers tout le genre humain, que notre Émir, en pleine connaissance de cause, a accepté d’être initié.

C’est donc au nom de cet islam qu’il vivait et pratiquait qu’il a lié sa démarche maçonnique. Rappelant que cela se passait avant 1877, date à laquelle le Grand Orient de France décidera de supprimer l’obligation pour les loges de travailler « à la gloire du Grand Architecte de l’Univers ».

L’Émir ne voyait pas de contradiction entre soufisme et franc-maçonnerie

Bruno Etienne, dans ce même ouvrage, y a inclus une seconde partie qu’il a intitulée : « Soufisme et Franc-maçonnerie ». Cette partie est, à mes yeux, plus que justifiée pour le plein éclairage de cette démarche du F∴ Abd el-Kader.

Il était croyant, cela ne fait aucun doute pour personne. C’est d’ailleurs l’argument principal pour ceux et celles qui n’acceptent pas et qui dénoncent avec une extrême vigueur ce qu’ils appellent une forfaiture : il ne pouvait pas avoir adhéré à une telle organisation (la Maçonnerie !).

Inauguration de la place Abd el-Kader, à Paris dans le 5ème arrondissement

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Pour le soufisme, cette unanimité se fissure déjà, il nous cite au passage « une certaine princesse » Amîra Badî’a al-Jazâ’iriyya, arrière-petite fille de l’Émir, qui a publié un livre à Damas un ouvrage pour démontrer qu’il n’était pas soufi. Il nous précise que cette dame avait partie liée, par un lien familial, avec les Wahhabites…

Les dénégations des musulmans à propos de l’initiation d’Abdelkader ne sont pas unanimes

Et Bruno Etienne nous rappelle que ce dernier point de vue n’est pas partagé par tous les Algériens. Ainsi, le professeur Kamel Filali, de l’université de Constantine, nous explique le pourquoi des propos de la première génération d’historiens nationalistes : « Une histoire dont le champ littéraire est dominé par des écrits non spécialisés conçus pour des personnes plutôt politiques qu’historiennes, promotrices de l’histoire officielle […] au mépris de toute éthique ; ces écrits mercantiles esquivent les références à leurs sources même quand il s’agit de faits historiques événementiels… »

Cette seconde partie nous présente un autre visage du soufisme. Pour l’auteur, le soufisme n’est pas une doctrine, nonobstant la présence finale de ce « isme », mais un état « hal ». Je le cite : « Il symbolise le cœur vivant de l’islam. Il n’est en rien un occultisme, mais un chemin vers Dieu qui se présente à la fois comme extérieur (zâhir) et intérieur (bâtin). Il est donc une voie initiatique… ».

Lorsque Bruno Etienne parle de la Franc-maçonnerie, et cela n’étonnera personne, je l’espère, il n’est pour lui pas question d’un « club » mais d’une société initiatique traditionnelle. J’intitulais dans cette même revue, il y a déjà un moment, un article intitulé : « Le soufisme, une autre voie initiatique [1] ». Nous y disions, et Bruno Étienne a bien fait de nous le remettre en mémoire, que la voie initiatique de la Franc-maçonnerie et la voie mystique du soufi peuvent souvent se rencontrer, à l’exemple de l’Émir.

Ne plus avoir besoin du Maître terrestre

Il est vrai que des différences importantes subsistent entre les deux voies, et l’auteur n’a pas eu l’idée de les minimiser. Il souligne surtout, pour faire court, dit-il, que le soufisme, comme la Franc-maçonnerie, apparaît essentiellement comme l’illustration du « connais-toi toi-même » socratique.

C’est donc, non seulement une méthode introspective, mais aussi une praxis, une orthopraxie, pratique vraie qui vise à supprimer les distorsions, les distinctions car sa finalité est l’union essentielle. Avec Dieu ? Avec le Cosmos ? Avec l’Un ?

« Ce qui compte à mes yeux, conclut Bruno Etienne, si j’ai bien compris le soufisme et la maçonnerie, c’est de parvenir à n’avoir plus besoin du Maître terrestre ». Et comme l’écrit Ibn ‘Arabi : « Les gens sont les ennemis de ce qu’ils ignorent (an-nasû a ‘dâ’ma jahilû). » N’ignorez plus ce livre !

Notes

  • [1]
    La Chaîne d’Union, n° 9, p. 29, été 1999.

Mis en ligne sur Cairn.info le 28/05/2021 - https://doi.org/10.3917/cdu.046.0009

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Source : https://www.cairn.info/revue-la-chaine-d-union-2008-4-page-9.htm

CAIRN.INFO : Matières à réflexion

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10.
Livre - Entre soufisme et franc-maçonnerie : sociétés secrètes en islam – un nouveau livre de Thierry Zarcone - Par Jean-François Mayer, 10 octobre 2002 - Document ‘religion.info’

Connaisseur des courants soufis, qu’il suit à la trace de la Turquie jusque dans les coins les plus reculés de l’Asie centrale, Thierry Zarcone vient de publier un volume qui retiendra également l’attention de tous ceux qui s’intéressent à la franc-maçonnerie et aux sociétés secrètes occidentales, puisqu’il s’agit de leur réception et de leur réinterprétation en Turquie, en Iran et en Asie centrale aux 19e et 20e siècles.

Religioscope - 10 octobre 2002Ce livre ne se résume pas. Bornons-nous à noter quelques éléments qui ont retenu notre attention, à commencer par la thèse centrale de l’ouvrage : ’les francs-maçons turcs et persans se reconnaissent dans la franc-maçonnerie occidentale et surtout […] reconnaissent leurs propres formes de sociabilité confrérique ou iniatique’ (p. 116).

Même si Thierry Zarcone évoque ici et là les loges occidentales implantées dans les zones géographiques considérées, ce n’est pas son intérêt principal : il se penche surtout à ce que l’on pourrait appeler l’’inculturation’ de la franc-maçonnerie et à la création de sociétés paramaçonniques, inspirées par le modèle maçonnique.

L’entreprise impliquait une connaissance tant de la franc-maçonnerie dans sa forme occidentale que du soufisme - une capacité à déceler des parallèles tout en gardant conscience des différences.

Zarcone distingue secret - indicible - et sociétés secrètes - auxquelles le secret donne leur raison d’être, mais qui en est indépendant et peut également être cultivé dans des sociétés non secrètes, telles que les confréries soufies dans l’Orient islamique. Zarcone est d’ailleurs réservé quant à l’utilisation du terme d’initiation pour décrire la cérémonie de rattachement à une tariqasoufie (pp. 175-176).

L’auteur évoque tout d’abord le contexte général : les premières présentations de la franc-maçonnerie par des auteurs de ces pays, en particulier la Turquie, les premières divulgations sur la franc-maçonnerie. Mais aussi la prolifération des sociétés secrètes dans l’Empire ottoman.

Ces sociétés secrètes avaient souvent pour modèle, pour source d’inspiration, la franc-maçonnerie française et italienne ainsi que la Carboneria. C’est l’influence du Grand Orient qui se faisait sentir, même si les francs-maçons proprement dits en terre d’Islam ne partageaient pas le rejet de la mention obligatoire du Grand Architecte de l’Univers auquel aboutit l’obédience maçonnique française à cette époque.

Les groupes qui naissent dans ces pays de tradition musulmane sont donc généralement des groupes réformistes. Les musulmans qui s’intéressent à la franc-maçonnerie sont pour la plupart des réformistes. L’on pourrait alors s’étonner de l’association au soufisme, puisque les réformistes ne passent pas pour y avoir été particulièrement favorables. Laissons Thierry Zarcone nous expliquer pourquoi ce jugement doit être nuancé, dans ce passage où il évoque le réformiste Malkum Khân, fondateur d’une société paramaçonnique en Iran en 1858 :

Au premier abord, il est surprenant qu’un penseur réformiste s’intéresse au soufisme et, surtout, qu’il lui consacre une part aussi importante dans son projet de modernisation des esprits en Orient. En fait, le soufisme connaît plusieurs dimensions et, d’une manière générale, ses formes populaires, imprégnées de superstitions et de pratiques magiques, sont rejetées par les réformistes alors que ces derniers font bon accueil, dans la mesure où celles-ci ne fuient pas leurs responsabilités politiques, à sa forme savante qui regroupe les confréries. Il y a donc, ainsi que certains d’entre eux l’ont écrit, un bon et un mauvais soufisme. D’un autre côté, le soufisme séduit les réformistes car il autorise une forme de liberté dans le commentgaire du Coran. Ibn `Arabi (m. 1240), l’un des principaux représentants de ce courant, encourage, par exemple, la réouverture de la porte de l’ijtihâd, ce qui signifie commenter le Coran en faisant un usage indépendant de sa raison, un procédé interdit depuis plusieurs siècles par les écoles de droit musulmanes qui s’opposent à toute espèce d’innovation.’ (p. 120)

Ce réformisme se retrouve sous des formes diverses quasiment dans toutes les sociétés secrètes ou paramaçonniques qui émergent en terre d’Islam, y compris dans un groupe évoqué par Zarcone au cœur de l’Asie centrale, à Boukhara : la Société pour l’éducation des enfants (Jam’iyyat-i Tarbiyya-yi Atfâl) a bel et bien pour but de promouvoir l’éducation des enfants, mais en les envoyant dans des écoles modernes, séculières, à Istanbul - alors que l’émirat de Boukhara leur préférait les écoles religieuses. Comme d’autres associations, celle-ci est influencé par le modèle turc du Comité Union et Progrès. Son fonctionnement était celui d’une société secrète, avec signes de reconnaissance, etc. (pp. 89-91).

Une telle société poursuivait bien entendu des objectifs sociaux et politiques. Zarcone remarque que certaines d’entre elles réduisent le cérémonial à peu de chose tandis que, à l’inverse, existent ’des organisations para-maçonniques séduites et même fascinées par le cérémonial et la langue symbolique de la Franc-Maçonnerie, par son emblématique hermétique, dans laquelle elles reconnaissent la symbolique du soufisme et celle des corporations de métiers musulmanes’ (p. 4).

Plusieurs groupes examinés par Thierry Zarcone incluaient nettement - à côté de buts politiques - des idéaux religieux. L’un des exemples les plus remarquables que présente son ouvrage est celui de la Confrérie de la Vertu, fondée à Istanbul dans les années 1920, à l’initiative d’un militaire soufi de l’ordre de Bektachis, avec l’aide de shaykhs soufis et de francs-maçons (pp. 131-155). Dans ce cas-là, cependant, il ne s’agit plus de réformisme : durant sa courte existence (elle fut interdite en 1925), la Confrérie de la Vertu allait s’opposer aux réformes kémalistes et prendre la défense du califat. Il s’agissait d’une franc-maçonnerie qui se voulait musulmane - et à laquelle il fallait d’ailleurs être musulman pour adhérer. Preuve s’il en est qu’un habit maçonnique peut recouvrir différents contenus politiques...

Il est intéressant d’observer que Turcs et Persans qu’attiraient le cérémonial maçonnique et qui créaient des sociétés paramaçonniques ne l’adoptèrent pas purement et simplement, mais ’éprouv[èr]ent le besoin de le transformer pour mieux l’adapter à son nouveau cadre religieux et culturel’ (p. 107). Zarcone remarque au passage qu’il y a eu des tentatives semblables (plus récentes) d’adaptation au milieu shinto et bouddhiste au Japon (pp. 176-177).

C’est à travers tous ces aperçus inattendus, levant un coin du voile sur des associations discrètes et largement tombées dans l’oubli, que Thierry Zarcone offre riche matière à réflexion. Notons enfin la qualité de présentation de l’ouvrage et également - car c’est loin d’être toujours la règle chez les éditeurs francophones - la présence d’un utile index en fin de volume.

Jean-François Mayer

Thierry Zarcone, Secrets et sociétés secrètes en Islam. Turquie, Iran et Asie centrale, XIXe-XXe siècles. Franc-Maçonnerie, Carboneria et confréries soufies, Milan, Archè, 2002 (210 p. + illustrations).

Balisé avec : franc-maçonnerie, islam, sociétés secrètes, soufisme

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Source : https://www.religion.info/2002/10/10/entre-soufisme-et-franc-maconnerie-societes-secretes-en-islam-un-nouveau-livre-de-thierry-zarcone/

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11.
Abdelkader, Musulman et Franc-maçon - Un dialogue de haute valeur morale - GRAND ORIENT DE France - Extraits du colloque du 14 mai 2011 à Vendôme 41

La rencontre publique à Vendôme en mai 2011 du Grand Maître du Grand Orient de France, Guy Arcizet, et du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, s’inscrit dans une volonté de compréhension mutuelle de deux courants de pensée que certains souhaiteraient opposer. L’engagement politique, philosophique et culturel de l’Emir Abdel-kader, musulman et franc-maçon, a servi de toile de fond au dialogue qui s’est ouvert devant quatre cents personnes.

Précédemment, le Grand Orient de France avait écouté dans ses loges des intervenants
musulmans ou spécialistes du monde arabe : Hassen Chalghoumi, imam de la mosquée de Drancy, Suhem Habchi, présidente de Ni Putes Ni Soumises, les politologues Gilles Kepel sur les révolutions arabes, Frédéric Encel et François Thual sur la géopolitique du proche et du moyen Orient.

Il y a cent cinquante ans, le descendant du prophète et figure historique de la lutte
algérienne contre la colonisation, Abdelkader, demandait son adhésion au Grand Orient de France. De quoi étonner ceux qui ne sont pas au fait des valeurs spirituelles de l’Islam et du Grand Orient de France dans les années 1860. A Vendôme, à partir de l’homme de convictions que fut l’Emir Abdelkader, le dialogue du Grand Maître et du Recteur s’est développé sur des thèmes récurrents ou d’actualité comme la laïcité, le Printemps arabe ou l’immigration. Dans un respect mutuel, les deux personnalités ont tenu des propos rarement entendus en publique. Un grand merci à la loge vendômoise du Grand Orient de France, « Les Bâtisseurs Fraternels », à l’initiative de la rencontre. Jean-Philippe Marcovici Premier Grand Maître Adjoint…

Lire la totalité sur ce site : https://www.godf.org/uploads/assets/file/EXTRAITS%20DU%20COLLOQUE%20DE%20VENDOME%2014-05-2011.pdf

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12.
Ouvrage - Le mystère Abd-el-Kader : la franc-maçonnerie, la France et l’islam -

Auteur Thierry Zarcone ; postface de Pierre Frégosi
Editeur du Cerf
Date 2019
Pages 351
Sujets ʻAbd al-Qādir ibn Muyī al-Din al-Ǧazāʼirīhttps://academieoutremer.fr/present..._ 1808-1883_ Islam et franc-maçonnerie
Cote 62.488

https://academieoutremer.fr/images/Recensions/2946.jpg

Télécharger au format PDF - Recension rédigée par Christian Lochon

M.Thierry Zarcone, directeur de recherche au CNRS et rattaché à l’École des hautes études en sciences sociales, est connu pour ses travaux sur la Turquie, l’Asie Centrale, le soufisme et les confréries islamiques, ainsi que pour les sociétés secrètes dans le monde musulman dont il révèle l’importance dans Mystiques philosophes et Francs-Maçons en islam (Paris, Jean Maisonneuve, 1993) et dans de nombreuses contributions au Journal de l’Histoire du Soufisme. M. Franck Frégosi dans la postface de l’ouvrage souligne que M.Zarcone « a dépouillé d’innombrables archives maçonniques inédites pour se livrer à une opération érudite et raisonnée de déconstruction de la mythologie maçonnique de l’Émir » (p.255).

L’appartenance aux confréries aura été une constance chez l’Émir Abdelkader, fils d’un cheikh de la Qadiriya de Mostaganem (p.19), fidèle lecteur d’Ibn Arabi (p.31), lui aussi qadiri ; il est également affilié aux confréries chadhiliya et naqshbandiya (p.21), fréquentant leurs tenues à Damas. C’est pour cela qu’il sauvera du massacre 5000 chrétiens résidant dans cette ville en 1860 (p.33). Il ne doutait pas que la maçonnerie présentait des analogies avec les sociétés initiatiques issues de l’islam, précise M. Frégosi (p.276). Aujourd’hui, les mouvements salafistes et wahhabites considèrent les soufis comme des hétérodoxes. D’où la volonté de vouloir protéger l’Émir d’accusations de collusion avec la maçonnerie.

Largement contestée par le Gouvernement algérien, ses biographes algériens, la Fondation algérienne Abdelkader, l’initiation de l’Émir à la maçonnerie eut pourtant bien lieu à Alexandrie en 1864 dans le cadre de la loge Les Pyramides dont le Prince Abdelhalim fils de Mohamed Ali était membre, à la demande de la loge parisienne du Grand-Orient Henri IV, qui souhaitait le remercier d’avoir sauvé héroïquement les Chrétiens de Damas. Les deux fils aînés de l’Émir, Mohamed (1840-1913) et Mohieddine (1843-1917) furent eux-mêmes initiés à la loge beyrouthine Palestine en 1865 (p.73). Reçu à Paris dans la loge Henri IV en 1866, l’Émir tient à dire : « Le fondement de cette noble société est d’aller sur une voie pleine d’humanité et de fraternité » (p.97). Son portrait retrouvé par le professeur Bruno Étienne est conservé dans l’hôtel parisien du Grand Orient. Un de ses neveux Hadj Boutaleb sera initié en 1882 à la première loge marocaine Al Maghreb Al Aqsa (p.92). Mohamed Said Al Jazaïri en 1936 sera élu Grand Maître de la Grande Loge libanaise des pays arabes à Beyrouth (p.89).

M.Zarcone dresse un état de la franc-maçonnerie en Syrie dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Si la première loge ouverte à Damas Siria date de 1880, bénéficiant de la protection du gouverneur franc-maçon ottoman Rachid Pacha (p.52), plusieurs loges sont en activité à Beyrouth, Palestine (depuis 1861), Le Liban (1868), La Chaîne d’Union (1870). Appartiennent à Syria avecMohamed fils d’Abdelkader, le Consul d’Iran à Damas Hasan Mirza Khan, Cheikh Salim El Attar (qui avait défendu les chrétiens en 1860), le mufti Mahmoud Hamza, le cheikh des Naqchbandis Mohamed Al Khani, le cheikh des Qadiris de Hama, Charif Kilani (p.56, 57). L’auteur montre combien le rituel maçonnique ressemble à celui des corporations ottomanes ou guildes de métier (le ceinturage et les banquets) ; les appellations d’apprenti (mubtadi, khadem), de compagnon (sâni’ ou rafiq)), de maître (moualem) sont les mêmes dans les deux institutions (p. 60).

L’Émir Abdelkader est resté un modèle de maître spirituel, d’humaniste laïque, de musulman éclairé pour les maçons occidentaux (p.209). Plusieurs loges vont porter son nom, à Tunis (1955-1958), à Rufisque-Dakar en 1984, à Paris dans les obédiences de la Grande Loge de France en 1995 et de la Grande Loge Nationale de France (p.215). Sans doute « le mythe d’Abdelkader répond au renouveau menaçant de l’islam dans la société française » (p.236). Dans la plupart des pays de la région, la franc-maçonnerie a été interdite dans les années 1950 pour des raisons de méfiance envers les liens qu’aurait cette institution avec l’État d’Israël (p.7 et 12) et pour le contenu du rituel rédigé au XVIIIe siècle et proche de l’Ancien Testament. Seuls, le Liban, le Maroc et la Turquie n’ont pas prononcé d’interdiction.

Le lecteur pourra se référer aux diverses annexes bien documentées comme l’article italien de 1884 consacré à la maçonnerie à Damas, (p.279 à 283), à la liste des membres de la loge Syria entre 1879 et 1899 (p.283 à 288), à une mini-biographie des personnes citées (p.289 à 295), aux références bibliographiques (p.295 à 311), aux notes (p.313-338) et à un précieux index (p.339 à 345).

Une deuxième édition évitera de qualifier le Dr Dalil Boubakeur de théologien (p.237) ; il est médecin anesthésiste et les fonctions qu’il occupe au sein de l’islam en France l’obligent en effet à devoir répondre à des questions portant sur ce sujet. Il n’en est pas de même bien sûr de M.Tareq Obrou cité avec lui.

Les recensions de l’Académie des sciences d’outre-mersont mises à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 non transcrite. Basé(e) sur une œuvre à www.academieoutremer.fr.

Source : https://academieoutremer.fr/presentation-bibliotheque-les-recensions-du-carasom/?aId=2946

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13.
L’émir Abdelkader et la franc-maçonnerie française : De l’engagement (1864) au renoncement (1877) – Thèse par Mouloud Kebache Faculté de théologie et des sciences des religions - Université de Montréal

Mémoire présenté à la faculté des études supérieures et postdoctorales
En vue de l’obtention du grade de Maître ès art (M.A) - En sciences des religions
17 novembre, 2009 - © Mouloud Kebache, 2009
Ce mémoire intitulé : L’émir Abdelkader et la franc-maçonnerie française :
De l’engagement (1864) au renoncement (1877) présenté par : Mouloud Kebache
a été évalué par un jury composé des personnes suivantes : Jean-Marc Charron président-rapporteur - Patrice Brodeur directeur de recherche - Michel M. Campbell
membre du jury

Résumé
Figure majeure de l’histoire des relations coloniales franco-algériennes, l’émir Abdelkader est généralement présenté par ses compatriotes comme le modèle politique, militaire et religieux du résistant au colonialisme français du 19ième siècle.

L’historiographie officielle algérienne en véhicule l’image du chef religieux qui a initié al-
jihad de résistance conforme aux règles exotériques de la chari’ia. Il est décrit comme un
guerrier loyal et magnanime, fin stratège, dont la défaite militaire a paradoxalement marqué la fondation de l’Algérie moderne en tant que Nation et État.

La construction sociopolitique postcoloniale de ce mythe a permis de légitimer les différents régimes politiques, qui se sont succédé dans l’Algérie indépendante et qui ont toujours tenu, dans le cadre d’une lecture littérale de l’Islam. Ceci dans le but de taire la dimension spirituelle d’Abdelkader disciple, héritier et commentateur de l’œuvre du magister Magnus soufi, IbnʻArabî.

Fascinés dès le début de l’occupation par cet adversaire hors du commun, les français, de plus en plus sécularisés, en ont érigé une image utilitaire, l’aliénant ainsi de ses compatriotes coreligionnaires et le découplant de sa foi islamique.

Les mémoires concurrentes de l’ancienne puissance coloniale et de son ex-colonie, l’Algérie, ont généré plusieurs débats contemporains en ce qui a trait à l’écriture de l’histoire de la colonisation. Le personnage d’Abdelkader a été instrumentalisé par les uns et les autres. Deux évènements controversés de sa biographie sont devenus les objets d’une polémique souvent âpre et amère entre auteurs chercheurs algériens et français : l’adhésion de l’émir à la franc-maçonnerie française et sa séparation d’avec celle-ci.

Nous allons présenter que la prémisse d’auteurs algériens, selon laquelle Abdelkader n’aurait pas pu adhérer au Grand Orient de France, pour cause d’incompatibilité doctrinale musulmane, est inconsistante. Nous essayerons de démontrer au contraire, que son initiation à la maçonnerie telle qu’elle s’était présentée à lui était en accord avec sa vision soufie et légaliste du dogme islamique.

En nous basant sur le choix de la franc-maçonnerie française pour la laïcité au moment de la réception supposée de l’émir dans la fraternité, nous montrerons qu’il s’en éloigna pour des raisons de doctrine islamique. En effet, l’élimination de toute référence déiste des textes constitutifs du Grand Orient de France fut inacceptable pour le musulman qu’était Abdelkader, vaincu militairement mais raffermi spirituellement par sa proximité grandissante avec son maître spirituel IbnʻArabî.

L’humanisme des francs-maçons français avait motivé une refondation basée sur les droits de l’homme issus de la révolution française. Tandis que celui de l’émir Abdelkader prenait sa source dans l’Unicité de l’Être, concept-cadre Akbarien de la compréhension de la relation de Dieu avec ses créatures.

Nous allons montrer que les polémiques franco-algériennes sur les relations d’Abdelkader
avec la franc-maçonnerie française, masquent un autre débat de fond qui dure depuis des siècles dans le monde musulman. Un débat opposant deux herméneutiques légalistes des textes islamiques, l’une exotérique s’incarnant dans l’œuvre du théologien musulman Ibn Taymiyya et l’autre ésotérique se trouvant au cœur des écrits du mystique IbnʻArabî.

Mots clés : Algérie, soufisme, Chari’ia, l’émir, Bārzakh, France, Colonisation, Bruno Étienne, Grand Architecte de l’Univers.

Lire en totalité sur c site : https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/4207/Kebache_Mouloud_MK_2010_memoire.pdf?sequence=4&isAllowed=y

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14.
Le personnage de Rıza Tevfik selon Wikipédia

Rıza Tevfik, appelé Rıza Tevfik Bölükbaşı depuis l’adoption de la Loi turque sur les noms de famille en 1934, né en 1869 et mort le 31 décembre 1949, est un philosophe, poète et politicien turc, membre de l’ordre religieux bektachi et franc-maçon.

Politique - En 1907 il adhère au Comité Union et Progrès (CUP), et est élu député de ce parti pour Edirne à la Chambre des députés (Parlement) de l’Empire ottoman en 1908. En 1911 il quitte le CUP pour adhérer pour un moment au nouveau parti libéral d’opposition, fortement opposé à la participation de l’Empire ottoman à la Première Guerre mondiale. Après la chute du CUP et la défaite ottomane lors de la première guerre mondiale, il est ministre de l’éducation dans plusieurs gouvernements (11 novembre 1918 – 12 janvier 1919). Il est nommé par le Sultan au Sénat, dont il devient le président par deux fois (24 mai – 18 juin 1919 et 31 juillet – 21 octobre 1920). Il est connu pour être l’un des signataires ottomans du traité de Sèvres.

Franc-maçonnerie - Il est initié en franc-maçonnerie à Salonique en septembre 1908 dans la loge « Perseverancia » no 292, du Grand Orient espagnol1 et il est grand-maître de la première obédience indépendante turque2, le Grand Orient ottoman, de 1918 à 19213.

Article complet avec notes et références sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C4%B1za_Tevfik_B%C3%B6l%C3%BCkba%C5%9F%C4%B1

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15.
Ouvrage - Riza tevfik ou le soufisme ’éclairé’ : mécanisme de pensée et réception des idées occidentales dans le mysticisme turc sous le deuxième régime constitutionnel ottoman (1908-1923) – Thèse par Thierry Zarcone

Thèse de doctorat en Études arabes - Sous la direction de Irène Mélikoff.- Soutenue en 1990 à l’Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008) . Description en français - Description en anglais

Résumé

Cette thèse traite de l’histoire de l’hétérodoxie bektachi-alevi dans l’empire ottoman au dix-neuvième et au début du vingtième siècle. Elle analyse, d’un côté, la place que les ordres mystiques musulmans - et les bektachis - en particulier, ont occupée au mo ment des réformes du tanzimat et, pour sa plus grande part, sous le régime des jeunes turcs.

D’un autre côté, elle est une étude des écrits philosophiques et mystiques d’un grand intellectuel ottoman qui était aussi derviche, Riza Tevfik Bolukbachi (1849-1949).

La troisième partie de cette thèse est une traduction des poèmes mystiques et bektachis e ce philosophe.

Consulteren bibliothèque

ABES

Source : https://www.theses.fr/1990STR20008

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16.
Ouvrage - Mystiques, philosophes et francsmaçons en Islam : Riza Tevfik, penseur ottoman soufi (1868-1949) - - De Thierry Zarcone Maisonneuve éditeur - Bib Ifeai - Présentation

Dans ce livre, sont exposées les bases philosophiques et religieuses de la pensée mystique turque : comment le soufisme, attiré par la réalité sociale dans laquelle il baignait, s’est transformé au terme d’un long processus ; la maçonnerie introduite en Islam a connu elle aussi nombre de mutations qui lui ont permis de s’intégrer dans cette Société musulmane et ses confréries mystiques. Imprégnés des Idées occidentales, Penseurs musulmans-Soufis et Francs-Maçons ont exercé un rôle déterminant sur la société musulmane ottomane au 19-20èmes siècles et ont conduit leur pays vers ’ la modernité ’.

L’auteur illustre ce rapprochement Est-Ouest par l’étude de la vie et de la pensée d’un intellectuel turc particulièrement influent Riza Tevfik. Ce philosophe contemporain, membre actif de la communauté soufie, de plus, Grand Maître de la franc-maçonnerie ottomane, et féru de philosophie occidentale, de Bergson en particulier, fut ’ l’introducteur ’ de ces connaissances. Sa réflexion a conduit à l’émergence d’un nouveau soufisme que l’on doit voir comme ’ un soufisme éclairé’ –

Sommaire : Avant-propos - Note sur la transcription et abréviations - Introduction — La mystique turque : du soufisme à la confrérie : I. L’idéologie soufie : syncrétisme et traditions arabo-persanes — II. Sociabilités mystiques : ordre et couvents —

Partie I : Soufis et Francs-maçons face à la modernité : I. Renaissance du bektachisme ; une idéologie mystique à la rencontre de l’occident - II. Soufisme et confréries à l’époque jeune-turque (1908-1923) - III. Les confréries pendant la guerre d’indépendance (1919-1923) et la mort du soufisme institutionnel en Turquie (1925) - IV. Les débuts de la franc-maçonnerie en orient islamique : un vecteur de la modernité - V. La franc-maçonnerie politique et les idéologies maçonniques - VI. La rencontre de deux sociabilités confrériques : la franc-maçonnerie et les ordres mystiques musulmans —

Partie II : Riza Tevfik ou le soufisme ’éclairé’ : I. Un intellectuel ottoman - II. La réflexion sur l’agnosticisme : autour des fusus al-hikam de Muhyiddin Ibn Arabi et des premiers principes de Herbert Spencer - III. Vers une nouvelle ’psychologie’ : repenser la philosophie bektachie - IV. L’art du barde (Asik) ’éclairé’ : un nouveau soufisme ’éclairé’ —

Conclusion — Traduction des poésies bektachies (nefes) de Riza Tevfik — Repères chronologiques - Bibliographie - Index général et glossaire.

Le tablier et le tarbouche, Francs-maçons et nationalisme en syrie mandataire

Thierry Millet Classiques Garnier

Le Soufisme, Voie mystique de l’islam

Thierry Zarcone Gallimard

Source : https://www.dialoguesmusiques.fr/livre/660451-mystiques-philosophes-et-franc-macons-en-islam—thierry-zarcone-maisonneuve-editeur

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17.
Entretien - La danse soufie : un art entre ciel et terre – Vidéo - Campus Lumières d’Islam - 22 février 2021

« Se mettre à danser chez les soufis, c’est être en harmonie avec le cosmos pour se rapprocher du créateur » - Retrouvez également le Campus Lumières d’Islam sur : Facebook : https://www.facebook.com/campuslumier... Twitter : https://twitter.com/lumieres_dislam © Le Campus Lumières d’Islam est édité par la Fondation de l’Islam de France. www.fondationdelislamdefrance.fr

Source : https://www.youtube.com/watch?v=7st2h9vno3M

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18. Danse Soufie - Stage avec Rana Gorgani à Arles 2020 Vidéo 9:47 - Festival Les Suds, à Arles - 12 juillet 2020 #LESSUDS

[Les Suds, en résidence] - Stage de Danse Soufie avec Rana Gorgani Réalisation : Corentin Berger Musique : Titi Robin © SUDS, à ARLES 2020 #LESSUDS En attendant l’été 2021, le festival Les Suds, à Arles vous dévoile quelques-uns des 41 Stages & Master classes de la programmation : http://bit.ly/les-suds-en-residence Suivez-nous ! • Youtube :  

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Musique : O Gül Yüzün (Version Instrumentale) (Version Instrumentale) – Artiste : Titi Robin, Thierry Robin – Album : Les rives - S’abonner à YouTube Premium - Musique

Source : https://www.youtube.com/watch?v=sSC_HC5RuuI

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19.
Femmes, danser pour s’émanciper - Rana Gorgani, danseuse soufie : ’Tourner pour donner un sens à l’existence’ - 27 février 2021 - Mise à jour 24.12.2021 à 11:01 par Liliane CharrierTerriennes

Rana Gorgani au mausolée de Rûmi à Konya, en Turquie.Rana Gorgani au mausolée de Rûmi à Konya, en Turquie. ©​Hans Tibben

Depuis ses premiers tours sur scène, il y a dix ans, la Franco-iranienne de 37 ans Rana Gorgani étonne. Elle est l’une des rares danseuses soufies à se produire en public. Quand tout semble à l’arrêt, le mouvement giratoire de la danse des derviches, et sa dimension spirituelle, sont pour elle une manière de ’donner un sens à l’existence’. Entretien.

Aquarelle figurant dans un album de costumes turcs assemblés, 1867.

Aquarelle figurant dans un album de costumes turcs assemblés, 1867.

Tourner d’abord lentement, puis de plus en plus vite, pour atteindre le hâl (’état spirituel’ en arabe : l’état, la transe qui mène à l’extase), bras déployés, la paume de la main droite dirigée vers le ciel pour recueillir la grâce d’Allah, celle de la main gauche tournée vers la terre pour l’y répandre. Tourner, toujours du côté gauche, celui du coeur, et dans le sens de la rotation de la Terre autour du Soleil. La samā‘ (’écoute’ en arabe)danse spirituelle et ancestrale pratiqué par les soufis de l’ordre Mevlevi, est traditionnellement réservée aux hommes. Des femmes, pourtant, s’y adonnent aussi dans des cérémonies à huis clos, de Turquie jusqu’en Afghanistan.

Derviche tourneuse 

Ainsi Rana Gorgani a-t-elle longtemps pensé ’qu’il fallait que ça reste dans un cadre privé’, affirme cette femme menue aux longs cheveux noirs et bouclés. Jusqu’au jour où elle ose faire quelques tours lors d’un festival en plein air à Montpellier, où elle présente des danses traditionnelles persanes. Après ’quelques minutes, j’ai été prise de panique et me suis arrêtée pour quelques secondes. Comme si, inconsciemment, j’étais en train d’enfreindre une règle, se souvient-elle. Je suis repartie en tournant très vite, j’ai entendu un tonnerre d’applaudissements, et à la fin je me suis dit ’tout va bien’’. En coulisses, des spectateurs viennent la remercier, les larmes aux yeux. Alors ’il y a eu ce déclic’, dit la derviche, affirmant qu’à travers sa danse, ’je ne montre pas, je suis moi’.

L’âme, ni masculine, ni féminine

Dans le soufisme, vision mystique de l’islam, ’l’âme n’est ni masculine ni féminine’, dit-elle. Etre derviche et femme ne ’va pas à l’encontre de cette spiritualité... On tourne, homme ou femme, avec une robe ample ou une jupe. On dit que le tissu qui vole révèle l’âme’, explique Rana Gorgani. Un paradoxe l’a toujours intéressée : dans les pays musulmans, les derviches hommes portent en public cette jupe, symbole féminin, alors que les femmes dansent en cachette. ’En Europe, j’ai la chance de pouvoir m’exprimer artistiquement et librement’, dit-elle.

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Derviches d’Istanbul au palais de Charles Quint de Grenade, le 21 juin 1990. © José Garrido, creative commons

Racines et soufisme

Rana Gorgani emprunte la voie soufie dès l’âge de 14 ans, à l’occasion de sa première visite en Iran, son pays d’origine. Pendant de longues années, elle s’initie en participant à de nombreuses cérémonies en Iran, mais aussi en Turquie, souvent secrètement. Là, dans le berceau de la confrérie, elle se lie d’amitié avec des derviches, qui disent ’comprendre’ sa démarche.

En France, celle dont les parents ont quitté l’Iran après la révolution islamique décide de lâcher sa carrière de comédienne pour se consacrer à la samā‘. ’Jalal al-Din Roumi disait ’plusieurs voies mènent à Dieu, j’ai choisi celle de la musique et de la danse’. Ca a été mon cas’, sourit-elle, en référence au célèbre poète soufi du 13e siècle, dont les adeptes ont fondé la confrérie des derviches tourneurs.

’Méditation en mouvement’

Depuis la pandémie, cette diplômée en anthropologie de la danse et en ethnomusicologie donne des cours via Zoom, à chaque nouvelle lune et pleine lune. A sa grande surprise, l’expérience s’avère ’extrêmement intense’, tant ses élèves avaient un besoin de ’donner un sens à l’existence’ et ’de connexion avec leur être profond’. ’Une centaine de personnes du monde entier ont participé à la première session au premier confinement, puis j’ai reçu de plus en plus de demandes’, se rappelle-t-elle. Avec cette ’méditation en mouvement’, ’je crois avoir aidé certaines personnes à se révéler à elles-mêmes’. Elle ose danser sur de la musique traditionnelle, mais aussi sur les notes du piano de son complice Simon Graichy, ou encore sur une chanson de Jacques Brel interprétée par le duo Bird on The Wire. ’Là où je vois des états de grâce’, dit-elle.

Entretien avec Rana Gorgani

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Terriennes : quelle place le soufisme accorde-t-il aux femmes ?

Rana Gorgani : Le soufisme est une spiritualité ouverte aux hommes et femmes, et les femmes peuvent faire partie d’une confrérie soufie, mais les pratiques et les rituels sont réservés aux hommes. Les derviches de Turquie, par exemple, sont des hommes, car l’on considère traditionnellement que les femmes ne peuvent pas se présenter dans cet état spirituel menant à l’extase sous le regard des hommes. Il est rare de pouvoir assister à un zikr, une cérémonie qui allie chants et prières soufies, accompagnées par la danse - le zikr allie les trois aspects de la spiritualité : poésie, musique, mouvement. En Turquie, il est possible d’assister à ces cérémonies de prières et de chants, mais l’on n’y voit que les hommes.

Pourquoi cela ?

Dans un même lieu sacré réservé à la pratique soufie, les femmes sont séparées des hommes. Les hommes sont au rez-de-chaussée, par exemple, et les femmes au premier étage, c’est-à-dire qu’elles entendent les percussions, la musique, la lecture du maître spirituel. Elles peuvent avoir une pratique à travers le soufisme, mais l’on considère comme impur, voire profane, qu’une femme prenne sa place parmi les hommes. Ce qui ne leur est pas autorisé, ce n’est pas la pratique, c’est que cela se voit. L’idée reste omniprésente de préserver les femmes des regards.

D’autant que le sama’zan, ou sema’zen en turc (celui ou celle qui danse en lien avec le cosmos), à travers le mouvement giratoire, goûte à l’ivresse mystique qui amène le corps à l’extase. On dit que l’âme ’goûte au vin incolore’. Or comme la spiritualité soufie existe dans des pays musulmans, il n’est pas permis aux femmes d’y goûter devant les hommes. Cette pudeur existe aussi chez les femmes. D’ailleurs, les femmes sont autorisées à ne pas porter le foulard pendant la pratique du sama’, car elles sont en dialogue avec le divin, en communion. Mais dès qu’elles s’arrêtent, elles remettent le voile.

Comment êtes-vous perçue en Iran ou en Turquie ?

Pour certaines personnes, notamment des femmes, dans ces pays, je suis une inspiration. Quant aux hommes qui me connaissent à travers le soufisme, ils sont, d’une certaine manière, admiratifs. D’autres, en revanche, rejettent totalement la vision différente que j’amène de manière artistique ; pour eux, je détruis les fondements du soufisme. Moi, j’observe ces réactions et je les trouve toutes intéressantes. Ce que je fais, il fallait que quelqu’un le fasse, et en tant que femme d’origine iranienne, j’étais la meilleure personne pour pouvoir le faire. Je le fais et je continuerai à défendre cette culture, cette tradition, tant que je verrai à quel point elle fait du bien aux autres. 
C’est ma mission de vie. 

Vous enseignez la danse soufie depuis dix ans. Comment vos élèves abordent-ils cette pratique ?

Au début, il y a beaucoup de peurs - la peur de la nausée, de la chute, du vertige... Or souvent, on sous-estime la force que l’on peut avoir ; on ne sait pas jusqu’où l’on peut emmener son corps. ’Comment faites-vous pour tourner aussi longtemps ?’ me demande-t-on souvent. Il s’agit d’être disponible, dans un état d’écoute qui permet l’équilibre, d’écoute profonde d’une présence divine. Ce que j’ai fait, en tant que femme, c’est porter la danse soufie et cette spiritualité, mettre mon nom dessus - et ce qui me porte, c’est la foi. Je pense que la spiritualité et la danse soufie méritent d’être ouvertes au plus grand nombre, homme ou femme, quelles que soient les opinions religieuses. Pour cela, il faut d’une certaine manière déconstruire et aller au-delà des restrictions et interdits.

Que déclenche cette pratique chez vos élèves ?

Il y a des femmes et des hommes, et pour chaque personne, c’est différent. La pratique de la danse soufie permet de se révéler à soi-même, d’y voir plus clair en ses propres ressentis, de ne plus vivre ses choix comme étant bons ou mauvais, mais comme quelque chose qui nous correspond. En dix ans de cours, j’ai vu des personnes prendre d’importantes décisions personnelles ou professionnelles au fil de leur pratique.

Cette révélation de soi-même, c’est une renaissance. Souvent, les gens - homme ou femme - imaginent que ce que je fais n’est pas possible. Je suis la personne qui leur prouve que c’est possible. Réaliser un rêve ou une projection de soi-même que l’on croyait inaccessible lève le voile de l’illusion - et croire que l’on n’est pas capable, n’est qu’une illusion.

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Source : https://information.tv5monde.com/terriennes/rana-gorgani-tourner-pour-donner-un-sens-l-existence-396737

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