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"La philosophie islamique selon les arabes médiévaux qui furent contre le dogmatisme religieux aux 11ème–14ème siècles : Avicenne (Ibn Sina), Ibn Tufayl, Averroès (Ibn Rushd), Ibn Arabi et Ibn Khaldoun" par Jacques Hallard

lundi 3 avril 2023, par Hallard Jacques


ISIAS Monde arabe et Islam Philosophie Série Raison et Foi en Méditerranée Partie 3

La philosophie islamique selon les arabes médiévaux qui furent contre le dogmatisme religieux aux 11ème–14ème siècles : Avicenne (Ibn Sina), Ibn Tufayl, Averroès (Ibn Rushd), Ibn Arabi et Ibn Khaldoun

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 02/04/2023

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Plan du document : Présentation Préambule Introduction Sommaire Auteur

Présentation

Ce dossier constitue la Partie 3 de la Série ‘’Raison et Foi en Méditerranée’

Partie 1  : Série ‘Raison et Foi en Méditerranée’ Partie 1 : ’Au 12ème siècle, le musulman Averroès et le juif Maïmonide traitaient de la foi et de la raison’ par Jacques Hallard, jeudi 27 mai 2021 - ISIAS

Partie 2 : ’Série ‘Raison et Foi en Méditerranée’ Partie 2 : Des grandes figures de l’Islam en quête de vérité en philosophie, en médecine et dans les sciences de leur temps, aux 9ème-10ème siècles de notre ère’ par Jacques Hallardlundi 13 septembre 2021 - ISIAS

Partie 3 - La philosophie islamique avec les philosophes arabes médiévaux qui sont contre le dogmatisme religieux aux 11ème –14ème siècles : Avicenne (Ibn Sina), Ibn Tufayl, Averroès (Ibn Rushd), Ibn Arabi et Ibn Khaldoun

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Préambule

Le travail présenté ici commence par quelques précisions pour entrer dans le sujet. On peut soit lire la suite, soit se reporter directement à l’introduction et/ou au sommaire.

L’expression de philosophie islamique désigne les travaux philosophiques effectués dans le cadre de la civilisation islamique (Islam), ce qui inclut les philosophes musulmans, mais aussi des Juifs, Chrétiens et des libres-penseurs. Wikipédia

La civilisation islamique ou le monde musulman, ou encore simplement l’Islam, (avec une majuscule initiale), désigne à la fois la civilisation musulmane et la zone géographique couverte par son expansion au fil de l’histoire, constituée de plusieurs périodes et influences. Wikipédia

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/15/Muslim_majority_countries2.png/400px-Muslim_majority_countries2.png

Civilisation islamique au début du XXIe siècle. Carte des pays dont la communauté musulmane représente plus de 50 % de la population.

Un dogme est une affirmation considérée comme fondamentale, incontestable et intangible formulée par une autorité politique, philosophique ou religieuse. Wikipédia

Dogmatisme selon Wikipédia

Le dogmatisme est une forme de pensée qui suppose une « vérité » décisive, universelle, immuable et incontestable. Elle s’apparente à celle du croyant vis-à-vis du dogme. L’acceptation d’une idée est déterminée par l’obéissance à une autorité divine ou humaine, et non par la démonstration de son fondement rationnel.

Le dogmatisme se caractérise par ses conceptualisations étroites, définitives et implicitement normatives et s’oppose au scepticisme ou pyrrhonisme et au progressisme1. Sa forme militante la plus extrême est l’intégrisme. Il peut être considéré comme l’un des fondements intellectuels de l’intolérance, du fanatisme, du sectarisme et du totalitarisme2.

Au sens large, le terme désigne une attitude intellectuelle qui s’appuie sur des certitudes inébranlables et rejette le doute ou la critique. Cette absence d’autocritique s’accompagne d’un raisonnement se voulant logique mais fondé sur des a priori partiels et partiaux, sortis de leur contexte global 1. Est « dogmatique » ce qui est exprimé de manière péremptoire ou n’admettant pas de remise en cause3.

Étymologie - Du latin chrétien dogmatismus : « enseignement de la foi »4.

Le dogmatisme philosophique et scientifique

« Nous avons une impuissance de prouver, invincible à tout le dogmatisme. Nous avons une idée de la vérité, invincible à tout le pyrrhonisme. » - — Blaise Pascal, Pensées, 395

« Il n’y a pas de grande œuvre qui soit dogmatique. » - — Roland Barthes, Mythologies

Le dogmatisme philosophique est donc une doctrine qui affirme pour l’homme, la possibilité d’aboutir à des certitudes, à des dogmes et par métonymie, le fait de croire à ces dogmes.

Chez Kant, il s’oppose à l’attitude critique qui cherche à établir les limites de la connaissance et à étendre celles de la liberté individuelle et collective et celles du progrès.

Suite : Comportements « dogmatiques » dans la société civile et la vie intellectuelle : à lire à partir de ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dogmatisme

NB. Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (mai 2017). Si vous disposez d’ouvrages ou d’articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l’article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références » - En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?

Une religion sans dogme est-elle possible ? - Nicolas Tenaillon publié le 14 janvier 2021 - Analyse des termes du sujet

« Religion » - Doctrine fondée sur la croyance en une ou plusieurs divinités, institution gardienne de cette doctrine, ensemble de rites relatifs à une réalité sacrée.

« Dogme » - Affirmation tenue pour indiscutable imposée par une autorité religieuse à laquelle les fidèles doivent adhérer.

A découvrir sur ce site : https://www.philomag.com/bac-philo/une-religion-sans-dogme-est-elle-possible

Rappel chronologique - À propos des ‘arabes médiévaux’ - Le Moyen Âge est une période de l’histoire de l’Europe, s’étendant de la fin du Vᵉ siècle à la fin du XVᵉ siècle, qui débute avec le déclin de l’Empire romain d’Occident et se termine par la Renaissance et les Grandes découvertes. Wikipédia

Pour approfondir cette matière, voir les sources suivantes :

Historiens, monde arabe médiéval

Études arabes, médiévales et modernes - Presses de l’Ifpo

Histoire des idées et des concepts dans les savoirs arabes ...– (INALCO)

« Atlas des mondes musulmans médiévaux » : un voyage dans la mosaïque de l’islam du Moyen Age - A travers des cartes surprenantes mais aussi des photographies, des reproductions ou de passionnants récits de voyage, l’ouvrage nous fait découvrir la diversité « des mondes » qui constituent l’Islam médiéval. Par Cyprien Mycinski - Publié le 14 septembre 2022 à 05h30 …

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Introduction

Le moment présent correspond au Ramadan – Voir Calendrier du ramadan : l’heure de prière, l’Imsak, l’iftar... Des repères durant le mois du jeûne - La Rédaction, Mis à jour le 29 Mars 2023 14:02 - Le mois du ramadan est rythmé par des temps forts tout au long de la journée, l’entrée dans le jeûne, la fin du jeûne, les prières... Il s’agit de repères pour les musulmans pratiquants… - Le ramadan ne se résume pas qu’au jeûne. Durant un mois, les musulmans pratiquants qui suivent les injonctions de ce qu’ils considèrent comme un mois ’béni’ respectent un temps d’ascèse physique et spirituel assez complet. Et tout ceci s’organise autour de temps forts qui reviennent chaque jour, qui s’appuie sur le calendrier hégirien, un calendrier lunaire islamique indispensable à la pratique de leur religion. Pour les millions de croyants, chaque journée est rythmée par la prière (la salât), suivant un rituel et des horaires des plus précis… - Lire la suite https://www.linternaute.com/actualite/guide-vie-quotidienne/1303886-calendrier-du-ramadan-les-heures-des-prieres-de-mars-et-avril-2023-horaires-cles-du-jeune/

Lecture suggérée à propos du Ramadan : Partage de musiques et chants traditionnels d’après la culture des trois ‘religions du livre’ à l’occasion de Pessah chez les juifs, de Pâques chez les Chrétiens et du Ramadan chez les musulmans

C’est le moment choisi pour diffuser ce dossier qui correspond à la Partie 3 de la Série ‘’Raison et Foi en Méditerranée’

Les premiers articles choisis sont des contributions d’Ali Benmakhlouf et du philosophe Roger-Pol Droit.

Ali Benmakhlouf né le 10 novembre 1959 à Fès au Maroc est un philosophe, professeur de philosophie arabe et de philosophie de la logique… Wikipédia

Roger-Pol Droit est un philosophe et journaliste français. Chercheur au CNRS, enseignant et écrivain, il est par ailleurs chroniqueur au Monde des livres, aux Échos, au Point, à Clés… Wikipédia

Ces deux personnages ont en commun d’avoir contribué à faire mieux connaître la philosophie islamique et les philosophes arabes du Moyen-Âge qui avaient apporté leur pierre – dans un grand souci d’ouverture et de profondes réflexions – pour mettre en garde et argumenter contre le dogmatisme religieux aux 11ème –14ème siècles ; à savoir : Avicenne (Ibn Sina), Ibn Tufayl, Averroès (Ibn Rushd), Ibn Arabi et Ibn Khaldoun.

Les documents sélectionnés pour ce dossier comprennent des textes et des vidéos qui éclairent chacun de ces auteurs médiévaux ; ils sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

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Sommaire

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  • La philosophie arabe, de ses origines grecques à sa présence européenne : migration et acclimatation - Par Ali Benmakhlouf - Dans Rue Descartes 2014/2(n° 81), pages 24 à 37 - Mis en ligne sur Cairn.info le 05/06/2014
    La sagesse : une stratégie philosophique

Jean Jolivet a pu montrer que la philosophie arabe s’est développée dans le monde arabo-musulman comme sagesse. Le mot « sage » fait partie des quatre-vingt-dix-neuf noms de Dieu, parler de « sagesse » est tout à fait acceptable dans une société musulmane structurée par le texte sacré, le texte coranique.

Si la philosophie est d’abord présentée comme sagesse, elle sera mieux acceptée et n’apparaîtra pas comme un emprunt au paganisme grec. Les philosophes grecs seront désignés comme « Les Anciens » et non comme des païens. De nombreux philosophes n’ont pas hésité à utiliser le mot de « sage » ou celui de « sagesse » dans le titre de leurs ouvrages alors même qu’ils avaient en tête le mot de « philosophie ».

C’est le cas d’Al Fârâbî dans « L’Harmonie des opinions des deux sages : Platon le divin et Aristote », c’est le cas d’Averroès dans le Discours décisif dont le sous-titre est « où l’on établit la connexion entre la sagesse et la loi divine ». Dans les deux cas, Al Fârâbî et Averroès parlent des philosophes, mais ils les présentent comme des sages pour les inscrire dans la longue chaîne des sages que connaît l’humanité : aussi bien les prophètes et les mages de l’Inde et de la Perse que les philosophes grecs. Les philosophes sont donc les dignes héritiers des prophètes que l’humanité a connus par le passé.

Dès le premier paragraphe de l’ouvrage Averroès, le philosophe andalou, substitue au mot « sagesse » celui de « falsafa », de philosophie : « Le propos de ce discours est de rechercher dans la perspective de l’examen juridique, si l’étude de la philosophie et des sciences de la logique est permise par la loi révélée [1] ». Une littérature ancienne déjà s’était illustrée dans un humanisme de la « sagesse éternelle », titre de l’ouvrage de Miskawayh, mais comme le note J. Jolivet, cet humanisme était présenté sous la forme compilée d’aphorismes des Anciens (Perses, Hindous, Grecs) sans que ces aphorismes soient traduits dans la forme argumentative si distinctive de la philosophie du commentaire dans laquelle Al Fârâbî, Avicenne et Averroès se sont distingués.

D’autre part, il y a un stéréotype qui consiste à présenter d’une part la philosophie arabe comme une copie pâle de la philosophie grecque et, d’autre part, la charia, la loi divine, comme un élément spécifique. Cela nous vient d’Ernest Renan [2]. D’un côté, dans le domaine de la pensée, les Arabes musulmans n’auraient rien inventé, d’autre part, pour ce qui est des normes, ils auraient des normes à part, trop spécifiques pour être comparables aux autres normes. Ce stéréotype se double de l’idée que la charia, si spécifique, est anhistorique, et que la philosophie arabe, si imitative de la philosophie grecque, n’a servi que de relais à la philosophie pour passer d’Athènes à l’université de Paris au xiiie siècle ou à celle de Padoue du xive. Or l’analyse du corpus philosophique et juridique montre d’un côté que la philosophie arabe a créé un nouveau paradigme de pensée où la logique et la médecine ont une large part, et, de l’autre côté que la charia a bien connu une accumulation jurisprudentielle marquée du sceau de l’histoire, à travers les discussions animées dont se sont chargées les quatre écoles juridiques du droit.

Constituée comme une parole argumentée et non comme une parole inspirée, la philosophie arabe a recherché dans Aristote notamment les moyens de valider ses discours. Si elle s’est faite interprète des textes révélés qui ont une teneur juridique et y a puisé sa légitimité comme le souligne Averroès au début du Discours décisif, ce n’est jamais sans oublier sa source : l’intellect. Aussi va-t-on assister à un double effort de conciliation, d’une part une conciliation du texte sacré avec les philosophies païennes de Platon et d’Aristote, d’autre part une conciliation de ces philosophies païennes entre elles [3]. La vérité ne saurait être multiple, ce sont les accès à la vérité qui le sont. Pour légitimer l’étude des textes païens en milieu musulman, force était de les harmoniser pour que l’objection selon laquelle ces philosophes se contredisent et donc s’effondrent mutuellement ne puisse pas valoir. La position de soumettre toutes les vérités au critère de cohérence anime les philosophes médiévaux arabes.

La devise d’Averroès est celle-ci : on ne peut seul disposer de toute la vérité. Seule la suite des générations et la continuité avérée entre différentes cultures peuvent en donner une image :

c’est un devoir pour nous, au cas où nous trouverions chez nos prédécesseurs parmi les peuples d’autrefois, une théorie réfléchie de l’univers, conforme aux conditions qu’exige la démonstration, d’examiner ce qu’ils ont affirmé dans leurs livres[4].

Cette idée d’une vérité processuelle, déposée à travers les générations et les cultures, avait déjà été exprimée avec force par Al Kindî dans son ouvrage Sur la philosophie première. Al Kindî au ixe siècle a imposé non seulement une nouvelle façon de se rapporter à la pensée mais aussi une nouvelle façon de se rapporter aux autres cultures. Ces deux orientations sont liées : la nouvelle façon de penser renvoie à la pratique philosophique qui est une pratique argumentée prenant ses distances à la fois avec la parole inspirée des prophètes et avec l’exégèse théologique qui cherche à l’expliciter. La philosophie naissante dans le Moyen-Orient du ixe siècle est une philosophie orientée vers la culture grecque que les traductions effectuées dans « la maison de la sagesse » – lieu de traductions que le calife abbasside Al Ma’mun a créé en 832 – permettent de découvrir.

Le territoire universel de la pensée : l’héritage logique d’Aristote

Averroès mentionnait dans le premier paragraphe du Discours décisif « les sciences de la logique ». Le pluriel renvoie aux œuvres de l’organon d’Aristote, ensemble d’œuvres logiques intégrant les œuvres de la Poétique et de la Rhétorique. L’intégration de ces deux œuvres s’est faite dans la logique de tradition arabe. J. Brunschwig [5] se demande ce qu’aurait été la philosophie occidentale si elle avait retenu la thèse de l’organon long [6] et non celle qui est « épistémocentrique » et qui a prévalu au moins depuis le début de la philosophie moderne. La thèse de l’organon long, c’est-à-dire de la logique élargie à la Poétique et de la Rhétorique, a été soutenue avant les philosophes arabes, par de nombreux philosophes néo-platoniciens dont Philopon, Olympiodore et Ammonius. Elle a été reprise et confortée par les philosophes arabes tels qu’Al Farabi, Ibn Sina (Avicenne) ou Ibn Ruchd (Averroes).

Le travail de Deborah Black [7] fait justice à cette thèse dite « thèse contextuelle » qui met en contexte logique la Rhétorique et la Poétique. Pendant longtemps, ceux qui ont travaillé le corpus logique aristotélicien ont minimisé, voire négligé, cette thèse, quand bien même les textes [8] étudiés l’énonçaient explicitement. Cette inclusion est pourtant bien justifiée. Victor Goldschmidt [9] note par exemple que déjà, chez Aristote, le spectacle théâtral développe un raisonnement :

La transposition artistique, bien loin de nous tromper sur l’original nous le fait mieux connaître ; elle exige de la part du spectateur un effort de raisonnement qu’Aristote, par deux fois, ne craint pas de caractériser par le terme technique de syllogisme, qui conclut à la subsomption du modèle sous la représentation : « ceci est cela ».

Les philosophes arabes ont toujours présenté des arguments qui vont dans ce sens, c’est-à-dire dans le sens d’une pleine reconnaissance d’un « raisonnement » poétique et d’un « raisonnement » rhétorique. Al Farabi dans son Ihsa’ al ulûm (Énumération des sciences) dénombre parmi « les arts dans lesquels on utilise le syllogisme » le syllogisme poétique [10] et Averroès dans son Commentaire moyen à la Rhétorique souligne que

l’enthymème [raisonnement rhétorique] est une espèce de syllogisme. […] Il faut donc que ce soit le logicien qui regarde de près cet art […] Quand bien même l’assentiment rhétorique n’est pas vrai, il ressemble au vrai […] Et ce qui ressemble au vrai entre dans la science du vrai qui est la logique[11].

Comme le montre d’autre part Avicenne, l’intérêt du logicien pour la Poétique doit être distingué de l’intérêt du musicologue ou du spécialiste en prosodie ; « le logicien considère la poésie seulement en tant qu’elle est un discours imaginaire [12]. » Il ne s’occupe ni du rythme, ni de la mesure des vers, ni de la prosodie.

Dans cet organon long, la place faite aux opérations de la conception et au jugement est grande. Concevoir, cela se fait selon les dix catégories qui sont présentées sous formes de particules pour la plupart permettant de répondre à des questions relatives à nos cadres de pensée : qui ou quoi ? Quand ? Comment ? Où ? Combien ?, par exemple. Restait à justifier pourquoi seules dix catégories correspondent à nos cadres de pensée.

Pour Avicenne [13], certes les catégories ne comprennent pas l’inventaire complet du monde. Mais ce n’est pas parce qu’il y a des individus inclassables, isolés, n’entrant dans aucun genre ni espèce, qu’il faut remettre en cause le fait qu’il n’y a que dix catégories comme éléments intelligibles selon lesquels le monde se dit.

Il y a donc bien un territoire universel de la pensée qu’Aristote a su défricher et que les philosophes qui lui succèdent doivent explorer selon le principe émis par Al Kindî [14], que le vrai est un processus qui se révèle à différents peuples, et à différentes époques, sans être altéré ni se dédoubler.

Traduction et équivalents notionnels

Qu’advient-il cependant quand la traduction dans la langue arabe d’un élément logique, comme la copule qui relie un sujet à un prédicat, ne trouve pas son correspondant immédiat dans la langue arabe ? Dans ce cas, la connaissance de la langue permet de retrouver les rapports logiques même s’ils ne sont pas donnés selon une correspondance stricte. La forme logique est donc à distinguer de la forme grammaticale. L’absence de la forme grammaticale ne menace pas la forme logique. Au contraire, elle ouvre la voie à une inventivité logique, au sens où elle permet de rendre explicites des rapports logiques qui sont tacites dans la langue.

Ce n’est parce qu’il n’y a pas de copule dans la langue arabe qu’il n’y a pas de liaison logique dans la proposition en arabe. Le recours au pronom (huwa : lui) sert de relation logique sur la base d’une correction syntaxique et d’une pratique rhétorique. C’est à la fois ce qui se dit en arabe et une manière de rendre explicite un rapport logique. On ne dira pas en arabe « Socrate est philosophe » mais soit « Socrate philosophe » avec l’implicite de la copule inexistante en arabe, ou pour rendre explicite sa fonction, on dira « Socrate, lui, philosophe » : « Socrate, huwa, faylasûf ». Le pronom joue ici le rôle de la copule car il permet de fixer le sujet de la proposition, d’opérer une focalisation de ce sujet.

Comme on le voit l’adéquation rhétorique (le substitut « lui » à « est ») ne menace pas l’adéquation logique, au contraire. Les travaux du logicien contemporain, Quine [15], mettent l’accent sur la valeur focale du pronom : le pronom focalise le sujet, permet de le stabiliser, de l’inscrire dans l’ordre de la substance, de ce qui est. Le pronom comme la copule jouent le rôle de la prédication, ils réalisent le passage de la conjonction « ceci et cela » à la prédication : « ceci est cela », c’est-à-dire « ceci, lui, cela ».

L’enjeu de la traduction et du commentaire donne parfois lieu à ce que Pierre Hadot appelait « le glissement de sens qui peut aller jusqu’au contresens » à chaque fois qu’il y a « exégèse, tradition, traduction [16] ». Ainsi, quand Aristote parle dans la Poétique de la tragédie, même si ce genre est inconnu des Arabes habitant Cordoue au xiie siècle, il suffit de coller à la définition analytique d’Aristote pour retrouver un genre bien représenté chez les Arabes : la tragédie « représente les hommes meilleurs qu’ils ne sont » dit Aristote. Averroès retrouve là, lui semble-t-il, l’art de l’éloge (Al madh) que les Arabes bien avant l’avènement de l’Islam avaient développé. La tragédie suppose d’autres critères dans sa définition : le personnage tragique, c’est un personnage à qui échoit un malheur immérité de la part d’un proche. Averroès mobilise la référence coranique pour trouver des équivalents à Œdipe : Abraham devant sacrifier son fils, Joseph martyrisé par ses frères.

Autre exemple d’équivalents notionnels qui sont autant d’inventions philosophiques et d’adaptations au public du xiie siècle de Cordoue qui, de toute évidence, n’est pas celui de l’Athènes d’Aristote : l’intellect dont parle Aristote n’est-il pas l’équivalent de l’ange dont parle le Coran ? Tous les deux sont donateurs des formes qui rendent le monde intelligible nous dit Averroès :

ce que disent les anciens à propos de la révélation et de la vision se rapporte à Dieu par la médiation d’un être spirituel non corporel, donateur selon eux de l’intellect humain et c’est ce que les contemporains appellent intellect agent et que le récit scripturaire (chari’a) appelle ange[17].

Une même réalité est ‘aspectualisée’ de deux façons différentes, en somme.

Et, quand Aristote dit dans les Topiques qu’un des propres accidentels de l’homme est de se promener dans le « gymnase », Averroès commentant ce passage, dit qu’un des propres accidentels de l’homme est de se promener dans « la mosquée ». La mosquée est comme le gymnase, un lieu d’exercice ou corporel ou spirituel, ou les deux, un lieu où l’homme aiguise son esprit ou développe son corps, sans que cela soit essentiel à sa définition puisqu’il s’agit de propres accidentels.

Ces quelques exemples indiquent combien il serait peu pertinent de lire Averroès non pas comme un simple commentateur d’Aristote ou comme un simple juge interprète de la loi musulmane, mais comme un philosophe qui fait migrer les idées, en ajoutant, retranchant, en créant en somme.

L’existence et l’essence : distinction avicennienne à la base de la philosophie occidentale

Je voudrais maintenant indiquer combien cette philosophie médiévale arabe s’est constituée à son tour comme source pour une autre philosophie, celle que nous appelons « philosophie occidentale » et qui recouvre, en gros, le moment de la Renaissance, puis les philosophies du xviie et xviiie siècle.

La thèse selon laquelle l’existence s’ajoute à l’essence est familière à tout apprenti philosophe formé actuellement en France, en Allemagne ou dans les pays anglo-saxons. Elle est devenue un fonds anonyme de la philosophie, mais d’où vient-elle ?

Elle est à la base de toutes les démonstrations rationnelles de l’existence de Dieu car elle fournit la distinction précieuse entre l’être par soi dont l’essence enveloppe l’existence et l’être par autre chose dont l’existence s’ajoute à l’essence. Dans la détermination commune d’une chose, c’est-à-dire son essence, l’existence n’est pas comprise, sauf s’il s’agit de l’être nécessaire par soi, Dieu, pour lequel l’essence enveloppe l’existence. Pour les substances composées, la règle est de séparer l’essence de l’existence et de concevoir cette dernière comme un élément ajouté, un accident. De cette thèse forte découlera bien plus tard, une analogie entre l’existence et le nombre : si l’existence s’ajoute à l’essence, alors on peut l’énumérer, la rapporter à de l’extension, laissant l’essence du côté du concept, c’est-à-dire de la compréhension. On peut même voir dans l’exception qui unifie essence et existence en Dieu, une inconséquence chez ceux qui soutiennent cette thèse. L’histoire du concept de l’existence de Dieu déploie pour nous cette double éventualité : l’exception (Avicenne, saint Thomas, Spinoza), l’inconséquence (Kant, Frege).

Il se trouve que c’est Avicenne qui, après une lecture de plus de quarante fois, nous dit-on, de la Métaphysique d’Aristote, y a vu (inventé ?) la distinction entre l’essence et l’existence. Cette distinction est devenue opératoire en philosophie comme un outil méthodologique majeur et comme une ligne de partage entre les philosophies qui donnent un primat (existentiel) à l’existence sur l’essence, ou un primat (conceptuel) de l’essence sur l’existence. Dans le second cas, se rangent les logiciens comme G. Frege mais aussi E. Kant. Avicenne est devenu ainsi le fonds anonyme de la philosophie. La réussite de sa distinction est de faire oublier sa provenance.

L’Islam au miroir de la philosophie, La Renaissance et les Lumières

Qu’en est-il maintenant de la partie pratique de la philosophie, notamment le domaine de l’action morale, politique ou religieuse ?

Voyons d’abord du côté de la réception de l’Islam par un philosophe comme Pascal. Mahomet est de plain-pied avec la misère de l’homme, comment peut-il être, nous dit-il, un prophète de Dieu ?

Pascal mène de nombreux parallèles entre Moïse et Jésus Christ, tous deux considérés comme prophètes. À aucun moment, Mohammed, dit « Mahomet » à la turque, n’est considéré comme un messager de Dieu. Il est « non prédit », c’est-à-dire non annoncé, non inspiré, les raisons qu’il présente n’ont que « leur propre force [18] », autant dire que c’est un rhéteur qui demande qu’on le croie : « Que dit-il donc ? Qu’il faut le croire ».

La religion dont il est porteur est donc sans « autorité » divine ; sans tradition des mystères, sans morale et sans félicité. Se donner à soi-même ses lois et en braver « les plus justes et les plus saintes » est un fait distinctif des « soldats de Mahomet », que Pascal n’hésite pas à associer aux « voleurs », aux « hérétiques » et aux « logiciens ».

Sganarelle dans le Don Juan de Molière ne dira pas autre chose de son maître, qui semble aussi ne reconnaître de loi (religieuse) que celle qu’il se donne. Don Juan est décrit par son serviteur comme : « un enragé, un chien un diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni Ciel ni Enfer » (acte I, scène I). Le qualificatif de « Turc » est encadré par celui de « diable » et « d’hérétique ». Cela aide à camper ce personnage, du reste très logicien, puisqu’il croit que deux et deux sont quatre.

Un tel anathème sur la religion « mahométane » qui n’est jamais désignée comme « musulmane [19] », ne se retrouve pas du tout chez Montaigne alors même que les deux philosophes français ont souvent recours aux mêmes exemples. Mais ils n’en font pas le même usage.

Prenons l’exemple du paradis des musulmans, pour Pascal, c’est là la signature claire que « Mahomet » n’est pas prophète de Dieu. Comment le serait-il s’il nous promet de transporter dans l’autre monde toutes les misères de notre sensibilité ? Par ces « clartés ridicules », il se juge lui-même. Et se condamne.

Pour Montaigne, Mahomet décrivant son « paradis tapissé, paré d’or et de pierreries, peuplé de garces d’excellente beauté, de vins et de vivres singuliers » ne parle pas « à certes ». C’est pour se moquer. Entendez : c’est pour mieux s’ajuster à son public qui peut sans difficulté se représenter toutes ces richesses terrestres, non pour dire qu’on les retrouve ailleurs. Il fait comme Platon décrivant « le verger de Pluton et les commodités ou peines corporelles qui nous attendent ». C’est pour rire. Il ne faut pas faire une lecture littérale. Comment le pourrait-on un instant quand on sait que Platon, mais on pourrait ajouter Mahomet tout aussi bien, est le prototype même du philosophe aux « conceptions célestes » ? Tous deux, Platon comme Mahomet, savent en vérité que « tout contentement des mortels est mortel [20] ».

Dans le domaine de l’action morale et politique, il est à noter que Montaigne ne cite les Turcs et, plus généralement les musulmans, que pour les vertus publiques et non pour les privées. Un siècle plus tard Corneille intitulera sa pièce « le Cid » à partir du nom que les Maures vaincus ont donné à Rodrigue. Don Fernand reconnaît sa « force trop petite » pour récompenser Rodrigue : « Mais deux rois tes captifs feront ta récompense/ ils t’ont nommé tous deux Leur Cid en ma présence/ Puisque Cid en leur langue est autant que seigneur/Je ne t’envierai pas ce beau titre d’honneur/ » (Le Cid, acte iv, scène iii). La reconnaissance dont bénéficie Rodrigue ici, non seulement joue un rôle essentiel comme ressort dramatique en vidant de sa substance la demande privée de vengeance de Chimène, mais encore elle touche à l’universel en prenant paradoxalement un nom étranger : si le vaincu donne le nom d’honneur, celui-ci ne saurait être vaniteux, ni suspect comme le fut celui que Don Fernand a donné au père de Rodrigue. On trouve toujours à redire à une reconnaissance entre soi. La vertu de Rodrigue est ainsi confirmée par le nom arabe de « sidi » ou « cid », équivalent de « seigneur » certes, mais avec une charge religieuse plus appuyée que celle qui se trouve dans le sens du mot « seigneur ». En affrontant la mort, debout, et vis-à-vis du Comte, et vis-à-vis des Maures, Rodrigue est décidément le Cid.

Mourir debout, sans lâcheté aucune, faire preuve de courage, de bravoure en conduisant soi- même ses troupes au combat est le propre des vrais maîtres, parmi lesquels Montaigne cite Sélim premier, sultan de Constantinople en 1512 et le roi de Fez, Moulay Abd-el-Melik.

Sélim premier disait avec grande raison, ce me semble, que les victoires qui se gagnent sans le maître, ne sont pas complètes, vu que les commandements qui apportent honneur sont ceux-là seulement qui se donnent sur la place et au milieu de l’affaire[21].

Mais l’exemple du roi de Fès est à plusieurs entrées. Non seulement, ce roi combat sur place, mais encore il se montre grand stratège au moment même où ses blessures lui indiquent sa mort prochaine. Il sait continuer à ne pas s’appartenir, et à être à son peuple tout entier. Enfin, il voit la mort en face, sans « étonnement et sans soin », « continuant libre le train de la vie jusques dans elle », ayant ce geste sagace de dernière minute : il tient son doigt contre « sa bouche close, signe ordinaire de faire silence » pour ne pas démoraliser les troupes au combat. Non seulement, il y a belle façon pour ce roi de mourir, mais il y a aussi soin dans la façon d’annoncer la mort aux autres dont la vie dépend de lui.

Rousseau construisant un modèle d’éducation dans l’Émile, reprendra l’exemple du roi du Maroc de Montaigne  : Émile, cet élève imaginaire, étalon de toute bonne éducation, saura apprivoiser les souffrances, comme il saura que les approches mêmes de la mort ne sont pas la mort,

« à peine la sentira-t-il comme telle ; il ne mourra pas pour ainsi dire, il sera vivant ou mort, rien de plus. C’est de lui que le même Montaigne eût pu dire, comme il a dit d’un roi de Maroc, que nul homme n’a vécu si avant dans la mort  » [22].

Le contexte de l’exemple de ce roi est un contexte de guerre. L’usage qu’en fait Montaigne aussi bien que Rousseau n’est pas celui d’une morale au rabais de soldats en détresse. Loin de là. Cependant, certains philosophes, comme Leibniz, ont forgé une expression distinctive pour parler de musulmans au combat, celle de fatum mahumetanum (destin mahométan).

À distinguer du fatum des stoïciens et a fortiori du fatum chrétien pour Leibniz. Le fatum mahométan est une façon pour Leibniz de rebaptiser « le sophisme du paresseux » dénoncé par le stoïcien Chrysippe. Il se formule ainsi : « si l’avenir est nécessaire, ce qui doit arriver, arrivera, quoi que je puisse faire ». C’est pour Leibniz « le destin à la Turque » selon lequel les soldats n’évitent pas les dangers, ni ne quittent « les lieux infectés par la peste [23] ». Il n’y a plus place ni pour le bon conseil, ni pour la prévoyance. Or, c’est là mal entendre la nécessité. Bien la considérer c’est donner son assentiment aux événements qui se produisent sans s’interdire d’y porter, selon son pouvoir, le maximum de soins. Là est, en revanche, le fatum des stoïciens selon Leibniz, fatum aux allures chrétiennes, mais qui ne nous permet que d’être « tranquille », seul le fatum chrétien nous rend « content » car ce qui arrive étant ordonné par un « bon maître » qui fait pour le mieux, nous sommes non pas dans une « patience forcée » mais dans un contentement réel.

On voit bien que Leibniz rabaisse au rang du préjugé le fatum mahometanum. C’était loin d’être le cas de Montaigne. Animé d’un scepticisme à l’égard de toute justification théologique, il lui arrive de reprendre des poncifs ou des préjugés, mais par une méthode comparative ou par une ironie déclarée, il leur donne une fraîcheur nouvelle. Les musulmans sont fatalistes, dit- on. Cette proposition est vidée de sa valeur déclarative. Elle a un sens pragmatiste. S’ils sont dits fatalistes, c’est pour mieux braver le danger. Le fatum n’est donc pas résignation, mais tout au contraire détermination courageuse à agir avec une dose d’intrépidité. Ce dont ne manque pas non plus un « grand prince » (Henri iv) :

« leurs historiens disent que la persuasion étant populairement semée entre les Turcs, de la fatale et imployable prescription de leurs jours, aide apparemment à les assurer aux dangers. Et je connais un grand prince qui y trouve noblement profit, si fortune continue à lui faire épaule » [24].

La méthode comparatiste est là pour déjouer le particularisme culturel : les Turcs et le futur Henri iv sont logés à la même enseigne. Leibniz, en revanche, pensait que la détermination au combat des soldats turcs était bien plus due à la prise de drogues qu’à la croyance à la fatalité :

« le sophisme qui conclut de ne se mettre en peine de rien sera peut-être utile quelquefois pour porter certaines gens à aller tête baissée au danger ; et on l’a dit particulièrement des soldats turcs. Mais il semble que le Maslach y a plus de part que ce sophisme » [25].

Montaigne reconnaît trois excellents hommes, ou plutôt, les « plus excellents » parmi les hommes : Homère, Alexandre le Grand, Epaminondas. Deux de ces trois sont glorifiés par les mahométans. Homère n’est-il pas cet ancêtre commun que revendique Mahomet, « second de ce nom, empereur des Turcs » quand, écrivant au pape Pie II, il dit : « je m’étonne, comment les Italiens se bandent contre moi, attendu que nous avons notre origine commune des Troyens, et que j’ai comme eux intérêt de venger le sang d’Hector sur les Grecs » (307) ? Quant à Alexandre, les Arabes puis les Turcs l’ont hissé au rang de légende. Au moment où Montaigne écrit, les « Mahométans, qui méprisent toutes autres histoires, reçoivent et honorent la sienne seule par spécial privilège » (ibidem).

C’est selon un art de la conversation célébré par Descartes au début du Discours de la méthode, et par Montaigne avant lui, que nous entretenons avec les philosophes du passé une amitié studieuse et féconde. Averroès et Aristote ou Montaigne, Avicenne ou Kant et Frege, nous avons les moyens avec eux de styliser notre pensée pour toujours plus de civilité.

L’enjeu de la civilité n’est peut-être pas le commun, ou le partage de l’universel, celui-ci doit en quelque sorte rester vide, le vide est le vrai espace de la liberté. Si nous revenons à notre monde contemporain, on voit bien que l’Europe sous la forme de l’Union Européenne n’est pas souveraine au sens où manque encore la formation d’une Europe politique, et cependant elle fait du droit, c’est là un laboratoire intéressant. Du point de vue juridique, le signe même de la civilité du droit est l’allègement des peines, sous la forme de l’abolition de la torture et de la peine de mort, et l’Europe a réussi non seulement cela, mais aussi l’élimination de la guerre dans son espace.

L’Europe, c’est l’espace vide d’une souveraineté, mais cet espace a la puissance de contraindre les États à appliquer du droit : c’est l’entre ÉTAT qui a su éliminer la guerre [26]. L’Europe se donne des atouts, mais a encore du mal à les partager, et continue à exporter des guerres, et à produire des outsiders, des gens hors de leur place, non plus otages savants pris par les corsaires au large de Tunis, comme le fut Léon l’Africain, mais hommes jetables de l’île de Lampedusa ou des enclaves espagnoles au Maroc.

Cet « entre » États, cet espace vide de souveraineté que l’Europe a su construire pour elle-même, cette souveraineté vide qui dispense du droit peut essayer sinon de penser sa frontière au moins d’agir avec pragmatisme comme surent le faire Soliman le magnifique et ses successeurs qui, dans leur relation de vassalité, ont su introduire un jeu, un espace de jeu, condition de liberté. Nous avons la chance d’avoir une souveraineté sans empire, une souveraineté vide en quelque sorte, il reste à repenser ce vide comme condition de civilité et de civilisation pour toutes les autres contrées du monde, sans visée impériale et selon des idéaux qui sont moins des contraintes auxquelles il faille se conformer que des étalons de mesure, en somme une boîte à outils pour penser notre présent.

Notes

  • [1]
    Averroès, Discours décisif, trad. franç., Éditions GF, 1996, § 1, p.103.
  • [2]
    Ernest Renan, Averroès et l’averroïsme, Éditions Calman Levy, 1852.
  • [3]
    Dans un passage relatif au statut de la substance chez Platon et Aristote, Al-Farabi indique que, contrairement à l’opposition extérieure entre leurs opinions à ce sujet, il y a en fait une conciliation possible, une harmonie, entre l’antériorité de la substance individuelle selon Aristote et l’antériorité de la substance intelligible selon Platon. « Ainsi parlent-ils d’une unique chose dans une discipline selon ce qu’exige cette discipline, puis ils parlent de la même chose dans une autre discipline autrement qu’ils n’en parlèrent d’abord. Cela n’est ni étrange ni blâmable puisque la philosophie tourne autour de la question “en tant que” et “sous un certain rapport”. Ainsi a-t-on dit que si les questions “en tant que” et “sous un certain rapport” disparaissaient, les sciences et la philosophie deviendraient vaines. » (Harmonie des deux sages : le divin Platon et Aristote).
  • [4]
    Averroès, Discours décisif, op. cit., p. 17.
  • [5]
    Jacques Brunshwig, Quelques malentendus concernant la logique d’Aristote, in Penser avec Aristote, Éditions Eres, Unesco, 1992, p. 423-429.
  • [6]
    L’organon qui comprend outre les six œuvres mentionnées en note 1, la Rhétorique et la Poétique.
  • [7]
    Deborah L. Black, Logic and Aristotle’s Rhetoric and Poetics in medieval arabic philosophy, Éditions. J. Brill, Leiden, 1990.
  • [8]
    I. Madkour, L’organon d’Aristote dans le monde arabe, Éditions Vrin 1932.
  • [9]
    V. Goldschmidt, Art et science, in Penser avec Aristote, op. cit., p. 607-610.
  • [10]
    Al Farabi, Ihsa’ al ulum, Caire, édition de Uthman Amin, Dar al fikr aL Arabi, 1949, p. 63-69.
  • [11]
    Averroès, Talkhid Kitab al khataba (Commentaire de la rhétorique), Édition Abd al rahman al Badawi, maktaba al nahda al misriyya, 1960, p. 10-11.
  • [12]
    Avicenne, Talkhis kitab al shi’r (Commentaire de la poétique), 161-11-14.
  • [13]
    « Comme il n’est pas nécessaire théoriquement que chaque objet ait des semblables qui forment avec lui une espèce, il peut y avoir des individus isolés, sans espèce et, à plus forte raison, qui peuvent n’appartenir à aucune catégorie ; ce qui n’empêche pas d’affirmer que les catégories sont seulement dix, puisque ce qui en est exclu n’est pas une catégorie en soi, ni inclus dans une catégorie nouvelle. Si l’on dit par exemple qu’il n’existe dans le monde que dix villes, l’existence de nomades en dehors de ces villes n’infirme pas cette assertion. » (Commentaire moyen sur les catégories, in Madkour, L’organon d’Aristote dans le monde arabe, Éditions Vrin, p. 85).
  • [14]
    S’impose alors pour Al Kindî l’idée que la recherche de la vérité s’inscrit dans un processus historique où le vrai apparaît lui-même comme un produit de l’histoire : « il faut donc grandement remercier ceux qui nous ont procuré quelque chose du vrai et davantage encore ceux qui nous en ont procuré beaucoup, car ils nous ont fait participé aux acquis de leur pensée, ils nous ont rendu plus abordables les recherches des choses vraies et cachées en nous fournissant les prémisses qui aplanissent pour nous les chemins du vrai. » (Philosophie première, début).
  • [15]
    Quine, Pursuit of truth, trad franç. Poursuite de la vérité, Éditons du Seuil, 1993.
  • [16]
    Pierre Hadot, Leçon inaugurale au Collège de France.
  • [17]
    Averroès, Tahâfut-at-tahâfut, p. 15-517, seconde édition arabe de M. Bouyges, 1987.
  • [18]
    Pascal, Pensées, collection « L’intégrale », Éditions du Seuil, p. 528.
  • [19]
    Quand on dit « mahométane » on pense la religion musulmane sur le modèle de la religion « chrétienne » dont l’indication nominale manifeste le « Christ ». Or l’islam est une religion qui n’est pas issue du prophète Mohammed, qui n’en est que le messager.
  • [20]
    Montaigne, Essais, L. ii, chapitre 12, p. 215.
  • [21]
    Idem, L. ii, ch. 21, p. 279.
  • [22]
    Jean-Jacques Rousseau, Émile, Éditions GF, 1966, p. 165.
  • [23]
    Leibniz, Essai de Théodicée, p. 30, Éditions GF, rééd. 1969.
  • [24]
    Montaigne, op. cit., L. ii, ch. 30, p .291.
  • [25]
    Leibniz, op. cit., p. 135.
  • [26]
    Je remercie Monique Chemillier Gendreau de m’avoir fait part de ces réflexions lors de nos discussions au Centre d’études du vivant. Mis en ligne sur Cairn.info le 05/06/2014 - https://doi.org/10.3917/rdes.081.0024

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  • Pourquoi lire les philosophes arabes - Vidéo 57:05 - Institut du monde arabe - 10 juin 2015 - Document ‘Cairn Info’
    Table ronde du 5 juin 2015 à l’Institut du Monde Arabe - Paris

Conférence d’Ali Benmakhlouf, professeur de philosophie à l’université de Paris-Est. Présentation de l’ouvrage ’Pourquoi lire les philosophes arabes’ (2015, éd. Albin Michel) de Ali Benmakhlouf Lire les philosophes arabes médiévaux avec l’œil de la philosophie contemporaine pour y trouver des affinités de méthode et de doctrine : tel est le parti pris de ce livre. Lire ces philosophes arabes, c’est aussi les inscrire dans la tradition et le patrimoine de l’humanité, car ils ont su ménager des accès multiples à la vérité où religion et philosophie sont pensées de manière conjointe. Leurs travaux dans de nombreux domaines, comme la médecine, la logique ou l’histoire continuent de nous interpeller comme ils ont contribué à la formation de la pensée européenne. Le médiéval rejoint alors le contemporain dans cette riche histoire qui est celle de l’humain et de l’intellect. Pour en savoir plus : http://www.imarabe.org/sites/default/...

Source : https://www.youtube.com/watch?v=zi1Q8zeoo6I

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  • Pourquoi lire les philosophes arabes aujourd’hui ? - Une conférence de Ali Benmakhlouf - Vidéo 1:34:23 - Institut français d’Egypte - 11 février 2018
    Professeur de philosophie à l’Université de Paris-Est Créteil et à l’Université libre de Bruxelles, Ali Benmakhlouf est l’auteur de « Pourquoi lire les philosophes arabes ? » (Albin Michel, 2016), dans lequel il incite à rapatrier la philosophie arabe dans le patrimoine universel de la philosophie.

L’Institut français d’Égypte a le plaisir d’accueillir Ali Benmakhlouf au Caire à l’occasion de la parution de la traduction arabe de l’ouvrage, aux éditions Dar Afaq, dans la traduction de Dr. Anwar Moghith. Dans cette conférence qui inaugure le cycle Midan Mounira 2018, Ali Benmakhlouf retracera le sens de l’engagement des philosophes arabes dans la recherche de la vérité.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=s3mvy1x7Ib8

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  • Dans la tête des philosophes musulmans - Dimanche 21 novembre 2021 - Provenant du podcast Questions d’islam – Document ‘France Culture’ – Avec philosophe Roger-Pol Droit

    image podcast

Le philosophe Roger-Pol Droit nous propose d’ « entrer dans les têtes » des philosophes d’ailleurs, en particulier dans la tradition philosophique islamique, en filiation avec les corpus grecs.

Avec Roger-Pol Droit Philosophe, auteur

Le philosophe Roger-Pol Droit nous fait découvrir dans son voyage dans les philosophies du monde des usages multiples de la raison dans des univers intellectuels autres que la philosophie grecque. Il propose d’entrer dans « les têtes » des penseurs d’ailleurs se trouvant sous différents climats idéels à travers l’histoire. Ses haltes dans « la rationalité islamique » nous font redécouvrir, d’une manière didactique, certains des philosophes musulmans hellénisants, et nous font connaître les théosophes de l’illuminisme oriental et les gnostiques du savoir intégral. 

Roger-Pol Droit est philosophe, écrivain, chercheur au CNRS, spécialiste des relations de la culture occidentale et des cultures non européennes. Il vient de publier Un voyage dans les philosophies du monde, aux éditions Albin Michel.

Extraits musicaux :

Questions d’islam - 56 minutes

À lire : Philosophie : de nouveaux auteurs non occidentaux au baccalauréat

À lire : La philosophie arabe : voyage dans l’histoire des idées

Sciences et Savoirs Société Religions – Spiritualité Islam Roger-Pol Droit

L’équipe - Ghaleb Bencheikh Production - Daphné Abgrall Collaboration - Franck Lilin Réalisation

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56 minutes - Questions d’islam Farid Abdelkrim : la médiation par l’art - Farid Abdelkrim est comédien et médiateur en milieu carcéral. Il présente ici son activité de médiateur par l’art auprès de jeunes djihadistes détenus.

57 minutes - Questions d’islam Du licite et de l’illicite- L’écrivain Abdelkader Railane présente son roman ’Haram City’. C’est l’histoire d’un voyage intérieur, celui de Samir qui, après avoir passé sa vie dans le haram décide de se racheter une virginité spirituelle en accomplissant le pèlerinage à la Kaaba, à la Mecque, pour renouer avec le halal.

57 minutes - Questions d’islam Le commerce et la guerre dans les contrées islamiques- André Yché nous parle des pratiques du commerce et de la guerre notamment en Méditerranée, en Asie mineure et centrale, autour du golfe Persique et sur la mer Rouge.

56 minutes - Questions d’islam Amina Wadud, pour une exégèse féministe du Coran - A la lumière du message coranique, l’intellectuelle musulmane Amina Wadud explore le rapport entre hommes et femmes à l’aide des outils de l’exégèse moderne combiné à l’outil analytique « genre ». Elle démontre que le Coran est porteur d’un principe d’égalité entre l’homme et la femme.

France Culture Podcasts Questions d’islam - Contacter France Culture

Radio France

Radio France • La Chance

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-d-islam/dans-la-tete-des-philosophes-musulmans-7757073

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  • Dans la tête des philosophes musulmans ● Roger-Pol Droit – Vidéo - Andrea Cirla - 04 décembre 2021 - France Culture, 21/11/2021 • ’Questions d’islam’. Reprise du document ci-dessus
    Le philosophe Roger-Pol Droit nous propose d’ « entrer dans les têtes » des philosophes d’ailleurs, en particulier dans la tradition philosophique islamique, en filiation avec les corpus grecs.

Roger-Pol Droit nous fait découvrir dans son voyage dans les philosophies du monde des usages multiples de la raison dans des univers intellectuels autres que la philosophie grecque. Il propose d’entrer dans « les têtes » des penseurs d’ailleurs se trouvant sous différents climats idéels à travers l’histoire. Ses haltes dans « la rationalité islamique » nous font redécouvrir, d’une manière didactique, certains des philosophes musulmans hellénisants, et nous font connaître les théosophes de l’illuminisme oriental et les gnostiques du savoir intégral. Roger-Pol Droit est philosophe, écrivain, chercheur au CNRS, spécialiste des relations de la culture occidentale et des cultures non européennes. Il vient de publier Un voyage dans les philosophies du monde, aux éditions Albin Michel. Extraits musicaux Voix interdites, Ahmed Essyad, label Empreinte digitale. Wish you were here, (Pink Floyd) par Shy O Story. BIBLIOGRAPHIE ’Un voyage dans les philosophies du monde’, Roger-Pol Droit Albin Michel, 2021.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=d8SmmRmXEOY

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La mosquée du Sultan Ahmet à Istanbul.

Représentation arabe médiévale d’Aristote

Représentation arabe médiévale d’Aristote.

L’expression de philosophie islamique1 désigne les travaux philosophiques effectués dans le cadre de la civilisation islamique (arabe, persane ou mongole[réf. nécessaire]), ce qui inclut les philosophes musulmans, mais aussi des Juifs, Chrétiens et libres-penseurs. En un sens plus restreint, cette expression regroupe commodément l’ensemble du travail philosophique effectué par des penseurs de confession musulmane. À noter que la philosophie au Moyen Âge inclut la physique, la logique, l’éthique et la philosophie politique qui sont des « sciences profanes » et non sacrées. Ces sciences visent la connaissance du monde et de l’esprit humain par des moyens rationnels et non révélés. Les philosophes s’occupent aussi de questions théologiques en se servant des outils de la logique et de la métaphysique grecques, ce qui leur sera reproché par les traditionalistes et les littéralistes religieux. La philosophie est cependant pratiquée dans un cadre religieux la plupart du temps. Il existe aussi des libres-penseurs comme Ibn al-Rawandi et Rhazès.

Débat sur la définition et l’extension de l’expression

L’expression « philosophie islamique » peut aussi être utilisée pour désigner la philosophie inspirée de textes islamiques présentant la conception de l’islam et sa vision[réf. souhaitée].

Pour Henry Corbin2, la philosophie islamique désigne l’œuvre de penseurs d’une communauté religieuse caractérisée par l’expression coranique Ahl Al-Kitâb : peuple du Livre. On trouve dans ce vocabulaire philosophique le mot haqîqat dans le sens de révélations divines donnant la vérité, l’essence, et de ce fait le sens spirituel. Cette conception est voisine de l’herméneutique de la Bible ou du Coran. Il ne s’y trouve cependant pas de magistère du dogme, de pères fondateurs, ni d’autorités pontificales, mais on peut y invoquer quelque inspiration prophétique, ou encore une herméneutique spirituelle dans certaines limites admises.

Henry Corbin insiste dans l’avant-propos de son livre sur le fait que philosophie islamique n’est pas à confondre avec philosophie arabe. Le concept « arabe » de l’usage courant ne coïncide pas non plus avec le concept religieux « islam », ni avec les limites de son univers. La désignation « arabe » ne vient pas davantage de l’usage de cette langue, car cela exclurait de célèbres penseurs iraniens ayant tous écrit en persan jusqu’aux contemporains utilisant tantôt en persan tantôt l’arabe littéraire. L’auteur compare cette situation à celles d’auteurs (Descartes, Spinoza, Kant, etc) ayant choisi d’écrire des traités en latin sans être pour autant philosophes latins ni romains.

Notion de la philosophie en islam

Le mot le plus proche qui est utilisé dans les textes islamiques principaux (le Coran et la Sunna) désignant la philosophie est « sagesse » (hikma). C’est pourquoi beaucoup de philosophes musulmans utilisent le mot « sagesse » comme synonyme du mot « philosophie » (falsafa), qui pénétra la pensée islamique comme arabisation du mot grec philosophia. Un philosophe est un faylasûf, au pluriel falâsifa3. Dans la civilisation islamique, le mot « philosophie » reste attaché aux notions de la philosophie antique (gréco-romaine). C’est en effet à partir des textes grecs traduits en syriaque et en arabe que les musulmans découvrent la philosophie, chronologiquement antérieure à l’islam.

Il faut relier à ces termes le kalâm, qui est une forme dialectique de théologie (fondée sur la discussion rationnelle) et le fiqh, c’est-à-dire le droit. Les recherches du kalâm et du fiqh peuvent être étroitement liées à celles des philosophes, lesquels étudient les sciences profanes comme la logique ou la physique.

Le soufisme entra en conflit avec les savants du kalâm et les philosophes pour préciser la signification du mot sagesse cité dans le Hadith et souvent les soufis utilisaient le titre « savant » pour les plus importants de leurs personnalités, comme le savant Al Tarmazi.

Origines et limites de la philosophie islamique

Les sources de la philosophie islamique proviennent de l’islam en lui-même (Coran et Sunna) ainsi que de la philosophie gréco-romaine, iranienne pré-islamique et indienne. Les Grecs : Platon, Aristote, Alexandre d’Aphrodise, les néoplatoniciens4, mais aussi le cynisme5, et l’atomisme que l’on retrouve dans le Kalâm6. Les Romains : la médecine de Claude Galien, mentionnée par Ali Benmakhlouf, spécialiste de philosophie islamique et d’Averroès7. L’Inde et l’Iran pré-islamique : le zoroastrisme notamment.

C’est en cherchant à affiner la doctrine de l’islam et à interpréter correctement les hadith, tout en extrapolant sur les questions religieuses qui n’avaient pas été explicitement tranchées dans le Coran qu’avec la méthode de l’idjtihâd s’ouvrent les premiers débats philosophiques et théologiques en Islam, notamment entre les partisans du libre arbitre ou Qadar (de l’arabe : qadara, qui a le pouvoir), et les djabarites (de djabr force), partisans du fatalisme.

La théologie en islam doit répondre à des interrogations concernant la théodicée, l’eschatologie, l’anthropologie, la théologie négative et de religion comparée.

  • La philosophie hellénistique de l’islam (falsafa)
  • Le mutazilisme
  • La théologie dialectique (kalâm pour l’asharisme)
  • Le soufisme, théorie ésotérique de l’islam
  • Les théologies littéralistes
    La conscience religieuse de l’islam est un pacte éternel de fidélité (et non pas fondée sur un fait de l’histoire). « Ne suis-je pas votre Seigneur ? »8 est l’interrogation divine posée aux Esprits des humains préexistant au monde terrestre. Le philosophe Nâsir-e Khosraw (Ve/XIe s.), une des grandes figures de l’Ismaélisme iranien, énonçait que « l’aspect exotérique de l’Idée (mamthûl) qui devient religion positive (mithâl) est en perpétuelle fluctuation avec les cycles et périodes du monde. C’est une énergie divine qui n’est pas en devenir ». Elle ne peut être dictée par des dogmes, par un Magistère. Mais elle requiert des Guides, des Initiateurs. La pensée philosophique en Islam se meut par un double mouvement vertical de progression depuis l’origine (mabda’) et de retour à l’origine (ma’âd). Il s’agit de l’espace et non du temps9.

Le Kalâm - Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (mars 2017). Article détaillé : Kalâm.

Si on considérait que la définition de la philosophie est que cette dernière est une tentative de construire un concept et une vision totalisante de l’Univers et la Vie, alors les débuts de ces travaux dans la civilisation islamique ont commencé comme un mouvement dans les débuts de l’islam, il commença par le kalâm, et atteignit son sommet au IXe siècle quand les musulmans ont connu la philosophie grecque ancienne, ce qui conduisit à la génération d’une assemblée de philosophes musulmans qui différaient des savants du kalâm.

Le kalâm se basait premièrement sur les textes légitimes comme le Coran et la Sunna et sur des façons logiques linguistiques pour construire un argument afin de faire face à ceux qui essayaient d’attaquer les vérités de l’Islam, alors que les philosophes mousha’in, et ce sont les philosophes musulmans qui ont adopté la philosophie grecque, avaient pour première référence le concept d’Aristote ou celui de Platon qu’ils considéraient harmonieux avec les textes et l’esprit de l’Islam. Et d’après leurs tentatives d’utiliser la logique pour analyser ce qu’ils considéraient des lois universelles invariables issues de la volonté de Dieu, ils font d’abord les premières tentatives conciliatoire dans le concept du Créateur entre la notion Islamique de « Allah » (nom de Dieu) et la notion philosophique grecque du premier principe ou la première pensée.

Le kalām s’est construit dans le conflit entre deux grands courants, les mutazilites et les acharites10. Ces derniers, pour des raisons historiques, l’ont emporté, de sorte que le mutazilisme a presque disparu11. Mais l’acharisme a emprunté à ses adversaires certains concepts et problèmes, et surtout l’art de la dialectique12 - le souci de justifier rationnellement ses positions, au lieu de se contenter de recourir à l’argument d’autorité. Cette exigence a conduit les théologiens acharites à évoluer, introduisant progressivement les méthodes rationnelles des philosophes (en particulier la syllogistique d’Aristote) dans la théologie. Jusqu’à ce que, parfois, la frontière entre kalām et falsafa devienne ténue, comme cela a été reproché à Fakhr ad-Din ar-Razi13,14.

La Falsafa

En toute rigueur, la falsafa (فلسفة) n’est pas synonyme de philosophie en général, mais désigne de façon précise les philosophes du Moyen Âge musulman : al-Kindi, al-Fārābī, Avicenne en sont les principaux représentants. Ils se caractérisent par leur effort pour articuler la Révélation et la raison, l’enseignement du Coran, et celui des Grecs (surtout Platon, Aristote et les néo-platoniciens)15. On peut définir les falasifa (équivalent du grec philosophos) comme les philosophes musulmans hellénisants16.

NB. Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (mars 2017). 

La philosophie islamique se développe de l’étape d’étude des thèmes qui ne se prouvent que par le reportage et le culte à l’étape dont l’épreuve est limitée aux preuves logiques, mais le point commun au cours de cet étendu historique était de connaître Dieu et de prouver la présence du Créateur[pas clair]. Ce mouvement philosophique atteint un tournant très important avec Ibn Rouchd qui invoqua le principe de la liberté et la domination de la raison d’après l’observation et l’expérience. Le premier philosophe arabe à apparaître était Al-Kindi qui a le titre du premier professeur arabe, après fut Al-Ghazâlî qui adopta beaucoup d’idées d’Aristote au sujet de l’intellect efficace, présenta le monde et le concept de la langue naturelle. Al-Fârâbî fonda une école intellectuelle dont : al-‘Āmirī, Alsajstani et Altawhidi. Al-Ghazâlî est l’un des premiers à réconcilier la logique et les sciences islamiques, quand il cherche à démontrer que les méthodes de la logique grecque peuvent être neutres et séparées des concepts métaphysiques grecs. Il détaille l’explication de la logique et il l’utilise dans la science du fiqh, mais par contre, il attaqua les visions philosophiques des philosophes musulmans mousha’in dans le livre L’Incohérence des philosophes17 (Tahâfut al-falâsifa) ; plus tard, Ibn Rouch (connu sous le nom d’Averroès en Occident) dans son livre Incohérence de l’Incohérence (Tahâfut at-tahâfut)18 répond à ses attaques.

« Ahl al hadîth »

De là, quelques-uns refusaient toujours de discuter des recherches portant sur des sujets divins et la nature du Créateur et la Créature, et préfèrent se contenter de ce qui est écrit dans le Coran et la Sunna. Ce mouvement connu sous le nom de « Ahl al Hadîth », et à qui se rapportent la plupart de ceux qui ont travaillé dans le « fiqh » islamique se doutait toujours de l’importance de la logique de la philosophie. Et il existe encore des mouvements islamiques qui croient qu’il « n’existe pas de philosophes musulmans et que cette expression est incorrecte, l’Islam a ses savants qui suivent le Coran et la Sunna, tandis que celui qui travaille dans la philosophie est un hérésiarque dupeur[réf. nécessaire] ».

Dans une étape tardive de la civilisation islamique, apparaît un mouvement critique de la philosophie, dont le plus important des chefs est Ibn Taymiyya qui est considéré comme opposant à la philosophie et appartenant au mouvement de « Ahl Hadith » refusant tout travail philosophique, mais ce qu’il dit des modes (procédés) de la logique grecque et sa tentative de le lier aux concepts métaphysiques (contrairement à ce que Al Ghazali voulait clarifier) dans son livre « Répondre aux Logiques » qui a été considéré par certains des essayistes arabes contemporains comme étant une critique de la philosophie grecque, bien plus qu’une simple critique pour elle, sa critique est bâtie sur une recherche profonde des procédés de la logique et la philosophie et une tentative de construire une nouvelle philosophie, cette dernière fut une préface du transfert de la réalité du (kully) jusqu’à sa nomination.[incompréhensible]

Lire la suite : Les grands mouvements à travers l’histoire

A partir de ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_islamique

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  • Avicenne ou Ibn Sina - ’Les philosophes arabes contre le dogmatisme religieux’ avec Ali Benmakhlouf (3/5) / F. Nicolas & F. Bégaudeau ’Max et Lenny’ - Le 18/02/2015 Extrait - À retrouver dans l’émission Un autre jour est possible par Tewfik Hakem
    « Les Têtes chercheuses », avec Ali Benmakhlouf, professeur de philosophie à l’université de Paris-Est. Il a écrit ’Pourquoi lire les philosophes arabes’ paru chez Albin Michel. Troisième épisode de notre série ’Les philosophes arabes contre le dogmatisme religieux’ : ’Avicenne’.

Pourquoi lire les philosophes arabes

Ali Benmakhlouf, professeur de philosophie à l’université de Paris-Est, retrace ici le sens de l’engagement des philosophes arabes dans la recherche de la vérité.

Lire les philosophes arabes médiévaux avec l’oeil de la philosophie contemporaine pour y trouver des affinités de méthode et de doctrine : tel est le parti pris de ce livre.

Lire ces philosophes arabes, c’est aussi les inscrire dans la tradition et le patrimoine de l’humanité, car ils ont su ménager des accès multiples à la vérité où religion et philosophie sont pensées de manière conjointe. Leurs travaux dans de nombreux domaines, comme la médecine, la logique ou l’histoire continuent de nous interpeller comme ils ont contribué à la formation de la pensée européenne.

Le médiéval rejoint alors le contemporain dans cette riche histoire qui est celle de l’humain et de l’intellect….

Intervenants : Fred Nicolas- Réalisateur : Ali Benmakhlouf, professeur de philosophie à l’université Paris Est Créteil et membre senior de l’Institut universitaire de France, membre titulaire de l’Académie Nationale de Pharmacie - François Bégaudeau Ecrivain

Tags : Cinéma Philosophie Littérature

L’équipe - Production : Tewfik Hakem - Réalisation : Thomas Dutter - Avec la collaboration de Henri Le Blanc

Radio France

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Retrouvez nous sur : https://www.franceculture.fr/emissions/un-autre-jour-est-possible/les-philosophes-arabes-contre-le-dogmatisme-religieux-avec-1

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  • Avicenne ou Ibn Sina - Introduction concernant sa personnalité par Wikipédia
    Illustration - Ibn Sina (Avicenne) - miniature persane.
Naissance 7 août 980

Boukhara, Empire samanide (actuel Ouzbékistan)

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Décès Juin 1037 (environ 57 ans)

Hamadan, Émirat kakouyide (actuel Iran)

Sépulture Hamadan
École/traditionÉcole péripatéticienne, philosophie islamique, avicennisme
Principaux intérêts Médecine

Métaphysique

Théologie

Sciences

Alchimie

Idées remarquables Illumination, angélologie, cause efficiente
Œuvres principales Canon de la médecine

Livre de la guérison (de l’âme)

Traité de philosophie illuminative (perdu).

Influencé par Aristote, Alexandre d’Aphrodise, néoplatonisme, Al-Fârâbî
A influencé Ibn Tufayl, Averroès, Sohrawardi, Thomas d’Aquin, Duns Scot, Maître Eckhart, Deleuze

Avicenne (du latin médiéval Avicenna ; en persan : ابن سینا (Ebn-e Sinâ), venant tous deux de l’arabe ابن سينا (Ibn Sīnā), « fils de Sina » ; nom arabe complet : أبو علي الحسين بن عبد الله بن الحسن بن علي بن سينا (Abū ʿAlī al-usayn ibn ʿAbdillāh ibn al-asan ibn ʿAlī ibn Sīnā) ; aussi appelé پور سینا (Pur-e Sinâ) en persan), né le 7 août 980 à Afshéna, près de Boukhara, dans la province de Transoxiane (actuel Ouzbékistan) et mort en juin 1037 à Hamadan (Iran)1,2, est un philosophe et médecin médiéval persan. Rédigeant principalement en arabe classique, il s’intéressa à de nombreuses sciences, comme l’astronomie, l’alchimie, et la psychologie. Ses disciples l’appelaient cheikh el-raïs, c’est-à-dire le « prince des savants », le plus grand des médecins, le Maître par excellence, ou encore le troisième Maître (après Aristote et Al-Fārābī). Ses œuvres principales sont l’encyclopédie médicale Qanûn (« Canon de la médecine ») et ses deux encyclopédies scientifiques le Livre de la guérison (de l’âme) et Danesh-e Nâma (« Livre de science »). Dans son Qanûn, il opère une vaste synthèse médico-philosophique avec la logique d’Aristote, combinée avec le néo-platonisme, élevant la dignité de la médecine comme discipline intellectuelle, compatible avec le monothéisme. Son influence sera prédominante dans l’Occident médiéval latin jusqu’au XVIe siècle. Si son œuvre médicale n’a plus qu’un intérêt historique, son œuvre philosophique se situe au carrefour de la pensée orientale et de la pensée occidentale. Elle reste encore vivante au début du XXIe siècle dans le cadre de l’islam. Elle continue d’être étudiée en Occident du point de vue de la philosophie, de l’épistémologie et des sciences cognitives. Sommaire

Photo - Statue d’Avicenne à Vienne, Pavillon des érudits.

De 750 à 850, période des califes Abbassides, la science arabo-musulmane est en plein essor. Les traducteurs des califes utilisent d’abord les versions syriaques, puis les textes grecs, pour les traduire en arabe4. Le philosophe al-Fārābī (mort en 950), « le second maître » (en référence au premier maître, Aristote), tient une place prépondérante dans cette dynamique…

Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Avicenne

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  • Article Wikipédia sur Ibn Tufayl (Abu Bakr Mohammed ben Abd-el-Malik ben Tufayl el-Qaïci) : philosophe andalou, astronome, médecin, mathématicien, mutazile et mystique soufi
Naissance1105
Guadix
Décès 1185

Marrakech

Nationalité Almohade
École/tradition philosophie islamique (falsafa), rationalisme
Principaux intérêts médecine, astronomie, métaphysique, morale, religion, théologie
Idées remarquables A écrit un des premiers romans philosophiques, se situant sur une île déserte, introduisant le concept de tabula rasa
Œuvres principales Hayy Ibn Yaqzan (L’Éveillé ou Le Philosophe autodidacte)
Influencé par Platon, Aristote, Al-Fârâbî, Avicenne, Al-Ghazâlî, Avempace
A influencé Nur Ed-Din Al Betrugi, Ibn Nafis, Averroès, Hobbes, Locke, Defoe, Newton, Kant, Lumières

Abu Bakr Mohammed ben Abd-el-Malik ben Tufayl el-Qaïci, dit Ibn Tufayl (arabe : ابن طفيل), est un philosophe andalou, astronome, médecin, mathématicien, mutazile et mystique soufi. Il est né en 1110 à Wadi-Asch1 et mort en 1185 à Marrakech. Il est également connu en Occident sous le nom d’Abubacer.

Sommaire

Ibn Tufayl exerce la médecine à Grenade (alors dans le Califat almohade) puis fut secrétaire provincial. Plus tard, il devient physicien du calife Abu Yaqub Yusuf à Marrakech et assume le rôle de protecteur d’Ibn Roshd (Averroès) qu’il encourage à commenter Aristote. Ibn Roshd décrit plus tard comment Ibn Tufayl l’encouragea dans cette entreprise :

« Abou Bakr ibn Tufayl me convoqua un jour et me dit qu’il avait entendu le Commandeur des Croyants (le Calife) se plaindre de la complexité des modes d’expression d’Aristote — ou celui des traducteurs — et la difficulté résultante de compréhension de ses idées. Il dit que si l’on pouvait trouver un bon interprète pour ces livres, capable de les clarifier après les avoir soigneusement maîtrisés lui-même, les gens auraient plus de facilité à les comprendre. Ibn Tufayl m’a dit « Si vous avez l’énergie pour une telle entreprise, allez-y. Je suis confiant que vous pouvez, parce que je vois que vous êtes sincère et je sais à quel point vous êtes brillant et dédié à ce que vous faites. Seul mon grand âge et les responsabilités de mes fonctions (mon engagement à une autre tâche que je pense encore plus vitale) me gardent de le faire moi-même »2 »

Auteur de l’Œuvre médicale et philosophique, où l’on discerne l’influence de l’encyclopédie du Xe siècle des Ikhwan al-Safa (Frères de la sincérité, en arabe), il a également écrit un récit philosophique, Hayy ibn Yaqdhan (littéralement : « Vivant fils du conscient »).

Hayy ibn Yaqdhan

Histoire

Hayy ibn Yaqdhan est un traité philosophique et mystique, qui s’appuie sur la pensée d’Avicenne et le soufisme, sous forme de roman allégorique. Le livre est également fortement ancré dans la pensée néoplatonicienne et aristotélicienne.

Le livre met en scène un enfant, vivant seul sur une île déserte au niveau de l’équateur. Cet enfant qui n’a ni père ni mère connus, est élevé par une gazelle. Il s’éveille seul à la connaissance du monde puis à la connaissance de Dieu. Hayy va finalement au contact de la civilisation et la religion « codifiée » quand il rencontre un naufragé nommé Absâl. Il découvre également certains signes extérieurs de la religion en société auxquels il adhère car il les juge cohérents avec son intuition-conscience du divin. Mais bien qu’il reconnaisse que beaucoup de codes sont nécessaires pour la majorité, afin qu’ils puissent avoir une vie décente, il pense surtout que cette société est enfermée dans son dogmatisme et manque d’ouverture pour une véritable quête du divin. Il finit alors par quitter la société pour retourner sur son île avec son ami Absal et s’échapper de toute distraction.

Hayy ibn Yaqdhan est écrit comme une réponse à l’Incohérence des philosophes d’Al-Ghazâlî. Au XIIIe siècle, Ibn Nafis écrit Al-Risalah al-Kamiliyyah fil Siera al-Nabawiyyah (connu sous le nom Theologus Autodidactus en Occident) comme une réponse au Hayy ibn Yaqdhan (Philosophus Autodidactus) d’Ibn Tufayl. Le titre du récit et l’argument de l’histoire reprennent une œuvre d’Avicenne dans un esprit différent[réf. nécessaire].

Portée et influence

Hayy ibn Yaqdhan a eu une grande influence sur la littérature arabe et européenne au point de devenir un best-seller en Europe occidentale du XVIIe au XVIIIe siècle3,4. Ce travail a également eu une influence profonde à la fois sur la philosophie islamique et la philosophie moderne occidentale5. Il devient même « un des plus importants livres à préfigurer la révolution scientifique et le siècle des Lumières », et les pensées véhiculées dans ce livre se retrouvent à différents degrés dans les travaux de Thomas Hobbes, John Locke, Isaac Newton et Emmanuel Kant6.

À travers Hayy ibn Yaqdhan, Ibn Tufayl est le premier à introduire dans la pensée philosophique les concepts d’autoformation et surtout de tabula rasa.

La première traduction latine date de 1671 et a pour titre Philosophus Autodidactus. Elle fut écrite par Edward Pocock (le jeune). La première traduction anglaise date de 1708 par Simon Ockley et la traduction française est celle de Léon Gauthier datant de 1900.

Bibliographie

Notes et références

 Aujourd’hui Guadix, dans la province de Grenade.

  Hossein Nasr and Oliver Leaman (1996), History of Islamic Philosophy, p. 314, Routledge (ISBN 0-415-13159-6).

  Avner Ben-Zaken, Reading Hayy Ibn-Yaqzan : A Cross-Cultural History of Autodidacticism (Johns Hopkins University Press, 2011). (ISBN 978-0801897399).

  G. A. Russell (1994), The ’Arabick’ Interest of the Natural Philosophers in Seventeenth-Century England, p. 228, Brill Publishers, (ISBN 978-90-04-09888-6).

  G. J. Toomer (1996), Eastern Wisedome and Learning : The Study of Arabic in Seventeenth-Century England, p. 218, Oxford University Press, (ISBN 0-19-820291-1).

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    Note Wikipédia sur le mutazilisme, une importante école de théologie musulmane (’Aqîda) apparue au VIIIe siècle.
    Elle est en contradiction avec les écoles de théologie aujourd’hui dominantes comme l’asharisme. Le mutazilisme est aujourd’hui peu représenté dans la communauté musulmane, bien qu’il en fût autrefois un courant majoritaire, notamment durant une période du califat abbasside1.

Il rejette l’anthropomorphisme divin, réfute l’aspect incréé du coran. Il met en avant le libre arbitre et l’usage des outils rationnels de la philosophie y est accepté1. La théologie mutazilite se développe sur la logique et le rationalisme, inspirés de la philosophie grecque et de la raison (logos), que Wassil Ibn Ata combine harmonieusement avec les doctrines de la foi islamique.
Cette démarche, reprise sous différentes formes par les autres courants musulmans, parfois avec réticence, régressa nettement à partir du XIIIe siècle chez les sunnites, ceux-ci considérant que la révélation divine n’a pas à être soumise à la critique humaine. Ainsi, après Averroès, on constate « la perte d’audience de la philosophie musulmane au profit de la mystique »2. L’approche philosophique héritée du mutazilisme reste aujourd’hui utilisée par des chiites, mais uniquement sur certains points. Le calife Al-Ma’mun qui fit du mutazilisme la doctrine officielle en 827 et créa la Maison de la sagesse en 832, encouragea l’introduction de la philosophie grecque dans les milieux intellectuels persans et arabes.

Selon une interprétation, « certains théologiens de la ville de Bassorah refusèrent de prendre parti dans les luttes de pouvoir qui, après l’assassinat d’Othman, ensanglantèrent et divisèrent la communauté musulmane, d’où le nom de ce mouvement signifiant ’ceux qui s’abstiennent3’ ».

Note de Wikipédia : Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (avril 2015). Si vous disposez d’ouvrages ou d’articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l’article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les reliant à la section « Notes et références » - En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?

Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mutazilisme

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    Ibn Tufayl (1105-1185) : le philosophe andalou autodidacte - Vidéo durée : 00:58:10 - 03 MAI 2020 - Questions d’islam - Par Ghaleb Bencheikh - Le philosophe autodidacte- Il s’agit de ’Vivant fils d’Éveillé’, conte philosophique connu en latin sous le titre du ’Philosophus autodidactus’.
    C’est un traité romancé du philosophe andalou Ibn Tufayl (1105-1185). C’est un monument de la philosophie en contextes islamiques. Réalisation : Franck Lilin - Invités : Jean-Baptiste Brenet Professeur de philosophie arabe à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, spécialiste d’Averroès

Le 01/03/2020 - Le philosophe autodidacte - À retrouver dans l’émission Questions d’islam par Ghaleb Bencheikh

Il s’agit du « Vivant fils d’éveillé », conte philosophique connu en latin sous le titre du « Philosophus autodidactus ». C’est un traité romancé du philosophe andalou Ibn Tufayl (1105-1185). C’est un monument de la philosophie en contextes islamiques.

Ibn Tufayl (1105-1185)

Gravure de portrait - Ibn Tufayl (1105-1185)

Ce chef-d’œuvre de la pensée arabe offre, six cents ans avant Daniel Defoe, un prototype scientifique, philosophique et mystique du « Robinson Crusoé ». C’est l’histoire d’un homme sur une île déserte. Il s’ouvre par la supposition d’un enfant né sans père ni mère. Il est adopté par une gazelle, qui l’allaite. Il grandit, observe, réfléchit. Doué d’une intelligence supérieure, non seulement il sait ingénieusement pourvoir à tous ses besoins, mais il arrive bientôt à découvrir de lui-​même, par les seules forces de son raisonnement, les notions les plus élevées que la science humaine possède sur l’univers. 

Le philosophe Jean-Baptiste Brenet vient proposer une adaptation de ce conte qui dévoile la sagesse orientale. 

Écrit en arabe au XIIe siècle par le penseur andalou Ibn Tufayl, Vivant fils d’Éveillé (Hayy ibn Yaqzan) est un chef-d’œuvre de la philosophie. L’épître dévoile sous la forme d’un conte les secrets de la « sagesse orientale ». Traduite en latin en 1671, elle connaîtra un immense succès dans l’Europe des lettres. Jean-Baptiste Brenet en propose ici une adaptation qui recompose le récit et donne la parole au personnage principal. Voici l’histoire d’un homme sur une île déserte, élevé sans père ni mère, qui découvre par sa raison seule la vérité de l’univers entier, puis qui rencontre un autre homme, religieux, mais sagace, venu d’une terre voisine. « Sorte de Robinson psychologique », écrivait Ernest Renan à propos du livre. Son premier auteur, Ibn Tufayl, est né à Guadix.

Vieille ville de Guadix (Espagne)

Photo - Vieille ville de Guadix (Espagne) - Crédits : CC BY-SA 3.0 - Wikipédia

Actualité

Robinson de Guadix, une adaptation de l’épître d’Ibn Tufayl, Vivant fils d’Éveillé, de Jean-Baptiste Brenet aux éditions Verdier (février 2020). Préface de Kamel Daoud.

Liens : Ibn Tufayl - Jean-Baptiste Brenet -

Musique : Viktor Ekimovsky ‎pour The Mirror Of Avicenna (Label : WERGO ‎– WER 6729 2 - 2011) - Prise de son Olivier Dupré

Les Dernières Diffusions

Bibliographie - Livre 1èrede couverture - Robinson de Guadix Jean-Baptiste Brenet Verdier, 2020

Intervenant : Jean-Baptiste Brenet Professeur de philosophie arabe à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, spécialiste d’Averroès

À découvrir :

Lumière sur le Moyen Âge (3/4) : Le rayonnement d’Averroès

Arthur Rimbaud à la croisée de la bibliothèque (1/4) : La vie errante d’Arthur Rimbaud

Molière-Lully : un Jean-Baptiste de trop à la cour de Louis XIV !

Tags : Philosophie politique Religion et spiritualité

L’équipe – Production : Ghaleb Bencheikh – Réalisation : Franck Lilin - Avec la collaboration de Sylvia Favre

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    Présentation d’un livre : « 99 bannières pour les Maîtres Invisibles » de Rachid Koraïchi - Le 03/05/2020 - Dans le cadre de l’émission Questions d’islam par Ghaleb Bencheikh
    Les ’Maîtres Invisibles’ est un projet au long cours qui traite de la vie et de l’héritage de quatorze grands mystiques de l’islam. Il retrace l’évolution historique de ce vaste monde, des franges occidentales de l’Andalousie en passant par le Moyen-Orient jusqu’aux avant-postes du Levant.

Rachid Koraïchi

Photo de Rachid Koraïchi

Rediffusion du 18 décembre 2016

Rachid Koraïchi est un peintre et graveur algérien contemporain. Son oeuvre les Maîtres Invisibles est une progression de tableaux-hommages à des maîtres mystiques soufis. Il la présentera, imprégné qu’il est par le soufisme. De renommée internationale, Rachid Koraïchi, conjugue l’art à la prière et aux questionnements éternels sur l’existence, un questionnement qui évolue à travers son oeuvre.

En réunissant les écrits ouverts et sophistiqués de ces grands maîtres soufis, tels que Jalal ad-Din Rûmi, Hafez de Shiraz et Ibn el-Arabi, je désire montrer que l’islam est loin de la perception de crise et de violence qui prévaut aujourd’hui. Ces quatorze « maîtres » ont laissé pour les générations futures le message essentiel de la tolérance envers l’autre. Cet enseignement conserve toute sa pertinence. Tout vrai musulman doit croire aux prophètes Moïse et Jésus qui ont précédé Mohamed, le prophète de l’islam.

Sur le site de Rachid Koraïchi : Bannières, 348 x 200 cm, réalisées avec les artisans du Caire. Destinées à l’installation Les Maîtres Invisibles.

Sur le site de Rachid Koraïchi : Bannières, 348 x 200 cm, réalisées avec les artisans du Caire. Destinées à l’installation Les Maîtres Invisibles. Crédits : Rachid Koraïchi

Vivant en France depuis plus de quarante ans, et venant de l’autre rive de la Méditerranée, j’ai, à travers ma fonction d’artiste, posé des questions et stimulé une réponse de sorte que les deux parties du dialogue soient justement représentées ; fruit de mon expérience et de ma culture.

Je vous offre l’essentiel de ma vie, de celui que j’ai été et de celui que je suis devenu. Rachid Koraïchi

Quelques éléments de biographie : Rachid Koraïchi est né à Ain Beïda (Algérie). Il est diplômé de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts d’Alger, de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris et de l’Institut d’urbanisme de l’Académie de Paris.

Couverture de l’ouvrage

Livre - Couverture de l’ouvrage - 1èrede couverture - Crédits : Rachid Koraïchi. Coéditions Actes Sud - October Gallery

Rachid Koraïchi est lauréat du Jameel Prize 2011, prix international qui récompense, depuis 2009, des artistes et des designers s’inspirant des traditions islamiques dans les domaines de l’art, de l’artisanat et du design. Il a pour ambition d’explorer le dialogue entre les arts traditionnels islamiques et les pratiques artistiques contemporaines, et de contribuer à élargir le débat sur la culture islamique… Source : Institut du monde arabe

Musiques extraites de l’album : ’Sénégal : Tijâniyya & Murîdiyya. Chants des confréries soufies’, label Ocora Radio France (OCORA, 2012. Enregistrement 2010. Musiques du Monde, Afrique noire, Sénégal (Sénégambie) - ref. MM1049). Jaquette de l’album - Crédits : Ocora Radio france

Personnages, institutions ou notions cités : Tijaniyya - Madrassa - Fatimides - Théodore Monod - Paul Klee - Mansur al-Hallaj - Ibn Arabi - Djalâl ad-Dîn Rûmî - Abd el-Kader - Tassili n’Ajjer - Rabia al Adawiyya - Farid al-Din Attar - Amusie - Prise de son Bruno Mourlan

Bibliographie

Maîtres Invisibles Rachid KoraïchiActes Sud et October Gallery, 2016

Intervenant : Rachid Koraïchi Artiste plasticien

À découvrir : Artistes à l’oeuvre (2/4) : A l’école des Beaux-arts

Identités brouillées

Réforme : la dernière chance pour l’islam

Tags : Islam Gravure Andalousie Moyen-Orient Religion et spiritualité

L’équipe – Production : Ghaleb Bencheikh – Réalisation : Franck Lilin - Avec la collaboration de Sylvia Favre

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Source : https://www.franceculture.fr/emissions/questions-dislam/99-bannieres-pour-les-maitres-invisibles

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    Philosopher en Andalousie selon Ibn Tufayl - Le 01/08/2021 - À retrouver dans l’émission - Questions d’islam par Ghaleb Bencheikh
    Nous vous proposons de découvrir le chef d’œuvre de la philosophie universelle ’Vivant fils d’Eveillé’ d’Ibn Tufayl. Le professeur Jean-Baptiste Brenet donne à lire la première traduction en français titrée : ’Le philosophe sans maître’, qui dormait depuis plus de 160 ans à la bibliothèque de Munich.

Mihrab de la mosquée-cathédrale de Cordoue

Illustration - Mihrab de la mosquée-cathédrale de Cordoue • Crédits : Geography PhotosUniversal Images - Getty

Un événement éditorial majeur est la parution du conte philosophique composé par Ibn Tufayl, « Vivant fils d’Eveillé  » - chef d’œuvre de la philosophie universelle – pour la première fois dans la traduction de l’orientaliste Etienne-Marc Quatremère (1782-1857). A ce sujet, l’universitaire Jean-Baptiste Brenet présente ici un document exceptionnel. En effet, cette traduction sous le titre « Le philosophe sans maître » dormait depuis plus de cent soixante ans dans l’un des fonds de la bibliothèque du roi de Bavière. Nous savons gré au professeur Jean-Baptiste Brenet de l’avoir exhumée, éditée, préfacée et annotée. 

’Le philosophe sans maître’ est en fait l’édition de la toute première traduction française de ce texte, qui avait été faite au 19ème siècle par un professeur au Collège de France, arabisant, orientaliste assez célèbre, qui s’appelait Étienne-Marc Quatremère. (...) 

Les spécialistes connaissaient l’existence de cette traduction mais au fond personne ne l’avait jamais vraiment lue, parce que l’ensemble de la bibliothèque et des manuscrits de Quatremère (mort en 1857), avaient été rachetés à sa mort par le roi de Bavière et cette traduction, qui n’existe que dans un manuscrit, ne se lit qu’à la bibliothèque de Munich, donc j’y suis allé et j’ai édité le manuscrit en considérant qu’il était essentiel pour nous.

En outre, nous nous proposons de passer en revue trois grandes figures de la philosophie andalouse au XIIe siècle : Avempace, Ibn Tufayl et Averroès et leurs influences sur les philosophes des Lumières

Jean-Baptiste Brenet, professeur de philosophie arabe à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste d’Averroès. A annoté et préfacé le texte de d’Ibn Tufayl : Le philosophe sans maître, (Ed. Payot-Rivages, 2021).

La pause musicale : ’Bêdawîtî’, Cemîl Qoçgirî & Manuel Lohnes, label : Ahenk Müzik

Rediffusion du 4 avril 2021

À RÉÉCOUTER 59 min Questions d’islam Le philosophe autodidacte

Bibliographie

Le philosophe sans maître d’Abu-Jaafar Ibn Tufayl

Le philosophe sans maîtreIbn Tufayl Payot-Rivages poche, 2021

Couverture de l’ouvrage

Robinson de GuadixJean-Baptiste Brenet Verdier, 2020

Intervenant : Jean-Baptiste Brenet Professeur de philosophie arabe à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, spécialiste d’Averroès

À découvrir :

Le philosophe autodidacte

Jean-Baptiste Rambla : Le pull-over rouge sang (2/2) : Un double passage à l’acte

Tags : Islam – Religion musulmane Ibn Tufayl Philosophie

L’équipe – Production Ghaleb Bencheikh – Réalisation Franck Lilin - Avec la collaboration de Daphné Abgrall

Radio France

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Source : https://www.franceculture.fr/emissions/questions-dislam/philosopher-en-andalousie-0

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    Averroès - Les philosophes arabes contre le dogmatisme religieux – Vidéo 11:14 - 18 janvier 2018, 11 h - 28 minutes - Illustration -
    Pourquoi lire les philosophes arabes ? Ali Benmakhlouf, professeur de philosophie à l’université de Paris-Est, retrace ici le sens de l’engagement des philosophes arabes dans la recherche de la vérité. Lire les philosophes arabes médiévaux avec l’oeil de la philosophie contemporaine pour y trouver des affinités de méthode et de doctrine : tel est le parti pris de ce livre. Lire ces philosophes arabes, c’est aussi les inscrire dans la tradition et le patrimoine de l’humanité, car ils ont su ménager des accès multiples à la vérité où religion et philosophie sont pensées de manière conjointe. Leurs travaux dans de nombreux domaines, comme la médecine, la logique ou l’histoire continuent de nous interpeller comme ils ont contribué à la formation de la pensée européenne. Le médiéval rejoint alors le contemporain dans cette riche histoire qui est celle de l’humain et de l’intellect.

Source : https://oumma.com/les-philosophes-arabes-contre-le-dogmatisme-religieux-averroes/

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    Averroès - Les philosophes arabes contre le dogmatisme religieux - Vidéo 28:32 - France Culture - Benmakhlouf Dogme Religion Islam - French - Extrait
    Les Têtes chercheuses - Avec Ali Benmakhlouf, professeur de philosophie à l’université de Paris-Est. Il a écrit ’Pourquoi lire les philosophes arabes’ paru chez Albin Michel. Quatrième épisode de notre série ’Les philosophes arabes contre le dogmatisme religieux’ : ’Averroès’.

Pourquoi lire les philosophes arabes

Ali Benmakhlouf, professeur de philosophie à l’université de Paris-Est, retrace ici le sens de l’engagement des philosophes arabes dans la recherche de la vérité.

Lire les philosophes arabes médiévaux avec l’oeil de la philosophie contemporaine pour y trouver des affinités de méthode et de doctrine : tel est le parti pris de ce livre.

Lire ces philosophes arabes, c’est aussi les inscrire dans la tradition et le patrimoine de l’humanité, car ils ont su ménager des accès multiples à la vérité où religion et philosophie sont pensées de manière conjointe. Leurs travaux dans de nombreux domaines, comme la médecine, la logique ou l’histoire continuent de nous interpeller comme ils ont contribué à la formation de la pensée européenne.

Le médiéval rejoint alors le contemporain dans cette riche histoire qui est celle de l’humain et de l’intellect.

Addeddate 2017-03-21 13:52:29 - External_metadata_update 2019-03-23T19:50:58Z - Internet Archive HTML5 Uploader 1.6.3

Source : https://archive.org/details/LesPhilosophesArabesContreLeDogmatismeReligieux/Les+philosophes+arabes+contre+le+dogmatisme+religieux_+avec+Ali+Benmakhlouf+(2_5)+_+J%C3%A9r%C3%B4me+Garcin+pour+_Le+voyant_.mp3

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    « Le grand-père des Lumières était musulman » - Publié le 02/02/2017 à 15:27 – Par Koert Debeuf, historien et directeur du Tahrir Institute for Middle East Policy Europe - Document ‘lesoir.be’
    L’apport arabo-musulman dans la transmission de textes philosophiques et scientifiques fondateurs remonte à plus de mille ans. La pensée européenne en a été profondément influencée.

[Addenda – Koert Debeuf (Traduit par Jacques Hallard 02/04/2023) - Koert Debeuf (MA Ancient History, Leuven - Bologna) est chercheur associé principal à l’Institut d’études européennes de l’Université de Bruxelles (VUB). Il est l’auteur de ’Inside the Arab Spring. Trois ans sur la ligne de front de la révolution arabe’ (Tielt, 2014) et de ’Tribalisation. Pourquoi la guerre arrive’ (Bruxelles, 2018). Il est actuellement rédacteur en chef d’EUobserver, un journal européen basé à Bruxelles. M. Debeuf a vécu au Caire de 2011 à 2018, d’où il a beaucoup voyagé dans la région MENA. Il est considéré comme un expert en matière de révolution et de conflit au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. De 2003 à 2008, il a été conseiller principal, rédacteur de discours et porte-parole du Premier ministre belge. – Source : https://cric-oxford.org/koert-debeuf/

MENA (en anglais « Middle East and North Africa »), MOAN ou ANMO (équivalents français) sont des acronymes utilisés pour désigner une région du monde comportant l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

https://radioalgerie.dz/news/sites/default/files/styles/282x211/public/field/image/R%C3%A9gion%20MENA.png?itok=UQl1fNVp

Source de l’image : https://radioalgerie.dz/news/fr/article/20160511/77217.html

What role for Europe in the Middle East and North Africa [MENA] ? - Federica Saini Fasanotti – Traduction par Jacques Hallard à2/04/2023 : Quelle place pour l’Europe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ?

Now that Europe is desperate to find new energy suppliers, the resource-rich countries of the Middle East and North Africa are hoping to boost their economy and influence.

Maintenant que l’Europe cherche désespérément de nouveaux fournisseurs d’énergie, les pays riches en ressources du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord espèrent renforcer leur économie et leur influence.

Scholz in UAE (Europe MENA)

Photo - Le chancelier allemand Olaf Scholz (M) et la ministre du Changement climatique et de l’Environnement des Émirats arabes unis Mariam Almheiri (L) plantent des arbres dans un parc d’Abu Dhabi. Lors d’une visite aux Émirats arabes unis en septembre 2022, la délégation allemande a signé un contrat pour la livraison de 137 000 mètres cubes de gaz naturel liquéfié à livrer d’ici la fin de l’année. ©Getty Images

En un mot :

• Il est peu probable que l’Europe se tourne vers la Russie pour l’énergie même après la guerre

• Les pays MENA sont soudainement devenus des alliés beaucoup plus précieux

• La concurrence des puissances mondiales pour l’influence dans la région va s’intensifier

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, l’Europe a accueilli près de 8 millions de réfugiés ukrainiens et dépensé 523 millions d’euros en aide humanitaire et en soutien à la protection civile. Il a également dépensé un total de 9 milliards d’euros en aide financière à la stabilité et 3,1 milliards supplémentaires pour soutenir les forces armées ukrainiennes. À ce décompte, il faut ajouter les coûts collatéraux substantiels encourus par les entreprises européennes en raison des sanctions contre la Russie.

En bref, l’Europe a dû investir l’essentiel de sa bande passante économique et politique dans le plus grand conflit armé sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, l’UE n’a pas perdu de vue le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA).

Les pays MENA riches en ressources en tant qu’alliés… - Lire le document en entier sur ce site : https://www.gisreportsonline.com/wp-content/uploads/2023/01/scholz-in-uae-1536x1024.jpg ]

Suite de l’article de Koert Debeuf intitulé « Le grand-père des Lumières était musulman » - Publié le 02/02/2017 à 15:27

Pico1Voir l’illustration

Quelle est la crédibilité de l’Europe ? Aujourd’hui, tout le monde nous met en garde contre la propagande, la « post-vérité » et la falsification de l’histoire par la Russie et par Daesh. Et pour cause. Mais, en même temps, notre propre enseignement de l’histoire est myope et ‘eurocentriste’ depuis beaucoup trop longtemps. Nous avons tous appris que la Renaissance, l’Humanisme et les Lumières constituent des succès purement européens. Des humanistes comme Pétrarque auraient retrouvé dans des vieux monastères des manuscrits grecs et romains perdus. Cela nous aurait menés à une valorisation de l’homme par rapport à l’Eglise et de la pensée critique par rapport aux dogmes et donc à la fin du Moyen Âge.

Cette version de l’histoire est simplement fausse. S’il est vrai que beaucoup de livres romains ont effectivement été retrouvés par les humanistes, cela ne vaut pas pour les textes grecs. Les écrits des auteurs et scientifiques grecs les plus importants sont arrivés en Europe grâce au fait qu’ils ont été traduits en arabe. Ce mouvement de traduction fut initié par les califes de Bagdad au VIIIe siècle. Les œuvres centrales furent l’astronomie de Ptolémée, la géométrie d’Euclide et la médecine de Galien. En même temps, des textes scientifiques indiens et perses furent traduits en arabe. Des scientifiques musulmans portèrent chacune de ces sciences à un niveau supérieur. Leurs calculs ont constitué les fondements des travaux de Copernic et de Newton.

L’apport d’Ibn Rushd : un séisme intellectuel

La philosophie était non moins importante à la cour de Bagdad. Platon et Aristote y étaient les plus populaires, leurs textes étaient étudiés et discutés en profondeur. Les philosophes islamiques étudiaient la même question que leurs collègues chrétiens quelques siècles plus tôt et quelques siècles plus tard : comment concilier la philosophie avec la théologie des textes sacrés ? En Europe Saint-Augustin (mort en 430) avait arrêté ce débat et interdit la pensée critique. Tous ceux qui essayaient de raisonner de manière critique furent empêchés de s’exprimer ou même excommuniés. Cela n’était pas le cas dans le monde arabe, du moins jusqu’à la fin du XIIe siècle.

Le dernier grand philosophe musulman fut Ibn Rushd, mieux connu par son nom latin Averroès. Il naquit en 1126 à Cordoue, la capitale d’Al Andalus (l’Andalousie) qui était devenu, avec le Caire, le centre intellectuel du monde islamique après le déclin de Bagdad. En Europe on appelait Averroès « le Commentateur » parce qu’il commenta Aristote plus que n’importe qui. En plus, c’est par la traduction de ses commentaires qu’Aristote a été introduit en Europe.

Averroès déclencha en Europe un séisme intellectuel. Sa thèse était qu’il n’y a qu’une vérité mais qu’il y a deux manières pour trouver cette vérité : par la foi mais aussi par la philosophie. Si ces deux se contredisent il faut interpréter les textes sacrés de manière allégorique. Autrement dit, dans la recherche de la vérité, la philosophie (ou la science) est plus importante que la foi. En outre, il ne croyait pas en l’immortalité de l’âme ni en la création de l’univers.

Les thèses d’Averroès furent rapidement adoptées et apprises dans les premières universités européennes : Paris, Bologne, Padoue et Oxford. L’Eglise était en état de panique. La force de ses arguments et la langue philosophique d’Aristote étaient trop fortes. En 1277, l’évêque de Paris condamna et interdit les idées d’Averroès. Pour ce faire, il ne développa pas ses propres arguments mais il copia ceux d’un opposant islamique de la philosophie : Al Ghazali. Ce fut Thomas d’Aquin qui, finalement, remporta le débat contre Averroès avec ses livres Contre Averroes et Summa Theologica, dans lesquels il utilisa la logique d’Aristote (et ironiquement aussi d’Averroès) pour remettre la théologie au-dessus de la philosophie.

Les détours islamiques de la tradition judéo-chrétienne

Néanmoins, cela n’a pas arrêté la libre-pensée d’Averroès. Jusqu’au XVIIe siècle, des savants catholiques écrivirent des livres pour défendre l’immortalité de l’âme. Même Descartes se sentit obligé d’écrire contre Averroès. Malgré tout, les idées d’Averroès se glissèrent dans la philosophie européenne par la pensée juive. Pour expliquer cela, nous devons remonter dans le temps, notamment à Maimonide. Ce penseur juif important (et médecin de Saladin) était un contemporain d’Averroès. Après avoir lu ses livres, il adopta sa philosophie presque intégralement. Pendant des siècles, les livres de Maimonide furent lus et suivis comme des œuvres classiques dans le monde juif.

Un des plus grands penseurs juifs du XVe siècle fut Elie del Medigo, professeur à l’université de Padoue. Il s’autoproclama « disciple de Maimonide ». Padoue était connue comme un bouillon de culture de l’Averroisme. Del Medigo enseigna Averroes à – entre autres – l’humaniste Jean Pic della Mirandole, qui écrivit l’œuvre importante Discours de la dignité de l’homme (1486), par certains appelée le Manifeste de la Renaissance. Encouragé par Erasme, Thomas More traduisit la biographie de Pic en anglais. Voilà comment la tradition judéo-chrétienne connut quelques détours islamiques au cours des siècles.

Averroes dut attendre plus de 400 ans après sa mort pour rencontrer son plus grand succès. Baruch Spinoza, un des pères des Lumières, venait d’une famille qui avait pris la fuite de l’Espagne et du Portugal et s’était installée à Amsterdam après la Reconquête. Via la tradition intellectuelle juive, il entra en contact avec les idées d’Aristote, Maimonide, del Medigo et Averroes. Spinoza aussi se vit reprocher de nier l’immortalité de l’âme et même l’existence de Dieu et il fut exilé de sa communauté à Amsterdam. Son discours pour la pensée critique et indépendante eut une influence profonde sur les Lumières.

Sans aucun doute, les scientifiques et les philosophes islamiques exercèrent une influence significative sur la pensée européenne. C’est néanmoins également une réalité que le monde arabe est plongé dans une crise intellectuelle depuis des siècles. Des dictatures et l’intégrisme religieux ont détruit la pensée arabe tandis que l’Europe a pris une avance spectaculaire. Mais prétendre que la culture musulmane n’a rien produit constitue une contre-vérité historique. Si l’Europe veut s’opposer à la falsification de l’histoire commise par autrui, elle doit tout d’abord s’en abstenir elle-même et redonner à la vérité la place qu’elle mérite dans notre enseignement de l’histoire.

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Source : https://www.lesoir.be/80439/article/2017-02-02/le-grand-pere-des-lumieres-etait-musulman

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    Article Wikipédia sur Averroès Ibn Rochd ابن رشد philosophe, théologien, juriste et médecin musulman andalou de Cordoue en langue arabe du XIIème siècle
    Vous lisez un « article de qualité ». Pour les articles homonymes, voir Averroès (homonymie) et Ibn Rushd.

Image dans Infobox.

Averroès. Détail de la fresque d’Andrea di Bonaiuto, Trionfo di San Tommaso d’Aquino, Chapelle des Espagnols, Santa Maria Novella, Florence, 1365-1368.

Naissance14 avril 1126
Cordoue, Empire almoravide (actuelle Espagne)1
Décès 10 décembre 1198 (à 72 ans)

Marrakech, Empire almohade (actuel Maroc)

École/tradition Péripatétisme
Principaux intérêts Métaphysiquethéologiedroitmédecinephysiquepolitiquelogique
Idées remarquables Unité de l’intellect séparé (voir monopsychisme) • fondation de la raison philosophique à partir de la Révélation
Œuvres principales Grand Commentaire du De animaDiscours décisifIncohérence de l’Incohérence
Influencé par Platon et les néoplatoniciensAristote et ses commentateurs gréco-arabes • AvenzoarAvempaceIbn Tufayl.
A influencé Averroïstes juifs et latinsAlbert le GrandThomas d’Aquin2Maître EckhartDantePic de la MirandoleBlochLibera.
Parentèle Ibn Ruchd al-Gadd (grand-père)

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/57/Spain_Andalusia_Cordoba_BW_2015-10-27_13-54-14.jpg/390px-Spain_Andalusia_Cordoba_BW_2015-10-27_13-54-14.jpg

La Mezquita de Cordoue (salle des colonnes), où Averroès a effectué plusieurs passages, pour se recueillir ou converser avec ses amis ou ses élèves.

Ibn Rochd de Cordoue (en arabe : ابن رشد, Ibn Rushd ?)a, plus connu en Occident sous son nom latinisé d’Averroèsb, est un philosophe, théologien, juriste et médecin musulman andalou de langue arabe du XIIe siècle, né le 14 avril 1126 à Cordoue en Andalousie et mort le 10 décembre 1198 à Marrakech au Maroc. Il exerce les fonctions de grand cadi (juge suprême) à Séville et à Cordoue, et de médecin privé des sultans almohades, à Marrakech à une époque charnière où le pouvoir passe des Almoravides aux Almohades.

Lecteur critique d’Al-Fârâbî, Al-Ghazâlî et Avicenne, il est considéré comme l’un des plus grands philosophes de la civilisation islamique même s’il a été accusé d’hérésie à la fin de sa vie et s’il n’a pas eu de postérité immédiate dans le monde musulman. Il n’a été redécouvert en Islam que lors de la Nahda au XIXe siècle, la Renaissance arabe, durant laquelle il inspire les courants rationalistes, réformateurs et émancipateurs. Dans son œuvre, Averroès a mis l’accent sur la nécessité pour les savants de pratiquer la philosophie et d’étudier la nature créée par Dieu. De ce fait, il pratique et recommande les sciences profanes, notamment la logique et la physique, en plus de la médecine.

Son œuvre a une grande importance en Europe occidentale, où il a influencé les philosophes médiévaux latins et juifs dits averroïstes, comme Siger de Brabant, Boèce de Dacie, Isaac Albalag et Moïse Narboni. À la Renaissance, sa philosophie est très étudiée à Padoue. De façon générale, il est estimé des scolastiques qui l’appellent le « Commentateur » du « Philosophe » (Aristote) pour lequel ils ont une vénération commune. En revanche, Thomas d’Aquin puis les néoplatoniciens de Florence lui reprochent de nier l’immortalité et la pensée de l’âme individuelle, au profit d’un Intellect unique pour tous les hommes qui active en nous les idées intelligibles.

Sommaire

Les années de formation

Averroès naît en 1126 dans une grande famille de cadis (juges) de Cordoue de tradition malékite en Andalousie. Il est le petit-fils de Ibn Ruchd al-Gadd, grand cadi de Cordoue qui a écrit une vingtaine de volumes sur la jurisprudence islamique, encore disponibles à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc. Il naît dans une période troublée, marquée par le déclin des Almoravides dont son grand-père et son père sont proches et par la prise de pouvoir des Almohades. On sait cependant peu de choses sur sa jeunesse. Dominique Urvoy, un de ses biographes, affirme que de « son enfance on ne sait absolument rien »U 2.

Il reçoit de maîtres particuliers une formation classique pour son époque et son milieu : étude, par cœur, du Coran, à laquelle s’ajoutent la grammaire, la poésie, la musique, des rudiments de calcul et l’apprentissage de l’écritureU 3. Puis, Averroès étudie avec son père le hadîth, la Tradition relative aux actes, paroles et attitudes du Prophète Mahomet et le fiqh, droit au sens musulman, selon lequel le religieux et le juridique ne se dissocient pasU 4

Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Averro%C3%A8s

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    Note Wikipédia sur Ibn ʿArabi, ouléma, théologien, juriste, poète, soufi, métaphysicien et philosophe andalou du 12ème-13ème siècle
    Ne doit pas être confondu avec Abu Bakr Ibn al-Arabi.

Image dans Infobox.

Naissance7 août 1165
Murcie, Taïfa de Murcie
Décès 16 novembre 1240

District de Ṣāliḥiyya at Jabal Qāsiyūn, Damas, Ayyoubides

École/tradition Soufisme
Principaux intérêts Mysticisme, Métaphysique soufie, Poésie
Œuvres principales Les Illuminations de la Mecque ; Le Livre des chatons des sagesses ; Le Secret des Noms de Dieu
Influencé par Abou Madyane ; Mohammed ibn Qasim al-Tamimi
A influencé Ibn al-Farid ; Abu Said al-Baji ; Fairuzabadi ; Al-Suyuti ; Ahmed Mohammed al-Maqqari ; Yusuf an-Nabhani ; René Guénon ; Michel Vâlsan

Ibn ʿArabi ou Abū ʿAbd Allāh Muammad ibn ʿAlī ibn Muammad ibn ʿArabī al-ātimī a-āʾī (en arabe : أبو عبد الله محمد بن علي بن محمد بن عربي الحاتمي الطائي), mieux connu sous le nom d’Ibn ʿArabi, né le 26 juillet 1165, à Murcie, et mort le 16 novembre 12401, à Damas, également appelé « ach-Cheikh al-Akbar » (« le plus grand maître », en arabe)2, est un ouléma, théologien, juriste, poète, soufi, métaphysicien et philosophe andalou3,4,5, auteur de 846 ouvrages présumés. Son œuvre domine la spiritualité islamique depuis le XIIIe siècle, et il peut être considéré comme le pivot de la pensée métaphysique de l’islam6. Il est le plus grand penseur de la doctrine ésotérique du « Wahdat al-wujud » (Unicité de l’Être). Il eut quelques ennemis dans le domaine exotérique7. Dans l’ésotérisme islamique, il est considéré comme le « sceau de la Sainteté »8. Selon certains auteurs, Dante Alighieri, dans la Divine Comédie, aurait été influencé par son œuvre9.

Sommaire

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  • {{}}Ibn Khaldûn - Les philosophes arabes contre le dogmatisme religieux – Vidéo 12:18 - 28 août 2015 - Andrea Cirla
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    ’Les philosophes arabes contre le dogmatisme religieux : Ibn Khaldhoun’. Pourquoi lire les philosophes arabes : Ali Benmakhlouf, professeur de philosophie à l’université de Paris-Est, retrace ici le sens de l’engagement des philosophes arabes dans la recherche de la vérité. Lire les philosophes arabes médiévaux avec l’oeil de la philosophie contemporaine pour y trouver des affinités de méthode et de doctrine : tel est le parti pris de ce livre. Lire ces philosophes arabes, c’est aussi les inscrire dans la tradition et le patrimoine de l’humanité, car ils ont su ménager des accès multiples à la vérité où religion et philosophie sont pensées de manière conjointe. Leurs travaux dans de nombreux domaines, comme la médecine, la logique ou l’histoire continuent de nous interpeller comme ils ont contribué à la formation de la pensée européenne. Le médiéval rejoint alors le contemporain dans cette riche histoire qui est celle de l’humain et de l’intellect. France Culture - Un autre jour est possible, par Tewfik Hakem - 20.02.2015.

Musique utilisée dans cette vidéo - En savoir plus - Écoutez de la musique sans publicité avec YouTube Premium - Titre : Balade - Artiste : Kudsi Erguner & Süleyman Erguner - Album : Sufi Music of Turkey - Auteurs-compositeurs : Kudsi Erguner - Concédé sous licence à YouTube par The Orchard Music, Entertainment One U.S., LP (au nom de Cmp) ; Sony ATV Publishing et 2 sociétés de gestion des droits musicaux.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=vg7l8br5j0A

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    Ibn Khaldoun ou Ibn Khaldûn - Introduction concernant sa personnalité par Wikipédia
    Illustration - Statue d’Ibn Khaldoun, Tunis.

Naissance

27 mai 1332

Tunis, Sultanat hafside de Tunis (actuelle Tunisie)

Décès 17 mars 1406 (à 73 ans)

Le Caire, Sultanat mamelouk du Caire (actuelle Égypte)

Formation Université Zitouna, Université Al Quaraouiyine
Principaux intérêts Historiographie

Sociologie

Économie

Démographie

Science politique

Idées remarquables Théorie cyclique des empires, Asabiyya, Théorie de la croissance économique, Théorie de l’offre et de la demande, Philosophie de l’histoire
Influencé par Al-Tabari, Ibn Hazm, At-Turtushi, Ibn Abi Zar, Mohammad Ibn Zakariya al-Razi
A influencé Ibn al-Khatib, Ibn al-Azraq, Abu Yahya ibn al-Sakkak, Al-Maqrizi

Documentation du modèle

Ibn Khaldoun /ˈɪbən kælˈduːn/1 (nom complet, en arabe : أبو زيد عبد الرحمن بن محمد بن خلدون الحضرمي (Abou Zeïd Abdelrahman ibn Mohammed ibn Khaldoun al-Hadrami)), né le 27 mai 1332 à Tunis et mort le 17 mars 1406 au Caire, est un historien, économiste, géographe, démographe, précurseur de la sociologie et homme d’État d’origine arabe2.

Issu d’une grande famille andalouse d’origine yéménite et chassée de la péninsule ibérique par la Reconquista, Ibn Khaldoun naît à Tunis à l’époque dominée par une dynastie berbère, les Hafsides, et alors que le Maghreb connaît une paix relative . Après une existence active comme conseiller ou ministre des souverains berbères musulmans du Maghreb, Ibn Khaldoun se retire à 45 ans au Caire, alors sous la domination des Mamelouks, où il rédige son œuvre et enseigne. Ne tenant pas en place, il passe par Damas en 1401, peu avant que la ville ne soit assiégée par Tamerlan. Il obtient alors du redoutable conquérant qu’il épargne la vie des habitants.

Sa façon d’analyser les changements sociaux et politiques qu’il observe dans le Maghreb et la péninsule Ibérique de son époque conduit à le considérer comme un précurseur des sociologie et démographie modernes3,4,5,6,7,8,9. Dans son œuvre majeure, Le Livre des exemples, il raconte l’Histoire universelle à partir des écrits de ses prédécesseurs, de ses observations au cours de ses nombreux voyages et de sa propre expérience de l’administration et de la politique. L’introduction, intitulée la Muqaddima (les Prolégomènes en français), expose sa vision de la façon dont naissent et meurent les empires.

Il est aussi un historien de premier plan. Dans ces deux ouvrages résolument modernes dans leur méthode, il insiste dès le début sur l’importance des sources, de leur authenticité et de leur vérification à l’aune de critères purement rationnels. Les savants européens du xixe siècle reconnaissent l’importance des Prolégomènes, et considèrent Ibn Khaldoun comme l’un des plus grands philosophes du Moyen Âge10,11. Georges Marçais affirme que « l’œuvre d’Ibn Khaldoun est un des ouvrages les plus substantiels et les plus intéressants qu’ait produit l’esprit humain »12. Selon Gabriel Martinez-Gros, il « est le seul grand philosophe de l’histoire et du pouvoir qui ne soit pas européen »13.

Sommaire

Au XIIIe siècle, à la chute de la dynastie almohade qui avait marqué l’apogée de la civilisation médiévale maghrébine en unifiant cette région, une longue période d’anarchie et de misère débute14. Au XIVe siècle, les Mérinides contrôlent le Maghreb occidental (actuel Maroc), les Zianides dominent le Maghreb central (actuelle Algérie) alors que les Hafsides règnent sur l’Ifriqiya (actuelle Tunisie et est de l’Algérie). Ces trois dynasties, issues directement ou indirectement des Almohades15, combattent pour l’hégémonie au Maghreb, tout en étant sous la menace constante d’incursions de tribus arabes et de la dissidence des tribus berbères vivant à proximité et à l’intérieur de leurs frontières respectives.

La vie d’Ibn Khaldoun se déroule donc dans une époque qui fut fort troublée, marquée par divers bouleversements socio-politiques, par l’apparition de la peste noire et par d’incessantes luttes dynastiques au Maghreb. En effet, à la mort de chaque souverain s’ouvre une nouvelle crise de succession, les fils du roi s’affrontant pour accaparer le pouvoir15. Chaque dynastie s’individualise de plus en plus — malgré des liens tissés par une solidarité d’ordre culturel — tandis que les Mérinides s’efforcent de réunifier le Maghreb, à la manière des Almohades15. Tous ces troubles n’empêchent pas le maintien de grandes villes qui jouent toujours un rôle religieux, culturel et politique considérable dans chaque État16. Tlemcen, Constantine et Béjaïa accueillent une population de 40 000 à 50 000 habitants, Marrakech d’environ 60 000 et Fès et Tunis dépassent les 100 000 habitants, population considérable pour l’époque16.

Dans la péninsule Ibérique, les derniers royaumes musulmans tentent tant bien que mal de circonscrire l’irrésistible avancée de la Reconquista galicienne et castillane17, tandis que l’Orient fait face aux invasions turco-mongoles

Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibn_Khaldoun

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Collecte, traductions, agencement des informations, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 02/04/2023

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

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