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"Féminisme, laïcité « à la française » et valeurs républicaines reprises par des militantes musulmanes qui s’engagent en politique en France et en Belgique notamment pour la liberté de pensée et de conscience, l’égalité sexuelle et d’accès à l’éducation, leurs choix et droits vestimentaires" par Jacques Hallard

dimanche 14 juillet 2019, par Hallard Jacques


ISIAS Monde arabe et islam

Féminisme, laïcité « à la française » et valeurs républicaines reprises par des militantes musulmanes qui s’engagent en politique en France et en Belgique notamment pour la liberté de pensée et de conscience, l’égalité sexuelle et d’accès à l’éducation, leurs choix et droits vestimentaires

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS 13/07/2019

Série « Divers aspects du monde arabe et de l‘islam »

https://o2.llb.be/image/thumb/57dbab4735704b54e6c3d0f7.jpg

Illustration de la diversité par un collectif de citoyennes musulmanes et féministes - Copyright © La Libre.be 1996-2019 Ipm sa - IPM | Ce site est protégé par le droit d’auteur - Autorisation de reprise du document accordée le 03/07/2019 par Seyma Gelen, pour le collectif féministe Kahina – Mail : 

Partie 1 : ’Données géographiques et linguistiques sur les Pays arabes et découverte de la civilisation islamique et du monde musulman ’ par Jacques Hallard dimanche 5 mai 2019.

Partie 2 : ’De l’Âge d’Or de la civilisation islamique au monde musulman contemporain en Francophonie - Compléments sur la foi et la raison ’ par Jacques Hallard , dimanche 26 mai 2019.

Partie 3 : ’La présence de femmes musulmanes ‘savantes’, réputées et engagées est attestée depuis le IXème siècle et jusqu’à nos jours à travers le monde’ par Jacques Hallard, vendredi 31 mai 2019

Partie 4 : ’Des 5 piliers de l’islam à l‘exégèse coranique moderne selon Jacqueline Chabbi ; regards sur la place de la femme dans l’Islam, son statut dans les versets coraniques, et quelques réalités quotidiennes en Occident’ par Jacques Hallard, jeudi 13 juin 2019

Partie 5 : ’Une série documentaire sans complaisance sur les multiples lieux communs et les clichés projetés sur les femmes arabes qui vivent en France’ par Jacques Hallard , dimanche 23 juin 2019

Partie 6 : Féminisme, laïcité « à la française » et valeurs républicaines reprises par des militantes musulmanes qui s’engagent en politique en France et en Belgique notamment pour la liberté de pensée et de conscience, l’égalité sexuelle et d’accès à l’éducation, leurs choix et droits vestimentaires

PLAN : Définitions préalables Introduction Sommaire Auteur


Définitions préalables retenues

1. Egalité entre les sexes

2. Égalité d’accès à l’éducation

3. La liberté de conscience

4. La liberté de pensée

5. MOOC express sur la liberté de pensée, de conscience et de religion (Vidéo)

6. Défendre les droits vestimentaires des femmes, quels qu’ils soient, pour défendre les femmes 

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1.
Egalité entre les sexes

Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles – Objectif du développement durable des Nations Unies N°5

Référence : 17 objectifs pour sauver le monde - Les objectifs de développement durable nous donnent la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous. Ils répondent aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, notamment ceux liés à la pauvreté, aux inégalités, au climat, à la dégradation de l’environnement, à la prospérité, à la paix et à la justice. Les objectifs sont interconnectés et, pour ne laisser personne de côté, il est important d’atteindre chacun d’entre eux, et chacune de leurs cibles, d’ici à 2030. Cliquez sur un objectif spécifique ci-dessous pour en savoir plus à partir de la source.

Des progrès ont été accomplis dans le monde entier en matière d’égalité des sexes dans le cadre de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (notamment l’égalité d’accès à l’enseignement primaire pour les filles et les garçons), mais les femmes et les filles continuent de pâtir de discrimination et de violences dans toutes les régions du monde.

L’égalité des sexes n’est pas seulement un droit fondamental de la personne, mais aussi un fondement nécessaire pour l’instauration d’un monde pacifique, prospère et durable. Malheureusement, à l’heure actuelle, une femme et une fille sur cinq âgées de 15 à 49 ans ont déclaré avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles par un partenaire intime sur une période de 12 mois et 49 pays ne disposent actuellement d’aucune loi protégeant les femmes. Des progrès sont en cours concernant les pratiques préjudiciables telles que le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines (MGF), qui ont diminué de 30% au cours de la dernière décennie, mais il reste encore beaucoup à faire pour les éliminer.

Garantir l’égalité d’accès des femmes et des filles à l’éducation, aux soins de santé, à un travail décent et à la représentation dans les processus de prise de décisions politiques et économiques nourrira l’instauration d’économies durables et sera bénéfique aux sociétés et à l’ensemble de l’humanité. La mise en œuvre de nouveaux cadres juridiques concernant l’égalité des femmes sur le lieu de travail et l’éradication des pratiques néfastes ciblant les femmes est essentielle pour mettre un terme à la discrimination fondée sur le sexe qui prévaut dans de nombreux pays du monde.

Faits et chiffres

On estime qu’à l’heure actuelle, 750 millions de femmes et de filles dans le monde ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Au moins 200 millions de filles et de femmes actuellement en vie ont subi des mutilations génitales féminines dans les 30 pays disposant de données représentatives.

Une femme sur cinq, dont 19% des femmes âgées de 15 à 49 ans, ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou des violences sexuelles de la part d’une autre personne. Pourtant, 49 pays ne disposent toujours pas de lois protégeant les femmes contre la violence domestique

Environ les deux tiers des pays des régions en développement ont atteint l’égalité des sexes dans l’enseignement primaire

Alors que les femmes ont beaucoup progressé dans les fonctions politiques à travers le monde, leur représentation dans les parlements nationaux (23,7%) est encore loin de la parité.

Seulement 52 pour cent des femmes mariées ou vivant en concubinage prennent librement leurs propres décisions concernant les rapports sexuels, l’utilisation de moyens de contraception et les soins de santé.

À l’échelle mondiale, les femmes ne représentent que 13% des propriétaires de terres agricoles.

Plus de 100 pays ont pris des mesures pour suivre les allocations budgétaires en faveur de l’égalité des sexes.

En Afrique du Nord, les femmes représentent moins de 20% de l’emploi salarié dans le secteur non agricole. Dans le reste du monde, la proportion de femmes dans l’emploi salarié hors secteur agricole a augmenté de 35% en 1990 à 41% en 2015

Dans 46 pays, les femmes occupent aujourd’hui plus de 30 % des sièges dans au moins une chambre du Parlement national

En Asie du Sud, le risque de se marier chez l’enfant a diminué de plus de 40% depuis 2000.

Les taux de mutilations génitales féminines chez les filles âgées de 15 à 19 ans dans les 30 pays où la pratique est concentrée sont passés de 1 fille sur 2 en 2000 à 1 fille sur 3 en 2017.

Source : https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/gender-equality/

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2.
Égalité d’accès à l’éducation

Dans 20 ans, les enfants d’aujourd’hui seront des adultes, avec des histoires et des expériences qui se déroulent maintenant. Dans 20 ans, les élèves d’aujourd’hui seront des adultes actifs, riches des connaissances et les compétences acquises pendant leurs années d’école. Et dans 20 ans, les enfants non scolarisés d’aujourd’hui, pour la plupart des filles, se demanderont pourquoi nous n’avons pas prêté attention à leur sort.

Sur environ 101 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école, plus de la moitié sont des filles à qui l’on refuse leur droit humain de base, le droit à l’éducation. Les conséquences sont d’une grande portée, car sans cela, leur futur s’en trouve dramatiquement limité. Si les études ouvrent la porte à un avenir brillant et fructueux, une enfance sans éducation établit des barrières quasi insurmontables.

L’UNICEF est profondément engagée dans la création d’un monde où tous les enfants, indépendamment de leur sexe, du contexte socio-économique ou des circonstances, ont accès à une éducation gratuite, obligatoire et de qualité. Le mandat de l’UNICEF afin de pouvoir servir les populations les plus marginalisées concentre l’attention tout spécialement sur les filles, qui constituent le groupe le plus important des exclus clu système éducatif.

L’agenda de l’UNICEF correspond à beaucoup d’objectifs internationaux liés à l’éducation des filles, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement 2 et 3, qui prévoient d’assurer à tous les enfants l’accès et l’achèvement complet du cycle d’études primaire, et d’éliminer la disparité de genre dans l’éducation avant 2015. D’autres objectifs mondiaux répercutent ces engagements comme la plateforme de Dakar du Forum mondial sur l’éducation, qui souligne les droits de filles, des minorités ethniques et des enfants vivant dans des circonstances difficiles ; et l’accent mis par un Monde digne des enfants pour assurer l’accès égal des filles à une formation scolaire initiale de bonne qualité et complète.

Il est clair que la communauté internationale n’atteindra pas ces objectifs si elle maintient ce rythme d’activité. L’UNICEF travaille sans relâche pour mobiliser et fournir des ressources aux communautés dans le besoin. Dans les pays où les taux nets d’inscription des filles sont faibles, ses programmes d’aide aux gouvernements formulent des politiques, des procédures et des pratiques qui permettront de réduire significativement le nombre des filles qui ne vont pas à l’école.

Tandis que l’UNICEF adapte ses stratégies à chaque situation, ses interventions incluent généralement le travail social de proximité pour prendre en charge les filles exclues et en danger, et les faire aller à l’école ; l’appui aux politique générales et l’aide technique aux gouvernements et aux communautés pour améliorer l’accès aux enfants difficilement atteignables ou qui souffrent le plus de la discrimination ; ainsi que des programmes destinés à éliminer les barrières culturelles, sociales et économiques qui s’opposent à l’éducation des filles.

L’UNICEF fournit aussi une aide au développement et à la mise en oeuvre, favorise la qualité éducative et aide les pays à se préparer et à répondre aux crises, pour permettre aux enfants affectés de continuer à apprendre en sécurité, dans des environnements stables et sensibilisés à la question de l’égalité des sexes.

Au Sud Soudan, un pays ravagé par des décennies de guerre civile, l’UNICEF a aider au lancement de l’initiative ‘Go to School’ (Aller à l’école), une campagne majeure pour reconstruire le système éducatif et ramener plus de 1.6 million d’enfant sur le chemin de l’école. Alors que des progrès significatifs ont été obtenus, des défis énormes restent encore à relever.

Bien sûr, au Soudan et à travers le monde, l’UNICEF ne se préoccupe pas moins que d’obtenir l’accès à une éducation de qualité totale et gratuite pour tous les enfants du monde. Tout comme la communauté internationale qui a si souvent reconnu que l’accès à l’éducation de qualité n’était pas pas un privilège, mais un droit humain de base.

L’UNICEF ne s’arrêtera pas tant que ce droit ne sera pas entièrement réalisé.

Source : https://www.unicef.org/french/education/index_access.html

Image illustrative de l’article Fonds des Nations unies pour l’enfance

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3.
La liberté de conscience d’après le conseil constitutionnel en France

Voir un document sur le Conseil Constitutionnel.

Initialement conçue comme un principe fondamental reconnu par les lois de la République (décision n° 77-87 DC du 23 novembre 1977 ), la liberté de conscience est désormais rattachée à l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (voir, en particulier, les décisions nos2013-353 QPC du 18 octobre 2013 et 2017-695 QPC du 29 mars 2018 ). Du reste, cette substitution du fondement constitutionnel de la liberté de conscience est sans conséquence sur la valeur constitutionnelle et la portée de cette liberté.

Dans la jurisprudence constitutionnelle, la liberté de conscience revêt une double dimension :

  • une dimension religieuse lorsqu’elle est associée au principe de laïcité, qui impose notamment que la République garantisse le libre exercice des cultes (décision n° 2012-297 QPC du 21 février 2013 ). Par exemple, dans sa décision n° 2017-695 QPC du 29 mars 2018 , le Conseil a eu l’occasion de contrôler la constitutionnalité de la disposition de la loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (SILT) qui permet au préfet, aux fins de prévenir la commission d’actes de terrorisme, de fermer provisoirement des lieux de culte sous certaines conditions. En l’espèce, le Conseil a considéré que le législateur a assuré une conciliation qui n’est pas manifestement déséquilibrée entre, d’une part, l’objectif de valeur constitutionnelle de prévention des atteintes à l’ordre public et, d’autre part, la liberté de conscience et le libre exercice des cultes.
  • une dimension « laïque ». Par exemple, le Conseil constitutionnel a jugé qu’en prévoyant que le chef de service d’un établissement public de santé conserve le droit de ne pas pratiquer lui-même une interruption volontaire de grossesse (IGV), le législateur a sauvegardé « sa liberté, laquelle relève de sa conscience personnelle » (décision n° 2001-446 DC du 27 juin 2001 ). En revanche, en ne permettant pas aux officiers de l’état civil de se soustraire à l’accomplissement des attributions qui leur sont confiées par la loi pour la célébration de mariages de couples de personnes de même sexe, le législateur n’a pas porté atteinte à la liberté de conscience (décision n° 2013-353 QPC précitée ). En effet, « l ’acte accompli est un acte juridique qui n’implique pas la conscience de son auteur dans des conditions comparables à l’acte de diagnostic ou thérapeutique du médecin » (commentaire en ligne ).
    Source : https://www.conseil-constitutionnel.fr/la-constitution/la-liberte-de-conscience

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4.
La liberté de pensée

La liberté de pensée est le droit que possède tout individu de déterminer lui-même le contenu de ses représentations intellectuelles, morales, politiques et religieuses. On pense et on pense soi-même à ses idées. Cette liberté est souvent co-définie avec la détermination d’une limite entre sphère publique et sphère privée. Cette liberté a deux aspects. D’une part la liberté absolue d’avoir des convictions et des croyances (aspect interne), d’autre part la liberté relative de manifester ses convictions et croyances (aspect externe) 1. La notion de liberté de pensée est issue en Europe de la doctrine du libre examen posée par Luther, reprise par les philosophes des Lumières pour diffuser l’athéisme, le matérialisme et le libéralisme… » - Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Libert%C3%A9_de_pens%C3%A9e

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5.
MOOC express sur la liberté de pensée, de conscience et de religion Vidéo 6:39 ajoutée le 21 juillet 2015 - Lextenso

Henri OBERDORFF - professeur émérite et auteur des ouvrages ’Libertés fondamentales et droits de l’Homme (textes français et internationaux)’ et ’Droits de l’Homme et libertés fondamentales’ publiés chez LGDJ -, revient en 6 minutes sur une liberté au coeur de l’actualité : la liberté de pensée, de conscience et de religion. Plan de la vidéo : Définition / La différence entre liberté de conscience et liberté religieuse / La loi burqa de 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public est-elle une application du principe de #laïcité ? En savoir plus sur Lextenso étudiant http://etudiant.lextenso.fr - Vous avez aimé cette vidéo ? Alors restons connectés ! Retrouvez-nous sur : • #LextensoÉtudiant : http://etudiant.lextenso.fr • Facebook : https://lext.so/pAl2Oq • Twitter : https://lext.so/uwB9JM • LinkedIn : https://lext.so/mL8UAX - Catégorie : Éducation – Source : https://www.youtube.com/watch?v=vHDBfMkGRuo

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6.
Défendre les droits vestimentaires des femmes, quels qu’ils soient, pour défendre les femmes - Publié par valerie le 24 août 2016 à 10H00 - Ethnologie et féminisme, Féminités, Rapports au corps, Racismes, Colonialismes, Religions et féminisme

Dans son livre ’Le harem et l’occident’, la sociologue Fatima Mernissi (1940 Fès – 2015 Rabat ; universitaire, sociologue et féministe marocaine), soulignait, que, si pour elle, les femmes orientales subissent un enfermement spatial (image du harem), les femmes occidentales subissent l’enfermement dans une image, ’le harem de la taille 38’. Mernissi montrait ainsi les pressions insidieuses mais fortes, certes non inscrites dans la loi mais bien présentes, qui conduisent les femmes vivant en Occident, à adopter, à grands coups d’injonctions et de souffrances, un corps conforme aux canons de beauté.

Il n’existe pas de loi visant directement le vêtement féminin non religieux en France. Il existe des lois sur le voile - loi de 2004 - des lois sur la burqa qui sont des vêtements portés exclusivement par les femmes. La loi sur le racolage passif (Loi sur la Sécurité Intérieure de 2001) a parfois été considérée comme une manière de réglementer le vêtement féminin puisque le port de tel ou tel vêtement a parfois suffi à la police pour verbaliser des femmes ; des arrêtés municipaux ont également été décidés comme celui de 2014 de la ville de la Madeleine qui fait explicitement référence, lui, aux ’tenues indécentes’ interdites dans certains quartiers de la ville (l’indécence n’étant pas définie). Il existe depuis août 2016 des arrêtés municipaux pour interdire le port du burkini (et apparemment de tout vêtement considéré comme ’religieux’) sur certaines plages françaises.

Mais, de manière générale, il existe en revanche des règles non dites sur le vêtement féminin. Cécile Duflot, entre son jean et sa robe colorée, en a fait les frais et a subi insultes, quolibets et harcèlement sexiste et sexuel au sein même de l’assemblée nationale. Beaucoup de femmes ministres ou députées disent d’ailleurs qu’elles ont tendance à modifier leur tenue sitôt en poste par crainte des remarques. La plupart des femmes sont de manière générale conditionnées dés leur enfance à ’faire attention’ à leur tenue vestimentaire par crainte des violences sexuelles ; on fera attention à ne pas ’provoquer’, ’chercher les problèmes’, ’faire salope’, ’laisser entendre que’. C’est en cela que le vêtement féminin a un statut tout à fait particulier ; les femmes sont plus que fortement incitées à être féminines (on moque celles qui ne le sont pas, ou pas ’de la bonne façon’ comme Merkel) mais lorsqu’elles rentreront dans un milieu très masculin, cette féminité qui passe entre autres par le vêtement, deviendra leur ennemi puisqu’il sera symbole de frivolité, de bêtise, de jeunesse, d’inexpérience.

Le vêtement féminin ne peut donc être analysé comme un simple vêtement. Il est lourd de symboles et extrêmement signifiant. Ainsi si 27% des français déresponsabilisent un violeur qui aurait violé une femme en mini jupe et/ou décolleté, on voit encore une fois à quel point le vêtement féminin est considéré par beaucoup comme porteur d’un sens extrêmement lourd. Imaginerait-on quelqu’un dire ’il portait un pull à col roulé ce qui m’a donné envie de commettre une escroquerie à l’assurance’ ? On considère donc qu’un simple vêtement peut susciter le viol ; on donne donc au vêtement féminin un sens qu’a beaucoup moins le vêtement masculin. C’est au fond assez logique ; les actes des femmes (et le fait de mettre tel ou tel vêtement en est un) sont toujours étudiés au prisme de la respectabilité qu’elles sont censées incarner.

Dans son livre Mythologies du vivre-femme, Corinne Mencé-Caster souligne qu’il n’y a pas une seule construction de la féminité et de la masculinité. Logiquement donc il n’existe pas non plus une seule façon d’être féministe et de défendre ses droits quand on est une femme. Le féminisme occidental a grandi avec l’idée que les femmes avaient le droit de montrer leur corps sans risquer pour cela des agressions sexuelles, des réflexions, des interdictions diverses et variées.

Cet exemple a longtemps été présenté comme un modèle seul et unique de féminisme. Il convient de préciser que le féminisme occidental des années 70 ne peut se réduire, comme certains tendent de le dire, au fait d’avoir voulu porter un bikini. La défense d’avoir le droit de porter ce qu’on veut (du pantalon au travail au bikini à la plage) était en fait la défense de porter ce qu’on veut sans brimades, punitions, licenciements et violences. On ne saurait donc dire et lire comme on l’entend dernièrement que le bikini est un combat féministe. C’est le fait de ne pas être agressée et violentée qui l’est et ce quelle que soit sa tenue.

On ne vivra pas sa féminité - et on ne défendra pas ses droits - dans une société marquée par exemple par la religion comme dans une société qui l’est moins. Corinne Mencé-Caster parle ainsi du concept de ’féminité pieuse’ développé par Claire Donnet dans un article où elle a travaillé sur un site, très célèbre il y a quelques années, ‘Hijab and the city’.

[Voir aussi : L’ex-présidente de l’Université des Antilles Corinne Mencé-Caster règle ses comptes dans un livre - Par Philippe Triay - Publié le 16/01/2018 à 16:12, mis à jour le 16/01/2018 à 22:07 – Photo – « Actuellement professeur à La Sorbonne, la Martiniquaise Corinne Mencé-Caster, ancienne présidente de l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG), revient dans un roman à clé sur quatre années mouvementées à la direction de cette institution… »]

Claire Donnet [Chercheuse post-doctorale en sociologie. Coordinatrice adjointe de l’ANR RIGORAL (Religiosités intensives, rigorismes et radicalité) -Photo ], écrit ainsi ’D’une part ces bloggeuses, au croisement de multiples rapports de domination, se réapproprient les représentations essentialisées de la femme et s’en servent stratégiquement pour changer leur condition au sein de leur groupe confessionnel. Elles s’insèrent dans l’ordre normatif préexistant pour le changer (...) D’autre part, en intégrant la hijab comme un accessoire de mode (bien qu’il conserve pour elles toute sa valeur religieuse), elles rendent visible dans l’espace public leur appartenance musulmane tout en s’insérant dans un code vestimentaire moderne. Elles perturbent ainsi des identités préétablies perçues comme essentielles et mutuellement exclusives.’

Mencé-Caster montre par cet exemple, ainsi que par celui des sociétés antillaises, qu’il n’y a pas une seule façon dont la féminité se construit et que les féministes occidentales gagneraient énormément à le comprendre plutôt qu’à supposer que leur exemple est un modèle. Le féminisme occidental doit faire extraordinairement attention à ne pas considérer que l’exemple de libération qu’il propose est le seul et unique. Il conviendra à certaines, pas à d’autres ; et les femmes au carrefour de plusieurs discriminations (le fameux ’race, genre, classe’) continuent à ne pas être écoutées, pire à être insultées et humiliées par ce féminisme là.

On l’aura compris, la liberté des femmes de porter tel vêtement est fondamentale ; non pas parce que ’chacun fait ce qu’il veut’ ; cette antienne néo libérale ne veut strictement rien dire et tend à faire passer son confort personnel au mépris de l’intérêt du groupe mais parce que le vêtement féminin a toujours et est encore un moyen de contrôle des femmes.

Inciter ou interdire le port de tel ou tel vêtement est une manière de contrôler la liberté de circulation des femmes. Si je souligne à une femme ’qu’habillée ainsi elle risque le viol’ alors je lui fais peur et risque de limiter sa liberté de mouvement. Et c’est ce qui est fait tous les jours en France sans que quiconque s’en émeuve ; pire on trouvera que c’est un conseil de ’bon sens’. Si je souligne à une femme qui porte le foulard ou le burkini qu’elle ne doit pas le porter dans certains lieux, alors je limite également sa liberté de mouvements puisque fort logiquement, si elle en a le choix , elle n’ira pas là où on ne veut pas d’elle. On me répondra que ’ce n’est qu’un foulard’ et ’qu’elle peut bien l’enlever’. Si ce n’est qu’un foulard ou un burkini, que de temps perdu à en parler en ce cas et certain-es sont incohérent-es. Le ’elle n’a qu’à l’enlever’ procède de la même violence que le propos visant à dire à une femme de ne pas mettre une minijupe. C’est la même construction mentale qui consiste à protéger la femme malgré elle, à la rendre responsable de ce qu’elle pourrait subir, et à faire d’elle une imbécile incapable de comprendre qu’elle participe à sa propre aliénation.

Nul ne dit que tel vêtement est féministe, du moins pas plus qu’une courgette, un presse-étoupe, ou une jante. Une personne est féministe, pas un objet. Il ne s’agit donc pas de voir le foulard ou le burkini comme féministes ou anti féministes.

Personnellement, je ne défends pas le droit des femmes à porter le voile ou à ne pas le porter car je ne souhaite pas faire du foulard un vêtement particulier face aux autres. J’estime que ce n’est pas mon rôle de donner un sens aux vêtements que porte une femme. C’est justement une habitude typiquement sexiste et patriarcale que de donner du sens à tout vêtement féminin : ’et tel vêtement qui fait pute, et tel vêtement qui fait djihadiste, et tel vêtement qui est trop sexy et tel vêtement qui participe à la soumission des femmes etc…’.

Ce sont nos regards sur tel vêtement qui ont du sens, pas le vêtement. On ne jugera pas un homme (du moins s’il porte des vêtements dits occidentaux) au regard de ce qu’il porte. Les hommes sont en général jugés sur leurs actes et leurs paroles. Une femme quant à elle, verra ses vêtements être symbole de ce qu’elle est, dit et pense (ou plutôt ne pense pas). L’exemple de Pamela Anderson est à ce type exemplaire ; la majorité des commentaires lors de son passage en France n’ont pas porté sur son combat (qu’on peut juger légitime ou pas) mais sur la taille de son décolleté. Latifa Ibn Ziaten est également très attaquée (et qu’on ne s’y trompe pas les attaques procèdent du même système sexiste et patriarcal) ; là encore sa tenue serait censée disqualifier ses paroles. Une femme n’est pas ce qu’elle dit mais ce qu’elle porte.

Je défends le droit des femmes à porter n’importe quel vêtement parce que l’on sait bien que si l’on commence à interdire tel ou tel vêtement alors les conséquences sur l’ensemble du groupe ’femme’ seront immédiates.

 Les femmes seront davantage limitées dans leur mouvement : si l’on fait peser tout un tas de menaces directes ou implicites sur les femmes en fonction de leur vêtement alors elles limiteront leurs mouvements. C’est très exactement ce qu’ont provoqué chez moi des textes écrits par Luc Le vaillant et Siné. Ces deux hommes, sous couvert de défendre la liberté des femmes, fustigeaient les femmes portant un foulard en soulignant qu’elles n’étaient pas bandantes (je cite Siné) et qu’on ne pouvait pas les mater à loisir (je cite Le vaillant). Faire de ma liberté d’habillement une condition d’érection, voilà qui est finement amené mais qui me donne simplement envie de me terrer chez moi pour éviter de croiser ce genre d’individu. Je me demanderais toujours si ces deux hommes ont réellement supposé que les femmes portant un foulard allaient l’enlever dans la seconde, folles d’impatience à l’idée de subir de tels hommages. C’est au fond ce que j’entends beaucoup de la part de certains hommes contre le burkini ou le foulard ; certaines femmes ne respecteraient plus ce droit ancestral français de mater à loisir vendu aux femmes comme un hommage.

 En interdisant tel ou tel vêtement, on justifiera les discriminations subies par les femmes ; si on se permet de juger tel ou tel vêtement alors on justifie les discriminations subies par celles qui les portent. Il serait normal d’insulter une femme portant le foulard car ’elle n’a qu’à l’enlever’. Il serait normal d’insulter une femme en burkini car ’elle n’a qu’à l’enlever’. Et... il serait normal d’insulter une femme en robe fleurie à l’assemblée nationale car... que doit-elle faire ?

Certain-e-s évoquent le fait que le voile, la burqa, ou le burkini pourraient avoir un ’effet de contagion’ et évoquent qu’on pourrait bientôt voir des lieux en France où on ne pourrait plus s’habiller comme on veut. C’est encore une fois dangereux d’imputer à certaines femmes la responsabilité des agressions que subissent d’autres femmes. Si un homme insulte une femme en bikini parce qu’il considère que le burkini est un indispensable de toute garde-robe respectable, alors la loi peut permettre de le punir pour cela. En aucun cas, il n’y a à contrôler les vêtements des femmes pour en protéger d’autres. Une femme ne dit pas plus avec son burkini que je ne dis avec mon bikini. Dire que c’est une manière pour elle d’expliquer aux autres femmes qu’elles sont indécentes vous appartient ; vous préférez juger des pensées des femmes au regard de leurs vêtements plutôt que de leurs paroles. Ne prétendons pas juger des pensées des unes au regard de ce qu’elles mettent ou ne mettent pas.

Nous pouvons et devons questionner et travailler sur la féminité ; comment s’incarne-telle ? Nous devons nous interroger sur le vêtement féminin et le sens qu’il peut prendre ainsi que sur les questions de la pudeur ou de l’impudeur, qui concernent essentiellement le corps féminin. Voilà pourquoi il est d’ailleurs inepte de comparer le burkini, vêtement féminin, avec un combinaison de plongée, vêtement mixte.

Cette obsession pour les vêtements féminins dits musulmans - sans jamais interroger le vêtement dit occidental (qu’on me pardonne ces formules maladroites) - tend à faire des femmes qui les portent des mineures sous tutelle, incapables de comprendre ce qui est bon pour elles. C’est très exactement une attitude sexiste (et ici raciste) ; c’est donc aller à l’inverse de ce que nous défendons.

Rappelons enfin qu’il n’existe pas un machisme qui serait propre, naturel, presque congénital pour employer une expression à la mode (plus que problématique) au monde arabo-musulman et aux personnes qui en sont issues. Comme je le démontrais, notre pays est rempli de règles tacites sur l’habillement féminin. Nous entendons chaque jour depuis notre naissance des lieux communs sur nos vêtements qui feraient ’trop salope’ ou qui nous ’feraient chercher les ennuis’. C’est, triste ironie, le président de la commission qui a dirigé les travaux sur la burqa qui disait qu’il n’était pas étonnant vu les tenues de certaines jeunes filles que les garçons ’s’imaginent des choses’.

La misogynie est évidemment à combattre quelles que soient les personnes s’en rendant coupables ; mais en punissant les hommes responsables de comportements misogynes et certainement pas en limitant la liberté de mouvements des femmes ou en leur demandant de s’habiller ou se déshabiller au gré des lois sexistes en vigueur. Forcer une femme à se déshabiller sur une plage française est une très grande violence, menée avec l’assentiment de l’état ; elle est à l’antithèse de tout combat féministe.

© 2013 Crêpe Georgette – Source : http://www.crepegeorgette.com/2016/08/24/defendre-femmes/

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Introduction

Après quelques définitions qui ont été préalablement retenues et présentées ci-dessus, ce dossier poursuit les explorations dans le cadre de la série « Divers aspects du monde arabe et de l‘islam », à visée didactique, dont il forme la Partie 6. La situation présente des femmes musulmanes est abordée par la reprise d’un certain nombre de contributions dans lesquelles sont exprimées des questions considérées comme essentielles par beaucoup : le féminisme, la « laïcité à la française  » et les valeurs républicaines qui sont en vigueur en France. Ces termes et concepts typiques de notre culture occidentale et française sont pris en compte face aux formes sociales de communautarismes qui prévalent par exemple au Canada pour l’islam, des formes sociales qui semblent devenir maintenant émergentes et plus organisées dans certains pays européens. Voir à ce sujet : Communautarisme, une catégorie mutante, par Fabrice Dhume , le 25 septembre 2018 - Ainsi que Le paradoxe du communautarisme (25 janvier 2015) par Yannick Blanc dans le cadre de ‘Confrontations Europe’, un ‘think tank’ européen, un réseau, un lobby d’intérêt général pour : « Partager des diagnostics et élaborer des propositions concrètes pour mieux construire une Europe humaniste, compétitive et solidaire. Confronter les idées, construire l’Europe ».

La façon de s’habiller chez les femmes a remis le port du voile au centre du débat politique en France (voir https://www.lemonde.fr/port-du-voile/ ) - Voir spécialement Port du voile dans les lieux publics – Pour certaines femmes qui s’expriment, les traits typiques des sociétés musulmanes traditionnelles semblent (ré)apparaître, notamment certaines violences d’ordre physique, psychologique et social qui sont déplorées, comme le rapportent certains auteurs, qui témoignent avec une approche à la fois sociologique et anthropologique. Voir par exemple Burqa, voile, Hijab : de quoi parle-t-on et que dit la loi ? Par Stanislas Deve - Mis à jour le 28/02/2019 à 08:30 Publié le 28/02/2019 à 06:15.

Dans ses travaux qui remontent au milieu du 20ème siècle, l’anthropologue et ethnologue Germaine Tillion , - par ailleurs résistante française au nazisme -, avait déjà étudié et expliqué des pratiques culturelles courantes comme l’endogamie qui sévissait alors en certains coins du Maghreb, où étaient également la règle : les mariages entre des cousins et autres apparentés proches, la spoliation des filles lors des successions, ainsi qu’une sorte de culte de l’honneur qui était lié à l’état de virginité des jeunes femmes.

Ces traits sont actualisés aujourd’hui et certaines auteures sont enclines à faire état d’un système patriarcal qui serait de nouveau commun et semblerait se perpétuer, faisant par exemple un rapprochement entre les relations sociales dans des territoires urbains en Europe, d’une part, et certaines campagnes et agglomérations du Maghreb, d’autre part. Voir en particulier Le système patriarcal à la base des inégalités entre les sexes – Sisyphe -15 septembre 2017 par Manon Tremblay, professeure (Recension de « Theorizing Patriarchy », par Sylvia Walby).

Un plaidoyer pour un universalisme républicain, encore défendu par de nombreux français de toutes tendances politiques, « paraît doublé d’un réquisitoire contre la tyrannie des identités culturelles et religieuses qui sont réaffirmées en de nombreux lieux ». Voir Identités, religions et politique : « La culture et la religion comme réponses à un défi vital… », d’une part, et Vivre les identités culturelles, religieuses, politiques par admin · Publié 25 janvier 2016 · Mis à jour 13 mars 2016 – lors d’un colloque organisé par Confrontations – Association d’intellectuels chrétiens{}en partenariat avec la Société de Saint Vincent de Paul, Coexister, Réforme et La Croix, d’autre part.

A propos de la laïcité « à la française », on peut écouter une vidéo (durée 1:59) sur ce site https://education.francetv.fr/matiere/education-civique/premiere/video/la-laicite

Dans le même ordre d’idée, on peut également écouter une vidéo (durée 2:27) sur ce thème : Quelle est la différence entre l’État et la nation ?

Il est fait référence, de temps à autre, à des courants de pensée qui se réfèrent à la forme historique dite des indigénistes – Lire à ce propos les articles suivants :

« La France insoumise est sous influence indigéniste » - Le Figaro www.lefigaro.fr › Vox › Vox Politique 30 novembre 2018 – « Yves Mamou dénonce les stratégies d’entrisme des militants indigénistes au sein de plusieurs institutions partisanes ... »

Comment les indigénistes colonisent les associations - L’Expresshttps://www.lexpress.fr › Société3 avril 2019 – « Act Up, le planning familial, l’Unef... certaines associations et syndicats sont pris d’assaut par les mouvements indigénistes et décolonialistes ... »

’Indigénistes et identitaires : racistes contre racistes’https://www.atlantico.fr/.../-indigenistes-et-identitaires—racistes-contre-racistes-11 novembre 2017 – « C’est ce que les identitaires d’extrême droite …. appellent « l’ethnopolitique… »

Ces indigénistes qui s’invitent dans les écoles de certains quartiers ...https://www.atlantico.fr/.../ces-indigenistes-qui-s-invitent-dans-les-ecoles-de-certains-q... -29 septembre 2018 - Les thèses indigénistes, portées notamment par le syndicat ’Le Front des mères’, qui cherche à peser dans le système éducatif …

Des jugements formulés dénoncent donc le caractère prétendument oppressif de la laïcité française, qui est considérée comme inappropriée et en contradiction avec les sources coraniques et les hadiths. Ceci étant, la laïcité se propose de son côté de régir les rapports entre l’Etat démocratique et les cultes d’une façon générale… Alors, revenons à nos moutons : « pour la société française actuelle, le voile islamique ne renvoie-t-il pas plutôt à une – simple - question d’identité culturelle et cultuelle ? ».

Un mouvement citoyen, laïc et républicain, ‘Viv(r)e la République’, apporte sa pierre dans ses textes de référence qui expliquent « Ce que nous pensons »,
et « Ce que nous voulons » -
Voir également pour plus de détails : Vivre la République – Un mouvement citoyen laïque et républicain(« Contre tous les obscurantismes, soyons la résistance »)

Ensuite, une place dans ce dossier est laissée à la journaliste allemande francophone Alice Schwarzer – l’une des plus célèbres féministes allemandes –, elle s’exprime sur la situation sociale et politique en Algérie qui pourrait constituer une opportunité à saisir pour les femmes musulmanes dans ce pays. Lire à ce sujet : Manifestations de 2019 en Algérie et en actualité : Algérie : le président par intérim propose un dialogue excluant ’l’Etat’ (Alger, 03 juillet 2019 -AFP)

Puis le port du voile et le regard porté aux femmes en Islam est encore abordé dans ce dossier par trois auteurs, dont les travaux universitaires du libanais Mounir Chamoun (1934-2016) ; psychothérapeute et psychanalyste), prenant appui sur le coran pour aborder la question du voile islamique « qui a pour fonction de soustraire le corps de la femme au regard des hommes, comme il veut soustraire les hommes à l’ordre masculin au sein de l’enclos familial, souvent incestuel. La cacher, c’est autant s’en méfier que se l’approprier… » - Il est aussi proposé une synthèse des règles énoncées par les juristes musulmans en rapport avec les limites que doivent respecter les hommes au niveau du regard envers les femmes qui ne sont pas une proche parente, ou envers des « étrangères » (non mahram) ou encore vis-à-vis des personnes qui ne sont pas « adjâïz » (c’est à dire qui n’ont pas atteint un âge bien avancé)…

Trois documents sélectionnés dans ce dossier se rapportent à la personnalité de Nasrin Sotoudeh, une avocate et militante des droits humains, considérée comme « une icône des droits des femmes », emprisonnée à Téhéran pour avoir défendu le droit des femmes à ne pas porter le voile. Voir à ce propos : Iran : mobilisons-nous pour Nasrin Sotoudeh. Signez la pétition ! (19.04.2019).

Alors que le port de bijoux et d’autres signes typiquement religieux peuvent faire problème pour certains de nos contemporains dans la vie sociale, des activités sportives comme le football féminin – très en vogue actuellement - prospère aussi chez les femmes musulmanes et représente pour elles une forme nouvelle d’émancipation féminine qui est très prisée chez nombre de jeunes femmes. Lire par exemple un entretien : ’Les conditions d’émancipation féminine sont encore loin d’être acquises’ 01/09/2018 -https://abo.alternatives-economique...Les dossiers n°15 - 09/2018 - 9,50€ - Acheter ce numéro d’Alternatives Economiques« Le temps des femmes ».

Le jeu de la virginité des femmes musulmanes est souvent encore en vigueur : lire par exemple : Dans le monde arabo-musulman, le contrôle du corps des femmes reste omniprésent par Pauline Verduzier le 25 novembre 2014 – « Les Tunisiens s’apprêtent à élire leur futur président, quatre ans après le début du printemps arabe (2011). À cette occasion, l’anthropologue Corinne Fortier revient sur l’évolution des droits des femmes dans le monde arabe. Selon cette chargée de recherche au CNRS, des avancées ont eu lieu, mais le contrôle de la sexualité et de la mobilité des femmes reste un frein à l’émancipation. 

Ou encore se référer à l’article : Poche de sang, hyménoplastie : Les Marocaines entretiennent le mythe de la virginité par Natacha Couvillers le 25 septembre 2017 – « Les femmes musulmanes au Maroc se tournent vers certaines ruses pour faire croire qu’elles sont encore vierges : capsule de sang, reconstruction de l’hymen, foie de volaille… Tous les moyens sont bons pour échapper à la chouha (’humiliation’) et entretenir le mythe de la virginité avant le mariage. Et ce, malgré une émancipation réelle des femmes. Au Maroc, dans la tradition musulmane, la femme doit rester vierge jusqu’au mariage, cela fait très souvent partie d’une exigence du mari.. »

Les mutilations sexuelles des fillettes – sujet non abordé dans ce dossier - qui sont couramment pratiquées dans certains pays et chez des familles de communautés émigrées font - ici ou là - problème et constituent un sujet récurrent pour des d’interventions militantes, et des campagnes d’information, notamment dans le cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de l’UNICEF. NB. Les mutilations sexuelles ont été abordées ici ’Une série documentaire sans complaisance sur les multiples lieux communs et les clichés projetés sur les femmes arabes qui vivent en France’ par Jacques Hallard (rubriques 11 à 14).

Alors que des femmes prennent de plus en plus la parole et s’évertuent à déconstruire tous les préjugés autour des femmes musulmanes, en particulier pour tenter de changer l’image que l’on a d’elles dans les médias, certaines militantes n’hésitent pas à remettre en question le cadrepatriarcal traditionnel, à soulever la question de l’habillement qui peut aussi être symptomatique de l’exclusion sociale et à proposer des stratégies d’engagement politique. Selon Wikipédia, « L’engagement politique est une attitude qui consiste à intervenir dans la vie de la société. Il s’agit d’un mode de vie, d’une manière de voir l’existence qui transcende toutes les disciplines. Il se traduit par une participation 1 à la vie politique ou intellectuelle de la société 2. Un engagement est souvent vu comme une absence de liberté. On dit souvent que quelqu’un qui s’engage est quelqu’un qui a des obligations. De nos jours un engagement politique en particulier est vu de différentes manières. En effet un citoyen peut s’engager politiquement en allant voter ou en prenant part pour un parti politique. Tous les votes sont comptés comme une participation à la politique du pays même un vote blanc est considéré comme une participation à la vie politique…. ».

L’engagement politique de certaines femmes peut revêtir une variété de combinaisons d’actions telles que la confrontation déterminée et directe, des formes négociées de coopération, le recours à un compromis momentané, ou encore le contournement d’obstacles plutôt qu’une confrontation directe, « ainsi qu’une approche de renversement qui passe par la réappropriation des arguments et des outils de l’adversaire contre lui-même, y compris en faisant appel aux textes coraniques… » - Enfin l’action concrète peut passer par un engagement préparé et assumé dans le cadre des fonctions sociales et éducatives qui sont très importantes auprès de populations désavantagées de par leurs origines et/ ou leur statut social. Voir tous ces cas de figure par exemple dans les documents 23, 24 et 25.

Par ailleurs, des femmes musulmanes s’expriment aussi pour témoigner de l’islamophobie qui peut régner dans des écoles françaises, et d’autres s’organisent et militent en Belgique dans le cadre d’un mouvement collectif, pour des expressions et des actions citoyennes, féministes, antiracistes et « décoloniales » … (voir documents 29 à 31. dans le sommaire ci-après).


A partir de sondages effectués par l’IFOP en France, est également abordé dans ce dossier le sujet de « l’homosexualité qui reste une « maladie » ou une « perversion » pour 63% des musulmans …, alors que ce point du vue n’est exprimé que par 14% des catholiques et 10% des athées…

Pour avancer dans nos réflexions, Aurélien Marq , polytechnicien et haut fonctionnaire chargé de questions de sécurité intérieure, propose « d’arrêter d’opposer laïcité et religions » et suggère plutôt de mettre en forme et partager une forme de « laïcité de droit divin » … - Lire aussi :Une (divine) leçon de laïcité grecque - Pour une laïcité de droit divin ! (2/3) par Aurélien Marq - 25 août 2018.

Cet épais dossier – qui n’a pourtant pas la prétention d’être exhaustif – se termine par le choix d’une vidéo réalisée lors d’une rencontre de la ‘Nuit des idées’ « qui réunit des personnalités françaises et étrangères de premier plan : intellectuels, chercheurs, artistes, responsables internationaux s’interrogent sur le passage du monde d’aujourd’hui au monde de demain » : sous le titre « Entre art, science et spiritualité, quelles formes prendra dans l’avenir l’exigence de sens ? Quelle spiritualité ? , ce document audiovisuel présente les interventions et échanges d’éminentes personnalités : Souleymane Bachir Diagne, « philosophe sénégalais et professeur de français à l’université Columbia aux Etats-Unis, par ailleurs spécialiste de l’histoire des sciences et de la philosophie islamique », et Olivier Roy, « politologue français et spécialiste de l’islam », le tout étant animé par Leili Anvar « iranologue, journaliste et traductrice française, en outre maître de conférences en langue et littérature persane. …

Petit rappel : avant de se référer au sommaire ci-après : l’orthographe islam (avec un i minuscule) désigne en principe la religion monothéiste fondée par Mahomet en 622 ; Islam (avec I majuscule) désigne le monde musulman. D’un point de vue éthymologique, ISLAM vient l’arabe إسلام, ʾislām (« soumission (à Dieu) »). Il s’agit d’un nom d’action (en arabe اسمhttps://fr.wiktionary.org/w/index.p...فعل, ism fi’l), dérivé d’un radical sémitique, s.l.m qui désigne l’acte de se soumettre d’une manière volontaire, de faire allégeance. Source : https://fr.wiktionary.org/wiki/Islam

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Sommaire

1. ’Islam et femmes, les questions qui fâchent’, rencontre avec Asma Lamrabet & Tourabi Abdellah - Vidéo 1:32:43 ajoutée le 20 mars 2017 - Institut français de Casablanca

2. Qui est Asma Lamrabet ? Réponse de Wikipédia

3. Qui est Abdellah Tourabi ? Réponse de Wikipédia

4. La question des femmes en islam - Asma Lamrabet [colloque] - Vidéo 34:18 ajoutée le 20 décembre 2017 - Université Paris13

5. Dévoiement - Fatiha Boudjahlat : ’Les militants indigénistes, gauchistes, islamistes, identitaires ont réussi un entrisme redoutable qui a réussi à criminaliser la pensée universelle’ – 12 novembre 2017- Entretien avec Fatiha Boudjahlat – Document ‘Atlantico’

6. « Mon frère salafiste et mon frère témoin de Jéhovah considèrent l’homosexualité comme une abomination » - Entretien avec Fatiha Agag-Boudjahlat (1/2) par Daoud Boughezala - 23 avril 2019

7. A propos du média « Le Causeur », extrait d’un article Wikipédia  :

8. « Les femmes sont les cibles, les agents et les meilleurs vecteurs de l’entrisme islamiste » - Entretien avec Fatiha Agag-Boudjahlat (2/2) Par Daoud Boughezala - 24 avril 2019 – Document ‘causeur.fr’

9. Rebecca Amsellem et Fatiha Agag-Boudjahlat : les questions qui fâchent Propos recueillis par Violaine de Montclos - Publié le 19/05/2018 à 15:22 | Document ‘Le Point’

10. Informations sur ‘Vivre la République’ – Un mouvement citoyen, laïque et républicain et sur Fatiha Boudjahlat et Céline Pina – « Contre les obscurantismes, soyons la résistance »

11. « C’est un moment capital pour les Algériennes » - Entretien avec Alice Schwarzer – Propos recueillis par Myriam Morice pour ‘Le Monde des livres’ – Vendredi 28 juin 2019

12. Qui est Alice Schwarzer ?

13. Par le voile islamique, que soustraire au regard ? Par Mounir Chamoun , Vice-recteur à la recherche de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth

14. Regarder une femme qui n’est pas une proche parente - Par Mouhammad Patel - Le 08 février 2007 – Document ‘muslimfr.com’

15. Les femmes musulmanes sont-elles forcées à porter le voile, comme on l’entend dire ? Par Aude Lorriaux — 30 septembre 2016 – Document ‘slate.fr’

16. Iran : Nasrin Sotoudeh, une icône des droits des femmes en prison - par Valérie Crova publié le 13 juin 2019

17. L’avocate Nasrin Sotoudeh, militante des droits humains, martyre de Téhéran Par Louis Imbert - Publié le 20 juin 2019 - Document ‘lemonde.fr’

18. A propos de Nasrin Sotoudeh avec Wikipédia

19. Valérie Boyer : le bijou et la laïcité - Ne portez pas un signe chrétien (même discret) si vous voulez évoquer la laïcité... Par Anne-Sophie Chazaud - 17 juin 2019 – Document ‘le causeur.fr’

20. Dans les pays arabes, le football féminin est ’un jeu neuf’ qui prospère Par Christian Chesnot et Franck Ballanger 07/06/2019 (mis à jour à 12:04) – Document ‘France Culture’

21. Le jeu de la virginité des femmes musulmanes Par Salma El-Wardany, Écrivaine musulmane / HuffPost UK- 11/03/2018 07:00 CET | Actualisé 11/03/2018 07:00 CET – Document ‘huffingtonpost.fr

22. Déconstruisons les préjugés autour des femmes musulmanes ! Document Lallab 1er septembre 2016 – Photo. Document ‘lallab.org’

23. Pour changer l’image qu’on a d’elles dans les médias, les femmes musulmanes prennent la parole – Contribution de Attika TrabelsiCoprésidente de l’association Lallab - Vidéo 4:01 / Le HuffPost - 27 mars 2018

24. Engagement politique et social : les femmes musulmanes déjouent les clichés- 03 avril 2018, 22:42 CEST • Mis à jour le 3 septembre 2018, 10:30 CEST – Document ‘The Conversation FR’

25. Déconstruisons les préjugés autour des femmes musulmanes ! 1er septembre 2016 Document Lallab

26. Journée des femmes musulmanes : elles témoignent de l’islamophobie à l’école Par Arièle Bonte. Journaliste – Diffusé par RTL le 27/03/2019

27. En France, l’homosexualité reste une « maladie » ou une « perversion » pour 63% des musulmans - Entretien avec le sondeur François Kraus de l’IFOP Par Martin Pimentel - 26 juin 2019 – Document ‘le causeur.fr’

28. Et si on arrêtait d’opposer laïcité et religions ? Pour une laïcité de droit divin ! Par Aurélien Marq - 19 août 2018 – Document ‘le causeur.fr’

29. Une opinion d’un collectif de citoyennes musulmanes et féministes en Belgique - Contribution externe - Diffusée par ‘La Libre.be’ le vendredi 16 septembre 2016

30. Pour un féminisme antiraciste et décolonial {{}}Par Les Invités De Mediapart - 27 mars 2019 - Blog : Le blog de Les invités de Mediapart

31. Opinion - Pour un féminisme antiraciste et décolonial en Belgique – Diffusé le 28/03/19 - Source : Le Vif

32. Informations préparatoires aux interventions ci-après de Bachir Diagne, Olivier Roy et Leili Anvar

33. Entre art, science et spiritualité, quelles formes prendra dans l’avenir l’exigence de sens ? Quelle spiritualité ? - Vidéo Durée : 51mn10 - Échange entre Souleymane Bachir Diagne et Olivier Roy, animé par Leili Anvar - Rencontre : La Nuit des Idées 2016 : 07/01/2018

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1.
’Islam et femmes, les questions qui fâchent’, rencontre avec Asma Lamrabet & Tourabi Abdellah - Vidéo 1:32:43 ajoutée le 20 mars 2017 - Institut français de Casablanca

’Islam et femmes, les questions qui fâchent’, rencontre avec Asma Lamrabet & Tourabi Abdellah. La question des femmes en islam cristallise les tensions et ruptures en cours au sein des profondes métamorphoses sociétales actuelles. Entre sécularisme et retour en force du religieux, le double référentiel universaliste et religieux, caractéristique des sociétés arabo-musulmanes, met à rude épreuve la question des droits des femmes et leur émancipation. Y a-t-il vraiment une incompatibilité entre droits égalitaires et religion comme on veut bien nous le faire croire ou s’agit-il d’un quiproquo substantiel entre interprétation et textes scripturaires ? Asma Lamrabet est médecin biologiste et directrice du Centre d’études féminines en Islam à la Rabita al Mohammadia des Oulémas du Maroc. Parmi de nombreux titres en français, en arabe et en anglais, elle a publié “Femmes et hommes dans le Coran, quelle égalité ?”, “Femmes. Islam. Occident : chemins vers l’universel”, “Le Coran et les femmes : une lecture de libération”. Catégorie : Actualités et politique

Source : https://www.youtube.com/watch?v=_UW769dW9g0

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2.
Qui est Asma Lamrabet  ? Réponse de Wikipédia

D’après Wikipédia : « Asma Lamrabet (arabe : أسماء المرابط) née en 1961 à Rabat, est une médecin biologiste, essayiste et féministe musulmane marocaine. Formée à la médecine, elle travaille en tant que médecin volontaire en Espagne et en Amérique latine, principalement au Chili et au Mexique, pendant huit ans à partir de 1995. Elle y découvre la théologie catholique de la libération, qui la conduit à examiner sa propre religion12. À partir de 2004 jusqu’en 2007, elle est de retour au Maroc, où elle organise un groupe de femmes musulmanes intéressées par la recherche et par la réflexion sur l’Islam et le dialogue interculturel. En 2008, elle devient présidente et membre du conseil d’administration du Groupe international d’étude et de réflexion sur les femmes en Islam (GIERFI), basé à Barcelone. Leur objectif est de contribuer à créer une nouvelle conscience féministe musulmane3,4. Tout au long de cette période, elle continue à travailler comme médecin, spécialisée dans les maladies du sang à l’Hôpital pour enfants de Rabat. En 2011, elle devient directrice du Centre des études féminines en Islam au sein de la rabita mohammadia des oulémas du Maroc, sous le patronage du roi Mohammed VI, poursuivant au sein de cette institution une relecture féminine et féministe de l’islam. La Rabita Mohammadia des oulémas du Maroc est une association d’intérêt général, un think tank créé par le roi pour promouvoir un islam ouvert et tolérant5,6. Elle démissionne de la direction du Centre des études féminines en Islam le 26 mars 2018, suite, entre autres, à une polémique liée à l’égalité hommes-femmes dans le domaine de l’héritage7,8,9. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages en français. Elle s’est exprimée et a publié des articles qui explorent les questions controversées, telles que les mariages interreligieux, l’héritage et la réforme religieuse, dans un contexte musulman. Constatant que les discriminations à l’égard des femmes s’appuient sur des lectures et des interprétations des textes sacrés, elle s’emploie à relire et à reconstruire l’interprétation de ces textes2. Elle est en rapport à Amina Wadud et avec Margot Badran, convaincue comme elles que les interprétations qui sous-tendent la loi islamique, depuis IXe siècle, sont trop patriarcales10. En 2013, elle a reçu un prix en sciences sociales, décerné par l’Arab Woman Organization, l’Organisation de la femme arabe, pour son livre, Femmes et hommes dans le Coran : Quelle égalité ?11… »

Principales publications

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3.
Qui est Abdellah Tourabi  ? Réponse de Wikipédia

D’après Wikipédia : «  Abdellah Tourabi, né en 1975 à Casablanca, est un journaliste, chroniqueur et spécialiste de l’Islam politique au Maroc. Abdellah Tourabi naît en 1975 dans le quartier populaire Hay Mohammadi de Casablanca1, d’un père magasinier au port de la ville et d’une mère femme au foyer1, dans une fratrie de neuf enfants1. Il suit un enseignement public primaire et secondaire sans y porter un grand intérêt1, puis entre à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca1 (université Hassan-II). Il part en France pour poursuivre ses études à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris où il obtient un DEA en présentant un mémoire intitulé Attentats du 16 mai 2003 au Maroc : Anatomie d’un suicide collectif2. De retour au Maroc, il fait ses débuts dans la presse écrite1, puis repart en France travailler au Conseil supérieur de l’audiovisuel tout en continuant ses activités journalistiques et en préparant une thèse, sous la direction de Gilles Kepel sur l’islamisme dans son pays1. En 2013, il devient le directeur de la rédaction du mensuel historique francophone et arabophone Zamane3 et en 2014, il assure la direction à la fois de la publication et de la rédaction de l’hebdomadaire généraliste francophoneTelquel4, remplaçant respectivement Fahd Iraqi et Hassan Hamdani à ces postes3. A partir de 2016, il anime Confidences de presse sur 2M, une émission en français et en arabe sur l’actualité marocaine. Dans Le Chaos syrien : Printemps arabes et Minorités face à l’islamisme de Randa Kassis et Alexandre del Valle (2015), il est cité comme un intellectuel « qui ose dire haut et fort que les musulmans doivent “dépasser leurs réflexes de défense pour affronter la part maudite de la religion” »5… » Article complet avec notes et références sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdellah_Tourabi

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4.
La question des femmes en islam - Asma Lamrabet [colloque] - Vidéo 34:18 ajoutée le 20 décembre 2017 - Université Paris13

La question des femmes en islam : penser le réformisme au sein de “ l’orthodoxie officielle¨ Les réformistes musulmans et leur rayonnement dans l’espace francophone : débats acteurs / observateurs. Co-organisation Laboratoire Pléiade (Université Paris 13) et l’IISMM-Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (EHESS-CNRS) - Projet financé par le Bureau central des cultes (DLPAJ) du ministère de l’Intérieur, en partenariat avec le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche - Responsable scientifique du projet : Steven DUARTE Maître de conférences arabe / islamologie Spécialiste des réformismes de l’islam Université Paris 13 – Université Sorbonne Paris Cité - Comité organisateur - Omero MARONGIU-PERRIA Chercheur associé (Institut pour le pluralisme religieux et l’athéisme – Université de Nantes) Directeur pédagogique ECLEE-France - Djuhra BENCHIR Aumônier militaire du culte musulman (ministère des Armées – Paris École Militaire) http://iismm.hypotheses.org/27637 Retrouvez-nous sur notre site http://www.univ-paris13.fr/ sur Facebook : http://www.facebook.com/univparis13 sur Twitter : http://www.twitter.com/univ_paris13 et sur Instagram http://instagram.com/universiteparis13 - Catégorie  : Éducation – Source : https://www.youtube.com/watch?v=4xjQq1MNNW4

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5.

Dévoiement - Fatiha Boudjahlat : ’Les militants indigénistes, gauchistes, islamistes, identitaires ont réussi un entrisme redoutable qui a réussi à criminaliser la pensée universelle’ – 12 novembre 2017- Entretien avec Fatiha Boudjahlat – Document ‘Atlantico’

Dans son livre, ’Le grand détournement’ (éditions du Cerf), Fatiha Boudjahlat dénonce le fait que la République, le féminisme ou la laïcité soient dévoyés par les ’communautarises de toute obédiences’.

Fatiha Boudjahlat : enseignante, cofondatrice du mouvement citoyen Viv(r)e la République, ex-secrétaire nationale du MRC en charge de l’Éducation, Fatiha Agag-Boudjahlat vit à Toulouse. Voir la bio Suivre

Atlantico : République, féminisme, laïcité, autant de termes, de concepts que vous décrivez comme étant dévoyés de plus en plus chaque jour par les ’communautarises de toute obédiences’. Par quelles méthodes ce dévoiement s’organise-t-il ?

Fatiha Boudjahlat : Ces militants, indigénistes, gauchistes, islamistes, identitaires ont évacué et criminalisé la dimension politique et donc universelle de ces termes. Par quelles méthodes ? Celle de l’entrisme. Dans le domaine universitaire, associatif, médiatique. En détournant ces mots à leur avantage, en en banalisant des nouveaux. 

Des thèses de complaisance, avec des jurys de complaisance, donnent un statut universitaire à des purs militants idéologiques et religieux. Des associations communautaristes obtiennent des financements publics de l’Etat et des collectivités pour assurer des missions de bienfaisance et apparaître comme les interlocuteurs et les bienfaiteurs des populations de quartiers populaires. Marwan Muhamed, du CCIF, intervient dans une école de journalisme pour les instruire de la bonne manière de parler de l’islam. Irait-on confier à Marine le Pen la charge d’éclairer les étudiants en journalisme sur l’extrême-droite ?  Le rappeur islamiste Médine a animé des ateliers pédagogiques à Nîmes. Le CCIF et Lallab-Iris se font passer pour des sortes d’ONG défendant les libertés civiles, obtiennent la reconnaissance de l’ONU, un statut institutionnel, des financements pour au final dire les pires choses de notre pays. L’association Coexister se fait reconnaître par le ministère de l’Education Nationale, intervient dans les écoles, est payée pour cela, et diffuse sa vision oecumenique de la laïcité et de la société. L’entrisme est tout azimut. Redoutable. Redoutablement efficace. Ce sont des gens intelligents, et qui étrangement disposent de solides et régulières ressources financières qui permettent à ce soft power de se déployer.

Une partie de votre livre s’attarde sur la question du féminisme ou plus précisément des féministes. La cause des femmes de manière générale est présente dans l’actualité depuis l’affaire Weinstein et le #BalanceTonPorc. Pensez-vous que le féminisme actuel trahit les idéaux d’égalité hommes-femmes ? Ne sommes-nous pas là face à des féministes qui desservent leur cause plutôt que de la servir ?

L’affaire Weinstein, le hashtag Balance ton porc, le dernier Metoo ne sont la propriété ni l’exclusive d’aucune féministe. C’est la prise de parole de plusieurs dizaines de milliers de femmes dans de multiples pays.

Mais il est très significatif de voir certaines féministes qui se sont emparées et réjouies de l’affaire Weinstein, avoir observé un silence pesant au début de l’affaire Ramadan. De voir les mêmes se faire imposer le silence par les « femmes racisées » militantes de l’indigénisme, parce qu’elles ne seraient pas concernées du fait de leur couleur blanche, par exemple avec ces tribunes sur l’opposition à la pénalisation du harcèlement de rue. Les mêmes féministes qui traquent le patriarcat blanc derrière le terme de séminaire, auquel elles veulent substituer celui d’ovarium, mais qui abandonnent les femmes orientales au patriarcat oriental et islamique. 

Ces néo-féministes desservent la cause des femmes orientales, des femmes en général qui se retrouvent sur des plans de dignité différentiés ethniquement. Elles desservent la cause de toutes les luttes politiques pour l’émancipation. Enfin, elles desservent la gauche, courant dont elles se revendiquent, mais dont elles ne retiennent que la sensation moelleuse d’être du côté du bien, du beau, du juste. La gauche, c’est d’abord l’émancipation individuelle et collective. Des femmes, des classes populaires. Paye Ta schneck, Osez le féminisme, etc., entérinent et valident une racialisation des luttes féministes. Comme le PS, elles ne savent pas parler aux classes populaires. Et s’adressent donc à des interlocutrices mondaines qui sont en fait dans le militantisme indigéniste et islamiste. Et un mouvement pervers s’est installé : ces militantes sont dans la haine, la partition raciale. Ces bourgeoises blanches sont dans la culpabilité de race et de classe. Elles donnent à ces femmes ce qu’elles pensent que ces femmes veulent : hyper-orthodoxie religieuse notamment. Elles fabriquent les femmes orientales qu’elles ne fréquentent pas dans leurs beaux quartiers.

Vous dites de ce féminisme qu’il trahit la cause des femmes ’orientales’. Est-ce qu’il y a un ’deux poids deux mesures’ dans le féminisme d’aujourd’hui ?

Il y a un deux poids, deux mesures. Le mâle blanc faute, haro sur lui. L’oriental faute, ce n’est pas pareil. Il a des circonstances atténuantes, c’est culturel, c’est stigmatisant, c’est discriminatoire. La souffrance des femmes ne serait-elle légitime que lorsqu’elle est le fait de mâles blancs ? La néo-féministe, le plus souvent une bourgeoise blanche défend pour « les autres », les orientales, les noires, ce qu’elle refuserait pour elle et « les siennes ». Elles sont dans l’orientalisme dénoncé par Edward Saïd. Elles alimentent les stéréotypes construits sur ce qu’est une bonne orientale, une bonne musulmane. Nous sommes dans le mythe du bon sauvage. Quand je vois la comédienne lesbienne Océane rosemarie dans des manifs organisées par des indigénistes et remplies d’islamistes, je repense aux Zoos humains de Vincennes : Une grande bourgeoise qui s’encanaille et connaît le grand frisson en approchant les bons sauvages. Parmi lesquels elle n’irait pas vivre. Mais quel plaisir pour elle que d’accomplir ce geste humanitaire ! Quel sort ces indigénistes et ces islamistes préconisent-ils pour l’homosexualité ? Que dire du voilement des petites filles ? Comment oser accepter pour des femmes que l’on ramène à leurs origines, ce que l’on n’accepterait jamais pour soi et les siens ? Comment oser accepter de la part des hommes orientaux ce que jamais on n’accepterait des hommes blancs ? Comment oser condamner l’homophobie des blancs quand on trouve des excuses et une légitimité à l’homophobie des musulmans ? Dans quels pays les homosexuels sont-ils assassinés ? Par quel système de doctrine religieuse et politique sont-ils mis à mort ? Jetés du toit des immeubles ? Haro sur les méchants homophobes de sens commun qui refusent la PMA et la GPA. Mais dites-moi, les islamistes refusent jusqu’au droit de vivre aux homosexuels ! Ah mais là ce n’est pas pareil… Ils en ont le droit, ils sont un peu sauvages, vous comprenez. La foi des catholiques est risible, ringarde. Mais les musulmans croient pour de vrai eux. On doit respecter leur conservatisme à eux. Et on oublie vite que les Journées de Retrait de l’Ecole, avec des malades racontant qu’on enseignait le genre et l’art de se masturber dans les écoles primaires, étaient le fait d’islamistes. Et qu’on les a retrouvés bras-dessus, bras-dessous avec les catholiques intégristes pendant les Manifs contre le mariage homosexuel. Tous les intégristes ont ceci de commun qu’ils conspirent contre les femmes et les homosexuels. Méchants cathos. Musulmans intouchables. 

Ces bourgeois-pénitents qui sont dans cette hypocrisie inouïe ne valent pas mieux que Sarkozy et sa formule selon laquelle les Africains ne sont pas assez entrés dans l’histoire. Ils pensent que ces bons petits sauvages ne sont pas encore entrés dans la modernité. Et ils sont si exotiques ! On sent l’excitation d’un Lagasnerie, d’une De Cock, d’une Autain, d’une De Haas, d’un Marlière, d’une Obono, d’un Plenel : des bourgeois qui exercent leurs privilèges, qui n’y renoncent pas mais ont trouvé le moyen d’apaiser leur conscience en prêtant leur concours et leurs réseaux aux indigénistes et aux islamistes. Chiche : demandons au sociologue d’aller vivre au milieu de ceux qu’il défend tellement. Histoire de voir comment ils accepteraient son homosexualité. Disons les choses. Ne tournons plus autour du pot. Au nom de quoi ce qui est bon pour ces bourgeois ne le serait pas pour leurs compatriotes nés et scolarisés ici, mais du mauvais côté du périphérique ? Au nom d’une altérité anthropologique ? Culturelle ? Mais si la culture promeut des droits inférieurs pour les femmes, pour les minorités, pour les homosexuels, la culture n’est pas acceptable et doit se plier aux lois du pays. Pourquoi faire plier les catholiques quand dans le même temps on se plie aux volontés des islamistes ?

On doit dénoncer toutes les violences faites aux femmes. Psychologiques, physiques, sociales. Une femme orientale ne souffre pas moins qu’une blanche. Et une femme née et scolarisée en France est d’abord notre compatriote avant d’être le moyen qu’ont trouvé les bourgeois-pénitents de cumuler leurs privilèges de classe et leur bonne conscience. On doit dénoncer toutes les homophobies. Et surtout mettre fin à cette escroquerie politique : les indigénistes et les islamistes sont des conservateurs d’extrême-droite. Leurs soutiens gauchistes sont des réactionnaires racialistes. Ils ne sont pas de gauche. Ils trahissent le courant auquel j’appartiens, ils trahissent la gauche, parce qu’ils trahissent les classes populaires.

Livre - ’Le grand détournement’ de Fatiha Boudjahlat aux éditions du Cerf

Mots-clés : Féminisme, islamisme, antiracisme

En savoir plus :

’Indigénistes et identitaires : racistes contre racistes’

’Le féminisme musulman est une imposture’

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Source : https://www.atlantico.fr/decryptage/3222925/fatiha-boudjahlat—les-militants-indigenistes-gauchistes-islamistes-identitaires-ont-reussi-un-entrisme-redoutable-qui-a-reussi-a-criminaliser-la-pensee-universelle-

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6.
« Mon frère salafiste et mon frère témoin de Jéhovah considèrent l’homosexualité comme une abomination » - Entretien avec Fatiha Agag-Boudjahlat (1/2) par Daoud Boughezala (directeur adjoint de la rédaction et rédacteur en chef de Causeur) - 23 avril 2019

Photo - Fatiha Agag-Boudjahlat. Auteurs : IBO/SIPA. Numéro de reportage : 00846228_000010

La militante laïque Fatiha Agag-Boudjahlat laisse rarement indifférent. Son récent essai Combattre le voilement (Cerf, 2019) est un plaidoyer pour l’universalisme républicain doublé d’un réquisitoire contre la tyrannie des identités. Si ses attaques contre la pensée indigéniste font très souvent mouche, son rejet viscéral de tout identitarisme au nom d’une France qui se confondrait avec la République, défrisera certains. Ça tombe bien, Causeur adore les joutes intellectuelles ! Entretien (1/2).

Daoud Boughezala. Trois ans après l’été du burkini, les affaires Décathlon et Etam ont remis le voile au centre du débat politique. Cette succession de faits divers constitue-t-elle une offensive destinée à normaliser le port du voile islamique dans notre société ?

Fatiha Agag-Boudjahlat. Il faut aussi rajouter le testing-happening-guet-apens du restaurateur de Tremblay-en-France, les actions en justice du CCIF facilitées par un Conseil d’Etat qui assume sa vision très libérale de la laïcité (les étudiantes des écoles d’infirmerie autorisées à porter le hijab en cours), les tribunes dans les médias, Mennel à The Voice, les déclarations devant les instances Onusiennes ou de l’UE faisant de la France un pays hostile aux femmes musulmanes et à l’islam, la communication de l’islam ludique et fun de Lallab, le hijab day à Sciences Po, les ateliers de confection de hijabs de l’association quasi évangéliste Coexister, la médiatisation de l’étudiante voilée militante syndicale, dont l’UNEF a fait un symbole pour racoler de nouveaux membres et signer un changement de ligne idéologique, la condamnation ridicule de la France par une commission aux prérogatives limitées de l’ONU dans l’affaire de la crèche Baby-Loup, avant cela le rapport Tuot si odieux sur la grande nation inclusive, l’activisme intersectionnel et cette trouvaille oxymorique de féminisme islamique, la sénatrice Benbassa qui ne trouve pas le voile plus aliénant que la mini-jupe, Castaner assimilant le voile à la mantille catholique, Juppé au fichu de sa grand-mère, Nathalie Loiseau qui ne trouve rien à y redire…

Le nombre de femmes épousées au bled doit nous alerter

L’obsession du voilement n’est pas du côté des laïques ou des républicains universalistes. C’est une offensive tous azimuts, jouant sur les réseaux sociaux, la mithridatisation, l’obséquiosité des journalistes et des gauchistes dans la surenchère de la dernière mode activiste, l’apprêté au gain des entreprises… Par la jurisprudence, par l’activisme et l’entrisme associatif, universitaire, politique (le dernier congrès houleux des MJS en est un exemple frappant), c’est une offensive très efficace pour culpabiliser la France et lui faire renoncer à ce qui fonctionnait très bien, pour créer un rapport de force qui ferait basculer les politiques du côté multiculturaliste, propice à l’islamisme. Mes élèves sont habitués à la burqa. Mithridatisation, effet cliquet, il s’agit bien de normaliser le voilement pour en faire une norme. Et installer cette nouvelle réalité : il n’y a de femme musulmane que voilée. Et pas un voilement culturel mais bien orthodoxe.

Justement, dans votre livre, vous décrivez la femme arabo-musulmane comme une personne de second rang « à qui on dénie le droit à l’aventure individuelle » et qui aurait finalement un « statut de bien meuble ». Dans les années 1950, l’anthropologue Germaine Tillion avait étudié l’endogamie qui sévissait au Maghreb, où les mariages entre cousins, la spoliation des filles, le culte de l’honneur lié à leur virginité étaient la règle. Aujourd’hui, des campagnes algériennes à nos banlieues, ce système patriarcal se perpétue-t-il ?

Je décris comment le voilement fait perdurer la subordination des femmes arabo-musulmanes ou musulmanes, orthodoxes. Germaine Tillion, que j’ai lue et qui est la femme que j’admire le plus au monde, a effectué plusieurs séjours dans les Aurès pour observer ces coutumes. Sans forcément toujours les juger négativement. Parce qu’il en allait de son devoir d’ethnologue et qu’il y avait la naïveté de quelqu’un qui découvrait son champ d’études, le point de surplomb lui permettant d’échapper en tant qu’Européenne et invitée au destin des femmes, enfin la lucidité universaliste. Levi-Strauss a fait le même chemin. Elle écrit dans un article consacré à son travail : « Il y a dans toutes les civilisations une sorte de logique interne qu’il faut percevoir et à la lumière de laquelle tout s’éclaire. La lampe secrète de mes amis chaouia, c’était l’honneur, et il m’était d’autant plus facile de ne jamais l’oublier que je sentais sa nécessité sociale, sa valeur humaine et que je la respectais de tout cœur. » L’honneur du groupe, dont le corps de la femme reste le récipiendaire. C’est la base du patriarcat.

Spoliation des filles ? Elles touchent la moitié de l’héritage de leurs frères en effet, et la mère subit le même traitement. Les mariages entre cousins à l’époque relevaient d’un manque de mobilité, d’une société fermée sur elle-même, et d’une stratégie : le fait que le mariage se fasse dans la famille empêchait les répudiations qui laissaient les femmes à la rue.

Je ne suis pas ethnologue. Je peux parler de ma famille, très représentative avec trois belles-sœurs, filles de neveux de ma mère donc, je crois, cousines au second degré. J’ai vu aussi beaucoup de mariages des garçons avec qui j’ai grandi, avec des femmes d’Algérie, connues de la famille, de bonne réputation, souvent après une déception amoureuse avec une fille d’origine algérienne mais française. Dame Casey relevait ce fait dans son rapport remis au Premier ministre Cameron sur l’échec de la politique multiculturaliste. Dans un conseil municipal, 10 des 11 membres issus du sous-continent indo-pakistanais, étaient allés chercher une épouse dans leur pays d’origine. Celles d’ici n’étaient pas assez traditionalistes, trop exposées et corrompues par le système occidental. Ce qui doit concentrer notre attention n’est pas le cousinage qui choque de toute façon plus ici que dans les sociétés arabes, et qui n’existe pas en France. Le nombre de femmes épousées au bled doit plus nous alerter : elles sont jugées de qualité culturelle, et communautaire, supérieure à celles nées ici. On sera certains de ses bonnes mœurs, de leur virginité qui reste une obsession chez les musulmans (je suis juge-assesseure au Tribunal pour Enfants de Toulouse et une mère a apporté un certificat de virginité parce que le mis en cause affirmait à l’audience que la victime était, je cite, « une pute ». La reconstruction d’hymen ne concerne pas les chrétiens.) De sa docilité, de sa traçabilité AOP-AOC : elle saura rester à sa place, c’est une vraie. Et ainsi s’opère un processus de retraditionnalisation : ces femmes étant chargées et souvent désireuses d’instruire leurs maris français dans la voie communautaire arabo-musulmane.

Ce système perdure, et souvent avec le consentement des femmes, des mères, des médecins qui enfreignent l’interdiction fait par leur Ordre de fournir des certificats de virginité, et d’autres qui s’enrichissent en reconstituant les hymens. Il n’y a plus la cérémonie du drap de noces ensanglanté en France, mais l’esprit demeure.

Nos mères se sont voilées de manière plus orthodoxe parce que c’est la tradition quand on revient de La Mecque.

Vous citez plusieurs de vos belles-sœurs épousées en Algérie qui ont fait des choix vestimentaires différents. Élevée par une mère voilée, avez-vous des frères qui pratiquent l’union exogame avec des non-musulmanes ?

J’ai été élevée par une mère représentative, qui portait un fichu sur la tête en France, le grand drap blanc traditionnel quand nous rentrions en vacances à Oran, une tenue ne laissant apparaître qu’un œil, quand nous étions à Mascara, dans la région de mon père. Cette mère a aussi enlevé son voile en France très rapidement, et avant que mon père nous abandonne, et qu’elle doive à 40 ans passer le permis, faire des formations et travailler pour élever 8 enfants. Et toutes les mères arabes de mon quartier ont suivi le même chemin. Voilées au bled, sans orthodoxie, non-voilées en France sans impudeur. Puis, comme tous leurs enfants ont travaillé et gagné du pouvoir d’achat, ils ont tous eu la même idée : plutôt que de leur payer une cure thermale au Pays-basque, ils ont offert à leurs parents un pèlerinage à La Mecque. Revoilà nos mères voilées de manière plus orthodoxe, parce que c’est la tradition quand on revient de La Mecque. Encore un processus de ‘rétro-retraditionnalisation’.

Votre formulation est rigolote. J’ai l’impression d’être dans un épisode de Star Trek. Donc… avez-vous des frères qui pratiquent l’union exogame avec des non-musulmanes ? J’ai un frère témoin de Jéhovah, et même cadre de sa congrégation, marié à une Anne-Laure aux yeux verts, également témoin de Jéhovah. De l’endogamie dans l’exogamie, donc ? J’ai un frère qui s’est « radicalisé » façon salafiste version gentil, qui est en couple avec une Marjorie chrétienne, qu’il a connu avant sa « renaissance » spirituelle, et qu’il n’a pas cherché à convertir et qu’il ne serait pas parvenu à convertir. Il fait les repas et les cadeaux de Noël, parce que c’est un père qui pourrit et qui gâte ses enfants mais qui saoule quand on se lance dans des débats. Par contre, le témoin de Jéhovah et lui sont tombés d’accord pour dire que l’homosexualité était une abomination. Il y a pas mal de couples mixtes dans mon quartier (dont un très beau mélange croate-tunisien qui a produit des enfants magnifiques mais qui n’ont pas soutenu la France à la dernière finale de la Coupe du Monde…), mixtes au vrai sens du terme. Parce qu’il y a aussi pas mal de mariages avec des convertis. Mon ex-conjoint est un Arnaud aux yeux bleus. Ma mère aurait rêvé de le voir devenir musulman. Il est athée et moi je m’en fichais.

La fausse tolérance des bourgeoises pénitentes à la Annie Ernaux est le linceul et le bâillon des femmes musulmanes

Puisque certains de ces phénomènes de société dépassent désormais les frontières, #Metoo a-t-il eu des répercussions dans le monde arabo-musulman ?

Le phénomène Metoo est parti d’Occident parce qu’il a concerné essentiellement des femmes sur leur lieu de travail, la contrainte de l’agression sexuelle reposant souvent sur le lien de subordination hiérarchique ou économique. Il y a moins de femmes qui travaillent (dans le monde professionnel j’entends) en Afrique et en Asie. De plus, elles sont plus mariées, et le mariage est un titre de propriété relativement respecté. Enfin, le harcèlement réel est intégré plus qu’en France, même s’il est dénoncé. Le poids du pouvoir délirant des hommes, leur misère sexuelle, le refus de la police de considérer les femmes comme des victimes (rappelons que selon la Charia, la parole d’une femme vaut la moitié de celle d’un homme, donc elle doit disposer d’un autre témoin). Tout cela ne facilite pas la visibilité d’un Metoo oriental. Ajoutons qu’il y a aussi ces idiotes occidentales, qui défendent le patriarcat non blanc au nom du respect de l’altérité culturelle. Annie Ernaux s’adressant à ses sœurs voilées, ou Mona Chollet qui est intersectionnaliste et à la pointe de la mode (femmes-sorcières etc…) et qui partage sur Twitter un article du Monde sur une femme au Soudan haranguant avec succès la foule, en en citant cet extrait : « On voit ce qui se passe en Algérie. On voit comme vivent les femmes du monde entier, et on n’est pas différentes. »

Mais bon sang… ne serait-ce pas là du féminisme universaliste de blanche ringarde et raciste ? La fausse tolérance de ces bourgeoises pénitentes est le linceul et le bâillon des femmes musulmanes d’ici et de là-bas. Quelles hypocrites.

Ma mère voilée dit : « Ce pays est merveilleux, que ceux qui l’insultent soient maudits »

En tant que républicaine féministe, vous défendez un certain universalisme laïque qui renvoie dos à dos indigénistes et « identitaires d’extrême droite ». Si ces deux groupes partagent une tendance à l’essentialisation, les seconds n’ont-ils pas raison de rejeter le port du voile comme une pratique étrangère aux mœurs et à la culture françaises ?

Je suis fille d’immigrés algériens, je suis de culture musulmane, je ne mange pas de porc. Me jugeront-ils étrangères aux mœurs et à la culture française ? Les deux groupes ne sont pas seulement dans l’essentialisation. Ils sont dans la haine de la République et de la conception politique et non ethnique de son peuple : nation de citoyens. Quand ma mère a fait sa demande de naturalisation, elle a été convoquée au commissariat et une policière lui a demandé si elle portait toujours le voile. Puis elle a été convoquée à la préfecture de Besançon où une employée dégueulasse lui a demandé si elle fêtait Noël, si elle mettait un sapin. Résultats : refus de naturalisation. J’avais fait appel auprès du ministre et en avais parlé dans une tribune chez vous qui avait eu son petit succès. Ma mère honore la France. A La Mecque, elle a fait prier toutes ses copines pour le bien de la France. Je l’ai vu ouvrir un courrier, s’étonner, le relier, le serrer contre elle et me dire émue : « Ce pays est merveilleux, que ceux qui l’insultent soient maudits », elle apprenait qu’elle bénéficierait d’une aide pour payer sa mutuelle. Elle aime la France et rentre dans le lard de ses copines de 65 ans quand elles osent critiquer la France en exaltant de plus les vertus du bled. Ma mère leur rappelle la réalité du bled. C’est d’elle que je tiens la réponse que je formule à certains élèves qui sont dans la provocation : « Barrez vous de ce pays si vous y êtes si hostile. » C’est une musulmane pieuse qui prie, et voilée. Elle est devenue Française. Et au sens républicain du terme, la nationalité est un acte administratif qui « relie en droit un Etat à son peuple » selon la formule de Patrick Weil. Je repense à Belattar qui s’est comporté comme une Marion Maréchal en se disant plus Français que Valls et Chalghoumi les naturalisés. On n’est pas plus ou moins ou mieux Français. On est plus, ou moins, ou mieux citoyens.

Je méprise cette référence aux mœurs. C’est anti-politique. Nous confions nos destins à des identitaires obsédés de biologie et d’épiderme, dans l’anhistoricité, l’AOP-l’AOC, c’est bien pour ce que l’on mange. Merde à eux. Des deux camps.

A lire aussi : Fatiha Agag-Boudjahlat : « Les femmes sont les cibles, les agents et les meilleurs vecteurs de l’entrisme islamiste » (Entretien 2/2)

Combattre le voilement

Le grand détournement

Le Harem et les cousins

Mots-clés : Combattre le voilement Entretien Fatiha Agag-Boudjahlat Identitaires Indigènes de la République Islam laïcité République voile Yassine Belattar

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7.
A propos du média « Le Causeur », extrait d’un article Wikipédia  :

Ligne éditoriale - « Le slogan « Surtout si vous n’êtes pas d’accord » résume le parti pris éditorial d’un certain pluralisme. Causeur publie chaque jour des articles d’actualité qui vont à l’encontre de ce qu’il appelle le « prêt-à-penser médiatique »4, laissant s’exprimer un ensemble de sensibilités, du libéral Georges Kaplan5 à l’écrivain communiste Jérôme Leroy6. Si Causeur se positionne comme politiquement inclassable, on peut identifier une dominante conservatrice, souverainiste et républicaine à travers les nombreuses critiques de la mondialisation, de la construction européenne et des réformes sociétales qui y sont publiées. Souvent classé à droite, le journal en ligne compte parmi ses sources de financement des personnalités aussi diverses que Charles Beigbeder ou Xavier Niel1, et n’en revendique pas moins l’éclectisme de ses participants. Gérald Penciolelli, actionnaire de référence de Causeur avec 44 % des parts, est une personnalité de l’extrême droite française et ancien repreneur de Minute6. D’après Le Monde, Gérald Penciolelli a été présenté à Causeur par deux actionnaires fondateurs et collaborateurs du journal : « Basile de Koch, l’ex-plume de Charles Pasqua, marié à Frigide Barjot, et Marc Cohen, l’ancien communiste de L’Idiot international »6. Au sein de la rédaction, la gauche est notamment représentée par Jérôme Leroy, communiste7,8, et Marc Cohen, proche de la sensibilité gaulliste défendue par David Desgouilles9. Des critiques de la modernité, de la croissance et de la société industrielle apparaissent également sous la plume de Bruno Maillé, Daoud Boughezala ou Jacques de Guillebon ».

Rédaction - « La direction10 est composée d’Élisabeth Lévy (directrice de la rédaction)11, Gil Mihaely (président et directeur de la publication)12, Daoud Boughezala (directeur adjoint de la rédaction et rédacteur en chef), Kevin Erkeletyan (rédacteur en chef du site causeur.fr), Marc Cohen (rédacteur en chef, ancien rédacteur de L’Idiot international), et Jérôme Leroy, poète et romancier (rédacteur en chef culture)13. Causeur compte parmi ses collaborateurs réguliers : Alain Finkielkraut, le chroniqueur Basile de Koch, Bruno Maillé, Cyril Bennasar, David Desgouilles, Eugénie Bastié, François-Xavier Ajavon, Georges Kaplan, l’écrivain Roland Jaccard, l’essayiste et journaliste catholique Jacques de Guillebon, Luc Rosenzweig ancien journaliste de Libération et ancien rédacteur en chef du Monde, Patrick Mandon, Emmanuel Legeard, le philosophe Paul Thibaud, Renaud Chenu, l’historien des idées Philippe Raynaud, l’avocat Régis de Castelnau. Depuis septembre 2016, la rédaction publie aussi les textes de l’essayiste et journaliste québécois Jérôme Blanchet-Gravel14 ».

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Autre information : Indigestion de lecture - De Causeur à la nausée, paru dans CQFDn°162 (février 2018), rubrique Médias, par Jean-Baptiste Legars, illustré par Pirikk mis en ligne le 13/03/2018 - Le secrétaire de rédac’ de CQFD s’est montré très ferme : « Écoute mon p’tit, Émilien s’est tapé il y a peu 24 heures de Radio Courtoisie pour un papier. C’était choucard, ça a plu aux lecteurs. À ton tour, tu vas te fader la lecture de Causeur, le magazine réac extrême d’Élisabeth Levy [1]. » Pfff, v’là la punition... J’ai acheté le numéro de janvier. Sa digestion fut difficile…. Source : http://cqfd-journal.org/De-Causeur-a-la-nausee

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8.
« Les femmes sont les cibles, les agents et les meilleurs vecteurs de l’entrisme islamiste » - Entretien avec Fatiha Agag-Boudjahlat (2/2) Par Daoud Boughezala (directeur adjoint de la rédaction et rédacteur en chef de Causeur) - 24 avril 2019 – Document ‘causeur.fr’

Photo - Fatiha Agag-Boudjahlat sur le plateau de La Grande librairie.

La militante laïque Fatiha Agag-Boudjahlat laisse rarement indifférent. Son récent essai Combattre le voilement (Cerf, 2019) est un plaidoyer pour l’universalisme républicain doublé d’un réquisitoire contre la tyrannie des identités. Si ses attaques contre la pensée indigéniste font très souvent mouche, son rejet viscéral de tout identitarisme au nom d’une France qui se confondrait avec la République, défrisera certains. Ça tombe bien, Causeur adore les joutes intellectuelles ! Entretien (2/2).

A lire aussi : Fatiha Agag-Boudjahlat : « Mon frère salafiste et mon frère témoin de Jéhovah considèrent l’homosexualité comme une abomination » (Entretien 1/2)

Daoud Boughezala. Vous ferraillez courageusement contre les indigénistes qui dénoncent le caractère prétendument oppressif de la laïcité française. Ceci étant, la laïcité régissant les rapports entre l’Etat et les cultes, et non la société française, le voile ne renvoie-t-il pas plutôt à une question d’identité ?

Fatiha Agag-Boudjahlat. C’est en effet un tort majeur de toujours convoquer ou de mettre en accusation ou en avant la laïcité quand il s’agit du voile. Ce principe n’exige la neutralité (politique comme religieuse, laissez un type arborer un t-shirt RN dans une salle des profs, et certains d’un coup comprendront l’intérêt de ce principe) de ses agents durant leur temps de travail. La loi de 2004 n’aurait jamais dû être votée au nom de la laïcité mais au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant et de la dignité.

Maintenant, je sais où vous souhaitez en venir. Les femmes voilées manifesteraient ainsi une identité différente, opposée voire hostile à la France. Ce tissu aux vertus décidément inépuisables en ferait des agents étrangers ou des terres consulaires avec statut diplomatique. Pas besoin du voile pour cela, Daoud. Il y a un vrai problème d’identité auquel la réponse identitaire que certains apportent est ni républicaine ni efficace. C’est le cas pour tous ceux dont les parents viennent d’ailleurs. Il faut alors s’enraciner, oser s’enraciner, s’autoriser à s’enraciner sans y voir une trahison. C’était plus simple à mon, époque parce qu’on ne rentrait au bled que tous les deux ans, c’était trop cher et il fallait amasser de quoi rentabiliser le trajet. Avec les avions low cost, et notre pouvoir d’achat, ma génération retourne au bled deux fois par an au moins. Et berce d’illusions ses enfants. Un élève de sixième m’avait affirmé en cours de géo que l’eau et l’électricité étaient gratuites en Algérie. J’ai appelé ma mère en plein cours, je l’ai mise sur haut-parleur et je lui ai posé la question. Sa réponse a fait hurler de rire la classe et rougir de honte le garçon, qui est revenu le lendemain, ses parents avaient confirmé les propos de ma mère. J’ai raconté cette anecdote à l’un de mes frères, qui a réfléchi et qui m’a dit : « C’est notre faute. Je vais en Algérie, je paie tout aux gosses, resto tous les jours et je n’arrête pas de leur dire, ca coûte rien, c’est gratuit. » Sans leur dire qu’il tire avantage du différentiel de niveau de vie entre la France et l’Algérie. Nous avons non seulement transmis nos complexes d’enfants d’immigrés à nos enfants, mais nous avons empêché l’enracinement dont nous avons profité nous.

Le voile renvoie à plein de choses. Dont l’identité, oui. Mais pas que. Je vous citerai de nouveau Germaine Tillion : « S’il existe des comportements humains comparables, il n’en est pas qui soient identiquement motivés. » Il relève à mes yeux d’une piété, d’une orthodoxie tellement omniprésente qu’elle peut écraser ou non les autres programmes du disque dur.

Le lord travailliste Bhikhu Parekh définit « l’affirmation agressive de soi, l’individu isolé, la raison scientifique, le manque de respect envers la religion, l’égalité entre les sexes » comme des traits purement occidentaux. L’individualisme étant la valeur occidentale par excellence, comme l’a montré l’anthropologue Louis Dumont, n’a-t-il pas empiriquement raison ?

C’est d’abord un bel hypocrite bien à l’abri dans son université anglaise et prêchant le droit des femmes à être excisées adultes pour montrer qu’elles sont dorénavant plus mères qu’amantes…

Cette réduction de l’Occident à l’individualisme m’exaspère. Le syndicalisme, l’engagement politique, les compagnons du devoir, les ONG, les confréries, les fraternités, les jardins solidaires, les clubs de sport collectifs, le bénévolat, il n’y a pas d’individualisme là… On se plaît à faire de l’Occident le cimetière des liens interpersonnels et des règles de l’hospitalité, ou de la générosité. C’est de l’orientalisme. Encore une leçon tirée par Germaine Tillion : « Je me sentais partout en sécurité [en Kabylie] : Cette sécurité qu’aucune police dans aucune ville ne peut vous assurer, car elle existe seulement dans les sociétés serrées comme des ruches et hiérarchisées entre elles. » Ah le fameux Orient ! Elle poursuit : « L’étranger admis s’extasie. C’était mon cas. Pour les natifs, l’extase comporte des réserves, car soutenus en toutes circonstances ils le sont, et protégés de même quoi qu’ils fassent, – mais aussi espionnés à toute heure, depuis celle de leur naissance, inventoriés de la tête aux pieds et du matin au soir, jamais invisibles, jamais libres. »

Ce n’est pas empirique, c’est idéologique et une étape de l’évolution des sociétés humaines qui restent libres de s’associer. C’est un argument utilisé par les islamistes pour créer une hiérarchie de valeurs entre l’Orient si généreux et l’Occident égoïste. L’individualisme a été utile en faisant de la personne humaine un sujet de droit dont on peut relativiser la valeur et les libertés. Cet individualisme sur fond de société judéo-chrétienne a juste permis l’émergence et la légitimité du « je », que l’on réduit au « moi ».

Enfin, la focale doit être mise sur le fait de dénigrer un Occident sans valeur, et de dénigrer l’universalité de l’égalité des sexes et l’importance de la raison scientifique. Cela dessine en creux un portrait peu flatteur de l’Orient et des Orientaux. Enfin, Bhikhu Parekh, thuriféraire du multiculturalisme, ne solutionne pas le problème des descendants d’immigrés : suis-je orientale ou occidentale ? Mon épiderme et mon origine en décident-ils et donc m’excluent-ils et m’interdisent-ils l’égalité avec les hommes et l’accès à la raison scientifique ? Je me demande comment Bhikhu Parekh a élevé ses enfants et comment il traite sa femme…

Bien qu’opposée à une loi d’interdiction générale du voile, vous fustigez le « juridisme antipolitique » du Conseil d’Etat qui a autorisé le port du voile par les mères accompagnant les sorties scolaires. Préféreriez-vous un gouvernement des juges ? 

Le Conseil d’Etat a fait une étude expliquant que les parents accompagnateurs étaient des usagers non soumis au devoir de neutralité d’un fonctionnaire en s’appuyant sur un avis du Conseil d’Etat pris sous Vichy… Dans cette étude figurent aussi des arguments permettant de refuser le port de signes religieux ostentatoires. Comme d’habitude, on détricote, ou on rend des avis de Sphinx impossibles à déchiffrer dans la durée et propres à encourager toutes les interprétations. Dans un contexte de ghettoïsation, on sait quelle interprétation l’emporte. Dans les écoles du centre-ville, ce sera bien différent.

A lire aussi : Le voile est de retour à l’école

Je ne suis pas pour un gouvernement des juges, d’autant que les conseillers d’Etat, ceux des tribunaux administratifs, ceux des Cours administratives d’Appel sont des juges. Des juges administratifs. Ceux qui prétendent s’en tenir à la lettre de la loi mais qui statuent avec beaucoup d’idéologie. Je veux des lois claires, des politiques qui arrêtent de compter sur le communautarisme (arabe, juif, bourgeois) pour être élu. Et je pense que bien des villes devraient être placées sous tutelle directe de l’Etat pour une génération pour purger les personnels politiques locaux et associatifs de leurs mauvaises habitudes. A commencer par Saint-Denis, Clichy, Sarcelles, etc.

« Les femmes voilées en France ne sont pas des victimes » puisque « la majorité fait ce choix librement », écrivez-vous. Souvent instrumentalisées par des entrepreneurs communautaires maniant habilement le langage des droits de l’homme, les femmes sont-elles les meilleurs agents du prosélytisme islamiste ?

On dit que la main qui berce l’enfant gouverne le monde. Germaine Tillion (vous n’auriez pas dû me lancer sur elle) : « Tout être humain croit implicitement que les notions qu’il a sucées avec le lait de sa mère ont une valeur universelle. » Les islamistes ont recours au soft power à défaut (hors attentat) d’avoir recours au hard power comme ils le font dans les sociétés multiculturalistes. Leurs barbus en kamis hurlant contre les droits des femmes et des minorités ne séduisent pas, même aux Inrockuptibles ou à Libé. Par contre, la figure de la femme ! Toujours victime, toujours à secourir, à protéger. Toujours innocente, incapable de tuer même sous le joug de Daech. Quelle naïveté misogyne teintée d’orientalisme ! Les femmes sont les cibles, les agents et les meilleurs vecteurs de l’entrisme islamiste, parce que cela coïncide avec la vague féministe de l’époque. Et que culturellement et anthropologiquement, ce sont les femmes qui subissent les plus fortes injonctions qu’elles ont intégrées. Ce que la mode désigne sous l’expression de charge mentale. Ce faisant, ce n’est pas la religion qui semble gagner des droits, c’est la puissance d’agir féminine. Et nous voilà célébrant les instruments « culturels » de subordination des femmes. Avec le détournement en bande organisée du slogan « mon corps, mon choix ». Les Inrocks ont moqué des femmes blanches américaines se vantant sur Youtube de rester vierges jusqu’au mariage. Ils restent par contre bien silencieux quand cette injonction, qui explique les reconstructions d’hymen et les certificats de virginité, émane des arabo-musulmans.

La vraie question que je me pose et qui me passionne : ces journalistes, Abel Mestre [Ndlr : spécialiste de la droite et de la gauche radicales au Monde], ceux des Inrocks, de Libé, de Télérama, sont-ils atteints à ce point d’incohérence et d’aveuglement cognitif, ou sont-ils simplement pétés de trouille jusqu’à basculer dans la pire des obséquiosités ? Sont-ils dupes eux-mêmes de leur fausse générosité et vraie lâcheté ?

Sans céder aux sirènes du multiculturalisme, vous admettez que « la France est (devenue) un pays multiculturel » de facto. Si nous subissons à la fois les griefs post-coloniaux et les attentats djihadistes perpétrés par une minorité violente, n’est-ce pas la conséquence de quarante ans d’immigration massive en provenance du Maghreb et d’Afrique ?

Non, je n’admets rien, je dis que la multiculturalité est un fait empirique, qui ne date pas d’hier et que les indigénistes ne l’ont pas inventée. Le multiculturalisme est bien différent et je me souviens de l’excellente définition juridique qu’Elisabeth Lévy en avait donnée. La diversité est devenue un argument idéologique contre l’égalité, contre la conscience et la lutte des classes.

Ce n’est pas la génération des immigrés qui a commis ces attentats et qui sont dans le grief colonial. Ils sont bien contents d’être venus en France et à part quelques chibanis, ils sont devenus propriétaires ici et là-bas et sont bien heureux de disposer d’un pays des deux côtés de la Méditerranée. Je suis le fruit et la bénéficiaire de cette « immigration massive » permise par le regroupement familial décidé à contre-cœur par Giscard. Si c’est la conséquence, c’est que c’était inéluctable. Alors c’est un miracle qu’il n’y ait pas plus de tueurs et une étrangeté que tant de convertis soient à ce point devenus des tueurs.

Mon obsession personnelle est celle de la responsabilité individuelle, avec ces lignes de Baudelaire : « Seigneur, ayez pitié des fous et des folles. Ô créateur, peut-il exister des fous aux yeux de celui-là seul qui sait pourquoi ils sont, comment ils se sont faits, et comment ils auraient pu ne pas se faire. » Les sociologues se sont perdus dans le pourquoi et le comment ils se sont faits, incriminant l’Etat, l’école etc. En tant que citoyenne, enseignante d’histoire, je m’intéresse au comment ils auraient pu ne pas se faire. Je rétablis l’arbitrage sans négliger le poids des difficultés socio-économiques. Nous avons grandi sans père. Huit enfants. Il était violent, et je me souviens l’avoir vu poursuivre un de mes frères avec une hache… Nous étions pauvres, maraudes, Restos du cœur, Secours catholique, bourses, un de mes frères a fait 14 ans de prison au cours de trois séjours, il a échappé deux fois de peu à l’expulsion du territoire, nous avons subi trois perquisitions. Et pourtant, je ne suis ni indigéniste ni islamiste et mon frère qui a fait de la prison est un père merveilleux avec ses trois fils et n’a pas commis d’attentat. Je refuse d’installer une fatalité, et donc un lien de causalité. Cela déresponsabilise. Immigration massive ? Sans doute. Terrorisme massif ? Pas de ma génération et de celle de mes parents. Le lien est à faire avec l’islamisme et le militantisme actif depuis quinze ans des indigénistes inculquant la haine de la France et de la République, la haine des juifs et des minorités. On ne tue pas ce que l’on aime ou ce que l’on respecte. Quand les familles refusent de transmettre ces valeurs, que peut l’école ? Regardez les extrémistes : tout s’apprend, à condition que cela s’enseigne.

Livres suggérés :

Combattre le voilement

Le grand détournement

Le Harem et les cousins

À lire aussi :

André Comte-Sponville : « Je suis favorable à une laïcité non sectaire »

André Comte-Sponville : « Nos gouvernants n’ont plus le choix qu’entre l’impopularité ou l’impuissance »

Chauffeurs de bus RATP : la « jupe trop courte » qui cache la forêt

On n’en fait pas assez pour faire respecter la laïcité…

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Mots-clés : Algérie Entretien Fatiha Agag-Boudjahlat femmes Germaine Tillion identité Islam Islamisme laïcité médias voile

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9.
Rebecca Amsellem et Fatiha Agag-Boudjahlat : les questions qui fâchent Propos recueillis par Violaine de Montclos - Publié le 19/05/2018 à 15:22 | Document ‘Le Point’

L’une vise l’égalité salariale, l’autre l’émancipation dans les banlieues. « Le Point » a interrogé deux féministes radicalement opposées.

Photos - Activiste, fondatrice de la newsletter « Les Glorieuses », Rebecca Amsellem ( à g.) est l’auteure des « Glorieuses. Chroniques d’une féministe » (éd. Hoëbeke). Fatiha Agag-Boudjahlat (à dr.) est cofondatrice de ‘Viv(r)e la République’, auteure du « Grand détournement » (éditions du Cerf).

Ce sont deux visages du féminisme d’aujourd’hui. L’une, Rebecca Amsellem, 29 ans, docteur en économie, se définit comme une « activiste ». Créatrice d’une newsletter féministe à succès,Les Glorieuseshttps://lesglorieuses.fr/, et auteur de Les Glorieuses. Chroniques d’une féministe, elle est notamment à l’origine des mouvements pour l’égalité salariale #7novembre16h34 en 2016 puis #3novembre11h44 en 2017 – dates symboliques auxquelles les hommes auraient en moyenne déjà gagné ce que les femmes gagnent en une année. L’autre, Fatiha Agag-Boudjahlat, 37 ans, enseignante et cofondatrice du mouvement...

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Source : https://www.lepoint.fr/societe/rebecca-amsellem-et-fatiha-agag-boudjahlat-les-questions-qui-fachent-19-05-2018-2219767_23.php

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10.
Informations sur ‘Vivre la République’ – Un mouvement citoyen, laïque et républicain et sur Fatiha Boudjahlat et Céline Pina – « Contre les obscurantismes, soyons la résistance »

Qui sommes-nous ?

Fondé au départ par Céline Pina et Fatiha Boudjahlat, deux femmes politiques qui ont choisi de placer l’engagement et l’idéal républicain au-dessus de la discipline de parti ; le porte-parolat est aujourd’hui assuré par Céline Pina.Photo.

Puis de nombreux soutiens, émanant de la société civile et avec une envie commune : donner à nos enfants la chance de continuer à vivre dans un pays libre et laïque. Et bien sûr, redonner sens et capacité à agir à notre république démocratique et sociale.


Ce que nous pensons

Le monde libre affronte un nouveau totalitarisme, l’islamisme. Cet islam politique menace notre mode de vie et nos idéaux. Ce totalitarisme est à la source des attentats qui ont ensanglanté notre pays, mais il ensemence aussi les têtes, plantant les graines de haine et de violence qui, si elles ne débouchent pas toutes sur un passage à l’acte violent, alimentent le rejet de la France, le séparatisme ethnique et religieux et le refus de la république, de la démocratie et de la laïcité : concrètement c’est soumission contre émancipation, lois divines contre souveraineté populaire, dictature religieuse contre libertés démocratiques, différences des droits selon le sexe, la race ou la religion…
Cette idéologie empêche ceux qui en sont les cibles de trouver leur place car elle fait de l’intégration républicaine, une trahison de sa communauté et de sa foi.

Son ascension se nourrit de l’influence d’Etats étrangers ou de leur manne financière (Arabie saoudite, Qatar, Iran, Turquie…), mais surtout du déni et du refus de réagir de la plupart de nos représentants politiques. Cela génère la peur et la colère chez les Français, un sentiment d’abandon et alimente le vote FN.

Or, nous sommes persuadés que rien n’est perdu, que nos principes et idéaux sont adaptés pour vaincre ce totalitarisme, comme nous en avons vaincu d’autres. Pour cela il ne faut pas attendre que nos représentants se réveillent mais être ce réveil.
Pour les forcer à agir, prenons nous-mêmes des initiatives. Nous sommes la majorité silencieuse, reprenons la parole ! La souveraineté appartient au peuple. Nous sommes le peuple, alors levons-nous et agissons : dans les mairies, les usines, les administrations, les syndicats, les partis, ne laissons passer aucun compromis déraisonnable.
Notre nombre sera notre force. Il démultipliera l’impact de nos actions. Plus compliqué pour un maire d’aider une école coranique clandestine à avoir pignon sur rue si cela peut se savoir partout et suscite une mobilisation générale. Isolés, nous sommes des cibles. Unis nous serons un espoir !

Reprendre la lecture de l’introduction


Ce que nous voulons

  • Regrouper toutes celles et ceux qui veulent combattre l’islamisme sans nourrir l’hydre de l’extrême droite,
  • Revenir à la séparation stricte de l’Etat et de la religion et assumer clairement la suprématie de la loi des hommes contre les dogmes divins dans la sphère publique,
  • Faire respecter l’égalité femmes/hommes et assumer le caractère fondamental de l’égalité des droits dans notre système politique : cette égalité est essentielle et non négociable quel que soit le prétexte culturel ou cultuel qui est utilisé pour justifier le refus d’accorder à un autre être humain les mêmes droits que les siens.
  • Faire respecter la souveraineté du peuple et l’indépendance de notre pays : refuser l’ingérence d’Etats étrangers et particulièrement des Etats du Golfe dans le financement des mosquées et des imams,
  • Amener les élus à prendre conscience de leurs devoirs dans la défense de ce qui fait ce que nous sommes : le choix de l’universalisme contre le communautarisme, de l’égalité contre le séparatisme sexuel, social, ethnique ou religieux, le choix de la liberté contre la soumission au dogmatisme, le choix de la fraternité contre la haine de l’altérité.
  • Sanctionner et interpeller les élus qui cèdent au clientélisme et à l’électoralisme en dénonçant les collusions avec les groupes de pression islamistes ou tout autre type de communautarisme et qui agissent ainsi contre ce qu’ils sont censés défendre : l’intérêt général.
  • Informer de tout financement public déguisé sous forme de subventions, dons ou prêts à des associations soi-disant culturelles qui servent de paravent à des actions cultuelles.
  • Rappeler que la laïcité est le droit de croire, de ne pas croire et de changer de religion et réclamer des instances représentatives de tous les cultes, et notamment celle du culte musulman, de garantir le droit de tout homme et de toute femme à changer de religion ou à abandonner sa religion sans être menacé.
  • Lutter contre les discours de haine, le racisme et l’antisémitisme, contre les accusations gratuites qui visent plus à fermer les bouches qu’à défendre de vraies causes (instrumentalisation du terme islamophobie).
  • Réarmer le discours républicain et assumer le fait que la nation n’est pas une auberge espagnole où chacun trouve ce qu’il y amène, mais une construction qui a une histoire, un projet, des frontières et des idéaux et que tout n’y est pas possible – en premier lieu, essayer de briser l’égalité entre citoyens en refusant l’égalité des droits.
    Retour à la suite de l’introduction

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Merci au dessinateur Morgan Navarro d’avoir réalisé la bannière et le logo de Viv(r)e la République.

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Source : https://vivrelarepublique.fr/le-mouvement-vivre-la-republique/

D’après Wikipédia, « Fatiha Boudjahlat est une enseignante et essayiste française, cofondatrice avec Céline Pina du mouvement Viv(r)e la République. Fatiha Boudjahlat a grandi dans une famille de 8 enfants avec une mère agent d’entretien1. Elle est professeur d’histoire-géographie au collège Maurice Bécanne à Toulouse2 et fut secrétaire nationale du Mouvement républicain et citoyen chargée des questions d’éducation3,4. Cofondatrice avec Céline Pina du mouvement Viv(r)e la République, elle en démissionne en février 20185. Elle est membre du cercle Condorcet.

Son essai Le Grand Détournement, paru aux éditions du Cerf en 2017, se vend à 10 000 exemplaires et arrive finaliste pour l’obtention du prix du livre politique 20186. Le livre fait l’objet de nombreuses recensions et/ou critiques dans les médias7,8,9,10,11. Sur le plateau de François Busnel, au cours de l’émission La Grande Librairie, la philosophe Élisabeth Badinter salue la rigueur intellectuelle de l’ouvrage, son courage, et déclare « avoir reçu le livre dans l’estomac »7. En 2017, elle se présente aux élections législatives dans la quatrième circonscription de la Haute-Garonne mais ne remporte que 0,35 % des suffrages exprimés et est éliminée au premier tour12,13.

Prises de position et controverses

Fatiha Boudjahlat se présente comme une militante féministe, anti-intégriste et antiraciste et se positionne :

Elle a, sur les réseaux sociaux, une vive altercation avec Rokhaya Diallo à la suite de laquelle celle-ci porte plainte pour incitation à la commission d’un crime, estimant qu’il y a « appel au viol ». L’avocat de Rokhaya Diallo a affirmé que cette plainte avait abouti à un rappel à la loi, mais Fatiha Boudjahlat dément, affirmant qu’elle avait été classée sans suite, et a porté plainte à son tour pour dénonciation calomnieuse19,20.

Personnalité controversée21, elle est soutenue par Élisabeth Badinter7,22 et vivement critiquée par Pascal Boniface pour qui elle « n’a d’existence et de reconnaissance médiatiques que parce qu’elle évoque, de manière négative, les musulmans23. »

Article complet avec ses pblications et références sont à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fatiha_Boudjahlat

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Selon Wikipédia, « Céline Pina née en 1970, est une femme politique, chroniqueuse et essayiste française, principalement connue pour sa critique de l’islamisme. Après un diplôme en sciences politiques et d’un diplôme d’études approfondies (DEA) d’administration publique à l’Institut d’études politiques de Grenoble, Céline Pina part à Paris faire un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) de gestion des collectivités locales. Après avoir travaillé au sein de diverses collectivités, soit dans l’administration soit en cabinet — notamment auprès du maire de Pontoise et de celui des Mureaux —, elle est pendant sept ans assistante parlementaire au Sénat, puis à l’Assemblée nationale jusqu’à fin janvier 2016. À la suite de vingt ans de militantisme au sein du parti socialiste (PS), elle est élue pour la première fois en 2008 adjointe au maire de Jouy-le-Moutier dans le Val-d’Oiseet, jusqu’en 2015, conseillère régionale de l’Île-de-France1. De 2012 à 2017, elle est la suppléante du député Dominique Lefebvre2.

Prises de position contre l’islamisme

Elle se fait connaître en 2015 lorsqu’elle dénonce publiquement la tenue du Salon de la femme musulmane3, à Pontoise, qui accueille des prédicateurs salafistes promettant « aux femmes coquettes et parfumées » un « châtiment atroce » et leur enjoignent de « se voiler pour éviter le viol ici-bas, et l’enfer dans l’au-delà ».

Son témoignage est relayé par la presse nationale, et embarrasse le PS. Quelques jours plus tard, Rachid Temal, premier secrétaire fédéral du Val-d’Oise et tête de liste aux régionales, la menace d’expulsion. Son combat en faveur de la laïcité n’est pas soutenu au sein de sa famille politique qu’elle finit par quitter. Elle est y violemment attaquée, qualifiée d’« islamophobe », de « raciste », et accusée de « faire le jeu du FN »4,5,6.

Aujourd’hui sans mandat politique, elle continue de s’intéresser « particulièrement aux questions touchant à la laïcité, à l’égalité, au droit des femmes, à la santé et aux finances sociales7 ».

En avril 2016, en réaction aux attentats terroristes et notamment à ce qu’elle nomme « l’assassinat politique deCharlie Hebdo », elle crée avec Fatiha Boudjahlat — enseignante et ex-cadre du MRC8 — le mouvement citoyen, laïque et républicain Viv(r)e la République9.

Toujours en 2016, elle publie le livre Silence coupable, dans lequel elle dénonce le déni de la classe politique face à la progression du salafisme et le comportement de certains élus locaux qu’elle accuse de pactiser avec les islamistes au mépris de la laïcité10,11.

En mars 2018, elle signe « L’appel des 100 intellectuels contre le ’séparatisme islamiste’ » aux côtés d’Alain Finkielkraut, Bernard Kouchner, Luc Ferry, Françoise Laborde ou encore Élisabeth Lévy12. En avril, elle signe le « manifeste contre le nouvel antisémitisme » paru dans Le Parisien13.

Publication : Silence coupable, éditions Kero, avril 2016, 255 p. (ISBN 2366581963)

Article complet avec références est à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9line_Pina

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11.
« C’est un moment capital pour les Algériennes » - Entretien avec Alice Schwarzer – Propos recueillis par Myriam Morice pour ‘Le Monde des livres’ – Vendredi 28 juin 2019 page 9.

A l’occasion de la parution de son ouvrage « Ma famille algérienne », de la féministe allemande Alice Schwarzer, « qui dresse, à travers la parole des femmes, l’état des lieux d’un pays en effervescence », l’Algérie.

Accès aux références

Ma famille algérienne (Alice Sophie Schwarzer) - Algerie-dz.com www.algerie-dz.com › ... › Actualité, débats et sciences › Algérie Actualités 10 mars 2019

Frauenbewegung: Alice Schwarzer - D...

Frauenbewegung : Alice Schwarzer - Deutsche Geschichte ...https://www.planet-wissen.de › Geschichte › Deutsche Geschichte - Traduction automatique par Google

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12.
Qui est Alice Schwarzer ?

Le mouvement des femmes – Biographie d’Alice Schwarzer - Par Ingrid Strobl - Photo

Elle (Alice Schwarzer), a emmené des femmes dans la rue, des hommes en colère et des mariages. Elle a plaidé contre l’interdiction de l’avortement et contre la pornographie, a écrit Bestseller et a fondé le magazine ’Emma’. Alice Schwarzer est la plus célèbre féministe allemande et fait encore beaucoup de bruit aujourd’hui.

Nouvelle section

Alice Schwarzer est née à Wuppertal en 1942, a suivi un apprentissage de commerce, puis est allée à Paris , a étudié le français et a finalement postulé pour un stage au ’Düsseldorfer Nachrichten’. À partir de ce moment-là, elle était et restait journaliste.

De retour à Paris en 1970, elle est tombée au cœur de l’ouragan causé par le mouvement des femmes françaises ( Mouvement de libération des femmes (MLF)). À partir de ce moment-là, elle était aussi et surtout une féministe.

Ce qui cause tant de femmes en France doit également s’enflammer en République fédérale, pensait-elle, et cherchait des camarades de combat à Berlin et dans d’autres villes allemandes.

’J’ai avorté’

En 1970, 343 Françaises ont déclaré publiquement : ’J’ai avorté et je revendique ce droit pour chaque femme’. Alice Schwarzer voulait faire la même chose pour la République fédérale. Elle a remporté le magazine ’Stern’ pour l’action audacieuse. Et elle a trouvé 374 femmes importantes et inconnues prêtes à s’engager dans l’avortement.

Ce qui signifiait également qu’ils avaient admis avoir violé la loi. Et il fallait être très courageux pour ça. Le 6 juin 1971, le magazine parut. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes sont engagées dans la lutte contre le paragraphe 218, qui les a forcées à avorter en secret et dans des circonstances douteuses.

Lors d’une action commune, des centaines de milliers de femmes de Kiel à Constance ont manifesté contre le paragraphe 218 le 9 mars 1974. L’une des initiateurs était Alice Schwarzer.

En mai de la même année, Alice Schwarzer a contribué à la méthode d’extraction dans l’émission télévisée ’Panorama’. Les médecins américains avaient inventé le pour sauver les femmes de la cicatrisation douloureuse de l’interruption de grossesse.

À la dernière minute, la contribution était dirigée par les plus hauts patrons de ARD . Le directeur de ’Panorama’ Peter Merseburger a ensuite envoyé un studio vide pendant 45 minutes. Le scandale était parfait.

Photo - Senta Berger et Romy Schneider figuraient parmi les 374 personnes connues sur le titre de l’étoile de 1971 : ’Nous avons avorté’

La petite différence

En 1974, un livre intitulé ’L’homme formé’ parut. L’auteur, Esther Vilar, a bricolé les programmes télévisés et a proclamé : Les femmes sont stupides, elles exploitent sans vergogne les hommes et se mettent à l’aise à leurs dépens.

Cela plaisait à beaucoup d’hommes qui étaient agacés par les demandes radicales des féministes. Mais ensuite, Alice Schwarzer dans la télévision WDR , un duel avec Esther Vilar, dans lequel Schwarzer a attaqué l’auteur de manière très agressive verbalement.

Depuis lors, elle est la féministe la plus connue du pays - mais aussi la plus détestée. Elle a été vilipendée en tant que ’sorcière au regard perçant’ et insultée en tant que ’queue du noir’.

À l’automne 1975, le livre d’Alice Schwarzer intitulé ’La petite différence et ses grandes conséquences’ est paru. Il s’agit de l’importance de l’ amour et de la sexualité dans la vie des femmes. Et il disait des choses qui avaient été jusque-là un silence honteux.

Le livre a été un énorme succès. Et tout à coup, les femmes « normales » qui ne fréquentaient pas le centre pour femmes discutaient également de la frigidité féminine et de l’orgasme féminin.

Photo - Alice Schwarzer fait fureur

Le magazine ‘Emma’

En 1976, Alice Schwarzer a fondé le magazine ’Emma’. Dans ’Emma’, elle a lancé plusieurs campagnes, par exemple contre les images de couverture de magazines féminins du magazine ’Stern’ et contre la pornographie. Elle a fondé des archives féministes, écrit plusieurs livres, participé à de nombreux débats et a même eu le sien pendant un moment.

En tant que féministe la plus célèbre d’Allemagne, elle est entrée dans les manuels scolaires et dans l’histoire contemporaine. Mais elle n’était pas sans controverse. D’anciens employés et des collègues de campagne l’ont accusée d’un leadership autoritaire et autocratique. Des groupes de femmes contre la xénophobie les ont même accusées de racisme.

En 1996, elle a reçu la Croix fédérale du mérite. En décembre 2002, à l’occasion de son 60e anniversaire, elle a été félicitée notamment par le président fédéral, Johannes Rau, la ministre de l’Environnement, Renate Künast, et Angela Merkel.

Photo - Depuis 1977, Alice Schwarzer publie ’Emma’ - Au : 20.08.2018, 09:03 - © WDR 2019 – Source : https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=de&u=https://www.planet-wissen.de/geschichte/deutsche_geschichte/frauenbewegung_der_kampf_fuer_gleichberechtigung/pwiealiceschwarzer100.html&prev=search

Qui est Alice Sophie Schwarzer ? Réponse de Wikipédia

Alice Sophie Schwarzer, née le 3 décembre 1942 à Wuppertal en Allemagne, est une journaliste allemande. Elle est la fondatrice et rédactrice en chef du magazine féministe EMMA, et est l’une des féministes allemandes les plus connues.

Biographie

Enfance et religion

Alice Schwarzer est née à Wuppertal d’une mère non mariée et a grandi chez ses grands-parents. Plus tard, elle décrira son grand-père comme quelqu’un de très maternel, et sa grand-mère comme quelqu’un de « très politisée avec un grand sens de la justice ». Elle raconte également avoir vécu une certaine forme de résistance face aux Nazis, et une solidarité avec les victimes. Alice Schwarzer a grandi dans une famille athée, mais a demandé à douze ans à être baptisée dans la religion évangélique et a aussi plus tard été confirmée. Elle se décrit maintenant comme non croyante.

Éducation et vie à Paris

Alice Schwarzer a étudié dans une école de commerce et a travaillé pendant quelques années dans le commerce, mais ne s’épanouissait pas dans le type d’emplois qu’on réservait à cette époque aux femmes. En 1963 elle part pour Paris, où elle apprend le français en travaillant comme jeune fille au pair. En 1965 elle retourne en Allemagne, où elle travaille pour les Düsseldorfer Nachrichten et pour le journal Pardon. De 1970 à 1974, elle travaille à Paris en tant que correspondante politique à son compte pour la radio, la télévision et pour la presse. Son domaine de prédilection est « les conséquences de 68 dans le domaine politique, social et culturel ». À l’université de Vincennes, elle étudie la psychologie et la sociologie, et a, entre autres, pour professeur Michel Foucault.

MLF

Alice Schwarzer est considérée comme l’une des initiatrices du MLF (Mouvement de Libération des femmes) dont les idéologies se répandront en partie grâce à elle jusqu’en Allemagne.

Elle est également considérée en Allemagne comme la « traductrice culturelle » de Simone de Beauvoir, ayant participé à diffuser la pensée de la philosophe française outre-Rhin1.

Elle est, en Allemagne, l’initiatrice d’une campagne médiatique (« PorNO ») visant à l’interdiction de la pornographie, qu’elle juge porter atteinte à la dignité des femmes, et en particulier de la pornographie violente, par le BDSM. Cette campagne a reçu des soutiens politiques de tous bords mais a également fait l’objet de critiques de la part des mouvements féministes « pro-sexe ».

En 1971, deux mois après la publication du « Manifeste des 343 salopes » en France, signé par des Françaises ayant eu recours à l’avortement, elle publie dans le magazine allemand Stern un manifeste similaire, signé par 374 allemandes. En 1975, son livre La petite différence et ses grandes conséquences, succès de librairie traduit en 13 langues, dénonce le pouvoir des hommes sur les femmes à travers l’hétérosexualité. En 1977, elle lance le magazine EMMA2.

Dans les années 1980, elle s’attire l’inimitié des Verts en critiquant l’influence des réseaux pédophiles au sein de cette mouvance libertaire. Des scandales ultérieurs lui donneront raison. Elle s’est par ailleurs engagée pour les droits des homosexuels2.

De 1992 à 1993, elle présente Zeil um Zehn, une émission télévisée de la Hessischer Rundfunk3.

En 2010, elle participe à l’ouvrage collectif Die große Verschleiereung : Für Integration, gegen Islamismus (La grande dissimulation : pour l’intégration, contre l’islamisme) au moment du débat sur l’interdiction du voile et de la burqa à l’école3.

En octobre 2013, elle rassemble plusieurs dizaines de signatures de personnalités allemandes (autant de gauche que de droite) demandant l’encadrement de la prostitution à court terme et son interdiction, à long terme. Depuis 2002, la prostitution, à la suite d’une loi du SPD et des Verts, est en effet banalisée en Allemagne2.

Ouvrages

 (de) Alice Schwarzer, Frauen gegen den Paragraph 218, 1971

 Alice Schwarzer, La petite différence et ses grandes conséquences, Paris, des femmes, 1977, 344 p.

 Alice Schwarzer, Comment des êtres humains ont été transformés en hommes et en femmes suivi de Ce qu’il y a de politique dans la contrainte à l’hétérosexualité, 1977.

 (de) Alice Schwarzer, Romy Schneider - Mythos und Leben, Knaur, 1998

 (de) Alice Schwarzer, Marion Dönhoff Ein widerständiges Leben, Kiepenheuer & Witsch Gmbh, 2008, 359 p. (ISBN 978-3462040562)

Article complet avec notes et références sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_Schwarzer

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13.
Par le voile islamique, que soustraire au regard ? Par Mounir Chamoun , Vice-recteur à la recherche de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth B.P.17 5208 Mar Mikhael 1104 - 2020 Beyrouth, Liban - ‎2004 – [Parmi les notes relatives à cet article, voir en particulier celle classée en référence 1 : « Certains penseurs arabes, loin des courants fondamentalistes cependant, pensent que cette interprétation du texte sacré n’est qu’une lecture parmi d’autres et qu’il n’existe dans le Coran ou les Hadith aucun passage univoque qui impose le voile à la femme musulmane. (Cf. l’article « Voiler la femme, c’est voiler la vie » du poète Adonis dans Le Nouvel Observateur du 22 janvier 2004)].

Plan de l’article

Le voile islamique a pour fonction de soustraire le corps de la femme au regard des hommes comme il veut soustraire les hommes à l’ordre masculin au sein de l’enclos familial, souvent incestuel. La cacher, c’est autant s’en méfier que se l’approprier.

Mots-clés : enclos familial trappe incestuelle corps-tabou œil sexuel

Raccourcis : RésuméPlan de l’articleCiter cet articleSommaire du numéro- Cité par... Articles de revues [2]- Adolescence 2004/3 (no 49) Pages : 220 DOI : 10.3917/ado.049.0543 - Éditeur : L’Esprit du temps - À propos de cette revue- Site de la revue- Sommaire des nouveaux numéros - Haut du formulaire

Voir un exemple

1

« Et dis aux Croyantes de baisser leur regard, d’être chastes, de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît. Qu’elles rabattent leurs voiles sur leurs gorges ! Qu’elles montrent seulement leurs atours à leurs époux, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs époux, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs époux, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou à leurs femmes, ou à leurs esclaves, ou à leurs serviteurs mâles que n’habite pas le désir (charnel), ou aux garçons qui ne sont pas encore au fait de la conformation des femmes. Que les Croyantes ne frappent point (le sol) de leurs pieds pour montrer les atours qu’elles cachent ! Revenez tous à Allah, ô Croyants ! Peut-être serez-vous bienheureux. »

Le Coran, Sourate XXIV, verset 31. Traduction de Régis Blachère (1999). Le Coran. Paris : PUF, 12e éd.

2

Le précepte coranique, à portée universelle dans le monde islamique et plus particulièrement dans le monde arabo-musulman – l’Islam afro-asiatique ayant des habitudes inscrites dans des cultures autres –, impose, par prescription absolue, le port du voile d’abord aux femmes du prophète et par extension à toutes les croyantes musulmanes [1][1] Certains penseurs arabes, loin des courants fondamentalistes.... Qu’il soit hijâb, niqâb, jilbâb, khimar, naçif, tchador ou burka, autrement dit qu’il cache une partie du corps ou le corps entier, qu’il occulte le visage dans sa totalité ou simplement les yeux ou qu’il mette en relief ces mêmes yeux maquillés seuls visibles au milieu d’une tête voilée, il s’inscrit dans la dialectique bien connue des psychanalystes du voir et être vu, si chère à Bonnet (1999). Le voile islamique est lié au corps de la femme et ce dernier recèle dans l’imaginaire, tant pour l’individu que pour la société, de multiples dangers.

Un enclos familial

3

Le texte coranique, proposé à la foi du croyant comme obligation, définit une fois de plus dans l’ensemble de la doctrine islamique, l’emprise de l’homme sur la femme et la prédominance du pouvoir des mâles dans la hiérarchie sociale. Cette situation de fait a été considérée par plusieurs auteurs musulmans des deux derniers siècles, anthropologues, sociologues et politologues, comme source de ce qu’ils appellent eux-mêmes « le retard islamique », mesuré à l’aune du développement des sciences et des technologies nouvelles, ou de la modernité en général. Mérad (1992), professeur émérite à l’Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III, en a fait l’humus de son œuvre critique que nous aborderons plus loin.

4

Ce qu’il faut entendre ici par « enclos familial », est l’ensemble des femmes de la tribu ou de la famille élargie constituant le territoire de l’homme ou des hommes, ensemble de femmes dévolues exclusivement à leur service et à la satisfaction de leurs besoins. Mahfuz, ce Balzac du monde arabo-musulman et de l’Égypte en particulier, prix Nobel de littérature dont l’œuvre est universellement connue et appréciée, traduit bien ce statut mineur de la femme dans son roman Bayn al Qasrayn, qui décrit la vie quotidienne dans un quartier populaire de la ville du Caire. Ahmad Abdel Gawwad, personnage central du roman à qui sa femme reproche des sorties nocturnes, lui prend l’oreille et lui dit de sa voix sonore, sur un ton décidé : « Je suis un homme ; c’est moi qui commande. Je n’accepte pas la moindre remarque sur ma conduite. Ton seul devoir est d’obéir. Prends garde de ne pas m’obliger à t’apprendre à vivre » [2][2] Mahfuz N. (1956). Bayn al Qasrayn. Le Caire : Dar el.... Territoire de l’homme, la femme vertueuse doit dissoudre sa personnalité dans une obéissance absolue aux mâles de la famille et ne se plaindre de rien.

Le public et le privé, l’ostentatoire et l’intime

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« Le premier principe que devraient respecter les musulmans émigrés, particulièrement ceux qui ont obtenu la nationalité du pays dans lequel ils vivent, est d’établir une nette distinction entre ce qui est du domaine du public et ce qui relève du privé », écrit Adonis [3][3] Adonis, « Voiler la femme, c’est voiler la vie ». Op..... Il ajoute plus loin que c’est méconnaître les valeurs culturelles du milieu d’accueil que d’insister sur le port du voile et de mépriser ainsi ce pour quoi les autochtones ont longtemps lutté pour instaurer les principes de la démocratie républicaine, c’est-à-dire offrir à tout le monde, émigrés compris, travail et liberté. Nourri de culture occidentale, le poète prend à son compte une conception intimiste de la religion qui définit le rapport singulier de l’être humain à son créateur : « À la base de l’expérience religieuse, il y a une dimension intime, presque secrète, toute de simplicité, de pudeur, de silence et de retour à soi, très éloignée de ce culte des apparences. La mosquée est le seul endroit où le musulman a légitimité à se singulariser. C’est là qu’il exprime son “ identité ” religieuse en Occident (et cela devrait aussi être le cas dans le monde arabe). » Nul doute qu’une telle pensée, généreuse et respectueuse des droits de l’Homme, ne puisse avoir cours dans le monde arabo-musulman aujourd’hui. Plus que jamais, l’affirmation de l’identité passe par la proclamation de la différence, dans un climat arrogant et hostile, compensateur de décennies d’humiliations par l’allégeance à un occupant envahisseur ou colonisateur. Si le port du voile en pays musulman s’inscrit dans la soumission à l’homme, à Dieu et à son prophète, et si toute transgression dans ce domaine est punie par la loi, comme en Arabie, en Afghanistan ou ailleurs, le port du voile en Europe par exemple, parce qu’il est libre, tient plus exclusivement de l’affirmation identitaire. Mais cette affirmation est-elle véritablement libre ? Est-elle une soumission à la loi du groupe, fruit d’une contrainte collective, mais convertie par les femmes sous pression en une acceptation volontaire proclamée ? Ce qui peut en faire douter, c’est justement le port du seul voile distinctif alors que le précepte coranique stipule que le corps entier doit être dissimulé, hormis le visage. Un voile sur la tête est ainsi incompatible avec un pantalon serré et à plus forte raison, avec une jupe courte ou extra-courte laissant apparaître nombril et « poignées d’amour ». La houchma (pudeur) doit être de rigueur en Islam pour les femmes croyantes.

La « mauvaiseté » du regard

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Sur un tout autre plan, souligné par les islamologues comme par les historiens, les anthropologues et les psychanalystes, se situe le problème du regard d’une part de la femme sur l’homme et son entourage, et d’autre part, des autres sur elle. On rapporte à l’Imam Ali, l’un des premiers successeurs de Mahomet, son gendre et fondateur du chi’isme, le fameux mot : « La femme est tout entière faite de mal ; et le pire mal en elle est qu’elle est indispensable. » Voir en rêve ou voir en direct est une opération liée profondément à la violence et à la destruction. Hirt (1993), dans son très beau livre Le Miroir du prophète, insiste sur cette fonction du regard, plus destiné à percevoir la destruction et la mort que l’ordre paisible et harmonieux du perçu. Et il ajoute : « L’écriture de la vision semble ainsi déjouer la violence qui l’habite. L’œil serait toujours plus prêt à voir la destruction que l’organisation, ce qui se conçoit dès que l’on admet que la vision rassemblée du “ moi ” comme image serait précédée d’une vision en pièces et morceaux, que Lacan a pu comparer aux scènes de l’Enfer peintes par Bosch » [4][4] Hirt, 1993, pp. 71-72.. Cette fonction maléfique du regard impose l’ablution des yeux avant la prière pour transformer, par ailleurs, l’aveuglement en voyance et en possibilité de protection. Voiler les yeux de la femme serait donc l’empêcher de détruire ou la soustraire à la violence du perçu. Mais je crois que de telles considérations n’ont plus cours aujourd’hui quand on insiste sur le port du voile en Occident, celui-ci n’occultant pas le regard, mais simplement couvrant le chef, les cheveux et le cou. Le voile n’est plus un tissu occultant mais un foulard serrant les cheveux, cachant oreilles et gorge.

7

Reprenant ce même thème, dans son ouvrage récent, La psychanalyse à l’épreuve de l’Islam, sorte d’habillage en terminologie relativement lacanienne de certaines constantes doctrinales islamiques, Benslama (2002) insiste sur le double aspect « voyance et regard », constitutif de l’être de la femme. Il va d’ailleurs jusqu’à parler de « voile théologique ». Il écrit : « Du point de vue de la théologie islamique qui le prescrit, le voile n’est pas un signe. Il est une chose par laquelle le corps féminin est occulté en partie ou totalement, parce que ce corps a un pouvoir de charme et de fascination » [5][5] Benslama, 2002, p. 195.. Cette affirmation constitue-t-elle une condamnation de la femme comme source de mal absolu ? En effet, ce n’est plus seulement le regard de la femme qui est dangereux, mais tout son corps exhibé ou perçu hors de l’espace domestique. Bouhdiba dans son livre La sexualité en Islam, avait déjà établi une terrible équation ainsi formulée : « Le voile va donc faire passer la musulmane dans l’anonymat le plus total : être musulmane, c’est vivre incognito. Et pour en être sûre la société arabe n’a plus qu’à séquestrer la gent féminine. La maison arabe ne sera plus qu’un voile de pierre renfermant le voile de coton ou de laine » [6][6] Bouhdiba, 1975, p. 50.. Ainsi pour beaucoup d’auteurs musulmans, l’homme comme les collectivités doivent se parer contre le regard de la femme et la séduction qu’elle peut exercer au moyen du tabbaruj et de la zina[7][7] Deux termes qui signifient maquillages, attraits, ..., c’est-à-dire des diverses monstrations qu’elle peut utiliser pour induire la sédition dans la communauté. Benslama ajoute : « Comme le corps de la femme a été déclaré tabou en son entier, c’est la femme qui est devenue dans son essence un œil, un œil sexuel irradiant qu’il faut obturer » [8][8] Benslama, 2002, pp. 197-198.. C’est donc la femme comme puissance voyante qu’il faut neutraliser, dont il faut réduire ou juguler la force de pénétration dévolue à sa prunelle, capable de fendre le cœur des hommes et d’y implanter son amour en les détournant des chemins de Dieu.

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On pourrait multiplier à l’infini les références à des écrivains issus de l’Islam ou à d’autres qui ont bien connu la culture arabo-musulmane et qui ont analysé les déterminants sociologiques et psycho-sociaux permettant de saisir les nervures des comportements privés et publics des tenants de cette religion. Ce qui importe davantage pour le psychanalyste, c’est de savoir comment une telle détermination par le social a pu agir sur la structuration de la psyché de la fille puis de la femme et ce qu’il a pu en résulter comme habitus social suite à la construction d’une image de soi édifiée dans la contrainte et l’interdit, dans des milieux sociaux de plus en plus ouverts au monde, ne serait-ce que par le truchement des médias et des technologies de la communication. Pour être équitable, il faut d’abord signaler que la rigueur relative au port du voile, qui ne fut introduit d’après les historiens de l’Islam que relativement tard par Omar, l’un des premiers califes, n’existe aujourd’hui, du moins collectivement, que dans certains pays comme l’Arabie saoudite ou d’autres régions du monde islamique peu développées, comme l’Afghanistan, le Yémen, etc. Dans la majorité des pays du Maghreb comme dans les pays du Machreq tels que le Liban, la Syrie, les Émirats du Golfe et la Turquie, une laïcité de fait s’établit entraînant une libération des femmes et une distance critique quant au port du voile. Mais dans l’ensemble de ces pays, justice n’est pas encore rendue à la femme et son statut, toujours mineur, qui ne lui permet guère de se percevoir comme un sujet libre, responsable en partie de son destin.

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Tout ce que nous avons évoqué précédemment nous permet de dégager les constantes suivantes :

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1 - Ontologiquement, la femme se perçoit comme objet soumis au seul désir de l’homme qui la possède par les liens du mariage ou du sang et à qui elle doit une allégeance absolue, dans l’enclos familial protecteur et potentiellement incestueux. Elle se perçoit elle-même comme un objet d’autant plus précaire qu’elle est répudiable à merci.

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2 - Psychologiquement, la femme perçoit son corps comme source de mal, de tentation et de séduction, comme territoire de la faute ou du péché, susceptible de détourner le croyant des voies de la prière et du salut. Par ses charmes comme par l’anatomie même de son corps, elle constitue le gouffre où peut s’abîmer la vertu des fils d’Allah. Cependant sa présence est un mal nécessaire, comme le soutenait l’Imam Ali, en vertu de sa fonction matricielle et reproductrice.

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3 - Le véhicule du mal qu’elle porte, ou qu’elle peut engendrer, réside dans sa fonction de voyante à travers un regard pouvant pénétrer les cœurs et les esprits, et les damner par sa nocivité intrinsèque. Il y a autant de danger à regarder qu’à être regardé.

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4 - Consciente à la fois de ses faiblesses et de ses pouvoirs, même maléfiques, la femme musulmane demeure le pivot central, bien que fragile, de la vie familiale. Ceci est illustré dans la tradition islamique par l’emprise d’une de ses femmes sur le prophète et, plus tard, des mères des sultans ottomans sur leurs fils.

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5 - Cet ensemble de données organise vectoriellement les conduites de la femme dans ses rapports à l’homme, dans le quotidien de l’agir comme dans la relation érotique. Puisque ce qu’il faut soustraire au regard est tellement désiré, et à la fois excessivement dangereux, autant en faire une monnaie d’échange, tout enrobée de l’ambivalence de l’emprise et de la soumission. Ici prend corps une conflictualité conjoncturelle quasi permanente qui ne trouve d’issue que dans une répression et une misogynie appuyées sur le texte coranique et sur la tradition.

Loi de dieu, loi de l’homme et lois de la république

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Ce qui fait problème est moins la loi de Dieu que la loi des hommes, en tant que mâles dominateurs comme évoqué plus haut. Le prophète de l’Islam est un homme qui reçoit les directives divines et les transmet aux hommes en tant qu’homme : « Ô Prophète !, dis à Mounir Chamoutes épouses, à tes filles et aux femmes des Croyants de serrer sur elles leurs voiles ! Cela sera le plus simple moyen qu’elles soient reconnues et qu’elles ne soient point offensées. Allah est absoluteur et miséricordieux » [9][9] Le Coran, Sourate XXXIII, verset 59.. La loi de l’homme marque le territoire et permet de reconnaître facilement les filles d’Allah parmi les païennes et les infidèles, et interdit qu’elles soient offensées. Ne sont-ce pas les arguments utilisés par des jeunes filles musulmanes en banlieue parisienne qui s’interdisent de sortir dévoilées à cause de leurs jeunes coreligionnaires qui, ne les reconnaissant plus, risqueraient de les offenser, de les insulter et de les qualifier de catins ? Mais au-delà de cette reconnaissance défensive, il y aurait lieu de parler d’un processus identificatoire vécu par la personne elle-même, motivée peut-être autant par la soumission que par la liberté de conviction. Identité différentielle qui doit entraîner en tout lieu un respect pour la croyance et pour l’option de vie. Il nous est arrivé d’avoir en analyse des musulmanes voilées pour qui cette monstration était parfaitement intégrée à leur conduite et à leur vision du monde, et qui ne craignaient guère d’être les analysantes d’un homme à qui, bien sûr, elles ne serraient pas la main.

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Restent dans les situations d’émigration la loi ou les lois de la république des pays d’accueil, où le problème de l’affirmation différentielle se pose davantage encore que dans le pays d’origine. La république qui accueille et se propose d’intégrer les émigrés, introduit le sujet dans les arcanes du surmoi culturel et de tout ce que cela induit comme réorganisation psychique pour assurer, au long cours, une vie féconde et autonome dans une société au départ perçue comme hostile parce que nouvelle. Un ministre de l’Intérieur français, justifiant l’expulsion d’un imam de mosquée qui prêchait la sédition et qui s’affirmait soumis à la loi de Dieu, lui avait signifié qu’en France c’est la loi de la République qui prévaut et non celle de Dieu. En fait, quand la loi de Dieu se convertit en une loi à connotation sociologique et comportementale, elle peut entrer en contradiction avec celle de la république, créant, comme déjà signalé, une situation d’injonction paradoxale susceptible d’entraîner dans certains cas un effondrement psychique ou une désadaptation durable. Faut-il en conclure avec le poète arabe Adonis que « voiler les femmes c’est voiler la vie » [10][10] Adonis, « Voiler la femme, c’est voiler la vie ». Op.... ? Instrument polyvalent redoutable, le voile interdit et occulte ; il est vrai que, dans beaucoup de pays, il a également anéanti les potentialités créatrices de la femme en lui interdisant d’exprimer ce qu’elle ressent et ce qu’elle vit. Il serait encore plus dangereux que le voile suscite un enfermement de la femme sur elle-même et en elle-même, instaurant de l’ombre et des ténèbres là où doit éclater la lumière. Ce serait ériger un autre « mur de la honte » entre les hommes et les femmes, désertifiant ainsi les relations humaines en appauvrissant le dialogue et en le noyant dans un discours monocorde et monochrome.

Bibliographie

  • benslama f. (2002). La psychanalyse à l’épreuve de l’Islam. Paris : Aubier.
  • bonnet g. (1999). Voir et Être vue. La part du père dans l’accès de la fille à la féminité. Rev. Fr. Psychanal., 63 : 87-101.
  • bouhdiba a. (1975). La sexualité en Islam. Paris : PUF.
  • hirt m. (1993). Le Miroir du prophète. Psychanalyse et Islam. Paris : Grasset.
  • merad a. (1992). L’Islam contemporain. Paris : PUF.
    Notes

[1]

Certains penseurs arabes, loin des courants fondamentalistes cependant, pensent que cette interprétation du texte sacré n’est qu’une lecture parmi d’autres et qu’il n’existe dans le Coran ou les Hadith aucun passage univoque qui impose le voile à la femme musulmane. (Cf. l’article « Voiler la femme, c’est voiler la vie » du poète Adonis dans Le Nouvel Observateur du 22 janvier 2004).

[2]

Mahfuz N. (1956). Bayn al Qasrayn. Le Caire : Dar el Maaref, pp. 5-8.

[3]

Adonis, « Voiler la femme, c’est voiler la vie ». Op. cit., pp. II-III.

[4]

Hirt, 1993, pp. 71-72.

[5]

Benslama, 2002, p. 195.

[6]

Bouhdiba, 1975, p. 50.

[7]

Deux termes qui signifient maquillages, attraits, atours.

[8]

Benslama, 2002, pp. 197-198.

[9]

Le Coran, Sourate XXXIII, verset 59.

[10]

Adonis, « Voiler la femme, c’est voiler la vie ». Op. cit., p. I.

Español

La función principal del velo islámico, es de sustraer el cuerpo femenino de la mirada del hombre y también de sustraer los hombres de la mirada de las mujeres quienes tienen un poder terrible para penetrar en los corazones y destruir las almas. La mirada femenina es muy fea y peligrosa. La concepción tradicional de la femenidad en los paises musulmanos, no reconoce la autonomía y la subjetividad de la mujer y no puede darle una imágen positiva de sí misma. La mujer queda bajo la dominación del hombre, oculta y unicamente consagrada al servicio de los hombres.

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14.
Regarder une femme qui n’est pas une proche parente - Par Mouhammad Patel - Le 08 février 2007 – Document ‘muslimfr.com’

Les rapports et contacts entre les hommes et les femmes qui ne sont pas mariés ou qui ne sont pas de proches parents 1 sont encadrés dans la législation musulmane par un certain nombre de principes et règlements bien précis. Ces dispositions visent à protéger et à sauvegarder la pudeur au sein de la communauté humaine. Par ailleurs, les orientations adressées aux uns et aux autres ont pour objet d’éviter l’adoption d’attitudes qui pourraient avoir pour conséquence de renforcer l’emprise de certains instincts et d’intensifier certaines pulsions sur les individus, diminuant d’autant la résistance de ces derniers face à eux -avec tous les risques que cela renferme, comme par exemple la naissance de tensions au sein du couple pouvant conduire jusqu’au divorce, ou encore la réalisation d’actes strictement interdits en dehors du cadre licite du mariage…

Dans le présent article, je vous propose une synthèse des règles énoncés par les juristes musulmans en rapport avec les limites que doivent respecter les hommes au niveau du regard envers les femmes « étrangères » (non mahram) qui ne sont pas « adjâïz » (c’est à dire qui n’ont pas atteint un âge bien avancé…) 2

  • Selon l’école malékite, il n’est pas permis à un homme de regarder une femme non mahram, exception faite de son visage et ses mains. Ces deux dernières parties, il peut les regarder à condition qu’il ne craigne pas d’être attiré par ce regard (‘inda ‘adami khawf il fitnah) , et à condition qu’il n’observe pas la femme pour y prendre du plaisir.
  • Selon les châféites, il n’est pas permis à un homme de regarder une femme étrangère. D’après l’avis faisant autorité chez eux, même le regard vers le visage et les mains d’une telle femme n’est pas autorisé sans raison valable (reconnue comme telle par les juristes musulmans.)
  • Selon l’avis qui semble faire autorité chez les hanafites, un homme ne peut regarder que le visage, les mains et les pieds d’une femme étrangère à condition que ce regard ne soit pas accompagné de désir (min ghayri chah’wah). Certains oulémas hanafites sont cependant d’avis que, dans un contexte où le risque de tentation est dominant, le regard, même non accompagné de désir, vers le visage, les mains ou les pieds de la femme est à éviter (makroûh) sauf en cas de besoin (reconnu comme tel par les juristes musulmans).
  • Selon l’avis qui semble faire autorité chez les hambalites, une homme ne peut regarder aucune partie du corps de la femme qui lui est étrangère, sauf en cas de nécessité (reconnu comme tel par les juristes musulmans).
    Ces différentes règles ont été établies à partir des références suivantes :

1) Injonction de protéger le regard en général :

« Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est plus pur pour eux. Allah est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font. »

(Sourate 24 / Verset 30)

Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) avait dit à une occasion :

« Ô Ali ! Ne fais pas suivre le regard d’un autre, car seul le premier t’est autorisé. »

(Tirmidhi)

2) Permission pour la femme de découvrir (et donc pour l’homme de regarder, sous certaines conditions) quelques parties du corps (les mains, le visage, ainsi que les pieds pour certains…) -élément de l’argumentaire des hanafites et des mâlékites :

« Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines (…) »

(Sourate 24 / Verset 31)

3) Condition d’absence de désir lors du regard :

Dans un Hadith, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) affirme :

« (…) La « fornication » (zinâ) des yeux », c’est le regard… »

(Boukhâri)

Al Kâsâni r.a., commentant ces propos du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), soutient que ce zinâ des yeux a lieu justement lors du regard avec désir, étant donné que c’est là un facteur pouvant entraîner des actions illicites.

4) Interdiction de regarder n’importe quelle partie du corps d’une femme étrangère-élément de l’argumentaire des hambalites ; les savants qui ne partagent pas leur avis considèrent que la prescription contenue dans ce verset s’adresse de façon exclusive aux épouses du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) :

« Ô vous qui croyez ! N’entrez pas dans les demeures du Prophète, à moins qu’invitation ne vous soit faite à un repas, sans être là à attendre sa cuisson. Mais lorsqu’on vous appelle, alors, entrez. Puis, quand vous aurez mangé, dispersez-vous, sans chercher à vous rendre familiers pour causer. Cela faisait de la peine au Prophète, mais il se gênait de vous (congédier), alors qu’Allah ne se gêne pas de la vérité. Et si vous leur demandez (à ses femmes) quelque objet, demandez-le leur derrière un rideau : c’est plus pur pour vos coeurs et leurs coeurs ; vous ne devez pas faire de la peine au Messager d’Allah, ni jamais vous marier avec ses épouses après lui ; ce serait, auprès d’Allah, un énorme pêché. »

(Sourate 33 / Verset 53)

5) Permission de regarder certaines parties du corps d’une femme étrangère en cas de besoin (reconnu comme tel par les juristes musulmans) :

Dans plusieurs Hadith, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a autorisé à (et même exhorté) celui qui désirait demander la main d’une femme en mariage de la regarder d’abord.

Wa Allâhou A’lam !

Et Dieu est Plus Savant !

1- A titre d’information, je rappelle que toute personne avec qui le mariage est interdit pour toujours est considéré comme proche parent -mahram- . Celles (ou ceux, pour les femmes…) avec qui le mariage est possible et envisageable sont considérés comme des « étrangers » : Les règlements mentionnés dans la synthèse concernent justement les rapports entre personnes « étrangères » de sexe opposé.

2- Il est à noter que la plupart des écoles de jurisprudence musulmane ont établi une distinction entre le regard vers une femme d’un âge suffisamment avancé (« adjoûzah », pluriel « adjâïz ») de celui porté sur une femme qui n’a pas atteint ce stade.

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Les femmes musulmanes sont-elles forcées à porter le voile, comme on l’entend dire ? Par Aude Lorriaux — 30 septembre 2016 à 16h03 ; mis à jour le 31 janvier 2019 à 16h29 – Document ‘slate.fr’

De nombreux hommes politiques affirment ou suggèrent que la plupart des femmes voilées subissent des pressions et sont contraintes de porter le foulard, comme Manuel Valls, dans un tribune intitulée « En France, les femmes sont libres ». Notre enquête démontre que ces faits sont très minoritaires.

Photo - Une femme voilée sourit en tenant une baguette près du lotissement ’Les Bates’ à Dreux, le 14 octobre 2013. AFP PHOTO / JEAN-FRANCOIS MONIER

Début septembre, dans une tribune intitulée « En France, les femmes sont libres », Manuel Valls dénonçait le port du burkini, qu’il opposait à la tradition de « liberté » de l’Hexagone, et estimait qu’il y a « domination masculine, dès lors que l’on considère que le corps de la femme doit être soustrait de l’espace public ». Quelques semaines plus tard, Nicolas Sarkozy ciblait dans son livre Tout pour la France « la pression communautaire et familiale » qui pèse sur les jeunes femmes : « Au bout de quelques années, celles qui ne sont pas voilées sont montrées du doigt, un comble ! » De nombreux autres élus ont dénoncé les « pressions » exercées sur les femmes pour porter le voile, à l’instar du député Guillaume Larrivé, proche de l’ancien président de LR et auteur d’une proposition de loi relative à la transparence de l’exercice public des cultes.

La question charrie son lot de fantasmes : les femmes musulmanes qui portent le voile en France le font-elles de leur plein gré, ou y sont-elles forcées ? Si certaines le sont, dans quelles proportions ? Et sans même parler de coercition pure et dure, quelle est la proportion de femmes qui subissent des pressions à porter le voile ?

Il n’existe aucune enquête quantitative qui aurait interrogé un échantillon représentatif de femmes voilées sur leurs motivations. De nombreuses études qualitatives de chercheurs, portant sur des dizaines ou des centaines de femmes, dessinent néanmoins une réponse bien plus nuancée que ce que laissent sous-entendre les discours politiques : en France, s’il y a bien des cas de femmes sur lesquelles on a exercé des pressions verbales ou physiques très fortes, ils sont tout à fait minoritaires.

Nous avons interrogé une quinzaine de chercheurs spécialistes du voile, des femmes musulmanes ou des quartiers populaires, et leur avons demandé si, au cours de leurs recherches ou en dehors, ils avaient rencontré des femmes voilées affichant, de manière explicite ou non, des signes de coercition. Tous nous ont affirmé n’avoir soit jamais rencontré une telle situation, soit l’avoir rencontrée de manière très exceptionnelle.

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Cette affirmation n’est évidemment pas infaillible, et ne peut servir de base à un pourcentage. D’abord parce qu’il existe des biais de sélection lors du choix des témoins, comme l’explique Françoise Lorcerie, coordinatrice du livre La Politisation du voile. L’affaire en France et son écho à l’étranger :

« Lorsque l’on s’approche de ces personnes en leur demandant si elles sont forcées, elles peuvent être blessées dans leur dignité. Elles vont se protéger. Cela ne prouve rien, tant qu’on n’a pas de population matrice, on ne peut pas avoir des résultats représentatifs », explique-t-elle.

Les témoignages en question, émanant de chercheurs qui ont travaillé pendant des années sur ce sujet, constituent néanmoins un indice sérieux. Documentariste et chercheuse en sciences sociales,Agnès De Feoa interviewé près de 150 femmes portant le niqab (dont le port est interdit en France au nom de la loi contre« les pratiques de dissimulation du visage dans l’espace public »), 50 femmes portant le djilbeb (une robe longue de couleur sombre, qui couvre l’intégralité du corps mais pas le visage) et des centaines de femmes voilées :

« Toutes les femmes que j’ai rencontrées n’avaient pas été forcées, je n’ai jamais rencontré de ma vie une femme forcée à porter le voile. »

Idem pour Emmanuel Jovelin, maître de conférences de sociologie à l’Université catholique de Lille, qui a interrogé « une bonne vingtaine » de porteuses de hijab à Stains, en 2009, et en a rencontré beaucoup d’autres au cours de ses activités : « Je n’ai pas trouvé de femmes qui ont subi des pressions pour porter le voile. Je pense que c’est minoritaire. » Idem aussi pour Claire Donnet, chercheuse associée à l’Université de Strasbourg, qui a observé des rencontres qui réunissaient environ 70 femmes voilées et non-voilées et n’a « jamais observé de pressions ». Idem pour Fatiha Ajbli, sociologue spécialisée dans l’étude des discriminations professionnelles subies par les musulmanes, qui entre son mémoire de DEA (équivalent à l’époque du master 2) et sa thèse, a rencontré des « centaines de femmes musulmanes » de 20 à 40 ans. Idem aussi pour Ouisa Kies, chercheuse rattachée à l’École des hautes études en sciences sociales, qui a suivi une quinzaine de personnes de 2003 à 2014.

La question de la contrainte ne se pose guère sur le terrain, ou en tout cas pas dans les formes simples dans lesquelles on a pu la poser

Julien Beaugé

« Même si l’on peut discuter ici ou là, les conclusions ou les approches des sociologues ayant enquêté sur les pratiques du port du voile en France et dans d’autres pays où les femmes disposent d’une certaine marge de manœuvre dans l’utilisation de leur corps, il y a au moins une conclusion qui s’impose : la question de la contrainte ne se pose guère sur le terrain, ou en tout cas pas dans les formes simples dans lesquelles on a pu la poser (les pères-maris-frères qui forcent leurs filles-femmes-soeurs). C’est pourquoi les sociologues s’en désintéressent… », analyse Julien Beaugé, maître de conférences en sciences politiques à l’Université de Picardie, qui a soutenu une thèse en 2013 sur « les logiques sociales du voilement des musulmanes en France ».

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Un voile « forcé » ne dure pas

Les femmes qui se voilent « rarement, toujours ou sauf sur le lieu de travail ou d’étude » sont au minimum au nombre de 500.000 personnes environ,si l’on en croit les estimations données par une récente étude de l’Institut Montaigne, qui chiffre à entre trois et quatre millions le nombre de musulmans en France. Une fourchette basse selon certains démographes. S’il existait une coercition à grande échelle, il y a de bonnes raisons de penser qu’elle serait alors beaucoup plus visible, comme le sont les violences conjugales, qui malgré des conditions extrêmement difficiles de parole pour les centaines de milliers de victimes annuelles, sont aujourd’hui bien documentées.

« Pour qu’une pratique persiste voire se répande, il faut de façon générale qu’elle trouve appui dans la socialisation de la population concernée. [...] Il n’est dès lors pas étonnant que les cas de port véritablement contraint du voile soient relativement rares, et souvent dénoncées par celles qui, voilées et pratiquantes, entendent faire du port du hijab un acte volontaire, conscient, réfléchi, pieux », juge Julien Beaugé.

Ce qui ne veut pas dire que ces cas de coercition n’existent pas du tout. De temps en temps, ils apparaissent à la surface, comme celui de cette femme« terrorisée par son ex-compagnon », proche d’un mouvement traditionaliste musulman violent, et que son mari, selon l’avocate Yael Mellul, forçait à coups de menaces à porter le voile.

Ces cas semblent ultra-minoritaires car, quand le voile est « forcé », il ne dure pas, constatent les chercheurs. C’est le cas par exemple pour les filles qui sont encore sous la tutelle de leurs parents et peuvent se voir exposées à un chantage « pas de voile, tu quittes la maison ». Mais ces jeunes femmes font « tomber » leur voile dès qu’elles quittent le foyer. « Ce n’est pas un phénomène qui dure dans le temps, car cela coûte trop sur le plan psychologique », observe Fatiha Ajbli, qui se souvient d’une adolescente qui retirait le voile dès qu’elle quittait sa mère, et qui l’a aujourd’hui définitivement abandonné.

Des pressions verbales minoritaires

Mais ce genre de contraintes physiques ne suffit pas à résumer une éventuelle coercition autour du port du voile, qui peut aussi relever de « pressions ». Ce sont, par exemple, des pressions verbales –une insulte criée au passage d’une femme qui ne porte pas le voile, et est traitée de « sale pute »– ou encore des remarques insistantes de la famille, des moqueries des amies voilées, etc.

Là aussi, contrairement aux fantasmes véhiculés, ces cas semblent très rares. C’est la propre présidente de l’association Ni Putes Ni Soumises (NPNS), une organisation à la pointe de la lutte contre le voile, qui l’affirme : « Une pression très explicite, avec des insultes ? Je ne l’ai pas rencontrée », nous confie Linda Fali. La question du voile a constitué environ 8% des 4.000 appels et rendez-vous auprès de l’association en 2015, mais aucun appel n’a concerné des femmes « forcées de porter le voile », ni même des femmes qui subiraient des pressions verbales. 6% concernent des jeunes filles qui hésitent à retirer leur voile et 2% des parents qui ont peur que leur fille ne le mette.

Certains chercheurs ont croisé, à un moment de leur parcours, un ou plusieurs cas de pressions. Agnès De Feo raconte par exemple avoir un jour rencontré une femme tunisienne mariée avec un salafiste qui lui a lancé, avant son mariage : « Si tu veux te marier avec moi, il faut mettre le niqab. » « Une amie qui portait un débardeur dans la rue s’est fait traiter de ’pourriture’ qui fait ’honte à Dieu’ », rapporte aussi Nadia Ould-Kaci, du collectif des Femmes sans voile.

Photo - Une femme portant un niqab à Roubaix, le 9 janvier 2014. AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN

Dans la récente étude de l’Institut Montaigne, 6% des femmes qui portent le voile déclarent le porter « par contrainte » de leurs proches

Quelle est l’ampleur de ces pressions ? Pour le sociologue Eric Marlière, maître de conférences à l’Université de Lille, elles concernent peut-être « 15 à 20% des cas ». Dans la récente étude de l’Institut Montaigne, 6% des femmes qui portent le voile déclarent le porter « par contrainte » de leurs proches, sans qu’on sache avec certitude ce que l’expression recouvre entre contraintes verbales et coercition physique.

A noter aussi que, dans la même étude, 26% des hommes musulmans interrogés affirment s’opposer au port du voile, contre « seulement » 18% des femmes, chiffre qui semble apporter un démenti à « l’opinion dominante qui voudrait que les hommes soient plus conservateurs que les femmes » et qui ne cadre pas avec l’idée qu’une majorité de femmes voilées le portent à cause de pressions.

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« On a transformé un fantasme en une règle intangible »

En l’absence de chiffres clairs et connus, les cas parfois relatés dans la presse ont un effet grossissant. « Il y a un problème de cadrage [médiatique] dominant, juge Vincent Tiberj, chercheur à Sciences-Po Paris, qui a co-écrit le chapitre sur la religiosité des immigrés et de leurs descendants dans l’enquête Trajectoires et Origines de l’Institut national d’études démographiques (Ined). Toute femme qui porte le voile serait forcée. Or quand on parle aux étudiantes voilées, elles ont un bac, décident de faire des études, et ne sont pas sans arrêt sous la surveillance des grands frères ! ».

« On a transformé un fantasme en une règle intangible, en considérant que s’il y a des femmes forcées de porter le voile, toutes les sont. Ce qui a été observé dans ces enquêtes [qualitatives] a souvent été conforté. La majorité des femmes qui se voilent le font librement, le reste c’est du fantasme », affirme aussi la chercheuse Nacira Guénif-Souilamas, professeure à l’Université Paris 8 et vice-présidente de l’Institut des Cultures d’Islam.

A la place de pressions pour porter le voile, on observe plutôt des pressions familiales fortes à ne pas le porter, face aux obstacles professionnels et sociaux qu’il implique, racontent les chercheurs et acteurs de terrain que nous avons interviewés.

« Les parents des jeunes femmes dont j’ai pu étudier les ’carrières’ de ’voilement’ étaient souvent très réticents à l’égard du choix de leurs filles. Parfois jusqu’à s’y opposer explicitement. En général, ils essaient plutôt de les dissuader car ils ont peur pour la réussite scolaire et sociale de leur enfant, ou pour sa tranquillité voire sa sécurité », raconte Julien Beaugé.

J’ai beaucoup plus souvent entendu dans mon quartier des pères de famille dire ’Je ne veux pas que ma fille porte le voile’ que l’inverse

Nadia Henni-Moulaï

« J’ai beaucoup plus souvent entendu dans mon quartier des pères de famille dire “Je ne veux pas que ma fille porte le voile” que l’inverse, confirme Nadia Henni-Moulaï, journaliste freelance qui a coordonné un ouvrage collectif à paraître, intitulé Voiles et préjugés. Il y a toute une culture issue de la colonisation qui consiste à ne pas faire de bruit, à raser les murs. Et le voile, c’est au contraire perçu comme le fait de ne plus passer inaperçu. »

À tel point que beaucoup de jeunes filles cachent à leurs parents qu’elles portent le voile en dehors du foyer familial, car être voilée, c’est risquer d’être pénalisée dans sa vie professionnelle, s’exposer à des remarques désagréables, à des regards soupçonneux, dans les magasins ou les administrations... « Être considérée comme moins que rien parce que voilée, cela revient très souvent dans les entretiens », raconte Ouisa Kies.

Photo - Des manifestantes contre le projet de loi interdisant le port ostensible de signes religieux à l’école, le 14 février 2004 à Paris. AFP / JEAN-LOUP GAUTREAU

Indépendance vis-à-vis des hommes

Pour être voilée aujourd’hui il faut donc avoir le coeur bien accroché, et faire preuve d’un certain caractère. C’est ce que montrent les recherches d’Agnès De Feo sur les femmes en niqab, qui témoignent selon elle d’une véritable indépendance envers les hommes. Leur voile est souvent conçu comme une « castration du regard masculin », explique la chercheuse, qui parle du « féminisme » de ces femmes, même si c’est un mot qu’elles n’assument pas toutes.

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C’est aussi ce qu’observe Julien Beaugé, qui pense que le voile, quand il est revendiqué, permet paradoxalement une « inversion des rapports hommes-femmes » et « une certaine subversion des rapports sociaux de genre » :

« Certaines femmes incarnent (localement) la bonne pratique religieuse, parfois même ont accès au savoir religieux et sont devenues de véritables sujets religieux (les prédicateurs s’adressent à elles, essaient de les convaincre, certaines prennent des cours de religion, enseignent ou transmettent ce qu’elles savent de l’islam...), alors que, pendant longtemps, elles étaient absentes des mosquées et étaient fondamentalement des objets religieux. »

Une grande partie de ces femmes arbore d’ailleurs le voile en réaction à la stigmatisation qu’elles vivent, comme un geste politique. Agnès De Feo affirme avoir vu de nombreuses femmes se mettre à porter le voile après la loi d’interdiction de dissimulation du visage dans l’espace public, vécu comme un ciblage des musulmanes.

« Pourquoi le foulard se porte de plus en plus ? Le fait qu’on soit exclu et stigmatisé produit un besoin de protéger son estime de soi, de rechercher une identification positive, et quand les identités qu’on nous donne ne le sont pas, on peut le rechercher la religion », analyse elle aussi Françoise Lorcerie.

Un processus courant et bien étudié de retournement ou « renversement » du stigmate, que connaissent nombre de minorités qui subissent des discriminations, qu’a théorisé le sociologue Erving Goffman. Le voile, d’objet honni ciblé par différentes lois, devient un outil d’empowerment, une ressource grâce à laquelle les individus peuvent faire valoir un droit.

« Les femmes musulmanes sont des rebelles, elles arrachent leur droit, elles sont dans l’argumentation, quand elles le portent c’est de manière ferme et déterminée. Et elles sont de plus en plus outillées intellectuellement. On est face à une génération de femmes qui maîtrise les textes et le politique, et qui n’a plus envie qu’on l’ennuie », résume Malika Hamidi, docteure en sociologie spécialiste des féministes musulmanes, et par ailleurs directrice générale du think tank European Muslim Network .

Presque tous les chercheurs que nous avons interrogés ont d’ailleurs souligné le caractère contre-productif des différentes lois sur le voile, et surtout des débats qui les ont entourées. « Tous ces débats vont à terme créer l’ennemi qu’ils voulaient combattre », se désole Vincent Tiberj. « Cette utopie qui vise à vouloir faire disparaître le voile ne marchera pas, et au lieu d’en faire des alliés contre l’islamisme radical, on les neutralise », estime Farhad Khosrokhavar, directeur d’études à l’EHESS.

...à la revendication d’une citoyenneté à part entière

Quand certaines femmes peuvent, à cause de l’exclusion qu’elles ressentent, avoir envie de se replier sur leur communauté, pour d’autres, leur combat de femme voilée a un effet inverse, qui les conduit à revendiquer d’autant plus leur citoyenneté française. « Si vous niez mon Islam comme Française alors en tant que Française je vais revendiquer cette identité, résume Fatiha Ajbli. C’est la raison pour laquelle elle veulent prendre part à la vie universitaire et économique du pays, et s’inscrire dans le champ de l’espace publique. »

Lorsque Karima Mondon, qui fait partie des femmes voilées citées dans le New York Times, répond à la tribune de Manuel Valls, elle emploie d’ailleurs délibérément un certain champ lexical qui la rattache à la communauté nationale :

« Ce que je voudrais vous dire, monsieur le Premier ministre, c’est ma sidération face à l’absence de considérations envers vos concitoyennes, votre méconnaissance des conditions de vie de certaines de vos compatriotes. »

Photo - Une supportrice lors de la finale de l’Euro 2016 à Saint-Denis, le 10 juillet 2016 à Paris. PATRIK STOLLARZ / AFP

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La réponse à des crises existentielles

Il paraît donc très difficile, au regard de ces cas de femmes très politisées, ou simplement de ces personnalités affichant un fort caractère et une forte indépendance, de réduire le voile à une « soumission ». Mais il faut aller plus loin, et montrer les mille raisons que les femmes avancent, pour voir que celui-ci est le résultat d’un processus complexe de construction de soi beaucoup plus complexe que la simple réponse à des « pressions », comme le fait valoir Karima Mondon dans une tribune publiée par Libération :

Je vais vous confier un secret, monsieur le Premier ministre, le voile n’existe pas

Karima Mondon

« Je vais vous confier un secret, monsieur le Premier ministre, le voile n’existe pas. Il existe des individus portant mille et une formes de tissus pour mille et une raisons. Peut-être que dans toutes ces raisons, celle que vous nous prêtez existe. Personnellement, je ne l’ai jamais rencontrée. Accordez-moi que je fréquente certainement plus de femmes voilées que vous. »

Il faut écouter les porteuses de voile s’exprimer pour comprendre que ce choix, au-delà de la problématique de la coercition et des pressions, s’inscrit dans un parcours de vie et une vision de la société. A l’instar de Fatouya, une entrepreneuse qui n’a pas désiré donner son nom de famille. Pour elle, le foulard a été la réponse à une crise existentielle, qui lui a permis, symboliquement, en gommant tout ce qui lui semblait superficiel dans sa façon de s’habiller et de se présenter, de se recentrer sur l’essentiel. Elle compare sa décision de porter le foulard aux religieuses qui choisissent d’« entrer dans les ordres » :

« J’avais 20 ans, je n’avais pas réussi médecine. Je suis allée en bio, par défaut, je n’en avais pas vraiment envie. Ma mère a pu faire des études, c’était une des rares à ne pas faire le ménage dans les mères autour de moi, elle était secrétaire, et elle nous a toujours poussés à bien travailler à l’école. Ne pas réussir médecine a été plus qu’un échec scolaire, c’était un échec de vie. Le mois du ramadan est arrivé. J’ai commencé à m’interroger sur le fondement de la spiritualité, à me poser des questions sur la religion. Il y a eu toute une phase de dépression, de remise en question. »

Peu à peu, son hijab est devenu un outil de questionnement du monde qui l’entoure, notamment en réaction aux publicités sexistes et à la « futilité » qu’elle perçoit autour d’elle :

« Socialement, j’ai l’image d’une femme surexposée, surconnectée, surmaquillée. Pourquoi a-t-on besoin de mettre des filles nues sur les publicités de voiture ? On n’est pas des objets de vente ! On est de plus en plus dans la futilité. [...] Je ne reproche pas aux filles d’être coquettes mais pour moi le hijab est un travail de pudeur, un travail sur l’image de la femme, quel genre de femme je veux être. Il est devenu de plus en plus sobre, pour me concentrer sur une relation vraiment spirituelle entre moi et Dieu, et entre moi et moi-même. Je le porte même à la maison. Car c’est une façon de travailler l’essentiel, par opposition à tout le matériel, et l’apparence. »

Des raisons plus prosaïques

Pour certaines femmes, le foulard est donc une façon symbolique de se donner des règles, des limites, un cadre, à un moment où leur vie leur semble en manquer. Mais il y a aussi beaucoup d’autres raisons, et peut-être autant de raisons qu’il y a d’individus, des raisons très personnelles et d’autres traversées par la société, qui se complètent et parfois se contredisent :

Dans les grands types de raisons avancées, on trouve ainsi des raisons d’images :

« Les gens ne comprennent pas que pour elles, c’est pour avoir l’air pieuse, c’est leur costard cravate !, dit Agnès De feo. Les femmes du prophète ont le visage couvert, elles veulent donc être au même niveau que les femmes du prophète. Beaucoup de ces femmes se prennent pour l’élite des musulmans. »

Pour d’autres, ce peut être par là une manière de trouver un mari « sérieux » : « Il y aussi un idéal type dans l’inconscient de certains musulmans qui fait qu’une femme bien c’est une femme qui adopte le voile », analyse Hanane Karimi, doctorante en sociologie à l’Université de Strasbourg et porte-parole du collectif Les Femmes dans la Mosquée.

Il peut aussi y avoir des raisons inconscientes, prosaïques, parfois futiles. « Cela peut être une manière de ’vieillir’ en retrouvant (même en la transformant) une pratique maternelle », selon Julien Beaugé. Ou pour certaines femmes qui portent le niqab notamment, une volonté d’être vue, un effet du narcissisme : « Elles savent qu’elles attirent le regard. Et elles apprécient de pouvoir voir sans être vues, comme un chauffeur avec une vitre teintée », commente Agnès De Feo.

En islam tu te caches le visage quand tu es trop belle (c’est une tradition), et c’est donc une façon de faire croire qu’elles sont très belles

Agnès de Féo

D’autres ont des défauts physiques, sont bourrées de complexes, et jouent du voile à la fois pour cacher ces défauts et faire croire qu’elles sont belles, pense Agnès De Feo :

« En islam tu te caches le visage quand tu es trop belle (c’est une tradition), et c’est donc une façon de faire croire qu’elles sont très belles. C’est la version inconsciente. »

« Le port du voile, c’est la recherche d’une identité. C’est un processus de maturation, un choix personnel », résume Emmanuel Jovelin. Ce qu’un collectif de femmes musulmanes a bien résumé dans sa tribune parue dans la Libre Begique :

« Vous affirmez souvent que nos foulards sont des signes religieux. Mais qu’en savez-vous ? Certaines d’entre nous sont croyantes et pourtant ne le portent pas, ou plus. D’autres le portent dans la continuité d’un travail spirituel, ou par affirmation identitaire. D’autres encore par fidélité aux femmes de leur famille auxquelles ce foulard les relie. Souvent, toutes ces motivations s’imbriquent, s’enchaînent, évoluent dans le temps. Cette pluralité se traduit également dans les multiples manières de le porter. Pourquoi les femmes musulmanes échapperaient-elles à la diversité qui peut s’observer dans tous les groupes humains ? »

Victimes d’« influences »

Au-delà de la multiplicité des raisons pour lesquelles les femmes affirment porter le voile, et du fait que la coercition et les pressions verbales sont minoritaires, certains observateurs invoquent une « influence » qui priverait d’une réelle liberté ces femmes voilées, ce que Manuel Valls résume sous l’expression de « domination masculine complètement intégrée », et qui invaliderait même les discours des intéressées.

Ce sont, par exemple, des enfants, comme le raconte Leila Chalabi (dont enlèvement par sa famille est raconté dans le livre Mariée de force) qui demandent à leur mère de porter le voile, « pour faire comme les autres mères ». Des ados qui se mettent à porter le voile parce qu’elles veulent « s’intégrer à une bande de ’soeurs’ ». Des jeunes femmes qui évoluent dans des familles très pieuses, et copient la tradition sans trop la remettre en question. Des croyantes qui vivent dans des quartiers où le voile est très présent, et qui veulent se conformer à la norme.

« On fait comme tout le monde. Ça devient logique. Il n’y a plus de pressions. C’est plus celles qui ne sont pas voilées qui ne font pas parties de la norme », raconte Nadia Remadna, fondatrice de la Brigade des Mères de Sevran, qui elle non plus ne croit pas tellement à l’existence de pressions explicites.

Sur la question de savoir si cette influence est minoritaire ou majoritaire, les avis divergent. Pour Linda Fali, elle est « très majoritaire ». Pour d’autres, c’est plutôt minoritaire –peut-être « 15 à 20% », estime Eric Marlière, selon qui ce sont surtout les adolescents qui y seront sensibles. Dans l’étude de l’Institut Montaigne, seules 6% des femmes voilées affirment porter le voile par « imitation ».

Photo - Une femme en hijab avec ses enfants, à Malo-Les-bains, le 28 août 2016. PHILIPPE HUGUEN / AFP

Une incapacité à reconnaître la réalité

Mais ce discours sur l’influence est problématique, et à manier avec précaution : tous les individus, dans une société donnée, sont soumis à l’influence de celle-ci, et des groupes sociaux dans lesquels ils évoluent. On sait que l’exposition répétée à des messages publicitaires ou l’effet d’imitation au sein d’un groupe social induit par exemple chez les consommateurs des comportements qui ne les rendent pas complètement « libres »...

« Oui il y a bien un conformisme dans les cités, mais il y a aussi celui du jeune mec qui doit porter sa casquette à l’envers. Une femme de plus de 18 ans qui décide de porter le voile, on n’a plus notre mot à dire. On ne dit rien à quelqu’un qui porte une croix, ou un t-shirt “I love Barack Obama”. Ce sont les opinions des gens ! Soit on assume que toutes les opinions n’ont pas à se déployer dans l’espace public, soit on accepte la diversité », argue Vincent Tiberj.

« Quand c’est revendiqué comme un choix libre, on va répondre qu’il y a l’influence du quartier, etc. Mais d’un strict point de vue logique, cette réponse peut être balayée car on peut avoir le même raisonnement pour n’importe quel choix, le choix d’un métier, etc. On ne voit pas pourquoi le foulard échapperait à cette logique, pourquoi on en ferait quelque chose de spécifique », estime lui aussi le philosophe Pierre Tevanian, qui a coordonné en 2008 l’ouvrage Les Filles voilées parlent.

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Fantasmes sur les musulmans : le dur retour à la réalité

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Ce discours sur « l’influence » peut aussi servir, face aux limites des arguments de la coercition ou des pressions, à refuser d’admettre que des femmes puissent faire ce choix librement. Tous les chercheurs que nous avons interviewés ont eu l’impression, à un moment du compte-rendu de leur enquête, de se heurter à un mur ou aux contradictions de leurs interlocuteurs :

« Tout le monde te dira ’Tu n’as pas rencontré les bonnes personnes’. C’est pour cela que j’ai commencé à filmer, car les gens ne me croyaient pas. Ils me disaient ’leurs maris les empêchent de sortir’. Mais si elles restent chez elles, alors elles n’ont pas besoin de porter le niqab ! », s’emporte Agnès De Feo.

« Il n’existe pas de population-mère à partir de laquelle on pourrait constituer un échantillon représentatif. On est donc toujours voué à travailler à partir d’enquêtes qualitatives sur des groupes restreints - qu’on pourra toujours dénoncer comme singuliers et donc non-représentatifs (laissant la porte ouverte à toutes sortes de fantasmes sociaux). C’est d’ailleurs ce qui autorise chaque intervenant hostile au port du voile à mobiliser telle anecdote, tel cas prétendument connu de jeune fille ayant été forcée... et à en faire une généralité », renchérit Julien Beaugé.

Le sujet est tellement polémique et peu consensuel que le sociologue Farhad Khosrokhavar va même parler d’une autocensure chez les sociologues, qui n’osent pas travailler sur un sujet qui risque de leur causer des difficultés dans leur carrière : « Quand j’ai écrit un article dans le New York Times sur le sujet, certains amis m’ont dit “Mais pourquoi tu te mets en porte-à-faux ?” »

Lorsqu’au cours de mon enquête, j’ai téléphoné à Patrick Kessel, membre de l’Observatoire de la laïcité (en conflit avec une partie de l’Observatoire) et président du Comité Laïcité République, lui demandant s’il connaissait un chercheur ayant travaillé sur le sujet et observé des pressions, il a répondu d’abord qu’il n’avait aucun nom en tête qui lui revenait mais allait y réfléchir. Puis il s’est énervé, et a menacé de raccrocher, quand je lui ai cité les noms que j’ai déjà contactés : « Les sociologues sont tous des bobos de gauche ! », m’a-t-il lancé.

Un déni de liberté misogyne

On peut se demander si ce déni de réalité et de liberté n’est pas au fond aussi misogyne que ne le serait le voile lui-même. « La vraie misogynie c’est de dire que les femmes sont sous influence et de leur dénier leur libre-arbitre », juge Agnès De Feo. La chercheuse Nacira Guénif-Souilamas va encore plus loin, analysant ce comportement comme le refus inconscient pour certains hommes que des femmes puissent se dérober à eux :

« On dit qu’elles sont “aliénées”, et ce qui est sous-jacent, c’est le caractère inadmissible qu’elles puissent décider de ne plus être accessible à certains hommes. Mais ce n’est pas étonnant que ce soient des hommes qui s’en insurgent. Certains hommes ne supportent pas que des femmes ne soient plus disponibles pour eux. [...] Manuel Valls perpétue par là les aspects les plus centraux du patriarcat. Comment un homme pourrait-il être omniscient sur ce que veut une femme ? Et sur quoi s’appuie-t-il ?

Cette position très tranchée sur la liberté néglige le fait qu’il n’existe pas une seule et unique dimension de la liberté : dans l’histoire, certaines catégories de population se sont affirmées dans leur parcours personnel en s’appropriant des stéréotypes, à l’image des Afro-américains s’appelant « nigger » (« nègre ») entre eux, ou de certaines chanteuses de hip-hop afroféministes, qui en s’appropriant une insulte qu’on leur crachait au visage se sont dénommées « putes ».

Dans une logique inverse, d’autres femmes ont décidé qu’elles ne pourraient rien changer aux regards que leur portaient les hommes, et préfèrent s’en protéger en portant un objet qui leur permet là aussi souvent de prendre l’ascendant. Une chose qui apparaît a priori comme contraire aux intérêts d’une personne peut en réalité revêtir, pour cette même personne complexe, mille sens. La position récemment adoptée par Manuel Valls est une position philosophique, qui peut se défendre, mais si la politique peut se nourrir de philosophie, elle doit aussi s’appuyer sur des faits concrets.

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Source : http://www.slate.fr/story/124142/femmes-voilees-coercition-pressions

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Selon Wikipédia, « Slate (magazine) (littéralement « ardoise » en français) est un magazine en ligne américain lancé en 1996. En 2009, les journalistes Jean-Marie Colombani, Éric Leser et Johan Hufnagel, assistés de l’économiste Jacques Attali, créent une version française du magazine1 à laquelle vient s’ajouter, en 2011, une version africaine. Ces deux versions francophones ont pour principaux actionnaires Benjamin de Rothschild (via sa société Lampsane Investissement SA) et la Financière Viveris. - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Slate_(magazine)

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16.
Iran : Nasrin Sotoudeh, une icône des droits des femmes en prison - par Valérie Crova publié le 13 juin 2019 à 6h05 – Document ‘franceinter.fr’

Un an que l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh est détenue à Téhéran. Cette militante pour le droit des femmes à ne pas porter le voile, a été condamnée en mars dernier à 33 ans de prison. À l’occasion de sa première année de détention, Amnesty International remettra ce jeudi une pétition pour exiger sa libération.

Photo - Nasrin Sotoudeh dans son bureau à Téhéran en mars 2018 © Radio France / Valérie Crova

C’était en mars 2018, deux mois avant son arrestation. Nasrin Sotoudeh recevait encore des journalistes dans son bureau à Téhéran, dont Radio France. À l’époque, cette icône de la société civile iranienne représentait trois jeunes femmes qui avaient osé braver l’interdiction d’enlever leur foulard en public dans les rues de Téhéran.

Celui qui a pu imposer aux femmes un mètre de tissu est capable de tout contre les femmes. C’est une question qui concerne les femmes. C’est aux femmes d’en décider et pas aux hommes.

Ses paroles courageuses ont fait d’elle la porte-voix de ce mouvement qui a été rapidement réprimé par le régime des Mollahs. Pour défendre les jeunes iraniennes qui sont apparues tête nue sur les réseaux sociaux, Nasrin Soutoudeh, brillante avocate, mettait en avant des arguments juridiques imparables : ’Le voile obligatoire n’existe pas dans la Constitution iranienne. Une partie des femmes qui ont voté il y a 40 ans pour cette Constitution étaient non-voilées. À l’époque, le voile n’était pas obligatoire. Si le code pénal islamique oblige au port du voile, cela va à l’encontre de la liberté de l’individu, donc ce n’est pas légal.’

Photo - Dans son bureau à Téhéran, des dessins que des enfants ont envoyé à Nasrin Sotoudeh quand elle avait été emprisonnée en 2010. © Radio France / Valérie Crova

Sur une étagère, à coté de son bureau aujourd’hui vide, Nasrin Sotoudeh a mis en évidence une balance, symbole de la justice à laquelle elle est si attachée. Elle a fait aussi encadrer des dessins que des enfants lui avaient envoyé quand elle avait été emprisonnée en 2010 pour avoir défendu des opposants à l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad, arrêtés lors des manifestations de 2009.

Incarcérations, visites interdites, grève de la faim...

Car ce petit bout de femme a déjà passé trois ans dans cette même prison pour femmes d’Evin, où elle est incarcérée aujourd’hui. Quand ses geôliers lui avaient demandé de porter le voile dans l’enceinte de la prison, elle avait refusé. Pour la punir, on lui avait interdit de voir ses deux enfants.

En réaction, elle avait observé une grève de la faim pendant sept semaines. Nasrin Sotoudeh a tenu bon et n’a pas plié, fidèle à ses principes et à ses valeurs.

Nasrin Sotoudeh se savait surveillée par les autorités mais elle assumait les risques inhérents à son engagement, et remerciait ses interlocuteurs de s’intéresser au sort des femmes iraniennes. ’Tout comme vous, je sais que le chemin vers la démocratie est long et difficile’, avait-elle écrit dans une lettre écrite en 2012 au moment de la remise du prix Sakharov. Une lettre lue par sa collègue et mentor, la première femme juge iranienne Shirin Ebadi, qui vit aujourd’hui en exil. Dans l’impossibilité de quitter le territoire iranien, Nasrin Sotoudeh n’avait quant à elle pas pu se rendre à Strasbourg pour recevoir son Prix.

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Source : https://www.franceinter.fr/monde/iran-nasrin-sotoudeh-une-icone-des-droits-des-femmes-en-prison

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17.
L’avocate Nasrin Sotoudeh, militante des droits humains, martyre de Téhéran Par Louis Imbert - Publié le 20 juin 2019 à 06h00 - Mis à jour le 21 juin 2019 à 06h22 – Photo - Réservé à nos abonnés – Document ‘lemonde.fr’

Cette avocate de 56 ans est aujourd’hui la prisonnière la plus célèbre de la République islamique. Son cas fait l’objet d’une mobilisation importante à l’étranger. Elle a recopié sa sentence à la main. C’est la procédure dans les tribunaux révolutionnaires iraniens. La somme des peines donne le tournis : sept ans et six mois de prison pour « collusion en vue de nuire à la sécurité nationale », 74 coups de fouet pour être apparue sans voile en public, un an et six mois pour « acte de propagande contre l’Etat », sept ans et six mois pour « appartenance à un groupe illégal », trois ans et 74 autres coups de fouet pour diffusion de fausses informations, deux ans pour trouble à l’ordre public et douze ans pour avoir encouragé la « corruption » et la « dépravation ».

Cette dernière peine, la plus lourde, s’impose aux autres. Nasrin Sotoudeh, avocate et militante des droits humains, devra donc passer les douze prochaines années de sa vie entre les murs de la prison d’Evin, à Téhéran. Au risque d’en faire une martyre, la justice de son pays a résolu de faire disparaître cette quinquagénaire au visage pâle et osseux.

Photo - Des manifestants demandent la libération de l’avocate Nasrin Soutoudeh devant l’ambassade d’Iran, à Paris, le 13 juin 2019. FRANCOIS GUILLOT / AFP

Peu d’Iraniens ignorent son parcours, riche de plus d’un quart de siècle de combats. Née quinze ans avant la révolution de 1979, Nasrin Sotoudeh a grandi dans la petite classe moyenne du centre de Téhéran. Son père, un commerçant sans éducation, fut, dit-elle, malheureux de voir naître une fille. Sa mère est pieuse et porte le voile, mais sans l’imposer à cette adolescente retorse et brillante.

A l’examen national d’entrée à l’université, celle-ci arrivera dans le peloton de tête : 53e sur 300 000 candidats. Elle fera du droit, discipline prestigieuse et masculine ; surtout depuis la révolution et la prise de contrôle par des clercs de l’institution judiciaire.

En pleine guerre contre l’Irak (1980-1988, plus de 500 000 morts des deux côtés), ceux-ci bricolent un fatras législatif fondamentalement hostile aux femmes. Un peu de droit divin, beaucoup de droit du plus fort, une marge effrayante pour l’arbitraire.

La jeune Nasrin, elle, trace sa voie à l’université Chahid-Behechti, où elle s’affirme féministe et laïque. Un drôle d’oiseau dans l’Iran de ces années-là. Diplômée en 1995, elle est déjà suspecte, et signalée par ses professeurs comme « élément perturbateur ». Le barreau de Téhéran la fera lanterner huit ans avant de lui accorder le droit d’exercer.

L’intelligentsia de Téhéran

Pour vivre, elle écrit dans des journaux réformateurs. Elle y croise un graphiste, Reza Khandan, qu’elle épouse bientôt. Tous deux respirent l’air de liberté qui souffle dans le pays après l’élection du président Mohammad Khatami (1997-2005). Ils croient à la capacité de ce religieux, entouré d’esprits progressistes, de réformer le « système »… Leur déception, face à son échec, ne s’effacera jamais.

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https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/20/nasrin-sotoudeh-martyre-du-regime-iranien-et-icone-des-droits-humains_5478791_3210.html

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18.
A propos de Nasrin Sotoudeh avec Wikipédia

Nasrin (ou Nasrine) Sotoudeh (translittération anglaise : Sotoodeh, persan : نسرین ستوده), née en 19631, est une avocate iranienne, spécialiste des Droits de l’homme. À la suite du mouvement de contestation des élections en Iran de juin 2009, elle a défendu des activistes et des hommes politiques de l’opposition, ainsi que des prisonniers condamnés à la peine de mort pour des crimes commis lorsqu’ils étaient mineurs2. Parmi ses clients, on trouve le célèbre journaliste Isa Saharkhiz (en), ou encore Heshmat Tabarzadi (en), le leader d’un groupe d’opposition proscrit, le Front Démocratique3.

Nasrin Sotoudeh a été arrêtée en septembre 2010 sous les chefs d’accusation suivants : diffusion de propagande et conspiration mettant en danger la sécurité de l’État2 - elle a été alors emprisonnée dans la prison d’Evin4,5 (au nord de Téhéran). En janvier 2011, les autorités iraniennes ont condamné Nasrin Sotoudeh à 11 ans de prison ; à cette peine s’ajoutent l’interdiction de pratiquer son métier d’avocate, et l’interdiction de quitter l’Iran pour une durée de 20 ans. Selon son mari, Reza Khandan, elle aurait déclaré avoir renoncé à une procédure d’appel. En 2012, avec Jafar Panahi, elle remporte le Prix Sakharov, remis par le Parlement européen6. Elle sera graciée en 2013. Le 13 juin 2018, elle est de nouveau arrêtée, et condamnée le 11 mars 2019 à 10 ans de prison supplémentaire et à 148 coups de fouet pour « incitation à la débauche »7.

Biographie

Famille et éducation

Nasrin Sotoudeh est née en 1963 dans une famille iranienne, religieuse et de classe moyenne8. Bien qu’elle eut espéré étudier la philosophie à la faculté, et qu’elle ait obtenu la 53e place à l’examen d’entrée universitaire iranien, elle n’eut pas assez de notes suffisamment élevées pour y accéder9. C’est ainsi qu’elle finit par étudier le droit à l’Université Shahid Beheshti à Téhéran. Après avoir achevé ses études de droit international, Sotoudeh passa avec succès l’examen du Barreau en 1995, mais dut attendre huit autres années pour obtenir le droit d’exercer sa profession8.

Nasrin Sotoudeh est mariée à Reza Khandan. Le couple a deux enfants10. Nasrin insiste sur le fait que Reza est « réellement un homme moderne », la soutenant et l’aidant dans les épreuves9.

Travail et activités

Nasrin commence sa carrière au contentieux du Ministère iranien du logement. Au bout de deux ans, elle rejoint la section du droit de la banque d’État Tejarat. Pendant ce mandat à la banque, elle est « fortement impliquée dans les affaires légales et les litiges légaux pour bien des affaires que l’Iran a présentées à la Haye », dans son conflit avec les États-Unis lors des « convocations au tribunal de l’Algérie »9.

Le premier travail de Sotoudeh dans le domaine des droits de la femme fut le rassemblement d’interviews, de reportages et d’articles pour le journal Dericheh. L’éditeur en chef de publication rejeta le recueil ainsi formé, ce qui ne fit que rendre Sotoudeh « encore plus déterminée dans son travail pour les droits de la femme8 ».

En 1995, à 32 ans, elle passa l’examen du Barreau (Kanoon Vokala), obtint ses certificats d’avocate, et devint un des membres les plus actifs du Barreau9. Son travail inclut la défense de femmes et enfants maltraités ainsi que la protection des enfants maltraités pour prévenir un retour auprès d’un père violent. Elle croit que bon nombre de ces personnes violentes sont malades ou bien elles-mêmes des victimes passées de mauvais traitements, et qui ont besoin d’une prise en charge professionnelle et médicale. Nasrin espère que les tribunaux feront meilleur usage à l’avenir des spécialistes des enfants ainsi que des psychologues dans le contrôle des cas de maltraitance, afin de mieux protéger les enfants9.

Elle s’est chargée d’activistes renommés et/ou de journalistes tels qu’Isa Saharkhiz, Heshmat Tabarzadi, Nahid Keshavarz, Parvin Ardalan, Omid Memarian, Roya Tolouie, ainsi que de nombreuses affaires criminelles et cas de maltraitance d’enfants, qui ont fait beaucoup de bruit4,9.

Sotoudeh est une proche associée de Shirin Ebadi, le prix Nobel de la paix iranien11. Cette dernière a appelé à sa libération et a fait part de ses inquiétudes concernant sa santé. Shirin Ebadi a ainsi déclaré : « Madame Sotoudeh fait partie de ces derniers et courageux avocats restants qui ont accepté d’affronter tous les risques pour défendre les victimes des violations des Droits de l’Homme en Iran. » L’ancien président tchèque Václav Havel, ainsi que Zahra Rahnavard, l’épouse du leader d’opposition Mir Hossein Moussavi, ont également appelé à sa libération4.

Après sa grâce et sa libération en 2013, elle reprend son métier d’avocate.

Première arrestation en 2010

Le 28 août 2010, les autorités iraniennes ont dévalisé le bureau de Nasrin Sotoudeh, alors que celle-ci était en train de représenter Zahra Bahrami, une femme à la double nationalité (néerlandaise-iranienne) accusée d’atteintes à la sécurité. Que le raid soit lié à sa cliente est sujet à caution12,13. Le 4 septembre 2010, les autorités iraniennes ont arrêté Mme Sotoudeh elle-même sous les chefs d’accusation qui suivent : diffusion de propagande et conspiration mettant en danger la sécurité d’État2.
Amnesty International a rapidement appelé à sa libération, considérant qu’il s’agit d’un « prisonnier de conscience qui est exposé à la torture ou d’autres mauvais traitements »10. Selon Associated Press, son arrestation ’pourrait être le signal de l’élargissement de la répression en Iran de l’opposition pro-réformes’. Mme Sotoudeh, qui est emprisonnée dans la prison d’Evin, serait détenue dans une cellule d’isolement4.

Première grève de la faim

Le 25 septembre 2010, elle commence une grève de la faim afin de dénoncer l’interdiction de visites et d’appels téléphoniques de sa famille, dont elle est la victime4,11. Selon son mari, Mme Sotoudeh met fin à cette grève de la faim quatre semaines plus tard, le 23 octobre4.

Deuxième grève de la faim

Le 31 octobre, selon la Campagne internationale pour les Droits de l’Homme en Iran, Mme Sotoudeh continue à protester contre sa détention et les maltraitances subies en entamant une grève de la faim sèche (c’est-à-dire le refus non seulement de la nourriture, mais également de l’eau). Le 4 novembre, ses deux jeunes enfants ont la permission de lui rendre visite en prison pour la première fois. Ils la trouvent en très mauvaise santé, ayant perdu beaucoup de poids.

Troisième grève de la faim

Elle entame une grève de la faim le 17 octobre 2012, pour que sa fille Mehraveh retrouve ses droits à la suite d’une interdiction judiciaire du régime iranien de quitter le pays14.

Condamnation

Le 9 janvier 2011, les autorités iraniennes condamnent Mme Sotoudeh à 11 années de prison pour des chefs d’accusation tels que la participation à des « activités mettant en danger la sécurité nationale », ou encore la « propagande orientée contre le régime ». Cette peine est assortie d’une interdiction de pratiquer sa profession et de quitter le pays pour une durée de 20 années15.

Réponse internationale

En octobre 2010, la Campagne Internationale pour les Droits de l’Homme en Iran, Human Rights Watch, la Commission internationale de juristes, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, la Ligue iranienne de Défense des Droits de l’Homme, l’Union internationale des avocats et l’Organisation mondiale contre la torture se sont joints à Amnesty International dans une déclaration commune dénonçant l’arrestation de Sotoudeh et appelant à sa libération immédiate.

Le 26 octobre 2012, le Parlement européen lui décerne son Prix Sakharov « pour la liberté de l’esprit » ainsi qu’à Jafar Panahi16.

Le 21 septembre 2018, le prix international des droits de l’homme Ludovic Trarieux, récompense annuelle remise à un avocat, lui a été décerné (prix encore non accepté)17.

Libération

Le 18 septembre 2013, Nasrin Sotoudeh a été graciée et libérée. L’arrivée du nouveau président iranien Hassan Rohani, qui cherche à montrer une image plus ouverte de l’Iran a probablement pesé sur la balance pour la libération de Me Nasrin Sotoudeh18.

En 2015, elle prend la parole dans le film Taxi Téhéran, pour notamment parler des méthodes utilisées par le régime pour lui rendre la vie insupportable.

Seconde arrestation en 2018

En 2017-2018, elle défend plusieurs jeunes filles iraniennes qui ont enlevé en public leur voile19, et dénonce une clause de procédure pénale empêchant les personnes accusées d’infractions relevant de la sécurité nationale, de recourir à l’avocat de leur choix20.

Elle est arrêtée par les autorités iraniennes le 13 juin 201821,22, au nom d’une condamnation à 5 ans de prison dont ni elle ni son mari ne disent avoir eu connaissance20.

Le 11 mars 2019, Nasrin Sotoudeh est condamnée à 33 ans de prison supplémentaires et à 148 coups de fouet pour « incitation à la débauche »7. La communauté internationale demande sa libération23,24.

Article complet avec notes et références sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nasrin_Sotoudeh

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19.
Valérie Boyer : le bijou et la laïcité - Ne portez pas un signe chrétien (même discret) si vous voulez évoquer la laïcité... Par Anne-Sophie Chazaud - 17 juin 2019 – Document ‘le causeur.fr’

Image : capture d’écran du compte Twitter de Valérie Boyer

Pendant que l’on s’acharne sur la petite croix qu’arbore à son cou la députée des Bouches-du-Rhône, il n’est plus question d’interdire aux « mamans voilées » d’accompagner les sorties scolaires…

Une chose est encore plus difficile que de faire bouger un mammouth : faire bouger deux mammouths. Ainsi, la loi Blanquer « pour une École de la confiance » dont le texte a fini par être définitivement établi en commission mixte paritaire comporte-t-elle quelques avancées notoires, mais les principales dispositions qui en caractérisaient l’éventuel aspect novateur ont fait l’objet tantôt de la bronca rituelle du corps enseignant, tantôt des pesanteurs et frilosités d’une société qui a désormais peur de son ombre.

A lire aussi : Entre peur et idéologie, l’école abandonne la laïcité

Le mammouth et les « mamans » voilées

Côté mammouth institutionnel et en dépit de l’abaissement à 3 ans de l’âge légal de l’instruction obligatoire, exit l’idée d’Établissements Publics des Savoirs Fondamentaux (EPSF) regroupant des écoles et des collèges avec un curseur remis clairement sur les apprentissages fondamentaux. Il ne faudrait pas risquer de décloisonner trop les prés carrés et les petites habitudes de chacun. Côté mammouth social, les deux dispositions prévues par le Sénat et qui contribuaient à ancrer enfin cette loi dans des problématiques auxquelles l’enseignement se heurte concrètement sont écartées. Exit la question de la présence intrusive du voile islamique lors des sorties pédagogiques par les mères accompagnantes. Exit également la possibilité de suppression des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire. La reculade des parlementaires au sujet du voile islamique, qui vient s’inscrire dans la longue tradition des lâchetés et renoncements auxquels le peuple français a été contraint de s’accoutumer dans ce domaine, n’a rien de particulièrement surprenant au regard des habitudes prises en la matière.

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Il a donc été admis par des élus qui n’ont probablement pas eu envie de se compliquer la vie avec le serpent de mer islamique, que les « mamans » pourront accompagner les sorties scolaires revêtues du voile islamique. On ne reviendra pas en détail sur ce débat qui remplace désormais certains marronniers d’autrefois sur l’école et les remplacera aussi longtemps que personne ne prendra d’autorité le sujet à bras le corps.

Cachez cette croix…

Dans une vidéo remarquée sur les réseaux sociaux, la députée Les Républicains Valérie Boyer exprime en revanche sa déception et son désaccord face à cette lâche décision. Elle le fait avec un des magnifiques décolletés dont elle a le secret (et les moyens), arborant une jolie petite croix arménienne, un bijou qui rehausse, du reste, l’élégance du décolleté. Il n’en aura pas fallu davantage pour que les pavloviens de la laïcité de combat ne lui tombent dessus à bras raccourcis. Twitter a ainsi vu proliférer des publications toutes plus ineptes les unes que les autres, dans lesquelles il est reproché à l’accorte élue, réputée catholique (et alors ?), de déplorer l’autorisation du voile islamique tout en portant un petit bijou de signification chrétienne. Le philosophe Raphaël Enthoven, qui s’était déjà distingué en s’essayant sans grand succès à la théologie, entendant des voix subliminales islamophobes dans la nouvelle traduction du Notre Père (avant de s’en excuser face au tollé suscité), récidive cette fois-ci dans un petit morceau d’anthologie où toutes les confusions (sémantiques et intellectuelles) sont rassemblées dans un cocktail indigeste qui lui a valu de prendre une volée de bois vert de la part de nombreux internautes :

Question grotesque, le combo est éloquent. Confondre un bijou, en l’occurrence discret, avec un vêtement qui signifie et met en scène la soumission des femmes aux hommes, relève au mieux de l’absence de discernement, au pire de la mauvaise foi. Le voile signifie non pas la soumission à Dieu mais la soumission d’une partie de l’humanité à l’autre partie. Il signifie que le corps des femmes est impur et tentateur et qu’il est de la responsabilité des femmes de se mettre à l’abri des convoitises qu’elles pourraient susciter chez des mâles supposés incapables de réfréner leurs pulsions. Réduire le combat contre le voilement à une simple question de laïcité procède à la fois de l’obsession militante, du fond de commerce et de la cécité. Ce qui ne signifie toutefois nullement que le voile ne soit pas également le cheval de Troie de l’islam politique. Hani Ramadan ne s’y est du reste pas trompé, approuvant la confusion de Enthoven, et insistant au passage sur l’impudeur d’un décolleté (pardi), lui qui avait exprimé on ne peut plus clairement qu’une femme ne portant pas le voile valait moins qu’une pièce de deux euros circulant de mains en mains par le passé : « Très juste pour une fois sur cette question. De plus, une croix ostensiblement visible sur un large décolleté offre un contraste qui ne plaide pas en faveur de la morale du Christ. Notre sœur Valérie n’a pas l’air de s’en rendre compte ».

Tous pris dans la tenaille identitaire

Gilles Clavreul, le cofondateur du Printemps Républicain, probablement entortillé dans la tenaille identitaire dont ce groupuscule ne cesse de rebattre les oreilles à qui veut l’entendre, y est allé quant à lui de son couplet confusionniste. On est surpris d’un tel manque de solidité intellectuelle et juridique, lorsqu’on sait par ailleurs que la loi du 15 mars 2004 « encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse » précise, sur ce sujet : « la loi ne remet pas en cause le droit (…) de porter des signes religieux discrets. Elle n’interdit pas les accessoires… ». Les mères musulmanes désireuses d’accompagner leurs enfants en sortie péri-scolaire pourraient donc parfaitement arborer une petite main de Fatma, comme d’autres une croix ou une étoile de David sans que cela ne pose le moindre problème à personne.

Mais, évidemment, il n’est pas question de simplement signifier par un signe discret ses convictions personnelles à tel ou tel ensemble social… Non, il est question avec le voile de manifester une inégalité entre le traitement du corps des femmes et le traitement du corps des hommes dans l’espace public, inégalité aboutissant de facto à une ségrégation de l’espace public ainsi qu’à une sécession religieuse. Les tenants bornés d’un laïcisme de combat (qui l’est surtout de salon en réalité !) feignent de ne pas voir la différence, et c’est grave.

Poncifs et confusion imbéciles

Par ailleurs, ces militants reprennent les poncifs cognitivement déficitaires (au mieux) d’un Christophe Castaner qui comparait le voile islamique avec le « voile de nos mamans catholiques ». Nous attendons de voir les photos de la grand-mère du Ministre de l’intérieur… Ou, pire encore, ceux d’un Aurélien Taché pour qui le voilement imposé des fillettes n’a pas grand chose de différent du « serre-tête » des jeunes filles catholiques… On attend que le député LREM nous dise dans quel pays catholique les jeunes filles sont incarcérées, fouettées et parfois tuées parce qu’elles ne portent pas de serre-tête. Rires dans l’assemblée !

L’une des raisons de cette imbécile confusion tient à la volonté de certains combattants d’une laïcité obtuse de solder leur vieux fond bouffe-curé à peu de frais (taper sur les cathos ne mange pas de pain), tout en essayant de donner des gages de non-fascisme et de non-islamophobie sur leur gauche (en général, en vain). En essayant, surtout, d’accaparer la question de la laïcité en chassant de ce terrain la droite. La « grotesque droite » de Raphaël Enthoven. À ce niveau d’ineptie intellectuelle, est-il encore besoin de répondre, tant le procédé est voyant et grossier ? Il ne s’agit ici de rien d’autre que d’une tentative de captation de la cause de la laïcité à des fins d’autopromotion.

Venir, enfin, donner des leçons d’émancipation féminine à Madame Boyer, a quelque chose d’assez piquant lorsqu’on observe le spectacle concret que cela produit, ne serait-ce qu’en termes d’images, lesquelles valent toujours mieux qu’un long discours. Enfin, il conviendrait de rappeler que l’on peut défendre la laïcité face aux assauts qu’elle subit de la part d’un islam politique polymorphe, tout en ayant des convictions spirituelles ou tout simplement en assumant son histoire culturelle…

Relire notre interview de Jérôme Fourquet : « Nous sommes pratiquement arrivés au stade terminal de la déchristianisation »

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Liliane Lurçat (1928-2019) contre les idéologues du pédagogisme

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Source : https://www.causeur.fr/valerie-boyer-croix-laicite-ecole-sorties-scolaires-162373

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20.
Dans les pays arabes, le football féminin est ’un jeu neuf’ qui prospère Par Christian Chesnot et Franck Ballanger 07/06/2019 (mis à jour à 12:04) – Document ‘France Culture’

Dans les pays arabes, l’émancipation des femmes se joue aussi sur les terrains de football. De plus en plus de jeunes filles chaussent aussi les crampons dans les monarchies pétrolières, à l’instar de Houriya Taheri, ancienne gardienne de but devenue entraîneuse aux Emirats arabes unis. Rencontre.

Le football est une façon pour les femmes de s’affranchir des traditions bédouines et des valeurs conservatrices qui régissent les sociétés des pays du Golfe persique. Ce n’est par exemple qu’en 2018 que les Saoudiennes ont été autorisées à assister aux matchs de football dans un stade à côté des hommes ! 

Au-delà de la péninsule arabique, le sport en général et le football en particulier sont un puissant vecteur d’émancipation pour les jeunes filles dans le monde arabe, une région minée par des conflits destructeurs et des guerres religieuses. 

Des équipes absentes de la Coupe du monde en France mais 19 formations féminines en Palestine par exemple

Depuis la première édition de la Coupe du monde féminine de football en 1991 en Chine, aucun pays arabe n’est parvenu à qualifier son équipe. Pour cette huitième édition qui se déroule en France, toutes les zones géographiques de la planète (Europe, Amériques, Asie, Afrique) ont des représentantes... sauf les équipes arabes, encore absentes. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne se passe rien sur les terrains du Moyen-Orient : le football féminin ne cesse de se développer. 

En Jordanie ou en Algérie, les filles se passionnent pour le ballon rond et ces équipes sont très proches du haut niveau international. Rien qu’en Palestine, il existe aujourd’hui 19 équipes féminines qui se disputent le titre national, y compris dans la bande de Gaza. La coupe du monde masculine, qui aura lieu au Qatar en décembre 2022, devrait encore accélérer le processus. ’Ce n’est qu’une question de temps’ pour Houria Al-Taheri qui rêve, qu’un jour, une équipe féminine arabe décroche le titre mondial. 

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Tags : football pays arabes EAU (Émirats Arabes Unis) Société

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Source : [https://www.franceculture.fr/societe/dans-les-pays-arabes-le-football-feminin-est-un-jeu-neuf-qui-prospere#xtor=EPR-2-LaLettre07062019]

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Le jeu de la virginité des femmes musulmanes Par Salma El-Wardany, Écrivaine musulmane / HuffPost UK- 11/03/2018 07:00 CET | Actualisé 11/03/2018 07:00 CET – Document ‘huffingtonpost.fr - ‘Photo Tae Hyung Kim / EyeEm via Getty Images

Si vous trouvez les ‘Hunger Games’ sont difficiles, dites-vous que ce n’est rien à côté de l’épreuve que constitue la perte de sa virginité pour une femme musulmane. C’est le même sentiment de peur ambiant qui vous fait regarder dans tous les coins à la recherche de l’ennemi. Le plus souvent, cet ennemi est un membre de la communauté musulmane qui a indiqué à vos parents que vous avez été vue en compagnie d’un garçon. Auquel cas vous êtes morte et la partie est finie. Métaphoriquement, bien sûr. Votre mère, en pleurs, va demander au ciel ce qu’elle a fait pour mériter ça et votre père va suggérer que toute la famille aille s’installer dans une autre ville. Voire un autre pays. Après l’en avoir dissuadé, votre mère soutiendra qu’il est possible de rester, à condition que vous passiez les quinze prochaines années à la maison, le temps que tout soit oublié (ce qui n’arrivera pas, la communauté musulmane n’oublie rien).

Telle est en tout cas l’histoire qui revient le plus fréquemment quand je parle avec mes amies musulmanes de la façon dont elles ont perdu leur virginité. C’est invariablement une opération mystérieuse dont la logistique relève de la mission secrète. C’est aussi une expérience toujours douloureuse et souvent traumatisante. La plupart du temps, ce n’est pas à lueur des bougies que les femmes ont perdu leur virginité, mais plutôt dans des situations embarrassantes et avec des garçons assez peu recommandables. On ne peut pas imposer la chasteté à la moitié de la population et la mettre au ban de la société au premier hymen rompu sans que l’acte soit entouré d’une certaine tension, d’autant plus marquée au sein de la communauté musulmane que les carcans culturels, combinés au refus d’évoquer la sexualité, font peser sur le sujet un silence démoralisant. Silence voué à infiltrer nos futures relations sexuelles avec la gent masculine, incapables que nous sommes d’aborder ce sujet tabou et, a fortiori, d’évoquer nos désirs et nos besoins.

Ce ne sont pourtant ni le silence ni la stigmatisation qui nous ont empêchées de le faire, par amour ou par rébellion. Nous sommes devenues femmes en catimini, transportées par une conscience de soi jusqu’alors soigneusement cadenassée. Nous avons découvert notre sexualité derrière des portes verrouillées et sur des sites pornos. Nous sommes parties explorer notre corps à l’aide de bougeoirs, de manches de brosse à dents et de hot-dogs surgelés. À la nuit tombée, sous les couvertures et dans un silence honteux, nous avons éprouvé, touché, stimulé, enfoncé, cherché désespérément le bouton qui actionnerait l’interrupteur et soulagerait cette douleur lancinante dans notre bas-ventre.

Vous avez envie de raconter votre histoire ? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment ? Vous voulez briser un tabou ? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés.

C’est encore en silence que nous avons décidé d’abandonner notre ceinture de chasteté pour le garçon que nous aimions. Après un congé de deux semaines en compagnie de mon amoureux secret, je suis rentrée chez moi en femme épanouie qui essayait de cacher cette nouvelle conscience de son corps. J’aurais aimé pouvoir dire à ma mère que j’avais passé l’une des plus belles nuits de ma vie. Que ça n’avait pas été douloureux et que je n’avais subi aucune pression. Qu’on avait attendu un an pour être sûrs. Que mon cœur explosait d’un nouvel amour totalement différent, bien plus riche, plus entier. J’aurais aimé lui demander comment apaiser en toute sécurité la fièvre qui s’emparait parfois de mon corps, au lieu de me tourner vers Google, qui s’est avéré beaucoup moins fiable que ma mère en la matière.

Des années plus tard, quand ma mère a enfin posé la question à la femme de vingt-huit ans que j’étais, nous avons pu cesser ce jeu compliqué de la virginité. Voilà bien trop longtemps que nous y jouons, interprétant à merveille le rôle de la jeune vierge qui attend le mariage. J’ai des amies de trente ans pour qui le simulacre dure parce que les impératifs culturels ne leur laissent aucun choix. Car c’est bien de culture qu’il s’agit, et non de religion. J’espère qu’arrivera bientôt le jour où l’on arrêtera de prendre prétexte de la religion pour occulter toutes les choses qu’on a peur de dire. L’islam encourage les relations sexuelles et le plaisir féminin, même si c’est sous le sacrement du mariage. Ne nous voilons pas la face : il y a, partout dans le monde, des musulmanes qui ne sont pas près de se marier, des jeunes hommes et des jeunes femmes prêts à enfreindre toutes les règles au nom de l’amour et du désir et ce n’est pas parce qu’on ne veut pas le voir que cela n’existe pas. Vouloir se donner du plaisir n’est pas interdit, mais ce n’est pas demain qu’on entendra, à la mosquée du coin, un groupe de femmes discuter du plaisir féminin. On continue à l’escamoter, à draper la sexualité de silence et de déshonneur, au nom de la ’foi’. Le problème, c’est qu’à ce jeu de la virginité auquel on participe sans que quiconque soit dupe, tout le monde est perdant.

Ce blog, publié à l’origine sur le HuffPost britannique, a été traduit par Catherine Biros pour Fast For Word.

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Source : https://www.huffingtonpost.fr/salma-el-wardany/le-jeu-de-la-virginite-des-femmes-musulmanes_a_23380699/

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22.
Déconstruisons les préjugés autour des femmes musulmanes ! Document Lallab 1er septembre 2016 – Photo. Document ‘lallab.org’

Imaginez un instant : un.e élu.e de la République appelle au boycott de magasins qui ont eu l’audace d’embaucher des femmes… Et cela, au « nom de l’égalité femmes/hommes« . Cela vous paraît aberrant ? Pourtant, il y a quelques jours, Jacqueline Eustache-Brinio, maire de Saint-Gratien dans le Val d’Oise, a appelé publiquement au boycott de « tous les magasins qui [lui] imposent des vendeuses et des caissières voilées« 

A l’intersection du sexisme et du racisme

Aujourd’hui, dans un contexte social de plus en plus tendu, notamment après les attentats de 2015, les propos et les actes commis contre les musulmans, et plus précisément contre les musulmanes, sont de plus en plus nombreux. Selon le Réseau européen contre le racisme (ENAR), 81,5% des actes et des discours islamophobes sont commis contre les femmes en France. Les musulmanes qui portent le voile, en raison de leur visibilité, compteraient ainsi pour près de 100% des victimes de violences physiques. 

Les discriminations subies sont ainsi liées à la fois à leur statut de femmes, victimes de sexisme (harcèlement de rue, inégalités salariales, violences conjugales…), mais aussi de violences spécifiques liées à leur appartenance, réelle ou supposée, à la religion musulmane. Les femmes musulmanes semblent incarner cet « Autre », différent de « nous », et notre société ne cesse de leur renvoyer leur illégitimité à vivre en France… A moins qu’elles ne nient et effacent une partie de leur identité.

Exclues au nom de l’égalité et de la laïcité

Ces discours et actes oppressifs – de plus en plus banalisés- sont généralement justifiés par un attachement à l’égalité des sexes, à la laïcité et autres grands principes de la République. Dans les plus grandes sphères politiques, on a récemment entendu une ministre comparer le voile à l’esclavage ou une élue le comparer au brassard nazi, stigmatisant ainsi une partie des citoyen.ne.s que ces sphères sont censées représenter.

Chez les féministes dites « traditionnelles », certaines s’arrogent le droit de dicter à d’autres femmes comment mener leurs vies et jugent leur tenues vestimentaires, leur faisant croire qu’il n’y a qu’un seul chemin d’émancipation et qu’il passe nécessairement par une mise à distance du religieux. Ironie du sort : des femmes qui se sont battues pour s’émanciper reproduisent cette oppression sur d’autres femmes. Ce féminisme paternaliste sous-entend que des femmes, musulmanes en l’occurrence, sont incapables de faire leurs propres choix.

Au nom de la laïcité – bien souvent dévoyée et très différente de l’esprit de la loi de 1905-, elles sont également exclues. Confondant neutralité de l’Etat et neutralisation des individus, de nombreux employeurs et employés considèrent que le lieu de travail doit être « neutre » et « laïque ». Ils pensent de ce fait que l’injonction à la neutralité et le refus du port de signes religieux ne sont ni des discriminations ni des violations des libertés religieuses.

Enfin, ces dernières années, l’image réductrice et indélébile de ces femmes musulmanes éternellement soumises et oppressées par une religion violente s’est ancrée dans l’imaginaire collectif. Représentées comme un bloc homogène, avec une histoire unique, et réduites à un silence paradoxal : on ne cesse de parler d’elles, mais sans jamais leur donner la parole.

« Comme les canaris dans les mines de charbon »

Ces grandes valeurs de laïcité, de droits humains et d’égalité femmes/hommes ont pour mission de construire et de pérenniser une démocratie dans laquelle tous ces citoyen.ne.s peuvent vivre ensemble dans les meilleures conditions. Cependant, ces valeurs sont encore trop souvent utilisées comme arguments pour diviser et exclure une partie de la société.

Cette situation de tension, et même de peur constante du voisin ou de la voisine, a un impact réel sur notre démocratie et notre capacité de réflexion. Plus inquiétant encore, l’islamophobie peut facilement être utilisée comme un outil de manipulation publique, dont le but est d’éroder la base d’une société libre, à savoir des citoyens rationnels et informés. Comme l’explique Dalia Mogahed lors de sa conférence Ted Talk : 

Les musulmans sont comme les canaris dans les mines de charbon : nous sommes peut-être les premiers à le sentir, mais cet air toxique nous fait du mal à tous !

Changer la narration

Il est urgent de faire entendre les voix plurielles des femmes musulmanes afin de lutter contre l’exclusion et les violences dont elles sont victimes, mais aussi, et surtout, pour le respect de toutes et tous, en dépit de nos différences.

Il est primordial de leur laisser la parole, de les écouter raconter leurs vécus, loin des fantasmes que l’on entend régulièrement, et expliquer leurs besoins. Après tout, elles sont les mieux placées pour les identifier. Il est également nécessaire de mettre en avant des modèles féminins musulmans positifs, afin de contrer l’impact négatif du manque de représentation dans les médias et la culture : réduction du champ des possibles, difficultés à revendiquer une place légitime dans la vie publique et citoyenne, à prendre des décisions éclairées et librement choisies, etc.

Lutter contre les préjugés sur les femmes musulmanes, c’est donc se battre pour une société plus juste pour tou.te.s. C’est rêver d’un monde où les femmes pourront marcher fièrement dans la rue sans être jugées, discriminées ou violentées du fait de leur genre, leurs orientations sexuelles, leurs origines et encore leurs appartenances religieuses.

Posons-nous une seule question : souhaitons-nous construire un État appuyé sur la négation des identités, ou au contraire les assumer et en faire une véritable richesse pour tou.te.s ? Notre rêve est très simple : chaque personne doit pouvoir être, non pas ce que l’on souhaite qu’elle soit, mais bien ce qu’elle veut être. Alors ensemble, luttons contre nos préjugés !

Tribune rédigée par Sarah Zouak et Justine Devillaine, co-fondatrices de l’association Lallab - Initialement publiée dans l’Express - Diffuse la bonne parole Lallab -

Lallab – Les Lallas prennent la plume ! -© 2016 LALLAB – Tous droits réservés - Site réalisé par A/M digital & - Illustré par Clotilde Vallée

Lallab

Source : http://www.lallab.org/deconstruisons-prejuges-musulmanes/

Voir également Lallab, le nouveau visage du féminisme musulman - Le Monde -https://www.lemonde.fr › Afrique - 09 mai 2017

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23.
Pour changer l’image qu’on a d’elles dans les médias, les femmes musulmanes prennent la parole – Contribution de Attika TrabelsiCoprésidente de l’association Lallab - Vidéo 4:01 / Le HuffPost - 27 mars 2018

Pour changer l’image qu’on a d’elles dans les médias, les femmes musulmanes prennent la parole. 80% des actes islamophobes touchent exclusivement les femmes. C’est pour cette raison que nous importons, pour la première fois en France, la journée internationale de la femme musulmane.

80% des actes islamophobes touchent exclusivement les femmes. C’est pour cette raison que nous importons, pour la première fois en France, la journée internationale de la femme musulmane.

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Source : https://www.huffingtonpost.fr/attika-trabelsi/pour-changer-limage-quon-a-delles-dans-les-medias-les-femmes-musulmanes-prennent-la-parole_a_23395653/

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Engagement politique et social : les femmes musulmanes déjouent les clichés - 03 avril 2018, 22:42 CEST • Mis à jour le 3 septembre 2018, 10:30 CEST – Document ‘The Conversation FR’ - 03 avril 2018 – Auteures : Danièle Joly  : Sociologue, professeure émérite, Université de Warwick, Fellows 2011-IEA de Paris, Réseau français des instituts d’études avancées (RFIEA) et Khursheed Wadia  ; Principal Research Fellow, Centre for the Study of Safety and Well-Being, University of Warwick - Déclaration d’intérêts : Les résultats livrés dans cet article sont fondés sur des données que nous avons réunies par un travail de terrain approfondi sur plusieurs années et sont étoffés en détail dans le livre cité. Il émane d’un projet de recherche financé par l’ESRC.

Khursheed Wadia a été co-bénéficiaire avec Danièle Joly d’un financement du ESRC (Economic and Social Research Council, UK). Elle est membre du conseil d’administration du Muslim Women’s Network UK. Partenaires : University of Warwick apporte des fonds en tant que membre fondateur de The Conversation UK. Réseau français des instituts d’études avancées (RFIEA) apporte un financement en tant que membre adhérent de The Conversation FR. Voir les partenaires de The Conversation France

Le 27 mars 2018, des milliers de femmes à travers le monde ont célébré, notamment via les réseaux sociaux, le #MuslimWomensDay. Ce jour a été institué en 2017 et veut rappeler au monde entier que les femmes musulmanes, voilées ou non, pratiquantes ou non, ont leur mot à dire dans l’espace public.

Photo « Contre l’islamophobie et contre la guerre » lit-on sur la pancarte de cette jeune femme au Royaume-Uni, lors d’une manifestation en 2017. Pxhere, CC BY-SA

Regardons ce qu’il se passe de chaque côté de la Manche. Le Royaume-Uni et la France comptent environ 7 millions de personnes originaires de pays à majorité musulmane. Presque la moitié d’entre elles sont des femmes dont la plupart trouvent leurs racines dans les anciennes colonies de ces pays. Des primo arrivantes plus récentes proviennent d’autres pays du monde islamique – ces femmes originaires de pays à majorité musulmane, croyantes et non-croyantes, sont appelées ici « femmes de culture musulmane » ou simplement « femmes musulmanes » dans le reste de l’article.

Les résultats de nos recherches démentent les idées préconçues sur les femmes de culture musulmane et démontrent que celles-ci aspirent à s’engager activement dans la vie publique.

En effet, notre livre sur la participation civique et politique de ces femmes en France et en Grande-Bretagne s’inscrit en faux contre les préjugés dominants sur la passivité des femmes de culture musulmane et leur manque d’intérêt pour la vie civique et politique. De plus, les femmes que nous avons étudiées ont déployé des stratégies innovantes et des modes de participation diversifiés pour surmonter les nombreux obstacles qui entravent leur autonomisation, dans un environnement chargé de contraintes émanant de leurs propres communautés et de la société environnante.

Remise en question du cadre patriarcal

Les femmes interviewées dans notre étude ont évalué les obstacles et les facteurs favorables qu’elles ont rencontrés dans le contexte de leur communauté d’origine, du groupe religieux et de la société environnante.

Tout d’abord, la collectivité d’origine dans laquelle leur première socialisation a eu lieu a été décrite comme une source ambivalente, porteuse tout à la fois de restrictions et de soutien : dans une nouvelle société d’installation souvent hostile, la famille et la communauté offrent aux femmes un environnement protecteur et familier, mais limite aussi leur capacité d’action.

Tout ne souhaitant pas la rupture avec leur famille, ces femmes remettent en question le cadre patriarcal dominé par les chefs de famille et les leaders communautaires, un contrôle particulièrement prégnant en Grande-Bretagne où les réseaux communautaires sont plus denses et plus institutionnalisés.

Photo - Jeunes femmes échangeant à Trafalgar Square, Londres. Garry Knight/Flickr, CC BY-ND

Par ailleurs, les femmes croyantes s’opposent à un islam dont bon nombre d’entre elles jugent qu’il est interprété par les hommes pour les hommes, qu’il renforce des pratiques traditionnelles ou encore qu’il est mis en œuvre par les branches de l’islam politique, très normatif.

C’est aussi cependant au nom de l’islam – auquel adhèrent leurs parents traditionnels – que les femmes croyantes remettent en question les pratiques coutumières sur l’éducation, le mariage ou encore la participation dans la sphère publique.

L’islam devient ainsi un vecteur d’intégration car il permet de ne pas rompre avec la famille tout en participant à la société.

Femmes : enjeux et otages à la fois

L’hostilité et les préjugés contre les musulmans ont particulièrement touché la Grande-Bretagne et la France, exacerbés par l’émergence d’un terrorisme se réclamant de l’islam sur le plan national comme international ces dernières années. Par conséquent, les femmes qui étaient identifiées auparavant comme « Arabes » en France et « Pakistanaises » ou « Bangladaises » en Grande-Bretagne se sont transformées en « musulmanes » dans le discours public et politique.

Les femmes de culture musulmane sont ainsi devenues les enjeux et les otages de tensions sociétales dans les deux pays.

L’islam radical a d’ailleurs été présenté comme l’ennemi public numéro un, décrit en août 2005 par Tony Blair, alors premier ministre, comme ayant « les mêmes caractéristiques que le communisme révolutionnaire ».

Deux thèmes majeurs ont cristallisé les débats : la sécurité antiterroriste en Grande-Bretagne et l’identité nationale en France. L’appareil législatif et culturel lié à la guerrecontre le terrorisme en Grande-Bretagne a notamment trouvé son équivalent français dans l’offensive contre le vêtement islamique. Toute la puissance de l’État étant déployée dans les deux cas.

Le vêtement, symptomatique de l’exclusion

En France, plusieurs lois et circulaires ciblent le code vestimentaire musulman des femmes au nom de la laïcité, l’affaire dite du « burkini » portée dans l’espace international reflétant aussi l’instrumentalisation politique de ce code vestimentaire que soulignent plusieurs femmes interviewées..

Par conséquent, les femmes originaires de pays à majorité musulmane subissent de multiples désavantages, fondés sur l’origine et la religion et plus généralement sur des critères de genre, mais aussi en raison des stéréotypes spécifiques auxquels elles sont sujettes, les femmes musulmanes étant souvent considérées comme passives, soumises et confinées au foyer. Par ailleurs, la majorité de ces femmes souffrent d’un désavantage social relatif à leur niveau d’éducation, leur taux de chômage et leur degré de pauvreté.

De plus, la visibilité attachée à un code vestimentaire comme le foulard transforme les femmes en une cible potentielle d’hostilité et de discrimination spécifique à leur genre. En France, tout particulièrement, elles sont en conséquence de plus en plus exclues de larges secteurs de l’emploi : 30 % des emplois qui sont ceux du secteur public et bien d’autres encore dans le secteur privé par le truchement de règlements d’entreprises de plus en plus nombreux exigeant la neutralité religieuse. On pense ainsi à l’entreprise Paprec (4000 employés) qui a adopté en 2014 une Charte de la laïcité interdisant le port du voile. Ces obstacles entravent aussi leur participation civique et politique.

En France notamment, les femmes portant un foulard sont exclues de l’engagement dans tout un pan du domaine public tel que les entités institutionnelles ou même des associations (alors que les restrictions légales ne s’appliquent pas à ces dernières) comme l’ a montré la polémique impliquant les Restos du Cœur en 2013 dont plusieurs ont refusé d’accueillir une bénévole voilée.

« Peace, peace, peace »

Néanmoins, la politique étatique a également contribué à projeter les femmes de culture musulmane dans l’espace public. En Grande-Bretagne, en témoigne par exemple leur participation nombreuse et dynamique dans la campagne contre l’intervention militaire en Irak, « Stop the War », dont la présidente était une jeune femme de culture musulmane, Salma Yaqoob, très vite décrite comme nouvelle figure politique de sa génération, fondatrice du parti Respect et militante sur plusieurs fronts sociaux.

Sous sa direction, le 15 février 2003, la campagne « Stop the War » avait réuni 2 millions de personnes, la plus importante que l’histoire de Londres ait connue.

Comme le rappelle une participante, on y voyait un grand nombre de femmes et d’adolescentes de ces communautés.

« We were chanting “This is what democracy looks like” and also “Peace, Peace, Peace’… To be in this situation and to look around and not see activists or [Trotskyists], but 15-year-old Muslim girls… was amazing. This was not the usual, run-of-the-mill demo ».

Photo - Capture d’écran sur le fil Twitter de la politicienne Salma Yacoob. Salma Yacoob

En France les femmes se sont mobilisées entre autres contre la loi de 2004 proscrivant le foulard à l’école et contre l’exclusion des accompagnements scolaires ciblant des mères en foulard. Ces dernières, organisées en collectifs pour défendre leur droit, ont obtenu gain de cause en 2015.

Des électrices assidues

Un autre élément nous a frappé durant nos recherches : ces femmes sont particulièrement engagées par l’entremise du vote. Elles sont ainsi, en France comme en Grande-Bretagne, des électrices assidues.

En revanche, elles sont moins susceptibles de participer à la politique formelle ou institutionnelle, à l’instar des femmes en général, d’où leur faible présence dans les partis politiques, au niveau des assemblées élues et de l’exécutif politique, ce qui est plus accentué en France qu’en Grande-Bretagne.

Les femmes de culture musulmane sont par ailleurs en France plus présentes dans la politique de la rue, les grèves, les discussions et les pétitions politiques, alors qu’en Grande-Bretagne, elles sont plus actives dans le volontariat et les œuvres caritatives. En France des associations fondées récemment telles que Lallab revendiquent un engagement à la fois féministe et musulman.

Cette différence correspond aux cultures politiques de ces deux pays – respectivement conflictuelles et consensuelles – et reflète les modes d’action caractéristiques de la société dont les femmes de culture musulmane font partie. Elles ont cependant aussi élaboré un répertoire de stratégies pour poursuivre leur participation dans la vie publique et faire avancer leurs projets d’autonomisation. Nous avons développé une typologie de ces stratégies dans notre recherche.

Six stratégies d’engagement politique

Cet ensemble de stratégies se compose de six types principaux qui se déploient suivant une variété de combinaisons.

La confrontation est utilisée le plus souvent quand les situations sont tellement conflictuelles qu’aucune autre option est possible. Dans la famille cela signifie une rupture définitive ou un divorce ; dans la société, des actions illégales comme porter secours à des familles en situation irrégulière (dans le cadre de Réseau éducation sans frontières par exemple).

Par ailleurs différentes formes de coopération existent notamment lorsque le projet de la femme coïncide avec celui de la famille ou de la société, ce qui est fréquent dans le cadre de la poursuite des études.

Comment l’islam m’a rendue féministe de Zena Agha, durant un TED Talk à Warwick.

D’autres ont recours au compromis. Ainsi une jeune femme d’origine pakistanaise pourra accepter un fiancé proposé par ses parents si ceux-ci en retour tiennent compte de son point de vue sur leur choix. En France certaines femmes accepteront d’enlever leur foulard à l’école pour devenir enseignantes.

Une approche latérale implique en revanche le contournement d’obstacles plutôt qu’une confrontation directe. Par exemple, créer sa propre association plutôt que de s’acharner à gagner un accès aux associations contrôlées par les hommes conservateurs de la communauté ou pour circonvenir l’interdiction de s’engager dans les instituions publiques qui s’applique en France aux femmes portant un foulard.

Enfin une approche de renversement qui passe par la réappropriation des arguments et des outils de l’adversaire contre lui-même ; par exemple certaines femmes invoquent le Coran pour remettre en cause le contrôle de parents musulmans traditionnels. D’autres, comme le collectif des mères, ont fait appel au tribunal administratif pour contrer une circulaire officielle sur l’accompagnement des sorties scolaires.

Engagées au cœur de la proximité pour plus de justice sociale

Par ailleurs, en France comme en Grande-Bretagne, ces femmes se distinguent par leur participation active dans des organisations de quartier.

Ces dernières remplissent des fonctions sociales et éducatives très importantes auprès des populations désavantagées.

Assa Gassama chante en 2016 pour le collectif « Brigade des Mères » fondée par la militante Nadia Remnada en France.

Égalité entre les sexes, violence domestique, discriminations, islamophobie, pauvreté, guerres et dictatures sont autant de sujets portés par les croyantes et les non-croyantes que ce soit au niveau local, national, voire international, comme manifester contre l’agression israélienne en Palestine ou envoyer des fonds à des projets éducatifs dans le monde en développement. Celles qui se réclament de l’islam déclarent qu’un devoir religieux les enjoint à défendre la justice sociale et à s’engager pour ces causes.

Leurs actes d’engagement politiques, qu’ils soient associatifs ou civiques sont ainsi à prendre en considération. Ils doivent être valorisés par les autorités afin de développer des politiques qui tiendraient compte du point de vue, des préoccupations et des comportements politiques de ce groupe auquel encore trop souvent, est assignée une identité « passive » et qui reste sous les radars de l’action publique. De plus, il en résulte la perte d’une contribution potentiellement très bénéfique pour l’action sociale.

Le réseau des quatre instituts d’études avancées a accueilli plus de 500 chercheurs du monde entier depuis 2007. Découvrez leurs productions sur le site Fellows.

The Conversation : des analyses de l’actualité par des universitaires - Droits d’auteur © 2010–2019, The Conversation France (assoc. 1901)

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Source : https://theconversation.com/engagement-politique-et-social-les-femmes-musulmanes-dejouent-les-cliches-93329

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Déconstruisons les préjugés autour des femmes musulmanes ! 1er septembre 2016 Document Lallab - Photo

Imaginez un instant : un.e élu.e de la République appelle au boycott de magasins qui ont eu l’audace d’embaucher des femmes… Et cela, au « nom de l’égalité femmes/hommes« . Cela vous paraît aberrant ? Pourtant, il y a quelques jours, Jacqueline Eustache-Brinio, maire de Saint-Gratien dans le Val d’Oise, a appelé publiquement au boycott de « tous les magasins qui [lui] imposent des vendeuses et des caissières voilées ».

A l’intersection du sexisme et du racisme

Aujourd’hui, dans un contexte social de plus en plus tendu, notamment après les attentats de 2015, les propos et les actes commis contre les musulmans, et plus précisément contre les musulmanes, sont de plus en plus nombreux. Selon le Réseau européen contre le racisme (ENAR), 81,5% des actes et des discours islamophobes sont commis contre les femmes en France. Les musulmanes qui portent le voile, en raison de leur visibilité, compteraient ainsi pour près de 100% des victimes de violences physiques. 

Les discriminations subies sont ainsi liées à la fois à leur statut de femmes, victimes de sexisme (harcèlement de rue, inégalités salariales, violences conjugales…), mais aussi de violences spécifiques liées à leur appartenance, réelle ou supposée, à la religion musulmane. Les femmes musulmanes semblent incarner cet « Autre », différent de « nous », et notre société ne cesse de leur renvoyer leur illégitimité à vivre en France… A moins qu’elles ne nient et effacent une partie de leur identité.

Exclues au nom de l’égalité et de la laïcité

Ces discours et actes oppressifs – de plus en plus banalisés- sont généralement justifiés par un attachement à l’égalité des sexes, à la laïcité et autres grands principes de la République. Dans les plus grandes sphères politiques, on a récemment entendu une ministre comparer le voile à l’esclavage ou une élue le comparer au brassard nazi, stigmatisant ainsi une partie des citoyen.ne.s que ces sphères sont censées représenter.

Chez les féministes dites « traditionnelles », certaines s’arrogent le droit de dicter à d’autres femmes comment mener leurs vies et jugent leur tenues vestimentaires, leur faisant croire qu’il n’y a qu’un seul chemin d’émancipation et qu’il passe nécessairement par une mise à distance du religieux. Ironie du sort : des femmes qui se sont battues pour s’émanciper reproduisent cette oppression sur d’autres femmes. Ce féminisme paternaliste sous-entend que des femmes, musulmanes en l’occurrence, sont incapables de faire leurs propres choix.

Au nom de la laïcité – bien souvent dévoyée et très différente de l’esprit de la loi de 1905-, elles sont également exclues. Confondant neutralité de l’Etat et neutralisation des individus, de nombreux employeurs et employés considèrent que le lieu de travail doit être « neutre » et « laïque ». Ils pensent de ce fait que l’injonction à la neutralité et le refus du port de signes religieux ne sont ni des discriminations ni des violations des libertés religieuses.

Enfin, ces dernières années, l’image réductrice et indélébile de ces femmes musulmanes éternellement soumises et oppressées par une religion violente s’est ancrée dans l’imaginaire collectif. Représentées comme un bloc homogène, avec une histoire unique, et réduites à un silence paradoxal : on ne cesse de parler d’elles, mais sans jamais leur donner la parole.

« Comme les canaris dans les mines de charbon »

Ces grandes valeurs de laïcité, de droits humains et d’égalité femmes/hommes ont pour mission de construire et de pérenniser une démocratie dans laquelle tous ces citoyen.ne.s peuvent vivre ensemble dans les meilleures conditions. Cependant, ces valeurs sont encore trop souvent utilisées comme arguments pour diviser et exclure une partie de la société.

Cette situation de tension, et même de peur constante du voisin ou de la voisine, a un impact réel sur notre démocratie et notre capacité de réflexion. Plus inquiétant encore, l’islamophobie peut facilement être utilisée comme un outil de manipulation publique, dont le but est d’éroder la base d’une société libre, à savoir des citoyens rationnels et informés. Comme l’explique Dalia Mogahed lors de sa conférence Ted Talk : 

« Les musulmans sont comme les canaris dans les mines de charbon : nous sommes peut-être les premiers à le sentir, mais cet air toxique nous fait du mal à tous ! »

Changer la narration

Il est urgent de faire entendre les voix plurielles des femmes musulmanes afin de lutter contre l’exclusion et les violences dont elles sont victimes, mais aussi, et surtout, pour le respect de toutes et tous, en dépit de nos différences.

Il est primordial de leur laisser la parole, de les écouter raconter leurs vécus, loin des fantasmes que l’on entend régulièrement, et expliquer leurs besoins. Après tout, elles sont les mieux placées pour les identifier. Il est également nécessaire de mettre en avant des modèles féminins musulmans positifs, afin de contrer l’impact négatif du manque de représentation dans les médias et la culture : réduction du champ des possibles, difficultés à revendiquer une place légitime dans la vie publique et citoyenne, à prendre des décisions éclairées et librement choisies, etc.

Lutter contre les préjugés sur les femmes musulmanes, c’est donc se battre pour une société plus juste pour tou.te.s. C’est rêver d’un monde où les femmes pourront marcher fièrement dans la rue sans être jugées, discriminées ou violentées du fait de leur genre, leurs orientations sexuelles, leurs origines et encore leurs appartenances religieuses.

Posons-nous une seule question : souhaitons-nous construire un État appuyé sur la négation des identités, ou au contraire les assumer et en faire une véritable richesse pour tou.te.s ? Notre rêve est très simple : chaque personne doit pouvoir être, non pas ce que l’on souhaite qu’elle soit, mais bien ce qu’elle veut être. Alors ensemble, luttons contre nos préjugés !

Tribune rédigée par Sarah Zouak et Justine Devillaine, co-fondatrices de l’association Lallab - Initialement publiée dans l’Express – « Magazine en ligne et association dont le but est de faire entendre les voix des femmes musulmanes qui sont au cœur d’oppressions racistes et sexistes. Nous façonnons un monde dans lequel les femmes choisissent en toute liberté les armes de leur émancipation. Avec Lallab, soyons créatrices de nos récits ! » - © 2016 LALLAB – Tous droits réservés - Site réalisé par A/M digital & Illustré par Clotilde Vallée

Lallab

Source : http://www.lallab.org/deconstruisons-prejuges-musulmanes/

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26.
Journée des femmes musulmanes : elles témoignent de l’islamophobie à l’école Par Arièle Bonte. Journaliste – Diffusé par RTL le 27/03/2019 à 14:53

TÉMOIGNAGES - Des femmes musulmanes racontent à ’RTL Girls’ les discriminations et comportements qui leur sont réservés au sein de l’Éducation nationale ou durant leur parcours scolaire.

Photo - Le port du voile en France est autorisé dans l’espace public (illustration) Crédit : iStock / Getty Images Plus

’Faire entendre les voix des femmes musulmanes dans leur pluralité’, c’est la mission que s’est donnée l’association Lallab, ces 27 et 29 mars à l’occasion du Muslim Women’s Day, soit une journée dédiée aux femmes musulmanes. Lancée en France l’année dernière en réponse à une initiative américaine, cette seconde édition s’intéresse à l’éducation, un terrain où les mères comme les jeunes filles sont parfois les cibles de discriminations au sein même des établissements scolaires. 

’L’accès des femmes musulmanes à l’éducation est inégal et doit être questionné’, explique l’association Lallab dans un communiqué. Car pour les femmes musulmanes, qu’elles soient élèves, étudiantes ou enseignantes, qu’elles portent ou non le voile, les discriminations quotidiennes existent. 

Trois d’entre elles ont raconté à RTL Girls leur expérience et comment le regard de la société sur leur religion a impacté leur travail scolaire ou professionnel. 

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Quand les discriminations sont quotidiennes

Safa, 24 ans, est étudiante en Master de psychologie sociale à Paris. Elle porte le voile depuis qu’elle a 11 ans et raconte que dans son collège de ZEP (’zone d’éducation prioritaire’), son voile ’n’était pas nécessairement un problème’. Qu’il s’agisse de ses camarades de classe ou de ses professeurs, son voile est accepté par l’ensemble de la communauté, même si elle est la seule de son établissement à en porter un. 

Pour son entrée au lycée, Safa intègre un grand lycée parisien. Là encore, elle est l’unique élève à porter le voile et ce changement de quartier et d’environnement se fait vite ressentir. ’J’ai eu plusieurs remarques de la part de mes professeurs ou du corps enseignant, jamais de très grosses discriminations mais du racisme et certains comportements discriminatoires’, se souvient-elle.

Un jour par exemple, une professeure appelle Safa par le prénom d’une autre élève d’origine arabe : ’Sarah’. Lorsque la jeune fille lui fait remarquer qu’il ne s’agit pas de son prénom, l’enseignante lui répond : ’vous deux, c’est la même chose’.

Une fois, une fille est venue avec un immense collier en bois représentant une croix - Safa, étudiante qui porte le voile

Après les cours, Safa sort son voile de son sac dans le hall du lycée pour le mettre une fois qu’elle a quitté l’enceinte de l’établissement, ’les surveillants venaient en courant vers moi pour me dire que c’était interdit alors qu’il était simplement dans mes mains’.

En hiver, si la jeune fille a le malheur de porter un bonnet parce qu’elle a tout simplement froid, on lui demande de le retirer. Les autres élèves sont épargnés de ces ordres. ’Une fois, une fille de ma classe est venue en cours avec un immense collier en bois représentant une croix. Personne ne lui a rien dit’, rapporte encore Safa qui souligne que son lycée abritait une chapelle encore active. 
_ Avec ses camarades de classe et les autres élèves en revanche, Safa ne rapporte aucun incident. Elle sait cependant, qu’un jour d’absence, une enseignante convoque une de ses amies pour lui dire d’encourager Safa à enlever son voile. ’Parce que pour elle, c’était un symbole d’oppression’. 

Si l’étudiante en psychologie estime ne pas avoir subi d’importantes discriminations au sein de son lycée (contrairement à l’extérieur, où elle a été plusieurs fois agressée en raison de son voile), elle ajoute cependant que ces comportements ’ne sont pas inoffensifs et restent handicapants pour une adolescente’.

Photo - En France, porter le voile n’est pas simple pour une femme - Crédit : iStock / Getty Images Plus

Le voile, un objet mal perçu par l’ensemble de la société

Nour (ce prénom a été modifié) raconte elle aussi à quel point les discriminations ont eu un impact sur son quotidien et son entrée dans la vie adulte. ’J’ai revu mes envies et mes ambitions à la baisse parce que je devais être invisible’, raconte-t-elle à RTL Girls.

Cette ‘vingtenaire’ qui travaille dans la communication a commencé à porter le voile à l’âge de 15 ans, au moment du débat sur l’identité nationale en France, qui a eu lieu à la fin des années 2000.

À la différence de Safa, Nour a été confrontée à une ’forme de harcèlement scolaire’ en raison de son voile. ’On me reprochait mon manque de féminité, on me parlait tout le temps de l’Iran etc.’, détaille la jeune femme, qui a également été la cible de propos violents de la part d’un enseignant lorsqu’elle lui a demandé si, à l’occasion d’une sortie scolaire, elle pouvait porter son voile le temps du trajet dans l’espace public. 

’Il m’a dit : ’Toi, Nour, tu portes le voile ? Tu me déçois ! Les femmes en Iran tu en fais quoi ? C’est une honte à la femme !’ Toute communication était impossible et à partir de ce moment-là, je me suis dit que porter le voile allait être plus compliqué que prévu’, explique-t-elle.

Cela fait mal au cœur de constater que, selon certaines personnes, tu freines le monde – Nour.

Nour se prive alors de sortie, ne peut pas faire du football comme elle rêverait pourtant d’en faire, anticipe chaque moment dans l’espace public en fonction de si on va lui autoriser ou non à porter son voile en toute liberté. 

’Quand tu as 15 ans et qu’on te met sur les épaules le sort de femmes dans une situation délicate c’est très lourd, cela fait mal au cœur de constater que, selon certaines personnes, tu freines le monde’, ajoute-t-elle, insistant sur le caractère systémique des comportements discriminants au sein de son lycée mais aussi dans le reste de la société.

Aujourd’hui, je me sens mi voilée mi pas voilée - Nour

Dans le milieu professionnel, Nour fait le même constat : son voile est un frein, un objet brandi contre elle pour l’insulter. En stage, son responsable l’appelle ’la voilée’ lorsqu’elle arrive devant les grilles de l’entreprise, et qu’elle y retire ici même son voile avant d’aller travailler. Un jour, lors d’une convention et en présence de clients, son supérieur hiérarchique insulte sa religion. Nour décide alors, après cet incident, de quitter son stage, une semaine avant la fin. ’On m’a répondu : saches que tu n’as pas ta place dans la société’.

La suite a été ’une traversée du désert’. Nour confie qu’elle s’est alors sentie ’perdue’. Elle a voyagé pendant une année, a pris du temps pour elle avant d’entrer en Master. ’Mais j’étais en dépression, je passais mes journées dans le noir et la nuit je ne dormais pas. J’ai perdu dix kilos en quelques mois, je me suis dit que j’allais laisser tomber la communication’, se souvient-elle douloureusement. 

Finalement, la jeune femme décide d’y revenir après avoir travaillé quelques tempes comme conseillère de vente. Elle décide de cacher son voile et de ne jamais en parler. ’J’ai pu avoir trois postes avec beaucoup de missions que je sais que je n’aurais pas pu avoir si on avait su que je porte le voile’, assure-t-elle.

Le voile de Nour devient alors un secret, difficile à porter car il faut bien savoir le cacher. La jeune femme met en effet en place des stratégies, ne se rend pas dans certains quartiers, retire son voile à quelques arrêts de RER avant sa station, de peur de croiser des collègues. ’Aujourd’hui, je me sens mi voilée mi pas voilée’, explique Nour. Cette situation lui convient pour l’instant mais elle sait qu’un jour, elle devra faire un choix. 

Le phénomène d’auto-censure

Victoria (ce prénom a été modifié) de son côté, a été témoin de ces jeunes filles musulmanes qui revoient leurs ambitions à la baisse en raison des discriminations qu’elles subissent au quotidien, dans les établissements scolaires mais aussi des comportements auxquels elles doivent faire face dans la société ou qu’elles observent dans les médias.

Cette enseignante de sciences économiques et sociales est convertie et, de son propre aveu, ne subit pas directement de discrimination parce qu’elle est ’non typée’. Victoria tient, de fait, une place assez inédite dans le corps étudiant de son établissement : la parole de ses collègues n’est pas bridée en sa présence.

Elle confie alors à RTL Girls entendre alors ’pas mal de remarques sur les tenues vestimentaires des élèves, sur leurs pratiques religieuses supposées parce qu’il y a parfois’, explique-t-elle, ’un amalgame qui est fait entre le fait d’être identifiée comme étant issue d’une immigration et la pratique religieuse’.

Les élèves sont en manque d’identification de parcours de réussite - Victoria, enseignante.

Un jour par exemple, un professeur a dit d’un élève qu’il était ’con’ à cause de sa religion. Si des élèves perçus comme musulmans sont absents, c’est parce qu’ils font l’Aïd. Si des filles portent des jupes amples, c’est parce qu’elles sont musulmanes. ’Ce climat crée des phénomènes d’auto-censure’, explique alors Victoria. ’J’ai du mal à parler de ces questions avec mes collègues, ne serait-ce que d’évoquer ma pratique religieuse parce que je n’ai pas envie de me retrouver dans des discussions et des amalgames’, poursuit-elle.

Mais l’auto-censure n’est pas uniquement tournée vers l’enseignante. Elle agit sur les jeunes filles. ’Les élèves sont en manque d’identification de parcours de réussite, et cela se ressent dans leur ambition et leur manière d’aborder l’école’. Dans son lycée, Victoria explique que les filles qui portent le voile notamment ’ont conscience que l’insertion professionnelle va être difficile, voire impossible’. Leur horizon d’avenir se tourne alors plus ’vers la sphère familiale que professionnelle’, rapporte Victoria. 

Arrivée en septembre dernier dans l’établissement où elle travaille actuellement, Victoria n’a pour l’instant dit à aucun et aucune de ses collègues qu’elle était musulmane. ’La question va se poser au moment du ramadan’, explique-t-elle. ’C’est un événement que j’appréhende’. Pour les remarques éventuelles des autres enseignantes mais aussi pour tous les préjugés qui découlent du fait de faire le ramadan : ’être moins disponible ou moins compétente’, détaille Victoria. 

Un avenir optimiste pour les femmes musulmanes ?

Les trois femmes avec lesquelles nous avons échangées sont toutes d’accord sur un point : il est nécessaire de parler d’islamophobie à l’école. Nour estime que la France n’est pas encore prête à ouvrir ce dialogue au sein de l’Éducation nationale tandis que Victoria explique que communiquer à ce sujet permettrait ’de réfléchir à tous les préjugés, de les remplacer dans un contexte et de ne plus faire de la religion un sujet tabou’.

Safa de son côté ajoute qu’il est nécessaire de donner aux enfants ’les ressources pour faire face à des situations violentes comme les attentats’. Pour elle, le dialogue doit se faire dès l’école primaire ’pour que les élèves comprennent qu’il y a des gens différents, qu’il n’y a pas de mal à cela et que eux aussi ont le droit à la différence’. 

Nour a dû attendre d’entrer à l’université pour sentir qu’elle avait le droit à sa différence. Safa observe qu’il y a quelques années encore, une conférence avec des intervenantes voilées auraient été impossible à organiser...

Ces deux jeunes femmes se disent alors ’optimistes’ pour l’avenir. Même si le chemin est encore long avant d’entendre la voix des femmes musulmanes dans les médias, de voir plus d’expertes voilées à la télévision. ’Mais si on présente les choses comme une fatalité, ça en restera une’, conclut Safa. 

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Source : https://www.rtl.fr/girls/identites/journee-des-femmes-musulmanes-elles-temoignent-de-l-islamophobie-a-l-ecole-7797287157

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27.
En France, l’homosexualité reste une « maladie » ou une « perversion » pour 63% des musulmans - Entretien avec le sondeur François Kraus de l’IFOP Par Martin Pimentel - 26 juin 2019 – Document ‘le causeur.fr’ - Photo - Dimanche 9 juin 2019, à Saint-Denis, plus d’un millier de personnes ont défilé © AFP Juliette PAVY / Hans Lucas

La « Gay Pride » va venir assourdir samedi prochain des Parisiens déjà assommés de chaleur. L’Ifop publie une enquête pour la Fondation Jasmin Roy et la DILCRAH sur la perception qu’ont les Français de l’homosexualité, et des préjugés qui y sont liés. Alors que l’explosif dossier de la PMA va bientôt être ouvert par le gouvernement, l’enquête montre par ailleurs qu’une majorité de citoyens n’est plus réticente à l’homoparentalité. Entretien avec François Kraus, directeur du pôle Politique/Actualité à l’Ifop.

Martin Pimentel. Après le débat virulent sur le « Mariage pour tous », on affirmait un peu partout qu’il y avait un regain d’homophobie dans la société française. Quand on regarde votre étude, on voit au contraire que la perception de l’homosexualité s’est améliorée de façon constante depuis 1975. Qu’en est-il exactement ?

François Kraus. Sur le long terme, c’est évident qu’il y a un phénomène notable de normalisation de l’homosexualité dans l’opinion. Mais nous observons tout de même un petit raidissement en 2012, à partir de l’annonce de la loi Taubira. Et on avait observé la même chose sur la période 98-99 sur le PACS. Mais une fois ces périodes de débat passionné passées, vous avez raison : la tendance à la normalisation continue.

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Causeur. En 1975, 42% des personnes interrogées pensaient que l’homosexualité était « une maladie que l’on doit guérir ». Elles ne sont plus que 8% aujourd’hui. Comment expliquez-vous cette évolution spectaculaire ?

François Kraus. Dans les années 80, la gauche arrive au pouvoir et dépénalise l’homosexualité [NDLR : en 1982, Mitterrand met fin à la discrimination qui donnait la majorité sexuelle dès 15 ans aux hétérosexuels et à 21 ans pour les homosexuels]. Vient ensuite le PACS en 1999. L’effet de normalisation par la loi favorise l’acceptation sociale. L’évolution législative contribue notamment à banaliser l’image du couple homosexuel. Mais la loi n’a pas précédé les choses, il y avait une tendance de fond déjà établie, un phénomène profond inhérent aux sociétés industrielles, à savoir la diffusion des valeurs post-matérialistes. Il y a eu mai 68, et tout un renouvellement générationnel. 

Ceux qui avaient 20 ans dans les années 70, et qui sont aujourd’hui sondés, n’ont pas du tout le même rapport à la sexualité que les générations précédentes. Ensuite, l’accès généralisé au bac dans les années 80 a favorisé une hausse très forte du niveau d’instruction. Enfin, la population soumise au discours répressif de l’Église sur cette question de l’homosexualité est de plus en plus minoritaire, car on observe sur la même période une sécularisation très forte de la société française. Mon collègue Jérôme Fourquet l’a mis en avant dans son dernier livre. Les musulmans n’ont pas le monopole de l’homophobie !

Causeur. Jérome Fourquet parle justement d’archipel. Si on reprend ce terme, dans quels segments de l’archipel de la population française est-il préférable d’être homosexuel ? Et je fais allusion ici avec mes gros sabots à un sujet qui fâche : dans votre étude, 63% des musulmans considèrent toujours l’homosexualité comme « une maladie » ou « une perversion » en 2019. Ils ne sont que 14% chez les catholiques et 10% chez les athées…

François Kraus. Il y a assurément des effets liés à la religion et à l’islam en particulier. Mais il y a aussi des effets de structure liés à la composition même des musulmans, lesquels sont sur-représentés dans les catégories populaires et les catégories moins diplômées, et concentrés dans les banlieues « populaires ». Il y a en outre un effet lié à la pratique religieuse et à la fréquentation des offices. La pratique religieuse affecte de façon très forte le rapport à l’homosexualité, et pas que dans l’islam. Ceux qui n’accepteront pas que leur enfant soit homosexuel sont ceux qui vont dans un lieu de culte toutes les semaines, que ce soit à la messe ou à la mosquée. En 2016, notre enquête IFOP pour l’institut Montaigne montrait déjà que les musulmans sont des gens qui attachent beaucoup plus d’importance que le reste de la population à la religion et aux préceptes moraux de cette dernière dans leurs comportements. Cela se traduit par une morale sexuelle beaucoup plus rigoriste, et une plus forte rigidité à l’égard de toute transgression de la norme hétérosexuelle.

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Causeur. Moi, je retourne dans l’archipel français, et je pense qu’il vaut mieux être homosexuel dans la France périphérique des gilets jaunes qu’en banlieue en Seine Saint-Denis…

François Kraus. Aujourd’hui, c’est effectivement dans les banlieues populaires et dans certaines minorités ethniques et religieuses que l’homophobie est la plus répandue. Mais je mettrais un bémol : c’est aussi lié au niveau social et culturel général [pas uniquement à la religion ou à la minorité ethnique NDLR], et aussi à la position sur l’échiquier politique gauche / droite. En gros, plus on est pauvre, peu éduqué, très pratiquant et situé à la droite de l’échiquier politique, plus la perception de l’homosexualité demeure imprégnée de préjugés homophobes. Je vois où vous voulez peut-être m’emmener… Il faut comprendre que les musulmans n’ont pas le monopole de l’homophobie ! C’est chez les ex-électeurs fillonistes et électeurs lepénistes que vous retrouverez les préjugés les plus importants, et vous conviendrez qu’ils sont peu nombreux parmi les musulmans ! Dans ce portrait de l’homophobie, on retrouve en fait la logique de l’archipel chère à Jérôme Fourquet.

Causeur. Je veux bien vous croire. Ce qui est paradoxal – et je sais bien que c’est très mal de stigmatiser… – c’est que vous trouvez des élus de gauche dans les territoires que nous évoquons qui semblent nier l’évidence. C’était le cas il y a encore 10 jours d’un élu de Saint Denis, qui, lors de la gay pride qui a eu lieu là-bas, affirmait que selon lui « il n’est pas plus compliqué d’être LGBT à St Denis qu’à Paris. »

François Kraus. Je vous renvoie vous et cet élu sur une autre étude que nous avons réalisée le mois dernier pour la Dilcrah et la fondation Jean Jaurès. C’est la seule enquête réalisée en France où nous interrogeons uniquement des homosexuels. Elle montre clairement que les personnes qui souhaitent le plus quitter leur quartier, leur ville ou leur lieu d’enseignement car elles souffrent d’actes ou de paroles homophobes sont les personnes LGBT qui vivent dans ces quartiers et/ou qui sont de confession musulmane. Ce sont les LGBT appartenant aux minorités religieuses ou ethniques qui sont les premières victimes de l’homophobie, et ceci dans une proportion beaucoup plus forte que l’archétype du « gay blanc CSP+ du centre-ville » …

Toutefois, ne mélangeons pas deux choses : notre enquête confirme en effet l’adhésion des conceptions mentales et culturelles rigoristes de ces minorités ethniques, mais nullement plus de passages à l’acte ou d’agressions physiques de ces mêmes minorités envers les personnes LGBT. On n’a pas ce genre de données, et c’est important de le rappeler à vos lecteurs.

72% des Français interrogés estiment qu’un enfant va s’épanouir de la même manière élevé par deux mères

Causeur. Si on passe sur le sujet chaud bouillant de la filiation et de l’homoparentalité, là aussi, les Français semblent très bien accepter les familles homoparentales, finalement ? 

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François Kraus. Oui, et ce n’est pas nouveau. Dans le contexte actuel de l’ouverture souhaitée de la PMA à plus de femmes et de la transcription dans l’état civil français des enfants nés d’une GPA à l’étranger, on voit une reconnaissance accrue des modèles parentaux sortant de la norme hétérosexuelle. Il y a une adhésion forte au principe qu’un enfant a autant de chances d’être aussi bien élevé par un couple gay que par un couple hétérosexuel. Malgré les crispations de l’opinion observées par le passé, on a vu des progressions spectaculaires : 72% des Français interrogésestiment qu’un enfant va s’épanouir de la même manière élevé par deux mères et 68% pensent qu’un enfant va s’épanouir de la même manière élevé par deux pères. Que ce soit pour les lesbiennes ou pour les gays, c’est une augmentation de 16 points depuis 2013 ! 87% des Français pensent en outre que les couples de même sexe doivent avoir les mêmes protections juridiques que les autres familles, et 65% pensent que l’état civil des transsexuels devrait pouvoir être changé sur demande sans être conditionné à une opération. Tout ceci montre une tolérance forte des “cisgenres” hétérosexuels sur ces questions.

Causeur. Justement, parlons de tous ces termes que reprend votre étude (LGBT, cisgenres et autres joyeusetés)… Interrogée sur France inter, Sylviane Agacinski regrette que « nous adoptions le vocabulaire des militants LGBT et le vocabulaire des laboratoires de technologies reproductives américains. » Elle craint l’avènement d’un homme désincarné : on serait en train de passer du corps charnel au corps fabriqué, selon elle. Et il faut bien reconnaître qu’un certain militantisme réclame le droit à la PMA pour demain, et parle déjà de la GPA pour après-demain. En tant que sondeur, pensez-vous que ces questions vont saturer le débat dans les prochaines semaines ?

Sens Commun ou la Manif pour Tous seront selon moi beaucoup moins en capacité de mobiliser sur la PMA que sur le mariage homosexuel

François Kraus. Non, car la question de la PMA est beaucoup moins clivante que ne le fut le mariage pour tous. D’abord, le consensus semble assez net cette fois-ci selon les dernières enquêtes. 2 Français sur 3 y sont favorables. Cela concerne uniquement des femmes, et dans l’inconscient collectif la maternité est consubstantiel de la féminité. Y compris chez des Français plus âgés ou plus religieux, le besoin de maternité apparaît comme un besoin existentiel et les Français réfractaires à ces évolutions voient mal comment refuser l’aide de la science dans cette volonté qu’a la femme d’enfanter. Sens Commun ou la Manif pour Tous seront selon moi beaucoup moins en capacité de mobiliser là-dessus. La GPA, qui implique de son côté un risque de marchandisation du corps, est plus porteuse pour ces mouvements, et interpelle aussi à gauche. Je note enfin que le contexte d’atomisation de la vie politique française actuelle et singulièrement de la droite fait qu’il n’y a pas de relais politiques structurés sur ces questions comme c’était le cas en 2012. 

Causeur. Si je retourne feuilleter votre étude sur l’homophobie, je vois aussi que l’acceptation vis-à-vis de démonstrations publiques de l’homosexualité progresse. Un détail m’interpelle toutefois : 47% des moins de 25 ans que vous qualifiez de « cisgenres » sont plus inquiets à l’idée de prendre une douche après le sport avec un homosexuel que ne le sont leurs aînés. Les plus jeunes sont-ils plus homophobes ? Ou alors, le fait que des homosexuels ne se cachent plus pourrait-il être contre productif ?

François Kraus. Vous extrapolez ! Je pense que c’est surtout que les jeunes font plus de sport, ou vont plus à la salle de sport, où les douches collectives sont plus rares qu’autrefois. Mais le fait que dans les plus jeunes, il y ait effectivement plus de personnes musulmanes ou de minorités ethniques est peut être aussi une explication structurelle de ce chiffre…

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L’archipel français

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Source : https://www.causeur.fr/ifop-sondage-lgbt-phobies-homosexualite-musulmans-162672

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28.
Et si on arrêtait d’opposer laïcité et religions ? Pour une laïcité de droit divin ! Par Aurélien Marq - 19 août 2018 – Document ‘le causeur.fr’

Photo - Bustes de Marianne, Hôtel de Ville de Paris. SIPA. 00779433_000029

Plus précieuse que jamais, la laïcité ne pourra être préservée que si elle est comprise. En particulier, il est temps que l’on cesse enfin de l’opposer stérilement « aux religions », faute de quoi la partition qu’évoque Laurence David deviendra inévitable, résultat d’une attitude malsaine de part et d’autre s’entêtant à se focaliser sur les croyances au lieu de se concentrer sur les valeurs.

Pourtant, si l’on veut bien se donner la peine d’être attentif, le constat est simple : certaines religions soutiennent les valeurs fondamentales de la République, d’autres les combattent.

(Au) nom de Dieu !

C’est vrai aussi en dehors des religions. La gauche laïque elle-même est partagée entre l’attachement réel à la démocratie et la tentation totalitaire : penser avec le peuple, ou penser à sa place. Choisir le libre-arbitre, la responsabilité et l’émancipation de chacun, ou préférer les assignations identitaires, qu’elles soient socio-culturelles, ethniques, sexuelles ou, justement, religieuses.

Et c’est également vrai au sein même des religions, même si de l’une à l’autre le poids relatif des véritables humanistes varie considérablement, et qu’ils sont plus ou moins en accord avec les principes fondateurs qui définissent historiquement leur religion. Malgré leurs évidentes divergences, Eugénie Bastié, Koztoujours, Abdennour Bidar, Henda Ayari, Delphine Horvilleur, Matthieu Ricard et Michel Onfray ont plus en commun entre eux qu’avec les prélats complices de trafics d’enfants au Canada, Marwan Muhammad ou, dans un tout autre registre, Edwy Plenel. Vouloir les regrouper en fonction de leurs affiliations religieuses plutôt que de leurs engagements éthiques serait absurde.

Disons-le simplement : ce qui compte n’est pas le nom que l’on donne à son dieu, mais les valeurs que l’on défend en son nom. Qu’il y ait souvent un lien direct entre les deux ne doit pas conduire à les confondre, ni à inverser l’ordre d’importance.

L’équilibre des valeurs 

Il faudra bien que le « camp laïque » se décider à distinguer ce qui doit l’être, et à comprendre que la neutralité de l’État, qui fait partie de la laïcité, est une neutralité envers les croyances mais certainement pas envers les valeurs. Et que la laïcité elle-même repose sur des présupposés et des choix philosophiques mais aussi, dans une large mesure, théologiques.

De même, il faudra bien que « les religions » qui ne l’ont pas encore fait admettent que la laïcité les protège bien plus qu’elle ne les contraint, et surtout qu’elle mérite d’être défendue autant pour des raisons de foi que de civisme.

Car si c’est l’implantation massive de l’islam sur notre sol qui nous interroge en premier lieu, les autres religions ne sont pas pour autant épargnées.

Le judaïsme et nos concitoyens juifs subissent, parfois tragiquement, les contre-coups de la situation politique en Israël et en Palestine, et d’un antisémitisme aux multiples facettes (chrétien très rarement, néonazi de manière résiduelle, d’extrême gauche ou complotiste plus souvent, et désormais marqueur identitaire dans la jeunesse des quartiers essentiellement arabo-musulmans, issu aussi des mises en accusation systématiques des juifs dans le Coran, de la vieille alliance à la fois opportuniste et idéologique entre le régime nazi et les islamistes, etc).

Le christianisme, en particulier l’Église catholique, voit durement secoué l’équilibre qu’il avait fini par trouver avec la République. Certains s’inquiètent, et se demandent sans forcément oser le dire si l’islam ne finira pas par faire au christianisme ce que le christianisme a fait aux religions qui l’ont précédé avec l’édit de Théodose1, la profanation de l’Irminsûl ou les croisades baltes2. N’est-ce pas d’ailleurs ce que fait depuis toujours l’islam, à des degrés divers, partout où il en a le pouvoir ? D’autres regardent le « retour du religieux » avec un mélange d’espoir et de naïveté : « Nous avons tous le même dieu », disent-ils, oubliant que « Zeus est le seul dieu » et « Typhon est le seul dieu » ne sont pas des phrases équivalentes. Et lorsque le « camp laïque » veut censurer la croix sur la statue d’un pape ou les crèches de Noël avec autant sinon plus de fougue que les prêches djihadistes, les chrétiens républicains sont poussés à renier leurs propres valeurs pour faire cause commune avec des groupes fort peu humanistes, de leur religion ou d’autres.

Les cultes ouvertement polythéistes sont généralement oubliés, du bouddhisme à l’hindouisme en passant par le shintô et les diverses religions païennes ou néo-païennes. Athées et agnostiques se sentent mis sur la touche, presque délégitimés, alors que leur soif de vérité et de justice peut être aussi profonde que celles de bien des croyants. Quant à nos concitoyens musulmans, leur situation n’est guère enviable, tiraillés pour beaucoup entre les préceptes de la religion de leurs origines, c’est-à-dire la charia, et la culture du pays où ils vivent, la France, les deux se référant à des valeurs plus souvent opposées que compatibles.

Liberté et émancipation

Dans un tel contexte, la laïcité revêt une sensibilité toute particulière. Après tout, si les mouvances racialistes et islamistes s’attachent tant à la combattre, c’est bien qu’elle est un rempart contre ce qu’ils promeuvent : l’assignation identitaire, notamment raciste ; le communautarisme au détriment de l’universalisme ; la haine de l’Occident ; le totalitarisme islamique.

La laïcité « à la française » est un excellent système, qui se montre bien supérieur aux alternatives que d’aucuns tentent généralement de promouvoir, en particulier le communautarisme à l’anglo-saxonne. Mais trop souvent on la considère uniquement comme une réaction républicaine inspirée des Lumières contre le catholicisme alors dominant et les freins qu’il mettait (à l’époque) à la liberté de pensée. C’est en partie vrai, mais c’est confondre les conditions de la résurgence d’un idéal avec l’essence de cet idéal. Elle serait aussi anticléricale, et plus athée qu’agnostique. Rien n’est plus faux.

En effet, le cœur de ce que nous appelons aujourd’hui laïcité est bien antérieur à la France ou au christianisme, et se marie fort bien avec une profonde vénération du divin. Il existe en effet une description fort ancienne et pratiquement parfaite de ce que devraient être les rapports entre la République et les religions. Écrite là où l’Occident puise une bonne part de ce qu’il a de meilleur, elle est sans doute l’acte de naissance de la laïcité en même temps qu’un hymne éclatant à la sagesse divine.

Pour l’essentiel, la laïcité repose sur deux principes : liberté et émancipation.

La liberté de religion d’abord, qui est aussi liberté par rapport à la religion, droit de croire ou de ne pas croire, droit de changer de croyance, droit de n’y attacher aucune importance. La liberté de pensée, en somme, et en particulier la liberté de conscience.

L’émancipation ensuite, qui permet de penser par soi-même, non pour rejeter en bloc la tradition, mais pour ne pas être prisonnier de l’argument d’autorité. Sans cela, la liberté de pensée ne serait qu’illusoire. Cette émancipation n’est pas uniquement individuelle, elle est aussi collective et profondément républicaine : « La République, ce principe politique (…) qui élève l’homme, le consommateur ou le croyant à la dignité de citoyen »3. L’émancipation conduit à la citoyenneté, donc à un droit public : l’émancipation du débat politique vis-à-vis de la religion, en le faisant autant que possible reposer sur la raison et non plus sur la croyance. C’est ce qui permet à des hommes et des femmes d’origines, de milieux et de religions différentes de rechercher ensemble l’intérêt général pour construire une société reposant sur des valeurs partagées.

La liberté de conscience sur le fronton d’un temple

Entremêlés comme les serpents du caducée d’Hermès, ces deux principes ont été posés et théorisés en même temps que la démocratie, ce qui n’est sans doute pas un hasard, et magnifiquement exposés dans une pièce de théâtre, dont le message est devenu l’un des fondements vitaux de notre civilisation.

Athènes, en l’an 458 avant l’ère chrétienne. Le Parthénon n’est pas encore achevé. Dans quelques années, ses frontons représenteront à l’est la naissance d’Athéna, et à l’ouest ce que l’on appelle « la querelle d’Athéna et de Poséidon » mais que l’on ferait mieux de nommer « le choix de Cécrops ».

Un an plus tard encore, Périclès prononcera, en hommage aux premiers morts de la guerre du Péloponnèse et à la démocratie, son discours le plus célèbre, le discours, celui qui sera la mesure de tous les discours politiques à venir. Mais nous n’y sommes pas encore, et le marbre n’a pas encore pris la forme de ces deux scènes que nous gagnerions à méditer à travers les siècles.

A l’orient, la fierté et la joie de Zeus à la naissance de sa fille, la seule divinité qui resta à ses côtés pour affronter le monstre Typhon, la seule avec qui il accepte de partager la possession de la foudre. Certains écrivent depuis plus de mille ans qu’il serait déshonorant pour leur dieu d’avoir des filles : « Vous auriez des garçons et Lui des filles ? Que voilà donc un partage injuste ! » (sourate n°53, l’Étoile). Ce passage et le hadith de Tabarî s’y rapportant sont d’ailleurs à l’origine de la célèbre controverse dite « des versets sataniques », et les réformateurs sincères de l’islam gagneraient sans doute à réfléchir en profondeur à ce qu’elle représente : outre la question du statut du texte, s’y posent celles du respect du féminin et des femmes, et celle de l’obsession pour l’accaparement de toute vénération par Allah, le Tawhîd, « l’unicité », sur laquelle les islamistes mettent tout particulièrement l’accent. Notons également que l’une des trois déesses dont le dieu de l’islam n’est pas le père est justement Al-Lât, parfois assimilée à Athéna, notamment à Palmyre et sans doute aussi sans doute dans son sanctuaire de Taëf, détruit en 632 sur ordre du prophète en même temps qu’il obligeait ses habitants à se convertir…. Ô combien je préfère l’hymne homérique qui proclame : « Je commence par chanter Pallas Athéna, déesse illustre, aux yeux clairs, très sage, au cœur indomptable, vierge vénérable, protectrice des villes, vigoureuse, que Zeus enfanta lui-même […] et que tous les Immortels contemplèrent avec admiration. Impétueusement, elle jaillit de la tête auguste […] et le très sage Zeus s’en réjouit. »

A l’occident, le choix. Athéna et Poséidon désiraient tous deux devenir la divinité tutélaire de cette jeune cité qui serait le berceau de tant de merveilles. Par l’intermédiaire de leur roi, Cécrops, ses habitants comparèrent ce que l’un et l’autre leur offraient, c’est-à-dire aussi la société qu’ils leur proposaient, ce vers quoi ils voulaient les guider. Et les mortels choisirent, et les dieux respectèrent le choix des hommes. Avaient-ils conscience, ces enfants de l’Attique, il y a deux millénaires et demi, tandis qu’ils bâtissaient et sculptaient, de la valeur de ce que les Olympiens leur avaient donné et qu’ils nous transmettraient ? La liberté de conscience, magnifiée, exaltée, sacralisée sur le fronton d’un temple. La liberté de conscience, voulue par les dieux et assumée par les hommes.

Demain, le miracle français ?

Nous sommes juste un peu plus tôt. Même si les statues ne sont pas encore là, les mythes sont connus de tous, et nul ne doute de la réalité de ces dieux dont on sait depuis Homère qu’ils sont présents, bien présents, même si seuls certains savent en percevoir les signes, même si d’abord les filles de Kéléos ne reconnurent pas la vieille femme à Éleusis – ni Sara les trois voyageurs à Mambré, ni les disciples leur compagnon de marche sur le chemin d’Emmaüs. Car la discrétion divine n’est pas une absence, mais une marque de respect et de délicatesse envers les mortels.

Athéna n’a-t-elle pas expliqué à Ulysse, sur les berges d’Ithaque, que si elle avait laissé Télémaque se confronter au danger, tout en restant à ses côtés sous les traits de Mentor, c’était pour ne pas le priver de la gloire qui lui revenait ? Et parce qu’Ulysse lui-même avant son départ ne lui avait pas confié son fils pour qu’il demeure un enfant, mais pour qu’il devienne un homme, dont son père pourrait être fier. Elle, déesse à qui le seigneur de l’Olympe permet ce qu’il interdit aux autres immortels, n’a-elle pas aussi assumé l’humble rôle de cocher pour soutenir Diomède face à la fureur d’Arès ?

Nous sommes au printemps -458, et Eschyle vient de remporter le premier prix du concours de théâtre des Grandes Dionysies avec sa trilogie de l’Orestie. Ce n’est pas un texte religieux, mais les dieux y apparaissent, conformes à l’image que s’en font leurs fidèles. Certes, les Grecs même pieux ne dédaignent pas de mettre en scène les immortels dans des comédies, et Aristophane n’a rien à envier à l’irrévérence de Charlie. Mais l’Orestie n’est ni une comédie ni une critique sociale, au contraire, c’est une exaltation des valeurs d’Athènes. La cité d’Athéna n’aurait pas décerné un tel prix à Eschyle, si le peuple n’avait pas sérieusement reconnu dans son œuvre ses convictions et ses dieux. Il y eut même, dit-on, des évanouissements dans le public tant les Érinyes étaient effrayantes et réalistes, crédibles.

Et au fond, puisque pour désigner ce siècle on parle du « miracle grec », n’est-il pas permis d’imaginer que les Olympiens eux-mêmes ont murmuré à l’oreille du génial dramaturge ? Comme l’écrira Plutarque au sujet de la prophétesse de Delphes : « Ce n’est pas au dieu qu’appartiennent la voix, les sons, les expressions et les vers, c’est à la Pythie. Mais lui, il provoque les visions de cette femme et produit dans son âme la lumière qui éclaire ce qui est et ce qui doit être : c’est en cela que consiste l’enthousiasme »4.

Si toutes les religions qui se réfèrent à des messages dits révélés avaient la sagesse de Plutarque, et passaient de la croyance en des textes dictés au respect de textes inspirés, un grand pas serait accompli. Si en outre elles comprenaient comme lui que l’obéissance à une volonté a priori divine ne doit jamais abolir le discernement moral, que seul un Typhon et non un dieu véritable exige que l’on commette des monstruosités en son nom5, nombre de problèmes seraient résolus…

Redisons-le : ce qui détermine quel dieu je sers véritablement n’est pas le nom que je lui donne mais ce que je fais ou que je m’interdis de faire en son nom, au nom d’un idéal ou simplement par humanité.

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29.
Une opinion d’un collectif de citoyennes musulmanes et féministes en Belgique - Contribution externe diffusée par ‘La Libre.be’ le vendredi 16 septembre 2016 à 10h31 - Mis à jour le samedi 17 septembre 2016 à 12h24

En Belgique, les mesures en vue de refouler hors de la vie sociale les musulmanes portant le foulard se multiplient. Ne nous contraignez pas au repli communautaire, devenons des alliés.

Nous sommes des femmes qui vivons et agissons en Belgique. Nos pays d’origine, nos profils, engagements et centres d’intérêt sont très divers, mais les images que l’on produit de nous nous réduisent à une seule facette de notre identité dans laquelle on nous enferme : nous sommes musulmanes. Certaines d’entre nous se couvrent la tête d’un foulard que vous appelez ’islamique’. Pour la plupart, nous sommes croyantes. Mais, toutes, nous nous sentons assignées à une identité fantasmée qui nous met systématiquement dans le même sac que des assassins. De là vient la solidarité qui nous soude aujourd’hui, notamment entre ’voilées’ et ’non voilées’. C’est à partir de cette solidarité que nous nous adressons à vous. Et, aussi, à partir de toutes nos identités choisies, trop ignorées. Dont celle-ci : nous sommes féministes.

Nous vivons des temps difficiles. L’irruption sur le sol européen d’un terrorisme qui tue aveuglément au nom de l’islam a mis fin à l’illusion que nous pouvions nous tenir à l’écart des violences du monde. Que notre société cherche à se protéger, quoi de plus naturel ? Nos responsables répètent à l’envi qu’il faut éviter les amalgames et ne pas confondre une poignée de criminels avec la grande masse des musulman(e)s. Alors pourquoi a-t-on l’impression que c’est cette grande masse qui est systématiquement ciblée dans les discours et les pratiques ? La lamentable saga du ’burkini’ vient encore de l’illustrer. Tout ce vacarme pour quelques femmes qui ne se déshabillent pas comme il faudrait ! La pente naturelle de cette nouvelle hystérie française qui s’exporte déjà en Belgique, c’est l’interdiction des ’signes religieux ostentatoires’ dans tout l’espace public. Ça ne viserait une fois de plus que des femmes, pour l’immense majorité d’entre elles parfaitement inoffensives, et ça ne gênerait aucun terroriste en puissance. Est-ce ainsi qu’on pense éviter l’amalgame entre une toute petite minorité criminelle et l’ensemble de la population musulmane ?

Les interdits se multiplient

En Belgique, on n’a pas attendu le ’burkini’ pour prendre de multiples mesures en vue de refouler hors de la vie sociale les musulmanes portant le foulard. Les interdits se multiplient dans l’emploi comme dans l’enseignement. Dernières péripéties en date : à partir de la rentrée de septembre, deux écoles fréquentées par des adultes, à Bruxelles et à Liège(2), ont changé leur règlement d’ordre intérieur pour y interdire le foulard. Cela concernera plus d’une cinquantaine d’étudiantes en cours de scolarité. La Belgique va ici plus loin que la France qui limite l’interdiction du foulard à l’enseignement secondaire. Le candidat Sarkozy, qui court derrière le Front national, a déclaré vouloir étendre cette interdiction à l’enseignement supérieur. En Belgique, c’est déjà chose faite, sans aucun débat…

Seules des femmes sont concernées par toutes ces mesures. Ça ne vous choque pas ? Pourquoi aucun des interdits ne vise les ’barbus’ ? Ne serait-ce pas parce qu’il y a autant de barbes musulmanes que de barbes profanes et qu’il n’existe aucun moyen infaillible pour les distinguer ? N’est-ce pas là la preuve que la neutralité d’une apparence, cela ne veut rien dire et que la neutralité ou l’impartialité résident seulement dans les actes posés ?

Nous le voyons bien : ce foulard, celui de nos mères, de nos sœurs, de nos amies vous trouble. A la lumière du long combat des féministes d’Occident, mené notamment contre l’emprise d’une Eglise dominante, vous ne pouvez y voir qu’une régression. Nous devons à ce combat des libertés que nos mères et nos grands-mères n’auront souvent jamais connues. Nous pouvons désormais échapper à la tutelle masculine et nous ne nous en privons pas. En particulier, aucun homme, père, frère ou mari ne pourrait se permettre de nous imposer une tenue vestimentaire contre notre volonté - même si nous savons bien que ce n’est pas une règle générale. Toutes, nous sommes pleinement le produit de notre culture européenne, même si, pour beaucoup parmi nous, celle-ci est métissée d’un ailleurs. Pour celles d’entre nous qui le portent, le foulard ne saurait être un affront aux valeurs démocratiques puisque celles-ci sont aussi les nôtres. Il ne signifie absolument pas que nous jugerions ’impudiques’ les femmes qui s’habillent autrement. Comme féministes, nous défendrons toujours le droit des femmes d’ici et d’ailleurs à se construire leur propre chemin de vie, contre toutes les injonctions visant à les conformer de manière autoritaire à des prescriptions normatives.

Devenir des allié(e)s

Vous affirmez souvent que nos foulards sont des signes religieux. Mais qu’en savez-vous ? Certaines d’entre nous sont croyantes et pourtant ne le portent pas, ou plus. D’autres le portent dans la continuité d’un travail spirituel, ou par affirmation identitaire. D’autres encore par fidélité aux femmes de leur famille auxquelles ce foulard les relie. Souvent, toutes ces motivations s’imbriquent, s’enchaînent, évoluent dans le temps. Cette pluralité se traduit également dans les multiples manières de le porter. Pourquoi les femmes musulmanes échapperaient-elles à la diversité qui peut s’observer dans tous les groupes humains ?

Pourquoi vous raconter tout cela ? Pour que, à partir d’une meilleure compréhension mutuelle, nous puissions devenir vraiment des allié(e)s. Car nous ne serons jamais trop nombreuses pour combattre les injustices et les inégalités en tout genre, à commencer par celles qui frappent les femmes. Pour que vous cessiez de considérer celles d’entre nous qui portent le foulard comme, au choix, des mineures sous influence, des idiotes utiles ou des militantes perfides d’un dogme archaïque. Pour vous donner envie de nous rencontrer - toutes, et pas seulement celles qui ont les cheveux à l’air -, au lieu de nous tenir à l’écart et de nous contraindre ainsi au repli communautaire. Nous voulons vraiment faire société ensemble, avec nos ressemblances et nos différences. Chiche ?

— -> (1) Sema Aydogan, Serpil Aygun, Layla Azzouzi, Malaa Ben Azzuz, Ouardia Derriche, Farah El Heilani, Khalissa El Abbadi, Tamimount Essaidi, Maria Florez Lopez, Marie Fontaine, Seyma Gelen, Malika Hamidi, Ihsane Haouach, Khaddija Haourigui, Eva Maria Jimenez Lamas, Julie Pascoët, Farida Tahar. Contact : citoyennesmusulmanes@gmail.com

— -> (2) L’Institut d’enseignement de promotion sociale d’Uccle (Bruxelles), qui dépend de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et la Haute école de la province de Liège, qui dépend du pouvoir provincial. La plupart des Hautes écoles de l’enseignement officiel disposent déjà de tels règlements, ainsi – et c’est peut-être encore plus grave – que de très nombreux établissements de promotion sociale.

Contribution externe - Copyright © La Libre.be 1996-2019 Ipm sa - IPM | Ce site est protégé par le droit d’auteur – Autorisation de reprise du document accordée le 03/07/2019 par Seyma Gelen, pour le collectif féministe Kahina 

Source : https://www.lalibre.be/debats/opinions/citoyennes-feministes-et-musulmanes-57dabba635704b54e6c338cc

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30.
Pour un féminisme antiraciste et décolonial Par Les Invités De Mediapart - 27 mars 2019 - Blog : Le blog de Les invités de Mediapart - Document difffusé par ‘blogs.mediapart.fr :’

« On ne libère pas les femmes malgré elles », rappelle un collectif de féministes antiracistes et décoloniales, revendiquant leur droit à « l’accès à l’emploi privé et public, à l’enseignement et à la formation, à la culture et à l’expression culturelle et à la citoyenneté pleine et entière, y compris politique », et exhortant à « s’attaquer aux systèmes d’oppression qui se croisent pour peser comme une chape de plomb sur elles ».

Une école belge organise une fête : on n’hésite pas y faire l’amalgame entre musulmans et terroristes ; des musulmanes en foulard sont agressées ; des appels au meurtre sont déversés sur les réseaux sociaux. En France, les affaires du type Decathlon, burkini, Etam ne manquent pas. Sans parler de l’attaque terroriste en Nouvelle-Zélande, motivée par la théorie du Grand Remplacement. L’islamophobie est une réalité et elle tue.

En Belgique, les femmes musulmanes ou supposées l’être, et en particulier celles qui portent un foulard, sont stigmatisées, exclues du monde de l’emploi et de la formation et interdites d’accès dans les écoles secondaires et l’enseignement supérieur non universitaire, de même que dans les emplois du secteur public, à quelques exceptions près. Dans certains milieux féministes et antiracistes, elles sont considérées comme soumises et opprimées, « à libérer ». Ces postures issues d’un héritage colonial banalisent et légitiment des mesures racistes et antiféministes.

Ce climat délétère nous empêche de lutter ensemble contre les trois systèmes de domination que sont le capitalisme, le racisme et le patriarcat qui s’alimentent respectivement en opprimant toutes les femmes – et les hommes aussi – partout dans le monde.

Assignation à l’altérité, mépris, discrimination et exclusion

Ces femmes racisées ne sont pas seulement discriminées en tant que femmes, mais en tant que femmes d’origine étrangère ou assimilée – les converties –, en raison de leur classe sociale réelle ou supposée, la couleur de leur peau et leur religion. Au lieu de s’attaquer aux systèmes d’oppression qui se croisent pour peser comme une chape de plomb sur elles, on les marginalise et on les condamne au confinement dans l’espace clos de leur maison, seules aux prises avec la domination masculine, et on les réduit au silence au nom de la liberté ! Le risque ne serait-il pas qu’elles pourraient s’émanciper elles-mêmes ? Pourtant, l’objectif d’auto-émancipation n’est-il pas celui des luttes féministes ? Or, la « mécanique raciste » remplit son rôle : l’assignation à l’altérité, le mépris et l’exclusion qui frappent ces femmes servent nos ennemis principaux.

On nous dit que des filles et des femmes sont forcées de porter ce fichu sur leurs cheveux. C’est un abus de pouvoir que nous devons dénoncer partout. Mais on nous dit aussi que pour « sauver » celles-là, il faut leur interdire l’accès à des espaces qui leur permettraient précisément de se libérer des carcans qui pèsent sur elles. Voilà qui est à la fois contradictoire, incohérent et antiféministe. On ne libère pas les femmes malgré elles ; leurs chemins d’émancipation sont multiples. Ces interdictions sont une double peine pour les femmes contraintes et une fin de non-recevoir pour celles qui veulent faire société en saisissant l’opportunité d’un système démocratique qui inscrit la liberté de conscience et la liberté d’expression de toutes nos convictions dans sa Constitution. Elles nuisent ainsi au principe de la laïcité et pervertissent celui de neutralité. Les intégristes d’une laïcité dévoyée, comme ceux d’une religion instrumentalisée à des fins politiques, tirent parti de ces discriminations structurelles qui nous empêchent de construire ensemble la société que nous partageons.

Nous, féministes antiracistes et décoloniales, revendiquons, pour les musulmanes, au même titre que toutes les femmes, l’accès à l’emploi privé et public, à l’enseignement et à la formation, à la culture et à l’expression culturelle et à la citoyenneté pleine et entière, y compris politique. Que les vrais problèmes soient pris en charge par les responsables politiques : on ne peut nier la résurgence de l’antisémitisme ; le taux de chômage des personnes immigrées est de 17% contre 6,8% pour les non-immigrées ; 25,5% d’entre elles sont originaires du Maghreb et 21% des autres pays d’Afrique. Ce sont 47% de Belges qui considèrent les Musulman.e.s comme une menace et 59% les Roms. Le racisme institutionnel représente une ligne de fracture qui banalise l’exclusion : il considère les sans-papiers comme jetables, les demandeurs-ses d’asile comme dangereux.ses, les immigré.e.s comme mal intégré.e.s ou participant à la criminalité sur « notre sol ». Peu s’inquiètent de la criminalité en col blanc. Les élections approchent, nous ne sommes pas dupes. Luttons ensemble contre les inégalités et les discriminations qui font le lit du racisme et du fascisme. Malgré ses engagements internationaux, notre pays n’a toujours pas de plan interfédéral de lutte contre le racisme et les discriminations. Nous devons y remédier. Sans délai. Ensemble.

Appel à soutien 

Plus que jamais, les luttes féministes, antiracistes, écologiques, décoloniales...toutes les luttes contre les systèmes d’oppression - qui nous éloignent les un.e.s des autres pour se renforcer mutuellement – sont liées. Nous sommes plus fort.e.s quand nous travaillons ensemble car nos ennemis communs – capitalisme, racisme, patriarcat – sont puissants.

Rédactrices : Collectif féministe Kahina (Sema Aydogan, Ouardia Derriche, Seyma Gelen, Malika Hamidi, Eva M Jiménez Lamas)

Avec le soutien de personnalités dont la liste est à consulter à la source : :

Source : https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/270319/pour-un-feminisme-antiraciste-et-decolonial

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31.
Opinion - Pour un féminisme antiraciste et décolonial en Belgique – Diffusé le 28/03/19 à 14:14 - Mise à jour à 14:50 - Source : Le Vif - Carte blanche

Decathlon suspend la vente d’un foulard de running, une responsable Etam refuse le CV d’une postulante portant un foulard... - Illustration - Pire, le 15 mars 2019, sur certaines chaînes françaises, ce n’est pas le massacre perpétré dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande qui fait polémique alors même que le terroriste se réclame de la théorie du ’Grand Remplacement’ du Français Renaud Camus. Ce ne se sont pas les 50 morts et 47 blessés qui mettent la population en émoi, c’est l’autorisation dans une piscine française du port du burkini ... qui est annulée peu de temps après devant le tollé.

De même, lors des débats électoraux, alors que les responsables politiques sont remis en cause pour leur Loi travail ou le fossé grandissant entre les riches et les pauvres, d’aucuns brandissent le prétexte du vêtement des musulmanes pour détourner l’attention publique des vrais problèmes. Ces discours ne cessent de se multiplier en France, font tâche d’huile en Belgique et nous empêchent de lutter ensemble contre les trois systèmes de domination que sont le capitalisme, le racisme et le patriarcat. Trois ennemis qui s’alimentent respectivement en continuant à opprimer toutes les femmes - et les hommes aussi - partout dans le monde.

En Belgique, les femmes musulmanes ou supposées l’être, et en particulier celles qui portent un foulard, sont stigmatisées, exclues du monde de l’emploi et de la formation : ces dernières sont interdites d’accès dans les écoles secondaires et l’enseignement supérieur non universitaire, de même que dans les emplois du secteur public, à quelques exceptions près. Dans certains milieux féministes et antiracistes, elles sont considérées comme soumises et opprimées, bref ’à libérer’. Ces postures issues d’un héritage colonial banalisent et légitiment des mesures racistes et antiféministes. Celles-ci occultent les réels problèmes d’un système-monde où les pays du Sud sont dépendants d’un système d’échange inégal qui les accule à la misère et dont nous portons la responsabilité majeure. On s’offusque qu’une femme fasse du sport en couvrant ses cheveux mais on ne s’interroge pas sur le salaire de misère que nos multinationales versent à des enfants du Congo qui risquent leur vie dans les galeries pour extraire du Coltan, ou le maigre revenu de ces travailleuses et travailleurs d’Inde, du Pakistan ou du Cambodge qui fabriquent les vêtements que nous portons ou les ballons avec lesquels nos enfants jouent.

Assignation à l’altérité, mépris, discrimination et exclusion

Ainsi, toutes ces femmes racisées ne sont pas seulement discriminées en tant que femmes, mais en tant que femmes d’origine étrangère ou assimilée - les converties -, en raison de leur classe sociale réelle ou supposée, la couleur de leur peau et leur religion. Au lieu de s’attaquer aux systèmes d’oppression qui se croisent pour peser comme une chape de plomb sur elles, on les marginalise en les posant comme soumises, opprimées, endoctrinées ou islamistes. On les condamne au confinement dans l’espace clos de leur maison, seules aux prises avec la domination masculine, et on les réduit au silence au nom de la liberté ! Le risque ne serait-il pas qu’elles pourraient s’émanciper elles-mêmes ? Pourtant, l’objectif (d’auto-émancipation) n’est-il pas celui de la lutte féministe ? Or, la ’mécanique raciste’ remplit son rôle : l’assignation à l’altérité, le mépris et l’exclusion qui frappent ces femmes servent nos ennemis principaux. Le racisme permet de légitimer l’organisation hiérarchique et injuste de la société et de justifier les inégalités qui en résultent.

On nous dit que des filles et des femmes sont forcées de porter ce fichu sur leurs cheveux. C’est un scandale que nous devons combattre ici comme ailleurs. Mais on nous dit aussi que pour ’sauver’ celles-là, il faut leur interdire, comme à toutes les autres, l’accès à des espaces qui leur permettraient précisément de se libérer des carcans qui pèsent sur elles. Voilà qui est à la fois contradictoire, incohérent et résolument antiféministe. On ne libère pas les femmes malgré elles ; leurs chemins d’émancipation sont multiples et pluriels. Il est urgent de comprendre que ces interdictions sont une double peine pour les femmes contraintes et une fin de non-recevoir pour celles qui veulent faire société en saisissant l’opportunité d’un système démocratique qui inscrit la liberté de conscience et la liberté d’expression de toutes nos convictions dans sa Constitution. Ces interdictions nuisent ainsi au principe même de la laïcité, principe politique qui garantit ces libertés mais aussi l’égalité et la justice. Elles pervertissent le principe de neutralité qui doit permettre qu’aucune vision du monde ne s’érige comme norme supérieure : seul doit compter le service rendu et non l’apparence des agents ou des usagers, dans le secteur public comme dans le secteur privé. Le temps presse : les intégristes d’une laïcité dévoyée, comme ceux d’une religion instrumentalisée à des fins politiques tirent parti de ces discriminations structurelles qui nous empêchent de construire ensemble la société que nous partageons. L’islamophobie se répand dans la société, lentement mais sûrement, c’est une réalité vécue et non un mythe.

Nous, féministes antiracistes et décoloniales, revendiquons, pour les filles et femmes musulmanes, comme pour toutes les femmes, l’accès à l’emploi privé et public, à l’instruction, à l’enseignement et à la formation, à la culture et à l’expression culturelle et à la citoyenneté pleine et entière, y compris politique. Et parce que nous sommes féministes décoloniales, nous voulons que les vrais problèmes soient pris en charge par les responsables et qu’ils apportent de vraies solutions : le taux de chômage des personnes immigrées est de 17% contre 6,8% pour les personnes non-immigrées ; 25,5% d’entre elles sont originaires du Maghreb et 21% des autres pays d’Afrique. Ce sont 47% de Belges qui considèrent les Musulman.e.s comme une menace et 59% les Tsiganes. Personne ne peut nier la résurgence de l’antisémitisme. Le racisme institutionnel représente donc bien une ligne de fracture qui banalise l’exclusion de certains.es ; il considère les sans-papiers comme jetables, les demandeurs-ses d’asile comme dangereux.ses, les immigré.e.s comme mal intégré.e.s ou participant à la criminalité sur ’notre sol’ [1]. Personne ou presque ne s’inquiète de la criminalité en col blanc qui est responsable de 221 milliards d’euros de fraude fiscale aux dépens de notre Sécurité sociale [2]. Les élections approchent, nous ne sommes pas dupes. A tous les êtres humains responsables, nous lançons cet appel : faisons tout ce qui en notre pouvoir pour construire une société plus juste ; luttons ensemble contre les inégalités et les discriminations qui font le lit du racisme et du fascisme. Notre gouvernement doit prendre ses responsabilités. Malgré ses engagements internationaux, notre pays n’a toujours pas de plan interfédéral de lutte contre le racisme et les discriminations. Nous devons y remédier. Sans délai. Ensemble.

Cette carte blanche est donc aussi un appel à la solidarité pour nous rassembler dans un esprit de convergence des luttes pour l’égalité de droit et la justice pour tou.te.s.

Carte blanche Collectif féministe Kahina 2019 - citoyennesmusulmanes@gmail.com - La liste complète des soutiens et signataires est disponible à l’adresse https://fr-fr.facebook.com/collectiffeministekahina/

[1] Résultats tirés de la recherche de J-M Lafleur et A. Marfouk, Pourquoi l’Immigration, Carrefours, 01/2018

[2] 853 entreprises belges ont envoyé plus de 221 milliards d’euros l’an dernier vers des paradis fiscaux selon Le Soir du 14/08/17

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Source : : https://www.levif.be/actualite/belgique/pour-un-feminisme-antiraciste-et-decolonial/article-opinion-1113791.html

Note de l’auteur : les deux derniers articles numérotés 30 et 31 ont été repris avec l’autorisation accordée le 03/07/2019 par Seyma Gelen, pour le collectif féministe Kahina 

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32.

Informations préparatoires aux interventions ci-après de Bachir Diagne, Olivier Roy et Leili Anvar


Sommaire concernant ces trois personnalités :

A - Souleymane Bachir Diagne

B - Olivier Roy

C - Leili Anvar


A. Souleymane Bachir Diagne

Selon Wikipédia, « Souleymane Bachir Diagne est un philosophe sénégalais, né le 8 novembre 1955 à Saint-Louis (Sénégal). Professeur de français à l’université Columbia, c’est un spécialiste de l’histoire des sciences et de la philosophie islamique.

Biographie

Après ses études au Sénégal où il passe son baccalauréat, il est admis en classes préparatoires (hypokhâgne et khâgne) au lycée Louis-le-Grand de Paris, suivant les pas, presque un demi-siècle plus tard, de son compatriote Léopold Sédar Senghor. Il y prépare le concours d’entrée à l’École normale supérieure, tout en passant une licence et une maîtrise de philosophie à l’université Panthéon-Sorbonne.

Reçu à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, il y est l’élève de Louis Althusser et de Jacques Derrida. Reçu à l’agrégation de philosophie en 1978, il passe une année à l’université Harvard dans le cadre d’un programme d’échanges. Il soutient une thèse de doctorat de troisième cycle de philosophie à l’université Panthéon-Sorbonne sous la direction de Jean-Toussaint Desanti en 1982, sur le thème suivant : De l’algèbre numérique à l’algèbre de la logique1.

La même année, il revient dans son pays natal pour y enseigner la philosophie à l’universite Cheikh Anta Diop de Dakar. Il soutient sa thèse de doctorat d’État à l’université Panthéon-Sorbonne en 1988 sous la direction de Jean-Toussaint Desanti, sur le thème suivant : Philosophie symbolique et algèbre de logique : les lois de la pensée de George Boole2. Ancien vice-doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, il fut nommé par l’ancien président de la République du Sénégal Abdou Diouf, comme conseiller pour l’éducation et la culture de 1993 à 1999.

Souleymane Bachir Diagne est codirecteur des Éthiopiques (revue sénégalaise de littérature et de philosophie), membre du comité de publication de la Revue d’histoire des mathématiques (journal de l’histoire des mathématiques publié par la société des mathématiques de France), membre du comité de publication de Présence africaine, membre du comité international scientifique de Diogenes (journal de philosophie et de sciences sociales publié par le Conseil international de philosophie et de sciences sociales de l’UNESCO, membre du comité scientifique du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique, membre du Comité africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), membre du Conseil du Futur de l’UNESCO.

En 2004, un dossier du Nouvel Observateur le retient dans sa sélection des « 25 grands penseurs du monde entier »3.
En 2007, il figure parmi « les 100 personnalités qui font l’Afrique », selon l’hebdomadaire Jeune Afrique4.

Il a publié depuis de nombreux travaux dans les domaines de l’histoire de la logique, de la philosophie, en particulier dans le monde islamique et en Afrique. Il est l’auteur, entre autres travaux, d’un ouvrage consacré à l’algèbre de la logique créée par George Boole et intitulé Boole, l’oiseau de nuit en plein jour (Belin, 1989), d’une traduction française des Lois de la pensée de cet auteur (Vrin, 1992) et, dans le domaine de la philosophie islamique, d’un livre d’introduction à l’œuvre du poète et philosophe Muhammad Iqbal : Islam et société ouverte, la fidélité et le mouvement dans la pensée de Muhammad Iqbal (Maisonneuve & Larose, 2001)5. Il a sorti un essai sur Léopold Sédar Senghor : l’art africain comme philosophie (Riveneuve éditions, 2007).

Après avoir enseigné pendant plusieurs années à l’université Northwestern d’Evanston (Illinois, États-Unis) Souleymane Bachir Diagne est actuellement[Quand ?] professeur aux départements de français et de philosophie de l’université Columbia de New York (New York, États-Unis). Il a été invité à participer à une audition le 31 octobre 2007 pour la commission du Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale au Sénat français à Paris.

Il a reçu en 2011 le prix Édouard-Glissant pour l’ensemble de son œuvre. Il a dirigé en 2013 la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche au Sénégal qui a préconisé une réforme ambitieuse du système universitaire autour de 11 décisions majeures en faveur de la réorientation vers les sciences, le numérique et les technologies.

En 2017, il est fait chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en même temps que sa collègue Emmanuelle Saada pour ses contributions à l’éducation et à la philosophie6.

Philosophie

La démarche de Souleymane Bachir Diagne se développe autour de l’histoire de la logique et des mathématiques, de l’épistémologie, ainsi que des traditions philosophiques de l’Afrique et du monde islamique. Elle est imprégnée de culture islamique et sénégalaise - wolof, sérère, toucouleur, mandingue, diola -, d’histoire de la philosophie occidentale et de littérature et de politique africaine. C’est le mélange - la mutualité - qui décrit le mieux sa philosophie. [réf. nécessaire]

Œuvres  : lire la suite sur le site source suivant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Souleymane_Bachir_Diagne

Souleymane Bachir Diagne

Souleymane Bachir Diagne est un philosophe, professeur de philosophie française et des questions philosophiques en Afrique dans les départements de philosophie et de Français à l’Université de Columbia, directeur de l’Institut d’Etudes africaines

Les oeuvres de Souleymane Bachir Diagne :

L’encre des savants Souleymane Bachir Diagne Présence africaine, 2013

Comment philosopher en islam ?Souleymane Bachir Diagne coéditions Philippe Rey / Jimsaan, 2013

Dernières publications sur Souleymane Bachir Diagne

Vidéo France Culture 58 minutes :

Profession philosophe (35/37) : Souleymane Bachir Diagne, philosophe de la traduction

Les Chemins de la philosophie

Source : https://www.franceculture.fr/personne-souleymane-bachir-diagne.html

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B -
Olivier Roy

Selon Wikipédia : Olivier Roy, né le 30 août 1949 à La Rochelle1, est un politologue français, spécialiste de l’islam.

Biographie

Olivier Roy est issu d’une famille de protestants vendéens. Après des études en hypokhâgne et khâgne au lycée Louis-le-Grand, puis à l’Inalco où il apprend le persan, il est agrégé de philosophie en 1972 et devient ’professeur dans le secondaire en 1973. Il est engagé politiquement à partir de 1968 au sein du mouvement maoïste la Gauche prolétarienne2,3.

Il est recruté au CNRS comme chercheur en 1985, puis devient docteur de l’Institut d’études politiques de Paris en sciences politiques en 1996, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS dans l’équipe « domaine turc ». Il est également chercheur associé au Centre de recherches internationales (CERI).

Olivier Roy a participé à la guerre d’Afghanistan contre l’URSS. Il a appris à tirer et a participé aux combats dans les années 19804. Il était déjà parti en auto-stop en Afghanistan en 19693. Il pratique une ethnologie empirique en bavardant avec ses interlocuteurs, particulièrement les chauffeurs qui le prennent en stop. Pour traverser la frontière afghane vers le Pakistan, il se déguise en réfugié afghan tandis que sa compagne revêt une burqa.

Après la fin de la guerre d’Afghanistan, il s’installe en Asie centrale pour étudier l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Il étudie le Chachmakhom, un répertoire musical spécifique issu du sultanat de Boukhara4.

Il a enseigné la philosophie à Dreux dans un lycée technique. Il s’est également installé dans cette ville4, mais sa carrière d’enseignant a été entrecoupée par des voyages répétés en Afghanistan, avant et pendant la guerre des années 1980, en passant par la Turquie, l’Iran, le Pakistan, le Yémen, expérience itinérante qu’il rapporte dans son livre En quête de l’Orient perdu (2014).

Depuis septembre 2009, il est professeur à l’Institut universitaire européen de Florence (Italie), où il dirige le Programme méditerranéen.

Olivier Roy participe à la conférence Bilderberg en 19885, 19976, 20026, 20036, 20056 et en 20117.

Travaux et réception critique

Olivier Roy mène une réflexion sur les rapports entre le politique et le religieux qui s’attache principalement à l’islam. Spécialiste de « l’islamisme », dont il est un des premiers à analyser le concept, il est non-croyant, mais a fait de l’étude du religieux « une clé pour comprendre l’homme ».

Dès 1992, il prophétise « l’échec de l’islam politique », dans un essai qui porte ce titre. Il a notamment analysé, dès 2005, les causes prévisibles du Printemps arabe de 2011, avertissant notamment le ministère français des Affaires étrangères des erreurs d’analyse faites par les gouvernements occidentaux dans leur soutien aux régimes autocratiques arabes, par crainte de dérives islamistes et de l’antiaméricanisme 8. Commentant le Printemps arabe en février 2011, il avance : « Oui : dans toutes ces révolutions, les islamistes sont absents. Ça ne veut pas dire qu’ils ne vont pas revenir. L’islamisme est fini, comme solution politique et comme idéologie. Mais les islamistes sont là, et c’est donc la grande inconnue. » 9

Concernant la compréhension du terrorisme jihadiste, Gilles Kepel et Bernard Rougier considèrent qu’Olivier Roy est « le champion » d’une « posture intellectuelle » qui refuse l’analyse critique du domaine islamique en le cantonnant à des « radicalisations » ; le corollaire de cette dilution du jihadisme dans la radicalisation étant la peur de « l’islamophobie » caractéristique du « procès en sorcellerie » intenté au romancier Kamel Daoud10. Le désaccord entre Gilles Kepel et Olivier Roy sur le chapitre de l’analyse des causes du terrorisme islamiste en France est profond et persiste depuis plusieurs années11.

Le sociologue Hugues Lagrange critique également l’hypothèse développée par Olivier Roy selon laquelle le terrorisme jihadiste pourrait être interprété simplement comme un processus de radicalisation et comme un « registre d’action sociale ». Selon lui, cette hypothèse fait l’impasse sur le fait que « culture et religiosité sont complètement mêlées »12,13. Mais selon Olivier Roy, dont la position exclut tout essentialisme, il y a bien une « radicalisation de l’islam », comme le soutient Gilles Kepel, mais aussi et plus profondément ancrée dans les marges de la société, une « islamisation de la radicalité », selon laquelle la radicalité des jeunes Occidentaux candidats au djihad préexiste à leur islamisation. Il déclare ainsi : « la radicalisation djihadiste, pour moi, n’est pas la conséquence mécanique de la radicalisation religieuse. La plupart des terroristes sont des jeunes issus de la seconde génération de l’immigration, radicalisés récemment et sans itinéraire religieux de long terme. »14 Selon lui, à l’origine de cette radicalisation et de ces candidats au djihad et au terrorisme, il y a une « révolte nihiliste générationnelle », symptôme d’un grand malaise dans une certaine jeunesse : « ce n’est pas Daech qui suscite la radicalisation des jeunes Européens [...] C’est d’ailleurs pourquoi si on élimine Daech, on n’éliminera pas pour autant cette radicalité. »15

Au-delà de cette question du djihad et du terrorisme, et au-delà de l’islam lui-même, Olivier Roy critique aussi la vision selon laquelle le monde vivrait une guerre des religions ou des civilisations, erreur fondée selon lui sur la confusion entre deux problèmes : le terrorisme et la réalité d’une partie de la population, musulmane ou non, qui ne partage pas les valeurs dominantes. Ainsi, il estime que :

« Nous ne sommes pas dans une guerre des cultures, comme il est répété, mais dans une guerre des valeurs. Le conflit n’est pas entre les Lumières et l’islam, mais entre les valeurs issues de la révolution des années 1960 (féminisme, droits des LGBT, liberté sexuelle, avortement, etc.) et les valeurs conservatrices que défendent aujourd’hui les religions. Cela était très net avec la Manif pour tous menée par les catholiques. D’où la crise de la laïcité : la laïcité d’aujourd’hui, qui est une laïcité idéologique, exige que tous partagent les mêmes valeurs. J’y vois une tentation totalitaire.16 » En 2013, le Carrefour de l’horloge, cercle d’extrême droite, lui remet le prix Lyssenko, de nature parodique, pour son travail sur l’islam17.

Accès à l’article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Roy

Document France Culture sur Olivier Roy

Politologue spécialiste de l’islam, professeur à l’Institut universitaire européen de Florence (Italie)

Les oeuvres d’Olivier Roy :

L’Europe est-elle chrétienne Olivier Roy Seuil, 2019

Et tout ça devrait faire d’excellents Français. Dialogue sur les quartiers Olivier Roy Seuil , 2017

Source : https://www.franceculture.fr/personne-olivier-roy.html

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C -
Leili Anvar selon Wikipédia

Leili Anvar née en 1967 à Téhéran, est une iranologue, journaliste et traductrice française. Elle est maître de conférences en langue et littérature persane.

Biographie

Origines et formation

Leili Anvar est de père iranien et de mère française. Ancienne élève du lycée Razi de Téhéran, puis du lycée La Bruyère à Versailles, elle intègre l’École normale supérieure en 1987 (promotion L1987)1. Elle est docteur ès études iraniennes (1999)2 et agrégée d’anglais (1991)3.

Carrière

Maître de conférences en littérature persane à l’Institut national des langues et civilisations orientales depuis 2001, elle appartient à deux équipes de recherche : CERMOM (rattachement principal) et UMR Monde iranien et indien - Collaboration avec l’IISMM (EHESS) (rattachement secondaire)4.

Elle a animé sur France Culture l’émission Les Racines du ciel5 qu’elle a co-produite avec Frédéric Lenoir, puis Les discussions du soir. Elle est aussi chroniqueuse pour Le Monde des religions, où elle s’occupe de la rubrique « Regard spirituel »6.

Ses travaux sont principalement consacrés à l’étude de la littérature mystique ainsi qu’à la littérature amoureuse et ses développements spirituels. Leili Anvar contribue aussi à la connaissance du soufisme et de la culture persane. Elle défend aussi une vision plus large et plus fraternelle des spiritualités du monde et des valeurs humanistes dont elles sont porteuses 7.

Publications

Traductrice et spécialiste de littérature mystique, en plus d’un grand nombre d’articles universitaires, elle a notamment travaillé sur l’œuvre du poète mystique persan du XIIIe siècle Djalâl ad-Dîn Rûmî. Elle a publié Rûmî aux éditions Entrelacs, ouvrage sur la vie et l’œuvre du poète, suivi d’une anthologie de ses œuvres.

Elle a dirigé la publication d’une anthologie de poésie arabe, persane et turque intitulée Orient – Mille ans de poésie et de peinture8 pour laquelle elle a traduit les poèmes persans, en 2009.

On lui doit aussi une biographie de la poétesse kurdo-persane Malek Jân Ne’mati, suivie d’une anthologie de ses œuvres : Malek Jân Ne’mati, « la vie n’est pas courte, mais le temps est compté »4.

Elle a traduit en français versifié le Manteqotteyr, chef-d’œuvre mystique du poète persan ’Attâr, sous le titre Le Cantique des Oiseaux, aux éditions Diane de Selliers.

Article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Roy

Document de France Cuture sur Leili Anvar

Journaliste et traductrice, maître de conférences en langue et littérature persane à l’INALCO (Institut Nationale des langues et Civilisations Orientales)

Les oeuvres de Leili Anvar

Rûmî : la religion de l’amour Leili Anvar Entrelacs, 2011

Sept voix sur le bonheur : Luc Ferry, Boris Cyrulnik, Sylvain Tesson, Claudia Senik, Michela Marzano, Leili Anvar et Karol Beffa Editions des Equateurs, 2017

Source : https://www.franceculture.fr/personne-leili-anvar.html

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33.

Entre art, science et spiritualité, quelles formes prendra dans l’avenir l’exigence de sens ? Quelle spiritualité ? - Vidéo Durée : 51mn10 - Échange entre Souleymane Bachir Diagne et Olivier Roy, animé par Leili Anvar - Rencontre : La Nuit des Idées 2016 : 07/01/2018. Mystikal - Sous l’égide de Sous l’arbre à palabre

Le 27 janvier 2016, a eu lieu, dans les salons du Quai d’Orsay, exceptionnellement ouverts à tous, la première « Nuit des idées », organisée par l’Institut français, à l’initiative du ministre des Affaires étrangères et du Développement international, Laurent Fabius. 

Offrant une scène à la circulation internationale des idées à laquelle la France est tant attachée, cette ‘Nuit des idées’ a réuni des personnalités françaises et étrangères de premier plan. Intellectuels, chercheurs, artistes, responsables internationaux se sont interrogés sur le passage du monde d’aujourd’hui au monde de demain.

Comment préserver un environnement écologiquement viable ? Quels principes politiques, économiques ou éthiques guideront l’action collective ? Quels imaginaires, quels paysages, quelle mémoire permettront aux hommes d’habiter le monde ?

Distribués en quatre séquences – Horizons, Exigences, Conditions et Repères –, les dialogues réunissant intervenants français et invités des cinq continents ont abordé des thématiques aussi urgentes que les frontières, la citoyenneté, la diversité, la santé, les ressources ou la spiritualité.

Parce que la littérature participe, elle aussi, à décrypter le monde qui vient, « Lire l’avenir », des lectures d’œuvres et d’essais par des écrivains issus de la nouvelle scène littéraire, ont complété cette nuit exceptionnelle. 

‘Food truck’, bar à eau, librairie éphémère et lectures publiques ont fait de cette nuit un moment d’échanges et de convivialité.

La Nuit des idées a été organisée par l’Institut français dans le cadre de sa mission de promotion des idées et des savoirs. Depuis 2012, l’Institut français a contribué à l’organisation de 8 Nuits de la philosophie dans le monde entier, dernièrement à Buenos Aires, en juin 2015.

Vous trouverez ci-dessous la vidéo de l’échange entre Souleymane Bachir Diagne, philosophe (Sénégal) et Olivier Roy, politologue (France), animé par Leili Anvar, chroniqueuse, France Culture.

Thème : Entre art, science et spiritualité, quelles formes prendra dans l’avenir l’exigence de sens ? Quelle spiritualité ?

Durée : 51mn10 - Notes de Musique : Only Instrumental by Broke For Free. Free Music Archive.

Source, et plus de vidéos de cette nuit spéciale en cliquant sur le lien suivant : http://www.institutfrancais.com/fr/actualites/nuit-des-idees-2016

(Re)vivre les 12 vidéos de la Nuit des idées 2016 avec le Quai d’Orsay (Ministère des Affaires Etrangères et l’Institut français à Paris

Le 27 janvier 2016, le Quai d’Orsay a proposé avec l’Institut français une expérience inédite : La Nuit des idées. Intellectuels, artistes, architectes ont pris la parole pour imaginer le monde de demain. Retrouvez les vidéos des débats.

Ce 27 janvier 2016, de 18h à 2h du matin, a eu lieu, dans les salons du Quai d’Orsay exceptionnellement ouverts à tous, la première « Nuit des idées », organisée par l’Institut français à l’initiative du ministre des Affaires étrangères et du Développement international, Laurent Fabius.

Offrant une scène à la circulation internationale des idées à laquelle la France est tant attachée, cette Nuit des idées a réuni des personnalités françaises et étrangères de premier plan. Intellectuels, chercheurs, artistes, responsables internationaux se sont interrogés sur le passage du monde d’aujourd’hui au monde de demain.

Comment préserver un environnement écologiquement viable ? Quels principes politiques, économiques ou éthiques guideront l’action collective ? Quels imaginaires, quels paysages, quelle mémoire permettront aux hommes d’habiter le monde ?

Distribués en quatre séquences – Horizons, Exigences, Conditions et Repères –, les dialogues réunissant intervenants français et invités des cinq continents ont abordé des thématiques aussi urgentes que les frontières, la citoyenneté, la diversité, la santé, les ressources ou la spiritualité.

Parce que la littérature participe, elle aussi, à décrypter le monde qui vient, « Lire l’avenir », des lectures d’œuvres et d’essais par des écrivains issus de la nouvelle scène littéraire, ont complété cette nuit exceptionnelle. 

‘Food truck’, bar à eau, librairie éphémère et lectures publiques ont fait de cette nuit un moment d’échanges et de convivialité.

La Nuit des idées a été organisée par l’Institut français dans le cadre de sa mission de promotion des idées et des savoirs. Depuis 2012, l’Institut français a contribué à l’organisation de 8 Nuits de la philosophie dans le monde entier, dernièrement àBuenos Aires, en juin 2015.

Cette Nuit des idées marque le coup d’envoi d’une année 2016 dédiée aux idées. Tout au long de l’année 2016, les services culturels, Instituts français, Alliances françaises proposeront des évènements prolongeant l’événement parisien.

Tags : RencontreLeili anvarIslamPaixSouleymane Bachir DiagneModernitéVidéo

Source : https://www.lesjardinsdemystikaldemdikk.com/single-post/2018/01/07/Rencontre---Echange-La-Nuit-des-Id%C3%A9es-2016-Quelle-spiritualit%C3%A9-%C3%89change-entre-Souleymane-Bachir-Diagne-S%C3%A9n%C3%A9gal-et-Olivier-Roy-France-anim%C3%A9-par-Leili-Anvar

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Auteur : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 13/07/2019

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Monde arabe et islam Féminisme, laïcité « à la française » et valeurs républicaines .6

Mis en ligne par Pascal Paquin de Yonne Lautre, un site d’information, associatif et solidaire(Vie du site & Liens), un site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti.

http://yonnelautre.fr/local/cache-vignettes/L160xH109/arton1769-a3646.jpg?1510324931

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