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"Il n’y a pas que le système bancaire qui a besoin d’être réformé" par les Dr. Mae-Wan Ho et Peter Saunders

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 14 décembre 2011, par Ho Dr Mae-Wan, Saunders Professeur Peter

ISIS Economie Agriculture OGM
Il n’y a pas que le système bancaire qui a besoin d’être réformé
More than Banking Needs to Change
Dr. Mae-Wan Ho et Peter Saunders


Communiqué de presse de l’ISIS en date du 05/12/2009
La version originale en anglais, entièrement référencée, s’intitule More than Banking Needs to Change ; elle est accessible par les membres de l’ISIS sur le site www.i-sis.org.uk/MTBNTC.php
S’il vous plaît diffusez largement et rediffusez, mais SVP donnez l’URL de l’original et conservez tous les liens vers des articles sur notre site ISIS
_ http://www.i-sis.org.uk/foodFutures.php
Food Futures Now - *Organic *Sustainable *Fossil Fuel Free - Mae-Wan Ho, Sam Burcher, Lim Li Ching & others - Sustainable World 2nd ISIS-TWN Report.

La finance pour les banquiers et les sociétés

Les événements de l’année 2008 ont conduit à de nombreuses questions difficiles, posées au sujet de notre système financier et de « l’économie de marché libre ». Les commentateurs commencent enfin à contester l’hypothèse sur laquelle il a tant reposé : le marché a toujours raison et une main invisible va guider l’économie pour rendre plus efficace l’utilisation des ressources ; et si jamais il y a un écart par rapport à cet état optimal, le marché va se corriger.
C’est pourquoi les banquiers et leurs alliés insistent pour que les gouvernements ne puissent pas interférer avec le fonctionnement du marché. En pratique, cependant, cela signifie que toutes les décisions importantes sont prises par les personnes qui dirigent les banques et les grandes sociétés.

C’est une théorie très pratique pour les banquiers, dont les salaires faramineux sont l’une des choses avec lesquelles nous ne voulons pas d’interférer. Mais la théorie est tout simplement fausse.

Pour être sûr, le marché est généralement en mesure de corriger les petites perturbations autour d’un optimum. S’il y a des restaurants de pizza trop peu nombreux pour satisfaire la demande, il s’en ouvrira d’autres, et s’il y en a trop en fonctionnement, certains vont se retirer de cette activité. En conséquence, nous devrions nous retrouver avec le nombre optimum. Pour ce genre de chose, le marché fonctionne généralement beaucoup mieux que s’il était confié à un bureaucrate.

Malheureusement, la manière dont un système complexe non linéaire réagit à de petites perturbations, n’est pas en général un bon indicateur sur la façon dont il va réagir face à de grandes perturbations, et c’est certainement le cas avec les économies.

Les marchés vont souvent d’un extrême à l’autre et ne montrent aucun signe d’un retour à la normale par leurs propres moyens, en complète contradiction avec ce que la théorie prédit. Comme le souligne George Soros [1], ces dernières années, seuls les gouvernements ont dû intervenir dans la crise bancaire internationale en 1982, lors de la faillite de Continental Illinois en 1984, puis lors de la crise des marchés émergents en 1997, à l’occasion de l’échec du Long Term Capital Management, la gestion des capitaux à long teme en 1998 et bien d’autres encore, y compris bien sûr à porpos de la crise du crédit de 2009. Les mêmes banquiers qui exigent d’avoir le champ libre quand les temps leur sont favorables bons, sont prompts à crier et à demander l’aide du gouvernement lorsque leurs excès leur attirent des ennuis.

La première priorité des gouvernements est clairement de stimuler à nouveau l’économie et de permettre aux gens de retrouver du travail. Maintenant que le mythe du marché libre a été démoli d’une manière si patente et évidente, cependant, les gouvernements devraient ignorer ce que Soros appelle les "fondamentalistes du marché" et mettre en place, au lieu de cela, des mesures destinées à arrêter ce qui va si mal.

Dans une large mesure, cela signifierait tout simplement qu’il faut revenir aux règles qui ont été abolies dans les années 1980 et 1990, quand les néo-libéraux dominaient l’économie à la fois sur le plan de la théorie et en pratique.

Une réglementation peu contraignante a échoué pour la protection de l’épargne et des retraites

Il est désormais évident qu’il devrait y avoir des règles strictes qui régissent ce que les banques peuvent faire. Elles ne seraient pas obligées de respecter les lois, mais alors elles ne pourraient pas s’attendre à être renflouées par les contribuables, si elles rencontrent des difficultés.

Nous souhaitons également inclure une règle selon laquelle, en raison d’un risque supplémentaire, les fonds de pension et les organismes publics ne devraient pas être autorisés à investir dans les banques qui n’ont pas signé le code de bonne conduite financière. Si nous ne pouvons pas empêcher certaines personnes de s’adonner à des jeux de hasard, au moins nous pouvons les arrêter de le faire avec notre propre argent.

Toutefois, comme les partisans du laisser-faire nous le rappellent, notre économie tout entière, et pas seulement le secteur financier, est en fait basée sur le marché. S’il y a des leçons à tirer, elles s’appliquent également à d’autres domaines.

L’une des principales causes de la crise était la réglementation dite ‘peu contraignante’ qui a commencé sous les gouvernements Reagan et Thatcher et qui a été poursuivie par leurs successeurs. Une par une, les restrictions ont été levées. Les autorités chargées de la régulation, ont eu tendance à prendre au mot les banques, disant que tout allait bien. Ils n’ont pas eu les ressources nécessaires pour faire leur travail en profondeur, de sorte que quand un camion de documents sur papier arrivait, il n’y avait aucune chance pour qu’ils puissent trouver des aiguilles toxiques cachées dans le foin d’un matériau très ordinaire.
Les autorités chargées de la régulation ont seulement vérifié que les détails de ce que les banques faisaient, pas ce qui concernait leurs stratégies globales, qui se sont avérées être les causes de dangers bien réels. L’état d’esprit de la réglementation était surtout de ne pas tuer la poule aux œufs d’or, ni de tenter de faire fuir au loin des opérateurs dans un quelconque paradis fiscal.

Une réglementation peu contraignante a échoué pour la protection de notre système de santé

Une réglementation légère et peu contraignante a également été la règle dans d’autres secteurs, y compris dans les industries pharmaceutiques et dans les sociétés de biotechnologiques. Les autorités chargées de la réglementation dépendent des sociétés, non seulement pour effectuer les tests et les expérimentations, mais aussi pour analyser et pour interpréter les résultats, puis prendre leur avis pour argent comptant.

Une politique de porte tournante, de tourniquet, signifie que les régulateurs sont souvent issus de l’industrie et qu’ils vont ensuite y revenir, une fois qu’ils ont bien servi et ‘purgé leur peine’. La réglementation repose en grande partie sur des détails, plutôt que sur les questions stratégiques : quand une application est en cours de discussion dans un comité, il est considéré comme suffisant que la personne, qui a une connexion avec une entreprise donnée, quitte la salle de réunion, même si les candidats d’autres sociétés peuvent être tout aussi désireux que le requérant, de voir l’autorisation accordée en raison du précédent qui se sera créé.

Le gouvernement britannique a donné à son système de réglementation une très forte orientation pour qu’il soit en faveur des OGM, non pas parce que les agriculteurs et les consommateurs veulent les adopter, - ils n’en veulent pas ! -, mais parce qu’ils considèrent les OGM comme l’un des plus beaux fleurons industriels, une poule aux d’or. Alors là, ils vont bien sûr manifestement ignorer le marché que même les plus engagés des néo-libéraux semblent disposés à le faire quand cela leur convient.

L’avis favorable donné à Monsanto pour son maïs génétiquement modifié MON 863 par l’European Food Safety Authority (EFSA), l’autorité européenne de sécurité alimentaire, en a été un bon exemple [2]. L’EFSA a non seulement permis à l’entreprise d’invoquer la confidentialité commerciale pour ce qui concerne la fourniture des données brutes de leurs expérimentations, mais cette autorité européenne a été également d’accord avec la société pour que des résultats statistiquement significatifs, suggérant des toxicités rénales et hépatiques, ne soient pas considérées comme "biologiquement significatives" [3].
Pas étonnant que le Conseil des Ministres de l’Union Européenne ait unanimement convenu que la législation actuelle sur les OGM nécessitait une révision complète, eu égard à l’évaluation des risques [4].

Qu’est-ce que cela signifie pour le monde entier ?

Maintenant que le modèle néo-libéral a été totalement discrédité [en 2009 déjà], les nations riches devraient cesser de l’imposer au reste du monde : de nombreux commentateurs ont considéré le néolibéralisme comme responsable à la fois de la création de la pauvreté et du réchauffement climatique, en encourageant la surexploitation des populations et des ressources de la planète [5] (voir Financing Poverty, SiS 40).

Dans le même temps, une étude multipartite a été conduite au niveau mondial, désignée sous le vocable d’IAASTD (International Assessment of Agricultural Science and Technology for Development) ou EISTAD en français (Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement). Cette étude a notamment déclaré que la monoculture industrielle était obsolète. [6] (voir GM-Free Organic Agriculture to Feed the World, SiS 38 *
* Voir la version en français intitulée “Une agriculture biologique et sans OGM pour nourrir le monde“. Un groupe international de 400 chercheurs scientifiques lance un appel pour des changements fondamentaux dans les pratiques agricoles. par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://yonne.lautre.net/spip.php?article2846

L’une des priciplaes conclusions du rapport de l’IAASTD est que les petits agriculteurs pratiquant l’agroécologie sont la voie à suivre pour nourrir les populations du monde, pour éradiquer la pauvreté et pour atténuer le réchauffement planétaire et les changements climatiques. [7] (voir aussi Food Futures Now * Organic * Sustainable * Fossil Fuel Free , ISIS / TWN Report).
La crise du crédit est survenue parce que les gouvernements avaient pris les conseils auprès des banquiers sur la façon dont un système bancaire devait être conçu et comment il devait fonctionner. Le résultat est un système spécifiquement conçu afin que les banques réalisent des bénéfices, plutôt que de jouer un rôle utile dans l’économie réelle [8].

Les gouvernements doivent maintenant apprendre et tenir compte de leurs erreurs et prêter attention aux paroles de Hans Herren, coprésident de l’IAASTD qui déclarait [9] : « Il appartient aux gouvernements de mettre en œuvre les recommandations de l’IAASTD, et non pas d’écouter ce que Monsanto leur dit de faire appliquer ».

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Définitions et compléments :

Il n’y a pas que le système bancaire qui a besoin d’être réformé

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 585 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS Economie Agriculture OGM More than Banking Needs to Change French version.3 allégée.