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"‘Skyhook’ : un équipement aérien peut-il atténuer le réchauffement climatique ?" par le Prof Peter Saunders

Traduction et compléments de Jacques Hallard

samedi 8 octobre 2011, par Saunders Professeur Peter

ISIS Climat
‘Skyhook’ : un équipement aérien peut-il atténuer le réchauffement climatique ?
Skyhook to Save the Climate
Tout comme les banques, la géo-ingénierie peut affecter le monde entier, et comme pour les banques, il n’y a pas de réglementation internationale qui les concerne et pourtant le besoin en est urgent. Prof Peter Saunders

Rapport de l’ISIS en date du 26/09/2011
L’article original en anglais s’intitule Skyhook to Save the Climate ; il est accessible sur le site www.i-sis.org.uk/Skyhook_to_save_the_climate.p...
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http://www.i-sis.org.uk/GreenEnergies.php
Green Energies 100% Renewables by 2050 - By Mae-Wan Ho, Brett Cherry, Sam Burcher & Peter Saunders

Selon toute évidence, des mesures à prendre telles que la réduction de nos besoins en énergie et le remplacement des combustibles fossiles par des énergies renouvelables, seront suffisantes pour atténuer les changements climatiques (voir par exemple [1, 2] Green Energies - 100% Renewable by 2050 *, Food Futures Now : *Organic *Sustainable *Fossil Fuel Free , publications ISIS).
* Notamment la version en français intitulée "Le pouvoir aux populations : 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050" par le Dr. Mae-Wan Ho ; traduction et compléments Jacques Hallard. Accessible sur le site http://yonne.lautre.net/spip.php?article3756&lang=fr

Toutefois, si cette évaluation est erronée, ou si nous n’avons pas la clairvoyance et la volonté de faire ce que nous savons qu’il est nécessaire de réaliser, alors nous pourrions avoir à considérer la géo-ingénierie, l’ingénierie à grande échelle de l’environnement. Et parce que les projets de géo-ingénierie prennent un certain temps pour se développer, si nous voulons garder cette option ouverte, nous devrons commencer à travailler sur ce sujet dès maintenant.
Cependant, la géo-ingénierie est intrinsèquement risquée. Nous ne comprenons pas suffisamment notre planète pour prédire avec certitude les conséquences d’une intervention majeure sur celle-ci. Donc, elle peut très bien constituer un « plan B », et non pas un substitut pour les méthodes que nous connaissons bien et qui sont sûres et efficaces.

Et parce que la mise en œuvre ou même simplement le test de mise en œuvre de la géo-ingénierie peut avoir un impact sur toute la planète, nous avons besoin d’un accord international sur ce genre de mesures pour qu’elles soient autorisées, d’une part, et d’un groupe d’experts qui soient appelés à se prononcer sur des projets particuliers, d’autre part. A l’heure actuelle, il n’existe rien d’autre qu’un appel pour un moratoire inapplicable, lancé par la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) [3, 4].

Le projet SPICE

L’une des principales stratégies de la géo-ingénierie est de refroidir la Terre en réduisant la quantité d’énergie qu’elle reçoit du soleil, soit en empêchant d’en recevoir autant, soit en augmentant la réflection vers l’espace.

Pour développer cette stratégie, une subvention de 1,8 million de £ a été récemment attribuée par deux conseils de la recherche britannique pour un projet connu sous le nom Stratospheric Particle Injection for Climate Engineering (SPICE), concernant l’injection de particules stratosphériques pour l’ingénierie du climat, qui implique les universités de Cambridge, de Bristol et de Reading [5]. L’objectif est de déterminer la faisabilité de la création d’un nuage de petites particules à une altitude d’environ 20 km. Les partisans de ce projet soutiennent que cela revient à reproduire artificiellement ce qui est déjà souvent arrivé naturellement par l’explosion de grands volcans.

Le travail comporte trois parties. Un groupe est chargé d’étudier les propriétés des particules candidates. En particulier, ils vont mesurer les propriétés optiques : la façon dont ils vont dévier les rayons du soleil. Ils détermineront aussi comment les particules sont susceptibles de s’agglomérer, ce qui permettra de réduire le temps pendant lequel elles resteront dans la stratosphère avant qu’elles ne retombent sur la Terre.

Un deuxième groupe va utiliser le modèle unifié de l’Office météorologique britannique (MU) pour tenter de prédire l’impact de l’injection des particules dans la stratosphère.

Mais c’est la troisième partie du projet qui a attiré l’attention du public. La plupart des scientifiques qui favorisent la création d’un nuage de particules dans la stratosphère ont supposé que les matériaux seront libérés à partir d’avions, alors que l’équipe de planification du projet SPICE envisage, à la place, d’utiliser une pompe avec un tuyau de 25 km, installé dans le ciel et soutenu par un ballon d’hélium.

A ce stade, ils proposent de construire dans un premier temps un tuyau de 1 km pour voir si l’idée fonctionne. Si c’est le cas, ils procèderont à la conception de la version en grandeur réelle, mais ils n’ont pas encore le financement pour construire le dispositif.

La première phase ne semble pas présenter de risques à grande échelle ou des dommages irréversibles. La plupart des travaux expérimentaux seront réalisés dans le laboratoire. Il devrait être possible de faire voler un ballon avec un câble accroché à 1 km c’est sans grand risque, et le groupe en charge de cette opération dit qu’ils ont l’intention de pomper et d’envoyer uniquement de l’eau. Ils soulignent que si l’emploi d’un tuyau d’un km de long est réussi, le dispositf a aussi le potentiel de tester certaines fonctionnalités, par exemple le blanchiment des nuages ​​de basse altitude pour augmenter leur réflectivité. Pour cela ils devraient sans doute ajouter du sel à l’eau.

Ils disent aussi que la construction du système « ne commencera qu’après que l’entrée en vigueur d’un engagement du public aura eu lieu », mais cela apparaît moins rassurant quand l’on se rappelle le sort des consultations du gouvernement britannique sur les questions des organismes génétiquement modifiés et de l’énergie nucléaire. Dans ces deux cas, ce fut une « mauvaise » façon de procéder et les deux consultations ont été totalement ignorées. Cependant nous pouvons être confiants en la bonne foi du groupe SPICE : ça ne doit pas être à eux de décider ou non et ils doivent tenir compte des résultats d’une consultation publique.

Pourquoi nous avons besoin d’un accord international exécutoire

Bien qu’il semble être sûr [en termes de sécurité], le projet SPICE nous rappelle qu’il n’y a aucun accord international sur la géo-ingénierie et aucun organisme international pour autoriser des projets de cette nature. Il n’y a rien pour arrêter n’importe quel programme afin de nous assurer à l’avance qu’il y a assez de ressources disponibles pour un tel projet qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour nous tous. Cela pourrait être conditionné par l’espoir d’un gain commercial, il pourrait se faire aussi par un excès d’enthousiasme pour une idée, il pourrait être pris en défaut d’inviter d’autres experts pour donner des conseils avisés, ou pour une variété d’autres raisons. Si les choses vont mal, ce qui importe seront les conséquences, pas le motif. La route vers l’enfer est pavée de bonnes intentions.

En 2008, par exemple, la Convention sur la Diversité Biologique CDB a élaboré des propositions pour intégrer, dans ses attributions, les activités se rapportant au changement climatique. Il s’agit notamment d’une déclaration selon laquelle il ne devrait y avoir aucune expérience sur la fertilisation de l’océan avant que des données suffisantes aient été disponibles pour démontrer que la technique était sûre, avant d’aller plus loin [3].

En 2009, l’Alfred Wegner Institute for Polar and Sea Research (AWIPR), l’Institut Alfred Wegner pour les recherches marines et polaires, a envoyé son navire de recherche, le Polarstern, pour répandre des particules de sulfate de fer sur une superficie de 400 km² dans l’Atlantique Sud. Quand il a été souligné que cela était tout à fait contraire aux recommandations de la CDB, le ministère allemand de la recherche a annoncé qu’il allait revoir le projet lui-même. Cela a été fait pendant que le navire continuait son chemin et réalisé par des institutions désignées par l’organisme AWIPR lui-même. À la grande surprise de tout le monde, en moins de trois semaines, la ministre allemande de la recherche a annoncé qu’elle était satisfaite et qu’il n’y avait pas d’objections scientifiques ou juridiques à conduire l’expérience, et elle a permis que l’opération puisse se poursuivre. ( Saving the Climate Dangerously [6]). (En l’occurrence, les résultats n’ont pas été encourageants [7], en accord avec ce qui avait été trouvé dans des études antérieures portant sur des régions qui sont naturellement riches en fer [8, 9].)

Personne ne devrait être autorisé à procéder à des expériences de géo-ingénierie en dehors du laboratoire, sans l’accord d’un groupe international, accord pris à la lumière des avis d’experts indépendants. Si ce qui est mis en avant n’est que la première phase d’un projet, alors le groupe spécial concerné devrait aussi envisager ce qui nous attend par la suite.

Clairement, les prochaines étapes devront bien entendu être soumises à l’approbation du public, mais il ne sert alors à rien de commencer un projet, s’il n’est pas au moins plausible et vraisemblable que l’autorisation sera accordée pour les étapes ultérieures. Par exemple, la proposition actuelle du projet SPICE est d’injecter uniquement de l’eau, mais on est en droit d’attendre que les partisans du projet SPICE puissent s’expliquer pourquoi ils croient que l’on peut envoyer en toute sécurité des particules de sulfates dans le ciel au-dessus de nos têtes.

Pour conclure

La justification des recherches conduites en matière de géo-ingénierie est que nous ne pouvons pas différer jusqu’à ce que nous en ayons besoin, parce qu’il sera alors trop tard. Mais nous ne voulons pas que ces recherches détournent les ressources pour d’autres recherches sur la conservation des énergies, le remplacement des combustibles fossiles par des énergies renouvelables et d’autres technologies conventionnelles.

Nous ne devons pas utiliser cela comme une excuse pour ne pas nous attaquer au problème du changement climatique par tous les moyens dont nous disposons déjà.

Et nous ne devons pas courir le risque de faire des dégâts encore plus graves pour la planète, parce que certains vont de l’avant avec un programme sans rechercher et sans écouter les meilleurs conseils possibles en la matière.

Références

1. Ho MW, Cherry B, Burcher S and Saunders PT. Green Energies, 100 % Renewables by 2010, ISIS/TWN, London, Penang, 2009, http://www.i-sis.org.uk/GreenEnergies.php
2. Ho MW, Burcher S, Lim LC, et al. Food Futures Now, Organic*Sustainable*Fossil Fuel Free, ISIS/TWN, London/Penang, 2008, http://www.i-sis.org.uk/foodFutures.php
3. Tollefson J. Geoengineering faces ban. Nature 2010, 468, 14. http://www.nature.com/news/2010/101102/full/468014a.html
4. United Nations Environment Programme (2010). Convention on Biological Diversity. UNEP/CBD/COP/10/L36. http://www.cbd.int/cop10/insession/ Accessed 21September 2011
5. Cambridge University Engineering Department, 2010. Geoengineering by Solar Radiation Management. Accessed 19 September 2011http://www2.eng.cam.ac.uk/~hemh/climate/Geoengineering_RoySoc.htm 
6. Saunders PT. Saving the climate dangerously Science in Society 41, 22-23, 2009.
7. “Setback for Climate Technical Fix.” Richard Black, BBC News, Accessed 21September 2011, http://news.bbc.co.uk/1/hi/7959570.stm
8. Pollard RT et al. Southern Ocean deep-water carbon export enhanced by natural iron fertilization. Nature 2009, 457, 577-580. doi:10.1038/nature07716
9. Schiermeier O. Ocean fertilization : dead in the water ? Nature 2009, 457, 520-521. doi:10.1038/457520b. http://www.nature.com/news/2009/090128/full/457520b.html

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Définitions et compléments :

‘Skyhook’ : un équipement aérien peut-il atténuer le réchauffement climatique

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
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