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"Racines et impacts de la crise climatique : points de vue de quelques scientifiques et journalistes et territoires qui vont devenir inhabitables en 2050 au niveau mondial" par Jacques Hallard

mercredi 23 mars 2022, par Hallard Jacques


ISIAS Climat

Racines et impacts de la crise climatique : points de vue de quelques scientifiques et journalistes et territoires qui vont devenir inhabitables en 2050 au niveau mondial

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 21/03/2022

Plan du document : Introduction Sommaire#ZUSAMMENFASSUNG Auteur


Introduction

Ce dossier revient sur le sujet pendant du climat : notamment avec l’annonce d’une vague de chaleur actuelle sans précédent qui touche dans l’Antarctique, d’une part, et l’étude de ‘meteo-paris.com’ qui relève et démontre les signes d’un emballement climatique en France (hiver absent, sécheresse, sable du Sahara…).

L’étude d’Alexandra Witze (journaliste scientifique pour la revue ‘Nature’) se range dans la rubrique de l’Histoire des sciences : elle énumère les racines et les impacts de la crise climatique actuelle et elle décrit pourquoi et comment nous en sommes-nous arrivés là.

En vue des élections présidentielles en France en avril 2022, le journal ‘Le Monde’ rapporte les contributions formulées sur la plate-forme Twitch, par cinq des candidats qui ont détaillé leurs mesures énoncées pour l’environnement.

Dans l’émission ‘L’Invité(e) des Matins ‘par Guillaume Erner, diffusée le 21/03/2022 par ‘France Culture « L’esprit d’ouverture », trois personnalités ont la parole :

*Léo Cohen(Consultant indépendant / Auteur de ’800 jours au ministère de l’impossible’ (3 mars 2022 - Les Petits Matins),

*Cécile Duflot (Urbaniste de profession, après une maitrise en économie urbaine à l’ESSEC, elle entre en politique en 2001, actuellement directrice d’Oxfam France) et

*Justine Reix (journaliste chez VICE ; à seulement 26 ans, elle a obtenu le graal dans le monde du journalisme : un CDI. Originaire de banlieue, elle a su prouver à tous ceux qui ne croyaient pas en elle qu’elle pouvait être une bonne journaliste…).

Tous trois s’expriment sur l’intitulé « Écologie au pouvoir : les coulisses d’un désaveu ».

Enfin, est rapporté par ‘Futura Sciences’, le travail de Karine Durand (spécialiste météo extrême et environnement), citant une étude de la NASA qui indique les régions qui vont devenir inhabitables en 2050 au niveau mondial.

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Sommaire

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  • Climat : l’Antarctique frappé par une vague de chaleur sans précédent - Publié le 19/03/2022 12:10 Mis à jour le 19/03/2022 12:26 - franceinfo - France Télévisions
    Plusieurs stations météorologiques du continent ont battu des records de température pour un mois de mars. ’C’est un événement comparable au dôme de chaleur de 2021 en Amérique du Nord. Ce n’est pas censé arriver’, a réagi sur Twitter un chercheur français.

Photo - La base franco-italienne de Concordia, le 24 janvier 2013 en Antarctique. (FRANCOIS LEPAGE / HANS LUCAS / AFP)

Coup de chaud sur le continent le plus froid de la planète. En Antarctique, plusieurs stations météorologiques ont battu, vendredi 18 mars, des records de chaleur, sidérant les scientifiques spécialistes de la région. Alors que l’automne commence sur ces terres australes, il a ainsi fait -17,7 °C sur la base russe de Vostok (contre -32,7 °C pour le précédent record mensuel), -12,2 °C à Concordia (record tous mois confondus) ou encore 4,9 °C à Dumont d’Urville, la base française de l’est du continent (contre 3,4 °C pour le précédent record mensuel).

L’anomalie de température atteint +30 à +35°C actuellement sur le plateau de l’Antarctique de l’est. Concordia au Dôme C a établi un nouveau record absolu de température élevée, tous mois confondus : -12,2°C, contre -13,7°C le 17 décembre 2016. Données depuis 2005. pic.twitter.com/wq97TE1s4n - — Gaétan Heymes (@GaetanHeymes) March 18, 2022

Pour le chercheur Jonathan Wille, de l’université de Grenoble-Alpes, ’c’est un événement comparable au dôme de chaleur de 2021 en Amérique du Nord. Ce n’est pas censé arriver.’ 

“And there it is, Concordia broke its all-time record temperature by 1.5 °C. This is when temperatures should be rapidly falling since the summer solstice in December. This is a Pacific Northwest 2021 heat wave kind of event. Never supposed to happen”.

Traduction JH – Et voilà, Concordia a battu son record de température de tous les temps de 1,5 °C. Alors que les températures devraient baisser rapidement depuis le solstice d’été en décembre. C’est un événement du genre vague de chaleur de 2021 dans le nord-ouest du Pacifique. Jamais censé se produire. Sourc : https://t.co/VOW70Ioshv - — Dr. Jonathan Wille (@JonathanWille) March 18, 2022

Un événement favorisé par le changement climatique

Cette vague de chaleur intervient alors que la température planétaire grimpe sous l’effet du réchauffement climatique. Interrogé par le Washington Post (en anglais), Jonathan Wille rappelle qu’il est toujours difficile d’attribuer un événement ponctuel à ce phénomène global, mais précise que ce dernier favorise l’apparition de telles vagues de chaleur. ’Nous pensons qu’elles deviendront plus intenses, parce que c’est juste de la physique. Mais nous sommes encore en train d’essayer de comprendre les détails. Il me paraît très difficile de dire qu’il n’y a pas la trace du changement climatique dans un événement comme celui-ci’, poursuit le chercheur.

Pour le moment, Jonathan Wille ne s’inquiète pas d’une éventuelle fonte des glaciers. ’On est plutôt en train de se dire : ’tiens, c’est bizarre, cela pourrait arriver plus souvent à l’avenir. Et là, cela pourrait être grave’, poursuit-il dans les colonnes du journal américain. D’éventuelles fontes en Antarctique alimenteraient encore un peu plus la montée des océans.

https://www.francetvinfo.fr/pictures/u_LYZqHIzACr9i8PrAYU4QJNbHk/fit-in/90x/2021/12/14/61b8b98ead35d_francetv-info.png

Source : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/climat-l-antarctique-frappe-par-une-vague-de-chaleur-sans-precedent_5027226.html

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  • Les températures anormalement élevées en Antarctique, plus de 30°C au-dessus de la normale saisonnière - Le Monde avec AFP – Publié le 20 mars 2022
    Le continent glacé du sud du globe est confronté à une douceur hivernale record et intervient à un moment où la banquise atteint sa plus petite surface jamais enregistrée.

La base de recherche de Concordia, installée sur le Dome C du plateau antarctique à plus de 3 000 mètres d’altitude, a enregistré vendredi 18 mars une chaleur record de – 11,5 °C, « record absolu tous mois confondus, battant les – 13,7 °C du 17 décembre 2016 », a twitté Etienne Kapikian, prévisionniste chez Météo-France.

Alors que les températures devraient avoir chuté avec la fin de l’été austral, la base Dumont d’Urville, installée elle sur la côte de la Terre-Adélie, a établi un record de douceur pour un mois de mars, avec + 4,9 °C, et une température minimale record de + 0,2 °C le 18 mars.

« Change ce que nous pensions possible »

« Les journées sans gel sont occasionnelles [à Dumont d’Urville], mais elles ne s’étaient jamais produites après le 22 février [en 1991] », a noté sur Twitter Gaëtan Heymes, de Météo-France. Il a décrit un « événement historique de douceur sur l’est » du continent glacé, avec des températures de 30 à 35 °C au-dessus des normales saisonnières. « C’est le moment où les températures devraient rapidement chuter, depuis le solstice d’été en décembre », a noté Jonathan Wille, chercheur à l’institut des géosciences de l’environnement à Grenoble. « Cette vague de chaleur dans l’Antarctique change ce que nous pensions possible pour la météo antarctique », a-t-il ajouté sur Twitter.

Même s’il n’est pas possible au moment précis où un événement se produit de l’attribuer au changement climatique, un des signes les plus clairs du réchauffement de la planète est la multiplication et l’intensification des vagues de chaleur. Les pôles se réchauffent encore plus vite que la moyenne de la planète qui a gagné en moyenne environ + 1,1 °C depuis l’ère préindustrielle.

Cette vague de chaleur dans l’est de l’Antarctique intervient alors que fin février, la banquise de l’Antarctique avait atteint sa superficie la plus petite enregistrée depuis le début des mesures satellites en 1979, avec moins de 2 millions de km2, selon le centre de recherche américain ‘National Snow and Ice Data Cente’.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Le réchauffement climatique déstabilise plus que jamais les pôles

Lire aussi Le record de température de 38 °C enregistré en juin 2020 dans l’Arctique a été validé par l’ONU

Le Monde - Toute l’actualité en continu

Des centres d’accueil pour migrants d’un genre nouveau vont ouvrir à Calais

Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/03/20/record-de-temperatures-battu-en-antarctique_6118298_3244.html

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  • Rapport très illustré : « Hiver absent, sécheresse, sable du Sahara : signes d’un emballement climatique en France ? » - Samedi 19 mars 2022 – Document ‘meteo-paris.com – Extraits choisis
    Évolution des climats en France d’ici l’horizon 2100 – Badeau et al. 2007

Un temps de plus en plus contrasté en France : 

L’hiver 2021-2022 ne rentrera pas dans les mémoires comme un hiver très agité ou froid. Les événements climatiques sont globalement restés peu nombreux et ce sont au contraire les périodes anticycloniques qui ont dominé, se montrant particulièrement récurrentes depuis maintenant plusieurs mois.

Aucune vague de froid n’a été également observée durant toute la période hivernale et la neige s’est montrée quasiment absente en plaine, ne concernant que certaines régions de l’Est et du Nord. Au final, l’hiver 2021-2022 se classe parmi les plus doux et secs depuis plus de 60 ans à l’échelle du pays.

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Comparaison des précipitations et températures moyenne hivernales en France depuis 1959 – Météo-France

C’est notamment sur le Sud-Est que cet hiver fut le plus sec avec seulement une dizaine de jours de pluie en 3 mois et des déficits de précipitations atteignant 70 à 80% sur de nombreux secteurs. La neige fut également quasiment absente jusqu’à haute altitude sur le Sud des Alpes en raison du manque de précipitation et de températures restant trop élevées.

Depuis plusieurs années, on note que les hivers sont globalement bien plus doux que la normale sur le pays avec l’hiver 2019-2020 à la première marche du podium (excédent de +2,8°C). Une tendance qui s’affirme de plus en plus depuis le début de la décennie 2010-2020.

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Températures moyennes durant l’hiver en France depuis 1900 et écart à la moyenne 1981-2010 – Météo-France

Au niveau des précipitations, cette tendance est plus disparate pour la saison hivernale mais on note également un contraste important d’un mois à l’autre sur notre pays. Le temps peut rester durablement sec et anticycloniques pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois sur le pays mais ces périodes sont presque systématiquement suivies d’épisodes bien plus perturbés sur un cours laps de temps. L’année 2020 fut un très bon exemple de ce type de situation avec des mois très secs entrecoupés de périodes bien plus humides.

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Pluviométrie annuelle en France en 2020 – Météo-Villes

L’exemple le plus récent fut l’épisode pluvieux marqué ayant concerné le Languedoc et les Cévennes du 11 au 14 mars 2022 avec des cumuls dépassant les 200 à 400mm en 48h, soit presque 2 fois plus que durant les 3 mois précédents, en témoigne l’indice d’humidité des sols sur l’Hérault du 1er décembre au 13 mars avec des valeurs proches des records bas au début du mois de mars et proches des records hauts quelques jours plus tard…..

Image satellite du 6 février 2021 montrant le nuage de sable s’étendant de l’Algérie à la France – MODIS-TERRA

Quelles tendances pour l’avenir en France ?

Lire la suite de cette étude sur ce site source  : https://www.meteo-paris.com/actualites/hiver-absent-secheresse-sable-du-sahara-signes-d-un-emballement-climatique

>> Dans l’ensemble, l’avenir s’annonce donc de plus en plus contrasté en France au niveau du climat. Si la tendance chaude se démarque clairement avec des hivers de plus en plus absents, des vagues de chaleur durables, de plus en plus précoces et de plus en plus durables, les évènements météorologiques s’annoncent également plus intenses. 

Sécheresses durables et de plus en plus étendues alternant avec épisodes perturbés plus intenses, contrastes d’une région à l’autre ou encore d’une saison à l’autre, tels seront les évènements climatiques et météorologiques qui devraient rythmer les prochaines décennies.

D’après les observations de ces dernières années, il semble que cette tendance se soit déjà mise en place sur notre pays et celle-ci devrait continuer de s’accentuer. 

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Sable du Sahara : les raisons des erreurs de prévision

Printemps 2022, ce dimanche 20 mars

Source : https://www.meteo-paris.com/actualites/hiver-absent-secheresse-sable-du-sahara-signes-d-un-emballement-climatique

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  • Histoire des sciences - Racines et impacts de la crise climatique - Comment en sommes-nous arrivés là ? La forte dépendance de l’homme à l’égard des combustibles fossiles et l’abattage des forêts qui stockent le carbone ont transformé le climat mondial - Traduction du 20 mars 2022 par Jacques Hallard d’un article d’ Alexandra Witze en date du 10/03/202 publié par ‘sciencenews.org’ Climatesous le titre « How did we get here ? The roots and impacts of the climate crisis » ; accessible sur ce site : https://www.sciencenews.org/article/climate-change-crisis-history-research-carbon-human-impact

    illustration in the shape of the Earth showing a train, a car, airplanes, felled trees, an oil spill, and other examples of humans’ impact on their environment

Illustration - Depuis plus d’un siècle, les chercheurs affinent leurs méthodes pour mesurer l’impact des actions humaines sur l’atmosphère terrestre. Sam Falconer

Même dans un monde de plus en plus malmené par les extrêmes climatiques, la vague de chaleur de l’été 2021 dans le nord-ouest du Pacifique s’est distinguée. Pendant plusieurs jours à la fin du mois de juin, des villes comme Vancouver, Portland et Seattle ont cuit sous des températures record qui ont tué des centaines de personnes. Le 29 juin, Lytton, un village de Colombie-Britannique, a établi un record de chaleur pour le Canada, à 121° Fahrenheit (49,6° Celsius) ; le lendemain, le village a été incinéré par un incendie de forêt.

En l’espace d’une semaine, un groupe international de scientifiques a analysé cette chaleur extrême et conclu qu’elle aurait été pratiquement impossible sans le changement climatique causé par l’homme. La température moyenne à la surface de la planète a augmenté d’au moins 1,1 degré Celsius depuis les niveaux préindustriels de 1850-1900.

La raison en est la suivante : L’homme charge l’atmosphère de gaz qui piègent la chaleur, produits lors de la combustion de combustibles fossiles, tels que le charbon et le gaz, et lors de l’abattage des forêts.

Un peu plus d’un degré de réchauffement peut sembler peu. Mais cela a déjà suffi à transformer fondamentalement la façon dont l’énergie circule sur la planète. Le rythme du changement s’accélère, et les conséquences se font sentir partout.

Les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique fondent, faisant monter le niveau des mers et inondant les îles et les villes côtières de faible altitude. La sécheresse dessèche les terres agricoles et les rivières qui les alimentent. Les incendies de forêt font rage. Les pluies sont de plus en plus intenses et les régimes climatiques se modifient.

La compréhension de cette urgence climatique remonte à plus d’un siècle et demi. Mais ce n’est que dans les années 1950 que les scientifiques ont commencé à mesurer en détail le dioxyde de carbone atmosphérique, ce qui a permis de déterminer la quantité de carbone provenant des activités humaines. À partir des années 1960, les chercheurs ont commencé à élaborer des modèles informatiques complets qui mettent aujourd’hui en lumière la gravité des changements à venir.

Nous savons de nos jours que le changement climatique et ses conséquences sont réels, et que nous en sommes responsables. Les émissions que l’homme rejette dans l’atmosphère depuis des siècles - les émissions qui ont rendu possibles les voyages longue distance, la croissance économique et nos vies matérielles - nous ont placés sur une trajectoire de réchauffement planétaire. Seules des réductions drastiques des émissions de carbone, soutenues par une volonté collective mondiale, peuvent faire une différence significative.

’Ce qui arrive à la planète n’est pas banal’, déclare Ralph Keeling, géochimiste à la ‘Scripps Institution of Oceanography’ de La Jolla, en Californie. ’Nous sommes dans une crise planétaire’.

Photo - Les vagues de chaleur et la sécheresse sont rendues plus extrêmes par le changement climatique causé par l’homme, et elles ont conduit aux gigantesques incendies de forêt survenus en Colombie-Britannique en 2021. ABACA via Reuters Connect

Photo – Le village de Lytton, en Colombie-Britannique, a été dévasté par un incendie de forêt le 30 juin 2021, juste après avoir atteint la température la plus élevée jamais enregistrée au Canada. Deux personnes sont mortes dans la conflagration. Cole Burston/AFP via Getty Images

Le décor est planté

[« Eunice Newton Foote, née Eunice Newton le 17 juillet 1819 à Goshen (Connecticut) et morte le 30 septembre 1888 à Lenox (Massachusetts, États-Unis) est une scientifique et inventrice américaine, également militante pour les droits des femmes. Elle est la première chercheuse à avoir identifié le phénomène d’effet de serre et est l’une des signataires de la convention de Seneca Falls, une des premières conventions américaine de droit des femmes… » – Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eunice_Newton_Foote ].

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Un jour dans les années 1850, Eunice Newton Foote, une scientifique amateur et militante des droits des femmes vivant dans le nord de l’État de New York, a mis deux bocaux en verre à la lumière du soleil. L’un contenait de l’air ordinaire - un mélange d’azote, d’oxygène et d’autres gaz, dont le dioxyde de carbone - tandis que l’autre ne contenait que du dioxyde de carbone. Les deux contenaient des thermomètres. Sous l’effet des rayons du soleil, Mme. Foote a observé que le bocal contenant uniquement du CO2 se réchauffait plus rapidement et était plus lent à refroidir que celui contenant de l’air ordinaire.

Ces résultats ont incité Mme. Foote à réfléchir sur la relation entre le CO2, la planète et la chaleur. ’Une atmosphère de ce gaz donnerait à notre terre une température plus élevée’, écrivit-elle dans un article de 1856 résumant ainsi ses conclusions.

Photo - Eunice Newton Foote qui avait observé en 1856 qu’une atmosphère de CO2 réchaufferait la planète. Pictorial Press Ltd/Alamy Stock Photo

[« John Tyndall [dʒɒn ˈtɪndəl] (2 août 1820 - 4 décembre 1893) est un scientifique et alpiniste irlandais.

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Trois ans plus tard, travaillant indépendamment et ignorant apparemment la découverte de Mme.Foote, le physicien irlandais John Tyndall a démontré la même idée de base de manière plus détaillée. Avec un ensemble de tuyaux et de dispositifs permettant d’étudier la transmission de la chaleur, il a constaté que le gaz CO2, ainsi que la vapeur d’eau, absorbaient davantage de chaleur que l’air seul. Il a affirmé que ces gaz pouvaient piéger la chaleur dans l’atmosphère terrestre, un peu comme les vitres d’une serre, et ainsi moduler, modifier le climat.

Aujourd’hui, Tyndall est largement crédité de la découverte de la façon dont ce que nous appelons aujourd’hui les gaz à effet de serre réchauffent la planète, ce qui lui vaut une place de choix dans l’histoire de la science du climat. Mme. Foote avait sombré dans une relative obscurité - en partie à cause de son sexe, en partie parce que ses mesures étaient moins sensibles. Pourtant, leurs résultats ont tous deux contribué à donner le coup d’envoi d’une exploration scientifique plus large de la manière dont la composition des gaz dans l’atmosphère terrestre affectait les températures mondiales.

Les gaz qui piègent la chaleur

En 1859, John Tyndall a utilisé cet appareil pour étudier comment divers gaz piègent la chaleur. Il a envoyé un rayonnement infrarouge dans un tube rempli de gaz et a mesuré les changements de température qui en résultaient. Il a montré que le dioxyde de carbone et la vapeur d’eau absorbent plus de chaleur que l’air.

Photo historique - J. Tyndall/Wikimedia Commons

Du carbone partout

L’homme a commencé à exercer une influence considérable sur l’atmosphère au tournant du XIXe siècle, lorsque la révolution industrielle a pris son essor en Grande-Bretagne. Les usines brûlaient des tonnes de charbon ; alimentée par des combustibles fossiles, la machine à vapeur a révolutionné les transports et d’autres industries. Depuis lors, les combustibles fossiles, dont le pétrole et le gaz naturel, ont été exploités pour faire tourner l’économie mondiale. Toutes ces activités rejettent des gaz dans l’air.

[« Svante August Arrhenius (né le 19 février 1859 au château de Vik (en), près d’Uppsala et mort le 2 octobre 1927 à Stockholm) est un chimiste suédois, pionnier dans de nombreux domaines. Il reçoit le prix Nobel de chimie en 19031. Il est notamment connu pour avoir formulé en 1889 la loi d’Arrhenius qui décrit la variation de la vitesse d’une réaction chimique en fonction de la température, et pour être le pionnier de l’étude de l’effet de l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère sur le climat et sur l’effet de serre. Son fils Olof Vilhelm Arrhenius est également un chimiste réputé en Suède. Son petit-fils Gustaf Olof Svante Arrhenius a également fait carrière dans les sciences (océanographe, biogéochimiste, exobiologiste). Tous deux ont étudié et fait progresser des sujets étudiés ou défrichés par leur père et grand-père… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Svante_August_Arrhenius ].

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Pourtant, le physico-chimiste suédois Svante Arrhenius ne s’inquiétait pas de la révolution industrielle lorsqu’il a commencé à réfléchir, à la fin du XIXe siècle, aux variations des niveaux de CO2 dans l’atmosphère. Il était plutôt curieux de connaître les périodes glaciaires, et notamment de savoir si une diminution des éruptions volcaniques, qui peuvent émettre du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, conduirait à une nouvelle période glaciaire. Ennuyé et solitaire à la suite d’un divorce, Arrhenius se lance dans des mois de calculs laborieux impliquant le transport de l’humidité et de la chaleur dans l’atmosphère à différentes zones de latitude. En 1896, il a annoncé qu’une réduction de moitié de la quantité de CO2 dans l’atmosphère pouvait effectivement provoquer une période glaciaire, et qu’un doublement du CO2 augmenterait les températures mondiales d’environ 5 à 6 degrés Celsius.

Il s’agissait d’une découverte remarquablement prémonitoire pour un travail qui, par nécessité, avait simplifié le système climatique complexe de la Terre en le réduisant à quelques variables. Mais les conclusions d’Arrhenius n’ont pas eu beaucoup de succès auprès des autres scientifiques de l’époque. Le système climatique semblait trop vaste, complexe et inerte pour changer de manière significative à une échelle de temps pertinente pour la société humaine. Les preuves géologiques montraient, par exemple, que les périodes glaciaires prenaient des milliers d’années pour commencer et se terminer. De quoi s’inquiéter ?

[« Guy Stewart Callendar, né en février 1898 et mort en octobre 1964, est un ingénieur anglais spécialiste de la vapeur et inventeur. Fils de Hugh Longbourne Callendar, il est connu pour avoir été l’un des pionniers de la théorie du lien entre l’augmentation du taux de CO2 dans l’air et un réchauffement climatique global.

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Un chercheur, cependant, pensait que l’idée valait la peine d’être poursuivie. Guy Stewart Callendar, un ingénieur britannique et météorologue amateur, avait compté les relevés météorologiques au fil du temps, de manière suffisamment obsessionnelle pour déterminer que les températures moyennes augmentaient dans 147 stations météorologiques du globe. Dans un article publié en 1938 dans une revue de la ‘Royal Meteorological Society’, il a établi un lien entre cette hausse de température et la combustion de combustibles fossiles. Callendar estimait que la combustion de combustibles fossiles avait rejeté environ 150 milliards de tonnes métriques de CO2 dans l’atmosphère depuis la fin du XIXe siècle.

Comme beaucoup de gens de son époque, Callendar ne voyait pas le réchauffement de la planète comme un problème. Le CO2 supplémentaire stimulerait sûrement la croissance des plantes et permettrait de cultiver de nouvelles régions. ’En tout cas, le retour des glaciers meurtriers devrait être retardé indéfiniment’, écrivait-il. Mais ses travaux ont relancé les discussions remontant à Tyndall et Arrhenius sur la façon dont le système planétaire réagit aux changements de niveaux de gaz dans l’atmosphère. Et il a commencé à orienter la conversation vers la manière dont les activités humaines pouvaient provoquer ces changements.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté l’année suivante, le conflit mondial a redessiné le paysage de la recherche scientifique. Des technologies de guerre d’une importance considérable, telles que le radar et la bombe atomique, ont ouvert la voie à des études scientifiques de grande envergure qui ont rassemblé les nations pour s’attaquer à des questions de portée mondiale aux enjeux considérables. C’est ainsi qu’est née la science climatique moderne.

La courbe de Keeling

L’Année géophysique internationale (AGI) a été l’un des principaux efforts déployés. Cette initiative, qui a duré 18 mois en 1957-1958, a donné lieu à un large éventail de campagnes scientifiques sur le terrain, notamment des explorations dans l’Arctique et l’Antarctique. Le changement climatique n’était pas une grande priorité de recherche pendant l’Année géophysique internationale, mais certains scientifiques californiens, dirigés par Roger Revelle de l’Institut océanographique Scripps, ont profité de l’afflux de fonds pour lancer un projet qu’ils souhaitaient depuis longtemps. L’objectif était de mesurer les niveaux de CO2 en différents endroits du monde, de manière précise et cohérente.

[« Roger Randall Dougan Revelle, plus communément nommé Roger Revelle (né à Seattle le 7 mars 1909 et mort le 15 juillet 1991 à San Diego) est un océanographe et érudit américain, qui a joué un rôle déterminant dans les années de création de l’université de Californie à San Diego. Il fut surtout l’un des premiers scientifiques à étudier le passé climatique et à en tirer des éléments prospectifs sur le réchauffement climatique planétaire ainsi que le mouvement de la tectonique des plaques terrestre, grâce aux premières données sédimentologiques et océanographiques qu’il a contribué à acquérir dans les années 1940-1950. Il fut le professeur de Al Gore en 1967 à Harvard et lui inspira presque quarante ans plus tard le film Une vérité qui dérange où un passage lui est dédié. Revelle, qui mesurait environ 1,90 mètre, est souvent désigné sous le nom de « géant scientifique », littéralement et figurativement… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Randall_Dougan_Revelle ].

[« Charles David Keeling (20 avril 1928 - 20 juin 2005) est un scientifique américain dont les mesures du dioxyde de carbone au Mauna Loa Observatory (en)1 ont pour la première fois alerté le monde de la contribution anthropogénique à l’effet de serre et au réchauffement climatique. La courbe de Keeling montre l’augmentation progressive du dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, dans l’atmosphère… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_David_Keeling ].

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La tâche a été confiée au géochimiste Charles David Keeling, qui a installé des moniteurs de CO2 ultra-précis en Antarctique et sur le volcan hawaïen Mauna Loa. Les fonds ont rapidement manqué pour maintenir le record de l’Antarctique, mais les mesures du Mauna Loa ont continué. C’est ainsi qu’est né l’un des ensembles de données les plus emblématiques de toute la science : la ’courbe de Keeling’, qui suit l’augmentation du CO2 atmosphérique.

Photo - En 1958, Charles David Keeling, photographié sur cette photo en 1988, a commencé à enregistrer les concentrations de dioxyde de carbone atmosphérique sur le volcan Mauna Loa à Hawaï. L’ensemble de données emblématique qui en résulte, et qui suit l’augmentation du CO2 atmosphérique, est connu sous le nom de courbe de Keeling. SIO PHOTOGRAPHIC LABORATORY RECORDS. SAC 0044. COLLECTIONS SPÉCIALES ET ARCHIVES, UC San Diego

Lorsque Keeling a commencé ses mesures en 1958, le CO2 représentait 315 parties par million de l’atmosphère mondiale. En quelques années seulement, il est devenu évident que ce chiffre augmentait d’année en année. Comme les plantes absorbent du CO2 en se développant au printemps et en été et le rejettent en se décomposant en automne et en hiver, les concentrations de CO2 augmentent et diminuent chaque année en dents de scie. Mais à ce schéma se superpose une hausse constante.

’Le graphique était projeté dans tous les sens - c’était une image tellement frappante’, raconte Ralph Keeling, qui est le fils de Keeling. Au fil des ans, alors que la courbe s’élevait, ’elle a joué un rôle historique très important en sensibilisant les gens au problème du changement climatique’. La courbe de Keeling a été évoquée dans d’innombrables manuels de sciences de la terre, lors d’audiences du Congrès et dans le documentaire d’Al Gore sur le changement climatique, « Une vérité qui dérange », publié en 2006.

Chaque année, la courbe ne cesse d’augmenter : En 2016, elle a dépassé les 400 ppm de CO2 dans l’atmosphère, qui ont été mesurés lors de son minimum annuel typique en septembre. Aujourd’hui, elle est à 413 ppm. (Avant la révolution industrielle, les niveaux de CO2 dans l’atmosphère étaient stables depuis des siècles, à environ 280 ppm).

À peu près au moment où les mesures de Keeling ont commencé à être effectuées, Revelle a également contribué à développer un argument important selon lequel le CO2 provenant des activités humaines s’accumulait dans l’atmosphère terrestre.

En 1957, Revelle et Hans Suess, qui travaillait également au Scripps à l’époque, ont publié un article qui retraçait le flux de carbone radioactif à travers les océans et l’atmosphère. Ils ont montré que les océans n’étaient pas capables d’absorber autant de CO2 qu’on le pensait auparavant, ce qui signifiait qu’une grande partie de ce gaz devait se retrouver dans l’atmosphère.

Augmentation régulière

Connu sous le nom de courbe de Keeling, ce graphique ci-après montre l’augmentation des niveaux de CO2 mesurés à l’observatoire de Mauna Loa, à Hawaï, en raison des activités humaines. Le motif en dents de scie visible est dû à la croissance saisonnière des plantes : Les plantes absorbent du CO2 pendant les saisons de croissance, puis le rejettent en se décomposant en automne et en hiver.

Concentrations moyennes mensuelles de CO2 à l’observatoire Mauna Loa

line graph showing increasing monthly average CO2 concentrations at Mauna Loa Observatory from 1958 to 2022SCRIPPS CO2 PROGRAM

’Les êtres humains réalisent actuellement une expérience géophysique à grande échelle d’un type qui n’aurait pas pu se produire dans le passé ni être reproduit à l’avenir’, ont écrit Revelle et Suess dans leur article. C’est l’une des phrases les plus célèbres de l’histoire des sciences de la terre.

Voici l’idée qui sous-tend la science climatique moderne : Le dioxyde de carbone atmosphérique augmente, et l’homme est à l’origine de cette augmentation. Revelle et Suess sont devenus la dernière pièce d’un puzzle remontant à Svante Arrhenius et John Tyndall. ’Je dis à mes étudiants que pour comprendre les fondements du changement climatique, il faut disposer de la science de pointe des années 1860, des mathématiques de pointe des années 1890 et de la chimie de pointe des années 1950’, explique Joshua Howe, historien de l’environnement au ‘Reed College’ de Portland (Oregon).

Les preuves s’accumulent

Les données d’observation recueillies tout au long de la seconde moitié du XXe siècle ont aidé les chercheurs à comprendre progressivement comment les activités humaines transformaient la planète.

Les carottes de glace prélevées sur les calottes glaciaires, comme celle du Groenland, sont parmi les plus révélatrices de l’évolution passée du climat. Chaque année, la neige tombe sur la glace et se comprime en une nouvelle couche de glace représentant les conditions climatiques au moment de sa formation. L’abondance de certaines formes, ou isotopes, d’oxygène et d’hydrogène dans la glace permet aux scientifiques de calculer la température à laquelle elle s’est formée, et les bulles d’air piégées dans la glace révèlent la quantité de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère à cette époque. Ainsi, forer dans une couche de glace, c’est comme lire les pages d’un livre d’histoire qui remontent dans le temps au fur et à mesure que l’on s’enfonce.

Photo - Geoffrey Hargreaves, conservateur à l’Ice Core Facility de la ‘National Science Foundation’ à Lakewood (Colorado), tient une section d’un mètre de long d’une carotte de glace. L’installation abrite plus de 22.000 mètres de carottes de glace provenant de l’Antarctique, du Groenland et de l’Amérique du Nord - tous des enregistrements des climats passés. JIM WEST/SOURCE DE SCIENCE

Les scientifiques ont commencé à lire ces pages au début des années 1960, en utilisant des carottes de glace forées sur une base militaire américaine au nord-ouest du Groenland. Contrairement aux attentes selon lesquelles les climats du passé étaient stables, les carottes laissaient entendre que des changements climatiques abrupts s’étaient produits au cours des 100.000 dernières années.

En 1979, un groupe international de chercheurs a prélevé une autre carotte de glace profonde à un autre endroit du Groenland, et celle-ci a également montré que des changements climatiques brusques s’étaient produits dans le passé. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, deux projets de forage menés par l’Europe et les États-Unis ont permis d’extraire des carottes encore plus profondes près du sommet de la calotte glaciaire, ce qui a fait remonter les températures passées d’un quart de million d’années.

Associées à d’autres sources d’information, telles que les carottes de sédiments prélevées au fond de la mer et les molécules conservées dans les roches anciennes, les carottes de glace ont permis aux scientifiques de reconstituer les changements de température passés de façon extraordinairement détaillée. Nombre de ces changements se sont produits à une vitesse alarmante.

Par exemple, le climat du Groenland s’est brusquement réchauffé plus de 20 fois au cours des 80.000 dernières années, les changements se produisant en l’espace de quelques décennies. Plus récemment, une vague de froid qui s’est installée il y a environ 13 000 ans a soudainement pris fin il y a environ 11 500 ans - et les températures au Groenland ont augmenté de 10 degrés C en une décennie.

La preuve de ces changements climatiques spectaculaires a mis fin à toute idée persistante selon laquelle le changement climatique mondial serait lent et peu susceptible de se produire à une échelle de temps dont les humains devraient s’inquiéter. ’C’est un rappel important de la façon dont les choses peuvent basculer’, déclare Jessica Tierney, paléoclimatologue à l’université d’Arizona à Tucson.

D’autres preuves du changement planétaire ont été fournies par les satellites d’observation de la Terre, qui ont apporté une nouvelle perspective planétaire sur le réchauffement climatique à partir des années 1960. Depuis leur point de vue dans le ciel, les satellites ont mesuré l’élévation du niveau de la mer dans le monde - actuellement de 3,4 millimètres par an et qui s’accélère, car l’eau qui se réchauffe se dilate et les calottes glaciaires fondent - ainsi que le déclin rapide de la glace qui flotte dans l’océan Arctique chaque été à la fin de la saison de fonte. Depuis 2002, les satellites de détection de la gravité ’pèsent’ les calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland depuis le ciel et indiquent que plus de 400 milliards de tonnes métriques de glace sont perdues chaque année.

Les observations de température effectuées dans les stations météorologiques du monde entier confirment également que nous vivons les années les plus chaudes jamais enregistrées. Les dix années les plus chaudes depuis le début de l’enregistrement des données en 1880 ont toutes eu lieu depuis 2005. Et neuf de ces dix années sont survenues depuis 2010.

La couverture de glace de mer arctique, qui atteint son minimum annuel en septembre, a diminué au cours des dernières décennies. En 1979, l’étendue minimale était de 6,90 millions de kilomètres carrés. En 2021, elle était tombée à 4,72 millions de kilomètres carrés.

Des prédictions inquiétantes

Dans les années 1960, il était indéniable que la planète se réchauffait. Mais pour comprendre les conséquences de ces changements - y compris la menace pour la santé et le bien-être de l’homme - il fallait plus que des données d’observation. Pour se projeter dans l’avenir, il fallait s’appuyer sur des simulations informatiques : des calculs complexes sur la façon dont l’énergie circule dans le système planétaire.

La première étape de la construction de ces modèles climatiques a consisté à relier les observations météorologiques quotidiennes au concept de prévision du climat futur. Au cours de la Première Guerre mondiale, le mathématicien britannique Lewis Fry Richardson a imaginé des dizaines de milliers de météorologues, chacun calculant les conditions d’une petite partie de l’atmosphère mais assemblant collectivement les prévisions mondiales.

Mais ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que la puissance de calcul a fait du rêve de Richardson une réalité. Dans le sillage de la victoire des Alliés, qui comptaient sur des prévisions météorologiques précises pour tout, de la planification du jour J à la détermination du moment et de l’endroit où larguer les bombes atomiques, d’éminents mathématiciens américains ont obtenu des fonds du gouvernement fédéral pour améliorer les prévisions.

[« Jule Gregory Charney, né le 1er janvier 1917, et mort le 16 juin 1981, est un météorologue américain qui joua un rôle important dans le développement de la prévision météorologique. Il a ainsi développé les équations du tourbillon quasi-géostrophique qui servent à la modélisation des mouvements à grande échelle de l’atmosphère. Il développa également une explication physique convaincante du développement des cyclones extratropicaux (dépressions des latitudes moyennes) grâce à l’instabilité baroclinique. Le rapport – dit rapport Charney – sur le lien entre les émissions de CO2 et le climat, qu’il coordonna en 1979, annonce les futurs travaux du GIEC sur le sujet… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jule_Gregory_Charney ].

Suite de l’article traduit

En 1950, une équipe dirigée par Jule Charney, un météorologue de l’Institute for Advanced Study de Princeton (New Jersey), a utilisé l’ENIAC, le premier ordinateur électronique programmable des États-Unis, pour produire les premières prévisions météorologiques régionales informatisées. Les prévisions étaient lentes et rudimentaires, mais elles s’appuyaient sur les idées de Richardson, qui divisait l’atmosphère en carrés, ou cellules, et calculait le temps pour chacune d’elles. Ces travaux ont ouvert la voie à des décennies de modélisation du climat.

[Traduction JH : « Norman A. Phillips (9 juillet 1923 - 15 mars 2019) était un météorologue américain remarquable pour ses contributions à la dynamique des fluides géophysiques [1][2] En 1956, il a développé un modèle mathématique capable de décrire de manière réaliste les schémas mensuels et saisonniers dans la troposphère, qui est devenu le premier modèle de circulation générale du climat réussi [2]. Phillips est né à Chicago, dans l’Illinois. Ses parents, Alton Elmer Anton Phillips et Linnea (Larson) Phillips, étaient les enfants d’immigrants suédois aux États-Unis. Il s’inscrit à l’Université de Chicago en 1940, avec l’intention d’étudier la chimie, mais le début de la Seconde Guerre mondiale et l’influence de Carl-Gustaf Rossby l’incitent à s’engager dans l’Army Air Corps en 1943 [3]. Après avoir été diplômé du programme des cadets de la météorologie à Chanute Field, quatrième d’une classe de 391 élèves, il a servi aux Açores, puis à Westover Field jusqu’en octobre 1946 [4]. Il est retourné à l’Université de Chicago après la guerre, où il a obtenu sa licence en 1947, sa maîtrise en 1948 et son doctorat en 1951 [3][5]. Peu avant de terminer son doctorat, Phillips accepte un poste au sein du personnel de recherche du projet d’ordinateur électronique l’Institute for à Advanced Study de Princeton, dans le New Jersey [3]. En 1956, il est recruté par le département de météorologie du Massachusetts Institute of Technology [4], dont il devient finalement le chef de département [3]. En 1974, Phillips a quitté le MIT pour rejoindre le National Weather Service au National Meteorological Center [3], où il a occupé le poste de scientifique principal de la division du développement du NMC [6][7]. Lorsqu’il a pris sa retraite, le Nested Grid Model était populairement connu sous le nom de ’Norm’s Great Model’ [1]. Phillips est décédé à Grace House à Windham, dans le New Hampshire, le 15 mars 2019. Il a publié son dernier article académique, sur le pendule de Foucault, à l’âge de 90 ans [1]… » - Source de l’original : https://en.wikipedia.org/wiki/Norman_A._Phillips ].

Suite de l’article traduit

En 1956, Norman Phillips, un membre de l’équipe de Charney, a produit le premier modèle de circulation générale au monde, qui décrit comment l’énergie circule entre les océans, l’atmosphère et les terres. Le domaine de la modélisation du climat était né.

Au début, le travail était élémentaire, car les premiers ordinateurs n’avaient tout simplement pas la puissance de calcul nécessaire pour simuler tous les aspects du système planétaire.

Au début, les travaux étaient élémentaires, car les premiers ordinateurs n’avaient tout simplement pas la puissance de calcul nécessaire pour simuler tous les aspects du système planétaire.

Une percée importante a eu lieu en 1967, lorsque les météorologues Syukuro Manabe et Richard Wetherald - tous deux au Geophysical Fluid Dynamics Laboratory de Princeton, un laboratoire issu du groupe de Charney - ont publié un article dans le ‘Journal of the Atmospheric Sciences’ qui modélisait les liens entre la surface et l’atmosphère de la Terre et calculait comment les changements de CO2 affecteraient la température de la planète. Manabe et Wetherald ont été les premiers à construire un modèle informatique permettant de saisir les processus pertinents qui régissent le climat et de simuler avec précision la façon dont la Terre réagit à ces processus.

L’essor de la modélisation climatique a permis aux scientifiques d’envisager avec plus de précision les conséquences du réchauffement de la planète. En 1979, Charney et d’autres experts se sont réunis à ‘Woods Hole’, dans le Massachusetts, pour tenter de dégager un consensus scientifique sur les conséquences de l’augmentation des niveaux de CO2 sur la planète. Le ’rapport Charney’ qui en a résulté a conclu que l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère entraînerait des changements climatiques supplémentaires et importants.

Au cours des décennies qui ont suivi, la modélisation du climat est devenue de plus en plus sophistiquée. Et à mesure que la science du climat s’affermissait, le changement climatique devenait une question politique.

La crosse de hockey

Ce célèbre graphique, produit par le scientifique Michael Mann et ses collègues, puis reproduit dans un rapport de 2001 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, illustre de manière spectaculaire l’évolution des températures au fil du temps. Les sceptiques du changement climatique en ont fait le centre d’une attaque en règle contre la science du climat.

image of the ’hockey stick’ graph showing the increase in temperature in the Northern Hemisphere from 1961 to 1990

Graphique - Changement climatique 2001 : les bases scientifiques. Contribution du groupe de travail I au troisième rapport d’évaluation du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Contrecoup

La sensibilisation croissante du public au changement climatique, ainsi que les luttes pour savoir quoi faire à ce sujet sont apparues parallèlement à la prise de conscience d’autres problèmes environnementaux dans les années 1960 et 1970. Le livre de Rachel Carson, ‘Printemps silencieux’, publié en 1962, qui condamnait le pesticide DDT pour ses impacts écologiques, a catalysé le militantisme environnemental aux États-Unis et a conduit à la première Journée de la Terre en 1970.

[« Rachel Louise Carson, née à Pittsburgh le 27 mai 1907 et morte le 14 avril 1964 à Silver Spring dans le Maryland, est une biologiste marine et militante écologiste américaine. Carson commença sa carrière comme biologiste au U.S. Bureau of Fisheries (Bureau des pêches) puis se consacra progressivement à l’écriture à plein temps dans les années 1950. Son best-seller Cette mer qui nous entoure (The Sea Around Us), publié en 1951, lui valut d’être reconnue comme écrivaine de talent, et lui apporta une sécurité financière. Son livre suivant, The Edge of the Sea, ainsi que la réédition de son premier livre, Under the Sea-Wind, furent aussi des succès. Considérée comme un tout, sa trilogie de la mer explore l’éventail de la vie marine, du littoral aux profondeurs. À la fin des années 1950, Carson se concentra sur la protection de l’environnement et sur les problèmes causés par les biocides de synthèse. Ceci la conduisit à publier Silent Spring (Printemps silencieux) en 1962 qui déclencha un renversement dans la politique nationale envers les biocides — conduisant à une interdiction nationale du DDT et d’autres pesticides. Le mouvement populaire que le livre inspira conduisit à la création de l’Environmental Protection Agency - Carson reçut à titre posthume la médaille présidentielle de la Liberté. Un prix international décerné aux défenseurs de l’environnement porte son nom, le Prix Rachel Carson, décerné depuis 1991… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rachel_Carson ].

Suite de l’article traduit

En 1974, les scientifiques ont découvert une autre menace environnementale mondiale majeure - le trou d’ozone dans l’Antarctique, qui présentait d’importants parallèles et différences avec l’histoire du changement climatique. Les chimistes Mario Molina et F. Sherwood Rowland, de l’université de Californie à Irvine, ont signalé que les produits chimiques chlorofluorocarbonés,

Voir :

[Effets des chlorofluorocarbones sur l’environnement et ... – Sénat ],

produits qui fuent utilisés dans des produits tels que les bombes aérosols et les réfrigérants, provoquaient une chaîne de réactions qui rongeaient la couche d’ozone protectrice de l’atmosphère. Le trou d’ozone qui en résulte, qui se forme au-dessus de l’Antarctique chaque printemps, permet à davantage de rayons ultraviolets du soleil de traverser l’atmosphère terrestre et d’atteindre la surface, où ils peuvent provoquer des cancers de la peau et des lésions oculaires.

Les gouvernements ont travaillé sous les auspices des Nations unies pour élaborer le protocole de Montréal de 1987, qui limite strictement la fabrication des chlorofluorocarbones. Dans les années qui ont suivi, le trou d’ozone a commencé à se résorber. Mais la lutte contre le changement climatique s’avère bien plus difficile. Il est beaucoup plus difficile de transformer des secteurs énergétiques entiers pour réduire ou éliminer les émissions de carbone que de remplacer un ensemble de produits chimiques industriels.

En 1980, cependant, les chercheurs ont franchi une étape importante en se regroupant pour synthétiser les connaissances scientifiques sur le changement climatique et les porter à l’attention des décideurs internationaux. Tout a commencé lors d’une petite conférence scientifique à Villach, en Autriche, sur la gravité du changement climatique. Dans le train qui le ramenait de la réunion, le météorologue suédois Bert Bolin a discuté avec d’autres participants de la nécessité d’une analyse plus large, plus approfondie et plus internationale. En 1988, un organisme des Nations unies appelé Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, a vu le jour. Bolin en a été le premier président.

Le GIEC est devenu un organisme très influent et unique en son genre. Il n’effectue aucune recherche scientifique originale ; au contraire, il synthétise et résume la vaste littérature de la science du climat à l’intention des décideurs politiques, principalement par le biais de rapports massifs publiés tous les deux ans. Le premier rapport du GIEC, publié en 1990, prévoyait que la température moyenne de la planète augmenterait plus rapidement au cours du siècle suivant qu’à tout autre moment au cours des 10 000 dernières années, en raison de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Les rapports du GIEC ont joué un rôle essentiel en fournissant des informations scientifiques aux nations qui discutent de la manière de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre. Ce processus a débuté avec le Sommet de la Terre de Rio en 1992, qui a débouché sur la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Les réunions annuelles de l’ONU consacrées au changement climatique ont débouché sur les premiers engagements internationaux en matière de réduction des émissions, à savoir le protocole de Kyoto de 1997. En vertu de ce protocole, les pays développés se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre. En 2007, le GIEC a déclaré que la réalité du réchauffement climatique était ’sans équivoque’. Le groupe a reçu le prix Nobel de la paix cette année-là, avec Al Gore, pour leur travail sur le changement climatique.

Le processus du GIEC a permis aux décideurs de disposer des meilleures données scientifiques lorsqu’ils se sont réunis pour discuter de la réduction des émissions. Bien entendu, les pays n’étaient pas tenus de respecter ces données scientifiques, et ils ne le faisaient pas toujours. Tout au long des années 2000 et 2010, les réunions internationales sur le climat ont moins porté sur la science pure que sur les questions d’équité. Des pays comme la Chine et l’Inde ont souligné qu’ils avaient besoin d’énergie pour développer leur économie et que les nations responsables de la majeure partie des émissions au cours de l’histoire, comme les États-Unis, devaient montrer la voie en matière de réduction des gaz à effet de serre.

Pendant ce temps, les habitants de certaines des nations les plus vulnérables, comme les îles de faible altitude menacées par l’élévation du niveau de la mer, ont gagné en visibilité et en influence dans les forums de négociation internationaux. ’Les questions d’équité ont toujours constitué un défi unique dans ce problème d’action collective’, explique Rachel Cleetus, experte en politique climatique auprès de l’Union of Concerned Scientists à Cambridge (Massachusetts).

En 2015, les nations du monde avaient fait quelques progrès dans la réduction des émissions prévue par le protocole de Kyoto, mais ce n’était toujours pas suffisant pour obtenir des réductions mondiales substantielles. Cette année-là, une conférence clé des Nations unies sur le climat, qui s’est tenue à Paris, a débouché sur un accord international visant à limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés C, et de préférence à 1,5 degré C, par rapport aux niveaux préindustriels.

Chaque pays a sa propre approche du défi que représente la lutte contre le changement climatique. Aux États-Unis, qui tirent environ 80 % de leur énergie des combustibles fossiles, des efforts sophistiqués pour minimiser et critiquer la science ont entraîné des retards importants dans l’action climatique. Pendant des décennies, les entreprises américaines de combustibles fossiles telles qu’ExxonMobil se sont efforcées d’influencer les politiciens pour qu’ils prennent le moins de mesures possible pour réduire les émissions.

La plus grande empreinte

Ces 20 nations ont émis les plus grandes quantités cumulées de dioxyde de carbone depuis 1850. Les émissions sont exprimées en milliards de tonnes métriques et sont ventilées en sous-totaux pour l’utilisation de combustibles fossiles et la fabrication de ciment (bleu) et pour l’utilisation des terres et la foresterie (vert).

Émissions totales de dioxyde de carbone par pays, 1850-2021

bar chart of total carbon dioxide emissions by country from 1850 to 2021 broken down by land use and fossil fuels for the top 20 countriesE. Otwell

Source : Analyse par Carbon Brief de chiffres provenant du Global Carbon Project, du CDIAC, de ‘Our World in Data’, de Carbon Monitor, de Houghton et Nassikas (2017) et de Hansis et al (2015).

Ces tactiques ont sans aucun doute réussi à alimenter le retard pris par les politiciens sur l’action climatique aux États-Unis, principalement par les Républicains. Le président George W. Bush a retiré le pays du protocole de Kyoto en 2001 ; Donald Trump a rejeté de la même manière l’accord de Paris en 2017.

En 2015 encore, le président de la commission de l’environnement du Sénat, James Inhofe, de l’Oklahoma, a apporté une boule de neige au Congrès par une froide journée d’hiver pour faire valoir que le réchauffement climatique d’origine humaine est un ’canular.’

En Australie, un mélange similaire de négationnisme de droite et d’intérêts liés aux combustibles fossiles a maintenu les engagements en matière de changement climatique dans le flou, les premiers ministres étant élus et démis de leurs fonctions au cours de débats houleux sur la manière dont la nation devrait agir sur le climat.

Pourtant, d’autres nations sont allées de l’avant. Certains pays européens, comme l’Allemagne, se sont lancés dans les énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire, tandis que des militants, comme l’adolescente suédoise Greta Thunberg, à l’avant-garde d’un mouvement de jeunesse, ont fait pression sur leurs gouvernements pour qu’ils fassent davantage.

Ces dernières années, les économies en développement de la Chine et de l’Inde ont occupé le devant de la scène dans les discussions sur l’action climatique. La Chine, qui est désormais le plus grand émetteur de carbone au monde, a déclaré en 2021 plusieurs mesures modérées de réduction des émissions, notamment qu’elle cesserait de construire des centrales électriques au charbon à l’étranger. L’Inde a annoncé qu’elle viserait des émissions nettes nulles d’ici 2070, la première fois qu’elle fixe une date pour cet objectif.

Pourtant, de telles promesses continuent d’être critiquées. Lors de la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui s’est tenue en 2021 à Glasgow, en Écosse, l’Inde a été critiquée dans le monde entier pour ne pas s’être engagée à éliminer complètement le charbon - alors que les deux principaux émetteurs, la Chine et les États-Unis, ne se sont pas eux-mêmes engagés à éliminer le charbon. ’Il n’y a aucune équité dans tout cela’, déclare Aayushi Awasthy, économiste de l’énergie à l’université d’East Anglia en Angleterre.

Le passé et l’avenir

Différents scénarios sur l’évolution des émissions de gaz à effet de serre aident les scientifiques à prévoir le changement climatique futur. Ce graphique montre la tendance historique simulée de la température ainsi que les projections futures d’augmentation des températures basées sur cinq scénarios du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Le changement de température est la différence par rapport à la moyenne de 1850-1900.

Évolution historique et projetée de la température mondiale

line graph showing future temperature change from the 1850–1900 average under various IPCC scenarios

E. Otwell - Source : IPCC Sixth Assessment Report 2021, CEDA/EDS/NERC

Faire face à l’avenir

Dans de nombreux cas, les changements surviennent plus rapidement que ce que les scientifiques avaient envisagé il y a quelques décennies. Les océans s’acidifient à mesure qu’ils absorbent du CO2, ce qui nuit aux minuscules organismes marins qui construisent des coquilles protectrices en carbonate de calcium et constituent la base de la chaîne alimentaire marine. Les eaux plus chaudes font blanchir les récifs coralliens. Les températures plus élevées poussent les espèces animales et végétales dans des zones où elles ne vivaient pas auparavant, ce qui augmente le risque d’extinction pour beaucoup d’entre elles.

Aucun endroit de la planète n’est épargné. Dans de nombreuses régions, la hausse des températures a entraîné de grandes sécheresses, qui assèchent la végétation et alimentent les incendies de forêt tels que ceux qui ont dévasté l’Australie, la Méditerranée et l’ouest de l’Amérique du Nord ces dernières années.

Il y a aussi l’Arctique, où les températures augmentent deux fois plus vite que la moyenne mondiale et où les communautés sont à l’avant-garde du changement. Le pergélisol dégèle, déstabilisant bâtiments, pipelines et routes. Les éleveurs de caribous et de rennes s’inquiètent du risque accru de parasites pour la santé de leurs animaux. La glace de mer étant moins disponible pour protéger la côte de l’érosion due aux tempêtes, le village inupiat de Shishmaref, en Alaska, risque de s’effondrer dans la mer. Il devra quitter son île de sable pour s’installer sur le continent.

Photo - L’érosion des plages a détruit cette maison à Shishmaref, en Alaska, en 2006 ; maintenant tout le village doit déménager à cause de l’élévation du niveau de la mer. Abdulhamid Hosbas/Agence Anadolu via Getty Images

Photo - Le changement climatique affecte de plus en plus la vie humaine et exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes. Des familles déplacées font la queue pour obtenir de l’eau en 2017 dans un camp de fortune à la périphérie de Baidoa, en Somalie, où des centaines de milliers de personnes ont fui la sécheresse. Tony Karumba/AFP via Getty Images

Photo - En juillet 2021, de fortes pluies et des crues soudaines en Europe ont rempli les rues de débris dans des villes comme Euskirchen, en Allemagne (illustré). Gabriel Bouys/AFP via Getty Images

’Nous savons que ces changements se produisent et que le Titanic est en train de couler’, déclare Louise Farquharson, géomorphologue à l’université d’Alaska Fairbanks, qui surveille le pergélisol et les changements côtiers en Alaska. Partout sur la planète, ceux qui dépendent d’écosystèmes intacts pour leur survie sont les plus menacés par le changement climatique. Et ceux qui ont le moins de ressources pour s’adapter au changement climatique sont ceux qui le ressentent en premier.

’Nous allons nous réchauffer’, déclare Claudia Tebaldi, climatologue au Lawrence Berkeley National Laboratory en Californie. ’Il n’y a aucun doute là-dessus. La seule chose que nous pouvons espérer faire est de nous réchauffer un peu plus lentement.’

C’est l’une des raisons pour lesquelles le rapport du GIEC publié en 2021 se concentre sur les niveaux anticipés du réchauffement climatique. Il y a une grande différence entre un réchauffement de la planète de 1,5 degré et un réchauffement de 2 degrés ou 2,5 degrés. Chaque fraction de degré de réchauffement augmente le risque d’événements extrêmes tels que les vagues de chaleur et les fortes pluies, ce qui entraîne une plus grande dévastation mondiale.

L’avenir dépend de la mesure dans laquelle les nations sont prêtes à s’engager à réduire les émissions et de leur volonté de respecter ces engagements. C’est un exercice d’équilibre géopolitique comme le monde n’en a jamais vu.

Photo - Les demandes d’action des jeunes en matière de climat n’ont fait que s’intensifier ces dernières années. Lors de la conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2021 à Glasgow, en Écosse, de jeunes militants ont demandé que les réunions sur le climat incluent les personnes les plus touchées par le réchauffement climatique. Ian Forsyth/Getty Images

La science peut et doit jouer un rôle à l’avenir. L’amélioration des modèles climatiques permettra d’éclairer les changements attendus à l’échelle régionale et aidera les responsables à se préparer. Les gouvernements et l’industrie ont également un rôle crucial à jouer. Ils peuvent investir dans des technologies, telles que la séquestration du carbone, pour aider à décarboniser l’économie et à orienter la société vers des sources d’énergie plus renouvelables.

D’énormes questions demeurent. Les électeurs ont-ils la volonté d’exiger de leurs gouvernements des transitions énergétiques significatives ? Comment les chefs d’entreprise et les dirigeants militaires peuvent-ils jouer un rôle plus important dans l’action en faveur du climat ? Quel doit être le rôle des sources d’énergie à faible teneur en carbone qui présentent des inconvénients, comme l’énergie nucléaire ? Comment les pays en développement peuvent-ils améliorer le niveau de vie de leur population sans devenir de gros émetteurs de gaz à effet de serre ? Comment empêcher les plus vulnérables de subir des dommages disproportionnés lors d’événements extrêmes et intégrer la justice environnementale et sociale dans notre avenir ?

Ces questions deviennent plus pressantes chaque année, à mesure que le dioxyde de carbone s’accumule dans notre atmosphère. Les niveaux de CO2 de la planète n’ont jamais été aussi élevés au cours des trois derniers millions d’années.

Lors de la réunion des Nations unies sur le climat qui s’est tenue à Glasgow en 2021, les diplomates du monde entier ont convenu de travailler de toute urgence à l’abandon des combustibles fossiles. Ils n’ont toutefois pas adopté d’objectifs suffisamment stricts pour maintenir le monde sous un réchauffement de 1,5 degré.

Cela fait bien plus d’un siècle que le chimiste Svante Arrhenius a reconnu les conséquences de l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Pourtant, le monde ne s’est pas mobilisé pour éviter les conséquences les plus dangereuses du changement climatique.

« Le temps presse ».

Une version de cet article a été publiée dans le numéro du 12 mars 2022 de la revue ‘Science News’. A version of this article appears in the March 12, 2022 issue of Science News.

About Alexandra Witze Twitter- Alexandra Witze is a contributing correspondent for Science News. Based in Boulder, Colo., Witze specializes in earth, planetary and astronomical sciences.

Alexandra Witze est correspondante pour ‘Science News’. Basée à Boulder, Colorado, elle est spécialisée dans les sciences de la Terre, des planètes et de l’astronomie.

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Source : https://www.sciencenews.org/article/climate-change-crisis-history-research-carbon-human-impact

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  • Ecologie Politique - « Incitative, radicale ou optimiste… L’écologie vue par cinq candidats à l’élection présidentielle » – Document ‘lemonde.fr’ – Contributions : Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Fabien Roussel, Valérie Pécresse et Philippe Poutou ont détaillé leurs mesures pour l’environnement, dimanche, sur la plate-forme Twitch - Publié le 13 mars 2022 à 20h44 - Mis à jour le 14 mars 2022 à 12h39
    Photo - A l’appel de nombreuses ONG et associations, plusieurs milliers de personnes se sont réunies à Paris pour une nouvelle marche pour le climat. Les manifestants ont relié la place de la Nation à celle de la République. BENJAMIN CARROT POUR « LE MONDE »

Le format du « grand oral », déjà choisi par de nombreuses organisations pour entendre les candidats à la présidentielle (comme sur la santé ou la sécurité), a aussi été retenu, dimanche 13 mars, par quatre ONG de protection de l’environnement. Elles ont fait défiler cinq des douze prétendants à l’Elysée sur la chaîne Twitch du streameur Jean Massiet, qui posait les questions avec Paloma Moritz, journaliste environnement chez Blast.

Ouvrant le bal des interventions, le candidat écologiste, Yannick Jadot, a rappelé une mesure centrale de son programme, à savoir la « règle d’or climatique », par laquelle « pas un euro d’argent public » ne sera soustrait au respect des exigences climatiques et de justice sociale. Les deux perspectives sont liées, a-t-il répété, dans la mesure où les conséquences des atteintes à l’environnement touchent d’abord les classes populaires, citant notamment la pollution de l’air et la « malbouffe », qui favorise des maladies comme le diabète ou l’obésité. D’ici à 2030, s’il accède à l’Elysée, « il y aura 5 millions de passoires énergétiques, liées aux familles les plus précaires de notre pays, qui auront été rénovées, ça veut dire qu’elles vivront avec 700 ou 800 euros de plus par an », a-t-il promis.

« Je ne dis pas que ça va être indolore »

En matière d’énergie, le candidat s’est livré à la promotion du photovoltaïque. Outre le reste de ses défauts, le nucléaire n’est pas un gage de souveraineté de la France, à ses yeux, dans la mesure où « notre uranium vient du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, sous tutelle russe ». « Je ne dis pas que ça va être indolore », a reconnu M. Jadot au sujet des réformes qu’il propose, mais « c’est faire des efforts qui vont nous permettre de mieux vivre ».

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Prenant la parole après le candidat écologiste, la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, s’est efforcée de lutter contre l’idée que « l’écologie est l’affaire d’un seul parti ». Elle s’est dite en faveur d’une écologie « de l’incitation », « pas décroissante », qui permette de continuer à créer de l’emploi.

Parmi les mesures qu’elle a mises en avant : demander aux loueurs de voitures de passer au tout-électrique en 2030, et développer une « filière française des batteries ». Elle a dit vouloir relancer de grands projets pour le train, TGV et lignes régionales : « Or, aujourd’hui, j’ai un certain nombre d’activistes qui disent “Ah non, il ne faut pas passer dans les champs, ah non, il ne faut pas couper un arbre”  », a-t-elle déploré, estimant qu’il faut « hiérarchiser les priorités ».

Elle a aussi mis l’accent sur le recyclage et le réemploi, avec l’objectif de recycler « 100 % des déchets ménagers d’ici à 2030 ». Elle propose enfin de récupérer et revaloriser les « 110 millions de téléphones usagés dans les tiroirs des Français », en proposant à leurs propriétaires 10 euros par appareil.

« Il va falloir produire plus de viande »

Fabien Roussel, le candidat communiste, n’a quant à lui pas fait mentir son slogan de campagne – « La France des jours heureux » – en assurant : « Nous sommes plutôt optimistes [dans mon équipe] » en matière de lutte contre le changement climatique. Le candidat a rappelé son ambition d’y consacrer 6 % du produit intérieur brut, soit 140 milliards d’euros. Plus concrètement, il dit vouloir rendre tous les transports collectifs urbains gratuits, mais aussi développer le fret ferroviaire et fluvial, à quoi il adjoindrait le développement des énergies renouvelables et du nucléaire.

Soucieux du pouvoir d’achat, M. Roussel a pourtant jugé indispensable de faire baisser le prix de l’essence. Pour lui, quand on dit aux plus modestes qu’ils « vont devoir se passer de leur voiture alors qu’ils n’ont pas d’autre choix que de l’utiliser dans la ruralité ou même parfois dans les métropoles, ils ne comprennent pas ».

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Au sujet de l’alimentation, il a dit vouloir 500 000 agriculteurs en France en 2030, dans des « exploitations familiales », ce qu’il obtiendrait en augmentant l’attractivité de la profession. Concernant la viande, il a appelé à « en manger moins, mais en manger mieux ». Par conséquent, « il va falloir produire plus de viande » en France de manière à réduire les importations. Le communiste s’est enfin dit favorable à la « démétropolisation », permettant de décongestionner les grandes villes, en travaillant sur la « répartition des entreprises » sur le territoire ou en aidant les petits villages à bâtir du logement à loyer modéré.

« Petite paysannerie »

De son côté, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, Philippe Poutou, a fait le lien entre le combat anticapitaliste et celui pour l’environnement. Il a parlé de « mettre en place une économie sous contrôle des salariés, sous contrôle public, sous contrôle de la population, de manière à maîtriser une politique énergétique, et puis tout ce qui peut relever des déplacements, du commerce ».

« Il faut se débarrasser de la culture productiviste », a-t-il poursuivi, en se donnant les moyens de mettre en place une « agriculture paysanne contrôlée par la petite paysannerie, y compris en discutant d’une sorte de coopération, de socialisation des terres, de manière à ce que des jeunes agriculteurs ou des moins jeunes puissent s’installer. » La « rupture totale » avec la logique productiviste « peut paraître utopique, mais nous, on pense que l’utopie, c’est de penser que ce capitalisme-là peut se réformer ou s’améliorer », a-t-il conclu.

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Dernière intervenante, Anne Hidalgo a développé un point de vue proche de celui de Yannick Jadot en soutenant que « l’écologie est sociale » et qu’« on ne réussira pas la transition si elle n’est pas juste ». La candidate socialiste a donc rappelé son désir de taxer davantage les multinationales, d’instaurer un ISF dont le produit financerait la protection de l’environnement, et de promouvoir un tribunal pénal international qui pourrait « sanctionner les crimes d’écocide ».

« Emmanuel Macron est le leader de ceux qui veulent que rien ne change », a-t-elle attaqué. La maire de Paris a décliné une série de mesures, dont des avances de frais assurées par la Caisse des dépôts et consignations pour les particuliers se lançant dans la rénovation thermique de leur logement, ou la réouverture de petites lignes de train. Elle a rappelé vouloir multiplier les bornes de recharge électriques et permettre aux Français modestes de s’équiper en voitures électriques grâce à un système de leasing concerté avec les constructeurs et les loueurs.

Sa philosophie, a-t-elle conclu, est celle de « l’économie de la vie, c’est-à-dire vers quelque chose d’utile, pas simplement au profit de quelques-uns qui pensent qu’ils s’en sortiront en allant sur Mars ou en se mettant dans des endroits de la planète où ils s’isoleraient de tout le reste ».

Le Monde - Daté du lundi 14 mars - Newsletters du monde Recevoir les newsletters du Monde - Abonnement Archives du Monde S’abonner-[FOOTER]-59-[Article]] Se connecter Consulter le Journal du jour Évenements abonnés Jeux-concours abonnés Contacter Le Monde

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Des centres d’accueil pour migrants d’un genre nouveau vont ouvrir à Calais

Source : https://www.lemonde.fr/climat/article/2022/03/13/incitative-radicale-ou-optimiste-l-ecologie-vue-par-cinq-candidats-a-l-election-presidentielle_6117367_1652612.html

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  • Écologie au pouvoir : les coulisses d’un désaveu. Avec Léo Cohen, Cécile Duflot et Justine Reix - Diffusé le 21/03/2022 par ‘France Culture « L’esprit d’ouverture » - À retrouver dans l’émission L’Invité(e) des Matins par Guillaume Erner – Enregistrement
    Comment expliquer que malgré l’unanimité à propos de l’urgence climatique et les effets d’annonce, pensons au “Make our planet great again”, premier slogan du président Macron lâché en 2017, l’écologie semble être le parent pauvre des politiques publiques ?

Photo - Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi 12 mars 2022 à travers la France pour la présence de l’urgence climatique dans la présidentielle• Crédits : FRED SCHEIBER - AFP

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Cela fait vingt ans qu’un président français, Jacques Chirac, a prononcé cette phrase. Depuis, la situation sur le front du réchauffement climatique ne semble pas s’être améliorée. En tout cas, la maison brûle toujours, selon les travaux les plus admis, ceux du GIEC par exemple. 

Le décalage entre l’urgence et l’action entreprise peut effrayer. Surtout, le décalage entre les effets d’annonce et l’action concrète, elle, peut paraître relever plus du gouffre que du petit fossé, et indigner.

L’État français a une institution censée endosser - entre autres choses - le rôle du pompier : le ministère de l’Ecologie. Vous savez, ce ministère dont chaque président, chaque gouvernement, depuis quelques années maintenant, assure qu’il sera central, que sa mission est rehaussée, comme ses moyens, que sa voix primera sur tout le reste, qu’il décidera et que l’intendance suivra… parce que ça n’est pas possible de laisser la maison brûler. Las, le retour sur expérience est unanime : les équipes du ministère achèvent leur mission avec un goût amer, celui de la frustration, de l’impuissance. La démission de Nicolas Hulot est restée emblématique, mais tous ceux passés par l’hôtel de Roquelaure depuis la création du ministère il y a cinquante ans le quittent avec le même constat : de toute part, j’ai été entravé. 

À tel point que les ONG de défense de l’environnement ont appris à ne plus attaquer trop frontalement les ministres chargés de l’écologie. Elles savent bien que pour ces derniers, entre l’obstruction des grands corps de l’État, l’ingérence des lobbys et des intérêts privés, les priorités des majorités gouvernementales et la pression électorale, la mission ressemble toujours à une mission impossible. 

A quoi est-ce dû ? Une incompatibilité originelle entre notre design institutionnel, notre organisation politique et la nature du défi environnemental ? Un manque de moyens ? Un désintérêt fondamental dans la haute administration et la classe politique ? Répondre à ces questions est devenu essentiel. 

Tags : Écologie politique EELV (Europe Écologie Les Verts) Élection présidentielle 2022 Cécile Duflot Politique

L’équipe – Production : Guillaume Erner - Production déléguée : Pauline Chanu - Avec la collaboration de Marie-Lys de Saint Salvy, Jules Crétois, Elodie Piel – Réalisation : Vivien Demeyère - Stagiaire : Caroline Payen, Delphine Lerner

Radio France

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Retrouvez nous sur : https://www.franceculture.fr/emissions/l-invite-e-des-matins/ecologie-au-pouvoir-les-coulisses-d-un-desaveu-avec-leo-cohen-cecile-duflot-et-justine-reix

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[En vidéo à écouter à la source) : Changement climatique : comment protéger nos villes des coups de chaleur ? Pour limiter les températures en milieu urbain lors des canicules estivales, il faut réfléchir à cette question dès la conception des aménagements, bâtiments d’habitation ou d’activité, voirie, plans de circulation, etc. Un programme d’études européen, Urban Fluxes, pose les jalons pour mieux construire les cités de demain. 

Le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) estime qu’avec une augmentation de la température globale du globe de 1,5 °C d’ici la fin du siècle par rapport au niveau préindustriel, la fréquence des épisodes de chaleur extrême sera multipliée par quatre ! Aux États-Unis, la chaleur est déjà le phénomène météo qui tue le plus depuis une trentaine d’années : de 1991 à 2020, la chaleur a causé la mort directe de 143 personnes par an en moyenne, suivie par les inondations, puis les tornades, les ouragans, la foudre, et enfin le froid et la neige. Dans ce pays, les épisodes de chaleur extrême ont d’ailleurs plus que doublé au cours des 40 dernières années.

Un indice thermique permet d’évaluer le risque pour le corps humain

Pour mesurer le degré d’inconfort lié à la chaleur et le risque sur la santé, les scientifiques utilisent deux indices : l’indice de chaleur (heat index) qui combine la température de l’air ambiant et l’humidité relative à l’ombre, mais aussi le wet bulb (température du thermomètre mouillé), un indice moins subjectif et plus précis. Le wet bulb caractérise la température la plus basse d’un objet ou corps qui se refroidit lorsque l’humidité s’évapore de celui-ci. Cet indice mesure tout simplement la faculté de notre corps à se refroidir grâce à la sudation lors d’un temps chaud et humide. L’idée est ensuite de définir à partir de quel niveau notre corps n’arrive plus à se refroidir : c’est à partir de ce niveau-là que le risque de mort devient réel.

À l’origine, le wet bulb était mesuré avec un simple thermomètre entouré d’un linge mouillé et exposé à l’air libre. Le thermomètre enregistrait alors la température au moment où l’eau s’évaporait du linge. De nos jours, cet indice est calculé à partir d’un équipement électronique dans les stations météo qui fonctionnent avec les données satellites. La Nasa utilise des instruments situés dans la Station spatiale Internationale, comme AIRS (Atmospheric Infrared Sounder) et ECOStress (ECOsystem Spaceborne Thermal Radiometer Experiment). L’organisme américain développe actuellement un nouveau projet, le SBG (Surface Biology and Geology mission) dans le but d’obtenir des données plus précises sur le processus d’évaporation de l’humidité.

En orange foncé, les zones qui ont connu un indice wet bulb élevé et dangereux entre 1979 et 2017. © Nasa

Illustration - En orange foncé, les zones qui ont connu un indice wet bulb élevé et dangereux entre 1979 et 2017. © Nasa 

Certaines régions du monde seront trop chaudes pour survivre dès 2050

Les scientifiques considèrent que l’indice wet bulb le plus élevé auquel un humain peut résister est 35 °C pendant six heures. Les enregistrements de la Nasa ont déjà relevé des wet bulbs au-dessus de 35 °C de nombreuses fois depuis 2005 : dans les régions subtropicales du Pakistan et du golfe Persique. Depuis 40 ans, la fréquence de ces wet bulbs extrêmement élevés a triplé. La majorité des régions chaudes et humides de la Planète ont un indice wet bulb qui n’excède en général par les 25 à 27 °C.

Les modèles de prévision climatiques de la Nasa tentent de déterminer les pays où l’indice wet bulb sera bientôt trop élevé pour survivre. Ce sera le cas du sud de l’Asie, du golfe Persique (Iran, Oman, Koweït), et des pays bordant la mer Rouge (Égypte, Arabie saoudite, Soudan, Éthiopie, Somalie, Yémen) dès 2050. L’est de la Chine, une partie de l’Asie du Sud et du Brésil devraient également dépasser régulièrement un indice wet bulb de 35 °C d’ici 2070. La Nasa prévoit le même sort pour certains États américains du midwest d’ici 50 ans, comme l’Arkansas, le Missouri et l’Iowa. Cependant, les chercheurs précisent que le risque de décès est présent même avec des indices plus bas que celui de 35 °C. Lors de la vague de chaleur de juin 2021 au nord-ouest des États-Unis et à l’ouest du Canada (1.400 morts estimés), le wet bulb n’a pas dépassé les 25 °C. L’indice témoigne en effet d’un danger pour la santé dès qu’il dépasse les 12 °C en dessous de la température corporelle normale, la température du corps se situant aux environs de 37 °C.

Lien externe : Too Hot to Handle : How Climate Change May Make Some Places Too Hot to Live

Définitions associées :

Ce que ’inondation’ veut dire

Qu’est-ce que ’réchauffement climatique’ veut dire ?

Le giec, c’est quoi ?

Ce que ’climat’ veut dire

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PlanèteIl y a eu 69 méga-éruptions volcaniques durant le dernier âge glaciaire !

omètre’ ?

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Les articles étiquetés « CLIMAT » et postés antérieurement sur ISIAS sont à retrouver à partir de ce site : https://isias.lautre.net/spip.php?page=recherche&recherche=climat

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Collecte des documents, agencement, traductions, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 21/03/2022

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Racines et impacts de la crise climatique points de vue territoires inhabitables en 2050 .7.docx

Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin du site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti, géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr - Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103

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