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"Réchauffement caché par ExxonMobil, ’téléconnexions’ intercontinentales par effet papillon, boucles de rétroaction amplificatrices : actions visant la neutralité carbone, interrogations sur biochar et géo-ingénierie solaire" par Jacques Hallard

lundi 20 février 2023, par Hallard Jacques



ISIAS Climat Neutralité carbone Biochar Géo-ingénierie

Réchauffement caché par ExxonMobil, ’téléconnexions’ intercontinentales par effet papillon, boucles de rétroaction amplificatrices : actions visant la neutralité carbone, interrogations sur biochar et géo-ingénierie solaire

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 20/02/2023

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire {{}}Auteur


Préambule – Humour et définitions

https://www.tribune-hebdo.fr/wp-content/uploads/2022/06/CLIN-DOEIL-S26-HEBDO-ORLEANS.jpg

Le clin d’œil, mercredi 29 juin 2022- Source

https://www.eurogroupconsulting.com/wp-content/uploads/2020/07/00562954m_euro_iconovox.jpg

Énergie bas carbone, renouvelable, verte ou propre : un débat purement sémantique ? – Voir les détails dans ce dossier


Définitions

Biochar - Le biochar est un amendement du sol issu de la pyrolyse de biomasse. Il est utilisé en agriculture pour augmenter la qualité des sols, et donc leur productivité ; il est également utilisé dans la ... Wikipédia - Le biochar, qui prend la forme d’une poudre noire, est obtenu à partir de résidus de matière organique qui sont chauffés à une température de 500 °C à 600 °C par pyrolyse, en l’absence d’oxygène pour éviter leur combustion (ce qui émettrait du CO2)...

Boucles de rétroaction (climat) ou rétroaction climatique  : c’est le phénomène par lequel un effet sur le climat agit en retour sur ses causes d’une manière qui peut le stabiliser ou au contraire l’amplifier. Dans le premier cas on parle de rétroaction négative (s’opposant à l’effet) dans le second, de rétroaction positive (renforçant l’effet), ce qui peut conduire à un emballement. Ce phénomène est important pour comprendre le réchauffement climatique car ces rétroactions peuvent amplifier ou atténuer l’effet de chaque forçage climatique et jouent donc un rôle important dans la détermination de la sensibilité climatique et les projections sur le climat futur2,3. Le terme « forçage » signifie un changement qui peut « pousser » le système climatique dans le sens du réchauffement ou du refroidissement4. Un exemple de forçage climatique est l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.. ; » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9troaction_climatique

Exemple - Le réchauffement climatique provoque la fonte du pergélisol qui elle-même accentue le réchauffement climatique et ainsi de suite, il s’agit d’une boucle rétroactive : à mesure que le réchauffement planétaire s’intensifie, le pergélisol des hautes latitudes dégèle, ce qui entraîne la libération du dioxyde de carbone ...

Géo-ingénierie – La géoingénierie ou géo-ingénierie est l’ensemble des techniques qui visent à manipuler et modifier le climat et l’environnement de la Terre et par extension d’une planète en première intention et à grande échelle. L’objectif est généralement correctif, plus que préventif (le préventif relevant plutôt du génie écologique et de l’écoconception). Elle ne doit pas être confondue avec la géoingénierie du sous-sol (mines)… - Source - La géo-ingénierie solaire ou gestion du rayonnement solaire, est très hypothétique et contestée : un principe dans lequel le rayonnement solaire est réfléchi dans l’espace pour limiter le réchauffement climatique. Wikipédia

Neutralité carbone - En climatologie et en matière de politique climatique, la neutralité carbone, à l’intérieur d’un périmètre donné, est un état d’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine et leur retrait de l’atmosphère par l’homme ou de son fait. Wikipédia

Téléconnexions - La télé-corrélation atmosphérique (téléconnexion par calque de l’anglais) est un concept en météorologie et en océanographie qui consiste à établir des corrélations significatives entre des événements ou des variations climatiques qui surviennent dans des régions souvent éloignées de plusieurs milliers de kilomètres et sans liaison apparente. La plus connue relie la pression au niveau de la mer entre Tahiti et Darwin en Australie, qui définit le rapport de l’oscillation australe, et l’apparition du phénomène du El Niño dans ce qui est nommé la relation El Niño – Oscillation australe (ENSO)… - Source

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Introduction

Ce dossier, conçu pour un usage didactique, commence par un brin d’humour et quelques définitions préalables.

Les actualités reviennent sans cesse sur l’épineux et crucial sujet du climat et de ses dérèglements constatés. Selon Jean Jouzel, coauteur de rapports du GIEC, c’est clair ; « Climat, méga feux, canicules : ce qui est sûr (et ce qui reste incertain) » - Par Rose Lukacsi 17 février 2023 – « Jean Jouzel, coauteur de rapports du GIEC et d’un livre éclairant, décrypte les scénarios climatiques futurs… - Toujours plus chaud, plus sec… Comment faire face ? Réaménager les zones vulnérables ? Coauteur de rapports du GIEC et d’un livre éclairant, le climatologue Jean Jouzel prépare le terrain. En plus des canicules estivales, l’Europe devra désormais s’habituer aussi aux chaleurs hivernales : des records de douceur ont été battus fin décembre 2022 et début janvier 2023 sur le Vieux Continent. En France métropolitaine, l’année 2022 a été de très loin la plus chaude jamais enregistrée (avec 14,5°C de température moyenne annuelle) et l’une des plus sèches (avec un déficit pluviométrique moyen record de quelque 25%)… - Source pour l’article complet : https://madame.lefigaro.fr/societe/actu/climat-mega-feux-canicules-ce-qui-est-sur-et-ce-qui-reste-incertain-selon-jean-jouzel-coauteur-de-rapports-du-giec-20230217

On comprend pourquoi – à propos du « Climat : des scientifiques (sont) tentés par la radicalité » – Entretien avec Audrey Garric publié par le journal ‘Le Monde’ le vendredi 27 janvier 2023 – Rubrique Planète page 18 : « Malgré les risques pour leur carrière, certains chercheurs rejoignent des actions de désobéissance civile…).

« Le climat face au piège du ‘technosolutionnisme’ » - C’est par une réduction des émissions de gaz à effet de serre et un changement de nos modes de vie, plutôt que par d’hypothétiques solutions de géo-ingénierie que passera la lutte contre le dérèglement climatique, affirme Théodore Tallent, doctorant à ‘Sciences-Po’, dans le journal ‘Le Monde’ daté du jeudi 1é janvier 2023 (Rubrique ‘Idées’ page 27)…

Donc … ce qu’il faudrait notamment faire …« Pour atteindre la neutralité carbone, il faut manger beaucoup moins de viande » - L’impact climatique de la viande, à l’échelle mondiale, impose de repenser la production agricole et le contenu de nos assiettes, explique dans un entretien avec Carine Barbier au ‘Monde’ » - Il est rappelé notamment que « 1 kg e bœuf va émettre à peu près 14 kg de gaz à effet de serre ; 1 kg de porc, 4 kg ; et la volaille, à peu près 2 kg… »

Ce dossier s’appuie principalement sur un rappel des premières suspicions concernant le réchauffement planétaire par la compagnie pétrolière ExxonMobil, et sur deux études états-uniennes qui établit que les ’téléconnexions’ climatiques pourraient relier les sécheresses et les incendies entre les continents et sur de nouvelles recherches qui pourraient aider les pays à prévoir et à collaborer pour faire face aux périodes de sécheresse et aux incendies, d’une part, et sur boucles de rétroaction qui rendent les actions en matière d’atténuation des dérèglements climatiques encore plus urgentes, d’autre part.

D’où l’élaboration de mesures visant une certaine neutralité carbone à un temps le plus rapproché possible. En France, le sujet est abordé par le gouvernement par la loi énergie-climat qui est définie et proposée comme « un équilibre, sur le territoire national, entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre ». Concrètement, des aides gouvernementales à la rénovation énergétique des logements ont été instituées en 2023 : un point est indiqué à la date de fin décembre 2022. Cette stratégie – désignée comme ‘bas-carbone’ – ouvre un débat purement sémantique sur diverses qualifications telles que : énergies renouvelables, énergies vertes ou énergies propres…

L’un des thèmes qui revient sans cesse face à la ‘crise énergétique’, concerne ce qu’il convient d’appeler les passoires thermiques en France : les propositions pour des rénovations énergétiques qu’il faut mettre en place, sont rappelées et celles-ci apparaissent pour certains propriétaires et copropriétaires « d’une complexité administrative colossale’ pour bénéficier des aides de l’État…

En vue de la transition énergétique, des initiatives importantes sont prises, comme à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, où « un laboratoire géant des transformations de notre civilisation carbonée » se met en place…

Puis sont abordées à travers plusieurs articles sélectionnés, deux notions qui font l’objet de controverses :

* La production et l’emploi du biochar : à la fois puits de carbone et sources d’énergie, le biochar est-il recommandable ?

* Les techniques de géo-ingénierie solaire pour manipuler le climat, qui semblent constituer des opérations incertaines et à gros risques pour l’environnement !

Une annexe est ajoutée sur « l’effet papillon »… et sur ce qui se cache derrière la théorie du chaos…

Les documents choisis pour ce dossier sont indiqués en détails avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

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Sommaire

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  • La compagnie pétrolière ExxonMobil avait prévu le réchauffement avec une précision inégalée (et l’a caché) - Par Maëlle Roudaut - 12/01/2023 20:00 – Document ‘huffingtonpost.fr’ Environnement
    Grâce à ses experts et ses études internes, le géant pétrolier ExxonMobil avait des connaissances exactes sur le changement climatique, dès les années 70. Pourtant, le groupe a largement nié le changement climatique.

Climat - Ils savaient depuis le début, et n’ont rien dit. En 1977, dans les bureaux américains du géant pétrolier ExxonMobil, des experts travaillaient déjà sur le changement climatique. Qui plus est, leurs calculs étaient excellents et leurs connaissances très précises. C’est ce que révèle une nouvelle étude, publiée dans la revue Science mercredi 11 janvier, qui risque d’avoir de lourdes conséquences pour l’entreprise, déjà attaquée en justice pour avoir nié le changement climatique pendant des décennies.

En 2015 déjà, des journalistes d’investigation découvraient et rendaient des documents internes à l’entreprise : ils qui indiquaient clairement que la compagnie pétrolière connaissait, depuis la fin des années 1970, le lien entre production de combustibles fossiles et réchauffement de la planète. Exxon savait que ses activités allaient avoir des effets néfastes sur l’environnement… Mais jusqu’à quel point ?

Parmi ces documents mis au jour, une montagne de graphiques et de données, que des scientifiques de l’université d’Harvard ont décidé d’étudier de près. Leur rapport répond à la question suivante : « Que savaient exactement les compagnies pétrolières et gazières, et dans quelle mesure leurs connaissances se sont-elles révélées exactes ? ». La réponse a de quoi choquer.

Des prédictions précises, très proches des observations actuelles

Les chercheurs ont ainsi superposé les prédictions climatiques d’ExxonMobil et la trajectoire climatique actuelle. Le résultat est saisissant : les courbes se suivent de très près, donnant aux analyses prévisionnelles une précision presque sans égal à l’époque. « Nous constatons que la plupart de leurs projections prévoient avec précision un réchauffement conforme aux observations ultérieures », conclut le rapport.

L’étude constate que 10 des 16 projections climatiques d’Exxon sont conformes aux températures observées par la suite. Sur les six projections restantes, deux prévoient un réchauffement supérieur à celui observé, et quatre un réchauffement inférieur.

Photo

Les courbes des prédictions d’Exxon Mobile sont très proches des données climatiques enregistrées ces dernières décennies. Extrait de l’étude « Assessing ExxonMobil’s global warming projections », Supran et Al.

Selon l’étude, les projections modélisées par les scientifiques d’ExxonMobil avaient un « score de compétence » moyen de 72 %. « Ce score indique des prédictions très habiles » précisent les scientifiques. À titre de comparaison, les prévisions de réchauffement climatique du Dr James Hansen, scientifique à la NASA, présentées au Congrès américain en 1988, avaient des scores de compétence allant de 38 % à 66 %.

Exxon avait quinze ans d’avance sur les experts indépendants du climat

Et ce n’est pas tout : non seulement le géant pétrolier avait connaissance du réchauffement climatique, mais il savait aussi qu’il était dû à la combustion énergies fossiles, et avait même établi un « budget carbone » fiable qui aurait pu permettre de maintenir le réchauffement en dessous de 2 °C. Les experts du groupe avaient même prédit avec précision la date à laquelle le changement climatique serait discernable.

Au début des années 80, les chercheurs employés par le pétrolier avaient estimé que le réchauffement climatique causé par l’homme serait détectable pour la première fois plus ou moins cinq autour de l’année 2000. C’est exactement ce qu’il s’est passé. En 1995, le GIEC a déclaré qu’un effet humain sur les températures mondiales avait été détecté, une conclusion qu’il a réitérée avec une confiance accrue en 2000 et dans tous ses rapports d’évaluation ultérieure. Exxon avait quinze ans d’avance sur les experts indépendants du climat.

Informé, le géant pétrolier a continué de nier le changement climatique

« Le groupe pétrolier en savait autant que les scientifiques universitaires et gouvernementaux. Mais alors que ces scientifiques s’efforçaient de communiquer ce qu’ils savaient, ExxonMobil s’efforçait de le nier » constate l’étude de Supran and al. La stratégie d’Exxon a en effet été - comme le dit un mémo interne de 1988 - de « souligner l’absence de certitude dans les conclusions scientifiques concernant l’augmentation potentielle de l’effet de serre ».

Exagérer les incertitudes, dénigrer les modèles climatiques, minimiser l’impact de combustibles fossiles, faire croire au concept de « refroidissement global », garder le silence sur ses propres résultats… voici donc la technique de communication mise en place par le géant du pétrole, alors qu’il avait des connaissances précises sur le sujet.

Ainsi, Lee Raymond, PDG d’ExxonMobil, écrivait en 2000 : « Nous n’avons pas aujourd’hui une compréhension scientifique suffisante du changement climatique pour faire des prédictions raisonnables et/ou justifier des mesures drastiques… La science du changement climatique est incertaine… ». En 2001, un communiqué de presse d’ExxonMobil disait d’un célèbre graphique montrant le dérèglement climatique anthropique : « Les marges d’erreur sont énormes, pourtant certains préfèrent les ignorer ».

En 2005, Lee Raymond a déclaré lors d’une interview télévisée : « Il y a une variabilité naturelle qui n’a rien à voir avec l’homme. Cela a à voir avec les taches solaires, avec l’oscillation de la Terre. » Avant d’ajouter : « Il y a beaucoup de scientifiques qui ne sont pas d’accord avec la National Academy et le GIEC ». Quel étonnement alors de découvrir dans cette nouvelle étude que les résultats d’Exxon correspondent de près à ceux du GIEC. On est proche, tout proche de la fake news pure et simple, au point de forcer le groupe à justifier son discours devant un tribunal.

ExxonMobil devant la justice pour « dénis climatique »

Dans la continuité du mouvement « #ExxonKnew » (« Exxon savait ») qui dénonce le déni du groupe pétrolier sur les réseaux sociaux depuis 2015, plusieurs villes, comtés et États américains ont lancé des dizaines de procédures accusant l’entreprise. Ils lui reprochent d’avoir induit ses actionnaires en erreur et d’être responsable de dommages climatiques conséquents.

Climate activists protest on the first day of the Exxon Mobil trial outside the New York State Supreme Court building on October 22, 2019 in New York City. - Charges that Exxon Mobil misled investors on the financial risks of climate change will be heard in court after a New York judge gave the green light for a trial. (Photo by Angela Weiss / AFP)Manifestation - Photo ANGELA WEISS / AFP

Des militants pour le climat protestent le premier jour du procès d’Exxon Mobil devant le bâtiment de la Cour suprême de l’État de New York, le 22 octobre 2019 à New York.

La commission de la Chambre des représentants des États-Unis a notamment réclamé en 2021 des documents et témoignages à ExxonMobil dans le cadre d’une enquête en cours sur « l’effort coordonné de l’industrie des combustibles fossiles pour diffuser la désinformation » sur le changement climatique. Des reproches similaires sont par ailleurs faits à l’entreprise pétrolière française Total, qui savait depuis 1971 que ses activités avaient des conséquences néfastes sur le climat.

Cette nouvelle étude, c’est donc « le coup de grâce pour les affirmations d’ExxonMobil selon lesquelles elle a été faussement accusée de malfaisance climatique » estime Geoffrey Supran, qui en est l’auteur principal. Du moins, elle apporte des éléments quantitatifs inédits au dossier de l’entreprise, qui pourraient jouer contre le géant du pétrole.

À voir également sur Le HuffPost - Lire aussi :

À la Cop27, Patrick Pouyanné interpellé par des militants

« Climat, la part d’incertitude » : pourquoi ce livre climatosceptique est promu dans les gares

Etats-Unis Pétrole Énergies International Environnement - Maëlle Roudaut

Les sites du groupe : Le Monde Courrier International Télérama L’Obs La Vie Le Monde diplomatique

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Fichier:Le Huffington Post 2017.svg — Wikipédia

Source : https://www.huffingtonpost.fr/environnement/video/cette-compagnie-petroliere-avait-prevu-le-rechauffement-avec-une-precision-inegalee-et-l-a-cache_212606.html?xtor=EPR-5689964-[daily]-20230113

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  • Les ’téléconnexions’ climatiques pourraient relier les sécheresses et les incendies entre les continents - De nouvelles recherches pourraient aider les pays à prévoir et à collaborer pour faire face aux périodes de sécheresse et aux incendies – Traduction du 17 février 2023 par Jacques Hallard d’un article de Nikk Ogasa, daté du 13 février 2023, publié par ‘sciencenews.org’ et intitulé Climate ‘teleconnections’ may link droughts and fires across continents  ; référence : https://www.sciencenews.org/article/climate-teleconnections-droughts-fires

    An opaque photo of a wildfire overtop an opaque satellite image of Africa.

Une photo opaque d’un feu de forêt surplombe une image satellite opaque de l’Afrique. Le modèle climatique El Niño dans l’océan Pacifique équatorial entraîne généralement une diminution des précipitations et une augmentation de la fréquence des feux de forêt en Afrique tropicale (voir l’illustration). Centre de vol spatial Goddard de la NASA.

Selon deux nouvelles études, les schémas climatiques à grande échelle, qui peuvent avoir un impact sur la météo à des milliers de kilomètres, pourraient contribuer à synchroniser les sécheresses multi-continentales et à attiser les feux de forêt dans le monde.

Ces profonds schémas, appelés ‘téléconnexions’ climatiques, se présentent généralement sous la forme de phases récurrentes qui peuvent durer de quelques semaines à plusieurs années.
’Il s’agit d’une sorte d’effet papillon complexe [voir en annexe], dans la mesure où les phénomènes qui se produisent à un endroit ont de nombreux dérivés très loin de là’, explique Sergio de Miguel, spécialiste des écosystèmes à l’université espagnole de Lleida et à l’unité mixte de recherche CTFC-Agrotecnio de Solsona, en Espagne.

Des sécheresses majeures surviennent à peu près au même moment dans les points chauds du globe, et les principales ‘téléconnexions’ climatiques de la planète pourraient être à l’origine de cette synchronisation, indiquent les chercheurs dans une étude. Qui plus est, ces schémas profonds peuvent également réguler l’embrasement de plus de la moitié de la surface brûlée sur Terre chaque année, rapportent Sergio de Miguel et ses collègues dans l’autre étude.

Selon les chercheurs, cette recherche pourrait aider les pays du monde entier à prévoir et à collaborer pour faire face aux sécheresses et aux incendies généralisés.

L’oscillation australe El Niño, ou ENSO, est peut-être la ‘téléconnexion’ climatique la plus connue (SN : 8/21/19). L’ENSO comprend des phases durant lesquelles des vents alizés affaiblis provoquent l’accumulation d’eaux de surface chaudes dans l’est de l’océan Pacifique tropical, appelées El Niño, et des phases opposées d’eaux tropicales plus froides, appelées La Niña.

[Addenda – « El Niño – Oscillation australe, ou ENSO (acronyme de El Niño – Southern oscillation, composé à partir des termes El Niño et Southern Oscillation (« oscillation australe »)), est un phénomène climatique et océanographique reliant le phénomène climatique El Niño et l’oscillation australe de la pression atmosphérique. Bien que les masses d’air des deux hémisphères soient relativement isolées l’une de l’autre, le rythme décennal des fluctuations atmosphériques de l’hémisphère nord affecte le climat de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie, mais aussi le climat de l’hémisphère sud et notamment de l’immense région du Pacifique1,2. Il a un lien important avec certains cycles écologiques, marins notamment3, et continentaux, via les modifications de pluviométrie qu’il peut engendrer4,5. Ces modifications importantes de pluviométrie peuvent expliquer ou aggraver certains phénomènes de désertification, de sécheresses et salinisation des sols dans l’hémisphère sud. L’ENSO semble aussi entretenir un lien de causalité, ou des interactions fortes, avec un phénomène sans précédent de réchauffement des eaux de surface de l’Est de l’océan Pacifique6… » -

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Indice d’oscillation australe corrélé à la pression moyenne au niveau de la mer. Lire l’article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/El_Ni%C3%B1o_%E2%80%93_Oscillation_australe

Suite de l’article traduit >

Des recherches antérieures ont prédit que le changement climatique, causé par l’Homme’ provoquera des sécheresses plus intenses et aggravera la saison des feux de forêt dans de nombreuses régions (SN : 3/4/20). Mais peu d’études ont examiné comment les variations climatiques à plus court terme – les ’téléconnexions’ - influencent ces événements à l’échelle mondiale. Selon le climatologue Ashok Mishra, de l’université de Clemson en Caroline du Sud, de tels travaux pourraient aider les pays à améliorer leurs prévisions et à partager leurs ressources.

Dans l’une des nouvelles études, Ashok Mishra et ses collègues ont exploité des données sur les conditions de sécheresse de 1901 à 2018. Ils ont utilisé un ordinateur pour simuler l’histoire de la sécheresse dans le monde sous la forme d’un réseau d’événements de sécheresse, en établissant des liens entre les événements qui se sont produits à moins de trois mois d’intervalle.

Les chercheurs ont identifié les principaux points chauds de la sécheresse dans le monde, c’est-à-dire les endroits où les sécheresses avaient tendance à apparaître simultanément ou en l’espace de quelques mois seulement. Ces points chauds comprenaient l’ouest et le ‘midwest’ des États-Unis, l’Amazonie, le versant oriental des Andes, l’Afrique du Sud, les déserts d’Arabie, le sud de l’Europe et la Scandinavie.

’Quand il y a une sécheresse dans une région, il y a une sécheresse dans d’autres’, explique le climatologue Ben Kravitz, de l’université d’Indiana à Bloomington, qui n’a pas participé à l’étude. ’Si cela se produit en même temps, cela peut affecter des choses comme le commerce mondial, la distribution de l’aide [humanitaire], la pollution et de nombreux autres facteurs.’

Une analyse ultérieure des températures de surface de la mer et des modèles de précipitations, a suggéré que des ‘téléconnexions’ climatiques majeures étaient à l’origine de la synchronisation des sécheresses sur des continents distincts, rapportent les chercheurs le 10 janvier dans Nature Communications. Le phénomène El Niño est apparu comme le principal moteur des sécheresses simultanées qui ont touché certaines parties de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et de l’Australie. On sait que le phénomène ENSO exerce une influence considérable sur les régimes de précipitations (SN : 16/04/20). Cette découverte est donc ’une bonne validation de la méthode’, déclare M. Kravitz. ’Nous nous attendions à ce que cela apparaisse’.

Synchronisation

Les ‘téléconnexions’ climatiques telles que l’oscillation australe El Niño peuvent influencer l’apparition de sécheresses à peu près au même moment dans les points chauds du globe. Ces points chauds sont représentés sur cette carte en rouge, les teintes plus foncées indiquant les zones plus sujettes à la synchronisation des sécheresses.

Où se trouvent les points chauds de la sécheresse

Carte du monde montrant les points chauds de la sécheresse en rouge dans certaines parties de l’Australie, de l’Afrique et de l’Amérique du Sud.

A world map showing drought hot spots in red throughout portions of Australia, Africa and South America.

Dans la deuxième étude, publiée le 27 janvier dans ‘Nature Communications’, M. de Miguel et ses collègues ont examiné comment les ‘téléconnexions’ climatiques influent sur la quantité de terres brûlées dans le monde. Les chercheurs savaient que les régimes climatiques peuvent influencer la fréquence et l’intensité des incendies de forêt. Dans la nouvelle étude, les chercheurs ont comparé les données satellitaires sur les surfaces brûlées dans le monde de 1982 à 2018 avec les données sur la force et la phase des principales ‘téléconnexions’ climatiques du globe.

Les variations dans le schéma annuel de la superficie brûlée s’alignaient fortement avec les phases et la portée des ‘téléconnexions’ climatiques. Au total, ces modèles climatiques régulent environ 53 % des terres brûlées dans le monde chaque année, a constaté l’équipe. Selon M. de Miguel, les ‘téléconnexions’ influencent directement la croissance de la végétation et d’autres conditions telles que l’aridité, l’humidité du sol et la température, qui favorisent les incendies.

La ‘téléconnexion’ de l’Atlantique Nord tropical, un modèle de changement des températures de surface de la mer juste au nord de l’équateur dans l’océan Atlantique, a été associée à environ un quart de la superficie brûlée dans le monde, ce qui en fait le moteur le plus puissant des incendies dans le monde, en particulier dans l’hémisphère Nord.

Ces chercheurs montrent que les cicatrices laissées par les incendies de forêt dans le monde sont liées à ces ‘téléconnexions’ climatiques, ce qui est très utile, selon M. Stevenson. ’Des études comme celle-ci peuvent nous aider à préparer la manière dont nous pourrions élaborer des plans internationaux à plus grande échelle pour faire face à des événements qui touchent plusieurs endroits à la fois’.

Citations

A. Cardil et al. Climate teleconnections modulate global burned area. Nature Communications. Vol. 14, January 26, 2023. doi : 10.1038/s41467-023-36052-8.

S. Mondal et al. Global droughts connected by linkages between drought hubs. Nature Communications. Vol. 14, January 10, 2023. doi : 10.1038/s41467-022-35531-8.

B. Cook, J.S. Mankin and K.J. Anchukaitis. Climate change and drought : From past to future. Current Climate Change Reports. Vol. 4, May 12, 2018, p. 164. doi : 10.1007/s40641-018-0093-2.

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Nikk Ogasa

About Nikk Ogasa E-mailTwitter- Nikk Ogasa is a staff writer who focuses on the physical sciences for Science News. He has a master’s degree in geology from McGill University, and a master’s degree in science communication from the University of California, Santa Cruz.

Nikk Ogasa est un rédacteur spécialisé dans les sciences physiques pour Science News. Il est titulaire d’une maîtrise en géologie de l’université McGill et d’une maîtrise en communication scientifique de l’université de Californie à Santa Cruz.

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Source de l’article traduit : https://www.sciencenews.org/article/climate-teleconnections-droughts-fires

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  • Les boucles de rétroaction rendent l’action climatique encore plus urgente, selon les scientifiques – Traduction du 20 février 2023 par Jacques Hallard d’un article du 17 février 2023 publié par ‘sciencedaily.com’ sous le titre « Feedback loops make climate action even more urgent, scientists say » - Référence : https://www.sciencedaily.com/releases/2023/02/230217120546.htm
    Origine : Université d’État de l’Oregon aux Etats-Unis

Résumé :

Des chercheurs ont identifié 26 accélérateurs du réchauffement climatique connus sous le nom de boucles de rétroaction amplificatrices qui, selon les chercheurs, ne sont pas correctement inclus dans les modèles climatiques. Ils notent que les résultats ajoutent de l’urgence à la nécessité de répondre à la crise climatique et fournissent une feuille de route aux décideurs politiques visant à éviter les conséquences les plus graves du réchauffement de la planète.

Texte complet

Une collaboration internationale dirigée par des scientifiques de l’Oregon State University a identifié 27 accélérateurs du réchauffement climatique connus sous le nom de boucles de rétroaction amplificatrices, dont certains qui, selon les chercheurs, pourraient ne pas être entièrement pris en compte dans les modèles climatiques.

Ils notent que les résultats, publiés aujourd’hui dans la revue One Earth, ajoutent de l’urgence à la nécessité de répondre à la crise climatique et fournissent une feuille de route aux décideurs politiques visant à éviter les conséquences les plus graves du réchauffement de la planète.

En climatologie, les boucles de rétroaction amplificatrices sont des situations où une altération causée par le climat peut déclencher un processus qui provoque encore plus de réchauffement, ce qui à son tour intensifie l’altération.

Un exemple serait le réchauffement dans l’Arctique, entraînant la fonte de la glace de mer, ce qui entraîne un réchauffement supplémentaire car l’eau de mer absorbe plutôt que réfléchit le rayonnement solaire.

Christopher Wolf, chercheur postdoctoral du Collège de foresterie de l’OSU, et le professeur distingué William Ripple ont dirigé l’étude, qui a examiné en tout 41 réactions au changement climatique.

’Bon nombre des boucles de rétroaction que nous avons examinées augmentent considérablement le réchauffement en raison de leur lien avec les émissions de gaz à effet de serre’, a déclaré Wolf. ’À notre connaissance, il s’agit de la liste la plus complète disponible de boucles de rétroaction climatique, et toutes ne sont pas pleinement prises en compte dans les modèles climatiques. Il est urgent de poursuivre les recherches et la modélisation et d’accélérer la réduction des émissions.’

Le document lance deux appels à l’action pour des réductions ’immédiates et massives’ des émissions :

  • Minimiser le réchauffement à court terme étant donné que des ’catastrophes climatiques’ sous forme d’incendies de forêt, d’inondations côtières, de dégel du pergélisol, de tempêtes intenses et d’autres conditions météorologiques extrêmes se produisent déjà.
  • Atténuer les menaces majeures potentielles qui se profilent à partir des points de basculement climatiques qui se rapprochent de plus en plus en raison de la prévalence des nombreuses boucles de rétroaction amplificatrices. Un point de basculement est un seuil après lequel un changement dans une composante du système climatique devient auto-perpétuant.
    ’Des changements transformateurs et socialement justes dans l’énergie et les transports mondiaux, la pollution atmosphérique de courte durée, la production alimentaire, la préservation de la nature et l’économie internationale, ainsi que des politiques démographiques basées sur l’éducation et l’égalité, sont nécessaires pour relever ces défis à court et à long terme’, a déclaré Ripple. ’Il est trop tard pour prévenir pleinement la douleur du changement climatique, mais si nous prenons rapidement des mesures significatives, tout en donnant la priorité aux besoins humains fondamentaux et à la justice sociale, il pourrait encore être possible de limiter les dommages.’

Ripple, Wolf et ses co-auteurs de l’Université d’Exeter, de l’Institut de recherche sur l’impact climatique de Potsdam, du Woodwell Climate Research Center et de Terrestrial Ecosystems Research Associates, ont examiné les rétroactions biologiques et physiques.

Les rétroactions biologiques comprennent le dépérissement des forêts, la perte de carbone du sol et les incendies de forêt ; les rétroactions physiques impliquent des changements tels que la réduction de la couverture neigeuse, l’augmentation des précipitations antarctiques et le rétrécissement de la glace de mer arctique.

Même un réchauffement relativement modeste devrait augmenter la probabilité que la Terre franchisse divers points de basculement, selon les chercheurs, provoquant de grands changements dans le système climatique de la planète et renforçant potentiellement les rétroactions amplificatrices.

’Les modèles climatiques sous-estiment peut-être l’accélération du changement de température mondial parce qu’ils ne tiennent pas pleinement compte de cet ensemble important et connexe de boucles de rétroaction amplificatrices’, a déclaré Wolf. ’La précision des modèles climatiques est cruciale car ils aident à guider les efforts d’atténuation en informant les décideurs des effets attendus des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Bien que les modèles climatiques récents intègrent beaucoup mieux diverses boucles de rétroaction, des progrès supplémentaires sont nécessaires.’

Les chercheurs notent que les émissions ont considérablement augmenté au cours du siècle dernier, malgré plusieurs décennies d’avertissements selon lesquels elles devraient être considérablement réduites. Les scientifiques affirment que les interactions entre les boucles de rétroaction pourraient entraîner un changement permanent de l’état climatique actuel de la Terre à un état qui menace la survie de nombreux humains et d’autres formes de vie.

’Dans le pire des cas, si les rétroactions amplificatrices sont suffisamment fortes, le résultat est probablement un changement climatique tragique qui dépasse tout ce que les humains peuvent contrôler’, a déclaré Ripple. ’Nous avons besoin d’une transition rapide vers une science intégrée du système terrestre, car le climat ne peut être pleinement compris qu’en considérant le fonctionnement et l’état de tous les systèmes terrestres ensemble. Cela nécessitera une collaboration à grande échelle, et le résultat fournirait de meilleures informations aux décideurs.’

En plus des 27 rétroactions climatiques amplificatrices étudiées par les scientifiques, sept sont caractérisées comme amortissantes : elles agissent pour stabiliser le système climatique. Un exemple est la fertilisation au dioxyde de carbone, où l’augmentation des concentrations de CO2 atmosphérique entraîne une augmentation de l’absorption de carbone par la végétation.

Les effets des sept rétroactions restantes, y compris l’augmentation de la poussière atmosphérique et la stabilité réduite de l’océan, ne sont pas encore connus.

L’article dans One Earth a un site Web correspondant (https://scientistswarning.forestry.oregonstate.edu/climate_feedbacks ) qui en dit plus sur les boucles de rétroaction climatique, y compris des infographies et des animations interactives.

Source du texte : Materials provided by Oregon State University. Original written by Steve Lundeberg. Note : Content may be edited for style and length. ( matériel fourni par l’Oregon State University. Original écrit par Steve Lundeberg. Remarque : Le contenu peut être modifié pour le style et la longueur).

Référence de la Revue : William J. Ripple, Christopher Wolf, Timothy M. Lenton, Jillian W. Gregg, Susan M. Natali, Philip B. Duffy, Johan Rockström, Hans Joachim Schellnhuber. Many risky feedback loops amplify the need for climate action. (De nombreuses boucles de rétroaction risquées amplifient le besoin d’action climatique).One Earth, 2023 ; 6 (2) : 86 DOI : 10.1016/j.oneear.2023.01.004.

Citer Cette Page : MLA APA Chicago - Oregon State University. ’Feedback loops make climate action even more urgent, scientists say.’ ScienceDaily. ScienceDaily, 17 February 2023. www.sciencedaily.com/releases/2023/02/230217120546.htm .

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  • France - La neutralité carbone est définie en France par la loi énergie-climat comme « un équilibre, sur le territoire national, entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre ». 21 juillet 2022.
    France - Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) - Le Jeudi 21 juillet 2022

Introduite par la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV), La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) est la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique. Elle donne des orientations pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone, circulaire et durable. Elle définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 2050 et fixe des objectifs à court-moyen termes : les budgets carbone. Elle a deux ambitions : atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et réduire l’empreinte carbone de la consommation des Français. Les décideurs publics, à l’échelle nationale comme territoriale, doivent la prendre en compte.

Adoptée pour la première fois en 2015, la SNBC a été révisée en 2018-2019, en visant d’atteindre la neutralité carbone en 2050 (ambition rehaussée par rapport à la première SNBC qui visait le facteur 4, soit une réduction de 75 % de ses émissions GES à l’horizon 2050 par rapport à 1990). Ce projet de SNBC révisée a fait l’objet d’une consultation du public du 20 janvier au 19 février 2020. La nouvelle version de la SNBC et les budgets carbone pour les périodes 2019-2923, 2024-2028 et 2029-2033 ont été adoptés par décret le 21 avril 2020.

Voir tous les documents officiels à la source

Pourquoi viser la neutralité carbone à l’horizon 2050 ?

En signant l’Accord de Paris, les pays se sont engagés à limiter l’augmentation de la température moyenne à 2°C, et si possible 1,5°C. Pour cela, ils se sont engagés, conformément aux recommandations du GIEC, à atteindre la neutralité carbone au cours de la deuxième moitié du 21ème siècle au niveau mondial. Les pays développés sont appelés à atteindre la neutralité le plus rapidement possible. La France s’était engagée, avec la première Stratégie Nationale Bas-Carbone adopté en 2015, de diviser par 4 ses émissions GES à l’horizon 2050 par rapport à 1990.

Le ministère de la Transition écologique et solidaire a présenté en juillet 2017 le Plan Climatde la France, qui a pour objectif de faire de l’Accord de Paris une réalité pour les Français, pour l’Europe et pour notre action diplomatique. Le Plan Climat a fixé de nouveaux objectifs plus ambitieux pour le pays, dont l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Depuis la loi du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat, cet objectif est désormais inscrit dans la loi.

La neutralité carbone est définie par la loi énergie-climat comme « un équilibre, sur le territoire national, entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre ». En France, atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 implique une division par 6 des émissions de gaz à effet de serre sur son territoire par rapport à 1990. Concrètement, cela suppose de réduire les émissions de la France à 80 MtCO2e contre 458 MtCO2e en 2015 et 445 en 2018…

Cet objectif va demander des efforts importants et une transformation profonde des modes de vie, de consommation et de production. Mais c’est aussi une opportunité majeure pour notre créativité et notre capacité à innover : ce défi nous permet de repenser notre modèle économique, tout en conservant sa capacité à créer de l’emploi, et de le rendre plus durable, sur tous nos enjeux environnementaux, plus circulaire, plus résilient, plus respectueux de notre santé.

La Stratégie Nationale Bas-Carbone donne les orientations de politiques publiques à suivre pour réussir la transition vers cette nouvelle économie…

Lire la suite des documents officiels sur ce site : https://www.ecologie.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc

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  • France - Aides gouvernementales à la rénovation énergétique des logements en 2023 : des évolutions au 1er trimestre afin d’accroître le soutien aux rénovations les plus performantes - Le Jeudi 22 décembre 2022
    En 2023, le Gouvernement confirme son action résolue en faveur de la rénovation énergétique des logements en augmentant les moyens financiers et humains de l’Agence nationale de l’habitat (+0,5 Md€) et en dédiant une enveloppe spécifique à la rénovation des passoires thermiques des bailleurs sociaux (0,2 Md€). Le budget alloué à ‘MaPrimeRénov’ est pérennisé à hauteur de 2,5 Md€ sur les crédits du Ministère de la Transition énergétique.

Ces moyens renforcés permettront de soutenir en priorité les rénovations les plus performantes et d’accentuer le soutien aux ménages modestes. A cette fin, les évolutions suivantes seront engagées au 1er janvier 2023 : 

   Pour accélérer la rénovation de l’habitat collectif, le dispositif MaPrimeRénov’ copropriétés est pérennisé et sera renforcé par le relèvement des plafonds de travaux finançables (de 15 000 € à 25 000 €) et le doublement des primes individuelles versées aux ménages aux revenus très modestes et modestes (à respectivement 3 000 € et 1 500 €).
-  Les plafonds de travaux finançables avecMaPrimeRénov’ Sérénité seront revalorisés de 30 000 € à 35 000 € pour mieux accompagner les ménages les plus modestes dans leurs projets de rénovation globale. 

Au 1er février 2023 :

   Les forfaits « rénovations globales » pour les ménages aux ressources intermédiaires et supérieurs, prolongés en loi de finances rectificatives pour 2022, seront relevés à respectivement 10 000 € et 5 000 € pour orienter plus clairement ces ménages vers les bouquets de travaux les plus performants. Les ménages aux revenus supérieurs sont à ce titre exclus des financements par geste, sauf en Outre-mer.

Conformément à l’orientation de réduire progressivement notre dépendance aux énergies fossiles, de privilégier les bouquets de travaux et cibler les aides sur les ménages les plus modestes, les mesures suivantes entreront également en vigueur en 2023 : 

   A partir du 1er janvier 2023, comme annoncé au printemps 2022, MaPrimeRénov’ ne permettra plus de subventionner l’achat de chaudières à gaz, y compris celles à très haute performance énergétique. 
-  A partir du 1er février 2023, le montant de subvention pour l’achat d’une ventilation mécanique contrôlée et pour l’achat d’un poele à granulés seront également abaissés. 
-  Le bonus de 1000€ versé pour le remplacement d’une chaudière fioul ou au gaz par un équipement d’origine renouvelable, mis en place temporairement dans le cadre du « plan de resilience », prendra fin au 1er avril après une prolongation de 3 mois supplémentaires en 2023. 

« Renforcer le soutien public à la rénovation des logements est à la fois nécessaire pour lutter contre le changement climatique et pour soutenir le pouvoir d’achat. C’est pourquoi, en 2023, les montants de travaux soutenus via MaPrimeRénov’ vont augmenter, afin de prendre en compte l’inflation et de favoriser les rénovations globales. »

Christophe Béchu

« En renforçant ces dispositifs de soutien, le Gouvernement veut donner un véritable boost aux rénovations globales de logements en accompagnant mieux les Français dans le montage des dossiers et dans leurs financements. La décarbonation des logements est en effet un levier majeur de la baisse de nos émissions de gaz à effets de serre. La fin des subventions à l’achat des chaudières au gaz avec MaPrimeRenov’ est également un signal fort envoyé pour accélérer la sortie des énergies fossiles. »

Agnès Pannier-Runacher

« Le budget de l’Etat dédié à la rénovation énergétique des logements et les évolutions des aides pour 2023 permettent de fixer le cap : donner la priorité aux rénovations globales et accélérer la rénovation dans l’habitat collectif. Le succès de la rénovation énergétique passe à présent par la massification de l’accompagnement, pour réaliser des rénovations globales et énergétiquement performantes, inscrites à l’agenda de la planification écologique et de France Nation verte. »

Olivier Klein

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Source : https://www.ecologie.gouv.fr/aides-renovation-energetique-des-logements-en-2023-des-evolutions-au-1er-trimestre-afin-daccroitre

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Depuis quelques mois, le monde des entreprises et des nations est atteint par une nouvelle mode ‘inarrêtable’ et quasi universelle, l’obligation d’utiliser une énergie “vertueuse”. Derrière ce vocabulaire politiquement correct, il s’agit d’engager les organisations volontairement et ostensiblement dans la lutte universelle contre le réchauffement climatique fondée sur l’accord de Paris de 2015. Pour le moment, la palme de ces engagements revient incontestablement à Microsoft qui vise d’ici 2050, non seulement à atteindre la neutralité carbone, mais en plus à retirer de l’environnement tout le carbone qu’elle a pu émettre depuis sa création en 1975 !

Le flou des appellations

La première chose qui saute aux yeux dans ce déferlement, c’est l’hétérogénéité de cette énergie “vertueuse”.

Ainsi, selon Green Tech media, chaque semaine aux Etats-Unis, il y a une nouvelle déclaration d’une société, d’une ville, d’un État ou d’un service qui s’engage à atteindre les “100 %”…. Ainsi :

  • La Floride et le Maine veulent obtenir 100% de l’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici le milieu du siècle ;
  • New Mexico et Georgia veulent 100 % d’énergie propre d’ici 2050 ;
  • La Californie et New York veulent obtenir 100 % de sources d’énergies sans carbone d’ici là ;
  • Dans le secteur des utilities, Xcel Energy envisage une production d’électricité 100 % sans carbone d’ici 2050, tandis que Green Mountain Power veut 100 % d’énergie renouvelable.
    On retrouve les mêmes variances au niveau des métropoles et des grandes entreprises. Au travers d’une ambition à priori commune, les objectifs varient énormément en termes de timing, de contenu et de complexité.

Un essai de clarification

Essayons donc d’éclairer cette avalanche terminologique, en nous focalisant sur les qualificatifs qui reviennent le plus souvent : Bas Carbone, Renouvelable, Vert, Propre.

L’énergie ‘bas carbone’

Si l’on s’en tient à la lettre aux accords de Paris, c’est la seule définition qui soit cohérente avec les objectifs. L’énergie décarbonée est constituée de toute ressource qui ne produit pas de CO2 lorsqu’elle produit de l’énergie. Presque toutes les sources d’énergie renouvelables (non épuisables) comme l’énergie éolienne, le solaire ou l’hydroélectricité sont considérées comme exemptes d’émission de carbone, à l’exception de la biomasse. Mais, bien qu’elle ne soit pas considérée comme renouvelable, l’énergie nucléaire est également classée comme décarbonée, du fait que cette énergie est libérée par la fission et non par un processus de combustion.

L’énergie renouvelable

Il est intéressant de constater qu’au début du XXème siècle, le terme renouvelable était réservé à la force animale et au bois
[1], tandis que les énergies hydrauliques ou éoliennes étaient qualifiées “d’inépuisables”.

A l’heure actuelle, l’énergie renouvelable est définie comme “une source d’énergie naturellement ‘reconstituable’ mais limitée en termes de flux”. Si elle est pratiquement inépuisable dans le temps, elle présente en effet une limite dans la quantité d’énergie disponible par unité de temps. Les ressources renouvelables les plus importantes sont, à l’heure actuelle, les énergies éolienne, solaire, hydraulique, biomasse ou géothermique.


[1] cf. Bell : The Utilization of Natural Energy – 1906

L’énergie verte

Il s’agit ici du concept le plus utilisé dans le discours grand public mais, paradoxalement, c’est aussi le plus flou. L’énergie verte est une sorte de sous-ensemble des énergies renouvelables, celles qui offriraient les avantages environnementaux les plus élevés. Il s’agirait de l’énergie éolienne, du solaire, de l’hydroélectricité à faible impact, de la géothermie, et de la biomasse correctement traitée. Donc, l’énergie verte ne comprend que des sources renouvelables, mais toutes les ressources renouvelables ne relèvent pas de l’énergie verte.

L’énergie propre

L’énergie propre est un terme générique qui inclut “l’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique et la combinaison efficace chaleur/énergie” et qui se caractérise par une faible production de déchets ou de faibles rejets de type particules. Il peut donc être utilisé pour décrire l’énergie provenant des ressources renouvelables, ainsi que l’économie d’énergie obtenue grâce à l’augmentation de son efficacité, comme l’installation d’éclairage LED, ou grâce à un système qui utilise de l’énergie qui, sinon, aurait été gaspillée. Ainsi, l’énergie propre englobe la production d’énergie et les actions liées à l’usage de l’énergie, qui visent à créer un environnement plus durable.

Mais le diable est dans les détails - Malheureusement, la réalité est souvent assez différente de ces définitions théoriques.

Le bas carbone n’est pas l’apanage des renouvelables

Beaucoup d’acteurs limitent, volontairement ou non, le décarboné aux énergies renouvelables. Or, selon l’AIE, l’énergie nucléaire est actuellement la plus grande source d’électricité à faible émission de carbone en Europe. Toutefois les centrales du continent vieillissent, ce qui risque de constituer un handicap majeur pour l’UE 27 dans son effort de tendre vers une économie zéro-carbone

D’autre part, la chasse au carbone ou plus précisément au dioxyde de carbone, ne doit pas faire oublier les autres gaz à effet de serre, et en particulier le méthane, qui, comme le précise le GIEC, a un facteur GWP (Global Warming Potential) 36 fois supérieur au CO2 sur un siècle. Or beaucoup d’émissions de ces gaz ne sont pas liés à des utilisations énergétiques et échappent donc aux politiques dominantes.

Enfin l’énergie décarbonée conduit logiquement à la neutralité carbone. Mais dans ce domaine les GAFA, pleinement conscientes de l’impact social du concept, sont en train, en confisquant le concept par le biais du marketing, de l’utiliser comme moyen d’accroitre leur domination sur le marché mondial.

Tout n’est pas renouvelable dans le renouvelable

Si les énergies renouvelables sont censées être ‘reconstituables’, il n’en va pas de même pour la fabrication des équipements nécessaires à leur captation. Le 24 juin 2019, la Commission européenne a averti qu’au fur et à mesure que l’Europe abandonnait les combustibles fossiles au profit de l’énergie propre, elle devait éviter de tomber dans un autre piège lié aux matières premières et à la dépendance technologique. Il en va, en particulier, de la dépendance que les technologies renouvelables génèrent vis-à-vis des terres rares dont la Chine contrôle environ 80 % de l’offre mondiale.

En outre les énergies éoliennes et solaires sont dévoreuses de beaucoup plus d’espaces que les centrales électriques classiques, et le renouvelable n’est pas synonyme de durabilité. En dehors de l’hydraulique, les instruments de production d’énergie renouvelable ont des durées de vie beaucoup plus courtes (entre 20 et 25 ans) que les équipements traditionnels et posent de surcroit d’importants problèmes de démantèlement en fin de vie.

Vous avez dit “vert” ?

Un aspect très contraignant pour les énergies “vertes” de type éolien ou solaire, tient au fait que celles-ci ne sont pas autoporteuses, c’est-à-dire que leur intermittence les empêche de remplacer à l’identique les sources programmables, que celles-ci utilisent des combustibles fossiles ou nucléaires, et qu’il est donc nécessaire de les accompagner de centrales de back-up (fonctionnant essentiellement au gaz) ou d’unités de stockage de puissance.

Ainsi les lobbies verts aveuglés par leur rejet viscéral du nucléaire, en prônant le développement des sources vertes, préfèrent privilégier de facto le recours au gaz naturel pour compenser le retrait du charbon ou d’un parc nucléaire vieillissant, comme c’est le cas très clairement en Belgique ou en Allemagne, ce qui constitue une pure hérésie dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Pas facile d’être propre

Sur ce plan il n’y a pas plus bel exemple que le bannissement, déclaré de façon unilatérale et brutale, des véhicules diesels, par de nombreux maires de grandes métropoles mondiales, ce qui, loin d’aboutir à la hausse du nombre de véhicules propres, s’est traduit par une progression des véhicules à essences, émettant plus de CO2 que leurs équivalents diesels.

Pire, dans certains cas le développement des énergies propres est susceptible de générer de graves problèmes humains. Ainsi, dans un procès intenté fin 2019 à Washington contre Apple, Tesla, Dell, Microsoft et Google, des familles africaines réclament des dommages-intérêts pour travail forcé des enfants dans les mines de cobalt. Or le cobalt constitue un des métaux clés pour la production des batteries ion-lithium, et donc un élément stratégique pour les grandes entreprises de la tech.

Plus globalement le recours aux énergies propres génère des problèmes croissants de fracture sociale avec un impact sur le pouvoir d’achat des segments de populations les moins aisées des pays développés, qui permet de projeter des conséquences encore plus lourdes pour les populations des pays émergents.

La taxonomie “verte” de l’UE

Cette distorsion entre terminologie et réalité des faits a atteint ces derniers mois un nouveau sommet au niveau européen, avec le dossier de la taxonomie “verte”.

Ce dossier se situe au cœur de la définition par l’UE des investissements “durables”. Comme la lutte contre le changement climatique implique des investissements considérables, les institutions européennes se sont lancées dans la définition d’une “taxonomie” permettant de définir les “bons” investissements et d’éliminer les “mauvais”. Elle comprend trois catégories d’activités économiques :

  • Verte (Green activities)
  • De transition (Transition activities)
  • Permettant la transition (Enabling activities).
    Dans ce projet, le principe dit “d’absence de préjudice”, s’il était retenu, ferait automatiquement sortir l’énergie nucléaire et le gaz de la première catégorie, ce qui constitue un non-sens pour le nucléaire, compte tenu des objectifs “zéro-carbone” du Green Deal européen.

Les deux énergies ne pouvant être incluses dans la catégorie “verte”, elles vont être analysées par la Commission entre 2020 et 2021 pour voir dans quelle mesure elles pourraient faire partie des autres composantes de la taxonomie, ce qui, en cas de rejet, laisserait l’hydraulique comme seule énergie programmable bas carbone significative et finançable par l’Union, alors qu’elle ne représente que 10 % de la production totale.

L’illusion de voies nobles chassant des pratiques nocives

En résumé, dans le domaine des qualifications énergétiques, l’irrationnel et l’imprécision l’ont emporté sur la mise en place de politiques étayées par une vision systémique, et fondée sur une cohérence technologique.

Il est puéril de penser, qu’après avoir vécu pendant des siècles avec des énergies que l’on qualifie maintenant de “sales”, nous aurions réussi, en une décennie, à inventer miraculeusement des sources énergétiques parées de toutes les vertus.

La doxa écologiste, soutenue par certains lobbies industriels, en créant une séparation complétement partisane entre de “bonnes” et de “mauvaises” énergies pourrait aboutir au résultat inverse de l’objectif, c’est-à-dire à l’échec de la réalisation d’une économie européenne décarbonée.

Sans retour à la cohérence le climat continuera à se dégrader

L’Europe s’était historiquement fixé un triple objectif énergétique :

  • Assurer sa sécurité d’approvisionnement ;
  • Fournir à sa population l’énergie au meilleur coût possible ;
  • Réduire son impact environnemental.
    La multiplication des objectifs contradictoires des derniers “packages” énergétiques pour 2020 et 2030, ont fait perdre cette vision globale et ont abouti à une simple focalisation sur quelques moyens “verts ou renouvelables” qui ne sauraient réponde globalement aux objectifs climatiques, alors que l’on cherche à supprimer d’autres moyens qui, au contraire, peuvent contribuer à les atteindre.

Il est donc essentiel de sortir au plus vite de cette impasse dramatique, de cesser les incantations et de construire une vision de long terme réellement focalisée sur l’objectif bas carbone.

Comme le déclarait en juin l’AIE dans son rapport “Sustainable Recovery” : “La fermeture anticipée de centrales nucléaires, qui menace des milliers d’emplois, pourrait entraver l’atténuation des changements climatiques”.

Jean-Jacques NIEUVIAERT, Président de la Société d’études et de prospective énergétique

A lire :

Abandoning the concept of renewable energy – Univ of Aalto

Energy Terminology – US Department of Energy

“The interchange podcast of GTM : The Age of 100%” – Green Tech Media

IEA special report, “Nuclear Power in a Clean Energy System”

Provisional Agreement for the regulation of the EP and of the Council on the establishment of a framework to facilitate sustainable investment

IEA “Sustainable Recovery”

Catégorie : Point de l’observatoire 21 juillet 2020

Voir aussi : Efficience énergétique : quelle stratégie adopter ? 7 février 2023

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  • Crise énergétique : où se trouvent les passoires thermiques en France ? - Article rédigé par Léa Prati - Noé Bauduin - France Télévisions - Publié le 24/11/2022 06:01 Mis à jour le 24/11/2022 18:51 - Extrait

    La France compterait plus de&nbsp ;7 millions de passoires thermiques. (JEREMIE LUCIANI / FRANCEINFO)

Carte agrandie - La France compterait plus de 7 millions de passoires thermiques. (JEREMIE LUCIANI / FRANCEINFO)

Alors qu’une potentielle pénurie d’électricité menace la France cet hiver, franceinfo se penche sur la localisation et les caractéristiques des sept millions de passoires thermiques françaises, ces logements particulièrement énergivores.

Pour passer l’hiver et faire face à la crise énergétique, tous les logements ne se valent pas. Les factures de gaz et d’électricité s’envoleront avant tout dans les passoires thermiques. Un terme qui désigne les logements dont le diagnostic de performance énergétique (DPE) est classé F ou G, car ils consomment plus de 330 kWh/m2 et par an. Mal isolés, ils demandent davantage d’énergie pour être convenablement chauffés.

Dans l’Hexagone, leur nombre total fait débat. Le ministère de la Transition écologique considère qu’un peu plus de 5,2 millions de résidences principales constituent une passoire thermique, mais plusieurs organisations telles que la Fédération nationale de l’immobilier pense que ce chiffre est sous-estimé.

Pour établir une cartographie de ces passoires thermiques, franceinfo s’est appuyé sur le travail de Yassine Abdelouadoud, chercheur indépendant spécialisé dans la transition énergétique. Il a notamment redressé les données de l’Ademe sur le sujet, afin d’en corriger les biais (voir méthodologie ci-dessous). Au total, le chercheur a décompté un peu plus de 7 millions de passoires thermiques parmi les résidences principales. Soit 24,7% du parc. Il a également relevé des données au niveau local pour savoir où se trouvent précisément les passoires thermiques.

https://www.francetvinfo.fr/docs/desk3/franceinfographies/carte_epci.pngCarte agrandie

La carte ci-dessus montre la part des passoires thermiques (donc les logements classés F ou G au DPE) par communauté de communes. Il ressort que le taux de logements énergivores est plus important dans le centre de la France, dans ce qui est communément appelé ’la diagonale du vide’, avec plus d’un logement sur trois concerné dans bon nombre d’intercommunalités.

A l’inverse, les zones frontalières du Luxembourg, de l’Allemagne et de la Suisse, ou encore la façade atlantique comptent relativement moins de passoires thermiques. Moins d’un quart des logements consomment plus de 330 kWh/m2 par an dans ces zones.

Retrouvez ci-dessous les données de votre intercommunalité en tapant le nom de votre commune. (A partir de la source)

Mais alors comment expliquer ces différences ? Quelles sont les caractéristiques des logements les plus touchés ? Sont-ils plus nombreux en ville ou dans les zones rurales ? Dans les villes pauvres ou riches ? Franceinfo fait le point en graphiques.

Les passoires thermiques sont d’abord des logements anciens

En toute logique, plus un logement est ancien, plus son efficacité énergétique est mauvaise. Les passoires thermiques sont surreprésentées dans les logements datant d’avant 1945, qui pèsent plus d’un tiers du parc de logements français. Le taux de logements classés F ou G s’élève à 41,8% lorsqu’ils ont été construits avant 1918, de 39,7% pour ceux construits entre 1919 et 1945 et seulement de 0,4% après 2013.

En cause, la construction de bâtiments qui n’était soumise à aucune contrainte réglementaire de performance avant les années 1970. ’Les premières législations en matière de DPE remontent à 1974, après le premier choc pétrolier. Avec la crise énergétique, les pouvoirs publics ont constaté qu’il était nécessaire de contrôler les consommations des logements. Et les réglementations correspondant aux standards actuels datent de 2012’, explique Lucas Vivier, doctorant au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), à franceinfo.

Un tiers des logements de moins de 30 m2 sont des passoires thermiques

En termes de superficie, les logements les plus petits possèdent l’efficacité énergétique la plus faible. Quelque 32,1% des logements de moins de 30 m2 sont des passoires thermiques. Même constat pour ceux situés entre 30 m2 et 40 m2 : le taux de logements classés F ou G s’élève à 31,8%. A l’inverse, les logements dont la superficie est la plus grande sont moins énergivores.

Pour expliquer le phénomène, la méthode de calcul du DPE peut être questionnée : ’Il y a une part fixe de consommation énergétique qui dépend du nombre de personnes, mais n’évolue pas avec la taille du logement, comme le nombre de douches par exemple. Si vous êtes deux dans un appartement vous consommez la même quantité d’énergie pour vos douches que l’appartement fasse 20 ou 60 m2, explique Lucas Vivier. Mais comme le DPE est un calcul de quantité d’énergie par m2, ce chiffre est divisé par 20 dans le premier cas et par 60 dans le second, pénalisant donc le logement plus petit.’

Louis-Gaëtan Giraudet, chercheur à l’Ecole des Ponts-ParisTech, ajoute que ’les habitants de petits appartements n’ont pas envie de perdre de la surface habitable et vont donc moins faire des grands travaux d’isolation. Ils vont juste effectuer des rénovations partielles, sur les fenêtres par exemple. Et pour ce qui est de la façade, il faut réussir à se mettre d’accord avec la copropriété dans les immeubles’. Pourtant, c’est bien la rénovation des parois opaques (murs, plancher, combles) qui est la plus efficace pour améliorer la note DPE.

Des logements plus énergivores en zones rurales et dans les grandes villes

Le problème des passoires thermiques ne se pose pas dans les mêmes proportions selon le type de territoire. Franceinfo a réparti les communes de l’Hexagone en six catégories (voir méthodologie). Les communes rurales comptent ainsi, en moyenne, le plus de logements énergivores, avec près de 30% des habitations concernées. Les grandes villes ne sont pas non plus épargnées puisque près d’un logement sur quatre y est considéré comme une passoire thermique. Ce sont les banlieues qui comptent la part la plus faible de bâtiments classés F ou G (à peine plus de 20%) qu’il s’agisse des banlieues aisées ou populaires.

L’Ile-de-France est un bon exemple pour observer le phénomène en carte. Paris compte de nombreuses passoires thermiques, puisqu’elles y représentent presque 33% des résidences principales. En revanche, la grande majorité des communes de la petite couronne, c’est-à-dire les départements limitrophes de Paris, comptent moins de 23,5% de logements énergivores. Plus on s’éloigne du centre, plus la part des passoires thermiques repart à la hausse, jusqu’à dépasser 29% dans certains territoires de l’est de la Seine-et-Marne, les moins urbanisés de la région.

https://www.francetvinfo.fr/docs/desk3/franceinfographies/carte_idf.pngCarte agrandie

L’ancienneté et la taille des logements justifient aussi ces différences. En zone rurale, les bâtiments très anciens sont nombreux : plus de 30% d’entre eux datent d’avant 1945. Ils ont donc plus de chances d’être des passoires thermiques.

De leur côté, les grandes villes comptent également un peu plus de bâtiments construits avant 1945 que la moyenne nationale (26% contre 22%). A cela s’ajoute le problème de la petite taille des logements, que les propriétaires ne font souvent pas rénover afin de ne pas perdre de surface.

Les HLM sont mieux isolés que la moyenne

Dans l’Hexagone, le taux de passoires thermiques s’élève à 17,2% pour les logements appartenant à des bailleurs sociaux contre 25,6% par des locataires privés. Du côté des propriétaires, le taux de logements classés F ou G monte à 26,8%. Les habitations à loyer modéré (HLM) sont donc moins souvent des passoires thermiques.

Cela s’explique car le parc de logements sociaux est composé de bâtiments plus récents que les logements privés. ’De fait, ils sont mieux isolés et pour la plupart chauffés au gaz’, explique Lucas Vivier. D’autre part, les bailleurs sociaux, ’gèrent leur parc immobilier sur le long terme et intègrent des cycles de rénovation plus réguliers de leurs biens que les propriétaires privés’, avance Andreas Rudinger, chercheur associé à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

Les communes les plus riches comptent moins de passoires thermiques

En croisant les chiffres des passoires thermiques avec les données socio-économiques, il apparaît un lien avec le niveau de revenu médian par commune. Dans les 10% des communes les plus riches, le taux de passoire thermique n’est que de 21%, alors qu’il avoisine les 26% dans le tiers de communes les plus populaires. Et la différence est un peu atténuée par le cas particulier des HLM, qui affichent donc des bilans énergétiques meilleurs que la moyenne et sont plus nombreux dans les villes les plus pauvres. Si on exclut les logements sociaux, la part de passoires thermiques dans le tiers des communes les moins favorisées s’établit à 28%.

Une des pistes pour expliquer le phénomène se trouve dans la capacité pour un ménage à réaliser des travaux de rénovation énergétique. ’Il peut être compliqué pour les ménages les plus pauvres d’entreprendre des démarches de rénovation, explique Louis-Gaëtan Giraudet. Les aides comme Ma Prime Rénov’ leur permettent d’éviter de faire des crédits, mais c’est surtout la démarche, en tant que telle, qui est complexe.’

Les logements chauffés à l’électricité et au fioul sont davantage concernés

Enfin, il apparaît que les logements fonctionnant au fioul sont les plus gourmands en énergie, avec plus de 34% d’entre eux considérés comme des passoires thermiques. Les logements chauffés à l’électrique ne font guère mieux, avec 31% de passoires thermiques.

En revanche, les bâtiments utilisant principalement du gaz tirent leur épingle du jeu puisqu’à peine 16% d’entre eux obtiennent la note de F ou G. ’Ce sont généralement les logements les plus récents. Ils sont de meilleure qualité, explique Louis-Gaëtan Giraudet. A l’inverse, ceux chauffés au fioul sont les plus anciens.’ Le calcul du DPE a également tendance à favoriser les logements fonctionnant aux énergies fossiles (gaz, fioul) par rapport à l’électrique. A consommation égale, un logement fonctionnant au gaz aura ainsi une meilleure classe énergétique qu’un logement chauffé à l’électricité.

Méthodologie 

Les données sur la performance énergétique du parc résidentiel de Yassine Abdelouadoud ont été obtenues en corrigeant la base DPE mise en libre accès par l’Ademe (DPE réalisés avant juillet 2021) des biais qu’elle présente, à la fois en termes de qualité des DPE et de représentativité du parc.

En effet, les DPE ne sont pas connus pour la totalité des logements, et les données de l’Ademe ne reflètent pas l’ensemble du parc immobilier. Elles ont donc été croisées avec les statistiques sur le logement de l’Insee pour obtenir des chiffres représentatifs. D’autres biais liés à la réalisation des DPE ont également été corrigés. Le détail de la méthodologie est à retrouver ici.

Pour répartir les communes hexagonales en six catégories de territoires, franceinfo s’est appuyé sur trois bases de données de l’Insee : les aires d’attraction des villes, le niveau de densité de population par commune et la part de HLM.

Grâce à la base des aires d’attraction des villes de l’Insee, 50 grandes métropoles dont l’aire urbaine dépasse 200 000 habitants ont été identifiées. Cette base de données permet également d’identifier la commune-centre, appelée ’grande ville’. Les autres communes de ces pôles correspondent aux banlieues. Le périurbain est constitué des communes de la couronne qui entourent ces centres urbains. Parmi les villes de banlieue sont distinguées les communes populaires, qui comptent plus de 28% de logements sociaux.

Les territoires éloignés des grandes métropoles ont également été répartis en deux catégories : d’un côté, les communes qualifiées par l’Insee de ’densément peuplées’ ou de ’densité intermédiaire’, regroupées sous l’appellation de villes éloignées des grandes métropoles ; de l’autre, les communes ’peu denses’ ou ’très peu denses’, qui constituent les zones rurales.

Sur le même thème :

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Source : https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/infographies-crise-energetique-ou-se-trouvent-les-passoires-thermiques-en-france_5360542.html

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  • Passoires thermiques, rénovations énergétiques, DPE... Ce qu’il faut retenir de l’interview de Valérie Mancret-Taylor - Article rédigé par franceinfo Radio France - Publié le 14/01/2023 11:12 Mis à jour le 15/01/2023 06:33 - écouter (17min)
    La directrice générale de l’Agence nationale de l’habitat était l’invitée du ’8h30 franceinfo’, samedi 14 janvier 2023.

Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l’Agence nationale de l’habitat était l’invitée du ’8h30 franceinfo’, samedi 14 janvier 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Photo - Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l’Agence nationale de l’habitat était l’invitée du ’8h30 franceinfo’, samedi 14 janvier 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l’Agence nationale de l’habitat était l’invitée du ’8h30 franceinfo’, samedi 14 janvier 2023. Passoires thermiques, rénovations énergétiques, DPE... Elle répondait aux questions de Lorrain Sénéchal et Hadrien Bect.

Rénovation énergétique : ’Il faut intervenir sur les logements déjà existants’

’Il faut convaincre les propriétaires bailleurs et les propriétaires occupants de s’engager dans une démarche de rénovation énergétique’, lance la directrice de l’Agence nationale de l’Habitat, alors qu’un rapport de la Cour des comptes indique que seuls 2 500 logements sont sortis de la passoire thermique en 2021, contre les 80 000 attendus. Valérie Mancret-Taylor reconnaît que la France possède ’un important parc de logements qui nécessitent d’être rénovés et mis aux normes’. Elle appelle donc à intervenir sur ’les logements déjà existants pour leur permettre d’être adaptés aux attentes des citoyens et d’émettre moins de gaz à effet de serre’.

Aides à la rénovation énergétique : l’ANAH a aidé ’650 000 ménages’ en 2021

’En 2021, on a aidé 650 000 ménages à commencer à s’engager dans des démarches de travaux’, indique la directrice de l’Agence nationale de l’Habitat. Parmi ces ménages, ’65 000, donc 10% d’entre eux, ont fait l’objet d’une rénovation globale’. Valérie Mancret-Taylor estime à ’35 000 - 40 000 euros’ le coût d’une rénovation globale, reconnaissant que ’c’est très cher et très invasif’. Pour aider les propriétaires à faire face à ces coûts, Valérie Mancret-Taylor met en avant les différentes aides qui existent, notamment la Prime Rénov’, distribuée par l’ANAH. À elle seule, elle ’peut permettre de couvrir jusqu’à 50%’ sans compter ’les aides des collectivités locales ou les certificats d’économie d’énergie’. Au total, selon Valérie Mancret-Taylor, ’on peut avoir une solvabilisation jusqu’à 80-90%’

Ma Prime Rénov’ : la directrice de l’Agence nationale de l’Habitat salue ’un succès’

’Ma Prime Rénov’’, qui permet de financer les travaux d’isolation, de chauffage ou d’audit énergétique rencontre ’un réel succès’, salue la directrice de l’Agence nationale de l’Habitat. ’1,5 million de ménages ont pu bénéficier de la Prime Rénov’ depuis sa mise en place en 2020, plus de 6 milliards d’euros de subventions ont été distribués et ça a généré plus de 20 milliards d’euros de travaux’. Ce dispositif a beau ’fonctionner’, il rencontre quelques difficultés, de l’aveu même de la directrice de l’ANAH. Valérie Mancret-Taylor reconnaît ainsi qu’un ’peu plus de 2 000 dossiers sont actuellement en souffrance’ et qu’il ’y en aura toujours’. Elle assure avoir toutefois répondu aux difficultés pointées du doigt par la Défenseure des droits en octobre, en ’améliorant la plateforme’ et en ’mettant en place une équipe pour prendre en charge les ménages’.

Ma Prime Rénov’ : ’prudence’ face aux arnaques

La directrice de l’Agence nationale de l’Habitat appelle à ’la prudence’ face aux éventuelles arnaques à la Prime Rénov’. Pour se prémunir d’éventuels risques, Valérie Mancret-Taylor juge important d’être ’informé, bien conseillé et bien accompagné’. Elle met ainsi en avant ’les campagnes d’information’ menée par son agence et ses ’2 000 conseillers qui sont à la disposition des Français pour les mettre en contact avec les bons professionnelles’. Elle rappelle par ailleurs que ’la loi Climat et résilience introduit l’obligation de l’accompagnement’. ’C’est une très bonne mesure car ça permet de sécuriser les ménages pour avoir un vrai diagnostic, pour savoir quel type de travaux il faut réaliser, pour être mis en contact avec les entreprises et pour aller chercher les aides publiques’, se réjouit la directrice de l’ANAH.

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/passoires-thermiques-renovations-energetiques-dpe-ce-qu-il-faut-retenir-de-l-interview-de-valerie-mancret-taylor_5572080.html

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  • Rénovation énergétique : ’C’est d’une complexité administrative colossale’ pour bénéficier des aides de l’État, déplorent des copropriétaires - Article rédigé par Sophie Auvigne - Radio France - Publié le 16/02/2023 07:20
    Malgré la volonté du gouvernement d’accélérer les rénovations énergétiques des passoires thermiques, il est encore très difficile d’accéder aux aides proposées. franceinfo a récolté le témoignage de copropriétaires à Paris.

Passoire énergétique (illustration). (STEPHANIE PARA / MAXPPP)

Photo - Passoire énergétique (illustration). (STEPHANIE PARA / MAXPPP)

En France, cinq millions de logements individuels sont considérés comme des passoires thermiques. Pour mettre fin à ces déperditions énergétiques, le gouvernement revoit à la hausse ses aides pour la rénovation énergétique avec une augmentation de 45%, soit 455 millions. Mais c’est encore loin de suffire à de nombreux copropriétaires pour qui le reste à charge est encore trop lourd. Les banques ont donc rendez-vous au ministère de l’Économie jeudi 16 février, pour trouver des solutions de prêts. 

Comme les 400 autres appartements de sa copropriété dans le 18e arrondissement à Paris, le logement de Jean-Marie Guérout a toujours été lumineux mais pas très confortable. ’Un de mes collègues du conseil syndical est au dernier étage, il appellait son appartement ’le Transibérien express’ l’hiver’, raconte le propriétaire. Un audit énergétique confirme ce que ressentent les habitants. ’Dès qu’on s’approchait des fenêtres, il faisait froid, dès qu’on s’approchait des murs, il faisait froid’, ajoute Jean-Marie Guérout. ’Il y a quelques années, la mairie de Paris avait exposé des photos thermiques vues du ciel, poursuit-il, et notre immeuble ressortait vraiment en rouge. On chauffait l’extérieur, c’était du simple vitrage.’

’Ce sont des immeubles en béton armé, où le froid l’hiver et la chaleur l’été se propagent assez vite dans les appartements. Il y avait un sujet de confort en plus de la déperdition thermique.’ - Jean-Marie Guérout, propriétaire d’un appartement dans le 18e arrondissement de Paris

Des dispositifs d’aides trop complexes 

Après de nombreux débats, les copropriétaires finissent par voter d’importants travaux de rénovation énergétique sur le toit, la façade, les fenêtres, la ventilation. La facture s’élève à 9,5 millions d’euros, réduite à six millions grâce à une série d’aides collectives. Une somme encore trop importante pour chaque copropriétaire selon le syndic. ’C’est complexe, il y a des sources multiples d’aides, souligne Eric Barbarit, agent chez Nexity. Vous êtes obligés d’avoir recours à une assistance à maîtrise d’ouvrage, si vous voulez que le copropriété bénéficie des aides. C’est obligatoire. Y compris déterminer le reste à charge, tout ce qui concerne les aides individuelles, en fonction du profil des différents propriétaires pour construire le plan de financement, c’est-à-dire les emprunts bancaires, les prêts à taux zéro.’

’Ce que j’appelle de mes vœux, c’est une simplification, parce que c’est d’une complexité administrative colossale.’ - Eric Barbarit, agent chez Nexity à franceinfo

Le temps presse pour les plus grosses copropriétés de plus de 200 logements, puisque depuis janvier 2023, elles ont l’obligation d’établir au moins le calendrier de leurs travaux.

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Source : https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/renovation-energetique-c-est-d-une-complexite-administrative-colossale-pour-beneficier-des-aides-de-l-etat-deplorent-des-coproprietaires_5660852.html

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  • France - Transition énergétique – Fos-sur-Mer, laboratoire géant des transformations de notre civilisation carbonée – Reportage ‘Le Monde’ - Loc Bronner, envoyé spécial – Mercredi 15 février 2023 – Gros titres
    « Dans les prochaines années, environ 6 milliards d’euros vont être investis dans l’immense zone industrielle provençale. L’objectif est de faire basculer cet enfer des hydrocarbures et de la chimie vers des giga-projets d’aciérie décarbonée, d’hydrogène vert ou de panneaux solaires… » - A lire dans ‘Le Monde Economie & Entreprises pages 14-15 15/02/2023

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Échantillon de biochar.

Le biochar est un amendement du sol issu de la pyrolyse de biomasse. Il est utilisé en agriculture pour augmenter la qualité des sols, et donc leur productivité ; il est également utilisé dans la lutte contre le réchauffement climatique comme solution de séquestration à long terme de carbone atmosphérique dans les sols.

Le biochar se différencie du charbon de bois par son utilisation (comme intrant plutôt que comme combustible) et donc par son impact environnemental (il agit comme un puits de carbone plutôt que de libérer du CO2 dans l’atmosphère lors de la combustion).

Étymologie

Le mot biochar est un néologisme anglais, composé du préfixe bio- (« organique ») et du mot char, qui désigne la partie solide résultant de la pyrolyse d’un combustible solide. Il faut le traduire par : charbon à usage agricole. Une appellation moins courante mais moins ambiguë est celle d’agrichar. L’idée est qu’il s’agit d’un charbon utilisé pour améliorer ou restaurer les sols, qu’il soit issu de bois ou de résidus végétaux inexploités.

L’expression biocharbon, parfois employée comme équivalent de biochar, est impropre. En effet, la quasi-totalité des charbons, y compris ceux fossiles, ont une origine biologique. De plus, biocharbon désigne plutôt le charbon de bois, simple combustible.

Histoire

Article détaillé : Terra preta.

À la fin du XXe siècle, des pédologues, archéologues et écologues ont étudié un type de sol particulier, très noir et riche, trouvé en Amazonie et dit Amazonian dark earth ou terra preta de índio.

Ils ont découvert que ce sol n’était pas naturel mais transformé par l’homme entre -800 et 500 — raison pour laquelle on le qualifie parfois d’anthrosol. Les Amérindiens de l’époque précolombienne auraient en effet utilisé (sciemment ou non, la question reste débattue) l’enrichissement du sol en charbon de bois pour améliorer sa stabilité et sa fertilité1,2,3. Divers auteurs ont montré qu’intégrer du charbon de bois dans des sols tropicaux fortement érodés ou érodables améliorait significativement leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques4.

L’analyse moléculaire des restes de charbon du sol laisse penser que si une partie du carbone provenait du bois brûlé lors du défrichement, une autre partie, significativement mieux représentée en profondeur, provenait de la combustion incomplète de déchets agricoles ou de bois dans les foyers domestiques5.

Lorsqu’ils ont été découverts par les colons européens, ces sols ont été appelés terra preta de índio.

Depuis quelques années, le biochar est à nouveau utilisé pour améliorer des sols agricoles dans divers pays tropicaux. Les techniques modernes permettent de produire ce charbon en utilisant certaines formes de pyrolyse, chauffant la biomasse à relativement haute température en l’absence d’oxygène dans des fours spéciaux6.

Principaux usages

Amendement

Destiné à restaurer ou améliorer les sols, le biochar, en tant qu’amendement, est alors intégré, sous forme de poudre ou de petits fragments, dans des sols de pépinière, de forêt, agricoles, de jardin ou horticoles (pots de fleur), dans le but d’améliorer les propriétés pédologiques (physiques, chimiques, biologiques) du substrat. Le biochar est étudié et recommandé par un nombre croissant d’auteurs pour améliorer et stabiliser les sols tropicaux, naturellement acides et pauvres, donc fragiles, qui ont été fortement dégradés par l’agriculture et/ou la déforestation, et sont actuellement érodés ou menacés par l’érosion7.

Fixation du carbone dans les sols

Le biochar, en tant que produit riche en carbone, stable et durable, a aussi une fonction de puits de carbone, ce qui explique qu’il suscite un intérêt croissant dans le contexte des préoccupations concernant le réchauffement climatique d’origine humaine. Il pourrait être une des solutions immédiates à l’impact globalement négatif des activités agricoles, car l’agriculture, si elle n’utilise que peu de carbone fossile sous la forme de carburants (environ 1 % de la consommation totale en France, à titre d’exemple), est fortement émettrice de gaz à effet de serre (18 % du total environ en France), et le travail du sol a dégradé le puits de carbone que constitue l’humus. De plus, une grande partie des palmiers à huile, du soja et des agrocarburants ont été cultivés depuis la fin du xxe siècle en détruisant les forêts tropicales (par le feu le plus souvent, c’est-à-dire en libérant le carbone stocké dans la biomasse ligneuse), en dégradant les sols protégés et enrichis en carbone par la forêt. Le biochar, piège à humus, permet de restaurer la capacité des sols à stocker une partie du carbone produit par la biomasse végétale.[réf. nécessaire]

Substitut du charbon et du charbon actif dans la filtration

L’introduction de biochar dans un sol améliore la qualité de l’eau qui y circule. Il joue le rôle de filtre, fonction d’habitude laissée au charbon actif, et pourrait ainsi accroître la productivité des cours d’eau et des zones humides, en améliorant la ressource halieutique et en favorisant le retour d’un bon état écologique des masses d’eau superficielles et souterraines[réf. nécessaire].

Alternative au charbon de bois minier

Certains espèrent que la production de biochar pourra réduire la pression sur les dernières forêts anciennes8.

Diminution de la bioaccumulation de métaux lourds dans les plantes

Le biochar a récemment été étudié en vue d’évaluer sa capacité à fixer des contaminants dans le sol, afin d’éviter la contamination de la chaine trophique. Les résultats sont encourageants, même s’il faut effectuer régulièrement des amendements pour pallier sa minéralisation (minéralisation qui entraînerait une remise en biodisponibilité de métaux lourds)9.

On a comparé les effets (seuls et combinés) d’apports de compost de déchets verts et d’un amendement au biochar sur un sol minier hautement pollué par du cuivre (Cu) et du plomb (Pb) [600 et 21 000 mgkg-1, respectivement] dans le Cheshire (Royaume-Uni). Ces deux amendements montrent un effet, mais différents sur la mobilité et l’absorption de ces deux polluants dans l’ivraie (Lolium perenne L. var. Cadix). L’apport de compost réduit mieux (<5 mg/L) que le biochar le taux de Pb dans l’eau interstitielle du sol (>80 mg/L avant traitement) , tandis mais le biochar se montre plus efficace pour diminuer le taux de Cu dans l’eau interstitielle. Un amendement biochar+compost fait diminuer le taux de Cu et de Pb des pousses de ray-grass au fur et à mesure des récoltes successives. Le compost de déchets verts seul, et additionné de biochar, améliore nettement les rendements en biomasse. Le taux de Pb des pousses de plante testées n’a été significativement réduit que par l’amendement au compost. Avec le biochar la biomasse de ray-grass récoltée est faible, ce qui in fine limite la quantités de Cu récoltable. Les effets de ces amendements sont donc complexes et peuvent s’opposer selon le métal concerné et le fait qu’ils soient utilisés seuls ou ensembles. Dans certaines conditions l’effet de réduction de la concentration de métal dans le tissus végétal peut être « contré » ou limité par une augmentation de la biomasse et donc de la biodisponibilité du métal10.

Bénéfices pour les sols

Des expériences scientifiques récentes7 laissent penser que le biochar (surtout s’il est associé à un apport de matière organique) peut contribuer à restaurer de nombreux types de sols tropicaux, même très acides et très altérés. Il pourrait ainsi jouer un rôle dans la restauration des forêts tropicales, mais aussi un rôle agronomique. Plutôt qu’un amendement (car il est très pauvre en nutriments), le biochar se comporterait comme un (re)structurateur7 du sol et peut-être comme un catalyseur, via des mécanismes d’action encore mal compris. Le taux de matière organique joue un rôle important dans la stabilité et la fertilité des sols, notamment pour ceux fortement exposés aux pluies tropicales11. Il semble par exemple pouvoir améliorer les cultures de céréales, épeautre notamment12.

Près de Manaus (Brésil), des scientifiques7 ont récemment testé l’application combinée d’engrais organiques et de charbon de bois, en différentes proportions, sur des parcelles de sols acides et très altérés, en les comparant à des parcelles témoins. Le charbon de bois utilisé a été produit à partir d’arbres d’une forêt secondaire locale, puis broyé en fragments de 2 mm maximum, incorporés au sol à raison de 11 tonnes par hectare (soit une dose de 1,1 kg de biochar par m2), ce qui correspond au taux attendu à la suite d’une culture sur brûlis dans une forêt secondaire moyenne poussant sur un sol ferralitique de l’Amazonie centrale13. Quinze combinaisons d’amendements ont été testées, apportant dans chaque cas une quantité égale de carbone (C), mais avec des proportions différentes de fumier de volaille, de compost, de charbon de bois ou de litière forestière. Ces sols ont ensuite subi quatre cycles de culture de riz (Oryza sativa L.) et de sorgho (Sorghum bicolor L.). L’expérience a démontré qu’on pouvait fortement augmenter les stocks d’éléments nutritifs dans la rhizosphère (zone racinaire), tout en réduisant le lessivage des éléments nutritifs du sol et en augmentant la productivité agricole.

  • La production de biomasse végétale a fortement chuté dès la seconde récolte là où seuls des engrais minéraux avaient été appliqués, bien que pouvant perdurer plus longtemps avec apport de matière organique. Une seule application de compost a quadruplé le rendement par rapport aux parcelles seulement fertilisées par des engrais minéraux7 ;
  • Dans les sols fertilisés avec des fientes de volaille, les teneurs initialement élevées en azote (N) et potassium (K) ont chuté au cours des quatre cycles de culture mais les fientes de poulet ont néanmoins augmenté le rendement par rapport à un sol n’en ayant pas reçu, et ce au cours de quatre saisons, en élevant le pH du sol et les teneurs en phosphore (P), calcium (Ca) et magnésium (Mg). Et ce sol est resté plus fertile après la 4e récolte7 ;
  • La hausse de rendements entraîne une exportation accrue d’éléments nutritifs. Mais même si un taux significatif de nutriments (P, K, Ca, Mg et N) a été exporté des parcelles ayant reçu du charbon de bois, les teneurs en éléments nutritifs du sol n’ont pas diminué de la même manière selon que le sol a reçu ou non un apport d’engrais minéraux ou organiques7 ;
  • C’est l’effet sur la stabilité du taux de carbone du sol qui a été le plus spectaculaire : les pertes en carbone des parcelles testées ont été les plus élevées sur les sols amendés par les fientes de volaille (- 27 %) et par le compost (- 27 %), suivies par les sols ayant reçu de la litière forestière (- 26 %) puis par la parcelle témoin (- 25 %), alors que les parcelles ayant reçu du charbon de bois n’ont perdu que 8 % de leur carbone pour la parcelle ayant aussi initialement reçu un engrais minéral et 4 % pour la parcelle n’ayant été enrichie qu’en charbon de bois7 ;
  • Dans tous les cas, le biochar a significativement amélioré la croissance des plantes, et il a réduit la quantité d’engrais requise. La productivité des céréales a doublé sur la parcelle traitée par le charbon de bois en plus des engrais NPK, par rapport à la parcelle ayant reçu les engrais NPK sans charbon de bois.
    Le charbon de bois augmente donc bien la fertilité du sol, surtout si une autre source de nutriments est ajoutée, mais par un mécanisme encore mal connu. Les auteurs émettent l’hypothèse qu’il contribue à mieux fixer les nutriments ajoutés par ailleurs, en les empêchant d’être lessivés (donc perdus) dans les sols soumis à une pluviométrie importante et par ailleurs pauvres en argile.

Les auteurs concluent donc qu’un apport combiné en matière organique et en biochar pourrait produire un sol imitant les propriétés favorables des terra preta7.

Hypothèses explicatives

Cycle de l’eau amélioré

Notamment grâce à sa grande surface spécifique et ses capacités à améliorer la vie du sol, le charbon de bois augmente indirectement la rétention d’eau des sols, probablement à la suite de l’enrichissement secondaire des sols macroporeux en matière organique4. Tryon14 a montré dès 1948 que l’impact d’apports de charbon de bois sur l’eau disponible de sols forestiers variait selon la texture du sol : seuls les sols sableux voyaient leur teneur en eau fortement augmentée (plus que doublée). Cet auteur n’observait aucun changement dans les sols limoneux, et les sols argileux perdaient même un peu de leur capacité à retenir l’eau, vraisemblablement en raison de l’hydrophobicité du charbon de bois. Les sols à texture grossière (sableuse ou caillouteuse) seraient donc les seuls à profiter des bénéfices hydriques permis par le biochar. Une expérience a par exemple montré que la teneur en eau d’un sol sableux passait de 18 % à plus de 45 % (en volume) à la suite de l’apport de charbon de bois. Comme les sols sableux protégés par le couvert forestier, ces sols sableux enrichis en biochar sont aussi plus résistants à l’érosion. Cependant, si on prélève des sols sableux et qu’on les fait sécher puis qu’on les réhumidifie, ils ne retrouvent pas cette stabilité avant un certain temps (plusieurs mois en général), même artificiellement réhumidifiés. Ceci laisse supposer que les sols superficiels exposés au soleil et à une déshydratation complète pourraient ne pas bénéficier des effets positifs du biochar, au moins en surface.

Cycle de l’azote amélioré

La fixation microbienne de l’azote (celui capté dans l’air) expliquerait pour partie la conservation de la richesse du sol et celle des ions nitrate (NO3−), normalement très lessivables car solubles dans l’eau15,16.

Cycle du carbone amélioré

Une disponibilité suffisante en carbone (permise ou restaurée par le biochar) stimulerait l’activité microbienne du sol, et sur une plus grande profondeur, en améliorant par là le cycle de l’azote, avec une moindre lixiviation des nitrates. Steiner et al. (2004) avaient montré17 que la croissance microbienne était améliorée par ajout de glucose dans un sol enrichi en charbon de bois, sans augmentation du taux de respiration du sol. Ce contraste entre une faible émission de CO2 par le sol et un fort potentiel de croissance microbienne est justement l’une des caractéristiques des terres noires amazoniennes ou terra preta17.

Détoxification

Le biochar grâce à sa grande surface spécifique fixe aussi divers toxiques présents dans l’eau du sol, et facilite l’épuration bactérienne de l’eau et des gaz du sol. Par exemple, de nombreux sols tropicaux ont des teneurs en aluminium et en mercure beaucoup plus élevées qu’en zone tempérée. La présence de charbon de bois diminue la biodisponibilité de ces toxiques18. Sur les sols ferralitiques testés par Steiner et al. (2004), riches en aluminium libre, l’apport en charbon de bois a aussi diminué le taux d’ions aluminium échangeables dans le sol, par un mécanisme encore mal compris. Steiner et al. (2004) note que l’aluminium était le mieux fixé quand des engrais minéraux étaient appliqués conjointement au charbon de bois (de 4,7 à 0 mg·kg-1)7. L’aluminium libre est un facteur toxique limitant la croissance des plantes19.

Effet-tampon sur l’acidité du sol

Un pH trop acide limite la production agricole20. L’acidité excessive est en soi un problème direct pour le développement des végétaux mais aussi indirect parce que l’acidité rend de nombreux toxiques — les métaux notamment — plus biodisponibles. L’auteure Stéphanie Topoliantz21 a montré que le charbon de bois améliorait la culture légumière sur un sol tropical acide, en diminuant le taux d’aluminium biodisponible, mais aussi en diminuant l’acidité du sol. Indirectement, le biochar favorise également la fixation de l’ion carbonate qui tamponne le pH du sol, facilitant ainsi le développement bactérien et limitant la biodisponibilité des toxiques naturels du sol22.

Réhumification

Une augmentation du taux de matière organique (humus) fait suite à l’oxydation lente du charbon de bois23,24. Cette augmentation pourrait aussi stimuler la désorption des phosphates et sulfates utiles aux plantes en libérant ces anions25.

D’autres aspects (catalytiques ou synergiques) font l’objet de recherches en cours.

Production contemporaine de biochar

Plusieurs types de productions artisanales et industrielles coexistent :

  • Production traditionnelle de biochar à partir de techniques séculaires (combustion lente de bois en meule recouverte de terre)26.
  • Production industrielle (pyrolyse contrôlée) : l’industrie le produit sous forme de granulés (débris de bois recyclés ou résidus végétaux ayant subi un traitement thermique de type thermolyse), présentés comme une source intéressante d’énergie renouvelable27 (aspect parfois discuté à cause du risque de priver la forêt du bois mort nécessaire au cycle sylvigénétique et à la préservation de la biodiversité28).
  • Coproduction industrielle dans l’industrie de la canne à sucre, utilisant la bagasse comme biomasse pour valorisation énergétique. L’écume, sous-produit de cette combustion, peut être considérée comme un biochar. Elle est valorisée en agriculture.
    Le biochar peut aussi être fabriqué à partir de poussières de charbon de bois alors agglomérées avec environ 20 % d’argile29.
  • Production combinée à un cycle de production de biocarburant ou d’agrocarburant, avec production d’énergie via des processus (exothermiques) permettant aussi une production de chaleur (voire d’électricité, en cogénération) produisant plus d’énergie que l’énergie investie30.
    L’énergie nécessaire pour produire du charbon de bois reste plus importante que celle nécessaire pour produire des agrocarburants de type éthanol à partir de maïs30.
  • La production de biochar à usage agricole reste marginale.
    Potentiel de séquestration de carbone

Une partie de la production de charbon de bois (dont celle effectuée à partir de déchets agricoles) pourrait contribuer à restaurer les sols tropicaux, avec un écobilan qui reste à faire pour le charbon produit à partir du bois.

Les sols de la planète (sols naturels relictuels + sols cultivés) contiendraient aujourd’hui 3,3 fois plus de carbone que l’atmosphère, soit 4,5 fois plus que la biomasse des plantes et des animaux terrestres n’en renferme hors-sol31, ce qui fait du sol un bon levier pour le stockage du carbone (voir aussi l’initiative 4p1000). Lorsque des écosystèmes naturels sont labourés et mis en culture, la plus grande partie du carbone piégé dans ces sols est libérée dans l’atmosphère sous la forme de CO2 ou de méthane, deux gaz à effet de serre, ou dans l’eau sous forme d’acide carbonique. Des millions d’hectares de sols naturels, forestiers notamment, sont mis en culture tous les ans, notamment pour la production de biocarburants32.

Le biochar et la terra preta qu’il peut former peuvent contribuer à la séquestration du carbone dans les sols végétalisés (cultivés ou forestiers) durant des centaines voir des milliers d’années33,34.

Le GIEC évalue le stockage de carbone grâce au biochar à entre 0,2 et 3 GtCO2/an soit beaucoup moins que les estimations précédentes datant de 201035.

Non seulement le biochar peut enrichir les sols en y augmentant fortement et durablement le taux de carbone (150 g C/kg de sol par rapport à 20-30 g C/kg dans les sols environnants), mais les sols enrichis par du biochar se développent naturellement plus en profondeur ; ils sont, en moyenne, plus de deux fois plus profonds que les sols environnants [réf. nécessaire]. Par conséquent, le carbone total stocké dans ces sols peut être d’un ordre de grandeur plus élevé que les sols adjacents36,37.

Autre intérêt pour la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre

Le biochar diminue les émissions du sol en CO2 et méthane, mais aussi en protoxyde d’azote (N2O ou oxyde nitreux), trois gaz à effet de serre préoccupants pour le climat38. Yanai et ses collaborateurs ont même constaté en conditions de laboratoire une suppression partielle, sous certaines conditions très dépendantes de l’humidité, des émissions de N2O quand du biochar a été ajouté au sol39.

Le piégeage et le stockage à long terme du carbone par le biochar ne nécessitent ni progrès technique ni recherche fondamentale car ses outils de production sont robustes et simples, ce qui le rend approprié pour de nombreuses régions du monde6. Dans sa publication dans le journal Nature Johannes Lehmann, de l’université Cornell, a estimé que la pyrolyse du bois sera rentable quand le coût de la tonne de CO2 atteindra 37 dollars US6.

Utiliser la pyrolyse du bois pour la production de bioénergie est déjà possible, même si elle est encore aujourd’hui plus chère que l’usage d’énergies fossiles.

Mesure de la surface spécifique

Elle reste difficile. Selon une étude récente (2018), les méthodes disponibles de mesure de cette surface (y compris le standard BET et la méthode à l’iode) ne sont pas fiables, notamment pour les biochars très statiques, les biochars très fins et ceux qui contiennent un peu plus d’huile que les autres. En outre, les auteurs ont constaté que cette surface spécifique augmente avec la durée d’immersion du biochar dans l’eau40.

Aspects et avantages sanitaires

En termes d’écobilan écotoxicologique, les avantages semblent l’emporter sur les inconvénients et doivent encore être précisés par la recherche. Parmi les inconvénients, il faut citer les goudrons et le monoxyde de carbone produits lors de la production de biochar [réf. nécessaire], qui sont des polluants et des toxiques ou cancérigènes avérés. Mais cet aspect négatif est à mettre en balance avec le fait que le charbon de bois contribue à détoxifier l’eau 41 et à la différence du fumiers et des fientes non compostés, le biochar ne pose a priori pas de problèmes d’introduction de germes pathogènes. Ceci présente notamment un avantage pour les cultures de légumes frais ou plantes à croissance rapide et se mangeant crus (radis, carottes, salades, etc.) qu’il ne vaut mieux pas mettre en contact direct avec des fumiers pour limiter les épidémies et le risque zoonotique.

Limites et précautions

L’utilisation du biochar peut aussi présenter certains risques pour l’eau, l’air, les sols, la santé ou la biodiversité42 ;

  • Si ce biochar est produit, non pas à partir de déchets agricoles, mais à partir de bois issu de forêts anciennes ou primaires ou de vastes coupes rases, son bilan écologique est nettement moins bon (il est aussi source de CO2, et la déforestation qu’il pourrait induire si on le produit à partir d’arbres forestiers pourrait aggraver l’érosion, la perte d’eau utile et la perte de biodiversité) ;
  • S’il est utilisé sur des sols naturellement très acides et très oligotrophes où la biodiversité est dépendante de la pauvreté du sol, ou sur des sols dégradés mais localement devenus des refuges pour les espèces des milieux oligotrophes menacées par l’eutrophisation générale de l’environnement, le biochar peut être un facteur de recul de la biodiversité ;
  • De même, certains projets visant à collecter le petit bois et les rémanents des forêts pour produire du biochar pourraient être contre-productifs et appauvrir la forêt en la privant d’une partie de sa litière et du bois mort, qui constituent une source naturelle de carbone issue de la biomasse/nécromasse, nécessaire au cycle sylvogénétique43 ;
  • Enfin, divers matériels ont été récemment produits ou améliorés, parfois avec l’aide d’ONG environnementales, pour valoriser des déchets agricoles ou des roseaux (balle de riz, Typha) en biocharbon vendu en plaquettes substituables au charbon de bois domestique, qui est coûteux et contribue à la déforestation. L’écobilan de ce biocharbon reste à faire, car il peut – s’il était produit à grande échelle – priver les sols agricoles de la matière organique qui leur est nécessaire. De plus, la biomasse issus d’herbacé agricole est parfois très riche en chlore (fétuque, 0,65 % de la matière sèche) qui pourraient produire des dioxines et furanes lors de la fabrication du charbon et/ou lors de sa combustion en cuisine, cendres et fumées pouvant alors être également contaminées44,45 ;
  • De même, toute utilisation intense des roselières priverait de nombreux oiseaux, amphibiens, mollusques, etc. de leur habitat et d’une plante qui contribue à fixer les berges et épurer les sédiments.
    C’est donc (dans les limites évoquées ci-dessus) une solution localement utile et recommandée par un nombre croissant de chercheurs et agronomes (par exemple pour des plans de restauration de sols), mais qui pourrait aussi dans certains cas avoir des effets négatifs, éventuellement irréversibles sur certains sols naturellement pauvres en nutriments et pour cette raison riches en biodiversité, en particulier des milieux abritant des espèces endémiques rares. Une de ses utilisations les plus immédiates et avantageuses est de permettre de passer de la culture sur brûlis à une agriculture plus sédentaire gérant et protégeant ses sols (en association avec des jachères tournantes sur les sols les plus fragiles) pour stopper ou freiner la déforestation et la dégradation des sols conformément aux objectifs de l’ONU et de la FAO.

Article complet avec Notes et références sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Biochar

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  • Biochar : le nouvel or noir - Par Loïc Chauveau le 08.10.2022 à 20h00 Lecture complète réservée aux abonnés ‘Sciences & Avenir’
    Une technique permettant de soustraire du CO2 de l’atmosphère tout en produisant un composé susceptible de remplacer les engrais chimiques : c’est l’incroyable promesse du ’biochar’. Après deux décennies de recherche, la filière se dit mûre. Une révolution annoncée dans l’énergie et l’agriculture ?

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Illustration - Sorte de charbon végétal obtenu par pyrolyse, le biochar cumule les avantages : en plus de constituer un excellent fertilisant pour les sols, il permet de générer de l’énergie propre. Enfin, c’est un important puits de carbone. HAFFNER ENERGY

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°908, daté octobre 2022.

Dans quelques semaines, deux étranges conteneurs vont être posés sur le site du fournisseur de gaz strasbourgeois R-GDS. Ces modules vont produire de l’hydrogène pour alimenter les bus de la ville de Strasbourg. Presque banal à l’ère du développement de ce nouveau carburant. Pourtant, le procédé pour obtenir cette énergie est l’une des plus prometteuses innovations de ces dernières années. Il consiste à pyrolyser de la biomasse. 

Un ’déchet’ très précieux

Cette réaction produit du gaz ou de l’hydrogène, qui peuvent remplacer le gaz naturel ou le pétrole utilisés auparavant. Mais ce n’est pas tout. Elle donne également un ’déchet’ très précieux, composé à 85 % de carbone : le ’biochar’. De consistance poreuse, il s’agit d’un excellent fertilisant pour les sols avec lesquels il est mélangé. Au point qu’il pourrait remplacer en grande partie les engrais chimiques fabriqués à partir de… gaz naturel. Il fait actuellement l’objet d’une étude de marché pour un usage agricole au plus près de Strasbourg. Dans le contexte de l’arrêt des achats de gaz à la Russie en raison de la guerre en Ukraine et du doublement du prix de cette énergie, le biochar ressemble à un nouvel ’or noir’.

À Strasbourg, la biomasse provient en majorité des pins des forêts des Vosges qui meurent en grande quantité du fait des ravages de coléoptères xylophages, les scolytes. L’enjeu pour développer le biochar est en effet de trouver, partout où il est fabriqué, des déchets verts proches et bon marché. ’À chaque région sa biomasse, résume Philippe Haffner, directeur général de Haffner Energy, société spécialisée dans la combustion de biomasse située à Vitry-le-François (Marne), pionnière dans le biochar et seul fabricant français à l’heure actuelle. En Normandie, ce pourra être les anas de lin (résidus de la fabrication du lin, ndlr), dans les régions forestières, les déchets de l’industrie du bois, dans les zones d’élevage, du fumier, dans le Sud méditerranéen les grignons d’olive (restes du pressage à froid, ndlr).

Source : https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/developpement-durable/biochar-le-nouvel-or-noir_166521

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    Qu’est-ce que le biochar ? - - Document ‘controverses.minesparis.ps’
    Le biochar est caractérisé par sa couleur sombre lorsqu’on l’étale sur des terres agricoles. (Source : Biocharm Project – Kouk Cherei Village, Sasasdom Commune, Pouk District, Siem Reap. 25.06.2010) - On pourrait commencer par définir le biochar, ou bio-charcoal, par une traduction possible de ce terme anglais : charbon à usage agricole.

La définition donnée par Johannes Lehmann, est la suivante :

Produit carboné microporeux résultant de la thermo-dégradation de la biomasse (matières organiques) en l’absence d’oxygène (pyrolyse). Il est distingué du charbon de bois (obtenu par carbonisation) à usage énergétique par son orientation à être utilisé comme amendement du sol (Lehmann J. Cornell University. 2009).

Pour faire simple, on peut décrire le biochar comme un carbone solide, obtenu principalement par pyrolyse de matière organique, c’est-à-dire décomposition de résidus forestiers (ou de copeaux de scierie par exemple) par la chaleur en l’absence d’oxygène. C’est un produit artificiel d’origine végétale, qui prend la forme de fragments noirs de petite taille. Il est utilisé pour l’amendement des sols.

Terres noires, terres vertes

Historiquement, le biochar s’inspire de terres noires retrouvées en Amazonie et dont les propriétés, notamment en matière de fertilité des sols, défient toute concurrence. C’est le fruit de décennies de travail agricole des civilisations locales, disparues brutalement et sans laisser de traces sur le secret de cet or noir de l’agriculture.

Ces terres sont connues sous le nom de Terra Preta, elles forment un sol qui peut atteindre un mètre d’épaisseur, composé d’un mélange des sols présents ainsi que de petites particules de charbon de bois, de cendres de bois minérales et de matière organique humifiée. Les rendements de production de ces sols, 3 à 4 fois supérieurs aux autres sols locaux, attestent d’une fertilité surprenante, mais qui pourrait s’expliquer par un fort taux de Carbone.

Ces conclusions dérivent de travaux exercés par divers scientifiques et groupes de recherche, notamment le pionnier Wim Sombroek, qui étudie la terra preta de manière scientifique en 1966, dans son ouvrage Amazon Soils. Il collabore ensuite avec Bruno Glaser de l’université de Bayreuth en Allemagne, et concluent quant à l’intérêt de l’amendement de biochar dans les sols. En 1992, Sombroek publie son premier travail sur le lien entre la terra preta et la séquestration du carbone dans les sols.

Selon les recherches de Glaser, un hectare de terra preta contient 250 tonnes de carbone.

Johannes Lehman, président du conseil d’administration d’IBI, a travaillé avec les deux scientifiques. Il estime qu’une création et une utilisation judicieuses de terres noires permettraient de stocker jusqu’à 9,5 milliards de tonnes par an. C’est plus que ce qui est émis aujourd’hui en matière de combustibles fossiles.

Carbone négatif

Le biochar serait comme un descendant artificiel de ces terres exceptionnelles, en tant que produit riche en carbone, bien que sa composition soit variable selon la nature de la biomasse utilisée et du processus de pyrolyse.

La formation du biochar par pyrolyse des résidus végétaux implique que ces résidus sont non décomposés par voie naturelle (où ils auraient émis du CO2). De plus, insérer dans les sols du biochar, produit résistant à la décomposition, permet de stocker ce carbone rendu solide : enfoui sous terre il ne saurait s’ajouter aux gaz à effet de serre. On parle de bilan carbone négatif.

https://controverses.minesparis.psl.eu/public/promo14/promo14_G20/www.controverses-minesparistech-4.fr/_groupe20/wp-content/uploads/2015/05/co2.jpg

Cycle du carbone (Source : Lehmann, Nature, 2007)

Ces avantages sont repris par Efion Rees, dans le journal L’Ecologiste. De même, le groupe International Biochar Initiative, lobby promouvant les avantages du biochar écrit sur son site que « le biochar est un outil puissant et simple pour combattre le changement climatique ».

C’est ainsi que le biochar fut mentionné à la conférence de Copenhague, en 2009, comme un des outils à utiliser pour lutter contre l’augmentation des gaz à effet de serre. En effet, plusieurs évènements concernaient le biochar. Par ailleurs le lobby IBI était présent, et l’on comptait Johannes Lehman.

Un nombre croissant de groupes soutient le biochar, tandis que des nouvelles entreprises se chargent de produire du biochar. Ainsi de CoolTerra, biochar produit par l’entreprise CoolPlanet Energy Systems. Le biochar, bien qu’il revienne cher à la fabrication, s’avère être, selon les membres de CoolPlanet, un marché important. Pour cela il faut le promouvoir et le financer. D’où la présence de groupes comme IBI, le principal lobby en faveur du biochar, Pacific Northwest Biochar Working Group, ou ProNatura en France.

Si les promoteurs du biochar se situent souvent dans les pays industrialisés (Etats-Unis, Canada, Suisse en particulier), d’autres voient son intérêt en Afrique, comme le Congo Basin Forest Fund, initiative lancée par les gouvernements britannique et norvégien, pour la protection des forêts tropicales uniques de l’Afrique centrale ainsi que leur biodiversité et services écosystèmiques, qui a accepté en 2009 un projet belgo-congolais (Biochar Fund) pour promouvoir le biochar au Congo.

Principe de précaution versus témérité ?

La présence d’un lobby américain en faveur du biochar à Copenhague été critiquée, pour son impartialité, par certaines organisations ou groupes moins enthousiasmés par les promesses que semble proposer le biochar, tel l’organisme Biofuel Watch, déclarant à l’époque que le « lobby agro-industriel arrive à Copenhague ». De tels groupes, mais aussi des institutions publiques, tel le Comité scientifique français de la désertification, restent méfiants face aux promesses du biochar, arguant qu’elles sont le résultat d’études basées sur des terres noires aux propriétés certes fascinantes mais qui restent mystérieuses. En conclure qu’elles sont les mêmes que celles d’un biochar artificiellement construit serait alors un peu téméraire. Sans contester les résultats donnés par les études de Lehman, ils considèrent que la littérature, certes nombreuse, se base très souvent sur ces résultats et qu’il serait plus rigoureux de croiser les sources avant de crier au miracle.

Ce à quoi la journaliste américaine Emma Marris répond dans Nature  : “The enthusiasts need to be more down to earth ; but the policy people might benefit from getting their hands dirty.”

La majeure partie des scientifiques s’accordent ainsi pour considérer le biochar comme une solution, mais pas comme la solution : il faudra quand même combiner une diminution des émissions de GES pour lutter contre la pollution atmosphérique. Sinon, comme le pointe Jacques Henno dans les Echos, « ces techniques [de lutte scientifique contre le changement climatique] ne sont qu’un pis-aller : pouvons-nous nous contenter de transmettre le problème du réchauffement aux générations futures ? ».

Nous pouvons désormais comprendre en quoi le biochar pourrait, selon ses défenseurs, permettre de lutter contre le réchauffement climatique et ses effets. Le biochar, retenu en tant que solution pour stocker du carbone dans les sols n’est cependant pas la méthode la plus populaire. Afin de comprendre pourquoi des débats ont lieu sur son utilisation, il faut se pencher sur samédiatisation dans le temps et dans le monde pour savoir s’il s’agit d’une méthode pertinente.

Description de controverses – Mines Paris

Qui sommes-nous ? – Clean meat

Source : https://controverses.minesparis.psl.eu/public/promo14/promo14_G20/www.controverses-minesparistech-4.fr/_groupe20/index0ec0.html?page_id=104

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Proposition de gestion des radiations solaires par diffusion de sulfate sous forme d’aérosol dans la stratosphère.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/18/SPICE_TESTBED_-_DEPLOYED_POSITION.jpg/220px-SPICE_TESTBED_-_DEPLOYED_POSITION.jpg

Injection de particules stratosphériques par dirigeable.

La géoingénierie solaire ou gestion du rayonnement solaire, est un type de géoingénierie, très hypothétique et contestée, dans lequel le rayonnement solaire est réfléchi dans l’espace pour limiter le réchauffement climatique.

La méthode la plus discutée est la diffusion dans la stratosphère d’aérosols qui refléterait les rayons du soleil directement vers l’espace1 et l’éclaircissement des nuages marins2. Il s’agit de complémenter les approches qui visent à limiter les dégâts du réchauffement climatique (réduction des émissions, capture et stockage du carbone atmosphérique, et adaptation).

Il reste d’énormes incertitudes sur les impacts des diverses techniques de géoingénierie solaire3.

Les modèles climatiques

Cette section ne s’appuie pas, ou pas assez, sur des sources secondaires ou tertiaires (août 2021). 

Les modèles climatiques montrent que la géoingénierie solaire peut réduire les températures moyennes mondiales à des niveaux préindustriels4. Cependant, la géoingénierie solaire aurait de nombreux autres effets sur le climat : compenser toute l’augmentation de température réduirait la quantité de pluie5. Mais compenser la moitié du réchauffement dû aux gaz à effet de serre réduirait les impacts (y compris la précipitation) partout sur Terre6.

Limites et risques

La gestion du rayonnement solaire pourrait servir de réponse temporaire tandis que les niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère sont réduits grâce à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’élimination du dioxyde de carbone. La géoingénierie solaire ne réduirait pas directement les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre, et ne résoudrait donc pas les problèmes tels que l’acidification des océans causé par un excès de dioxyde de carbone (CO2).

Essais

En décembre 2022, le magazine MIT Technology Review révèle qu’en avril, l’Américain Luke Iseman, fondateur et PDG de l’entreprise Make Sunsets, a envoyé vers le ciel du Mexique des ballons contenant du dioxyde de soufre, dans ce qui serait la première expérience grandeur nature, dans la stratosphère, de géo-ingénierie solaire7. L’essai, réalisé sans supervision scientifique ni autorisation, suscite indignation et inquiétudes dans la communauté scientifique3.

Opposition

L’académie des sciences américaine a recommandé en 2021 aux États-Unis de poursuivre un programme de recherche solide sur la géo-ingénierie solaire8. Mais en janvier 2022, 390 personnalités (dont le climatologues français Jean Jouzel) demandent dans une lettre ouverte qu’un accord international interdisent la géo-ingénierie solaire, y compris de la recherche, rappelant que la priorité est de faire respecter l’accord de Paris sur le climat3,9.

Notes et références

https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9oing%C3%A9nierie_solaire

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  • Géo-ingénierie solaire : atténuer le Soleil est une solution risquée pour le climat - Publié le 18 janvier 2022 à 13h06 – Par Marcus Dupont-Besnard– Document ‘Numerama’ SciencesEnvironnementClimat
    Jouer avec le climat, mauvaise idée ?

Coucher de Soleil sur la ville de Tianjin. // Source : PixabayIllustration

Le développement de technologies visant à modifier le climat de la Terre pour freiner le réchauffement ne fait clairement pas l’unanimité. Les problèmes sont tout à la fois scientifiques et politiques. Que risque-t-on à jouer avec le climat ?

Contre le réchauffement de la planète provoqué par les activités humaines, l’heure est aux solutions. Certaines visent à atténuer des dégâts inévitables, d’autres peuvent empêcher des conséquences plus graves, plus profondes. Parmi les projets en la matière, des scientifiques discutent, depuis plusieurs années maintenant, d’une solution corrective radicale : la géo-ingénierie climatique. Mais peut-être est-ce ici la voie du pompier pyromane.

Ce terme englobe des techniques visant à modifier volontairement le climat de la planète à grande échelle. En général, le concept est mobilisé quand il s’agit de projeter de telles techniques pour freiner les effets du réchauffement planétaire. En clair, il s’agit de procéder à un changement climatique volontaire corrigeant les effets néfastes du changement climatique provoqué par les activités humaines.

Ce type de projets est bien loin de faire l’unanimité. « Nous appelons à une action politique immédiate de la part des gouvernements, des Nations Unies et d’autres acteurs afin d’empêcher la normalisation de la géo-ingénierie solaire comme option de politique climatique  », alertent des dizaines de scientifiques spécialisés dans l’environnement, dans une lettre ouverte publiée début 2022.

La planète Terre et le Soleil. // Source : Pixabay

Illustration - Changer l’atmosphère de la Terre pour qu’elle reflète davantage les rayons du Soleil et éviter ainsi l’effet de serre… ce n’est pas sans risques. // Source : Pixabay

Atténuer le Soleil pour stopper le changement climatique

Il existe différentes voies potentielles de géo-ingénierie. Par exemple, la fertilisation de l’océan par le fer (ocean iron fertilization) consiste à ajouter des éléments de fer à la surface des océans, dans les zones qui en sont pauvres, afin de stimuler la production de phytoplancton, ce qui, biologiquement, pourrait contribuer à la séquestration du dioxyde de carbone (CO2) ailleurs que dans l’atmosphère.

De même, la remontée artificielle des eaux (artificial upwelling) consisterait à pomper les eaux fraîches profondes pour les faire remonter à la surface des océans, afin de stimuler l’activité phytoplancton — là encore pour faire baisser les niveaux de CO2. On trouve aussi l’idée d’une alcalinisation artificielle de l’océan : en ajoutant des substances alcalines à l’eau de mer — des minéraux (comme l’olivine) ou des substances artificielles (la chaux ou des sous-produits industriels) — on pourrait renforcer le puits de carbone naturel que sont les océans.

Mais la lettre ouverte publiée début 2022 évoque plus spécifiquement la géo-ingénierie solaire, aussi appelée solar radiation management (gestion du rayonnement solaire). Cette technologie, encore au stade hypothétique dans divers projets, consisterait à réduire artificiellement la quantité de rayons solaires arrivant sur Terre. L’une des voies serait d’injecter une dose précise de dioxyde de soufre dans la moyenne ou la haute atmosphère terrestre, afin d’épaissir artificiellement la couche de particules d’aérosol réfléchissant la lumière. En réfléchissant les rayons, on réduirait les risques d’effet de serre.

Cette technique est inspirée par ce que l’on observe dans la nature — en particulier les éruptions volcaniques qui, rejetant des particules, ont contribué à un refroidissement temporaire de surface (en 1883 en Indonésie ou en 1991 aux Philippines). Mais réaliser une telle opération volontairement, et en des quantités plus élevées pour que cela persiste, est une toute autre histoire. Ce n’est peut-être pas sans dangers.

Les risques de la géoingénierie solaire

La lettre ouverte liste trois dangers principaux à une atténuation artificielle des rayons solaires :

  • Le premier risque… est que les risques sont mal compris, voire qu’ils «  ne pourront jamais être totalement connus  », précisent ces scientifiques. On ne sait pas ce que l’on pourrait changer concrètement au climat, ni quel impact cela pourrait avoir sur l’agriculture locale, les ressources en nourriture et en eau. Il faudrait par ailleurs comprendre les impacts d’une région à l’autre, car cela n’aurait certainement pas les mêmes effets partout.
  • Ensuite, les auteurs de la lettre craignent que développer et promouvoir de telles technologies soit néfaste pour l’urgence climatique. « Les espoirs spéculatifs concernant la disponibilité future des technologies de géo-ingénierie solaire menacent les engagements en matière d’atténuation et peuvent dissuader les gouvernements, les entreprises et les sociétés de faire tout leur possible pour parvenir à la décarbonisation ou à la neutralité carbone dès que possible. »
  • Enfin, il se pose une question presque diplomatique : qui contrôle le système de géo-ingénierie de la planète ? « Le système actuel de gouvernance mondiale est inapte à développer et à mettre en œuvre les accords de grande envergure nécessaires pour maintenir un contrôle politique équitable, inclusif et efficace sur le déploiement de la géo-ingénierie solaire. » Or, sans contrôle démocratique et équitable d’un tel outil, cette voie pourrait poser certains risques de conflits.
    Ces considérations ne sont pas nouvelles et sont souvent citées en opposition à la géo-ingénierie solaire. D’autres problèmes s’ajoutent, et un en particulier. Imaginons par exemple qu’un processus technologique de ce type soit soudainement interrompu : le réchauffement du climat qui adviendrait pourrait être soudain et catastrophique pour l’intégralité des écosystèmes.

«  En bref, le déploiement de la géo-ingénierie solaire ne peut être régi au niveau mondial de manière équitable, inclusive et efficace  », résument les auteurs et autrices de la lettre ouverte. Il faudrait, selon ces scientifiques, adopter un accord international de non-utilisation de la géo-ingénierie solaire.

« Jouer » avec le climat de la Terre semble donc être une tentative risquée, a fortiori car ce sont les activités humaines qui ont déjà mené à l’urgence climatique. D’autant que des solutions d’atténuation existent. En plus de freiner les émissions pour couper le problème à la source, des pistes comme peindre les villes en blanc, pour réfléchir la lumière solaire sans toucher au climat, sont de plus en plus évoquées pour vivre avec les effets du réchauffement. Dans tous les cas, la voie qui doit primer, d’après le dernier rapport du GIEC, est d’agir maintenant, à court terme.

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  • Géo-ingénierie solaire : pourquoi d’éminents scientifiques s’opposent à l’idée soutenue par Bill Gates de freiner le réchauffement climatique – Par Shin Suzuki - BBC News Brasil, Sao Paulo - 14 avril 2022 - Extraits

    La fumée d’un feu dans le ciel

Photo - Crédit photo, Getty Images

Dans un avenir proche, la Terre doit faire face aux conséquences tragiques d’une expérience destinée à enrayer le changement climatique : le déversement de produits chimiques dans le ciel pour former une barrière contre les rayons du soleil qui réchauffent la planète.

La tentative échoue et le monde entre dans une réalité post-apocalyptique.

Telle est l’intrigue de ’The Fear Express’, un film de 2013 réalisé par le Sud-Coréen Bong Joon-Ho, le célèbre cinéaste de ’Parasite’.

Lire aussi sur BBC Afrique :

Un centre de recherche de la prestigieuse université de Harvard, aux États-Unis, se consacre à l’étude de ce concept.

Le milliardaire Bill Gates est l’un de ses grands adeptes, et a fait don de millions à la recherche.

Il est également réel que nous avons la tâche monumentale de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5°C et que les catastrophes climatiques deviendront la routine dans le monde dans un avenir proche.

Lundi dernier, le 4 avril, l’organe des Nations unies chargé du changement climatique a publié un nouveau rapport qui pose un ultimatum : c’est maintenant ou jamais si nous voulons éviter de graves sécheresses, des chaleurs extrêmes, des inondations dévastatrices et des extinctions massives d’espèces.

Certains experts craignent que la géo-ingénierie solaire ne gagne du terrain en tant que solution en cette période de désespoir, même si elle est susceptible de générer des effets secondaires irréversibles sur le plan environnemental et politique : la technique pourrait être utilisée comme une arme de guerre imprévisible, préviennent-ils.

Mais d’autres soutiennent que nous ne pouvons pas renoncer à trouver des solutions à l’urgence du changement climatique, un raisonnement adopté par Bill Gates.

En janvier de cette année, plus de 60 scientifiques de plusieurs pays ont lancé une initiative visant à interdire purement et simplement le développement de cette technique, qui n’a été étudiée que dans des simulations informatiques et nécessite des essais sur le terrain.

Cette proposition prévient qu’en plus des résultats potentiellement désastreux, la géo-ingénierie solaire ne résoudrait pas complètement le problème du réchauffement climatique, un point concédé par les partisans du concept.

Et cela pourrait détourner l’attention d’une obligation plus importante qui a été ignorée : celle de réduire considérablement les émissions de dioxyde de carbone (CO2), qui retient la chaleur dans l’atmosphère.

BBC News Brazil s’est entretenu avec cinq scientifiques brésiliens et américains, certains critiques et d’autres partisans, pour expliquer les implications de la géo-ingénierie solaire.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Il existe différentes techniques classées dans la catégorie de la géo-ingénierie solaire, dont certaines font intervenir les eaux océaniques plutôt que l’atmosphère.

Cependant, le principe de la technique la plus débattue aujourd’hui est inspiré des grandes éruptions volcaniques et s’appelle l’injection d’aérosols stratosphériques.

En 1991, le mont Pinatubo, aux Philippines, a provoqué la deuxième plus grande éruption volcanique du 20e siècle, faisant plus de 800 morts et 10 000 sans-abri, et laissant une traînée de destruction.

Un phénomène naturel a également été observé : la lave et les cendres éjectées par le Pinatubo ont fait que des tonnes de dioxyde de soufre dans la stratosphère ont agi comme une sorte de miroir pour les rayons du soleil.

’Lorsqu’il y a beaucoup de suie et de particules solides dans la haute atmosphère, le rayonnement solaire rencontre ces aérosols lorsqu’il pénètre dans l’atmosphère et est renvoyé dans l’espace’, explique Tércio Ambrizzi, professeur à l’Institut d’astronomie, de géophysique et de sciences atmosphériques de l’Université de São Paulo (USP).

’Le rayonnement solaire ne peut pas traverser et atteindre la surface de la Terre, ce qui l’empêche de générer une température élevée’, ajoute-t-il.

Les scientifiques ont noté que les effets de l’activité volcanique du Pinatubo de 1991 ont entraîné une baisse de 0,5°C de la température mondiale au cours des années suivantes, un taux considéré comme significatif.

’L’idée de la géo-ingénierie solaire est d’injecter des aérosols dans la stratosphère pour inhiber cet afflux d’énergie solaire. Et avec cela, vous provoquerez un refroidissement’, dit Ambrizzi.

’Nous savons que la raison de la disparition des dinosaures était la chute d’une météorite. Une théorie veut que l’impact ait provoqué une série d’explosions volcaniques sur toute la planète, générant une couche d’aérosols qui a bloqué l’énergie solaire et fait baisser la température globale.

Pour tenter de reproduire le phénomène, l’idée est de construire des avions spéciaux pour atteindre la stratosphère (à une altitude d’environ 20-30 km) et y déverser des composés chimiques, tels que des sulfates et leurs variations.

Cet objectif est considéré comme tout à fait réalisable d’un point de vue technologique.

Un autre facteur en faveur de la géo-ingénierie solaire est son coût : 10 milliards de dollars par an est l’estimation la plus élevée, ce qui est faible par rapport aux pertes futures dues au réchauffement de la planète, déjà estimées à plusieurs trillions.

Mais Stephen M. Gardiner, de l’université d’État de Washington, qui étudie les questions éthiques liées aux problèmes environnementaux et leur impact sur les générations futures, affirme qu’il existe un consensus ’parmi les scientifiques responsables’ pour dire que le concept reste hautement spéculatif.

’Même si nous décidions de pousser la recherche dans ce domaine, ce serait une course contre la montre pour développer quelque chose qui ne serait mis en œuvre que dans des décennies et qui comporterait inévitablement de grands risques.

Pour M. Gardiner, l’attention croissante portée à la géo-ingénierie solaire est un produit du désespoir qui s’empare de ceux qui sont conscients de la catastrophe climatique qui se profile à l’horizon.

’C’est en train de devenir incontrôlable. Il est difficile de faire face aux échecs persistants des approches conventionnelles, telles que les accords (climatiques) de Kyoto et de Paris.’

’Les gens commencent donc à s’accrocher à n’importe quoi. Même des événements hautement spéculatifs, intrinsèquement risqués et potentiellement déstabilisants sur le plan géopolitique comme celui-ci.’

Selon le professeur de l’université de Washington, la géo-ingénierie solaire impliquerait une profonde concentration du pouvoir politique et nécessiterait de nouvelles institutions mondiales plus puissantes et plus éthiques que celles dont nous disposons aujourd’hui.

’Sans cela, qui exercerait le pouvoir de la géo-ingénierie ? Il semble inévitable qu’elle devienne ainsi une superpuissance, ce qui créerait des conflits avec d’autres grandes puissances’, déclare M. Gardiner.

M. Ambrizzi, de l’USP, affirme que ’vous n’avez aucun contrôle sur la destination des aérosols injectés dans l’atmosphère. Comme il y a des flux de vent dans la haute atmosphère, il y a une circulation intense dans la stratosphère’.

’Sans ce contrôle, vous pouvez déstabiliser des régions qui sont en équilibre.

’Supposons que le Brésil décide de faire cette expérience, mais pas l’Argentine. Les températures moyennes commencent à baisser ici, mais augmentent en Argentine ou baissent beaucoup plus qu’aujourd’hui.

’Le gouvernement argentin n’a pas donné son accord à ce sujet. Imaginez, par exemple, que le pays perde toute sa production de vin et décide de poursuivre le Brésil’.

Il souligne également le haut degré d’incertitude des modèles actuels de prévision météorologique et climatique, ce qui renforce l’imprévisibilité de la géo-ingénierie solaire à son stade actuel.

En défense

David Keith, professeur de physique appliquée et de politique publique à la Kennedy School de Harvard, est l’un des principaux noms cités lors des discussions sur le sujet.

’Selon moi, il existe des preuves solides que la géo-ingénierie solaire pourrait réduire de manière significative certains risques climatiques au cours de la seconde moitié de ce siècle’, déclare M. Keith.

’Les modèles climatiques montrent systématiquement qu’une combinaison de réductions des émissions et de géo-ingénierie solaire uniforme et cohérente réduirait les températures moyennes et maximales plus que les réductions des émissions seules.’

La circulation à Sao Paulo

Crédit photo, AFP via Getty Images - Légende image - Selon ses détracteurs, la géo-ingénierie solaire pourrait détourner l’attention de l’objectif principal : la réduction des émissions de carbone dans l’atmosphère

’Étant donné qu’il est prouvé qu’une augmentation supplémentaire de 1°C serait la plus néfaste pour les régions les plus chaudes de la planète, et étant donné que les plus pauvres et les plus vulnérables sont concentrés dans ces régions chaudes, il semble probable que la géo-ingénierie solaire serait particulièrement efficace pour réduire les risques dans ces endroits’, ajoute-t-elle.

Holly Jean Buck - auteur de ’After Geoengineering : Climate Tragedy, Repair and Restoration’ - préconise cette technique en raison des risques posés par le changement climatique.

Elle convient qu’il est nécessaire de comprendre quels seraient les impacts de la géo-ingénierie solaire sur la planète et que de nombreuses études sont nécessaires avant de pouvoir la mettre en œuvre.

’Cependant, la pétition [contre le développement de la technique] demande des mesures qui affecteraient la capacité à financer, mener et évaluer la recherche de manière transparente.

Tous deux reconnaissent que la géo-ingénierie solaire risque de détourner l’attention de l’objectif principal, à savoir la réduction des émissions de carbone, et que cette technique ne pourrait fonctionner qu’en complément de cet objectif.

’Palliatif’

Emilia Wanda Rutkowski - professeur à la faculté de génie civil, d’architecture et d’urbanisme de l’université d’État de Campinas (Unicamp) - est l’une des signataires du document appelant à un moratoire sur le développement de la géo-ingénierie solaire.

’Essayer de trouver une solution sans changer l’essence du problème [du réchauffement climatique] n’est pas une vraie solution’, déclare Rutkowski. Elle prétend que le problème ’prolonge’. ’Pourquoi ne pas commencer par ce que vous savez être la cause première ?’ demande-t-elle.

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Changement climatique : les scientifiques vérifient si les pollueurs respectent leurs engagements en matière de climat 10 avril 2022

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Un collectif de scientifiques, chercheurs et personnalités, parmi lesquels l’écrivain Amitav Gosh, appellent à réglementer mondialement la géo-ingénierie solaire. Ils estiment que ces technologies sont risquées, antidémocratiques, et inefficaces contre le changement climatique.

Nous appelons les gouvernements, les Nations Unies, et l’ensemble des acteurs à agir contre la normalisation de la géo-ingénierie solaire comme instrument des politiques climatiques. Les gouvernements et les Nations Unies doivent assurer un contrôle politique effectif des technologies de géo-ingénierie solaire et restreindre leur développement à l’échelle planétaire. Plus précisément, nous appelons à l’adoption d’un accord international de non-utilisation de la géo-ingénierie solaire.

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Recyclage des déchets : L’Europe refuse le logo simplifié Triman

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Annexe - L’effet papillon : qu’est-ce qui se cache derrière la théorie du chaos ? - Publié : 3 avril 2022, 18:12 CEST – Par Waleed Mouhali Enseignant-chercheur en Physique, ECE Paris

Déclaration d’intérêts - Waleed Mouhali ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

Partenaires : OMNES Education apporte un financement en tant que membre adhérent de The Conversation FR. Voir les partenaires de The Conversation France

Image d’une fractale : zoomer sur les parties de l’image montre des détails qui sont identiques (mais en plus petit) à la forme globale

Fractale représentée par l’ensemble de Mandelbrot. Wolfgang Beyer/Wikimedia Commons, CC BY-NC-SA - Adresse électronique
Dans la mythologie grecque, Chaos est l’élément primordial de la théogonie hésiodique, où il désigne une profondeur béante. Ovide en fait dans ses Métamorphoses une « masse informe et confuse qui n’était encore rien que poids inerte, amas en un même tout de germes disparates des éléments des choses, sans lien entre eux ». Dans la tradition judéo-chrétienne, le chaos est un état vague et vide de la terre avant l’intervention créatrice de Dieu. Aujourd’hui, dans le langage courant, il représente un état de confusion générale, de désordre, de perturbation.

En mathématiques, le concept de « théorie du chaos » a un sens plus spécifique. Cette discipline étudie le comportement des systèmes dynamiques, systèmes qui évoluent avec le temps, très sensibles aux conditions initiales. Ainsi, des différences infimes dans les conditions initiales entraînent des évolutions totalement différentes, rendant toute prédiction impossible ou difficile à long terme. La théorie du chaos a de nombreuses applications : météorologie, sociologie, physique, informatique, ingénierie, économie, biologie et philosophie.

C’est en voulant prédire le temps qu’il fait grâce à des équations déterministes de la physique que la théorie du chaos est née. Et l’image que l’on en a, popularisée notamment par le film Jurassic Park, est celle du battement d’ailes de papillon capable de provoquer une tornade ailleurs sur le globe.

L’effet « papillon »

Bien que le caractère vraisemblablement chaotique de la météorologie fut pressenti par Henri Poincaré, le météorologue Edward Lorenz est néanmoins considéré comme étant le premier à le mettre en évidence, en 1963. La météo est le système dynamique par excellence, prédire le « temps » qu’il fera est un vrai défi. Si on tente de le relever, il faut modéliser le climat à l’aide des équations très compliquées et très lourdes, tirées de la mécanique des fluides et thermodynamique essentiellement. Néanmoins, Lorenz réussit à considérablement simplifier ces équations.

Puis, il décide de faire appel au meilleur ordinateur de son époque pour mener à bien la résolution de ces équations. Il démarre ses équations à partir des « conditions initiales » (valeurs des paramètres des équations à t=0, le début). Il arrête sa simulation, puis la relance en modifiant les conditions initiales : au lieu de reprendre les valeurs de t=0, il prend des données choisies à un autre instant t de sa précédente simulation. Pour Lorenz, cette nouvelle simulation devait être identique à la partie de la simulation précédente qui suivait la valeur t choisie comme condition initiale pour la nouvelle. Or, à sa grande surprise, même si les trajectoires commencent bien de façon identique, elles finissent par se séparer et évoluer de façon complètement différente ! Les paramètres initiaux t ont donc une influence sur l’évolution du système entier.

En réalité, tout est une question de chiffres « significatifs », qui indiquent la précision d’un calcul. Par exemple, 4,54 (3 chiffres significatifs) est moins précis que 4,54007 (6 chiffres significatifs). Or, lors de sa seconde simulation, Lorentz avait utilisé non pas la valeur précise de t (avec 6 chiffres significatifs), mais une version arrondie (3 chiffres significatifs seulement), pensant que le faible écart serait insignifiant. Or, ce n’est pas le cas ! On comprend alors son étonnement face à cette évolution.

En 1972, Lorenz fait une conférence à l’American Association for the Advancement of Science, intitulée : « Prédictibilité : le battement d’ailes d’un papillon au Brésil provoque-t-il une tornade au Texas ? », à l’origine de « l’effet papillon ». Pourtant, bien sûr, ce n’est pas un papillon qui cause la tornade : elle serait causée par l’ensemble de l’historique des changements météorologiques. Vu que tous les plus infimes détails comptent de par l’extrême sensibilité aux conditions initiales, c’est l’ensemble de ces paramètres qui va potentiellement créer une tornade. Cette complexité vient donc annihiler toute velléité de prédiction météorologique à long terme. Rappelons également que le modèle de Lorentz est très simplifié, et qu’il est pourtant sujet au comportement chaotique : l’effet est plus important encore avec des modèles plus réalistes et donc plus complexes.

Attracteur étrange

On peut d’ailleurs avoir des comportements chaotiques pour des modèles encore plus simples. C’est par exemple le cas de la fonction logistique (aussi appelée Modèle de Verhulst, elle modélise la croissance d’une population animale en dynamique des populations). Vous prenez un nombre x compris entre 0 et 1. Vous retranchez ce nombre à 1 (1-x). Vous multipliez ce nombre par le nombre de départ (soit x(1-x)) et vous multipliez encore le tout par n’importe quel nombre positif a (soit ax(1-x)). Faites cette opération autant de fois que vous voulez : chaque étape sera appelée itération.

Vous ne le soupçonnez peut-être pas, mais la valeur de ce nombre « a » va révéler la nature chaotique de cette opération. Si a est compris entre 0 et 1, au bout de quelques itérations, vous trouverez la valeur 0. Si a est compris entre 1 et 3, vous convergerez vers un nombre, jamais le même, mais un nombre seul (en fait, on peut montrer que l’on converge vers une valeur (a-1)/a). Puis, lorsque a est compris entre 3 et 3,45 vous trouverez au bout d’un certain nombre d’itérations que le résultat oscille entre deux valeurs de manière périodique. Entre 3,45 et 3,54, c’est autour de 4 valeurs, au-delà de 3,54 c’est 8 valeurs, etc…

https://images.theconversation.com/files/454775/original/file-20220328-17770-y56aji.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip

Schéma agrandi - Bifurcations successives de la fonction logistique : la valeur de a permet de comprendre que le chaos est possible à chaque bifurcation sous la forme d’un attracteur qui peut prendre plusieurs valeurs. Le chaos se traduit alors par un très grand nombre de bifurcations. Cadre de droite : agrandissement mettant en évidence l’aspect fractal de la bifurcation. Waleed Mouhali, Fourni par l’auteur

On obtient ainsi une succession de bifurcations entre les comportements périodiques et le chaos. Cette succession de bifurcation correspondant à la « mise en place » d’une complexité qui se matérialise en chaos en fonction de la nature de l’attracteur. C’est ce que l’on observe pour a=3, une bifurcation vers 2 valeurs (comportement périodique), puis pour a=3,45 deux bifurcations vers 4 valeurs, etc. De bifurcation en bifurcation, les évolutions deviennent de plus en plus complexes. Le processus aboutit, pour a > 3,57 environ, à des systèmes qui ne présentent généralement plus d’attracteurs visibles. Les graphiques représentent alors une évolution « chaotique » au sens usuel du terme.

On comprend alors l’importance de la notion d’attracteur : un point, une droite ou un espace vers lequel le système évolue de façon irréversible sans perturbations extérieures. Ainsi, la fonction logistique possède :

  • un attracteur ponctuel fixe lorsque a est compris entre 0 et 3 ;
  • un attracteur possédant une « orbite » périodique pour a compris entre 3 et 3,45 ;
  • un attracteur chaotique dit « étrange » car possédant une structure fractale pour a au-delà de 3,45.
    Concernant l’aspect chaotique, l’attracteur étrange n’est ni une courbe, ni une surface, mais un objet fractal, c’est-à-dire un objet qui se répète à l’infini. En zoomant sur une partie, le tout refait son apparition. Il y a « autosimilarité » à toutes les échelles, c’est-à-dire que le même objet est observable même en augmentant l’échelle. On peut l’observer sur le diagramme ci-dessus : par endroit, il y a des bandes blanches qui contiennent les mêmes bifurcations observées au départ. Cela nous donnerait presque l’impression de comprendre une « mécanique du chaos »…

Mais revenons au système de Lorenz. Lorsque les 3 paramètres du modèle prennent certaines valeurs, le système dynamique de Lorenz présente un attracteur étrange en forme d’ailes de papillon. Pour presque toutes les conditions initiales choisies par Lorenz, l’orbite du système (c’est-à-dire les trajectoires décrivant toutes les valeurs calculées associées au modèle) s’approche rapidement de l’attracteur, la trajectoire commençant par s’enrouler sur une aile, puis sautant d’une aile à l’autre pour commencer à s’enrouler sur l’autre aile, et ainsi de suite, de façon apparemment erratique.

Schéma d’une courbe s’enroulant sur elle-même pour former grossièrement l’image de deux ailes

Agrandir le schéma -Attracteur étrange de Lorenz en forme d’ailes de papillon. Waleed Mouhali, Fourni par l’auteur

L’existence d’un attracteur étrange pour certaines valeurs des paramètres a été conjecturée par Edward Lorenz dès 1963 sur la base de simulations numériques. Il a cependant fallu attendre 2001 pour en avoir une démonstration rigoureuse par Warwick Tucker. D’autres modèles et leurs attracteurs étranges correspondants existent, mettant ainsi en évidence la profondeur et l’exactitude de la théorie du chaos.

Le 20 siècle en sciences ou la fin tragique du déterminisme

Est-ce que la théorie du chaos a été inventée dans les années 1970 ? Oui et non. Le chaos avait en fait été déjà envisagé, notamment par Poincaré, qui s’était déjà posé la question de la stabilité du Système solaire. Il a ainsi pu montrer que 3 corps en interaction gravitationnelle sont susceptibles d’être instables. Cependant, pour la communauté scientifique de l’époque, renoncer au déterminisme en sciences s’est avéré trop compliqué.

Finalement, avec la physique quantique et le théorème d’incomplétude de Gödel, la théorie du chaos précipite la chute du déterminisme en sciences. « Un comportement complexe implique des causes complexes », pensait-on. Un dispositif mécanique, un circuit électrique, une population animale, l’écoulement d’un fluide, un organe biologique, un faisceau de particules, un orage, une économie nationale – bref un système qui était visiblement instable, imprévisible ou incontrôlé devait soit être régi par une multitude de composantes indépendantes, soit être soumis à des influences extérieures aléatoires.

Depuis Lorenz, les physiciens, mathématiciens, biologistes et astronomes ont créé de nouveaux concepts, une révolution en fait. Des systèmes simples peuvent engendrer un comportement complexe et des systèmes complexes, un comportement simple.

Théorie du « désordre » ou de la « complexité », il semblerait que là où commence le chaos s’arrête la vision « classique » de la science. Le « chaos » étant devenu objet d’étude, on croit (souvent à tort) le voir partout : des volutes d’une fumée de cigarette au mouvement de l’air lors d’un vol d’avion ; des bouchons sur une autoroute aux écoulements de pétrole dans les pipelines…

Le chaos efface les frontières entre disciplines. Théorie transdisciplinaire ou science de la nature globale des systèmes, le chaos est un vrai défi en termes de méthodologie scientifique. Le chaos élimine l’utopie d’une prédictibilité déterministe, mais questionne l’apparition d’un « ordre » dans une complexité peut-être apparente.

Tags - physique incertitude mathématiques histoire des sciences météorologie chaos fractale théorie du chaos

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