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"Le biogaz dans la ‘nouvelle campagne socialiste’ en milieu rural en Chine" par le Dr. Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 17 novembre 2010, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Energie renouvelable Chine
Le biogaz dans la ‘nouvelle campagne socialiste’ en milieu rural en Chine
Biogas for China’s New Socialist Countryside
La digestion anaérobie est la clé du développement rural de la Chine, mais davantage de formation et de soutien technique sont nécessaires et, encore plus, une approche intégrée de l’élaboration des denrées alimentaires et des énergies renouvelables, ainsi que la participation des communautés locales et la promotion des entreprises locales.
Dr. Mae-Wan Ho

Rapport ISIS 17/11/2010
La version originale complète, avec illustrations et références, s’intitule Biogas for China’s New Socialist Countryside ; elle est accesible par les membres de l’ISIS sur le site www.i-sis.org.uk/biogasForChina.php
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Green Energies 100% Renewables by 2050 - By Mae-Wan Ho, Brett Cherry, Sam Burcher & Peter Saunders. ISIS.

Une révolution se passe tranquillement dans les campagnes chinoises, tandis que l’attention du monde est préoccupée par la croissance économique phénoménale de la Chine, l’expansion industrielle sans relâche, l’écart croissant entre les riches et les pauvres dans le pays, ainsii que l’accélération de la dégradation environnementale due aux pressions qui sont exercées pour augmenter la production agricole (voir [1] The Green Shoots of China et d’autres articles de la série, SiS 46) *.
* La version en français s’intitule "Pour une Chine verte écologique : Les pousses vertes de la Chine" par Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard.

Lors de la séance d’ouverture du 10e Congrès national du peuple en Mars 2006, le Premier ministre chinois Wen Jiabao avait parlé des difficultés des 130 millions de travailleurs migrants du pays et de la pauvreté dans la Chine rurale. Le programme "Nouvelle campagne socialiste" avait été lancé pour améliorer le bien-être de ceux qui vivent en dehors des villes en pleine expansion comme Shenzhen, Guangzhou, Shanghai et Pékin [2, 3]. Une partie importante de ce programme consiste à fournir du biogaz dans les milieux ruraux chinois.

Le biogaz produit à partir des déchets organiques, alimentaires et agricoles, satisfait pleinement les critères de durabilité

Le biogaz est un mélange combustible de gaz produits par des micro-organismes lorsque le fumier du bétail et d’autres déchets biologiques sont mis à fermenter en l’absence d’air dans des récipients fermés, ou dans des digesteurs anaérobies. Les principaux constituants du biogaz sont le méthane (CH4 ) - environ 60 pour cent ou plus en volume - et le dioxyde de carbone (CO2,) - environ 35 pour cent - ; plus de petites quantités de vapeur d’eau, d’hydrogène sulfuré (H2S), de monoxyde de carbone (CO),ainsi que de l’azote (N2). La composition du biogaz varie en fonction de la matière biologique introduite dans le digesteur.

Le biogaz, produit à partir des déchets organiques, alimentaires et agricoles, est largement reconnu comme l’énergie renouvelable, ou bioénergie, dont l’utilisation correspond le plus aux critères de durabilité. Contrairement au biodiesel et à l’éthanol élaborés à partir de plantes cultivées, la production de biogaz à partir de déchets organiques n’entre pas en concurrence pour les terres cultivables qui devraient être de plus en plus mises en valeur pour la production de denrées alimentaires ([4] Biofuels & World Hunger, SiS 49)* ; le biogaz a, par ailleurs, de nombreux autres avantages ([5] Sustainable Agriculture, Green Energies and the Circular Economy, SiS 46) **.
* La version en français s’intitule "Les biocarburants et la faim dans le monde" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction, définitions et complémnts de Jacques Hallard.
** La version en français s’intitule "L’écologisation de la Chine : L’agriculture durable, les énergies vertes et l’économie circulaire" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard.

Le biogaz constitue un combustible propre pour la cuisine et il peut être utilisé pour le chauffage et la production d’électricité ; il est également un carburant pour les véhicules automobiles et pour les machines agricoles. La digestion anaérobie empêche la pollution de l’environnement et préserve les éléments nutritifs, comme l’azote et le phosphore, pour la fertilité des sols : les résidus et les boues du digesteur sont d’excellents engrais.
La digestion anaérobie améliore les conditions d’hygiène dans les fermes et dans les chaînes alimentaires en éliminant 90 pour cent ou plus, des agents pathogènes nuisibles.
Dans le contexte du changement climatique, il épargne les émissions de carbone en deux temps : d’une part en remplaçant l’utilisation des combustibles fossiles et, d’autre part, en empêchant les émissions et les fuites de méthane - un gaz à effet de serre à fort potentiel de réchauffement planétaire, égal à 25 fois la même quantité de CO2 sur une période d’un siècle.

L’économie du biogaz pour la Chine rurale

La Chine est l’un des premiers pays au monde à utiliser la technologie du biogaz et cette dernière a été relancée dans les campagnes successives de l’actuel gouvernement chinois, afin de fournir de l’énergie, de contribuer à l’assainissement et à la modernisation de l’agriculture (voir [6] Biogas China, SiS 32) *.
* La version en français s’intitule ‘Energie renouvelable - Le biogaz en Chine’ :
Le biogaz, émis par une fermentation anaérobie des déchets organiques, permet de récupérer une forme d’énergie renouvelable ; il évite, dans le même temps, les émissions de carbone dans l’atmosphère et les pollutions de l’environnement. Le biogaz est au centre d’une économie de nature écologique qui est en pleine expansion en Chine. Mais certaines contraintes doivent être prises en compte pour que toutes les potentialités puissent être exprimées, nous précisent le Professeur Li Kangmin et le Dr. Mae-Wan Ho. La traduction et les compléments de Jacques Hallard sont accessibles sur le site http://www.i-sis.org.uk/pdf/BiogasChinaFR.pdf

Le digesteur anaérobie, dit ‘dôme chinois’, est devenu la référence et le standard de construction de nos jours (Fig. 1), en particulier pour une installation domestique à petite échelle. En 2000 a commencé la mise au commerce des digesteurs familiaux à biogaz en fibre de verre, qui renforce le matériau de matière plastique [7].
Ce nouvel équipement à une épaisseur de 5-8 mm (moins d’un dixième des briques traditionnelles et avec une construction de mortier), une résistance à la traction élevée de 93,5 MPa (1 atmosphère = 101.325 Pa) et une résistance à la flexion de 109 MPa. Le volume des digesteurs anaérobies va de 6 à 10 m3. Cela a constitué une amélioration importante, en offrant une meilleure isolation, une plus longue durée de fonctionnement, une moindre maintenance à moindre coût et un temps de construction plus court : d’une demi-journée au lieu de 10 jours. Cela a également réduit légèrement le coût, qui est passé de 1.800 à 1.700 Yuans, et le poids de l’équipement a été réduit de 40 fois, pour atteindre seulement environ 200 kg.

La phase actuelle de la croissance exponentielle de l’utilisation du biogaz en Chine a commencé autour de 1995 [7]. En 2000, le ministère de l’Agriculture a proposé la "Projet rural d’enrichissement biologique " ; il fut suivi par le "Projet de la dette de l’État pour le biogaz dans les ménages ruraux" en 2003, puis par le "Projet de biogaz en milieu rural" en 2007. En 2007, on comptait 26,5 millions d’installations de biogaz, d’une puissance totale de 10,5 milliards de m3 de biogaz produit (équivalent à 7,99 GW). Les digesteurs familiaux à biogaz se sont retrouvés dans tout le pays, principalement dans le bassin de la rivière Yangtze et, de son côté, la province du Sichuan a le plus grand nombre d’installations de biogaz, avec 2,94 millions d’équipements qui sont en fonctionnement.

En 2007, 60 pour cent de la population chinoise, soit 0,9 milliards de personnes, vivaient dans les zones rurales. La consommation d’énergie par habitant était de 960 kg équivalent charbon (environ 28.8 GJ), dont 539 kg (56 pour cent) étaient utilisés dans la vie quotidienne avec les provenances suivantes : 32,8 pour cent de paille, 21,2 pour cent de bois de chauffage, 34,3 pour cent de charbon et 1,5 pour cent de production de biogaz. Il est estimé que seulement 19 pour cent du potentiel réel de production de biogaz a été réalisée.

Au cours de 11e plan quinquennal (2006-2010), il a été observé une extension rapide de l’utilisation de biogaz dans les zones rurales. Le ministre de l’Agriculture chinois convient qu’il est devenu l’un des plus important programme dans la promotion du bien-être des populations [8]. En conséquence, le gouvernement développe simultanément des digesteurs de biogaz à toutes les échelles d’utilisation : des petits équipements pour les usages familiaux et domestiques, des moyens et de plus grands équipements pour les usages industriels.

Durant la même période, un total de 12,78 millions de digesteurs de biogaz ménagers ont été installés avec des fonds du gouvernement central. On estime que 5.042 installations de biogaz, moyennes et grandes, ont été construites à la fin de 2010, soit 107 pour cent de la cible fixée dans le 11e plan quinquennal.

L’industrie de production de biogaz n’a cessé de croître. En 2009, le nombre de travailleurs employés dans la production de biogaz dans le pays a atteint 267.000, et la valeur de la production de biogaz en milieu rural était de 24,7 milliards de yuans, soit quatre fois plus qu’en 2005. Le ministère de l’agriculture a conclu que « l’application du biogaz dans les zones rurales a procuré des avantages économiques, écologiques et sociaux, qui contribuent à améliorer la structure énergétique dans les zones rurales, la promotion de la croissance de l’agriculture écologique de recyclage, et l’amélioration de l’environnement rural ».

Un autre avantage du biogaz provient du marché qui résulte d’une mesure gouvernementale dit ‘Mécanisme de développement propre (MDP)’ : la Chine a enregistré et signé le 19 janvier 2010, 701 projets avec le conseil exécutif du ‘MDP’, en grande partie liés à la production d’énergie hydroélectrique à petite échelle, à une meilleure efficacité énergétique industrielle et au développement des énergies renouvelables [9].

Dong Honmin, directrice adjointe de l’Institut de l’Environnement et du développement durable dans l’agriculture, auprès de l’Académie chinoise des sciences, a déclaré que les projets ‘MDP’ pour le biogaz représentent un grand potentiel pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et pour augmenter les revenus des agriculteurs.

Dong a développé le premier projet de digesteurs de biogaz familial en Chine à Enshi, un pays dévasté par la pauvreté urbaine dans la province de Hubei ; ce projet a été approuvé par le conseil exécutif du ‘MDP’ en 2009. Le projet court sur dix ans et il devrait se traduire par une allocation de 60 millions de yuans ( 9 millions US $) aux agriculteurs ; chaque agriculteur doit récupérer 182 yuans par an à partir du projet, a précisé Dong Honmin qui a autorité sur celui-ci.

Cependant, en raison du coût des digesteurs de biogaz qui se situe entre 4.200 à 5.000 yuans (630 à 750 à $ US), moins de 20 pour cent des familles peuvent se permettre d’y avoir recours. Environ 5 millions de digesteurs de biogaz ruraux seront construits en 2010, ce qui portera le nombre total de ménages équipés au biogaz à 40 millions, d’ici la fin de l’année 2010, selon le plan annoncé par le ministère de l’Agriculture.

La mise en œuvre de la digestion anaérobie en Chine

À la fin de l’année 2007, l’utilisation domestique du biogaz en Chine a été évaluéé par une équipe de recherche de l’école de foresterie de l’Université A & F du Nord-Ouest de la Chine, à Yangling, province du Shanxi ; cela a fait l’objet de la thèse de doctorat de Yu Chen [7]. Le biogaz a été installé selon plusieurs modèles, pour être adaptés aux différentes parties du pays et aux conditions locales.

Le modèle ‘3 en 1’ combine le digesteur de biogaz avec une porcherie et les toilettes et il est populaire dans le sud de la Chine. Le biogaz peut être utilisé comme combustible pour l’éclairage et la cuisine, et les boues finales comme engrais pour les cultures des arbres fruitiers, des légumes et des céréales, ainsi que comme un moyen de lutte antiparasitaire. En reliant les toilettes à l’installation de biogaz, la propagation de la maladie causée par la reproduction des moustiques peut être éliminée. Il empêche également les maladies infectieuses et, dans une certaine mesure, il évite la contamination de l’eau potable par les déjections des animaux et des êtres humains. Ce modèle exige moins de mise de capitaux et il est rapidement efficace.

Le modèle ‘4 en 1’ ajoute une serre solaire pour le nord de la Chine, ce qui augmente la température de fonctionnement du digesteur de biogaz et l’efficacité de sa production par temps froid. Le biogaz peut être utilisé pour chauffer la serre, afin d’y cultiver des légumes et du fourrage pour les porcs. Utilisée sous forme de pulvérisations des résidus liquides sur les légumes, la suspension inhibe certaines maladies et augmente les rendements. La construction d’une serre solaire exige un plus grand apport de capitaux et la culture des légumes sous serres exige plus d’eau ; par conséquent, ce modèle est approprié pour le développement régional dans le Nord de la Chine où l’énergie solaire est abondante, les conditions économiques y sont plus favorables et les ressources en eau y sont suffisantes.

Le-modèle ‘5 en 1’ combine le digesteur de biogaz avec des granges équipées avec l’exploitation de l’énergie solaire, un verger, un système d’irrigation économe en eau, une citerne à eau et les WC ; ce modèle est proposé pour le Nord-Ouest de la Chine. Le fertilisant sortant de la production du biogaz est utilisé comme engrais sur les arbres fruitiers afin d’améliorer la qualité des fruits récoltés. L’eau recueillie dans la citerne est utilisée dans le digesteur de biogaz et pour l’arrosage des vergers et l’irrigation des autres cultures. L’introduction de dispositifs permettant d’économiser l’eau abaisse considérablement la demande en eau, en particulier pour les vergers. Le modèle est adapté pour le développement régional dans le Nord-Ouest où l’eau constitue un réel problème d’approvisionnement.

Les conditions qui favorisent le développement du biogaz

Il y a plusieurs conditions qui favorisent les programmes de production de biogaz dans les milieux ruraux en Chine : l’engagement ferme du gouvernement et un investissement lourd de la part de celui-ci, l’abondance des matières premières pour la digestion anaérobie, une législation appropriée, les possibilités offertes par les mesures officielles dans le cadre du ‘MDP’, et l’implication de la Banque asiatique de développement et d’autres agences de développement.

De 2003 à 2010, la Chine a investi un total de 61 milliards de yuans dans ses programmes de production de biogaz en milieu rural, 15 milliards de dollars du Fonds d’investissement national. En 2003, la Commission du ministère de l’Agriculture, du Développement et des Réformes a commencé le "Projet de la dette de l’État pour le biogaz dans les ménages ruraux" et il a investi 840 millions de yuans pour la construction de digesteurs de biogaz dans 22 provinces.

En 2004, le programme a continué à fournir 1 milliard de yuans de la dette nationale. En 2005, l’investissement central pour la construction de digesteurs de biogaz en milieux ruraux est passé à 2,5 milliards de yuans, dont 2 milliards pour les digesteurs des ménages, et 0,5 milliards pour des digesteurs de moyennes et grandes capacités à usage industriel. Comme prévu par la Méthode de gestion du programme de la dette de l’Etat, pour la production de biogaz en milieu rural, les finances centrales ont subventionné 1.200 Yuans / ménage dans les régions du nord-ouest et du nord, 1 000 Yuans / ménage dans la région sud-ouest et 800 Yuans / ménage dans les autres régions.

Il y a une matière première abondante pour la digestion de biogaz en Chine rurale, sous la forme des déjections du bétail et des volailles - la plus grosse partie provient des bovins, des porcs et des poulets – ainsi que des divers résidus agricoles. La quantité physique totale de ressources en excréments secs en Chine, selon le dernier recensement (2007), a été estimée à 1.467 millions de tonnes, dont 1.023 millions de tonnes pourraient être collectées, ce qui équivaut à 107 millions de tonnes de charbon ( 3,1244 EJ).

Selon le plan de développement de l’industrie du bétail, le fumier de l’élevage des animaux domestiques et des volailles atteindra 2,5 milliards et 4 milliards de tonnes, respectivement en 2010 et 2020, ce qui équivaut à 120 et 160 millions de tonnes de charbon standard respectivement (ou encore à 3,504 et 4,672 EJ respectivement).

La paille est une autre ressource potentielle pour la production de biogaz. La paille est utilisée pour la fabrication du papier (2,1 pour cent), pour les fourrages (28 pour cent), pour des ressources énergétiques en milieu rural (53,6 pour cent) et le recyclage agronomique dans les champs (16,2 pour cent).

Il y a environ 681 millions de tonnes de résidus agricoles produits annuellement en Chine, dont 546 millions de tonnes peuvent être collectées, et 290 millions de tonnes qui peuvent être utilisées pour l’énergie, équivalent à 145 millions de tonnes de charbon standard (4,234 EJ). Le montant total de paille va continuer à croître avec l’augmentation de la population.

La loi chinoise sur les énergies renouvelables, adoptée 28 Février 2005, fournit un puissant moteur pour le développement du biogaz, à la fois pour accroître l’approvisionnement en énergie et pour la protection de l’environnement.

Le ‘MDP’, comme mentionné plus haut, offre une occasion supplémentaire pour accroître les revenus des agriculteurs par le biais de la production de biogaz à partir des déchets et la vente des économies d’émissions de carbone réalisées et vérifiées.

En 2003, la Banque asiatique de développement (BAD) a offert 33,1 millions de $ US sous forme de prêts ciblés sur les provinces rurales du Shanxi, du Hubei, du Henan et du Jiangxi, en collaboration avec le ministère chinois de l’Agriculture (voir le chapitre 21 dans [10] Green Energies - 100% Renewable by 2050, *.
* La version en français s’intitule "Le pouvoir aux populations : 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard.

L’autorité provinciale du Shanxi a complété ses dotations de 8,2 millions de $ US avec 8,1 millions de dollars en fonds de contrepartie et encore 841.000 de dollars sous la forme d’une subvention du Fonds pour l’environnement mondial.

Les agriculteurs ont reçu des prêts équivalents à la moitié du coût de la construction, avec des calendriers de remboursement sur la base des niveaux de revenu et des conditions de vie des agriculteurs. Ils ont également reçu un appui technique et une formation pour s’assurer que les installations de biogaz seront bien durables.

Grâce à la Banque asiatique de développement BAD, pour les projets de production de biogaz, plus de 9.000 personnes ont été formées dans le Shanxi, y compris 8.000 agriculteurs et 300 d’experts pour les installations de biogaz, pour les travailleurs de la construction et pour les personnels de gestion. Plus de 60 pour cent des stagiaires sont des femmes, car les femmes sont les principales utilisatrices du biogaz pour faire la cuisine et pour les autres fins dans leurs maisons.

Xinxing Co, une unité située dans le comté de Jiaochen, a reçu un prêt de 200.000 $ pour construire une nouvelle porcherie, qui devait s’achever en 2010. Une installation de biogaz traitera les déjections des porcs pour produire du biogaz. La capacité de production de la ferme passera de 2.200 porcs à environ 9.000 animaux.

La société Xinxing Co prévoit de soutenir les besoins en énergie de plus de 300 ménages, une fois que la grande porcherie sera pleinement opérationnelle. A l’heure actuelle, environ 100 ménages reçoivent gratuitement du biogaz. À l’avenir, l’énergie de la ferme sera distrubuée au prix de 1,2 à 1,5 yuans par m3 ce qui est encore moins cher que l’utilisation du charbon.

Les contraintes rencontrées en Chine pour l’utilisation du biogaz

L’équipe de recherche de l’Université A & F du Nord-Ouest de la Chine, à Yangling, a aussi identifié les contraintes qui pèsent sur l’utilisation du biogaz en Chine, et qui sont liées à la nécessité de faire des améliorations technologiques dans la digestion anaérobie, pour compenser le manque de formation à l’utilisation du biogaz, ainsi que dans les insuffisances des services de suivi et de gestion des digesteurs de biogaz [7].

Technologiquement, la fermentation de la paille est limitée par sa faible teneur en azote et en phosphore, ce qui entrave la fermentation microbienne. En outre, ses principales composantes : de la cellulose, de l’hémi-cellulose et de la lignine, sont lentes à se décomposer. La première limitation peut être traitée par une digestion mixte, qui a été démontrée comme pouvant augmenter considérablement l’efficacité (voir [4]).

Il y a aussi les recherches en cours qui sont conduites en Chine et ailleurs, et qui montrent qu’une chaleur brève de pré-traitement à 170˚C avec des micro-ondes, d’une part, [11] et l’utilisation des extraits de compost obtenus avec des déchets de champignons contenant des enzymes qui décomposent la cellulose, d’autre part, [12], peuvent en effet améliorer la digestibilité de la paille et des déchets des pulpes de bois, et donc améliorer les rendements de la production de biogaz.

Une autre limitation réside dans le fait que la température minimale pour la production de biogaz est de 10˚C, et le taux d’efficacité s’élève à mesure que la température augmente. Pendant les mois d’hiver, de Novembre à Mars dans le nord de la Chine, les températures chutent en dessous de 10˚C.

Dans ces conditions, davantage de recherches sont nécessaires pour améliorer l’efficacité de la production de biogaz dans les régions froides. (Une façon de surmonter ce problème est d’utiliser un flux d’eaux grises réchauffées (chasses d’eau) dans le digesteur à biogaz, ou encore de perfectionner l’isolation thermique du disgesteur).

Le manque de formation chez les utilisateurs de biogaz est aussi un gros problème. En conséquence, les gens sont incapables de combiner la production de biogaz avec la technologie agroécologique. En d’autres termes, ils n’utilisent le biogaz que pour la cuisine et pour l’éclairage, mais les boues et les résidus ne sont pas utilisés comme engrais, et donc le potentiel économique de la technologie du biogaz est pratiquement inexploité, tandis que l’exploitation écologique n’est que de 4 pour cent.

Les services de suivi et de gestion de la digestion à biogaz sont très importants pour le développement du biogaz dans la Chine rurale. Jusqu’à présent, l’accent a été mis sur la construction et l’installation, mais la gestion des systèmes a été relativement négligée. Ainsi, un certain nombre de projets de biogaz ont été arrêtés. Sur les 26,5 millions de digesteurs de biogaz installés dans la Chine rurale à la fin de l’année 2007, seulement 60 pour cent étaient en exploitation de manière adéquate.

Les personnels de la production de biogaz bien formés au plan technologique, sont en nombre insuffisant. La plupart des provinces disposent uniquement de petits bureaux consacrés à l’énergie en milieu rural, au niveau des comtés, avec seulement une poignée d’employés : il leur est difficile de suivre l’évolution rapide de la technologie du biogaz.

En outre, les appareils d’éclairage au biogaz, les poêles et autres équipements adaptés sont rarement disponibles sur le marché et, même lorsqu’ils sont disponibles, les agriculteurs ne savent pas comment les installer.

Pour conclure

La formation dans tous les aspects de la technologie relative au biogaz est évidemment très importante pour le succès de l’utilisation de cette ressource d’énergie renouvelable.

Bien que non mentionnée dans l’évaluation [7], mais cruciale à mon avis, c’est la participation des communautés locales, le développement simultané de petites entreprises locales dans les services d’entretien de production de biogaz, dans la fabrication de poêles fonctionnant avec du biogaz et d’autres équipements, qui pourraient s’étendre, et jusqu’à des chargeurs de batterie (pour stocker l’énergie lorsque le biogaz est produit en abondance et excédentaire), enfin pour les besoins du téléphone mobile, la TV et les autres appareils électriques.

Beaucoup de contraintes peuvent aussi être résolues en adoptant une approche intégrée, à la fois alimentaire et énergétique, dans le cadre d’une ‘économie circulaire’, comme cela a été décrit et explicité dans le modèle "Dream Farm 2 ", ou ‘Ferme visionnaire’ *, que j’ai proposé par ailleurs (voir [13] Sustainable Agriculture, Green Energies and the Circular Economy, SiS 46) **.
* Ce modèle a été repris en français, sous le titre "La ferme visionnaire – Une proposition - Comment faire face au changement climatique et imaginer l’économie après la fin des combustibles et carburants fossiles" ; il est accessible sur les sites suivants : www.indsp.org/pdf/DreamFarm-2-FR et www.apreis.org/actu_vf.html.
** La version en français s’intitule "L’écologisation de la Chine : L’agriculture durable, les énergies vertes et l’économie circulaire" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard.

Le programme Grameen Shakti au Bangladesh (voir [14] Grameen Shakti for Renewable Energies, SiS 49) * a véritablement démontré le succès d’une approche concertée pour les énergies renouvelables, qui implique à la fois le microcrédit, la formation des femmes et des techniciens et l’encouragement des entreprises locales.
* La version en français s’intitule "Grameen Shakti : une entreprise originale pour les énergies renouvelables au Bangladesh" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard.

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Définitions et compléments :

Traduction, définitions et compléments :


Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
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