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"Autour de Fribourg-en-Brisgau, ville en transition énergétique et vitrine mondiale d’une mise en œuvre de la durabilité" par Jacques Hallard

samedi 12 janvier 2013, par Hallard Jacques

Une ‘cité verte’ en Forêt Noire, dans le sud-ouest de l’Allemagne, avec ses 210.000 habitants, alliant une riche histoire, notamment universitaire, à une étonnante modernité : un territoire en transition énergétique et écologique avec une monnaie locale complémentaire qui émerge ; un modèle du futur pour l’architecture, l’urbanisme et les espaces verts, pour la mobilité en ville, les économies d’énergie, les énergies renouvelables (solaire photovoltaïque, solaire thermique, biogaz et géothermie de surface), à travers un dialogue social qui s’est établi grâce à une gouvernance municipale déterminée depuis plusieurs décennies à agir en faveur de l’écologie pour les habitants actuels et pour les générations futures ; et maintenant une agglomération pratiquement sans chômeurs, notamment chez les jeunes, dans une Europe enfoncée dans de grandes difficultés économiques et sociales. Alors, l’utopie d’hier y est-elle devenue réalité ? La réponse apparaît positive localement et les solutions mises en pratique là, peuvent tout à fait servir d’exemple ailleurs.
Mais globalement, les énergies renouvelables ne sont que l’un des trois piliers de la transition énergétique et écologique ; les deux autres piliers sont, d’après les scenari les plus fiables et en particulier le scénario ‘négaWatt’ : d’une part l’efficience énergétique au niveau des producteurs et des consommateurs d’énergie [c’est-à-dire consommer moins d’énergie pour un service équivalent], et d’autre part la sobriété énergétique que certains auteurs généralisent en introduisant les expressions de ‘sobriété heureuse’ ou de ‘simplicité volontaire’. Edgar Morin nous dit inlassablement depuis des décennies et vient encore de le rappeler en ce début d’année 2013, que les questions écologiques ne peuvent être comprises et solutionnées que dans la durée (dans le ‘temps long’ qui n’est que très rarement celui des politiques et des gouvernants), qu’à un niveau global planétaire et pas seulement par les seuls Etats-nations isolés et qu’en acceptant de travailler dans la transdisciplinarité et en prenant conscience de la complexité des systèmes et des interactions permanentes qui se manifestent entre leurs éléments constitutifs.
Jacques HALLARD, ingénieur CNAM – 07 Janvier 2013

Plan de l’étude

1. Introduction : territoires en transition, monnaies locales et durabilité
2. Fribourg-en-Brisgau : une ville où cohabitent histoire et modernité
3. Ville universitaire réputée à travers des personnages célèbres
4. Une prise de conscience écologique des élus et de la population
5. Des technologes de pointe pour le climat et l’énergie :
 Du gaz naturel par fermentation anaérobie des déchets organiques
 L’énergie solaire complétée par la géothermie de surface pour les habitations
6. Horticulture et art du paysage : embellissement urbain et intégration sociale
7. Le quartier Vauban : exemple réussi d’écologie urbaine avec les citoyens
8. Le Rieselfeld : l’urbanisme durable d’un nouvel éco-quartier périphérique
9. Une orientation politique qui s’inscrit dans la durée et pour la durabilité
10. Fribourg : pratiquement pas de chômage ; l’utopie devenue réalité ?

Cette étude transdiciplinaire est aussi une opportunité pour citer plein de sources et de ressources disponibles sur tous les sujets qui sont abordés dans ce travail de recherche sur cette ville en transition : Fribourg-en-Brisgau située en Allemagne, dans le Land de Bade-Wurtemberg, tout près de la région Alsace. Et puis encore une occasion d’inviter finalement le lecteur à poursuivre et à étendre la réflexion à partir d’une sélection de divers documents qui sont en rapport avec tous les aspects abordés dans cette étude.

Trois annexes, reprenant des documents complémentaires et sélectionnés dans les écrits de Pierre Rabhi, de Patrick Viveret et de Jean Gadrey, sont ajoutées à la fin de ce document.
Les questions relatives au climat et aux énergies doivent abordées maintenant en tenant compte de la situation nouvelle qui résulte du développement des technologies et de l’exploitation des huiles et gaz de schiste et des sables bitumineux dans certains pays. Ces sujets changent complètement la stratégie géopolitique des ressources énergétiques et une note spéciale traitera de tout cela par ailleurs. Une révision des réserves en pétrole et en gaz peut, dans une certaine mesure, différer le tarissement de ces sources d’énergies fossiles et polluantes (pétrole et gaz), mais ne change rien à la nécessité de se préparer à la résilience sur le plan des énergies et à adopter l’attitude de ‘sobriété heureuse’ ou de ‘simplicité volontaire’.

1. Introduction : les territoires en transition, les monnaies locales complémentaires et la durabilité


Les territoires en transition

Le concept de villes et de territoires en transition énergétique s’est fait jour pour caractériser le passage de la dépendance aux énergies fissiles et fossiles (en particulier le pétrole dont l’épuisement des réserves était programmé dans le courant de ce siècle, mais on y reviendra dans un autre article) vers une forme de résilience locale, puis généralisée, toujours à réinventer et à soumettre à l’épreuve des faits, pour permettre aux populations de sortir de l’impasse dans laquelle la plupart des pays sont engagés.
Transition énergétique - D’après Wikipédia, « La transition énergétique est le passage d’un type d’économie basée sur des énergies non renouvelables (pétrole, gaz naturel, charbon, nucléaire…) vers un bouquet énergétique basé sur des énergies renouvelables, propres, sûres et décentralisées (énergie solaire, éolien, biomasse…) et sur une meilleure efficacité énergétique. Cette expression est utilisée en particulier en Allemagne, en Autriche et plus récemment en France, avec comme objectifs l’indépendance énergétique et l’abandon de l’énergie nucléaire. La transition énergétique s’inscrit dans une évolution de l’utilisation des ressources naturelles utilisées comme sources d’énergie, pour assurer un approvisionnement durable en énergie (électricité, chauffage, transport) à partir d’énergies renouvelables. Parmi elles, on compte notamment l’énergie éolienne, la bioénergie (provenant entre autres des gaz d’incinération ou d’épuration), l’énergie hydraulique, l’énergie solaire (thermique ou photovoltaïque), l’énergie géothermique et l’énergie marémotrice. Ces énergies sont des alternatives aux combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel) et aux matières radioactives (uranium, plutonium). Étant donné que les mesures prises individuellement n’ont souvent qu’un potentiel limité, il est nécessaire d’élaborer des approches globales et parallèles pour assurer une mise en œuvre rapide de la transition énergétique. Les économies d’énergie et l’amélioration de l’efficacité énergétique jouent un rôle important dans ce contexte. Par exemple, grâce à des compteurs électriques intelligents, certaines consommations d’énergie peuvent être décalées à une heure où l’électricité est disponible à bas coût… » [Voir l’article complet sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Transition_%C3%A9nerg%C3%A9tique ].
– Pour un examen approfindi et une mise à jour, se reporter au document ‘Quelques réflexions sur la transition énergétique’ - Par Jean-Marc JANCOVICI, Ingénieur Conseil. Mai 2012 - version aménagée parue dans le numéro de Septembre 2012 de la revue "Le Débat" - dernière modification : septembre 2012. Site de l’auteur : www.manicore.com - contacter l’auteur : jean-marc@manicore.com – Source : http://www.manicore.com/documentation/transition_energie.html

Face à des modes de gouvernance qui sont trop axés sur le court terme, trop laxistes devant l’ampleur et l’urgence des solutions à faire partager et à mettre en œuvre, les membres conscients et volontaires de la société civile sont invités, par la force des choses et pour s’en sortir, à se mettre au travail : créer un avenir vivable pour le plus grand nombre, et un possible futur, à condition de ne plus perdre trop de temps pour corriger les trajectoires actuelles, comme les experts en matière de climat ne cessent de le rappeler avec le réchauffement planétaire et les changements climatiques qui en résultent.
Dans le document de ’Génération Solidarité’ avec ARTE Journal, daté du 12 décembre 2012 et intitulé ‘Les villes en transition pour mieux faire face aux crises’, il est rappelé que « Le mouvement de Transition est né en Grande-Bretagne en septembre 2006 dans la petite ville de Totnes à l’initiative de Rob Hopkins, un enseignant en permaculture ». Et il est précisé que « L’idée de base est d’amener des territoires, soit des villes, soit des villages, sur le chemin de la transition. En clair, amorcer le passage de la dépendance au pétrole à la résilience locale ».
La « résilience », qui est un concept majeur du mouvement des Villes en Transition, signifie la capacité à réagir aux crises et à ne pas s’effondrer en cas de rupture d’approvisionnement. Voir http://gensol.arte.tv/blog/2012/12/12/les-villes-en-transition-pour-mieux-faire-face-aux-crises/
Résilience – D’après Wikipédia, « Le mot résilience désigne de manière générale la capacité d’un organisme, un groupe ou une structure à s’adapter à un environnement changeant. Il est utilisé dans plusieurs contextes :
 en physique, la résilience est la capacité d’un matériau à revenir à sa forme initiale après avoir subi un choc ;
 en thermique, la résilience est capacité d’un matériau à conserver une température dans la durée
 en écologie, la résilience est la capacité d’un écosystème ou d’une espèce à récupérer un fonctionnement ou un développement normal après avoir subi une perturbation ;
 en psychologie, la résilience est un phénomène consistant à pouvoir revenir d’un état de stress post-traumatique ;
 en économie, la résilience est la capacité à revenir sur la trajectoire de croissance après avoir encaissé un choc ;
 en informatique, la résilience est la capacité d’un système ou d’une architecture réseau à continuer de fonctionner en cas de panne ;
 dans le domaine de la gouvernance, de la gestion du risque et du social, la résilience communautaire associe les approches précédentes en s’intéressant au groupe et au collectif plus qu’à l’individu isolé…
[Article complet sur http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9silience ].

De la transition énergétique à la transition écologique

Mais les objectifs des territoires en transition se sont élargis, pour inclure les données d’un monde complexe, et en prenant en compte les aspects sociaux, économiques et culturels. Une sobriété acceptée va s’imposer à tous, avec une réduction de la consommation des énergies fossiles qui devrait contribuer à atténuer les émissions de gaz à effet de serre, responsables des dérèglements et des évènements climatiques extrêmes qui sont dévastateurs et très coûteux quand il faut réparer les dégâts.
La limitation imparable des transports routiers et autoroutiers sur de très longues distances, va amener d’autres choix en matière d’infrastructures pour la mobilité, mais aussi pour la reconstruction d’une économie circulaire à un niveau plus local, avec la remise en route de ‘circuits courts’ entre la production des biens et la consommation des produits, avec un nombre plus limité d’intermédiaires dans les filières, notamment dans celles de l’agriculture, de l’alimentation, mais également dans les secteurs du traitement et de la valorisation des déchets toujours plus envahissants.
Economie circulaire : « L’économie circulaire est un système économique apte à réintroduire dans le cycle de la production et de la consommation tous les déchets, sous produits ou objets usés, qui redeviennent alors soit matières premières nouvelles, soit objets réutilisables. Ce système met en jeu une grande diversité d’acteurs industriels, techniciens, scientifiques, aménageurs, personnes des administrations publiques et privées, élus, etc., qui ont à voir de près ou de loin, à quelque échelle où l’on se place, avec la « gouvernance » des territoires [1] ».
[1] Fondation Gabriel Péri, L’économie circulaire : l’urgence écologique ? (Texte de présentation) : http://www.gabrielperi.fr/L-economi... Source : http://lexicommon.coredem.info/article92.html - Voir aussi le site http://www.encyclo-ecolo.com/Economie_circulaire

La relocalisation des activités, qui peuvent encore l’être, va devenir un objectif incontournable pour les responsables politiques et économiques, ainsi que pour les autorités chargées du réaménagement des territoires et des pays. Beaucoup de savoirs et de savoir-faire devront être proposés à travers une éducation repensée et des formations continues, afin de permettre aux jeunes acteurs, trop nombreux à se retrouver chômeurs, d’acquérir les nouvelles qualifications qui sont nécessaires pour accomplir cette résilience le plus rapidement possible et pour bâtir un autre monde socio-économique, prenant mieux en compte le fardeau laissé aux générations futures.

En France, un recensement des groupes locaux qui travaillent sur des territoires en transition, a été réalisé au début de 2012 : sur 81 réponses, 61 groupes existaient déjà, 20 groupes étaient en cours de formation et 12 personnalités individuelles étaient désireuses de former un groupe. http://www.transitionfrance.fr/archives/4487
Les expériences en matière de transition ont aussi fait l’objet d’une publication de la revue ‘Silence’, créée en 1982, dans son numéro 398 du 13 janvier 2012. Il est proposé un lien entre toutes les personnes qui pensent qu’il est aujourd’hui possible de vivre autrement, sans accepter que les politiques, beaucoup de médias et d’autres organes de pouvoir, présentent les situations financières, économiques, sociales et environnementales comme une fatalité. Quelques titres fixent bien le cap de cette démarche : faire des propositions alternatives et travailler à une écologie sociale et radicale, agir un peu pour changer beaucoup… http://www.revuesilence.net/index.php?page=qui
Transition écologique – En France, une prise de conscience s’est produite dans les instances gouvrnementales et une ‘Conférence environnementale pour la transition écologique’ s’est tenue les 14 et 15 septembre 2012 au Palais d’Iéna à Paris. [ http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Feuille_de_Route_pour_la_Transition_Ecologique.pdf ].
A la suite, le ‘Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie’ a rendu public le 4 décembre 2012 une ‘Feuille de route pour la transition écologique’.

Voici un accès à son contenu :
 La feuille de route pour la transition écologique
 Table ronde n°1 : Préparer le débat national sur la transition énergétique
 Table ronde n°2 : Faire de la France un pays exemplaire en matière de reconquête de la biodiversité
 Table ronde n°3 : Prévenir les risques sanitaires environnementaux
 Table ronde n°4 : Financement de la transition et fiscalité écologique
 Table ronde n°5 : Améliorer la gouvernance environnementale
 Le rapport de Thierry Wahl
[Source ; http://www.developpement-durable.gouv.fr/La-feuille-de-route-pour-la.html ].

Deux exemples sélectionnés de territoires en transition en France

Les initiatives des élus, des institutions, des organismes associatifs et professionnels, en matière de territoires en transition et de durabilité, peuvent être prises à des échelles diverses.
Un premier exemple de territoire en transition a été donné avec la ville de Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes ; les détails ont été rapportés dans notre article ‘Agenda 21 et P.L.U. : une démarche d’urbanisme simultanée et exemplaire à Mouans-Sartoux 06 dans le cadre d’un développement durable’ ; mercredi 7 décembre 2011 par Hallard Jacques –http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article197&lang=fr
Un autre exemple est fourni par la petite ville d’Ungersheim, 2.000 habitants, située dans l’ancien bassin minier de la potasse en région Alsace et à quelques dizaines de kilomètres de la ville de Fribourg-en-Brisgau localisée dans le Land de Bade Wurtemberg en Allemagne. Ungersheim avait commencé sa chasse aux énergies fossiles au début des années 2000. L’AFP nous rappele que « ce village ‘en transition’ vers l’autonomie énergétique et alimentaire, fonctionne au quotidien comme un laboratoire de l’après-pétrole : éclairage public moins énergivore, piscine municipale chauffée avec des capteurs solaires, ramassage scolaire en calèche, chaudières au bois dans les bâtiments municipaux, desherbage des espaces verts, du cimetière et du terrain de foot sans pesticides …
Un terrain de 8 hectares est mis à la disposition d’une association qui emploie une trentaine d’ouvriers maraîchers en réinsertion, fournissant des légumes ‘bio’ servis dans les assiettes de la cantine scolaire (« 100% bio ; goûter inclus », selon le maire élu EELV). La commune a racheté une friche industrielle de 6 hectares pour permettre à un industriel, après appel d’offre, d’installer la plus grande centrale solaire d’Alsace, à ce jour, avec 42.000 m² de panneaux solaires photovoltaïques.
Les projets à l’étude concernent une unité de biométhanisation pour une réelle autonomie énergétique [et la valorisation locale des déchets et des matières organiques], ainsi qu’un éco-hameau constitué de ‘maisons passives’ ». On y réfléchit aussi à la création d’une monnaie locale complémentaire ! [Source : http://www.20minutes.fr/article/1062737/alsace-village-en-transition-prepare-apres-petrole ].
Maison passive ou habitat passif, selon Wikipédia : « L’habitat passif est une notion désignant un bâtiment dont la consommation énergétique au m² est très basse, voire entièrement compensée par les apports solaires ou par les calories émises par les apports internes (matériel électrique et habitants). Pour être qualifiée de « passive » une maison doit réduire d’environ 80 % ses dépenses d’énergie de chauffage par rapport à une maison neuve construite selon les normes allemandes d’isolation thermique de 1995, normes déjà très exigeantes. Le programme CEPHEUS (Cost Efficient Passive Houses as EUropean Standards) a contribué à développer le concept de bâtiment passif. Dans ce cadre, l’Europe a financé des réalisations faites dans cinq pays : en Allemagne, en Autriche, en France, en Suisse et en Suède. Chaque pays participant devait démontrer la faisabilité technique et la rentabilité du projet et permettre la reproductibilité de ce type de construction ». Article à lire sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Habitat_passif
Dans son article intitulé ‘En Alsace, un laboratoire de l’après-pétrole’, le journal ‘Le Monde Planète’ du 3 janvier 2013 nous informe que la grande centrale solaire d’Alsace à Ungersheim, « Hélioparc 68 », d’une puissance de 2,2 mégawatts (MW), a été mise en service le 27 novembre 2012. [Article complet à lire sur le site http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/01/02/en-alsace-un-laboratoire-de-l-apres-petrole_1812011_3244.html ].
Au départ, la notion de transition suggérait que les machines, mécaniques et véhicules passent d’un fonctionnement avec des moteurs thermiques utilisant des énergies fossiles, vers une mise en œuvre des énergies renouvelables, vraiment ‘vertes’.
Nous avons vu l’extension prise par cette notion de transition et nous avons rédigé une note qui élargit le sujet avec des considérations pratiques et simples à mettre en œuvre au niveau d’une collectivité territoriale : ‘TADAS – Propositions aux élus et aux personnels administratifs pour une revitalisation des territoires ruraux et péri-urbains’ - TADAS = Territoires en Transition pour des Activités Durables Alternatives et Solidaires en milieu rural et péri-urbain. Mercredi 23 novembre 2011 par Transition89 Voir sur le site : http://www.transition89.lautre.net/spip.php?article127

La monnaie locale et complémentaire

Pour réguler les rapports entre les opérateurs économiques qui font des offres de produits et de services, d’une part, et les consommateurs et les utilisateurs qui ont des besoins essentiels à satisfaire, d’autre part, le recours à d’autres modes d’échanges sera sans doute l’une des solutions pratiques à la relocalisation des activités et aux circuits courts, avec la création de monnaies locales complémentaires, donnant ainsi un pouvoir de régulation des investissements et des activités aux collectivités territoriales, mais offrant aussi une participation active et motivante aux acteurs de la société civile et des mondes associatifs et professionnels.
Selon Wikipédia, « Une monnaie locale est, en sciences économiques, une monnaie non soutenue par un gouvernement national (qui n’a pas nécessairement cours légal), et destinée à n’être échangée que dans une zone restreinte. Les monnaies de ce type sont également appelées monnaies complémentaires. Elles prennent de nombreuses formes, aussi bien matérielles que virtuelles. Parler de monnaie locale, c’est s’inscrire dans un discours économique particulier ». Voir sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_locale
Dans un article intitulé Les monnaies locales, une réponse à la crise ? , publié le 08/08/2012, ‘Le Point.fr’ précise que « Créer de la monnaie n’est pas seulement un privilège réservé aux banques. Environ 4.000 communes dans le monde ont franchi le pas avec succès ». http://www.lepoint.fr/economie/les-monnaies-locales-une-reponse-a-la-crise-08-08-2012-1494094_28.php
Un certain nombre de ces monnaies locales existent depuis des décennies : par exemple le WIR en Suisse depuis près de 70 ans avec environ 60.000 membres utilisateurs ; voir l’article ‘Réponse à la crise : la Banque WIR, en Suisse’, 15 février 2011 par Marilyne Mougel - http://monnaie-locale-complementaire.net/wir-en-suisse/ ; d’autres monnaies complémentaires sont en train de se mettre en place, notamment les ‘Regiogeld’ dans certains Länder d’Allemagne.
« Les ‘Regiogeld’ constituent une monnaie régionale qui est un moyen d’échanges entre les consommateurs, les fournisseurs, les associations et les municipalités qui ont convenu de l’utiliser ainsi démocratiquement dans la région comme les fonds de trésorerie, d’investissement et de don ». http://de.wikipedia.org/wiki/Regiogeld et http://www.regiogeld.de/
La ville de Fribourg-en-Brisgau a aussi lancé en 2012 sa monnaie locale, le ‘Freitaler’, voir Regiogeld “Freitaler” startet in Freiburg - http://www.tauschring-blog.de/allgemein/regiogeld-veranstaltung-am-20-9-in-freiburg/
Les formes pratiques que peuvent prendre ces monnaies sont nombreuses et variées : le réglement au moyen de cartes de paiement électroniques sécurisées, de téléphones portables et d’autres appareils d’information et de télécommunications, vont même peut-être rendre obsolètes, à terme, les monnaies émises localement sous forme de pièces et de billets.

Parlons plutôt de durabilité que de développement durable

Tous ces projets, initiatives et réalisations s’inscrivent dans un contexte que l’on qualifie généralement d développement durable en se reférant à sa définition d’origine : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins », selon la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, dans le rapport Brundtland de 1987.
D’après Wikipédia « Le développement durable (anglais : sustainable development, parfois directement traduit en développement soutenable) est une nouvelle conception de l’intérêt public, appliquée à la croissance économique et reconsidérée à l’échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux d’une planète globalisée… Deux concepts sont inhérents à cette notion :
 le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité ;
 l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »
Pour l’AFNOR en 2012, un état est dit « durable » si « les composantes de l’écosystème et leurs fonctions sont préservées pour les générations présentes et futures » ; dans cette définition, les « ‘composantes de l’écosystème’ incluent, outre les êtres humains et leur environnement physique, les plantes et les animaux. Pour les êtres humains, le concept sous-entend un équilibre dans la satisfaction des besoins essentiels : conditions économiques, environnementales, sociales et culturelles d’existence au sein d’une société ». Voir l’article complet sur http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9veloppement_durable
Pour Léo Dayan, économiste de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. directeur des études scientifiques du laboratoire mondial APREIS, « La durabilité est un concept holistique qui ouvre un nouveau champ d’étude : le lien, le lié, le liant. Il introduit donc un nouvel objet de science et induit simultanément l’idée de limites au développement (sustainability = soutenabilité), celles que le maintien du lien organise et requiert.

La durabilité invite à remettre en question les partages disciplinaires, l’idée dominante de la spécialisation du travail, les cloisonnements des savoirs et la prévalence des verticalités organisationnelles. Elle commande de s’écarter de l’individualisme méthodologique, des insularismes économiques et des sommations disciplinaires pour reconstruire, dans le transdisciplinaire, le concept de développement et pouvoir relier l’éthique, le politique et la science ». La contribution de Léo Dayan intitulée ‘Ce que développement durable veut dire : Le Lien le Lié le Liant’ est accessible à partir du site http://www.apreis.org/

L’emploi du terme de développement durable est souvent apparu ambigü et il a fait l’objet de nombreux excès de langage et de critiques souvent fondées, cocasses et périodiquement formulées, comme le rapportait djà au début des années 2000 "Le bêtisier du développement durable " http://solaire2000.pagesperso-orange.fr/DECROISSANCE/BETISIER_DECROISSANCE_DURABLE.htm

Finalement, il apparaît préférable de parler de durabilité plutôt que de développement durable car la signification du vocable ‘développement durable’ ne serait qu’un oxymore.
En rhétorique, un oxymore ou oxymoron, du grec ὀξύμωρος (oxúmōros - de ὀξύς, « aigu, spirituel, fin » et de μωρός, « niais, stupide », qui signifie « malin stupide, spirituel sous une apparente stupidité ») est une figure de style qui vise à rapprocher deux termes (un nom et un adjectif) que leurs sens devraient éloigner, dans une formule en apparence contradictoire. L’oxymore permet de décrire une situation ou un personnage de manière inattendue, suscitant ainsi la surprise. Il exprime ce qui est inconcevable. Il crée donc une nouvelle réalité poétique. Il rend compte aussi de l’absurde. |Article complet sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Oxymore ].

2. Fribourg : une ville où cohabitent une riche histoire et une étonnante modernité

La ville de Fribourg-en-Brisgau, en allemand Freiburg-im-Breisgau, est située dans le land de Bade-Wurtemberg, en allemand Baden-Württemberg, dans la partie sud-ouest de la république fédérale d’Allemagne. Située dans le paysage de la Forêt Noire, en allemand Scharzwald, une zone montagneuse avec plus de 70 sommets d’une altitude supérieure à 1.000 mètres. D’après Wikipédia, Fribourg, en allemand Freiburg ou Freyburg, est un toponyme formé sur les radicaux germaniques frei « libre » (dans le sens de « franche », libre de certaines charges seigneuriales) et Burg « château, ville fortifiée ». Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Fribourg et http://fr.wikipedia.org/wiki/Fribourg-en-Brisgau

NB : la ville de Fribourg-en-Brisgau ne doit pas être confondue avec Fribourg une autre ville homonyme et commune suisse du canton de Fribourg, sur la Sarine ; cette localité suisse est la capitale du canton de Fribourg et le chef-lieu du district de la Sarine ; c’est une ville bilingue, avec un cinquième de la population qui est germanophone [Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Fribourg_%28Suisse%29 ].

Situation de Fribourg-en-Brisgau dans le réseau autoroutier, dans le sud-ouest de l’Allemagne, non loin des frontières suisses et françaises. Sur le site http://www.monnuage.fr/voyages/allemagne/bade-wurtemberg/fribourg_en_brisgau

Le land de Bade-Wurtemberg, où se situe Fribourg-en-Brisgau en Allemagne, est parfois désigné en français ‘Pays de Bade’ ; il occupe la troisième place en Allemagne, avec sa capitale Stuttgart, pour son importance économique et démographique avec ses 10.758.000 habitants [soit environ le double de la Région ‘Provence-Alpes-Côte-d’Azur’ avec ses 4,6 millions d’habitants en 2008]. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Bade-Wurtemberg

Le climat y est semi-continental avec des étés chauds donnant de fréquents orages, des hivers relativement froids et des chutes de neige régulières, enfin des amplitudes thermiques assez grandes suivant les saisons. Le climat estival est curieusement favorable à la croissance des bananiers qui peuvent passer les hivers avec une bonne couverture de protection. Nous comparerons plus loin les données de l’ensoleillement en Allemagne et en France, qu sont révélatrices des capacités potentielles de l’énergie solaire.

La cité héberge actuellement 219.000 habitants (2007) et environ 30.000 étudiants y poursuivent leurs études. Elle remonte à 1120, à l’époque où le Saint Empire Romain de la Nation Germanique s’étendait jusqu’à la Provence, aux portes de Rome et vers l’Europe centrale et orientale. Voir le site http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Empire_romain_germanique
Vue de haut, la ville est étalée autour de sa cathédrale de grès rose (comme celle de Strasbourg), haute de 116 mètres ; elle fut achevée en 1330 et ses vitraux remarquables représentent aussi bien les éléments religieux, sur les parties centrales et hautes, que les objets et pratiques de la vie quotidienne dans leurs parties basses. Les abords de cette cathédrale dénommée ‘Freiburg Münster’, comme toute la vieille ville d’ailleurs, voient se succéder une alternance de bâtiments très anciens et de constructions modernes, dont la diversité surprend.
L’explication nous en a eté racontée par Frédéric Jacques Temple, écrivain, poète et traducteur de l’anglais [Consulter le site http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Jacques_Temple ] : après plusieurs décennies de retenue, il a traduit son émotion devant les dommages infligés à la ville en novembre 1944 par les troupes alliées en guerre contre le régime nazi, dans plusieurs poèmes dont ‘Merry-go-Around’, extrait de ‘La chasse infinie’ édité en 1996 (épuisé). Les photos de la ville à la fin de la Seconde guerre mondiale montrent l’ampleur des dégâts infligés par les bombardements. Voir ‘Städtebombardements Zweiter Weltkrieg, 27.11.1944 : Freiburg im Breisgau’ sur le site http://www.geschichteinchronologie.ch/2wk/b/1944-11-27-Freiburg-im-Breisgau-feuersturm.html
La ville actuelle se laisse bien appréhender visuellement du haut de la tour moderne de 30 mètres de haut au Schlossberg. L’accès s’y fait soit par un funiculaire dans un cadre verdoyant, soit par un escalier de 153 marches constituées de bois et d’aluminium qui une particularité : chaque marche a été financée par un commerce, une famille ou un mécène !
Le centre ville de Fribourg comprend de nombreux monuments, séparés par des magasins et les piétons se partagent l’espace urbain avec les tramways qui desservent l’ensemble de la cité. Sur les trottors et les rues pavées, de petites rigoles typiques, localement appelées les ‘bächle’, parcourent les artères de la vieille ville : elles étaient destinées à l’origine à l’alimentation en eau domestique et industrielle, et d’autres servaient à l’évacuation des eaux usées.
Une dizaine de musées et un jardin botanique sont proposés aux touristes en centre ville et une trentaine de musées sont situés à des distances de 12 à 18 kilomètres de Fribourg. Un musée de la mine et des mineurs est ouvert au mont Schauinsland de 1.284 mètres de haut. Des relevés scientifiques effectués au sommet de la montagne indiquent que les teneurs en gaz carbonique CO2, à effet de serre, sont passées en ce lieu de 330 ppm à 390 ppm entre 1975 et 2010.
La ville de Fribourg-en-Brisgau héberge l’Université Albert-Ludwigs, composée de 11 facultés où travaillent 22.100 étudiants et 11.780 membres du personnel au total ; créée en 1457, elle a pour devise, inscrite au fronton de la façade principale : « Die Wahrheit wird euch frei machen », « La vérité vous rendra libre ». Les bâtiments d’origine sont complétés par des constructions modernes : une grande bibliothèque et des bâtiments affectés notamment au droit et à l’économie.
L’université de Fribourg-en-Brisgau a toujours été très recherchée en Allemagne, sans doute du fait de sa position géographique qui en fait le point le plus chaud d’Allemagne, d’une part, et pour les paysages grandioses de la Forêt Noire aux alentours, d’autre part. Des chercheurs et des enseignants illustres y ont séjourné et enseigné.

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Autour de Fribourg-en-Brisgau, ville en transition énergétique et vitrine mondiale d’une mise en œuvre de la durabilité

Ces deux photos de Fribourg-en-Brisgau :
1. Habitations du Quartier Vauban
2. Trame verte pour le tramway

D’un article du lundi 26 avril 2010. Titre : Fribourg-en-Brisgau : victoire de Salomon à la Pyrrhus de Le blog de Jean-Louis BOEHLER
Site http://jboehler.canalblog.com/archives/2010/04/26/17688904.html