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"100% d’énergies renouvelables en Allemagne d’ici 2050 : un exemple pour tous les pays industrialisés" par le Dr. Mae-Wan Ho & le Professeur Peter Saunders

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 14 octobre 2009, par Ho Dr Mae-Wan, Saunders Professeur Peter

Rapport de l’ISIS en date du 14/10/2009

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Le plan de transition Low Carbon du Royaume-Uni [1] (voir UK’s Lacklustre Low
Carbon Transition Plan, SiS 44) est bien en deçà des défis auxquels nous sommes
confrontés.

Heureusement, nous pouvons nous retourner et rechercher notre inspiration
au-delà de la mer du Nord, en Allemagne. L’Allemagne est un grand pays industrialisé et
prospère, à l’opposé du Royaume Uni sur de nombreux plans. L’Allemagne a toujours
beaucoup compté sur le charbon pour sa production d’électricité et sur un certain nombre
de centrales nucléaires. Mais là s’arrêtent les similitudes.

Les énergies renouvelables excluent le nucléaire

Alors que le Livre blanc sur les énergies pour la Grande-Bretagne à l’horizon de 2020 ou
2050, expose une prévision sur la même base qu’aujourd’hui, l’Allemagne se prépare à
un avenir tout à fait différent, dans lequel ce pays envisage une sécurité pour son
approvisionnement énergétique et le maintien de sa position de leader mondial dans les
nouvelles technologies.
1
L’Allemagne va de l’avant dans le développement et l’utilisation des énergies
renouvelables et elle envisage d’abandonner progressivement et complètement
l’énergie nucléaire, qui est considérée au Royaume-Uni comme une composante majeure
de la future combinaison énergétique de ce pays.

L’équivalent le plus proche en Allemagne du Livre blanc britannique sur les énergies est
un document délivré par le gouvernement allemand en Janvier 2009, sous le titre New
Thinking - New Energy. Dix principes directeurs pour un approvisionnement durable de
l’énergie [2].

Le document énonce les objectifs suivants :

· En 2020, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 pour cent par
rapport à leurs niveaux de 1990 – soit le double de l’objectif du Royaume-Uni. (À la fin de
2007 les émissions avaient déjà été réduites de 21,3 pour cent.)

· La productivité de l’énergie utilisée devrait être augmentée de 3 pour cent chaque
année, de sorte qu’en 2020, l’énergie sera utilisée de manière deux fois plus efficace
qu’en 1990

• La proportion d’énergie qui provient de sources renouvelables devrait être augmentée.

En 2050, la moitié de la consommation d’énergie primaire devra provenir de sources
renouvelables. En 2020, la proportion de la consommation finale d’énergie, la
consommation brute d’électricité et l’énergie utilisée pour le chauffage qui proviennent
de sources renouvelables, devraient être le double de leurs niveaux actuels (qui sont de 9
pour cent, 5 pour cent et 7 pour cent, respectivement).

· En 2020, un quart de la production d’énergie devrait provenir de production combinée
de chaleur et d’électricité (CHP), là encore le double du niveau actuel.

• L’utilisation des "biocarburants", ou mieux agrocarburants, devrait être augmentée
de telle sorte que d’ici 2020, 7 pour cent des émissions de gaz à effet de serre dues
aux combustibles fossiles soient éliminés.

100 pour cent d’énergies renouvelables d’ici 2050

Mais lors d’un communiqué de presse [3] David Wortmann, Directeur des Energies
Renouvelables et des Ressources, auprès des instances du commerce et des
investissements en Allemagne, un organisme gouvernemental qui soutient le secteur des
énergies renouvelables du pays, a exprimé l’avis que l’Allemagne pourrait être
alimentée avec 100 pour cent d’énergies renouvelables à l’horizon 2050.

« C’est
ambitieux, mais l’Allemagne peut fonctionner à partir des énergies renouvelables d’ici
2050, s’il y a la volonté politique », dit-il.

En 2008, l’énergie primaire consommée en Allemagne a été de 7,3 pour cent pour les
renouvelables, et ce chiffre devrait augmenter à 33 pour cent d’ici 2020. À ce rythme
d’augmentation, l’énergie primaire consommée pourrait bien être de 100 pour cent
d’énergies renouvelables d’ici 2050.

2
Ce qui rend cela possible, c’est le fait d’utiliser moins d’énergie, tout en augmentant
l’efficacité énergétique. La feuille de route énonce une série de nouvelles mesures
d’efficacité énergétique, dont la construction d’un réseau intelligent qui devrait réduire la
consommation de 28 pour cent dans les deux prochaines décennies, passant de 13.842 PJ
en 2007 à 12.000 PJ en 2020 et 10.000 PJ en 2030. Cela se traduira par des économies
considérables sur les importations d’énergie coûteuses.

Une autre stratégie consiste à utiliser pleinement les ressources éoliennes naturelles de
l’Allemagne, concentrées le long des côtes septentrionales, où d’immenses parcs éoliens
offshore en mer du Nord pourraient produire jusqu’à 10 GW ou plus (voir plus loin),
fournissant ainsi l’alimentation électrique dans un réseau national reliant le nord et l’est
du pays, avec le sud et l’ouest, avec une efficacité optimale en utilisant la haute tension à
courant continu.

L’énergie solaire sera importée, via l’Italie, par les centrales thermiques solaires qui
sont à construire dans les déserts très ensoleuillés d’Afrique du Nord (mais voir le
chapitre 12 de [4] Green Energies - 100% Renewable by 2050, ISIS publication).

Les voitures électriques rechargeables alimentées à partir de sources d’énergies
renouvelables ne devraient pas envahir les autoroutes de l’Allemagne et les émissions de
gaz à effet de serre devraient être réduites de manière substantielle.

"La capacité technique est disponible pour le pays, pour basculer vers l’énergie verte :
c’est donc une question de volonté politique et de cadre réglementaire approprié", a
déclaré Wortman. L’Allemagne envisage d’utiliser toutes les sources d’énergie
renouvelables à sa disposition, les énergies éolienne, solaire, géothermique, hydraulique,
ainsi que la biomasse dans un mélange optimal.
Wortman a apprécié le projet gouvernemental d’investir davantage dans la recherche.

« 
L’Allemagne a été un centre d’innovation dans les technologies d’énergie renouvelable
pendant des années. Il y a un réel désir de la voir continuer à être un lieu central où les
nouvelles technologies liées aux énergies renouvelables sont en développement. Non
seulement le gouvernement, mais aussi les entreprises sont axées sur la mise en œuvre
deplus de ressources dans la recherche », a déclaré Wortman.

Il a prédit que les bio-énergies vont jouer un rôle clé, mais seulement si elles sont
durables et ne sont pas en concurrence avec les cultures de plantes alimentaires. En
2008, la biomasse a fourni 3,7 pour cent de l’électricité en Allemagne, en hausse de 3,1
pour cent par rapport à 2007, tandis que la part de l’énergie éolienne a augmenté de 0,1
pour cent, passant de 6,4 à 6,5 pour cent.

Il a pris comme exemple une centrale électrique, fonctionnant à partir du biogaz, qui a
été développée par le Dr. Michael Stelter de l’Institut Fraunhofer pour les Systèmes et les
Technologies Céramiques à Dresde, qui utilise le compostage et le traitement des
déchets. Grâce à une nouvelle procédure qui utilise des enzymes pour décomposer la
cellulose dans les déchets en compostage, l’usine produit, en quantité, 30 pour cent de
biogaz en plus, et dans un délai de 30 jours, au lieu des 80 jours qui sont nécessaires
actuellement.

3
Pour optimiser l’efficacité, le biogaz est injecté dans des piles à combustible qui
fonctionnent à 850 ̊C, ce qui permet aux installations de convertir le méthane du biogaz
en électricité avec une efficacité de 40 à 55 pour cent. Tenant compte de la chaleur
produite, la pile à combustible a un taux de conversion de 85 pour cent.

Un fort soutien du gouvernement fédéral allemand pour les énergies renouvelables

L’Allemagne a pris une avance sur les autres Etats membres de l’Union Européenne, et
sur la plupart des pays du reste du monde, avec le lancement de sa transition à faible
intensité de carbone, il y a plus d’une décennie. Le politique d’énergie renouvelable de
l’Allemagne a réellement commencé en 1974, après la première crise pétrolière, et se
composait presque exclusivement de la promotion de la recherche pour les 15 années
suivantes [5].

Les mesures de création de nouveaux marchés n’ont été mises en place qu’après 1988 ;
et, parmi celles-ci, la plus importante fut la loi Feed-in Law. De 1991 à 1995, dans le
cadre du programme concernant 1.000 toitures, les demandeurs ont reçu 50 pour cent
des coûts d’investissement de la part du gouvernement fédéral, plus 20 pour cent du
gouvernement régional du Land concerné.

Finalement, 2.250 toitures furent équipées de
modules photovoltaïques (PV), produisant un total d’environ 5 MW.

Pour l’énergie éolienne, le gouvernement a introduit un programme de subvention de
100 MW - plus tard 250 MW - par le paiement de 0.04 €/kWh (réduit par la suite à 0,03 €).

Ceci a été accompagné par le Feed-in Law qui oblige les services publics nationaux de
l’électricité à acheter l’électricité produite à partir de sources renouvelables à des taux
supérieurs à ceux du marché et fixés par le gouvernement.

En conséquence, la capacité éolienne installée a récemment grimpé, passant d’environ
20 MW en 1989 à plus de 1.100 MW en 1995. Dans les années suivantes, ces
subventions ont baissé rapidement, et le Feed-in Law a eu du mal à survivre face aux
attaques des producteurs d’électricité conventionnelle.

Une amélioration significative est intervenue après l’élection de 1998, lorsque la coalition
« rouge-verte » est arrivée au pouvoir, et a renforcé l’appui aux énergies renouvelables, en
particulier pour les secteurs du photovoltaïque PV et de la biomasse, grâce aussi à
l’action des militants et des services publics municipaux.

La proposition Eurosolar de
100.000 toitures depuis 1996 et l’Association allemande des Industries de l’Energie
Solaire, ont joué un rôle important dans la croissance continue du marché photovoltaïque,
faisant suite à celui des 1.000 toitures de départ.

Le nouveau gouvernement fédéral a insisté sur les politiques de modernisation
écologique et sur le changement climatique, ainsi que sur la création d’emplois et le
développement socio-économique. Il comprenait une éco-taxe sur l’énergie,
l’élimination progressive de l’énergie nucléaire et le renforcement des sources d’énergie
renouvelable et de production combinée de chaleur et d’électricité [voir à cogénération
dans les Définitions et compléments in fine)], pour une efficacité accrue de la
consommation d’énergie.
4
Les mesures du gouvernement, visant à promouvoir les énergies renouvelables,
comprenaient un programme de cinq années d’incitation du marché, qui ont fourni
environ 445 millions d’ € de 1999 à 2002 ; un allégement fiscal sur les "biocarburants"
ou agrocarburants, en conformité avec la Directive de l’Union Européenne et, plus
important encore, elles ont adopté le programme de 100.000 toitures pour le
photovoltaïques PV ; enfin une loi sur les sources d’énergie renouvelable, adoptée en
2000, a été modifiée de façon substantielle en 2004.

Cette nouvelle loi a abrogé la loi
Feed-in Law de 1990, mais a maintenu une caractéristique essentielle, à savoir, le
recours aux tarifs de rachat pour encourager le développement des sources d’énergies
renouvelables pour l’électricité. Cela a donné un nouvel élan au secteur photovoltaïque
allemand et aux autres technologies renouvelables. En 2006, l’Allemagne a représenté
56 pour cent du marché mondial des technologies de l’énergie solaire et environ 80 pour
cent du marché européen [6].

L’Allemagne génère déjà 6,5 pour cent de son électricité à partir du vent [4] et elle
prévoit d’augmenter cette proportion. En Septembre 2009, les autorités
gouvernementales ont annoncé des plans pour un ensemble de 40 parcs éoliens offshore
[sur des territoires maritimes], comprenant le nombre élevé de 2.500 turbines qui
devraient produire 12 GW d’ici 2030 [7]

Il est également prévu d’autres plans pour d’autres sources d’énergie, y compris le
biogaz, les petites centrales hydroélectriques et géothermiques.

En Juillet 2009, un groupe important d’entreprises allemandes a annoncé un
investissement conjoint de 400 milliards d’€ (560 milliards de dollars) dans les centrales
thermiques solaires à concentration (CSP) dans les déserts du Sahara. Ces derniers
espaces sont considérés comme apportant une contribution importante à
l’approvisionnement énergétique total, mais sont également importants parce que
l’approvisionnement en énergie est prévisible ou stockable et peut fournir une protection
contre les fluctuations dans les autres sources (mais voir aussi le chapitre 12 de la
référence [2] pour de fortes réserves émises sur les grands projets d’énergie solaire
concentrée ou CSP).

Ni nucléaire, ni capture et stockage du carbone

Contrairement au gouvernement britannique, les Allemands sont convaincus qu’ils
peuvent atteindre leurs objectifs sans l’énergie nucléaire. En 2002, ils ont décidé
d’éliminer progressivement leurs centrales nucléaires d’ici 2022, et tandis que l’actuelle
chancelière, Angela Merkel, est connue pour favoriser l’extension des durées de vie des
centrales électronucléaires au-delà de la date initialement fixée, il y a peu de soutiens
pour la construction de nouveaux réacteurs.

En Allemagne, l’opinion publique est contre l’énergie nucléaire, en particulier après
l’incident de juillet 2009 au cours duquel le réacteur nucléaire de Krümmel a dû être
arrêté pour la deuxième fois en deux ans et la révélation des problèmes rencontrés sur le
site de Gorleben, qui est destiné au stockage à long terme des déchets nucléaires [8].

L’Allemagne, qui a toujours beaucoup compté sur le charbon, comme le Royaume-Uni
d’ailleurs, poursuit activement la recherche sur les techniques du captage et du
stockage du carbone ou CSC. Vattenfall, une société germano-suédoise, a demandé un
5
financement auprès de l’Union Européenne pour l’aider à construire une usine de
démonstration de 385 MW [9].

Toutefois, l’Allemagne n’est pas dépendante de ces techniques CSC, pour l’aider à
atteindre ses cibles d’émissions, de la même façon que le Royaume-Uni. En particulier,
ces techniques ne sont pas incluses dans le plan pour atteindre l’objectif en 2020, parce
qu’ils ne s’attendent pas à ce que ces techniques soient fonctionnelles et disponibles d’ici
là.

Au lieu de cela, et alors que l’Allemagne pourra encore générer 40 pour cent de son
électricité à partir du charbon, les émissions de gaz à effet de serre seront réduites par
l’augmentation de l’efficacité des usines, grâce aux installations de cogénération, en
combinant production de chaleur et d’électricité, et par une réduction de 11 pour cent de
l’énergie totale consommée.

Si ces techniques de captage et de stockage du carbone ou
CSC, sont un succès, les allemands seront bien placés pour en tirer avantage, et si elles
ne sont couronnées de succès, le pays aura d’autres cordes à son arc.

L’Allemagne, qui présente un contraste frappant avec le Royaume-Uni, va de l’avant et
se prépare à un avenir dans lequel de plus en plus, sinon la totalité, de son énergie
proviendra de sources renouvelables. Elle voit clairement cela comme une opportunité :
la création de 500.000 nouveaux emplois, ainsi que l’établissement de l’Allemagne
comme un important exportateur de technologies renouvelables et une réduction
considérable de ses importations d’énergie.

Taxes sur les transports et les compagnies aériennes

Comme le Royaume-Uni, l’Allemagne étudie des mesures spécifiques pour réduire les
émissions de carbone dans le secteur des transports, telles que l’amélioration de
l’efficacité des véhicules, le déplacement du trafic de la route vers le rail et un passage
de la voiture particulière vers les transports publics.

Mais les Allemands commencent avec l’avantage de disposer d’un réseau ferroviaire de
qualité supérieure. Contrairement à son homologue britannique, le ministère fédéral
allemand de l’environnement préconise que les compagnies aériennes payent une taxe
sur le carburant de l’aviation civile et qu’une TVA soit instituée sur les billets pour les vols
internationaux, éliminant ainsi une subvention majeure à cette industrie [10].

Aucun commerce sur les émissions de carbone

Alors que le Livre blanc britannique sur l’énergie suppose que le commerce qui fait
appel à la bourse du carbone, sera une contribution importante à la réalisation des
émissions du pays cible, l’UBA stipule explicitement que l’Allemagne vise à réduire ses
émissions de gaz à effet de serre par des mesures mises en œuvre à l’intérieur de
l’Allemagne.


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Définitions et compléments en français :

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Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.

Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire

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Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

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