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"Les peuples peuvent-ils sauver le climat ?" par Sam Burcher

Traduction et compléments de Jacques Hallard

lundi 22 février 2010, par Burcher Sam

Le ‘Sommet des Peuples’, un univers coloré et militant, a volé la vedette à
Copenhague en décembre 2009 en proposant les véritables solutions aux
changements climatiques.
Par Sam Burcher

Communiqué de Presse de l’ISIS en date du 22/02/2010
L’article original en anglais intitulé Can The People Save The Climate.
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Le sommet climatique ‘COP 15’ organisé sous l’égide des Nations Unies, est considéré
d’une façon quasi unanime comme une catastrophe [1]
 : il n’a évidemment pas pris la
place qui convient à Copenhague en décembre 2009.

Au milieu de cela s’est tenu le ‘Klimaforum09’, un ‘Sommet alternatif des peoples
autochtones’ organisé par une poignée de groupes de vétérans de l’environnement du
Danemark ; il a permis d’offrir un forum ouvert pour faire entendre les voix de plusieurs
mouvements locaux, à l’écart des pourparlers officiels, en particulier ceux venant des
pays du Sud. Plus de 15.000 participants se sont rassemblés au Sommet des peuples
dans la vaste salle de sport DGI-Byen, au centre de Copenhague, pour partager des
solutions positives concernant le changement climatique.

La Déclaration des Peuples

La Déclaration des Peuples a été préparée pendant la période préparatoire au Sommet
sur le climat, dénommé CdP15, et elle a été signée par 500 organisations et de nombreux
individus. La signature est ouverte jusqu’au Mars 2010 [2].

Elle reconnait la nécessité
d’engager les actions suivantes :

 Un abandon complet des combustibles fossiles au cours des 30 prochaines
années, qui doit préciser les étapes spécifiques pour chaque période de 5 ans. _ Elle exige
une réduction immédiate des émissions des gaz à effet de serre pour les pays
industrialisés d’au moins 40 pour cent par rapport aux niveaux de 1990, d’ici 2020.
 La reconnaissance, le financement et la compensation de la dette climatique
pour la surconsommation de l’espace atmosphérique et les effets néfastes des
changements climatiques sur tous les groupes concernés et des populations.
 Un rejet des solutions fausses et dangereuses qui sont purement orientées
vers le marché et certaines technologies, dont celles qui sont axées sur l’énergie
nucléaire, les agro-carburants, la capture et le stockage du carbone, les mécanismes dits
‘ Développement Propre’, le projet ‘Biochar’, les cultures de plantes génétiquement
"préparées pour le climat", la géo-ingénieurie et la réduction des émissions résultant du
déboisement et la dégradation forestière (REDD), qui accentuent les conflits sociaux et
environnementaux.
 Les vraies solutions à la crise climatique, basées sur l’utilisation sécuritaire,
propre, renouvelable et durable des ressources naturelles, ainsi que les transitions vers la
souveraineté pour l’alimentation, l’énergie, la terre et l’eau.

Changer le monde en changeant les sociétés [au sens des grands opérateurs financiers et économiques, en général transnationaux]

José Bové, le militant anti-OGM légendaire, devenu eurodéputé vert, a prononcé un
discours passionné en français. La diversité est importante, dit-il [3].
Il s’agit d’une
nouvelle ère, un moment historique qui est en cours de création, depuis la fin du 20ème
siècle.
Cela signifie que le monde n’est plus une marchandise. Nous l’avons dit à Seattle
et nous le disons ici, à Copenhague, que la terre n’est pas détenue par l’humanité. Mais
elle est en péril.
Nous avons à construire quelque chose de nouveau et nous ne pouvons
pas continuer comme ça. Nous n’avons pas de planète B, de rechange, et nous avons à
dormir et travailler sur cette terre.
Nous devons protéger les systèmes écologiques et
veiller à ce que le réchauffement ne dépasse pas 2 degrés Celsius.
Les pays riches y
résistent en raison de la position dominante des sociétés transnationales - ils sont
responsables des mines de charbon en Australie. Monsanto est responsable de la
destruction des forêts et de la mise en cultures de soja [OGM] et de l’exportation vers
l’Europe de nourritures génétiquement modifiées pour les animaux d’élevage.

Nous ne
modifierons pas les risques auxquels le monde est confronté, à moins de changer ces
sociétés, les grands opérateurs économiques. Nous ne pouvons pas continuer avec l’OMC
qui soutien ces derniers et nous dessert.
De ce sommet des Nations Unies sur le changement climatique, nous devons envisager
l’organisation d’une nouvelle vision, déclara José Bové. Ce sont les formes d’organisation
qui doivent se battre au niveau international pour protéger les droits fondamentaux des
peuples contre les grandes sociétés [marchandes].

Nous avons besoin de l’ONU pour
porter ce débat à l’intérieur même de l’ONU et lui donner une forme nouvelle, pour une
politique nationale.
Nous devons aider les peuples du Sud à se battre pour le retour
écologique de l’harmonie, la solidarité et de la bonté, afin que nous puissions vivre
ensemble sur la mère terre.

Engagement pour les générations futures

Marina Silva, un ancien ministre de l’Environnement au Sénat de la Fédération
brésilienne, devenu homme politique du parti ‘Vert’ a déclaré : « Nous sommes ici tous
réunis. Nous n’acceptons pas ce sur quoi les dirigeants de nos pays ont essayé de nous
convaincre. Ils disent que nous ne devrions pas avoir des attentes élevées. Nous sommes
ici parce que nous nous sommes engagés pour la vie, pour la planète et pour les
générations futures. Je suis venue de la forêt tropicale.
Nous voyons maintenant les fruits
d’une réduction de 2 milliards de tonnes de carbone en raison du reboisement. Il est
important que les pays s’engagent sur nos objectifs. Nous ne voulons pas voir s’élever la
température de plus de 1,5 degré centigrade. Nous nous engageons à une alliance entre
les populations pour économiser l’ensemble des forêts.
Au Brésil, nous avons la plupart
des solutions technologiques aux problèmes du réchauffement climatique. Nous savons
quoi faire. Nous avons des engagements éthiques pour modifier le modèle prédateur qui
détruit la planète ».

« Les pays riches ne devraient plus se cacher derrière une responsabilité différenciée »,
indiqua encore Marina Silva. « Ils doivent nous conduire à une réduction stricte d’au
moins 80 pour cent d’ici 2050. Nous travaillons dur pour nous engager sur nos objectifs
au Brésil. Mais c’est comme une cible mouvante. Nous n’avons pas les moyens financiers
pour aider les pays en développement à changer leur méthode de développement. Les
pays développés envisagent simplement de traiter des affaires ; ils doivent savoir qu’ils
vont complètement à l’encontre de l’engagement éthique du 21eme siècle pour les droits
et les avantages à envisager pour la prochaine génération."

L’Organisation Non Gouvernementale ‘Via Campesina’ diffuse le message de l’agroécologie

La ‘Caravane pour le Climat’ représentant des militants locaux, des agriculteurs et des
scientifiques venus des Andes, d’Afrique, du Brésil, de Colombie, de Cuba, de l’Equateur,
de l’Indonésie, de l’Inde, du Panama, du Paraguay, du Pérou, des Philippines, du Mexique,
et des groupes de juristes Maoris et du Pacifique, sont arrivés par des bus au Sommet des
Peuples.
Ils sont venus pour répandre le message de la science de l’agriculture durable,
connue sous la dénomination de l’agroécologie.

L’agroécologie s’est développée à travers les mouvements sociaux et agricoles, tels que
la Via Campesina, qui a mis une touche de modernité sur les fermes de leurs grands-
parents, en intégrant les principes de la biodiversité et en appliquant des pratiques
scientifiques aux systèmes agricoles durables contemporains [4]

On estime que quelque 600.000 agriculteurs dans les pays du Sud se ont appris
mutuellement d’autres méthodes agro-écologiques pour s’adapter aux changements
climatiques.

Une étude conjointe entre la Via Campesina et ‘Food First’,’Alimentation d’abord’, un
think tank, un groupe de réflexion agricole aux États-Unis, comptait 45 équipes
d’agriculteurs et techniciens chercheurs qui a enquêté auprès d’environ 2.000 fermes,
lesquelles avaient soit la pratique des techniques agro-écologiques apprises à travers le
mouvement, soit utilisaient des engrais et des pesticides conventionnels [5].

Les résultats ont montré que les agriculteurs utilisant des méthodes agro-écologiques
avaient une couche de terre arable supérieure de 20-40 pour cent, qu’ils rencontraient
deux fois moins de glissements de terrain, beaucoup moins d’érosion des sols et, surtout,
qu’ils avaient subi moins de pertes économiques après l’ouragan Mitch qui a frappé
l’Amérique centrale il y a une décennie en décimant onze mille personnes.

Alors que les dirigeants du monde entier continuent de débattre les solutions officielles,
le mouvement populaire pour la justice climatique dans le monde entier se forge ses
propres solutions sur le terrain. La ‘Caravane pour le Climat’ est contre les solutions
proposées par l’OMC à Genève et à Copenhague, qui visent à faire de l’argent à partir des
crises climatiques à travers les marchés du carbone et les agrocarburants.

Au lieu de
cela, leur programme promeut la souveraineté alimentaire (le principe de la sécurisation
alimentaire pour tous), l’agriculture et la pêche locales et traditionnelles, et en
garantissant les droits des populations des forêts contre la déforestation.

Les membres de la ‘Caravane pour le Climat’ comprennent ‘Focus on the Global South’, la
‘Confédération Paysanne’ de France et d’Espagne et ‘OilWatch’ de l’Equateur.

Oilwatch
propose une solution simple mais logique au changement climatique : elle consiste à
laisser le pétrole dans les couches profondes du sol. Cette organisation croit que c’est la
meilleure solution pour lutter contre les émissions de CO2 et de tourner le dos à quarante
ans d’exploitation pétrolière qui a eu un effet négatif sur les populations et l’écologie de
l’Équateur.
Le Gouvernement équatorien demande à la communauté internationale de
financer le fait que ce pétrole ne va pas être utilisé sous les responsabilités communes et
différenciées en reconnaissance de la dette climatique du Nord envers le Sud.
Jusqu’à présent, le gouvernement allemand a offert de verser 1 milliard de dollars à
l’Equateur, à raison de 50 millions de dollars par an au cours des 20 prochaines années
pour laisser les hydrocarbures dans le sol dans le ‘Yasuni National Park’, une zone de la
plus grande biodiversité dans le monde et patrie d’une tribu autochtone non encore
entrée en contact [6].

Toutefois, Oilwatch avertit que cette proposition ne doit pas faire partie du programme
REDD sur les forêts, ou sur les marchés du carbone et que les solutions au changement
climatique ne peuvent venir que de l’extérieur des systèmes qui l’ont créé.
Un autre manifestant de la ‘Caravane pour le Climat’ rapporte qu’il a survécu à deux
attentats contre sa vie, perpétrés par l’armée colombienne parce qu’il a osé s’élever
contre les activités de grandes sociétés en Colombie.

Les vues de Oilwatch font écho aux propos exprimés par un manifestant, camarade de
route au Royaume-Uni, le journaliste George Monbiot, qui a déclaré lors de ‘Klimaforum’ :
« Si les gouvernements étaient sérieux par rapport au changement climatique, ils
seraient en mesure d’élaborer des plans à Copenhague afin de déterminer quelle partie
de la réserve en hydrocarbures devrait être laissée dans le sol » [7]

« Cela signifie le passage à des énergies renouvelables et la fixation des limites de
sécurité sur la façon dont une grande partie des réserve de pétrole, de gaz et de charbon
peut être utilisée pour s’assurer que nous ne violons pas le très important objectif de 2
degrés centigrades de réchauffement ».

George Monbiot a également mis en garde contre le fait que le monde court le risque de
devenir un grotesque pays avec un environnement correspondant à celui décrit dans le
Mordor (pays imaginaire), comme la conséquence d’activités destructrices telles que
l’extraction des sables bitumineux au Canada. Il a dit que la meilleure chose que
n’importe qui peut faire sur cette terre en ce moment, c’est d’aller sur le terrain des
sables bitumineux de l’Alberta et d’occuper ces équipements mécaniques.

Des manifestations pacifiques pour la justice climatique

Le Klimaforum avait également comme objectif de coordonner les manifestations
pacifiques d’Action pour la justice climatique [8].

Cette organisation internationale
est d’avis que le ‘nord mondial’ doit des réparations économiques et écologiques au Sud
pour les injustices climatiques causées par le développement industriel intensif pendant
de nombreuses années.
La marche du samedi pour la justice climatique, qui a attiré
jusqu’à 150.000 personnes, a été dans l’ensemble un défilé paisible et joyeux, emmené
par les militants de base, les syndicats, les ONG, les groupes de la faune sauvage et les
membres du public, à une veillée aux chandelles à l’extérieur du site officiel des
pourparlers de l’ONU - le Centre Bella. Tout au long de la journée, ce fut une suite
systématique des jeunes vêtus de noir par la police danoise équipée de ‘main lourde’,
d’après l’introduction de nouvelles lois sur la détention, mises en place juste à temps
pour les manifestations.

J’ai demandé à deux jeunes hommes vêtus de noir pourquoi ils participaient à des actions
en dehors du Centre Bella.
« Parce que nous nous préoccupons du climat et que nous
sommes végétariens », répondirent-ils.

Le Prince Charles donne un éclairage sur l’agroécologie

Pendant ce temps, à l’intérieur du centre Bella, qui avait fermé ses portes à la société
civile au cours de la deuxième semaine des pourparlers de l’ONU, les esprits des
délégués restants ont été élevés par SAR le Prince Charles. Il a repris avec chaleur le
thème de l’atténuation du changement climatique grâce à une agriculture qui soit
véritablement durable et qui vise à protéger la biodiversité.
La science nous dit que c’est
à travers la relation entre l’agriculture et la foresterie que les chances d’éviter les pires
conséquences des changements climatiques existent encore, at-il dit.
« L’avenir de
l’humanité ne peut être assurée que si nous faisons partie de la nature, non en dehors
d’elle » [9].

Les participants, aussi bien les officiels que les militants du climat venus parallèlement,
se sont réunis en groupes pour surmonter et abattre les barrières entre les classes, les
nations, les orientations politiques et de couleur.
Toutefois, il a été beaucoup plus difficile
de garder la trace des faits et gestes qui se déroulaient au Centre Bella, en particulier
lorsque d’importants pourparlers et des conférences de presse se sont trouvés annulés.
Malgré cela, la ville de Copenhague, l’ONU et le Klimaforum se sont montrés des hôtes
aimables.
La sensation du bien commun, associée à ces manifestations pacifiques pour la justice
climatique et la qualité des pourparlers bien organisés avec le Klimaforum, tout cela
additionné à ce superbe spectacle de force et de persistance du mouvement de la contre-
culture, démontrent les vraies solutions aux changements climatiques qui vont pouvoir se
révéler, et où le rapport de l’ISIS / TWN intitulé Green Energies - 100% Renewable by
2050 énergies vertes - 100% renouvelable d’ici 2050 [10]
aura beaucoup à offrir.

The Institute of Science in Society,
The Old House 39-41 North Road, London N7 9DP telephone : [44 20 7700 5948] [44 20 8452 2729]

Traduction, définitions et compléments :

Document PDF avec le texte complet, les compléments et les définitions à demander à yonne.lautre@lautre.net

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.

Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire

Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : Climat Can The People Save The Climate French version.2


[1Khor M. The real tragedy of Copenhagen January 2 2010 Economic and Political
Weekly
http://www.twnside.org.sg/title2/climate/info.service/2010/20100101/EPW.14305.pdf

[2System Change not Climate Change – The People’s Declaration from Klimaforum09
http://www.klimaforum09.org/IMG/pdfA_People_s_Declaration_from_Klimaforum09_-_ultimate_version.pdf

[3A Conference of Global Greens. Copenhagen and Beyond at The Klimaforum09 14th December 2009.

[4Shattuck A. Growing Climate Justice. Food First Backgrounder 2009 15:4 Food First – Institute for Food and Development Policy http://www.foodfirst.org/.

[5Lee, P. Keep the oil in the soil. July 3 2009, http://www.foei.org/en/blog/keep-the-oil-in-the-soilw

[6Holt-Giménez, Eric. Measuring farmers’ agroecological resistance after Hurricane Mitch in Nicaragua : a case study in participatory, sustainable land management impact monitoring. Agriculture, Ecosystems & Environment, 2002 93:87-105.

[7George Monbiot on Fossil Fuels http://permaculture.tv/george-monbiot-on-fossil-fuels/.

[10Ho MW. Cherry B. Burcher S. and Saunders P. 2009 Green Energies, 100%