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"Déclarations trompeuses concernant l’étude d’alimentation avec du maïs génétiquement modifié (OGM) financée par l’UE avec le projet ‘GMO90plus’" par Claire Robinson

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 30 janvier 2019, par Robinson Claire


ISIAS OGM Santé

Déclarations trompeuses concernant l’étude d’alimentation avec du maïs génétiquement modifié (OGM) financée par l’UE avec le projet ‘GMO90plus’

Annexes sur le programme GMO90+ et « l’affaire Séralini »

Rapport de Claire Robinson publié le 24 janvier 2019 par
https://gmwatch.org/en/news/latest-newsGMWatch sous le titre « Deceptive reporting of GMO90+ EU-funded feeding study on GM maize » et accessible sur ce site : https://www.gmwatch.org/en/news/latest-news/18720-deceptive-reporting-of-gmo90-eu-funded-feeding-study-on-gm-maize

Mice and CornSouris et grains de maïs

Il est faussement prétendu que l’étude GMO90+ démontre que les régimes alimentaires avec des aliments génétiquement modifiés (OGM) n’ont pas d’effets indésirables et réfute une autre étude à long terme conduite par le groupe de recherches sous la direction de Gilles-Eric Séralini avec le maïs génétiquement modifié et l’herbicide Roundup.

Une étude de l’alimentation des rats financée par les contribuables européens et qui porte sur deux variétés de maïs génétiquement modifiées (OGM), a révélé des différences significatives chez les rats mangeant les régimes avec OGM. Ces différences pourraient indiquer des effets néfastes sur la santé, mais les auteurs les ont rejetées comme non pertinentes du point de vue biologique, sans justification scientifique appropriée.

En fait, la pertinence des changements est inconnue car l’étude était trop courte pour mesurer les effets à long terme, ce qui peut prendre un à deux ans, et parce qu’elle s’est limitée à une seule génération de rats dans les expériences.

L’étude GMO90+ a testé deux types de maïs GM, NK603 et MON810, sur une période de 6 mois. Il a été publié en décembre 2018 dans la revue ‘Toxicological Sciences’ sous le titre explicite ’Projet GMO90+ : absence de preuves des effets biologiquement significatifs des régimes biologiquement significatifs des régimes à base de maïs génétiquement modifié sur des rats Wistar après un essai comparatif d’alimentation de six mois’. Les auteurs n’ont signalé aucun effet indésirable sur la santé pouvant être attribué aux régimes OGM testés.

Cependant, après un examen plus approfondi de l’étude, cette conclusion est scientifiquement injustifiée. Les différences statistiquement significatives observées chez les animaux nourris avec du maïs OGM, par rapport aux animaux nourris avec du maïs non-OGM incluent des altérations de la biochimie du sang et de l’urine ainsi que des modifications des métabolites de l’urine et des taux d’hormones. De telles altérations pourraient entraîner des problèmes de santé.

De plus, des gènes exprimés de façon différente ont été trouvés chez des animaux nourris avec un régime OGM (voir la liste ci-dessous cet article pour plus de détails). Certaines altérations de l’expression des gènes ont manifestement été causées par des modifications du maïs génétiquement modifié, provoquées par une pulvérisation d’herbicide avec la matière active à effet herbicide glyphosate, le maïs NK603 pulvérisé ayant eu des effets différents sur les rats par rapport au maïs NK603 non pulvérisé.

Les auteurs ont écarté les résultats de gènes exprimés de manière différentielle, par exemple dans les reins de femelles appartenant à des groupes nourris avec du maïs OGM NK603 par rapport à des femelles nourries avec du maïs isogénique non-GM, lorsqu’un seul gène était impliqué. Ceci est invalide, car un changement dans l’expression d’un seul gène peut avoir des effets considérables, même la différence entre santé et maladie.

Par exemple, il a été démontré qu’un changement dans l’expression d’un seul gène était associé à une coronaropathie chez un groupe de personnes atteintes de la maladie, par rapport à un groupe de personnes non infectées. En outre, il est bien établi que des mutations dans un ou plusieurs gènes, qui augmentent ou diminuent leur expression, peuvent contribuer à des maladies graves, notamment le cancer.

Pertinence biologique inconnue

Les auteurs ont commenté les différences observées chez les animaux nourris aux OGM selon lesquelles « aucune pertinence biologique n’a pu être établie en raison de l’absence de différence dans les variables liées biologiquement, les effets dose-réponse ou les troubles cliniques ».

Mais le Dr Michael Antonio, un généticien moléculaire basé dans une université londonienne, a déclaré : « La conclusion des auteurs sur l’absence d’effets biologiquement significatifs des régimes alimentaires avec du maïs OGM, repose sur la supposition que nous savons tout sur la biologie de l’animal soumis à l’expérience. Mais c’est loin d’être le cas. Il reste encore beaucoup à découvrir et à comprendre sur le fonctionnement de la physiologie en matière de santé et de maladie ».

Le Dr Antoniou a poursuivi : « Sur la base d’une période d’étude relativement courte, telle que celle utilisée dans cette étude, il n’est pas possible d’affirmer que des différences statistiquement significatives, telles que les profils d’expression génique dans divers organes observés dans les groupes de traitement, n’entraînent pas d’effets indésirables. Ces changements pourraient indiquer que des problèmes de santé peuvent survenir à long terme. D’où la nécessité d’étendre cette étude à toute la durée de vie des animaux testés pour montrer si l’on est ou non en situation sûre et d’absence d’effets toxiques.

Compte tenu de tout ce qui précède, il semble que l’étude aurait dû s’intituler « Projet GMO90+ : preuves d’effets statistiquement significatifs d’un régime avec des OGM, pertinence biologique inconnue ».

Couverture trompeuse par la presse
Un article du journaliste français Sylvestre Huet dans le journal ‘Le Monde’ laisse entendre que l’étude GMO90+, ainsi que d’autres projets de recherche sur les OGM financés par l’UE, réfute l’étude à long terme de Séralini sur le maïs NK603. Cette étude, dirigée par le professeur français Gilles-Eric Séralini, a révélé que des rats nourris au maïs GM NK603 sur une longue période de deux ans développaient des lésions hépatiques et rénales, ainsi que des perturbations hormonales.

[Selon Wikipédia, « Sylvestre Huet, né le 29 octobre 19581, est un journaliste français spécialisé dans les sujets scientifiques. Journaliste à Libération à partir de 1995, il anime dès 2008 le blog sciences² hébergé par le journal, jusqu’à son départ du quotidien en janvier 2016. En mai de la même année, l’activité du blog reprend sur la plateforme du Monde… » Article sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvestre_Huet ].

Le journal ‘Le Monde’ a intitulé son histoire, ’Des poisons OGM ? La vraie fin de l’affaire Séralini’. Il a affirmé que l’étude GMO90+ avait montré que l’alarme déclenchée par les médias ayant rendu compte de l’étude Séralini était une fausse nouvelle.

Différences entre l’étude GMO90+ et celle de Gilles-Eric Séralini

Le problème de l’approche du journal ‘le Monde’ est que l’étude GMO90+ (ainsi que les autres études financées par l’UE) n’est en aucun cas comparable à celle de Gilles-Eric Séralini, car « ce n’est tout simplement pas possible de comparer des pommes avec des oranges ». Vous trouverez ci-dessous quelques-unes des différences essentielles.

1. GMO90+ n’a pas réussi à tester les effets à long terme

Plus important encore, l’étude Séralini a duré deux ans, tandis que l’étude GMO90+ n’a duré que six mois. Bien qu’une amélioration par rapport aux trois mois prévus par l’industrie pour mener généralement ses études d’innocuité des OGM, six mois sont trop courts pour identifier les effets à long terme sur la santé. La raison pour laquelle les chercheurs de GMO90+ ont opté pour une durée d’étude aussi courte et insuffisante est un mystère, car il est maintenant bien connu que de courtes études montrent une variété de changements chez les animaux nourris avec des OGM, dont la pertinence n’est pas claire, car les chercheurs sont incapables de voir si les changements perceptibles évoluent vers une maladie plus grave.

2. GMO90+ a utilisé une souche de rat différente de celle de l’étude Séralini

Les chercheurs de GMO90+ ont utilisé une souche de rat - le Wistar - différente de la race Sprague-Dawley de Séralini ; la première est beaucoup moins sensible aux types de tumeurs mammaires observées chez les animaux nourris avec des aliments génétiquement modifiés, et les animaux traités avec des doses de Roundup dans l’expérience du groupe Séralini.

3. Les effets de Roundup n’ont pas été testés dans GMO90+

À la différence cruciale de l’étude Séralini, l’étude GMO90+ n’a pas permis de tester les effets de l’herbicide à base de glyphosate, couramment vendu sous le nom de Roundup, qui est utilisé sur le maïs GM NK603. Les chercheurs de l’étude Séralini avaient soigneusement contrôlé les intrants chimiques lors de la culture du maïs pour le test et ils avaient contrôlé le maïs ainsi que le régime de base. En conséquence, le glyphosate n’avait pas été détecté dans les régimes de base ou de contrôle (témoins). Ainsi, les chercheurs ont pu tester les effets de l’herbicide à base de glyphosate en incluant un groupe seulement ’Roundup », qui comprenait une très faible dose inférieure aux niveaux autorisés par l’UE pour la présence de glyphosate dans l’eau de boisson.

Même la dose la plus faible de Roundup s’était avérée causer des dommages au foie et aux reins chez le rat. Cette découverte a été confirmée ultérieurement * par des expériences séparées **, dans lesquelles des analyses moléculaires ’omiques’ des tissus de rat ont été effectuées. Les analyses ’omiques’ ont montré *** que les rats traités avec des doses de Roundup souffraient de stéatose hépatique non alcoolique.

* Multiomics reveal non-alcoholic fatty liver disease in rats following chronic exposure to an ultra-low dose of Roundup herbicide Robin Mesnage , George Renney Gilles-Eric Séralini , Malcolm Ward & Michael N. Antoniou - Scientific Reports volume 7, Article number : 39328 (2017)

** Transcriptome profile analysis reflects rat liver and kidney damage following chronic ultra-low dose Roundup exposure - Robin Mesnage, Matthew Arno, Manuela Costanzo, Manuela Malatesta, Gilles-Eric Séralini and Michael N. Antoniou Email author - Environmental Health201514:70 - https://doi.org/10.1186/s12940-015-0056-1 - © Mesnage et al. 2015 - Received : 21 April 2015. Accepted : 11 August 2015. Published : 25 August 2015 - The Erratum to this article has been published in ‘Environmental Health’ 2017 16:28

*** Multiomics reveal non-alcoholic fatty liver disease in rats following chronic exposure to an ultra-low dose of Roundup herbicide. Robin Mesnage , George Renney , Gilles-Eric Séralini , Malcolm Ward & Michael N. Antoniou - Published : 09 January 2017 - Scientific Reports volume 7, article number : 39328 (2017) | Download Citation - An Author Correction to this article was published on 17 August 2018 - This article has been updated


























Encadré - Les Outils « omiques » - Document publié par le Sénat France.

Les « omiques » ont bouleversé la conception de la biologie en développant une biologie des systèmes. Alors que la biologie traditionnelle se fondait sur des hypothèses que le chercheur essayait ensuite de vérifier expérimentalement, désormais, le vivant est appréhendé dans sa totalité et le chercheur essaie de rapporter l’information biologique obtenue à des pathologies connues.

S’appuyant largement sur les technologies de pointe et les avancées des technologies de l’information, les sciences « omiques » regroupent des champs d’étude de la biologie qui s’intéressent aux interactions dans et entre des ensembles vivants complexes (espèces, populations, individus, cellules, protéines, ARN, ADN) en prenant compte de l’environnement auquel ces ensembles vivants sont exposés et de l’écosystème dans lequel ils vivent.

Les « omiques » les plus connus sont la génomique, la protéomique, la transcriptomique et la métabolomique. Les « sciences omiques » permettent le développement et l’application de nouvelles technologies pour la prévention de la maladie (biocapteurs, outils diagnostiques, nouveaux traitements...).























a) La génomique

La génomique est la science qui étudie le génome. Il existe plusieurs champs d’application de la génomique, par exemple : la génomique des populations étudie les différences, la fréquence des différences et la distribution des différences dans le matériel génétique dans et entre les populations et comment le matériel génétique interagit avec l’environnement dans et entre les populations ; la pharmacogénomique s’intéresse aux relations entre le matériel génétique d’un individu (ou d’une population) et la réponse à l’exposition à des médicaments. La nutrigénomique étudie les relations et les interactions entre le matériel génétique et l’alimentation. La métagénomique correspond au séquençage des gènes de la flore intestinale.

Les objectifs médicaux de l’approche génomique des maladies multifactorielles sont les suivants :

- identifier leurs étiologies et en comprendre les mécanismes physiopathologiques, afin d’en permettre un démembrement nosologique en sous-groupes plus homogènes pour lesquels une prise en charge rationnelle pourra être proposée ;

- déterminer le rôle de chaque déterminant génétique, et ses interactions avec d’autres gènes et l’environnement (par approximation du risque attribuable) ;

- faciliter un dépistage précoce des sujets prédisposés à ces maladies ou et à leurs complications métaboliques et dégénératives (groupes à risque), dans un objectif de médecine préventive, et pour mieux cibler les thérapeutiques efficaces chez eux ;

- mettre au point de nouvelles approches thérapeutiques, plus efficaces car plus étiologiques. Ces nouveaux traitements seront dirigés vers des cibles spécifiques identifiées par les études génétiques. Il pourrait s’agir de médicaments traditionnels ou même de thérapies géniques, utilisant l’ADN comme médicament.

Face à l’explosion des coûts de recherche et développement et compte tenu de la part importante de médicaments prescrits mais inefficaces, le but ultime de la génomique est de parvenir à instaurer une prise en charge à la carte. On peut ainsi imaginer que dans un avenir plus ou moins proche, les patients n’attendront plus quelques semaines pour vérifier si le médicament fait de l’effet, mais subiront un test génétique qui permettra de prédire son efficacité.























b) La transcriptomique

La transcriptomique est la science qui étudie la manière dont varie l’expression globale des gènes d’un ensemble de cellules (ou de cellules isolées) soumises à des conditions expérimentales ou pathologiques variables.























c) La protéomique

La protéomique s’intéresse à l’étude du protéome, c’est-à-dire à l’ensemble des protéines constituant un organisme vivant dans sa globalité, un tissu, une cellule ou un compartiment cellulaire (ex : les protéines nucléaires, les protéines mitochondriales, les protéines membranaires...). Dans le domaine de l’obésité, la protéomique a par exemple vocation à permettre le développement de bioindicateurs prévoyant si certains individus développeront une obésité. Comme tous les omiques, la protéomique cherche à créer des marqueurs biologiques capables de distinguer quelles personnes obèses perdent du poids facilement ou non.























d) La métabolomique

La métabolomique est l’étude des interactions entre les protéines et l’ensemble des « métabolites » (sucres, gras, biomolécules, etc.) d’une cellule ou d’une entité biologique.

La métabolomique, apparue à la fin des années 1990, en analogie aux notions de génome, de transcriptome et de protéome, le concept de métabolome, fait référence à l’ensemble des métabolites contenus dans un système biologique donné : cellules ou fluides biologiques tels que les urines ou le plasma. Il est par définition caractéristique d’un état physiologique donné. Les métabolites sont des composés impliqués dans les processus métaboliques, qu’ils en soient les produits ou qu’ils soient nécessaires à leur bon déroulement. Le terme métabolite inclut par conséquent toutes les molécules de faibles masses moléculaires telles que les acides organiques, les sucres, les acides gras, les acides aminés mais aussi certains peptides, les vitamines, etc.

A l’instar du transcriptome et du protéome, la métabolomique (étude du métabolome) s’inscrit dans un contexte post-génomique. Le métabolome représente l’ultime réponse d’un organisme à une altération génétique, une pathologie, une exposition à un toxique ou à tout autre facteur susceptible de perturber son fonctionnement. Comme le protéome, le métabolome est dépendant du contexte, c’est-à-dire que les taux de protéines ou de métabolites sont modifiés en fonction de l’état physiologique, développemental, ou pathologique d’une cellule, d’un tissu, d’un organe ou d’un organisme.

La métabolomique repose sur l’obtention d’empreintes métaboliques obtenues à l’aide de différentes méthodologies analytiques dont la spectrométrie de masse est l’une des principales à ce jour. L’analyse différentielle des empreintes issues des différents groupes d’échantillons vise à caractériser les répercussions de la modification d’un facteur externe, et à visualiser la manière dont un système biologique réagit. Elle permet, ainsi, une meilleure compréhension de la biologie des systèmes en mettant en évidence des interrelations métaboliques qui n’auraient pas pu être détectées avec des approches biochimiques traditionnelles.

Les approches métabolomiques sont conventionnellement classées en plusieurs niveaux d’études : l’analyse ciblée centrée sur un petit nombre de métabolites, le profilage métabolique basé sur l’analyse de tous les composés appartenant à une voie ou à une famille chimique donnée, l’empreinte métabolique visant à la comparaison de spectres et enfin l’approche métabolomique ou métabonomique qui a pour ambition l’identification et la quantification non biaisée de tous les métabolites présents dans un échantillon biologique prélevé dans des conditions données. Les approches métabolomiques trouvent des applications en médecine (recherche de biomarqueurs en toxicologie, pharmacologie ou nutrition, étude du métabolisme des xénobiotiques) et aussi en agroalimentaire ou environnement (phénotypage, caractérisation d’organismes modifiés, suivi de procédés de fabrication). Origine : Eric Ezan, Laboratoire d’étude du métabolisme et du médicament.

Sénat - Un site au service des citoyens

Source : http://www.senat.fr/rap/r10-158/r10-15831.html

Dans l’étude GMO90+, tous les régimes alimentaires étaient également contaminés par le glyphosate. Ainsi, les effets du produit chimique n’ont pas pu être testés, sauf indirectement, en termes de changements du maïs NK603 provoquées par la pulvérisation d’herbicide au glyphosate, comme testé dans le groupe glyphosate NK603 +.

De tels changements étaient présents et ont eu des effets biologiques sur les rats, comme en témoigne le fait que le maïs NK603 pulvérisé avec du glyphosate a des effets différents sur la physiologie des rats que le maïs NK603 non pulvérisé.

4. Des plantes génétiquement modifiées et des parents isogéniques non génétiquement modifiés ont été cultivés à différents endroits dans GMO90+

Une lacune importante de l’étude GMO90+ est que les plantes génétiquement modifiées et leurs parents isogéniques non génétiquement modifiés ont été cultivés dans des endroits complètement différents, ce qui ajoute un ’bruit’ provenant de différentes conditions environnementales, aux données qui masqueront tout effet de la modification génétique. En revanche, dans l’étude Séralini, le maïs OGM testé et son parent quasi-isogénique non-GM avaient été cultivés au même moment et au même endroit.

5. Des différences statistiquement significatives ont été écartées par les auteurs de GMO90+

Dans l’étude Séralini, les différences statistiquement significatives chez les rats nourris avec du maïs NK603 et avec l’herbicide Roundup n’avaient pas été écartées, mais elles avaient été prises au sérieux et avaient été suivies d’autres expériences confirmant et amplifiant certaines des conclusions - par exemple, les analyses ’omiques’ [voir ci-dessus] qui révélèrent la stéatose hépatique alcoolique chez les rats traités avec des doses de Roundup. [Voir Multiomics reveal non-alcoholic fatty liver disease in rats following chronic exposure to an ultra-low dose of Roundup herbicide. Robin Mesnage , George Renney , Gilles-Eric Séralini , Malcolm Ward & Michael N. Antoniou - Published : 09 January 2017 - Scientific Reports volume 7, article number : 39328 (2017) | Download Citation - An Author Correction to this article was published on 17 August 2018 - This article has been updated .

Dans l’étude GMO90+, en revanche, les différences statistiquement significatives entre les groupes d’animaux nourris avec des OGM ont été maintes fois rejetées comme « non biologiquement pertinentes ».

Le chercheur concerné fournit un tableau des différences entre les 2 protocoles

Le Docteur Nicolas Defarge, l’un des co-chercheurs de Séralini au cours de cette étude de deux ans et actuellement chercheur en sciences de l’environnement à l’ETH Zurich, en Suisse, a préparé un tableau exposant les principales différences entre les deux études et notant les différences significatives qui ont été rejetés par les auteurs de l’étude GMO90+. Nous avons le plaisir de publier le tableau, (en anglais), avec l’autorisation du Dr Defarge, sur GMWatch.

[A propos du Docteur Nicolas Defarge, on peut aussi prendre connaissance d’une violente diatribe à découvrir ici : Le Vélot d’or à Nicolas Defarge – Imposteursimposteurs.over-blog.com/2016/06/le-velot-d-or-a-nicolas-defarge.html21 juin 2016].

Le Dr Defarge a commenté ainsi les résultats du programme GMO90+ :

’Tous les régimes (y compris le régime témoin) utilisés dans l’étude GMO90+ étaient contaminés par des résidus d’herbicides à base de glyphosate (le glyphosate et son principal métabolite, l’acide aminométhylphosphonique AMPA) à peu près au même taux, globalement inférieur à 75 µg / kg. Ceci est bien au-dessus de la dose la plus faible de Roundup dans l’eau (0,1 µg / L) administrée aux rats traités dans l’étude Séralini et al., ainsi que dans les études de suivi menées par Mesnage et al.

« Je considère que le principal facteur de risque des OGM tolérants aux herbicides provient des résidus d’herbicides qu’ils contiennent, avant le risque dû à la transformation génétique (qui peut exister et devrait donc être évalué au cas par cas, selon le Protocole de Cartagena). Dans cette perspective, il semble que l’étude GMO90+ n’ait pas de véritable contrôle négatif car le régime de contrôle contenait des quantités similaires d’herbicides à base de glyphosate que les régimes contenant l’OGM tolérant au Roundup administré aux rats traités ».

« Cette faille remet en cause toute conclusion sur l’innocuité tirée de l’étude GMO90+ car toute différence biochimique entre rats traités et rats témoins pourrait être masquée par les effets indésirables probablement provoqués par les résidus de Roundup dans le groupe témoin ».

Par ailleurs, d’autres études financées par l’Union Européenne (UE) ne montrent pas non plus que les OGM sont sans danger

L’article du journal ‘Le Monde’ cite d’autres projets de recherche financés par l’UE qui, selon lui, montrent que le ou les OGM testés ne sont pas toxiques. Cependant, ces projets n’ont pas produit de données publiées et examinées par des pairs qui montrent cela. Au contraire, certaines données indiquent que les OGM testés pourraient être dangereux !

* Le projet MARLON incluait Gijs Kleter et Esther Kok, des initiés du groupe de pression ILSI, financé par l’industrie de la biotechnologie, dans l’équipe de recherche. En fait, les initiés de l’ILSI ont supervisés et gérés le processus de développement de l’évaluation des risques liés aux OGM de l’UE dès le début de l’importation des OGM. Le projet MARLON n’a pas réellement testé la sécurité d’un aliment génétiquement modifié en le faisant manger à des animaux. Au lieu de cela, il s’est concentré sur le développement de méthodes de surveillance pour examiner les effets des aliments génétiquement modifiés sur les animaux. Il a également fait valoir que des études sur l’alimentation des animaux plus longues que les 90 jours préconisés par l’industrie étaient inutiles.

* Le projet GRACE a mené une étude d’alimentation d’une durée de 90 jours chez le rat avec du maïs OGM MON810 prétendant que le régime OGM ne présentait aucun effet indésirable. Une fois encore, les initiés de l’ILSI, Kok et Kleter, ont été impliqués. En fait, l’étude a montré que le régime alimentaire à base de maïs génétiquement modifié entraînait une diminution de la concentration de protéines sériques totales et du poids du pancréas ainsi qu’une augmentation du taux de glucose sanguin - des effets que les auteurs ont déclarés non toxicologiques. L’organisation de recherche allemande Testbiotech a déclaré que le rejet de ces effets par les auteurs n’était « pas justifié ».

Tout comme Séralini, * G-TwYST a étudié les effets de l’alimentation de rats nourris avec du maïs OGM NK603 sur une période de deux ans. Cependant, la similitude prend fin là, car cette étude n’est en aucun cas une réplique de l’expérience Séralini. Il utilisait une souche de rat différente - le Wistar -, qui n’était pas aussi sensible aux effets promoteurs de tumeurs que les rats Sprague-Dawley, la souche utilisée par le groupe Séralini et qui est également utilisée dans le programme de toxicologie national américain, ainsi que par Monsanto pour étudier les effets toxiques cancérogènes et à long terme. De plus, contrairement à l’étude Séralini, G-TwYST n’a pas réussi à tester les effets du Roundup seul. Il n’a pas non plus testé le maïs tel qu’il est cultivé normalement. Dans des conditions de croissance réelles, le maïs est pulvérisé plus fréquemment et à des doses plus élevées que dans cette étude.

Néanmoins, les animaux nourris avec des OGM dans le programme G-TwYST ont montré un poids corporel significativement supérieur à ceux des animaux non-nourris avec des OGM, un effet que les chercheurs n’ont pas mentionné lorsqu’ils ont donné une conférence de presse avant de publier leurs résultats dans une revue scientifique revue validée par des pairs. Aucune publication revue pardles pairs n’était encore disponible au moment de la rédaction de cet article.

Lors de la conférence de presse, les chercheurs ont affirmé qu’il n’y avait ’aucun effet toxicologiquement pertinent’ du maïs OGM. Toutefois, compte tenu de l’historique des études sur les OGM financées par l’UE et de l’utilisation abusive de termes tels que ’pas d’effets toxicologiques / biologiques pertinents’, nous devons attendre que les résultats soient publiés avant de prendre leurs allégations à leur valeur nominale.

La manière dont ces études ont été rédigées et rapportées est fortement teintée d’une pression politique. Plutôt que de simplement rapporter les résultats, les chercheurs les ont utilisés pour mettre en doute la nécessité d’essais d’alimentation avec des aliments génétiquement modifiés (OGM) avant la commercialisation. Ils ont écarté les effets statistiquement significatifs du régime avec des OGM chez les animaux testés comme étant « non pertinents biologiquement ou toxicologiquement », permettant ainsi aux OGM potentiellement « à action lente » de rester sur le marché et mettant en danger la santé des hommes et des animaux.
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GMO90+ : des gènes exprimés de façon différente chez des rats nourris avec un régime OGM

Parmi les effets visibles dans le tableau 6 du document publié figurent les suivants :

* Chez les mâles au bout de 180 jours, 822 gènes ont été exprimés de manière différentielle dans les reins des mâles nourris au maïs MON810 à 33%, par rapport aux mâles nourris avec la variété isogénique non-OGM. Cet effet était lié à la dose, car les mâles nourris avec 11% de maïs génétiquement modifié avaient également des gènes exprimés de manière plus différente que ceux nourris avec le groupe concernant l’aliment isogénique non génétiquement modifié, mais moins que le groupe de 33%.

* Dans les reins des mâles nourris au maïs NK603 traité avec l’herbicide glyphosate à 180 jours, le nombre de gènes exprimés de manière différentielle était très élevé (3.658), comparé aux mâles nourris au maïs NK603 non traité avec l’herbicide glyphosate. Cela montre que le traitement avec l’herbicide glyphosate a eu un effet sur le maïs, ce qui a affecté à son tour l’expression génique des animaux. L’effet direct de l’herbicide glyphosate sur l’expression des gènes des animaux n’a pu être identifié car tous les régimes de l’expérimentation étaient également contaminés par le glyphosate, y compris les régimes de base et ceux des contrôles (témoins).

Les auteurs rejettent ce résultat car il n’était pas en corrélation avec des modifications métaboliques majeures dans le plasma sanguin et l’urine, ni avec des modifications d’une voie de signalisation majeure. Ceci est invalide car il peut y avoir un autre type d’effet sur la santé qui n’est pas indiqué par les paramètres examinés par les auteurs.

Les données sur les modifications du métabolite dans l’urine n’ont pas encore été publiées (elles seront vraisemblablement publiées au moment de la publication imprimée au lieu de la version « première en ligne » actuellement disponible).

* Dans le foie des femelles à 90 jours, il y avait un gène exprimé de manière différente dans le groupe 33% NK603, par rapport au groupe « 33% NK603 pulvérisé avec le glyphosate (un « effet glyphosate » indirect). De manière similaire, un gène dans le foie était exprimé différemment au bout de 90 jours chez les rattes (femelles) nourries à 33% de MON810, par rapport à ceux nourris au maïs isogénique non-OGM (donc un ’effet OGM’). Deux gènes ont été exprimés d façons différente à 180 jours dans le foie des femelles nourries avec 11% de maïs MON810, par rapport à celles nourries avec du maïs isogénique non-OGM (un ’effet OGM’). Onze gènes ont été exprimés de façon différente dans le foie des mâles nourris avec 11% de maïs NK603, par rapport aux mâles nourris avec du maïs isogénique non- OGM (un ’effet OGM’).

Les auteurs écartent à tort la découverte d’un gène exprimé différentiellement à 90 jours lorsque l’on compare les reins de femelles nourries avec 11% de maïs NK603, avec les animaux nourris avec du maïs isogénique non génétiquement modifié ; et les femelles nourries avec 33% de NK603, par rapport au groupe nourri avec un isogène non génétiquement modifié, au motif que le nombre de ces gènes exprimés de manière différentielle est ’très faible’. Ceci est invalide car, comme expliqué ci-dessus, une modification de l’expression d’un seul gène peut avoir des effets importants sur la santé des êtres vivants.

Commentaire supplémentaire important à prendre en considération

« De nos jours, les plantes cultivées génétiquement modifiées (OGM) qui sont produites en Amérique du Nord et du Sud et qui entrent en Europe par les importations de grains pour nourrir les animaux d’élevage, sont de plus en plus constitués de cultivars OGM qui contiennent des gènes ‘empilés’ : ils ont été rendus tolérants à des associations d’herbicides à base de glyphosate, mais également de glufosinate d’ammonium, d’isoxaflutole, de 2,4-D, etc … Les effets des mélanges résiduels de ces divers produits herbicides n’ont pas encore fait l’objet de recherches et d’investigation pour assurer que ces aliments pour animaux sont sans effets toxiques et qu’ils peuvent être commercialisés et utilisés en toute sécurité ».

Références ajoutées par le chercheur R. Mesnage

1. Seralini, G.-E. ; Clair, E. ; Mesnage, R. ; Gress, S. ; Defarge, N. ; Malatesta, M. ; Hennequin, D. ; de Vendomois, J. Republished study : Long-term toxicity of a roundup herbicide and a roundup-tolerant genetically modified maize. Environmental Sciences Europe 2014, 26, 14.

2. Mesnage, R. ; Arno, M. ; Costanzo, M. ; Malatesta, M. ; Seralini, G.E. ; Antoniou, M.N. Transcriptome profile analysis reflects rat liver and kidney damage following chronic ultra-low dose roundup exposure. Environ Health 2015, 14, 015-0056.

3. Mesnage, R. ; Agapito-Tenfen, S.Z. ; Vilperte, V. ; Renney, G. ; Ward, M. ; Seralini, G.E. ; Nodari, R.O. ; Antoniou, M.N. An integrated multi-omics analysis of the nk603 roundup-tolerant gm maize reveals metabolism disturbances caused by the transformation process. Scientific reports 2016, 6, 37855.

4. Mesnage, R. ; Renney, G. ; Seralini, G.E. ; Ward, M. ; Antoniou, M.N. Multiomics reveal non-alcoholic fatty liver disease in rats following chronic exposure to an ultra-low dose of roundup herbicide. Scientific reports 2017, 7, 39328.

5. Mesnage, R. ; Arno, M. ; Séralini, G.-E. ; Antoniou, M.N. Transcriptome and metabolome analysis of liver and kidneys of rats chronically fed NK603 roundup-tolerant genetically modified maize. Environmental Sciences Europe 2017, 29, 6.

6. Lozano, V.L. ; Defarge, N. ; Rocque, L.M. ; Mesnage, R. ; Hennequin, D. ; Cassier, R. ; de Vendomois, J.S. ; Panoff, J.M. ; Seralini, G.E. ; Amiel, C. Sex-dependent impact of roundup on the rat gut microbiome. Toxicol Rep 2018, 5, 96-107.

7. Coumoul, X. ; Servien, R. ; Juricek, L. ; Kaddouch-Amar, Y. ; Lippi, Y. ; Berthelot, L. ; Naylies, C. ; Morvan, M.L. ; Antignac, J.P. ; Christele, D.L., et al. The gmo90+ project : Absence of evidence for biologically meaningful effects of genetically modified maize based-diets on wistar rats after 6-months feeding comparative trial. Toxicological sciences : an official journal of the Society of Toxicology 2018.

8. Benbrook, C.M. Trends in glyphosate herbicide use in the united states and globally. Environ Sci Eur 2016, 28, 3.

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Annexes au document traduit


Contenu

A. GMO90plus - Recherche de biomarqueurs prédictifs d’effets biologiques dans l’étude de la toxicité sub-chronique (3 et 6 mois) des OGM chez le rat(publié le 3.10.2014, mise à jour le 21.07.2015).

B. Maïs OGM MON 810 et NK603 : pas d’effets détectés sur la santé et le métabolisme des rats – Document INRA.

C. Affaire Séralini décrite par Wikipédia


A.
GMO90plus - Recherche de biomarqueurs prédictifs d’effets biologiques dans l’étude de la toxicité sub-chronique (3 et 6 mois) des OGM chez le rat (publié le 3.10.2014, mise à jour le 21.07.2015).

Porteur du projet : Unité Toxalim, INRA UMR1331
Partenaires : INRA ; INSERM ; CNRS ; ANSES ; Universités (Toulouse 3, Rennes 1, Paris Descartes, Bordeaux, Lyon) ; Profilomic ; Methodomics ; Laberca ; Agilent

Portée par un consortium réunissant des compétences scientifiques variées, cette recherche a pour finalité de déterminer si l’alimentation de rats avec des maïs génétiquement modifiés induit des changements métaboliques qui pourraient être reliés à des biomarqueurs précoces d’effets (caractéristique biologique mesurable). L’enjeu est de fournir des données clés utilisables dans le cadre des processus d’évaluation des risques.

Pour cela, le projet GMO90plus propose d’optimiser le caractère prédictif du test de toxicologie sub-chronique à 90 jours chez le rat, utilisé pour évaluer la toxicité de composés chimiques et proposé par l’agence européenne EFSA dans le cadre des procédures d’évaluation sanitaire des plantes génétiquement modifiées. La recherche de biomarqueurs précoces est basée, d’une part, sur une expérimentation d’une durée de 6 mois et, d’autre part, sur une interaction forte avec les projets financés dans le cadre du 7e programme-cadre européen GRACE (3 mois et 1 an) et G-TwYST (3 mois et 2 ans).

Le consortium a choisi le maïs comme aliment génétiquement modifié, tout d’abord parce qu’il s’agit de la seconde plante génétiquement modifiée actuellement utilisée et produite au niveau mondial à des fins alimentaires, mais aussi par souci de comparaison des données avec les deux projets européens. Ainsi, 2 maïs génétiquement modifiés ont été sélectionnés :

  • le maïs MON810, qui exprime la protéine insecticide Bacillus thuringiensis (toxine Bt), en raison de son utilisation dans le projet de recherche GRACE ;
  • le maïs NK603, résistant à l’herbicide glyphosate, du fait de son emploi dans le projet G-TwYST.
    Dans le cadre du protocole de cette recherche, des échantillons d’organes, d’urine et des prélèvements sanguins sont réalisés pendant 6 mois sur les rats nourris à base de plantes OGM (30 rats de chaque sexe par régime alimentaire) et sur des rats témoins, pour rechercher des biomarqueurs par les techniques ’omiques’ (métabolomique et transcriptomique).

Les résultats de l’expérimentation animale seront analysés par des spécialistes de physiopathologie, en particulier des systèmes hépato-gastro-instestinal, reproducteur et urinaire.

Enfin, la caractérisation et la validation de biomarqueurs d’intérêt seront examinées par le consortium, en étroite relation avec les coordinateurs des autres projets connexes du FP7. Les valeurs biologiques et les données physiopathologiques vont en effet bénéficier des jeux de données issues des programmes GRACE et G-TwYST qui suivent des rats de même souche et seront disponibles en libre accès sur un site web.

L’originalité de ce projet est d’associer différentes parties prenantes (associations, entreprises, syndicats professionnels) à l’ensemble de ces étapes clés du protocole de recherche dans le cadre d’un dialogue permanent.

Accédez aux différents documents du projet GMO90+ :

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B.
Maïs OGM MON 810 et NK603 : pas d’effets détectés sur la santé et le métabolisme des rats – Document INRA.

Un régime alimentaire à base de maïs transgénique MON 810 ou NK603 n’affecte pas la santé et le métabolisme des rats dans les conditions du projet GMO 90+1. Cette étude inédite réalisée par un consortium de recherche piloté par l’Inra implique de nombreux partenaires2 dont l’Inserm. Les travaux ont été réalisés dans le cadre du programme Risk’OGM financé par le Ministère de la transition écologique et solidaire. Pendant six mois, des rats ont été nourris avec un régime contenant soit du maïs OGM (MON 810 ou NK603) soit du maïs non OGM, à différentes concentrations. Les chercheurs, par les techniques de biologie à haut débit, n’ont identifié aucun marqueur biologique significatif lié à l’alimentation au maïs transgénique. De même, ils n’ont observé aucune altération anatomo-pathologique du foie, des reins ou de l’appareil reproducteur des rats soumis aux régimes contenant ces OGM. Ces travaux, publiés le 10 décembre 2018 dans la revue Toxicological Sciences, ne mettent pas en évidence d’effet délétère lié à la consommation de ces deux maïs OGM chez le rat même pour de longues périodes d’exposition.

Les chercheurs ont utilisé deux types de maïs OGM bien connus : le MON 810, produisant la protéine Bt rendant le maïs résistant à certains insectes, et le NK603 dont la modification d’un gène le rend résistant au glyphosate. Les rats ont été nourris pendant 6 mois avec un régime contenant soit du maïs transgénique, soit un maïs contrôle non-OGM. Cette période de temps, qui double celle du test requis par la réglementation européenne, équivaut au tiers de la vie moyenne des rats.

L’objectif des chercheurs était de rechercher des biomarqueurs précoces d’altération de fonctions biologiques chez les rats nourris au maïs OGM pendant 3 mois et 6 mois. Pour cela, ils ont utilisé deux techniques à haut débit ultra-sensibles : la transcriptomique (expression des gènes) et la métabolomique (étude des composés issus du fonctionnement de l’organisme). Ces techniques ont permis d’identifier et de doser des métabolites (acides aminés, sucres et autres petites molécules) et de caractériser l‘expression des ARN messagers et des micro-ARN cellulaires. Ces méthodes sont capables de détecter un large spectre de variations métaboliques. Les chercheurs ont pu identifier des marqueurs pouvant différencier les régimes MON810 et NK603. En revanche, au terme de six mois d’expérimentation, aucune différence significative du point de vue biologique n’a été identifiée entre régimes OGM et non-OGM.

Par ailleurs, aucune altération des organes et en particulier du foie, des reins ou de l’appareil reproducteur des rats aux régimes OGM n’a été observée par les techniques d’anatomopathologie (étude macro- et microscopique des tissus pour détecter d’éventuelles anomalies). Ainsi, les chercheurs n’ont pas mis en évidence d’effet délétère de l’alimentation avec du maïs MON810 et NK603 sur la santé et le métabolisme des rongeurs, même au terme d’une longue période d’exposition.  

1 Le projet GMO90+En 2010, le ministère chargé de l’écologie lance un programme intitulé Risk’OGM, s’inscrivant dans la loi de 2008 sur les organismes génétiquement modifiés pour la mise en place d’un cadre légal et réglementaire nouveau, basé notamment sur le principe d’une triple évaluation de l’impact des OGM : sanitaire, environne­mentale et socio-économique. Pour initier cette dynamique et répondre à la demande des pouvoirs publics en matière d’expertise, de conseil et de recherche finalisée sur les OGM, 2 appels à propositions de recherche (APR) ont eu lieu, en 2010 et 2013.Le projet GMO 90+ a été retenu lors de l’APR de 2013, avec le périmètre suivant : recherche de biomarqueurs prédictifs d’effets biologiques dans l’étude de la toxicité sub-chronique (3 et 6 mois) des OGM chez le rat. Portée par un consortium réunissant des compétences scientifiques variées, cette recherche avait pour finalité de déterminer si l’alimentation de rats avec des maïs génétiquement modifiés induisait des changements métaboliques qui pourraient être reliés à des biomarqueurs précoces d’effets (caractéristique biologique mesurable). L’enjeu était de fournir des données clés utilisables dans le cadre des processus d’évaluation des risques.http://recherche-riskogm.fr/fr/page/gmo90plus 2 Liste des partenaires du projet :1-Toxalim (Research Centre in Food Toxicology), Université de Toulouse, INRA, ENVT, INP-Purpan, UPS, Toulouse, France.2-INSERM UMR-S1124, Toxicologie Pharmacologie et Signalisation cellulaire, Université Paris Descartes, USPC, Paris, France3- Centre de Recherche sur l’Inflammation (CRI), INSERM UMRS 1149, Paris, France.4- Laberca, ONIRIS, UMR INRA 1329, Nantes, France5- Université de Rennes, Inserm, EHESP, Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail) - UMR_S 1085, Rennes, France.6- Methodomics, France.7- Institut de Mathématiques de Toulouse, UMR5219 - Université de Toulouse, CNRS - UPS IMT, Toulouse, France.8- Anses, Maisons-Alfort, France.9- Profilomic, Saclay/Gif sur Yvette, France10- UMR1332 Biologie du Fruit et Pathologie, INRA, Université de Bordeaux, Villenave d’Ornon, France.11- UR 1264, MycSA, INRA, Villenave d’Ornon, France.12- Laboratoire Reproduction et Développement des Plantes, University Lyon, ENS de Lyon, UCB Lyon 1, CNRS, INRA, Lyon, France13- CRO CitoxLAB, Evreux.

Contact(s)

Contact(s) scientifique(s) : Bernard Salles / Coordonnateur du projet GMO 90+Unité mixte de recherche Toxicologie alimentaire (Inra-INP-Purpan-ENVT-Université Paul Sabatier)

Contact(s) presse : Inra service de presse (01 42 75 91 86)

Département(s) associé(s) : Alimentation humaine, Santé animale

Centre(s) associé(s) : Occitanie-Toulouse

Référence

Xavier Coumoul, Rémi Servien, Ludmila Juricek, Yael Kaddouch-Amar, Yannick Lippi, Laureline Berthelot, Claire Naylies, Marie-Line Morvan, Jean-Philippe Antignac, Desdoits-Lethimonier Christèle, Bernard Jegou, Marie Tremblay-Franco, Cécile Canlet, Laurent Debrauwer, Caroline Le Gall, Julie Laurent, Pierre-Antoine Gouraud, Jean-Pierre Cravedi, Elisabeth Jeunesse, Nicolas Savy, Kadidiatou Dandere-Abdoulkarim, Nathalie Arnich, Franck Fourès, Jérome Cotton, Simon Broudin, Bruno Corman, Annick Moing, Bérengère Laporte, Florence Richard-Forget, Robert Barouki, Peter Rogowsky, Bernard Salles ; The GMO90+ project : absence of evidence for biologically meaningful effects of genetically modified maize based-diets on Wistar rats after 6-months feeding comparative trial, Toxicological Sciences, , kfy298, https://doi.org/10.1093/toxsci/kfy298

Siège INRA : 147 rue de l’Université 75338 Paris Cedex 07 - tél. : +33(0)1 42 75 90 00 | copyright © INRA Mentions légales- Crédits- Contact- Accueil - Communiqués de presse- Dossiers de presse- Événements

Source : http://presse.inra.fr/Communiques-de-presse/Mais-OGM-MON-810-et-NK603-pas-d-effets-detectes-sur-la-sante-et-le-metabolisme-des-rats

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C.
Affaire Séralini décrite par Wikipédia

Articles principaux : Débat sur les organismes génétiquement modifiés et Gilles-Éric Séralini.

L’affaire Séralini est déclenchée à la suite de la publication d’un article scientifique, « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize »1 (en français « Toxicité à long terme d’un herbicide Roundup et d’un maïs génétiquement modifié tolérant au Roundup ») écrit par Gilles-Éric Séralini, présentant les résultats d’une étude relative à la toxicité à long terme (deux ans) du Roundup (un herbicide à base de glyphosate) et du NK 603 (un maïs génétiquement modifié tolérant au Roundup) sur des rats de laboratoire. Publiée initialement le 19 septembre 2012 dans la revue scientifique à comité de lecture Food and Chemical Toxicology, cette étude a été menée par Gilles-Éric Séralini et une équipe de chercheurs de l’université de Caen. Elle a coûté plus de 3 millions d’euros ; elle a été financée et soutenue notamment par les fondations Ceres (Consommateurs et Entrepreneurs Responsables) dont font partie les groupes Auchan (dont le fondateur Gérard Mulliez est engagé auprès des groupes antiOGM depuis plusieurs années2,[réf. à confirmer]3 même s’il se défend d’être antiOGM4) et Carrefour5, et la Fondation Charles Leopold Meyer pour le progrès pour l’homme6, ainsi que des fonds provenant de la réserve parlementaire du sénateur français François Grosdidier7.

L’étude compare des rats nourris avec du maïs génétiquement modifié (cultivé avec ou sans Roundup), des rats ayant reçu du Roundup uniquement (sans maïs OGM) et des rats contrôles, durant deux ans. Les auteurs affirment que les rats femelles ayant ingéré du maïs OGM et/ou du Roundup sont morts plus rapidement que ceux du groupe de contrôle, sur la base de cent rats de chaque sexe répartis en 7 catégories de traitement, soit une puissance statistique quasiment nulle (par exemple, les groupes contrôles comportent dix individus). Les auteurs concluent également que les rats mâles et femelles testés ont développé plus de tumeurs que les contrôles et que l’ingestion de maïs OGM et/ou de Roundup provoque également des problèmes hormonaux et de toxicité au foie et aux reins1. Une « mise en scène médiatique » est orchestrée par une agence de communication, qui propose à des journalistes français l’exclusivité sur ces résultats sur le point d’être publiés. Elle entraîne une forte agitation médiatique et politique, jouant sur les angoisses collectives et la haine du géant de l’agro-industriel Monsanto8,9.

Ces résultats très controversés et la mise en scène médiatique qui les a accompagnés ont fait l’objet d’une levée de boucliers scientifique et médiatique sans précédent 10,11,12,13,14,15,16,17,18,19,20. L’étude est qualifiée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) comme étant d’une « qualité scientifique insuffisante »21. Par exemple, les différences de durée de survie seraient biaisées du fait que deux rats du groupe contrôle aient survécu inhabituellement longtemps (tous les groupes à l’exception du groupe témoin se trouvent à l’intérieur des fourchettes de référence fournies par l’éleveur)22.

Malgré son retrait controversé en novembre 2013 de la revue Food and Chemical Toxicology, cet article a toutefois eu un très fort impact médiatique au niveau international dans le cadre de la controverse relative aux organismes génétiquement modifiés (OGM). Le 24 juin 2014, l’étude est à nouveau publiée dans une version légèrement remaniée avec ses données brutes23 en accès libre (science ouverte), dans la revue Environmental Sciences Europe du groupe Springer.

Les expérimentations sont répliquées par trois études françaises, pour un montant de 15 millions d’euros, et leurs résultats publiés en 2018 montrent que les OGM Mon 810, NK 603 (traité ou pas avec du Roundup, formulation glyphosate de Monsanto) n’ont aucun effet toxique. Cette fois-ci, les résultats sont suivis d’un silence médiatique.

Sommaire

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Traduction avec compléments entre […] et intégration de liens hypertextes : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 28/01/2019

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS OGM Santé Deceptive reporting of GMO90+ EU-funded feeding study on GM maize French version.2

Mis en ligne par Pascal Paquin de Yonne Lautre, un site d’information, associatif et solidaire(Vie du site & Liens), un site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti.

http://yonnelautre.fr/local/cache-vignettes/L160xH109/arton1769-a3646.jpg?1510324931

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