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"Les agriculteurs des États-Unis s’opposent à l’agrobusiness au cours d’une audition ‘Anti-Trust’" par le Dr. Eva Novotny

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 7 avril 2010, par Novotny Dr Eva

ISIS OGM Agriculture
Les agriculteurs des États-Unis s’opposent à l’agrobusiness au cours d’une audition ‘Anti-Trust’
American Farmers Oppose ‘Big Ag’ in Anti-Trust Hearing
Les agriculteurs américains obtiendront-ils enfin justice comme victimes, après des années de trafic de l’agrobusiness autour des plantes cultivées génétiquement modifiées ?
Par le Dr. Eva Novotny

Rapport de l’ ISIS en date du 07/04/2010
L’article original en anglais, avec les illustrations et les références, intitulé American Farmers Oppose ’Big Ag’ est accessible aux membres de l’ISIS sur le site suivant : www.i-sis.org.uk/US_farmers_oppose_big_ag.php
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Après des années de souffrance à cause ce qui équivaut à une « féodalité d’entreprise » aux mains des géants de l’agrobiotechnologie comme Monsanto, les agriculteurs sont maintenant en train de riposter alors que le gouvernement américain lance une enquête anti-trust sans précédent. Le grief principal est que les licences exigées sur les semences oblige les agriculteurs à renoncer à leur droit de semer, de récolter et de vendre leurs propres semences (voir [1] Monsanto versus Farmers , SiS 26).

Le gouvernement lance une audience anti-trust alors que le monopole resserre son étau autour des agriculteurs

Pour la première fois dans l’histoire, le Ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA) et le Ministère de la Justice ont donc uni leurs forces pour organiser une série d’ateliers de Mars à Décembre 2010, qui auront lieu dans différentes parties du pays, et qui visent à [2] « explorer les questions de concurrence qui affectent le secteur agricole au 21e siècle et le rôle approprié d’un renforcement de la réglementation et des règles ‘antitrust’ dans ce secteur ».

Lors du tout premier jour d’audience, qui s’est tenue à Ankeny, dans l’état de l’Iowa le 12 Mars 2010, environ 500 personnes étaient présentes, y compris des agriculteurs de plusieurs États, des éleveurs, des représentants des entreprises, les populations locales et, notamment, des représentants de Monsanto, la compagnie qui a le quasi-monopole sur les semences de maïs et de soja. Aux États-Unis, ces semences sont généralement issues de plantes génétiquement modifiées (OGM) (voir [3] GM Crops Increase Herbicide Use in the United States , SiS 45).
La version en français s’intitule "Les cultures de plantes génétiquement modifiées augmentent l’utilisation des herbicides aux États-Unis" par Brett Cherry, traduction & compléments par Jacques Hallard ; elle est accessible sur le site http://yonne.lautre.net/spip.php?article4123

La position dominante de Monsanto dans l’industrie des semences (figure 1) illustre la vitesse vertigineuse de la concentration des entreprises dans ce secteur. Monsanto contrôle désormais 60 pour cent du marché des semences de maïs, 62 pour cent du marché des semences de soja, 95 pour cent du marché des semences transgéniques de coton et un contrôle en cours de consolidation rapide sur les marchés des semences de légumes, de betteraves à sucre et de blé [4].
Le soja et le maïs génétiquement modifiés de Monsanto couvrent respectivement 92 pour cent et 85 pour cent de la superficie totale de ces deux plantes cultivées aux États-Unis.

Lors de l’audience, le procureur général Eric H. Holder Jr. a reconnu que [5] « une déréglementation imprudente a restreint la concurrence dans l’agriculture ». Le Secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack, dont le dossier [6] de promotion des cultures d’OGM et de contrôle des sociétés n’est pas de bon augure pour les résultats des ateliers de travail, a néanmoins exprimé sa préoccupation sur la situation actuelle.

« Il n’est pas seulement question des agriculteurs et des éleveurs. Il s’agit vraiment de la survie de l’Amérique rurale », a-t-il déclaré. « Nous avons constaté une baisse significative du nombre des agriculteurs et des éleveurs et cela se traduit par une baisse significative du nombre de personnes vivant dans l’Amérique rurale ».
Commentant la participation conjointe des deux ministères, M. Holder a déclaré aux rapporteurs [7] : « Vous allez connaître une ère historique d’applications qui vont presque inévitablement s’accroître à partir des partenariats que nous avons établis ».

Les agriculteurs sont pris en tenaille entre les faibles prix agricoles et la hausse des prix des semences

Au fil des années, alors que les grandes sociétés multinationales ont commencé à vendre des semences génétiquement modifiées (OGM) et à acheter des entreprises de semences, la vie est devenue de plus en plus difficile pour les agriculteurs [1].
Cela a été dépeint de manière saisissante dans Food inc, un documentaire [8] ( The Food, Inc Horror Movie , SiS 46), en particulier pour ceux qui résistent contre les cultures transgéniques en pleine croissance.
Une poignée de grandes entreprises, notamment Monsanto, DuPont / Pioneer et Syngenta, dominent et contrôlent le marché des semences. Les agriculteurs qui produisent du lait et qui élèvent des animaux sont également en détresse en raison de leur dépendance à l’égard des grains pour l’alimentation. Les agriculteurs sont déjà pressés par les bas prix qu’ils reçoivent des supermarchés. En outre, ils doivent faire face à la hausse des prix des semences, en dépit de la récession.
Au cours de l’année écoulée, les prix des semences de maïs ont augmenté de 32 pour cent, et pour les semences de soja, de 24 pour cent [9]. Depuis 2001, les prix ont augmenté de 135 pour cent et 108 pour cent respectivement, tandis que l’indice des prix a augmenté de 20 pour cent seulement.
Le prix de l’herbicide Roundup de Monsanto, utilisé avec la plupart des cultures d’OGM, a doublé en 2007-2008. D’autres augmentations de prix pour les cultures de plantes génétiquement modifiées sont en route, du fait que les variétés avec des transgènes empilés sont en cours d’introduction [3, 10, 11] ( Glyphosate Resistance in Weeds - The Transgenic Treadmill * , SmartStax Corn : Corporate War on Bees , SiS 46). * *
* La version en français s’intitule "Des plantes adventices ou mauvaises herbes devenues résistantes au glyphosate. Effet boule de neige ou tapis roulant transgénique" par le Professeur Joe Cummins, traduction & compléments par Jacques Hallard.
Cette version est accessible sur les sites suivants : http://www.i-sis.org.uk/glyphosateResistanceTransgenicTreadmilFR.php et http://yonne.lautre.net/spip.php?article3982
* * La version en français s’intitule "Maïs SmartStax : la corporation semencière fait la guerre aux abeilles aux Etats-Unis" par le Professeur Joe Cummins, traduction & compléments par Jacques Hallard. Cette version est accessible sur les sites suivants : http://www.i-sis.org.uk/SmartStaxCornCorporateWarOnBees.php et http://yonne.lautre.net/spip.php?article3991

L’action de conserver des semences d’une année à l’autre est interdite en vertu de l’accord de licence. Et malheur à tout agriculteur qui trouve des plantes génétiquement modifiées qui poussent sur ses propriétés s’il ne possède pas de licence à jour pour celles-ci : il peut être poursuivi de lourdes amendes par la société de semences, même si les plantes provenaient de semences migrantes qui étaient tombées au sol après la récolte précédente, ou si le pollen d’OGM était transporté par le vent et venait féconder les plantes errantes.

Certains agriculteurs ont passé des années pour développer leur propre souche originale de semences, avant de voir leur propre récolte contaminée par des plantes génétiquement modifiées et confisquée par la société qui est à l’origine de l’OGM en question. Si un agriculteur préfère acheter des semences non-transgéniques, il peut se rendre compte qu’il est très difficile de les obtenir, comme le montre le film Food Inc. [9]La domination des grandes sociétés sur le marché des semences qui rend les semences non-transgéniques indisponibles dans de nombreux secteurs. Les agriculteurs sont d’humeur à se battre.

Des agriculteurs qui se battent

Lors d’un rassemblement tenu la veille, les agriculteurs ont exprimé leurs griefs et leur opposition au contrôle excessif que l’agrobusiness a acquis [12]. « Les plantes que nous cultivons sont la base de notre civilisation, à partir de laquelle elle a commencé ; donc si quelque chose appartient au domaine public, si quelque chose appartient aux peuples du monde, c’est bien nos cultures pour l’alimentation », a déclaré un agriculteur suivi d’un applaudissement général.

« En 2000, Monsanto Corporation a essayé de breveter un blé, et après une longue bataille de cinq ans, nous avons arrêté le processus ». Il a souligné les revendications de Monsanto sur son droit de propriété sur le maïs, sur le soja, sur le colza canola et sur le coton, mais « ces plantes cultivées remontent aussi loin que le blé. Elles sont à la base de la civilisation. Comment peuvent-ils revendiquer un droit de propriété sur celles-ci ? ».

« Monsanto a établi cela d’un point de vue juridique par un office des brevets », a-t-il poursuivi. « Ce n’est pas juste. Nous devons revenir en arrière à ce sujet ».

Un producteur laitier du Wisconsin, a déclaré : « Monsanto n’a pas le droit de dicter la valeur de ma vie, de mon travail et de la nourriture que je produis." (Applaudissements)

Un agriculteur a fait le voyage de l’Arkansas pour avertir les habitants de cet État contre ‘Big AG’, l’agribusiness, pour constater que le problème est déjà universel. Un autre visiteur d’une famille d’agriculteurs dont la famille compte des agriculteurs depuis son arrière-grand-père, a déclaré :« la société n’a pas pris conscience et elle est singulièrement motivée pour faire des bénéfices ». Paraphrasant le président Abraham Lincoln dans son célèbre Discours de Gettysburg, il a ajouté que les organismes publics ont la responsabilité de protéger la démocratie et de veiller "au gouvernement de la société, par la société, et pour la société."

Etaient également présents à ce rassemblement : le scientifique principal du PAN ; le Pesticide Action Network, (le Réseau d’Action Pesticides), le Dr Marcia Ishii-Eiteman. Elle a été membre du Comité directeur pour l’Evaluation internationale des connaissances agricoles, de la science et la technologie pour le développement (IAASTD), qui a publié en avril 2008 un important et complet rapport rédigé par environ 400 scientifiques et autres experts venus de quelque 60 pays [13, 14] ( “GM-Free Organic Agriculture to Feed the World” , SiS 38) *.

* La version en français est intitulée “Une agriculture biologique et sans OGM pour nourrir le monde” par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction de Jacques Hallard (Nourrir l’Humanité) ; elle est accessible sur le site suivant : http://yonne.lautre.net/spip.php?article2846

Ce rapport résulte des préoccupations concernant les progrès modernes de la science et de la technologie dans le secteur agricole : leur productivité a augmenté, mais elle a néanmoins conduit à des effets indésirables et inattendus sur le plan social et environnemental. Il aborde les politiques qui sont rendues nécessaires pour assurer la sécurité des denrées alimentaires et les moyens de subsistance, tout en préservant l’intégrité environnementale.
L’une des conclusions les plus importantes est que la plupart des cultures transgéniques ne sont pas nécessaires pour nourrir le monde, contrairement aux allégations de l’industrie des semences et des biotechnologies qui a développé les plantes génétiquement modifiées.

Les cultures de plantes transgéniques sont décrites dans le rapport comme « très controversées » et comme ayant des rendements variables, qui peuvent être inférieurs à ceux des variétés conventionnelles. Une caractéristique remarquable de ce rapport est l’importance accordée aux savoirs traditionnels. _ Contrairement à la tendance moderne dans le monde occidental qui se prononce en faveur d’énormes exploitations qui pratiquent la monoculture intensive avec beaucoup d’intrants chimiques, , l’agriculture à petite échelle, et selon des principes écologiques, a un rôle majeur à jouer.

En d’autres termes, les agriculteurs locaux ont l’expérience et la sagesse nécessaires, même dans ce monde de la modernité qui est basé sur les technologies. Par-dessus tout, les sociétés motivées par leur propre profit ne doivent pas être autorisées à exercer une forme de contrôle sur les agriculteurs et sur l’agriculture. Le gouvernement américain doit instamment faire passer ce message.

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Définitions et compléments

voir PDF à demander à Yonne.lautre@laposte.net (bien spécifier le titre de l’article)

Traduction, définitions et compléments :


Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
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Fichier : ISIS OGM Agriculture American Farmers Oppose ’Big Ag’ in Anti-Trust Hearing French version.2