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"Se repérer et (re)découvrir l’espace géographique des rives de la Mer Méditerranée : Maghreb et Machrek" par Jacques Hallard

samedi 7 janvier 2017, par Hallard Jacques


ISIAS Géographie
Se repérer et (re)découvrir l’espace géographique des rives de la Mer Méditerranée : Maghreb et Machrek
Jacques HALLARD, Ing. CNAM – Sitehttp://www.isias.lautre.net/ISIAS – 07/01/2017


Introduction

Des articles antérieurs ont traité de la déforestation, des reboisements, de la lutte contre la désertification et du développement rural pour améliorer les conditions d’existence des populations locales et leur permettre de vivre sur leurs territoires ; il leur faut tenir compte notamment de la rareté des ressources en eau pour couvrir les besoins pour les cultures vivrières qui sont indispensables au maintien de ces populations, d’une part, et pour contribuer à atténuer les dérèglements climatiques par une transition énergétique et écologique, d’autre part. Voir les articles suivants :

’Méfaits des déforestations et questions sur les reboisements pour atténuer les dérèglements du climat’, par Jacques Hallard, samedi 10 septembre 2016 par Hallard Jacques - français

’Le barrage vert algérien est un exemple de lutte contre la désertification des territoires’, par Jacques Hallard, samedi 8 octobre 2016 par Hallard Jacques - français

’L’Initiative Africaine de la Grande Muraille Verte pour un développement rural au Sahara et au Sahel’ par Jacques Hallard, lundi 31 octobre 2016 par Hallard Jacques - français

Avant de poursuivre cette investigation en d’autres lieux, on doit rappeler la crise migratoire qui se produit actuellement entre l’Afrique et l’Europe. Voir l’article ’Passer des grandes migrations historiques à la crise migratoire contemporaine en Europe’, dossier de Jacques Hallard, jeudi 10 novembre 2016 par Hallard Jacques – français.

Par ailleurs, il nous paraît utile de faire aussi une incursion dans l’histoire des riches civilisations qui se sont déroulées au cours du temps autour de la Mer Méditerranée. L’approche géographique développe tout d’abord le concept de ‘Méditerranée des deux rives’, mettant en avant les échanges entre pays, territoires et populations, avec des interactions continues, dans l’espace et dans le temps, entre l’Afrique et l’Europe.

Les documents sélectionnés à la suite s’étendent largement sur l’Afrique du Nord et les pays du Maghreb, puis sur le Machrek, ou ‘Orient arabe’, qui sera évoqué, avant de recentrer le sujet, avec une note du Professeur Moha Ennaji, professeur à l’Université de Fès au Maroc, qui traite de l’irrigation dans un espace élargi de l’Afrique du Nord au Proche-Orient (dans le cadre des territoires du MENA ou ‘Middle East & North Africa’).

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Rappel de la crise migratoire à travers la Mer Méditerranée

Comme le signale Wikipédia : « Depuis le début de la crise migratoire, de plus en plus de migrants et réfugiés parviennent en Europe en traversant la Méditerranée, en raison d’un contrôle toujours plus grand des routes de migration terrestres par l’UE (Frontex). Ces traversées maritimes sur des embarcations de fortune surpeuplées sont bien souvent très périlleuses, et ont conduit à la mort de plusieurs milliers de personnes ».

« L’OIM, organisation liée aux Nations Unies et spécialisée dans les défis de la gestion des flux migratoires, recense chaque année le nombre de noyés parmi les migrants et réfugiés tentant d’entrer en Europe par voie maritime. Au 12 octobre 2016, elle a enregistré 3632 décès en mer depuis le début de l’année21. Avec ce chiffre, 2016 risque donc de battre le funeste record que l’OIM avait attribué à l’année 2015 en la déclarant l’année la plus meurtrière de l’histoire pour les migrants et réfugiés ayant traversé la Méditerranée (3711 décès en 2015, 3279 en 2014)22 ».

« Des organisations internationales comme Amnesty International se désolent de l’indifférence de l’Europe face à cette tragédie, et du décalage entre les moyens consacrés à la protection des frontières externes (qui s’élèvent à deux milliards d’euros en 2012) et ceux destinés à l’accueil des requérants d’asile et réfugiés (700 millions d’euros pour la même année, soit trois fois moins)23,24… » Article de référebce : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mer_M%C3%A9diterran%C3%A9e

« Sur les routes européennes : agir, marcher, aider, témoigner » - Dans une série d’émissions consacrées à L’Europe,2/5, France Culture, à travers la rubrique Les Nouvelles vagues de Marie Richeux 03.01.2017.

Ecouter l’émission de 59 minutes.] Les Nouvelles Vagues explorent l’Europe, aujourd’hui sur ses routes. Faire la route (à l’envers) des migrants et des réfugiés qui la traversent. A partir d’un film documentaire et d’initiatives citoyennes, nous parlons de marche solidaire, d’actions collectives, de circulation dans l’espace commun.

Photo – « Et nous jetterons la mer derrière vous » • Crédits : Ozho Naayé - Avec Jeanne Gomas et Noémi Aubry, membres du collectif Ozho Naayé qui a réalisé Et nous jetterons la mer derrière vous (2015), un documentaire qui suit la traversée de l’Europe par des migrants ; Nathalia Kloos, référente pour la France du projet européen Civil March for Aleppo : depuis le 26 décembre 2016, des centaines de citoyens de plusieurs pays d’Europe se rassemblent et marchent pour la paix depuis Berlin jusqu’à Alep, remontant ’la route des migrants’ ; Elodie Francart, porte-parole de la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés qui oeuvre à Bruxelles (Belgique) pour une solidarité concrète avec les migrants, son engagement pour la société civile européenne active auprès des migrants se fait aussi au sein de MSF et d’un réseau européen d’initiatives citoyennes. Elle participe le 17 janvier 2017 à un ’Radio Live’ à la Maison des Métallos à Paris autour du courage. Pour commander le DVD du film « Et nous jetterons la mer derrière nous », cliquez ici. Pour avoir des infos et/ou rejoindre en chemin les marcheurs de ‘Civil March For Aleppo’ (pour quelques heures, une journée, quelques jours ou semaines), cliquez ici.

Programmation musicale : Buttering Trio, Refugee song - Fur Razan, KAAN wAFI, 14h45, 10 minutes - Cinq fois] - like Europe (2/5) : Vlad et Louiza

Intervenants : Nathalia Kloos : étudiante à l’EHESS, référente pour la France de l’initiative ’Civil March for Aleppo’ ; Jeanne Gomas : membre du collectif Ozho Naayé ; Noémi Aubry : membre du collectif Ozho Naayé ; Elodie Francart : porte-parole de la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés. S’abonner à nos newsletters

Bibliographie Photo ’Et nous jetterons la mer derrière vous’ de Ozho Naayé Ozho Naayé, 2015 Jeanne Gomas et Noémi Aubry – Source : [https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-vagues/leurope-25-sur-les-routes-europeennes-agir-marcher-aider-temoigner#xtor=EPR-3-Session06012017]

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La riche histoire des civilisations du bassin méditerranéen

Une ‘Chronique de l’ONU’ (Vol. L No. 1 Avril 2013) rappelle que « La mer Méditerranée fut le berceau de nombreuses civilisations – « Le bassin méditerranéen a été le berceau de nombreuses civilisations depuis les premiers établissements à Jéricho en 9000 av. J.-C. Connue en anglais et dans les langues latines sous le nom de « la mer entre les terres », la mer Méditerranée est désignée et a été désignée par de nombreux noms : Notre mer pour les Romains, la Mer blanche (Akdeniz) pour les Turcs, La Grande Mer pour les juifs, la Mer du milieu (Mittlemeer) pour les Allemands et même la Grande Verte par les anciens Égyptiens1. Notre mer a joué un rôle majeur dans la communication des peuples de la région et évité des affrontements entre les populations aux intérêts différents. Il n’existe aucun autre bassin identique dans le monde. La carte du monde montre sa situation unique dans le monde – elle est suffisamment grande pour nous abriter tous, mais, en même temps, par sa forme unique, ses îles, ses baies et ses détroits, elle offre un moyen de connecter les peuples qui vivent tout autour. On a l’impression que c’est une mer fermée, mais elle est une importante voie de communication entre l’est et l’ouest ».

« La mer Méditerranée est un symbole de créativité, de quête du sens de la vie et de la sagesse ainsi que de l’amour des gens et de la nature. De tout temps, elle a été un environnement propice à l’épanouissement de personnes remarquables qui ont fait des contributions importantes au développement de l’histoire dans les domaines de la philosophie, de l’art, de la musique, de la littérature ainsi que des sciences et des technologies. De grandes civilisations se sont développées autour du bassin, de l’est à l’ouest, du nord au sud, de la Mésopotamie à l’Égypte, de Troie, en Anatolie, à la Macédoine, de Carthage à Rome, de Bagdad à la péninsule Ibérique, de Byzance à l’Empire ottoman et d’Alexandrie à Bologne, et ont formé une base solide aux civilisations du monde. On ne peut imaginer une histoire du monde sans les civilisations égyptienne, grecque, romaine et ottomane ».

L’HISTOIRE DU DÉVELOPPEMENT INTELLECTUEL DANS LE BASSIN DE LA MÉDITERRANÉE

« Fondée en 300 ans av. J.-C, l’ancienne Bibliothèque d’Alexandrie en Égypte fut l’une des plus grandes et des plus importantes bibliothèques de l’Antiquité. Les premiers développements intellectuels, qui ont eu lieu en Méditerranée orientale, ont principalement été centrés sur la philosophie. Les peuples méditerranéens ont pu rencontrer des cultures différentes et s’ouvrir au monde, ce qui, dès la période hellénique, a favorisé l’émergence de philosophes et d’hommes de sciences qui ont largement contribué au développement intellectuel. Parmi ceux-ci figuraient Thalès, Anaximandre, Anaximène, de Milet, Pythagore, Xénophane et Diogène d’Apollonie, Hippocrate, Socrate, Platon et Aristote (VIe, Ve, IVe siècles av. J.-C) ».

« Le Moyen-Àge a été l’âge d’or islamique de la région. Le monde islamique est né entre 622 et 750 dans la péninsule arabe et s’est étendu jusqu’au Moyen-Orient, vers une partie de l’Asie mineure, la Perse, l’Afrique du Nord et la péninsule Ibérique. Pendant des siècles, Al-Andalus et le Maroc ont été d’autres centres culturels que Bagdad. Du VIIIe au XVe siècle, de nombreux philosophes de la région, dont Jabir ibn Hayyan, Al Farabi, Al Biruni, Ibn Sina, Al Qushayri, Al Ghazali, Al Baghdhdaadi, Ibn Rushd, Jalal ad-Din Rumi et Ibn Khaldun, ont eu un impact notable sur le développement de la philosophie islamique de la région ».

« De l’Antiquité au Moyen-Àge et à la Renaissance, le bassin méditerranéen a joué un rôle majeur dans le domaine de la philosophie, de l’art et des sciences. Après le XVIIIe siècle, toutefois, avec le développement de la navigation à distance et de nouvelles routes de commerce, la région a progressivement perdu de son importance au profit d’autres parties d’Europe et d’Amérique du Nord. Un virage s’est donc produit du sud au nord et de l’est à l’ouest dans le développement de la philosophie moderne, de l’art, des sciences et de la technologie ».

L’HISTOIRE DES UNIVERSITÉS DANS LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE

« La liste des plus anciennes universités dans le monde varie en fonction de la définition que l’on donne au terme « université ». Si l’on considère qu’une université est une institution délivrant des diplômes, les plus anciennes se trouvent en Europe car, dès les années 1100, elles délivraient des certificats. Des citations comme « L’université est une institution européenne » ou « Nulle autre institution ne s’est développée à travers le monde comme l’université ne l’a fait » dénotent un point de vie étroit et eurocentrique de l’université. En effet, ce furent les pays de la région méditerranéenne qui ont créé les plus anciennes universités dans le monde. De manière plus générale, la liste des plus anciennes universités ne comprennent pas les civilisations de la Grèce, de la Rome, de la Chine et de l’Inde antiques ou du monde arabe, mais les institutions éducatives qui existaient dans ces régions correspondent à une définition traditionnelle de l’université et devraient donc être incluses ».

« ’Si nous dressons la liste des universités en fonction de la définition étroite d’institutions délivrant des diplômes, nous voyons que la plus ancienne université dans le monde est l’Université de Bologne, fondée en 1088. Parmi les 44 universités les plus anciennes, 25 ont été fondées dans la region du bassin méditerranéen, et la péninsule italienne arrive en tête avec 13 universités3. Huit des dix universités les plus anciennes toujours en activité se trouvent dans la région méditerranéenne, ce qui indique combien la région était et est développée intellectuellement. Bien que les institutions ottomanes ne figurent pas sur la liste, l’Université d’Istanbul, qui a été fondée en 1453 par le sultan Mehmed le Conquérant, devrait être mentionnée. Une autre institution importante, et le premier établissement d’enseignement de l’empire ottoman autre que les institutions religieuses, est l’Université technique d’Istanbul, qui a été fondée en 1773 ».

« Si l’on définit l’université de manière plus large comme étant « une institution d’enseignement supérieur autonome » et que l’on considère les dix universités les plus anciennes dans le monde4 », la liste que nous obtenons est différente. Par définition, l’université s’est d’abord développée en tant institution religieuse (madrasah) qui a son origine dans le monde islamique médiéval. La première fut l’Université d’Al-Karaouine, fondée en 859. L’Université Al-Azhar, en Égypte, fondée en 972, et Nizamiyya, en Iran, fondée en 1065, ont été deux autres universités islamiques dans le bassin. Les Universités de Bologne, de Paris, d’Oxford, de Montpellier, de Cambridge, de Salamanque et de Padoue figurent aussi sur la liste, et le bassin méditerranéen y a une forte présence ».

« Depuis 1500, de nombreuses universités ont été fondées à travers le monde et de nombreux types d’enseignement supérieur ont vu le jour. L’enseignement supérieur en est encore au stade de transition sous les pressions de la mondialisation, mais il est clair que le rôle de l’université comme institution continue de se développer et que les attentes de la société à cet égard changent rapidement dans l’environnement actuel en perpétuelle évolution. S’il existe différentes définitions des universités, ce qui est certain, c’est que l’université est le produit de la région méditerranéenne ».

« Il n’existe pas de données fiables pour établir le nombre d’universités dans le bassin méditerranéen ou le nombre d’universités méditerranéennes compétitives au niveau mondial, mais le passé historique riche de la région a créé un environnement intellectuel remarquable qui a contribué à l’épanoussement de nombreux philosophes, artistes, musiciens et scientifiques de réputation mondiale au cours de siècles ».

DES UNIVERSITÉS LIÉES PAR LA MER

« Les peuples, pays, cultures et institutions autour de la mer Méditerranée partagent des caractéristiques et des valeurs communes qui ont permis la création de nombreux projets et continueront de le faire. Les universités méditerranéennes, avec leurs atouts majeurs fondés sur leur culture intellectuelle et l’interaction sociale des enseignants et des étudiants jouent un rôle important entre l’est et l’ouest ainsi qu’entre le nord et le sud. L’un des points forts est la mobilité des étudiants et des enseignants. Les statistiques du Programme d’action européen pour la mobilité des étudiants (ERASMUS) montrent qu’entre 1987 et 2011, les pays méditerranéens ont attiré plus de 46 % d’étudiants et d’enseignants (ANNEXE01S – Étudiants partis en mobilité d’études ERASMUS de 1987/1988 à 2010/2011). La mobilité permettra aux universités méditerranéennes d’ouvrir leur hori zon et de devenir des institutions mondiales ».

« Les réseaux universitaires sont un autre facteur important. Pour comprendre le rôle qu’ils peuvent jouer dans ce processus, il est utile de décrire brièvement les réseaux dans la région. La Communauté des Universités Méditerranéennes (CUM) est l’un des réseaux les plus anciens dans la région méditerranéenne. Elle a été fondée en 1983 à l’Université de Bari. Elle compte plus de 160 membres venant de 12 États européens et de 9 États arabes. Elle est aussi étroitement liée à des organisations internationales comme l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Union européenne et le Conseil européen. Le premier accord de coopération, signé avec l’UNESCO le 7 octobre 1992, suivi d’un autre signé le 2 août 1997, a officiellement reconnu la CUM comme organisation non gouvernementale. Le message affiché sur son site Web est très approprié : « Des voix multiples – un seul bassin ». Il existe de nombreuses voix dans une région : la CUM est loin d’être le seul réseau des universités méditerranéennes – en fait, il en existe de nombreux.

Parmi eux figurent le réseau des Universités techniques méditerranéennes (RMEI), l’Université euro-méditerranéenne en Slovénie, un réseau établi par un groupe d’universités européennes, le Réseau des universités européennes, l’Union des universités européennes, qui est l’un de réseaux universitaires de la Banque européenne d’investissement, dont le siège est à Rome, et qui regroupe 84 universités membres, ainsi que le Forum euro-méditerranéen, qui compte 100 membres ».

« Bien que ces réseaux aient des missions similaires, ce n’est que récemment qu’ils ont établi une communication efficace entre eux. Il y a une dizaine d’années, la CUM et le RMEI ont décidé de tenir leurs réunions dans les mêmes universités et aux mêmes dates. Plusieurs réunions mixtes ont été organisées à Rabat, à Athènes et à Izmir. Ils ont également décidé d’envoyer des représentants aux réunions de chacun des réseaux. Un autre développement concerne la coopération entre le réseau des Universités de la mer Noire, la CUM et le RMEI. Certaines universités, qui sont membres de ces réseaux, ont joué un rôle important dans l’établissement de liens au cours des dix dernières années.

Plus important, ces réseaux, formés de voix multiples, qui comptent entre 100 et 200 membres, fonctionnent indépendamment. Il est temps de penser à la façon de rassembler tous ces réseaux et de créer une organisation coordonnée qui soit plus efficace et qui représente les universités méditerranéennes. Si les réseaux universitaires européens arrivent à s’organiser pour travailler ensemble, ils auront un impact plus important non seulement au niveau du bassin méditerranéen, mais aussi aux niveaux européen et mondial ».

« Alors qu’historiquement la région a connu des conflits entre divers groupes, les peuples qui la composent ont toujours été unis par des aspirations intellectuelles et créatives communes et, au fil des siècles, ont coopéré et appris les uns des autres, ainsi que dans les domaines de l’art et des sciences. Les changements qui se sont produits dans le monde au cours des dernières années, comme la mobilité croissante des personnes et des communicationnels internationales, peuvent créer des opportunités et la nécessité d’établir une plus grande interaction et une plus grande coopération entre les cultures dans et parmi les réseaux universitaires afin de partager les expériences et les ressources dans le bassin méditerranéen ». United Nations - Les notes et références relatives à cette publication sont à retrouver à la source :https://unchronicle.un.org/fr/article/la-mer-m-diterran-e-berceau-de-nombreuses-civilisations

Au cours du deuxième et du premier millénaire avant notre ère, la Méditerranée était déjà parcourue par des navigateurs et des marchands, en particulier par les Phéniciens, reconnus connus comme l’une des premières grandes civilisations localisés autour de cette mer. De nombreux et anciens travaux d’archéologie, puis plus récemment les recherches réalisées avec les outils de la génomique, ont permis d’en imaginer la riche histoire et la probable dissémination des populations dans toute cette étendue géographique. Voir notamment l’article ’Un haplotype mitochondrial européen a été identifié à partir des restes d’un phénicien antique de Carthage’ : traduction et compléments de Jacques Hallard, dimanche 4 septembre 2016 par ISIAS français .

Pour parcourir la riche ‘Histoire du bassin méditerranéen’, on peut encore recourir à l’introduction d’un article rédigé par Wikipédia : «  Le bassin méditerranéen est, avec les bassins de l’Indus, du Gange, du fleuve Jaune et du Yangtsé, l’une des régions plus importantes pour l’histoire du monde. Elle constitue le point de départ de plusieurs grandes civilisations, dont s’est nourrie la civilisation occidentale. Dès que l’homme a su construire des barques, des navires, la Méditerranée s’est transformée en lien entre continents, la navigation permettant de rejoindre deux points plus aisément que la marche, et de transporter des charges bien plus lourdes. Théra est l’un des plus anciens vestiges d’une thalassocratie : la Crète, mais bien d’autres se sont succédé : Phénicie, Carthage, Grèce, Rome, VandalesByzance, les Arabes, les Normands de Sicile, les Génois, les Vénitiens, les Catalans et les Ottomans l’ont été et en ont fait le tour. Le monde grec avait un « nombril », Delphes, et de là rayonnait vers les extrémités de la Méditerranée qui, pour ses peuples, étaient les « extrémités du monde » : les Colonnes d’Hercule ouvrant sur la « mer Océane », le détroit des Dardanelles ouvrant, par la Propontide et le Bosphore, sur le Pont Euxin, et le Nil ouvrant sur les mystérieuses terres chaudes de l’« Aethiopie ». Toutefois la civilisation méditerranéenne n’a jamais été repliée sur elle-même : à l’Ouest, les Carthaginois connaissaient Tartesse et les « îles à étain » c’est-à-dire l’archipel britannique ; à l’Est, la « route de la soie » aboutissait dans les ports du bassin levantin tandis que partant d’Égypte, la « route des épices et des pierres précieuses » menait jusqu’aux Indes et la « route de l’encens et de l’ivoire » jusqu’à la côte orientale de l’Afrique. Après avoir été un « lac romain » (Mare Internum en latin), la Méditerranée, divisée par les invasions et les rivalités religieuses, devint un enjeu central dans l’affrontement géostratégique des pouvoirs qui la bordèrent, jusqu’à ce que son intérêt soit supplanté par les océans, révélés par les Grandes découvertes… » L’article complet avec toutes des références est à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_bassin_m%C3%A9diterran%C3%A9en

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Sommaire des documents collectés dans ce dossier

1. Deux rives de la Méditerranée, une destinéeHaut du formulaire

Bas du formulaire

– Une rétrospective de 2006

2. Un livre sur la Méditerranée : ses rives et ses cultures. Soufyane Frimousse 2012

3. La Méditerranée des deux rives avec l’Union pour la Méditerranée (UMP)

4. Penser la Méditerranée des deux rives selon Thierry Fabre

5. L’Afrique du Nord et les pays du Maghreb par Manfred Overmann

6. Tout savoir (ou presque) sur le Maghreb avec Wikipédia

7.Une Union du Maghreb arabe (UMA) en sommeil

8.Aperçu des territoires du Machrek ou Orient arabe

9. L’irrigation du Moyen-Orient par Moha Ennaji professeur à l’Université de Fès

10. MENA (Middle East & North Africa) Moyen-Orient & Afrique du Nord

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1.
Deux rives de la Méditerranée, une destinée Haut du formulaire

Bas du formulaire

– Une rétrospective de 2006

Deux rives de la Méditerranée, une destinée - Par Pierre Beckouche et Jean-Louis Guigou. — 21 avril 2006 à 21:00

Pierre BECKOUCHE, Professeur des universités [Géographie physique, humaine, économique et régionale] - Présentation Recherche Enseignements CV Publications - Curriculum Vitae : Pierre Beckouche est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Saint Cloud, Agrégé de Géographie. Il est Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dont il a dirigé l’UFR de Géographie de 2000 a 2005. Ses travaux portent sur la géographie économique et régionale. Il a travaillé pour des collectivités locales, la DATAR et le Ministère français de l’Equipement, l’Union Européenne. Ses recherches en cours portent sur les frontières de l’Europe, en particulier l’espace méditerranéen et la comparaison entre les grandes régions mondiales (région Euro-méditerranéenne, Amérique du Nord, Asie orientale). Membre de l’UMR « Ladyss » (CNRS / Universités Paris 1, Paris 7, Paris 8, Paris 10), il préside le Conseil Scientifique du GIS ’Collège International des Sciences du Territoire’ (CIST), et est le Coordinateur scientifique du projet européen ESPON ’Integrated Territorial Analysis of the Neighbourghoods’ (ITAN). Il a été durant dix ans le Conseiller scientifique de l’Institut de Prospective Economique du Monde méditerranéen (www.ipemed.coop) animé par Jean-Louis Guigou. ][Jean-Louis GUIGOU, né à Apt (Vaucluse) en 1939, est un professeur d’université, haut fonctionnaire français, spécialiste de l’aménagement du territoire. Il est actuellement président d’IPEMED, institut de prospective économique du monde méditerranéen1. Lire la suite sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Guigou .

La montée de l’islam radical fait peur aux Occidentaux. Est-ce vraiment l’expression du prétendu choc des civilisations ? Est-ce le résidu d’une colonisation qui n’a que trop longtemps duré ? Est-ce la malédiction du pétrole et des richesses naturelles qui a entraîné les pays arabes dans un déclin maintenant séculaire ? Notre analyse diffère et repose sur une conviction.

Dans les années 1960 et alors que le communisme était en expansion, le professeur Schwab, initiateur du Forum mondial de Davos, a fait le pari que le communisme soviétique était une supercherie et que l’économie libérale devait le vaincre. Il était à contre-cycle, mais l’histoire lui a donné raison. Dans les années 2000, nous défendons une conviction aussi anticipatrice : celle du rapprochement inévitable des deux rives de la Méditerranée, celle d’un destin commun entre les pays arabes, les pays européens, Israël et la Turquie. Pourquoi ? Parce que la logique économique est puissante et devrait venir à bout des idéologies, religieuses ou autres ­ les superstructures, aurait dit Marx ­ qui servent beaucoup plus de protection aux pouvoirs en place qu’à la résistance à un Occident matérialiste et corrupteur. Au même titre que le communisme a plié devant le libéralisme, au même titre que la civilisation historique de la Chine s’adapte aux exigences du capital, pourquoi l’islamisme ne se dissoudrait-il pas dans l’économie sociale de marché ?

Voici quatre arguments. Le premier tient aux formes du développement géoéconomique qui associent de plus en plus les complémentarités et les proximités Nord-Sud. Dans les années 50, c’était des pays comparables qui s’intégraient : l’OCDE, le Comecon, l’Otan... Les pays en développement n’étaient pas dans la course. Depuis une quinzaine d’années, la mondialisation engendre des régions prenant la forme de quartiers d’orange ; c’est le « régionalisme Nord-Sud », qui associe technologie et capital d’un côté, marchés et main-d’oeuvre de l’autre. Au même titre que le Japon s’appuie sur la Chine qui s’appuie sur les dragons du Sud-Est asiatique ; au même titre que le Canada s’appuie sur les Etats-Unis qui s’appuient sur le Mexique et cherchent à s’allier les pays d’Amérique du Sud, le destin de l’Europe est de s’associer avec les pays de la rive sud de la Méditerranée et peut-être demain avec l’Afrique subsaharienne.

La construction européenne, après être passée de 6 à 9, à 15 et à 25 et avoir fait le plein au Nord, doit faire de la proximité de ses voisins un atout stratégique. La montée des coûts de transport renforce cette hypothèse. Il ne s’agit pas d’imaginer une Union européenne à 50 pays, mais de mettre en place une coopération étroite assurant la liberté de circulation des marchandises, des services, des capitaux et des hommes pour faire de l’ensemble constitué par l’Europe et ses voisins une région majeure du globe. Nombreux sont les économistes qui considèrent que les pays de la rive Sud de la Méditerranée peuvent devenir les dragons de l’Europe et contribuer à sortir notre économie de son engourdissement.

Le deuxième argument tient dans la forte demande de développement économique de ces pays voisins. Les besoins les plus quotidiens (alimentation, école, santé, logement) sont criants. Ne pas les satisfaire c’est renforcer l’encadrement des populations par les intégristes, et c’est pousser à l’émigration des élites qui préféraient travailler chez elles et développer leur pays.

Le troisième argument tient dans les vertus transformatrices de l’économie industrielle de marché. Cette économie impose un Etat de droit, la liberté d’entreprendre, une justice efficace et indépendante, une éducation suffisante, une presse libre, la participation des femmes à l’effort de production ­ en un mot, la démocratie. Là où il n’y a pas l’économie de marché, il y a la mafia et la corruption, et l’économie se limite à l’exploitation des rentes (immobilier, pétrole, tourisme, remises migratoires, canal de Suez...). Là où l’économie de marché, régulée démocratiquement, se développe, se développent avec elle des standards qui tirent la gestion des hommes et des organisations vers la modernité. La modernité n’est pas la même partout (la Chine, l’Inde ou l’Amérique latine le montrent) et elle ne se réduit pas à l’économie évidemment ; mais pour autant il faut reconnaître les effets d’amélioration qui accompagnent la participation d’un pays à des réseaux économiques internationaux, à condition que sa population y soit formée et associée.

Enfin, rappelons que l’intégration européenne s’est d’abord faite avec le Marché commun, la politique agricole commune, la monnaie unique. L’économie est un langage universel qui intègre déjà tous les chefs d’entreprise et les acteurs de l’économie des deux rives de la Méditerranée. La politique divise, la culture différencie, mais l’économie rapproche.

Pierre Beckouche, Jen-Louis GUIGOU– Source http://www.liberation.fr/tribune/2006/04/21/deux-rives-de-la-mediterranee-une-destinee_37033

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2.
Un livre sur la Méditerranée : ses rives et ses cultures. Par Soufyane Frimousse

Méditerranée : culture à la dérive, cultures sur les deux rives ou culture des deux rives - Par Soufyane Frimousse - Acheter cet article– Raccourcis Maghreb – Machrek 2012/3 (N° 213). Pages : 144 - ISBN : 9782362590474 - DOI : Éditeur : ESKA À propos de cette revueSite internet– Document CAIRN ‘Chercher Repérer Avancer’.

Résumé Français

Cette communication invite à penser la Méditerranée des deux rives en décentrant nos regards et en interrogeant nos certitudes. Une incitation à découvrir ou à redécouvrir la Méditerranée telle qu’elle est. La Méditerranée englobe un héritage commun mais fracturé par de nombreux conflits à travers les siècles. Les rencontres soudent mais elles séparent également ! Assimiler cette complexité dans les études des relations entre les deux rives permet de mieux discerner leurs évolutions et leurs mutations. Par-delà les peurs, les angoisses, les rejets et les inquiétudes, n’existe-t-il pas un nouvel horizon culturel en Méditerranée ? Quelle forme d’organisation managériale est possible en regard des références culturelles et du substrat de valeurs de la Méditerranée ? Notre réflexion s’appuie sur les dimensions culturelles, intellectuelles, économiques et managériales dans le monde méditerranéen en l’insérant dans un cadre historique, géo-stratégique et socio-politique.

English Summary

Mediterranean basis : culture adrift, cultures on the two coasts and culture of the two coastsThis article invite us to considering the two Mediterranean coasts with a point of view off center that puts in doubt ours certitudes. It encourages us to discover or to re-discover the Mediterranean basin as it is. The latter has a common heritage fractured by several conflicts through the centuries. Meet others means to create relationships but also separations ! We can better understand the evolutions and the changes of the relation between the two coasts if we consider their complexity. Does it exist a new cultural horizon in the Mediterranean basin, beyond fears, anxieties, refusals and worries ? Which form of management organization is possible, considering its cultural references and its values ? Our thesis takes account of cultural, intellectual, economical and managerial aspects of the Mediterranean space, inserting them in an historical, geo-strategic and socio-politic context.

Plan de l’article

Introduction

Les cultures entre les rives de la Méditerranée

Un mythe unitaire : de la scène illuminée du dialogue interculturel … aux réalités : des cultures éloignées, traumatisées et divisées

Malgré ces failles… un éthos culturel méditerranéen, un « air de famille » et des barrières poreuses.

L’hypermodernité : une demande de Méditerranée ? De la modernité à la hypermodernité

L’hybridation : rendre sa dimension humaine à l’homme

Conclusion

Source : https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=MACHR_213_0117

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3.
Penser la Méditerranée des deux rives selon Thierry Fabre
Langue d’origine : français - Thème : Impressions de la Méditerranée

Entretien de Katrin Thomaneck & Emmanuel Gros avec Thierry Fabre , essayiste, créateur des Rencontres d’Averroès, responsable de la programmation et des relations internationales du Mucem.

En juillet 2013, nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer Thierry Fabre dans le tout nouveau Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, situé à l’entrée du Vieux-Port de Marseille. Un entretien fascinant de plus d’une heure durant lequel Thierry Fabre nous a parlé de cette mer qui est « mille choses à la fois », pour citer l’historien Fernand Braudel.

Thierry Fabre, vous êtes un homme à casquettes multiples : vous étiez l’éditeur de la collection Bleu chez Actes Sud et le rédacteur en chef de la revue « La pensée de midi »  ; vous avez créé les « Rencontres d’Averroès », vous êtes essayiste, et aujourd’hui vous travaillez comme responsable du département culturel et des relations internationales du MuCEM. En outre, vous êtes le commissaire général de l’exposition d’ouverture du MuCEM : « Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerranéen ».
Toutes vos activités et recherches se concentrent sur le monde méditerranéen, pouvez-vous nous dire un peu plus sur votre parcours ? Comment en êtes-vous arrivé là ?

Il ne s’agit pas d’un hasard mais d’une forme d’évidence. En 2000, j’ai écrit un livre intitulé Traversées, le récit d’un périple qui commence et prend fin sur les îles de Lérins. Ces îles se situent au large de Cannes, où je suis né, au bord de la Méditerranée. Je m’y rendais lorsque j’étais enfant. Sur l’une d’elles se trouve un monastère fondé par Honorat au Ve siècle. On a depuis cet endroit une vue, une perception, je dirais charnelle de la Méditerranée. Mon rapport à cette mer vient clairement des îles de Lérins, à la fois dans sa perspective méditative et dans sa dimension de paysage sensible, ainsi que dans la relation à l’horizon. Je me suis tout de suite demandé : qu’y a-t-il derrière la ligne d’horizon ? Et à partir de là, j’ai eu envie d’aller voir ce qu’il y avait de l’autre côté.
J’ai ensuite rencontré Jacques Berque, un spécialiste du monde arabe et professeur au Collège de France. Sa leçon de clôture Andalousies disait ceci : « J’appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l’inlassable espérance ». Ma rencontre avec Jacques Berque m’a amené à aller plus loin : j’ai commencé à étudier la langue arabe, j’ai vécu un an en Égypte, puis j’ai travaillé pendant sept ans à l’Institut du monde arabe où j’ai créé le magazine Qantara.

Pour moi, la littérature, le récit et la Méditerranée sont liés, d’ailleurs la Méditerranée n’existe que pour autant qu’elle se raconte. Elle est faite de récits, d’un palimpseste de récits. Mon rapport à la Méditerranée est d’abord sensible, c’est un sentiment d’enfance, d’émerveillement, je me sens d’ailleurs très proche de ce qu’écrit à ce sujet Erri De Luca à propos de Naples. Par la suite, cette relation a pris une dimension plus spirituelle, de réflexion politique sur le plan international aussi. Mais je me suis écarté assez vite de cette dimension-là pour m’intéresser davantage à la perspective littéraire et philosophique, à la « pensée de midi ».

Albert Camus est une autre figure qui a énormément compté pour moi. Je l’ai lu et relu, Camus est d’ailleurs quelqu’un qu’on ne cesse de relire. Quand je vivais en Égypte, je passais souvent mes après-midi dans un café à lire les œuvres de Camus. J’étais tombé sur son texte « L’Exil d’Hélène » qui commence par : « La Méditerranée a son tragique solaire qui n’est pas celui des brumes. » C’est un texte dédié à René Char dans lequel Camus parle pour la première fois de la pensée de midi. Ce texte m’a fasciné.
Lérins, et Camus dans un café du Caire, voilà peut-être si je devais résumer en quelques fragments mes nombreuses inspirations et rencontres.

Pourtant, une autre dimension est très importante, c’est la séparation entre le Nord et le Sud, l’ignorance de ce qui se passe sur la rive sud de la Méditerranée, la peur des Arabes et de l’islam. Moi, j’ai toujours voulu savoir ce qui se passait au-delà de l’horizon, je suis donc allé voir de l’autre côté et j’ai très vite compris qu’il fallait surmonter cette construction politique fondée sur l’héritage colonial.

Franchir l’horizon ou renverser le regard en quelque sorte. M’intéresser à l’autre côté, sortir du passéisme méditerranéen, c’est-à-dire se défaire d’une idée de Méditerranée nostalgique, des vieilles pierres qui nous accablent de leur héritage. En allant de l’autre côté, je voyais les jeunes générations, une Méditerranée créatrice à la recherche de nouvelles formes d’expression.

D’ailleurs, c’est ce qu’on peut observer aujourd’hui dans le monde méditerranéen : une scène créatrice de formes musicales, esthétiques, picturales et cinématographiques très fertile. C’est ça qui m’importe, une Méditerranée créatrice qui peut dépasser la séparation et le passéisme. « Penser la Méditerranée des deux rives », qui est le sous-titre des « Rencontres d’Averroès », est à la fois un héritage et une quête.

AverroesAff2013

Revenons d’ailleurs sur cette question des représentations de la Méditerranée, cette « identité narrative », pour reprendre une formule de Paul Ricœur. Vous avez dit dans un entretien : « il n’y a pas d’entité ni d’identité méditerranéennes. La Méditerranée est un récit », un « ensemble de représentations ».

Dans les années 2000, j’ai dirigé une série de livres intitulée Les représentations de la Méditerranée (avec Robert Ilbert). Sur le premier volume figure une carte du géographe andalou al-Idrîsî. Sur cette carte, l’Afrique figure en haut et l’Europe en bas. J’ai découvert cela lorsque je travaillais sur un numéro du magazine Qantara, et j’ai été stupéfait. Cette représentation renverse la carte connue de nous aujourd’hui et, en quelque sorte, le rapport entre le Nord et le Sud. Finalement, nous avons tous certaines cartes en tête. Pour un géographe andalou du XIIe siècle, la représentation du monde méditerranéen était tout autre. Nous avons voulu montrer, dans cette série de livres, les différentes façons de voir et de représenter ce monde.

D’une certaine manière, il fallait décentrer le regard, nous sommes donc allés voir du côté turc, allemand, tunisien, espagnol ou libanais, sans pouvoir, malheureusement, nous rendre partout. Il me semble que l’on ne peut pas penser le rapport à la Méditerranée sans se poser la question de la mise en récit. L’« identité narrative » était pour moi une façon de sortir de cet essentialisme méditerranéen, de ne pas figer la Méditerranée et de ne pas poser sans cesse la question : l’identité méditerranéenne, c’est quoi ? Parce que cela n’a aucun intérêt. Peut-on dire d’ailleurs en deux phrases ce qu’est l’identité de l’Europe ? La Méditerranée est née dans un certain contexte, puis elle a circulé, elle est entrée en interactions avec différentes formes du monde, et certains se la sont appropriée. Des écrivains tels que l’Égyptien Taha Hussein ont montré l’ouverture, la pluralité des sources de cet imaginaire. Il s’agit d’une source vive qui permet d’échapper à un certain discours nationaliste.

Ce n’est pas non plus un espace limité géographiquement : l’interaction des récits est importante, il y a un imaginaire remarquable de la Méditerranée du côté allemand, par exemple. Dans l’exposition « Le Noir et le Bleu », on trouve d’ailleurs l’un des grands penseurs allemands des cultures méditerranéennes, Friedrich Nietzsche et son ouvrage Le Gai savoir. Ce livre est une exaltation de la vie. Dans sa « pensée de midi », Camus s’est inspiré de la lecture de Nietzsche. Le rêve méditerranéen renaît d’ailleurs des décombres du colonialisme et de la Seconde Guerre mondiale.

La mer est un agent de connexion, les échanges se sont faits grâce à elle. Il ne faut jamais oublier, à cet égard, l’héritage judéo-arabe de l’Europe (notamment en termes de transmission des œuvres par la traduction), comme certains politiciens et penseurs le font d’ailleurs aujourd’hui. La question centrale du XXIe siècle à mes yeux est : la Méditerranée peut-elle faire monde commun ?

Cette question présente une parfaite transition pour notre prochaine remarque : la Méditerranée comme espace d’échanges et de circulations, de mixité culturelle où l’on trouvait de nombreuses villes cosmopolites telles qu’Alexandrie, Beyrouth ou Smyrne. Aujourd’hui, le cosmopolitisme est plutôt représentatif des villes de la rive nord, même si de nombreux politiciens en Europe semblent nier cette réalité, et cette chance.

Bien sûr, avec l’indépendance, la naissance des États-nations, une certaine forme de cosmopolitisme prenait fin sur la rive sud. Aujourd’hui, le cosmopolitisme se trouve davantage dans une ville comme Marseille, mais aussi à Bruxelles ou à Berlin. Et si l’on regarde les pyramides démographiques des deux rives méditerranéennes, on voit qu’elles sont complètement inversées. La question est : vont-elles s’emboîter ou y aura-t-il une dynamique de la confrontation ? Le monde méditerranéen comme espace intermédiaire constitue une chance, il est impossible de couper les deux côtés, de construire un mur au milieu de la mer.

Je reviens sur Camus qui écrit dans « L’Exil d’Hélène », paru dans le numéro Permanence de la Grèce des Cahiers du Sud : « D’une certaine manière, le sens de l’histoire de demain n’est pas celui qu’on croit. Il est dans la lutte entre la création et l’inquisition. Malgré le prix que coûteront aux artistes leurs mains vides, on peut espérer leur victoire. » Nous voilà de nouveau à cette idée d’une Méditerranée créatrice…

Oui, nous voilà en plein dedans, dans cette confrontation entre la création et l’inquisition. C’est fascinant de voir la réalité, la vivacité de cette lutte. La Méditerranée créatrice défend une traversée des frontières, elle s’oppose au fascisme sous toutes ses formes. C’est ce que l’exposition Le Noir et le Bleu s’efforce de montrer. D’une certaine manière, nous avons aujourd’hui les « mains vides » et il nous appartient de donner forme et sens à la vie, de façonner des œuvres. Soyons donc du côté de la création !
Ici au MuCEM, nous essayons de donner forme à une « politique de l’esprit qui ne vise pas à ordonner à des fins européennes le reste du monde », pour citer Paul Valéry, nous voulons poursuivre une vision non euro-centriste, montrer une histoire-monde en organisant de nombreux débats, de nombreuses conférences, expositions et rencontres, bien au-delà de Marseille 2013. Montrer l’effervescence de la scène artistique du monde méditerranéen. Et le public y répond favorablement. L’œuvre révèle une demande. Je pense que quand on parie sur l’intelligence on ne perd pas.

Dans un entretien, vous avez mentionné votre rêve de voir se constituer un « Bauhaus méditerranéen ». Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

C’est mon grand rêve à venir. Ce qui est fascinant dans le Bauhaus, c’est que ses artistes ont transformé notre mode de vie. C’est un vrai projet de transformation à travers l’architecture, le design et d’autres formes d’art qui rencontrent le quotidien. Or, l’une des forces du monde méditerranéen est ce que j’appelle un style de vie méditerranéen, qui n’est pas quelque chose de rétrospectif, de nostalgique, mais qui est tourné vers le XXIe siècle. Dans ce mode de vie, on peut mentionner le régime alimentaire. Je pense qu’il est fertile pour notre avenir. Remplacer le fast-food par le slow-food est un enjeu capital de santé publique.

L’accélération, la marchandisation de notre monde, la dévastation de la planète – il me semble que dans l’héritage méditerranéen il y a quelque chose de très fertile pour répondre à ces défis et tracer des limites. J’aimerais donner forme à ce que j’appelle une « Fabrique de la Méditerranée », c’est-à-dire penser un art d’habiter le monde.

Il est possible de créer un « propre » méditerranéen (qui ne soit pas un pur) fait de cette mixité, de cette énergie et de cette vitalité qui donnent à la Méditerranée du XXIe siècle un ou plusieurs visages, qui lui donne une forme de puissance symbolique lui permettant d’être reconnue à l’échelle internationale, et qui crée un style de vie. Inventons donc les formes de notre siècle.

Il y a dans la Méditerranée – ce qu’avaient d’ailleurs très bien entrevu Nietzsche et Camus – cet élément solaire, cette luminosité, ce gai savoir qui peuvent rendre la transformation de notre mode de vie désirable. Oui à un style de vie méditerranéen du XXIe siècle !

Je crois que l’avenir de l’Europe se joue en Méditerranée, pour le meilleur et pour le pire, d’ailleurs ! Et puis, il faut vivre avec des utopies. J’ai choisi, en ouverture de l’exposition Le Noir et le Bleu, cette magnifique citation de l’écrivain Wajdi Mouawad  :

« Il semble que ce soit là
Dans cette obstination à rêver ;
Que réside leur part d’intouchable ;
Dans cette obstination à rêver
Que chaque civilisation trouve sens et direction » Wajdi Mouawad 

Photo - Source : http://www.lit-across-frontiers.org/fr/transcript/thinking-the-mediterranean-of-both-shores/ Retour au sommaire

4.
La Méditerranée des deux rives avec L’Union pour la Méditerranée

Carte de l’organisation

  • Bleu : Membres de l’Union européenne
  • Beige : Autres membres
  • Vert : Membre suspendu
  • Rouge : Observateur
Région Afrique du Nord, Proche-Orient et Europe
Création 13 juillet 2008
Type Organisation intergouvernementale
Secrétariat Général Palais royal de Pedralbes, Barcelone (

Drapeau de l’Espagne Espagne)

Langue Anglais, arabe et français
Membres
[afficher] 43 pays
Secrétaire général Fathallah Sijilmassi (

Drapeau du Maroc Maroc)

Personnes clés Federica Mogherini, Nasser Judeh (en), José Manuel García-Margallo, Sameh Shoukry, Nicolas Sarkozy
UFMSecretariat.org [archive]

Photo - Le Siège de l’UpM

L’Union pour la Méditerranée (UpM) (en anglais : Union for the Mediterranean, UfM / en arabe : الاتحاد من أجل المتوسط) est une organisation intergouvernementale qui regroupe 43 pays sur la base d’une co-présidence paritaire entre les rives sud et nord de la mer Méditerranée : les 28 pays membres de l’Union européenne (UE), l’Algérie, les Balkans (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro), l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Mauritanie, Monaco, la Palestine, la Syrie, la Tunisie et la Turquie. Son Secrétariat Général se situe à Barcelone. L’UpM est fondée le 13 juillet 2008, lors du Sommet de Paris pour la Méditerranée. L’organisation est destinée à renforcer les acquis du Partenariat euro-méditerranéen (Euromed) mis en place en 1995 sous le nom de Processus de Barcelone.

L’UpM représente une enceinte de discussion des questions stratégiques régionales basée sur les principes de la co-appropriation, de la codécision et de la coresponsabilité partagée entre les deux rives de la Méditerranée. Son objectif principal consiste à aborder les trois priorités1 étroitement liées de la région : le développement humain, la stabilité et l’intégration à travers la coopération régionale, le dialogue et la mise en œuvre de projets concrets et des initiatives ayant un impact tangible sur les citoyens de la région, principalement la jeunesse. Pour cela, elle identifie et accompagne des projets d’intérêt régional à géométries variables, auxquels elle attribue son label par décision consensuelle des 43 pays.

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5.
L’Afrique du Nord et les pays du Maghreb par Manfred Overmann - Dimanche, 10 Janvier 2010 – Document Ecole Supérieure de Pédagogie de Ludwigsburg en Allemagne

Téléchargement word pour le fichier complet – Quelques extraits sont reproduits ici

AfriqueNord8.gif

Source : http://joseph.garnier.free.fr/apln/wp-content/uploads/fr_map_africa_northern_022.gif

Maghreb5_1.gifIntroduction – Géographie et organisation de l’espace

Traditionnellement la région du Maghreb désigne les trois pays d’Afrique du Nord-Ouest (le Maroc, l’Algérie et la Tunisie) appelés aussi Petit Maghreb. Elle regroupe les pays arabes du Maghreb central auquel il faut rattacher la Mauritanie et la Libye depuis la fondation de l’Union du Maghreb arabe (UMA) en 1989.

Pour désigner l’ensemble des pays du Grand Maghreb il faut y ajouter aussi le territoire contesté du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, situé entre le Maroc (qui l’a annexé en 1975 et en occupe 80% depuis 1979 malgré les revendications du Front Polisario pour la République arabe sahraouie démocratique) et la Mauritanie. Pour certains l’Egypte, située dans la partie orientale de l’Afrique du Nord, fait aussi partie des pays du Maghreb.. Selon la référence géo-politique et culturelle le nombre des pays nord-africains varie entre trois (le Petit Maghreb), six (le Grand Maghreb avec le Sahara occidental) voire sept si on y ajoute aussi l’Egypte dans l’extrémité orientale. Le Maghreb peut même comprendre une douzaine de pays lorsqu’on l’étend aux pays du Proche-Orient.

Géographiquement le Maghreb se trouve dans l’Ouest du monde arabe et musulman, dans le Nord de l’Afrique et à proximité de l’Europe. Il est situé entre la mer Méditerranée, le désert de Libye (voire la mer Rouge), le Sahara et l’océan Atlantique.

Il est à la fois arabe (à partir de la conquête du VIIe siècle), berbère (la population traditionnelle depuis la préhistoire), musulman (avec la conquête les arabes ont apporté avec eux leur religion, l’Islam), africain et méditerranéen. Quand on y ajoute les pays arabes francophones dans la partie orientale du Proche-Orient, il faut citer aussi l’Egypte, le Liban, la Syrie et Djibouti, bordé à l’est par la mer Rouge. Les arabes appelaient cette région la presqu’île du couchant (en Arabe ‏المغرب‎ al-maghrib, ce qui veut dire ’là où le soleil se couche’). Le mot Maghreb s’oppose au mot Machrek signifiant « Levant », là où le soleil se lève.

Les pays du Maghreb occupant le nord-ouest du continent africain présentent de grandes similitudes géographiques et connaissent aussi les mêmes contrastes topographiques : à une étroite plaine côtière se succèdent les chaînes de montagne du Tell en Algérie et de l’Atlas au Maroc, puis l’immense zone désertique qui couvre les cinq sixièmes de la superficie s’élevant à environ cinq millions de km². L’aridité s’accroît des plaines du littoral aux frontières du Sahara, la pluie n’étant abondante que dans les zones montagneuses.

Ce sont les plaines littorales de la Méditerranée en avant de l’Atlas où la population est la plus dense. La littoralisation du peuplement est très marquante par exemple en Algérie où 2% du territoire littoral regroupent plus de 40% de la population. En Mauritanie la population se concentre sur la bande méridionale des berges du fleuve Sénégal. L’urbanisation massive actuelle fait que les agglomérations de Casablanca, Alger et Tunis rassemblent plus de 10% de la population globale du Grand Maghreb. Plus en s’approche du sud moins le peuplement est important. La Mauritanie et la Libye présentent des densités particulièrement faibles, proches de 2 hab/km2, pour un maximum de 56 hab/km2 au Maroc.

La plupart des villes le long du littoral (Agadir, Casablanca, Rabat, Tanger, Oran, Alger, Tunis) ainsi que quelques autres villes comme Fès, Marrakech ou Constantine portent les traces de la civilisation arabo-musulmane et de la colonisation française. Ainsi la médina désigne le centre historique des villes arabes qui est entouré de remparts.

Traditionnellement, ses sociétés tournaient le dos à la mer et regardaient vers l’intérieur ou les montagnes étaient densément peuplées. Ce sont les colons phéniciens et romains, puis à partir du 19ème siècle les Français qui en mis en valeur les plaines littorales en s’installant sur les côtes pour intensifier les échanges commerciaux. A l’heure actuelle deux tiers des échanges commerciaux se font dans la direction de l’Europe.

Actuellement le Petit Maghreb compte environ 90 millions d’habitants contre 25 millions d’habitants dans les années 1960 et 1970. Si la population maghrébine de l’époque représentait à peu près la moitié de la population française, à l’heure actuelle la croissance démographique galopante a bien dépassé la France (90 millions contre 65 millions en 2012).

Ce document pédagogique se poursuit avec : Micro-tâches / Travaille en équipes de deux ou trois / Commentaires oraux / Elargissement du travail par une recherche internet.

La démographie au Maghreb – Voir à la source : La documentation française : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartes/demographie-et-peuplement/c000547-la-repartition-de-la-population-en-2004 - Questions internationales, Le Maghreb (n°10 novembre-décembre 2004).

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Source : La documentation française : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartes/ressources-petrole-hydrocarbures/c000539-les-hydrocarbures-au-maghreb-en-1998 - Source : Documentation photographique n° 8002, Le Maghreb (auteur : Marc Côte)

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Source : http://aurelienloriau.free.fr/cinqui%E8me/geo/maghreb/images/schema.jpg

Travail pédagogique complet sur le site http://www.portail-du-fle.info/index.php?option=com_content&view=article&id=62&Itemid=148

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6.

Tout savoir (ou presque) sur le Maghreb avec Wikipédia

Note du rédacteur : nous reproduisons à la suite des extraits de l’article, mais pour visionner les très nombreuses photos qui émaillent le texte et que nous avons dû effacer pour des raisons techniques, nous conseillons de se reporter à l’article d’origine

Le Maghreb (en arabe : المغرب العربي al-Maghrib al-Arabi, « le Couchant Arabe ») est une région située en Afrique du Nord, partie occidentale du monde arabe correspondant à l’espace culturel arabo-berbère, comprise entre la mer Méditerranée, le Sahel, l’océan Atlantique et l’Égypte.

Les premiers conquérants musulmans ont appelé Jazirat al-Maghrib (la forme fautive Djazirat el-Maghreb est parfois utilisée), c’est-à-dire « Île du Couchant », les pays isolés du reste du monde arabe à l’ouest du golfe de Syrte. Avec la colonisation française, le Maghreb au sens strict désignait le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Apparue dans les années 19501, la notion de « Grand Maghreb » se réfère à un espace qui inclut également la Mauritanie et la Libye, ainsi que le territoire contesté du Sahara occidental. Elle fait référence à un espace géographique, mais ce concept reste peu utilisé2. La région de Kidal au Mali et la région d’Agadez au Niger, peuplées principalement de Touaregs et de Maures, sont culturellement proches du reste du Maghreb. La limite orientale, elle, est plus floue : la Cyrénaïque, en Libye, reste fortement influencée par le Machrek3, tandis que Siwa est une oasis berbérophone en territoire égyptien. Le Maghreb occupe une superficie d’environ cinq millions de km2 partagés entre le bassin méditerranéen et le désert du Sahara, qui recouvre la majeure partie de son territoire : la population, d’environ 90 millions d’habitants, est de ce fait très inégalement répartie, et concentrée principalement sur les plaines littorales.

Le Maghreb, situé à la croisée du monde arabe et des civilisations méditerranéenne et africaine, forme depuis plus d’un millénaire une unité géographique caractérisée culturellement par la fusion d’éléments arabo-berbères4. Ses habitants, appelés Maghrébins, descendent principalement des Berbères qui ont pour la plupart été arabisés entre le VIIIe siècle et nos jours. Bien qu’éloignés l’un de l’autre par divers aspects, le Maghreb et le Machrek sont néanmoins liés par la langue arabe et la culture islamique. L’histoire contemporaine du Maghreb est marquée par les colonisations française, espagnole et italienne, mais aussi par sa proximité avec l’Europe de l’Ouest. Depuis 1989, une tentative de rapprochement politique et économique a été initiée avec la création de l’Union du Maghreb arabe.

Sommaire complet de l’article Wikipédia

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/7d/%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%BA%D8%B1%D8%A8_%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%B1%D8%A8%D9%8A.jpg/300px-%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%BA%D8%B1%D8%A8_%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%B1%D8%A8%D9%8A.jpg Le Maghreb arabe en Styles calligraphiques arabes المغرب العربي

Son nom provient de l’arabe al-Maġrib (المغرب) qui signifie « le Couchant » ou « l’Occident », en raison de la position occidentale de cette région par rapport au centre du califat islamique. Il s’oppose au Machrek (« Le Levant »), qui désigne l’Orient arabe s’étendant de l’Égypte à l’Irak et à la péninsule Arabique5,6. Les Arabes utilisèrent d’abord le nom de Jezirat Al-Maghrib, qui signifie « Île de l’Occident »6, mettant alors en avant la situation de la région apparemment isolée entre une mer et un désert. Al-Maghrib en arabe désigne aussi le Maroc ; toutefois, la langue distingue le terme Al-Maghrib Al-Araby (littéralement « Le Couchant arabe » mais souvent traduit par « Maghreb arabe ») de Al-Maghrib Al-Aqsa, qui signifie, pour désigner le Maroc « l’Occident lointain »6.

Certains Berbères, autochtones de la région, qui s’appellent eux-mêmes Imazighen (pluriel de Amazigh, signifiant « homme libre »), la désignent par le nom de Tamazgha (qui signifie « Terre des Hommes libres »). Ils contestent cette dernière appellation, au motif qu’elle n’est pas le nom originel de la région, mais une désignation par les Proche-Orientaux au moment de la conquête musulmane du Maghreb ; ils ne l’appellent pas non plus Barbarie, terme qui vient de sa désignation, à l’époque de la Renaissance, par les Italiens, les Français et les Espagnols.

Par le passé, cette région était connue sous le nom de « Libye », que l’on appelle aujourd’hui la Libye antique, ou encore Ifriqiya, qui a donné son nom à l’Afrique.

Au Moyen-Âge, le terme Maghreb désigne une partie de l’actuel Maghreb et comprend aussi le Maghreb Al Aqsa7. Le traducteur d’Ibn Khaldoun dit que le Maghreb Al Aqsa est l’actuel Maroc. Le Maghreb central serait l’actuelle Algérie (provinces d’Alger et d’Oran) et l’Ifriqiya (Tunisie actuelle, ainsi qu’une partie de la Libye qui comprend Tripoli ; sous les Hafsides, s’ajoutaient également les provinces des Zibans, de Constantine, de Béjaïa). Ibn Khaldoun remplace parfois Maghreb Aksa par Maghreb. Il donne ainsi Asfi (Safi) comme limite occidentale, et borne ce territoire par la chaîne de l’Atlas jusqu’à Agadir, situé entre la Moulouya, la mer, l’Atlas et la province de Souss.

Bien que la plupart des chroniqueurs et géographes de cette période fassent correspondre l’ensemble maghrébin à l’Afrique septentrionale, comprenant parfois l’Égypte et la Cyrénaïque, le géographe arabe Al-Maqdisi comprend par Maghreb, l’Afrique du Nord, l’Espagne et la Sicile8.

La dimension géopolitique du terme et ses représentations amènent, elles, une approche différente du terme. Ainsi, le terme « Maghreb », en désignant le territoire composé de l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, est entendu dans une « acception restreinte »5, voire une « acception française », selon la géographe Karine Bennafla6. Celle-ci relève par ailleurs, comme d’autres auteurs, que son usage est le fait des nationalistes arabes dans le but de promouvoir cet ensemble géographique, alors que les « autorités coloniales parlaient [elles] d’Afrique du Nord » pour le désigner6,8. On trouve aussi d’autres usages au cours de la période coloniale, avec « Afrique septentrionale, Berbérie », ce qui permettait de distinguer cet ensemble du monde arabo-musulman, pour mieux l’assimiler8. Cet usage se fait à partir de 1956, dans le contexte de la crise de Suez9.

L’usage de l’épithète « arabe » dans le syntagme « Maghreb arabe » n’est attesté, selon Rabah Kahlouche de l’université de Tizi-Ouzou, qu’à partir de la fin des années 1940, et dans quelques rares écrits8 : ainsi en 1947, au Caire, est fondé notamment le « Comité de Libération du Maghreb Arabe », à partir de sept partis nationalistes originaires des trois pays d’Afrique du Nord10. Il réapparait de manière plus affirmée en 1989, avec la création de l’organisation régionale Union du Maghreb arabe (UMA), qui réunit les trois pays de l’Afrique du Nord — Maroc, Tunisie, Algérie — ainsi que la Libye et la Mauritanie8. Rabah Kahlouche parle ainsi de redondance dans l’emploi de ce terme, et l’analyse comme un « besoin de réaffirmer et d’insister sur l’identité arabe du nord de l’Afrique [...] chez les dirigeants maghrébins »8. Cette insistance pourrait ainsi être ainsi comme une réponse à l’ancienne qualification coloniale, mais aussi au régionalisme berbère8.

Histoire

Articles détaillés : Histoire du Maghreb, Conquête musulmane du Maghreb et Afrique espagnole.

Antiquité

Cette région qu’est l’Afrique du Nord est peuplée dès la Préhistoire par les Berbères qui développent une culture originale. Ils sont les premiers habitants de la région et sont considérés comme étant les ancêtres des nord-africains modernes, arabophones comme berbérophones11.

À partir du VIIIe siècle av. J.-C., les Phéniciens installent des comptoirs dont le plus prospère est Carthage. Au IIe siècle av. J.-C., les guerres puniques opposent les Carthaginois aux Romains qui prennent possession du territoire. À son apogée, l’Afrique romaine s’urbanise et se christianise. Cette Église d’Afrique, composée de Berbères en majorité chrétiens, a été au fondement du christianisme européen12.

Au Ve siècle, un peuple germanique de religion chrétienne et originaire de l’actuelle Pologne, les Vandales, traversent le détroit de Gibraltar et envahissent le Maghreb ; ils représentent environ 80 000 personnes13. Ils y fondent un royaume éphémère qui sera détruit au VIe siècle à la suite de la défaite vandale face aux armées du général Bélisaire14, qui réintègre ainsi l’Afrique du Nord dans l’Empire romain, alors représenté par la civilisation byzantine.

Ruines romaines de Timgad (Algérie) Voir illustration à la source

Bassin à mosaïques de l’ancienne cité romaine de Volubilis (Maroc) Voir illustration à la source

Ruines de Thuburbo Majus (Tunisie) Voir illustration à la source

Empires musulmans

Voir illustration à la source - Vue de la Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie. Première mosquée du Maghreb fondée en 670 par le général arabe Oqba Ibn Nafi, elle est reconstruite, dans sa forme actuelle, au IXe siècle sous le règne de la dynastie aghlabide.

À partir du VIIe siècle, Conquête musulmane du Maghreb, les arabo-musulmans envahissent une grande majorité du Maghreb, alors sous domination berbère, les armées romaines l’ayant occupé depuis la chute de Carthage plus d’un millénaire plus tôt. En 711, Tariq ibn Ziyad, Berbère converti à l’islam, commande les forces arabo-berbères qui traversent le détroit de Gibraltar et attaquent la péninsule ibérique, alors dominée par les Wisigoths, un peuple d’origine germanique. S’ensuivra une période fastueuse dans l’histoire de la péninsule, qui resta pendant plusieurs siècles une des régions les plus riches et les plus développées d’Europe dans tous les domaines, économique, scientifique, artistique, et technologique.

Après une période d’unité politique sous les Aghlabides (IXe siècle) autour de la ville de Kairouan, plusieurs dynasties se succèdent au Maghreb : les Fatimides, les Zirides, les Ifrenides, les Maghraouides, les Idrissides, les Rostémides, les Hammadides (XIe siècle). Après avoir détrôné les Almoravides au XIIe siècle, la dynastie des Almohades va réaliser l’unité politique de tout le Maghreb, leur État s’étendant de l’Ouest de la Libye au Maroc, et comprenant une grande partie de la péninsule Ibérique.

En 1236, les Hafsides, vassaux des Almohades, se déclarent indépendants et fondent une nouvelle dynastie à Tunis qui règne jusqu’en 1574. Le royaume de Tlemcen, fondé en 1282 est dirigé par la dynastie des Abdalwadides. À son apogée, cet État contrôle un territoire allant de l’Atlas à l’actuelle Tunisie au XVe siècle.

En 1553, le royaume passe sous la protection ottomane. Du XVIe au XIXe siècle, à l’exception du Maroc qui constitue l’Empire chérifien avec les Saadiens puis les Alaouites, toute la partie nord du Maghreb fait théoriquement partie de l’Empire ottoman, mais l’Algérie et la Tunisie, alors vassaux de la Sublime Porte, sont en fait des États quasi indépendants. C’est à cette époque que se fixent les limites des trois entités politiques actuelles et que les capitales s’installent sur le littoral.

Conquêtes almoravides (XIe siècle), au début de leur pénétration. Voir illustration à la source

Empire Almohade entre 1147 et 1269 (apr. J.-C.). Voir illustration à la source

Le Maghreb à l’époque de l’Empire almohade (1190). Voir illustration à la source

Colonisation européenne

En 1830, débute la colonisation française au Maghreb. Viennent l’invasion de l’Algérie, de la Tunisie, tous deux États vassaux de l’Empire ottoman, et enfin la conquête du Maroc en 1912.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Afrique du Nord voit s’affronter les Alliés et les puissances de l’Axe, . Le Maghreb est le théâtre de nombreuses interventions militaires, comme l’opération Torch. L’armée française sera alors reconstituée et les contingents alliés débarqueront en Italie en 1943. La ville d’Alger sera capitale provisoire proclamée de la France libre. Débutera en août 1944 le débarquement de Provence. Des centaines de milliers de Maghrébins prendront part à ces opérations.

Après 1945, les revendications indépendantistes se font donc jour et aboutissent à l’indépendance des trois pays, de façon presque simultanée, mais selon des modalités différentes. Dès 1956, la France négocie l’indépendance du Maroc et de la Tunisie. Mais c’est par la guerre, qui débute le 1er novembre 1954, que l’Algérie devient indépendante le 5 juillet 1962. Aujourd’hui, les gouvernements nord-africains sont très différents et doivent faire face aux oppositions démocratiques mais aussi arabo-islamistes.

Algérie Article détaillé : Algérie française.

Voir illustration à la source - Mosquée Ketchaoua reconstruite en 1794 sous le gouvernement de Hasan Pacha et transformée en cathédrale Saint-Philippe d’Alger de 1832 à 1962, date à laquelle elle est redevenue une mosquée

L’invasion française de l’Algérie en 1830 marqua le début de la période coloniale. Pendant plus de cent ans, l’Algérie est intégrée à la France. Dans les trois départements français d’Algérie, les populations « indigènes » restent astreintes à un statut inférieur. Se forment ainsi au sein de la société algérienne deux communautés : d’un côté les musulmans « indigènes », juridiquement inférieurs, et les colons, citoyens français (Pieds-Noirs). Ce qui exacerbait les tensions, et les revendications nationalistes algériennes, dont le point de paroxysme est atteint avec les manifestations d’Algériens de mai 1945, durement réprimées, dont l’estimation du nombre de victimes varie fortement selon les sources, et marquent le début de la guerre d’indépendance.

Libye

Article détaillé : Libye italienne.

Maroc

Article détaillé : Protectorat français du Maroc.

Le Maroc restera indépendant jusqu’en 1912, date à laquelle la France et l’Espagne, alors alliés, contraignent le sultan Moulay Abd al-Hafid d’accepter lui aussi un protectorat. Le pays allait donc être occupé par la France, tandis que l’Espagne, déjà présente dans le Sahara occidental, occuperait la partie de l’extrême nord du Maroc. En 1921, éclate la Guerre du Rif, menée par les résistants marocains qui sont dirigés par Abdelkrim al-Khattabi, alors en lutte contre l’occupation franco-espagnole de son pays. À la bataille d’Anoual, 16 000 soldats espagnols sont tués par les guérillas rifaines qui s’emparent de leur matériel militaire. L’Espagne, alors en pleine crise, demande l’aide de la France. Craignant pour la stabilité de ses colonies au Maghreb, celle-ci envoie plusieurs dizaines de milliers d’hommes pour soutenir les troupes espagnoles. Après la défaite des Marocains, un grand nombre de civils seront massacrés en guise de représailles, et ce, malgré les promesses de l’administration coloniale de ne pas s’en prendre aux populations civiles si le chef de la rébellion, Abdelkrim al-Khattabi, acceptait de se rendre aux autorités. Ce dernier sera ensuite exilé à La Réunion.

Sahara occidental

Article détaillé : Sahara occidental.

Mauritanie

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Tunisie

Article détaillé : Protectorat français de Tunisie.

Au XIXe siècle, les puissances européennes entrent en conflit pour le contrôle des territoires du Maghreb et du Moyen-Orient. La Tunisie est l’enjeu des rivalités entre la France et l’Italie. En 1881, l’armée française pénètre en Tunisie, alors en état d’extrême faiblesse, qui décide de ne pas opposer de résistance. Par le traité du Bardo, un protectorat est imposé à la Tunisie qui sera le second pays du Maghreb à être colonisé par la France. L’Italie acceptera finalement la mainmise française sur la Tunisie à la condition d’avoir le champ libre en Libye, un pays qu’elle convoite et dont elle s’emparera en 1911.

Géographie

Articles détaillés : Géographie de l’Algérie, Géographie de la Libye, Géographie de la Mauritanie, Géographie du Maroc et Géographie de la Tunisie.

Le Maghreb possède une superficie totale de plus de six millions de kilomètres carrés avec de fortes disparités d’un pays à l’autre15. Cette région est bordée au nord par la mer Méditerranée, à l’ouest par l’océan Atlantique et au sud par le désert du Sahara. Elle est traversée par la chaîne de l’Atlas sur plus de 2 000 kilomètres.

Le Maghreb subit un fort déséquilibre démographique et économique entre le littoral et l’intérieur des terres, particulièrement en Algérie où 90 % de la population se concentre au nord du pays, dans les montagnes et sur les plaines côtières. Cette région, la partie fertile du pays, représente près de trois fois la superficie de l’Angleterre. Le Sahara algérien quant à lui s’étend sur deux millions de kilomètres carrés. Ainsi, si la part du désert dans l’étendue des pays maghrébins est importante (84 % de la surface de l’Algérie et 40 % de la superficie de la Tunisie), ces pays disposent en revanche d’importantes terres fertiles et abritent de vastes forêts à l’image du massif de la Kroumirie.

Littoral

De Tobrouk à Agadir, le Maghreb possède une façade maritime qui s’étend sur près de cinq mille kilomètres en bordure de la mer Méditerranée, jusqu’à Tanger, et sur 700 km le long de l’océan Atlantique entre Tanger et Agadir. La côte devient ensuite désertique jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal, 1 500 km plus au sud16.

Les plaines littorales du Maghreb offrent les plus fortes densités humaines de la région et abritent les principales villes. C’est également sur les côtes qu’est pratiquée l’agriculture intensive, que s’est installée l’industrie en relation avec les ports et les infrastructures touristiques comme au Maroc et en Tunisie. Les côtes constituent une interface active avec l’Europe et reçoivent donc l’essentiel de ses investissements.

Le climat du littoral maghrébin est de type méditerranéen : il se caractérise par des hivers relativement doux et des étés secs et chauds. Il s’agit d’un atout pour attirer les touristes européens et permet aussi de cultiver des primeurs et des agrumes qui sont ensuite exportés vers l’Europe. Cependant, la sécheresse estivale pose des problèmes de gestion de l’eau et oppose des activités économiques différentes : l’industrie et l’agriculture, grandes consommatrices d’eau, se retrouvent alors en concurrence.

La région n’est pas épargnée par les séismes. Le séisme d’Agadir (Maroc) fait plus de 15 000 morts en 196017. Plus récemment, le 21 mai 2003, le séisme de Boumerdès (Algérie) provoqua la mort de 2 217 personnes alors que le séisme d’Al Hoceima (nord du Maroc) fit 629 morts18 et une centaine de blessées.

Vue de la baie d’Alger depuis l’ouest Voir illustration à la source

Vue sur la ville d’Agadir Voir illustration à la source

Vue sur la corniche de Monastir Voir illustration à la source

Relief

La chaîne de l’Atlas traverse le Maghreb d’est en ouest et forme une protection naturelle contre la progression du désert. Elle s’élève à plus de 4 000 m d’altitude — son point culminant est le djebel Toubkal au Maroc culminant à 4 167 m19 — et a longtemps servi de refuge aux populations berbères.

Aujourd’hui encore, les éleveurs et agriculteurs berbères vivent dans ces régions montagneuses en conservant leur identité culturelle20. Le climat y est plus froid en altitude et peut parfois être franchement rigoureux en hiver. Durant cette saison, les sommets de l’Atlas sont recouverts de neige.

Les principaux massifs montagneux de l’Atlas se structurent du sud-ouest vers le nord-est sont à découvrir dans articles spécialisés par massifs montagneux : Voir illustration à la source

Le djebel Toubkal dans le Haut Atlas, plus haut sommet d’Afrique du Nord, culminant à 4 167 m Voir illustration à la source

Vue sur le versant nord-ouest du Djurdjura Voir illustration à la source

Vue sur la montagne de Bou Remli à l’arrière plan près de la ville de Gafsa Voir illustration à la source

Désert

Le sud du Maghreb est occupé par le désert du Sahara dont la majeure partie est constituée de plaines rocailleuses, l’autre part étant constituée d’immenses dunes.

Les précipitations y sont faibles et la présence humaine inexistante ou discontinue. Certaines oasis jalonnent les pistes transsahariennes et la présence d’hydrocarbures (notamment en Algérie) ou de phosphates (notamment au Maroc, en Tunisie et au Sahara occidental) a permis l’apparition de quelques villes (El-Oued, Ghardaïa, Tamanghasset, Laâyoune, etc.).

L’irrigation, nécessaire à l’agriculture, est possible grâce à l’eau puisée dans les nappes phréatiques fossiles et dans les cours d’eau temporaires (appelés oueds).

Zone déserte près de Ouarzazate, Ouarzazate (sud du Maroc) Voir illustration à la source

Paysage du gouvernorat de Tataouine (sud de la Tunisie) Voir illustration à la source

Le cirque de moul n’ga dans la Tadrart, Parc culturel du Tassili (sud est Algérie) Voir illustration à la source

Tissu urbain

Le Maroc par sa géographie ouverte, est un pays de grandes villes, tandis que la Tunisie, de par son exigüité, un pays de petites villes[travail inédit ?], alors que l’Algérie privilégie l’émergence des villes moyennes21.

Classement des grandes villes du Maghreb par population22,23,24,25,26 :

Rang

Ville

Population (2008-2014 selon le pays27)

1

Drapeau : MarocCasablanca

3 359 818
2

Drapeau : AlgérieAlger

2 364 230
3

Drapeau : MarocFès

1 112 072
4

Drapeau : TunisieTunis

1 056 24728
5

Drapeau : MauritanieNouakchott

958 399
6

Drapeau : MarocTanger

947 952
7

Drapeau : LibyeTripoli

940 653
8

Drapeau : MarocMarrakech

928 850
9

Drapeau : MarocSalé

890 403
10

Drapeau : AlgérieOran

803 329
12

Drapeau : MarocRabat

577 827
13

Drapeau : MarocMeknès

520 428
14

Drapeau : MarocOujda

494 252

Classement des agglomérations du Maghreb les plus grandes :

Rang

Agglomération

Population (2015)

1

Drapeau : AlgérieAlger

7 796 92329
2

Drapeau : MarocCasablanca

4 270 75029
3

Drapeau : TunisieTunis

2 643 69529
4

Drapeau : MarocRabat

2 134 53329
5

Drapeau : AlgérieOran

1 343 89929
6

Drapeau : MarocMarrakech

1 330 46829
7

Drapeau : MarocFès

1 150 13129
8

Drapeau : MarocAgadir

1 141 71729
9

Drapeau : MarocTanger

1 065 60129
10

Drapeau : MauritanieNouakchott

1 012 23029
11

Drapeau : AlgérieConstantine

823 682
12

Drapeau : LibyeBenghazi

633 964 [réf. à confirmer]
13

Drapeau : TunisieSfax

615 430 [réf. à confirmer]

Maroc, Marrakech la ville rouge Voir illustration à la source

Algérie, Ville de Ghardaïa classée au patrimoine mondiale par l’UNESCO Voir illustration à la source

Maroc, Tanger vue de nuit Voir illustration à la source

Maroc, Rabat capitale du Maroc Voir illustration à la source

Tunis, capitale et première agglomération de Tunisie Voir illustration à la source

Alger, capitale de l’Algérie Voir illustration à la source

Oran, deuxième ville d’Algérie Voir illustration à la source

Constantine, troisième ville d’Algérie Voir illustration à la source

Sidi Bou Said banlieue nord de Tunis. Voir illustration à la source

Vue sur la vieille ville de Casablanca. Voir illustration à la source

Nouakchott capitale de la Mauritanie Voir illustration à la source

Tripoli, capitale de la Libye Voir illustration à la source

Tunisie, Sfax seconde ville du pays Voir illustration à la source

Économie - Articles détaillés : Économie de l’Algérie, Économie de la Libye, Économie du Maroc, Économie de la Mauritanie et Économie de la Tunisie.

Après la proclamation de l’indépendance des divers pays, les gouvernements respectifs optent pour la planification économique. Le PIB par habitant progresse mais l’économie du Maghreb doit faire face à de nouveaux défis30. Aujourd’hui, elle est confrontée à la mondialisation. Cela conduit les gouvernements à privatiser de larges secteurs de leurs économies. La crise affecte la croissance du PIB, augmente la dépendance alimentaire et favorise les émeutes à caractère social (comme les « émeutes du pain » tunisiennes en 1983-1984). Le développement économique a entraîné une transformation des paysages du littoral (stations touristiques, agriculture intensive et urbanisation accélérée)31. Face à la mondialisation, les pays du Maghreb ont tenté de timides rapprochements dans le cadre de l’Union du Maghreb arabe32 mais les réalisations communes apparaissent bien modestes en raison des différences politiques de ses membres.

Économie des pays du Maghreb
(estimations pour l’année 2012)
Pays Algérie Libye Maroc Mauritanie Tunisie
Chômage (en %) 9,0733 30 (est. 2004)34 9,8035 30 (est. 2008)36 18,8037
PIB (PPA) (en milliards $) 274,538 87,939 171,040 7,641 104,442
Taux de croissance (en %) 2,643 121,944 2,945 5.346 2,747
Nombre de travailleurs (en millions) 11,26048 1,87549 11,78050 1,318 (est. 2007)51 4,01452
Taux d’inflation (en %) 8,553 3,654 1,455 7,0 (est. 2011)56 5,957
Population sous le seuil de pauvreté 11,0658 14.0 9.8
Utilisation d’Internet (millions d’internautes)59 660 0.3 1261 0.07 3.5
Investissement Étranger (en milliards de dollars) 15,60 42.19 33.56
Exportation (en milliards de dollars) 52.03 14.49 16.11
Importations (en milliards de dollars) 38.5 34.19 20.02
1er et 2e Partenaires Commerciaux (Exportations)

Drapeau des États-Unis États-Unis

Drapeau de l’Italie Italie

Drapeau de l’Espagne Espagne

Drapeau de la France France62

Drapeau de la France France

Drapeau de l’Italie Italie

1er et 2e Partenaires Commerciaux (Importation)

Drapeau de la République populaire de Chine Chine

Drapeau de l’Italie Italie63

Drapeau de la France France

Drapeau de l’Espagne Espagne63

Drapeau de la France France

Drapeau de l’Italie Italie63

Sources : CIA World Factbook.

Secteur primaire

Port d’Essaouira Voir illustration à la source

L’agriculture au Maghreb a connu d’importantes mutations depuis les années 1970 : mécanisation, utilisation d’engrais et irrigation moderne ont entraîné une augmentation des productions agricoles. Le monde agricole n’échappe pourtant pas à la crise et l’essor des récoltes ne suit pas l’accroissement démographique.

Par son appartenance au bassin méditerranéen, les produits de l’agriculture maghrébine sont les céréales, l’élevage des ovins et des caprins, le maraîchage, les agrumes, la vigne, la pêche et l’huile d’olive. Le Maroc est aussi l’un des premiers exportateurs mondiaux de haschisch64,65. La région dispose en outre d’importantes ressources naturelles minières (phosphates et fer) et énergétiques (gaz naturel et pétrole). Les principaux gisements de pétrole en exploitation se trouvent en Algérie (Hassi Messaoud et In Amenas).

Secteur secondaire

L’industrialisation est un phénomène relativement récent dans la région (années 1970). L’intervention étatique a permis le développement d’usines alors que les investissements étrangers et la sous-traitance bénéficient aux régions littorales ouvertes vers l’extérieur. Les principaux secteurs de production sont l’agroalimentaire, les matériaux de construction (ciment et sidérurgie) surtout en Algérie, le textile et la pétrochimie.

Les grands centres industriels sont Alger, Arzew, Béjaïa, Annaba, Casablanca, Kénitra, Sfax, Bizerte, Tunis, Sousse, Gabès, Mohammédia et Tanger.

Une autoroute transmaghrébine de 3 210kilomètres est en cours de construction entre le littoral marocain et la Libye. Cette autoroute représente une chance sur le plan économique pour tous les pays qu’elle traverse66.

Secteur tertiaire

Hôtel djerbien de la chaîne El Mouradi Voir illustration à la source

Le climat, les paysages et le patrimoine culturel du Maghreb sont autant d’atouts pour le développement touristique de la région. De plus, le Maghreb bénéficie en outre de la proximité géographique avec l’Europe et de l’usage courant de la langue française : Marrakech ou Djerba sont ainsi à deux heures d’avion de Paris.

Toutefois, la pression touristique suscite une nécessité de préservation du patrimoine et une gestion raisonnée des ressources en eau. Le Maghreb doit aussi faire face au danger terroriste (attentat de la Ghriba en 2002, attentats du 16 mai 2003 à Casablanca et en 2011, ou attentats du 11 avril 2007 à Alger).

Le secteur commercial s’inscrit dans le cadre de la mondialisation des échanges qui profite avant tout aux villes du littoral tournées vers l’extérieur. Arzew, Béjaïa, Casablanca, Oran, Skikda, Skhira et Tanger Med sont les principaux ports industriels d’exportation vers l’Europe.

Démographie

Tableau général

Articles détaillés : Démographie de l’Algérie, Démographie de la Libye, Démographie du Maroc, Démographie de la Mauritanie et Démographie de la Tunisie.

Démographie des pays du Maghreb
Pays Algérie67 Libye68 Maroc69 Mauritanie70 Tunisie71
Population (en millions d’habitants, 2015)72 39,98 7 33,49 4 11,11
Taux de fécondité (2013) 2,78 2,09 2,17 4,15 2,01
Taux de migration nette (2013) -0,27 0 ‰ -3,67 ‰ -0,89 ‰ -1,78 ‰
Croissance démographique annuelle (2013) 1,92 % 2,01 % 1,05 % 2,32 % 0,97 %
Espérance de vie à la naissance, en années73 74,26 74,5 73,8 57,3 76,0
Population urbaine (en % de la population totale) 65 78 56 41 68,7
Densité (hab/km2) 15 3,67 77 3,11 63
Indice de développement humain (2013)74 0,71775 0,78476 0,61777 0,48778 0,72179
Analphabétisme (en % de la population totale)80 1881 17,4 3082 42,2 18,2
Sources : CIA World Factbook

Le Maghreb compte environ 90 millions d’habitants très inégalement répartis. Les plus fortes densités de population se rencontrent sur les plaines littorales de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée. C’est également au nord et à l’ouest de la région que se trouvent ses principales agglomérations (Alger, Casablanca, Rabat, Tunis-Cap Bon-Bizerte-Sahel, Fès, Marrakech, Tanger, Annaba, Constantine et Oran)83.

En trente ans, la population nord Africaine a été multipliée par deux. Toutefois, la croissance démographique tend à ralentir à cause de la baisse du taux de fécondité : elle s’explique par l’efficacité du planning familial, la scolarisation des filles et la modernisation des modes de vie. Quant au taux de natalité, il a baissé dans les trois pays mais la proportion de moins de 15 ans demeure élevée. Cela pose des problèmes de scolarisation que les gouvernements ont relevés avec plus ou moins de succès.

Par ailleurs, l’exode rural pousse les jeunes des montagnes et des campagnes à migrer dans les villes du littoral où les salaires sont plus élevés et les conditions de vie meilleures84. Au début du XXIe siècle, plus de la moitié des Maghrébins vivent en ville. Une partie d’entre eux tente ensuite sa chance en migrant vers Europe de l’Ouest.

Population

De jeunes algéroises dans le harem, Peinture d’Eugène Delacroix, Le Louvre, Paris, France Voir illustration à la source

Groupe de juifs tunisiens Voir illustration à la source

Selon Gilbert Meynier, la population Nord Africaine serait principalement berbère bien qu’officiellement elle est de majorité arabe85. En effet, si l’apport des arabes en Afrique du Nord n’est pas aussi important sur le plan démographique qu’il n’est déterminant sur les plans linguistiques, culturels et religieux, les Arabes arrivés à partir du VIIe siècle avec les invasions musulmanes, ont contribué à convertir à l’islam l’Afrique du nord après plusieurs années de guerre, malgré la résistance et les combats de la Kahena et Koceila. L’apport démographique arabe est beaucoup plus significatif à partir du XIe siècle, lorsque le pouvoir des chiites Fatimides envoya, dans le but de réprimer des dynasties berbères ayant proclamé leur indépendance, certaines tribus arabes telles que les Hilaliens et les Banu Sulaym.

Les estimations en termes de déplacement de population vont de 80 00086 à 200 00087 ou 250 00088. Selon Charles-André Julien, les actuelles populations arabophones, majoritaires au Maghreb, seraient en grande partie berbères89. Selon l’historien Gabriel Camps, les « invasions hilaliennes » ont été « d’un poids insignifiant sur le plan démographique, mais déterminant sur les plans culturel et socio-économique90. » De nos jours, l’arabe littéral est la langue officielle des pays du Maghreb, c’est-à-dire la langue des médias et de l’école. Les parlers arabes maghrébins demeurent fortement influencés par la langue berbère.

En l’absence de données statistiques réelles et de recensements linguistiques, nous ne pouvons que supposer à travers des estimations par rapport aux villes ou région connues comme étant berbèrophones, le nombre de locuteurs.

Dans ce contexte, seule une minorité de la population maghrébine — de l’ordre de 40 % au Maroc, 27,4 % en Algérie et de 7 à 15 % en Tunisie et en Libye91 — parle le berbère. Ces groupes conservent une identité qui leur est propre en particulier dans les montagnes de l’Atlas.

Par ailleurs, de petites communautés juives séfarades résident toujours au Maghreb. Il y aurait 7 000 juifs au Maroc et 2 000 en Tunisie, et auraient pratiquement disparu en Algérie sauf un nombre minuscule dans quelques grandes villes. Les Juifs ont une longue histoire en Afrique du Nord. Depuis les débuts de la diaspora israélite, que l’on peut dater de la destruction du second Temple par Titus en 70 de notre ère, il y a aurait eu trois grands pôles qui se sont ensuite avancés vers l’ouest : un en Égypte, un à Carthage et un autre en Cyrénaïque (Libye centrale). D’autres communautés se formèrent à travers l’Algérie, l’Espagne, le Maroc. Les tablettes en hébreu retrouvées en Libye et au Maroc attestent de la présence de Juifs issus de Judée. Une grande partie non négligeable de juifs maghrébins arriva lors de l’expulsion des juifs d’Espagne par les souverains catholiques, après la chute du royaume de Grenade qui marqua la fin de la Reconquista en 1492. Certains juifs européens sont arrivés à l’époque moderne avec la colonisation française92. Après les indépendances des trois pays, la plupart des juifs ont quitté le Maghreb pour Israël et l’Europe occidentale93.

Par ailleurs, plusieurs sources indiquent que plus d’un million d’Européens furent capturés comme esclaves entre 1530 et 178094,95 et que bon nombre d’entre eux firent souche au Maghreb par la suite. Ces chrétiens furent capturés pendant la période corsaire. Il s’agissait de guerres, exacerbées de part et d’autre par le fait religieux, mais surtout pour des raisons économiques et stratégiques, où l’esclavage était pratiqué par les deux camps96. Cet esclavagisme terrorisait les populations côtières du bassin méditerranéen. Ainsi, un grand nombre d’esclaves musulmans se trouvait à Malte, du fait des nombreuses prises effectuées par les galères de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui était en guerre perpétuelle contre les « infidèles » ou par des corsaires qui razziaient les côtes maghrébines et moyen-orientales pour en capturer les habitants97,98. De même, le corsaire Barberousse opérait, pour le Sultan, des razzias sur les côtes françaises. Il capturait des civils et négociait ensuite, par rançon, la libération de certains, de rang noble ou d’influence.

Génétique - Article détaillé : Maghrébins#génétique.

Les études anthropologiques et génétiques ont révélé la complexité du peuplement de l’Afrique du Nord. Selon Coudray, la proximité génétique entre le nord de l’Afrique et les populations sud-ouest européennes conduisent à l’hypothèse d’une origine commune entre ces populations. Deux hypothèses sont actuellement discutées. Cette origine commune pourrait dater du Paléolithique supérieur avec l’expansion d’Hommes anatomiquement modernes depuis le Proche-Orient et s’étendant le long des deux rives de la mer Méditerranée. Elle pourrait aussi avoir eu lieu au cours de la diffusion Néolithique depuis le Proche-Orient, il y a 10 000 ans av. J.-C.99.

Diaspora - Article détaillé : Diaspora maghrébine.

Pour des raisons historiques, les Maghrébins sont également largement représentés dans les populations issues de l’immigration dans certains pays européens (notamment en France et en Belgique) et de façon nettement moindre au Canada et aux États-Unis. Elle est la conséquence directe du fort taux d’émigration qu’a connu le Maghreb depuis la décolonisation ayant eu lieu entre 1956 pour la Tunisie et le Maroc, et1962 pour l’Algérie.

Dans les années 1960 et 1970, la conjoncture économique favorable qu’a connue la France a favorisé l’immigration, en particulier en provenance du Maghreb. En conséquence, les personnes d’origine maghrébine sur trois générations représentent 8,7 % de la population française des moins de 60 ans en 20111,2 et 16% des enfants nés en 2006-2008 ont au moins un grand-parent maghrébin3.

Selon l’historien Pierre Vermeren, il y a environ 15 millions de personnes d’origine maghrebine en Europe de l’ouest en 20164.

France

Selon une étude de l’Insee publiée en 2012, les personnes d’origine maghrébine sur deux générations uniquement (immigrés et leurs enfants) étaient un peu plus de 3,5 millions en 2008 5,7 % de la population métropolitaine en 2008 (alors de 62,5 millions)100. 16 % des nouveau-nés en France métropolitaine entre 2006 et 2008 ont au moins un grand-parent né au Maghreb101. Toutes générations confondues, selon une étude publiée en 2004 de l’Institut Montaigne, un think tank d’obédience libérale, il y a en France, en 2004, environ 5 à 6 millions de personnes d’origine maghrébine ; 3.5 millions ont la nationalité française dont 500 000 harkis. Environ 400 000 enfants seraient nés d’un couple mixte dont un des parents est maghrébin. Cette estimation est basé sur le recensement de 1999102,103,104. La démographe Michèle Tribalat, a de son coté estimé cette même population à 3 millions de personnes en 1999 à partir des mêmes données ainsi que d’une enquête complémentaire105.

D’après une estimation de Michèle Tribalat en 2009, les personnes d’origine maghrébine sur 3 générations (immigrés, enfants et petits-enfants d’immigrés) étaient environ 3,5 millions en 2005 soit environ 5,8 % de la population métropolitaine en 2005 (60,7 millions)106,107. En 2015, Michèle Tribalat, dans une nouvelle estimation des populations d’origine étrangère en 2011108, estime à au moins 4,6 millions le nombre de personnes d’origine maghrébine sur trois générations en 2011 selon la répartition suivante109 :

Pays d’origine (milliers)

Immigrés (tous âges confondus)

1re génération née en France (tous âges confondus)

2e génération née en France (moins de 60 ans uniquement)

Total

Algérie 737 1 170 563 2 470
Maroc 679 698 130 1 507
Tunisie 246 280 129 655
Total Maghreb 1 662 2 148 821 4 631

Note : pour la 2e génération née en France, seules les personnes âgées de moins de 60 ans sont prises en compte.

Par ailleurs, selon cette même étude de Michèle Tribalat, les personnes d’origine maghrébine sur trois générations représentent 8,7 % de la population française des moins de 60 ans en 2011108. Toujours selon Michèle Tribalat, en 2005, près de 7 % des jeunes de moins de 18 ans en métropole sont d’origine maghrébine (au moins un parent). En Île-de-France, la proportion est d’environ 12 %. C’est dans les départements de Seine-Saint-Denis (22 %), du Val-de-Marne (13,2 %) et du Val-d’Oise (13 %) et de Paris (12,1 %) que l’on trouve les plus fortes proportions. Au niveau des grandes villes, 21 % des jeunes de moins de 18 ans à Perpignan sont d’origine maghrébine et près de 40 % dans les trois premiers arrondissements de Marseille110,63.

2005 (en % des jeunes de moins de 18 ans)

Seine-Saint-Denis

Val-de-Marne

Val-d’Oise

Paris

France

Total Maghreb 22,0 % 13,2 % 13,0 % 12,1 % 6,9 %

Culture - Articles détaillés : Cuisine des pays du Maghreb et Musique arabo-andalouse.

Le Medracen, tombeau Numide (-300 av. J.-C.), Batna, Algérie Voir illustration à la source

Le Maghreb appartient au bassin méditerranéen et au monde arabo-musulman. Sa culture est donc issue d’un mélange d’influences diverses. Englobé dans la République romaine puis l’Empire romain, du IIe siècle av. J.-C. au Ve siècle, le Maghreb conserve de cette période le même type de vestiges que dans le reste du bassin méditerranéen : temples romains (Dougga), théâtres romains (Timgad), amphithéâtres (Thysdrus), arcs de triomphe (Volubilis), thermes (Carthage) et mosaïques (Musée du Bardo à Tunis).

Au Moyen Âge, les Arabes du Moyen-Orient imposent progressivement leur langue et leur religion qui imprègnent de nombreux domaines de la vie sociale. La civilisation islamique contribue au renouveau du paysage urbain (mosquées, souks, hammams, médinas et Casbahs) dans un contexte de fondation de villes nouvelles (comme Kairouan en 670, Fès en 809 ou Oran au Xe siècle).

Toutefois, l’arabisation du Maghreb se heurte aux résistances des populations berbères qui tentent de préserver leur identité. Ainsi, le printemps berbère de 1980 permet l’expression de demandes d’officialisation du berbère en Kabylie puis d’autres régions d’Algérie (Aurès, Mzab, etc.). Finalement, le gouvernement algérien reconnaîtra le berbère comme une langue nationale mais refusera son officialisation, ce qui contribue à maintenir la tension sur la question linguistique et identitaire en Algérie.

Aux XIXe et XXe siècles, la colonisation française réintroduit le christianisme — déjà présent durant l’Antiquité et dont saint Augustin était une grande figure — construit une cathédrale (d’abord à Constantine en 1838), des bâtiments officiels, des infrastructures de transport modernes, etc. Toutefois, la domination européenne a fortement troublé la société maghrébine en apportant la modernité et les valeurs occidentales et s’est soldée par le rejet de cette influence au travers du nationalisme puis de l’islamisme.

Aujourd’hui, le français reste utilisé dans les affaires et l’enseignement et une grande partie des Maghrébins ont accès à la culture occidentale, notamment grâce aux émissions télévisées captées par les paraboles. Mais les mouvements culturels locaux expérimentent de plus en plus des formes d’expression jadis réprimées par les régimes nés de l’indépendance, notamment dans les domaines de la musique, de la danse et des arts visuels. L’anglais et utilisé en Libye dans les affaires et l’enseignement.

Bab El-Khemis, Meknes, Maroc Voir illustration à la source

Grande Mosquée de Kairouan, la plus ancienne du Maghreb, Kairouan, Tunisie Voir illustration à la source

La Transmaghrébine

La Transmaghrébine est une autoroute maghrébine qui doit traverser la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Libye et la Tunisie. Elle est composée d’un axe atlantique de Nouakchott à Rabat et d’un axe méditerranéen de Rabat à Tripoli passant par Alger et Tunis. La première portion située le long de l’océan Atlantique (axe Nord-Sud) débutera à Nouakchott (Mauritanie) pour rallier le réseau autoroutier marocain en passant par Agadir, Marrakech, Settat, Casablanca et Rabat. Cette dernière constitue le point d’orgue entre les axes Nord-Sud et Est-Ouest maghrébins (appelé également axe méditerranéen). Ce dernier prenant naissance à Rabat traversera Meknès, Fès, Taza jusqu’à la ville d’Oujda, située sur la frontière maroco-algérienne. La portion algérienne reliera les principales villes côtières au départ de la frontière marocaine. Elle traversera Tlemcen, Oran et Chlef à l’ouest, Alger, Sétif, Constantine jusqu’à Annaba, à l’est, et rejoindra ainsi la frontière tunisienne. La portion tunisienne traversera Jendouba, Béja, Tunis, Hammamet, Sousse,Monastir, Mahdia, Sfax, Gabès et Medenine pour arriver à Ras Jedir (à la frontière tuniso-libyenne). La dernière portion de la Transmaghrébine se terminera par l’autoroute libyenne qui reliera la frontière tuniso-libyenne à Tripoli pour traverser Benghazi jusqu’à Tobrouk. À court terme, il est prévu que ce projet reliera la ville d’Agadir (Maroc) à la ville de Sfax (Tunisie). La fin des travaux est prévu pour 2011. Cette autoroute sera d’une longueur supérieure à 2 500 kilomètres. Pour l’instant et faute de financement, le réseau mauritanien semble très en retard sur celui de ses voisins maghrébins.

Au Maroc, l’autoroute est déjà opérationnelle entre Agadir-Marrakech-Casablanca-Rabat-Fès-Oujda.Oujda est située à la frontière algéro-marocaine. En Algérie, l’axe autoroutier est-ouest est totalement fini, il est donc totalement opérationnel depuis août 2010.

En Tunisie, le tronçon Oued Zarga-Tunis-Sousse-Sfax de 310 km étant déjà opérationnel, la future réalisation de la partie reliant la frontière algérienne à Oued Zarga (Tunisie), longue de 140 km, pourrait assurer la continuité du tracé Agadir-Sfax via Rabat, Alger et Tunis, capitales des trois principaux pays maghrébins. L’absence de financement et la conjoncture économique actuelle sont les causes du retard du démarrage des travaux de cette partie tunisienne restante.

Par son tracé, la Transmaghrébine dessert 55 villes d’une population totale de plus de 50 millions d’habitants (des 89 millions de Maghrébins), 22 aéroports internationaux, les principaux ports, les terminaux ferroviaires, les principales universités, les plus grands hôpitaux et polycliniques ainsi que les principales zones industrielles et touristiques.

Ainsi, cette autoroute constituera le nerf essentiel pour l’économie de la région permettant d’intensifier les échanges intermaghrébins dans tous les domaines, de relier l’Europe au Maghreb (grâce au tronçon autoroutier déjà existant entre Rabat et Tanger) et de faciliter les transports routiers et les échanges commerciaux entre les rives nord et sud de la Méditerranée.

Il nécessitera la réouverture de la frontière terrestre séparant le Maroc et l’Algérie.

Autoroute marocaine A3 reliant Casablanca à Rabat Voir illustration à la source

Autoroute algérienne Est-Ouest relient l’Algérie(frontière Tunisienne_Annaba_ au frontière Marocaine_Tlemcen_) sur 1 216 km Voir illustration à la source

Autoroute tunisienne A3 reliant Tunis à Béja Voir illustration à la source

Relations du Maghreb avec l’Europe

Al-Andalus (الأندلس en arabe) (l’Andalousie en français) est le terme qui désigne l’ensemble des terres de la péninsule Ibérique et de la Septimanie qui furent temporairement sous domination musulmane au Moyen Âge (711-1492).

La conquête du pays par les musulmans fut aussi rapide qu’imprévue et correspondit avec l’essor du monde musulman. Al-Andalus devint alors un foyer de haute culture au sein de l’Europe médiévale, attirant un grand nombre de savants et d’où a résulté une période de riche épanouissement culturel[réf. nécessaire].

Le détroit de Gibraltar, large de 14 km, est à la jointure des deux continents. Le détroit de Sicile est plus étendu (environ 100 km) et constitue également une voie d’accès maritime. De ce fait, les relations économiques entre le Maghreb et l’Europe sont anciennes. Dès l’Antiquité, la Maurétanie envoie des denrées méditerranéennes (olives, blé, vin, etc.) ou de l’Afrique subsaharienne (or, ivoire, esclaves, etc).

Avec la colonisation européenne au XIXe siècle, elles se doublent d’échanges humains. Un grand nombre d’Européens s’installe au Maghreb, apportant avec eux leur langue et leur religion. Toutefois, au terme de la guerre d’Algérie (1954-1962), les Pieds-Noirs et d’autres populations, européennes pour la plupart, sont contraints par les évènements de migrer vers la France.

Au début du XXIe siècle, environ 70 % du commerce extérieur du Maghreb est réalisé avec l’Union européenne. Les échanges concernent les matières premières et les minerais (exportations d’hydrocarbures et de phosphates) mais aussi les productions agricoles (agrumes et primeurs) mais aussi du textile ou encore des produits finis comme dernièrement des voitures (Logan). Les pays du Maghreb importent essentiellement des produits industriels et agricoles (céréales et lait). Depuis quelques années, des entreprises européennes délocalisent leurs unités au Maghreb pour profiter du faible coût de la main d’œuvre, ce qui est encouragé par la signature d’accords bilatéraux de libre-échange notamment dans le cas tunisien.

Enfin, les flux migratoires demeurent importants entre le Maghreb et l’Europe111,112. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un certain nombre de Maghrébins ont quitté leurs pays pour travailler en Europe. La France, en raison des liens historiques et culturels qu’elle entretient avec le Maghreb, reste la première destination des migrations économiques. Depuis 1974, l’immigration légale est fortement restreinte par les gouvernements européens[réf. nécessaire]. Le Maghreb est dès lors le point de départ d’une immigration clandestine qui passe par le détroit de Gibraltar, par les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, ainsi que par le détroit de Sicile et l’île italienne de Lampedusa113.

Tanger, vue du détroit de Gibraltar Voir illustration à la source

L’espace aérien algérois de plus en plus important, Algérie Voir illustration à la source

Vue sur les côtes marocaines depuis l’Espagne Voir illustration à la source

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L’article complet avec toutes les photos, les références et la bibliographie sont à consulter sur le site suivant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maghreb

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7.
Une Union du Maghreb arabe (UMA) en sommeil

L’Union du Maghreb arabe (UMA) (arabe : اتحاد المغرب العربي) désigne l’organisation économique et politique formée par les cinq pays dits du « Maghreb arabe » — à savoir l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Tunisie ainsi que la Mauritanie — et dont le siège du secrétariat général est situé au Maroc, à Rabat. La population totale des cinq États membres s’élèvait à 90 344 000 habitants en 2012.

Créée en février 1989, selon le discours officiel : « l’Union du Maghreb arabe est aujourd’hui, à l’évidence, une réalisation géostratégique importante »1. Dans les faits, elle n’a que peu d’influence sur la politique de ses États membres. Le Conseil des chefs d’État ne s’est plus réuni depuis 1994, et l’UMA reste prisonnière des différends entre chacun des pays2, dont le conflit du Sahara occidental, en dépit de la création de l’Union pour la Méditerranée.

Article complet sur le site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_du_Maghreb_arabe

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8.
Aperçu des territoires du Machrek ou Orient arabe

Le Machrek (ou Machreq, Mashreq ; en arabe : مشرق) désigne l’Orient arabe, dont les limites géographiques varient considérablement selon les sources, les sensibilités ou les théories. Le Mashreq est parfois réduit à l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie et la région de Palestine tandis que dans son acception la plus large, il s’oppose au Maghreb et désigne l’ensemble du monde arabe non soumis à des influences arabo-berbères.

Sommaire

Le Machrek peut d’abord être défini par rapport au Maghreb. Machreq signifie en effet Levant, par opposition à Maghreb qui veut dire Couchant1. Le Maghreb désigne aujourd’hui un ensemble septentrional de l’Afrique, qui correspond aussi à la partie occidentale du monde arabe, entre le Maroc (dont le nom arabe a longtemps été Al Maghrib Al Aqsa, ou le couchant extrême, désormais abrégé en Al Maghrib) et la Tripolitaine (en Libye), en passant par l’Algérie et la Tunisie, voire par la Mauritanie. Quand la péninsule ibérique était sous souveraineté arabe, elle était aussi incluse dans l’appellation Maghreb, de même que Malte et la Sicile.

Géographie

Dans son acception étroite et géographique, le Machrek ne comprend que les territoires des États qui n’appartiennent ni au Maghreb, ni à la péninsule Arabique, c’est-à-dire l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie et la Palestine (comprise entre le Jourdain et le nord du Sinaï). Plusieurs chercheurs classent le Koweït dans la péninsule Arabique2, d’autres le classent dans le Machrek.

La présence de l’Égypte dans cet ensemble, voire du nord du Soudan, font débat. Dans son acception géographique la plus large, le Machrek regroupe l’ensemble des États arabes hors Maghreb, y compris donc les États de la péninsule, avec là encore une incertitude sur l’appartenance ou non à cet ensemble de la Libye. La Cyrénaïque libyenne est considérée comme plus influencée par le Machrek là où les régions du Fezzan et de la Tripolitaine seraient plus largement influencées par le Maghreb. La Libye fait partie de l’Union du Maghreb arabe ce qui est aussi une indication sur son identité.

Histoire

Au cours de l’expansion arabe au VIIe siècle, le Machrek a constitué le siège du califat des Omeyyades. D’abord située à Damas, dans l’actuelle Syrie, la capitale a ensuite été relocalisée à Bagdad en Irak. Aux siècles suivants la région fut dominée par les dynasties turques, et notamment l’Empire ottoman, de 1517 à 1918, jusqu’à la mise sous mandat par diverses nations européennes, et sous l’égide de la Société des Nations3. L’Irak mandataire, la Palestine, la Transjordanie et la Syrie mandataire restèrent sous influence étrangère jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, où les dirigeants politiques arabes commencèrent à lutter pour l’indépendance.

Notes et références

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Machrek, sur le Wiktionnaire
    Articles connexes

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9.
L’irrigation du Moyen-Orient par Moha Ennaji professeur à l’Université de Fès

L’irrigation du Moyen-Orient - Par Moha Ennaji Président du Centre Sud Nord pour le dialogue interculturel et les Etudes sur les migrations et professeur des études culturelles à l’Université de Fès - Lundi 19 Septembre 2016 – Document ‘Libération Maroc’- Photo.

[D’après Wikipédia, « Moha Ennaji(موحى الناجي ) ; né le 1er janvier 1953 est un linguiste marocain, auteur, critique politique et militant de la société civile. Il est professeur à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah à Fès au département de langue et littérature anglaises, où il a travaillé pendant plus de 30 ans. Il est également professeur visiteur à Rutgers University et à Mansfield University (en), États-Unis. En plus de ses publications en linguistique, il a écrit dans les domaines de l’éducation, la migration, la culture et le genre, et il est l’auteur ou l’éditeur de plus de 20 livres. Le Middle East Institute considère Ennaji comme l’un des principaux chercheurs d’Afrique du Nord dont les intérêts de recherche sont nombreux et variés. Ses plus récentes publications sont : Multilinguisme, Identité Culturelle et Éducation au Maroc (Springer, New York, 2005) , Langue et genre dans la région méditerranéenne, IJSL numéro 190, éditeur (La Haye, 2008) , Migration et Genre au Maroc, co-auteur (Red Sea Press, 2008), Les femmes écrivent l’Afrique, la région du Nord, co-édité (The Feminist Press , 2009). Femmes au Moyen-Orient, co-édité (Routledge, 2010), Genre et violence au Moyen-Orient (Routledge , 2011) . Moha Ennaji est Président du Centre Nord-Sud pour le dialogue interculturel et président fondateur de l’Institut international des langues et cultures à Fès, au Maroc. Depuis les années 1980, Ennaji milite pour la renaissance de la langue berbère (amazighe) au Maroc et pour la protection des droits humains, en particulier les droits des femmes au Moyen-Orient et Afrique . [8] Son travail a influencé des domaines tels que l’arabe et linguistique berbère, la sociologie du langage et les droits des femmes. Ses parents étaient tous deux musulmans modérés berbérophones . Lui et ses sept frères et sœurs ont tous été élevé dans la tradition berbère musulmane, mais ils ont fréquenté l’école française bilingue moderne à Beni-Mellal . Quand les enfants plus âgés atteignirent l’âge scolaire, leurs parents décidèrent de quitter leur village Timoulilt pour s’installer dans la ville voisine de Béni-Mellal afin de poursuivre leur scolarité, au collège et au lycée. Le père de Ennaji a insisté pour que ses filles, reçoivent une bonne éducation aussi bien que les garçons…] Article complet sur le site suivant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Moha_Ennaji ].

Le Rapport mondial sur le développement de l’eau des Nations unies ne fait confirmer ce que l’on savait déjà : des centaines de milliers de personnes de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), en particulier en Algérie, en Jordanie, en Libye, au Maroc, en Palestine, au Soudan, en Syrie et au Yémen, sont confrontées en 2016 aux pires pénuries d’eau depuis plusieurs décennies. C’est la dernière chose dont cette région avait besoin, à l’heure où elle vise la croissance et la diversification économique.

Plusieurs facteurs ont contribué à la situation actuelle, notamment le changement climatique, la désertification, la pollution de l’eau et une mauvaise utilisation des ressources naturelles. Des insuffisances en matière de communication, d’éducation et d’information ne font qu’aggraver bon nombre de ces défis. Ces insuffisances viennent renforcer le manque de sensibilisation, sans parler de l’engagement, dans des pratiques respectueuses de l’environnement. Ajoutez à cela une réduction insuffisante des risques de catastrophes et la mauvaise gestion par les gouvernements (dont beaucoup sont mobilisés par d’autres conflits et d’autres crises) et la situation qui en résulte est vraiment désespérée.

L’Algérie, par exemple, connaît sa pire sécheresse depuis cinquante ans. Comme une grande partie de l’agriculture du pays dépend essentiellement des précipitations, en raison d’infrastructures insuffisantes, les rendements en céréales sont en baisse de 40 % cette année. Malgré ses importantes ressources en pétrole et en gaz, l’Algérie n’a pas réussi à s’assurer des ressources suffisantes en eau à bas prix pour sa population, sans parler d’offres d’emploi adaptées. Par conséquent, le pays est maintenant en proie à des manifestations populaires.

La Libye fait face à une instabilité encore plus grande, qui est le fruit de plusieurs années de conflit interne. Les coupures d’électricité et la pénurie de carburant qui en résultent ont mis à mal la distribution d’eau dans le pays. L’été dernier, l’ONU a dû se procurer quelque cinq millions de litres d’eau en provenance des pays voisins pour répondre aux besoins du pays.

En Jordanie, les pénuries d’eau se produisent à une fréquence dévastatrice, en particulier dans les grandes villes comme Amman. On estime que la Jordanie dispose de suffisamment de réserves d’eau pour subvenir aux besoins de deux millions de personnes. Pourtant, sa population excède les six millions, sans compter les 1,5 million de réfugiés syriens qui résident actuellement dans le pays. En période de pénurie, les réfugiés sont susceptibles d’être parmi les premiers à en ressentir les effets. Les approvisionnements en eau dans les nombreux camps de réfugiés, en Jordanie et au Liban, ont été réduits au minimum : une décision qui touche des millions de personnes qui supportent déjà des températures caniculaires. A Rukban, un camp de réfugiés sur la frontière commune de la Jordanie avec la Syrie et l’Irak, plus de 85 500 résidents reçoivent chacun à peine cinq litres par jour pour cuisiner, boire et se laver.

La situation au Yémen est tout aussi sombre. Dévasté par la violence sectaire et la guerre civile, le pays n’a pas de gouvernement en exercice pour gérer les ressources en eau. La capitale Sanaa risque de se tarir d’ici dix ans. Et alors que la moitié de la population du Yémen n’a pas accès à l’eau potable, les conditions de vie sont mauvaises et les maladies se propagent. Les Nations unies estiment que 14 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de malnutrition et de diarrhée. Pendant ce temps, les agriculteurs doivent toujours forer de plus en plus profond pour trouver de l’eau (certains puits ont jusqu’à 500 mètres de profondeur), sans la moindre réglementation.
Une intervention efficace des pouvoirs publics peut sembler très lointaine au Yémen, mais elle est possible (à vrai dire, impérative), dans d’autres pays de la région MENA. Tout d’abord, les gouvernements nationaux doivent s’employer à moderniser les pratiques agricoles, notamment par la formation des agriculteurs et par l’introduction d’outils d’irrigation plus efficaces. La réduction de la dépendance des agriculteurs par rapport aux précipitations est essentielle.

Certains pays (à savoir, le Maroc et la Jordanie), ont déjà pris des mesures importantes dans ce sens. Le gouvernement du Maroc en particulier a fait des efforts considérables pour développer ses ressources en eau, notamment en construisant des barrages.
Mais il reste encore beaucoup à faire. L’efficacité dans la distribution d’eau au Maroc reste faible : seulement 60 % pour l’irrigation. Pour un pays qui a connu plus de 20 sécheresses en 35 ans, c’est un problème grave. La bonne nouvelle, c’est que la Banque africaine de développement a récemment approuvé un prêt de plus de 88 millions d’euros (98,7 millions de dollars), pour financer un projet visant à améliorer la qualité de la distribution de l’eau.

Cela montre un aspect essentiel de ce problème : aucun pays ne peut s’en sortir seul. La coopération régionale et internationale est absolument nécessaire. Les pays de la région MENA doivent se soutenir mutuellement dans la mise en œuvre de programmes inspirés par un modèle qui a porté ses fruits ailleurs.

Par ailleurs, des investissements supplémentaires (financés par des ressources nationales et internationales), doivent être alloués à la réparation des infrastructures anciennes de gestion de l’eau, ainsi qu’à de nouveaux projets : des barrages et des réservoirs d’eau bien conçus. Des efforts plus importants doivent en outre être déployés pour préserver les ressources en eau existantes.

Ici, le public a un rôle important à jouer. Mais les citoyens doivent d’abord être informés non seulement sur une manière plus judicieuse d’utiliser l’eau, mais également sur la manière de se protéger contre les risques de catastrophes liées au climat.

Pour le secteur privé et les ONG, une mise à niveau de gestion de l’eau dans la région MENA présente une opportunité majeure d’investissements dans les services d’alimentation en eau et dans les technologies connexes. Le marché régional pour une amélioration des installations sanitaires et pour les services de gestion de l’eau est estimé à plus de 200 milliards de dollars. Les projets visant à répondre à cette demande sont un investissement judicieux.

Mais il appartient aux gouvernements de prendre les premières mesures. S’ils ne prennent pas des mesures pour préserver les réserves d’eau et normaliser leurs approvisionnements, les populations les plus exposées continueront à souffrir : une situation qui peut facilement conduire à des troubles, voire pire encore. En effet, si rien n’est fait pour répondre aux défis de l’eau que connaît la région MENA, ces défis risquent de déclencher les prochaines guerres.

Lors de la prochaine réunion de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra au Maroc en novembre, l’eau devrait être en tête de l’ordre du jour. Étant donné que plus de 80 % des contributions nationales pour la lutte contre le changement climatique des pays de l’hémisphère Sud portent sur les défis de l’eau, une action coordonnée des gouvernements et des acteurs internationaux ne saurait être différée davantage.

Par Moha Ennaji Président du Centre Sud Nord pour le dialogue interculturel et les Etudes sur les migrations et professeur des études culturelles à l’Université de Fès

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Source : http://www.libe.ma/L-irrigation-du-Moyen-Orient_a78710.html

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10.
MENA (Middle East & North Africa) Moyen-Orient & Afrique du Nord

MENA est l’acronyme de « Middle East and North Africa » (littéralement, « Moyen-Orient et Afrique du Nord ») régulièrement utilisé dans les écrits académiques et d’affaires. Il désigne une grande région, depuis le Maroc au nord-ouest de l’Afrique jusqu’à l’Iran au sud-ouest de l’Asie, qui comprend généralement tous les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

Le MENA comprend plusieurs pays qui possèdent de vastes réserves de pétrole et de gaz naturel essentielles au maintien des activités économiques mondiales. Selon la parution du 1er janvier 2009 du magazine Oil and Gas Journal, les pays du MENA détiennent 60 % des réserves mondiales de pétrole (810,98 milliards de barils) et 45 % des réserves mondiales de gaz naturel (2 868,886 milliers de Gm3)1. En 2009, huit des douze pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) font partie du MENA2.

Le MENA abrite environ 340 millions d’habitants en 20123.

Liste des pays

Le MENA n’a pas de définition normalisée et la région et ses territoires la constituant sont différents selon les organisations. La liste des pays y appartenant est cependant généralement celle-ci4 :

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Citations concernant la Méditerranée

Études génétiques - Les populations du pourtour méditerranéen forment une entité anthropologique de loin plus cohérente que celles proposées par les découpages entre pays ou entre continents. Jean-Michel Dugoujon, 2005, dans Diversité des allotypes des immunoglobulines d’une population berbère de la vallée de Tacheddirt, paru BMSAP, Tome 17, Fascicule 1-2 (2005), Jean-Michel Dugoujon.

Dans le Bassin méditerranéen, la ressemblance [génétique] entre tous les peuples vivant des deux côtés de la mer est remarquable.Evolution biologique, évolution culturelle, luigi luca cavalli-sforza, éd. odile jacob, 2005, chap. gènes, populations, phénotypes et environnement, p. 119 - Luigi Luca Cavalli-Sforza.

L’affirmation d’un commun humanisme méditerranéen, dans la lignée de Valéry et de Camus, permettra d’intégrer la totalité des patrimoines de la Méditerranée en un même ensemble, mais tendra à rejeter au second plan les référents religieux, au risque de susciter d’irrémédiables résistances. Le rêve méditerranéen, Henry Laurens, éd. CNRS éditions, 2010, p. Quatrième de couverture – Si vous avez compris quelque chose au Liban c’est qu’on vous l’a mal expliqué. Henry Laurens, 3 novembre 2010, Collège de France, dans Collège de France, paru Collège de France, Henry Laurens : Enregistrement du cours.

La proximité génétique entre le nord de l’Afrique et les groupes sud-ouest européens conduisent à l’hypothèse d’une origine commune entre ces populations. Deux hypothèses sont actuellement discutées. Cette origine commune pourrait dater du Paléolithique Supérieure avec l’expansion d’Hommes anatomiquement modernes depuis le Proche-Orient et s’étendant le long des deux rives de la Méditerranée. Elle pourrait aussi avoir eu lieu au cours de la diffusion Néolithique depuis le Proche-Orient, il y a 10 000 ans av. J.-C. Clotilde Coudray, 2006, dans Diversité génétique des populations Berbères et peuplement du nord de l’Afrique, paru Revue Anthropo, Vol. 11 - 2006, Volume spécial, XXVIIème colloque GALF, Clotilde Coudray.

[Je veux dire à tous les peuples de la Méditerranée que le temps est venu de bâtir ensemble une Union Méditerranéenne qui sera un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique.Discours du 06.05.2007 - Nicolas de Nagy-Bocsa Sarkozy

Qu’est-ce que la Méditerranée ? Mille choses à la fois, non pas un paysage, mais d’innombrables paysages, non pas une mer, mais une succession de mers, non pas une civilisation, mais des civilisations entassées les unes sur les autres. Voyager en Méditerranée, c’est trouver le monde romain au Liban, la préhistoire en Sardaigne, les villes grecques en Sicile, la présence arabe en Espagne, l’Islam turc en Yougoslavie. C’est plonger au plus profond des siècles, jusqu’aux constructions mégalithiques de Malte ou jusqu’aux pyramides d’Égypte. C’est rencontrer de très vieilles choses, encore vivantes, qui côtoient l’ultra-moderne : à côté de Venise, faussement immobile, la lourde agglomération industrielle de Mestre ; à côté de la barque du pêcheur, qui est encore celle d’Ulysse, le chalutier dévastateur des fonds marins ou les énormes pétrolières. C’est tout à la fois, s’immerger dans l’archaïsme des mondes insulaires et s’étonner devant l’extrême jeunesse de très vieilles villes ouvertes à tous les vents de la culture et des profits qui depuis des siècles, surveillent et mangent la mer. La Méditerranée, Fernand Braudel, éd. Arts et métiers graphiques, 1977, p. 8 - Fernand Braudel - Source https://fr.wikiquote.org/wiki/Bassin_m%C3%A9diterran%C3%A9en

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Auteur : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 07/01/2017

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