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"A propos du transhumanisme L’Homme augmenté dans un monde recomposé", dossier de Jacques Hallard

vendredi 21 octobre 2016, par Hallard Jacques



ISIAS Biologie Société

A propos du transhumanisme

L’Homme augmenté dans un monde recomposé

Jacques HALLARD, Ing. CNAM – Site IS
IAS - 21 octobre 2016

[La 2ème partie du titre est empruntée à l’appellation d’un colloque qui s’est déroulé à Lyon en 2015 et à une émission de France Culture de la même année].


Introduction

D’après certains philosophes et historiens, il semble que le mot transhumanisme fasse référence à un mode de pensée transcendantale (un terme technique de la philosophie désignant un domaine particulier de connaissances), pensée qui aurait pris naissance dans le monde occidental à l’époque de l’Antiquité. Son sens actuel trouverait son origine dans des travaux et des publications des années 1980, lorsque certains futurologues américains ont commencé à structurer ce qui est devenu ensuite le ‘mouvement transhumaniste’, qualifié de « culturel, intellectuel et international » ; écouter ‘L’enquête : les transhumanistes arrivent en France’, de ‘France Inter’. Qu’il soit qualifié par la suite d’augmenté, de réparé ou d’amélioré, «  l’Homme  », en question ici, est bien sûr pris dans son sens générique et se rapporte en fait aux êtres humains d’une manière générale. La notion « d’Homme augmenté » était déjà à l’ordre du jour d’un colloque organisé par l’Institut des sciences de la communication CNRS / Paris-Sorbonne / UPMC le vendredi 14 décembre 2012 sous le titre « L’humain augmenté. État des lieux et perspectives critiques » ; des Vidéos en ligne sont toujours disponibles pour « prendre le train en marche » sur ce sujet et quelques contributions sur le transhumanisme ont également été postées sur le site de ‘Yonne Lautre’ : consulter l’annexe.

« L’Association française transhumaniste ou ‘Association française transhumaniste – Technoprog’ vise à promouvoir le transhumanisme en France1,2,3. » selon Wikipédia. Voir ici. Sur le site de cette association, il est annoncé sobrement qu’elle prône, - rien de moins que cela– « l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales humaines ». On y lit aussi que « l’intérêt pour le transhumanisme en France a été multiplié par quatre en 7 ans »…

Ces dernières années, ce domaine conjoint du Transhumanisme et de « l’Homme augmenté » a fait l’objet d’un nombre important et diversifié de contributions de toutes natures. Le présent dossier, à visée didactique, rassemble une sélection – dans une approche bien évidemment et par nature non exhaustive – de documents variés dans leur formulation et leur destination : études, articles, rubriques, points de vue, entretiens, conférences et émissions … qui sont indiqués dans le sommaire ci-dessous.

On découvre au fil de la lecture des documents facilement disponibles, l’existence et l’utilisation des prothèses sensibles, des implants cérébraux en interaction ‘humain-machine’, l’implantation ou greffe de puces électroniques dans le corps humain, les organes vitaux artificiels dits ‘de rechange’, imprimés numériquement « en 3D  ».

A l’extrême, on fait connaissance avec les possibilités technologies des manipulations génétiques sur les êtres humains à des fins thérapeutiques, par thérapie génique ou génothérapie, le recours aux cellules souches réparatrices, avec l’objectif de la thérapie cellulaire. Mais aussi la reprogrammation biologique et – pourquoi pas : - l’allongement de la durée de vie des êtres vivants. Et puis aussi des « exosquelettes biomécaniques ou motorisés pour des besoins militaires, mais aussi médicaux ou industriels »... (Voir ici). La notion de ‘cyborg’ est introduite par certains auteurs et Wikipédia définit le cyborg comme « un être humain — ou à la rigueur un autre être vivant intelligent, en science-fiction — qui a reçu des greffes de parties mécaniques. Le terme s’emploie surtout en science-fiction ou en futurologie ; utiliser le terme pour des personnes ayant reçu des prothèses, dans le monde contemporain, peut parfois être perçu comme de mauvais goût par les intéressés1… « Cyborg » est un mot d’origine anglaise, contraction de « cybernetic organism » ou organisme cybernétique… Le terme « cyborg » a été popularisé par Manfred Clynes (en) et Nathan S. Kline (en) en 1960 lorsqu’ils se référaient au concept d’un humain « amélioré » qui pourrait survivre dans des environnements extraterrestres. Ce concept est le résultat d’une réflexion sur la nécessité d’une relation intime entre l’humain et la machine, à l’heure des débuts de l’exploration spatiale. Le mot « cyborg » est devenu une expression courante. Cependant, son sens a largement dévié depuis. Dans le film ‘Terminator’, il est employé pour désigner un robot, non seulement à l’apparence humaine, mais dont l’enveloppe extérieure est faite de tissus organiques de synthèse (à l’origine faite pour soigner les blessures humaines). Depuis, il est devenu courant d’utiliser « cyborg » comme synonyme de « robot androïde »… Tous les détails sont à découvrir ici.

L’univers abordé à travers ce vaste – et relativement récent - domaine fait appel à un vocabulaire nouveau, en grande partie d’origine anglo-saxonne, avec lequel il convient de se familiariser pour avoir une juste compréhension des propositions utiles et réalistes, notamment en médecine, mais aussi des dérives, des dangers et des risques que cette tendance vers le transhumanisme fait courir aux individus et aux diverses sociétés contemporaines, ainsi que pour les générations futures, le monde des êtres vivants en général et labiodiversité, mouvante et fragile, existant sur la planète Terre.

Les implications dominantes des techniques de l’information de la communication (TIC) – notamment au travers de Google - sont patentes en la matière et certains auteurs laissent entrevoir la mise en place possible dans ce sillage d’un « hyper-capitalisme prédateur  » concept développé aussi par Luc Ferry. L’idée, déjà émise par Jean-Jacques Rousseau, de « l’homme perfectible  » est toujours sous-jacente et le passage de l’humanisme vers un Posthumanisme en gestation, est envisagé et discuté. Cette approche était déjà abordée en 2012 et un document rétrospectif sur ce sujet est toujours accessible (Posthumanisme et Transhumanisme, 15.02.2012, série Dossiers, par Xilrian, avec texte et posdcast, origine et diffusion par ‘PodscastScience.fm’’).

Il n’est pas surprenant que le transhumanisme et autre « Homme augmenté, réparé, amélioré.. . » aient retenu l’attention de divers mouvements sociaux (‘Pièces et Main d’œuvre’, ‘AJT’ (vidéo), ATTAC), d’églises et de leurs ‘fidèles’, ainsi que d’associations philosophiques et philanthropiques variées (dont les loges maçonniques des différentes obédiences). L’humanité est avec tout cela confrontée à la mise en interactions des nanotechnologies, des biotechnologies, de l’informatique et des sciences cognitives (NBIC), matières complexes avec lesquelles nous devons de toute façon nous coltiner.

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Sommaire

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Transhumanisme : « Nouveau nom du ’progrès’ que permettrait la ruine de l’humain par les nouvelles technologies ». Jacques Testart, biologiste français né en 1939.

Sciences – « Si la science un jour règne seule, les hommes crédules n’auront plus que des crédulités scientifiques. » (Anatole France(1844 - 1924) qui reçut le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1921).

« La science est une chose merveilleuse... tant qu’il ne faut pas en vivre ! » (Albert Einstein, mathématicien, physicien, scientifique (1879 - 1955).

« La plus belle de toutes les sciences est celle de l’éducation des hommes ». (Victor Cousin, philosophe et homme politique français (1792 - 1867).

« L’intelligence, c’est la chose la mieux répartie chez les hommes, parce que, quoiqu’il en soit pourvu, il a toujours l’impression d’en avoir assez, vu que c’est avec ça qu’il juge. (René Descartes mathématicien, physicien et philosophe français (1596 - 1650). 


  • L’Homme augmenté, réparé, amélioré, etc… Série de Fabien Soyez 2013
    Introduction de l’auteur de la série de 5 articles qui vont suivre : Fabien Soyezhttps://twitter.com/FabienSoyez@FabienSoyez, journaliste de l’équipe CENT France - Bio : A dix ans, dans les années 90, Fabien a eu son premier ordinateur. Depuis ce jour, c’en était fini, il est devenu Internet-addict. Geek dans l’âme, aujourd’hui journaliste, il aime écrire sur les nouvelles technologies et la vie privée. Il se méfie de Google et de Facebook, mais ça ne l’empêche pas de les utiliser. Il n’est pas parano, mais il aimerait bien pouvoir surfer tranquille quand même. Sinon, il tweete plus vite que son ombre. Pour suivre ses travaux : @VousNousIls / & @CNETFrance @ZDNetFR @Socialter / & @UlycesEditions @Actu_ETI @TSActu / ex @Spiil @OWNI @Libe / #ESS / #TICE #Educ / #TIC #Privacy

Photo : Découvrir ‘CNET France’  : Actualité high-tech, tests produits, guide d’achat, téléchargements, forum d’entraide. CNET France est un site d’information dédié aux technologies qui présente des actualités, des vidéos, et autres tests de produits, matériels et logiciels par la rédaction de CNET France. L’internaute y trouvera des infos et dossiers sur les produits, un guide d’achat, une section téléchargement de logiciels, des forums actifs (aide informatique, discussions, tutoriels et astuces, etc…).

1.1 Transhumanisme : en route vers l’Homme augmenté - Par Fabien Soyez@FabienSoyez, mercredi 07 août 2013 à 17:00

« Un futur où l’Homme fusionnerait avec les machines ? Où il ne connaîtrait plus la maladie, la vieillesse, voire la mort ? C’est ce qu’imaginent les transhumanistes. Bienvenue dans l’ère de l’Humain + ».

Photo - Bienvenue dans votre futur. Un futur proche, très proche. Que vous avez le pouvoir de façonner... ou de laisser entre d’autres mains. Voici le premier billet d’une série consacrée à un courant de pensée technophile qui a déjà beaucoup fait parler de lui, j’ai nommé le transhumanisme.

Vous connaissez sûrement les mythes de la pierre philosophale, de la fontaine de Jouvence, du Saint Graal, de Prométhée, d’Icare. Nous avons, de tous temps, rêvé de nous améliorer. D’être plus forts, plus intelligents, l’égal des Dieux. Aujourd’hui, les surhommes des comics et des légendes antiques ne sont plus juste un rêve. Et les bouquins d’Isaac Asimov ne semblent plus aussi éloignés de la réalité.

Intelligence artificielle, robotique, nanotechnologies : la science progresse, inexorablement. Ce qui était inconcevable il y a quelques décennies fait partie de notre quotidien. Les smartphones sont devenus les prolongements de nos bras. Bras que nous n’aurons même plus besoin d’utiliser avec les Google Glass.

A quand des implants, directement dans le cerveau, qui nous permettront de mieux voir, de surfer sur internet par l’esprit, sans smartphone ou sans Google Glass ? Et bien, peut-être demain.

“Humain +”

Kezako, le transhumanisme ? C’est un mouvement (de pensée) né en Californie dans les années 80, qui soutient que grâce à la technologie, l’Homme pourra accroître ses capacités, s’améliorer. Pour les transhumanistes, l’Homme est arrivé à une nouvelle étape de son évolution : l’évolution grâce aux machines et aux biotechnologies.

En s’appuyant sur les progrès de la science, nous modifierons notre corps et notre esprit, décuplerons nos sens et notre intelligence, et deviendrons des “Humains +”. Des “Hommes augmentés”, pour qui le vieillissement et la maladie seront un lointain souvenir. Cette “révolution biotechnologique” devrait rapidement advenir, d’ici à 2030.

Certes, ça peut vous sembler fantaisiste, ou utopique. Mais il ne s’agit pas d’une lubie, loin de là. Le transhumanisme réunit des milliers de personnes à travers le monde, à commencer par des philosophes et des chercheurs mondialement reconnus, qui rivalisent de projets scientifiques pour développer par exemple une Intelligence Artificielle. Et tout ceci se chiffre en millions, voire milliards, de dollars.

Photo - Ian Reid, un pompier écossais qui a perdu sa main dans un accident, et sa main bionique “i-Limb Pulse”. (Credit : Touch Bionics)

Fusionner avec la machine

Les transhumanistes qui font le plus parler d’eux se trouvent outre-Atlantique, en Californie. Le mouvement y réunit des scientifiques, des pôles de recherche, et des industriels, comme Apple, IBM et... Google.

Aux côtés d’entreprises comme Nokia et Cisco, la firme de Mountain View a financé en 2009 l’ouverture de la “Singularity University” (SU). Situé sur le campus de la NASA, dans la Silicon Valley, ce think tank réunit de nombreux chercheurs. Tous les ans, des séminaires et des universités d’été y sont organisés. But de ces rencontres : réfléchir aux moyens de préparer la “Singularité”.

La singularité technologique, what’s that, me direz-vous ? C’est tout simplement ce moment où les machines (les super-ordinateurs), dont la puissance de calcul double tous les 18 mois, nous égalerons. C’est ce moment où l’intelligence artificielle sera en passe de nous surpasser.

Pour éviter entre autres de tomber sous la coupe d’une intelligence artificielle inamicale, semblable au HAL 9000 de “2001, l’odyssée de l’espace”, l’Homme se transcendera. Pour se transcender, il utilisera la convergence des “NBIC” (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives). Combinées, ces technologies permettront à l’être humain, parmi d’autres scénarios, de se transformer en cyborg.

L’ère de la Singularité

Dans son livre “Humanité 2.0 : la bible du changement”, Ray Kurzweil, l’un des leaders des “singularitariens”, explique : “La Singularité est une période future où le rythme des changements technologiques sera si rapide et son impact si profond que la vie humaine sera transformée de manière irréversible.”

Ray Kurzweil est un scientifique réputé, inventeur de systèmes de reconnaissance vocale et ancien conseiller de l’armée US. Il croit à un futur où nous verrons notre vie s’allonger toujours plus, jusqu’à devenir quasiment immortels.

A ses côtés, Google. La firme a un rêve : passer du gentil moteur de recherche et des Google Glass à un “ami cybernétique”, qui vous accompagnerait partout pour vous donner accès à “toute la connaissance du monde”. Un robot intelligent, qui devinerait ce dont vous avez besoin, avant même que vous n’y ayez pensé. Et pourquoi pas faire mieux, et implanter Google directement en nous, pour “améliorer nos performances”... C’est pour arriver à cet objectif que Google a recruté Ray Kurzweil, en tant que directeur de l’ingénierie.

La Singularité, selon Ray Kurzweil, devrait être une réalité d’ici 2029 à peu près, quand l’intelligence artificielle égalera celle de l’Homme. Puis, en 2045, l’être humain pourra fusionner son cerveau avec une intelligence artificielle, et augmenter ses capacités intellectuelles jusqu’à un milliard de fois.

Les progrès de la science semblent concorder avec la prédiction des singularitariens. En juillet 2013, des chercheurs américains du MIT ont fait passer à “l’ordinateur le plus intelligent du monde” un test de QI. Ils ont constaté que cette intelligence artificielle était aussi intelligente qu’un enfant de 4 ans...

Parler des risques

S’activent aussi d’autres transhumanistes, en particulier en Europe : les technoprogressistes. Des “transhumanistes démocratiques”, qui s’opposent au transhumanisme californien des origines,libertarien, individualiste et néo-libéral. Les technoprogressistes essaient surtout de se démarquer desextropiens, la frange la plus radicale du transhumanisme, qui porte au progrès une confiance quasi-aveugle.

“Les technoprogressistes vont au-delà de la simple technologie et s’intéressent aux conséquences sociales, à comment ces technologies bouleverseront la société et comment anticiper pour gérer au mieux... et pour tous”, explique David Latapie, trésorier de l’AFT, association transhumaniste française, aussi appellée “Technoprog”. Créé en 2010, Technoprog compte 45 membres (des philosophes, des scientifiques, des informaticiens) et 300 participants à son forum en ligne. L’association organise régulièrement des rencontres-débat et des conférences, pour ’créer le débat’.

“Contrairement aux extropiens, qui croient en un progrès illimité par la science et les techniques, nous nous préoccupons des intérêts collectifs, du bien commun. Il n’est pas question de développer des technologies et de réfléchir après”, explique Marc Roux, le président de l’AFT.

Objectif de Technoprog : “sensibiliser les gens au transhumanisme”. Déplorant l’“indifférence”, la “passivité”, voire l’“inculture technologique” du public, mais aussi des hommes politiques, l’AFT essaie d’ouvrir le débat, en particulier sur les risques du transhumanisme (à suivre dans un prochain billet).

http://www.cnetfrance.fr/i/edit/2015/08/transhumanisme-logo.jpg

Les bienfaits du transhumanisme, tout comme ses risques, “Il faut en parler, et tout faire pour que la transition vers l’Homme augmenté se fasse de la meilleure façon possible”, ajoute Marc Roux.

Seul hic : alors que les transhumanistes californiens ont derrière eux une batterie de milliardaires et d’entreprises, finançant des projets de recherche bien concrets (à suivre dans le prochain billet !), ce n’est pas le cas des technoprogressistes, moins visibles médiatiquement et moins nombreux.

“Le courant californien a toutes les cartes en main : un leader en la personne de Ray Kurzweil, une université dans la Silicon Valley, ainsi qu’une totale absence de scrupules ou de réflexion sur les répercussions sociales de leur idéologie”, écrit Rue89, plutôt pessimiste.

Des scrupules, une réflexion sur les risques (éthiques ou sociaux) du transhumanisme, il en faudra bien, pourtant. Dans le documentaire de Cécile Denjean, “Un homme presqueparfait”, Joël Garreau, journaliste au Washington Post et conseiller scientifique de Spielberg, remarque : “nous sommes la première espèce à prendre le contrôle de notre propre évolution. En essayant de nous améliorer, allons nous faire de nous des monstres ? Nous nous modifions nous même (...), c’est un énorme défi. La question est de savoir comment nous allons rester humains dans tout ça.”

A suivre, dans le prochain billet : des projets de recherche bien concrets, des prothèses intelligentes et des implants qui permettent aux personnes amputées de marcher, aux aveugles de voir, aux tétraplégiques de se mouvoir... Le transhumanisme n’est pas une lubie, mais déjà une réalité.

A lire aussi (et pour s’y retrouver) :

© 2016 CUP Interactive SAS (France). Tous droits réservés. Source : http://www.cnetfrance.fr/news/transhumanisme-en-route-vers-l-homme-augmente-39793020.htm

1.2 Transhumanisme : aujourd’hui, l’Homme réparé – Document CENT.France - Par Fabien Soyez@FabienSoyez, mardi 13 août 2013 à 08:28

Deuxième étape de notre voyage dans l’univers du transhumanisme - qui n’est pas qu’une philosophie, mais aussi (déjà) une réalité. Nous voici dans l’ère de l’Homme réparé. Photo - Credit : sous licence CC, par Kosmur.

Après vous avoir présenté ce mouvement qui entrevoit un futur où l’être humain pourra améliorer ses performances, voici venu le moment de vous prouver que le transhumanisme n’est pas qu’une philosophie, mais est aussi (déjà) une réalité.

Car les transhumanistes s’appuient davantage sur les avancées techniques, que sur la science-fiction. Au premier plan, les progrès de la science liés à la médecine. Parce qu’avant d’imaginer un Homme augmenté, les scientifiques, les chercheurs, se concentrent d’abord sur ceux qui ont besoin d’être “réparés”...

Pour faire simple, aujourd’hui déjà, grâce aux NBIC, l’Homme peut être “réparé”, comme n’importe quelle machine. Un organe malade ou amputé peut être remplacé. Un aveugle peut recouvrer la vue grâce à un oeil bionique, un sourd l’ouïe grâce à un implant. Les possibilités semblent sans limite, et bientôt, pensent les transhumanistes, l’Homme réussira à vaincre les maladies. Il corrigera ses “défaillances” physiques, réparera les erreurs de Dame Nature. Et il pourra alors “vieillir en pleine jeunesse”, jusqu’à devenir quasiment immortel.

L’homme bionique

Vous avez sûrement gardé en tête les images du film Robocop, ou encore de la série L’homme qui valait 3 milliards, ces histoires d’humains “abîmés” qui sont réparés grâce à un dispositif mécanique. Et bien la réalité a rattrapé la fiction. Prothèses intelligentes, implants cochléaires, pacemakers : les cyborgs sont déjà parmi nous.

Depuis une vingtaine d’années, dans les pas des prothèses “intelligentes” conçues par l’armée américaine à destination de ses soldats blessés et amputés, les chercheurs en biotechnologie rivalisent de projets. Les bras en cire inertes sont de l’histoire ancienne : désormais, les personnes amputées portent des membres bioniques, munis d’électrodes, qui peuvent être animés par la pensée.

Vidéo à la source – Tood Kuiken – Un bras prothétique qui « ressent »

Les exemples ne manquent pas. En 2005, l’américain Jesse Sullivan, qui a perdu ses deux bras à la suite d’une électrocution, teste une prothèse de bras bionique, contrôlée par la pensée. Grâce à elle, il peut accomplir de nombreux gestes de la vie quotidienne, comme saisir un verre d’eau. Mieux encore : il peut faire tourner son poignet à 360 degrés ! 

Point de mystère : c’est de la science. Les ingénieurs en biomécanique de l’Université Northwestern et du Centre pour la médecine bionique (CBM) de Chicago, à l’origine du bras bionique, ont simplement “connecté” la prothèse au cerveau, à l’aide d’électrodes placés au niveau des terminaisons nerveuses du membre disparu. Le “signal” émis par le cerveau étant transmis des nerfs à un micro-ordinateur, situé dans le bras bionique.

Très prochainement, l’italien Pierpaolo Petruzziello, lui, va bénéficier d’une main... robotique. Là encore, contrôlable par l’esprit. Connectée au système nerveux par des fils et des électrodes implantés dans les nerfs, la main bionique lui permettra de saisir des objets, mais aussi... de sentir les objets tenus.

Photo - Lifehand

Lève-toi et marche

Mais le progrès n’a pas fini de vous surprendre. Bientôt, des prothèses et des implants devraient carrément permettre aux paralysés de remarcher.

A la manière de Claire Lomas, une anglaise paralysée à la suite d’un accident de cheval, qui a parcouru plus de 40 km à pied lors du marathon de Londres en 2012, grâce à des jambes bioniques. Seul souci : pour l’heure, cet équipement reste difficile à utiliser, et Claire Lomas a dû utiliser des béquilles en complément.

En Allemagne, un exosquelette robotique, HAL (Hybrid Assisted Limb), a reçu le certificat CE, début août. Conçu par la firme japonaise Cyberdyne, il devrait donc être produit et commercialisé en Europe d’ici quelques années. HAL se porte comme une combinaison, et utilise les signaux émis par le cerveau de son porteur.

Miguel Nicolelis, scientifique à la Duke University, à Durham, essaie d’aller plus loin, en rendant aux paralysés la sensation de la marche. Il conçoit actuellement une prothèse “intégrale”. Épousant la forme du corps, cette ’combinaison exosquelette’ devrait permettre aux personnes paralysées de remarcher et de ressentir des sensations, en acheminant directement dans leur cerveau des signaux électriques. Le scientifique brésilien a effectué des tests sur des singes, avec succès. Son projet, à moyen terme : faire remarcher un jeune quadriplégique, pour inaugurer la Coupe du Monde 2014, au Brésil.

Stimuler le cerveau

Les chercheurs et les scientifiques ne se contentent pas de “réparer” notre corps. Ils essaient aussi d’agir sur notre cerveau, de le “stimuler”, d’activer ou d’inhiber certaines de ses zones.

Un moyen de faire disparaître certains symptômes d’une maladie, comme les tremblements de la maladie de Parkinson. Actuellement, plus de 40 000 malades atteints de la maladie de Parkinson portent des implants, qui stimulent “en profondeur” leur matière grise. Des électrodes sont implantés dans le cerveau, qui est alors stimulé via les ondes électriques émises.

Photo

En France, au CHU de Grenoble, des chercheurs ont étendu leurs recherches à d’autres pathologies, comme l’épilepsie ou les troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Grâce à leur stimulateur cérébral, les troubles d’un patient peuvent être inhibés, jusqu’à disparaître.

Ce système, cette interface homme-machine, testé à grande échelle depuis 2012 dans un centre de recherche biomédicale de Grenoble, pourrait, à terme, nous permettre de soigner la dépression, les maladies cérébrales ou neuro-dégénératives. Et pourquoi pas, de réduire la sensation de faim, de soif, de fatigue...

L’interface cerveau-machine

Mais “connecter” le cerveau permet d’aller encore plus loin. Le système BrainGate transforme ainsi les tétraplégiques en chevaliers Jedi, en leur permettant de contrôler, à distance, des objets.

Une puce, implantée dans le cerveau, convertit l’intention de l’utilisateur en commandes informatiques, destinées à un ordinateur. Ainsi, la personne handicapée peut-elle déplacer des objets par la pensée, allumer la lumière, surfer sur Internet ou zapper sur sa télé.

Bientôt, une interface cérébrale non invasive (sans implant, juste en apposant des électrodes sur le cuir chevelu), devrait permettre à un handicapé de bouger son fauteuil roulant de lui-même... par la pensée. Avant la sortie de la ’prothèse intégrale’ de Miguel Nicolelis (voir plus haut), ou de ’Mindwalker’, un autre exosquelette commandé par l’esprit, destiné aux paraplégiques et prévu pour 2018...

L’aventure intérieure

Le transhumanisme porte aussi une grande foi dans les nanotechnologies. Grâce aux progrès de l’infiniment petit, nous devrions pouvoir faire entrer dans notre corps des robots (des “nanorobots”) et de petites capsules (des “nanomédicaments”).

Que feront donc ces minuscules “robots”, lors de leur “aventure intérieure” ? Ils feront l’analyse de notre état de santé, ou réaliseront de petites opérations, dans des zones de notre corps difficiles d’accès.

Concrètement, à Zurich, des chercheurs conçoivent certains de ces robots microscopiques, qui se déplacent grâce à des électroaimants, et qui sont destinés à pratiquer de petites opérations, à l’aide d’une minuscule aiguille. Selon Mashable, la technologie n’est pas encore opérationnelle, mais des tests (réussis) ont déjà été menés dans l’oeil d’un patient. A terme, les nanorobots devraient permettre, entre autre, de réparer la cornée d’un malvoyant.

En parallèle, les projets de “nanomédicaments” se développent tant bien que mal. Aux Etats-Unis, des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) conçoivent une “insuline intelligente”, autrement dit, une pilule intelligente, qui délivre aux diabétiques la bonne dose d’insuline, au bon moment. De son côté, en France, le chercheur Patrick Couvreur a inventé en 2013 des “nanocapsules”, dans lesquelles sont enfermées des médicaments, et qui sont envoyées vers une “cible” précise, afin de lutter contre le cancer.

Recouvrer ses sens

La science devrait aussi permettre à ceux qui ont perdu l’un de leurs 5 sens, de le recouvrer.

Fruit de 20 ans de recherche, Argus II, l’oeil bionique conçu par le laboratoire Second Sight, est actuellement en cours de test. Cette rétine artificielle se compose d’une paire de lunettes qui enregistre l’image, et d’électrodes implantés sur la rétine, qui reçoivent l’information visuelle par impulsions électriques.

Pour les sourds et malentendants, cela fait déjà vingt ans que l’implant cochléaire existe. Porté par plus de 200 000 personnes à travers le monde, cet implant est divisé en deux : un microphone placé derrière l’oreille, et des électrodes implantés sous la peau. Grâce à ce système, un sourd, même de naissance, pourra recouvrer l’ouïe.

De la réparation à l’amélioration ?

Selon le biologiste français Serge Picaud, qui conçoit, à l’Institut de la vision à Paris, la rétine artificielle qui succèdera à Argus II, et rendra (presque) la vue aux aveugles, “les interfaces homme-machine feront partie du quotidien d’ici une dizaine d’années”. Et les prix de toutes ces prothèses, implants et exosquelettes, très élevés actuellement (plusieurs dizaines ou centaines de milliers d’euros), devraient diminuer, avec leur généralisation.

Mais, à quand l’utilisation de ces interfaces pour non plus réparer l’Homme, mais l’améliorer ? La plupart des transhumanistes imaginent un avenir où tout le monde pourra s’offrir une super-vue, une super-ouïe, des bras ou des jambes bioniques. C’est aussi ce qu’imagine le dernier jeu vidéo du moment, Deus Ex : Human Revolution.

Irons-nous jusqu’à pratiquer, sous la pression sociale, l’amputation volontaire ? “Des centaines de milliers de personnes n’ont pas hésité à procéder à des opérations de chirurgie esthétique, modifiant durablement certaines parties de leur corps, sur la base de critères esthétiques fortement subjectifs.

Pourquoi les gens rechigneraient-ils à faire de même avec des modifications qui augmenteraient leur confort, leur force, leur résistance à l’effort, leurs aptitudes ou capacités sensorielles ?”, s’interroge Cyril Fiévet, journaliste et spécialiste du “Body Hacking”. Oui, pourquoi ?

La semaine prochaine, rendez-vous pour le 3e billet de notre voyage dans le transhumanisme. Cette fois, nous aborderons les risques liés à “l’augmentation” de notre corps et de notre esprit. De la réparation à l’amélioration, vous verrez qu’il n’y a qu’un pas... Un pas qu’il faudra bien mesurer pour éviter de trébucher.

A lire aussi (et pour s’y retrouver) :

1/ Transhumanisme : en route vers l’Homme augmenté

2/ Transhumanisme : aujourd’hui, l’Homme réparé

3/ Transhumanisme : demain, l’Homme amélioré

4/ Transhumanisme : technologie d’avenir, débat d’aujourd’hui (Reportage VIDEO)

5/ Transhumanisme : un futur entre nos mains

Source : http://www.cnetfrance.fr/news/transhumanisme-aujourd-hui-l-homme-repare-39793078.htm

1.3 Transhumanisme : demain, l’Homme amélioré – Document CENT.France - Par Fabien Soyez@FabienSoyez , mercredi 21 août 2013 à 09:03 – Document ‘CENT.France’

Image - Human enhancement — Troisième étape de notre voyage dans l’univers du transhumanisme. Un jour, l’Homme ne se contentera plus, juste, de se ’réparer’. Il cherchera, sans doute, à ’s’améliorer’. Avec tous les risques que cela implique.

De l’Homme réparé à l’Homme augmenté et presque immortel, il n’y a qu’un pas… Dans le billet précédent, nous vous avons présenté quelques applications concrètes, bien réelles, dont le but est simple : réparer l’être humain. Soigner les blessures, mais aussi réparer, corriger les imperfections de la nature. 

Mais le transhumanisme ne s’arrête pas à cette étape. La prochaine, essentielle, consiste à passer de la réparation à l’amélioration. Afin de devenir des Humains +

Sans que nous n’en ayons forcément besoin de prime abord, nous pourrions dans un avenir proche, troquer nos jambes contre de nouvelles, artificielles mais “fashion”, ou hyper rapides. Nous pourrions aussi nous faire implanter de nouveaux yeux, bioniques, permettant de voir les infrarouges, de voir dans le noir, ou de filmer ce que nous voyons.

Et nous pourrions aussi, pourquoi pas, décupler notre intelligence ou nos capacités cognitives, grâce à la stimulation cérébrale, aux interfaces cerveau-machine et aux neurosciences... Jusqu’à télécharger notre esprit dans un “avatar” quasi-indestructible. 

Avec les progrès de la science, les rêves transhumanistes sont une réalité tangible. Mais il n’y a qu’un pas à franchir, un seul, pour que cette réalité vire au cauchemar. Car le fait de modifier son corps ou son esprit, de s’améliorer, jusqu’à devenir des cyborgs ou des êtres immortels, n’est pas sans risques.

Illustration - Connected’ - Kasey Mcmahon 

Le mécano humain

Si l’on en croit le chirurgien Laurent Alexandre, cofondateur de Doctissimo, président de DNAVision, une société de séquençage ADN, la démocratisation du “bricolage du vivant” devrait débuter en 2015. A partir de cette date, nous pourrions commencer à augmenter nos capacités, à remplacer nos pièces défectueuses par des implants ou par des prothèses, à nous greffer des électrodes dans le corps, à modifier notre ADN… Bref, ce sera le début de l’ère de l’amélioration.

Certains transhumanistes n’ont pas attendu 2015 pour commencer à se bricoler eux-mêmes. A la croisée du transhumanisme et du hacking, les “body hackers” (ou “grinders”) revendiquent depuis plusieurs années déjà la liberté (totale) de leur corps, et essaient de “s’augmenter” eux-mêmes, sans intermédiaire, fustigeant ceux qui restent trop ancrés dans la réflexion philosophique. Tel un mécano humain, ces personnes bien portantes ne se “réparent pas” : elles s’améliorent. Les grinders modifient ainsi leur corps pour augmenter leurs capacités, ou même pour développer chez eux de nouveaux sens...

Le body hacking est encore un peu “underground”, mais certains transhumanistes font d’ores et déjà parler d’eux, et essaient de le banaliser. Le plus connu d’entre eux : Kevin Warwick. Professeur de cybernétique à l’Université de Reading, il croit dur comme fer à la Singularité et à la fusion homme-machine.

Vidéo (en anglais)

Kevin Warwick se considère comme le premier “cyborg” de l’histoire. En 1998 et en 2002, il s’est greffé des puces dans le corps. Des électrodes, dans son bras, sont reliées à son système nerveux et à un ordinateur. Elles lui permettent de commander, par la pensée, un ordinateur ou une main robotisée. Pour le grinder, la télépathie sera la prochaine étape : vers 2015, il espère pouvoir se greffer une puce électronique dans le cerveau, afin de communiquer à distance, peut-être via Internet, ou par transmissions de pensée.

De son côté, le body hacker américain Amal Graafstra s’est fait implanter une puce RFID dans chaque main. Pour lui, c’est un moyen d’authentification : quand il rentre chez lui, il lui suffit ainsi de passer sa main devant une borne. Pas besoin d’utiliser une clé, ce dispositif “archaïque”. Amal Graafstra utilise ses puces RFID pour démarrer sa moto, son ordinateur, ou encore son coffre-fort. 

Des caméras dans le corps

Et si vous utilisiez des caméras à la place de vos yeux ? C’est ce qu’a testé Rob Spence. Ce réalisateur canadien a perdu l’usage de son œil droit quand il était adolescent. Dans le cadre de son futur film, “Eyeborg”, qui parle de l’usage des caméras dans notre société, Rob Spence a remplacé son oeil invalide par un oeil bionique, qui fait office de caméra, avec connexion à distance sans fil. Encore mieux que les Google Glass.

Autre performance artistique, celle de Wafaa Bilal, professeur à la Tisch School of the Arts de New-York. En 2011, il s’est fait greffer une caméra à l’arrière du crâne. Pendant un an, il a ainsi filmé tout ce qui se passait derrière sa tête. Certes, c’est de l’art, mais ces deux dernières expérimentations sont bien la preuve que se greffer des caméras dans le corps, c’est bel et bien possible.

Le body hacking ne s’arrête pas là, et touche aussi le monde génétique. A la manière des “Bio hackers”, qui expérimentent les propriétés de l’ADN, quelques body hackers tenteraient ainsi dans leur coin de modifier la couleur de leurs yeux ou leur formule sanguine par des traitements génétiques. Côté matière grise, certains bodyhackers conçoivent aussi des stimulateurs cérébraux maison, pour augmenter leurs capacités cognitives...

Alors, serons-nous tous, demain, des body hackers ? Selon Cyril Fiévet, auteur de “Body Hacking. Pirater son corps et redéfinir l’humain”, certains aspects du body hacking deviennent “sinon grand public, au moins beaucoup plus facile d’accès.” Ainsi, au lieu de le faire soi-même dans sa cuisine, “il est relativement facile, aujourd’hui, de trouver un studio de tatouage acceptant de pratiquer l’ajout d’implants magnétiques”, dans de “bonnes conditions d’hygiène et de sécurité”. Et peut-être que dans quelques années, nous passerons de la phase “bidouillage expérimental” à celle des kits “prêts à l’emploi”, accessibles à tous. Pour modifier, soi-même, son corps, façon “Do it yourself”.

En parallèle du body hacking, reste l’option la plus “traditionnelle”, la plus simple, de “s’améliorer” - et aussi la plus risquée : se contenter d’acheter (mais là, nous basculons dans l’hypothétique) le dernier implant ou la dernière prothèse à la mode, vendus (très chers) par une poignée de groupes industriels...

Vidéo - ’Improvement’ - Ijal Sasino

Tous égaux devant l’amélioration ?

Car reste à savoir si à l’avenir, nous resterons dans le monde bien gentil des body hackers où tout sera (peut-être) “open source” et où chacun disposera librement de son corps, ou si nous tomberons dans un avenir où chacun tentera de s’offrir des appareils très coûteux, vendus par des labos ou des entreprises, quasi monopolistiques... au risque de créer une nouvelle forme d’inégalité, celle de l’augmentation.

Avec d’un côté ceux qui n’auront pas changé, et de l’autre des hommes améliorés, portant toute une batterie d’implants et vivant à terme, d’ici 2045, dans un avatar (robotique ou sous forme d’hologramme), dans lequel ils auront “téléchargé leur esprit” afin d’atteindre, sauf court-circuit, ce qui se rapproche le plus de l’immortalité.

L’amélioration deviendra peut-être un jour une norme sociale. Voire une condition pour être embauché par des entreprises qui ne recruteront plus que “les cerveaux équipés des meilleurs logiciels”, imagine Cécile Denjean dans son documentaire, “Un homme presque parfait”.

Face à ceux qui refuseront net toute addition technologique, nous explique Cyril Fiévet, les “transhumanistes accomplis” n’hésiteront pas à supprimer certaines parties de leur corps, qu’ils jugent “obsolètes”, afin par exemple de porter la dernière prothèse à la mode... exactement comme l’on change la carte graphique de son ordinateur, pour qu’il soit plus rapide.

Un jour, dans une société de plus en plus compétitive, les mannequins, les sportifs et les militaires troqueront donc peut-être leurs bras, leurs yeux ou même une partie de leur cerveau contre un organe plus performant ou plus beau.

Vidéo

Sous la pression sociale, nous sentirons-nous forcés de nous modifier ? Risque-t-on de voir émerger un jour une société où les “puissants” seraient améliorés et immortels, tandis que les autres seraient condamnés à la servitude et à la mortalité, pauvres êtres humains “normaux” et “primitifs” qu’ils seront ?

Nul doute, pour Kevin Warwick : dans le futur, il y aura “deux espèces distinctes”, les augmentés et les “naturels”. ’Ceux qui désireront rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur”, explique-t-il dans son livre rédigé en 2002, “Moi, le cyborg”

En gros, il y aura les surhommes et les autres, ceux qui auront soit refusé de s’améliorer, ou ceux qui n’auront pas pu le faire, faute de moyens financiers suffisants. Hugo de Garis, chercheur en intelligence artificielle, va plus loin, et imagine même une “guerre entre espèces”...

L’être humain, hackable ?

Autre risque de dérive : le “hacking”, à distance, de notre corps (ou de notre avatar robotique), par un tiers. Car si nous pouvons nous hacker nous-mêmes, nous pourrions bien risquer de nous faire pirater par quelqu’un d’autre.

De là à craindre de nous faire manipuler comme des pantins via nos implants cérébraux, comme le craint Laurent Alexandre, la marge entre science-fiction et réalité ne cesse de s’amoindrir. Car la stimulation profonde du cerveau, utilisée à la base pour lutter contre la maladie de Parkinson ou encore contre les TOC, pourrait bel et bien être utilisée pour nous forcer à agir d’une certaine façon, contre notre gré.

Dans les années 60, un chercheur espagnol, José Delgado a ainsi stoppé la course d’un taureau, en stimulant son cerveau grâce à un transmetteur radio, qui lui permettait de contrôler les gestes de l’animal. A l’époque, il aurait même réussi à jouer sur le comportement de patients humains, grâce à la stimulation cérébrale.

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Demeure en outre le risque du piratage de données. En 2012, un hacker a ainsi démontré qu’il était possible de pirater un pacemaker à distance. Avec la possibilité d’administrer une forte décharge électrique dans la poitrine de son porteur, décharge suffisante pour entraîner la mort...

“Avec la généralisation des implants médicaux, dans le domaine en pleine expansion de la neurostimulation (pacemakers, stimulation cérébrale profonde, implants de suppression de la douleur, etc.), la question de la sécurité informatique et électronique des appareils que l’on introduit dans le corps se pose de façon cruciale”, remarque Cyril Fiévet.

Côté vie privée, serons-nous un jour pistés par des “experts en neuromarketing” ou par des cybercriminels, qui exploiteront les informations qui graviteront via nos implants, comme ce tatouage électrique, qui pourrait permettre entre autres un suivi médical à distance des personnes malades ?

Ou comme ces fameuses puces qui permettront un jour prochain, prédit Kevin Warwick, de nous parler par télépathie ? La question reste ouverte. Quant aux puces RFID deuxième génération, qui s’inspireront de celles utilisées par Amal Graafstra, espérons que ces futurs implants ne s’avèrent pas, à la manière des cartes RFID, piratables...

Un avenir à encadrer

Alors, comment garder le contrôle sur ces nouveaux outils, et éviter qu’ils ne nous emprisonnent ? “Pour limiter les risques de dérives, encadrer leur commercialisation, leur développement et leur usage est indispensable”, note Marc Roux, à Technoprog. ’Non seulement encadrer, mais plus encore informer et susciter l’intérêt, pour que les citoyens deviennent partie prenante’, renchérit David Latapie, porte-parole de l’association.

Le président de l’AFT insiste sur l’importance de garantir un “accès égal pour tous” aux augmentations, avec “un maximum” de précautions. Et d’ajouter : “toute technologie est a priori neutre. Tout dépend des choix de ceux qui l’utilisent, de leur manière de l’utiliser”.

Le transhumanisme continue d’inspirer les écrivains. Parmi eux, Dan Brown. Dans son dernier roman, “Inferno” (adaptation au cinéma d’ici 2015), l’auteur du “Da Vinci Code” aborde les thèmes du transhumanisme et des manipulations génétiques. Interviewé par le site suisseLe Matin, il ne cache pas son inquiétude : “le problème, c’est que la technologie évolue de manière exponentielle. Elle avance à 1000 km/h alors que notre éthique n’avance qu’à 50 km/h. Nous sommes en quelque sorte comme des enfants tenant une mitrailleuse.”

Dan Brown, on aime ou pas. Mais en tout cas, en attendant de nous servir de cette ’mitrailleuse’, la balle reste bel et bien dans notre camp. Pour l’instant.

La semaine prochaine, nous poursuivrons notre voyage dans le pays du transhumanisme en vidéo. Deux membres de l’Association française transhumaniste interviendront, ainsi qu’un philosophe et un journaliste spécialisé dans le transhumanisme. Ensemble, ils nous parleront notamment des solutions à mettre en place pour éviter que le bonheur prévu par certains transhumanistes ne tourne au cauchemar.

A lire aussi (et pour s’y retrouver) :

1/ Transhumanisme : en route vers l’Homme augmenté

2/ Transhumanisme : aujourd’hui, l’Homme réparé

3/ Transhumanisme : demain, l’Homme amélioré

4/ Transhumanisme : technologie d’avenir, débat d’aujourd’hui (Reportage VIDEO)

5/ Transhumanisme : un futur entre nos mains

Source : http://www.cnetfrance.fr/news/transhumanisme-demain-l-homme-ameliore-39793272.htm

1.4 Transhumanisme : technologie d’avenir, débat d’aujourd’hui – Document CENT.France - Par Fabien Soyez@FabienSoyez, jeudi 29 août 2013 à 09:20

Cette semaine, en vidéo, des experts vous font découvrir le transhumanisme, les espoirs soulevés, les risques sous-jacents, et les solutions à mettre en place pour que tout se passe bien, le jour où nous deviendrons tous des Humains +...

Transhumanisme, acte IV. Cette semaine, la parole est aux experts : David Latapie et Didier Coeurnelle, de l’Association Française Transhumaniste ; Rémi Sussan, journaliste à Internet Actu ; et Jean-Michel Besnier, philosophe, auteur de ’Demain, lesposthumains’. Tous sont passés derrière notre micro pour nous donner leur avis sur notre avenir, aux couleurs de l’augmentation.

Le transhumanisme, une chance de dépasser ’la tyrannie de la naissance’, d’aller ’plus loin’, d’être ’plus libre’, indique David Latapie. Un jour, grâce aux NBIC, comme nous l’avons vu, nous pourrons peut-être augmenter considérablement notre durée de vie, vivre jusqu’à 100, 200 ans, sans vieillir.

’En vivant plus longtemps, on se sentira plus heureux’, remarque Didier Coeurnelle. Avis que ne partage pas vraiment Jean-Michel Besnier : ’L’immortalité, c’est la disparition du sens de la vie’...

Doit-on avoir peur, ou au contraire porter tous nos espoirs dans les améliorations ? Pour Rémi Sussan, plutôt que d’attendre que les hommes politiques se saisissent (un jour) de cette question, ’parlons-en’. Car, prévient David Latapie, ’ce n’est plus du gadget, c’est une réalité’.

Rendez-vous la semaine prochaine pour le dernier épisode de cette série sur le transhumanisme, qui vous proposera deux scénarios pour notre avenir : le bon et le mauvais. Et tout ce qu’il y a entre les deux... 

A lire aussi (et pour s’y retrouver) :

1/ Transhumanisme : en route vers l’Homme augmenté

2/ Transhumanisme : aujourd’hui, l’Homme réparé

3/ Transhumanisme : demain, l’Homme amélioré

4/ Transhumanisme : technologie d’avenir, débat d’aujourd’hui (Reportage VIDEO)

5/ Transhumanisme : un futur entre nos mains

 Source : http://www.cnetfrance.fr/news/transhumanisme-technologie-d-avenir-debat-d-aujourd-hui-39793480.htm

1.5 Transhumanisme : un futur entre nos mains – Document CENT.France - Par Fabien Soyez@FabienSoyez, jeudi 05 septembre 2013 à 08:30

Quel avenir nous réservent les améliorations prônées par le transhumanisme ? Deux scénarios possibles : le rêve et le cauchemar. La vérité se trouve peut être entre les deux. Avec, bien sûr, la possibilité pour nous de prendre en main notre avenir.

Dernière étape de notre voyage dans l’univers transhumaniste. Pour finir en beauté, je vous propose de découvrir deux scénarios : celui où, grâce aux technologies émergentes et aux améliorations, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes ; et celui où, au contraire, tout virera au cauchemar. Entre les deux se trouve, peut-être, la solution...

Immortels et heureux

Quel futur imaginer ? Si l’on laisse de côté les risques, voici à quoi pourrait ressembler notre avenir.

D’abord, l’immortalité serait garantie, ou plutôt “l’allongement considérable de la durée de vie”, jusqu’à 200 ans, voire plus. Nous serons donc capables de vivre très longtemps. Sans jamais mourir de maladies, ou de vieillesse, bref de mort naturelle.

Cerise sur le gâteau : en nous injectant peut être une “hormone du bonheur”, nous deviendrons des “transhumains bouddhas”, sages et heureux, jamais dépressifs, atteignant le “bonheur permanent”.

Et c’est sans parler de notre intelligence qui sera décuplée, de même que nos sens, ou notre force.

La fin de la “loterie génétique”

Grâce au séquençage ADN, nous pourrons aussi reprogrammer nos gènes pour corriger nos défauts et accroître nos performances. Demain, la procréation se fera peut-être via des utérus artificiels.

L’ectogenèse fait l’objet de nombreuses recherches, dans le prolongement logique de la fécondation in vitro. “Cela permettra non seulement d’éviter les désagréments de la grossesse, pour les femmes qui voudraient continuer à travailler, mais aidera aussi les femmes presque stériles. Enfin, cela rapprochera aussi les couples, qui pourront tour à tour porter le fœtus, comme aujourd’hui on s’occupe à deux de son bébé”, note David Latapie, porte-parole de l’AFT.

Vidéo - http://www.dailymotion.com/video/x7zrjt_joy-sorman-14-femmes_news#tab_embed

Pour David Latapie, dans notre futur, nous mettrons fin à la “cruelle loterie génétique”. Plus d’inégalités entre les “bien nés” et les autres. Le génie génétique permettra, entre autres, de dépister de futures maladies chez son enfant, ou encore de choisir son sexe ou la couleur de ses yeux.

La liberté par la technologie

“Le transhumanisme pourrait libérer l’homme de la maladie, de la faim, de la misère…”, imagine David Latapie. L’avenir semble en effet radieux : plus de maladies génétiques, les virus et les poisons ne serons plus une menace, le handicap ne sera plus... Nous serons “libres”, à tous points de vue.

Libres de ne pas mourir et de “vivre dignement” grâce aux réparations et améliorations offertes. Libres de changer de sexe, et de procréer comment nous le voulons. Délivrés, aussi, de la pauvreté, dans une société “post-rareté”.

Un monde d’abondance, où nous dégusterons des aliments de synthèse ou des steaks de cellules souches. Un futur où nous serons capables de fabriquer nous-mêmes nos pizzas, via l’imprimante 3D. Grâce à elle, tous les biens, toutes les ressources dont nous aurons besoin seront disponibles, gratuitement, et même en abondance.

Vidéo Michio Kaku : Can Nanotechnology Create Utopia ?

Et puis, bonheur suprême, nous serons libérés du travail, grâce aux robots. Nous bénéficierons d’un “revenu de base”, distribué à tous grâce à une meilleure redistribution des aides et des impôts. Plus d’injustice sociale, plus de travail, et tout le temps du monde pour voyager, s’engager dans le secteur associatif et découvrir le monde… “Ce sera la liberté de vivre où nous voulons, en Antarctique, dans le désert, dans la forêt, ou sur Mars, grâce à un corps fait sur mesure, adapté au lieu…”, explique David Latapie. 

Enfin, grâce à la technologie, le pouvoir reviendra au peuple. “Plus d’inégalités : les barrières économiques et sociales seront brisées — regardez comment l’imprimerie a émancipé la littérature, le numérique a émancipé la musique, le pouvoir collaboratif d’internet a émancipé les porteurs de projets… la technologie est libératrice dès lors qu’elle est entre les mains du peuple”, affirme le porte-parole de l’AFT.

L’oligarchie transhumaniste

Loin de cet avenir idyllique, reste le scénario catastrophe dont nous avons déjà abordé quelques aspects dans un précédent billet.

S’améliorer, devenir immortels, c’est bien beau, mais encore faut-il que nous utilisions nos nouveaux outils avec sagesse. “Comme dit le proverbe, toute technologie est intrinsèquement neutre. Mais cette déclaration désinvolte ne reconnaît pas que toute technologie naît de l’humanité et est maniée par nos seules mains. Pour paraphraser un grand philosophe moderne, tous les animaux sont capables de tuer”, explique Chris Arkenberg, prospectiviste américain, dans H+ Magazine.

Transhumaniste convaincu, Chris Arkenberg redoute un scénario où notre incroyable longévité s’accompagnerait de la surpopulation et de l’épuisement des ressources. Dans ce scénario, nos nouveaux pouvoirs s’accompagneraient aussi de l’inégalité de distribution des améliorations et d’une nouvelle forme de “techno-élitisme”, menant à terme à la dictature d’une “oligarchie transhumaniste”.

Vidéo - Deus Ex : Human Revolution - Découvrez la vérité sur Sarif Industries

Car qui peut, aujourd’hui, s’offrir un exosquelette à 124 000 dollars ? Qui peut s’offrir les services d’une clinique privée proposant de choisir le sexe de son enfant, ou ceux d’un labo proposant de conserver ses cellules souches pour fabriquer des “organes de secours” ?

Chris Arkenberg redoute la possible domination d’une “techno-élite”, qui nous entraînerait vers la violence. “Une classe d’élite transhumaine serait une menace existentielle pour les autres, qui réagiraient violemment... A l’inverse, les techno-élitistes pourraient juger les non-améliorés comme “inaptes” ou “sous évolués”, ce qui pourrait conduire, comme l’histoire l’a montré, à de grandes atrocités”, explique le prospectiviste.

Le spectre de l’eugénisme

Reste le risque le plus souvent pointé du doigt par les adversaires du transhumanisme : l’eugénisme. L’ectogenèse, le diagnostic pré-implantatoire, le choix du sexe de son enfant ne seraient-ils pas un premier pas vers cet univers sombre, imaginé notamment dans le film “Bienvenue à Gattaca” ?

Vidéo - Extrait bienvenue a gattaca

Sous prétexte de donner à son enfant “le meilleur départ possible”, ne risquons-nous pas de supprimer la différence ? Plus de hasard, tout serait déterminé à l’avance.

Plus de maladies mentales, “au risque de supprimer celles qui sont parfois sources de créativité”, note Rémi Sussan, journaliste à Internet Actu. Einstein, Newton, et tous ces génies qui souffraient du syndrome d’Asperger“auraient-ils été les mêmes, sans ça ?”, interroge-t-il.

Outre le risque de voir certains États, comme la Chine, tenter de devenir “les meilleurs” en ne créant que des surdoués, demeure un autre risque, plus philosophique.

“Demain, nous fabriquerons l’humain. Nous supprimerons le hasard de la vie, et du même coup, nous en supprimerons le sens !”, s’exclame Jean-Michel Besnier, philosophe.

L’homme machine

Devons-nous craindre cette “fin de l’homme” que redoute le philosophe américain Francis Fukuyama ? Perdrons nous notre humanité en nous améliorant à outrance ?

“On va réduire l’homme à la machine. On va rabotter l’essentiel de l’humain pour en faire une super-machine, pas meilleure ou plus mauvaise qu’une machine classique”, note Jean-Michel Besnier, pessimiste.

Mais c’est quoi, être humain ?”, rétorque David Latapie. “L’humanité, c’est avant tout l’empathie et la compassion. Même en étant améliorés, nous resterons humains”. Pour lui, le seul risque de ce genre viendrait d’une possible dépendance aux fameuses “hormones du bonheur” qui sont censées nous rendre plus heureux. “Accros” que nous serions à ces hormones (ou implants), nous risquerions de devenir des sortes de “zombies”, fuyant la réalité pour un bonheur palliatif.

Immortalité, surpopulation et ennui

Dans notre avenir sombre, nous pourrions vivre jusqu’à 500 ans. Et du même coup, imagineChris Arkenberg, nous passerions de 6,8 milliards d’être humains à 9 milliards en 2050… jusqu’à la surpopulation, qui nous serait fatale.

“Si l’extension de la vie touche tout le monde, nous pourrions alors craindre une population toujours plus nombreuse, avec un PIB très élevé et des salariés travaillant jusqu’à 100 ans… Des gens qui vivent plus longtemps, qui consommerons plus, avec à la fin, l’épuisement des ressources”, note le prospectiviste américain.

Et puis, être immortel, n’est-ce pas, aussi, risquer de s’ennuyer ferme ? “L’immortalité, c’est la solitude et l’ennui assurés. Nous n’aurons plus besoin les uns les autres, nous deviendrons des êtres souverains, qui ne communiqueront plus entre eux”, prédit Jean-Michel Besnier.

A ces deux risques, les transhumanistes ont la réponse. La surpopulation d’abord. Outre le fait que la surpopulation sera endiguée par le fait que nous faisons de moins en moins d’enfants, jusqu’à une baisse drastique de la population mondiale à partir de 2050, les transhumanistes tournent notre tête vers les étoiles. “Nous irons conquérir l’espace ! Ce sera le nouveau défi !”, lance David Latapie.

La conquête spatiale, un moyen de donner aussi à l’humanité 2.0 un nouveau sens. Ainsi, “nous pourrions partir vivre un peu partout, coloniser de nouveaux ecosystèmes, dans les océans ou dans l’espace”, décrit le journaliste Rémi Sussan.

Un homme plus sage ?

Notre intelligence décuplée pourrait aussi être la réponse. Plus intelligents, nous pourrons non seulement optimiser l’exploitation des ressources, voyager dans l’espace, mais aussi devenir plus sages.

Pour Marc Roux, président de l’AFT, nous pourrons vivre dans une société plus “posée”. L’allongement de notre espérance de vie signifierait ainsi “un degré de violence moindre”. Et d’expliquer : “La valeur de la vie est plus importante avec une longue espérance de vie. Notre société sera plus raisonnable, plus pacifiste. Pour l’ensemble de l’humanité, cet allongement de la durée de vie peut être une source de paix.”

Reste la question de l’augmentation et de l’amélioration de notre intellect : “nous fonctionnons selon un certain nombre de prédispositions qui sont les mêmes depuis la préhistoire. Par peur, nous acceptons d’être dominés, mais si nous pouvons nous améliorer, cela peut permettre à l’homme de rompre ses chaînes. L’augmentation permettra d’intervenir sur ce qui détermine notre moralité”, affirme Marc Roux. D’où l’idée, défendue par certains transhumanistes, de “l’augmentation morale”.

Vidéo - Pills that improve morality : Julian Savulescu at TEDxBarcelona

Optimiser notre intelligence “pourrait améliorer la qualité de nos vies et faire de nous des citoyens radicalement meilleurs”, écrit l’une des têtes pensantes du transhumanisme, le sociologue James Hugues, dans son livre “Citizen Cyborg”.

Mais suffit-il d’être intelligent pour ne pas se comporter de façon stupide ? Être plus intelligent veut-il forcément dire être plus sage ? Dans “Barrière mentale” (1954), l’écrivain de science-fiction Poul Anderson imagine un monde où l’homme devient soudain radicalement plus intelligent.

“Le fond de la personnalité ne change pas. Et les gens intelligents ont toujours pratiqué, de temps à autre, la stupidité ou la méchanceté, comme tout un chacun. Un homme peut être un brillant savant, mais ça ne l’empêchera pas, entre autres, de conduire avec imprudence”, affirme l’un des personnages de son roman.

“La technologie ne fait pas tout, en agissant sur notre cerveau, nous ne gagnerons pas forcément en sagesse : ce sera à nous de le faire”, indique David Latapie.

Vidéo - ’2001’ : 2001 A Space Odyssey - ending -Dave passe au stade d’évolution suivant et atteint le rang de ’fœtus astral’. 

Open source et dialogue à la rescousse

Finalement, comment éviter que la métamorphose de l’humanité ne se fasse dans la douleur ? Comment éviter le scénario catastrophe présenté ci-dessus ?

Pour éviter l’accaparement des technologies par les plus riches, et pour éviter de tomber dans “une société orwelienne”, les technoprogressistes défendent l’open source et le Do It Yourself, “seuls moyens de garder le contrôle”. Et de prôner, par exemple, les bienfaits de l’imprimante 3D, qui permettra de “démocratiser” les prothèses, implants, et autres améliorations futures.

“Mais comment faire pour que les gens décident d’aller vers l’open source plutôt que vers les grandes multinationales ?”, s’interroge David Latapie. Réponse : “En posant le débat, en faisant en sorte d’en parler.”

Car l’appropriation passe aussi par l’éducation. “Il faut en parler, en débattre le plus possible. Le transhumanisme ne doit pas rester connu que d’une poignée d’initiés. Une réflexion éthique et philosophique est capitale. Mme Michu doit réagir ! Les gens ne doivent pas rester passifs”, remarque Jean-Michel Besnier.

“Nous invitons les forumeurs, les gens qui s’intéressent à ce sujet, à en discuter autour d’eux. Il faut diffuser le débat. Pendant longtemps, tout ce qui relevait du transhumanisme a été tû. Il en a fallu du temps, pour qu’il débarque. Il faut prendre de très grandes précautions avant de se lancer dans le développement d’une technologie susceptible de toucher à la condition biologique de l’humain”, note de son côté Marc Roux, à l’AFT.

Et David Latapie de conclure : “Avec de nouvelles libertés, viendront de nouveaux devoirs. Comme le dit Stan Lee, ‘un grand pouvoir implique de grandes responsabilités’”. A nous de jouer. Ou plutôt à vous.

A lire aussi (et pour s’y retrouver) :

1/ Transhumanisme : en route vers l’Homme augmenté

2/ Transhumanisme : aujourd’hui, l’Homme réparé

3/ Transhumanisme : demain, l’Homme amélioré

4/ Transhumanisme : technologie d’avenir, débat d’aujourd’hui (Reportage VIDEO)

5/ Transhumanisme : un futur entre nos mains

Source : http://www.cnetfrance.fr/news/transhumanisme-un-futur-entre-nos-mains-39793046.htm

Une mise jour de ce travail de Fabien Soyez figure au chapitre 15 de ce dossier

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  • De l’homme réparé à l’homme augmenté - Olivier Hertel, Spécialiste Innovation et technologies au magazine Sciences et Avenir Santé - Le 14.12.2014 à 09h00 | Mis à jour le 14.12.2014 à 09h00
    « Reprogrammation biologique, impression 3D d’organes et de tissus, prothèses sensibles, implants cérébraux... la médecine régénératrice a le vent en poupe ».

Photo à consulter à la source- L’Américain Igor Spetic, amputé du bras droit, a testé une prothèse de main à la technologie inédite qui restaure le sens du toucher. © youtube

Ils sont riches, intelligents, très influents et pour la plupart américains. Mais comme nous tous, ils sont mortels. Une fatalité insupportable qui depuis quelques années pousse des Larry Page (cofondateur de Google), Peter Diamandis (physicien et multi-entrepreneur), Mark Zuckerberg (fondateur de Facebook) ou Craig Venter (biologiste et multi-entre- preneur) à dépenser des sommes importantes et beaucoup d’énergie dans des projets d’extension de la vie.

Tous sont convaincus qu’au XXIe siècle, les sciences et les technologies vont révolutionner la médecine. Dans son livre The Singularity Is Near paru en 2005, le futurologue américain Ray Kurzweil, gourou du transhumanisme et prophète de l’immortalité, annonçait les grandes ruptures pour les années 2020. Faisant déjà référence aux cellules souches, il y prédisait ainsi les transformations profondes que connaîtront les humains grâce aux avancées de la génétique et des biotechnologies : ’Les personnes seront capables de reprogrammer leur propre biochimie, loin des maladies et du vieillissement, étendant de manière radicale l’espérance de vie.’ Délire de futurologue adepte de science-fiction ?

De fait, la réalité commence à donner raison à Kurzweil. En 2012, le chercheur japonais Shinya Yamanaka recevait le prix Nobel de médecine pour ses travaux révolutionnaires sur les iPS (voir lexique), des ’cellules souches pluripotentes induites’, obtenues par modification génétique de cellules de peau et à partir desquelles il est possible de produire tout type cellulaire. Une rupture pour la médecine régénératrice car ces cellules, faciles à produire, peuvent être utilisées pour la reconstruction de tissus et d’organes.

Imprimer en 3D des organes ’de rechange’

Aujourd’hui, Ray Kurzweil ne se contente plus de prédire l’avenir dans des livres ou lors de conférences. Il peut passer de la théorie à la pratique. En 2012, il a été recruté par Google pour diriger son laboratoire sur l’apprentissage des machines et le traitement du langage. De surcroît, il est impliqué dans Calico, société créée par le géant de Mountain View avec l’objectif très général ’de s’attaquer au vieillissement et aux maladies’. Google avec ses milliards de dollars et Kurzweil, en petit génie de la vie éternelle, parviendront-ils à nous guérir de la mort ?

Dans cette révolution de la biologie qu’ils pronostiquent et préparent, ils peuvent déjà compter sur l’essor fulgurant de l’impression 3D. Ce qui au départ, n’était qu’une technique permettant de fabriquer des objets en plastique, est devenu un moyen prometteur pour construire tissus et organes à la demande, à partir de cellules vivantes, notamment des cellules souches. Les enjeux de cette ’bio-impression 3D’ (lexique) sont considérables puisqu’il est question de pouvoir réparer le corps en imprimant les ’pièces’ défectueuses (lire S. et A. n° 806, avril 2014).

En février, l’équipe de Jennifer Lewis, de l’université Harvard (États-Unis), est ainsi parvenue à imprimer un tissu formé de trois types cellulaires différents. Elle y a intégré en particulier un réseau de vaisseaux sanguins qui alimente les cellules en oxygène et nutriments, et évacue leurs déchets. Une brique indispensable pour la fabrication d’organes flambant neufs... graal de la jeune société californienne Organovo. ’Nous avons déjà réussi a ? imprimer une grande variété de tissus humains : du foie, du poumon, de l’os, des vaisseaux sanguins, du cœur et de la peau’, assure Mike Renard, vice-président d’Organovo.

Malheureusement, l’organe entier n’est pas pour tout de suite. ’Vu la complexité d’un rein, d’un cœur ou même d’un foie, ce ne sera pas avant 2040 ou 2050 !’, estime prudemment Fabien Guillemot, chercheur à l’Inserm de Bordeaux et créateur de Poietis, seule entreprise française à développer des tissus biologiques par bio-impression laser. En attendant, il faudra se contenter de prothèses. Une vie de cyborg qui est déjà une réalité pour certains d’entre nous. Pendant deux ans, l’Américain Igor Spetic, amputé du bras droit, a testé une prothèse de main à la technologie inédite qui restaure le sens du toucher !

Conçue par l’université de Cleveland, cette main robotisée reproduit même des sensations que Spetic pensait avoir définitivement perdues comme la chair de poule provoquée par le frottement d’un morceau de coton sur sa peau. Comment ? Par la stimulation électrique de certains nerfs de l’avant-bras, normalement chargés de relayer le sens du toucher vers le cerveau. Concrètement, des capteurs sur la main évaluent les forces exercées, renvoient un signal vers un boîtier externe qui l’analyse puis émet les impulsions électriques correspondantes : elles stimulent les nerfs en fonction des informations transmises par les capteurs. Le cerveau fait le reste : dur, mou, râpeux, lisse, etc.

Guérir le corps par la stimulation du cerveau

Cette stimulation, on la pratique même directement aujourd’hui sur le cerveau. Avec la connaissance qu’ils ont des différentes régions cérébrales et de leurs fonctions, certains chercheurs et médecins adoptent le principe de la stimulation afin de corriger des troubles handicapants. Les travaux menés en France depuis près de trente ans par Alim-Louis Benabid sur la maladie de Parkinson sont devenus célèbres dans le monde entier.

Ce chirurgien du CHU de Grenoble a montré que la stimulation électrique d’une structure cérébrale profonde, le noyau sous-thalamique, à l’aide d’électrodes très fines, permettait de réduire sensiblement les symptômes de la maladie dont les fameux tremblements. Plus de 100 000 personnes dans le monde ont bénéficié de cette technique. Et une vingtaine de maladies pourraient encore être ainsi traitées : dépression, troubles obsessionnels, épilepsie, etc.

Une véritable révolution récompensée cet été par le prestigieux prix de la Fondation Lasker aux États- Unis, considéré comme la dernière marche avant le Nobel. L’approche visant à moduler l’activité du système nerveux est promise à un bel avenir. En août, le président des États-Unis Barack Obama a ainsi présenté en personne un nouveau projet de la Darpa (Agence pour les projets de recherche avancée de défense) pour le moins surprenant.

Baptisé ElectRx, ce programme militaire, financé à hauteur d’environ 80 millions de dollars, prévoit de traiter les maladies grâce à de petits implants électriques branchés sur les neurones. L’idée repose sur le fait que nombre de maladies sont contrôlées et régulées par le système nerveux : des maladies neurologiques bien sûr (Parkinson, épilepsie, etc.), mais aussi des maladies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde.

Le programme ElectRx vise donc à surveiller en permanence l’état du corps. Si une anomalie est détectée, de minuscules électrodes connectées sur les nerfs reliés aux organes, enverront de petites décharges afin de rétablir un fonctionnement normal. La Darpa envisage de mener les premiers tests sur l’homme avant 2020.

Vers la création de ’surhommes’

De l’homme ’réparé’, porteur d’espoir, un glissement semble déjà s’opérer vers une autre humanité, celle de l’homme ’augmenté’, que prônent avec vigueur Ray Kurzweil et le mouvement transhumaniste (lexique), très actif aux États-Unis. En 2002, la National Science Foundation (NSF) publiait un rapport prescripteur qui avait frappé les esprits : Les Technologies convergentes pour l’augmentation des performances humaines. Au programme, nanosciences, biologie, sciences cognitives et technologies de l’information se voyaient réunies pour la fabrication d’un... surhomme.

Un concept exploité par plusieurs programmes américains, par exemple Talos, une tenue de combat ultralégère à base de nanomatériaux qui résiste aux balles. Ses capteurs physiologiques surveillent l’état du soldat dont la force est augmentée au moyen d’un exosquelette. Cette armure façon Iron Man devrait être opérationnelle en 2018.

Mais Talos n’est qu’un vêtement d’un nouveau genre. De nombreux travaux visent à augmenter les aptitudes humaines, en particulier cognitives, grâce àla mise au point d’implants. À l’université de Californie du Sud, l’ingénieur et neurobiologiste Theodore Berger développe depuis plus de 20 ans, des puces électroniques implantables dans le cerveau et censées restaurer la mémoire à long terme. Testées chez le rat et le singe, elles sont actuellement à l’essai pour des hommes ayant subi des lésions cérébrales altérant les facultés mnésiques.

Mais l’enjeu de ces travaux ne se limite pas à ça. Ils visent avant tout à comprendre et à reproduire le fonctionnement du cerveau : ’Quand nous en serons capables, nous pourrons en faire des copies fonctionnelles avec d’autres matériaux’, expliquait Marvin Minski, en préambule du congrès Global Future 2045, l’an dernier à New York. Ce chercheur du MIT, spécialiste de l’intelligence artificielle, est l’un des grands théoriciens du téléchargement de l’esprit.

Ce rêve ultime du transhumanisme prévoit de transférer notre esprit depuis le cerveau vers une machine. Une vie éternelle enfin débarrassée de ce véhicule encombrant et vieillissant, le corps.

NUMÉRIQUE. Cet article est extrait de Sciences et Avenir 814… . Le magazine est disponible en version digitale - © Sciences et Avenir - Les contenus, marques, ou logos du site sciencesetavenir.fr sont soumis à la protection de la propriété intellectuelle.

Source : http://www.sciencesetavenir.fr/sante/de-l-homme-repare-a-l-homme-augmente_28253

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https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3a/Transhumanism_h%2B.svg/220px-Transhumanism_h%2B.svg.png H+, un symbole du transhumanisme.

« Le terme « transhumanisme » est symbolisé par « H+ » (anciennement « >H »2) et est souvent employé comme synonyme d’« amélioration humaine ». Bien que le premier usage connu du mot « transhumanisme » remonte à 1957, son sens actuel trouve son origine dans les années 1980, lorsque certains futurologues américains ont commencé à structurer ce qui est devenu le mouvement transhumaniste. Les penseurs transhumanistes prédisent que les êtres humains pourraient être capables de se transformer en êtres dotés de capacités telles qu’ils mériteraient l’étiquette de « posthumains »1.

« Pour résumer la FAQ Transhumaniste (2.1), un des documents transhumanistes les plus reconnus, le transhumanisme est défini comme suit :

  • La promotion de l’amélioration de la condition humaine à travers des techniques d’amélioration de la vie, comme l’élimination du vieillissement et l’augmentation des capacités intellectuelles, physiques ou psychologiques.
  • L’étude des bénéfices, dangers et de l’éthique de la mise en œuvre de ces technologies.
    Ainsi, le transhumanisme est parfois considéré comme un posthumanisme ou encore comme une forme d’activisme caractérisé par une grande volonté de changement et influencé par les idéaux posthumanistes3. En France, ce mouvement est principalement représenté par l’Association française transhumaniste.

Il existe des groupes de réflexion, comme Neohumanitas, en Suisse, qui encouragent la réflexion et la discussion sur les conséquences socio-éthiques de l’utilisation des biotechnologies sur l’être humain et qui abordent certains enjeux du transhumanisme4. Un grand nombre d’approches transhumanistes différentes sont reflétées au sein même de ces différents groupes.

La perspective transhumaniste d’une humanité transformée a suscité de nombreuses réactions, tant positives que négatives, émanant d’horizons de pensée très divers. Francis Fukuyama a ainsi déclaré, à propos du transhumanisme, qu’il s’agit de l’idée la plus dangereuse du monde5, ce à quoi un de ses promoteurs, Ronald Bailey, répond que c’est, au contraire, le « mouvement qui incarne les aspirations les plus audacieuses, courageuses, imaginatives et idéalistes de l’humanité »6… »

Sommaire de l’article Wikipédia

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  • ‘Ces penseurs veulent dépasser la condition humaine’. Leurs idées inspirent Google
    Vers un homme augmenté – Transhumanisme - Ces penseurs veulent dépasser la condition humaine. Leurs idées inspirent Google. ParOlivier Bot 13.02.2015 - Document de ‘La Tribune de Genève’. Photo - Créé par des ingénieurs britanniques, Bionic Man est le premier robot à 70% humain doté d’organes vitaux artificiels. Image : Reuters

Ils nous promettent la fin de la maladie et l’immortalité. Ils rêvent de télécharger nos esprits. Et prophétisent l’apparition d’un « homo techno », cousin de l’homo sapiens, aux capacités augmentées par des implants, des objets connectés ou des « avatars » informatiques. Ils se nomment transhumanistes ou posthumanistes. Ils s’appuient sur la convergence des nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives dans la perspective d’une amélioration des performances humaines. De la science-fiction ? Non. De doux rêveurs marginaux ? Pas plus.

Le transhumanisme – dont les théoriciens sont des ingénieurs, des chercheurs ou des intellectuels – recrute ses activistes hors de ces seuls cercles scientifiques. « Les militants de ce mouvement viennent de tous les horizons sociaux. Ce ne sont pas des geeks ou des adeptes du Do-it-yourself, comme on pourrait le croire. Ils sont moins intéressés par la technologie d’aujourd’hui, toujours décevante, que par celle à venir. » Gabriel Dorthe, doctorant de l’Université de Lausanne (Unil) a fréquenté quatre ans les membres de l’Association française transhumaniste, pour une étude en immersion de cette communauté.

Aux yeux de Gabriel Dorthe, il n’y a rien d’eschatologique dans leur démarche. « Ces militants ne se projettent pas dans le futur parce qu’ils sont fatigués d’eux-mêmes ou de l’humanité telle qu’elle est. Ils cherchent d’ailleurs de plus en plus à s’impliquer dans le présent. Des partis transhumanistes sont même en cours de constitution », explique le philosophe de terrain.

Pour lui, cette communauté n’est pas non plus faite d’un seul bloc. S’ils partagent l’idée que « la nature humaine n’a plus rien de sacré » et s’ils revendiquent « la liberté de pouvoir se modifier », ils ne sont pas tous d’accord sur « ce que sera le posthumain ». « Il y a ceux qui croient que la cryogénisation leur permettra de se survivre, d’autres pensent que c’est de la pure spéculation, voire une arnaque ». Même débat sur la fusion homme-machine : « Certains pensent que l’homme peut se séparer de son substrat corporel, d’autres que la quête d’immortalité passera par la réparation du corps. »

Libertariens et « technoprogs »

Le chercheur lausannois constate enfin une évolution depuis l’apparition de cette idéologie dans les années 80 : « A l’origine individualiste, libertarien, faisant de la transgression des normes une quête d’émancipation de l’individu, le mouvement compte désormais un courant technoprogressiste qui prend de plus en plus de poids, étant attentif aux questions sociales et militant pourl’égalité d’accès aux améliorations humaines ».

Pour l’anthropologue de l’Université lausannoise Daniela Cerqui Ducret, « cette évolution exprime une forme de bonne conscience. Et cette générosité se heurte à une réalité sociale de plus en plus inégalitaire ». Les transhumanistes ne sont pas de généreux marginaux, ils « ont intériorisé les normes de notre société », explique-t-elle. Autour d’un mythe fondateur : l’idée que la technologie permet de résoudre tous les problèmes. Et du postulat individualiste « Si je veux, je peux ».

A ses yeux, « nous vivons déjà dans une société transhumaniste qui s’ignore. Ce sont les valeurs du monde capitaliste, qui sont juste poussées un peu plus loin ». Dans un rapport américain sur la fameuse convergence des technologies de 2002, « il est écrit noir sur blanc qu’augmenter les performances humaines servira la productivité et la croissance économique », rappelle-t-elle. Le mouvement a en effet trouvé des sponsors puissants comme le géant d’internet Google qui finance la Singularity University, leur laboratoire d’idées hébergé sur le campus de l’agence spatiale américaine (NASA) en Californie. Google a par ailleurs racheté des start-ups qui travaillent sur les maladies liées au vieillissement, sur le séquençage de l’ADN ou dans le domaine de la robotique. Toute la panoplie des recherches sur l’homme augmenté est désormais présente dans le groupe Google, dont les deux fondateurs Larry Page et Sergey Brin sont très influencés par la pensée transhumaniste.

« L’homme terminal »

L’homo techno a déjà fait ses premiers pas sans qu’on y prenne garde. De la Google Glass à l’Human Brain Project en Suisse : les signes d’émergence d’un monde nouveau se multiplient dans notre vie quotidienne et nos têtes. Un monde qui « pour une bonne part n’a pas encore été pensé », souligne le journaliste et essayiste Jean-Claude Guillebaud.

« Le smartphone qui a envahi nos vies va de plus en plus servir à contrôler notre corps et notre environnement. Les objets ne se conçoivent désormais qu’avec des capteurs et des transmetteurs. Derrière ces technologies se dessine un homme terminal au sens informatique du terme », souligne Daniela Cerqui Ducret. Tandis que des recherches tentent d’introduire du biologique dans les machines…

L’antropologue qui a travaillé en Grande-Bretagne avec Kevin Warwick (lire ci-dessous) a constaté une forme de schizophrénie chez les chercheurs. « Pour une majorité d’entre eux, Kevin Warwick était un marginal. Pour eux, l’humain augmenté, c’est de la science-fiction. Car ils assurent tous travailler dans le seul but thérapeutique. Or dans les faits, la seule limite de leur recherche est technologique. Et les barrières du faisable sont constamment repoussées ».

Le site ‘néohumanitas’

Le Valaisan Johann Roduit, chercheur à l’université de Zurich s’intéresse notamment aux questions éthiques et de choix de société liés à l’homme augmenté. Il a créé le site francophone neohumanitas qui se veut un think tank et une plateforme destinée à « partager avec un public plus large qu’académique le débat sur l’utilisation des technologies émergentes sur l’être humain ». Quelque 150 personnes sont abonnées à la lettre d’information de l’association.

« Je me suis intéressé aux problématiques bioéthiques soulevées par l’augmentation de l’être humain, thème de prédilection des transhumanistes ». Cela pose de nombreuses questions sur la liberté d’accès à ces technologies, sur la possibilité de les refuser, sur leurs risques pour la santé ». Par ailleurs, la grande question que posent ces technologies, c’est la définition de l’être humain, la frontière floue entre son amélioration et le risque de déshumanisation. »

Pour Daniela Cerqui Ducret, la prise de conscience de la finitude de l’environnement, des ressources et notre propre mort susciste le besoin d’infini, associé chez les transhumaniste à une pensée magique qui fait de la technologie le remède de tous nos maux. Ainsi, « la quête d’immortalité passe par la lutte antiâge, la médecine préventive et prédictive (risque génétique) qui se développent aujourd’hui. Cela implique qu’un individu, même en bonne santé, sera pris en charge médicalement. C’est une traduction logique du bien-être dans une société consumériste. » « Le transhumanisme nous montre la direction que notre société a prise, si on ne veut pas prendre ce chemin, il faut le dire maintenant, conclut-elle. Après, il sera trop tard. » (TDG) - (Créé : 12.02.2015, 22h48. Source : http://www.tdg.ch/monde/Vers-un-homme-augmente/story/20567562

Têtes pensantes d’un courant transgressif

Photo Ray Kurzweil

Parmi les figures du transhumanisme, celle de l’Américain Ray Kurzweil est incontournable. Cet ingénieur new-yorkais, qui a inventé des logiciels de reconnaissance optique et vocale, a rejoint Google en 2012 comme directeur de l’ingénierie. il travaille à l’élaboration d’une intelligence artificielle à partir du moteur de recherche. Ray Kurzweil est l’auteur du livre « La singularité est proche », où il prédit pour 2045 le moment où l’intelligence artificielle dépassera l’intelligence humaine. Cette « singularité » verra selon lui le monde basculer dans une ère nouvelle où la machine sera créatrice. Il a fondé la Singularity University en 2012 en Californie.

Photo Kevin Warwick

Le Britannique Kevin Warwick est aussi ingénieur. Il s’est fait implanter une puce en sous-cutané en 1998, une pratique qui paraît aujourd’hui banale. Puis il a lancé son expérience Cyborg 2 en connectant une puce au réseau nerveux de son avant-bras. Grâce à cela, il parvenait à commander à distance une main électronique dotée de capteurs, par le biais d’une connexion internet.

Photo Natasha Vita-More

Dans les médias, c’est un peu la diva du transhumanisme. Natasha Vita-More, artiste et designer qui a fondé et dirige le Transhumanist Arts and Culture World Center. Elle préside Humanity +, une association transhumaniste américaine, est souvent interrogée sur la prolongation de la vie et l’amélioration du corps (elle fait elle-même du culturisme). Elle est l’épouse du philosophe et futurologue Max More, un des pionniers de ce mouvement idéologique.

Peter Diamandis est un physicien et ingénieur dans le domaine spatial, auteur d’« Abondance, le futur est mieux que ce que vous pensez ». Il a fondé la X-prize Foundation qui récompense les innovations. Il dirige la Singularity University.

En France, le chirurgien Laurent Alexandre qui est aussi diplômé de Sciences politiques, est l’auteur de « La mort de la mort », pronostiquant l’allongement exponentiel de la vie, s’intéresse aux bouleversements sociaux que pourraient induire les progrès de la convergence des technologies.

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Article d’Olivier Bot. (Créé : 12.02.2015, 22h48) - Source : http://www.tdg.ch/monde/Vers-un-homme-augmente/story/20567562

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  • 25 termes pour comprendre l’homme augmenté – Document ‘Fondation Télécom’ sous l’égide de RECHERCHE & INNOVATION L’actualité scientifique de l’Institut Mines-Télécom - 24 juillet 2015 - Photo : Sir Julian Huxley, biologiste britannique, inventeur du terme transhumanisme
    « Que se cache-t-il derrière le terme d’Homme augmenté ? Le septième cahier de veille de la Fondation Télécom fait le point sur cette thématique, et propose une clarification documentée des termes d’Homme réparé, augmenté, amélioré, connecté, hybridé, instrumenté… et plus généralement du transhumanisme et du posthumanisme. Son glossaire réunit 25 termes à connaître pour aborder les enjeux et les questions relatives au sujet de l’Homme augmenté ».

Anthropotechnie : activité modifiant l’être humain en intervenant sur son corps, sans but médical.

Bioconservateurs : opposants au transhumanisme. vs. Biolibéraux, bioprogressistes : enthousiastes des progrès NBIC.

Conférences Macy : à l’initiative du neurologue Warren McCulloch entre 1942 et 1953, elles réunissent un groupe interdisciplinaire pour établir une science générale du fonctionnement de l’esprit.

Connectome : plan complet des connexions neuronales dans un cerveau.

Cybernétique : proposé en 1947 par le mathématicien américain Norbert Wiener pendant les conférences Macy pour désigner les domaines naissants de l’automatique, de l’électronique et de la théorie mathématique de l’information.

Cyborg : contraction de « cybernetic organism », mi-homme mi-mécanique.

Démiurgique : δημιουργός, de démos, peuple, et ergos, travail. Platon définit le démiurge comme le dieu qui organise le monde à partir de la matière originelle. Pouvoir créateur.

Deep learning : classe d’algorithmes de machine learning, fondée sur des modèles à nombreuses couches de réseaux de neurones.

Homme diminué : résultat malheureux où l’Homme aurait plus à perdre qu’à gagner des conséquences du transhumanisme.

Huxley (Sir Julian Sorell) : biologiste britannique (1887-1975), connu pour ses ouvrages de vulgarisation sur la biologie et l’évolution, premier directeur général de l’Unesco en 1946. Les révélations du programme de sélection des géniteurs et d’élimination des êtres supposés inférieurs par les nazis pousseront Huxley à créer le terme transhumanisme, dans New Bottles for New Wine, en 1957, pour décrire sa vision de l’amélioration des performances humaines. Son grand-père, Thomas Henry Huxley, biologiste également, était un collègue et partisan de Charles Darwin. Il est également le frère de l’écrivain Aldous Leonard Huxley, l’auteur de l’ouvrage de science-fiction Le Meilleur des mondes.

Humanity+, World Transhumanist Association (WTA) : Fondée en 1998 par les philosophes Nick Bostrom et David Pearce, la WTA est une organisation non gouvernementale mondiale qui œuvre à la reconnaissance du transhumanisme par le milieu scientifique et les pouvoirs publics. Elle devient Humanity+ en 2008, et publie le trimestriel H+ magazine.

Human enhancement : la terminologie anglophone pour désigner l’augmentation/ l’amélioration de l’Homme.

Loi de Moore : loi empirique énoncée par Gordon Moore faisant le constat que la complexité de composants double tous les ans à coût constant, et prolongeant ce constat pour prédire l’évolution à venir. Moore a énoncé deux lois de ce type.

Luddites : membres du mouvement violent qui opposa au Royaume-Uni en 1811-1812 des artisans contre les employeurs et manufacturiers qui préféraient l’emploi de machines pour travailler la laine et le coton. On croise aujourd’hui des néo-luddites.

Manifeste des généticiens : texte présenté par 22 généticiens (dont Huxley), pour un « eugénisme de gauche », lors du septième Congrès International de Génétique qui s’est clôturé à Edinburgh trois jours avant la déclaration de la Seconde Guerre Mondiale.

Méliorisme : doctrine selon laquelle le monde tend à s’améliorer ou peut être amélioré par l’effort de l’Homme ; tendance à s’améliorer.

NBIC : Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et sciences Cognitives.

Noosphère : néologisme introduit en 1922 par Pierre Teilhard de Chardin pour désigner la sphère de pensée humaine. Voir aussi : Cybionte, macro-organisme mixant cybernétique et biologie, proposé par Joël de Rosnay ; et Gaïa, planète présente dans le cycle Fondation d’Isaac Asimov, en phase empathique avec ses habitants.

Singularité technologique : point hypothétique dans l’évolution de notre progrès technologique, à partir duquel la croissance technologique passe à un ordre supérieur, non descriptible à ce jour. Le terme fait référence à la singularité gravitationnelle engendrée par un trou noir, au-delà de laquelle la lumière, et donc l’information, ne passe plus.

Synecdochique : de synecdocque, une métonymie (la partie pour le tout, l’espèce pour l’individu…) particulière dans laquelle les termes liés ont une dépendance matérielle ou conceptuelle.

Technocorps : néologisme proposé par Pierre Musso pour désigner un corps technologisé.

Transbemisme : de bème, construit sur gène, et mème. Un mème est un élément culturel, reconnaissable, qui est répliqué et transmis par l’imitation du comportement d’un individu par d’autres individus. Proposé par Martine Rothblatt, un bème est un élément de personnalité reconnaissable, réplicable, transmissible : sentiments, croyances, attitudes, valeurs…

Transhumanisme : En 2002, la World Transhumanist Association (aujourd’hui Humanity+, 6000 membres début 2015) adopte la Déclaration Transhumaniste et propose comme définition du transhumanisme : « un mouvement culturel et intellectuel qui affirme qu’il est possible et désirable d’améliorer fondamentalement la condition humaine par l’usage de la raison, en particulier en développant et diffusant largement les techniques visant à éliminer le vieillissement et à améliorer de manière significative les capacités intellectuelles, physiques et psychologiques de l’être humain. » Voir aussi : Posthumanisme, terme plus récent attribué à Peter Sloterdijk (philosophe et essayiste allemand) qui l’a employé en 1999 à l’occasion d’un colloque consacré à Heidegger et à la fin de l’humanisme.

Ville sensible : traduction actuelle préférée pour Smart city, mettant l’accent sur la profusion de capteurs et l’adaptation de la ville à son environnement.

Wearable technologies : anglicisme pour désigner les vêtements et accessoires connectés.

A lire sur le blog :
L’article sur le cahier de veille : L’Homme augmenté – Notre Humanité en quête de sens
Le « Machine Learning » expliqué par Stéphan Clémençon, chercheur à Télécom ParisTech
Parution de « Technocorps, la sociologie du corps à l’épreuve des nouvelles technologies », sous la direction de Brigitte Munier-Temime
« Des textiles connectés à l’homme instrumenté » par Christian Person, chercheur à Télécom Bretagne

Mots-clé s : Fondation Télécom homme augmenté Posthumanisme Transhumanisme - © Copyright 2016, All Rights Reserved –

A propos : L’Institut Mines-Télécom est un établissement public dédié à l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation dans les domaines de l’ingénierie et du numérique. Il est composé des 10 grandes écoles Mines et Télécom sous tutelle du ministre en charge de l’industrie et des communications électroniques, de 2 écoles filiales, de 2 partenaires stratégiques et d’un réseau de 13 écoles associées. L’Institut Mines-Télécom conjugue une forte légitimité académique et scientifique, une proximité concrète avec les entreprises et un positionnement unique sur 3 transformations majeures du XXIe siècle : Numérique, Énergétique et Écologique, Industrielle. Membre fondateur de l’Alliance Industrie du Futur, il entretient des relations étroites avec le monde économique et dispose de deux Instituts Carnot. Chaque année une centaine de start-up sortent de ses incubateurs. Ce blog diffuse les actualités Recherche & innovation de l’Institut et de ses écoles. N’hésitez pas à participer et à commenter ! - Rédacteur en chef : Jérôme Vauselle - Rédacteurs : Véronique Charlet, Anaïs Culot, Manon Lamoureux, Jérôme Vauselle, Benjamin Vignar.

Source : https://blogrecherche.wp.mines-telecom.fr/2015/07/24/25-termes-pour-comprendre-lhomme-augmente/

Voir également en PDF Les cahiers de veille de la Fondation Télécom : ‘L’Homme augmenté - Notre Humanité en quête de sens’ – Juin 2015.

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  • Vidéos ‘De l’homme réparé à l’homme augmenté’ ‘Futur Mad’/ARTE
    De l’homme réparé à l’homme augmentéRédaction ‘Futur Mad’ diffusé par ARTE – Créé le 16/11/2015 16h17 - Dernière mise à jour le 5/01/2016 18h01 - Robotique - Présentation d’une série de documents audiovisuels à voir à la source.

« Tout le long de cette première saison de FUTUREMAG, nous avons pu découvrir comment la technologie venait réparer et même augmenter le corps humain. Preuve, s’il en fallait une, que l’homme augmenté existe déjà. Prothèses bioniques, tatouage électronique ou exosquelette, retour sur quelques innovations surprenantes et un brin transhumanistes ».

Une prothèse bionique DIYSuite à un accident, Nicolas Huchet a été amputé de son avant-bras droit. Les prothèses performantes coûtent extrêment cher. Pour surmonter cette difficulté, il a décidé de fabriquer une prothèse tout seul, pièce par pièce et à bas coût. L’aide nécessaire, en plus des communautés sur le web, c’est dans un « Fablab » situé à Rennes qu’il l’a trouvée. Il nous montre les secrets de la fabrication de sa prothèse low-cost, qu’il souhaite désormais partager avec le plus grand nombre.Aller plus loin avec notre décryptage : ’Prothèses bioniques, vers la fin du handicap ?’Les exosquelettes : lève-toi et (re)marche ! Connaissez-vous les exosquelettes ? Ces squelettes externes parviennent aujourd’hui à faire remarcher des paraplégiques. À l’occasion d’une course hors du commun à New York, rencontre avec Amit Goffer, l’inventeur de l’exosquelette ReWalk. En France, Alain de Rino, kinésithérapeute au centre de revalidation de Kerpape, l’utilise au quotidien et nous explique son fonctionnement.Il existe deux types d’exosquelettes : les exosquelettes amplificateurs de force et les exosquelettes d’assistance. Explication en images.Au Japon, un exosquelette amplificateur de force a été développé par la société Active Link. Utilisé après la catastrophe de Fukushima, il permet de soulever plus de 30 kg d’une seule main. Retrouvez l’ouïe grâce aux implants cochléairesRendre l’ouïe aux personnes sourdes ne tient plus du miracle. C’est aujourd’hui possible grâce aux implants cochléaires, des implants électroniques de plus en plus perfectionnés qui ont permis à des milliers de personnes de retrouver une audition quasi parfaite. Nous irons en Allemagne à la rencontre de Rachel, maître-nageuse sourde depuis 10 ans qui a recouvré l’ouïe grace à ces implants. Explications de cette technologie avec Stefan Fredelake, ingénieur à Advanced Bionics, et avec le Professeur Frachet, spécialiste des implants cochléaires à l’Hôpital Rothschild. Une rétine artificielle pour les aveugles Qui aurait cru, il y a seulement quelques années, qu’il serait possible de rendre la vue aux personnes devenues aveugles ? A l’Institut de la Vision à Paris, la première patiente équipée d’une rétine artificielle est aujourd’hui capable de voir de 

nouveau ! Une première que l’on doit au Professeur Sahel, directeur de cet institut que Raphaël Hitier est allé interviewer.Le tatouage électroniqueLe tatouage est à la mode ? Vous ne croyez pas si bien dire. Un tatouage d’un nouveau genre qui pourrait révolutionner la médecine a vu le jour : le tatouage électronique. Nous sommes partis à Chicago, Etats-Unis, pour découvrir cette technologie impressionnante. Les lunettes connectés, plein les yeux !Vous avez peut-être entendu parler des lunettes connectées qui nous permettent de voir mieux mais aussi de voir plus. Ouvrez grand les yeux, nous vous faisons découvrir les lunettes connectées dont vous ne pourrez bientôt plus vous passer ! A quoi ressemblerait une journée complète avec des lunettes connectées ? Illustration en image.Les vêtements intelligentsConnaître en temps réel notre pouls ou notre taux de déshydratation sera bientôt aussi simple que de consulter sa montre pour connaître l’heure. Et ce, grâce aux vêtements intelligents, aujourd’hui en plein développement. Reportage sur cette innovation et ses applications surprenantes chez les sportifs mais aussi chez les pompiers !

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Source : http://sites.arte.tv/futuremag/fr/de-lhomme-repare-lhomme-augmente-futuremag

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L’hybride soulève des controverses, car si la reconstruction et l’amélioration du corps de l’homme semble souhaitable, une aide fournie à un public handicapé pour communiquer, son augmentation soulève des questions bioéthiques, au sujet des limites corporelles et de la définition même de l’humain.

La refabrication de l’espèce humaine, cybernétique, génétique, ou la domination des robots incarnée par les progrès en intelligence artificielle, réveille des craintes épidermiques ou ataviques de fin du monde, d’effacement de l’espèce humaine, au mieux d’émergence de société technocratiques. Quels sont les contours, les enjeux, les limites de cette interaction entre corps humain et technologies ? Ces craintes sont-elles fondées ?

Retrouvez le programme du forum « Mon corps connecté »

La critique du progrès interroge « pourquoi les hommes combattent-ils pour leur servitude comme s’il s’agissait de leur salut ? » (Deleuze et Guattari). La technologie, vendue par les discours publicitaires en tant que techniques pour améliorer le soi, est un moyen détourné d’accéder à l’éternité, en donnant naissance à des produits questionnables, illusoires, mensongers. Le contexte des technosciences, de production des savoirs et des outils, la fabrication d’une vérité scientifique, suit une logique de marché dans une perspective de « biopouvoir » (Foucault), de contrôle sur la vie.

La question sur l’hybride nous ramène finalement à la question sur l’humain, l’examen de son corps, sa corporéité, sa façon d’organiser le vivant, d’imaginer, son désir, ses frustrations, ce qu’il ne comprend pas, son sacré (qui n’est pas forcément religieux).

La réalisation hybride doit trouver un sens éthique, en respect de la réalisation d’une véritable ontologie, d’une corporéité neuve, pour le patient ; et ne se faire qu’à certaines conditions, du principe de réversibilité ontologique de la chair, d’une tradition de phénoménologie - il n’y a pas de touchant sans être touché -, il existe une corrélation étroite entre le praticien opérant un acte et le patient recevant cet acte ; d’un respect du ressenti de l’expérience hybride vécue des individus. La modification du schéma corporel implique non seulement l’aspect physiologique du corps humain, mais également psychologique, d’une identité, d’un regard à l’autre, du regard de l’autre sur soi, d’une plasticité cérébrale, une perception neurologique et émotionnelle.

Nous pouvons recourir aux interfaces, aux objets connectés, aux machines intelligentes, mais l’humain, pour son bien-être, ne doit pas se trouver isolé, aliéné, coupé de la situation de communication verbale et non-verbale (regard et espace interactionnel, toucher, corps en mouvement, geste, structure et perception du temps, métacommunication et propriétés non-phonémiques). Les technologies doivent se placer au service de la situation de communication, digitale et analogique, d’un humain toujours en interaction à un autre humain.

Au-delà du contexte normatif, l’hybride doit incarner une identité (trans)corporelle, une troisième catégorie, des techniques du soi inexplorées, une herméneutique du sujet - même s’il refonde d’autres normes juste derrière (repenser les dichotomies normal/pathologique, nature/artifice, homme/femme, humain/inhumain). Que l’inventivité scientifique aille dans cette direction. Gardons cependant en tête que nous connaissons encore peu de l’adaptation réelle du cerveau aux modifications hybrides, et très peu de la modification du schéma corporel, que ce soit au sujet de la différenciation de la plasticité neuronale, du temps entrepris, de ses marqueurs (comme la douleur par exemple) ; autant de facteurs qui ont un impact direct sur les possibilités de rééducation et les nouvelles conditions de vie.

A l’inverse d’un corps subjectivé par le biopouvoir, le corps hybride doit contribuer à éclairer la critique sur le caractère arbitraire des normes corporelles, qui façonnent le corps bioculturel de l’homme en société. Il est indispensable de ne pas oublier que tout analysable peut-être subverti et que le devenir de l’homme n’appartient qu’à lui, entre imaginaire et réalité, entre biologie et culture, la condition de son bien-être, libre à lui, entre recherche, connaissance, bioéthique et progrès, d’en redessiner les frontières.

Auteure : Judith Nicogossian docteure en anthropologie bio-culturelle

Plus d’info dans le dossier « Mon corps connecté » proposé par ‘Libération :

Faut-il redouter la médecine du futur ?

Le forum « Mon corps connecté » en 3 minutes

Faut-il avoir peur du progrès ?

Libérer les données de santé, enjeux et dangers

Source : http://www.liberation.fr/evenements-libe/2015/11/12/vers-un-homme-augmente_1412818

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  • Entretien avec Robert Redeker : Homme réparé, augmenté, enlisé dans la pauvreté
    Transhumanisme : entre l’homme réparé, l’homme augmenté et l’homme enlisé dans la pauvreté, saurons-nous échapper à un remake de la concurrence mortelle entre Homo Sapiens et Neandertal ? – Document ‘Atlantico’. Publié le 25 Janvier 2016 - Mis à jour le 29 Janvier 2016 - image : Guérir, réparer, mais également augmenter les capacités physiques et intellectuelles de l’humanité... Le transhumanisme modifie notre rapport à la vie et à la mort et pose la question d’une nouvelle civilisation. Mort à la mort – Entretien d’Atlantico avec Robert Redeker : Le rêve transhumain est de développer nos performances pour ressembler plus aux machines… Allons-nous vers une robotisation de l’homme ? …

Robert Redeker est né le 27 mai 1954 à Lescure dans l’Ariège. Agrégé de philosophie, il est l’auteur de nombreux livres et collabore à diverses revues et journaux. Il a notamment publié Le Progrès ou l’opium de l’histoire (2004), Egobody : La fabrique de l’homme nouveau (2010), L’emprise sportive (2012), Bienheureuse vieillesse en 2015. Voir la bio en entier

Lire l’article complet sur / Read more at ; http://www.atlantico.fr/decryptage/transhumanisme-entre-homme-repare-homme-augmente-et-homme-enlise-dans-pauvrete-saurons-echapper-remake-concurrence-mortelle-2553882.html

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  • Le transhumanisme, une évolution historique comme une autre  ? - Document de Gènéthique - 16 mars 2016 - Synthèse de presse bioéthique - Transhumanisme
    « Pourquoi l’évolution de l’homme devrait-elle s’arrêter ? L’humain ne s’est-il pas transformé au cours de son histoire par ses outils ? Il peut continuer ». C’est ainsi que Marc Roux, de l’Association française transhumaniste, a présenté son courant de pensée le 9 mars, lors d’un débat avec le philosophe Jean Michel Besnier, des neurobiologistes et des économistes
    [1]. Il se réclame d’un transhumanisme « plus social, rejetant la philosophie libérale-libertaire californienne », d’un « transhumanisme à la française ». Un transhumanisme jugé « plus policé, plus raisonnable, sans doute plus présentable ».

L’économiste Brigitte Dormont, plus prudente, lui répond : « Je ne sais pas s’il y a un changement de nature dans ces nouvelles technologies. Mais il y a assurément un risque sans précédent pour notre société, de rupture des mécanismes de solidarité ». Prenant l’exemple des robots, elle explique : « Les anges de fer n’aiment pas. Seule la chair porte notre haine, nos émotions, notre sensualité, notre empathie. Et donc la solidarité ». Jean Michel Besnier abonde en ce sens et complète : « Le transhumanisme bouleverserait la définition même de la santé (…) Elle [la santé] deviendrait le garant des performances d’un homme ‘boosté’, substituant au passage l’ingénieur expert en données au médecin. La prothèse ne sert plus à rester dans la norme du valide, mais à transgresser l’humain, à augmenter les attributs de l’individu, au détriment de la solidarité ».

Ainsi, « de l’homme réparé naîtra assurément l’homme augmenté ‘qui transgresse ce qui lui a été donné’ : il verra la nuit, portera de lourdes charges, courra plus vite, grimpera plus haut… un sur-homme. Le handicap visé au départ n’aura été ‘qu’un prétexte à hyperindividualiser le malade’ et à lui apporter des compétences sur-humaines jusqu’à dépasser la mort ».

Mais pour les chercheurs présents, « il y a encore un fossé entre l’imaginaire technologique et la réalité technique », entre les prothèses « extraordinaires » de laboratoires, et celles à disposition des patients. Certains s’inquiètent de voir le « chiffon rouge » du transhumanisme s’agiter, car cela risquerait de freiner l’innovation.

Jean Michel Besnier conclura ainsi la journée : « Les annonces qui nous sont faites sont prometteuses mais bousculent nos systèmes de santé et nos représentations philosophiques. Elles révèlent nos peurs et notre désamour de l’humain. Ces annonces sont prétextes à réfléchir à ce que nous faisons et à inventer de nouvelles responsabilité ».

 
[1] Organisé par la mutuelle MGEn et l’Institut des Sciences de la communication de l’Université Paris-Sorbonne.

Sources : Sciences & Avenir (15/03/2016) ; Le quotidien du médecin (14/03/2016)

© Copyright Gènéthique - Chaque article présenté dans Gènéthique est une synthèse d’articles parus dans la presse et dont les sources sont indiquées dans l’encadré. Les opinions exprimées ne sont pas toujours cautionnées par la rédaction .

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Les cellules iPS ont 10 ans ! 01 Avril 2016

Les autres dossiers de bioéthique : Clonage Génome Loi de bioéthique Objection de conscience Transhumanisme Don d’organes Embryon : recherche et alternatives Fin de vie Diagnostic prénatal Diagnostic préimplantatoire PMA-GPA IVG-IMG OGM

Tous les autres thèmes – Souce : http://www.genethique.org/fr/le-transhumanisme-une-evolution-historique-comme-une-autre-65157.html#.VwE983pp5f4

« Gènéthique » - Créé en 2000, Gènéthique est le premier site d’actualité bioéthique francophone. Son équipe de veilleurs et de rédacteurs propose différents services gratuits : 

 des Synthèses de presse quotidiennes pour suivre l’actualité bioéthique nationale et internationale
- des articles intitulés Gènéthique vous informe, pour approfondir une actualité ou vous informer en exclusivité
- un Coin des experts, pour décrypter les actualités complexes grâce à l’éclairage de spécialistes comme des généticiens, médecins, biologistes, juristes, philosophes etc.
- un lexique de termes de bioéthique
- une bibliographie d’ouvrages qui touchent aux thèmes abordés sur le site
- un répertoire des textes législatifs nationaux et internationaux en vigueur
- un agenda des principaux évènements et des rendez-vous médias qui alimentent l’actualité bioéthique. 

14 grands thèmes de bioéthique sont répertoriés : fin de vie, euthanasie, PMA-GPA, clonage, génome, loi de bioéthique, objection de conscience, transhumanisme, don d’organes, recherche sur l’embryon et alternatives (cellules souches adultes et iPS notamment), diagnostic préimplantatoire, diagnostic prénatal, IVG-IMG et OGM. Afin de comprendre les enjeux, des dossiers de fond seront mis en ligne. Adresse : Gènéthique – 37 rue des Volontaires – 75015 PARIS - Web : www.genethique.org - Mail contact - Source : http://www.genethique.org/fr/qui-sommes-nous-701.html

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    Transhumanisme : A quoi ressemblera l’homme « augmenté » de 2050 ? - Romain Scotto Twitte - Document ’20 minutes’ - Publié le 03.06.2016 à 07:05. Mis à jour le 03.06.2016 à 07:05
    Illustration - PORTRAIT-ROBOT - Vision, circulation sanguine, articulations, cerveau, tissus, cellules. Toutes les parties du corps humain sont concernées... - Creative Commons

Il voit plus loin et dans le noir, ne connaît pas la fatigue, vieillit moins vite, ne se brise pas le col du fémur en glissant sur une plaque de verglas et ne risque pas de développer une maladie neuro-dégénérative. L’homme de demain sera « augmenté ». Grâce au progrès technique, ses capacités mentales et ses physiques seront démultipliées. Pour les transhumanistes, « l’Homme qui valait trois milliards » est même peut-être déjà né…

>> A lire aussi : Transhumanisme : Et si vous viviez jusqu’à 500 ans ?

>> A lire aussi : Transhumanisme : « On ne parle pas d’immortalité, mais d’une extension de la vie en bonne santé »

1. La vue.

Il est déjà possible de redonner la vue à des aveugles grâce à des implants rétiniens électroniques placés dans le cerveau. Mais selon Serge Picaud, neurobiologiste et directeur de recherche à l’Institut de la vision à Paris, l’approche la plus novatrice, l’optogénétique, repose sur le génome d’une… algue. Celle-ci est capable de se déplacer naturellement vers la lumière. Les chercheurs souhaitent donc utiliser son système visuel pour le transférer chez un patient. A terme, les neurones du déficient visuel pourront exprimer la même protéine qui rend l’algue sensible à la lumière. Un projet de recherche beaucoup plus fou est également en cours pour développer la faculté de voir la nuit, comme un chat, en injectant dans l’œil un élément chimique présent chez certains poissons d’eaux profondes.

2. La circulation sanguine.

Finies les pénuries de sang dans les hôpitaux. Un fluide synthétique coule dans les veines de l’homme bionique. A l’horizon 2020, des chercheurs prévoient déjà l’utilisation de capsules capables de nettoyer le sang. Ils envisagent aussi d’accroitre sa capacité de transport en oxygène en s’inspirant d’un ver de sable, dont l’hémoglobine est 50 fois plus efficace que la nôtre. Avant, pourquoi pas, de modifier génétiquement les globules pour renforcer leur résistance au vieillissement ou aux virus.

3. Les os et articulations.

Imaginez un bras articulé, connecté, capable de soulever des tonnes de fonte, équipé de ports USB et d’une plate-forme d’atterrissage pour mini-drone. Les capacités des prothèses du futur n’ont de limites que celles de l’imagination humaine. Le membre bionique pourrait se démocratiser non plus chez les amputés, mais chez ceux qui souhaitent éviter les fractures, courir plus vite, sauter plus haut ou nager comme un poisson.

4. Le cerveau.

« Dès les années 2030, nous allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir démiurgique ». Cette prophétie signée Ray Kurzweil, l’ingénieur en chef de Google, signifie que la majorité de nos pensées ne sera bientôt plus d’origine biologique. Elles émaneront d’un « cloud », un nuage artificiel en réseau, dans lequel nous pourrions puiser des informations. Notre cerveau augmenté par des implants sera aussi capable d’effacer des mauvais souvenirs ou d’en immortaliser d’autres. Par ailleurs, la lutte contre les maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson peut passer par un remplacement des zones du cerveau défectueuses par des prothèses microélectroniques.

5. Les organes vitaux.

Outre la généralisation des organes biotechniques, artificiels, l’exploitation des cellules-souches permettra de fabriquer des organes in vitro à l’aide d’imprimantes 3D, tels que le cœur, le poumon, ou le rein. Il s’agit de cellules naturelles programmées pour se multiplier indéfiniment et qui peuvent donner naissance à tous les organes et tissus de du corps humain. Avec l’avantage immense de ne pas être rejetés par le système immunitaire du greffé. Le réservoir le plus important de cellules-souches se trouve au niveau de l’embryon. Seulement, pour des raisons éthiques, les recherches sur l’embryon sont très encadrées en France actuellement. Ce qui est moins le cas aux Etats-Unis ou en Chine.

6. La peau.

Grâce à une bio imprimante 3D, une équipe française est déjà parvenue à imprimer un fragment de peau à partir de différents types de cellules humaines cultivées in vitro. A terme, on peut imaginer la fabrication d’une peau intelligente, intégrée à l’épiderme. Bardée de puces et ultrarésistante, elle pourrait révéler un tatouage électronique qui informerait sur notre état de santé général.

7. Les cellules.

Des thérapies seront développées pour réduire l’oxydation des cellules, responsable du vieillissement. Le cœur de ces recherches porte sur les mitochondries, ces petits organites présents dans les cellules, dont elles constituent le réacteur énergétique. En maintenant ces mitochondries dans un état sain, les chercheurs pensent pouvoir endiguer la mort des cellules, voire les rajeunir. Cela peut passer par l’injection d’une molécule spécifique (NAD) ou l’activation de certains gènes. En laboratoire, des souris ont retrouvé une vigueur musculaire de souriceau et gagné 40 % de vie en plus grâce à ces techniques.

Vidéo à la source : Source http://www.20minutes.fr/sante/1831643-20160603-transhumanisme-quoi-ressemblera-homme-augmente-2050

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  • Vidéo - A quoi ressemblera l’humain 2.0 ? Colloque BPI France 2016
    De l’Homme réparé à l’Homme augmenté : à quoi ressemblera l’humain 2.0Document audiovisuel d’un colloque de BPI France - 22 juin 2016

Quel Homme dans le futur ? Telle était la question posée par l’atelier Echo 1 ’De l’Homme réparé à l’Homme augmenté : à quoi ressemblera l’humain 2.0’ de Bpifrance Inno Génération animé par Pierre Tambourin, Dg Génopole. Retrouvez la vidéo et les points à retenir de cet atelier.

Vidéo - Echo 1 - De l’Homme réparé à l’Homme augmenté...par Bpifrance Inno Generation

Où en est l’être humain aujourd’hui ? Est-on déjà passé de l’Homme réparé à l’Homme augmenté ? La recherche et ses avancées permettraient d’envisager de sortir du cadre sociétal pour viser un individu supérieur. Une évolution risquée. Alors qui va garder la main : la mutation ou l’éthique ?

La frontière est finalement claire. Quand on parle de l’Homme réparé on fait référence à la guérison ou à la suppression d’un handicap. Mais quand on parle de l’Homme augmenté, on sort du cadre social habituel pour parler d’un apport qui rend ou rendrait l’individu, ou un groupe d’individus, supérieur. Les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) sont aujourd’hui à même d’apporter des réponses sophistiquées aux défaillances du corps ou à des projets futuristes d’amélioration. La mutation est possible comme le montrent des concrétisations simples qui font déjà partie de notre quotidien…

L’homme 2.0 vous salue bien

Le petit rectangle composite qui remplit de nombreuses fonctions (nous diriger, nous informer de l’heure, de la météo) mais aussi l’objet anodin qui booste notre vision… Smartphone et lunette sont parmi les nombreuses preuves que nous vivons déjà de plain-pied une vie augmentée. On peut y ajouter les implants auditifs ou les progrès apportés aux diabétiques par la société Diabeloop dont le dispositif personnalisé de gestion et de distribution de l’insuline mêle technologie et algorithmie. L’Homme 2.0 est donc aujourd’hui partout. Mais le saut de la guérison-réparation vers l’augmentation, c’est encore autre chose…

Les dangers qui guettent

danger

Les technologies disponibles ouvrent en effet des possibilités de grande ampleur comme ces capteurs pouvant surveiller 400 fonctions du corps humain et capables d’envoyer les données vers un centre de ressources d’où partiraient des préconisations d’actions pour la personne. Big brother est-il parmi nous ? Le danger, c’est sans doute le GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) qui scrute les comportements des individus, mais aussi les assureurs peut-être… Plus inquiétante encore, la théorie du transhumanisme, qui prône l’usage des sciences et des technologies pour améliorer les performances physiques et intellectuelles des êtres humains, surfe sur les biotechnologies et ouvrirait un marché de deux mille milliards de dollars. Cette idéologie de la performance et de la perfection appliquée au vivant, pose avec une nouvelle acuité la problématique de l’éthique qui traverse toujours les travaux et les avancées de la thérapie génique ou moléculaire

L’éthique au rendez-vous

Pour Hervé Chneiweiss, président du comité d’éthique de l’Inserm, la morale reste l’enjeu majeur  : « Faire des recherches sur l’embryon c’est éthique, car on a besoin de comprendre les choses ; le transfert clinique, ce sont d’autres problèmes … ». Avec en toile de fond, une position fondamentale : la justice, avec des traitements disponibles, en nombre, et soutenables. Loin des milliards de gains de l’éventuel marché transhumaniste…

IntervenantsErik Huneker : directeur général Diabeloop

Frédéric Revah : directeur général Généthon

Philippe Duchâteau : directeur scientifique Cellectis

Hervé Chneiweiss : président du comité d’éthique de l’Inserm

Marie Zwarg : responsable sectorielle santé, BpifranceSource : http://www.bpifrance.fr/Actualites/A-la-une/De-l-Homme-repare-a-l-Homme-augmente-a-quoi-ressemblera-l-humain-2.0-26997

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Résumé Français English Español

« Human Enhancement » est l’expression aujourd’hui consacrée pour désigner l’« amélioration » technique des performances humaines, aussi bien physiques, intellectuelles qu’émotionnelles. Source d’inquiétude pour les uns, motif d’espérance pour les autres, l’augmentation de l’humain soulève un nombre considérable de débats. Ceux-ci se caractérisent cependant par l’évacuation de toute dimension sociale et politique du sujet. Au regard de deux ensembles de pratiques contemporaines, la consommation de médicaments psychotropes et le recours aux nouvelles technologies reproductives, cet article abordera les problèmes de la médicalisation de la société et de l’instrumentalisation de l’humain que recouvre l’humain augmenté.

Mots-clés : technosciences, transhumanisme, bioéthique, médicalisation

Plan

Entre les transhumanistes et les bioconservateurs : un débat sur l’avenir de la nature humaine

Les transhumanistes

Les bioconservateurs

Les partisans d’une éthique libérale : gérer l’augmentation de l’humain

Une condamnation intenable et injustifiée

Une régulation nécessaire

L’humain augmenté, un enjeu social

Amélioration ou médicalisation ? Le cas des médicaments psychotropes

Amélioration ou instrumentalisation ? Le cas des technologies reproductives

Conclusion

Droits d’auteur - Les contenus de la revue SociologieS sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France. Source du texte intégral : https://sociologies.revues.org/4409

« SociologieS » - Revue de l’Association internationale des sociologues de langue française, SociologieS publie des articles émanant de ses membres, d’auteurs en rapport avec des activités de l’AISLF, et plus généralement de sociologues du monde entier, principalement de langue française. Elle favorise le partage de la réflexion et l’ouverture à la diversité des courants théoriques et des perspectives méthodologiques, principalement à travers sa rubrique classique « Théories et recherches » et sa rubrique « Grands résumés » ; elle a l’ambition de faire le point sur des questions qui traversent la sociologie francophone à travers la rubrique « Dossiers  ». Ouverte aux jeunes chercheurs grâce à sa rubrique « Premiers textes  », aux expériences originales et aux questions de recherche dans sa rubrique « La recherche en actes », elle a aussi l’ambition de dynamiser l’espace scientifique francophone grâce à la traduction en français ou à la reproduction de textes anciens ou oubliés (rubrique « Découvertes/redécouvertes  ») ou en suscitant le débat sur des enjeux théoriques, méthodologiques ou institutionnels qui traversent la sociologie francophone (dans la rubrique « Débats »). Source : https://sociologies.revues.org/

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    Une émission de Mathieu Vidard sur France Inter (20 mai 2015)
    Le transhumanisme ou l’homme augmenté Emission La Tête au carré Mathieu Vidard France Inter, mercredi 20 mai 2015

Il y a 400 000 ans, l’homme maitrisait le feu pour la première fois. En améliorant ses compétences nocturnes, l’humain prenait pour la première fois le dessus sur sa nature. Aujourd’hui, ne plus se contenter de sa nature humaine est possible grâce à la technologie. C’est le transhumanisme. Comment se définit ce courant de pensée qui a pris ses quartiers dans la Silicon Valley ? Quelle est sa situation en France ? Comment la technologie s’apprête à changer notre corps et notre nature ?

Les invités

Miroslav Radman biologiste-généticien

Jean-Michel Besnier professeur de philosophie à l’Université Paris-Sorbonne

Sophie Coisne rédactrice en chef La Recherche

Didier Coeurnelle Vice président association Technoprog

L’équipe

Mathieu Vidard Producteur (trice) Violaine Ballet Réalisateur (trice) Lucie Sarfaty Attaché(e) de production Anne-Cécile Perrin Attaché(e) de production

Mots-clés : Sciences- Suivre l’émission Sur TwitterSur FacebookNous contacter : Contact- (ré)écouter La Tête au carré Voir plus

Source : https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-20-mai-2015

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  • L’Homme augmenté est-il acceptable ? – Document ‘Huffington Post’ en association avec le groupe ‘Le Monde’. Aymeric Poulainhttp://www.huffingtonpost.fr/aymeri...Conseiller en transition vers le numérique, société Nereÿs, docteur en sciences cognitives de l’Université de Rennes I - 18/09/2015 07:09 CEST | Actualisé 05/10/2016 16:29 CEST
    C’EST DEMAIN - Parce qu’il se propose d’intervenir sur ce qu’est l’essence même de l’humanité, le projet d’Homme augmenté, qu’il soit transhumaniste, posthumaniste ou hyperhumaniste, porte avec lui son lot de craintes, d’incertitudes et de doutes. Il est probablement aussi une des réponses aux bouleversements profonds de la société et de l’environnement, en ce qu’il permet d’accéder collectivement à une conscience planétaire. Pour en garder le contrôle, les citoyens doivent s’accorder sur les valeurs du projet, en définir ce qui est acceptable. Ils seront alors en mesure de penser le posthumain et d’en relever les nombreux défis, techniques, juridiques, éthiques, philosophiques. Il s’agit surtout d’un défi collectif, qui permettra aux humains de retrouver et d’augmenter en eux les valeurs essentiellement humaines de la solidarité, du partage, de l’empathie et de l’altruisme.

Évaluer les technologies

À Télécom École de Management, Pierre- Antoine Chardel est responsable de l’équipe de recherche interdisciplinaire ’Éthique, Technologies, Organisations, Société’. Professeur de philosophe sociale et d’éthique, il a coordonné en 2014 l’ouvrage Politiques sécuritaires et surveillance numérique (CNRS). Il mène une recherche sur l’évolution des processus de subjectivation, des espaces politiques et des imaginaires sociaux dans les sociétés technologiques. Considérant que l’avenir de nos sociétés technologiques reste à écrire, il pose les questions de la préservation des libertés dans une société de la surveillance, de la lucidité à l’égard de l’innovation technologique et du développement d’une technocritique informée et émancipatrice.

Décider de prendre en main sa propre évolution n’est pas un choix qui se fait à la légère. Même si chacun d’entre nous peut observer dans les progrès de la médecine, les avancées de la science génétique et les possibilités offertes par les technologies en général, que l’Homme intervient de plus en plus sur son propre développement, il n’est pas immédiat d’en considérer pour autant que cela pourrait être le projet central de l’humanité dans les décennies et siècles à venir.

Ceux qui ont une réflexion sur le passage de l’ère industrielle à l’ère numérique, sur les changements profonds et peut-être irréversibles de notre environnement, sur les conséquences qu’ils commencent à observer dans leur vie personnelle, ceux qui pensent comme Darwin que ceux qui survivent sont ceux qui comprennent le mieux leur environnement et savent s’y adapter, ceux-là sont ouverts au projet transhumaniste tout en restant vigilants sur les manières de le conduire.

En revanche, l’idée d’accélérer ce mouvement de l’évolution en le provoquant activement est rarement perçue comme raisonnable par ceux qui découvrent les objectifs transhumanistes pour la première fois. Ils sont dès lors plus facilement sensibles aux discours qui mêlent craintes, incertitudes et technophobies. Mais, comme s’adapter est une nécessité, ces craintes et ces peurs doivent être autant de défis qu’il faut reconnaître et dépasser. Entre enthousiasme béat et peurs irrationnelles, il convient de parler juste et de trouver les mots et les voies qui rendent le projet transhumaniste acceptable.

Le chirurgien-urologue et chef d’entreprise Laurent Alexandre est en France une des rares voix qui porte la réflexion sur l’augmentation de l’Homme. Il a fait en 2012 une conférence remarquée lors d’un TedX, intitulée : ’Le recul de la mort : Vers une immortalité à brève échéance ?’. Il intervient depuis régulièrement dans les médias et les colloques pour poser la question de la limite entre le transhumain et le posthumain.

Si le premier est acceptable, le passage brusque au deuxième est d’une toute autre nature. ’À défaut de bloquer l’émergence de toute forme d’intelligence artificielle, il faudra s’assurer que nous garderons l’essentiel : le rôle de chef d’orchestre. Nous devrons réguler un monde qui aura la capacité de s’améliorer et de progresser sans nous. Nous devrons veiller à garder le contrôle en érigeant des règles de prudence élémentaires’, prévient-t-il. Le citoyen doit être éclairé sur les différents points nodaux du transhumanisme, pour pouvoir reprendre le contrôle.

Premier point à considérer, le rôle des entrepreneurs de la transition numérique et l’impact sur l’emploi. Ces entrepreneurs sont de deux types, précise Laurent Alexandre. Des capitalistes du NBIC, intéressés par la rentabilité de leurs recherches, et des ’philanthropreneurs’ dotés d’une ’vision messianique cherchant à faire progresser la médecine et la science’. Dans leur quête, ces entrepreneurs disruptent tour à tour les secteurs économiques de l’ère industrielle passée, et se disruptent eux-même. Uber attaque ainsi de front les taxis, mais est en passe d’attaquer ses propres chauffeurs en développant des offres de transport autour des véhicules automatiques. Il deviendra à terme socialement inacceptable de conduire sa propre voiture.

De même, les robots chirurgiens remplaceront les chirurgiens, comme la plupart des métiers automatisables disparaîtront dans les années à venir à un rythme invalidant le concept de destruction créatrice Schumpeterien. Laurent Alexandre estime ainsi dans un entretien à l’Étudiant que ’seuls les plus intelligents, créatifs et adaptables s’en sortiront. C’est très darwinien et les jeunes sont livrés à eux-mêmes.

Dans le futur, une grande partie de la formation sera de l’autoformation.’ Les MOOC sont dès lors l’outil idéal permettant d’assurer une formation pertinente, à jour et généralisée, pour aider une population entière à s’adapter en moins d’une génération au monde qui se construit.

Homme ou machine ? Que serons-nous et jusqu’à quel point ? Ce sont les questions qui se posent ensuite avec l’irruption dans le corps de nanocomposants, de modifications génétiques reprogrammables, de fusion entre l’intelligence artificielle et le matériel neuronal. De l’Homme conservé tel qu’aujourd’hui à l’Homme versé dans la machine, tout un champ de possibilités s’ouvre, avec son lot d’incertitudes.

Celles relatives au Droit notamment : qui endossera la responsabilité d’accidents impliquant des véhicules connectés ? Comment les véhicules autonomes seront-ils programmés pour choisir qui pourrait être blessé, ou pire, en cas d’accident ?

En cas de piratage et de prise de contrôle des éléments augmentés d’un être humain, quelle sera la part de responsabilité du porteur ? Un discours technocritique se fait ainsi jour parmi les philosophes.

Si Jean-Michel Besnier désigne dans l’utopie posthumaine un mépris de la part spirituelle de l’homme, ’un refus pathétique d’accepter que la mort donne son sens à la vie elle-même’, Éric Sadin demande dans sa critique d’une vie devenue algorithmique si l’humain doit tout confier aux machines, et quel niveau de délégation est encore acceptable.

Comme le rappelle Pierre-Antoine Chardel, toute une génération de philosophes pose sur les technologies un regard à la fois critique et attentif. Ils nous aident à poser les termes nécessaires du débat. Heureusement, cette dépendance à la technologie qui risque de se retourner contre nos libertés, peut être pensée le plus en amont possible par des designers pour en éviter les effets délétères.

Geoffrey Dorne s’interroge ainsi sur le contrôle que le numérique effectue sur notre corps : la machine pourrait prendre le contrôle du corps pour lui enseigner le geste exact, puis le geste efficace, puis lui éviter de penser aux gestes du quotidien, pour finalement mettre le corps en pilotage automatique et laisser l’esprit libre de penser, lire, jouer...

Inégalités, déséquilibres et divisions dans la Société sont l’écueil principal sur lequel il ne faut pas échouer. C’est là que se situe la véritable fracture numérique, une fracture entre deux groupes de la société, le premier ayant les moyens - intellectuels, techniques, financiers - d’évoluer vers la prochaine étape, laissant sur le bord du chemin ceux qui ne les ont pas. Une fracture qui engendrerait deux groupes biologiques distincts, le plus évolué finissant par considérer l’autre comme... non-humain, et le considérant alors comme aliénable. Il faut être attentif aux signaux faibles qui préfigurent de tels schémas.

À plus court terme, il faut prendre garde à ce que la quête de l’Homme augmenté ne fasse pas en réalité émerger également un Homme diminué. Aliéné par une surveillance numérique de tous les jours qui lui bride son imagination et ses capacités d’explorer, d’expérimenter, essentielles pourtant dans le cadre du transhumanisme. Dépassé sous une charge cognitive nécessaire à son hypraconnexion qui lui diminue en réalité ses capacités d’attention.

N’y a-t-il pas dans d’autres cultures des réponses à nos interrogations ? La question du posthumain est essentiellement discutée dans les pays occidentaux, dont elle est issue. La plupart des objections à l’idéologie de l’Homme augmenté soutiennent qu’il représente l’extrême et inacceptable tentative humaine de se substituer à Dieu. Mais ceci est valable dans les religions occidentales.

’De nombreux buts transhumains, comme la mort de la mort, vont à l’encontre des religions occidentales et leurs textes sacrés. Mais hindouisme, bouddhisme, et diverses autres religions orientales peuvent être propices pour le transhumanisme et ses objectifs’, relève Zoltan Istvan, fondateur du Parti Transhumaniste aux États-Unis.

Confrontée à ses enjeux de surpopulation et d’accès à la médecine, offrant une grande liberté d’entreprendre et de chercher, l’Inde pourrait être parmi les pays où se développeraient le plus rapidement le débat d’idées et les réalisations concrètes, estime Istvan. De fait, entre les craintes technophobes et le poids de sa culture, les principes de précaution et ses capacités d’innovation, la France et l’Europe semblent pour l’instant en retrait du projet transhumaniste.

Elles disposent cependant d’un atout, celui de posséder les fondements philosophiques qui leur permettent, comme l’explique le sociologue Nicolas Le Dévédec, de ’retracer de manière critique la genèse de cette aspiration, de l’humanisme des Lumières au mouvement transhumaniste’, et de penser le posthumain non pas d’un simple point de vue capitalistique ou messianique.

Un défi juridique

En Juin 2014, la Cour suprême a rendu dans l’affaire Riley c. Californie une décision selon laquelle les agents de police peuvent, sans mandat, fouiller les données d’un téléphone portable saisi lors d’une arrestation. Elle a considéré que ’les téléphones portables sont maintenant une telle partie omniprésente de la vie quotidienne qu’un visiteur de Mars pourrait conclure qu’elle est une caractéristique importante de l’anatomie humaine’. Le cyborg est ainsi entré dans la jurisprudence américaine, même si c’est encore en tant que métaphore. Si les êtres humains ont des droits, et les machines sont encore liées à leurs maîtres, les débats publics sur les données, la vie privée, et la surveillance montrent que nous sommes peu à peu de plus en plus proches, voire liés avec nos machines, bien plus que ne l’étaient l’agriculteur maniant sa charrue, le soldat portant son fusil, ou le pilote dans sa voiture. Nous devons dès lors examiner avec soin les principes de nos droits humains qui devront passer de nous, cyborgs balbutiants, aux cyborgs du futur.

En considérant que : les cyborgs créeront de grandes masses de données ; ils recueilleront également de grandes masses de données, les transformant en auxiliaires de surveillance ; s’intéresser aux comportements d’une machine c’est s’intéresser aux comportements de son propriétaire, il n’y a pas de distinction possible. Nul doute que les lois actuelles sur le Renseignement contiennent en germe les futurs droits de l’Homme hybridé. À lire sur Our Cyborg Future, Law and Policy Implications, 2014.

Ce texte est un extrait du Cahier de veille de la Fondation Télécom, intitulé ’L’Homme augmenté : Notre Humanité en quête de sens’, rédigé par Aymeric Poulain Maubant avec la contribution des chercheurs des écoles de l’Institut Mines-Télécom. La première partie de ce texte est disponible en cliquantici. La seconde partiedisponibleici.

Lire aussi :

• L’Homme, ce corps étranger ?

• Pour un posthumanisme positif

• Notre propre intelligence se transforme

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© 2016 Le Huffington Post SAS. Tous droits réservés. Une partie de HPMG News – Source : http://www.huffingtonpost.fr/aymeric-poulain-maubant/lhomme-augmente-est-il-acceptable—_b_8152382.html

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  • Homme augmenté : où en sont les recherches ? – Document ‘Techniques de l’Ingénieur’. Par Fabien Soyez - Posté le 31 mars 2016 par La rédaction - Décryptage #Transhumanisme
    Plus forts grâce aux exosquelettes, plus intelligents grâce à la neurostimulation. Vivants plus longtemps grâce aux neurosciences, aux nanotechnologies et à l’ADN. Les NBIC pourraient-ils rendre les rêves transhumanistes bien réels ?

Les NBIC ouvrent la voie à l’“human enhancement” dont rêvent les transhumanistes. Bientôt, l’Homme réussira-t-il à vaincre les maladies… jusqu’à devenir immortel ? Revue des pistes les plus futuristes.

[NBIC : « Les Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC) désignent un champ scientifique multidisciplinaire qui se situe au carrefour des nanotechnologies (N), des biotechnologies (B), des technologies de l’Information (I) et des sciences cognitives (C)1. Certains utilisent la notion de « grande convergence » pour souligner l’interconnexion croissante entre « l’infiniment petit (N), la fabrication du vivant (B), les machines pensantes (I) et l’étude du cerveau humain (C) »2… » Article complet sur le site . https://fr.wikipedia.org/wiki/Nanotechnologies,_biotechnologies,_informatique_et_sciences_cognitives ].

Exosquelettes et génétique : les pistes les plus concrètes

Demain, tous des “Iron Man” ? Au MIT, des chercheurs conçoivent des exosquelettes qui apportent 2 membres robotisés à leurs utilisateurs, en plus de leurs bras réels. Ces “membres robotiques surnuméraires » “suppléent” leurs porteurs, notamment lors d’un travail pénible. Photo - Crédit : MIT d’Arbeloff Laboratory –

De son côté, la DARPA conçoit une armure de combat futuriste, Talos. Cette “Iron Man Suit” résistera aux balles, aux chocs, au feu… et augmentera la force physique de son porteur. Photo Crédit : DARPA

“Tuer la mort” grâce à l’ADN

Plus forts, plus longtemps ? L’allongement de la durée de vie mobilise des centaines de projets scientifiques. Dans son labo (Calico), Google effectue des recherches sur l’ADN, le vieillissement et les maladies, afin de “tuer la mort”. Des généticiens essaient notamment d’agir sur la télomérase, enzyme responsable de l’espérance de vie des cellules.

La biologie de synthèse permet de son côté de transformer des micro-organismes en “usines cellulaires” – produisant des molécules thérapeutiques. Certaines entreprises, comme Eligo Bioscience, conçoivent des “antibiotiques intelligents” et des virus synthétiques, qui détruisent des bactéries ou des tumeurs de façon localisée.

Photo - Crédit : Adimab - Adimab conçoit des anticorps thérapeutiques, ou immunoglobulines. Ces molécules sont conçues par les globules blancs, mais la société les fabrique à partir de souches de levures et d’ADN. Ses spécialistes en biologie structurale créent des “systèmes immunitaires synthétiques”, qui stimulent les antigènes liés à des maladies infectieuses ou au cancer.

A noter que le monde génétique intéresse aussi les “body hackers”, ou “bio hackers”, qui tentent demodifier la couleur de leurs yeux ou leur formule sanguine par des traitements génétiques.

Nanotechnologies : l’aventure intérieure

Les nanotechnologies sont au coeur des espoirs transhumanistes – toujours pour “tuer la mort”. Grâce à l’infiniment petit, nous devrions pouvoir faire entrer dans notre corps des robots (“nanorobots”) et de petites capsules (“nanomédicaments”) capables de réaliser des opérations chirurgicales, dans des zones du corps difficiles d’accès, ou encore d’analyser notre état de santé.

A Zurich, des chercheurs conçoivent des robots microscopiques, qui se déplacent grâce à des électroaimants. La technologie n’est pas opérationnelle, mais des tests ont déjà été menés dans l’oeil d’un patient. Ces nanorobots devraient permettre de réparer les cornées des malvoyants.

Photo - Crédit : Multi-Scale Robotics Lab (Zurich)

Côté nanomédicaments, des chercheurs du MIT conçoivent une “insuline intelligente”. Cette pilule délivrera aux diabétiques la bonne dose d’insuline, au bon moment. En France, le chercheur Patrick Couvreur a inventé des “nanocapsules”, contenant des médicaments, qui sont envoyées vers une “cible” précise, afin de lutter contre le cancer.

Cerveau : les rêves les plus fous des transhumanistes

Le “mind uploading” fait partie des projets les plus fous menés par des chercheurs transhumanistes. Un milliardaire russe, Dmitri Itskov, a réuni une trentaine de scientifiques, qui tentent de créer un “cerveau artificiel”. Il prévoit de réaliser, d’ici à 2045, un “robot-copie” de son corps. A la fin de sa vie, il espère pouvoir transférer sa conscience dans cet “avatar”, et accéder à l’immortalité. Son “corps”, robotique puis sous forme d’hologramme, serait indestructible.

Ce projet n’en est qu’à ces balbutiements. Mais nombre de scientifiques estiment que ce qui définit un humain (pensées, souvenirs) est inclus dans son « connectome » (la façon dont sont connectées entre elles les cellules du cerveau). Si nous parvenions à “cartographier” un connectome, rien n’exclut, pour les chercheurs, la possibilité de modéliser l’ensemble de ses informations en un ensemble numérique fonctionnel. Dès lors, il serait possible de “transférer” cet ensemble sur un support de stockage.

Et déjà, des neuroscientifiques tentent de décrypter et de “cartographier” le cerveau. Le “Human Brain Project” vise à modéliser un cerveau humain, afin de combattre les maladies neurologiques. Ce projet, basé en Suisse, a été choisi comme projet scientifique phare de l’UE.

Mémoire artificielle et super-intelligence

La neurostimulation nous rendra-t-elle plus intelligents ? La Darpa planche sur un implant cérébral permettant aux victimes de lésions cérébrales de retrouver leur souvenirs… mais qui pourrait aussi être utilisé pour implanter de nouveaux souvenirs à des personnes valides, afin de leur procurer un “apprentissage accéléré”.

En Californie, des scientifiques du HRL Laboratories tentent de concevoir une technologie nous permettant de « charger » notre cerveau avec des informations. Grâce à la neurostimulation, il serait ainsi possible d’accélérer l’apprentissage et d’améliorer la mémoire.

Vidéo - https://youtu.be/oIvdvG_zj6A

SOMMAIRE DU DOSSIER

Transhumanisme : de l’homme réparé à l’homme augmenté

Soigner

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  • Transhumanisme et Homme augmenté : présentations avec vidéo - Une coproduction KTO/ Les Films de la Découverte 2015 - Caroline Puig-Grenetier - Documentaire du 07/06/2016. Durée  52:07 / You Tube - KTOTVVidéo ajoutée le 7 juin 2016.
    Le transhumanisme est un courant de pensée prenant de l’ampleur qui vise à transformer la nature humaine En s’appuyant sur la convergences de plusieurs technologies (NBIC : N pour nanotechnologies, B pour biotechnologies, I pour technologies de l’information, C pour technologies du cerveau).

Les transhumanistes prônent ’le droit moral pour ceux qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales, ou reproductives ’. Progressant très vite, ce qui n’était que de la fiction devient une réalité à l’aube du XXIe siècle.

Mais qu’est-ce que veut dire, au-delà d’essayer d’améliorer notre santé, ce désir fulgurant de devenir le maître de sa propre vie ? Qu’est-ce que veut dire ’ augmenter ’ l’homme ? Est-ce qu’il y a là une limite à ne pas franchir ? Et si l’homme ’ s’augmente ’, sera-t-il toujours l’Homme ? Ethiciens, philosophes et scientifiques nous emmènent dans un voyage fascinant avec une profonde réflexion humaniste.

Catégorie : Organisations à but non lucratif - Licence YouTube standard –

Source : https://www.youtube.com/watch?v=raAik1sS_Bw

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    Quelques contributions de Luc Ferry sur le Transhumanisme
    Transhumanisme et ubérisation : une origine, deux destins - Par Yves Eudes Document LE MONDE | 04.04.2016 à 10h46 - Abonnez-vous au Monde.fr dès 1 €-[BARRE_OUTIL_ARTICLE_HAUT]-53-[Article]]

Couverture du livre - « La Révolution transhumaniste », de Luc Ferry (Plon, 216 pages, 17,90 euros).

Depuis des décennies, les philosophes s’interrogent sur les conséquences sociales et culturelles des progrès incessants du génie génétique, qui va bientôt permettre d’augmenter la durée de la vie humaine, d’éradiquer les maladies héréditaires ou encore de sélectionner, dès le stade de l’embryon, des caractéristiques jugées désirables (yeux bleus  ? QI élevé  ? Haute stature  ? Endurance  ? Tempérament de chef  ? Talent de danseur  ?). Dans ce cadre, ils étudient l’émergence, aux Etats-Unis, d’un puissant mouvement scientifique et philosophique, le «  transhumanisme  », qui milite pour l’amélioration illimitée des facultés physiques et intellectuelles des humains par tous les moyens, génétiques, chimiques, mécaniques, informatiques – une «  techno-médecine  » qui s’adresserait aux gens bien portants. Dans sa forme ultime, le transhumanisme va jusqu’à préconiser la fusion physique entre les humains et les futurs réseaux d’ordinateurs dotés d’intelligence artificielle.

Lire aussi : Le transhumanisme, une religion 3.0

Parallèlement, des économistes étudient l’impact «  disruptif  » de l’Internet sur l’organisation du travail et la répartition des richesses – un processus que ses partisans appellent « économie collaborative » et ses détracteurs, « ubérisation de la société », en référence à l’entreprise américaine qui met à mal les compagnies de taxis traditionnelles du monde entier grâce à une application pour smartphones.

Une même infrastructure technique

Dans son dernier ouvrage, le philosophe Luc Ferry, connu du grand public pour avoir été ministre de l’éducation nationale entre 2002 et 2004, se propose d’analyser ces deux révolutions simultanément. Il reconnaît que l’association de « deux questions en apparence fort différentes » peut sembler « curieuse », mais il affirme que, en réalité, les liens entre transhumanisme et ubérisation sont étroits, même s’ils sont « souterrains ».

Lire encore : « Des questions posées par la science-fiction il y a trente ans se présentent devant nous »

Selon lui, les deux révolutions, génétique et économique, s’appuient sur la même infrastructure technique  : l’Internet, le big data, l’intelligence artificielle, les imprimantes 3D, la robotique, les nanotechnologies… Elles ont aussi le même fondement philosophique  : dans les deux cas, il s’agit de donner aux humains la maîtrise de leur destin individuel « dans des pans entiers du réel, qui appartenaient encore naguère à lordre de la fatalité ». De même, elles sont sous-tendues par la même idéologie politique – l’ultralibéralisme anglo-saxon « pur et dur » et le techno-capitalisme futuriste, qui veulent « en finir à tout prix avec le poids des traditions ». Enfin, toutes deux sont organisées et financées par les mêmes acteurs  : les multinationales de la Silicon Valley, notamment Google, qui s’intéresse à toutes les formes de big data, y compris le patrimoine génétique de l’humanité  : le transhumanisme et la Net-économie ont une patrie, l’Amérique.

Lire par ailleurs : La révolution numérique n’est pas l’« ubérisation »

« Hypercapitalisme » prédateur

Cette transversalité constitue l’originalité principale de l’ouvrage de Luc Ferry, qui, pour le reste, est de facture très classique. L’intention didactique est claire, puisqu’il cite et commente les écrits de divers auteurs de convictions opposées. Cela dit, il injecte massivement ses opinions personnelles. Dans le chapitre consacré au transhumanisme, il fait une distinction entre deux courants. D’une part, un transhumanisme « à visage humain », qu’il juge acceptable  : il s’agit selon lui d’un « hyperhumanisme », héritier des philosophes français des Lumières, qui croyaient en la « perfectibilité potentiellement infinie de l’être humain ». D’autre part, il identifie un courant plus extrême, le « posthumanisme », qui prévoit « une hybridation systématique homme-machine », combinant la biologie, la robotique et l’intelligence artificielle – ce qui reviendrait à fabriquer « une tout autre espèce », très éloignée de l’Homo sapiens.Le désir d’immortalité passerait ainsi de la religion à la science. Là, le pédagogue cède la place au polémiste  : pour Luc Ferry, le posthumanisme est « inquiétant », « absurdement réductionniste » et surtout « matérialiste », c’est-à-dire à la fois déterministe et athée. En filigrane, il semble reprocher au transhumanisme, modéré ou radical, de ne faire aucune place à la pensée religieuse européenne traditionnelle.

Lire également : La santé, nouvel eldorado de Google

Quand il passe à l’analyse de l’économie collaborative et des géants de l’Internet, Luc Ferry est moins dans son élément, et moins érudit – visiblement, il est plus à l’aise avec Condorcet qu’avec Sergey Brin. Son argumentaire consiste à réfuter les thèses des nouveaux utopistes de l’Internet, selon lesquels l’économie collaborative va détruire le capitalisme et instaurer une société plus équitable et plus solidaire. Luc Ferry affirme au contraire que les entreprises comme Uber ou Airbnb sont en train de créer un « hypercapitalisme » prédateur, « sauvagement concurrentiel, mercantile et dérégulateur », qui n’apportera ni bonheur ni prospérité.

Lire aussi : Les vertiges du transhumanisme

En conclusion, après des digressions allant de Kant à Sophocle, il préconise, sans surprise, le retour d’un Etat à la fois « éclairé » et « fort », qui sera capable de réguler ces révolutions en trouvant le juste milieu entre l’interdiction brutale et le laisser-faire intégral. Il sait que la partie n’est pas gagnée, car il se lamente à plusieurs reprises sur l’ignorance et l’immobilisme des élites françaises, totalement désarmées face à ces immenses bouleversements – une caste qu’il connaît bien car il en fait partie intégrante, même quand il tente de le faire oublier.

Livre : ‘La Révolution transhumaniste’, de Luc Ferry (Plon, 216 pages, 17,90 euros).

© Le Monde.fr - Données personnelles - Mentions Légales - Qui sommes-nous ? - Accéder au site complet - Source : http://mobile.lemonde.fr/idees/article/2016/04/04/transhumanisme-et-uberisation-une-origine-deux-destins_4895067_3232.html?xtref=acc_dir

Quelques autres contributions de Luc Ferry sur le Transhumanisme :

Luc Ferry : ’La révolution transhumaniste’ – Document audiovisuel Philippe Vallet Radio France - Mis à jour le 15/04/2016 | 08:45, publié le 15/04/2016 | 07:49 - LA NEWSLETTER ACTU Nous la préparons pour vous chaque matin – Franceinfo.

« Les progrès des techno-sciences sont d’une rapidité inimaginable et l’économie collaborative monte en puissance. Le monde à venir est à la fois enthousiasmant et effrayant. Dans son nouveau best-seller, le philosophe et ancien ministre de l’Éducation nationale, Luc Ferry décrypte, avec des mots simples, la révolution transhumaniste qui se déroule sous nos yeux ».

Résumé :

Comprendre et prendre conscience de la nature exacte des révolutions économiques, scientifiques et médicales en cours, mais aussi des bouleversements éthiques, spirituels et métaphysiques dont ces nouvelles technologies sont porteuses : voici le but de cet ouvrage. ’ Ne croyez surtout pas qu’il s’agisse de science-fiction : 18 avril 2015, une équipe de généticiens chinois entreprenait d’’améliorer’ le génome de quatre-vingt-trois embryons humains.

Jusqu’où ira-t-on dans cette voie ? Sera-t-il possible un jour (bientôt ? déjà ?) d’’augmenter’ à volonté tel ou tel trait de caractère de ses enfants, d’éradiquer dans l’embryon les maladies génétiques, voire d’enrayer la vieillesse et la mort en façonnant une nouvelle espèce d’humains ’augmentés’ ? Nous n’en sommes pas (tout à fait) là, mais de nombreux centres de recherche ’transhumanistes’ y travaillent partout dans le monde, avec des financements colossaux en provenance de géants du Web tel Google. Les progrès des technosciences sont d’une rapidité inimaginable, ils échappent encore à toute régulation. En parallèle, cette ’infrastructure du monde’ qu’est le Web a permis l’apparition d’une économie dite ’collaborative’, celle que symbolisent des applications comme Uber, Airbnb ou BlaBlaCar.

Selon l’idéologue Jeremy Rifkin, elles annoncent la fin du capitalisme au profit d’un monde de gratuité et de souci de l’autre. N’est-ce pas, tout à l’inverse, vers un hyperlibéralisme, vénal et dérégulateur, que nous nous dirigeons ? Certaines perspectives ouvertes par les innovations technoscientifiques sont enthousiasmantes, d’autres effrayantes. Ce livre cherche d’abord à les faire comprendre, et à réhabiliter l’idéal philosophique de la régulation, une notion désormais vitale, tant du côté de la médecine que de l’économie. ’ Luc FERRY

Source : http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-livre-du-jour/luc-ferry-la-revolution-transhumaniste_1780849.html

Entretien avec Luc Ferry : La révolution transhumaniste – Blogs/Médiopart - 10 sept. 2016. Par Daniel Salvatore Schiffer - Blog : A l’alarme, citoyens !

Comment la techno-médecine et l’uberisation du monde vont bouleverser nos vies : tel est le sujet du dernier ouvrage, intitulé « La révolution transhumaniste »*, de Luc Ferry. Un livre indispensable pour comprendre les enjeux démocratiques, mais aussi l’avenir proche, de nos sociétés contemporaines. Le maître mot afin d’endiguer le potentiel danger de cette nouvelle idéologie : la régulation !

ENTRETIEN AVEC LUC FERRY : LA REVOLUTION TRANSHUMANISTE

Daniel Salvatore Schiffer : Votre dernier livre, intitulé « La Révolution transhumaniste », envisage la manière dont la « technomédecine », mais aussi l’ « uberisation » du monde moderne, vont changer notre existence, modifier en profondeur, au sein de nos sociétés contemporaines, notre mode d’être, notre approche de la vie, tant sur le plan économique que professionnel. C’est là ce que vous appelez la « révolution transhumaniste ». Qu’est-ce à dire ?

Lire la totalité de l’entretien sur le site : https://blogs.mediapart.fr/daniel-salvatore-schiffer/blog/100916/entretien-avec-luc-ferry-la-revolution-transhumaniste

Luc Ferry : ’Le transhumanisme parie sur le fait que l’homme est perfectible’

Propos recueillis par Camille Tassel - Publié le 17/06/2016 par ‘Le Monde des Religions’.

Le philosophe Luc Ferry distingue un transhumanisme qui veut lutter contre une loterie génétique injuste et le posthumanisme visant une inquiétante hybridation de l’homme et de la machine. Ancien professeur de philosophie, ex-ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Universités et de la Recherche, Luc Ferry vient de publier La Révolution transhumaniste. Comment la technomédecine et l’ubérisation du monde vont bouleverser nos vies (Plon, 2016).

A lire sur le site : http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/luc-ferry-le-transhumanisme-parie-sur-le-fait-que-l-homme-est-perfectible-17-06-2016-5548_110.php

Luc Ferry : ’Le transhumanisme n’est pas absurde’

À rebours des sceptiques ou des catastrophistes, le philosophe voit dans le projet transhumaniste une chance pour l’humanité. Interview. Propos recueillis par Jérôme Cordelier - Publié le 23/08/2016 à 11:01 | Le Point – A retrouver sur le site : http://www.lepoint.fr/chroniques/luc-ferry-le-transhumanisme-n-est-pas-absurde-23-08-2016-2063180_2.php

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    Formation ‘Sciences Po’ 2016-2017 : La nouvelle condition humaine…
    CSPO 2855 - La nouvelle condition humaine : l’Homme augmenté. De l’humanisme au post-humanisme

Type d’enseignement : Enseignement électif - Semestre : Automne 2016-2017 - Nombre d’heures : 24 - Langue d’enseignement : français - Voir les plans de cours et bibliographies

Pré-requis : Connaissances de base en sciences sociales et philosophie.

Descriptif du cours

Ce cours propose d’éclairer les profondes transformations de la condition humaine à l’âge présent. Il commencera par interroger les mouvements qui affectent la perception et la définition de l’humain, notamment comme être vivant naturel et souffrant, avec l’idée d’une humanité, depuis l’humanisme classique, jusqu’au post-humanisme contemporain et les effets que les machines créées par l’Homme peuvent avoir sur sa définition.

Enseignant : REYNIE, Dominique (Professeur des Universités)

Mode de validation - Rédaction d’un essai de 5/6 pages, à remettre lors de la séance n°6.

Lectures principales demandées

  • Foucault, Michel : « L’Homme est-il mort ? » (1966), in Dits et Écrits I, Gallimard, Quarto, 2001
  • Bostrom, Nick and Savulescu, Julian (ed.), Human Enhancement, Oxford University Press, 2009, 423 p.
  • Besnier, Jean-Michel, Demain les post-humains, Paris, Pluriel, 2012
  • Le Dévédec, Nicolas, La Société de l’amélioration. La perfectibilité humaine, des Lumières au transhumanisme, Paris, Liber, 2015
  • Ferry, Luc, La révolution transhumaniste. Comment la technomédecine et l’ubérisation du monde vont bouleverser nos vies, Paris, Plon, 2016, 273 pages
    Plans de cours et bibliographies : Plan de cours

Origine : Sciences Po - 27, rue Saint Guillaume, 75337 PARIS, FRANCE - Tél : + 33 (0)1 45 49 50 50 - Fax : + 33 (0)1 45 48 47 49 - © copyright 2010 / Site réalisé avec Drupal | Mentions légales

Source : http://formation.sciences-po.fr/en/enseignement/2016/cspo/2855

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    Le transhumanisme, une religion 3.0Par Laurent Alexandre (chirurgien urologue, président de DNAVision). Publié par ‘Humanisme et biodiversité  » Ethique, Philosophie, Art , le 03.11.15 – Illustration.
    Les religions ont connu trois étapes. D’abord, les polythéismes, suite logique du chamanisme, qui ont culminé sous les Romains et les Grecs. Ensuite, le monothéisme des religions du ­Livre. ujourd’hui émerge un troisième âge : l’homme-dieu. Pour les transhumanistes, la boutade de Serge Gainsbourg – « Les hommes ont créé Dieu, le contraire reste à prouver » – est une évidence. Dieu n’existe pas encore : il sera l’homme de demain, doté de pouvoirs quasi-infinis grâce aux nanotechnologies, biotechnologies, ­informatique et sciences cognitives (NBIC).

L’homme va réaliser ce que seuls les dieux étaient supposés pouvoir faire : créer la vie, modifier notre ­génome, reprogrammer notre cerveau et euthanasier la mort. Ray Kurzweil, ingénieur en chef de Google, a déclaré en octobre : « Dès les années 2030, nous ­allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir ­démiurgique (Godlike). » Cette vision de l’homme du ­futur, tout-puissant et immortel, rappelle les scénarios hollywoodiens du type Transcendance (Wally Pfister, 2014) et fait sourire. Elle traduit toutefois un mouvement de fond. Pour la première fois, un mouvement philosophique prétend arracher l’homme à sa condition d’objet ballotté par la nature et la transcendance pour lui donner un rôle moteur dans l’évolution.

Modifier le destin de l’Univers

Certains transhumanistes, comme le philosophe ­Clément Vidal, envisagent même de se servir de nos futurs pouvoirs pour modifier le destin de l’Univers tout entier. Pour les transhumanistes, il serait rationnel, et non d’une vanité ultime, de rendre l’Univers immortel pour assurer notre propre immortalité. En réalité, le transhumanisme traduit, comme pour les religions polythéistes et monothéistes, les interrelations entre nos capacités et nos croyances. Une religion prométhéenne exaltant la toute-puissance de l’homme face aux éléments était inconcevable avant le triomphe des NBIC.

Les religions actuelles veulent bien nous aider à supporter notre mort – dans la foi –, mais en aucun cas nous aider à la supprimer ! Pour la plupart des trans­humanistes, les NBIC vont décrédibiliser Dieu et le remplacer par l’homme-cyborg. La religion de la technologie est-elle en train de remplacer la religion traditionnelle ? Y aura-t-il de violentes oppositions, voire des guerres de religions entre transhumanistes et techno-conservateurs, ou une transition douce ? En fait, de premiers ponts apparaissent entre transhumanisme et religion : le dalaï-lama se passionne pour la neuro-théologie et le contrôle cérébral des sentiments religieux. Le bouddhisme sera-t-il la religion intermédiaire avant l’ère transhumaniste ?

Ce troisième âge religieux est lourd de menaces. Dans sa passionnante conférence de 1972, à l’université de Louvain, Jacques Lacan expliquait pourquoi la mort nous aide à vivre et pourquoi la vie serait terrifiante si elle était sans fin. Quand tout est possible, l’être ­humain devient fou. La psychanalyse nous a appris à quel point l’absence de contraintes est source de ­désarroi. L’idéologie transhumaniste, qui magnifie nos fantasmes de toute-puissance, est porteuse de bien des pathologies psychiatriques. Le transhumain vivra dans l’illusion de sa toute-puissance, qui est ­mortifère pour notre psychisme. Une chose est sûre, les psychiatres ne vont pas chômer !

Commentaire de Nelly - Une lecture complémentaire : http://www.iddri.org/Public...
Prospective des modes de vie en France à l’horizon 2050 et empreinte carbone par le Club d’Ingénierie, Prospective, Énergie et, Environnement de l’IDDRI
Institut du Développement Durable et des Relations Internationales . http://www.afd.fr/home/AFD/...

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Source : http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/11/02/la-religion-3-0_4801497_1650684.html#xBRXzkTjxu5SFVes.99

A propos de l’Association ‘Humanité et Biodiversité - Ensemble protégeons le vivant : « La biodiversité, ce premier pilier du bien-être humain dont nous dépendons au quotidien, va mal. Toutes les études le confirment. Il convient d’agir aujourd’hui et d’agir puissamment car sauvegarder la biodiversité, c’est sauvegarder la vie et garantir notre avenir. Cette volonté d’action anime Humanité et Biodiversité qui est une association nationale loi 1901, reconnue d’utilité publique et agréée au titre de la protection de la nature par le Ministère de l’Environnement. Depuis mars 2015, elle est présidée par Bernard Chevassus-au-Louis, Hubert Reeves [Voir son site Cdevenant président d’honneur (voir notre communiqué).- Photo - Héritière de la Ligue Roc, elle s’est attachée depuis 1976, à défendre la nature. Depuis 2012, avec ce nouveau nom et nos nouveaux statuts, nous affirmons avec force notre engagement pour une prise en compte plus large et plus complète des liens qui unissent l’humanité à l’ensemble du vivant ». Source : http://www.humanite-biodiversite.fr/presentation

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Dans le même esprit on peut aussi se référer aux documents ci-dessous, indiqués sur le site de Jacques Testart, « critique de science  » ; qui « se pose en ennemi du libéralisme économique4. Il soutient que l’eugénisme est au service du libéralisme5 et que le scientisme est l’allié naturel de ce dernier » [Voir ici]. « Transhumanisme : nouveau nom du ’progrès’ que permettrait la ruine de l’humain par les nouvelles technologies ».

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    Néobouddhisme et haine du corps selon Sébastien Morgan - 5 Janvier 2016. Document diffusé par Reliance Universelle - Blog de Sébastien Morgan - Chevalerie Spirituelle, Tradition Catholique, mytho-poésie et fantastique, art, société, économie, science, transhumanisme et mystique.- Illustration
    Le transhumanisme veut transcender les limitations humaines. Le théologien Bertrand Vergely rapproche cette volonté du slogan californien bien connu : « No limit ! ». Il rappelle que contrairement à l’idée reçue, la limite est quelque chose de positif, ce n’est pas la barrière, c’est une négation positive, une bordure permettant de cerner un espace et donc de passer d’un domaine à l’autre... une frontière (qui) permet le passage où tout devient possible à travers ces lieux incertains dans lesquels tout se mélange, tout se rencontre, tout communique. Comme dans les ports ou dans les gares. D’où l’importance des limites et le drame quand elles n’existent plus, mélange, passage et communication devenant impossible 1.

La limite du corps est bien sûr la première dont veut se débarrasser la philosophie transhumaniste. Dans un premier temps, elle le fera en améliorant le corps, mais le but ultime est de se débarrasser de celui-ci. Dans la philosophe transhumaniste, la haine du corps est souvent présente. Relent de gnosticisme dualiste mais surtout de philosophie orientale. Les Temps Modernes eux-mêmes ne sont pas sans responsabilité dans ce mépris du corps : le dualisme de la pensée et de la matière affirmé par Descartes est la forme moderne qu’a prise la disqualification ancestrale du corps. Même lorsqu’ils combattront le dualisme pour privilégier une conception de la matière dotée de sensibilité et susceptible de produire l’intelligence la plus élaborée, les Temps modernes que Descartes inaugure restent convaincus que le corps représente l’inessentiel en nous, la part d’hétéronomie qui empêche que nous atteignions l’émancipation à laquelle nous aspirons. 2

Mais cette haine du corps n’est-elle pas présente partout dans notre société ? Le culte apparent du corps avec cette tyrannie d’uniformisation encouragé par la publicité, les mannequins souffrant d’anorexie, ne sont-ils pas l’expression d’un profond malaise par rapport à notre corps et de l’impossibilité de s’accepter tel que l’on est ?

Pour Jean-Michel Besnier, la volonté d’autonomie générée et entretenue par les promesses de la philosophie cartésienne ainsi que par celles de la science de Galilée a engendré une manière de « fatigue de soi » 3 4

Cette fatigue d’être soi explique l’extraordinaire succès des philosophies orientales adaptées à la sauce post-humaine. Dans le néo-bouddhisme et le néo-hindouisme, la part belle est laissée à l’idée de non-existence de soi et du réel ainsi qu’à celle de la fusion et dissolution humaine dans un grand tout indifférencié.

Comme le fait remarquer le philosophe, il faut noter que le transhumanisme remet en cause la notion même d’identité, telle qu’elle est vécue en Occident depuis Aristote. Aux barrières qui séparent les différents règnes de la nature (et consacre l’humain comme une espèce à part), il oppose une simple différenciation de degrés entre des organismes plus ou moins complexes.

Ainsi les différences entre le monde animal, le monde humain et celui des machines s’estompent à une vitesse vertigineuse. Dans le même ordre d’idée, la notion même d’individualité est remise en question par les sciences cognitives. Les débats sur la question du genre sont un épiphénomène social provenant d’un vaste courant de pensée soutenu par les technosciences qui tend à prouver qu’il n’existe aucun déterminisme naturel, que tout sentiment identitaire est illusoire.

Cette abolition de l’identité crée d’ailleurs un paradoxe au sein de la pensée transhumaniste. D’un côté, on pourrait la croire hyper volontariste (tendance à vouloir tout contrôler, tout comprendre, tout régenter, tout réguler quand ce n’est pas carrément plier l’être à sa volonté...) mais d’un autre côté, elle est étrangement passive et fatiguée : l’homme n’a plus qu’à se laisser porter par l’infosphère impersonnelle, l’homme n’a plus qu’à se laisser porter par les machines qu’il a lui-même construit, il n’a plus qu’à disparaître... 5

Références

1 Bertrand Vergely, La tentation de l’Homme-Dieu, Le Passeur, 2015, p 51.

2 Jean-Michel Besnier, op.cit. p 66.

3 Jean-Michel Besnier, op.cit. p 48.

4 Selon le titre de l’ouvrage d’Alain Ehrenberg, La Fatigue d’être soi, dépression et société, Odile Jacob, 2000.

5 Jean-Michel Besnier, op.cit., 2012, p.165.

Tag(s) : #Transhumanisme, #société, #gnose - Voir le profil de Sébastien Morgan sur le portail Overblog - Top articles - Contact

Source : http://www.relianceuniverselle.com/2016/01/transhumanisme-8-20-neo-bouddhisme-et-haine-du-corps.html

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    Le mental dans le bouddhisme et le transhumanisme – Diffusé par « Ami des Sages’ « Des pistes philosophiques, dans toutes les directions ». Auteur : Oussia,samedi 3 janvier 2015.
    Je voudrais montrer que le bouddhisme et le transhumanisme, qui peuvent a première vue paraître assez opposés, partagent pourtant des convictions théoriques très fortes et pourtant discutables. Ces convictions pourraient être étiquetées par la notion de ’mentalisme’. Il me semble que des argument assez solides remettent en cause ces deux conceptions.

Le bouddhisme soutient que notre âme survivra à notre mort et qu’elle passera par une période transitoire au cours de laquelle elle flottera sans corps. De même, on trouve certaines versions qui affirment aussi que l’âme peut se détacher du corps alors même que l’on est encore vivant. Dans ce cas, l’âme dispose de ses capacités perceptives et intellectuelles normales, si ce n’est que ces capacités sont censées être plus puissantes. Je présente évidemment ici quelque chose de très rudimentaire, mais mon objet est de discuter une position philosophique sur la nature de l’âme, et non pas une religion en particulier. Donc je prends le bouddhisme comme paradigme d’une conception de l’âme dans laquelle celle-ci a la possibilité de se séparer du corps tout en restant à peu de chose près la même que lorsqu’elle est logée dans le corps.

Le transhumanisme, lui, est une conception qui soutient que l’on va pouvoir améliorer l’homme grâce aux technologies biologiques et médicales. Ici, je ne m’intéresserai qu’à la conception de l’âme qu’il véhicule. En effet, le grand projet transhumanisme est de télécharger le contenu de notre mémoire dans un support informatique, afin de pouvoir, par la suite, ’uploader’ la mémoire stockée dans un nouveau corps. Ainsi, on réaliserait par la voie technologique un équivalent de survie de l’âme à la suite de la mort du corps. L’âme doit donc pouvoir être intégralement transcrite sous forme de données, pour circuler du corps du premier homme, vers le support de stockage, puis de ce support vers le second homme. 

L’idée commune au bouddhisme et au transhumanisme est donc, je l’ai dit, une certaine forme de mentalisme. Par mentalisme, j’entends l’idée que le contenu de l’âme pourrait être déterminé en faisant abstraction de tout ce qu’il y a en dehors d’elle. Dans le bouddhisme, l’âme est capable de penser et de percevoir sans avoir de corps ni de cerveau, elle peut faire tout ce qu’une personne physique peut faire, mais sans être une personne physique. Elle voit sans yeux. Elle pense sans cerveau. C’est pourquoi elle est capable de rester elle-même, non altérée, lorsqu’elle sort du corps. Et elle n’est que peu modifiée par son passage dans un autre corps, puisque sa mémoire est temporairement inaccessible, mais rien n’est définitivement perdu, puisque la connaissance de toutes ses vies lui reviendra pendant les périodes de transition entre corps. De même, dans le transhumanisme, le contenu de l’âme peut être intégralement transcrit dans un support numérique de stockage. Autrement dit, toute notre mémoire est faite d’information, qui est elle-même une certaine configuration cérébrale, pouvant bien entendu être inscrite sur un support physique.

Ainsi, le bouddhisme est spiritualiste, puisqu’il pense que l’âme existe sans le corps, alors que le transhumanisme est matérialiste, puisqu’il pense que l’âme se réduit à des dispositions cérébrales. Pourtant, les deux pensent que l’âme est isolable du corps dans lequel elle prend vie. Les deux pensent l’âme comme un fantôme dans la machine, pour reprendre l’expression de Ryle. C’est évident pour le bouddhisme. Mais c’est pourtant patent dans le transhumanisme aussi. Car celui-ci réduit la pensée à quelque chose qui se passe dans le cerveau, de sorte que l’on pourrait isoler le cerveau du reste du corps, et en même temps du reste de l’environnement naturel et social, sans affecter le contenu de cette pensée.

Je n’ai même pas le courage de faire la liste de tous les spécialistes de science cognitive qui affirment que le cerveau pense, et disent cela en toute connaissance de cause, et non pas par facilité. Car beaucoup pensent vraiment que c’est le cerveau qui est le centre de la pensée, qui est un peu comme un pilote dans un navire, et que ce navire est le corps, les nerfs, les muscles, etc. étant le système de câblage permettant au pilote de recueillir des informations et d’agir pour déplacer le navire. La seule différence entre cette conception et le transhumanisme, c’est l’idée qu’on pourrait télécharger le pilote dans un disque dur, pour ensuite placer le pilote dans un nouveau bateau. Cette différence me semble au fond assez anecdotique, par rapport à l’adhésion massive à la thèse selon laquelle la pensée se passe dans le cerveau. 

En résumé, le mentalisme est l’idée que la pensée se passe quelque part, dans quelque chose. Que ce soit dans un cerveau ou dans une âme séparable d’un corps, cela ne change pas grand-chose. Car dans les deux cas, la pensée est un évènement du monde parmi d’autres. C’est cela qui est critiquable.

Quand je dis que ceci est critiquable, je ne veux certainement pas dire que c’est simplement faux. Si je soutenais que la pensée est un pur rien, qu’elle n’a lieu nulle part, on me reprocherait à raison de soutenir des thèses absurdes. Je veux plutôt montrer que tout le mental ne peut pas relever de la même analyse. Et dans un second temps, je montrerai que cette pluralité des phénomènes mentaux rend quasiment incompréhensible l’idée d’une survie de notre pensée après la mort physique. 

Tout d’abord, il faut distinguer les pensées et le mental. Les pensées ont un lieu et un temps déterminés. Si je pense à la Tour Eiffel, j’y pense un 3 janvier 2015, j’y pense en France, etc. C’est d’ailleurs pourquoi, comme le dit Wittgenstein dans les Fiches, quelqu’un pourrait m’interrompre dans cette pensée. Si un ami me téléphone, j’arrête immédiatement de penser à la tour Eiffel, et je me précipite vers mon téléphone. Alors que le mental n’a pas toujours de lieu et de moment précis, et c’est aussi pourquoi il n’est pas possible d’être interrompu dans ces pensées.

Supposons par exemple que je croie en Dieu. Personne ne fait disparaître ma foi simplement en me poussant à penser à autre chose. La croyance n’est donc pas une pensée actuelle, elle n’est pas un état cérébral défini. Elle est quelque chose qui ne se comprend que dans le cadre de pensées actuelles qui ont eu lieu avant et qui auront lieu après, ainsi que dans le cadre d’activités solitaires (la prière, par exemple) ou collectives (la messe, par exemple). De même, si je désire être maire de ma commune, je ne cesse pas de le désirer dès que je fais autre chose que me consacrer à la conquête du pouvoir. Là encore, les désirs ne sont pas des états cérébraux, des pensées, mais quelque chose d’une autre nature, que j’ai appelé le mental.

Bien entendu, le mental dépend des pensées, mais il est évident qu’il ne s’y réduit pas. Pour croire en Dieu, il faut avoir certaines pensées (et faire certaines choses). Mais la croyance en Dieu ne se réduit jamais à ces pensées (ou à ces actions). Elle est un outil d’interprétation, et non un fait demandant à être interprété. D’une personne qui pense à un grand barbu tout puissant et qui joint les mains en récitant des prières, on dit qu’elle croit en Dieu. Mais la croyance en Dieu n’est pas une pensée en plus de celles qui constituent cette croyance. Le mental est ce qui donne sens aux pensées, mais n’est pas une pensée parmi d’autres. 

Deuxième chose : la dépendance de la pensée au corps. Autant le bouddhisme que le transhumanisme laissent penser qu’on pourrait réaliser les opérations cognitives courantes, sans avoir de corps. Mais cette idée paraît extrêmement fragile. Je ne vois pas d’argument philosophique pour soutenir ceci, mais il me semble qu’un peu d’introspection psychologique le montre. Pour penser, nous avons besoin de disposer notre corps d’une certaine façon, agir sur nos membres, lancer nos mains sur le clavier, parler à nous-mêmes, etc. De même, une certaine stabilité des stimuli sensoriels est nécessaire pour garantir que la pensée avance à un rythme qui nous convienne, que nos pensées soient cohérentes, et ne s’enfuient pas dans toutes les directions. Il me semble qu’on ressent à quel point la disparition de notre corps et du monde extérieur ne mènerait pas à une pensée plus forte et plus rapide, mais plutôt à une pensée si rapide et instable qu’on ne parviendrait plus à penser du tout. 

Dernière chose : la dépendance de la pensée au contexte social. Vouloir localiser la pensée dans l’âme ou dans le cerveau, cela implique que la signification de nos pensées ne dépend pas du contexte social dans lequel elles se déroulent. Cela revient à dire qu’un état cérébral donné, ou un état de l’âme donné, pourrait être une addition, un souvenir de vacances, etc. indépendamment de la société qui a participé à éduquer une personne, lui a enseigné des manières d’agir et de penser, lui a donné les moyens de penser de nouvelles choses, etc.

Je ne vois rien qui exclue qu’un Bédouin qui pense à une oasis et un Français qui pense à un centre commercial soient dans le même état cérébral. Un état cérébral ne semble jamais suffisant pour déterminer à quoi pense une personne. Il faut aussi en savoir plus si l’identité de la personne, son lieu et sa date de naissance, sa communauté d’appartenance. Or, toutes ces choses vont se perdre si on tentait de télécharger les configurations cérébrales dans un ordinateur, ou si on séparait l’âme du corps. D’ailleurs, les informaticiens savent que les données d’un disque dur ne sont lisibles que si on connaît le format de fichiers dans lequel ces données sont inscrites. Le format de fichier est aux données ce que la culture est aux pensées. Mais aucun transhumanisme ne me semble avoir d’idée précise de la manière dont on va sauvegarder les cultures, en plus de sauvegarder les états cérébraux individuels, et pour cause ! La culture n’est pas le genre de choses dont on peut sauvegarder les configurations spatiales et les zones d’activation !

Il me semble donc que l’on a là des arguments qui convergent tous vers la même idée : le mental est très largement indépendant de ce qui se passe dans le cerveau, ou dans notre intériorité.

C’est pourquoi, à supposer même que nous puissions conserver le contenu du cerveau ou de notre intériorité après notre mort, ce contenu serait si pauvre et si différent de ce que la pensée représente pour nous, que la perspective d’une survie de notre pensée après la mort semble ne plus avoir le moindre charme. Ce que nous voudrions, c’est garder nos croyances, nos désirs, nos intentions, bref, notre identité. Or, c’est justement cette identité qui est le plus indépendante des pensées actuelles que nous pouvons avoir. Elle dépend de notre corps, de notre société, de nos rapports aux autres, qui nous écoutent, nous comprennent, nous renvoient une image de nous-mêmes. Sans tous ces rapports aux autres, sans des activités sociales, la pensée n’aurait plus le moindre sens. C’est certainement le transhumanisme qui pousse la bizarrerie à l’extrême. Que peut donc signifier la pensée, si celle-ci se localise dans un cerveau qui pourrait tourner à vide, sans corps ? Que signifie penser à des tomates, si la possibilité d’en toucher et d’en manger est exclue par principe ? Que signifie croire en Dieu, si la possibilité de s’agenouiller, de regarder le ciel, de réciter des prières, est exclu ?

Bouddhisme et transhumanisme prétendent que la pensée peut être localisée. Mais cela revient à la dénaturer. La pensée, par nature, doit avoir un sens, doit vouloir dire quelque chose, doit renvoyer à quelque chose. Et ce sens des pensées n’est pas quelque chose que l’on trouve à l’intérieur des pensées. C’est quelque chose qui dépend de ce qui se trouve à l’extérieur, et qui ne s’effectue qu’au moyen de ce qui est à l’extérieur. Telle était la difficulté que je signalais au commencement. La pensée n’est nulle part en particulier, pourtant, il lui faut avoir sans cesse des relations avec des choses. Car nous pensons, depuis un lieu, à quelque chose en un autre lieu. L’espace de la pensée est mental. Et cet espace mental inclut la société, le corps, l’âme. L’espace mental ne se réduit pas à l’âme, ou au cerveau.

Libellés : corps, esprit, pensée, société - Source : http://amidessages.blogspot.fr/2015/01/le-mental-dans-le-bouddhisme-et-le.html

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    L’homme-dieu : la religion du transhumanisme – Diffusé par ‘Le Salon Belge’, Blog quotidien d’actualité par des laïcs catholiques ? 03 novembre 2015 – Illustration.
    Lu dans Le Monde cette analyse du chirurgien urologue Laurent Alexandre, qui nous rappelle que, depuis le péché originel, l’homme rêve toujours de se faire dieu : ’Les religions ont connu trois étapes. D’abord, les polythéismes, suite logique du chamanisme, qui ont culminé sous les Romains et les Grecs. Ensuite, le monothéisme des religions du ­Livre. Aujourd’hui émerge un troisième âge : lhomme-dieu. Pour les transhumantes, la boutade de Serge Gainsbourg – «  Les hommes ont créé Dieu, le contraire reste à prouver  » – est une évidence. Dieu n’existe pas encore : il sera l’homme de demain, doté de pouvoirs quasi-infinis grâce aux nanotechnologies, biotechnologies, ­informatique et sciences cognitives (NBIC).

L’homme va réaliser ce que seuls les dieux étaient supposés pouvoir faire  : créer la vie, modifier notre ­génome, reprogrammer notre cerveau et euthanasier la mort. Ray Kurzweil, ingénieur en chef de Google, a déclaré en octobre  : « Dès les années 2030, nous ­allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir ­démiurgique (Godlike).  »

Cette vision de l’homme du ­futur, tout-puissant et immortel, rappelle les scénarios hollywoodiens du type Transcendance (Wally Pfister, 2014) et fait sourire. Elle traduit toutefois un mouvement de fond. Pour la première fois, un mouvement philosophique prétend arracher l’homme à sa condition d’objet ballotté par la nature et la transcendance pour lui donner un rôle moteur dans l’évolution.

Modifier le destin de l’Univers

Certains transhumanistes, comme le philosophe ­Clément Vidal, envisagent même de se servir de nos futurs pouvoirs pour modifier le destin de l’Univers tout entier. Pour les transhumanistes, il serait rationnel, et non d’une vanité ultime, de rendre l’Univers immortel pour assurer notre propre immortalité. En réalité, le transhumanisme traduit, comme pour les religions polythéistes et monothéistes, les interrelations entre nos capacités et nos croyances. Une religion prométhéenne exaltant la toute-puissance de l’homme face aux éléments était inconcevable avant le triomphe des NBIC.

Les religions actuelles veulent bien nous aider à supporter notre mort – dans la foi –, mais en aucun cas nous aider à la supprimer  ! Pour la plupart des trans­humanistes, les NBIC vont décrédibiliser Dieu et le remplacer par l’homme-cyborg. La religion de la technologie est-elle en train de remplacer la religion traditionnelle  ? Y aura-t-il de violentes oppositions, voire des guerres de religions entre transhumanistes et techno-conservateurs, ou une transition douce  ? En fait, de premiers ponts apparaissent entre transhumanisme et religion  : le dalaï-lama se passionne pour la neuro-théologie et le contrôle cérébral des sentiments religieux. Le bouddhisme sera-t-il la religion intermédiaire avant l’ère transhumaniste ?

Ce troisième âge religieux est lourd de menaces. Dans sa passionnante conférence de 1972, à l’université de Louvain, Jacques Lacan expliquait pourquoi la mort nous aide à vivre et pourquoi la vie serait terrifiante si elle était sans fin. Quand tout est possible, l’être ­humain devient fou. La psychanalyse nous a appris à quel point l’absence de contraintes est source de ­désarroi. L’idéologie transhumaniste, qui magnifie nos fantasmes de toute-puissance, est porteuse de bien des pathologies psychiatriques. Le transhumain vivra dans l’illusion de sa toute-puissance, qui est ­mortifère pour notre psychisme. Une chose est sûre, les psychiatres ne vont pas chômer  !’

Source : http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2015/11/lhomme-dieu-la-religion-du-transhumanisme.html

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    Critique progressiste du Transhumanisme. Obs et nouveau scientisme
    Les apôtres de la critique progressiste du transhumanisme. L’Obs et le nouveau scientisme - Octave THIBAULT - Document reinformation.tvdu 4 juillet 2015 16 h 30 min·- Illustration.

Le transhumanisme, qui prétend dépasser l’Homme, est une idéologie à la mode que nous étudions et dénonçons donc régulièrement sur reinformation.tv. Il possède dans son discours un vernis scientifique qui, pour l’essentiel, ne tient pas.

Fondamentalement il constitue, probablement sans le savoir tant la culture n’est paradoxalement pas le fort de ces inventeurs prétendus d’une nouvelle humanité et culture humaine, une résurgence du scientisme de la seconde moitié du XIXème, courant jusque dans les années 1950. C’est là tout le chant du Progrès qui, par définition, caractérise l’univers mental de la gauche, héritière des prétendues « Lumières » dans sa version la plus radicale. Pourtant le transhumanisme suscite un enthousiasme mitigé, voire un rejet. Qu’en est-il vraiment ?

Le transhumanisme, une résurgence du scientisme

Le scientisme prétend résoudre toutes les difficultés de l’existence humaine, soit la maladie, mais aussi le manque de nourriture, la pauvreté, la violence, etc., par le progrès continu et rapide des connaissances scientifiques. Or les maladies n’ont pas disparu après 1910, ni les guerres ou famines au XXème siècle…L’homme immortel, déjà rêvé par ce premier scientisme, n’est donc toujours pas né. Le scientisme se caractérise par une foi naïve en la science, ou réputée telle ; beaucoup de scientiste du XXème siècle ont en effet cru à l’imposture freudienne et à la psychanalyse. Cette foi naïve, niaise, s’accompagne d’un rejet absolu de toute croyance religieuse, et plus particulièrement de la Révélation.

Relevons que le marxisme, en se prétendant « scientifique », peut être inclus au sens large dans le scientisme, avec la réussite que l’on sait et ses 100 millions de morts au moins des expériences communistes. D’ailleurs le scientisme du XIXème se situe résolument dans le camp de l’Avenir, du Bien –autoproclamé-, du Progrès, bref de la Gauche, relativement modérée dans sa version radicale-socialiste ou plus extrême, anarchisante ou communisante, en passant par toutes les formes de socialismes. Le scientisme se mêle fort bien au marxisme, sans se confondre avec lui.

Le transhumanisme constitue donc le dernier avatar à la mode du scientisme. Son style messianique, ses promesses démagogiques, jusqu’à des formes d’annonces du paradis terrestre pour tous, le rapprochent du marxisme.

Toutefois, au-delà de chimères évidentes, les « améliorations » de l’homme promises par le transhumanisme seraient-elles vraiment pour tous ? Certainement pas, et telle est la limite perçue par des progressistes, pourtant gênés dans une dénonciation peu convaincante d’une idéologie si proche de la leur.

Aussi nous avons lu attentivement le Mao de la pensée progressiste en France, l’impérissable hebdomadaire L’Obs qui, sans enthousiasme, a consacré dans son numéro du 25 juin 2015 un grand dossier au thème du transhumanisme.

Des discours confus, contradictoires, des manies peu convaincantes

Pour des intellectuels de gauche français, un des articles de foi fondamentaux du scientisme, et partant de son débouché transhumaniste, serait précisément de n’avoir aucun type de croyance religieuse.

Or beaucoup de transhumanistes interrogés – mais sont-ils bien tous représentatifs ? – développent un discours de type religieux et messianique, syncrétisme en tout point hétérodoxe mélangeant scientisme et succédanés de philosophies orientales. Ces dernières, hindouisme et bouddhisme, sont visiblement déjà infiltrées par les mouvements de type Nouvel-Age –New Age. Un discours connu, confus, a glissé d’une « amélioration spirituelle » à une « amélioration physique ». L’un n’exclut pas l’autre.

Bien des discours de ces transhumanistes proviennent de scénarios de science-fiction usés, voire intrinsèquement mauvais. Outre la fin de la mort, au sens physique, absurdité manifeste, il y aurait le téléchargement en une version numérique des consciences humaines, soit une forme d’immortalité non plus dans un espace physique mais dans un univers informatique, proposition guère plus crédible que la précédente.

Il y a de même un ridicule évident à consommer de fortes doses de gélules aux effets méconnus pour préserver son corps en attendant la Singularité. Tout ceci rejoint le discours de charlatan, aussi vieux que l’humanité. Un Empereur de Chine s’est empoisonné en buvant du mercure, qui passait alors pour un élixir de longue vie, sinon de vie éternelle. Ces promesses bien légères sont maintenant avancées par des gens engagés, à pointe de la recherche, qui annoncent un avenir radieux et scientifique. Ces produits sont au mieux inoffensifs ; certains peuvent en outre être dangereux. Tout ceci est assurément fort peu scientifique. Ces discours se rapprochent singulièrement de ceux des sectes guérisseuses se réclament d’une « autre science », là encore avec des remèdes inoffensifs au mieux et souvent dangereux.

Une partie du dossier de L’Obs donne donc la parole à divers illuminés, dont le discours ne rencontre pas l’assentiment des journalistes de la gauche bien-pensante. Dmitri Itskov, dans une prédiction gratuite, promet une amélioration radicale de l’espèce humaine pour 2045, voire la fin de la mort. Ray Kurweil invoque le néocortex numérique comme voie du salut et du dépassement de l’humanité, périmée comme un vieux programme. Natasha Vita-More ramène la mort à une envie de mourir ; quelque mystérieuse énergie vitale donnerait-elle accès à une vie éternelle en un corps éternel – avec très fort parfum de Nouvel-Age ? D’autres, abondamment cités, ne paraissent guère plus crédibles, ou, au mieux, de leur propre point de vue transhumaniste, fort optimistes.

L’Obs, La critique progressiste et l’égalitarisme de gauche face à des humanités futures inégalitaires

Le propos de L’Obs dénonce aussi des dangers plus certains, et nouveaux. Les deux pages d’entretien avec le professeur Israël Nisand, médecin, scientifique authentique qui n’appartient pas au mouvement transhumaniste, intéressent particulièrement. Il n’y aura pas d’immortels demain. Mais des grands sportifs conçus in vitro pour être particulièrement performants, certainement. On y arrive déjà avec des animaux ; des gens sans scrupule « amélioreront » l’Homme dans quelque endroit sur la planète échappant à toute autorité gouvernementale hostile, au nom même de l’humanité. Et les zones de non-droit abondent sur la planète, outre les Etats postcommunistes ou communistes comme la Chine ou Cuba, encore imprégnés de mythes d’homme nouveau qui pourraient réveiller les fantasmagories marxistes-léninistes en demi-sommeil. Le gouvernement de Corée du Nord est lui capable de tout, en particulier dans ses discours, et serait ravi d’accueillir des scientifiques compétents mais dévoyés.

Des riches pourraient, pour eux-mêmes ou certains de leurs employés sélectionnés, bénéficier de greffes renforçant considérablement les capacités visuelles ou sonores. Il y a, d’ici quelques décennies, un danger de différenciation de l’humanité en plusieurs « espèces », terme de vulgarisation techniquement d’ailleurs discutable, avec une humanité aussi éclatée en types différents que la gent canine, avec des colosses, des nains, des cerveaux très petits ou contraires très développés. La taille du cerveau n’est pas exactement, et heureusement, garantie d’intelligence ou de stupidité, mais n’est pas sans lien. Il faut particulièrement craindre des cas de rachitisme cérébral volontaire pour former une classe d’ilotes stupides. A l’inverse des monstres au cerveau hypertrophié ne seraient pas nécessairement plus intelligents. On imagine aussi les malheureuses mères-porteuses utilisées. Nous y sommes presque. Au fond, l’Homme à des limites naturelles fixées par Dieu.

Les progressistes en viennent à dénoncer le danger de classes sociales biologiques, fondées sur des inégalités monstrueuses et définitives. Cette critique n’est pas fausse en elle-même, mais n’est pas la plus pertinente car elle omet d’attaquer les fondements philosophiques et scientistes du transhumanisme. Les progressistes et les transhumanistes ont en commun une horreur du Christianisme, et surtout du Christianisme le plus authentique. Le progressiste espère un homme amélioré, dépassé pour tous, dans le strict égalitarisme socialiste, lui-même fort critiquable…Or c’est la perspective contraire qu’il perçoit, absolument monstrueuse et déplorable, et qui tend à s’affirmer.

Copyright © 2016 — reinformation.tv. Tous droits réservés - Source : http://reinformation.tv/transhumanisme-critique-progressiste-scientisme-l-obs/

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    Des églises évangélistes en bisbille avec l’Education Nationale
    France : Trois organisations évangéliques dénoncent le « haut parrainage de l’Education nationale » accordé à un colloque franc-maçon - La rédaction d’Evangeliques.info - 14 mars 2016 10:24


La presse et les réseaux sociaux ont dévoilé que « le haut parrainage de l’Education nationale » a été accordé au colloque « mon avenir », initiative de la Grande Loge de France et de la Grande Loge féminine de France.

Dans un courrier daté du 10 mars 2016, le président du Conseil national de France (CNEF) Etienne Lhermenault, Frank Meyer, président du Comité protestant évangélique pour la dignité humaine (CPDH) et Françoise Caron, présidente de la Fédération nationale des Associations Familiales protestantes demandent que ce haut parrainage soit retiré, afin que la laïcité soit respectée.

« Dans une république qui se veut laïque et donc parfaitement neutre à l’égard des religions, un tel soutien à l’événement organisé par des loges maçonniques est choquant. Et il l’est d’autant plus quand c’est l’Education nationale qui ne cesse de clamer son attachement à la laïcité et son soucis de préserver l’école de toute influence religieuse » explicitent les trois présidents d’organisations évangéliques.

Ce courrier a été envoyé à la sénatrice Catherine Morin Desailly, Présidente de la commission culture, éducation et communication du Sénat et au Député Patrick Bloche, Président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale.

Etienne Lhermenault, Frank Meyer et Françoise Caron proposent aux deux présidents de commissions d’interpeller la Ministre de l’Education nationale et de les tenir informés de la suite qui sera donnée à cette affaire.

Photo d’intérieur d’un temple maçonnique - Source de l’article : http://www.evangeliques.info.- Source : http://www.evangeliques.info/articles/2016/03/14/france-trois-organisations-evangeliques-denoncent-le-haut-parrainage-de-l-education-nationale-accorde-a-un-colloque-franc-macon-14234.html

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La Transhumanisme a fait l’objet de nombreux travaux au sein des obédiences maçonniques en France : déjà en 2013, Charles Susanne avait été amené à traiter de ce sujet à l’invitation du ‘Grand Orient de France’. Voir http://www.medias-presse.info/la-franc-maconnerie-planche-sur-le-transhumanisme/32047 (Médias-Presse.info).

Photo - Dans le cadre des conférences publiques ‘Condorcet-Brossolette’ de la Grande Loge de France, M. Jean-Pierre CHANGEUX, neurobiologiste, professeur Honoraire au Collège de France et à l’Institut Pasteur, membre de l’Académie des Sciences, traitera du thème : ’Transhumanisme, l’homme augmenté’ Ce sera un conférence tout à fait exceptionnelle qui aura lieu le samedi 9 avril prochain à 14 heures 30. Important : réservez dès maintenant votre place : http://www.gldf.org/actualites-et-evenements-publics/inscription-evenement-gldf.html

Jean-Pierre Changeux est professeur honoraire au Collège de France et à l’Institut Pasteur, membre de l’Académie des sciences. Neurobiologiste connu pour sa recherche dans plusieurs domaines de la biologie, de la structure et de la fonction des protéines, du développement précoce du système nerveux jusqu’aux fonctions cognitives. Il a dirigé de 1967 à 2006 les laboratoires de neurobiologie moléculaire et de récepteurs et cognition à l’Institut Pasteur. C’est un événement majeur que d’avoir pu obtenir de Jean-Pierre Changeux qu’il vienne donner une conférence, lui qui est toujours entre deux avions et deux colloques internationaux.

Cette conférence publique sera animée par Alain Graesel, ancien Grand Maître de la Grande Loge de France et présidée par Jean-Paul Vannouque, conseiller fédéral délégué à la Communication de la Grande Loge de France…

En préambule à cette conférence, j’ai demandé à Alain Graesel de nous en dire un peu plus sur le sujet que nous aborderons samedi. Voici mes questions... et ses réponses ! 

Jean Laurent Turbet : Où en sont les recherches portant sur l’Homme augmenté ?

Alain Graesel : Il est impossible d’être exhaustif car elles sont en cours dans de très nombreux laboratoires du monde. Ces laboratoires ne souhaitent pas toujours rendre publiques leurs recherches, c’est cela aussi la mondialisation …. Ils nous disent que demain nous serons plus forts grâce aux exosquelettes, que nous deviendrons plus intelligents grâce à la neurostimulation et que nous vivrons plus longtemps grâce à la convergence technologique des NBIC.

Jean Laurent Turbet : Que signifie NBIC ?

Alain Graesel : NBIC est l’acronyme de Nanotechnologies, Biotechnologies, sciences de l’Information et sciences Cognitives. Ce sont des domaines d’ultra haute technologie interconnectés de manière quasi déterministe : chaque progrès dans l’une engendre des progrès dans les autres, que ce soit par innovations progressives / incrémentales ou par des innovations de rupture radicale. Ce qui augmente la complexité de leur évolution en raison même des intersections et des synergies en question. Il peut arriver que l’on obtienne des résultats totalement inattendus mais scientifiquement percutants.

Les Nanotechnologies maitrisent la grandeur 10 puissance - 9, soit le milliardième de mètre. Cela peut aboutir à la création d’éléments robotisés ultra minuscules, mécanisés, capables de se déplacer dans le corps humain. Ces déplacements seront déterminés et sous contrôle mais certains éléments pourront être fabriqués pour fonctionner en toute autonomie….

Les Biotechnologies ouvrent le vivant aux expérimentations dans les champs génétiques, moléculaires et informatiques… permettant d’intervenir sur le patrimoine génétique des êtres vivants pour le déchiffrer ou même le modifier.

Les sciences de l’Information se caractérisent elles par une capacité constamment évolutive de conception, collection, encodage, tri, stockage et diffusion d’informations et de données de toute nature (physiques, chimiques, etc..) et formes (mathématiques, logiques, statistiques, etc...) Elles s’appuient notamment sur les progrès incessants de l’informatique et des outils et instruments numériques dont les évolutions spectaculaires sont connues de tous.

Les sciences Cognitives enfin font un lien dynamique entre linguistique, informatique, neurosciences et sciences humaines. L’intelligence artificielle en fait bien sûr partie. Les laboratoires des NBIC tournent à plein régime, financés pour l’essentiel par les grandes compagnies internationales d’ultra haute technologie dont les recherches coûtent des fortunes mais dont le retour sur investissement sera exponentiel. On peut ajouter à cela toutes les recherches sur la réalité virtuelle qui nous apportent des innovations toutes les semaines.

Jean Laurent Turbet : Quelques exemples de recherche ?

Alain Graesel : Dans le domaine militaire, la DARPA - Defense Advanced Research Projects Agency – de l’armée américaine travaille sur une combinaison de combat qui résistera aux balles, aux chocs, etc… et multipliera la force physique de son porteur. Dans le domaine civil les mêmes recherches sont en cours : un exosquelette facilitera le port de charges lourdes à des opérateurs dans les usines. n peut en citer beaucoup du même genre. Des chercheurs envisagent d’introduire dans le corps humain des nanorobots et des nanomédicaments capables de réaliser des interventions chirurgicales dans les organes du corps difficiles d’accès. ’autres conçoivent des immunoglobulines à partir de souches de levures et d’ADN pour créer des systèmes immunitaires synthétiques capables de stimuler les antigènes à des maladies infectieuses ou au cancer. Les GAFA - Google, Apple, Facebook, Amazon – investissent des milliards de dollars pour s’assurer une avance stratégique sur un marché qui va exploser. IBM travaille, avec des moyens exceptionnels, sur un projet visant à reproduire et maitriser le fonctionnement du cerveau humain. Quant à l’intelligence artificielle elle fait en ce moment des progrès décisifs : il ne sera plus possible à l’avenir, pour un humain, de battre un ordinateur aux échecs ou au jeu de go…

Jean Laurent Turbet : Des sociétés françaises ?

Alain Graesel : Oui bien sûr il y en a plusieurs. PIXIUM VISION travaille sur une rétine artificielle ; POIETIS conçoit des greffons artificiels de cornée et de peau ; HEMARINA a mis au point un sang artificiel à partir d’une molécule de ver marin, compatible avec tous les groupes sanguins ;FELLIGREEN travaille sur un micro courant sous la peau qui stimule la production de collagène ; BIONICOHAND élabore une prothèse de main fabriquée par impression 3D ; MENSIA  réfléchit à une technique permettant de contrôler des commandes par la pensée par neurofeedback pour le traitement des signaux encéphalographies. Certains chercheurs français sont même dans le peloton de tête. En 2012 Emmanuelle Charpentier, biologiste française associée à la biochimiste américaine Jennifer Doudna, ont reçu le ’ Breakthrough prize ’ qui récompense les avancées scientifiques capitales. Leur méthode nommée ’Crispr-cas9’ est une chirurgie d’ultra haute précision qui permet de découper l’ADN d’une cellule grâce à une enzyme spécifique.Elle va sans doute remplacer tous les outils du même type et elle est considérée comme les ’ciseaux du génome’.

Jean Laurent Turbet : C’est la 4e révolution industrielle ?

Alain Graesel : Absolument. La 3e révolution industrielle – celle de l’informatisation et de la robotisation / automatisation - est déjà bien avancée. Mais la 4e révolution aussi est en cours : ce sera celle de la production possible de l’être humain par la science et la technologie. L’être humain de demain – c’est-à-dire dans les quelques années qui viennent – sera-t-il un encore ’humain par nature’ ou un ’objet vivant’ fabriqué à partir de matériaux de synthèse, voire une machine en 3D ? Les problèmes philosophiques, éthiques et humains qui vont se poser sont considérables et aucune réponse appropriée n’existe à ce jour. Nous somme pratiquement au point zéro de en ce domaine. Les maçons de toutes obédiences ont là un thème de réflexion riche de perspectives.

Jean Laurent Turbet :

Toutes ces recherches seront évoquées et expliquées par Jean Pierre Changeux, neurobiologiste, professeur honoraire au Collège de France, membre de l’académie des sciences dont les recherches sont internationalement reconnues et appréciées. Un débat sur des questions essentielles à la manière de construire notre futur suivront son intervention.

Merci à Alain Graesel et rendez-vous (samedi prochain à 14 heures 30) avec Jean-Pierre Changeux, dans le Grand Termple de la Grande Loge de France. N’oubliez pas qu’il s’agit d’une conférence publique gratuite mais qu’il faut obligatoirement s’inscrire (le nombre de places étant limité) : http://www.gldf.org/actualites-et-evenements-publics/inscription-evenement-gldf.html

La Grande Loge de France, héritière de la ‘Grande Loge de France’ fondée en 1728 et refondée sous sa forme actuelle en 1894, est une obédience maçonnique masculine qui regroupe 34 000 frères répartis en 885 loges réparties sur le territoire national (hexagone et DOM, TOM ...) et même à l’étranger. Les frères de la Grande Loge de France pratiquent le Rite Ecossais Ancien et Accepté, rite maçonnique le plus répandu de part le monde. La Grande Loge de France peut se reconnaître en trois mots : HUMANISME - SPIRITUALITE – TRADITION - Les frères de la Grande Loge de France pensent que la Franc-Maçonnerie est un ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la fraternité. Si vous souhaitez contacter la Grande Loge de France cliquez ICI

Franc-Maçonnerie en Grande Loge De France - Formulaire de contact N’hésitez pas à nous contacter via ce formulaire de contact pour obtenir les informations que vous souhaitez. Nous reviendrons vers vous rapidement. http://www.gldf.org/contacts/formulaire-de-contact.html

Contactez la Grande Loge de France - Franc-Maçonnerie en Grande Loge De France - Accueil - Découvrez le site internet de la Grande loge de France. La Grande loge de France suit une démarche de tradition au cœur des enjeux contemporains. Le site de la Grande Loge de France : http://www.gldf.org/

Source : http://www.jlturbet.net/2016/03/gldf-transhumanisme-l-homme-augmente-conference-de-jean-pierre-changeux-le-9-avril-2016-a-paris.html

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    Une contribution de la Grande Loge Féminine de France comme conclusion (forcément provisoire !)
    L’Homme augmenté dans un monde recomposé - 20 septembre 2015 – Extraits d’une émission de France Culture ; contribution de la ‘Grande Loge Féminine de France

« Comme vous le savez les femmes de la Grande Loge Féminine de France ne restent pas à l’écart des grandes inquiétudes de notre monde. Aujourd’hui, dans l’émission ‘Divers aspects de la pensée contemporaine’, sur ‘France Culture’, notre réflexion porte sur « l’Homme augmenté dans un monde recomposé », thème d’un colloque qui s’est tenu à Lyon au printemps dernier. Ardent programme qui nous plonge dans les mystères scientifiques, vous allez comprendre ».

« De nouvelles inventions ou de nouveaux fonctionnements d’entreprises bouleversent notre conception du monde, nos valeurs, nos habitudes et notre économie. Sur le thème de l’Homme Augmenté, les débats ont mis en avant le fait que la science-fiction la plus débridée devenait réalité. Nous sommes avec Dominique qui va nous guider dans cet univers et nous amener vers notre intériorité ».

L’auteure introduit ici, au cours d’un entretien, les travaux d’ateliers maçonniques avec une référence, sous ce même titre, à un colloque qui s’était tenu à Lyon le samedi 30 mai 2015 : une conférence publique organisée dans le cadre desRencontres de la Franc-Maçonnerie Lyonnaise 2015’ à l’Hôtel de Ville de Lyon, dans le Grand Salon Justin GODART (Voir http://www.gadlu.info/conference-lhomme-augmente-dans-un-monde-recompose.html).

L’auteure précise ce nouveau champ de recherches scientifiques et technologiques désigné par ‘NBIC’ qui est défini ainsi par Wikipédia « Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives : « Les Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC) désignent un champ scientifique multidisciplinaire qui se situe au carrefour des nanotechnologies (N), des biotechnologies (B), des technologies de l’Information (I) et des sciences cognitives (C)1. Certains utilisent la notion de « grande convergence » pour souligner l’interconnexion croissante entre « l’infiniment petit (N), la fabrication du vivant (B), les machines pensantes (I) et l’étude du cerveau humain (C)… »2. Prospective  : dans le domaine médical et de l’informatique, un des défis que les NBIC cherchent à relever est d’acquérir l’autonomie par la commande directe du cerveau, assisté par des électrodes externes ou internes qui éviteraient la nécessité de passer par un clavier ou un système de reconnaissance des gestes, mouvements d’yeux, etc pour communiquer avec des systèmes informatisés.

  • Ce peut être un moyen de restaurer certaines fonctions chez des malades ou handicapés. Des implants cérébraux commandent déjà des assistants techniques (fauteuils roulants notamment), stimulent les muscles de personnes handicapées ou gouvernent des extensions techniques du corps (par des exosquelettes) (C)3.
  • Par exemple, dans le cadre de l’aide à la personne âgée, les NBIC se proposent d’intégrer ces technologies avancées aux fonctions humaines. Le but est d’optimiser le fonctionnement de l’individu et de compenser ses éventuels déclins. C’est peut-être un pas vers ce que certains appellent « l’homme symbiotique » (Brangier, 2000), l’« humain augmenté » techniquement.
  • Dans le domaine du jeu, Mattel a présenté début 2011 au ‘CES 2011’ (salon hi-tech de Las Vegas), un jeu faisant intervenir un chariot mobile, et une soufflerie commandés par la pensée, via des capteurs disposés sur la tête et l’oreille4.
    L’article complet sur ‘NBIC’ avec notes et références est à consulte sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Nanotechnologies,_biotechnologies,_informatique_et_sciences_cognitives

Note du Rédacteur - Parmi les applications thérapeutiques citées par l’intervenante Dominique pour la Grande Loge de France, on trouve les prothèses réparatrices, par exemple une jambe en carbone et une main artificielle équipée de capteurs reliés au cerveau… Les applications aux êtres humains se compliquent avec l’implantation d’organes artificiels (globe oculaire, cœur et pancréas artificiels) et posent des problèmes d’éthique, mais aussi économiques et sociaux (inégalités accrues entre les bénéficiaires et les autres), avec l‘augmentation des performances humaines, l’objectif de rallonger la durée de vie et de ‘réparer’, par des correctifs technologiques apportés à certaines fonctions biologiques amoindries. L’emploi de cellules souches, notamment embryonnaires, trouve apparemment sa place dans cette forme de médecine réparatrice ou de remplacement, mais l’évaluation des dangers et des risques causés au futur patient font encore l’objet d’interrogations et d’études. Devant ces avancées scientifiques, les associations entre des éléments biologiques et/ou technologiques avec un corps humain, ne vont pas manquer de faire émerger des interrogations, des inquiétudes, voire une forme de diabolisation chez certains, que l’on va retrouver probablement à un niveau plus aigu avec une connexion possible du cerveau humain à des bases de données gérées par les technologies de l’informatique et de la communication. Comment combiner les outils d’une technologie dénommée ‘intelligence artificielle’ et quelles limites apporter à de telles applications sur les êtres vivants ? Questions forcément anxiogènes qui méritent de gros efforts de mises à jour, d’études, de compréhension, de choix des limites à définir, individuellement et collectivement.

Pleins de détails, des réflexions et des conseils sont donnés dans l’enregistrement complet qui est accessible en ligne - ECOUTER le podcast complet d’une vingtaine de minutes sur le site suivant : http://www.glff.org/actualites/france-culture—lhomme-augmente-dans-un-monde-recompose---20-septembre-2015.html

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[Avec mes remerciements, pour son appui documentaire, à Florence Sueur, du Groupe Communication, pour la Grande Loge Féminine de France (GLFF) : www.glff.org ].

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Annexe

Articles sur le transhumanisme publiés sur le site Yonne Lautre

Course au Cyborg dans le Monde : Techno-utopies et mythologies du transhumanisme, jeudi 4 juin 2015 par Yonne Lautre

 Ray Kurzweil prédit que les humains seront des cyborgs en 2030 - 6 juin 2015, par Yonne Lautre

Chantre du transhumanisme et de la singularité technologique, Ray Kurzweil vient de dévoiler sa vision de l’évolution de l’humanité d’ici une quinzaine d’années. Le directeur de l’ingénierie de Google entrevoit un homme cyborg dont l’intelligence est dans le cloud…

Source : http://www.01net.com/editorial/656842/ray-kurzweil-predit-que-les-humains-seront-des-cyborgs-en-2030/


Le naufrage de Thésée - Techno-utopies et mythologies du transhumanisme - Par Mickaël Correia, juin 2015, par Yonne Lautre

Quand Google se met à investir dans l’immortalité et engage le champion du transhumanisme Ray Kurzweil à un poste clé de son organigramme, on peut se demander où la société californienne veut en venir. Quand l’Armée américaine investit des milliards dans l’augmentation biomécanique du corps humain et que des chantiers européens de grande envergure comme l’Humain Brain sont financés pour modéliser le cerveau humain et permettre une plus grande fusion entre biologique et informatique, on peut se demander où les États veulent en venir. Mais d’où ces idées viennent-elles ? Il faudrait aussi analyser les mythes fondateurs de cette course au cyborg dans laquelle se sont lancées les grandes puissances économiques et étatiques… Où l’on verrait ressurgir des idéologies et des mystiques qu’on pensait oubliées.

Source : http://jefklak.org/?p=2079

Transhumanisme en question : Terre à terre, 7.05.16, samedi 7 mai 2016 par Yonne Lautre - français

Pièces et main d’œuvre : Un soir à Mirepoix et autres RDV, lundi 29 août 2016 par Pièces et main d’œuvre - français

Pièces et main d’œuvre ou l’enquête critique sur la technocratie, vendredi 23 septembre 2016 par Pièces et main d’œuvre, Rédaction de Yonne Lautre - français

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Auteur : Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 21/10/2016

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Biologie Société A propos de transhumanisme L’Homme augmenté dans un monde recomposé.2

Mis en ligne par Pascal Paquin de Yonne Lautre, un site d’information, associatif et solidaire(Vie du site & Liens), un site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti,

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