Accueil > Pour en savoir plus > Sciences naturelles > Biosciences > OGM > OGM & Pesticides & Plantes résistantes > "Les cultures de plantes tolérantes au glyphosate apportent des maladies et (…)
"Les cultures de plantes tolérantes au glyphosate apportent des maladies et la mort" par le Dr. Mae-Wan Ho et Brett Cherry
Traduction et compléments de Jacques Hallard
mercredi 26 mai 2010, par ,
ISIS OGM
Les cultures de plantes tolérantes au glyphosate apportent des maladies et la mort
Glyphosate Tolerant Crops Bring Diseases and Death
Une nouvelle étude révèle les impacts écologiques désastreux de l’herbicide le plus vendu au monde et des cultures de plantes OGM rendues tolérantes à cet herbicide par modification génétique.
Dr. Mae-Wan Ho et Brett Cherry.
Rapport de l’ ISIS en date du 26/05/2010
L’article original en anglais ; avec toutes les références, s’intitule Glyphosate Tolerant Crops Bring Diseases and Death . Il est accessible par les membres de l’ISIS sur le site suivant : www.i-sis.org.uk/glyphosateTolerantCrops.php
Le matériel du présent site ne peut être reproduit sous aucune forme sans autorisation explicite. FOR PERMISSION, AND REPRODUCTION REQUIREMENTS, PLEASE CONTACT ISIS . POUR OBTENIR SON APPROBATION et les EXIGENCES DE REPRODUCTION, ISIS CONTACT S’IL VOUS PLAÎT. WHERE PERMISSION IS GRANTED ALL LINKS MUST REMAIN UNCHANGED Lorsqu’une autorisation est accordée TOUS LES LIENS doivent rester inchangés
http://www.i-sis.org.uk/foodFutures.php
Les espèces cultivées tolérantes à l’herbicide glyphosate et à sa formulation commerciale le ‘Roundup’, empoisonnent les bactéries fixatrices de l’azote de l’air et d’autres bactéries bénéfiques du sol ; elles augmentent les dégâts des pathogènes fongiques ; elles compromettent l’immunité des plantes vis-à-vis des maladies ; elles diminuent la disponibilité des oligo-éléments pour les végétaux, etc…
Les résultats des recherches au cours des dernières décennies ont brossé un tableau accablant du système de culture qui a atteint plus de 85 pour cent sur les 134 millions d’hectares de terres agricoles mondiales qui sont aujourd’hui mises en culture avec de plus en plus de semences de plantes génétiquement modifiées (OGM) (voir [1] Scientists Reveal Glyphosate Poisons Crops and Soil, SiS 47).
– La version en français s’intitule "Des chercheurs scientifiques révèlent que le glyphosate empoisonne les plantes cultivées et les sols" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction, définitions & compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://yonne.lautre.net/spip.php?article4235
L’augmentation sans précédent des cultures de plantes tolérantes aux herbicides s’est accompagnée d’une forte augmentation de l’utilisation de l’herbicide glyphosate dans le monde entier, et en particulier aux États-Unis [2] GM Crops Increase Herbicide Use in the United States , SiS 45).
– La version en français s’intitule "Les cultures de plantes génétiquement modifiées augmentent l’utilisation des herbicides aux États-Unis" par Brett Cherry, traduction & compléments par Jacques Hallard ; accessible sur le site http://yonne.lautre.net/spip.php?article4123
La catastrophe écologique s’est déroulée malgré l’évidence flagrante des impacts négatifs de l’herbicide sur la santé humaine et animale [3, 4] ( Glyphosate Herbicide Could Cause Birth Defects *, Ban Glyphosate Herbicides Now , SiS 43)**,
Version en français intitulée "Le Glyphosate pourrait causer des malformations à la naissance. L’Argentine envisage son interdiction". Par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction par Jacaues Hallard. Accessible sur les sites www.i-sis.org.uk/GHCCBDfr.php et yonne.lautre.net/spip.php ?article4073
– Version en français intitulée "Il faut interdire les herbicides à base de glyphosate dès maintenant", par le Dr. Mae-Wan Ho, traducrion de Jacques Hallard. A consulter sur les sites http://www.i-sis.org.uk/Ban_Glyphosate_Herbicides_NowFR.php et http://yonne.lautre.net/spip.php?article3470&lang=fr
Par ailleurs, la dissémination du système de cultures ‘Roundup Ready( (RR ) s’est traduite par l’apparition de ‘mauvaises herbes’ et de ‘super mauvaises herbes’ qui sont devenues résistantes à cet herbicide [5, 6] ( GM Crops Facing Meltdown in the USA * , Glyphosate Resistance in Weeds - The Transgenic Treadmill , ** SiS 46) [7].
– Version en français intitulée "Les cultures de plantes génétiquement modifiées sont techniquement en perte de vitesse aux Etats-Unis" par le Dr. Mae-Wan Ho : "GM Crops Facing Meltdown in the USA", traduction de Jacques Hallard ; accessible sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article3959&lang=fr
– Version en français intitulée "Des plantes adventices ou mauvaises herbes devenues résistantes au glyphosate. Effet boule de neige ou tapis roulant transgénique" par le Professeur Joe Cummins. Traduction & compléments par Jacques Hallard. Accessible sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article3982
Comment fonctionne le glyphosate
Le glyphosate (N-(phoshonométhyle) glycine) (figure 1) est un herbicide à large spectre initialement breveté par Monsanto dans les années 1970 sous le nom commercial de ‘Roundup’.
Le glyphosate tue les plantes en se liant et en inhibant l’enzyme 5-énolpyruvylshikimate-3-phosphate synthase (EPSPS) de la voie shikimique pour la biosynthèse des acides aminés aromatiques, la phénylalanine, la tyrosine et le tryptophane.
Ces acides aminés sont des éléments essentiels de toutes les protéines, et également les précurseurs des facteurs de croissance et des phytoalexines, des composés qui sont impliqués dans la défense de la plante contre les maladies [8, 9]. Les animaux ne possèdent pas la voie shikimique et ils dépendent de l’obtention de ces acides aminés essentiels qu’ils doivent trouver dans leur alimentation.
Les plantes tolérantes à l’herbicide dépendent de l’incorporation d’une fonction EPSPS à partir de la bactérie du sol Agrobacterium tumefaciens (qui cause la maladie de la galle du collet chez les végétaux) : ces plantes sont insensibles au glyphosate et ne sont donc pas tuées par l’herbicide.
Pendant longtemps, le glyphosate a été promu comme l’herbicide disponible le plus sûr et le plus respectueux de l’environnement. Mais le glyphosate a beaucoup d’autres effets qui agissent en synergie sur la santé et sur la productivité des cultures qui s’étendent bien au-delà des plantes, par son installation dans l’écosystème des sols et dans l’environnement au sens large.
Les premiers indices de ces effets sont venus à partir des observations selon lesquelles l’application du glyphosate augmente considérablement la gravité et l’incidence des maladies des plantes, et pas seulement dans les cultures de plantes tolérantes au glyphosate, mais aussi dans les cultures subséquentes qui se développent sur le même sol.
Le glyphosate augmente les maladies des plantes par plusieurs mécanismes qui affaiblissent la plante et ses défenses contre la maladie et, en même temps, il augmente la virulence des agents pathogènes et leurs populations dans le sol. Ce qui rend un tel herbicide aussi puissant, c’est qu’il est diffusé dans toute la plante, des extrêmités en croissance des bourgeons et jusqu’aux racines, ce qui fait que les plantes sensibles cessent de croître. Dans les racines, le glyphosate est exsudé dans la rhizosphère (le sol entourant les racines) où eil exerce des effets puissants sur les communautés microbiennes et la chimie du sol.
Le glyphosate prive les plantes des éléments nutritifs essentiels
Chimiquement, le glyphosate est un chélateur fort (liant) des ions métalliques, ce qui rend ces nutriments essentiels non disponibles dans le sol et dans la plante. Le glyphosate a été breveté en tant que chélateur fort en 1964. Contrairement à beaucoup d’autres chélateurs qui se lient spécifiquement à des ions métalliques, le glyphosate est un chélateur à large spectre qui se lie aussi bien avec les macro-éléments qu’avec les oligo-éléments tels que Ca, Mg, Cu, Fe, Mn, Ni et Zn. C’est ce qui en fait à la fois un herbicide à large spectre et un agent antimicrobien puissant, du fait que la fonction de nombreuses enzymes dépend de co-facteurs métalliques spécifiques [10].
L’enzyme EPSPS, par exemple, exige du manganèse (Mn) en tant que co-facteur, tout comme 25 autres enzymes végétales, et le glyphosate réduit la disponibilité du Mn pour chacun d’eux. En outre, du fait que l’herbicide chélate également d’autres ions métalliques, il interfère avec une large gamme de fonctions biologiques, ce qui affaiblit les plantes, les rendant plus sensibles aux maladies, et réduisant leur productivité.
Cela s’applique aussi bien aux plantes tolérantes à l’herbicide qu’à celles qui ne le sont pas donc sensibles. Ainsi, les plantes tolérantes au glyphosate sont affaiblies, mais pas tuées par l’action de chélation de cet herbicide, ce qui explique, au moins en partie, la baisse de rendement des cultures de plantes tolérantes au glyphosate.
Comme le glyphosate est sécrété par les racines des plantes tolérantes au glyphosate, ou par les ‘mauvaises herbes’ qui ont été détruites par la pulvérisation, l’herbicide est rapidement absorbé par les plantes ou immobilisé dans le sol en se liant à des ions métalliques, de sorte que les ions ne sont plus disponibles pour l’absorption par la plantes.
Le glyphosate peut rester dans le sol pendant un longue période, ce qui est d’ailleurs tout aussi bien, parce que ses produits de dégradation sont également toxiques, aussi bien pour les plantes totérantes que pour celles qui ne le sont pas. Mais cela signifie que les cultures qui seront installées par la suite sur le même sol, seront toujours exposées à des niveaux élevés de l’herbicide, et que les effets s’accumuleront au fur et à mesure qu’il sera appliqué en pulvérisations dans les champs cultivés.
Le glyphosate réduit la fixation symbiotique de l’azote de l’air
Le glyphosate réduit la fixation symbiotique de l’azote par plusieurs mécanismes. Les bactéries fixatrices d’azote comme le symbiote de soja, Bradyrhizobioum japonicum, possèdent une enzyme sensible au glyphosate, et ne peuvent donc pas se développer en cas d’exposition au glyphosate. Cela peut être un autre facteur important dans la réduction de la croissance et dans la réduction du rendement du soja tolérant à l’herbicide.
Le glyphosate inhibe la formation du facteur de croissance, l’acide indoylacétique AAI dans le soja tolérant à l’herbicide, ce qui entraîne une diminution de la formation des nodules des racines par le symbiote. La fixation de l’azote est également affectée indirectement par l’intermédiaire de la physiologie de la plante hôte.
Le glyphosate forme plusieurs métabolites tels que l’acide aminométhlphosphonique (AMPA), la sarcosine et la glycine. Après une application de glyhosate, les symptômes chlorotiques observés sur le soja tolérant à l’herbicide ont été attribués à l’accumulation de son métabolite, l’AMPA.
Le nickel (Ni) est impliqué dans la fixation de l’azote par l’intermédiaire d’une activité hydrogénase qui exige du Ni pour recycler l’hydrogène, afin de fournir l’énergie pour la fixation de l’azote. Ainsi, l’absence de nickel dans les sols, en raison de la chélation par le glyphosate, peut limiter l’activité hydrogénase des bactéries symbiotiques. Lorsque l’activité de l’hydrogénase est inhibée, de 30 à 50 pour cent de l’énergie fournie à cette enzyme peuvent être perdus dans l’atmodphère en tant que H2, ce qui diminue ainsi l’efficacité de la fixation de l’azote.
Des tests ont été effectués à l’Université de Maringa, dans l’Etat de Parana, au Brésil, dans des sols argileux et dans des sols sableux, avec des semences de variétés de soja quasi-isogéniques, tolérantes au glyphosate d’une part, et des variétés normales d’uatre part, qui furent traitées avec un fongicide [11].
Les tests ont montré que le glyphosate réduit la fixation de l’azote,
indépendamment du type de sol et de cultivar. Les poids secs des racines et des pousses ont été tous deux réduits par l’application de glyphosate. Les dommages de l’AMPA au niveau de la chlorophylle pourraient réduire la croissance des branches et de l’appareil végétatif. Les plantes qui avaient été traitées au glyphosate ont présenté des symptômes chlorotiques (jaunissement), comparativement aux plantes poussant sans glyphosate, ce qui reflète des dommages au niveau de la chlorophylle et une diminution du taux de photosynthèse.
La teneur en chlorophylle dans les feuilles est bien plus faible, probablement en raison de dommages directs par l’AMPA, ou par la chélation des composants avec du Mg dans la chlorophylle, ou encore du fait de l’implication du Mn dans le transfert des électrons lors de la photosynthèse.
Le glyphosate rend les cultures plus vulnérables aux maladies en réduisant la disponibilité du manganèse pour la nutrition des plantes
Les herbicides sont connus pour augmenter les symptômes des maladies des plantes de façon spécifique depuis les années 1970.
Le glyphosate inhibe l’EPSPS à la fois directement et par chélation du manganèse Mn (voir ci-dessus). Les plantes possédant un métabolisme autour de l’acide shikimique sont prédisposées à divers agents pathogènes des plantes, et le glyphosate est effectivement breveté comme synergiste des mycoherbicides, pour améliorer la virulence et la pathogencité des champignons qui sont utilisés pour le contrôle des mauvaises herbes selon des méthodes biologiques.
L’activité synergique du contrôle des mauvaises herbes à l’aide du glyphosate dans la prédisposition des plantes aux organismes infectieux, a été observée pour de nombreuses maladies et l’utilisation massive du glyphosate en agriculture est un facteur important dans la gravité accrue ou dans la “re-émergence” de maladies qui étaient autrefois considérées comme gérables d’une manière efficace [12] .
Les effets toxiques du glyphosate sont cumulatifs et ils s’aggravent avec son utilisation continue, de sorte qu’une carence en Mn est maintenant observée dans les zones qui étaient auparavant bien pourvues en Mn, notamment en raison de l’accumulation de ce glyphosate dans le sol et aussi parce que cette matière active herbicide empoisonne et épuise les populations de microorganismes du sol qui réduisent le Mn.
Le manganèse Mn réduit est absorbé par les plantes, tandis que le Mn oxydé ne l’est pas, d’où l’équilibre crucial des microorganismes réducteurs du manganèse dans le sol : cet équilibre est essentiel pour la disponibilité du Mn pour la nutrition des plantes. La présence du gène de tolérance au glyphosate réduit également l’absorption du Mn et son efficacité physiologique (grâce à l’accumulation du glyphosate dans la plante), et concomitamment, cela aggrave la sévèrite des maladies.
La virulence de certains agents pathogènes tels que les champignons Gaeumannomyces, Magnaporthe, Phymatotrichum et Corynespora, et la bactérie Streptomyces, implique une oxydation du Mn sur le site de l’infection (Mn2+ donnant Mn4+), ce qui compromet la résistance de la plante via la voie shikimique : le manganèse Mn oxydé n’est d’aucune utilité pour les enzymes de la voie shikimique qui utilisent le Mn en tant que co-facteur.
Environ 40 maladies sont connues pour être en augmentation dans les programmes de lutte contre les mauvaises herbes avec le glyphosate [1, 12] ; et la liste s’allonge, touchant un large éventail d’espèces cultivées : les pommiers, les bananiers, l’orge, les haricots, le colza canola, les agrumes, le cotonnier, la vigne, le melon, la betterave à sucre, le soja, la canne à sucre, la tomate et le blé.
La pourriture des racines du soja, dûe au champignon Corynespora, qui était auparavant considérée comme mineure, peut devenir économiquement dommageable chez le soja Roundup Ready RR. Cette pourriture cryptogamique des racines est plus grave lorsque le glyphosate est appliqué sur du soja dans des situations avec des ‘mauvaises herbes’, même si ces espèces de ‘mauvaises herbes’ ne peuvent pas être les hôtes de l’agent pathogène fongique considéré.
La raison en est que les mauvaises herbes servent à déplacer et à libérer davantage de glyphosate dans la rhizosphère, ce qui épuise les populations des microorganismes réducteurs du Mn, et diminue la disponibilité de ce dernier pour les plantes, ce qui devrait amener à renforcer leur défense contre les agents pathogènes. Tout cela agit en synergie pour stimuler l’augmentation du champignon Corynespora et sa capacité à causer la maladie.
Le piétin-échaudage (Gaeumannomyces graminis, Ophiobolus graminis), “Take-all” en anglais, augmente dans les cultures de céréales après un traitement herbicide de pré-semis avec du glyphosate, comme cela a été reconnu depuis plus de 15 ans. La maladie est également accrue lorsque le glyphosate a été appliqué sur du soja Roundup Ready RR au cours de l’année précédente, par rapport à un soja non traité au glyphosate. Encore une fois, cela est dû à une disponibilité réduite du Mn ; tous les facteurs qui réduisent la disponibilité du Mn, tels qu’un pH faible ou l’utilisation excessive d’engrais azotés, augmentent également la gravité de la maladie.
Des micro-organismes qui sont proposés pour le contrôle biologique de la maladie, tels que la bactérie Bacillus cereus et le champignon Trichoderma konigii, sont tous des réducteurs puissants du Mn qui augmentent la disponibilité du Mn dans la rhizosphère. En revanche, l’addition des souches oxydant le Mn favorisent le piétin-échaudage.
Ainsi, en plus de son action de chélation qui rend le Mn indisponible, le glyphosate affaiblit les microorganismes qui interviennent dans la réduction du Mn et dans la fixation de l’azote dans le sol, de sorte que la disponibilité, pour les plantes cultivées, en azote N et en manganèse Mn, pourrait être nettement compromise.
L’augmentation du piétin-échaudage au niveau des racines, du collet et de la base des céréales après l’application [de glyphosate] peut entraîner des effets synergiques aboutissant à une résistance réduite, en raison d’une carence en Mn, de l’inhibition de la croissance des racines par l’accumulation du glyphosate à l’extrémité de la racine, ainsi que par une augmentation des microorganismes oxydants le manganèse et une diminution des microorganismes réducteurs du Mn dans les communautés des sols.
Le glyphosate favorise l’apparition de maladies causées par des agents pathogènes du genre Fusarium dans le sol
Les maladies causées par le champignon Fusarium ont augmenté avec l’utilisation intensive du glyphosate [12]. Par exemple, l’utilisation du glyphosate prédispose les tomates à la pourriture des racines et du collet par le champignon du genre Fusarium.
Les producteurs de coton en Australie et aux États-Unis de l’Ouest ont connu une résurgence de la fusariose (maladie causée par le champignon Fusarium) depuis l’introduction du coton Roundup Ready, et le taux élevé de résistance au flétrissement fusarien qui était observé précédemment, semble être moins efficace avec une utilisation de glyphosate, dans la lutte contre la fusariose des épis chez les céréales, et d’autres maladies causées par d’autres Fusarium sont en augmentation à la suite d’applications de glyphosate. La fusariose sur les épis et les mycotoxines produites par ce champignon sont maintenant répandues dans les régions froides, où elles étaient rares avant l’utilisation intensive du glyphosate.
La zone de Palouse des états de Washington, de l’Idaho et de l’Oregon, aux États-Unis, a une longue histoire pour la production des pois, des lentilles et du blé sur les sols de loess profonds, caractéristiques de cette région.
Toutefois, les rendements des pois et des lentilles ont été en décroissance lente depuis que la fixation symbiotique de l’azote s’est trouvée réduite et que les maladies dues à Fusarium ont augmenté avec l’utilisation intensive du glyphosate pour la mise en place des semis de blé sans labour. Maintenant, la production des pois et des lentilles n’est plus rentable dans certaines exploitations ; la production s’est déplacée et elle est en évolution rapide dans la Palouse au Montana, où l’utilisation du glyphosate a été plus limitée.
Un nouveau flétrissement chez le colza canola, dû à la fusariose causée par F. oxysporum et F. avenaceum, a sérieusement réduit les rendements depuis 2000, dans les sols pauvres en éléments nutritifs de l’Alberta et du Saskatchewan au Canada.
Le syndrome de la mort subite (SDS) du soja a atteint des "proportions épidémiques" en Amérique du Nord et en Amérique du Sud vers la fin des années 1990 [13]. Il reste très répandu dans les régions productrices de soja aux États-Unis, en Argentine et au Brésil, et il est causé par deux espèces distinctes : F. viruliform en Amérique du Nord et F. tucumaniae en Amérique du Sud. L’utilisation accrue de glyphosate a été identifiée comme responsable de cette mort subite en particulier au cours des années présentant une augmentation des fortes précipitations [14].
Une recherche datant du début des années 1980 avait révélé que l’efficacité herbicide du glyphosate était largement due à la colonisation des racines des plantes atteintes par-des pathogènes du sol (plutôt que l’inhibition de la synthèse d’acides aminés aromatiques comme on le pensait initialement). Les deux agents pathogènes, les plus importants à cet égard, étaient les champignons Pythium et Fusarium, tous les deux omniprésents dans les sols.
Robert Kremer, un microbiologiste de l’USDA et son équipe de recherche, ont mené des études dans le Missouri de 1997 à 2007 pour évaluer les effets du glyphosate sur le soja GT, tolérant au glyphosate, et sur la colonisation des racines du maïs GT, également tolérant au glyphosate, ainsi que sur les populations du champignon du sol Fusarium et d’autres bactéries de la rhizosphère [ 15].
Ils avaient constaté que les racines du maïs GT et du soja GT traités au glyphosate étaient fortement colonisées par le Fusarium, par rapport aux cultures conventionnelles GT qui n’avaient pas été traitées au glyphosate.
Leurs résultats suggèrent que le glyphosate exsudé par les racines des plantes peut même servir de source de nutriments pour les champignons et stimuler la germination des spores de Fusarium, du fait que le Fusarium était dominant dans les communautés fongiques de la rhizosphère, après une exposition de longue durée au glyphosate.
Une augmentation significative du Fusarium a été détectée dès les deux premières semaines seulement après l’application du glyphosate aux doses recommandées, et le champignon a été deux à cinq fois plus abondant chez le soja GT traité au glyphosate que chez le soja conventionnel ou le soja GT non traité.
Le maïs GT traité au glyphosate avait une colonisation par le champignon Fusarium trois à dix fois plus élevée que lorsque l’herbicide atrazine avait été utilisé à la place.
Une autre étude basée sur des enquêtes sur les terrains de cultures et des expériences à grande échelle menées au Saskatchewan, au Canada, a mis en relief que l’application de glyphosate était le facteur le plus important dans le développement des maladies des cultures.
La fusariose des épis d’orge et de blé, causée par le Fusarium graminearum, était particulièrement répandue. Fusarium graminearum était le pathogène le plus communément isolé au cours de cette étude au cours de quatre années, infectant 41,3 pour cent du blé dur et du blé commun, qui furent analysés.
Selon l’étude [16], « ... la production de cultures sensibles avec une gestion d’intervention minimale sur les sols où le glyphosate a été appliqué auparavant, a abouti à des dommages causés par la fusariose (Fusarium Head Blight) dans les années propices au développement de la maladie ». Ceci est particulièrement inquiétant car les cultures avec ‘Roundup’ ont été conçues spécifiquement pour les agriculteurs afin de leur éviter les labours et, à cause de cette “complaisance“, ils peuvent en fait par inadvertance, éviter des travaux pour la préparation de leurs cultures en faisant le lit à des pourritures de l‘épi.
Kremer s’est rendu personnellement auprès des administrateurs de l’USDA, invitant l’Agence à publier un communiqué sur les nouvelles et nombreuses études qui confirment les impacts environnementaux négatifs des cultures tolérantes au glyphosate, mais cela a été ignoré. « Leur point de vue est que si les agriculteurs utilisent cette technologie (Roundup Ready), l’USDA ne veut pas diffuser des informations négatives à ce sujet », lui a-t-on répondu [17].
Le glyphosate tue des micro-organismes bénéfiques et augmente l’action d’agents pathogènes
Des travaux de recherche publiés en 1979 montraient déjà que le glyphosate absorbé par le feuillage des plantes après l’application était transporté systématiquement vers les racines et finalement libéré dans la rhizopshere [15] où il modifie toute l’écologie du sol ; il en résulte une colonisation accrue des racines des plantes par des espèces pathogènes telles que la fusariose et le Phytophorthora, ainsi que le Pythium dans les plants de haricots.
En outre, le glyphosate augmente l’excrétion de substrats à partir des racines, qui peuvent être métabolisés sélectivement par des agents pathogènes, tels que les acides aminés et le glyphosate lui-même, encourageant ainsi les agents pathogènes à se développer. Dans l’intervale, le glyphosate et ses produits de dégradation, comme l’AMPA, sont toxiques pour les microorganismes sensibles, dont la plupart sont des agents bénéfiques.
Les Pseudomonas sont d’importantes bactéries multifonctionnelles dans la rhizosphère où ils produisent de nombreux métabolites secondaires qui suppriment les microorganismes nuisibles tels que les champignons pathogènes, y compris le Fusarium, et qui contribuent à la réduction du manganèse Mn, le rendant ainsi disponible pour les plantes. Le glyphosate et le soja GT, tolérant à l’herbicide, réduisent de façon significative ces espèces bénéfiques du genre Pseudomonas dans la rhizosphère, ce qui encourage en outre la croissance de pathogènes fongiques en supprimant leurs antagonistes bactériens.
L’oxydation et la réduction du Mn sont principalement réalisées par des bactéries dans la rhizosphère, et celles-ci ont un impact majeur sur la disponibilité des nutriments végétaux et sur le métabolisme. Un faible ratio de réducteurs du Mn par rapport aux oxydateurs du Mn a été observé pour le soja GT [tolérant au glyphosate] traité au glyphosate, en comparaison avec le soja non tolérant au glyphosate, ce qui suggère une moindre disponibilité en Mn pour les plantes.
En plus de la suppression de la réduction du Mn par les bactéries Pseudomonas, le glyphosate renforce les bactéries oxydatives, probablement des agrobactéries qui forment généralement des biofilms à la surface des racines de soja. Le Mn oxydé est conservé dans ce biofilm. Ces agrobactéries possèdent probablement la fonction EPSPS d’insensibilité au glyphosate, semblable à celle de l’Agrobacterium tumefaciens qui a fourni l’enzyme pour le soja GT, tolérant à l’herbicide, [à partir des modifications génétiques pour fabriquer le soja OGM].
Comme nous l’avons mentionné plus haut, le glyphosate inhibe également la croissance des nodosités racinaires qui assurent naturellement la fixation symbiotique de l’azote N par le soja.
Le glyphosate empoisonne le sol pour toutes les plantes
Le glyphosate qui est diffusé à partir des racines des plantes mourantes (‘mauvaises herbes’) est transféré à des plantes vivantes qui ne sont pas traitées avec du glyphosate, ce qui suggère que le glyphosate appliqué aux ‘mauvaises herbes’ et autres végétaux dans les allées d’un verger, peut être également transféré à des arbres fruitiers et être à l’origine de maladies chez ces arbres avec des pertes de rendement [15]. Il est prouvé que ce transfert à d’autres plantes par les racines des plantes détruites est beaucoup plus efficace que la pulvérisation directe sur les sols.
Une expérience conduite en serre a montré que le Roundup Ultramax (de Monsanto) qui est pulvérisé sur du ray-grass à des doses mortelles est beaucoup plus efficace pour inhiber la croissance des plantules de tournesol semées dans le même sol, que la même quantité d’herbicide mélangé directement dans le sol [18]. L’inhibition de la croissance a été plus prononcée quand il n’y avait pas de décalage entre l’application de l’herbicide et le semis des graines de tournesol.
L’effet d’inhibition de la croissance s’est estompé entre 7 à 21 jours après l’application de l’herbicide, mais elle ne disparaît pas complètement. En l’absence de temps de latence avant de semer les graines de tournesol, l’inhibition de la croissance a été de 90 pour cent lorsque l’herbicide a été appliqué au ray-grass, comparativement à 50-70 pour cent lorsque l’herbicide a été mélangé dans le sol.
L’augmentation du shikimate avec l’application de glyphosate à travers le ray-grass adventice (‘mauvaises herbes’) était de 10 à 100 fois plus élevée que celle résultant de l’application directe dans le sol. L’empoisonnement des semis de tournesol par le glyphosate a été associé à une altération de l’état nutritionnel vis-à-vis du manganèse, qui était toujours détectable après un temps d’attente pouvant aller jusqu’à 21 jours.
Dans la plupart des espèces végétales, le glyphosate n’est pas facilement métabolisé et il est préférentiellement transféré aux jeunes tissus en croissance des racines et des pousses, où il peut s’accumuler en concentrations importantes.
Cela peut facilement créer des ‘points chauds’, des ‘hotspots’ dans le sol qui contiennent des niveaux élevés de glyphosate. Les conclusions de cette étude sont en accord avec les observations de terrain, concernant les dégâts observés sur des plantes de blé d’hiver dans les systèmes agronomiques sans labour, avec une application de glyphosate avant le semis et des temps de latence inférieurs à deux semaines.
Conclusions
Il est clair que les cultures de plantes OGM tolérantes au glyphosate (GT) et les traitements au glyphosate qui les accompagnent, constituent de graves menaces pour la durabilité de l’agriculture et pour les productions alimentaires. Au plan écologique, ces impacts négatifs majeurs du glyphosate et du système de cultures Roundup Ready, doivent être considérés à la lumière des menaces qu’ils font porter sur la santé humaine et animale, et qui justifient déjà, à eux seuls, une interdiction de l’utilisation de cet herbicide au niveau mondial [40].
Il est en effet grand temps de stopper à la fois le glyphosate et les cultures de plantes tolérantes à cet herbicide, et en fait de mettre fin à toutes les cultures d’OGM, afin de se concentrer sur les ressources qui existent en matière de systèmes d’agriculture biologique et relocalisée qui ont fait leurs preuves de façon durable et qui sont plus productives que l’agriculture industrielle chimique (voir [19] Food Futures Now : *Organic *Sustainable *Fossil Fuel Free ).
© 1999-2010 The Institute of Science in Society
Contact the Institute of Science in Society www.i-sis.org.uk/
Définitions et compléments en français :
A lire sous PDF à demander à yonne.lautre@laposte.net en spécifiant le titre de l’article (service bénévole et gratuit)
Traduction, définitions et compléments :
Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS OGM Glyphosate Tolerant Crops Bring Diseases and Death French version.3