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"L’agriculture biologique est favorable à la biodiversité ainsi qu’à la lutte antiparasitaire" par le Dr. Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

lundi 5 juillet 2010, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Agriculture
L’agriculture biologique est favorable à la biodiversité ainsi qu’à la lutte antiparasitaire
Organic Agriculture for Biodiversity and Pest Control
Rapport de l’ ISIS en date du 05/07/2010
Des chercheurs scientifiques trouvent que les champs travaillés en agriculture biologique ont une meilleure répartition des espèces d’ennemis naturels des ravageurs des cultures, ce qui permet, de manière significative, une meilleure lutte contre ces ravageurs, que dans les champs conduits en agriculture conventionnelle ; l’agriculture biologique favorise également la croissance et le développement des plantes cultivées. Dr. Mae-Wan Ho

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Food Futures Now - *Organic *Sustainable *Fossil Fuel Free Par Mae-Wan Ho
Sam Burcher, Lim Li Ching & autres auteurs.

L’agriculture intensive industrielle a entraîné de grandes pertes de la biodiversité en raison de la destruction des habitats naturels, du remplacement des variétés indigènes par des monocultures résultant de la révolution verte, du détournement massif de l’eau pour l’irrigation, ainsi que des intrants massifs d’engrais chimiques et de pesticides de synthèse. Les pesticides [insecticides et acaricides] ne sont pas sélectifs : ils tuent les ravageurs des cultures ainsi que les ennemis naturels de ces derniers qui les dévorent ; toutes le spopulations sont réduites en même temps.

L’agriculture biologique réduit les dommages dus aux pesticides en éliminant ou en limitant l’utilisation de ces derniers, et elle est généralement reconnue comme ayant l’effet de protéger et d’accroître la biodiversité (voir [1] Food Futures Now : * Organic * Sustainable Fossil Fuel Free * , le rapport de l’ISIS).

Mais l’agriculture biologique assure-t-elle une meilleure lutte contre les ravageurs des cultures ? Les écologistes ont été invités à fournir des preuves réelles pour en apporter la démonstration [2] .

Deux mesures différentes de la biodiversité

Il y a deux mesures possibles de la biodiversité : la richesse en espèces vivantes – c’est-à-dire le nombre d’espèces présentes - et la régularité de ces espèces - c’est-à-dire l’abondance relative de ces espèces. La richesse en espèces et la régularité peuvent varier indépendamment. Les communautés dominées par un petit nombre d’espèces communes et de nombreuses espèces rares ont une faible régularité, tandis que les communautés avec des espèces plus équitablement représentées ont une régularité élevée.

Les comparaisons sur la diversité biologique ont principalement porté sur la richesse des espèces présentes. De même, les efforts de conservation se concentrent sur le rétablissement ou le maintien du nombre d’espèces, sans tenir compte de la régularité de celles-ci.

Des chercheurs dirigés par David Crowder de la Washington State University, à Pullman, et à l’Université de Géorgie, à Atlanta, aux États-Unis ont publié les résultats d’une nouvelle recherche démontrant clairement que l’agriculture biologique favorise la régularité parmi les espèces d’ennemis naturels, et que c’est bien la régularité des espèces, plutôt que la richesse en nombre d’espèces, qui est plus importante pour la lutte antiparasitaire [3].

Ces nouveaux résultats confirment non seulement l’avantage primordial de l’agriculture biologique sur l’agriculture conventionnelle industrielle, mais ils ont également de lourdes conséquences, tant pour les mesures de conservation que pour les pratiques de la lutte biologique.

Trois enquêtes différentes aboutissent à la même réponse

Les chercheurs ont étudié le problème de trois façons différentes : en comparant les champs de pommes de terre dans des parcelles conduites en agriculture biologique et en culture conventionnelle dans l’État de Washington, dans l’Ouest des Etats-Unis, puis plus généralement en comparant l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle, et enfin par la mise en place de leurs propres expériences dans des parcelles sur le terrain.

Tous les trois types d’études donnent la même réponse : ils montrent que la répartition même des ennemis naturels des ravageurs et des agents pathogènes est bien la clé d’une lutte antiparasitaire efficace dans les fermes conduites selon les principes de l’agriculture biologique.

L’équipe a commencé par analyser les données provenant des enquêtes sur les prédateurs et les agents pathogènes du doryphore, un ravageur important dans les champs de pommes de terre dans l’État de Washington.

Ils n’ont trouvé aucun impact sur la richesse des espèces vivantes entre les champs gérés de façon conventionnelle et ceux cultivés en agriculture biologique. Cependant, la régularité de leurs ennemis naturels a été significativement plus élevée dans les champs de pommes de terre conduits en biologique par rapport au conventionnel. Mais cela était-il vrai pour la gestion en agriculture biologique en elle-même ou bien cela était-il tout simplement une caractéristique des champs de pommes de terre ?

Ils ont donc parcouru la littérature pour prendre connaissance des études qui avaient rapporté des présences abondantes d’au moins trois groupes taxonomiques d’ennemis naturels dans les champs conventionnels et dans les champs biologiques de la même culture. Ils ont trouvé 38 études fournissant des comparaisons pour 40 prédateurs et huit agents pathogènes des insectes nuisibles. Là encore, il a été révélé de façon significative une plus grande régularité dans les champs biologiques que les champs conventionnels.

Pour vérifier leurs informations dans un nouvel essai, les chercheurs ont réalisé une expérience dans laquelle ils ont changé la répartition des prédateurs et des agents pathogènes dans des parcelles sur le terrain, et ils ont enregistré les effets sur la croissance et le développement des plantes d’une part, et sur la mortalité des doryphores d’autre part.

Les distributions des ennemis et des agents pathogènes naturels utilisés dans l’expérience reproduite sont bien celles qu’ils ont trouvées dans les enquêtes faites sur le terrain - sept distributions de prédateurs différents et six distributions d’agents pathogènes différents - soit un total de 42 combinaisons de la régularité des couples pathogènes - prédateurs. La densité totale et la richesse des agents pathogènes et des prédateurs ont été maintenues constantes dans toutes les combinaisons.

Ils ont constaté que l’augmentation de la régularité des ennemis naturels "avait déclenché une puissante cascade trophique qui était bénéfique pour les plantes et nuisible pour les ravageurs herbivores". La régularité entre les prédateurs et les agents pathogènes ont agi de concert pour augmenter la biomasse végétale, de sorte que des plantes plus développées ont été rencontrées lorsqu’à la fois les prédateurs et les agents pathogènes ont été uniformément répartis. La biomasse développée au-dessus du sol est en corrélation avec le rendement en tubercules de pommes de terre dans le sol.

Conformément à cet effet, il a été observé qu’une plus grande régularité des ennemis naturels de pomme de terre avait augmenté la mortalité des doryphores, avec des effets de la régularité des prédateurs et des agents pathogènes qui agissent totalement en toute indépendance, afin de se compléter mutuellement les uns les autres.

Un autre avantage tient au fait que les prédateurs ont mieux survécu avec la régularité des prédateurs, et qu’ils n’étaient pas affectés par la régularité des agents pathogènes. Dans l’écosystème de la pomme de terre, l’augmentation de la régularité est accompagnée d’une baisse de 18 pour cent de la densité des parasites et d’une augmentation de 35 pour cent de la masse de végétation.

Il semble que la régularité peut également favoriser la résilience face aux perturbations, en agissant comme un tampon contre les stress de l’environnement et en permettant à la communauté de récupérer plus rapidement.

Les chercheurs ont ajouté [3] : « Nos résultats renforcent l’argument selon lequel le rajeunissement ou le redémarrage de la fonction des écosystèmes exige le rétablissement de la régularité des espèces, plutôt que de leur seule abondance. L’agriculture biologique offre potentiellement un moyen de revenir à une régularité fonctionnelle des écosystèmes ».

Des scientifiques de l’Université de Zurich, en Suisse, qui ont commenté ces travaux, en conviennent. Ils ont écrit ceci [2] : « Le contrôle des ravageurs par leurs ennemis naturels est un service précieux dans l’écosystème : gratuit et souvent négligé ». À leur avis, cette étude a également démontré les effets néfastes des pesticides sur les ennemis naturels des ravageurs des cultures. Des dommages aussi subtils, tels que des changements dans la régularité des espèces, peuvent avoir des effets importants et mesurables sur le rendement des cultures.

La réduction du contrôle naturel du parasitisme, associée à l’utilisation des pesticides, est probablement l’une des raisons pour lesquelles les rendements de l’agriculture biologique sont souvent comparables à ceux de l’agriculture conventionnelle (voir les éléments de preuve examinés dans [1]).

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Définitions et compléments en français et anglais

Fichier PDF à demander à yonne.lautre@laposte.net en spécifiant le titre de l’article (service bénévole et gratuit)

Traduction en français, définitions et compléments :


Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS Agriculture Organic Agriculture for Biodiversity and Pest Control French version.2


[1Ho MW, Cherry B, Burcher S and Saunders PT. Green Energies, 100% Renewables by 2050, ISIS/TWN, London/Penang, 2009, http://www.i-sis.org.uk/GreenEnergies.php

[2“How to get even with pests”, Lindsay A. Turnbull and Andy Hector, News & Views, Nature 2010, 466, 36-37.

[3Crowder DW, Northfield TD, Strand MR and Snyder WE. Organic agriculture promotes evenness and natural pest control. Nature 2010, 466, 110-3.