Accueil > Pour en savoir plus > Agriculture, Souveraineté alimentaire, Alimentation > Sécurité alimentaire & Toxiques alimentaires > "Les aliments provenant d’animaux ‘clonés’ ne sont pas en fait issus de (…)

"Les aliments provenant d’animaux ‘clonés’ ne sont pas en fait issus de vrais clones" par le Prof. Joe Cummins & le Dr. Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

lundi 11 octobre 2010, par Cummins Professeur Joe, Ho Dr Mae-Wan

ISIS Alimentation Santé Animaux clonés
Les aliments provenant d’animaux ‘clonés’ ne sont pas en fait issus de vrais clones
’Cloned’ Food Animals Not True Clones
Le lancement commercial d’animaux de boucherie soit-disant "clonés", est illégal, contraire à l’éthique et dangereux pour la santé en terme de sécutité alimentaire.
Prof. Joe Cummins et Dr. Mae-Wan Ho


Rapport ISIS 11/10/2010

L’article original en anglais est intitulé ’Cloned’ Food Animals Not True Clones ; il est accessible sur le site http://www.i-sis.org.uk/clonedFoodAnimalsNotTrueClones.php
Le matériel du présent site ne peut être reproduit sous aucune forme sans autorisation explicite. FOR PERMISSION, AND REPRODUCTION REQUIREMENTS, PLEASE CONTACT ISIS . POUR OBTENIR SON APPROBATION et les EXIGENCES DE REPRODUCTION, ISIS CONTACT S’IL VOUS PLAÎT. WHERE PERMISSION IS GRANTED ALL LINKS MUST REMAIN UNCHANGED Lorsqu’une autorisation est accordée TOUS LES LIENS doivent rester inchangés.

Les animaux clonés sont déclarés aliments inoffensifs et sûrs par la FDA

En 2008, la Food and Drug Administration (FDA), l’administration américaine de l’alimentation et des médicaments, aux États-Unis, a réalisé une ‘évaluation des risques’ portant sur l’introduction d’animaux clonés dans la chaîne alimentaire.

Cette évaluation se terminait par la conclusion suivante [1] : « Aucun risque pour la consommation alimentaire humaine n’a été identifié chez les clones de bovins, de porcs ou de chèvres, provenant de transfert nucléaire de cellules somatiques (TNCS).

Aucune anomalie n’a été observée chez les animaux produits par clonage, ni chez les animaux produits par d’autres technologies de reproduction assistée (TRA) et par ceux qui résultent d’un accouplement naturel ». La FDA définit un clone animal comme une copie génétique d’un animal donneur, semblable à des jumeaux identiques, mais nés à un moment différent.

Aujourd’hui, le plus souvent, le clonage utilise un processus appelé transfert nucléaire de cellules somatiques (TNCS). Tout comme pour la fécondation in vitro, les scientifiques prennent un oeuf immature d’un animal femelle (souvent à partir d’ovaires obtenus à l’abattoir). Mais au lieu de le combiner avec le sperme, ils enlèvent le noyau, qui contient les gènes de l’oeuf, laissant de côté les autres éléments nécessaires pour qu’un embryon puisse se développer. Les scientifiques ajoutent ensuite le noyau contenant les caractéristiques souhaitables d’une cellule provenant de l’animal que l’agriculteur souhaite copier.

Après quelques autres étapes complémentaires, le noyau du donneur et l’œuf fusionnent ; cet ensemble commence à se diviser et il se forme un embryon. L’embryon est ensuite implanté dans l’utérus d’une mère de substitution, comme dans le cas de la fécondation in vitro, pour le porter à son terme [2] (“Dam”, en anglais, ‘Barrage’, est un terme que les éleveurs utilisent pour désigner le parent femelle d’un animal).

La vérité sur le TNCS, le transfert de noyau de cellules somatiques

L’Institut de la Science dans la Société ISIS a présenté une communication importante à la FDA, critiquant sa position trompeuse sur le clonage, en particulier pour brouiller la distinction entre le clonage ordinaire (qui consiste à diviser les cellules de l’embryon précoce), avec le TNCS, le transfert de noyau de cellules somatiques, et en soulignant que la viande et le lait provenant d’individus soit disant ‘clonés’ étaient contraires à l’éthique et dangereux pour la santé [3] (Is FDA Promoting or Regulating Cloned Meat and Milk ? SiS 33).
La partie clé de cette présentation originale est reproduite ci-dessous :

La vraie histoire concernant le clonage

La question du transfert nucléaire de cellule somatique, TNCS, remonte à la procédure biotechnologique initiale qui servit à la création de Dolly, la brebis clonée en 1996 [4] Death Sentence on Cloning , SiS 19).

Le clonage du matériel génétique d’un animal adulte signifie que toutes les qualités génétique ‘élites’ de l’animal ont fait leurs preuves, ainsi les clones vont en théorie reproduire les qualités ’élites’ de celui-ci.

Plus précisément, le clonage a permis la duplication des animaux comme organismes génétiquement modifiés (OGM) sans le processus de reproduction normale : aussi les animaux génétiquement modifiés ont tendance à être soit stériles, soit à perdre l’expression de leurs transgènes dans les générations suivantes.

Dolly était une répétition pour le clonage de troupeaux d’animaux transgéniques ’élites’ en vue de synthétiser, dans leur lait, des produits pharmaceutiques utiles. Mais Dolly s’est avérée être une chimère. Le clonage n’a pas permis de reproduire fidèlement les qualités ‘élites’ de l’adulte.
Le taux de réussite du TNCS est extrêmement faible, et il en est toujours ainsi de nos jours : entre 0 et 5 pour cent dans toutes les espèces travaillées : moutons, souris, bovins, porcins, caprins, lapins, chats.

Voici comment un critique, parmi d’autres, Jonathan Hill du College of Veterinary Medicine, la faculté de médecine vétérinaire de l’Université Cornell, dans l’état de New York, s’est exprimé quand il s’opposait au clonage reproductif humain [5].

« Dans chacune des espèces chez lesquelles le clonage de cellules somatiques a été un succès, il a également été très inefficace. Au début du premier trimestre de la grossesse, le taux observé est inférieur à la moitié de ce qui est normalement prévu. Immédiatement après un diagnostic initial positif de la grossesse, des taux élevés exceptionnels de pertes embryonnaires peuvent se produire : jusqu’à 80% des grossesses avortent au cours du second semestre. En fin de gestation, des anomalies fœtales et placentaires se produisent à un taux beaucoup plus élevé que la normale, et finalement une réduction de la viabilité à la naissance est commune ».

Ainsi, des centaines d’œufs reconstitués doivent être créés pour obtenir des dizaines d’embryons assez bons pour être implantés dans des mères porteuses, pour obtenir seulement in fine un petit nombre de clones nés vivants. Ces quelques clones qui survivent après la naissance ne sont nullement en bonne santé : « la viabilité postnatale est nettement plus faible pour de nombreux animaux clonés ... La viabilité néonatale s’est montrée compromise en raison d’un manque de maturité au niveau pulmonaire ».

Le clones restants, qui semblent apparemment en bonne santé, ne sont pas sans problèmes : « des investigations plus précises ont révélé que même certains de ces animaux apparemment normaux, sont subtilement différents les uns des autres, ainsi que de la population produite naturellement ... Ce qui est une préoccupation importante réside dans le fait que le développement du placenta et l’environnement intra-utérin, pour de nombreux clones, n’est pas optimal et que cela peut avoir une incidence sur leur santé en fin de vie ».
Dans une expérience [6], 988 embryons ontenus par TNCS et transférés dans des vaches ont donné 133 veaux accouchés à terme, mais seulement 67 pour cent ont survécu jusqu’au sevrage à 3 mois d’âge, avec un taux de mortalité annuel moyen par la suite de plus de 8 pour cent. Les progénitures des clones par TNCS s’en sortent mieux, même si elles n’ont pas été soumises à des tests plus exigeants.

Dolly a dû être abattue prématurément à l’âge de six ans à cause de maladies graves, et la société PPL Therapeutics qui avait contribué à créer Dolly, n’avait pas réussi à trouver un bailleur de fonds pour son ‘alpha-1 anti-trypsine génétiquement modifiée’ produite dans le lait de brebis transgénique clonée, et la société a dû se résoudre à l’abattage de son troupeau de 3.000 moutons transgéniques en 2003 [7] ( Animal Pharm Folds , SiS 19). Ainsi, la technique TNCS, de transfert de noyau de cellule somatique, s’esr révélée ni techniquement réussie, ni économiquement viable.

Beaucoup de personnes, dont Ian Wilmut, le créateur de Dolly, ont admis la fin du clonage avec TNCS pour produire des animaux, et elles ont depuis concentré leurs efforts dans la création de cellules souches embryonnaires pour le remplacement des tissus. Mais le remplacement des tissus s’est montré très peu judicieux et éthiquement injustifié alors que de nombreux succès cliniques ont été documentés en utilisant les cellules souches des patients adultes concernés ; tandis que les cellules souches embryonnaires n’ont pas encore fait leurs preuves dans une seule application clinique [8] (No Case for Embryonic Stem Cells Research , SiS 25).

Le problème majeur avec les clones issus de TNCS et avec les cellules souches embryonnaires par clonage TNCS, réside dans le fait qu’un grand nombre d’erreurs épigénétiques dans l’ensemble du génome, se sont manifestées dans l’expression des gènes associés au processus de transfert nucléaire ; il en résulte des taux d’échecs élevés chez les clones, et aux yeux de nombreux scientifiques, ceci s’oppose à une utilisation en toute sécurité des cellules souches embryonnaires dérivées de la technique TNCS, pour une application dans le remplacement des tissus [9].

Les analyses à l’aide des puces à ADN, de plus de 10.000 gènes chez les clones, indiquent qu’environ 4 pour cent des gènes dans le placenta sont différents de la normale, avec un plus petit nombre de gènes également touchés dans le foie [10].

Les TNCS, les transferts de noyaux de cellules somatiques chez les animaux ne donnent pas de vrais clones

ll y a un autre aspect qui distingue les TNCS, les transferts de noyaux de cellules somatiques, des autres clones : c’est que les animaux ne sont pas nés de vrais clones créés, en ce qui concerne l’ADN mitochondrial (ADNmt) du génome.

Une loi américaine définit la procréation médicale assistée (ou encore assistance médicale à la reproduction) comme une technique qui implique la manipulation simultanée des spermatozoïdes et des ovules. La grande majorité de ces applications concerne la fécondation in vitro (FIV), dans laquelle les ovocytes sont retirés du corps de la mère, puis fécondés avec du sperme en laboratoire, avant que l’embryon ne soit réimplanté dans le corps de la mère. La fécondation de l’ovocyte est réalisée soit par le biais de sperme et d’ovocytes qui sont mis en incubation ensemble (FIV classique) ou par une injection directe d’un seul spermatozoïde dans l’ovocyte, sous un microscope. [11]

En règle générale chez les mammifères, les animaux individuels ne contiennent que de l’ADN mitochondrial, ADNmt, qui est hérité de la mère ; les mitochondries dérivées du père (dans le sperme) sont habituellement éliminées au cours du développement précoce.

Le transfert nucléaire de cellules somatiques (TNCS) court-circuite les voies normales de l’hérédité de l’ADNmt et introduit non seulement un génome nucléaire différent dans le cytoplasme de l’individu receveur, l’ovocyte énucléé, mais également de l’ADNmit d’accompagnement.

Cette ‘hétéroplasmie mitochondriale’ est due à la persistance et à la réplication des deux ADNmt : celui de l’ovocyte et celui des cellules somatiques ; cela signifie que les descendants générés par le TNCS ne sont en aucun cas de vrais clones. Plus important encore : les conséquences de l’hétéroplasmie, ou une possible incompatibilité entre les deux génotypes - nucléaire et ADNmt -, sur le développement ultérieur et le fonctionnement de l’embryon, du fœtus et de la progéniture, ne sont pas connues.

À la suite de la reproduction sexuée, la fonction mitochondriale exige le contrôle biparental de l’ADNmt hérité de la mère. Une incompatibilité associée au tranfert de noyau des cellules somatiques, entre les mitochondries de la cellule receveuse et le génome nucléaire transplanté, peut entraîner un déséquilibre d’ordre énergétique et déclencher une maladie liée à l’ADNmt, ou une perturbation de l’événement normal de développement [12].

L’hétéroplasmie mitochondriale ne doit pas être ignorée

De vrais clones devraient contenir à la fois le génotype nucléaire et le génotype cytoplasmique du donneur de noyau, ce qui n’est pas le cas pour les clones issus de la technique de TNCS. Il a été possible de dépouiller la plupart des mitochondries de la cellule donneuse par traitement au bromure d’éthidium, une molécule de colorant qui s’insère parmi les bases empilées de l’ADN mitochondrial.

Lorsque le noyau de la cellule somatique, dans laquelle manquent les mitochondries, est injecté dans l’ovule dont le noyau a été retiré, l’embryon soit disant ‘cloné’ qui en résulte, ainsi que l’animal se développant à l’état adulte, sont homoplasmiques (ils possèdent uniquement les mitochondries de l’œuf) [13], [14]

Les ‘clones’ animaux qui en résultent sont homoplasmiques, mais ils ne sont certainement pas des clones vrais parce qu’ils ont le noyau de l’animal cloné, mais le génome mitochondrial de l’œuf. Cette distinction peut paraître académique, mais le rôle des mitochondries dans le développement et dans l’apparition de maladies est bien réel et sérieux.

L’importance des dysfonctionnements induits, liés à la reprogrammation nucléaire après un ‘clonage’ par TNCS, est très grande et capitale (voir l’encadré). Cet impact négatif a fait l’objet de beaucoup de discussions et il n’a pas été nié ou complètement ignoré par la FDA. Mais la FDA continue de prétendre que les animaux dits ‘clonés’ sont des clones vrais, alors qu’ils ne le sont manifestement pas.

L’hétéroplasmie mitochondriale chez les animaux clonés

Chez les humains, comme chez les autres mammifères, le génome mitochnondrial est strictement hérité de la mère. L’hétéroplasmie mitochondriale résulte de mutations dans les mitochondries de l’oeuf.

L’hétéroplasmie mitochondriale peut également être retrouvée dans les tissus des individus, mais cet état n’est pas héréditaire.

En revanche, le TNCS donne lieu à une hétéroplasmie mitochondriale. Il a été observé chez les bovins que l’efficacité du transfert de noyau de cellule somatique (TNCS) dépend de la compatibilité de l’hôte donneur. La reprogrammation du noyau donneur est influencée par la compatibilité de l’hôte donneur des mitochondries [15].

Dans l’embryon dérivant d’un transfert nucléaire, les facteurs de transcription de l’ADN mitochondrial codé par le noyau, ainsi que les facteurs de réplication, persistent ; mais cela ne se produit pas chez les embryons générés par une fécondation in vitro. Par conséquent, l’interaction nucléo-mitochondriale faisant suite à un transfert nucléaire est hors de la séquence, car l’apparition de la réplication mitochondriale est un évènement post-implantatoire [16]

Le transfert nucléaire de cellule somatique TNCS, utilisant un noyau à partir de fibroblastes de l’oreille d’une vache Holstein, transféré dans les oeufs de vache ‘jaune de Luxi’ [dans la province chinoise du Yunnan], a abouti dans tous les cas à un état hétéroplasmique pour les mitochondries des donneurs d’oeuf [17].

Lors d’un transfert de noyau de cellule somatique chez des porcs, l’ADNmt du donneur pourrait être transmis à la descendance [18].

En outre, une fois que l’hétéroplasmie a été transmise à la descendance de porcs dérivant de la technique TNCS, il est apparu que l’ADN mitochondrial des populations introduites peut être fixé, et qu’une hétéroplasmie dérivée maternellement était plus facilement maintenue dans les générations suivantes.

Il existe de nombreuses autres publications traitant d’hétéroplasmie mitochnondriale dérivant d’un transfert de noyau de cellule somatique TNCS, qui établissent que le phénomène est une conséquence typique de cette technique.

Il est très clair que la déclaration de la FDA, prônant que les animaux ‘clonés’ alimentaires sont identiques à l’animal donneur, d’une part, et que la descendance de ces animaux ne portent que les gènes du donneur TNCS, d’aitre part, est fausse et trompeuse.

Des maladies sont associées à l’hétéroplasmie mitochondriale

Les maladies associées à une hétéroplasmie mitochondriale sont transmises uniquement par la mère. Les dommages rencontrés incluent souvent des défauts du cerveau, du système nerveux et du coeur.

Une approche pour guérir ces maladies a été développée en utilisant des clones de singes qui imitent ce qui pourrait se passer avec des clones humains. Les donneurs de noyaux mitotiques, à partir d’oeufs dont les mitochnondries sont ‘malades’, sont transférés dans un œuf dont le noyau a été retiré. Le noyau ‘sain’, à partir d’œuf ‘malade’, se divise dans des œufs ‘sains’ qui fournissent un complèment de mitochondries parfaitement ‘saines’, à la fois dans les lignées de cellules souches et dans les embryons complets.

Les toutes jeunes guenons qui se sont développées à partir des œufs transplantés se retrouvent sans mitochondries ‘malades’, et elles sont capables de donner naissance à des petits qui ne sont pas malades. La méthode est présentée comme un moyen de prévenir la transmission des maladies mitochondriales dans des familles touchées ches les êtres humains [19].

Les mutations de l’ADNmt peuvent causer des cardiomyopathies et des insuffisances cardiaques, qui sont héritées maternellement. Dans le cas d’une homoplasmie, toutes les copies de l’ADNmt contiennent la mutation. Dans le cas d’hétéroplasmie, il y a un mélange de copies normales et de copies mutantes de l’ADNmt.

Le phénotype clinique d’une personne atteinte d’hétéroplasmie, dépend du type d’anomalie génétique et les rapports entre l’ADNmt mutant et l’ADNmt normal dans les tissus affectés. Ceux-ci comprenaient une nouvelle mutation hétéroplasmique affectant l’ARNt [ARN de transfert] de la serine chez un patient qui a exprimé une mort cardiaque subite [20].

Une mutation pathologique bien caractérisée à une position nucléotidique de l’ADN mitochondrial humain été introduite dans des cellules NT2 tératocarcinomiques.

Chez les populations clonées et en mélange, de cellules NT2 hétéroplasmiques pour la mutation, il y avait toujours une tendance à l’augmentation des niveaux de l’ADNmt mutant lorsque les cellules se multiplient. Une multiplication cellulaire rapide des cellules humaines NT2 tératocarcinomiques, a souvent été suivie par la perte complète de l’ADN mitochondrial.

Ces résultats renforcent l’idée que les mutations de l’ADNmt ‘pathologique’ sont particulièrement nocives dans des types cellulaires spécifiques, ce qui peut expliquer certains des aspects tissulaires particuliers des maladies liées à de l’ADNmt. En outre, ces résultats suggèrent que l’appauvrissement de l’ADN mitochondrial peut être une caractéristique importante et généralisée des maladies concernées par l’ADNmt [21].

Les troubles et maladies mitochondriales ont été étudiés et passés en revue de manière approfondie au cours des dernières années [22].

Ils peuvent être causés par des défauts de l’ADN nucléaire ou de l’ADNmt. Les défauts génétiques nucléaires peuvent être hérités selon un mode de transmission autosomique récessive ou avec dominance.

Les défauts de l’ADNmt sont transmis par hérédité maternelle. Des délétions de l’ADNmt se produisent généralement de novo et provoquent ainsi une maladie chez un seul membre de la famille, sans risque significatif pour les autres membres de la famille. Des mutations ponctuelles de l’ADNmt et des duplications peuvent être transmises par la lignée maternelle. Le père d’une personne malade ne court pas le risque d’avoir une mutation de l’ADNmt qui cause la maladie, mais la mère d’une personne malade (en général) à cause d’une mutation mitochondriale, peut ou non avoir des symptômes. Un homme ne transmet pas la mutation de l’ADNmt à sa descendance.

Une femme hébergeant une mutation ponctuelle de l’ADNmt hétéroplasmique peut transmettre une quantité variable d’ADNmt mutant à sa progéniture ; il en résulte une variabilité clinique considérable entre les descendants au sein d’une même famille. Les tests génétiques prénataux et l’interprétation des résultats des tests pour les troubles de l’ADNmt sont difficiles à cause de l’hétéroplasmie de l’ADNmt.

La consommation de viande d’animaux clonés est susceptible de provoquer une maladie mitochondriale, mais la consommation de viande provenant d’animaux hétéroplasmiques est une expérience humaine tout à fait nouvelle à travers le monde et ces animaux peuvent être porteurs de nombreux vices cachés.

Le clonage et la loi

La loi joue un rôle clé pour l’interprétation des décisions bureaucratiques arbitraires et capricieuses. Les opinions exprimées dans les articles de revues juridiques montrent différentes évaluations de la FDA dans la réglementation des aliments issus d’animaux clonés ; Jennifer Butler, une avocate et biologiste moléculaire professionnelle, a une compréhension claire du processus de clonage et de l’hétéroplasmie. Son article contient une précieuse histoire de la FDA et une excellente proposition indiquant que la FDA devrait être remplacée par une agence mieux équipée pour traiter des technologies impliquées dans les modifications génétiques et le clonage des animaux [23].

Un groupe d’avocats de Proskauer LLP de New York a examiné les risques liés à la commercialisation de viande d’animaux clonés ou de la consommation des produits laitiers issus d’animaux clonés ; il a exhorté la FDA à mettre en place un suivi efficace et des moyens de diagnostic pour permettre une évaluation adéquate des risques pour une bonne santé. Mais il n’y avait aucune mention de l’hétéroplasmie et la déclaration de la FDA selon laquelle les animaux sont bien de vrais clones, est implicitement acceptée [24].

John Murphy, un avocat et un ingénieur chimiste professionnel, a déclaré qu’il n’y avait pas de problèmes de sécurité en relation avec la consommation d’aliments issus d’animaux clonés et que les préoccupations morales étaient ‘tangentielles’ [secondaires] et elles furent évacuées par-dessus bord. Il a en outre conclu que l’étiquetage des produits d’animaux clonés n’est pas valable, sur la base de motifs scientifiques non précisés [25].

Butler est bien le seul avocat qui a fait une étude approfondie et globale sur le clonage animal pour l’alimentation humaine, et il peut donc parler avec le plus d’autorité sur cette question.

Conclusion

Les aliments d’animaux clonés ne sont pas des aliments représentant des répliques fidèles de l’animal donneur du noyau dans la technique de transfert de noyau de cellule somatique ou TNSC. Les animaux clonés contiennent des mélanges hétéroplasmiques de gènes mitochondriaux, provenant à la fois des cellules somatiques et de l’œuf qui reçoit le noyau de cellule somatique.

Dans la nature, seul le parent maternel fournit les gènes mitochondriaux. Le TNSC est un processus entièrement nouveau dans la nature, et il s’écarte également de manière significative de la fécondation in vitro. L’hétéroplasmie mitochondriale, et la déplétion mitochondriale qui s’ensuit, a été impliquée dans des maladies touchant le cerveau, le système nerveux central et le cœur.
La FDA affirme à tort que les progénitures des descendances hétéroplasmiques, résultant de la technique TNCS, sont de vrais clones : cette prise de postion relève plus de la propagande de relations publiques, que d’une approche scientifique.

Il n’existe aucun remède évident pour soigner des maladies dues à des hétéroplasmies mitochondriales résultant d’un transfert de noyau de cellules somatiques TNCS et, pour cette raison, tous les animaux créés par cette technique et tous leurs descendants sont illégaux pour une sortie du laboratoire en vue d’une exploitation commerciale ; ces animaux sont par ailleurs contraires à l’éthique et impropres à la consommation humaine.

© 1999-2010 The Institute of Science in Society
Contact the Institute of Science in Society
MATERIAL ON THIS SITE MAY NOT BE REPRODUCED IN ANY FORM WITHOUT EXPLICIT PERMISSION. FOR PERMISSION, PLEASE CONTACT ISIS

Définitions et compléments

Traduction, définitions et compléments :


Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS Alimentation Santé Animaux clonés ‘Cloned’ Food Animals Not True Clones French version.6


[1U.S. Department of Health and Human Services Food and Drug Administration Center for Veterinary Medicine Guidance for Industry Use of Animal Clones and Clone Progeny for Human Food and Animal Feed. January 15, 2008 http://www.fda.gov/downloads/AnimalVeterinary/GuidanceComplianceEnforcement/
GuidanceforIndustry/UCM052469.pdf

[2Osborne WD. FDA’s animal cloning documents underscore safety of meat and milk from cloned animals. FDA Veterinarian Newsletter 2007 Volume XXII, No VI http://www.fda.gov/AnimalVeterinary/NewsEvents/FDAVeterinarianNewsletter/ucm110044.htm.

[3Ho MW and Cummins J. Is FDA promoting or regulating cloned meat and milk ? Science in Society 33, 24-27, 2007.

[4Ho MW and Cummins J. Death sentence on cloning. Science in Society 19, 46-47.

[5Hill JR. Abnormal in utero development of cloned animals : implications for human cloning. Commentary. Differentiation 2002, 69, 174-8. Depart of Clinical Sciences College of Veterinary Medicine, Cornell University, New York.

[6Wells DN, Forsyth JT, McMillan V and Obeck B. The health of somatic cell cloned cattle and their offspring. Cloning Stem Cells 2004, 6, 101-10.

[7“Animal pharm folds”, Mae-Wan Ho, Science in Society 19, 43, 2003.

[8Ho MW. No case for embryonic stem cells cloning. Science in Society 25, 34-37, 2005.

[9Armstrong L, Lako M, Dean W and Stojkovic M. Epigenetic modification is central to genome reprogramming in somatic cell nuclear transfer. Stem Cells 2006, 24, 805-14.

[10Humphreys D, Eggan K, Akutsu H, Friedman A, Hochedliner D, Yanagimachi R, Lander ES, Tolub TR and Janeisch R. Abnormal gene expression in cloned mice derived from embryonic stem cell and cumulus cell nuclei. PNAS 2002, 99 (20), 12889-94.

[11National Center for Biotechnology Information (NCBI) Bookshelf AHRQ Evidence Reports » Effectiveness of Assisted Reproductive Technology Introduction 2008 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/bookshelf/br.fcgi?book=erta167&part=A274505

[12Lee JH, Peters A, Fisher P, Bowles EJ, St John JC, Campbell KH. Generation of mtDNA homoplasmic cloned lambs. Cell Reprogram. 2010, 12(3), 347-55.

[13Bowles EJ, Lee JH, Alberio R, Lloyd RE, Stekel D, Campbell KH, St John JC. Contrasting effects of in vitro fertilization and nuclear transfer on the expression of mtDNA replication factors. Genetics 2007, 176(3), 1511-26.

[14Lloyd RE, Lee JH, Alberio R, Bowles EJ, Ramalho-Santos J, Campbell KH, St John JC. Aberrant nucleo-cytoplasmic cross-talk results in donor cell mtDNA persistence in cloned embryos. Genetics 2006, 172(4), 2515-27.

[15Yan ZH, Zhou YY, Fu J, Jiao F, Zhao LW, Guan PF, Huang SZ, Zeng YT, Zeng F. Donor-host mitochondrial compatibility improves efficiency of bovine somatic cell nuclear transfer. BMC Dev Biol 2010, 10, 31.

[16Lloyd RE, Lee JH, Alberio R, Bowles EJ, Ramalho-Santos J, Campbell KH, St John JC. Aberrant nucleo-cytoplasmic cross-talk results in donor cell mtDNA persistence in cloned embryos. Genetics 2006, 172(4), 2515-27.

[17Han ZM, Chen DY, Li JS, Sun QY, Wan QH, Kou ZH, Rao G, Lei L, Liu ZH, Fang SG. Mitochondrial DNA heteroplasmy in calves cloned by using adult somatic cell. Mol Reprod Dev 2004, 67(2), 207-14

[18Takeda K, Tasai M, Iwamoto M, Akita T, Tagami T, Nirasawa K, Hanada H, Onishi A. Transmission of mitochondrial DNA in pigs and progeny derived from nuclear transfer of Meishan pig fibroblast cells. Mol Reprod Dev 2006, 73(3), 306-12

[19Tachibana M, Sparman M, Sritanaudomchai H, Ma H, Clepper L, Woodward J, Li Y, Ramsey C, Kolotushkina O, Mitalipov S. Mitochondrial gene replacement in primate offspring and embryonic stem cells. Nature 2009, 461(7262), 367-72

[20Zaragoza MV, Fass J, Diegoli M, Lin D, Arbustini E. Mitochondrial DNA variant discovery and evaluation in human Cardiomyopathies through next-generation sequencing PLoS One 2010, 5(8), e12295.

[21Turner CJ, Granycome C, Hurst R, Pohler E, Juhola MK, Juhola MI, Jacobs HT, Sutherland L, Holt IJ.Systematic segregation to mutant mitochondrial DNA and accompanying loss of mitochondrial DNA in human NT2 teratocarcinoma. Cybrids Genetics. 2005, 170(4), 1879-85.

[22Chinnery PF. Mitochondrial disorders overview. In : Pagon RA, Bird TC, Dolan CR, Stephens K (eds). GeneReviews [Internet]. Seattle (WA) : University of Washington, Seattle ; 1993-2000 Jun 8 [updated 2010 Sep 16].

[23Butler JE. Cloned animal products in the human food chain : FDA should protect American consumers. Food Drug Law J 2009, 64(3), 473-501.

[24Solomon LM, Noll RC, Mordkoff DS, Murphy P, Rolerson M.A brave new beef : The US Food and Drug Administration’s review of the safety of cloned animal products. Gend Med 2009, 6(3), 402-9.

[25Murphy JF. Mandatory labeling of food made from cloned animals : grappling with moral objections to the production of safe products. Food Drug Law J 2008, 63(1), 131-50.