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"Éradiquer la pauvreté dans les milieux ruraux avec les énergies renouvelables" par le Dr. Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 24 novembre 2010, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Energies renouvelables
Éradiquer la pauvreté dans les milieux ruraux avec les énergies renouvelables
Eradicating Rural Poverty with Renewable Energies
Les énergies renouvelables ouvrent un accès à des sources d’énergies abordables pour les collectivités rurales, permettant à celles-ci de sortir de la pauvreté, tout en contribuant à sauver le climat, d’après Dr. Mae-Wan Ho

Rapport ISIS 24/11/2010
L’article oriiginal en anglais est intitulé Eradicating Rural Poverty with Renewable Energies ; il est accessible sur le site
www.i-sis.org.uk/eradicatingRuralPovertyRenewableEnergies.php?printing.
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http://www.i-sis.org.uk/onlinestore/books.php#201
Green Energies report - The world can be 100 percent renewable by 2050 - ISIS

De l’énergie électrique hors réseau pour les populations

Environ 1,5 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’électricité et 2,6 milliards sont tributaires du bois, de la paille, du charbon de bois ou de la bouse desséchée pour la cuisson des aliments [1].

Pour l’éclairage, les ménages sans électricité font généralement appel à des lampes à pétrole qui sont très inefficaces. Les communications sont limitées aux radios alimentées par des piles sèches coûteuses. Le manque d’accès à l’énergie est un obstacle majeur pour le développement rural et l’élimination de la pauvreté.

De nombreuses zones rurales des pays en développement ne sont pas connectées au réseau national de distribution d’’élctricité et les connexions peuvent se révéler d’un coût prohibitif : c’est justement là que les énergies renouvelables offrent des possibilités sans précédent, même pour les communautés rurales pauvres.

Les énergies renouvelables sont particulièrement adaptées à la production d’électricité décentralisée et en dehors du réseau de dsitribution. Dans notre revue très complète de 2009 ( [2] Green Energies - 100% Renewable by 2050, ISIS publication) *, nous avons montré que diverses options d’énergies renouvelables, véritablement écologiques et abordables, existent déjà, et que d’autres innovations sont en cours. (La version en français s’intitule "Le pouvoir aux populations : 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard ).

Dans les pays développés, comme dans les autres, les politiques qui favorisent les innovations et qui stimulent le marché intérieur pour la production énergétique décentralisée sont la clé du succès. La coopération internationale est essentielle : les pays développés ont une obligation internationale de soutenir les pays en développement pour combattre le réchauffement climatique avec les énergies renouvelables.

C’est manifestement une belle occasion, pour les pays en développement, de brûler les étapes vers une économie sobre en carbone en améliorant l’efficacité énergétique, en adoptant l’agriculture biologique, et en procédant à l’installation, à un coût abordable, de sites de production d’électricité hors réseau avec des énergies renouvelables [3] (Green Growth for Developing Nations, SiS 46) (La version en français s’intitule ‘Une croissance verte pour les pays en développement’ par le Dr.Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard).

Nos conclusions sont corroborées par le rapport du ‘Renewable Energy Network for the 21 Century’, le ‘Réseau des énergies renouvelables pour le 21e siècle’, publié en juillet 2010[1].

Même dans les zones les plus reculées, de nombreuses sources d’énergie renouvelables, comme les systèmes domestiques ou familiaux de photovoltaïque PV, les pompes solaires, la micro-hydraulique qui alimente des mini-réseaux, ainsi que le biogaz provenant de la digestion anaérobie des déchets organiques, peut fournir un certain accès aux services énergétiques modernes, y compris pour l’éclairage, les communications, les véhicules automobiles et les tracteurs agricoles, enfin le chauffage et le refroidissement.

Les petites capacités d’électricité hors réseau sont particulièrement appropriées pour l’exploitation de dispositifs électroniques nouveaux et en perfectionnement continu, tels que les diodes émettrices de lumière (éclairage LED), les téléphones mobiles, les ordinateurs, etc … qui fonctionnent bien avec une alimentation réduite et qui requièrent moins d’entretien.

Mais il est nécessaire de se tenir au courant sur les questions de sécurité en ce qui concerne toute la gamme des nouveaux nano-matériaux qui sont introduits dans ces appareils électroniques et dans les panneaux solaires (voir [4] Nanotoxicity in Regulatory Vacuum, SiS 46)(La version en français s’intitule "Nanotoxicité : un vide dans la réglementation" par le Dr. Mae-Wan Ho. Traduction & compléments par Jacques Hallard.)

Des maisons solaires à la portée de tous

Au Bangladesh, au cours des huit dernières années, près d’un demi million de systèmes solaires domestiques ont été installés, la plupart ont un pic de puissance entre 50 et 75 Watts, et un nouveau programme vise à porter ce chiffre à 1,3 millions d’équipements d’ici 2012 [1].

Au début de ce siècle, le gouvernement et les bailleurs de fonds avaient mis en place un fonds pour l’énergie dans les milieux ruraux, ce qui a permis à un groupe de 16 sociétés participantes, de ventes et de services, d’installer environ un demi-million de systèmes. Un élément clé de ce programme est de s’assurer que les systèmes répondent aux normes de haute qualité, et de fournir des garanties pour la technologie employée et pour les services après-vente.

Parmi les participants, on trouve Grameen Shakti et plusieurs autres institutions de microfinance (pour plus de détails voir [5] (Grameen Shakti for Renewable Energies, SiS 49) (La version en français s’intitule ‘‘Shakti Grameen : une entreprise originale pour les énergies renouvelables au Bangladesh’’ du Dr. Mae-Wan Ho, traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard).

Un autre succès a été enregistré au Sri Lanka : le Renewable Energy for Rural Economic Development Project, le ‘Programme pour le développement économique rural avec les énergies renouvelables’, qui fait aussi appel au crédit aux consommateurs, à un réseau d’institutions de microfinance et à des sociétés d’énergie solaire. Grâce à leurs réseaux de concessionnaires, les sociétés d’énergie solaire vendent des systèmes solaires domestiques et offrent des services d’exploitation et de maintenance.

Le modèle économique est basé sur un protocole d’entente entre l’institution de microfinance et la société d’énergie solaire : les principales caractéristiques sont un régime de rachat, d’une part, et l’identification des responsabilités pour le service aux consommateurs des deux parties, d’autre part. Au Sri Lanka, quelque 60.000 systèmes solaires domestiques avaient été achetés en 2007, la plupart d’entre eux au cours de la dernière décennie.

Selon ce modèle, plus de 70.000 systèmes ont été financés, entre 2002-2006, par les Sarvodaya Economic Enterprises Development Services, le ‘Service de développement économique des entreprises Sarvodaya’, un partenaire du projet pour le financement des systèmes solaires domestiques et un leader reconnu dans les services énergétiques hors-réseau de distribution dans les zones rurales.

En Chine, dans le cadre du programme de développement des énergies renouvelables qui s’est terminé au milieu de l’année 2008, plus de 400.000 systèmes solaires domestiques ont été vendus dans le nord-ouest de la Chine, la plupart d’entre eux étaient destinés aux éleveurs qui ont appris à transporter les systèmes sur le dos de leurs animaux, lorsqu’ils sont amenés à se déplacer vers de nouveaux pâturages.

En Inde, le Ministère des énergies nouvelles et renouvelables estime qu’en 2009, près de 500.000 systèmes solaires domestiques et 700.000 lanternes solaires avaient été achetées à l’échelle nationale.

En Afrique, la montée en puissance des systèmes solaires domestiques a été plus lente. Mais en 2007, le continent africain avait plus de 500.000 systèmes en cours d’utilisation, dont plus de la moitié de ces équipements se trouvaient au Kenya et en Afrique du Sud.

En 2005, le Kenya avait accueilli un peu plus de 150.000 systèmes solaires avec une puissance moyenne de 25 watts ; depuis, les installations à travers ce pays ont bénéficié à quelque 300.000 ménages.

De façon identique à l’éclairage domestique, les communications nécessitent une petite quantité d’énergie qui peut être facilement fournie par les systèmes solaires à usage domestique.

En Chine, la principale utilisation des systèmes solaires de plus de 50 watts à usage domestique, après l’éclairage, sert à regarder la télévision ; effectivement, des détaillants proposent sur le marché des équipements à cet effet.

Dans les pays en développement, beaucoup de systèmes de batteries sont largement utilisés pour la télévision et, plus récemment, pour le chargement des téléphones mobiles qui s’y est rajouté comme option, lorsque les tours de relais de transmission sont disponibles.

Dans l’Inde d’aujourd’hui, il y a environ 7.000 pompes actionnées par le solaire photovoltaïque qui fonctionnent pour l’irrigation.

Des fourneaux à biomasse ‘plus verts’, plus écologiques

Une nouvelle génération de poêles améliorés à biomasse est en cours de fabrication, parfois soutenus par de grandes entreprises internationales [1]. Ces poêles sont durables, avec une durée de vie de 5 à 10 ans, voire plus, et beaucoup sont vendus avec une garantie.

Il y a un grand marché potentiel pour les poêles à biomasse dans les pays en développement. L’objectif est d’améliorer l’efficacité énergétique de cuisson, de réduire la pollution de l’air intérieur, d’éviter les charges de main-d’œuvre et d’économiser sur les sorties d’argent pour les plus pauvres.

L’Organisation mondiale de la Santé et le Programme pour le développement des Nations Unies ont récemment interrogé 140 pays, représentant une population totale de 3 milliards de personnes, qui comptent, pour satisfaire leurs besoins en énergie pour la cuisson, sur les biocombustibles solides tels que le bois, la paille, le fumier et le charbon.

L’enquête a révélé que 830 millions d’habitants (un peu moins d’un tiers) utilisent des foyers améliorés pour la cuisson (défini comme un poêle fermé avec une cheminée ou un feu ouvert avec un couvercle. Cela équivaut à environ 166 millions de foyers, dont 116 millions en Chine, plus de 13 millions dans le reste de l’Asie orientale, 20 millions en Asie du Sud, 7 millions en Afrique sub-saharienne, et plus de 8 millions en Amérique latine.

Des millions d’installations de biogaz en fonctionnement

Le biogaz est une meilleure option pour la fourniture de combustibles propres qui peuvent aussi produire de l’électricité et, en même temps, réduire la pollution de l’environnement, améliorer l’assainissement autour des habitats et recycler les éléments nutritifs et l’eau pour les besoins de l’agriculture.

La Chine a été le pays le plus actif pour la fourniture de biogaz pour les ménages ruraux dans les programmes successifs depuis 2000, et on prévoit 40 millions de systèmes de production de biogaz d’ici la fin de 2010 (voir l’étude de cas détaillée [6] Biogas for China’s New Socialist Countryside, SiS 49) (La version en français s’intutule ‘‘Le biogaz dans la ‘nouvelle campagne socialiste’ en milieu rural en Chine’’, du Dr. Mae-Wan Ho, traduction, définitions et compléments de Jacques Hallard ).

Ailleurs, les digesteurs de biogaz sont également installés un peu partout [1]. En Inde, on estime qu’il y a quelque 4 millions de systèmes de biogaz installés, selon des chiffres récents du ministère des énergies nouvelles et renouvelables. Le Vietnam a plus de 150.000 systèmes en marche.
Et le Programme d’appui pour le biogaz au Népal, qui implique aussi la participation du secteur privé, les organisations de microfinance, les groupes communautaires et les organisations non gouvernementales, a entraîné une augmentation constante dans les systèmes de biogaz au cours de la dernière décennie, avec près de 200.000 équipements qui ont été adoptés.

Diversification des systèmes d’énergies renouvelables et leur intégration territoriale

Dans les premiers temps du Programme d’électrification rurale de la Chine, les systèmes de petite et moyenne hydraulique ont été encouragés pour fournir l’autosuffisance énergétique de communautés locales isolées.
Mais aujourd’hui, comme le réseau électrique du pays se développe, de nombreuses petites stations hydrauliques sont en mesure de fournir de l’électricité au réseau de distribution. En 2007, quelque 50 GW de petite hydraulique ont été installés en Chine, et seulement 3 GW environ n’ont pas été reliés au réseau existant.

La tendance a été d’intégrer à la fois les extensions du réseau électrique et les énergies renouvelables hors réseau dans un même projet. Les systèmes domestiques renouvelables, les poêles à biomasse améliorés et des systèmes avec de petits réseaux villageois ou communautaires peuvent être aidés financièrement par le même organisme de financement.

Dans la pratique, beaucoup de ces fonds étaient initialement spécialisés dans une seule technologie, tels que les systèmes solaires domestiques, mais ils prennent de plus en plus d’extension vers d’autres systèmes d’énergies renouvelables, ainsi qu’un accès à des énergies non renouvelables.

La société IDCOL, pour le développement des infrastructures du gouvernement Bangladesh, gère un fonds pour l’énergie rurale qui a été un succès dans la promotion de près de 500.000 systèmes solaires domestiques et elle étend maintenant ses activités à d’autres services, tels que le biogaz et les poêles à biomasse améliorés (voir [5]).
En Tanzanie, un nouveau programme d’électrification rurale hors réseau, d’un montant de 25 millions de dollars, a été élaboré et il est actuellement en cours de mise en œuvre.

Définitions et compléments en français :

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS Energies renouvelables Eradicating Rural Poverty with Renewable Energies French version.2


[1Renewables 2010 Global Status Report, http://www.ren21.net/globalstatusreport/REN21_GSR_2010_full.pdf

[2Ho MW, Cherry B, Burcher S and Saunders PT. Green Energies, 100 % Renewables by 2010, ISIS/TWN, London, Penang, 2009, http://www.i-sis.org.uk/GreenEnergies.php

[3Ho MW. Green growth for developing nations. Science in Society 46, 18-20, 2010

[4Ho MW. Nanotoxicity in a regulatory vacuum. Science in Society 46, 38-41, 2010.

[5Ho MW. Grameen Shakti for renewable energies. Science in Society 49 (to appear).

[6Ho MW. Biogas for China’s New Socialist Countryside. Science in Society 49 (to appear).