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"Les papillons mutants de Fukushima confirment les méfaits des faibles doses de rayonnements ionisants" par le Dr Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

samedi 1er décembre 2012, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Santé Nucléaire
Les papillons mutants de Fukushima confirment les méfaits des faibles doses de rayonnements ionisants
Fukushima Mutant Butterflies Confirm Harm from Low-Dose Radiation
L’étude la plus approfondie, qui combine des recherches de terrain et en laboratoire, a permis de constater que les déformations provoquées par de faibles doses de rayonnements, persistent et s’aggravent au fil des générations Dr Mae-Wan Ho

Rapport de l’ISIS en date du 05/09/2012
Une version entièrement référencée et illustrée de ce rapport intitulé Fukushima Mutant Butterflies Confirm Harm from Low-Dose Radiation est acessible par les membres de l’ISIS sur le site web http://www.i-sis.org.uk/Fukushima_mutant_butterflies.php Ce document est par ailleurs disponible en téléchargement ici
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Les rayonnements ionisants, provenant des retombées de la catastrophe de Fukushima, ont causé des dommages physiologiques et génétiques aux populations de papillons bleu pâle de l’espèce Zizeeria maha, ont conclu les chercheurs d’une équipe de scientifiques de l’Université de Ryukyu à Okinawa, au Japon, et dont les résultats ont été publiés en ligne sur Internet en août 2013 [1].
Dans la région de retombées radioactives, les papillons adultes recueillis en mai 2011 ont montré des anomalies relativement peu marquées, mais qui sont devenues plus sévères et qui ont doublé en fréquence au cours de la génération suivante. Ces anomalies graves ont été transmises dans les descendances et héritées, comme cela est apparu au cours de la reproduction et de l’élevage des papillons déformés.
Les papillons adultes prélevés dans la même zone des retombées en septembre 2011 ont montré des anomalies plus graves que celles qui avaient été observées en mai 2011.
Des anomalies similaires ont été reproduites expérimentalement en exposant les larves provenant d’une zone non contaminée à des rayonnements par voie interne ou externe.
Les impacts sur la santé des faibles doses de rayonnement ont été vigoureusement niés et rejetés par les gouvernements, ainsi que par le lobby pro-nucléaire et les autorités chargées de la réglementation et des contrôles, alors même qu’il y a des preuves accablantes d’après la catastrophe de Tchernobyl, d’une part, et que des résultats récents de laboratoire ont rapporté de nombreux « effets de voisinage » qui amplifient les effets de dose et les dommages résultant d’un faible niveau de rayonnements ionisants (voir ISIS Report [2] Death Camp Fukushima Chernobyl *.
* On peut notamment se reporter aux articles suivants en français qui traitent de ces sujets :
 "Suite à l’accident de Tchernobyl, le nombre de morts atteindrait un million d’après des preuves réelles" par le Dr Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article226
 "La vérité sur Fukushima" par le Dr Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article229
 "Les retombées radioactives de Fukushima rivalisent avec celles de Tchernobyl" par le Dr Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article231
 "Arrêter le nucléaire" par le Dr. Mae-Wan Ho et le Professeur Peter Saunders. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article233
 "Le rapport de l’OMS sur Fukushima est une parodie" par Susie Greaves. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article235
L’équipe dirigée par Atsuki Hiyama et Chiyo Nohara a décidé de mener à bien une étude à partir du papillon bleu pâle (Figure 1) parce que ces papillons sont reconnus comme des indicateurs des conditions environnementales et que l’espèce est largement répandue au Japon. En outre, une méthode d’élevage fiable a été mise en place dans leur laboratoire.

Observations sur les papillons du premier envol après la catastrophe et sur leurs progénitures

La catastrophe de Fukushima et l’explosion a eu lieu le 12 mars 2011, pendant que les papillons bleu pâle étaient en hivernage sous forme de larves. Ces larves ont été exposées aux radiations des retombées, non seulement extérieurement mais aussi intérieurement, en se nourrissant de feuilles contaminées ; ces larves ont émergé sous la forme de la première génération d’insectes volants adultes de l’année, et ces derniers ont été recueillis par l’équipe de chercheurs du 13 au 18 mai 2011, à divers endroits dans la zone des retombées, à la fois au nord et au sud de Fukushima.
Un total de 144 adultes (111 mâles et 33 femelles), ont été recueillis dans 10 localités (Figure 2, points noirs et points à moitié noirs). La plupart des adultes semblaient normaux, mais une inspection plus minutieuse a permis de révéler des anomalies bénignes telles qu’une réduction de la taille des ailes chez les mâles, des schémas aberrants de coloration, des formes d’ailes altérées, et des yeux cabossés.
La fréquence globale des anomalies de 7 localités - à l’exclusion de Shiroishi, Koriyama et Tokyo, étudiée pour permettre une comparaison avec la seconde enquête de terrain - était de 12,4%. La taille des ailes antérieures des mâles a été réduite, et la réduction était significativement corrélée négativement avec la dose de rayonnement au niveau du sol dans les localités de collecte des insectes.

La progéniture de première génération F1, obtenue à partir des femelles de la première génération d’insectes volants, a été produite et élevée en laboratoire à Okinawa, situé à 1.750 km de Fukushima, où une radioactivité artificielle ne pouvait guère être détectée. Dans la génération F1, les taux de mortalité des larves, des prénymphes et des nymphes, ainsi que les taux d’anomalies chez les adultes survivants, étaient élevés pour les sites suivants : Iwaki, Hirono, Motomiya et Fukushima, et le taux global d’anomalies observées était de 18,3%, soit 1,5 fois le taux global des anomalies constatées sur la génération des parents.
Le temps de demi-éclosion (la moitié du temps qu’il a fallu pour que les larves atteignent le stade de la nymphose) était négativement corrélé avec les distances entre les localités de collecte et le site de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi. De même, le temps de demi-nymphose et le taux d’anomalies des appendices était négativement corrélé, quoique non statistiquement significatif. Les anomalies chez les papillons de la génération F1 étaient plus graves, affectant les pattes, les antennes, les palpes, les yeux, le ventre et les ailes.
Afin de déterminer si les anomalies observées chez les papillons F1 pouvaient être héréditaires, dix femelles présentant des anomalies (sauf une de Shiroishi, qui n’a pas eu d’anomalie détectable) ont été croisées avec des individus F1 d’apparence normale provenant de Tsukuba, le site le plus éloigné de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi).
Systématiquement, trois mâles vierges ont été placés dans une cage avec une femelle vierge pour assurer un accouplement réussi. Bien que ce système de reproduction soit presque toujours couronné de succès, et qu’il donne plus de 100 descendants par femelle lorsque les mâles et les femelles sont tous deux normaux et fertiles, 3 des 10 femelles F1 ont produit moins de 2 desdendants adultes.
Malgré le fait que les femelles aient été croisées avec des mâles d’apparence normale pour la recherche, d’une part et que trois des femelles sur dix étaient presque totalement stériles, d’autre part, le taux global des anomalies observées chez les adultes survivants F2 était de 33,5%, ce résultat et l’héritage direct des caractères anormaux, suggèrent que plusieurs des déformations ont été héritées génétiquement sur le mode dominant (ou de façon épigénétique).

En outre, une nouvelle anomalie, sous forme d’une antenne en forme de fourche, jamais observée antérieurement, a été trouvée chez un individu de la génération F2.

L’augmentation de la sévérité et de la fréquence des anomalies observées chez les papillons adultes au cours des générations ultérieures, se retrouve également dans les zones de retombées radioactives. Certains des papillons anormaux sont présentés dans la figure 3.

Des anomalies plus sévères ont été observées 6 mois plus tard sur les zones des retombées radioactives

Six mois après l’accident de Fukushima, en septembre et octobre 2011, les chercheurs ont recueilli de nouveau des papillons sur les mêmes sites ; ce sont sans doute les papillons de quatrième ou de cinquième génération d’envol. Un total de 238 individus ont été collectés, soit 168 d’un sexe, et 70 de l’autre sexe. Le taux global d’anomalies pour les 7 localités était de 28,1%, soit plus du double de celui des adultes de première génération d’envol recueillis au mois de mai précédent. Le taux global des anomalies des adultes recueillis sur le terrain en septembre 2011 s’est montré corrélé avec la dose de rayonnements mesurés au sol sur les sites de collecte des papillons.
En ce qui concerne les papillons de premier envol, la génération F1 a été produite à partir des papillons recueillis en septembre 2011, et élevés dans le laboratoire. Le taux de mortalité était élevé, ainsi que le taux d’anomalies, qui était de 59,1% dans l’ensemble.

Les résultats des observations ont montré que les populations exposées aux radiations dans la nature, s’étaient détériorées considérablement depuis le mois de mai 2011, probablement en raison de dommages génétiques causés par les rayonnements émis par la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, comme cela avait été prédit à partir des expériences d’élevage avec les adultes du premier envol.

Les effets de l’exposition à la fois externe et interne (par les aliments)

Les chercheurs de l’équipe ont exposé des larves et des pupes normales, obtenues à partir de femelles capturées à Okinawa, à des rayonnements de césium-137, l’un des principaux radio-isotopes libérés dans les retombées de Fukushima. Les larves et les nymphes ont été exposées à 55 mSv (à un taux de 0,2 mSv / h) et à 125 mSv (à un taux de 0,32 mSv / h). Les deux niveaux d’exposition se traduisent par des traits de caractères anormaux.
Les courbes de survie ont montré que les taux de mortalité des pré-pupes ( 15%) étaient sensiblement les mêmes pour les deux doses, et que la plus forte dose provoque des mortalités supplémentaires (20%), au stade de pupe (voir la firgure 4, graphique de gauche).
Les feuilles des plantes hôtes recueillies dans différentes localités ont servi à la nourriture des larves d’Okinawa. Presque tous les individus qui avaient consommé des feuilles de la localité non contaminés d’Ube (voir Figure 2) ont survécu, mais les individus qui avaient consommé des feuilles provenant de localités contaminées ont moins bien survécu (voir Figure 4, graphique de droite).

Les anomalies produites (Figure 5) sont similaires à celles qui sont naturellement exposés à des rayonnements dans les zones des retombées de Fukushima.

Pour conclure

L’étude menée par l’Université de Ryukyu à Okinawa, au Japon, est la plus complète et la plus détaillée réalisée à ce jour sur les effets des faibles doses de rayonnements ionisants, faisant suite à des accidents nucléaires.
Les chercheurs ont fourni des données concernant les deux collectes de papillons dans les conditions naturelles et dans des expériences d’élevage en laboratoire ; ces données montrent que les populations naturelles de papillons bleu pâle issues de la région de Fukushima présentent une détérioration physiologique et génétique, à la suite des expositions aux retombées radioactives.
En outre, les chercheurs ont effectué des expériences en milieu artificiel afin d’exposer des larves normales à de faibles doses de rayonnements, à la fois de manière extérieure et intérieure (par l’ingestion de plantes hôtes contaminées) ; ils ont reproduit les taux de mortalité et les taux d’anomalies qui avaient été observés chez les papillons prélevés dans le milieu naturel dans la zone de Fukushima.
Nous sommes entièrement d’accord avec le biologiste Tim Mousseau, de l’Université de Caroline du Sud aux Etats-Unis, qui a déclaré [3] : « Cette étude est importante et écrasante dans ses implications, tant pour les êtres humains que pour toutes les communautés d’organismes biologiques qui vivent à Fukushima ».
Nous répétons l’appel lancé dans notre rapport [2] : « Il est clair que les enfants vivant dans les zones fortement contaminées et en dehors de la zone d’évacuation officielle autour de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi doivent être évacués rapidement afin d’éviter une catastrophe humanitaire à l’échelle de celle de Tchernobyl. Un effort international concerté est nécessaire pour fournir une aide pour réaliser l’évacuation des enfants touchés et pour poursuivre la surveillance de l’état sanitaire et les travaux de recherche sur la radioprotection ».
Enfin, une sortie de l’énergie nucléaire au niveau mondial est à l’ordre du jour, étant donné que la combinaison des diverses sources d’énergie renouvelables peut fournir tous nos besoins en énergie d’une façon sûre, durable et à des coûts beaucoup plus abordables pour tous, comme nous l’avons soigneusement décrit en détails dans notre dossier spécial [4] Green Energies - 100% Renewable by 2050, ISIS publication)*.
* On peut notamment se reporter aux articles suivants :
 "Le pouvoir aux populations : 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050" par le Dr. Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article101&lang=fr
 "100% d’énergies renouvelables en Allemagne d’ici 2050 : un exemple pour tous les pays industrialisés" par le Dr. Mae-Wan Ho & le Professeur Peter Saunders. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article98&lang=fr
 "La maîtrise du pouvoir vert, Green Power Rules" par Sam Burcher. Conférence de lancement du rapport ‘Green Energies - 100% Renewable by 2050’. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article91&lang=fr

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Compléments apportés par le traducteur

Les papillons mutants de Fukushima confirment les méfaits des faibles doses de rayonnements ionisants

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 585 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS Santé Nucléaire Fukushima Mutant Butterflies Confirm Harm from Low-Dose Radiation French version.4 allégée.