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"Pourquoi le glyphosate, matière active à effet herbicide, devrait être interdit" par le Dr Eva Sirinathsinghji et le Dr Mae-Wan Ho

dimanche 18 novembre 2012, par Ho Dr Mae-Wan, Sirinathsinghji Eva

ISIS OGM Pesticides
Pourquoi le glyphosate, matière active à effet herbicide, devrait être interdit
Why Glyphosate Should Be Banned
Le glyphosate a contaminé la terre, l’eau, l’air et les denrées alimentaires ; le niveau maximal admissible devrait être multiplié par 100-150 dans l’Union Européenne puisque Monsanto continue sur sa lancée, malgré l’accumulation des preuves accablantes des préjudices graves, causés par cette matière active herbicide sur la santé et sur l’environnement. Dr Eva Sirinathsinghji et le Dr Mae-Wan Ho

Rapport de l’Institut de la Science dans la Société 10/10/2012
Une version entièrement référencée et illustrée de ce rapport, intitulé Why Glyphosate Should Be Banned, est accessible par les membres de l’ISIS sur le site http://www.i-sis.org.uk/Why_Glyphosate_Should_be_Banned.php et elle est par ailleurs disponible en téléchargement ici
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Sommaire du texte complet

1 Introduction
2 Les autorités chargées de la réglementation et les industriels sont tous coupabes
3 Comment fonctionne le glyphosate
4 Impacts de santé
4.1 Tératogénicité et effets sur la reproduction
4.2 Perturbation endocrinienne
4.3 Cancérogénicité
4.4 Génotoxicité
4,5 Neurotoxicité
4.6 Toxicité sur les organes internes
4.7 Toxicité aiguë
5 Effets environnementaux et agronomiques
5.1 ‘Mauvaises herbes’ résistantes au glyphosate
5.2 Effets sur les cultures et la santé des plantes
5.3 Effets sur l’écologie des sols
5.4 Effets sur les écosystèmes
5,5 Causes de maladies du bétail
5,6 Contamination généralisée des denrées alimentaires et des eaux
6 Pour conclure.

Traduction du résumé

L’utilisation des herbicides à base de glyphosate, en particulier la formulation commerciale Roundup de Monsanto, a considérablement augmenté depuis l’introduction des cultures d’organismes génétiquement modifiés (OGM) tolérantes au glyphosate : elle entraîne la contamination de nos approvisionnements alimentaires, de l’environnement et en particulier des eaux.
Les produits commerciaux à base de glyphosate sont maintenant les herbicides les plus couramment utilisés dans le monde. Ils sont toujours présentés comme étant « sûrs », inoffensifs, en dépit des preuves accablantes de leurs préjudices graves pour la santé et pour l’environnement.

Les preuves des préjudices causés par le glyphosate sur la santé

Monsanto et la Commission européenne (CE) ont été au courant depuis les années 1980 des risques de malformations congénitales. Des études effectuées par les industriels concernés avaient révélé des anomalies viscérales et / ou du squelette qui étaient statistiquement significatives, ainsi qu’une viabilité réduite et une augmentation des avortements spontanés chez des rats et des lapins exposés à de fortes doses de glyphosate. Des doses plus faibles ont démontré plus tard que le glyphosate provoquait une dilatation du cœur. La CE a rejeté toutes ces conclusions.
Depuis, des études indépendantes ont démontré une perte caudale des vertèbres chez les rats traités avec des doses sub-létales de l’herbicide, ainsi que des anomalies cranio-faciales, une augmentation de la mortalité embryonnaire, une perturbation endocrinienne, une apparition anormale de la puberté, ainsi que des comportements sexuels anormaux et des nombres de spermatozoïdes affectés chez les descendants mâles des mères exposées durant la gestation.
Chez des rattes nourries avec du soja génétiquement modifié (OGM) il a été observé chez les femelles une progéniture qui a donné naissance à un nombre excessif de petits gravement chétifs, avec plus de la moitié qui décédait au bout de trois semaines, et les descendants qu avaient survécu étaient stériles.
En dehors des mammifères, une exposition au glyphosate des animaux a entraîné un accroissement de la taille des gonades, une augmentation de la mortalité, les anomalies craniofaciales en corrélation avec une signalisation anormale de l’acide rétinoïque et une réduction de la viabilité des œufs.
Une exposition in vitro au glyphosate a entraîné une perturbation endocrinienne et la mort des cellules du testicule, du placenta et du cordon ombilical.
Une étude à long terme conduite in vivo sur des rats femelles exposées au Roundup et / ou au maïs Roundup Ready OGM étaient deux à trois fois plus susceptibles de mourir que les témoins et beaucoup plus susceptibles de développer des tumeurs mammaires énormes, tandis que les mâles présentaient quatre fois plus de tumeurs volumineuses que les témoins, tumeurs qui étaient apparues 600 jours plus précocément.
Les données cliniques venant d’Argentine sont conformes aux résultats de laboratoire pour l’augmentation des malformations congénitales et des cancers dans les régions où de vastes zones sont cultivées avec du soja tolérant au glyphosate.
Une perturbation endocrinienne a été observée à la fois in vivo et in vitro dans des expériences en laboratoire, y compris des niveaux anormaux de testostérone, de l’enzyme aromatase, des récepteurs d’oestrogène et de testostérone, ainsi que de l’hormone leutinisante et l’hormone folliculo-stimulante. La perturbation du système endocrinien peut conduire à des cancers et des problèmes de reproduction.
Des études épidémiologiques ont établi des liens avec les cancers, y compris avec le lymphome non hodgkinien et une augmentation de la prolifération des cellules plasmatiques. Les taux de cancers ont augmenté dans les zones où le glyphosate est utilisé en Argentine. Des études en laboratoire ont révélé une augmentation significative de l’incidence des cellules tumorales interstitielles chez le rat, ainsi qu’une activité promouvant les tumeurs de la peau. De nombreuses études en laboratoire, y compris celles réalisées par les industriels concernés ont montré que le glyphosate endommage l’ADN des cellules en culture, ainsi que chez les êtres humains vivant dans les régions traitées au glyphosate en Argentine. Sur des animaux autres que des mammifères, des études ont révélé des défauts dans les points de contrôle du cycle cellulaire et dans la machinerie de réparation de l’ADN endommagé. Les dommages à l’ADN sont un prélude important à des cancers. L’AMPA, qui est un métabolite du glyphosate, a aussi des effets génotoxiques.
Les effets neurotoxiques, dont la maladie de Parkinson, ont vu le jour suite à une exposition aiguë. L’exposition au glyphosate a entraîné un stress oxydatif chez les animaux de laboratoire et la mort des cellules neuronales, en corrélation avec la pathologie parkinsonienne. L’exposition aiguë chez les poissons a entraîné une inhibition de l’acétylcholinestérase (AChE). Une étude épidémiologique a indiqué qu’une exposition au glyphosate est liée au trouble de déficit de l’attention avec une hyperactivité chez les enfants, un trouble associé à inhibition de l’AChE. Les études originales effectuées par les industriels sur la neurotoxicité ont été déclarés invalides par l’Agence américaine de protection de l’environnement : cela montre le besoin urgent de faire réexaminer tout cela par des scientifiques indépendants.
Une toxicité sur les organes internes a été décrite dans des études de toxicologie alimentaire chez des animaux avec du soja tolérant au glyphosate. Les rats ont souffert d’anomalies rénales, y compris les fuites rénales et des troubles ioniques, ainsi qu’une pathologie hépatique, y compris une irrégularité des noyaux des hépatocytes, ce qui a augmenté les taux métaboliques.
La toxicité aiguë au glyphosate est officiellement déclarée faible par les organismes gouvernementaux ; cependant, les travailleurs agricoles ont rapporté de nombreux symptômes, y compris une irritation de la peau, des lésions cutanées, une irritation des yeux, des allergies, des problèmes respiratoires et des vomissements. L’ingestion de grandes quantités entraîne une toxicité systémique et la mort.

Les preuves des impacts négatifs sur l’environnement et l’agriculture

L’utilisation généralisée du glyphosate a conduit à l’évolution des ‘mauvaises herbes’ résistantes au glyphosate : les OGM tolérants aux herbicides couvraient environ 120 millions d’hectares dans le monde en 2010. Jusqu’à présent, 23 espèces de ‘mauvaises herbes’, devenues résistantes au glyphosate ont été enregistrées, ce qui oblige Monsanto à reconnaître le problème et à protéger leurs profits en déclarant que leur garantie ne couvre pas les pertes de rendement. Les ‘mauvaises herbes’ devenues résistantes au glyphosate menacent l’utilité de l’emploi du glyphosate et des cultures de plantes génétiquement modifiées pour leur tolérantes au glyphosate (OGM). Les ‘mauvaises herbes’ maintenant résistantes sont probablement responsables de l’utilisation accrue des herbicides en agriculture. En Argentine, l’utlisation des herbicides est passé de 2 litres à 20 litres par hectare entre 1996 et 2010.
Les cultures de plantes tolérantes au glyphosate, ainsi que les cultures d’autres plantes non OGM mises en place par la suite sur les mêmes parcelles de terres agricoles, sont touchées du fait des propriétés du glyphosate qui se manifeste par la chélation des ions métalliques. La chélation et l’immobilisation des oligo-éléments métalliques, tels que le manganèse, endommagent des processus biochimiques et physiologiques importants chez les végtaux, y compris la résistance aux maladies et la photosynthèse. De nombreuses maladies, y compris le flétrissement de Goss, la fusariose et le piétin-échaudage, sont maintenant très répandues aux États-Unis. Plus de 40 maladies ont été associées à l’utilisation du glyphosate. La teneur en lignine réduite dans les plantes tolérantes au glyphosate conduit à une réduction de la rétention d’eau, ce qui nécessite plus d’apports d’eau dans les cultures et compromet gravement les rendements agricoles en période de sécheresse.
La biologie du sol est fortement perturbée par le glyphosate, qui est toxique pour de nombreux micro-et macro-organismes bénéfiques pour les cultures, comme les vers de terre par exemple. Le glyphosate porte préjudice à un large éventail de microbes, ceux qui produisent l’indole-acétique (une auxine qui assure la promotion de la croissance végétale), responsables des associations de mycorhizes, de l’absorption de phosphore et du zinc, des microbes tels que Pseudomonas et Bacillus qui convertissent les oxydes insolubles du sol en des formes de manganèse et de fer qui les rendent disponibles et assimilables par les plantes, les bactéries fixatrices d’azote Bradyrhizobium, Rhizobium, et d’autres organismes impliqués dans la lutte biologique contre les maladies telluriques.
La matière active glyphosate peut être conservée et transportée dans les sols, avec des effets cumulatifs durables sur l’écologie du sol et sur sa fertilité, en particulier dans les écosystèmes nordiques où les hivers sont longs et biologiquement inactifs pendant une longue période.
La très grande solubilité du glyphosate dans l’eau, rend les milieux aquatiques naturels très vulnérables. Des études en laboratoire ont montré une toxicité extrême, tuant de nombreuses espèces de batraciens. Les spécialités commerciales Roundup – à base de glyphosate -diminuent la survie des algues et augmentent les populations des cyanobactéries toxiques et leur prolifération dans les milieux aquatiques, ce qui accélére la détérioration de la qualité de l’eau, en particulier dans les petits réseaux hydrologiques.
Les effets indirects, par la perturbation de l’habitat, sont également un sujet de préoccupation, comme l’a souligné le déclin important des populations de papillons monarques dont les larves se nourrissent uniquementà partir de la plante asclépiade, une espèce végétale qui est en grande partie détruite par les applications de glyphosate sur les cultures d’OGM dans les zones agricoles aux Etats-Unis.
Certaines maladies du bétail sont liées à des régimes alimentaires dérivés de plantes génétiquement modifiées (OGM), et notamment des problèmes de reproduction, des diarrhées, des ballonnements, des avortements spontanés, une réduction des naissances vivantes, des systèmes digestifs enflammés, enfin des carences en nutriments. Tout cela s’est traduit par une réduction des bénéfices chez les agriculteurs.
La contamination des approvisionnements en eaux souterraines, ainsi que des contaminations par les eaux de pluies et par l’air ont été décrites en Espagne et aux Etats-Unis, menaçant notre eau potable, et laissant les populations vulnérables, face à l’exposition au glyphosate. Les habitants de la ville de Berlin ont eu la mauvaise surprise d’apprendre récemment que les teneurs en glyphosate de l’eau potable distribuée, étaient supérieures aux taux de pollution qui sont autorisés au niveau de l’Union Européenne.

Conclusion

Les préjudices graves pour la santé et pour l’environnement, causés par l’utilisation d’herbicides à base de glyphosate, sont clairs et évidents. Il y a des arguments suffisamment convaincants pour l’interdiction ou la suppression progressive des herbicides à base de glyphosate dans le monde entier : il faut travailler en faveur d’une transition mondiale sans utilisation des OGM, avec une agriculture biologique sans faire appel aux herbicides (voir Food Futures Now * Organic * Sustainable * Fossil Fuel Free, ISIS Report).
NB. Le texte complet, avec le détail des informations revues et contenues dans ce résumé, est disponible avec toutes les références dans le document original de l’ISIS intitulé Why Glyphosate Should Be Banned ; il est accessible par les membres de l’ISIS sur le site http://www.i-sis.org.uk/Why_Glyphosate_Should_be_Banned.php

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Traduction par Jacques Hallard

Ing. CNAM, consultant indépendant. Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles honoraire.
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