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"Des cultures de plantes génétiquement modifiées (OGM) ont été détruites par la sécheresse aux États-Unis, alors que les cultures de variétés non-OGM étaient florissantes" par le Dr Eva Sirinathsinghji

Traduction et compléments de Jacques Hallard

samedi 17 novembre 2012, par Sirinathsinghji Eva

ISIS OGM
Des cultures de plantes génétiquement modifiées (OGM) ont été détruites par la sécheresse aux États-Unis, alors que les cultures de variétés non-OGM étaient florissantes
GM Crops Destroyed by US Drought but non-GM Varieties Flourish
Les variétés non génétiquement modifiées se sont montrées plus résistantes à la sécheresse aux Etats-Unis, mais les entreprises géantes des agritechnologies font en sorte que les agriculteurs ne soient pas en mesure d’avoir accès à ces variétés non OGM. Dr Eva Sirinathsinghji

Rapport de l’ISIS en date du 10/09/2012
Une version entièrement référencée et illustrée de cet article, intitulé GM Crops Destroyed by US Drought but non-GM Varieties Flourish, est disponible pour les membres de l’ISIS sur le site http://www.i-sis.org.uk/US_drought_destroys_GM_Crops.php . Il est par ailleurs disponible en téléchargement ici
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Les Etats-Unis souffrent de la pire sécheresse enregistrée depuis 50 ans. Mais les dégâts aux cultures auraient aussi pu être évités si des variétés de grande qualité et non génétiquement modifiées avaient été mises à la disposition des agriculteurs. Une preuve supplémentaire est apportée : elle montre que les plantes transgéniques rendues tolérantes au glyphosate sont inappropriées pour faire face à la sécheresse, alors que les cultures de variétés de haute qualité et non génétiquement modifiées sont en bon état. Le monopole des industriels des semences a conduit à ce que les agriculteurs ont été incapables d’obtenir des variétés non GM, tandis que la sécheresse a eu des répercussions mondiales, y compris avec de fortes hausses des prix des céréales et une production de viande réduite dans de nombreux pays.
Dans un commentaire diffusé par GM Watch (Royaume-Uni), Howard Vlieger, co-fondateur et conseiller pour l’agriculture agro-écologique des ‘Verity Farms’, des fermes en proie à la sécheresse dans le Dakota du Sud aux États-Unis, fournit la preuve d’un agriculteur qui a fait pouser côte à côte des variétés OGM et des variétés de sa ferme, non OGM, de soja et de maïs [1]. Le maïs non-OGM, cultivé dans des conditions agro-écologiques afin de promouvoir la biodiversité des sols et les teneurs en éléments nutritionnels, est indiqué à côté d’un maïs OGM avec trois transgènes, qui est tolérant au glyphosate, qui exprime en outre deux toxines insecticides Bt, et qui a été cultivé selon les méthodes chimiques industrielles classiques, qui incluent l’utilisation de l’herbicide Roundup à base de la matière active glyphosate de Monsanto. (Figure 1).
Comme cela est indiqué sur la photo aérienne, les variétés non GM apparaîssent plus vertes, plus développées et plus saines. Ces impressions visuelles sont soutenues par les rendements qui sont, de loin, supérieurs à ceux enregistrés avec le maïs non OGM : des rendements situés en moyenne autour de 100 à 120 boisseaux par acre (BPA), par rapport au rendement des maïs OGM, qui sont de l’ordre de 8-12 BPA à 30-50 BPA.

L’écart de rendement important a été confirmé dans un nouvel ensemble de données sur les informations fournies par Vlieger (avec un accompagnement d’identification photographique) à partir de trois champs environnants de ‘Verity Farms’, cultivés avec du maïs ‘Smart Stack Roundup Ready’ [2].
Toutes ces cultures ont été récoltées pour l’ensilage du maïs du fait que les rendements étaient trop pauvres pour envisager de faire une récolte de maïs grain. L’expert fédéral des assurances, en charge de l’inspection des récoltes, à évalué que celles-ci étaient respectivement de 12 boisseaux à l’acre (BPA), 27 BPA et 28 BPA. Le maïs non-OGM, cultivé de l’autre côté de la route, a donné un rendement de 108 BPA.
Ces résultats ont été reproduits avec des cultures de soja (voir Figure 2).

Selon des études antérieures, les cultures d’OGM tolérants au glyphosate nécessitent plus d’eau

La maïs ‘Triple Stack Roundup Ready’, avec ses trois transgènes empilés, peut être particulièrement intolérant à la sécheresse, et la nouvelle preuve apportée par cette ferme est cohérente avec les résultats de laboratoire antérieurs, qui avaient montré que les cultures traitées avec du glyphosate étaient moins efficaces pour tirer profit de l’eau d’irrigation que les cultures non traitées au glyphosate.
Une de ces études a été réalisée au Brésil où les agriculteurs ont rapporté que les cultures de sojas tolérants au glyphosate étaient "injured lookind", apparaissant comme si elles étaient souffrantes. L’équipe, dirigée par Luis Zobiole de l’Université d’État de Maringá, a constaté que les sojas OGM tolérants au glyphosate absorbent moins d’eau, ce qui avait entraîné une réduction de l’efficacité de l’eau [3].
Le volume d’eau qui est requis pour produire 1 gramme de biomasse sèche avec des plantes de soja tolérantes au glyphosate, mais non traitées, était de 204% et 152% inférieur au volume d’eau qui est nécessaire lorsque les plantes sont exposées à 2.400 grammes de glyphosate par hectare, respectivement appliqués en une fois ou en plusieurs applications séquentielles. Les plantes de soja tolérantes au glyphosate, recevant une seule application de cet herbicide aux concentrations actuellement recommandées (600-1.200 grammes par hectare d’acide équivalent, avaient besoin de 13-20% de plus d’eau pour produire la même quantité de biomasse sèche, que les autres plantes qui n’avaient pas été traitées au glyphosate.
Une publication antérieure par le même laboratoire avait montré le soja OGM tolérant au glyphosate avoir réduit la teneur en lignine et les taux de photosynthèse, les deux mécanismes possibles pour expliquer la réduction de l’efficacité de l’eau [4].
La lignine est un composant essentiel de la paroi cellulaire des plantes, et elle contribue à la résistance à la compression de tiges et au transport efficace de l’eau et des solutés sur de longues distances dans le système vasculaire. Le manque d’eau n’est pas le seul effet physiologique que le glyphosate impose aux cultures. Il a été démontré qu’il réduit aussi la disponibilité des nutriments et les réponses immunitaires, et donc des mécanismes de défense contre les maladies des plantes (voir [5] Glyphosate Tolerant Crops Bring Death and Disease, SiS 47) *.
* Version en français "Les cultures de plantes tolérantes au glyphosate apportent des maladies et la mort" par le Dr. Mae-Wan Ho et Brett Cherry. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article52&lang=fr
Il y a au moins 40 maladies qui sont reconnues comme étant aggravées dans les programmes de lutte contre les mauvaises herbes avec le glyphosate et la liste s’allonge, touchant un large éventail d’espèces cultivées : pommier, bananier, haricot, orge, colza canola, agrumes, cotonnier, vigne, melon, betterave sucrière, soja, canne à sucre, tomate et blé. [6].

L’industrie des semences est monopolisée

De nombreux agriculteurs sont pleinement conscients du contrôle de l’industrie des semences par les multinationales comme Monsanto. Avant la première moitié du XX ème siècle, la majorité des graines étaient entre les mains des agriculteurs ou des sélectionneurs appartenant au secteur public. Maintenant, les géants des agritechnologies utilisent les lois de la propriété intellectuelle, afin de gérer commercialement l’approvisionnement mondial en semences, pour faire en sorte que les semences soient considérées comme une propriété privée, afin de les acheter et les vendre, assurant ainsi une source de profit.
En conséquence, non seulement ces groupes semenciers mondiaux inondent le marché avec des semences génétiquement modifiées et brevetées, en empêchant les agriculteurs de les reproduire chaque année ; ils ont également réduit la possibilité de fournir des semences non-GM. Monsanto est maintenant le plus grand semencier du monde, suivi par DuPont et Syngenta : ils ont tous acquis ou créé des « partenariats » avec les entreprises semencières indépendantes qui vendent les deux types de semences de plantes cultivées : OGM et non-OGM. 
Comme l’a souligné récemment Pierre Patriat, directeur de l’organisme APROSMAT, l’association brésilienne des producteurs de semences qui cultivent les porte-graines de soja dans l’État du Mato Grosso au Brésil, les agriculteurs sont confrontés à des difficultés pour choisir et cultiver des semences de variétés autres que les variétés génétiquement modifiées : cela constitue une menace grave pour la sécurité et la souveraineté alimentaire du Brésil [7].
On estime que 23% du marché des semences sont détenus par Monsanto qui a, en plus, recours à des accords de licence pour diffuser ses technologies - en donnant, à quelque 200 petites entreprises, le droit d’insérer des gènes qui sont la propriété de Monsanto dans leurs souches distinctes de maïs et de soja [8, 9 ].

La demande s’accroit pour les semences non-OGM

Selon Vlieger, la demande pour les semences non-GM est à la hausse, offrant une alternative à l’actuel monopole. Tandis que les semences non génétiquement modifiées sont demandées et achetées, les semences de variétés génétiquement modifiées dorment dans les entrepôts. Il espère que la demande sera satisfaite avec l’augmentation de l’approvisionnement en variétés non génétiquement modifiées par des entreprises semencières, petites et grandes, s’ils se réveillent pour répondre aux besoins des agriculteurs.
Le Pérou a courageusement adopté en mars 2012 un moratoire de dix ans avec une interdiction sur les produits et ingrédients OGM, en réponse à des agriculteurs qui craignent que l’introduction des OGM ne compromettent les espèces indigènes du Pérou comme le maïs blanc géant et les nombreuses et célèbres variétés de pommes de terre [ 10]. Il est temps que le reste du monde leur emboîte le pas (voir [11, 12] The Case for A GM-Free Sustainable World and Food Futures Now *Organic *Sustainable *Fossil Fuel Free , ISIS publications).

Pour conclure

Les cultures de variétés d’OGM tolérantes au glyphosate se sont révélées, à maintes reprises, en moins bonne santé que les variétés traditionnelles. Leurs besoins supérieurs en eau les rend tout à fait inappropriées en période de conditions climatiques difficiles et imprévisibles, avec un approvisionnement en eau qui est de plus en plus limité à l’échelle mondiale (voir [13] World Water Supply in Jeopardy, SiS 56) *.
* Version en français "C’est l’approvisionnement du monde en eau qui est menacé" par le Dr Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article258
La monopolisation du marché des semences signifie que les variétés traditionnelles ne sont pas disponibles : cela réduit la capacité des agriculteurs à répondre efficacement à l’évolution des conditions climatiques et, le plus inquiétant, ce monopole menace la sécurité et la souveraineté alimentaire au niveau mondial. Une transition mondiale vers l’agriculture du type de l’agroécologie et sans OGM est la voie et le moyen pour un véritable progrès.

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Définitions et compléments :

Des cultures de plantes génétiquement modifiées (OGM) ont été détruites par la sécheresse aux États-Unis, alors que les cultures de variétés non-OGM étaient florissantes

Traduction en français, définitions et compléments

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
Honoraire
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