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"Davantage de cancers et de décès avec des aliments génétiquement modifiés : ce que disent les statistiques" par le Professeur Peter Saunders

Traduction et compléments de Jacques Hallard

vendredi 2 novembre 2012, par Saunders Professeur Peter

ISIS OGM
Davantage de cancers et de décès avec des aliments génétiquement modifiés : ce que disent les statistiques
Excess Cancers and Deaths with GM Feed : the Stats Stand Up
Le fait que des cancers se retrouvent chez des animaux de laboratoire, même avec un petit nombre de rats testés, apporte des évidences solides que l’alimentation issue d’OGM et les herbicides ont des effets cancérigènes. le Professeur Peter Saunders

Rapport de l’ISIS en date du 16/10/2012
Le texte original en anglais intitulé Excess Cancers and Deaths with GM Feed : the Stats Stand Up est accessible sur le site http://www.i-sis.org.uk/Excess_cancers_and_deaths_from_GM_feed_stats_stand_up.php
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En septembre 2012, l’équipe de recherche dirigée par Gilles-Eric Séralini à l’Université de Caen, en France, a publié les résultats de leur expérimentation d’alimentation sur des rats pour tester la toxicité du maïs NK603 génétiquement modifié (OGM) de Monsanto et / ou de son herbicide commercial Roundup, dans l’édition en ligne de la revue scientifique Food and Chemical Toxicology [1].
Séralini et ses collègues avaient déjà trouvé des preuves de la toxicité des aliments génétiquement modifiés à partir des données provenant des propres expériences de Monsanto, qu’ils avaient obtenues grâce à un accès par un système officiel de demande d’information [2].
Monsanto a contesté leurs conclusions et, comme il fallait s’y attendre, il en a été de même de la part de l’European Food Standards Agency (EFSA), l’Autorité européenne de sécurité des aliments, qui est soutenue par Monsanto [3].
Ainsi, l’équipe a décidé de lancer ses propres expériences, en utilisant un nombre très élevé d’animaux et sur une période d’environ deux ans, ce qui correspond à peu près à la durée de vie des rats, plutôt que de conduire une expérience pendant les 90 jours habituels, comme cela était pratiqué dans les essais de toxicité alimentaire, et en particulier chez Monsanto.
Séralini et ses collègues ont constaté que le maïs NK603 et le Roundup ne sont pas seulement toxiques, comme prévu, mais qu’ils étaient aussi cancérigènes, ce qui était plutôt inattendu.
La proportion de rats traités qui sont morts au cours de ces expériences était beaucoup plus grande que la proportion observée chez les animaux témoins, servant de contrôle, par ailleurs, dans presque tous les groupes traités, une proportion plus élevée de tumeurs se sont développées, et les tumeurs sont apparues plus tôt.
Dès que l’article a été publié, le lobby des OGM est entré en action. En particulier, le Science Media Centre (SMC), une organisation basée à Londres, en partie financée par l’industrie concernée, a rapidement obtenu des citations d’un certain nombre de scientifiques pro-OGM et les a distribuées aux médias [4]. Selon un rapport publié dans le Times Higher Education [5], le SMC a réussi à influencer la couverture de l’histoire dans la presse britannique et à maintenir largement les nouvelles à la télévision.
Séralini a réfuté point par point les critiques des pro-OGM sur le site du CRIIGEN [6]. Le statisticien Paul Deheuvels, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris et membre de l’Académie française des sciences, a attiré l’attention sur une autre grave erreur dans les critiques émises [7] : une récrimination selon laquelle Séralini n’avait utilisé que seulement 10 rats par groupe, alors que les directives de l’OCDE [8] recommandent de travailler sur 50 animaux pour les recherches sur la carcinogenèse. Du fait que les expériences du groupe Séralini n’avaient pas suivi le protocole établi, leurs résultats, disent-ils, peut être ignoré en toute sécurité.
En premier lieu, il ne s’est pas agi d’un mépris délibéré des lignes directrices préconisées. L’expérience a été conçue pour tester la toxicité, pour laquelle la taille recommandée pour les groupes expérimentaux est de 10 animaux.
Mais Deheuvels a fait remarquer que le fait que Séralini et ses collègues aient utilisé des groupes plus petits que ceux qui sont recommandés, rend les résultats encore plus convaincants, et non pas moins. C’est parce que l’utilisation d’un petit nombre de rats fait qu’il est moins probable d’observer un quelconque effet. Le fait qu’un effet a été observé malgré le petit nombre d’animaux traités, fait que le résultat est d’autant plus grave et inquiétant.
Pour comprendre pourquoi, nous devons examiner attentivement la façon dont les tests statistiques sont communément effectués. Nous commençons par une hypothèse nulle qui, comme son nom l’indique est essentiellement l’hypothèse selon laquelle rien d’inhabituel ne s’est passé. Ici, c’est l’hypothèse selon laquelle les rats nourris avec une alimentation OGM et / ou avec un herbicide, ne sont pas plus enclins à développer un cancer que les témoins de contrôle.
De toute évidence, nous tenons à rejeter l’hypothèse nulle si elle est fausse et à l’accepter si elle est vraie. Mais avec les statistiques, il convient de prendre des décisions dans un contexte d’incertitude : s’il n’y avait pas d’incertitude, il ne serait pas nécessaire d’utiliser les statistiques - et donc, aussi soigneux que nous puissions être, nous pouvons être amenés à une conclusion erronée.
Il y a deux façons par lesquelles nous pouvons commetre une erreur. [C’est le domaine des ‘Tests d’hypothèses’]. D’une part, nous pouvons faire une "erreur de type 1" en rejetant l’hypothèse nulle alors qu’elle est correcte. Ici, cela voudrait dire que les OGM et / ou les herbicides ne vont probablement pas faire que des cancers se développent plus dans les groupes traités que dans le groupe des animaux témoins. Ou bien, d’autre part, nous pouvons faire une "erreur de type 2" qui revient à accepter l’hypothèse nulle alors qu’elle est fausse. Ici, cela voudrait dire que les OGM et / ou les herbicides n’ont pas d’effets cancérogènes, alors qu’en fait ils en sont.
Naturellement, nous aimerions concevoir des expériences afin de faire en sorte que chacune de ces probabilités soit aussi petite que possible, mais il y a un problème, car les deux types d’erreur sont liés. Nous pouvons réduire la probabilité de faire une erreur de type 1 en exigeant des preuves plus solides avant de rejeter l’hypothèse nulle. Mais si nous faisons cela, nous aurons nécessairement moins de preuves pour l’accepter, ce qui augmente alors la probabilité de faire une erreur de type 2. Nous devons donc trouver un équilibre, et ce que nous faisons le plus souvent est d’insister pour que la probabilité d’une erreur de type 1 soit très faible, classiquement 0,05 [5 pour cent]. C’est l’origine du seuil de probabilité dénommé "significatif à 5 pour cent".
Une probabilité de 0,05 est très faible, de sorte que nous disons que nous n’accepterons que l’effet est réel si l’on peut être convaincu "au-delà de tout doute raisonnable", et la plupart du temps, cela a du sens. Si vous envisagez d’installer un nouveau procédé de fabrication ou une nouvelle façon de gérer votre ferme, vous voulez être très confiant et convaincu que ce sera vraiment mieux, avant de vous lancer dans un investissement important.
Mais ce n’est pas évidemment aussi simple lorsque c’est la sécurité qui est en cause. [Voir les rubriques Sécurité et Sûreté dans la partie ‘’Définitions et compléments’ à la suite de cet article]. S’il existe des preuves scientifiques que le produit est dangereux, alors il n’est pas étonnant que le fabricant ne veuille pas le retirer du commerce, à moins que la preuve ne soit très forte.
Cependant, la plupart d’entre nous pourraient avoir une opinion différente. Sommes-nous vraiment prêts à accepter l’usage courant du maïs NK603, ou de l’herbicide Roundup, à moins que et jusqu’à ce qu’ils aient été démontrés "au-delà de tout doute raisonnable", qu’ils ne sont pas carcinogènes ?
Le test statistique standard semble être la mauvaise voie, mais c’est en partie parce que, nous avons seulement envisagé jusqu’à présent l’erreur de type 1, c’est-à-dire le faux positif. Mais, comme nous le rappelle Deheuvels, il y a aussi l’erreur de type 2, désigné comme le faux négatif. Si le maïs NK603 et / ou l’herbicide Roundup sont en fait cancérigènes, quelle est la probabilité que nous allons manquer d’observer cela ?
Le moyen de réduire la probabilité d’une erreur de type 2 est d’utiliser de plus grands groupes expérimentaux. C’est parce que nous nous attendons à ce que la cancérogénicité soit plus lente à apparaître et plus difficile à détecter que la toxicité, que la taille du groupe pour des expériences sur la cancérogénicité doit être supérieure à celles qui concerne la toxicité, et c’est précisément ce qu’exigent les lignes directrices de l’OCDE.
Si l’expérience n’avait pas détecté de cancérogénicité, cela aurait pu être parce que les groupes d’animaux étaient de taille trop réduite. Comme l’expérience l’a mis en évidence, le fait que les groupes étaient composés de petits effectifs, ne constitue pas un problème.
Les scientifiques qui ont été invités à fournir des extraits sonores pour le compte du Science Media Centre, se sont empressés d’objecter que Séralini et son équipe ont utilisé un protocole pour tester la toxicité, plutôt que celui qu’il convient d’utiliser pour la carcinogenèse.
S’ils avaient pris le temps de se demander pourquoi les deux protocoles sont différents, ils se seraient rendu compte qu’en utilisant le protocole de toxicité (et souvenez-vous que c’était ce pourquoi l’expérience avait été conçue et que les chercheurs voulaient tester), Séralini et son groupe avaient moins de chances de pouvoir détecter les effets de la cancérogenèse. Il est totalement injustifiable de critiquer un résultat parce que l’expérience a été menée d’une manière qui était plus conservative et prudente que nécessaire.

Références

1. Séralini G-E, Mesnage R, Gress S, Defarge N, Malatesta M, Hennequin D and de Vendômois JS (2012), Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize. Food and Chemical Toxicity. http://dx.doi.org/10.1016/j.fct.2012.08.005
2. Séralini G-E, Cellier D and de Vendômois JS (2007). New analysis of a rat feeding study with a genetically modified maize reveals signs of hepatorenal toxicity. Archives of Environmental Contamination and Toxicity 52, 596-602.
3. EFSA review of statistical analyses conducted for the assessment of the MON863 90-day rate feeding study, 2007, http://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/doc/19r.pdf
4. Science Media Centre press release : Expert Reaction to GM maize causing tumours in rats. 19 September 2012,
http://www.sciencemediacentre.org/pages/press_releases/12-09-19_gm_maize_rats_tumours.htm 
5. “Shock troops check ‘poor’ GM study”, Paul Jump, Times Higher Education, 4 October 2012.
6. Criigen Research Team FAQs, accessed 12 October 2012, http://www.criigen.org/SiteEn/index.php?option=com_content&task=view&id=368&Itemid=1
7. De Heuvels P. Étude de Séralini sur les OGM : pourquoi sa méthodologie est statistiquement bonne. Le nouvel observateur Le Plus, 2012, accessed 12 October 2012, http://leplus.nouvelobs.com/contribution/646458-etude-de-seralini-sur-les-ogm-pourquoi-sa-methodologie-est-statistiquement-bonne.html?utm_source=outbrain&utm_medium=widget&utm_campaign=obclick&obref=obinsource
8. OECD Guidelines for the Testing of Chemicals 451 : Carcinogenicity Studies, 2009. 
http://www.oecd-ilibrary.org/docserver/download/fulltext/9745101e.pdf?expires=1350053297&id=id&accname=freeContent&checksum=BB6C78E3268AD83DB887899FF18E8147

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Définitions et compléments

Davantage de cancers et de décès avec des aliments génétiquement modifiés : ce que disent les statistiques

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
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