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"Une technique de clonage plus efficace, mais néanmoins obsolète pour les tissus humains de remplacement" par le Prof Joe Cummins et le Dr. Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

dimanche 16 septembre 2012, par Cummins Professeur Joe, Ho Dr Mae-Wan

ISIS Santé Clonage OGM
Une technique de clonage plus efficace, mais néanmoins obsolète pour les tissus humains de remplacement
Handmade Cloning More Efficient But Obsolete
De nouvelles techniques dangereuses de clonage animal échappent aux autorités et aux bureaucrates chargés de la réglementation, alors que des options techniques plus sûres et plus éthiques rendent ces techniques obsolètes pour le remplacement des tissus humains. Prof Joe Cummins et Dr. Mae-Wan Ho

Rapport de l’ISIS en date du 26/03/2012
Une version entièrement référencée de cet article intitulé Handmade Cloning More Efficient But Obsolete est postée et accessible par les membres de l’ISIS sur le site http://www.i-sis.org.uk/Handmade_Cloning.php et elle est par ailleurs disponible en téléchargement ici
S’il vous plaît diffusez largement et rediffusez, mais veuillez donner l’URL de l’original et conserver tous les liens vers des articles sur notre site ISIS

L’état du clonage chez les animaux destinés à l’alimentation humaine

Les gouvernements en Amérique du Nord et dans l’Union européenne (UE) ont approuvé la production et la vente de produits à base de viande et de lait provenant d’animaux clonés et ils n’ont pas exigé que ces éléments soient identifiés et comptabilisés de sorte qu’il n’est pas possible actuellement de dire quelle part de notre alimentation comprend des produits d’animaux clonés [1].
L’administration chargée des médicaments et de l’alimentation aux États-Unis, Food and Drug Administration (FDA), a approuvé et autorisé la vente de produits non identifiés d’animaux clonés en 2008, mais il y avait un accord « volontaire » pour vendre uniquement les produits de la progéniture des animaux clonés, parce que les premiers clones étaient souvent impropres à la consommation [2]. La viande et le lait issus de clones et présentés sans étiquette ont été approuvés et autorisés par l’Union Européenne en 2011 : les propositions de salubrité des aliments ont été écartées de façon non démocratique [3] (voir Cloned Meat & Milk Coming, Be Very Afraid, SiS 50) *.
*Version en français intitulée "De la viande et du lait provenant d’animaux clonés : il y a de quoi s’inquiéter" par le Dr. Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article14

La FDA affirme que « Les clones ne sont vraiment que des copies génétiques des animaux à partir desquels ils sont produits » [4] et cette affirmation est partagée par les bureaucrates et les autorités de l’Union Européenne.
Cependant, c’est manifestement faux parce que les animaux clonés par transfert nucléaire de cellules somatiques (TNCS) ne sont pas des clones, car ils portent vraiment tous un mélange de gènes mitochondriaux issus de la cellule somatique donneuse, d’une part, et du cytoplasme de l’ovocyte, d’autre part : cet état est appelé hétéroplasmie (voir [5 ] (‘Cloned’ Food Animals Not True Clones,SiS48) *.
* Version en français "Les aliments provenant d’animaux ‘clonés’ ne sont pas en fait issus de vrais clones" par le Prof. Joe Cummins & le Dr. Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article41
Dans la nature, seul le parent maternel fournit les gènes mitochondriaux. Les techniques de transfert nucléaire de cellules somatiques TNCS sont un processus entièrement nouveau quant à sa nature, et aussi du fait qu’elles procèdent de manière significative à partir d’une fécondation in vitro. L’hétéroplasmie mitochondriale, ainsi que l’épuisement mitochondrial qu’il entraîne, ont été impliqués dans des maladies touchant le cerveau, le système nerveux central et le cœur.
Lorsqu’une femelle clonée est accouplée à un mâle cloné, toute la progéniture est hétéroplasmique ; et de même quand une femelle clonée est accouplée avec un mâle normal, la progéniture sera toujours hétéroplasmique. Cependant, quand un mâle cloné est accouplé avec une femelle normale, toute la progéniture sera normalement homoplasmique, car elle portera les mitochondries du parent femelle.
Les régimes de la réglementation des États-Unis et dans l’Union Européenne ont fondé leur affirmation fausse selon laquelle les animaux clonés sont de vrais clones, à partir de l’hypothèse sans fondement que les génomes mitochondriaux ne comptent pas, alors qu’en fait les mitochondries jouent un rôle crucials dans un certain nombre de maladies du système nerveux, dans la suicide cellulaire et dans le vieillissement.

Le clonage manuel : un rapide transfert nucléaire de cellules somatiques

Le premier animal mammifère à avoir été cloné est la brebis Dolly qui avait été créée en 1996 en utilisant un micromanipulateur : une chirurgie cellulaire coûteuse et chronophage. Le manipulateur est utilisé pour enlever le noyau d’un oeuf qui est ensuite fusionné avec une cellule provenant d’un animal donneur.
En 2002, une technique, appelée le clonage manuel, a été introduite : elle est moins onéreuse et plus simple, sans faire appel à une micromanipulation et elle fonctionne mieux. L’opération de clonage se fait manuellement avec des lames de microscopie et de la chirurgie cellulaire à main libre, sous loupe binoculaire.
L’œuf récepteur est divisé en deux et la moitié contenant le noyau est mise au rebut. La moité de l’œuf sans noyau est fusionnée avec une cellule somatique donneuse et cette moitié d’œuf fusionné est fusionné à nouveau avec une seconde moitié d’œuf qui a été énuclée, avant qu’elle ne soit activée (par un léger choc électrique) pour produire un embryon qui est ensuite implanté dans une mère porteuse [6]. Cette technique rapide pourrait être réalisée dans une cuisine propre à la maison et elle a commencé à dominer la production de ’clones’ animaux qui ne sont pas en fait de vrais clones : ils sont hétéroplasmiques pour leur ADN mitochondrial, comme cela a été expliqué ci-dessus [5].
En 2004, un veau apparemment en bonne santé a été obtenu par clonage manuel. Il était le seul survivant des cinq blastocystes (embryons) qui avaient été insérés dans des mères porteuses [7].
En 2007, des porcelets ont été produits en utilisant cette technique de clonage manuel. Les porcelets numérotés 3 et 10 ont été produits avec un taux de naissances vivantes par embryons transférés de 17,2% [8].
Des embryons de buffles aquatiques ont été produits en utilisant le clonage manuel : il a été constaté que le succès des embryons dépendait du volume cytoplasmique de l’œuf. Un veau vivant a été délivré mais il est mort 4 heures après la naissance [9].
Un examen optimiste du clonage manuel chez les mammifères a suggéré que la procédure pourrait profiter aux êtres humains, grâce à la production d’individus présentant des caractéristiques génétiques supérieures, et contribuer à sauver des espèces menacées : avec la mise en œuvre d’animaux transgéniques, cette technique pourrait produire des médicaments pour soigner des maladies humaines [10].
Les comparaisons directes de l’efficacité entre le clonage manuel et le clonage avec la micromanipulation sont difficiles à localiser dans la littérature scientifique. Une comparaison précise du clonage manuel de bovins (HMC) et de la fécondation in vitro (FIV), montre que les deux techniques ont le même succès pour la production d’embryons viables (FIV : 27% et HMC : 31%) [11]. La santé des mères porteuses dans les études de clonage n’a pas été signalée.
Dans le cas de clones transgéniques, ou de clones animaux ‘humanisés’, la mère peut continuer à porter des cellules transgéniques ou ‘humanisées’ depuis le stade de l’embryon. Pendant la grossesse il y a un trafic et des échanges transplacentaires de cellules fœtales dans la circulation maternelle. Remarquablement, les cellules d’origine fœtale peuvent alors persister pendant des décennies dans la mère et elles sont détectables dans la circulation et dans un large éventail de tissus. [12].

Les embryons interspécifiques issus de clonage manuel

Le clonage manuel a provoqué des études exhaustives sur le développement des embryons TNCS qui font appel à des cellules somatiques d’une espèce donnée et à des ovocytes d’une autre espèce : le transfert nucléaire de cellules somatiques inetrspécifique (INCSI) implique le transfert d’un noyau ou d’une cellule d’une espèce dans le cytoplasme d’un ovocyte énucléé d’une autre espèce. Une fois activés, les ovocytes reconstruits peuvent être cultivés in vitro jusqu’au stade du blastocyste, la dernière étape de développement pré-implantatoire. Cependant, ils sont souvent arrêtés au cours des premiers stades de développement pré-implantatoire : ils ne parviennent pas à reprogrammer le noyau somatique (un interrupteur dans l’expression des gènes nucléaires d’un type de cellule, à celui d’un embryon ou d’autre type de cellule).
Il y a dans ce cas une élimination de l’ADN mitochondrial (ADNmt) d’accompagnement de la cellule donneuse, en faveur de celui de l’ovocyte receveur qui est constitué d’une population génétiquement plus divergente. L’incompatibilité des mitochondries de la cellule oeuf énuclée et celles du noyau des cellules somatiques du donneur semblent être un facteur important. Même si le niveau de l’ADN mitochondrial n’a pas été modifié chez les embryons hybrides de porc-souris générés dans une telle expérience, l’expression d’un certain nombre de gènes mitochondriaux importants a été significativement réduite [13].
Les fibroblastes de fœtus de souris, dans les ovocytes porcins énucléés, ont entraîné des taux extrêmement faibles de blastocystes (0,48%) et une incapacité à répliquer l’ADN nucléaire et à exprimer Oct-4, un indicateur clé de la reprogrammation. Lorsque les oeufs de porcs ont été appauvris en ADN mitochondrial avec un médicament anticancéreux, avec le médicament didésoxycytidine pour le VIH et avec des facteurs de la reprogrammation, les résultats du développement des embryons interspécifiques iTNSCI) ont été améliorés [14].
La possibilité de produire des embryons clonés interspécifiques par clonage manuel avec transfert nucléaire à partir de cellules de donneur de bovins, de caprins et de rats, en utilisant des ovocytes de buffles aquatiques sous forme d’œufs énucléés bénéficiaires ou receveurs, a également été explorée.
Des embryons interspécifiques au stade blastocyste peuvent être produits en utilisant des ovocytes énucléés de buffle avec des cellules somatiques différenciées, provenant de bovins et de caprins ; par ailleurs la source de noyau donneur affecte la compétence de développement des embryons interspécifiques. Toutefois, ces embryons ne progressent pas au-delà des embryons d’un stade précoce : les cellules du donneur chez le rat n’ont pas progressé au-delà du stade 32 cellules, alors que les cellules de bovins donneurs se sont développés jusqu’à un stade de 175 cellules [15].
La reconstruction d’embryons de l’antilope tibétaine (en voie de disparition) a rencontré un succès modeste en utilisant des ovocytes de chèvre : des embryons ont été produits et des morulas ont été formées, mais les embryons ne se développent pas sous la forme de blastocystes. Les cellules somatiques de l’antilope peuvent être reprogrammées dans l’ovocyte de la chèvre [16].
Les hybrides interspécifiques ont un long chemin à parcourir avant de pouvoir être utilisés afin de préserver les espèces menacées ou de ‘ressusciter’ des espèces disparues.

Des embryons par clonage manuel pour produire des organes de rechange destinés à des transplantations

Pour les transplantations d’organes dans un but thérapeutique, beaucoup de travail a été fait sur les dérivés de lignées cellulaires à partir de cellules souches embryonnaires humaines (ES), mais le rejet immunitaire est un problème majeur pour cette thérapie cellulaire. Pendant longtemps, les cellules souches dérivant de personnes apparentées aux patients ont été la principale approche.
Les ovocytes, après transfert nucléaire, sont la source la plus fiable pour la dérivation de cellules embryonnaires à partir de sources proches des patients, à des fins thérapeutiques. Chez l’homme, l’utilisation des ovocytes pour la recherche sur les cellules souches soulève des questions sensibles, aussi bien logistiques qu’éthiques sur la participation des femmes en tant que donneuses d’ovocytes. Le clonage thérapeutique conduirait à une exploitation commerciale de femmes pauvres.
D’autre part, la promesse thérapeutique des cellules souches embryonnaires est tellement énorme qu’il y a une forte incitation à trouver des sources alternatives d’ovocytes humains. Serait-il bien raisonnable d’utiliser des ovocytes interspécifiques complétés par des extraits cellulaires de souches embryonnaires humaines pour constituer des lignées de cellules souches embryonnaires spécifiques pour un patient donné ? [17]
En utilisant le clonage manuel, des transplantations nucléaires dérivées de cellules souches embryonnaires ont été obtenues à partir de cellules somatiques de chèvre et des ovocytes 18].
En termes de médecine thérapeutique, l’objectif est de produire des cellules souches embryonnaires spécifiques pour un patient donné. Cependant, le problème de l’hétéroplasmie mitochondriale dans les lignées cellulaires dérivées n’a pas encore été résolu. Des cellules souches embryonnaires de souris ont été utilisées pour générer des neurones de la moelle épinière dorsale [19].
Dans de telles constructions, l’hétéroplasmie mitochondriale est une préoccupation particulière en raison de l’impact négatif sur le métabolisme oxydatif.

Il existe de meilleures options, plus sûres et plus éthiques

En fait, de meilleures options plus sûres existent déjà et elles ne soulèvent pas les mêmes préoccupations éthiques. Il n’est pas nécessaire de faire appel au clonage manuel, ni d’ailleurs aux cellules animales ‘humanisées’ pour le remplacement des tissus chez les êtres humains par transplantation.
La première option est d’utiliser des cellules souches du patient concerné, une pratique qui a fait la démonstration de succès cliniques depuis le début du siècle présent, en dépit du fait que les promoteurs des cellules souches embryonnaires ont fait de leur mieux pour ne pas les mentionner (voir [20, 21] ] Hushing Up Adult Stem Cells, SiS 13/14 ; Patient’s Own Stem Cells Mend Heart, SiS 25)..
La deuxième option consiste à utiliser des cellules souches pluripotentes induites (IPS) [22] The Promise of Induced Pluripotent Stem Cells, SiS 51) *.
* Version en français "La promesse des cellules souches pluripotentes induites" par le Dr Eva Sirinathsinghji. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article4
Au cours des six dernières années, les scientifiques ont découvert différentes façons dont les cellules ordinaires peuvent être amenées à devenir des cellules souches pluripotentes qui peuvent se développer dans pratiquement tous les tissus différenciés, ce qui rend inutile l’utilisation d’embryons humains.
Cependant, comme avec les cellules souches embryonnaires conventionnelles, il y a un risque important de formation de tumeurs, si les cellules iPS sont utilisées pour des transplantations.
Une autre préoccupation est l’accumulation des mutations et des réarrangements génomiques au cours du processus de génération de cellules iPS, en particulier dans des gènes qui sont liés aux cancers. Il est également prouvé que les cellules IPS sont soumises à une réaction immunitaire, même si elles sont dérivées à partir des propres cellules du patient [23]
Une troisième option, la plus prometteuse et qui est en cours d’élaboration, est la stimulation in situ des cellules souches adultes propres à un patient concerné pour mener à bien la réparation des tissus, comme cela a été démontré avec des modèles animaux pour la sclérose en plaques (voir [24] ] Stem Cells Repair without Transplant, SiS 50).

Pour conclure

Le clonage manuel est une avancée technique significative, comme le clonage par transfert nucléaire de cellules somatiques TNSC, qui peut maintenant être fait rapidement et à moindre coût. Cependant, le clonage TNSC donnera toujours naissance à des clones hétéroplasmiques qui contribuent à l’invalidité et à la mort des embryons.
L’appauvrissant de la population des mitochondries de l’ovocyte, pour la remplacer par des mitochondries du donneur de la cellule somatique est actuellement plutôt toxique pour l’œuf et l’embryon, en raison des médicaments employés. L’utilisation de l’iSCNT pour produire des pièces de rechange spécifiques à un patient donné, pose d’intéressantes questions éthiques.
Surtout, le clonage par TNSC devient rapidement obsolète pour le remplacement des tissus, qui avait constitué la raison principale pour continuer avec cette technique, alors que d’autres options plus sûres et plus éthiques sont désormais disponibles.

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Définitions et compléments

Une technique de clonage plus efficace, mais néanmoins obsolète pour les tissus humains de remplacement

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 585 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
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