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"La vérité sur Fukushima" par le Dr Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mardi 10 juillet 2012, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Santé Nucléaire
La vérité sur Fukushima
Truth about Fukushima
La radioactivité émise depuis Fukushima est au moins aussi importante que celle qui avait été enregistrée à la suite de l’accident de Tchernobyl ; une catastrophe humanitaire, avec des besoins à satisfaire à l’échelle de Tchernobyl, peut être évitée en reconnaissant, en partageant la vérité et en assumant les responsabilités pour mettre en œuvre des mesures d’atténuation appropriées. Dr Mae-Wan Ho

Rapport de l’ISIS en date du 05/06/2012
L’article original en anglais est intitulé Truth about Fukushima ; il est accessible sur le site http://www.i-sis.org.uk/Truth_About_Fukushima.php
S’il vous plaît diffusez largement et rediffusez, mais veuillez donner l’URL de l’original et conserver tous les liens vers des articles sur notre site ISIS

Les autorités chargées de la réglementation et des contrôles sont très avares pour rapporter et dire la vérité

« Peu de gens développeront un cancer à la suite de l’exposition à la matière radioactive crachée par la centrale nucléaire Dai-ichi de Fukushima au Japon ... et ceux-ci ne sauront jamais avec certitude ce qui a causé leur maladie ». Ces conclusions, publiées dans la revue Nature [1] sont basées sur deux "évaluations approfondies et indépendantes" de l’UNSCEAR (Comité scientifique des Nations Unies sur les Effets des Radiations Atomiques) et de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), organismes qui sont connus à la fois pour minimiser et pour nier les impacts dévastateurs sur la santé de l’accident de Tchernobyl [2] (see Chernobyl Deaths Top a Million Based on Real Evidence, SiS 55)*.
* Version en français intitulée "Suite à l’accident de Tchernobyl, le nombre de morts atteindrait un million d’après des preuves réelles" par le Dr Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard. Accessible sur
http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article226

Ces organismes utilisent maintenant les mêmes tactiques pour exclure a priori, les impacts potentiels sur la santé des rejets radioactifs à la suite de la catastrophe de Fukushima.
Selon le projet de rapport de l’UNSCEAR consulté par la revue Nature [1], 167 travailleurs de l’usine ont reçu des doses de rayonnements qui « augmentent légèrement les risques de développer un cancer ». En fait, six travailleurs des anciens réacteurs sont morts depuis la catastrophe, mais l’UNSCEAR a jugé que ces morts n’étaient pas liées à l’accident [3].
« Il peut y avoir une certaine augmentation des risques de cancers qui peuvent ne pas être détectables statistiquement » selon la déclaration faite à la revue Nature par Kiuohiko Mabuchi, responsable des études concernant Tchernobyl à l’Institut national du cancer à Rockville, dans le Maryland aux Etats-Unis. Cette personne a dit qu’à Tchernobyl, où les nettoyeurs ont été exposés à une dose beaucoup plus élevée, 0,1% des 110.000 travailleurs interrogés ont jusqu’à présent développé une leucémie, mais tous ces cas résulteraient pasde l’accident. En fait, le taux de mortalité des « travailleurs chargés du nettoyage » de Tchernobyl est resté élevé, même quatre ans après l’accident, et 20 ans plus tard, 115.000 personnes sont mortes (sur 830.000) [2].
Pour sa part, l’OMS estime que la plupart des résidents de Fukushima et des préfectures japonaises voisines ont reçu des doses absorbées en dessous de 10 mSv [1]. Les résidents de la ville de Namie et du village d’Iitate, non évacués au bout d’un mois après l’accident, ont reçu de 10 à 50 mSv, ainsi les nourrissons de Namie peuvent avoir été énormément exposés à une quantité d’Iode-131 et avoir reçu 100-200 mSv.
Le gouvernement japonais vise à maintenir l’exposition des populations après l’accident en dessous de 20 mSv, mais, dans le long terme, il veut décontaminer la région afin que les résidents ne reçoivent pas plus de 1 mSv par an depuis l’accident. Ainsi, les gens ont été exposés en quelques semaines, à une dose de 10 à 200 fois la dose limite légale pour une année entière.
Pourtant, la conclusion de l’OMS pour Fukushima est la même pour que pour Tchernobyl [1] : « Un plus grand risque sanitaire peut provenir du stress psychologique créé ».

Un jour plus tard ..

Un jour plus tard, la société opératrice Tokyo Electric Power Company (TEPCO) a annoncé que la quantité de matière radioactive libérée pendant les premiers jours de la catastrophe nucléaire de Fukushima était presque deux fois et demie celle de l’estimation initiale formulée par les autorités japonaises chargées de la sécurité [4]. L’opérateur a déclaré que les effondrements dans les trois réacteurs ont libéré environ 900.000 térabecquerels (1012 Bq) de substances radioactives dans l’air au cours du mois de mars 2011.
L’estimation ultérieure à partir de mesures suggérait que la quantité d’iode radioactif I-131 remise en liberté était beaucoup plus grande que les estimations précédentes. La société TEPCO avait déclaré qu’elle avait d’abord été incapable de déterminer avec précision la quantité de matières radioactives rejetées, parce que les capteurs de rayonnement les plus proches de l’usine avaient été désactivés dans la catastrophe.
Quelques jours plus tard, l’ex-Premier ministre Naoto Ken s’était excusé pour son rôle dans la crise nucléaire de Fukushima [5]. La politique de son gouvernement en faveur de l’énergie nucléaire était largement à blâmer. Naoto Ken avait démissionné en septembre 2011 lorsque le gouvernement faisait face à une critique féroce sur sa gestion de la crise et pour avoir fourni trop peu d’informations à destination des populations.
Cependant, c’était bien Naoto Ken qui avait ordonné à TEPCO de maintenir les hommes sur le site, sinon Fukushima aurait échappé à tout contrôle, selon un groupe privé d’enquête sur l’accident.
Mais la menace demeure. Les experts sont maintenant préoccupés par l’état de la piscine à combustible usé dans l’unité N° 4, qui n’est probablement pas en état de résister à un autre séisme [6].
Les bâtiments de l’unité N° 4 sont gravement endommagés : ils hébergent une piscine de combustible nucléaire usagé qui contient 10 fois la quantité de césium Cs-137 qui a été relachée à Tchernobyl. Presque tous les 10.893 assemblages de combustibles usagés de l’usine de Fukushima Daiichi sont installés dans des piscines qui demeurent vulnérables à de futurs tremblements de terre, avec une quantité totale de radioactivité à vie longue qui correspond à 85 fois celle qui a été dispersée à Tchernobyl.
Une lettre a été envoyée par 72 ONG japonaises à l’Organisation des Nations Unies pour une demande urgente en vue d’une action immédiate pour stabiliser le combustible nucléaire irradié de l’unité N°4. La lettre a été approuvée par des experts nucléaires du Japon et de l’étranger.
Andrew DeWit, professeur d’économie politique à l’Université de Rikkyo a déclaré à Al Jazeera que la transparence sur les questions de l’énergie nucléaire était primordiale. Et c’est précisément ce qui manque au Japon, et dans le monde entier en général.

"Nous l’avons d’abord appris sur l’Internet"

Miwa Chiwaki de Kodomo Fukushima (un réseau de Fukushima pour protéger les enfants contre les radiations) a dit [7], que c’est lors d’une émission de la BBC (chaîne de télécommunications en Grande Bretagne), via l’Internet, que les gens ont d’abord pu voir des photos des explosions à la centrale. Le gouvernement japonais avait des informations à partir du SPEEDI (Système de prévision des renseignements sur les doses d’urgence pour l’environnement) et il avait transmis la première information au gouvernement des États-Unis le 14 mars et au peuple japonais seulement le 23 mars 2011.
Le jour après que le tsunami ait frappé l’usine nucléaire de Fukushima, des milliers d’habitants de la ville voisine de Namie se sont réunis pour évacuer les lieux. En l’absence d’orientation émanant de Tokyo, les fonctionnaires de la ville ont conduit les résidents vers le Nord, avec la conviction que les vents d’hiver qui soufflaient du sud allaient emporter le panache radioactif. Ils sont restés dans le district de Tsushima pendant trois nuits : les enfants jouaient à l’extérieur et certains parents utilisaient l’eau d’un ruisseau de montagne pour faire cuire le riz [8]. Mais les vents mauvais de Fukushima avaient soufflé directement vers eux sur Tsushima, et l’organisme SPEEDI ne l’avaient dit que deux mois plus tard, alors que les bureaucrates de Tokyo n’avaient pas pris conscience de leur responsabilité en rendant cette information publique. Les dirigeants politiques du Japon ne connaissaient pas le système, et ils ont plus tard minimisé l’importance des données, craignant d’avoir à élargir la zone d’évacuation et de reconnaître la gravité de l’accident.
Tamotsu Baba, le maire de Namie, qui vit maintenant avec des milliers d’autres personnes dans un logement temporaire dans une autre ville, a condamné la rétention d’informations comme étant semblable à « un assassinat ».
Le vrai niveau de contamination est également caché aux populations, a déclaré Chiwaki [7]. Beaucoup de mères étaient restées en attente, avec leurs enfants sous la pluie pendant plusieurs heures pour recevoir des rations d’eau, alors qu’alors que la radioactivité arrivait sur eux avec les pluies : à Iitate, les villageois ont été laissés avec des niveaux très élevés de contamination pendant un mois entier.
« Les conseillers en matière de contrôle des rayonnements émis à partir de Fukushima ont afflué vers les villages », rapporte Chiwakit, et avec de larges sourires sur leurs visages, ils ont dit aux gens « qu’il n’y a rien à craindre, vous pouvez laisser vos enfants jouer dehors ». Trois jours plus tard, le village avait été classé "zone d’évacuation planifiée".
Les circonstances de l’accident et les niveaux réels de contamination avaient été seulement révélés au coup par coup. Une "campagne de sécurité" avait été lancée le 20 mars 2012. Le Professeur Shunichi Yamashita de l’Université de Nagasaki avait été envoyé à travers le pays, et pour dire en souriant des choses comme : « 100 mSv ? Pas de problème ! », « Les rayonnements sont seulement une menace pour les gens qui s’inquiètent à ce sujet », « Souriez et vous ne serez pas affectés par les rayonnements »

Radioactivité : les limites d’exposition générale et les doses

Une grande partie de la confusion et de l’anxiété est créée par les différentes unités utilisées dans les annonces qui sont dans les médias populaires. L’unité de radioactivité est exprimée en becquerel, Bq, égal à 1 désintégration radioactive par seconde, provenant directement d’une source, par un radionucléide présent dans les aliments ou dans les boissons contaminées, dans le sol ou dans l’air. Les grandes unités sont les suivantes : kBq (1 000), MBq (106), GBq (109), TBq (1012), PBq (1015), et EBq (1018).
L’unité de dose absorbée (quantité d’énergie absorbée par une unité de matériel) est le Gray, Gy, égal à 1 joule / kg.
La dose équivalente ou efficace est le Sievert, Sv (également dans les unités de Joule / kg) qui est la dose absorbée et modifiée pour représenter l’effet biologique présumé. Notez que 1 joule est une très petite quantité d’énergie.
Mais contrairement à l’énergie chimique ordinaire, où en général des quantités importantes de kJ sont nécessaires avant que tout évènement puisse arriver, l’énergie dans le rayonnement ionisant existe dans des quantités extrêmement concentrées ou en paquets, d’où il résulte que 1 joule d’énergie contiendrait déjà plusieurs de ces missiles énergétiques (effectivement de l’ordre d’un milliard) qui ciblent les atomes et les molécules. C’est la principale différence entre les rayonnements ionisants et l’énergie chimique ordinaire.
Le Becquerel et le Sievert ne sont pas directement convertibles, car ils dépendent du radionucléide qui est en cause, des particules ou des photons qu’il produit par la désintégration, et de combien chacun des photons ou des particules est porteur d’énergie. Il y a un site qui vous explique comment le calcul est fait et le fait réellement pour vous [9] ( http://www.radprocalculator.com/Gamma.aspx ).
Certaines correspondances approximatives sont utiles :
1 mSv de l’I-131 = 2,06525 x 106 Bq
1 mSv de Cs-137 = 1,30878 x 106 Bq
L’exposition aux radiations considère la durée de la période pendant laquelle la dose est absorbée, généralement en mSv / an.
La limite d’exposition en Europe est de 1 mSv / an pour le public, et l’exposition professionnelle de 20 mSv / an [10]. Pour les USA, la limite d’exposition professionnelle est de 50 mSv ; elle est réduite de 10% pour les femmes enceintes. La limite de dose pour le public est de 1 mSv / an, en plus d’un fond de o.3 mSv et de 0,05 mSv provenant de sources telles que les soins médicaux avec des rayons X [11].
Pour mettre ces valeurs limites d’exposition en perspective, il est généralement reconnu qu’une dose de 1.000 mSi peut tuer un adulte. Une dose d’exposition du corps entier de 400 mSi tuera environ 50% des personnes dans les 60 jours qui suivent l’exposition, la plupart du temps à partir d’infections, car les systèmes immunitaires de ces personnes sont détruits [12].
A des doses très faibles, comme ce que la plupart d’entre nous reçoivent tous les jours de rayonnement de fond, les cellules sont capables de réparer les dégâts, mais la découverte récente des effets de proximié (bystander effects) indiquent que des doses aussi faibles que des dizaines de mSi sont nuisibles [3]*.
* Voir l’article "Les effets de proximité multiplient les doses et les méfaits des rayonnements ionisants" par le Dr Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article227
À des doses plus élevées (jusqu’à 100 mSi), les cellules ne sont plus en mesure de réparer les dégâts, et elles peuvent soit être changées de façon permanente, soit mourir. La plupart des cellules qui meurent sont remplacées avec peu de conséquences. Les cellules qui sont modifiées de façon permanente peuvent donner lieu à des maladies : elles peuvent se mettre à produire des cellules anormales quand elles se divisent, et elles peuvent devenir cancéreuses.
Un commentaire soumis à la CIPR (Commission Internationale de Protection Radiologique) par le ‘Sierra Club’ en 2006 avait déclaré [13] : « De nombreux chercheurs universitaires, des chercheurs indépendants, et les organismes gouvernementaux, tels que les Academies nationales des sciences et le Conseil national de recherches des Etats-Unis, ont maintenant conclu que l’hypothèse d’un modèle de linéaire sans seuil est valide et qu’il n’y a pas de niveau « sécuritaire » d’exposition aux radiations ionisantes ».

Les limites d’exposition et les niveaux d’exposition au Japon de l’après-Fukushima

Au Japon, la limite de pré-exposition juridique de Fukushima pour le public était de 10 mSi / an et 50 mSi / an pour l’exposition professionnelle [14]. Les limites professionnelles juridiques ont été mises au rebut aussitôt après l’accident.
À la fin avril 2011, le gouvernement japonais a publié une carte basée sur des relevés aériens effectués par le MEXT (Ministère japonais de l’Education, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie), qui a révélé que les personnes vivant dans les zones qui ne sont pas évacuées, recevront des doses de rayonnement allant jusqu’à 23,5 fois leur limite légale annuelle au cours de l’année suivante [15]. Il est important de noter que toutes les limites d’exposition et l’exposition projetée mentionnées jusqu’ici sont des sources externes.
Le groupe d’experts français, de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a fait remarquer qu’ils ne tiennent pas compte [15, p. 4] « de l’exposition à partir d’autres voies, telles que l’immersion dans le panache et l’inhalation de particules dans le panache lors de l’accident, ni des doses déjà reçues ou à recevoir, provenant de l’ingestion d’aliments contaminés. Les doses totales effectives qui sont reçues (externes + internes) pourraient être beaucoup plus élevées, selon le type de dépôt (sec ou humide), selon l’alimentation et la source de nourriture ».
En outre, en tant que Directeur de l’Institut médical de l’Environnement à Gifu au Japon Matsui Eisuke a souligné [16], que le gouvernement et ses conseillers professionnels en matière de mesures de l’exposition se sont appuyés principalement sur ​​les rayons gamma qui sont faciles à détecter. Mais, en termes d’exposition aux radiations internes, les particules alpha et bêta ont un effet beaucoup plus grave. « Le gouvernement et la société opératrice TEPCO ont à peine mesuré certains isotopes, tels que le strontium-90 émetteur de particules bêta ou le plutonium-239 émetteur de particules alpha ».
L’exposition due à des radionucléides ingérés ou inhalés pose un problème majeur dans les retombées radioactives, en particulier lorsque la réalisation des mesures comme l’évacuation rapide, la surveillance radioactive et l’assainissement, a échoué, comme ce fut le cas pour les deux catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima.
Les évaluations faites par l’organisme français IRSN, des doses projetées sur la base de la carte japonaise qui a été publiée (voir Figure 1), estiment que quelque 70.000 personnes, dont 9.500 enfants qui vivent dans les zones les plus contaminées, en dehors de la zone d’évacuation initiale de 20 km, devraient recevoir d’autres doses de radiations allant jusqu’à 200 mSv ou plus. Cela appelle clairement une nouvelle évacuation au-delà de la zone initiale de 20 km. Conformément à la loi concernant l’hygiène alimentaire japonaise, la dose de 5.000 Bq / kg de matières radioactives Cs est considérée comme la limite de sécurité dans les sols [17]. En conséquence, de vastes zones du Japon ne peuvent plus être adaptées aux productions agricoles.

Figure 1 – Carte des dépôts de césium 137 + 134 (Figure 7) superposés sur la carte de doses prévues pour la 1ère année (figure 4), pour les 3 doses seulement (5, 10 et 20 mSv)
Dans un premier temps, le gouvernement japonais a soulevé la question de la limite d’exposition légale de 20 mSi par an pour le public, y compris pour les enfants, que l’on laisse dans les zones à partir desquelles ces personnes auraient été concernées par la norme prescrite antérieurement [7]. La limite pour les enfants a été plus tard réduite à 1 mSi / an, mais elle ne s’applique que lorsque que les enfants sont à l’intérieur des bâtiments scolaires.
En mars 2012, le gouvernement japonais a annoncé une nouvelle limite standard pour les radionucléides dans les aliments à 1 mSv / an, ce qui réduit le limite précédente provisoire de 5 mSv / an.
Cela se traduit par un maximum de 100 Bq / kg pour les produits alimentaires réguliers et habituels tels que la viande, les légumes et les poissons (révisé à la baisse à partir de 500 Bq juste après l’effondrement de Fukushima), 50 Bq / l pour le lait et les aliments pour nourrissons et 10 Bq pour l’eau potable (révisé à la baisse à partir de 200) [18].
Comme cela est indiqué ci-dessus, cela signifie encore une accumulation de l’exposition interne jusqu’à 1 million de Bq par an, en fonction de la vitesse à laquelle les radionucléides sont éliminés de l’organisme. Nous savons déjà que des niveaux beaucoup plus faibles se sont montrés mortels pour les enfants de Biélorussie (voir [19] Apple Pectin for Radioprotection, SiS 55). [Version en français intitulée ‘La pectine de pomme est utilisable comme moyen de radiprotection’].
Selon la Société allemande pour la protection contre les radiations, une personne est normalement exposée à environ 0,3 mSv par an par l’ingestion d’aliments et de boissons, et cela devrait être considéré comme le niveau admissible de la radioactivité ingérée.
Afin de ne pas aller au-delà de ce niveau, la quantité de césium radioactif-137 ne doit pas dépasser 8 Bq / kg dans les préparations de lait et d’aliments pour les bébés et 16 Bq / kg dans toutes les autres denrées alimentaires. L’iode radioactif, avec sa demi-vie courte, ne devrait pas être autorisé du tout dans l’alimentation [20].

Combien de radioactivité a été libérée par l’usine nucléaire anéantie de Fukushima ?

Même si une image de la radioactivité déposée sur la terre se dessine, les niveaux réels de radioactivité à laquelle les gens ont été exposés, sont impossibles à dire à ce jour, car il y a beaucoup d’incertitude quant à la quantité de radioactivité qui a été libérée dans la série d’explosions dans la centrale nucléaire de Fukushima.
Le dernier communiqué de presse de la société TEPCO [21] a donné les quantités suivantes de radionucléides rejetés entre le 12 et le 31 mars 2011.
Les rejets dans l’air :
Gaz rares : Env. 5x1017 Bq
Iode 131 : Env. 5x1017 Bq
Césium 134 : Env. 1x1016 Bq
Césium 137 : Env. 1x1016 Bq
Les rejets dans l’océan :
Iode-131 : Env. 1.1x1016 Bq
Césium-134 : Env. 3.5x1015 Bq
Césium-137 : Env. 3.6x1015 Bq
Ceux-ci s’ajoutent, pour un total émis de 1.038,1 x 1015 Bq ou 1.038,1 PBq.
TEPCO admet que les équipements de mesure de la radioactivité étaient « indisponibles en raison de l’accident », et qu’ainsi « d’autres données doivent encore être collectées pour vérifier la validité des résultats de l’évaluation ». Ces rejets radioactifs de Fukushima rapportés sont moins d’un dixième de ceux de l’accident de Tchernobyl, soit un total de quelque 14 EBq (14 x 1018 Bq), plus de la moitié de ceux-ci étant des gaz rares [22].
Quelle est la fiabilité des derniers résultats publiés par la société TEPCO ?
En utilisant les données des postes de mesure de radioactivité mis en place dans le cadre du Traité de l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), l’Institut central de météorologie et de géodynamique d’Autriche (ZAMG) a donné des estimations comprises entre 360 et​ 390 PBq d’iode-131 et environ 50 PBq de césium-137 pour la période du 12 au 14 mars 2011 [23]. Selon leurs calculs, les émissions d’iode-131 à partir de Fukushima, durant ces trois jours, s’élèvent à 20% de l’iode-131 des émissions totales de l’accident de Tchernobyl (1.760 PBq), tandis que les émissions de césium-137 dans ces trois jours s’élèvent à environ 60 % du total des émissions de césium-137 provenant de Tchernobyl (85 PBq).
Une étude menée par l’Institut norvégien de recherche atmosphérique (NILU) a trouvé une quantité d’environ 16.700 PBq de xénon-133 (250% de la quantité libérée par Tchernobyl), émise par la centrale de Fukushima entre le 12 et le 19 Mars 2011, soit la plus importante émission de matières radioactives Xenon dans l’histoire [24].
En outre, une quantité de 35,8 PBq de césium-137 (42% de la quantité libérée par Tchernobyl) a été émise à la même période. L’étude a révélé que les émissions radioactives ont d’abord été mesurées juste après le tremblement de terre et avant que le tsunami n’ait frappé l’usine, ce qui indique que le tremblement de terre lui-même avait déjà causé des dommages substantiels à des réacteurs de la centrale nucléaire. Le rapport de l’organisme norvégien NILU suggère également que le feu dans le réservoir de combustible usé du réacteur N° 4 a pu être le principal contributeur des émissions atmosphériques : les émissions ont diminué de façon significative après que l’incendie ait pû être maîtrisé.
La même équipe de chercheurs a mis à jour ses estimations dans un article publié en ligne : les estimations donnent de 15.300 PBq de xénon-133 et 36,6 PBq de Cs-137 dans l’atmosphère [25], sans compter l’iode-131 et le Cs-134 (qui était aussi abondant que le Cs-137), ni les rejets émis dans l’océan.
Mais c’est déjà près de 15 fois la dernière estimation de la société TEPCO pour les rejets totaux. Je dois présenter séparément les détails sur cette dernière estimation indépendante, ce qui donne une image globale de la contamination par les retombées (voir [26] Fukushima Rivals retombées de Tchernobyl, SiS 55). [Version en français intitulée ‘Les retombées radioactives de Fukushima rivalisent avec clles de Tchernobyl].

La contamination des sols [27]

Les chercheurs de l’organisme japonais MEXT ont mené en juin et juillet 2011 des enquêtes au niveau des sols dans 100 emplacements situés à une distance de 80 km de la centrale de Fukushima. Ils ont constaté une contamination par des radionucléides différents, dont les principaux étaient le strontium-90, l’iode-131 et le césium-137. Le strontium-90, avec une demi-vie de 28 ans, est semblable au calcium, et est donc incorporé dans les os où il peut rester pendant des décennies, en émettant des particules bêta et une irradiation de la moelle osseuse, entraînant une leucémie et d’autres cancers. Le strontium-90 a été trouvé à des concentrations de 1,8 à 32 Bq / kg dans des sites situés en dehors de la zone d’évacuation de 30 km, à Nishigou, Motomiya, Ootama et Ono.
L’iode-131 a une demi-vie de 8 jours. Lorsqu’il est ingéré, il est incorporé comme l’iode ordinaire dans la glande thyroïde, où il émet des rayonnements gamma et bêta, causant des cancers de la thyroïde, en particulier chez les enfants. L’I-131 a été trouvée dans le lait, l’eau potable, les légumes et les nappes d’eau souterraines dans divers endroits du nord du Japon.
Selon l’organisme IAEA (International Atomic Energy Agency), les dépots d’iode-131 à Tokyo ont atteint 36.000 Bq/m2 entre le 22 and le 23 mars 2011. Des échantillons de sols, prélevés dans les municipalités de Nishigou, Izumizaki, Ootama, Shirakawa, Nihonmatsu, Date, Iwaki, Iitate, Ono, Minamisoma et Tamura, ont montré des concentrations d’I-131 compris entre 2.000 et 1.170.000 Bq / kg. Dans la municipalité de Ono, située à 40 km sud-ouest de l’usine de Fukushima, les scientifiques du MEXT ont trouvé jusqu’à 7.440 Bq / kg d’iode-131 dans des échantillons d’eau de pluie.
En août 2011, les scientifiques du MEXT ont encore trouvé des concentrations d’iode-131 de plus de 200 Bq / kg dans la plupart des municipalités, avec un maximum à Namie et à Iitate : de 1 300 et 1 100 Bq / kg, respectivement. Compte tenu de sa courte demi-vie, ce niveau élevé, détecté 145 jours après les retombées initiales le 15 mars 2011, suggère une contamination initiale du sol extrêmement élevée et supérieure à 288 MBq / kg, ou des contaminations supplémentaires de la région après les retombées initiales.
Pour convertir les Bq / kg en Bq / m2, la convention consiste à multiplier par 20 ou 65, selon la profondeur à laquelle le sol est échantillonné. Un multiplicateur conservateur de 20 donnerait une valeur supérieure à 5.760 MBq / kg, qui va ainsi bien au-delà de l’échelle indiquée sur la carte de la figure. 1, qui ne donne que la radioactivité due au Cs-137 et au Cs-134.
Le césium Cs-137 a une demi-vie de 30 ans. Il est semblable au potassium, et sa répartition est assez uniforme dans tout le corps en cas d’ingestion. Il est principalement un émetteur de rayonnement bêta, mais son produit de désintégration, le baryum-137 produit également des rayonnements gamma. Il peut causer des tumeurs solides dans pratiquement tous les organes.
Le césium Cs-137 a une demi-vie biologique de 70 jours et il est excrété dans l’urine comme le potassium. Il s’accumule donc dans la vessie et il irradie l’utérus adjacent et le fœtus chez les femmes enceintes.
L’organisme français IRSN établit qu’environ 874 km2 de la zone située en dehors de la zone d’évacuation de 20 km, doit être considérée comme hautement contaminée par le Cs-137, à une concentration qui est estimée supérieure à 6 MBq / m2,, soit similaire à celle de la zone d’évacuation autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl [15] ( voir figure 1).
En fait, dans la préfecture de Fukushima, le césium Cs-137 a même atteint jusqu’à 30 MBq / m2 au nord-ouest de l’usine, et jusqu’à 10 MBq / m2 dans les préfectures voisines. Des échantillons de sol avec des teneurs en Cs-137 comprises entre 20.000 et 220.000 Bq / kg ont été trouvées par des scientifiques du MEXT dans les municipalités de Iitate, Kawamata, Nom, Katsurao et Nihonmatsu en avril 2011. Des valeurs encore plus élevées, allant jusqu’à 420.000 Bq / kg ont été enregistrées plus tard, en août 2011. Selon l’AIEA, à Tokyo, le dépôt de Cs-137 a atteint 340 Bq / m2 les 22-23 mars 2011. Du césium radioactif a été également trouvé en grandes quantités dans la viande bovine, le riz, le lait, le poisson, l’eau potable et dans d’autres denrées alimentaires.

La contamination de l’environnement marin

Des quantités massives d’eau avec des déchets radioactifs utilisés pour le refroidissement des réacteurs et du combustible usagé des piscines ont été déversées dans la mer, se sont infiltrées dans le sol ou les eaux souterraines, ou encore évaporées dans l’atmosphère [27].
Entre le 4 et 10 Avril 2011, TEPCO a délibérément déversé 10 393 tonnes d’eau radioactive. Cela constitue le plus important des rejets radioactifs de l’histoire dans les océans. Une séquence d’émissions de radioactivité pendant 1-2 semaines a atteint un sommet dans l’eau autour de l’usine de Fukushima, le 6 Avril 2011, avec des concentrations océaniques de 68 MBq / m3, et une libération totale estimée à 22 PBq [28, 29] ; TEPCO admet 18,1 PBq [21].
Après une dilution considérable au bout de 2-3 mois après le pic, les concentrations de surface étaient encore plus élevées que ce qu’elles étaient précédemment : des teneurs allant jusqu’à 10.000 fois dans les eaux côtières et jusqu’à 1.000 fois, sur plus de 150.000 km2 de surface de l’océan Pacifique, à 600 km à l’est du Japon. Le césium Cs radioactif a été détecté dans toutes les espèces d’organismes marins, allant du phytoplancton aux poissons.
Les eaux au nord-est de l’usine de Fukushima sont parmi les principales zones de pêche dans le monde, et elles comptaient pour la moitié des produits de la mer qui étaient consommés au Japon. Mais les pêches ramenées dans la préfecture d’Ibaraki ont montré des niveaux d’isotopes radioactifs tellement élevés qu’elles ont dû être jetées comme un déchet radioactif [27]. La contamination radioactive dans l’océan ne se dilue pas, comme avec d’autres polluants : elle s’accumule dans la chaîne alimentaire marine, jusqu’aux poissons consommés par les êtes humains. Le césium radioactif présent dans le loup de mer pêché dans le Pacifique Nord a augmenté continuellement de mars à septembre 2011, avec un maximum de 670 Bq / kg constaté le 15 septembre 2011.
Non seulement la radioactivité se disperse passivement dans l’océan par les courants et les mélanges, mais elle se propage également par les poissons et par les mammifères. Il a été trouvé que le thon rouge du Pacifique avait transporté des radionucléides provenant de Fukushima au Japon jusqu’en Californie. Quinze thons rouges du Pacifique qui avaient été échantillonnés en août 2011 ont présenté des niveaux très élevés de Cs-134 (4,0 + 1,4 Bq / kg) et de Cs-137 (6,3 + 1,5 Bq / kg).

La contamination des aliments et de l’eau potable

Une vaste contamination des aliments et de l’eau potable a été décrite et rapportée au cours des mois qui ont suivi la catastrophe [27].
En dehors de la zone d’évacuation de Fukushima, l’enquête menée par l’organisme japonais MEXT une semaine après le tremblement de terre, révèle des légumes contaminés dans les municipalités de Iitate, Kawamata, Tamua, Ono, Minamisoma, Iwaki, Tshukidate, Nihonmatsu, Sirakawa, Sukagawa, Ootama, Izumizaki et Saigou.
Les concentrations en iode I-131 étaient aussi très élevées : 54 MBq / kg et en césium Cs-137 jusqu’à à 2,65 MBq / kg. Un mois après la fusion, la radioactivité était encore supérieure à 100.000 Bq / kg pour l’I-131, et 900.000 Bq / kg pour le Cs-137 dans certaines régions. Dans la préfecture d’Ibaraki, située à environ 100 km au sud de l’usine de Fukushima, les épinards ont montré des teneurs en I-131 jusqu’à 54.100 Bq / kg et en Cs-137 jusqu’à 1.931 Bq / kg. Il a été détecté de fortes contaminations dans les légumes : dans la moutarde comestible, le persil et les champignons shiitaké, et des quantités moindres ont été détectés dans la laitue, les oignons, les tomates, les fraises, le blé et l’orge.
Le lait, la viande, le riz et l’eau potable ont également été contaminés. L’AIEA a averti que les niveaux de l’I-131 avaient dépassé les limites admissibles entre le 17 et 23 mars 2011. Même dans le quartier nord de Tokyo, l’eau du robinet contenait 210 Bq / l d’iode I-131.
Les fruits de mer et les poissons capturés à proximité de la centrale nucléaire ont atteint 500 à 1.000 Bq / kg. En avril 2011, le ministère de la Pêche japonaise a trouvé de l’iode et du césium radioactifs dans les eaux marines près de Fukushima : pour ces deux radionucléïdes avec une activité maximale à 12 000 Bq / kg. Le laboratoire français indépendant pour la radioactivité ACRO a fait des mesures de plus de 10.000 Bq / kg dans les algues récoltées en dehors de la zone d’évacuation de 20 km. Un échantillon a révélé des niveaux de 127.000 Bq / kg d’iode I-131, de 800 Bq / kg de césium Cs-134 et de 840 Bq / kg de Cs-137.
Dans la préfecture de Shizuoka, à environ 400 km de Fukushima, les feuilles de thé locaux se sont montrées contaminées avec 670 Bq / kg de césium Cs 137, et du thé vert japonais radioactif a été découvert en France en juin 2011.

Les impacts émergents sur la santé

[27]

Les employés de l’usine nucléaire de Fukushima frappée par la catastrophe, les secouristes et les agents de nettoyage sont le groupe de personnes le plus durement exposées. Selon le Forum d’information atomique japonaise, les niveaux de radiation à l’intérieur de l’usine ont culminé à environ 1.000 MSI / h, une dose mortelle pour les humains exposés pendant plus d’une heure. Alors que les émissions atmosphériques ont diminué progressivement, des quantités massives de radiations restaient encore sur le site par le biais des lessivages avec de l’eau pompée en permanence jusqu’à l’usine pour refroidir les réacteurs.
Au 1er août 2011, un rayonnement de 10 Sv / h, a encore été détecté autour des locaux de l’usine. Un total de 8.300 travailleurs ont été déployés pour le sauvetage et le nettoyage sur place depuis le mois de mars. En juillet 2011, TEPCO a annoncé que 111 travailleurs avaient été exposés à des radiations de plus de 100 mSv, certaines allant jusqu’à 678 mSv. Cela ne prend pas en compte les effets de l’irradiation interne par le biais des radio-isotopes ingérés ou inhalés.
Un rapport couvrant la situation a été diffusé le 4 octobre 2011 par la télévision allemande ZDF : il a révélé des niveaux de rayonnements supérieurs à 10 Sv / h, et de nouveaux ‘points chauds’, hotspots, ont été encore découverts [30]. Les badges d’exposition donnés aux travailleurs ont régulièrement enregistré un message d’erreur car la radioactivité est allée bien au-delà de l’échelle de mesure. Il a été interdit, par contrat, aux travailleurs du secteur nucléaire, payés 80 à 100 € par jour, de parler aux journalistes et ils ont donné peu d’informations sur les niveaux de rayonnement dans l’usine. Ils ont seulement découvert la situation à la télévision. Quelque 18.000 travailleurs avaient traversé l’usine pendant ce temps là.
À la suite des effondrements nucléaires, le gouvernement japonais a ordonné l’évacuation de 200.000 personnes dans une zone d’environ 600 km². Comme cela est mentionné ci-dessus, 70.000 personnes, dont 9.500 enfants vivaient encore dans des zones fortement contaminées en dehors de cette zone d’évacuation, 2 mois après l’accident [15].
L’AIEA a mesuré les niveaux de rayonnement 16-115 mSv / h (soit jusqu’à 140 à 1.007 mSv / an) en dehors de la zone d’évacuation de 20 km. Les scientifiques du MEXT japonais ont confirmé ces niveaux dans leurs études de sols d’avril 2011. Les débits de dose enregistrés dans plusieurs villes en dehors de la zone d’évacuation étaient de 2 mSv / h à Nihonmatsu, Tamura, Souma, Minamisoma et Date, atteignaient plus de 5 mSv / h à Namie, et plus de 100 mSv / h à Iitate.
Quatre mois plus tard, en août 2011, les scientifiques du MEXT ont encore détecté des doses de rayonnement allant jusqu’à 34 mSv / h à Namie, jusqu’à 16 mSv / h à Iitate, et jusqu’à 17,5 mSv / h à Katsurao.
L’IRSN a fait une projection de l’exposition externe des 70.000 personnes vivant dans les zones fortement contaminées en dehors de la zone d’évacuation de 20 km : elle pourrait atteindre 200 mSv / an ou plus au cours de la première année [15].
La dose externe collective calculée sur 4 ans pour cette population a été estimée à 4.400 Sv-personne, s’élevant à 60% de la dose collective reçue par la population dans les régions fortement contaminées autour de Tchernobyl.
Les calculs de l’organsme japonais MEXT confirment ces niveaux d’exposition. Les doses estimées au cours d’une année sont en hausse à 235,4 mSv dans la ville de Namie, 61,7 mSv à Iitate, 24,2 mSv à Kawamata, 21,2 mSv à Date, 18 mSv à Katsurao, 15,6 mSv à Minamisoma et plus de 10 mSv à Fukushima ville et Koriyama – situées à plus de 55 km de l’usine.
Le niveau naturel (pré-existant) du rayonnement de fond au Japon est de 1,48 mSv / an.
Ces sources externes élevées de l’exposition ont été et continueront d’être internalisées par les aliments et par les boissons. Les effets dévastateurs de l’exposition chronique ont été décrits en particulier à travers les multiples maladies et des décès de centaines de milliers d’enfants, comme le résultat de la catastrophe de Tchernobyl, exacerbé par le déni officiel, la suppression des données, et la désinformation [2].
L’iode I-131 constitue l’une des causes les plus aigues de cancers chez les enfants après une catastrophe nucléaire. L’absorption de l’iode radioactif peut être prévenu par une alimentation en temps opportun avec des comprimés d’iode. Bien que ces comprimés d’iode aient été fournis aux municipalités et aux centres d’évacuation pendant les premiers jours de la catastrophe, l’ordre de les distribuer n’a jamais été donné ni publié, et, par conséquent, à quelques exceptions près, aucun des comprimés d’iode n’a été pris par les personnes exposées à l’iode radioactif [27]. Cela peut conduire à un grand nombre de cas de cancers de la thyroïde, comme dans le cas de Tchernobyl [2]. Et les signes sont de mauvais augure.
À la fin du mois de mars 2011, un groupe de chercheurs autour d’Hiroshima avec le Professeur Tashiro Satoshi a testé 1.149 enfants âgés de 0 à 15 des villes d’Iwaki et de e Kawamata, ainsi que du village d’itate : quelques 44,5% ont révélé une contamination radioactive jusqu’à 35 mSv dans leur glande thyroïde. En octobre 2011, l’Université de Fukushima a commencé à faire des examens de la thyroïde sur les 360.000 enfants vivant dans les régions touchées par la contamination radioactive. Matsui Eisuke a signalé quelques-uns des résultats obtenus jusqu’à présent [16].
Entre octobre 2011 et le 31 mars 2012, 38.114 enfants de Fukushima, âgés de 1 à 18 ans, ont été examinés par échographie de la glande thyroïde. Des kystes ont été trouvés chez plus de 35% des enfants. En comparaison, à Nagasaki, où 250 enfants de 7 à 14 ans avaient été examinés depuis 2000, seulement 2 (soit 0,8%) ont présenté des kystes dans leur glande thyroïde. Chiwaki rapporte qu’aujourd’hui, les centres pour mesurer les niveaux de radioactivité dans les aliments sont ouverts les uns après les autres dans tout le Japon, et pas seulement à Fukushima [7]. Les parents se sont regroupés pour mettre en place des magasins de produits biologiques pour l’achat et le stockage de légumes provenant de l’agroculture biologique et non-contaminés, et aussi pour exiger que les cantines scolaires n’utilisent que des ingrédients non contaminés. « C’est principalement grâce à des réseaux indépendants que les gens ont pu se déplacer ailleurs temporairement pour prendre soin de leur santé ».

L’évacuation des zones fortement contaminées est encore et toujours refusée

Le gouvernement refuse toujours d’évacuer les gens des régions fortement contaminées [7]. La ville de Fukushima a organisé une réunion de planification dans le district de Onami qui avait été recommandé pour l’évacuation, et les paroles d’ouverture sont les suivants : « Une évacuation réduirait l’activité économique ; donc nous optons pour la décontamination », en d’autres termes, « Nous ne vous laisserons pas quitter la ville ».
La municipalité a désigné des zones dont les mesures de radioactivité sont supérieures à 2 mSv / h pour la décontamination, et elle voulait des volontaires pour la réaliser ; mais lorsqu’on a interrogé les responsables sur leurs plans de décontamination, ils ont répondu qu’ils n’en avaient pas. En février 2012, quelques 62.000 personnes ont quitté la préfecture de Fukushima pour chercher refuge ailleurs.
En juin 2011, les élèves de 14 écoles primaires et secondaires de la ville de Koriyama ont formellement exigé que l’autorité locale respecte leur droit à être évacués et à poursuivre leurs études dans une zone moins contaminée. Mais six mois plus tard, la demande est toujours refusée.
« Nous avons lancé un appel », a déclaré Chiwaki. Les réfugiés en provenance des zones d’évacuation quittent comme ils le peuvent, parfois avec toute la famille et parfois la mère quitte avec les enfants et le mari reste sur place pour travailler et s’occuper de la maison. De profondes divisions d’opinion se terminent par un divorce et des familles sont brisées.
« Nous avons tiré les leçons de l’expérience de Tchernobyl et nous ne renoncerons jamais à poursuivre nos efforts pour protéger les vies de nos enfants et de tous les autres. Nous demandons au monde entier de nous apporter leur soutien ».
Pour plus d’informations et surtout si vous pouvez offrir de l’aide, s’il vous plaît contactez http://fukushima-evacuation-e.blogspot.co.uk/2012/04/take-action-to-help-children-in.html
For more information and especially if you can offer help, please contact http://fukushima-evacuation-e.blogspot.co.uk/2012/04/take-action-to-help-children-in.html

Références

1. “Fukushima’s doses tallied”, Geoff Brumfiel, Nature 2012, 423-4, 24 May 2012, http://www.nature.com/news/fukushima-s-doses-tallied-1.10686
2. Ho MW. Chernobyl deaths top one million based on real evidence. Science in Society 55 (to appear) 2012.
3. “Fukushima deaths not cause by radiation, UN says”, George Jahn, Huffington Post, 23 May 2012, http://www.huffingtonpost.com/2012/05/23/fukushima-deaths-radiation_n_1540397.html
4. “Utility says it underestimated radiation released in Japan”, New York Times, 24 May 2012, http://www.nytimes.com/2012/05/25/world/asia/radioactive-release-at-fukushima-plant-was-underestimated.html
5. “Japan ex-PM apologises for Fukushima failure”, Aljazeera, 28 May 2012, http://www.aljazeera.com/news/asia-pacific/2012/05/201252842649729894.html
6. “Fukushima reactor 4 requires urgent intervention ; coalition calls for emergency UN action to halt catastrophic release of radiation”, Mike Adams, 6 May 2012, http://www.naturalnews.com/035788_Fukushima_United_Nations_radiation.html
7. Chiwaki M. Our struggle for survival continues. Presentation at Scientific and Citizen Forum on Radioprotection – From Chernobyl to Fukushima, 11-13 May 2012, Geneva.
8. “Japan held nuclear data, leaving evacuees in peril” Norimitsu Onishi and Martin Fackler, The New York Times, 8 August 2011, http://www.nytimes.com/2011/08/09/world/asia/09japan.html?pagewanted=1&_r=2
9. Rad Pro Calculator Site Description and Details, accessed 1 June 2012, http://www.radprocalculator.com/Gamma.aspx
10. Radiation exposure, dose limits, European nuclear society, accessed 29 May 2012, http://www.euronuclear.org/info/encyclopedia/r/radiation-exposure-dose-limit.htm
11. Occupational dose limits, US Nuclear Regulatory Commission, accessed 29 May 2012, http://www.nrc.gov/reading-rm/doc-collections/cfr/part020/part020-1201.html
12. Radiation and Risk, Idaho State University, accessed 30 May 2012, http://www.physics.isu.edu/radinf/risk.htmhttp://www.physics.isu.edu/radinf/risk.htm
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Définitions et compléments

La vérité sur Fukushima

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS Santé Nucléaire Truth about Fukushima French version.3 allégée