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"Le glyphosate tue les cellules testiculaires chez le rat" par le Dr Eva Sirinathsinghji

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 21 mars 2012, par Sirinathsinghji Eva

ISIS Santé OGM
Le glyphosate tue les cellules testiculaires chez le rat
Un autre lien entre la stérilité chez des êtres vivants et le ‘Roundup’ [spécialité commerciale de l’herbicide à base de la matière active glyphosate], d’après le Dr Eva Sirinathsinghji

Glyphosate Kills Rat Testis Cells
Rapport de l’ISIS en date du 27/02/2012
Une version entièrement référencée de cet article en anglais intitulée Glyphosate Kills Rat Testis Cells est accessible par les membres de l’ISIS sur le site http://www.i-sis.org.uk/glyphosate_kills_rat_testis_cells.php
S’il vous plaît diffusez largement et rediffusez, mais veillez SVP donner l’URL de l’original et conserver tous les liens vers des articles sur notre site ISIS.

Une nouvelle étude conclut que l’herbicide ‘Roundup Bioforce ®’ à base de glyphosate, de Monsanto, ainsi que la matière active glyphosate seule, réduisent les niveaux de testostérone dans les cellules testiculaires, à des concentrations très faibles de ces produits, d’une part, et qu’à des concentrations plus élevées - encore 10 fois inférieures à celles qui sont d’usage en agriculture - les cellules sont mortes dans les 24-48 heures, d’autre part.

L’étude, réalisée par Gilles-Éric Séralini et ses collègues de l’Université de Caen Basse-Normandie en France [1], a été publiée juste avant que l’on prenne connaissance des rapports sur la contamination des eaux souterraines par le glyphosate en Catalogne, en Espagne [2], et de la présence de glyphosate dans les échantillons d’urine de résidents de la ville de Berlin qui sont de 4 à 20 fois le niveau autorisé dans l’eau potable (0,1 microgrammes par litre, ou 0,1 parties par milliard (ppb)) [3].

Les consommateurs américains qui sont exposés à des résidus de glyphosate dans les aliments dérivés d’organismes génétiquement modifiés (OGM) sont susceptibles d’avoir des niveaux encore plus élevés de glyphosate dans leur système métabolique ; bien qu’aucune étude ne semble avoir été faite sur ce sujet.

Ces études font leur apparition au milieu des préoccupations croissantes concernant les effets des contaminants environnementaux sur la baisse des niveaux de fertilité masculine chez l’homme et chez les animaux dans les pays industrialisés [4] ; et il y a déjà des indications selon lesquelles la matière active à effet herbicide, le glyphosate, est liée à des cas de stérilité et à d’autres problèmes de reproduction.

Des dysfonctionnements endocriniens sont observés avec de très faibles doses de glyphosate

Des perturbations du système endocrinien peuvent influer sur une vaste gamme de fonctions physiologiques qui incluent tout le métabolisme, la croissance et le développement, les fonctions tissulaires, le comportement, l’humeur et la reproduction.

Les niveaux de testostérone chez les hommes en bonne santé sont nécessaires pour la production de spermatozoïdes, entre autres choses. Considérant les liens antérieurement démontrés entre les pesticides et la stérilité, les chercheurs se sont intéressés au fait de savoir si le glyphosate et ses formulations commerciales peuvent induire une perturbation endocrinienne dans les cellules testiculaires.

Les effets du ‘Roundup Bioforce ®’ et du glyphosate seul ont été testés sur trois types de cellules testiculaires chez le rat : les cellules de Leydig qui produisent la testostérone, les cellules de Sertoli qui nourrissent les cellules germinales lors de la spermatogénèse, et les cellules germinales qui arrivent à maturité dans le sperme.

Des doses de 1 ppm (0,0001%), à la fois de glyphosate seul et de ‘Roundup Bioforce ®’, réduisent les niveaux de testostérone dans les cellules de Leydig jusqu’à 35% et une augmentation significative de l’expression de l’aromatase a été trouvée dans des délais de 24 heures.

L’aromatase est une enzyme qui convertit la testostérone en oestrogènes, et son activité est importante pour maintenir un équilibre optimum entre les deux hormones pour une bonne santé. Ces effets soi-disant « non toxiques » des dilutions de l’herbicide glyphosate sous-tendent sa capacité de perturber le système endocrinien.

Ces résultats s’appuient sur une longue liste de résultats antérieurs. Des rats mâles prépubères exposés au glyphosate ont montré des niveaux de testostérone réduits ainsi qu’une perturbation de la morphologie des testicules et un retard dans le début de la puberté [5].

La descendance mâle des rates génitrices exposées au glyphosate pendant la gestation a présenté des comportements sexuels anormaux et des niveaux anormaux de testostérone et d’estradiol, une puberté précoce, et une augmentation du nombre de spermatozoïdes [6].

L’exposition au glyphosate réduit les niveaux de testostérone dans les cellules de Leydig chez les souris [7], et affaiblit l’activité aromatase dans des lignées cellulaires placentaires humaines [8]. Les effets étaient plus prononcés lorsque des formulations commerciales avaient été utilisées.

La perturbation hormonale et / ou les problèmes de reproduction ont eu lieu aussi bien chez les êtres humains que chez les animaux, suite à l’exposition environnementale à des herbicides pulvérisés ou à des résidus d’herbicides présents dans les aliments issus d’organismes génétiquement modifiés OGM [9] (voir [10] Ban Glyphosate Herbicides Now, SiS 43 *, [11] Lab Study Establishes Glyphosate Link to Birth Defects,SiS48) **
* "Il faut interdire les herbicides à base de glyphosate dès maintenant", par le Dr. Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard. 15 juillet 2009 - Dernier ajout 23 juillet 2011. http://yonne.lautre.net/spip.php?article3470
** "Une étude de laboratoire établit un lien entre le glyphosate et des anomalies congénitales" par le Dr. Mae-Wan Ho. Traduction et compléments de Jacques Hallard. 4 octobre 2010 - Dernier ajout 20 juillet 2011. http://yonne.lautre.net/spip.php?article4472

En Argentine, dans les régions où l’on fait une importante utilisation de glyphosate, il a été observé une hausse des anomalies à la naissance, de la stérilité et des cancers, au point que les médecins argentins appellent à une interdiction complète de l’utilisation des pesticides à proximité des zones résidentielles et à une interdiction complète des pulvérisations par voie aérienne ( voir [12] ] Argentina’s Roundup Human Tragedy, SiS 48 * [13] and Pesticide Illnesses and GM Soybeans, SiS 53) **
* "La tragédie humaine du ‘Roundup’ en Argentine" par Claire Robinson. Traduction et compléments de Jacques Hallard. 6 octobre 2010 - Dernier ajout 20 juillet 2011. Source http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article50
** "Maladies dues aux pesticides et aux sojas génétiquement modifiés (OGM) Appel pour une interdiction de l’épandage aérien des pesticides en Argentine" par le Dr Eva Sirinathsinghji. Traduction et compléments de Jacques Hallard. 29 janvier 2012. Source http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article207
Le bétail qui consomme de grandes quantités d’aliments pour animaux issus d’OGM a montré une augmentation de la stérilité, ainsi que des pseudo-grossesses : cela semble être dû, au moins en partie, à des effets comme perturbateur endocrinien de la matière active glyphosate, à effet herbicide (voir [14] USDA Scientist Reveals All, SiS 53).

Des doses plus élevées de ces produits tuent les cellules

Séralini et ses collègues ont également testé si le Roundup et/ou le glyphosate tuent les cellules testiculaires, et si cela se produit grâce à une nécrose induite (une mort cellulaire prématurée provoquée par des stimuli externes tels que des toxines, de l’inflammation, une infection ou un traumatisme) ou par le phénomène d’apoptose (mort cellulaire programmée).

La nécrose est d’abord marquée par une perte de l’intégrité des membranes des cellules, tandis que l’apoptose est un processus finement régulé qui est marqué par des changements morphologiques tels que le retrait cytoplasmique, la condensation de la chromatine (le compactage et la fragmentation de la chromatine nucléaire, cette dernière étant l’organisation interne d’ADN enroulé autour de protéines histones dans le noyau), ainsi que des changements biochimiques tels que l’activation des enzymes de la caspase 3/7 et la libération de cytochrome c de la mitochondrie.

En outre, il existe des variations de la mort cellulaire qui peuvent inclure la nécrose comme un type de mort cellulaire programmée, une mort cellulaire programme de type apoptose qui ne met pas en jeu l’activation de la caspase 3/7 ainsi que des nécroses secondaires dans lesquelles les cellules apoptotiques peuvent éventuellement perdre aussi l’intégrité de leurs membranes.

Les expériences ont consisté à surveiller l’intégrité de la membrane, l’activation de la caspase 3/7 ainsi que la condensation de la chromatine. Les cellules de Leydig ont présenté la plus forte réaction nécrotique, avec une dégradation de la membrane significative après 1 heure d’exposition à la dose de 0,1% de Roundup. La dégradation a atteint un niveau 5 fois supérieur à celle des cellules témoins non traitées, à une concentration plus élevée de 1% de Roundup, pour culminer au bout de 6 heures environ, mais en restant toujours significative après 48 heures.

Aucune dégradation de la membrane n’a été observée dans les cellules exposées au glyphosate seul. Ainsi, l’effet peut être dû à des adjuvants présents dans la formulation commerciale tels que le polyoxyéthylèneamine (POEA), qui est ajouté pour permettre au glyphosate de pénétrer dans les feuilles des plantes. Il n’y avait pas d’activation significative de la caspase 3/7, autre qu’un petit pic au bout de 6 heures d’exposition. La condensation de la chromatine est apparue au bout de 24 heures après l’application de l’herbicide Roundup à la dose de 1%, comme cela est compatible avec l’apoptose.

Les cellules de Sertoli ont également montré des signes de nécrose, avec dégradation de la membrane qui se produit en réponse au Roundup à la dose de 0,1% dans les 24 heures, mais dans une moindre mesure que dans les cellules de Leydig. Les cellules germinales sont apparues presque insensibles, avec seulement une légère dégradation de la membrane, mais statistiquement significative, après une exposition au Roundup à la dose de 1%.

Contrairement aux cellules de Leydig, les cellules germinales ainsi que les cellules de Sertoli / cellules germinales co-cultivées ont montré une réponse apoptotique dans les 48 heures à la dose de 1% de glyphosate. Cependant, il n’y avait pas de réponse avec le Roundup. Cette disparité, comme le pensaient les auteurs, peut être due aux propriétés membranaires distinctes qui permettent au glyphosate de pénétrer plus facilement dans les cellules germinales. Ce résultat peut également être un artefact de l’expérience effectuée in vitro ; ceci devrait être étudié d’une manière plus approfondie avec des expérimentations sur des animaux.

Les résultats montrent clairement des réponses de mort cellulaire dans les cellules testiculaires, plus particulièrement dans les cellules de Leydig. D’autres expériences complémentaires sont nécessaires pour préciser le type de mort cellulaire impliqué. Comme cela est mentionné ci-dessus, la mort cellulaire est un processus compliqué.

Il s’agit d’une question de dosage

La concentration des herbicides utilisés dans les expériences variait de 0,0001% (1 ppm) de l’herbicide Roundup Bioforce ®, (correspondant à 0.366 ppm de glyphosate pur), jusqu’ à des niveaux correspondant aux usages agricoles de 1% (10.000 ppm).

Il a été démontré que la plus faible concentration a un effet endocrinien situé dans la fourchette d’une étude précédente publiée par Monsanto, qui signalait la présence de concentrations de glyphosate allant jusqu’à 0.233 ppm chez les agriculteurs américains [13].

En outre, le niveau autorisé de résidus de glyphosate dans les denrées alimentaires destinées aux êtres humains ou dans les aliments pour animaux aux États-Unis, est de 400 ppm, soit 400 fois plus que la plus faible concentration qui a été testée par Séralini et ses collègues. Ainsi, les concentrations utilisées dans l’étude sont très pertinentes par rapport à l’exposition humaine ainsi qu’à l’exposition des animaux. Vu la rareté des données publiées concernant la bioaccumulation possible de cet herbicide, il est particulièrement préoccupant et cette situation nous laisse pour le moins dubitatifs quant aux concentrations qui se retrouvent dans le corps ches les êtres vivants.

Avec les expériences de mort cellulaire, des résultats significatifs ont été observés avec des doses de 0,1%, ou 1.000 ppm. Bien que cette concentration soit relativement élevée, et bien au-dessus des concentrations autorisées pour l’eau potable, elle est 10 fois inférieure à celle qui est autorisée et utilisée dans les pratiques agricoles, et cette concentration est 8 fois inférieure au niveau maximum de résidus de glyphosate qui sont autorisés dans les aliments issus d’OGM. 

En outre, comme le montrent les expériences concernant la perturbation endocrinienne, la mort cellulaire n’est pas le seul paramètre de la toxicité aiguë, et bien que des doses plus élevées puissent être nécessaires pour tuer les cellules, de faibles doses peuvent perturber la fonction endocrine, sans tuer les cellules, mais elles peuvent néanmoins avoir un impact négatif sur un large éventail de fonctions physiologiques, et avoir comme conséquence des manifestations pathologiques.

Les effets chroniques de l’exposition aux herbicides à base de glyphosate n’ont pas été abordés dans cette étude, qui portait seulement sur les effets aigus sur une durée de 48 heures. L’exposition chronique n’a pas été suffisamment testée et elle doit vraiment être étudiée. En outre, les tests réglementaires sont généralement réalisés avec la seule matière active glyphosate, et non pas avec des formulations commerciales. Comme cela a été démontré dans ces expériences et dans d’autres, les adjuvants qui renforcent l’action du glyphosate modifient la toxicité du Roundup, ce qui entraîne des effets différents de ceux qui sont observés avec le glyphosate seul.

Pour conclure

Les preuves établies entre l’utilisation du glyphosate, d’une part, et des malformations congénitales et des problèmes de reproduction, à la fois chez des mâles et chez les femelles, d’autre part, sont sûrement plus qu’une justification suffisante pour prononcer l’interdiction de cet herbicide [10].
On doit également prendre en compte la rareté des études évaluant la présence du glyphosate et de ses formulations commerciales chez les êtres vivants, y compris chez les êtres humains.

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Définitions et compléments

Le glyphosate tue les cellules testiculaires chez le rat

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 585 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS Santé OGM Glyphosate Kills Rat Testis Cells French version.5 allégée
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