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"Droits des femmes 8 mars 2025 : cas de Jeanne Chauvin la 1ère avocate ; Yvonne Choquet-Bruhat, 1ère à l’Académie des sciences France ; Hedy Lamarr inventrice du système de codage des transmissions de données Etats-Unis" par Jacques Hallard

mercredi 5 mars 2025, par Hallard Jacques

ISIAS Femmes 2025

Droits des femmes 8 mars 2025 : cas de Jeanne Chauvin la 1ère avocate ; Yvonne Choquet-Bruhat, 1ère à l’Académie des sciences France ; Hedy Lamarr inventrice du système de codage des transmissions de données Etats-Unis

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 05/03/2025

Le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes, déclarée comme telle par l’Organisation des Nations-Unies en 1977. Si la mobilisation et le travail en faveur de l’égalité sont quotidiens, cette date est l’occasion chaque année de rappeler les avancées et les progrès qu’il reste à faire.

8 mars : Journée internationale des droits des femmes - 2023 ...

8 mars 2025, Journée internationale des droits des femmes - Publié le 03/03/2025

Le 8 mars, journée d’action et de mobilisation, est l’occasion de réaffirmer l’engagement de l’État à faire progresser l’égalité et les droits des femmes, pour toutes, partout et tout le temps.

De nombreuses initiatives rythmeront une semaine de communication du 3 au 8 mars. Cette séquence sera l’occasion de valoriser les actions menées par le Gouvernement autour de trois thématiques du plan interministériel « Toutes et Tous Egaux » 2023-2027 : l’égalité professionnelle, la culture de l’égalité, la santé des femmes.

Encourager l’égalité professionnelle et promouvoir l’autonomie économique des femmes{{}}

L’égalité professionnelle et l’autonomie économique des femmes sont les conditions premières de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

Le plan « Toutes et Tous Égaux » porte un ensemble de mesures notamment pour faire progresser l’égalité femmes-hommes dans la sphère professionnelle, encourager la mixité dans les filières d’avenir et les entreprises, ou encore soutenir l’entrepreneuriat au féminin.

Découvrir les mesures en faveur de l’égalité professionnelle

Diffuser la culture de l’égalité

Les stéréotypes de genre attribuent des rôles et des fonctions prédéfinis aux femmes et aux hommes, dans la vie professionnelle et privée. Pour permettre aux filles et aux garçons de se libérer de ces représentations qui pèsent sur leurs choix et limitent le champ des possibles, il est essentiel de promouvoir la culture de l’égalité dès l’enfance.
Le plan « Toutes et Tous Égaux » comporte des mesures visant notamment à diffuser la culture de l’égalité à l’école et autour de l’école, à combattre l’influence des stéréotypes sur les choix scolaires et l’orientation professionnelle et à éduquer les élèves à la vie affective, relationnelle et à la sexualité.

En savoir plus sur la transmission de la culture de l’égalité.

Promouvoir la santé des femmes

Longtemps restée taboues et ignorées, les spécificités liées au genre en matière de santé engendrent des inégalités. Il est essentiel de mieux prendre en compte les spécificités de la santé des femmes pour prévenir les risques et renforcer leur accès aux soins.

Le plan « Toutes et Tous Égaux » comporte des mesures visant notamment à garantir aux femmes le droit à disposer de leur corps, à améliorer la santé de toutes les femmes à chaque étape de leur vie et à soutenir les femmes précaires et vulnérables. 

Consulter les mesures en faveur de la promotion de la santé des femmes

Ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes ...

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Source : https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/8-mars-2025-journee-internationale-des-droits-des-femmes

Femmes - 2025 Jeanne Chauvin (1862-1926), le barreau au féminin - Publié le dimanche 19 janvier 2025 - radiofrance.fr/franceculture – Provenant du podcast Toute une vie

Toute une vie carré

Le 21 janvier 1901, la féministe Jeanne Chauvin devient la première femme à plaider dans un tribunal jusqu’ alors interdit aux « femmes-avocats ». Aujourd’hui, grâce au combat de cette pionnière, les femmes en robe représentent 60 % de la profession d’avocat.

Le parcours de Jeanne Chauvin dans un univers jadis exclusivement peuplé d’hommes est totalement épique et ponctué d’épisodes rocambolesques !

Sa jeunesse et ses études

Née en 1862 à Jargeau, dans le Loiret, elle devient orpheline de père à 17 ans. Ce dernier, notaire à Provins, en Seine-et-Marne, meurt subitement d’apoplexie. Sa mère décide alors de rejoindre Paris, pour qu’elle et son frère, de milieu bourgeois, puissent réussir leurs études. Elle obtient deux baccalauréats (lettres et sciences), deux licences (philosophie et droit) et vise un doctorat en droit jusqu’alors réservé aux hommes.

Déjà animée d’une fièvre féministe, dès 1887, à 25 ans, elle écrit dans « la Revue de France » : « les femmes sont les égales des hommes par le cœur, le sentiment, la pensée et la raison... Dans la civilisation moderne, la femme ne peut plus n’être rien alors que l’homme serait tout... Philosophiquement et rationnellement, l’idée de l’égalité se conçoit et s’impose dans tous les domaines ».

Buste de Jeanne Chauvin exposé à Provins (Sculpté par Louise Elisabeth Munaut) - Ville de Provins. Archives municipales / Louise Elisabeth Munaut

Buste de Jeanne Chauvin exposé à Provins (Sculpté par Louise Elisabeth Munaut) - Ville de Provins. Archives municipales / Louise Elisabeth Munaut

Le 2 juillet 1892, à 30 ans, elle soutient sa thèse de doctorat sur le thème : « Etude historique sur les professions accessibles aux femmes, influence du sémitisme sur l’évolution de la position économique de la femme dans la société » (en droit romain et français). Elle y affirme que c’est notamment sous l’influence de la Bible et du catholicisme qu’a été introduite et consolidée l’inégalité juridique entre les hommes et les femmes.

Reçue docteur en droit à l’unanimité du jury (malgré une soutenance perturbée par des étudiants masculins chantant La Marseillaise), elle prend la plume dans « L’Illustration » pour célébrer « la mort d’une légende (!), celle de la supériorité masculine et de l’abîme séparant les deux moitiés de l’humanité ». La presse patriarcale de l’époque la traite de provocatrice ! Le monde judiciaire reconnaît son esprit vif mais la maintient systématiquement à l’écart !

Elle est alors chargée de dispenser des cours de droit dans plusieurs lycées parisiens pour jeunes filles. Dans le même temps, elle continue son combat pour l’équité en écrivant dans les publications féministes de l’époque.

Après des débuts difficiles, la reconnaissance
Dès 1893, elle demande aux parlementaires « d’accorder à la femme mariée le droit d’être témoin dans les actes publics ou privés et d’admettre la capacité des femmes mariées à disposer des produits de leur travail ou de leurs industries personnelles ». C’est un pas vers l’indépendance financière des femmes pénalisées en cas de divorce (situation par ailleurs peu admise à l’époque). Cette mesure novatrice est légalisée ! Une première réussite pour l’avant-gardiste opiniâtre.

Mais, la grande victoire de Jeanne Chauvin commence tout d’abord par un échec ! En effet, le 30 novembre 1897, malgré ses diplômes et ses arguments tout à fait légitimes, les magistrats de la Cour uniquement composée d’hommes refusent à Jeanne Chauvin son inscription au Barreau de Paris, et donc la possibilité d’être avocate et de plaider en tant que femme. D’après eux, la profession d’avocat est un exercice viril par excellence. Il serait dangereux et injuste de troubler la sérénité des jugements par une séduction féminine indissociable du sexe dit « faible ». Je cite : « Si les femmes reçoivent le droit de plaider, ne risque-t-on pas d’accuser le magistrat de s’être laissé convaincre par d’autres moyens que de bons arguments juridiques ? ». Ils ajoutent : « le tempérament émotionnel et par-là même passionné de la femme et sa nature essentiellement analytique sont incompatibles avec la sérénité et l’esprit de synthèse qui doivent caractériser la justice ». Considérant Jeanne Chauvin comme manipulatrice et arrogante. Ils renvoient au législateur la possibilité d’ouvrir les plaidoiries aux femmes et leur accession au métier d’avocat.

Jeanne Chauvin rédige alors un projet de loi égalitaire. Et, malgré les sous-entendus misogynes et salaces qui seront encore plus violents chez les parlementaires, la victoire est au bout du chemin pour la pionnière provinoise. Cela prendra trois ans ! Elle active son réseau familial et ses connaissances. Son frère, Emile Chauvin, avocat, professeur de droit et député de seine-et-marne ainsi que le condisciple de ce dernier, René Viviani, déposent avec Paul Deschanel et Raymond Poincaré la proposition de loi de Jeanne. Aprement contestée par les barbons conservateurs mais finalement minoritaires, la loi est adoptée grâce à la gauche par les deux chambres parlementaires. Elle sera promulguée par le président Emile Loubet le 1er décembre 1900. Désormais, les femmes sont avocates à l’égal des hommes et peuvent plaider dans les tribunaux.

Prestation du serment d’avocat de Jeanne Chauvin, « L’Illustration », n°3017 du 22 décembre 1900. Dessin de Louis Sabattier

Prestation du serment d’avocat de Jeanne Chauvin, « L’Illustration », n°3017 du 22 décembre 1900. Dessin de Louis Sabattier - © Collection Musée du Barreau de Paris

Jeanne Chauvin prête alors serment au barreau de Paris le 19 décembre 1900. Sa première plaidoirie porte sur « l’accident de chemin de fer très meurtrier de Choisy-le-Roi ». Elle gagne le procès intenté au cheminot qui sert de lampiste.

Après plus de 20 ans de pratique, l’engagement de Jeanne Chauvin est reconnu au plus haut sommet de l’Etat. Elle est nommée Chevalier de la légion d’honneur, le 19 janvier 1926, par le président Raymond Poincaré, lui-même avocat. Elle s’éteint huit mois plus tard, à 64 ans, dans sa maison de Provins où elle venait souvent peindre et se ressourcer. Sa vie aura été un véritable apostolat pour l’équité ! Et sa lutte, une des plus belles pour les femmes !

>> Remerciements à Cindy Geraci, Directrice du Musée du barreau de Paris.

À écouter :

Femmes et justice et avec Michelle Perrot, le droit de vote des femmes (3/3). Les femmes, toute une histoire 54 min

Femmes dans les professions judiciaires : entre augmentation et discriminations Esprit de justice 58 min

Pour en parler :

  • Luc Duchamp, conservateur en chef du patrimoine de la ville de Provins.
  • Hélène Duffuler-Vialle, maîtresse de conférence en histoire du droit, chercheuse, spécialiste des études de genre.
  • Michèle Dassas, écrivaine, autrice de « Jeanne Chauvin, pionnière des avocates ».
  • Aurélie Chaney, avocate et autrice avec Djoïna Amrani du roman graphique « Jeanne Chauvin, la plaidoirie dans le sang ».
  • Jean-Noël Jeanneney, historien, auteur de l’article, La victoire de Jeanne Chauvin, avocate paru dans le journal « Le Monde » (21 juillet 1987).
  • Christiane Féral-Schuhl, ex-bâtonnière du barreau de Paris et ancienne présidente du Conseil national des barreaux.
  • Julia Minkowski, avocate pénaliste et féministe, cofondatrice du Club des avocates pénalistes.

    Extrait de la Une du Journal ’Excelsior’ sur le centenaire de l’Ordre des Avocats, Les femmes avocates au barreau de Paris - n°du 11 décembre 1910

Extrait de la Une du Journal ’Excelsior’ sur le centenaire de l’Ordre des Avocats, Les femmes avocates au barreau de Paris - N°du 11 décembre 1910 - © Collection Musée du Barreau de Paris

Lectures :

Extraits d’entretiens dans la presse de l’époque, avec Jeanne Chauvin, lus par Valérie Kaprisky

Anne Bouillon, avocate : ’Sans courage, l’avocat n’est rien’ Les Chemins de la philosophie 58 min

Bibliographie choisie :

Portrait de Jeanne Chauvin peint par C215 à Provins, sur une armoire technique. - © Dominique Prusak

Générique - Un documentaire de Dominique Prusak, réalisé par François Teste. Prises de sons et mixage, François Teste. Documentalistes Radio France, Corinne Chauvel, Véronique Lefalher, Antoine Vuilloz. Coordination, Emmanuel Laurentin. Chargée de programme et édition web, Sandrine Chapron.

L’équipe - Dominique Prusak Production

Emmanuel Laurentin

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/jeanne-chauvin-1862-1926-le-barreau-au-feminin-7163317

À propos de Jeanne Chauvin : une avocate et féministe française née à Jargeau dans le département français du Loiret le 22 avril 1862 et morte le 27 septembre 1926 à Provins dans le département français de Seine-et-Marne. Elle est la première femme à plaider comme avocate en France en 1901… Wikipédia

Livres : Étude historique sur les professions accessibles aux femmes : Influence du sémitisme sur l’évolution de la position économique de la femme dans la société, PLUS 

Enseignement : École de Droit de la Sorbonne - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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Femmes - Yvonne Choquet-Bruhat, première femme à entrer l’Académie des sciences - Physicienne et mathématicienne, elle a dialogué avec Einstein - Sciences - Publié le 3 juin 2012

Yvonne CHOQUET-BRUHAT

Avec Yvonne CHOQUET-BRUHATMembre de l’Académie des sciences

Les travaux d’Yvonne Choquet-Bruhat sont à la frontière entre la physique et les mathématiques. Ses recherches ont conduit notamment à des progrès spectaculaires récents en astronomie, pour le calcul des ondes gravitationnelles émises lors de l’effondrement et la fusion de deux trous noirs.

Première femme à faire son entrée à l’Académie des sciences en 1979, toujours proche de la jeune génération, elle poursuit ses activités de publication en leur compagnie, par passion, sans faire pour autant de la science un combat. Yvonne Choquet-Bruhat nous livre quelques moments de sa vie au cours de cette émission.

Référence : hab690 - Télécharger l’émission (25.12 Mo)

https://api.canalacademies.com/sites/default/files/images/2022-06/Yvonne%20Choquet_0.jpg

Yvonne Choquet-Bruhat à Berkeley en 1974, par George M. Bergman

L’Académie des sciences, c’est une histoire de famille chez les Choquet-Bruhat.

Le frère d’Yvonne, François, mathématicien était membre de l’Académie des sciences ; son mari, Gustave Choquet aussi ; notre invitée y fit son entrée en 1979, devenant ainsi la première femme à faire son entrée au sein de l’institution. Et depuis peu, le fils Daniel Choquet, biologiste, s’est ajouté au palmarès.

Le père d’Yvonne aurait pu, lui aussi, trouver sa place à l’Académie des sciences : Georges Bruhat était un éminent physicien expérimentateur, titulaire de la chaire de physique à l’Ecole normale supérieure et dont le plus connu de ses livres est encore à ce jour réédité [1].
Déporté pendant la guerre pour avoir refusé de collaborer avec la gestapo, il ne survivra pas aux camps. De cette période, Yvonne Choquet Bruhat ne garde que peu de souvenirs, « J’étais très protégée, même trop », et se laisse porter par ses études.

« Dans un sens m’a beaucoup influencée, mais il faut dire qu’il portait plus d’intérêt à son fils. Il ne pensait pas que sa fille deviendrait une scientifique connue. Il pensait que je serais une bonne mère de famille, professeur de lycée ».

Pourtant, Yvonne avance de façon brillante : reçue à l’ENS (Ecole normale supérieure), elle ressort première de l’agrégation de mathématiques, « comme ça, sans vraiment travailler » confesse-t-elle. Pour notre invitée, « les mathématiques, c’est assez simple. La physique, c’est plus pour les besogneux ! ». Et ce qui intéresse dès le départ Yvonne Choquet-Bruhat, c’est de comprendre le monde réel à travers la physique, avec les outils mathématiques.

Pourtant, l’époque signe les grandes heures du groupe Bourbaki qui promeut des mathématiques pures. On devine qu’Yvonne Choquet Bruhat est loin d’y adhérer, de même que ses maîtres que sont Georges Darmois, Jean Leray et André Lichnerowicz !

Trois hommes pour une femme

Georges Darmois, mathématicien, membre de l’Académie des sciences, était l’ami du père d’Yvonne. « Il a toujours été présent pour moi et il a été mon patron de JH2025-03-05T07:08:00J

thèse ».
Quant à André Lichnerowicz, il est son soutien. Il lui demande de résoudre les problèmes de Cauchy pour les équations d’Einstein. Ce qu’elle fit sans aucune difficulté !

Mais celui qui l’inspire s’appelle Jean Leray. Il lui confie un sujet de thèse plus intéressant, sur l’existence d’ondes gravitationnelles. C’est lui qui l’invite à Princeton où elle rencontre Albert Einstein.« Jean Leray m’a présenté à Einstein en disant que j’avais travaillé sur la relativité générale et que j’étais la fille de Georges Bruhat, mort en déportation. Einstein m’a fait entrer dans son bureau et m’a dit : exposez-moi votre thèse, ce que je fis. C’était un homme pas du tout intimidant. Je lui ai exposé ma thèse, il a trouvé cela intéressant et m’a dit de passer dans son bureau quand je voulais, lui qui ne fréquentait pas beaucoup les gens. J’y suis allée de temps en temps mais depuis, j’ai regretté de ne pas y être allée plus souvent ! En fait, ses travaux de l’époque ne m’intéressaient pas vraiment, mais je les comprends mieux maintenant.

Il cherchait ce que les physiciens ont poursuivi et poursuivent encore : une théorie unitaire qui expliquerait tout. Mais la voie sur laquelle s’était engagée Einstein à l’époque n’était pas la bonne. Il aimait bien faire des calculs mathématiques, même s’il n’était pas certain que c’était la bonne voie ».

Yvonne Choquet-Bruhat

© Canal Académie \/ Clément Moutiez

Yvonne Choquet-Bruhat écourte son séjour à Princeton. Elle est appelée à devenir maître de conférence à Marseille, poste qu’elle occupera pendant plusieurs années. Elle remporte entre-temps la médaille d’argent du CNRS, « mais la concurrence était moins dure à l’époque » s’empresse d’ajouter notre mathématicienne. « J’ai eu plus de succès que d’ambition. Je n’ai pas eu l’impression d’avoir eu à prouver quelque chose ».

Puis elle devient professeur à l’université Pierre et Marie Curie à Paris, de 1960 à 1992, date à laquelle elle devient émérite. Entre temps, Yvonne Choquet-Bruhat fait son entrée à l’Académie des sciences, en tant que correspondant au début, puis en tant que membre en 1979, devenant la première femme. Etait-ce une surprise ? « Oui et non » répond l’intéressée : « Lichnerowicz m’avait dit que je serai la première femme à entrer à l’Académie des sciences, mais c’est surtout Leray qui a fait campagne pour moi. Comme j’ai toujours été la seule femme partout où j’allais, ça ne m’a pas fait plus d’effet que ça ! »
Les applications des travaux d’Yvonne Choquet Bruhat

Yvonne Choquet Bruhat a créé de nouvelles méthodes mathématiques qui ont permis l’étude de plusieurs théories physiques :

- la théorie de la relativité générale, la théorie de la gravitation d’Einstein

- ou encore l’hydrodynamique relativiste

Ces formules ont conduit à des progrès spectaculaires récents, notamment en astronomie, pour le calcul des ondes gravitationnelles émises lors de l’effondrement et de la fusion de deux trous noirs ; des éléments très importants pour les détecteurs interférométriques géants d’ondes gravitationnelles comme VIRGO (projet franco-italien) ou LIGO (projet américain).

VIRGO est destiné à vérifier l’existence des ondes gravitationnelles, prédites par la théorie de la relativité générale d’Albert Einstein.

Aujourd’hui, Yvonne Choquet-Bruhat continue ses activités et travaille avec Thibault Damour sur des travaux personnels et collabore avec la jeune génération.

« Comme le dit Jean d’Ormesson, plus on fait de physique plus on se rend compte que c’est une chose bien étrange que le monde... Car plus je travaille, plus je me rends compte que le réel est inaccessible ! Il y aura encore beaucoup de travail pour les physiciens ! »

En savoir plus : {{}}

Yvonne Choquet-Bruhat, General Relativity and the Einstein Equations, éditions Presses universitaires d’Oxford

Yvonne Choquet-Bruhat, Basic general relativity, cosmology and black halls, éditions Presses universitaires d’Oxford (à paraître)

Jean-François Dars, Annick Lesne, Anne Papillault, Les déchiffreurs, voyage en mathématiques, éditions Belin, 2010. Photographie illustrant le travail des mathématiciens dont ceux d’Yvonne Choquet-Bruhat

- Yvonne Choquet-Bruhat, membre de l’Académie des sciences

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Source : https://www.canalacademies.com/emissions/en-habit-vert/yvonne-choquet-bruhat-premiere-femme-a-entrer-lacademie-des-sciences

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À propos d’Yvonne Choquet-Bruhat, née le 29 décembre 1923 à Lille et morte à Mérignac le 11 février 2025, est une mathématicienne et physicienne française… Wikipédia - Date/Lieu de naissance : 29 décembre 1923, Lille - Date de décès : 11 février 2025, Mérignac - Enseignement : Centre national de la recherche scientifique (1949–1951), PLUS - Époux : Gustave Choquet (m. 1961–2006) - Parents : Georges Bruhat, Berthe Hubert - Enfant : Daniel Choquet

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Femmes - Hedy Lamarr, le génie scientifique éclipsé par la beauté - 24.01.2025, par Emilie Martin – Document ‘lejournal.cnrs.fr’ Numérique Télécommunications

Hedy Lamarr, 1940 © Photo12/Alamy/Pictures From History, CPA Media Pte Ltd

Photo12/Alamy/Pictures From History, CPA Media Pte Ltd

L’actrice Hedy Lamarr est décédée il y a 25 ans. Inventrice de génie, elle a conçu un système de codage des transmissions de données, utilisé notamment dans les télécommunications. Mais, durant des décennies, l’histoire n’a retenu que la star hollywoodienne.

Le 10 juin 1941, avec son ami compositeur et pianiste George Antheil, Hedy Lamarr dépose le brevet intitulé « Système de communication secrète » auprès de l’Office des brevets et des marques des États-Unis. En quoi consiste cette invention ?
Olga Paris-Romaskevich1 Ce brevet est déposé en pleine Seconde Guerre mondiale, où il était crucial de protéger les communications, par exemple celles d’un navire attaquant un sous-marin. En effet, l’ennemi pouvait intercepter le signal envoyé par l’émetteur radio de guidage dudit navire à destination d’une torpille équipée d’un récepteur radio. Dans leur brevet, Antheil et Lamarr proposent d’avoir recours à ce qu’on appelle aujourd’hui l’« étalement du spectre par saut de fréquence ». Il s’agit, au cours d’une transmission, de passer d’une fréquence radio à l’autre, en suivant un ordre aléatoire et non périodique connu à l’avance par l’émetteur et le récepteur, à la manière d’un code secret. Cela permet de transmettre des instructions sans que l’ennemi puisse les intercepter ou les brouiller.

Succession George Antheil

Ce cliché est sans doute le seul réunissant Hedy Lamarr (au centre) et, à sa gauche, son ami pianiste George Antheil. Succession George Antheil

Isabelle Vauglin 2 Ce qui est fascinant, c’est que leur solution est aussi poétique qu’ingénieuse : les deux inventeurs se sont inspirés du fonctionnement des pianos mécaniques. Dans ces instruments, les trous de cartes perforées (telles celles des premiers ordinateurs) agissent comme des commandes, qui contrôlent les touches qui doivent être jouées. L’ordre du changement de fréquence qu’ils proposent dans leur brevet n’est autre qu’un morceau de musique joué par un piano ! Ils proposent d’ailleurs d’utiliser 88 fréquences différentes, ce qui correspond au nombre de touches sur un piano. Leur brevet mentionnait même l’idée d’utiliser un mécanisme s’inspirant du piano mécanique pour contrôler le changement de fréquence.

Aujourd’hui, l’étalement du spectre par saut de fréquence est utilisé dans beaucoup de technologies de communication telles que le Bluetooth ou encore le GPS. Faut-il se souvenir d’Hedy Lamarr comme la pionnière des télécommunications modernes ?
O. P.-R. Il est important de ne pas tomber dans deux écueils. Dune part, invisibiliser la contribution dAntheil et Lamarr, qui nont pas reçu d’éducation scientifique formelle, mais ont pourtant fait une contribution marquante à lhistoire des idées. Mais il ne faut pas non plus considérer quils étaient les premiers à proposer le saut de fréquence – une idée dont lhistoire semble compliquée à retracer. En tout cas, des brevets similaires avaient déjà été déposés dans les années 1920 et 1930, notamment par un ingénieur néerlandais, Willem Broertjes, en 1929. Il est probable quHedy Lamarr ait été exposée à ces concepts lorsquelle était en Autriche, mariée à Friedrich Mandl, un vendeur darmes très proche du régime nazi.

Notes et dessins. Source National Museum of American History, Archives Center

Cahier de notes et schémas détaillant le « Système secret de communication », dont Hedy Lamarr et George Antheil déposèrent le brevet en 1941. National Museum of American History, Archives Center

Je pense que Hedy Lamarr et George Antheil méritent tous les deux leur juste place dans l’histoire des sciences. Ils portent le message que la science appartient à tout le monde. Hedy Lamarr n’était pas une scientifique professionnelle, mais elle était une citoyenne engagée contre le fascisme et elle a apporté une vraie pierre à l’édifice des télécommunications.

Même si on ne peut pas qualifier Hedy Lamarr de pionnière absolue des communications modernes, son rôle dans le développement de ces techniques reste crucial.

I. V. C’est en effet remarquable ! Elle était complètement autodidacte. Sa capacité à comprendre, mémoriser et réutiliser ces idées impressionne. Et, même si on ne peut pas la qualifier de pionnière absolue des communications modernes, son rôle dans le développement de ces techniques reste crucial. Avec le brevet qu’elle cosigne en 1941, elle a clairement marqué l’histoire de la télécommunication.

Elle n’a pourtant été reconnue pour son brevet que près d’un demi-siècle plus tard, en 1997, lorsqu’elle a reçu les prix Pioneer et de l’Electric Frontier Foundation, ainsi que le Bulbie Gnass Spirit of Achievement Award, souvent surnommé l’« oscar des inventeurs ». A-t-elle été victime de son image de beauté ?
O. P.-R. Son intelligence était souvent perçue comme en trop, c’est sûr ! Pour son premier mari, Friedrich Mandl, elle n’était qu’une belle poupée. En 1937, Lamarr s’enfuit de ce mariage. Puis, aux États-Unis, c’est un producteur de cinéma, Louis Mayer, qui la «  vend » comme «  la plus belle femme du monde ». Seule sa beauté était reconnue par les hommes qui l’entouraient, et non son intelligence – sauf par George Antheil ! Alors qu’ils ont déposé leur brevet, qui visait à aider les Alliés, on a demandé à Lamarr de faire un tour du pays pour embrasser les hommes contre l’achat d’obligations de guerre… Ce qu’elle a fait. Elle a misé sur sa beauté pour survivre. Malgré cela, elle n’a jamais arrêté de rêver à des inventions.

US National Archives and Records Administration / US Patent Office

Le brevet déposé en juin 1941 par Hedy Kiesler Markey (le véritable nom de l’actrice et celui de son mari) et George Antheil contient quatre pages d’explications et des schémas. La figure 4 (page de gauche, au milieu) rappelle les cartes perforées des pianos mécaniques. US National Archives and Records Administration / US Patent Office

I. V. Tout à fait. Et elle a été enfermée dans ce carcan par tout le monde. Elle avait une réelle curiosité scientifique, une soif de comprendre comment les choses fonctionnent. Pourtant, la société ne l’a soutenue que dans sa carrière d’actrice, jamais dans ses ambitions scientifiques. Son père a certes nourri sa passion quand elle était enfant, en l’encourageant à poser des questions, en lui expliquant le fonctionnement de mécanismes, mais, in fine, ses parents ne l’ont pas poussée à poursuivre des études dans ce domaine. 

A-t-elle été victime de l’effet Matilda, ce phénomène d’invisibilisation des femmes scientifiques au profit de leurs collègues masculins ?
I. V. Oui, en quelque sorte. À l’origine, ce phénomène a été conceptualisé par le sociologue Robert K. Merton, qui avait étudié la notoriété des scientifiques selon leur position dans la structure hiérarchique où ils travaillaient. Il avait constaté que les chefs bénéficiaient souvent d’une reconnaissance disproportionnée au regard de leur contribution réelle. Il avait nommé ce mécanisme social « l’effet Matthieu », en référence à ce passage de l’Évangile selon Matthieu : « Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a  ».

Hedy Lamarr, 1942 © AP / Sipa

Hedy Lamarr compta parmi les stars hollywoodiennes qui participèrent à partir de 1941 au soutien moral des forces armées américaines, à travers l’United Service Organizations (USO). AP / Sipa

Plus tard, Margaret Rossiter a repris ce concept pour désigner les femmes scientifiques dont le travail et les découvertes sont minimisées. Elle l’a nommé « effet Matilda » en hommage à Matilda Joslyn Gage, une militante qui s’est battue pour la reconnaissance des femmes. L’histoire est pleine d’exemples édifiants : Lise Meitner, codécouvreuse de la fission nucléaire avec Otto Hahn, mais oubliée du Nobel en 1945 ; Rosalind Franklin, dont le cliché révélant la structure en double hélice de l’ADN a carrément été volé par Watson et Crick qui, en 1962, ont reçu le Nobel sans elle ; ou encore Jocelyn Bell, dont le directeur de thèse a refusé qu’elle inclue sa découverte du tout premier pulsar dans sa thèse, et qui a reçu le Nobel en 1974 à sa place…

O. P.-R. Et cet effet n’a malheureusement pas disparu. Il se manifeste encore aujourd’hui à tous les échelons de la recherche.

Quelles actions menez-vous chacune pour que la situation évolue ?
I. V. Pour encourager les femmes à embrasser des carrières scientifiques, Femmes & Sciences organise de nombreuses actions, en particulier l’exposition « La science taille XX elles » (en partenariat avec le CNRS) et, chaque année, les journées « Sciences, un métier de femmes ! », réservées aux femmes et qui visent à leur montrer via des modèles féminins que tous les métiers scientifiques sont mixtes et à démonter les stéréotypes de genre. Pour la neuvième édition, qui se tiendra le 11 mars à l’École normale supérieure de Lyon, nous avons déjà reçu 870 demandes de participation. Cela montre à quel point cette initiative répond à un besoin.

Courtesy Everett Collection / Bridgeman Images

Bricoleuse et autodidacte, Hedy Lamarr étudie des plans de réaménagement de son domaine, dans le quartier de Bel-Air, à Los Angeles, vers 1940. Courtesy Everett Collection / Bridgeman Images

Nous proposons également un programme de mentorat, car les femmes ont besoin d’être aidées et encouragées à prendre leur place dans des environnements qui restent très masculins. Il est important de transmettre un message d’espoir : malgré le sexisme et le patriarcat qui persistent dans les milieux scientifiques, les femmes peuvent trouver des alliées et avancer.

O. P.-R. Les mathématiques fondamentales sont l’une des disciplines les moins féminisées à l’université française. Avec des collègues, nous avons créé « May 12th », une journée internationale de célébration des femmes en mathématiques. J’ai participé aussi à l’organisation de stages (« Les Cigales ») à destination des lycéennes, dans le but de leur faire découvrir la démarche de recherche en mathématiques dans une ambiance bienveillante, en non-mixité. J’ai aussi coécrit l’ouvrage Matheuses(link is external) (CNRS Éditions), qui explique les mécanismes d’exclusion des filles et des femmes dans les sciences et dans les mathématiques en particulier. ♦

Notes

  • 1. Mathématicienne, chargée de recherche CNRS au sein de l’Institut Camille Jordan (CNRS / École centrale de Lyon/Insa Lyon/Université Lyon 1 Claude-Bernard/Université Lyon 3 Jean-Monnet).
  • 2. Astrophysicienne au Centre de recherche astrophysique de Lyon (Cral, unité CNRS/ENS de Lyon/université Lyon 1 Claude-Bernard) et présidente de l’association Femmes & Sciences.
    Voir aussi : {{}}

Article 21/01/2025 Des réseaux intelligents pour mieux distribuer les énergies...

Article 11/12/2024 IA et valeurs humaines : un problème d’alignement

Article 14/11/2024 Alexandre Grothendieck, un génie engagé

Article 18/01/2021 À quoi sert la 5G ?

Article 13/01/2021 Les capteurs, l’autre révolution quantique

Auteur : Emilie Martin journaliste scientifique. En savoir plus sur l’auteur

Mots-clés : télécommunications Brevet secret Cryptage piano Transmission étalement du spectre par saut de fréquence effet Matthieu effet Mathilda

Nous contacter Charte d’utilisation - Numéros papiers : CNRS Le Journal – décembre 2024 n°318 - Voir tous les numéros - Faites un don pour la recherche ! © 2025, CNRS

Source :https://lejournal.cnrs.fr/articles/hedy-lamarr-le-genie-scientifique-eclipse-par-la-beaute

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À propos de Hedwig Kiesler, dite Hedy Lamarr : une actrice, productrice de cinéma et inventrice autrichienne, naturalisée américaine, née le 9 novembre 1914 à Vienne et morte le 19 janvier 2000 à Casselberry aux Etats-Unis… - Wikipédia - Époux : Lewis J. Boies (m. 1963–1965), PLUS - Enfants : James Loder, Anthony Loder, Denise Loder-DeLuca - Parents : Gertrud Kiesler, Emil Kiesler

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Collecte de documents et agencement par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 05/03/2025

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[1Georges Bruhat, Optique, éditions Dunod, 6e réédition, 2006