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"Les inégalités en France et dans le monde menacent le développement social et économique à long terme, portent atteinte à la réduction de la pauvreté et détruisent le sentiment d’accomplissement et d’estime de soi des personnes" par Jacques Hallard

mardi 15 octobre 2024, par Hallard Jacques


ISIAS Economie Sociologie Inégalités

Les inégalités en France et dans le monde menacent le développement social et économique à long terme, portent atteinte à la réduction de la pauvreté et détruisent le sentiment d’accomplissement et d’estime de soi des personnes

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 10/
10/2024

dessin presse humour montée océans image drôle montée inégalités

In La montée des requins - 10 octobre 2020 / L’actu de SanagaSource

Plan du document : Introduction Sommaire Auteur

Introduction

Ce dossier - préparé dans une optique didactique - débute par une longue rétrospective de ‘ses.ens-lyon.fr’ qui fait entrer dans l’univers des inégalités… puis le sujet est repris avec une synthèse du Rapport sur les inégalités en France, édition 2023, de l’Observatoire des inégalités…

L’École normale supérieure de Lyon (ou ENS de Lyon) est une grande école scientifique et littéraire française, l’une des quatre écoles normales supérieures. Elle forme à l’enseignement et à la recherche dans le domaine des sciences fondamentales et expérimentales ainsi que dans celui des lettres et sciences humaines. Originellement créée pour former exclusivement ses élèves-fonctionnaires ou normaliens, recrutés sur concours, l’ENS forme aujourd’hui également des étudiants-normaliens non rémunérés, des auditeurs et des étudiants étrangers. L’École accueille environ 2 200 étudiants, 1 000 chercheurs, et un nombre important de laboratoires et de centres de recherches, répartis en douze départements. Référence dans l’enseignement supérieur français, elle est un centre de recherche important, et l’un des centres essentiels de formation des chercheurs français depuis le XIXe siècle, notamment, par son histoire, dans les domaines de la pédagogie et de l’éducation… - Source

Un coup d’œil est jeté ensuite sur un marqueur des inégalités de genre avec « l’humour des femmes au travail » ! Et un document d’OXFAM aide à « comprendre les inégalités femmes-hommes et à les combattre »

Oxfam International est une confédération d’une vingtaine d’organisations caritatives indépendantes à travers le monde. Celles-ci travaillent ensemble et en collaboration avec des partenaires locaux répartis dans 66 pays dans le monde… - Wikipédia - Création : 1942, Oxford, Royaume-Uni - Fondateur : Cecil Jackson-Cole - Directeur général intérimaire : José María Vera - Site web : Oxfam.org - Type : Aide humanitaire ; Organisation internationale

Ensuite, un document ‘vie-publique.fr’ indique « les grandes tendances des inégalités dans le monde  » et ce thème est aussi repris dans un document ‘lafinancepourtous.com’, et Delphine Pouchain aborde, par ‘theconversation.com’, « le secteur économique du luxe : la consommation des ultrariches est-elle morale ? »

La réduction des inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre est traité dans un document officiel des Nations Unies avec l’ « Objectif 10 : Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre », ce qui permet de revoir aussi les aitres Objectifs du Développement Durable (ODD) de cet organisme international…

La reprise économique fait régulièrement l’objet d’analyses et n’est pas incluse ici – Par contre ce dossier fait une place à un autre document ‘Vie Publique‘ concernant l’environnement : un article placé par Stéphanie Monjon, enseignante-chercheuse en sciences économiques à l’université Paris Dauphine-PSL qui propose « la sobriété comme levier essentiel de la transition….

La reprise économique désigne la phase du cycle économique où l’économie sort de la récession et retrouve un sentier de croissance positive de son produit intérieur brut (PIB). Selon le contexte économique – et notamment l’ampleur de la crise, elle peut prendre des allures variées. 15 mai 2023

Pour en savoir plus > Abécédaire de la reprise économique - La finance pour tous

On peut aussi se référer à Novethic – « Voiture, viande, vêtements neufs : les Français pas encore prêts pour la sobriété – « L’ADEME, en partenariat avec l’Obsoco, vient de publier le tout premier baromètre sur la sobriété et les Français. Tous les chiffres ... » - 18 mars 2024 Voir par ici > https://www.novethic.fr/environnement/climat/sobriete-et-si-les-francais-etaient-prets

Les articles sélectionnés pour ce dossier sont mentionnés avec leurs accès dans le sommaire ci-après

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Sommaire

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  • Rétrospective - Entrée dans l’univers des inégalités avec ‘ses.ens-lyon.fr’{{}}
    Ce Grand Dossier est consacré aux inégalités, à la fois économiques et sociales, et à leur analyse empirique et théorique. Il permet d’aborder l’évolution des inégalités et de leurs formes, des concepts tels que la discrimination ou l’égalité des chances, ainsi que les politiques (scolaires, fiscales...) de lutte contre les inégalités et les discriminations.

Présentation du dossier{{}}

Le thème des inégalités, apparu avec la montée de l’aspiration à l’égalité dans les sociétés modernes, est très présent dans la réflexion sociologique, mais il intéresse aussi les économistes et les politistes. Les inégalités qu’elles soient qualitatives ou quantitatives, prennent des formes variées : inégalités de revenu ou de patrimoine, inégalités scolaires, culturelles, générationnelles, genrées, politiques, etc. Les inégalités sont un phénomène objectif, quantifiable, mais elles ont aussi une dimension subjective à travers leur perception et leur ressenti par les individus.

L’étude des inégalités soulève ainsi de nombreuses questions d’ordre statistique et méthodologique (que mesurer et comment ?), économique (comment expliquer la montée des inégalités ? quels sont les liens entre inégalités et croissance ?), sociologique (pourquoi certains groupes ou catégories sociales sont-ils plus touchés par les inégalités ? quelles sont les nouvelles formes d’inégalités dans notre société ?), politique (comment lutter contre les inégalités et les discriminations ?), de justice sociale (quelle égalité promouvoir, égalités des droits, des chances ?).

Ce Grand Dossier consacré aux Inégalités propose des ressources et des analyses variées pour alimenter la réflexion sur ce thème. Il permettra notamment d’aborder l’évolution de long terme des inégalités économiques, des concepts tels que la discrimination ou l’égalité des chances, ainsi que les politiques (scolaires, fiscales...) de lutte contre les inégalités et les discriminations.

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La ’courbe de l’éléphant’ et ses évolutions

21/02/2024

La courbe dite « de l’éléphant » a été publiée en 2013 par Branko Milanovic dans un texte écrit avec Christoph Lakner intitulé « Global Income Distribution. From the Fall of the Berlin Wall to the Great Recession ». Cette courbe est rapidement devenue une référence pour illustrer les effets de la mondialisation sur la répartition des revenus générés par la croissance économique. Toutefois, sa forme a considérablement évolué durant les 15 dernières années.

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Servir les riches. Les domestiques au service des grandes fortunes.

23/06/2023

Comment analyser la relation entre les grandes fortunes et leurs domestiques ? Dans cette conférence, Alizée Delpierre présente les conclusions de son enquête sur les domestiques qui travaillent à temps plein au service de multimillionnaires, en s’intéressant au recrutement de ces employés, aux assignations socio-raciales et à la division du travail qui organisent leurs tâches, ainsi qu’aux ambivalences de l’ « exploitation dorée » qui caractérise cette relation salariale particulière.

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Politiques éducatives compensatoires : ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et pourquoi

08/05/2023

Dans cette conférence organisée par l’association Les Amis de Thorstein Veblen et l’APSES Lyon, Manon Garrouste, spécialiste de l’économie de l’éducation, présente les objectifs, moyens et résultats des dispositifs de l’éducation prioritaire en France, en explicitant les difficultés et les méthodes de l’évaluation de ces politiques.

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Vit-on mieux à la ville ou à la campagne ?

04/07/2022

La vie en ville est souvent perçue comme moins bonne en raison des effets négatifs liés à la concentration spatiale : coût du logement, pollution, embouteillages… Pourquoi la population est-elle alors concentrée dans les villes et surtout les grandes métropoles ? En s’appuyant sur les résultats de l’économie urbaine, Pierre-Philippe Combes analyse dans cette conférence les inégalités spatiales de niveaux de vie et de bien-être en France.

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Education, culture et domination dans la sociologie de Pierre Bourdieu

29/06/2022

En France, l’origine sociale et le capital culturel des familles pèsent encore très fortement sur les trajectoires et la réussite scolaires, comme l’ont montré les enquêtes PISA ou les travaux du CNESCO. La sociologie du système scolaire de Pierre Bourdieu, élaborée dans les années 1960, quand l’enseignement de masse commence à se déployer, reste une référence incontournable pour l’analyse des inégalités sociales à l’École. Ce texte présente de manière accessible et actualisée sa thèse de l’école reproductrice des inégalités sociales. Une version en espagnol est également proposée, utilisable en enseignement de DNL.

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Covid-19 : comment et pourquoi la crise sanitaire creuse les inégalités

31/03/2022

La pandémie de Covid-19 n’a pas fait que révéler des inégalités sociales trop souvent invisibilisées, elle les a accentuées. Anne Lambert, sociologue à l’Ined, a dirigé au printemps 2020 une enquête collective inédite, à la fois quantitative et qualitative, sur les inégalités de conditions de vie et de travail dans le contexte de confinement. Elle nous livre ici les principaux enseignements de cette enquête, plus largement développés dans l’ouvrage collectif « L’explosion des inégalités » publié en mars 2021.

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Introduction aux débats sur la justice sociale

31/01/2022

Depuis la publication par John Rawls de ’Théorie de la justice’, les travaux et les débats en économie autour de la notion de justice sont revenus en force et ont été profondément renouvelés. Cet article propose d’éclairer ces débats en passant en revue les principales approches de la justice sociale. Il présente la doctrine utilitariste de maximisation du bonheur total, l’égalitarisme des ressources, la perspective libertarienne, et l’approche par les capabilités, avant de conclure sur les avantages et les inconvénients des approches ouvertes et comparatives par rapport aux théories complètes de la justice.

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Comment mesurer les inégalités économiques ?

24/01/2022

La mesure des inégalités est essentielle pour appréhender la répartition des richesses dans une société et les évolutions de la structure sociale. Elle contribue à orienter les politiques publiques, notamment de redistribution, et à mesurer leur impact. Pour mesurer les inégalités économiques, il existe une grande diversité d’outils qui sont autant de points de vue différents sur l’objet étudié. Après une réflexion sur le niveau pertinent d’analyse des inégalités, cet article présente les différents indicateurs qui permettent d’apprécier l’ampleur des inégalités économiques, leur évolution et leur persistance. Il montre ensuite la portée normative du choix des indicateurs en lien avec des considérations de justice sociale.

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Céline Bessière et Sibylle Gollac : Le genre du capital

04/07/2021

Les travaux de Thomas Piketty et de son équipe ont montré la forte concentration du patrimoine dans le capitalisme contemporain et le poids de l’héritage dans la transmission des inégalités patrimoniales. Cependant les inégalités de patrimoine selon le genre sont très peu documentées par les économistes. Céline Bessière et Sibylle Gollac cherchent à expliquer leur persistance, dans tous les milieux sociaux, malgré un droit de la famille et de l’héritage formellement égalitaire. Leur vaste enquête, au croisement de la sociologie économique, de la famille, du genre et du droit, met en lumière le rôle des stratégies familiales, mais aussi des acteurs du droit, dans la reproduction des inégalités de richesses et l’appropriation masculine du capital.

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2008-2016 : les mesures socio-fiscales ont amputé le pouvoir d’achat, mais réduit les inégalités

02/12/2020

Les ménages français ont subi une perte de pouvoir d’achat après la crise de 2008. Cet article, issu du Repères ’L’économie française 2020’, cherche à mesurer la part des différents facteurs pouvant expliquer l’évolution du revenu disponible de 2008 à 2016 : les réformes socio-fiscales, prises notamment pour redresser les comptes publics, les évolutions du marché du travail et de la démographie. Les mesures socio-fiscales ont amputé le niveau de vie moyen des ménages mais ont contribué à diminuer les inégalités de revenu. La hausse des prestations a plus que compensé la hausse des prélèvements pour les plus modestes, ce qui a permis d’atténuer les effets négatifs de la dégradation du marché du travail à laquelle ils ont été plus exposés.

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La polarisation des marchés du travail

25/08/2020

Phénomène marquant des trois dernières décennies, la polarisation des marchés du travail touche la plupart des économies. Cette recomposition de l’emploi a conduit à un creusement des inégalités salariales dans beaucoup de pays. Si ce phénomène s’explique en grande partie par le changement technologique, le commerce international, en accélérant la désindustrialisation de certaines régions, a aussi sa part de responsabilité. Dans ce nouveau contexte, les institutions du marché du travail, plus ou moins protectrices selon les pays, peuvent freiner ou au contraire amplifier les inégalités salariales et la dégradation des emplois.

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Les enfants d’immigrés à l’école : entretien avec Mathieu Ichou

27/06/2020

Comment expliquer le constat d’un plus grand échec scolaire chez les enfants d’immigrés ? Dans cet entretien, Mathieu Ichou, chercheur à l’Ined, fait le point sur les inégalités de réussite et de trajectoire scolaires entre enfants issus de l’immigration et enfants de natifs. Il explique l’importance de la position sociale et de l’histoire pré-migratoire des parents dans la formation de dispositions scolaires plus ou moins rentables lors de la socialisation des enfants.

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L’État social au défi de l’égalité des femmes et des hommes

09/03/2020

Comment expliquer la persistance d’inégalités économiques et sociales entre les femmes et les hommes dans notre société et comment construire des politiques publiques porteuses d’émancipation et d’égalité entre les sexes ? Dans la dernière conférence du cycle « Regards sur les inégalités aujourd’hui », au croisement de l’économie, de l’histoire et de la sociologie, Hélène Périvier retrace l’histoire économique de la division sexuée du travail et propose des pistes de réforme de notre système social et fiscal pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.

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Conférence de Thomas Piketty : Capital et idéologie

12/11/2019

Thomas Piketty a présenté, lors d’une conférence organisée à l’ENS de Lyon, son nouvel ouvrage ’Capital et idéologie’ publié aux éditions du Seuil en septembre 2019. Ce livre retrace, dans une perspective économique, sociale et politique, l’histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes jusqu’aux sociétés postcoloniales et hyper-capitalistes. L’économiste expose ici les principaux résultats de cette recherche, puis répond aux questions des discutant·e·s et du public.

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Comment redistribuer les revenus au XXIe siècle ?

10/09/2019

Quelle redistribution mettre en place dans un monde ouvert afin de corriger les inégalités ? Alors que le mouvement des gilets jaunes a rappelé l’importance de la justice fiscale dans le consentement à l’impôt, l’utilisation de l’instrument fiscal à des fins de redistribution a perdu en efficacité dans le contexte d’économies ouvertes. Dans la quatrième conférence du cycle ’Regards sur les inégalités aujourd’hui’, Laurent Simula, professeur d’économie à l’ENS de Lyon, nous explique comment bien penser les questions fiscales, en examinant l’ensemble du système socio-fiscal, ses objectifs, ses contraintes et ses effets. Il avance alors des pistes de réformes pour améliorer notre système de redistribution afin qu’il réponde mieux au double enjeu de justice et d’efficacité.

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Économies émergentes : quelles inégalités ? L’exemple de la Chine

02/04/2019

La troisième conférence du cycle ’Regards sur les inégalités aujourd’hui’ organisé à l’ENS de Lyon portait sur les inégalités dans les économies émergentes. Sylvie Démurger a dressé un portrait des inégalités en Chine, en termes de revenus, de patrimoine et d’éducation, sur une quarantaine d’années. Le développement de la Chine, qui a permis d’élever le niveau de vie de l’ensemble de sa population et de sortir 600 millions de Chinois de la pauvreté, s’est accompagné d’une montée des disparités, notamment entre ruraux et urbains, faisant de la première puissance économique mondiale l’un des pays les plus inégalitaires au monde.

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Toutes les générations sont-elles égales ?

10/03/2019

La deuxième conférence du cycle ’Regards sur les inégalités aujourd’hui’ organisé à l’ENS de Lyon portait sur les inégalités générationnelles. Les travaux de l’économiste Hippolyte d’Albis s’inscrivent dans le débat sur la fracture générationnelle et le déclassement des jeunes générations relativement à celle des baby-boomers. Remettant en cause l’idée de ’génération sacrifiée’, il montre que le niveau de vie s’est constamment élevé au cours du temps, de génération en génération, et de manière encore plus nette pour les femmes.

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Un panorama des inégalités mondiales

26/11/2018

Première conférence du cycle ’Regards sur les inégalités aujourd’hui’ organisé à l’ENS de Lyon en 2018-19. L’économiste Lucas Chancel présente ici la genèse et les principaux résultats du premier Rapport sur les inégalités mondiales (2018) qui retrace et analyse l’évolution historique des inégalités de revenu et de patrimoine dans le monde depuis 1980. Ce rapport est produit par le Laboratoire sur les inégalités mondiales qui développe actuellement la plus vaste base de données sur la dynamique de la répartition mondiale des richesses.

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Comment expliquer la déformation du partage de la valeur ajoutée depuis 30 ans ?

28/09/2018

Le partage de la valeur ajoutée revient comme un thème majeur de recherche en économie. Les dernières décennies ont en effet été marquées par une déformation du partage de la valeur ajoutée au détriment du travail. Dans cette interview, Sophie Piton nous éclaire sur les différentes causes de cette tendance de long terme, aujourd’hui discutées par les économistes : le progrès technique, la mondialisation, le renforcement de la concentration, les changements de gouvernance dans les grandes entreprises.

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Les classes sociales en Europe : entretien avec Cédric Hugrée

07/09/2018

Faire une sociologie des classes sociales à l’échelle européenne, telle est l’ambition de l’ouvrage de Cédric Hugrée, Étienne Penissat et Alexis Spire, ’Les classes sociales en Europe’. Les auteurs mobilisent de grandes enquêtes statistiques et des études ethnographiques pour apporter un éclairage inédit les inégalités sociales entre Européens. Ils montrent comment est structuré l’espace social européen, au-delà du seul cadre national. Dans cet entretien, Cédric Hugrée explique la démarche de cette recherche et ses principaux résultats. Des illustrations extraites du livre viennent enrichir son propos.

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Les inégalités en Europe durant la Grande Récession

27/02/2018

La question des inégalités est peu présente dans le débat européen. Pourtant, la Grande Récession a entraîné une hausse des inégalités économiques et de la pauvreté dans de nombreux pays, notamment dans ceux qui ont été le plus durement touchés par la crise. Dans cet article, Guillaume Allègre recense les différents indicateurs permettant d’analyser l’évolution des inégalités dans l’Union européenne. Ceux-ci révèlent une hétérogénéité des États membres de l’UE en termes d’inégalités et un accroissement des divergences depuis la crise. Ce creusement des inégalités est préoccupant tant du point de vue de la justice et de la cohésion sociale qu’au niveau macroéconomique de par ses effets potentiellement négatifs sur la croissance.

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Entretien avec Camille Peugny : Le nouveau visage des classes sociales

12/10/2017

Vivons-nous encore dans une société de classes sociales ? Pour Camille Peugny, l’approche en termes de classes sociales reste essentielle pour comprendre la nature des inégalités dans les sociétés d’aujourd’hui, même si le processus de stratification est multidimensionnel. Cela suppose d’analyser les recompositions de la structure sociale et les nouvelles formes de polarisation qui émergent. Pour saisir ces transformations, les sociologues doivent s’appuyer sur des enquêtes de terrain, mais aussi sur des travaux quantitatifs mobilisant des échantillons de grande taille, afin d’avoir une vue d’ensemble plus précise du paysage social.

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Mesurer et lutter contre les discriminations à l’embauche

17/01/2017

L’économiste Yannick L’Horty a animé un atelier pour les enseignants sur le thème ’Mesurer et lutter contre les discriminations à l’embauche’, lors des Journées de l’économie de novembre 2016. Dans un premier temps, il a apporté des précisions sur la notion de discrimination et rappelé l’apport des économistes dans ce domaine d’étude pluridisciplinaire. Il s’est ensuite appuyé sur une étude qu’il a dirigée sur les discriminations dans la fonction publique pour montrer comment, à partir de preuves expérimentales ou non, il est possible de révéler le fait discriminatoire et d’évaluer l’efficacité des actions pour l’égalité dans l’accès à l’emploi. Cette page donne accès aux différentes ressources de cet atelier.

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Faut-il se soucier des discriminations dans l’emploi public ?

16/01/2017

Il existe de nombreux travaux empiriques sur les discriminations sur le marché du travail, qui cherchent à mesurer leur importance dans les entreprises. Mais le secteur public reste peu exploré sur ces questions. L’économiste Yannick L’Horty présente ici la synthèse d’un rapport qu’il remit en juillet 2016 sur ’Les discriminations dans l’accès à l’emploi public’. Ce rapport montre, en combinant deux méthodes (statistique et expérimentale), que la fonction publique n’est pas à l’abri du risque discriminatoire.

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L’évolution des inégalités mondiales de 1870 à 2010

20/06/2016

Ce graphique de l’économiste François Bourguignon retrace l’évolution sur longue période de l’inégalité mondiale des niveaux de vie et de ses deux composantes : les inégalités entre pays et les inégalités à l’intérieur des pays. Il met en évidence le retournement historique de celle-ci au tournant des années 1990, avec d’un côté un recul des inégalités entre pays du monde et de l’autre une tendance à la hausse des inégalités internes aux pays, un phénomène que François Bourguignon met en relation avec le processus de mondialisation.

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Graphiques L’Economie mondiale 2016 : Crédits et inégalités

29/09/2015

Graphiques commentés extraits de l’édition 2016 de L’Economie mondiale (CEPII, La Découverte, 2015) Ces graphiques retracent l’évolution des crédits bancaires sur longue période dans les pays développés et l’évolution du coefficient de Gini depuis 1960 dans quelques pays développés et émergents.

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Le capital au XXIe siècle

03/03/2014

Avec son ouvrage monumental ’Le capital au XXIe siècle’ (2013), Thomas Piketty poursuit et élargit des recherches sur les inégalités et leur évolution de long terme, en examinant l’évolution historique de la répartition des revenus et des patrimoines depuis le XVIIIe siècle dans plus de vingt pays. Il s’appuie pour cela sur une vaste base de données historiques et comparatives. Ses travaux s’enrichissent de l’histoire du capital et des inégalités patrimoniales et, au-delà, contribuent à remettre la question de la répartition au coeur de l’analyse économique.

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Thomas Piketty, Le capital au XXIème siècle

03/02/2014

Lors du séminaire Re/lire les sciences sociales, le 16 décembre 2013 à l’ENS de Lyon, Thomas Piketty a présenté et discuté avec le public quelques uns des principaux résultats de son livre ’Le capital au XXIe siècle’, publié aux éditions du Seuil en 2013. Cet ouvrage d’économie politique et d’histoire économique s’intéresse à l’évolution de la répartition des revenus et des patrimoines depuis le XVIIIe siècle en Europe, aux États-Unis et au Japon. Sa présentation s’est focalisée sur la question des métamorphoses du capital sur la longue période.

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Pierre Rosanvallon : De l’égalité des chances à la société des égaux

29/09/2013

Compte rendu de la conférence de Pierre Rosanvallon sur le thème de l’égalité des chances, lors du colloque ’Inégalités et justice sociale’ organisé à Bordeaux en 2013. Pierre Rosanvallon a d’abord développé une analyse historique et critique des notions de mérite et d’égalité des chances, puis il a précisé comment l’idée d’égalité pourrait être redéfinie de nos jours afin de construire une ’société des égaux’.

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Colloque Inégalités et justice sociale

28/09/2013

Le colloque ’Inégalités et justice sociale’, organisé par le Centre Emile Durkheim, s’est déroulé à l’Université Bordeaux Segalen du 30 mai au 1er juin 2013. Réunissant de nombreux sociologues et politistes de renom, ainsi que des philosophes, il a permis de dresser un état de la réflexion et des débats sur les relations entre inégalités et justice sociale et de les illustrer grâce à des travaux empiriques récents. Ce dossier met à disposition les ressources issues de ce colloque (vidéos, comptes rendus, entretien).

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Grands dossiers

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  • Synthèse du Rapport sur les inégalités en France, édition 2023 – Vidéo 3’ 32 - Observatoire des inégalités - Sortie le 12 juin 2023
    Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, présente en quelques minutes le Rapport sur les inégalités en France, édition 2023. C’est quoi ce rapport ? A quoi il sert ? Qu’y trouve-t-on ? Qu’allons-nous apprendre ? Et demain ? Les inégalités = fatalité ? Pour commander le rapport : https://www.inegalites.fr/Rapport-sur...

https://yt3.ggpht.com/ytc/AIdro_kyQyMlyaDvp0UAMWkqGXO2VvNhsDQdFx-zx6MA-m50EA=s88-c-k-c0x00ffffff-no-rjObservatoire des inégalités

Source : https://www.youtube.com/watch?v=92r4HuNTznc

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  • Observatoire des inégalités – Document ‘ inegalites.fr’
    L’Observatoire des inégalités est une association française dont l’objectif est de dresser un état des lieux chiffré des inégalités en France et dans le monde et d’apporter des éléments d’analyse. Il est fondé à Tours en 2003 par Louis Maurin, Serge Monnin et Patrick Savidan… - Wikipédia

Domaine d’activité : Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire (France) Siège : 15, rue Jacques-Marie Rougé, Tours

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  • Un – autre – marqueur des inégalités de genre : l’humour des femmes au travail - Publié : 13 décembre 2022, 19:14 CET – Par Pénélope Codello - Document ‘theconversation.com’
    Auteur  : Pénélope CodelloProfesseure de Management, HEC Montréal

Déclaration d’intérêts - Pénélope Codello ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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L’humour est présent dans toutes les sphères de la société. Le milieu du travail n’y échappe bien sûr pas. Son usage y est cependant un marqueur social et de genre très puissant.

La revue de la littérature montre que les femmes subissent, dans ce domaine comme dans bien d’autres, un double standard : ce qui est perçu comme valorisant pour un homme est parfois perçu comme dévalorisant pour une femme. Afin d’analyser comment les femmes dirigeantes utilisent l’humour sur leur lieu de travail, j’ai réalisé, avec ma collègue Catherine Patry, 13 entretiens approfondis avec des femmes dirigeantes. Professeure au département de management, je m’intéresse aux questions de leadership et de diversité.

Nos résultats, publiés dans la revue Communication et management, montrent la diversité des usages de l’humour par les femmes dirigeantes sur leur lieu de travail. Certaines se l’interdisent strictement. La plupart l’utilisent en étant extrêmement attentives à la situation dans laquelle elles se trouvent. Toutefois, quelques-unes affirment l’utiliser volontiers. Ces résultats permettent d’identifier les conditions qui rendent possible l’usage de l’humour par les femmes dirigeantes sur leur lieu de travail.

La littérature a identifié depuis longtemps des bénéfices à l’usage de l’humour en organisation.

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L’humour peut faciliter la gestion du changement, améliorer le bien-être au travail, la rétention des employés ainsi qu’entretenir la cohésion de groupe. Il peut aussi faciliter l’apprentissage et la créativité. Fait intéressant, l’humour peut être un bon outil pour réduire la distance hiérarchique et atténuer l’ennui (Cruthirds et coll., 2013).

Les cinq types d’humour au travail{{}}

Pour autant, nous ne faisons pas toutes et tous usage de l’humour de la même manière. Des recherches ont permis d’observer que les hommes et les femmes n’utilisent pas tous les cinq styles d’humour identifiés par Eric Romero et Kevin Cruthirds en 2006.

L’humour n’est pas non plus perçu de la même manière selon le genre.

L’humour affiliatif permet de créer la cohésion de groupe en facilitant les relations sociales et en créant un environnement de travail positif. Aucune surprise : cet humour est souvent associé et utilisé par les femmes car il renvoie à leurs caractéristiques stéréotypées comme le « care », le soutien, l’inclusion et la coopération.

L’humour d’autopromotion est autocentré et vise à améliorer sa propre image. Il est davantage associé aux hommes.

L’humour agressif vise la domination, la victimisation, l’intimidation et le dénigrement. Les chercheurs ont observé que les hommes utilisent également davantage ce type d’humour, et ce quelles que soient leurs origines culturelles, renforçant ainsi un stéréotype de genre.

L’humour semi-agressif, version sarcastique moins violente que la précédente, est une stratégie de contournement pour exprimer un désaccord, des messages déplaisants. Ces stratégies sont souvent associées aux stéréotypes masculins.

L’autodérision est un style d’humour qui crée des émotions positives tout en s’efforçant d’obtenir l’assentiment des autres. Dans les organisations, ce style d’humour est utilisé pour réduire l’écart hiérarchique et améliorer la perception d’accessibilité. Femmes et hommes sont coutumiers de ce type d’humour mais avec des conséquences différentes pour les unes (négatives) et les autres (positives).

Il n’y aurait donc pas que des bénéfices à l’usage de l’humour en organisation. Certains dirigeants l’utilisent pour rappeler leur rang et leur pouvoir aux autres.

Il est aussi un révélateur des ambiguïtés et des tensions de la culture organisationnelle. Par exemple, trop d’humour agressif ou semi-agressif peut même indiquer que des infractions à l’éthique sont acceptables.

L’usage de l’humour : un révélateur des inégalités de genre{{}}

Dès 2004, il a été mis en lumière le fait que l’humour en tant que marqueur des relations de pouvoir dans l’entreprise, renforce d’autant plus les inégalités entre les hommes et les femmes).

En effet, par le phénomène d’internalisation des normes sociales de genre, les femmes ont très vite compris qu’elles n’auraient pas intérêt à user de l’humour agressif. En effet, le risque de décrédibilisation serait trop important pour elles, car l’agressivité n’est pas une variable du stéréotype féminin.

Plus encore, ces travaux indiquent même très clairement que l’humour agit comme marqueur social inversé chez les femmes : un homme drôle a plus de probabilité d’avoir un statut supérieur à un homme pas drôle ; une femme drôle a plus de probabilités d’avoir un statut inférieur à une femme pas drôle. De même, une femme qui utilise l’humour d’autopromotion ne donnera pas une bonne image d’elle-même contrairement à un homme qui peut en user voire en abuser. Le double standard plane toujours au-dessus de sa tête.

Voici un des témoignages que nous avons reçu dans le cadre de l’une de nos entrevues :

Je suis une femme et je suis jeune, déjà là il y a un biais. Les gens sont à la banque depuis très longtemps et ont fait le tour de plusieurs divisions. Ça fait seulement deux ans que je suis là. Si j’utilise l’humour, je me décrédibilise.

Ajoutez à cette réflexion tous les enjeux liés à l’intersectionnalité, et vous pourrez par vous-mêmes envisager par exemple quelles seraient les conséquences pour un homme issu des minorités visibles de faire usage d’humour agressif auprès d’un homme blanc ; envisagez aussi le cas d’une femme issue des minorités visibles, une femme LGBTQ+ etc.

Et alors, on fait quoi ?{{}}

Ainsi, les femmes font face à deux options lorsqu’il est question de faire usage de l’humour en milieu de travail :

  • Respecter l’ordre social genré et tenir compte des impacts négatifs et des risques d’utiliser une autre forme d’humour que l’humour affiliatif. Si vous êtes dans une organisation conservatrice, ce conseil s’applique d’autant plus car les risques sont majeurs de renforcer le plafond de verre de votre carrière.
  • Déranger l’ordre social en utilisant progressivement plus d’humour dans vos relations, notamment l’humour d’autopromotion (bon moyen de guérir votre syndrome de l’imposteuse) et pourquoi pas l’humour agressif en réponse à celui de votre collègue qui essaie de vous rabaisser et ainsi tenter de rétablir une forme d’égalité. Il faut bien sûr dans ce cas pouvoir assumer une mauvaise réputation (que peu d’hommes n’auront à subir à comportement agressif parfois supérieur).
    La question de l’humour cristallise les enjeux liés aux inégalités de genre dans les organisations. Toutefois, le déploiement des politiques d’équité, diversité et inclusion (EDI) laisse penser que les équilibres vont progressivement changer. Et que l’utilisation de l’humour, comme bien d’autres choses, sera bouleversée par une meilleure égalité hommes-femmes.

Mots clefs : travail discrimination genre sexisme humour femmes hommes

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Source : https://theconversation.com/un-autre-marqueur-des-inegalites-de-genre-lhumour-des-femmes-au-travail-194803

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Les inégalités entre les femmes et les hommes sont les plus universelles et les plus structurantes de nos sociétés.{{}}

En 2020, Oxfam rappelait dans son rapport annuel sur les inégalités que les hommes détiennent 50 % de richesses de plus que les femmes. En France, au Nigéria, au Brésil, au Japon… partout dans le monde, les femmes sont en première ligne des inégalités à cause d’un système économique injuste et sexiste qui les cantonne dans des pans de l’économie les plus dévalorisés et les plus précaires. Sans parler des discriminations et des violences subies dans la sphère professionnelle et privée.

Les femmes, premières impactées par les inégalités sur le marché du travail

Les inégalités de genre sont particulièrement criantes dans la sphère professionnelle où les femmes sont majoritaires dans les emplois précaires et mal rémunérés, notamment dans le secteur du soin – l’éducation, la santé, le travail social, l’aide à la personne ou le nettoyage – alors que ces sont des emplois essentiels.

Dans le monde, 2/3 des personnes qui travaillent dans le secteur du soin sont des femmes. Ce chiffre atteint même 3/4 dans les pays de l’OCDE. Cela explique pourquoi des millions de femmes se retrouvent enfermées dans la pauvreté, avec peu de perspective d’en sortir.

La France n’est pas épargnée par les inégalités salariales entre femmes et hommes

Même constat en France ! Les hommes gagnent 24,4% de plus que les femmes selon une étude de l’INSEE (juin 2021). A poste et compétences égales, l’écart de salaire est de 9%. Ces inégalités s’expliquent principalement par la place des femmes dans le marché de l’emploi : les femmes sont concentrées dans 12 familles professionnelles, dévalorisées financièrement et socialement, où les qualifications et la pénibilité ne sont pas reconnues. Les assistant-e-s maternelles, les employé-e-s de maisons, aides à domicile et aides ménagères, les secrétaires et secrétaires de direction demeurent à plus de 95 % des femmes. Ce sont aussi des secteurs où les emplois sont précaires : les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Plus d’une femme sur quatre occupe un emploi à temps partiel contre moins d’un homme sur 10 (source DARES). 

Les femmes sont ainsi particulièrement concernées par le phénomène des « travailleuses pauvres » dont Oxfam France avait mis en lumière la situation dans un rapport en 2018 : « Travailler et être pauvre : les femmes en première ligne ». Cette précarité est particulièrement vécue par les mères de familles monoparentales : plus d’une sur quatre qui travaille est pauvre.

Les femmes majoritaires dans le secteur du soin

Ce secteur du soin, qui regroupe les métiers de la santé, de l’éducation, de l’aide à la personne, du travail social ou encore de la propreté, est très majoritairement féminin. Ce sont souvent des métiers pénibles qui affectent profondément les conditions de vie des femmes. Les difficultés de l’articulation entre vie professionnelle et vie de famille sont accrues par les horaires atypiques. Par exemple, dans les services de nettoyage, les femmes ont souvent des horaires courts où distendus et combinent plusieurs employeur-euse-s ou plusieurs lieux de travail. 9 salarié-e-s du nettoyage sur 10, comme pour l’ensemble des non-qualifié-e-s, sont exposé-e-s à au moins un risque physique.

Cette pénibilité n’est malheureusement pas valorisée puisque les salaires dans ces secteurs sont particulièrement bas. L’OCDE a par exemple récemment illustré que le salaire moyen d’un.e aide-soignante français.e était parmi les plus bas d’Europe : près de 5% en deçà du salaire moyen français, contre 30% supérieur en Espagne. Et Oxfam a calculé qu’en 2018, le PDG du groupe Sanofi gagnait ainsi plus de 343 fois le salaire moyen d’une aide-soignante française.

La crise du Covid-19 a particulièrement mis en lumière les inégalités qui persistent au sein de ces secteurs pourtant essentiels.

Peu de femmes PDG ou ingénieurs

Les femmes sont aujourd’hui encore sous-représentées parmi les ingénieur-e-s et les cadres techniques d’entreprise (23,2%), dans la construction et les travaux publics (19%) et dans l’armée, la police, les pompiers (14%). Les femmes sont aussi moins présentes sur des postes à responsabilités : elle représentent seulement 42% des cadres, et 29% des PDG, selon l’INSEE. Elles ne sont que 27% à siéger dans les comités exécutifs des 120 plus grandes entreprises françaises où les inégalités de genre dans les instances de décision sont encore importantes.

Les préjugés sexistes sont responsables des discriminations à l’égard des femmes sur le marché du travail. Les employeurs ont tendance percevoir les femmes tout comme « des mères », naturellement douées pour les tâches de soin et in fine cantonnées dans les métiers les moins valorisés et moins rémunérés. Les employeurs vont avoir tendance à privilégier l’embauche des hommes pour des postes à responsabilité, notamment du fait de la plus longue absence des femmes en congé maternité (16 semaines pour les femmes contre 25 jours pour les hommes). Cette discrimination est lourde de conséquences sur les évolutions de carrières des femmes, explique une partie des inégalités salariales et contribue fortement à un inégal partage des tâches familiales.

Les retraites : un miroir grossissant des inégalités de genre

On retrouve logiquement les mêmes inégalités une fois l’heure de la retraite arrivée. Le système de retraite actuel agit comme miroir grossissant des inégalités qu’ont subies les femmes tout au long de leur vie professionnelle et forme des trappes de pauvreté pour les travailleuses les plus précaires. Aujourd’hui, les femmes touchent en moyenne des pensions inférieures de 39 % à celles des hommes, 24 % si on prend en compte la pension de réversion.

La réforme des retraites adoptée en 2023 a davantage pénalisé les femmes. En allongeant la durée du travail pour toucher une retraite à taux plein ou en imposant une décote pour carrière incomplète, la réforme pénalise les carrières hachées qui concernent le plus souvent des femmes. Il faut savoir que les femmes de 39 ans à 49 ans qui n’ont pas connu d’interruption de carrière gagnent en moyenne 23% de plus que celles qui ont temporairement cessé de travailler pour des raisons familiales.

Il existe d’autres mesures politiques pour réduire les inégalités existantes : augmenter réellement les pensions minimums ou encore attaquer le problème à la racine en réduisant les écarts de salaires, particulièrement entre les femmes et les hommes.

Partage des tâches domestiques et de soin : les femmes toujours pénalisées

L’inégal partage du travail domestique et de soin entre les femmes et les hommes est une cause indirecte de la précarité des femmes car il compromet leur indépendance économique au sein du foyer. Là aussi c’est une tendance mondiale : les femmes assurent plus des 3/4 du travail domestique non rémunéré.

Conséquence ? Elles ont beaucoup moins de temps disponible pour avoir une activité rémunérée, se former, participer à la vie politique ou associative… 42 % des femmes disent qu’elles ne peuvent avoir un travail rémunéré en raison de la charge trop importante du travail de soin qu’on leur fait porter dans le cadre familial.

Même inégalité en France : les femmes d’âge actif passent en moyenne chaque jour trois heures aux tâches domestiques quand les hommes y consacrent 1h45, selon les données de l’Observatoire des inégalités.

Lire notre décryptage sur le Post Partum et la nécessité d’allonger le congé paternité

Un travail domestique dévalorisé et pourtant essentiel à nos sociétés

Non seulement ce travail de soin n’est pas partagé équitablement mais il n’est pas valorisé par notre société. S’occuper des enfants, d’une personne malade, des repas, de la maison, des courses, des rendez-vous médicaux… tout ceci a une valeur au sein de notre économie. D’ailleurs l’Organisation internationale du Travail (OIT) a mesuré la valorisation économique de toutes ces tâches réalisées : cela équivaut à 14,8 % du PIB de la France. Et à l’échelle du monde, la valeur du travail domestique non rémunéré des femmes contribuerait au moins à 10 000 milliards de dollars par an, soit 3 fois l’industrie du numérique !

Lire l’interview d’Amandine Hancewicz sur le travail domestique des femmes.

Les 3 mesures prioritaires comme solutions contre les inégalités entre les femmes et les hommes

Allonger la durée du congé paternité

Malgré l’allongement récent du congé paternité passant de 11 jours à 25 jours calendaires, les congés parentaux restent fortement déséquilibrés. En effet, le père a toujours plus de 3 fois moins de jours de congé qu’une mère pour la naissance d’un enfant.

Ces écarts continueront de pénaliser les femmes dans l’embauche et l’évolution dans le milieu professionnel et de les enfermer dans l’assignation aux tâches ménagères et parentales. L’UNICEF, agence des Nations Unies sur la protection des enfants, préconise un congé parental payé d’au moins six mois à partager entre les deux parents.

En plus de l’allongement des congés parentaux, il est temps de faire de la petite enfance un véritable service public. A l’heure actuelle, il manquerait 200 000 places en crèche afin de pouvoir accueillir les nouveaux nés et près de la moitié des crèches font face à un manque de personnel.

Lire notre décryptage sur le Post Partum et la nécessité d’allonger le congé paternité

Renforcer l’égalité professionnelle entre hommes et femmes dans les entreprises

59% des entreprises de plus de 50 salarié.e.s ne respectent pas la loi sur l’égalité professionnelle et n’ont ni accord ni plan d‘action sur l’égalité professionnelle, et seulement 0,2% d’entre elles ont été sanctionnées.

Oxfam demande deux mesures obligatoires pour les entreprises :

  • Renforcer les mécanismes de suivi des écarts de salaire, notamment l’index d’égalité professionnelle, et fixer une obligation de publication des écarts de rémunérations pour les grands groupes par quartile, par pays et par genre.
  • Instaurer la parité dans les instances de décisions, y compris les comités exécutifs, et des postes d’encadrement dans les entreprises dans les grandes entreprises.

Revaloriser les rémunérations dans les métiers à prédominance féminine

Les rémunérations doivent être revalorisées dans les métiers du soin qui sont très mal rémunérés et où les femmes sont majoritairement présentes : secteurs de la santé, de l’éducation, de l’aide à la personne, assistante maternelle ou encore propreté. Cela passe notamment par un encadrement strict du recours aux temps partiels, et compenser leurs impacts négatifs.

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Pour aller plus loin :

https://www.oxfamfrance.org/app/uploads/2018/06/images_resumees_article_logo_oxfam_horiz_vert.jpg

Association loi 1901 d’intérêt général, Oxfam France est labellisée « Don en Confiance » depuis le 4 mai 2010. Oxfam France est membre de la confédération Oxfam, une organisation internationale de développement qui mobilise le pouvoir citoyen contre la pauvreté. Oxfam International travaille actuellement dans 85 pays afin de trouver des solutions durables pour mettre fin aux injustices qui engendrent la pauvreté.

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Source : https://www.oxfamfrance.org/inegalites-et-justice-fiscale/comprendre-et-combattre-inegalites-femmes-hommes/

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  • Inégalités dans le monde : les grandes tendances - Publié le 2 octobre 2024 Par : François Bourguignon – Document ‘vie-publique.fr’ Société International Parole d’expert
    Les inégalités croissent-elles inexorablement partout dans le monde ? Les riches sont-ils chaque jour plus riches et les pauvres toujours plus pauvres ? Les pays émergents et en développement sont-ils plus inégalitaires que les pays développés ? Face à ces questions, un diagnostic nuancé s’impose.

Sommaire :

1.Inégalités de niveau de vie dans le monde : les faits

2.Les forces de changement de l’inégalité

3.Perspectives

Une des grandes difficultés de l’analyse des inégalités, c’est qu’elles sont diverses et que le diagnostic n’est pas nécessairement le même selon que l’on s’intéresse aux revenus, aux salaires, aux patrimoines, à l’inégalité des chances ou encore aux inégalités dites horizontales entre hommes et femmes, migrants et natifs, noirs et blancs, etc. 

Même s’agissant des revenus, la dimension inégalitaire probablement la plus étudiée et discutée, le diagnostic peut différer selon que l’on s’intéresse aux revenus primaires, avant impôts et transferts, ou aux revenus effectivement disponibles, et selon que l’unité statistique est le ménage ou chacun de ses membres. Dans ce dernier cas, faut-il diviser le revenu des ménages indistinctement par leur nombre de membres ou distinguer les besoins de ceux-ci selon leur âge et la taille du ménage ? 

Dernière ambiguïté dans l’analyse de l’inégalité, la notion d’inégalité se réfère à une distribution statistique dont on peut résumer les disparités entre individus de diverses façons. Dans ces conditions, choisir un indicateur plutôt qu’un autre n’est pas nécessairement neutre.

Cet article a pour ambition de dresser un bref état des lieux des inégalités de niveaux de vie dans le monde, le niveau de vie d’un individu étant défini comme le revenu disponible – ou, selon le pays, les dépenses de consommation – du ménage auquel il appartient divisé par son nombre d’unités de consommation, c’est-à-dire le nombre de membres pondérés par un facteur dépendant de leur âge et de la taille du ménage. L’indicateur d’inégalité utilisé sera le coefficient de Gini, la mesure certainement la plus utilisée dans l’analyse de l’inégalité. 

L’inégalité a d’autres dimensions importantes, notamment non monétaires, comme l’inégalité des chances. Mais c’est sur les inégalités monétaires que le débat public semble se concentrer et on peut espérer contribuer à une plus grande clarté dans ce débat en énonçant les quelques faits indubitables que révèlent les statistiques disponibles. Ce sera la première partie de cet article qui résume ce que l’on croit savoir de l’évolution des inégalités dans le monde. 

La seconde sera consacrée aux causes possibles de la tendance observée au cours des dernières décennies, et notamment de la montée des inégalités entre les années 1980 et les années 2000 au sein d’un certain nombre d’économies, suivie plus récemment d’une stabilisation ou d’un ralentissement. Là aussi, un certain flou règne dans le débat. À l’opposé des faits, il est en effet moins facile d’aboutir à des conclusions claires et solides sur l’origine, éminemment complexe, des variations de l’inégalité. 

Une dernière partie sera consacrée à ce que l’on peut attendre du futur. Sommes-nous entrés dans un nouveau régime d’inégalité à un niveau supérieur à ce qu’il était il y a vingt ou trente ans et susceptible de perdurer plusieurs décennies ? Peut-on s’attendre au contraire à une nouvelle hausse sous le coup de plusieurs chocs à venir ? Ou au contraire, est-il loisible d’espérer une atténuation ?

Inégalités de niveau de vie dans le monde : les faits {{}}

On peut entendre l’évolution de l’inégalité ’dans le monde’ comme l’évolution dans les pays ou régions qui le composent, ou comme l’inégalité entre tous les habitants de la planète. Ces deux aspects seront traités successivement, en distinguant dans le premier les économies avancées des économies émergentes ou en développement.

Il convient de souligner d’emblée que la brève revue qui suit de l’évolution de l’inégalité au sein des nations repose principalement sur des données issues d’enquêtes auprès des ménages (statistiques de la Poverty and Inequality Platform de la Banque Mondiale). On sait que ces sources tendent à minorer le degré d’inégalité, car les très hauts revenus y sont sous-estimés. S’agissant de l’évolution à moyen-terme – l’objet de cet article –, il n’y a pourtant pas d’incohérence entre données intégrant les hauts revenus par le biais de sources fiscales (source : World Inequality Database) et données d’enquête. On ignorera donc cette question méthodologique dans ce qui suit.

Les économies avancées{{}}

Il y a peu de débat sur le fait que dans les plus grandes économies avancées, soit les pays du G7, l’inégalité des revenus est plus forte aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a une quarantaine d’années, au milieu des années 1980. La hausse est cependant plus ou moins forte selon les pays, importante aux États-Unis mais faible en France. Parmi les autres pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une majorité de ceux pour lesquels la comparaison peut être effectuée sur une quarantaine d’années ont connu une augmentation de l’inégalité, parfois importante (Australie, Israël, Suède). Un petit nombre ont néanmoins enregistré une baisse (Irlande, Suisse). La hausse n’est donc pas universelle mais très largement majoritaire. 

S’agissant à présent de la chronologie de cette hausse, le fait remarquable est qu’elle se concentre dans les deux décennies qui vont grosso modo de 1985 à 2005, et, dans plusieurs pays, qu’elle se limite souvent à quelques années. De fait, rares sont les pays où l’inégalité suit un mouvement ascendant plus ou moins continu. Les États-Unis sont l’exception, bien que l’on y constate un net ralentissement depuis une douzaine d’années. 

Comparer l’évolution de l’inégalité du revenu disponible des ménages par unité de consommation, c’est-à-dire du niveau de vie, et celle des revenus primaires avant impôts et transferts permet de distinguer dans la variation de l’inégalité des niveaux de vie ce qui est dû aux forces économiques de ce qui résulte du système re-distributif. En fait, les deux évolutions sont assez parallèles mais à différents niveaux. L’inégalité des revenus primaires a elle aussi connu une hausse de la fin des années 1980 à la première moitié des années 2000 dans la plupart des pays, suivie d’une stabilisation jusqu’à nos jours. 

Par ailleurs, la hausse de l’inégalité primaire, mesurée de façon comparable à celle des niveaux de vie, a été beaucoup plus forte que pour les revenus disponibles. Cet écart illustre le pouvoir égalisateur du système re-distributif qui varie bien sûr d’un pays à un autre et d’une période à une autre au gré des réformes. L’exemple de la Suède est frappant à cet égard. Après une forte hausse au début des années 1990, l’inégalité des revenus primaires s’est stabilisée tandis que celle des niveaux de vie a continué de croître du fait de réformes réduisant la progressivité de la redistribution. 

Les économies en développement{{}}

Les économies en développement et les économies émergentes constituent un ensemble beaucoup plus hétérogène. D’une part, le niveau d’inégalité y est plus élevé mais diffère également de façon assez radicale entre régions. D’autre part, si les moyennes régionales indiquent une hausse plus ou moins marquée de l’inégalité durant les années 1990, elles suivent de façon générale une tendance décroissante depuis le tournant du millénaire. À tel point que, à la différence de ce que l’on observe pour les économies avancées, l’inégalité apparaît en moyenne nettement plus faible ces dernières années qu’elle ne l’était il y a vingt ou trente ans. 

Les moyennes régionales sont cependant à interpréter avec précaution. D’une part, elles intègrent parfois des données nationales peu fiables. Le fait par exemple que ces données reposent souvent sur les dépenses de consommation plutôt que sur les revenus des ménages tend à sous-estimer le niveau d’inégalité et ses variations. D’autre part, les moyennes régionales dissimulent de grandes disparités entre pays, d’autant plus que les chiffres nationaux ne sont pas pondérés par la taille des populations.

Quelques exemples permettent de mesurer l’ampleur de ces disparités. 

  • Bien que l’on ne dispose pas de chiffres pour la période récente, l’Inde est probablement l’exemple le plus évident d’une évolution inégalitaire continue. Apparue au seuil des années 1990, elle demeurait encore très forte vingt ans plus tard alors que le niveau d’inégalité était déjà très élevé. Les statistiques officielles, basées sur des données de consommation, sous-estiment cependant cette tendance.
  • La Chine illustre le cas d’une trajectoire fortement ascendante qui s’est stabilisée, puis a régressé au cours des dix dernières années. L’inégalité avait bondi à la suite des réformes économiques impulsées dans les années 1980 passant d’un niveau très bas typique d’un pays socialiste à un niveau très supérieur à celui des États-Unis aujourd’hui, la plus inégalitaire des économies avancées. La tendance semble s’être inversée depuis une dizaine d’années, mais l’inégalité reste élevée, en tout cas très supérieure à ce qu’elle était au moment du décollage économique chinois. 
  • Les économies latino-américaines ont vu l’inégalité diminuer fortement depuis le début des années 2000. La nature de cet infléchissement récent n’est cependant pas claire. Dans plusieurs pays, comme l’Argentine, le Chili ou la Colombie, il est le pendant d’un mouvement ascendant dans les années 1980 et 1990 de sorte que le niveau d’inégalité est aujourd’hui similaire à ce qu’il était au milieu des années 1980. La baisse récente est peut-être plus structurelle dans d’autres pays mais l’information statistique manque pour en juger. Quoi qu’il en soit, malgré la baisse récente, les pays latino-américains restent aujourd’hui au premier échelon de l’échelle mondiale de l’inégalité. 
  • En moyenne, les économies africaines viennent au second rang. L’inégalité paraît y avoir baissé depuis le milieu des années 1990. Cette conclusion doit cependant être fortement nuancée du fait de la grande volatilité et de l’imprécision des données d’inégalité dans cette région. La volatilité découle de l’instabilité politique, bien plus marquée qu’ailleurs, mais parfois aussi de changements radicaux dans la couverture des données. Parmi les pays dont les statistiques sont les plus fiables, l’inégalité suit une tendance nettement ascendante au Ghana et à peu près stable en Ouganda.
  • La moyenne de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, comprend très peu de pays et est donc peu significative. La tendance décroissante observée en Tunisie et les deux données disponibles pour l’Algérie influencent fortement la moyenne régionale, alors que l’inégalité paraît relativement stable en Égypte ou au Maroc. 
    Finalement, les économies en développement exhibent dans leurs trajectoires d’inégalité une plus grande diversité que les économies plus avancées. Si, comme pour ces dernières, un grand nombre de pays ont vu l’inégalité augmenter à la fin du siècle dernier – y compris les pays d’Europe centrale et orientale et d’Asie centrale lors de leur transition de l’économie socialiste vers l’économie de marché –, la tendance moyenne s’y est assez nettement retournée au tournant du millénaire ou un peu plus tard. Là où elle a eu lieu, la rupture s’est produite de façon plus précoce et plus prononcée que dans les économies avancées. La baisse s’est poursuivie jusqu’à nos jours, avec un léger ralentissement dans la période la plus récente. 

Mais ce constat général ne saurait ignorer le cas de pays où l’inégalité a continué d’augmenter, comme l’Inde, le Ghana, le Laos ou la Zambie, ni, non plus, celui des pays où l’inégalité a décru régulièrement depuis presque 40 ans, comme la Malaisie ou la Thaïlande. 

L’inégalité mondiale{{}}

Elle peut se définir de différentes façons : inégalité des niveaux moyens de vie entre pays, pondérés ou non par leurs populations, inégalité moyenne au sein des pays, comme précédemment mais à l’échelle mondiale et pondérée par les populations nationales ou leur part dans le revenu mondial, et, finalement inégalité entre tous les citoyens du monde sans distinction de résidence géographique. C’est cette dernière définition qui correspond véritablement à l’inégalité mondiale. Elle inclut d’ailleurs les précédentes et apparaît en quelque sorte comme la somme de l’inégalité entre pays et de l’inégalité au sein des pays.

Cette inégalité mondiale a crû de façon à peu près continue depuis la première révolution industrielle au début du XIXe siècle qui a conduit à l’essor économique et à la domination des puissances occidentales. Malgré la décolonisation, et malgré l’engagement des pays industrialisés à aider au développement des pays nouvellement indépendants, l’inégalité a continué de croître, quoique plus lentement, dans le dernier tiers du XXe siècle. 

Vers le tournant du nouveau millénaire, cependant, le mouvement a semblé se stabiliser et s’est même franchement inversé quelques années plus tard. En l’espace d’une dizaine d’années, le coefficient de Gini a perdu de 5 à 7 points de pourcentage. Cette chute, observée à partir de divers jeux de données (sources : Journal of the European Economic Association et Atlas of Sustainable Development Goals), est considérable dans la mesure où elle neutralise plus d’un siècle de hausse.

On aurait tort de croire que la baisse spectaculaire de l’inégalité mondiale serait le reflet de la baisse moyenne de l’inégalité au sein des pays constatée précédemment. À l’échelle mondiale, les inégalités nationales doivent être pondérées par les populations ou les revenus nationaux, ce qui change assez radicalement l’évolution de l’inégalité moyenne par rapport au cas où tous les pays ont le même poids. Comme l’inégalité a crû jusqu’au milieu des années 2000 dans pratiquement tous les grands pays – soit les pays du G7, la Chine, et l’Inde, représentant plus de la moitié de la population mondiale – il en a été de même de l’inégalité moyenne pondérée. À cause de cette pondération par la taille économique des pays, les inégalités nationales auraient contribué plutôt positivement à l’évolution de l’inégalité mondiale. 

La baisse de l’inégalité mondiale est ainsi due essentiellement à la réduction des écarts relatifs de niveaux de vie entre pays avancés et économies émergentes ou en développement. Ce processus a été amorcé par la Chine. Mais, dès le tournant du millénaire, c’est près de l’ensemble des pays en développement qui comblent une partie de la distance qui les sépare du haut de l’échelle des revenus mondiaux. L’écart était de 1 à 8 en 2000, de fait en régression par rapport aux années 1980 et 1990, et de 1 à un peu moins de 5 aujourd’hui. Ces chiffres suffisent à expliquer l’apparition d’un fort trend décroissant de l’inégalité mondiale dès le début du XXIe siècle. 

Bien sûr, l’inégalité est considérée ici de façon purement relative. Malgré ce déclin relatif, l’écart absolu de niveau de vie moyen entre pays à haut revenu et pays à bas ou moyen revenu a augmenté. Il est passé de 34 000 à 39 000 dollars sur les vingt dernières années. Cette différence illustre bien l’ambiguïté que peut revêtir le débat sur l’inégalité. L’inégalité relative paraît cependant la façon la plus courante d’appréhender l’inégalité. 

Dans cette perspective, même s’il n’y a pas nécessairement convergence entre chercheurs sur le niveau de l’inégalité mondiale, en dehors du fait qu’elle est supérieure ou au moins comparable à celle que l’on observe dans les pays les plus inégalitaires du monde, il y a consensus sur sa forte baisse qui a marqué le début du XXIe siècle. 

Les forces de changement de l’inégalité {{}}

Le panorama précédent de l’inégalité dans le monde diffère assez radicalement de l’image caricaturale qui circule souvent d’un niveau d’inégalité inexorablement croissant au sein des pays et dans le monde. Il suggère au contraire une assez grande diversité des situations nationales en même temps qu’une baisse de l’inégalité mondiale résultant d’un processus de rattrapage des économies en développement sur les économies avancées, du Sud sur le Nord. Il est exact que nombre de pays du Nord sont devenus plus inégalitaires qu’ils ne l’étaient il y a une quarantaine d’années, mais le mouvement semble s’être stabilisé au moment de la grande récession de 2008-2009. La même tendance a été observée dans plusieurs pays en développement, mais elle paraît s’être nettement inversée depuis maintenant plusieurs années dans certains d’entre eux. 

Cette concomitance de la hausse de l’inégalité au sein d’un assez grand nombre de pays pose la question de l’existence de facteurs communs responsables de cette hausse. 

Deux facteurs ont été régulièrement invoqués : la mondialisation et le changement technologique

Le premier ne fait plus guère de doute. L’expansion formidable du commerce mondial entre les années 1980 et la grande récession marquant sa stabilisation, le fait que cette expansion ait eu plus d’impact dans les grandes économies, initialement moins ouvertes, l’effet des importations asiatiques sur la structure des emplois, l’essor de la finance internationale, l’évolution du partage de la valeur ajoutée en faveur du capital sont autant de signaux forts des effets de la mondialisation sur l’inégalité. Ces signaux paraissent en outre cohérents avec la chronologie de l’évolution de l’inégalité dans les économies avancées. En même temps, cette même mondialisation a contribué, peut-être après un certain délai, au rattrapage du Sud sur le Nord, affectant favorablement la distribution mondiale des revenus. 

Les effets du changement technique sur l’inégalité sont plus difficiles à mettre en évidence, d’autant plus que certains d’entre eux se confondent avec la mondialisation, en atteste l’écart croissant de salaire entre emplois très et peu qualifiés. Celui-ci peut en effet résulter de l’exportation de certaines lignes de production vers les économies où la main d’œuvre peu qualifiée est bon marché, tout autant que d’innovations techniques substituant des robots ou des algorithmes aux emplois routiniers. Ces innovations ont cependant des effets indirects qui peuvent atténuer les précédents, par exemple à travers le revenu additionnel qu’elles génèrent ou les nouvelles activités qu’elles suscitent. Les évaluer est néanmoins une tâche redoutablement ardue.

Outre ces deux facteurs susceptibles d’affecter, dans une direction ou une autre, la distribution des revenus partout dans le monde, les analyses monographiques de pays mettent en évidence un grand nombre de facteurs plus hétérogènes selon les États concernés. C’est cette multiplicité qui rend le diagnostic sur les causes de variation de l’inégalité si complexe.

Quelques exemples permettent de s’en rendre compte. 

  • Le processus de développement économique lui-même peut être porteur d’inégalité. Il est en effet rarement uniforme, se concentrant dans un premier temps sur certains secteurs et dans certaines régions, créant ainsi de l’inégalité avant que, éventuellement, celle-ci ne se résorbe à un stade ultérieur. C’est bien ce qui s’est passé en Chine avant le retournement récent. Deng Xiaoping, l’artisan du décollage économique chinois, n’avait-il pas annoncé à ses concitoyens que ’certains s’enrichiraient avant les autres’ ? On a observé le même développement fortement inégalitaire ces dernières décennies dans des économies émergentes à croissance rapide comme l’Inde ou l’Indonésie, et au Brésil au temps du ’miracle économique brésilien’ dans les années 1960-70. 
  • La démographie fournit d’autres causes de modification de l’inégalité : le vieillissement, l’endogamie de classe sociale, la mobilité matrimoniale dans les économies avancées, la croissance rapide observée en Afrique ou la transition démographique ailleurs. Tous ces facteurs ont un impact sur la distribution des niveaux de vie à travers la composition des ménages et l’offre de travail. 
  • L’éducation, c’est-à-dire la structure de la population par niveau éducatif, détermine la distribution du capital humain, pendant du capital matériel ou financier, dans une société. Parallèlement à la structure de rémunération de ce capital, elle exerce une influence décisive sur l’évolution de l’inégalité à moyen et long terme. 
  • Les politiques économiques et sociales jouent un rôle plus visible, surtout lorsqu’il s’agit de redistribution. En opérant un autre type de redistribution, les politiques concernant l’éducation et la santé sont tout aussi importantes. La régulation de la concurrence, la réglementation du travail, y compris le salaire minimum, les politiques macroéconomiques et structurelles, les chocs auxquelles elles répondent ou les stratégies qu’elles mettent en œuvre peuvent avoir un impact majeur sur les revenus primaires, ou sur le pouvoir d’achat lorsqu’elles agissent sur les prix, comme les mesures monétaires de contrôle de l’inflation. L’évaluation de leurs effets distributifs est cependant souvent délicate.
    C’est la résultante de tous ces facteurs que l’on observe dans les chiffres de variation de l’inégalité, sans qu’il soit possible de déterminer leur contribution exacte, d’autant moins que cette variation est souvent faible et que les différents facteurs peuvent se compenser mutuellement. Il faut donc un choc suffisamment fort sur un facteur particulier pour que l’on puisse lui attribuer sans trop d’incertitude la variation observée du niveau d’inégalité.

Le processus de mondialisation amorcé à la fin des années 1980 ainsi que ses conséquences sur les structures économiques et sur le partage de la valeur ajoutée entre travail et capital ont pu constituer un choc de cette importance dans les économies avancées. Dans la mesure où il s’est ensuite stabilisé plutôt qu’inversé, il a même pu signifier un véritable changement de régime, plus ou moins prononcé selon la structure économique et sociale des pays ou l’efficacité de leurs systèmes re-distributifs respectifs. Dans les économies en développement, les chocs majeurs peuvent être le changement structurel qui accompagne une croissance rapide ou au contraire trop lente de l’économie, ou alors les conséquences de crises macroéconomiques violentes et leur mode de résolution.

Perspectives {{}}

Les faits rappelés plus haut ont bien montré la pertinence de distinguer dans les inégalités du monde celles qui existent au sein des pays et l’inégalité proprement mondiale. S’agissant du premier type, l’accent mis précédemment sur les grands chocs structurels comme cause principale de variation des inégalités nationales conduit à s’interroger sur ceux qui sont susceptibles de survenir dans les années, ou décennies à venir.

Deux défis majeurs de long terme auront des conséquences évidentes sur les inégalités : le changement climatique et le déplacement du travail humain par la robotisation et l’intelligence artificielle

Les stratégies d’atténuation et d’adaptation au réchauffement climatique entraîneront une restructuration des économies, le renchérissement, ou le rationnement, de certains biens dont il faudra limiter la consommation, et très certainement la diminution de la consommation elle-même en faveur de l’investissement. S’il passe, au moins en partie, par les prix, cet ajustement pèsera davantage sur les plus modestes. Directement ou indirectement, le changement climatique et les politiques mises en œuvre pour l’atténuer et s’y adapter concourront à augmenter l’inégalité des niveaux de vie. 

Les futurologues annoncent des chiffres inquiétants et croissants d’emplois ’automatisables’ par les robots et l’intelligence artificielle, sans préciser les créations d’emploi que l’on peut attendre de cet approfondissement de la révolution numérique. Cette mutation technologique n’est cependant pas nouvelle. Au cours des dernières décennies, beaucoup d’emplois ont déjà été remplacés par les machines et les logiciels, ou ont été exportés grâce à Internet, sans que l’on constate un chômage de masse dans les économies les plus en pointe de la high tech

En revanche, on peut penser qu’au moins une part de l’augmentation constatée des inégalités salariales dans ces mêmes pays s’explique par la nouvelle structure d’emplois résultant de cette substitution que façonnent les nouvelles technologies, en sus de la mondialisation. On ne peut certes pas exclure que ce phénomène s’accentue dans le futur à la suite d’une automatisation massive de toute une série d’emplois. 

Les autres chocs exogènes qui peuvent frapper nos économies sont les pandémies et les conflits internationaux suffisamment graves pour affecter le commerce et les prix mondiaux – à l’exemple du conflit ukrainien. Un ’retour à la normale’ est cependant envisageable à la fin d’une pandémie ou d’un conflit, même si cela doit prendre du temps, alors que le réchauffement planétaire ou une révolution technologique engendrent des changements structurels difficilement réversibles. 

La perspective d’un fort trend inégalitaire issu du changement climatique et des politiques entreprises pour en contrecarrer les effets, ou d’une accélération de la révolution numérique donne au niveau élevé d’inégalité observé aujourd’hui dans un grand nombre de pays un caractère de passif. L’ajustement à un nouveau régime et à une pression inégalitaire accrue risque d’être socialement beaucoup plus difficile surtout s’il doit s’accompagner d’un ralentissement ou, dans la plupart des économies avancées, d’une stagnation et peut-être d’une régression du niveau de vie moyen. 

On sait que la sensibilité à l’inégalité est d’autant plus forte que le niveau de vie croît moins vite. Cet argument plaide en faveur de la mise en œuvre de stratégies ambitieuses de réduction de l’inégalité dès aujourd’hui ou dès la manifestation de nouvelles tendances inégalitaires. 

***

Si l’on s’en tient aux tendances de ces dernières années, le rattrapage du Nord par le Sud devrait se prolonger, quoiqu’à un rythme inférieur à celui constaté durant les années 2000. L’inégalité mondiale poursuivrait sa baisse, avec cependant une source d’ambiguïté : le fait que le niveau de vie des pays à bas revenu, fortement affectés par la chute du prix des matières premières après 2015, baisse depuis cette date par rapport à celui des pays à haut revenu et la moyenne mondiale. La pandémie et la guerre d’Ukraine ont creusé l’écart. 

Si l’on s’en tient aux économies émergentes, l’inégalité mondiale devrait continuer de décroître, mais la croissance des pays pauvres, plus lente que celle des pays riches et que celle de la moyenne mondiale, va dans le sens contraire. Le coefficient de Gini continuera peut-être de décroître mais ce ne sera pas le cas d’autres mesures d’inégalité donnant plus de poids aux plus pauvres. 

Cette question se complique énormément si l’on prend en compte les effets du changement climatique et des politiques inévitables d’atténuation et d’adaptation. L’objectif mondial d’éradication des gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050 est clairement inatteignable pour les pays les plus pauvres, sauf à ce que leur consommation par habitant diminue. En cumulant l’effet direct négatif du réchauffement sur leurs revenus, le ralentissement prévisible de l’économie mondiale et le besoin d’investir dans l’adaptation et l’atténuation, maintenir le rattrapage des pays les plus pauvres sur les pays riches et a fortiori le niveau de vie moyen mondial demandera un effort supplémentaire d’assistance financière à ces pays. Si les bailleurs de fonds ne font pas preuve de cette générosité, il est possible que le renversement favorable de l’inégalité mondiale constaté ces dernières années ne se révèle que temporaire.

Cet article est extrait de Les inégalités dans le monde

Revue - Questions internationales - n° 121 - Octobre-novembre 2023

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Mots clés : Société - Population Inégalité sociale Economie internationale Commerce international

Source : https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/295564-inegalites-dans-le-monde-les-grandes-tendances-francois-bourguignon

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Auteur  : Delphine Pouchain- Maîtresse de conférences en sciences économiques, Sciences Po Lille

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Déclaration d’intérêts - Delphine Pouchain ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche. Partenaires : Université de Lille - initiative d’excellence apporte un financement en tant que membre adhérent de The Conversation FR. Voir les partenaires de The Conversation France Nous croyons à la libre circulation de l’information - Reproduisez nos articles gratuitement, sur papier ou en ligne, en utilisant notre licence ‘Creative Commons’.

On semble avoir oublié la « querelle du luxe » qui fit les beaux jours de l’économie au dix-huitième siècle. Pourtant, réfléchir et définir ce qui ressort ou non de cette catégorie ouvrirait des pistes fécondes pour réfléchir au financement de la lutte contre le changement climatique.{{}}

Le tourisme spatial est en plein essor et son impact sur les émissions de CO2 est de mieux en mieux documenté : les plaisirs extravagants de quelques-uns réchauffent et dégradent la planète pour tous. En effet, sur la base des calculs du rapport d’évaluation environnementale du SpaceShip Two, un vol suborbital émet 4,5 tonnes de CO2 par passager : cela équivaut à plus du double des émissions individuelles annuelles autorisées pour rester sous la barre d’un réchauffement de deux degrés. La multiplication des superyachts participe de la même logique, le tout dans un contexte bien documenté d’accroissement des inégalités au sein des pays depuis les années 1980. Dans ses réflexions sur ces superyachts, Grégory Salle montre que ces derniers sont la parfaite illustration du lien entre le développement de ces pratiques relevant du luxe et la montée des inégalités environnementales et climatiques.

On comprend ainsi mieux pourquoi, notamment depuis l’épisode des gilets jaunes, les politiques environnementales butent systématiquement sur la question de leur potentielle contribution à l’augmentation des inégalités : les Français ne sont pas prêts à accepter des politiques climatiques jugées injustes). Une enquête récente montre que 80 % des personnes interrogées sont « totalement d’accord » ou « plutôt d’accord » avec la proposition selon laquelle « ce sont les plus pauvres qui payent la crise climatique et énergétique alors que ce sont les plus riches qui en sont responsables ».

Consommations inacceptables{{}}

Les faits leur donnent raison, comme le confirment bien les thèses de l’économiste Eloi Laurent : les crises écologique et sociale sont fortement imbriquées l’une dans l’autre, et aucune des deux ne pourra être atténuée sans penser leur interdépendance. Au vu des nécessaires efforts de sobriété devant être demandés à tous, il est compréhensible que certaines pratiques et consommations ne paraissent plus acceptables.

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Dans ce contexte caractérisé à la fois par le changement climatique et la montée des inégalités (autorisant le développement de pratiques et de loisirs de plus en plus luxueux), des voix s’élèvent pour demander une taxation des produits de luxe. L’association Oxfam recommande d’appliquer une taxe carbone sur les produits de luxe, et inclut parmi les produits concernés les SUV, les vols en classe affaires, ou encore les jets privés. Philippe Benoît défend l’idée d’une taxe spéciale sur les émissions de luxe](https://www.ethicsandinternationalaffairs.org/2020/a-luxury-carbon-tax-to-address-climate-change-and-inequality-not-all-carbon-is-created-equal/), également plébiscitée par le philosophe Henry Shue.

Retour des lois somptuaires ?{{}}

Chancel et Piketty proposent pour leur part de taxer davantage les voyages en avion, à hauteur de 180 euros pour un trajet en classe affaire et de 20 euros pour la classe économique. Rappelons en effet qu’un déplacement en avion en première classe de Washington à Paris émet quatre fois plus de CO2 que le même trajet en classe économique. En d’autres termes, c’est une nouvelle conception des lois somptuaires » qu’il s’agirait ici de ré-inventer, dans un contexte qui les justifie doublement.

Pour distinguer (pour les taxer différemment) les « émissions de subsistance » et les « émissions de luxe » comme nous y invite Shue dans ses travaux, encore faut-il disposer d’une définition ou a minima d’une compréhension de ce qui relève du luxe. Or, nous avons montré dans un article récent que les économistes avaient abandonné ce projet. Aujourd’hui, la relégation de la notion de luxe, voire son refoulement, de la science économique, ne nous semblent plus être tenables au vu des circonstances actuelles. Rappelons qu’au XVIIIe siècle, philosophes et économistes avaient largement débattu des bienfaits et des effets pervers du luxe dans une célèbre controverse nommée « querelle du luxe ».

Comme l’ont montré les historiens, une révolution de la consommation s’est produite en Europe au XVIIIe siècle. Cette prolifération de biens de tout type s’accompagna de craintes liées à un potentiel désordre social. La querelle du luxe opposa les arguments mis en avant par les apologistes du luxe tels que Mandeville, Melon, Hume, Voltaire et Butel-Dumont, qui mettaient l’accent sur la possibilité que le luxe soit facteur de progrès économique et social, aux critiques du luxe développées principalement par le chef de file de la physiocratie Quesnay et Rousseau. Selon Kwass, trois séries de motifs justifiaient la critique du luxe : 1) religieux (le luxe étant associé aux péchés du désir temporel, notamment la luxure) ; 2) sociaux (le luxe constituant une menace grave pour l’ordre social, en bousculant le respect des hiérarchies), et 3) politiques (le luxe étant responsable d’une corruption des valeurs, en menaçant la vertu).

Impossible accord sur la définition du luxe{{}}

Ces différentes critiques ne furent guère audibles ni jugées convaincantes dans la mesure où les pourfendeurs du luxe furent mis en échec sur la question de sa définition. Les apologistes du luxe tels que Mandeville et Butel-Dumont vont mettre en évidence l’impossibilité de sa définition objective et donc de son identification. Si historiquement et étymologiquement le luxe était associé à l’excès et à la démesure, cette relation étroite entre le luxe et l’excès va être déconstruite. Dans la mesure où ce qui est considéré comme relevant du luxe dépend des contextes sociaux et historiques, il serait plus cohérent de reconnaître que le luxe n’existe pas en soi, et que seul le critère physiologique ou biologique permettrait de faire apparaître ce qui relèverait du luxe (identifié comme tout ce qui sort du cadre de la nécessité).

France 24. {{}}

Cette définition extrêmement extensive de la catégorie du luxe serait l’unique solution pour mettre fin à son caractère contextuel et subjectif. Au XVIIIe siècle, le luxe va donc revêtir une nouvelle signification, débarrassée de toute connotation morale, sans lien avec l’excès et l’ostentation. Dès lors, si la querelle du luxe eut le mérite de poser la question de la définition des biens de luxe, elle se conclut sur une éviction de la notion, et la question du luxe disparait alors des préoccupations des économistes. La querelle du luxe débouche donc sur la thèse de l’innocuité du luxe mise en avant par une majorité d’économistes : renoncer à le définir ne serait pas gênant puisque le luxe n’aurait aucun caractère problématique.

Une réflexion indispensable{{}}

Cependant, les économistes peuvent-ils abandonner toute réflexion sur le luxe, au simple motif qu’il n’y aurait pas d’accord sur sa définition ? Certes, il se peut que nous ne parvenions pas à un accord sur une définition incontestable. Compte tenu de la variabilité des contextes, un consensus sur ce qui relève du luxe est sans doute impossible. Mais il se peut qu’un accord émerge pour considérer qu’aujourd’hui, certains biens précis (SUV, superyachts, jets et piscines privés, tourisme spatial…) appartiennent sans doute possible à la catégorie des biens de luxe. Il existe donc des alternatives permettant de sortir autrement de la querelle du luxe, sans refoulement de la notion, afin d’en tirer des enseignements davantage pertinents dans notre contexte.

France 24. {{}}

L’existence d’une double crise écologique et sociale est en effet propice à un réexamen des condamnations morales et environnementales du luxe : interroger le bilan de cette querelle du luxe permet de mieux penser théoriquement et traiter pratiquement la relation luxe-inégalités-environnement. Il s’agit aujourd’hui pour la science économique d’accepter le débat autour de ces nouveaux questionnements sur le luxe. Si étymologiquement le luxe renvoie à l’excès, ce sont bien ces excès qui nous ont conduits à cette double crise sociale et environnementale. Les excès liés au luxe et à sa consommation aggravent les écocides que nous observons et que le réchauffement climatique va encore accentuer.

Responsabilité des économistes, responsabilité des agents économiques{{}}

La querelle du luxe est tombée dans les oubliettes d’une science économique cherchant à s’autonomiser des questions liées à la morale et à l’éthique. En finir avec ce refoulement consisterait à faire du luxe un concept économique qui nous permet d’ouvrir les yeux sur notre consommation excessive. L’agent économique considèrerait alors que le bonheur (ou bien-vivre) qu’il obtient d’une consommation modérée est inséparable d’un comportement juste du point de vue de la justice climatique.

Il serait soucieux du fait que son bonheur d’agent économique ne se fasse pas au prix d’une augmentation des injustices climatiques. C’est d’ailleurs bien la voie implicitement empruntée par Shue dans son dernier ouvrage : m’interroger sur ma consommation, et sur ce qu’elle a d’excessif, relève immanquablement de ma responsabilité morale. Ici, il s’agirait donc pour le consommateur de prendre conscience que certaines de ses consommations consistent en un luxe dont il pourrait se passer : le luxe s’inscrit dès lors dans une réflexion personnelle et éthique dont doivent s’emparer économistes et consommateurs.

Revisiter la pensée économique est instructif pour la lutte contre la catastrophe climatique annoncée. La façon dont s’est clôturée la querelle du luxe et le refoulement du luxe ont mené à l’oubli de la question de la bonne consommation et de la bonne richesse. Rejeter le luxe hors du champ de la science économique revient à refuser de penser au sein de la science économique l’idée d’excès, c’est donc exclure de la science économique l’idée de limites. L’histoire de la pensée économique nous rappelle que l’économie a pensé et donc peut – et doit – de nouveau penser le suffisant et le trop.

Mots clés - consommation environnement économie fiscalité aéronautique luxe surconsommation inégalités sociales richesse

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Source : https://theconversation.com/luxe-la-consommation-des-ultra-riches-est-elle-morale-239149

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  • Inégalités dans le monde - Mise à jour le 05 août 2024 – Document ‘lafinancepourtous.com’
    Les inégalités en France semblent fortes, avec les 1 % les plus riches qui détiennent 25 % du patrimoine national. Mais savez-vous où se situe la France par rapport aux autres grands pays ? Le Danemark, habitué au rôle d’élève modèle, est-il exemplaire dans ce domaine ? Pensez-vous que les inégalités rendent une population moins heureuse ?

Inégalités dans le monde

Consulter l’infographie par ici

Les inégalités dans le monde{{}}

Les pays les moins inégalitaires{{}}

Le Japon, la France et le Royaume-Uni sont les pays les moins inégalitaires.

Le Japon fait figure de champion car c’est le grand pays le moins inégalitaire. En effet, les 1 % les plus riches ne possèdent « que » 21,1 % du patrimoine. Le seul point noir au tableau concerne les revenus, où le Japon se situe au milieu du classement.

De leur côté, la France et le Royaume-Uni passent pour de bons élèves avec des inégalités limitées et bien équilibrées entre le patrimoine et les revenus.

Les coefficients de Gini, par pays, sont plus élevés pour le patrimoine que pour les revenus. Ceci est dû au fait que la répartition du patrimoine est plus inégalitaire que celle des revenus.

Les pays les plus inégalitaires{{}}

La Chine, l’Inde et les États-Unis sont les pays les plus inégalitaires.

Historiquement, l’Inde est le grand pays de l’inégalité ! Au pays de Gandhi, les 1 % les plus riches détiennent plus de 40 % du patrimoine. Les États-Unis et la Chine ne font pas bien mieux avec des taux respectifs de 34,2 % et 31,3 %. Le taux d’inégalité en Chine peut surprendre, s’agissant d’un régime communiste, mais l’économie est en réalité capitaliste depuis les années 80.

Le coefficient de Gini (indicateur statistique qui mesure les inégalités de revenu dans un pays) aux États-Unis est sur une pente ascendante depuis les années 80. En 2022, son niveau est 20 % plus élevé qu’au Japon lorsqu’on prend en compte le patrimoine !

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Pays égalitaire : le cas très particulier du Danemark {{}}

Dans cet échantillon, le Danemark est le pays le plus égalitaire en termes de revenus mais aussi parmi les plus inégalitaires en termes de patrimoine ! Comment est-ce possible ?

Tout simplement parce que les ménages danois sont les plus endettés de l’OCDE. Fin 2023, la dette des ménages correspondait à 190 % du revenu disponible net. A titre de comparaison, ce même taux est de « seulement » 113 % pour la France… Ainsi, il existe une majorité de danois très endettés et une petite minorité qui ne l’est pas, d’où une très forte inégalité au niveau du patrimoine.

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L’égalité de revenus rend heureux (a priori){{}}

Il semble exister un lien entre l’égalité des revenus et le bonheur. Ainsi, on retrouve quasiment le même classement pour ces deux critères. Les seules différences concernent le Japon, dont la population n’est pas très bien placée sur l’échelle de l’indice du bonheur malgré des inégalités limitées, et les Etats-Unis, dont la population est « heureuse » malgré des inégalités importantes.

Cette conclusion peut paraître curieuse car les inégalités de patrimoine ont un poids plus important sur la durée (et elles sont plus marquées). Mais dans une perception immédiate, les populations sont peut-être plus sensibles aux inégalités de revenus.

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Le rapport mondial sur le bonheur (ONU)

Une carte interactive sur les inégalités de revenus (ONU)

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Renforcer les connaissances des intervenants sociaux (travailleurs et médiateurs ou assimilés) en matière de banque/épargne et d’accompagnement des personnes en situation de fragilité financière.

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  • Document officiel des Nations Unies - Objectif 10 : Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre{{}}
    Les revenus des 40 pour cent les plus pauvres de la population avaient augmenté plus rapidement que la moyenne nationale dans la plupart des pays. Mais des preuves émergentes mais non concluantes suggèrent que la COVID-19 pourrait avoir mis un frein à cette tendance positive à la baisse des inégalités au sein du pays. La pandémie a également provoqué la plus forte augmentation des inégalités entre les pays en trois décennies.

* Une personne sur six dans le monde a été victime de discrimination sous une forme ou une autre, les femmes et les personnes handicapées étant touchées de manière disproportionnée.

• L’année 2022 a été témoin du plus grand nombre de réfugiés (34,6 millions de personnes) jamais documenté. Cette année est également meurtrière pour les migrants, avec près de 7 000 décès enregistrés dans le monde.

* La réduction des inégalités à la fois au sein des pays et entre les pays nécessite une répartition équitable des ressources, des investissements dans l’éducation et le développement des compétences, la mise en œuvre de mesures de protection sociale, la lutte contre la discrimination, le soutien aux groupes marginalisés et la promotion de la coopération internationale pour des systèmes commerciaux et financiers équitables.

L’inégalité menace le développement social et économique à long terme, porte atteinte à la réduction de la pauvreté et détruit le sentiment d’accomplissement et d’estime de soi des personnes.

La pandémie a provoqué la plus forte augmentation des inégalités entre pays depuis trente ans. Pour réduire les inégalités à l’intérieur des pays et entre eux, il faut répartir équitablement les ressources, investir dans l’éducation et le développement des compétences, mettre en œuvre des mesures de protection sociale, lutter contre la discrimination, soutenir les groupes marginalisés et encourager la coopération internationale pour un commerce et des systèmes financiers équitables.

Pourquoi devons-nous réduire les inégalités ?{{}}

Les inégalités fondées sur les revenus, le genre, l’âge, le handicap, l’orientation sexuelle, la race, la classe, l’ethnie, la religion, ainsi que les inégalités des chances persistent à travers le monde. L’inégalité menace le développement social et économique à long terme, porte atteinte à la réduction de la pauvreté et détruit le sentiment d’accomplissement et d’estime de soi des personnes. Cette situation peut à son tour favoriser la criminalité, les maladies et la dégradation de l’environnement.

Il est impossible d’atteindre le développement durable et de créer un monde meilleur pour tous si des personnes ne se voient pas offrir la possibilité d’avoir une meilleure vie.

Quels sont les exemples d’inégalité ?{{}}

Les femmes et les enfants qui n’ont pas accès aux soins de santé meurent chaque jour de maladies évitables telles que la rougeole et la tuberculose ou lors de l’accouchement. Les personnes âgées, les migrants et les réfugiés sont confrontés au manque de perspectives et à la discrimination – un problème qui touche tous les pays du monde. Une personne sur cinq a déclaré avoir été victime d’une discrimination fondée sur au moins un motif de discrimination interdit par la législation internationale en matière de droits de l’homme.

Une personne sur six dans le monde a été victime de discrimination sous une forme ou une autre, les femmes et les personnes handicapées étant touchées de manière disproportionnée.

La discrimination revêt de nombreuses formes qui se recoupent, de la religion à l’appartenance ethnique en passant par le sexe et les préférences sexuelles, d’où la nécessité urgente de prendre des mesures pour lutter contre toutes les formes de pratiques discriminatoires et de discours de haine.

Comment lutter contre la discrimination ?{{}}

Dans le monde actuel, nous sommes tous interconnectés. Les problèmes et les défis tels que la pauvreté, les changements climatiques, les migrations ou les crises économiques ne se limitent jamais à un seul pays ou à une seule région. Même les pays les plus riches comptent encore des communautés vivant dans une pauvreté abjecte. Les plus anciennes démocraties sont toujours confrontées au racisme, à l’homophobie et à la transphobie, ainsi qu’à l’intolérance religieuse. Peu importe qui nous sommes et d’où nous venons, l’inégalité mondiale nous concerne tous.

Pouvons-nous parvenir à l’égalité pour tous ?{{}}

Elle peut – et doit – être réalisée pour garantir une vie digne à tous. Les politiques économiques et sociales doivent être universelles et accorder une attention particulière aux besoins des communautés défavorisées et marginalisées.

Que pouvons-nous faire ?{{}}

La réduction des inégalités nécessite des changements en profondeur. Il faut redoubler d’efforts pour éradiquer l’extrême pauvreté et la faim, et investir davantage dans la santé, l’éducation, la protection sociale et les emplois décents, en particulier pour les jeunes, les migrants, les réfugiés et les autres communautés vulnérables.

Au sein des pays, il est important d’autonomiser et de promouvoir une croissance sociale et économique sans exclusive. Nous pouvons garantir l’égalité des chances et réduire les inégalités de revenus en éliminant les lois, politiques et pratiques discriminatoires.

Parmi les pays, nous devons veiller à ce que les pays en développement soient mieux représentés dans la prise de décision sur les questions mondiales, afin que les solutions soient plus efficaces, crédibles et responsables.

Les pouvoirs publics et les autres parties prenantes peuvent également promouvoir une migration sûre, régulière et responsable, notamment par des politiques planifiées et bien gérées, pour les millions de personnes qui ont quitté leur foyer à la recherche d’une vie meilleure en raison de la guerre, de la discrimination, de la pauvreté, du manque de perspectives et d’autres facteurs de migration.

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Faits et chiffres

Cibles

Liens

The incomes of the poorest 40 per cent of the population had been growing faster than the national average in most countries. But emerging yet inconclusive evidence suggests that COVID-19 may have put a dent in this positive trend of falling within-country inequality. The pandemic has also caused the largest rise in between-country inequality in three decades.

  • One in six people worldwide has experienced discrimination in some form, with women and people with disabilities disproportionately affected.
  • The year 2022 witnessed the highest number of refugees (34.6 million people) ever documented. This year is also a deadly one for migrants, with nearly 7,000 deaths recorded globally.
  • Reducing both within- and between-country inequality requires equitable resource distribution, investing in education and skills development, implementing social protection measures, combating discrimination, supporting marginalized groups and fostering international cooperation for fair trade and financial systems.
    Infographie{{}}

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Un rapport de la FAO recommande d’élargir la protection sociale pour éliminer plus rapidement la faim

La grande majorité des populations rurales pauvres de la planète ne bénéficient pas de protection sociale, cet outil pourtant essentiel dans les campagnes d’éradication de la faim, selon un nouveau rapport de l’Organisation des Nations [...]

Objectifs de développement durable - Rappel

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  • Environnement : la sobriété comme levier essentiel de la transition - Publié le 4 janvier 2023 - Par : Stéphanie Monjon - Enseignante-chercheuse en sciences économiques à l’université Paris Dauphine-PSL – Document ‘Vie Publique ‘ Société Economie
    En lien avec de nombreuses notions comme la frugalité, le minimalisme, le low tech, ou encore le zéro déchet, la sobriété est portée par des acteurs de la société civile depuis les années 2000. Pourtant, elle a été pendant longtemps absente de la sphère politique, jusqu’à ce que l’urgence actuelle l’impose.

Sommaire :

1.La sobriété, un concept protéiforme

2.Sobriété et efficacité : gare aux effets rebonds

3.Sobriété et changement technologique

4.Inscrire la sobriété durablement dans la société

Évoquée succinctement dans la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, la sobriété s’est invitée sur le devant de la scène politique dans le récent plan de sobriété énergétique français. Si l’objectif d’une réduction de 40% de la consommation d’énergie du pays d’ici 2050 est rappelé, le plan met beaucoup l’accent sur des mesures applicables à très court terme car une baisse rapide de la demande énergétique est urgente au risque de mettre en tension l’ensemble du réseau électrique. Elle est également impérieuse pour essayer de limiter la forte augmentation de la facture énergétique et les conséquences de la décision de cesser d’acheter du gaz et du pétrole à la Russie.

Si certains soulignent la cohérence de cette urgence avec celle qui a trait au climat, d’autres craignent que le surgissement de la sobriété dans un contexte particulièrement difficile ne devienne un repoussoir rendant difficile sa pénétration durable et large dans une représentation désirable de la transition (Charbonnier Pierre, ’La naissance de l’écologie de guerre’, Grand Continent, 18 mars 2022). Le risque serait alors que les pratiques sobres adoptées soient rapidement abandonnées une fois l’urgence passée.

Mais la sobriété n’est pas un principe récent et dépasse le seul domaine énergétique. C’est un concept qui a été mobilisé à diverses reprises pour souligner la nécessité de modérer la demande de nombreuses ressources et limiter les rejets gazeux, liquides et solides des activités anthropiques. Il s’inscrit donc dans la littérature sur les limites planétaires et plus généralement sur le développement durable en donnant une place importante aux questions d’équité intra- et intergénérationnelle.
L’article propose dans un premier temps des éléments de définition du concept de sobriété et de ses domaines d’applications pour ensuite discuter de son articulation avec l’efficacité et la technologie.

La sobriété énergétique

Vidéo

12 octobre 2022

La sobriété, un concept protéiforme {{}}

La sobriété n’a pas une définition précise et consensuelle. Florian Cézard et Marie Mourad (Panorama sur la notion de sobriété – définitions, mises en œuvre, enjeux (rapport final). 52 pages, 2019) évoquent une nébuleuse de notions qui peuvent être rattachées à la sobriété : le low tech, l’économie de la fonctionnalité, le zéro déchet, la simplicité volontaire… La sobriété rassemble un ensemble de pratiques, parfois très différentes les unes des autres, qui promeuvent, à divers degrés, une certaine forme de modération dans la production et la consommation de produits ou de ressources, notamment énergétiques. Cela rejoint la définition qu’en donne le dictionnaire Le Robert : ’modération, réserve (dans un domaine quelconque)’.

La sobriété a été mobilisée par divers acteurs de la société civile travaillant sur des objets différents. Par exemple, l’association négaWatt place la sobriété des pratiques comme l’un des trois piliers fondamentaux du scénario de transition énergétique qu’elle promeut ; le développement des sources d’énergie renouvelable et l’efficacité des équipements et des infrastructures constituent les deux autres piliers. Ou encore, l’association Zero Waste décline le concept de sobriété pour promouvoir une démarche zéro déchet et zéro gaspillage, son objectif étant de diminuer la quantité de déchets produits et donc les quantités de ressources naturelles extraites et transformées.

Dernier exemple, le think tank The Shift Project a contribué à populariser le concept de sobriété numérique après avoir posé un diagnostic alarmant, notamment sur la croissance future des émissions de gaz à effet de serre du secteur et les quantités de ressources englouties par des équipements dont le nombre explose et dont la durée de vie est très courte. L’ensemble de ces initiatives ont en commun d’alerter sur les tendances de consommation pour faire prendre conscience de la nécessité, mais aussi de la possibilité, de les infléchir ; la sobriété est alors un levier important pour réussir à réduire la demande, tout en donnant la possibilité d’un meilleur partage des ressources dans le présent mais aussi dans le futur.

Tous ces acteurs ont mobilisé le concept de sobriété sans en donner une définition claire. Chacun applique le terme à des objets différents – énergie, déchet ou numérique – et propose un ensemble d’actions pouvant être d’ordre technique, organisationnel ou comportemental. Par exemple, négaWatt intègre dans son scénario 2022 le développement du covoiturage, la substitution d’une partie des congélateurs par des frigos combinés, ou encore une modération du nombre d’équipements électriques. The Shift Project souligne l’intérêt de l’éco-conception d’un site internet ou d’allonger la durée d’utilisation des équipements numériques.

La sobriété est généralement présentée comme une réponse à une production inutile. L’hypothèse implicite est donc qu’une baisse de la consommation est possible parce qu’il y a du gaspillage ; le corollaire est que cette baisse n’induit pas de privation et ne se fait pas au détriment du bien-être. C’est une première représentation qui associe le moins au mieux. Valérie Guillard (Du gaspillage à la sobriété, Avoir moins et vivre mieux ?, De Boeck Supérieur, 2019) commence son propos en rappelant la définition du gaspillage ’l’action de faire un mauvais emploi de quelque chose par manque d’attention. […]’, puis discute les remèdes possibles au gaspillage des objets, ce qui la conduit au concept de sobriété matérielle. L’ouvrage évoque des pratiques variées, comme la frugalité, le minimalisme, la simplicité volontaire, ou l’autolimitation, qui aboutissent à acheter et utiliser moins de biens et services. La sobriété questionne donc également notre rapport à la consommation et à la possession.

Pour Luc Semal (’Pratiques de sobriété dans le Nord-Pas-de-Calais’, dans : Villalba Bruno et Luc Semal (coordinateurs), Sobriété énergétique : contraintes matérielles, équité sociale et perspectives institutionnelles, Éditions Quae), la sobriété pointe la dimension sociale, plutôt que technique, de la transition énergétique en conduisant à réfléchir ’à la nature et à l’étendue des besoins des individus’. Cette approche insiste sur la nécessité de tenir compte de la sobriété subie d’ores et déjà par une large part de la population n’ayant pas accès à un niveau de consommation jugée comme minimale dans notre société. La définition proposée pour la première fois par le GIEC (groupement intergouvernemental des experts sur l’évolution du climat) dans son 6e rapport d’évaluation intègre d’emblée la composante sociale ; la sobriété est définie comme ’un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau tout en assurant le bien-être de tous les êtres humains dans les limites de la planète’.

Remettant en cause le modèle de croissance fondé sur l’abondance, certains auteurs comme Pierre Rabhi (Vers la sobriété heureuse, Arles, Acte Sud, 2010) font de la sobriété le fondement d’une nouvelle philosophe de vie – moins mais mieux –, qui questionne les normes de confort et les fondements du bien-être. La sobriété peut aller jusqu’à interroger l’organisation des sociétés modernes. Bruno Villalba et Luc Semal (’Introduction. Gouverner la fin de l’abondance énergétique’, dans : Villalba Bruno et Luc Semal (coordinateurs), Sobriété énergétique : contraintes matérielles, équité sociale et perspectives institutionnelles, Éditions Quae, 2018) soulignent la dimension politique du concept de sobriété. La question énergétique par exemple ne peut pas être réduite à une question technique ou économique, puisque la façon dont les sociétés ont été organisées détermine l’énergie dont elles ont besoin. Il existe en effet des liens étroits entre l’énergie consommée et les choix en matière d’urbanisme, d’alimentation ou encore de mobilité. Le gaspillage ne serait-il finalement pas inhérent à la façon dont nos sociétés fonctionnent ?

Sobriété énergétique : une obligation souvent mal vécue

En bref

7 novembre 2022

Sobriété et efficacité : gare aux effets rebonds {{}}

Il peut exister une certaine confusion entre les mesures de sobriété et les mesures d’efficacité. Pourtant, les différences sont importantes. Une première tient au délai de mise en œuvre des actions : alors qu’une partie des mesures de sobriété peuvent être appliquées très rapidement, les mesures d’efficacité imposent le remplacement d’un équipement ou l’installation d’un matériau produisant des délais parfois importants avant de pouvoir espérer une baisse de la demande.

Les actions d’efficacité énergétique ont pour objectif de réduire la consommation d’énergie d’un équipement (chaudière, automobile…) ou d’un bâtiment pour un service rendu identique, voire supérieur. Par exemple, l’isolation d’un logement, la diminution du poids d’un véhicule ou l’installation d’outils de gestion de l’éclairage sont des actions d’efficacité énergétique. Il est également possible de trouver le terme d’efficacité matière – le terme d’éco-conception est plus souvent utilisé – pour désigner des choix techniques qui permettent de réduire les quantités de matière nécessaires pour un usage particulier. Par exemple, certains contenants ont été allégés afin de réduire les quantités de déchets générés lors de leur fin de vie. L’efficacité implique donc un changement technologique et conduit à une baisse de la consommation unitaire d’énergie ou de ressources (par km parcouru, par bouteille produite, par m² chauffé…) : il est possible de faire plus avec moins conduisant à baisser le coût d’utilisation ou de production.

L’amélioration de l’efficacité énergétique d’un équipement peut conduire paradoxalement à une réduction plus faible qu’attendue de la consommation, voire à son augmentation. De nombreux exemples illustrent les effets rebonds qui surviennent à la suite de la diffusion d’équipements plus efficaces (Greening Lorna, Greene David L, Difiglio Carmen, ’Energy efficiency and consumption — the rebound effect — a survey’, Energy policy, 2000, Vol. 28 (6-7), p. 389-401). Un effet direct se produit en raison du changement possible dans l’utilisation de l’équipement ayant fait l’objet de l’amélioration énergétique. En matière de chauffage domestique par exemple, les ordres de grandeur d’effet rebond direct à long terme s’élèvent entre 10% et 30% (60% pour les ménages en précarité énergétique) des économies d’énergie attendues non réalisées dans les pays de l’OCDE (Raynaud Maxime, Évaluation ex-post de l’efficacité de solutions de rénovation énergétique en résidentiel, thèse de doctorat, École nationale supérieure des mines de Paris, 2014).

Ce paradoxe avait déjà été observé par Jevons au XIXe siècle : après l’introduction de la machine à vapeur de James Watt qui présentait un meilleur rendement, la consommation anglaise de charbon a beaucoup augmenté. Les gains énergétiques, et donc financiers, de cette nouvelle machine ont conduit à sa diffusion et à l’augmentation de la consommation totale de charbon dans le pays.

En matière de mobilité, la baisse du coût du km parcouru grâce à un véhicule plus efficace peut conduire les individus à circuler davantage, mais aussi à ce que plus d’automobiles soient vendues. L’effet rebond peut être renforcé par un étalement urbain favorisé par cette baisse du coût ; cette organisation territoriale allonge les distances parcourues et nourrit durablement la demande d’énergie.

Les politiques de transition énergétique mobilisant des mesures d’efficacité énergétique peuvent donc ne pas atteindre les objectifs de baisse de la demande attendue. C’est pourquoi les économistes soulignent la nécessité de développer simultanément d’autres mesures permettant de limiter les effets rebond, par exemple un renchérissement du prix du bien consommé, tout en notant le risque pour les plus précaires. Les politiques doivent également tenir compte de l’élasticité prix de la demande d’énergie plus faible pour les hauts revenus qui sont également les plus gros consommateurs.

Un équipement plus efficace peut également conduire à plus de gaspillage. Par exemple, la baisse du coût de l’éclairage due aux progrès d’efficacité énergétique des ampoules a conduit à être moins attentif à l’extinction des pièces inoccupées. D’ailleurs, parmi les engagements pris par les entreprises dans le plan de sobriété français, figure celui d’’éteindre l’éclairage intérieur de vos bâtiments lorsqu’ils sont inoccupés et réduire l’éclairage extérieur’.

Politiques climatiques et changements de modes de vie : quelle acceptabilité pour les Français ? {{}}En bref 20 juillet 2022

Sobriété et changement technologique {{}}

Si elle est faite par un changement comportemental, la baisse de la demande ne nécessite pas de changement technologique ; la sobriété est donc parfois vue comme opposée à l’innovation. Cela serait oublier la dimension systémique des enjeux auxquels la sobriété tente de répondre. Technologie et sobriété sont des composantes complémentaires et non substituables de la transition énergétique.

L’objectif de neutralité carbone, adopté dans le cadre de l’Accord de Paris, vise un équilibre entre les émissions anthropiques et les absorptions par les puits de gaz à effet de serre pour la seconde moitié du siècle. Les détails de la Stratégie Nationale Bas-Carbone illustrent l’ampleur du défi qui est posé. Dans cette feuille de route, les pentes de réduction des émissions envisagées par les autorités françaises illustrent bien l’ambition visée : -97% dans les transports, -95% dans les bâtiments et la production d’énergie… Les changements technologiques qui toucheront le système énergétique européen, mais aussi celui de nombreux autres pays, sont colossaux. Le déploiement de nouvelles capacités renouvelables notamment sera massif.

Dans la feuille de route mondiale de l’IRENA (International Renewable Energy Agency) pour développer les énergies renouvelables et atteindre les objectifs climatiques, la capacité mondiale photovoltaïque projetée pour 2050 atteindra 18 fois les niveaux actuels, soit plus de 8 000 gigawatts. À cela s’ajoutent des durées de vie des capacités renouvelables plus courtes que celles des centrales thermiques, hydrauliques ou nucléaires actuelles, ce qui conduira à devoir renouveler le parc électrique à une fréquence plus élevée. Les simulations qui sont faites concluent à une explosion de la demande de nombreux métaux. Par exemple, selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA), la demande des métaux nécessaires aux batteries des véhicules électriques (cobalt, lithium, nickel) pourrait être multipliée par 20, voire 40, à l’horizon 2040 selon le scénario envisagé. 

La montée des tensions géopolitiques pour assurer l’accès à ces ressources essentielles à la transition énergétique pourrait être particulièrement importante. Et de nombreuses innovations restent à faire pour que certaines technologies, par exemple l’hydrogène vert ou la capture et la séquestration du carbone, jouent le rôle qu’on leur confie dans les scénarios de neutralité carbone. Enfin, rappelons que la Chine domine la chaîne de valeur de plusieurs technologies ‘bas carbone’ cruciales pour les scénarios de la transition pensée par l’Union Européenne. Les défis industriels, technologiques ou encore géopolitiques à venir sont donc particulièrement importants.

Tout cela milite pour la modération de la demande en énergie et en ressources, et par conséquent pour la sobriété. Cela invite aussi à encourager fortement l’innovation dans certains domaines, notamment la récupération des métaux stratégiques, mais aussi les technologies de stockage, batteries mais aussi hydrogène. Loin de s’opposer au changement technologique ou à l’efficacité, la sobriété est complémentaire à ces deux leviers. Les trois composantes sont donc essentielles.

Dans le même temps, le développement de certaines technologies pourrait être contradictoire avec l’ambition portée par les scénarios de transition car trop énergivore. Il se pourrait que certaines innovations doivent être freinées, alors que d’autres seront fortement encouragées. Les choix politiques devront se faire avec discernement et responsabilité.

Inscrire la sobriété durablement dans la société {{}}

La crise actuelle révèle que la sobriété est un moyen d’être plus résilient aux chocs. Elle permet en effet de diminuer la dépendance à certaines ressources, qu’il s’agisse de pétrole ou de métaux. C’est pourquoi la sobriété doit s’inscrire de façon durable dans la société française et ne pas être seulement vue comme une réponse à une urgence, similaire à un effort de guerre, qui n’aurait vocation qu’à ne durer qu’un temps.

Mots clés : Environnement Politique de l’environnement Energie - Transports Energie renouvelable Politique de l’énergie

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Source : https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/287697-environnement-la-sobriete-comme-levier-essentiel-de-la-transition

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