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"« Chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre partout la lumière » : la laïcité garantit l’exercice de la liberté de conscience, croire ou pas, pratiquer une religion ou aucune, avec des options spirituelles égales" par Jacques Hallard

samedi 28 septembre 2024, par Hallard Jacques


ISIAS Philosophie Symbolisme Franc-maçonnerie

« Chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre partout la lumière » : la laïcité garantit l’exercice de la liberté de conscience, croire ou pas, pratiquer une religion ou aucune, avec des options spirituelles égales

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 26/09/2024

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Voir l’explication de cette formule latine dans ce dossier

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur


Préambule

Quelques définitions préalables pour entrer dans le sujet

« Rassembler ce qui est épars - L’œuvre à venir du Maître maçon est résumée en conclusion de la cérémonie d’exaltation : « Chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre partout la lumière ». Retrouver la Parole perdue, ce serait restaurer l’ordre principiel où toute chose se trouverait à sa juste place. C’est le but ultime… »

Compagnonnage - Le compagnonnage désigne un système traditionnel de transmission de connaissances et de formation à un métier, qui s’ancre dans des communautés de compagnons. Un aspirant compagnon se forme à un métier à travers une série de pratiques éducatives encadrées par la communauté de compagnons qu’il souhaite rejoindre… - Wikipédia

Une chaîne d’union est une chaîne matérielle ou symbolique formée par des hommes et des femmes qui partagent un lien fraternel. La chaîne d’union est un élément important de la symbolique du compagnonnage ou de la franc-maçonnerie mais peut se retrouver aussi dans d’autres démarches, rituels, cérémonies… - Source

‘La Chaîne d’union’ est aussi la revue trimestrielle d’études maçonniques, philosophiques et symboliques du Grand Orient de France. Créée en 1864 à Londres par des francs-maçons français exilés, fuyant le régime autoritaire de Napoléon III, elle fête en 2015 sa 150ᵉ années d’existence… - Wikipédia

Planche maçonnique - Pour les francs-maçons d’expression française, cela désigne avant tout un travail qu’un Frère ou une Sœur franc-maçon a préparé sur un sujet souvent imposé et qu’il devra lire devant la Loge assemblée. On appelle aussi ce travail un ’Morceau d’Architecture’. 20 décembre 2023

Une loge maçonnique est une association civile — parfois qualifié de confrérie civile — que forme un petit groupe de membres de la franc-maçonnerie au niveau localn 1. Dans la terminologie maçonnique, on appelle loges ou ateliers les groupes de base des francs-maçons. Les loges se caractérisent par un « titre distinctif », fréquemment un numéro d’ordre et un « Orient », c’est-à-dire la ville ou le lieu où elle choisit de se rattacher. Seules les loges disposent du pouvoir, essentiel en franc-maçonnerie, d’initier de nouveaux membres. Elles se réunissent dans des temples maçonniques… - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loge_ma%C3%A7onnique

Une obédience maçonnique est un regroupement de loges maçonniques, le plus souvent sous une forme fédérative, et qui peut prendre le nom de Grande loge (terme originaire d’Angleterre, le plus fréquent), ou de Grand orient (terme originaire de France, moins répandu dans le monde), ou plus rarement d’autres dénominations. Cette forme de regroupement apparaît au début du XVIIIe siècle en Angleterre et marque le début de la franc-maçonnerie spéculative… - Source

Symbolisme – « Les trois grandes lumières de la franc-maçonnerie » - 23 février 2020 - Que sont les trois grandes lumières de la franc-maçonnerie ? Quelle est la signification des trois grandes lumières au Rite Écossais ?

Au Rite Écossais, les trois grandes lumières associent trois des plus importants symboles de la franc-maçonnerie : le volume de la loi sacrée (VLS), le compas et l’équerre. Les trois grandes lumières sont disposées sur l’autel des serments, tout près du Vénérable Maître. C’est sur ces trois objets-symboles que le nouvel initié posera sa main à plusieurs reprises pour prêter serment.

Les trois grandes lumières de la franc-maçonnerie sont à ne pas confondre avec les trois petites lumières des piliers Sagesse, Force et Beauté, qui sont à mettre en parallèle avec les « trois lumières de la loge » qui sont le Vénérable Maître, le Premier Surveillant et le Second Surveillant, ou encore les trois lumières secondaires (interprétation ancienne), à savoir le Soleil, la Lune et le Maître maçon. Le fait que les grandes lumières soient au nombre de 3 n’est pas anodin. Le chiffre 3 évoque la trinité divine et de manière plus générale le ternaire, autrement dit la dualité réconciliée.

Pour entrer dans les détails du symbolisme des trois grandes lumières de la franc-maçonnerie, se reporter à ce site > https://www.jepense.org/trois-grandes-lumieres-franc-maconnerie/

Rappel sur la laïcité - En droit, la laïcité est le « principe de séparation dans l’État de la société civile et de la société religieuse »1 et « d’impartialité ou de neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses »1. Le mot désigne par extension le caractère des « institutions, publiques ou privées, qui sont indépendantes du clergé et des Églises »1. La laïcité s’oppose à la reconnaissance d’une religion d’État. Toutefois, le principe de séparation entre l’État et les religions peut trouver des applications différentes selon les pays, de la laïcité proprement dite à la simple sécularisation (sécularisme).

Définitions de la laïcité - Pour le Larousse, la laïcité se définit comme : « conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l’Église et de l’État et qui exclut les Églises de l’exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l’organisation de l’enseignement »2 ; ou : « caractère de ce qui est laïc, indépendant des conceptions religieuses ou partisanes »2.

Pour le CNRTL : « principe de séparation dans l’État de la société civile et de la société religieuse »3 ; ou : « caractère des institutions, publiques ou privées, qui, selon ce principe, sont indépendantes du clergé et des Églises ; impartialité, neutralité de l’État à l’égard des Églises et de toute confession religieuse »3.

En revanche, pour l’Encyclopédie philosophique universelle, la laïcité peut prendre un sens distinct, plus large que le sens juridique4  : « construction intellectuelle tendant à empêcher l’emprise de toute confession sur la société, ce qui a pour conséquence de proscrire l’imposition d’une religion civile par le politique tout en renvoyant les affaires spirituelles à la sphère privée »5. La confusion entre ce sens philosophique et le sens juridique étant à l’origine de nombreux débats politiques4… - Lire la suite sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/La%C3%AFcit%C3%A9

Les confusions possibles entre les mots Symbole, Symbolique, Symbolismes sont examinées dans une annexe in fine de ce dossier

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Introduction

Les cinq premiers documents repris dans ce dossier expriment des points de vue philosophiques sur le symbolisme relatif aux pratiques du Compagnonnage et de la Franc-maçonnerie, et plus particulièrement ce qui se rapporte à une expression bien connue : « Rassembler ce qui est épars… »

Puis est exposé le travail de Gilbert Garibal intitulé « De la bible au volume de la loi sacrée  » : l’auteur y rappelle notamment que « la Bible est le seul document existant dans lequel est relatée l’histoire du temple du roi Salomon et que cela a pu faire douter certains historiens de sa réalité… » - « Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l’écriture d’ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie (parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie… » Source

Rappel - Le roi Salomon est un personnage biblique qui apparaît dans les livres de Samuel et des Rois. Son existence historique n’est pas scientifiquement établie, mais elle est évaluée aux alentours de 950 avant Jésus-Christ. Selon la Bible, Salomon est le fils du roi David et Bethsabée. Il monte sur le trône au décès de son père alors qu’il avait de nombreux demi-frères plus âgés pouvant prétendre à la succession. Source

Ensuite, est annoncée dans ce dossier l’initiative d’une ONG suisse pour le dialogue et la défense de la démocratie, qui vient d’ouvrir une structure dénommée ‘Grand Orient Arabe Œcuménique’ [GOAO]

Précision : Pourquoi Grand Orient Arabe Œcuménique ? - Il faut tout d’abord éclaircir un point de vocabulaire. Arabe n’est pas une race, mais une culture. Est arabe celui qui en parle la langue, ce qui est le cas de vingt-trois pays y compris la Palestine. - Arabe n’est pas musulman. Les arabes étaient déjà arabes avant l’islam. Il y a environ 190 millions d’arabes sur terre, représentant largement les trois religions du Livre et ses différentes sensibilités : chiites, sunnites, soufis, druzes, ismaéliens... mais également pour le christianisme, les églises maronites, orthodoxes, protestantes, évangéliques de toutes tendances...). Le monde arabe, ce qui n’est pas du tout paradoxal, est donc multiconfessionnel. C’est ainsi que l’Égypte compte environ six ou sept millions de chrétiens, que le Liban, d’où est originaire le G :. M :. J-M. Aractingi, compte environ 35 % de chrétiens. Même l’Arabie, pourtant très fermée de ce point de vue, intègre malgré elle plus d’un million de chrétiens grâce à ses nombreux travailleurs étrangers. Le Grand Orient Arabe Œcuménique se veut donc bien arabe conformément à ses objectifs décrits ci-dessous, mais aussi et surtout œcuménique, comme l’indique aussi clairement son nom et le nom de son rituel. De son origine : le G.O.A.O. partage avec les obédiences maçonniques actuelles, l’héritage de nos pères fondateurs européens et se veut complémentaire car il est le seul, par son rite Œcuménique, à tisser un lien fort entre l’Orient et l’Occident. Il est en particulier l’héritier du Grand Orient Arabe, une obédience maçonnique créée en 1950 à Beyrouth (Liban). Source

Par la suite, se trouvent réunis ici :

* un article d’Yves Hivert-Messeca et Michel Maffesoli consacré au paysage maçonnique français de nos jours

Yves Hivert-Messeca né à Salernes, dans le département du Var en France, le 24 mai 1948 est un historien, chercheur en sciences humaines et essayiste. Wikipédia - Livres : L’Europe sous l’acacia - Histoire des Franc-maçonneries européennes du XVIIIe siècle à nos jours, PLUS 

Michel Maffesoli, né le 14 novembre 1944 à Graissessac (Hérault), est un sociologue français. Ancien élève de Gilbert Durand et de Julien Freund, professeur émérite à l’université Paris-Descartes, Michel Maffesoli a développé un travail autour de la question du lien social communautaire, de la prévalence de l’imaginaire et de la vie quotidienne dans les sociétés contemporaines, contribuant ainsi à l’approche du paradigme postmoderne. Ses travaux encouragent le développement des sociologies compréhensive et phénoménologique, en insistant notamment sur les apports de Georg Simmel, Alfred Schütz, Georges Bataille et Jean-Marie Guyau. Il a été membre de l’Institut universitaire de France à partir de septembre 2008, au terme d’une procédure de nomination controversée. D’autres de ses nominations à des instances universitaires sont critiquées par la communauté scientifique française, notamment en raison de la subjectivité de Maffesoli en sciences humaines et de sa perception d’une certaine « sociologie interprétative/postmoderne » à vocation académique… - Critiques et contestations ne manquent pas à ce sujet… - Source

* Un autre article d’Yves Hivert-Messeca qui reprend les obédiences maçonniques présentes en France

* L’étude qui suit expose que l’empreinte maçonnique actuelle constitue un laboratoire pour la socialité postmoderne –« L’imaginaire moderne, qui avait pris naissance avec le cartésianisme, s’était conforté avec la philosophie des Lumières et avait trouvé son apogée dans les grands systèmes sociaux du 19e siècle, reposait ainsi que l’a dit avec justesse le sociologue Auguste Comte sur la reductio ad unum [réduction à un]. Les institutions sociales sont progressivement devenues homogènes, et, en politique, la République s’étant constituée comme une et indivisible… »

Auguste Comte, né Isidore Marie Auguste François Xavier Comte le 19 janvier 1798 (30 nivôse an VI) à Montpellier en Occitanie et mort le 5 septembre 1857 à Paris, est un philosophe et sociologue français, fondateur du positivisme. Entré à l’École polytechnique dans la promotion 18141, il en est exclu avec toute sa promotion à la Restauration à cause de ses idées politiques2. Son intérêt profond pour l’enseignement constitue le fil rouge de sa carrière. Il est tour à tour professeur particulier de mathématiques, répétiteur et examinateur à l’École polytechnique, et il enseigne dans un établissement préparatoire aux concours scientifiques. Ses talents de pédagogue s’exercent également pendant plus de vingt-cinq ans dans les cours publics d’astronomie, puis d’histoire, qu’il destine à un public ouvrier. Il développe pendant toute sa vie un système philosophique, le positivisme, qui part d’une théorie de la connaissance reposant sur la loi des trois états pour proposer une classification des sciences. Cette classification consacre l’avènement de la physique sociale, appelée sociologie à partir de 1839. Cette dernière aboutit elle-même à une politique et à une morale3. Entre 1845 et 1849, le positivisme prend un tournant religieux, qui se concrétise dans la fondation de la religion de l’Humanité, l’Humanité4 étant entendue par Comte comme « l’ensemble des êtres passés, futurs et présents qui concourent librement à perfectionner l’ordre universel »5. L’influence d’Auguste Comte sur l’épistémologie et la sociologie françaises est considérable. Le mouvement positiviste a connu un développement international important par l’intermédiaire de nombreux disciples étrangers : Brésil, Angleterre, Allemagne, Pays-Bas, Hongrie, Italie, Argentine, Mexique, Uruguay, Turquie. Le dernier domicile parisien qu’il a occupé à partir de 1841 au 10, rue Monsieur-le-Prince (6e arrondissement) est aujourd’hui un appartement-musée ouvert aux visiteurs. Ses archives personnelles y sont conservées, ainsi que celles d’un grand nombre de sociétés positivistes et de disciples français comme étrangers6… - Lire la suite

Pour terminer ce dossier, ont été reproduits :

  • un document (texte et vidéo) provenant du podcast diffusé dans le cadre de l’émission ‘Divers aspects de la pensée contemporaine’ de ‘ France Culture’ – La Grande Loge Féminine de France y revient sur la notion de laïcité, un principe d’actualité…
  • une vidéo de ‘Public Sénat’ (d’une durée de 23 minutes 32) : l’obédience ‘Grand Orient’, titrée : ’Notre modèle républicain est menacé par l’islam politique’
    Une annexe propose d’éclairer les notions distinctes de Symbolisme et Symbolique, qui prêtent à confusion…

Les articles sélectionnés pour ce dossier sont mentionnés avec leurs accès dans le sommaire ci-après

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Sommaire

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§§§

Lorsque l’Expert, à l’invitation du Vénérable Maître, ouvre sur l’autel des serments le Volume de la Loi sacrée, c’est à la première page de l’Évangile selon Saint-Jean, que se trouve le signet.

Dans l’ordre maçonnique, et plus particulièrement selon le Rite Écossais Ancien et Accepté, tel que nous le pratiquons en France, ce volume de la loi sacrée est une des trois grandes lumières. C’est précisément dans le prologue de cet évangile qu’on lit : « Rassembler dans l’unité, les enfants de Dieu dispersés ».

Cet écrit est assimilable au sujet de notre planche « rassembler ce qui est épars » - On pourrait l’interpréter comme : Rassembler les individualités autour d’une unité d’action ou de pensée.

Mais la « pensée unique » n’est-elle pas contraire à la démarche maçonnique ?

L’unité autour du Grand Architecte de l’Univers, n’est pas une unité de pensée mais une unité de démarche.

Rassembler ? ou Assembler ? – Construire ? ou Réunir ?

Assembler répond à une progression arithmétique. Il n’y a qu’une notion de réunion, de compilation, d’assemblage. Rassembler est une progression géométrique. Evidemment, cette progression géométrique correspond mieux à démarche maçonnique, aux échanges en loge. Il y a, dans cette notion de rassemblement, une dynamique. Les idées, les valeurs, les esprits se dynamisent plus qu’ils ne s’ajoutent.

Rassembler dans la diversité.

Le mot « épars » a rarement une acception positive. Il s’agit plus souvent d’un éparpillement, d’une dispersion, que d’une diversité. Dans la citation de l’évangile de Saint Jean, nous trouvons cette notion d’égarement. « Les enfants de Dieu dispersés » sont les brebis égarées qu’on retrouve plus loin dans les évangiles.

Mais pour le franc-maçon, ce qui est épars, ce n’est pas ce qui est dispersé, en désordre, ce n’est pas ce qui est perdu. Mais simplement, peut-être ce qui est enfouis.

Ce qui est épars, c’est la diversité de l’individu. Cette diversité qui en fait un être.

Toutes ses valeurs, son éducation, ses racines, ses acquis, ses connaissances, ses contradictions.

Rassembler LES diversités pour en construire UNE unité en conservant les valeurs de la diversité …

Rassembler ses diversités, ses valeurs, ce n’est pas « gommer » ses aspérités. C’est au contraire les développer chacune au profit de la construction de l’être, individu.

C’est, les faire converger vers une structure de pensée. Non pas en une pensée unique mais en une pensée riche de sa complexité.

La Franc-maçonnerie dans son cheminement, permet à l’individu de travailler, de développer, de construire, étape par étape sur ses propres diversités, ses propres contradictions. Chaque étape procède de la précédente et prépare la suivante dans une construction géométrique.

Dans le cabinet de réflexion, le postulant est intrigué par une formule qui lui est alors hermétique : V.I.T.R.I.O.L.

[Addenda - La formule « VITRIOL », Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultam Lapidem (« Visite l’Intérieur de la Terre et en Rectifiant tu Trouveras la Pierre Cachée »), empruntée aux alchimistes par les maçons, est devenue plus tard un mot-clé du cabinet de réflexion dans lequel séjourne le candidat à l’initiation maçonnique...]

C’est un des premiers symboles maçonniques visible et interrogatif qui incitera le postulant, devenu apprenti, à aller chercher au plus profond de son EGO épars.

C’est en voyageant au centre de nous-même que nous trouvons la Lumière.

Mais qu’est-ce qui est au centre de nous-même ? Sinon notre propre diversité, nos propres contradictions ?

Les symboles comme les outils sont proposés à tous de la même manière.

Mais l’outil, comme le symbole, peut et doit être appréhendés par chacun en fonction de sa personnalité, de son vécu, de sa propre perception.

Appréhendé, avec ce qui est épars en lui et autour de lui. Enrichi des diversités.

Travailler sa pierre, c’est créer l’unité de son être entre la verticalité et l’horizontalité, entre son l’esprit et son cheminement. Aller chercher au plus profond de soi ses ressources, ce qui est enfouis, presque oublié.

Chaque degré est une consolidation, une mise en forme, un assemblage des diversités éparses. Comme il est demandé à l’apprenti de se construire sur ses propres valeurs spirituelles, il est demandé au compagnon de se perfectionner sur les valeurs humanistes. A chaque fois, il est demandé de réunir ses forces, ses valeurs.

L’œuvre à réaliser ne se trouve pas dans un activisme quelconque mais dans le développement et les échanges - tant parmi les Francs-maçons que les non maçons – des ferments qui suscitent l’éveil, puis la prise de conscience puis l’émergence d’idées telles qu’elles permettent à ceux qui en sont les receveurs et les transmetteurs, d’acquérir et de communiquer sur les valeurs de l’homme.

L’universalité dans l’unité mais non dans l’uniformité

Il a été question dans ce premier développement de la recherche de sa propre vérité. L’Apprenti Franc maçon rassemble en lui ce qui est épars ; il visite sa terre intérieure.

Mais à quoi servirait sa propre vérité si elle n’était pas confrontée à la vérité des autres. L’exercice à mon sens serait vain car il engendrerait des postulats, des certitudes, finalement des dogmes qui le ramèneraient à la case départ.

Attardons nous un instant sur la recherche de la vérité dans une démarche collective.

Rassembler les Frères d’une même Loge, dans une même démarche, avec les mêmes outils, autour des mêmes symboles, est un exercice qui ne prend sa véritable dimension que si nous lui donnons un sens ; mais quel est ce sens ?

La nature de notre engagement « volontaire  » doit tendre vers un idéal et ce chemin progressif se matérialise par notre travail collectif en Loge. Les éléments épars que nous sommes prennent corps et vie, s’harmonisent dans et par notre rituel. Le rituel est le ciment, la matière qui nous unis les uns aux autres. Nous cessons d’être à cet instant des particules élémentaires ; d’individuels nous devenons collectifs pour former ensemble l’entité de la loge ; elle reste une dans sa diversité.

Nous devons par une démarche unifiante, retrouver l’unité, génératrice de la connaissance et la possibilité d’approche de l’absolu.

L’individu est 1 dans sa diversité, au même titre que la Loge est une dans sa diversité.

«  Rassembler ce qui épars » est à la fois, le commencement et la fin ; la méthode et le but.

Rassembler ce qui épars » c’est le sens de l’existence, la quête d’une vie, c’est pour le franc maçon construire le temple de l’humanité :

Le sien en tant qu’individu, Contribuer à la construction du votre en tant que frère, Construire le nôtre en tant qu’homme.

Nous ne cessons jamais, dans cette démarche, de revenir à l’unité, unité qui nous permet de tracer la perspective de notre idéal commun.

Unité, égalité, diversité, prennent ici leur sens premier, primitif, le socle sur lequel nous devons bâtir notre Idéal.

Entre terre et ciel, puisant au plus profond de soi-même, le Franc Maçon voyage vers son idéal et matérialise ainsi, (ce que nous dit le rituel lors de la chaîne d’union) le vaste domaine de la pensée et de l’action.

La chaîne d’union, domaine de la pensée et de l’action symbolise le rassemblement des esprits épars

« Rassembler ce qui est épars  » devient tangible et se cristallise dans une spiritualité active qui nous invite à voyager dans le monde profane pour répandre à l’extérieur ce que nous avons construit à l’intérieur.

La chaîne d’union, invite au voyage et réunit la pensée et l’action, la verticalité et l’horizontalité.

(C’est une chaîne de fraternité dans laquelle on reçoit et on donne en permanence. Elle est le lien essentiel entre le matériel et le spirituel)

Réunir et magnifier les différences. Ne pas les soustraire, ne pas tenter de les effacer. Au contraire, les cultiver, les travailler pour renforcer l’union.

Rassembler en une unité de lieu, la Loge ; et de démarche, la Franc-maçonnerie, toutes les diversités de chacun des individus.

Prolonger à l’extérieur le travail effectué en loge, c’est prolonger l’enrichissement des diversités. Aller puiser à l’extérieur les ressources nécessaires à sa construction pour enrichir son être et enrichir la loge.

Pour terminer, en paraphrasant Rousseau nous dirons que la franc-maçonnerie est :

« dans chaque Franc maçon un acte pur de l’entendement qui raisonne dans le silence des passions sur ce que l’homme peut exiger de son semblable et que son semblable est en droit d’exiger de lui  ».

« Le miroir de la vérité (écrit Victor HUGO) s’est brisé au milieu des sociétés modernes. Chaque partie en a ramassé un morceau. Le penseur cherche à rapprocher ces fragments, rompus la plupart selon les formes les plus étranges, quelques-uns souillés de boue, d’autres, hélas, tachés de sang. Pour les réajuster tant bien que mal et y retrouver, à quelques lacunes près, la vérité totale, il suffit d’un sage, pour les souder ensemble et leur rendre l’unité, il faudrait un Dieu. »

Daniel CHA :.et Fabrice GRE :. - Planche commune des Compagnons au 1er Degré

26 octobre 2005 - Source : https://www.conscienceetfraternite.com/rassembler-ce-qui-est-epars-par-2-compagnons

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Voici une planche de la Respectable Loge de St Jean Maître Villard de Honnecourt à l’Orient de Metz, (G.O.D.F.) afin de nous éclairer…et peut être participerons nous aussi à cette quête…

Qu’entendre par rassembler ce qui est épars :

Epars du latin sparsus : répandu, jeté - Ou dispersus dispersé, éparpillé ci et là

Ce qui est épars en premier lieu : c’est l’humain - Issu d’une souche unique (c’est le mythe d’Adam, mais c’est aussi la conclusion de la science moderne).

De l’Afrique de l’est sont venus nos lointains ancêtres primitifs, partageant alors des comportements, à défaut de valeurs communes.

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La diaspora s’est alors opérée par le Moyen Orient puis l’Asie, l’Europe et l’Amérique.

L’acclimatation aux conditions climatiques et géographiques (c’est l’apport de Darwin et de la théorie de l’évolution) a induit des adaptations morphologiques et culturelles qui permettent de distinguer nos frères humains selon leurs origines, mais aussi de fonder tous les comportements de rejet de l’autre et de sa différence.

Ainsi à partir d’un tronc commun sont nées des langues, des coutumes, des droits, des spiritualités différentes parce qu’éparses.

Dans l’espace limité de la boule terrestre, fourmille une infinité d’êtres qui bien que vu de l’espace semble concentrée sur cette terre, comme des pores sur une pomme, et pourtant à mesure que l’on se rapproche, les êtres qui la peuplent s’éloignent de notre perception, au point que lorsque l’on regarde uniquement son chez soi, on ne voit plus même son voisin.

La mesure de l’espace est liée à l’altitude du champ de vision de l’esprit. Les êtres qui vivent en même temps que nous, ne sont visibles pour la plupart des autres humains, que s’ils servent notre intérêt.

Et pourtant ils vivent sur terre

Et pourtant la terre tourne,

Et si je me tournai vers les autres

Epars dispersés sur cette nature luxuriante

Mais à quoi bon rassembler ce qui ne me ressemble pas

Mais à quoi bon rassembler ce qui me ressemble

Faut-il réunir uniquement ce qui me sert en ignorant les autres, en refusant de les voir ? Faut-il dépasser son intérêt limité à son ego, et accepter que d’autres existent en dehors de notre égoïsme rassembleur ? Faut-il uniquement rassembler qu’en vue de son projet égoïste, et ignorer ce qui est épars ?

Théorie des ensembles, je reviens sur les bancs de mon école, cela suffit-il pour me rajeunir ? – Y-a-il rien de plus séparé que de rassembler ce qui est ensemble

Bonne conscience d’ignorer ce qui diffère de moi, rapide chemin entre ce qui diffère et ce qui m’indiffère.

Mon ensemble, ma vie, les autres en décor de ma vie,

Ma maison, ma famille, ma pelouse, ma clôture puis aussi mes amis mais pas trop, car parfois il est temps qu’ils partent - Mon appartement, ma banlieue, ma télé, mon match - Mes amours, mon plaisir, les autres, pour le renouveler, Moi, toi, personne d’autres, les autres m’indifférent.

Il y a autant de rassemblement que d’égoïsmes, de projets personnels, de projets partageables peut-être - D’autres penseraient-ils comme moi : cela m’importe ou cela m’indiffère. S’ils ont le même projet que moi, je veux bien les connaître pour apprendre, me nourrir de leur connaissance, mais ils vont être concurrents de mon objectif ?

Tournons la page : à notre sens rassembler ce n’est pas rassembler dans son seul intérêt - Il faut avoir envie ou désir de rassemblement sur un objectif de communion, qu’elle soit psychique, psychologique ou plus sociale.

En affirmant ces différences et en se ressourçant de celles des autres on peut aussi y arriver. On peut donc déduire qu’on peut réunir ce qui est épars en affirmant subjectivement nos particularités dans le strict respect de qui et de ce que nous sommes

Chacun doit vibrer de sa différence en s’affirmant. Car le plus difficile, c’est de se réunir dans nos différences et non dans nos adhésions communes.

Rassembler ce qui est diffus, c’est apprécier l’individualité de pensée de chacun : car il n’ y a rien de plus différent que deux êtres apparemment semblables.

On vit en même temps, on peut être même né en même temps, dans le même lieu, avoir eu les même parcours scolaires, professionnels, aller en vacances au même endroit. On peut aussi ne pas être du tout semblable, se croiser et ne jamais se voir.

Mais alors qu’est-ce qui peut nous rassembler ? - Un vécu, des malheurs, un bonheur, une expérience, un projet…

Peu importe, le rassemblement peut être local, inopportun, inopiné, subit, continu, incessant, désiré, non voulu… Trois petits points.

Pour qui aime et respecte l’autre, ce n’est pas sa ressemblance qui nous attire mais sa différence qui nous attire : son histoire différente, par une morale bien conduite, aurait fait que nous aurions peut-être réagi comme lui.

Il est Lui, et il Luit - Je suis Moi, tu es Toi - Ensemble c’est Nous, et à Trois c’est Terne.

Mais pourquoi parfois à Trois cela Luit ? - Comment créer une lueur dans les ténèbres, une union dans la diversité ? Une référence est faite au communautarisme des cités sociales et des banlieues, dont on peut dire que la diversion est éparse.

Il est essentiel de revendiquer le droit à l’indifférence et non à la différence, car c’est ainsi aboutir à ne pas exclure les individus selon des critères particuliers et donc de pouvoir réunir.

Il semblerait que dès lors qu’il y a discrimination, éparpillement, il ne peut y avoir de rassemblement. Pourtant, comme ISIS ET OSIRIS ce qui rassemble au-delà de la mort c’est l’amour. Des quatorze morceaux , il manque toujours un, mais grâce à ANUBIS, le souffle de la vie revient.

Notre éducation judéo-chrétienne transmute le phallus absent, péché originel de notre sexualité interdite. L’Homme vit seul et meurt seul. C’est peut-être à cause de la faute qu’il y a dispersion - L’amour rassemble ? La mort réunit ? - Tout comme l’amour éloigne et la mort disperse

Tout n’est que point de vue - Mais en rassemblant … il me manque toujours un morceau. Car il manque toujours un morceau au bonheur. Rassembler ce qui est épars est un choix. Choix qui ignore ce qu’il ne sélecte pas - Tri en fonction d’un objectif, qui compartimente et écarte.

Stendhal a écrit : « les différences engendrent la haine » - En rassemblant, on écarte. Concentrer ce qui est éparpillé, pour ignorer ce qui reste différent. Chacun à son tour concentre l’éparpillé. Jusqu’à opposer les concentrations, s’opposer dans sa différence ou son ignorance de ceux que nous avons décidé d’ignorer.

Pour aller où, dans l’affirmation de l’identité du groupe, et le plaisir de son appartenance, qui grandit dans l’opposition marquée avec l’autre groupe. Rassembler donc pour mieux s’opposer à l’autre groupe. Aiguiser notre identité commune, pour revendiquer notre appartenance identitaire, et marquer notre différence.

Non ce n’est pas le but. Mon but c’est de rassembler la conscience humaine, dans le respect de la différence de l’autre. Rassembler des êtres complètement différents, et pourtant semblables, dans le même respect de la différence.

La conscience est unique et multiple, par des chemins différents pour y arriver. Les chemins se recoupent et vont parfois vers le même but. L’Homme se situe entre microcosme et macrocosme. C’est une parcelle d’un grand tout, et les êtres se retrouvent dans notre parcelle du grand tout qui est l’univers.

Il n’y a pas un cercle, mais des cercles, il n’y a pas que des cercles, mais des points de vue - Et pourtant, il n’y a pas de différence entre le cercle et le point, pour celui qui regarde de loin.

Chacun participe à la voûte étoilée. Pour l’homme opératif, par sa bêtise, les pierres brutes sont éparpillées par l’explosion dans la carrière, dans le banc. Les pierres brutes taillées sont réunies dans l’édifice. Le travail grandit l’homme par son œuvre accomplie.

Construire c’est rassembler autour d’un axe commun, ce qui est épars - La vie profane éparse, la maçonnerie rassemble. Sur le fronton de notre temple est écrit la citation de Saint Exupéry : « Si tu es différent de moi, loin de me léser , tu m’enrichis »

Chacun a sa place dans la société pour construire l’édifice. En loge, le vénérable maître en chair a pour mission principale de créer et de maintenir l’unité de la Loge, tout en préservant la nature de chacun…

Il est le garant de la construction du temple, en veillant à l’épanouissement et à la progression individuelle de chaque frère de la Loge. Il s’agit en fait d’un point de départ, si cette unité et se rassemblement est possible lors de nos tenues, alors nous donnons un lieu à l’Utopie qui devient ainsi réelle, la fraternité universelle est en marche.

Réunir c’est, me semble-t-il, reconnaître l’origine et la destinée commune des Hommes, l’identité de leurs aspirations, c’est nous aimer, en les aimant, avec compassion, avec tolérance et fraternité.

Ce qui nous réunit c’est peut-être tout simplement la Foi - La foi du microcosme dans le macrocosme ; laissons la conclusion à Lamartine, orateur de ce midi :

Ame ! qui donc es-tu ? Flamme qui me dévore,
Dois-tu vivre après moi ? Dois-tu souffrir encore ?
Hôte mystérieux, que vas-tu devenir ?
Au grand flambeau du jour vas-tu te réunir ?
Peut-être de ce feu tu n’es qu’une étincelle
Qu’un rayon égaré, que cet astre rappelle.
Peut-être que, mourant lorsque l’homme est détruit,
Tu n’es qu’un suc plus pur que la terre a produit,
Une fange animée, une argile pensante…
La vérité rebelle échappe à nos regards,
Et Dieu seul réunit tous ses rayons épars

Trois petits points… il est minuit. J’ai dit.

Source : http://www.maitre-villard-de-honnecourt.com/travaux/sujet/questionB-6007.html

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  • Rassembler ce qui est épars - L’homme et la multiplicité – D’après L’Edifice 7475-3{{}}
    L’Homme fait l’expérience du multiple. D’abord dans sa relation au monde, où il ressent la multiplicité de l’émanation. Ensuite avec l’autre, lorsqu’il fait l’expérience du relatif, de la division et des contraires. Enfin, à l’intérieur de lui-même, lorsqu’il ressent la multiplicité de son être avec sa part d’ombre faite de pulsions et d’émotions.

Selon C.G. Jung, la dispersion apparaît en effet comme fatale dès lors il y a eu séparation de la conscience individuelle avec le Tout. La conscience se crée comme séparation et différentiation. Le binaire induit la multiplicité et la dispersion est ainsi la condition existentielle même de l’homme.

[Carl Gustav Jung est un médecin psychiatre suisse né le 26 juillet 1875 à Kesswil et mort le 6 juin 1961 à Küsnacht, en Suisse. Fondateur de la psychologie analytique et penseur influent, il est l’auteur de nombreux ouvrages… - Wikipédia ]

L’aspiration à retrouver l’Unité et la quête d’un ordre{{}}

L’être humain a pourtant, de tout temps, perçu une unité fondamentale dans la manifestation dont il se sent partie intégrante. Le parcours du soleil, le rythme des saisons et la chaîne même de la Vie, où toute mort est le germe d’un renouveau, donne l’intuition de régularité et de complétude, d’un rapport secret entre le rythme de l’âme et de celui de l’univers, de ce qu’on pourrait appeler un « ordre ».

Cet ordre est intimement lié aux grands mystères de l’existence. Il n’appartient pas au rationnel, car placé au-delà de la raison, qu’il englobe. C’est le reflet d’un Principe primordial organisateur, qui est pour moi, ce dont la G\ L\ D\ F\ proclame l’existence sous le nom de Grand Architecte de l’Univers.

Rassembler ce qui est épars peut certes s’entendre sur le plan social, c’est à dire réunir des hommes qui sans la maçonnerie auraient continué de s’ignorer. Mais c’est aussi une démarche intérieure. En premier lieu chercher à réunifier toutes les parties de son être avec l’Un, en se reliant au Principe, ou plutôt à le Retrouver, s’il existait en potentialité dès le commencement.

La vision symbolique du monde{{}}

Pour Mircea Eliade, c’est par une vision symbolique du monde que l’homme a de tout temps cherché à se relier. L’homme en quête de sens reconnaît un point fixe qui devient symboliquement Centre de l’univers, et autour duquel s’ordonne l’espace selon les deux directions cardinales. Ce centre est l’Axis Mundi, porte des cieux, liaison symbolique avec une réalité supérieure. A l’espace matériel fait d’une infinité éparse de lieux neutres, se superpose ainsi un espace sacré symboliquement ordonné.

[Mircea Eliade, né le 9 mars 1907 à Bucarest et mort le 22 avril 1986 à Chicago, est un historien des religions, mythologue, philosophe et romancier roumain dont les œuvres ont été rédigées en roumain, français et anglais… - Wikipédia ]

En loge, nous récréant à chaque tenue un monde sacralisé, situé symboliquement hors du temps profane et reliant notre monde physique à une réalité principielle. La loge ordonnée par son aménagement symbolique et par le rituel est le reflet du monde organisé selon le Principe comme celui de l’esprit humain en fonctionnement harmonieux. C’est le creuset dans lequel le maçon peut se transformer par le travail conjoint de l’imagination et de la raison rassemblées.

La construction de l’univers{{}}

Selon la tradition biblique, le monde naît d’un chaos originel par séparation. La Parole organise, in-forme l’univers, c’est à dire lui donne forme.

Selon la tradition ésotérique, l’esprit se dissout en se multipliant dans la matière, puis se recentre, se conscientise, en refaisant son unité dans la « divinité - Un  ». C’est du centre que tout émane et c’est dans le centre que tout se recrée. Ce double mouvement est celui du solve et coagula des alchimistes.

Malgré une expression bien sûr toute autre, la vision scientifique d’aujourd’hui va dans ce sens. On admet que l’univers se serait formé à partir d’une énergie originelle, d’un chaos. Des fragments d’énergie se seraient condensés en particules, puis en noyaux, en atome, …, jusqu’en matière vivante porteuse de conscience. Il y a eu succession d’émergences, faisant apparaître à chaque étape un ordre organisateur à partir d’éléments multiples dispersés.

L’histoire de l’univers apparaît ainsi comme une sorte de cycle de dispersions puis de rassemblement d’éléments épars, du chaos jusqu’à la vie conscience. Le théologien Pierre Teilhard de Chardin y a vu une évolution créatrice orientée vers le divin. Peut-être pourrait-on dire : vers le retour au Principe, vers la spiritualisation. La vie consciente Etait à l’origine en potentialité dans la matière. Alors il doit exister, ou plutôt Etre un Principe, qui est le sens même de la vie.

Qu’est-ce qu’aller dans le sens de la vie ? Un être vivant dans la satisfaction égocentrique ne lèguera vraisemblablement que peu de choses, et n’a je pense que peu de joie de vivre. A l’inverse, un être qui a eu à coeur de transcender sa condition d’homme matériel en recherchant vérité et justesse de ses actes deviendra maillon d’une chaîne de transmission. Je crois donc que se relier à l’ordre, c’est avant tout s’inscrire dans celui-ci en poursuivant son déploiement, en premier lieu à l’intérieur de soi-même.

Le retour à l’Un comme construction{{}}

Le rassemblement dans l’Un n’est pas la fusion, qui serait retour au chaos, mais la création d’ordre permettant de réintégrer l’image de l’ordre principiel en toute chose.

Le maçon s’attache à chercher la Vérité. Pour cela il remet en cause ses vérités relatives en s’enrichissant de celles des autres, mais aussi en puisant aux mythes, aux traditions, aux philosophies. Convaincu que se tient en chacun et en chaque chose une part de la Vérité originelle, il cherche et rassemble en construisant. Le ternaire nous enseigne qu’il peut être possible de passer de deux points de vues relatifs et apparemment antagonistes à un nouveau point de vue transcendant les deux autres. Celui-ci sera probablement rassemblé dans une nouvelle vision se rapprochant plus près de la vérité. C’est une construction. Nous nous approchons de la Vérité en reliant des éléments épars, et en reliant nous créons de l’ordre et construisons.

La ré-harmonisation de la conscience de l’homme{{}}

Mais pour être apte à construire, il faut d’abord établir l’ordre, c’est-à-dire l’harmonie, en soi-même. En proie à la dispersion, le profane est, selon les termes du psychologue Paul Diel, un homme « banal  », centré sur ses désirs immédiats. Une avalanche de désirs contradictoires se renforcent et se multiplient sans jamais se satisfaire. L’imagination d’où naît les désirs et la raison qui conçoit leur réalisation fonctionnent alors sous le contrôle de ce que N\ F\ Jacques Trescases appelle un « faux maître », substitué au vrai Maître, qui serait, selon l’ordre rétabli, l’instanciation en nous de la Loi morale.

[Paul Diel né le 11 juillet 1893 à Vienne et mort le 5 janvier 1972 à Paris, est un psychothérapeute français d’origine autrichienne… - Wikipédia ]

Aller dans le sens de la vie, c’est retrouver un fonctionnement intérieur harmonieux où a été rétablie la loi « surconsciente  » qui réagit l’Etre.

Ces pôles psychiques : action - sensation, raison - soleil, imagination - lune, et Loi surconsciente, au nombre de 5, sont en correspondance symboliques avec les 5 officiers éclairant la Loge, image de notre être intérieur harmonieux. Comme le remarque encore N\ F\ Jacques Trescases, le fonctionnement juste de la psyché est donné par le tracé de l’étoile Flamboyante, image de l’homme ré harmonisé, qui a intégré en lui l’ordre de l’univers.

[Jacques Trescases, également connu sous le nom de Jacques Houllier-Trescases, est une personnalité politique et un écrivain français né le 8 novembre 1929… - Wikipédia - Livres : L’étoile flamboyante, ou, La recherche d’une parole perdue, PLUS ]

Mais le compagnon n’a fait que voir l’étoile flamboyante. Pour intégrer pleinement en lui cet ordre, il lui faut encore rétablir le maître en lui, tel qu’il existe en puissance. C’est l’un des sens même du psychodrame du meurtre d’Hiram, qui marque symboliquement à travers le vécu de la mort la restauration de l’élan spirituel.

[À propos de l’étoile flamboyante ; c’est le symbole par excellence du compagnon, néanmoins celle-ci n’est qu’un leurre, elle est à l’image de l’arbre qui cache la forêt. Elle est pour la quasi-totalité des frères et des soeurs l’étoile qui les guide, et en ce sens, ils et elles tombent dans le panneau et s’égarent sur le chemin. L’étoile flamboyante n’a aucune existence propre, c’est l’illusion qui l’a fait naître non seulement dans nos esprits mais qui la fait perdurer des siècles. L’étoile flamboyante représente les travaux maçonniques de midi à minuit, qui ne symbolise qu’une moitié de la réalité. Cette moitié ne représente pas la chose, mais le reflet de la chose. Autrement dit, à ce stade on ne peut que lustrer le miroir afin que l’image soit la plus nette possible, mais on ne peut en aucune façon modifier l’image, car celle-ci se trouve sur un tout autre plan… - Selon ‘Symbolisme maçonnique Tome 9 ; l’étoile flamboyante n’existe pas’ de Rabi Zied-odnil – Diffusion Shekinah ] – Source

[Hiram est un personnage du premier livre des Rois et du deuxième livre des Chroniques, qui font partie de la Bible. Il est fils d’une veuve de la tribu de Dan et d’un père Tyrien. Le roi de Tyr Hiram Iᵉʳ l’envoie à Salomon, roi de Judée et fils de David, pour l’aider à bâtir le temple de Salomon… Wikipédia ]

[La légende d’Hiram en franc-maçonnerie est le thème qui sert au rite de passage que vit le récipiendaire (compagnon) pour accéder à la « Maîtrise ». Au début du XVIIIe siècle, on voit apparaître dans les rituels du troisième grade de la franc-maçonnerie un mythe maçonnique reprenant le personnage biblique d’Hiram, dont elle fait l’architecte du Temple de Salomon… - Source ]

Hiram personnifie l’homme qui fait perdurer l’ordre éternel de construction, mort sous les coups de l’imagination, de la raison et du jugement moral déréglés, c’est-à-dire de la vanité humaine. Par l’effort unis des trois F\ F\ dirigeant la Loge, qui est au contraire la dynamique harmonieuse, et seulement par lui, le Maître peut être relevé. L’accession à la maîtrise marque donc symboliquement la capacité acquise par l’initié à poursuivre la construction et à l’ordre du monde en rassemblant. C’est donc, je pense, le commencement du travail proprement spirituel.

Le chemin vers l’Unité retrouvée{{}}

L’œuvre à venir du Maître maçon est résumée en conclusion de la cérémonie d’exaltation : « Chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre partout la lumière ».

Retrouver la Parole perdue, ce serait restaurer l’ordre principiel où toute chose se trouverait à sa juste place. C’est le but ultime.

Mais, pour citer Oswald Wirth, rien ne se détruit dans le monde des idées. A partir de ce que nous lèguent les traditions, il se trouve nécessairement dans l’univers des parcelles de cette parole perdue.

[Oswald Wirth, né le 5 août 1860 à Brienz, Suisse et mort 9 mars 1943 à Mouterre-sur-Blourde, France a été le secrétaire de Stanislas de Guaita, et dessina en collaboration avec lui un Tarot, réédité depuis sous le nom de Tarot de Wirth. Ce Tarot est expliqué et commenté dans son ouvrage Le Tarot des imagiers du Moyen Âge, devenu un classique… - Source]

Le maître maçon a donc le devoir d’explorer tous les points de vue, toutes les traditions, pour y puiser les traces de l’Esprit et les rassembler. Dans de nombreuses traditions, telles le mythe d’Osiris, il est nécessaire de rechercher ce qui a été perdu et dispersé par toute la terre pour ramener un mort à la vie.

[Addenda - Mythe d’Osiris – C’est le récit religieux le plus élaboré et influent de la mythologie des Anciens Égyptiens. Il relate l’assassinat d’Osiris ainsi que ses conséquences politiques. Fils aîné de Geb et de Nout, Osiris règne sur le pays avec Isis, sa sœur et son épouse. Inventeur de l’agriculture et de la religion, son règne est bienfaisant et civilisateur. Sa vie prend tragiquement fin quand il meurt assassiné sous les coups de Seth, son frère cadet. Le meurtrier usurpe le trône et pendant ce temps, Isis restaure le corps démembré de son mari en le momifiant. Le martyre d’Osiris lui vaut de gagner le monde de l’Au-delà dont il devient le souverain et le garant suprême des lois de la Maât. Dans son nouveau royaume, son autorité s’appuie sur une armée de démons capable de gagner le monde terrestre et d’infliger des épidémies mortelles.

La suite du récit se concentre sur le personnage d’Horus, né de l’union posthume d’Isis avec Osiris. Le jeune dieu est d’abord un enfant vulnérable protégé par sa mère. Par la suite, adolescent, il est le rival de Seth pour le trône. Le conflit, souvent très violent, se termine par le triomphe d’Horus. En rétablissant l’ordre dynastique après le règne injuste de Seth, l’intronisation d’Horus parachève le processus de la résurrection d’Osiris. Le mythe, avec son symbolisme complexe, justifie les conceptions égyptiennes de la royauté et de la succession. Il permet aussi d’appréhender le conflit entre l’ordre et le désordre, entre la vie et la mort… - Source

Suite du travail rapporté >

De même le maître doit-il voyager sans relâche de l’Orient à l’Occident. En passant par le septentrion et le midi, c’est-à-dire suivant le parcours juste de tout initié, il chemine donc symboliquement toute la surface de la terre, Ce parcours de l’horizon signifie plusieurs choses : d’abord qu’il n’y a pas de limite pour lui dans la recherche de la vérité autre que celles de ses capacités présentes.

Ensuite que ce parcours se fait en se conformant à des cycles. Il faut rassembler dans le monde des idées à l’Orient, mais, une connaissance est vaine si elle n’est agissante et retransmise dans le monde manifesté, c’est-à-dire à l’Occident. Le parcours est donc une alternance de lumière et d’ombre, d’intuition et de raison, d’élaboration et de mise en oeuvre, de conception et de retransmission.

Enfin la surface de l’horizon est pour l’imagination un cercle. Le parcours suivant le carré est celle de l’initié, mais elle appartient encore à la manifestation. En passant de l’angle droit au cercle, forme parfaite et image de l’éternité, sans commencement ni fin, et dans lequel le carré s’inscrit, le maître accède à un autre plan à partir de son propre centre. Symboliquement devient médiateur entre le monde manifesté et le Principe. Il est « au milieu », entre l’équerre et le compas.

Certes l’homme spirituel que le maître aspire à devenir appartient encore à la matérialité, mais il se rapproche de l’image du Principe qu’il porte en lui.

Rassembler ce qui est épars, c’est une tâche jamais achevée, un idéal dont au mieux on se rapproche de manière asymptotique.

Si cet idéal était atteint, alors la parole perdue serait retrouvée et cela marquerait l’accession à un nouveau plan de conscience pour l’initié. Mais un nouveau cycle recommencerait car toute connaissance humaine est inaboutie. Tout achèvement ne saurait être que relatif et le travail se poursuit indéfiniment. V\ M\, j’ai dit.

Source : L’EDIFICE - contact@ledifice.net - 7475-3 - https://www.ledifice.net/7475-3.html

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  • A propos de l’expression ‘Rassembler ce qui est épars’ – Anonyme{{}}
    A la question de savoir dans quel but voyagent les Maîtres FM\, l’instruction du troisième degré nous apporte, dans ses tous derniers mots, une réponse complète et sibylline :
    ’Pour rechercher ce qui a été perdu. Pour rassembler ce qui est épars et répandre partout la lumière’

    Si tout est dit dans cette ultime réponse il reste au nouveau Maître à donner un sens à ce qui semble devoir être la quête de tout FM\, cet idéal dont la réalisation ne sera peut-être jamais achevée.

    C’est dans les Constitutions d’Anderson que l’on trouve cette phrase : ’La Franc-Maçonnerie est destinée à rassembler ceux qui, sans elle, ne se seraient jamais rencontrés’.

[Addenda - Un extrait sur les Constitutions d’Anderson (initialement intitulées Constitution, Histoire, Lois, Obligations, Ordonnances, Règlements et Usages de la Très Respectable Confrérie des Francs-maçons acceptés) sont considérées comme l’un des textes fondateurs de la franc-maçonnerie moderne.

Historique - Les Constitutions d’Anderson ont été rédigées en 1721 à l’initiative de John Montagu, alors grand maître de la loge de Londres. La première version a été écrite par le révérend James Anderson, pasteur presbytérien — dont le nom y a été associé historiquement plus tard —, en collaboration avec le huguenot Jean Théophile Désaguliers, afin de réguler les pratiques traditionnelles mais divergentes au sein de la Grande Loge de Londres et de Westminster, qui avait été constituée en 1717.

Constitutions d’Anderson, 1723. Ce texte a été passé en revue par une commission de quatorze « frères érudits » en décembre 1721, qui donna son approbation en mars 1722. Le livre a été publié en 1723 et témoigne d’une grande tolérance religieuse pour l’époque. Cependant, il connut divers remaniements (expliquant ainsi la dénomination plurielle de la Constitution d’origine) dont le principal fut en 1813. Cette date correspond en effet à la création de la Grande Loge unie d’Angleterre qui met fin au schisme vécu dans la maçonnerie en Angleterre entre les Moderns et les Ancients. Ceux-ci ont été perçus par certains francs-maçons comme une tendance vers un plus grand dogmatisme, notamment en ce qui concerne l’affirmation de l’existence d’un Dieu révélé. Cette position théiste a eu pour conséquence de fermer la porte aux athées et aux agnostiques.

Même si la franc‑maçonnerie française ne l’a pas utilisée comme « livre sacré » avant la seconde moitié du XXe siècle, certaines obédiences françaises se disent héritières des « Constitutions de 1723 ».

Plus généralement, de nombreux francs-maçons d’Europe continentale donnent aux constitutions de 1723 la valeur d’un texte fondateur, alors que les francs-maçons anglais n’y voient habituellement qu’une première étape vers leurs constitutions de 18131. Cette différence d’approche relève de désaccords interprétatifs sur la nature même du texte et sur son contenu. Le point 1 De DIEU et la RELIGION, extrait de la partie intitulée « Devoirs » étant le passage le plus polémique :

« Un Maçon est obligé de par son Titre d’obéir à la Loi Morale et s’il comprend bien l’Art, il ne sera jamais un Athée stupide ni un Libertin irréligieux. Mais bien que dans les Temps Anciens, les Maçons fussent obligés dans chaque pays d’appartenir à la Religion de ce Pays ou de cette Nation, quelle qu’elle fût, il est maintenant considéré comme plus opportun de seulement les soumettre à cette Religion que tous les hommes acceptent, laissant à chacun son opinion particulière, qui consiste à être des Hommes Bons et Honnêtes ou Hommes d’Honneur et de Sincérité, quelles que soient les Dénominations ou Croyances qui puissent les distinguer ; ainsi, la Maçonnerie devient le Centre d’Union et le Moyen de concilier une véritable Amitié parmi des Personnes qui auraient dû rester perpétuellement Éloignées. » - Lire la suite sur ce site > https://fr.wikipedia.org/wiki/Constitutions_d%27Anderson ]

Suite du travail rapporté >

Qu’entendre alors par ’Rassembler ce qui est épars’, au-delà de cette vocation première de la FM\ ? - On peut y voir trois aspects complémentaires et indissociables symbolisant les trois forces créatrices d’une utopie fondatrice.
’Rassembler ce qui est épars’ est à la fois une valeur, un moyen et une finalité.

Commençons par la valeur.

Issus d’une souche unique, que les scientifiques s’accordent à situer en Afrique de l’Est, les premiers Hommes ont ensuite migré pour finalement occuper la presque totalité de cet espace restreint qu’est notre planète Terre. Les conditions climatiques et géographiques ayant entrainé des adaptations morphologiques et culturelles importantes, l’Homme a créé des langues, des us et coutumes et des cultures spécifiques et différentes.

Car ce qui est épars, en premier lieu, c’est l’espèce humaine et c’est cette particularité qui a créé les différences…qui font toute la différence ! C’est, par ailleurs, au nom de ces différences que l’Homme se déchire et se bat depuis la nuit des temps. Parfois pour l’imposer, d’autres fois pour la sauvegarder. Mission, projet ou utopie, qu’importe le mot, seule l’action nous permettra d’œuvrer dans ce sens pour finalement atteindre l’Unité dont nous sommes tous issus.

Certains pourraient voir, dans cette volonté de rassembler, une contradiction entre la liberté de penser, qui nous garde de tout dogmatisme et la réunion des diversités.
Mais c’est sans compter sur la Fraternité, cette valeur humaniste qui nous anime et nous permet de nous réunir dans le respect de la différence, la tolérance de la diversité et nous encourage à construire l’œuvre autour d’un axe commun.

Il nous vient alors à l’esprit cette maxime de Saint Exupéry si souvent reprise sur nos colonnes : ’Si tu es différent de moi, loin de me léser, tu m’enrichis’.

Il nous faut donc rassembler et non assembler, car la pensée unique serait destructrice d’une démarche qui consiste à respecter chacun dans sa différence et à construire ensemble dans une dynamique où les esprits s’additionnent plus qu’ils ne s’opposent.
Ce qui est épars c’est la diversité de l’Homme, cette diversité qui fait de chacun de nous un Être à part, unique et complexe.

La démarche M\ doit donc permettre à chacun de travailler, de construire et de s’élever marche après marche, vers l’Unité en s’enrichissant de la complexité de l’Autre.
Et c’est la Fraternité qui rend possible une telle démarche. Démarche qui, soulignons-le, tend à l’universalité dans l’unité sans jamais tomber dans l’uniformité.
Alors notre chaîne d’union peut devenir une chaine de Fraternité qui nous invite à progresser tous ensemble vers notre idéal en associant la verticalité et l’horizontalité que sont la pensée et l’action.

’Rassembler ce qui est épars’ est donc également un moyen, et c’est le symbolisme qui nous en donne la mesure. Car ’faire symbole’ c’est étymologiquement rapprocher les deux morceaux d’un même objet par deux individus différents afin de leur permettre de se rejoindre et de se reconnaître. ’Faire symbole’ c’est déjà poser un acte pour retrouver l’Unité. Ce qui présuppose que cette unité a existé, a été perdue, qu’elle est reconstructible et qu’il existe une démarche pour la retrouver.

Le symbolisme maçonnique est un moyen, une démarche unificatrice qui permet l’échange au-delà des différences de cultures, d’origines de religions ou d’opinions.
Il nous conduit à ce que Jung appelait l’inconscient collectif et nous reconnecte au sens le plus secret des représentations archétypales auxquelles nous pouvons nous accéder par l’intermédiaire du symbole. C’est la voie royale de la connaissance mais également un puissant moyen de réconciliation avec soi-même et par conséquent avec les autres.

N’est-ce pas là une matérialisation du verbe ’rassembler’ ? - C’est la démarche symbolique, en tant que moyen, qui nous conduit à l’Unité de l’Être en tant que finalité. Car elle nous plonge dans l’univers de la conscience en transcendant celui de notre mental et de notre moi. Ainsi l’Être et le Moi se trouvent rassemblés au plus intime de nous-mêmes.

Le symbolisme est la voie qui permet l’émergence de l’Être et le silence de l’égo par les représentations intimes qu’il créé et l’espace sacré intemporel dans lequel il nous immerge. Moyen universel, le symbolisme maçonnique est un outil initiatique au sens premier du terme car il nous permet de progresser sur la voie de l’Unité fondamentale à laquelle nous aspirons et pour laquelle nous avons demandé la Lumière lors de notre première entrée dans le Temple.

’Rassembler ce qui est épars’ est, en troisième lieu, une finalité. Comme dans le mythe d’Osiris dans lequel Isis l’épouse et veuve fidèle rassemble les morceaux épars de son mari puis insuffle une étincelle de vie pour être fécondée, nous avons, en tout premier lieu, pour contribuer à la réalisation de l’idéal maçonnique, à rassembler, en nous, ce qui est épars.

Nos antinomies, nos contradictions semblent occuper notre espace mental et sont à l’origine de la plupart de nos décisions et actions. Lorsqu’ils deviennent conflits internes ils sont à l’origine de tous les désordres psychiques que nous connaissons, que nous avons connus ou que nous connaitrons.

Une des principales caractéristiques de notre vision humaine consiste à considérer chaque élément de notre environnement comme étant différent des autres et surtout à donner à chaque élément plusieurs significations différentes et parfois opposées.
Notre mental semble être comme un prisme qui décompose la réalité en plusieurs fragments de couleurs. Ce qui pourrait sembler être un chaos intérieur est en fait le résultat d’une pensée multiple due à des structures psychiques différentes et parfois opposées.

La réconciliation de ces différentes structures est un premier objectif que le symbolisme peut nous permettre d’atteindre. Elle exige cependant une connaissance approfondie du ’soi’ dont on ne peut faire l’économie. Pour Unifier notre Temple intérieur et contribuer à la création du Temple extérieur nous devons faire nôtre la maxime socratique :
’Connais-toi toi-même et tu connaitras l’Univers et les Dieux’.

Se connaître c’est tout d’abord apprendre à regarder les multiples aspects de notre personnalité et à reconnaître leurs différentes façons de voir le monde, leur perception subjective, leurs peurs et leurs attentes. Certaines de nos attentes peuvent alors être contradictoires et même conflictuelles. Nous sommes alors tiraillés et confrontés à des choix qui sont faits de renoncements et de sacrifices.

Vivre en harmonie avec soi-même est une vaste entreprise de développement de soi, de conscientisation et de travail intérieur continuel. Cette harmonie intérieure nous conduit alors à distinguer l’Esprit de l’égo et de les unifier.

’Rassembler ce qui est épars’
revient à passer du multiple à l’Unité, c’est atteindre la Sagesse par la Connaissance, la Tolérance et l’Amour Fraternel. C’est atteindre le centre de nous-mêmes où brille cette Lumière que nous pourrons alors répandre autour de nous. Dans un monde où la pensée scientifique semble régler en maitre, le profane en vient à croire qu’il est un grain de sable noyé dans un Univers dont on ne connaît pas les limites.

Le FM\ sur le chemin de son initiation accède a la connaissance que l’Univers tout entier est contenu au plus profond de lui ; car ce qui est épars n’est peut-être pas ce qui est perdu mais simplement ce qui est enfoui en lui-même. - J’ai dit. - P\ A\

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  • Rassembler ce qui est épars (1 sur 2) - Document ‘esotericus.fr’{{}}
    Introduction{{}}

À la lueur de l’article sur la légende d’Osiris et avant de procéder à la mise en ligne d’un article sur le Papyrus d’Hunefer, il apparaît utile de faire le point sur ce vieil adage cher aux ésotéristes et plus particulièrement aux alchimistes et aux Francs-Maçons.

Rassembler ce qui est épars{{}}

Le Larousse énonce : « Éparpiller : répandre des objets çà et là, les disperser au hasard ; disséminer. »

Pour ce qui est de rassembler (réunir), le site la définition.fr :

« Assembler de nouveau des personnes ou des choses qui étaient dispersées. Il signifie aussi mettre ensemble, unir assembler ce qui était épars. »

Ce même site énonce, concernant le verbe éparpiller :

« Répartir des éléments semblables ou appartenant à un même ensemble en plusieurs lieux éloignés les uns des autres.  »

Après avoir vu que selon le mythe d’Osiris l’expansion du monde semble avoir commencé après qu’Isis ait pu rassembler 13 des 14 morceaux épars de son défunt époux Osiris.

Objectifs{{}}

1 : Essayer de nous convaincre que tout notre univers repose sur des cycles entremêlés d’expansion et de rétraction (évolution vs involution). Pour ce faire nous envisagerons l’adage sous divers angles.

2 : Constater également que, tant au niveau macrocosmique que microcosmique :

  • l’involution (l’éparpillement) traduit une forme de régression (souvent volontaire car liée au travail) alors que
  • l’évolution (l’action de rassembler) semble liée à la notion de progrès, de confort et de bien-être.
    3 : Faire valoir que le degré de satisfaction des êtres humains repose essentiellement sur leurs capacités à rassembler ce qui est épars.

L’état des connaissances scientifiques{{}}

Sans entrer dans l’état des connaissances relatives au big bang, tous les scientifiques semblent de nos jours s’accorder pour affirmer qu’une énorme quantité d’énergie primordiale est progressivement entrée en expansion pour former l’univers tel que nous le connaissons. L’image ci-dessus nous paraît en être une bonne illustration ; car elle évoque bien la notion de dispersion et de cristallisation de l’énergie intiale.

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Le « big crunch » devant quant à lui marquer la phase de rétraction…

Le monde perceptible au sein de l’univers{{}}

Sans entrer dans les arcanes de la physique quantique, et même si l’univers n’a pas encore achevé sa phase d’expansion ; l’’état actuel des connaissances scientifiques, nous permet de vérifier qu’à l’intérieur de notre univers, l’adage « rassembler ce qui est épars » pour contribuer au progrès de l’humanité est maintes fois vérifié.

Les atomes (entité électriquement neutre) sont un rassemblement d’une trinité éparse : neutrons, protons et électrons.

Une molécule est un ensemble d’au moins deux atomes identiques ou non, unis les uns aux autres par le biais de liaisons chimiques qui résultent de la mise en commun d’un certain nombre d’électrons. (les électrons gravitent sur la couche externe des atomes.

Les molécules sont donc le rassemblement d’atomes épars.

Atomes et molécules forment la matière ; c’est à dire : tout ce qui compose les corps qui nous entourent, tout ce qui a une masse et un volume.

Pour aller plus loin : Rollet, Vincent. La physique quantique : (enfin) expliquée simplement (French Edition) (p. 21). Institut Pandore. Édition du Kindle.

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Rassembler ce qui est épars dans la vie courante{{}}

Rassembler ce qui est épars est toujours pour l’homme un processus entrepris dans le but d’améliorer ou embellir son existence et peut être son âme (nous y reviendrons dans le second volet de cet article).

  • Éparpiller : source de peine et d’espoirs.
  • Rassembler : source de progrès et de plaisir avec des objectifs souvent moraux voire spirituels.
    Rassembler dans la cuisine{{}}

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Rassembler dans les champs et les potagers{{}}

Depuis la préhistoire, l’homme a toujours fait en sorte de transformer ses besoins alimentaires élémentaires en source de plaisir.

Ainsi naquit l’art culinaire qui consiste à réunir des aliments et énergies éparses pour en faire un tout qui satisfasse tout à la fois le goût des convives et pourquoi pas aussi contribuer à améliorer ou maintenir leurs états de santé.

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L’agriculture est un cycle dont la finalité est de réunir ce qui est épars au moment des récoltes. Pour maintenir ce cycle l’homme a très vite compris qu’une partie de ces récoltes devait être conservée pour être « réinvestie ». C’est ainsi que le dur labeur des semailles (qui éparpillent une partie de ce qui avait été rassemblé) prépare la jouissance des futures récoltes.

Genèse 26-12 : « Isaac sema dans ce pays, et il recueillit cette année le centuple ; car l’Eternel le bénit. Cet homme devint riche, et il alla s’enrichissant de plus en plus, jusqu’à ce qu’il devint fort riche… »

Rassembler dans les mondes économique et scientifique{{}}

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Rassembler dans la vie sociale{{}}

La segmentation en matière de marketing rassemble des profils de clients épars.

Au fil des âges, l’homme a su progresser et améliorer le confort de son époque en fabriquant des outils toujours plus performants. Il a pour ce faire rassemblé des matériaux et savoir-faire épars.

Jusqu’à la naissante intelligence artificielle qui est censée se substituer à l’homme pour lui épargner l’effort de rassembler ce qui est épars en essayant de lui en abandonner les profits et bienfaits attendus.

Les chercheurs, étudiants, doctorants qui préparent des articles, mémoires ou thèses, ne font que rassembler des éléments épars de la connaissance pour les rassembler en un tout harmonieux de nature à faire progresser les connaissances de l’humanité tout entière.

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Ce rassemblement est la grande gageure depuis que les forces créatrices de l’univers ont fait le pari de réunir des êtres dont les âmes se sont vites avérées incomplètement compatibles.

Le vivre ensemble des êtres humains éparpillés autour du monde, dans leurs pays leurs régions villages etc. n’est à ce jour toujours pas atteint pas atteint.

Les divers courants religieux et philosophiques ont tenté d’y parvenir en développant leurs dogmes respectifs sans qu’aucun ne parvienne à faire en sorte que nous soyons tous aptes à nous aimer les uns les autres sans les inévitables conflits liés aux nuances de nos vices et vertus respectifs.{{}}

La vie sur terre repose en effet sur un système de prédation dans lequel chaque chose et chaque être vivant ne peut subsister qu’aux dépends des autres (et ce, que ces « autres » appartiennent au règne minéral, végétal, animal ou humain).

Certes chaque règne, conscient que « l’union peut faire la force » des individualités éparses essayent de se préserver par le biais de rassemblements d’intérêts plus ou moins stables et pérennes, mais les divers rassemblements entrent très vite dans des conflits entre eux…

Faut-il y voir que le chaos du monde terrestre n’a d’autre espoir qu’une évolution individuelle de chaque âme vers une union avec son ange dans un monde astral ?

Le second volet de cet article tentera d’en esquisser une approche convaincante (ou pas ?) mais basée sur l’état des connaissances actuelles sur les traditions et expérimentations en la matière.

Source : https://esotericus.fr/il-faut-reunir-ce-qui-est-epars-1-3/

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  • De la bible au volume de la loi sacrée - Par Gilbert Garibal - 20 novembre 2023 - Document ‘450.fm’

    Gilbert Garibal

décors maçonniques

Décors maçonniques en désordre sur un bureau

La Bible est le seul document existant dans lequel est relatée l’histoire du temple du roi Salomon. Ce qui a pu faire douter certains historiens de sa réalité. La franc-maçonnerie ou Art Royal (en référence à ce souverain) a fait à la fois de cet édifice une allégorie centrale et du Livre des trois religions monothéistes, un support de réflexion majeur (pour les obédiences qui l’ont intégré dans leur symbolique). Qu’est-ce que la Bible en soi ? Quels éclairages les maçons et maçonnes trouvent-ils dans sa lecture philosophique ?{{}}

 Allumons ensemble notre imaginaire…

Nous sommes en 1250 avant Jésus Christ, au pied du Mont-Sinaï, dans le djebel Mousa, où les Hébreux sortis d’Egypte ont installé leur camp. Ce matin-là, alors que le soleil levant incendie la voûte céleste, soudain le son strident d’une batterie de trompettes déchire l’air. Suivent éclairs, coups de tonnerre ! Un fracas qui réveille en sursaut les nomades réunis, couchés à même le sable, serrés les uns contre les autres dans leurs bourgerons, sous des pans de toile bigarrées.{}

Comme s’il attendait de Dieu ces signes forts, Moïse, leur imposant chef charismatique, surgit de sa tente plantée sur un promontoire. Le torse nu, il lance au ciel un regard d’acier. Puis, rejetant derrière ses épaules sa longue chevelure blonde, il saisit à bout de bras une grande outre remplie du sang d’un mouton sacrifié. Le colosse en asperge les bergers massés à ses pieds, pour sceller symboliquement l’alliance avec le Seigneur. Surpris, le visage éclaboussé par le liquide vermeil, ils fixent leur libérateur de leurs yeux agrandis par la peur ! La terre tremble. Qu’arrive-t-il ?!{}

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« Viens jusqu’à moi ! » Moïse reconnaît la vibrante voix divine qui résonne au-dessus de sa tête. D’un geste de la main, il intime à son peuple l’ordre de ne plus bouger. « Viens jusqu’à moi ! », répète le Seigneur. Alors, seul, altier, Moïse s’avance, maintenant ceint de sa tunique blanche et chaussé de ses sandales de cuir à hauts lacets croisés sur ses mollets puissants. Il commence à monter d’un pas lent vers le sommet de la montagne, peu à peu enveloppée d’un épais nuage de fumée, couleur d’encre. La voix du Dieu d’Israël s’élève à nouveau et son écho retentit jusqu’au creux de la vallée : « Approche ! Voici les tablettes de pierre sur lesquelles j’ai écrit les Commandements de la Loi, pour que tu les enseignes aux Israélites ! ». A cet ordre, Moïse se retourne une fois vers son peuple, puis pénètre le rideau de fumée noire et s’enfonce, vite absorbé par l’ombre épaisse qui s’élargit.{}

Il en ressortira 40 jours plus tard, dans le triangle d’une lumière éblouissante, brandissant les deux pierres plates noires gravées, afin de donner les consignes divines à son peuple de fugitifs qui l’a patiemment attendu. Pour partir avec lui vers un destin commun…{}

De la Torah à la Bible{{}}

…En remettant à Moïse ces tables de la Loi, Dieu vient d’indiquer à l’humanité que son outil de communication est le Verbe. Mais ce Dieu qui est descendu sur le Mont-Sinaï pour transmettre au peuple d’Israël les premiers éléments de la Torah, c’est à dire de la Bible naissante, ce Dieu qui a pris la parole humaine pour se faire comprendre, est absent de la terre des Hommes, il n’habite pas parmi eux, parmi cette foule bruissante qui s’étire dans le désert ! En quelque sorte, il a abaissé le ciel d’où il vient et il en est descendu pour se mettre au niveau de l’homme. Ce qui signifie, à l’inverse, que l’homme, lui, peut tenter de s’élever vers le ciel, dont la courbure le désigne comme royaume de la perfection. Il pourra s’élever, paradoxalement, en se penchant avec humilité sur le texte sacré ! Dieu représentant cette perfection même, l’homme est donc invité à la verticalité mystique pour se parfaire. Et à l’horizontalité sociale pour communiquer avec ses semblables.

Ainsi nous dit l’histoire, vont naître puis s’ancrer dans l’inconscient collectif, deux archétypes universels : la symbolique du carré, image de la terre et de la matérialité, et celle du cercle, image du ciel et de la spiritualité. Ainsi apparaîtront du même coup dans les mythologies méditerranéennes, les premiers outils pour tracer, l’un la ligne droite, l’autre la courbe : l’équerre et le compas. Deux outils qui, entrelacés, formeront une autre figure, le triangle, que s’appropriera bien plus tard la franc-maçonnerie et qui constitueront son emblème universel.

Avec le symbole, viendront ensuite les métaphores, dont celle du sang et de l’encre. Le sang, c’est le ciel rougeoyant au-dessus de Moïse sur le Sinaï, c’est celui du mouton sacrifié, c’est aussi celui des hommes, guerriers par nature, qui ne cessent de s’entretuer. L’encre, c’est le nuage sombre enveloppant la montagne, lors de la réception par Moïse des tables de la Loi. L’encre, c’est aussi les milliers de pages qui seront noircies au fil du temps par l’écriture des « massorètes », les scribes savants, rédacteurs des livres de la Bible.

Le sang, c’est la vie quand il est contenu dans un corps, et la mort quand il est répandu. En revanche, l’encre, répandue dans les signes tracés, c’est la vie consignée par écrit, mais c’est aussi la mort quand l’encre reste contenue dans un flacon, puisque la page, sans signes, reste blanche et muette…

Le sang et l’encre, le rouge et le noir, ce sont bien à la fois, les deux couleurs originelles de la transmission divine supposées et les deux métaphores susdites, mémorisées dans le volume sacré. Cette dualité suit « les fils d’Adam » depuis Moïse. Après lui, Saül, premier roi des Hébreux sera aussi le premier conservateur des tables de la Loi, puis David le second. Salomon, son fils, le troisième, lequel nous permet de faire un bond en arrière de 3500 ans ! Et en même temps, par un saisissant raccourci, de diriger notre regard vers cette bible. Notons que, dans les loges dont le rite en requiert la présence sur « l’autel des serments », elle est ouverte à la page de l’Evangile de Saint-Jean (Au commencement était le Verbe). En souvenir de la création de la Grande Loge de Londres, le jour de la Saint-Jean, le 24 juin 1717.

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De fait, la bible en franc-maçonnerie procède d’une histoire très ancienne. Comme en attestent les manuscrits anglais Regius et Cooke, ces règlements en forme de viatiques à l’usage des ouvriers du bâtiment religieux – respectivement écrits en 1390 et 1410 – la bible était déjà présente dans les loges opératives d’Outre-Manche. Pour la raison essentielle que les commanditaires des cathédrales et abbayes étaient les membres du clergé et qu’ils imposaient à la corporation, avec des rituels de circonstance, la prestation sur cette bible d’un serment de dévotion à Dieu et d’allégeance aux autorités religieuses et civiles. De la sorte, toute réception d’un apprenti, voire toute réunion d’instruction des maçons de l’époque, étaient assimilées à un office cultuel. Le document en cause se composait alors des textes religieux ancestraux, comme les règlements de chantiers, soigneusement recopiés par des clercs sur des peaux tannées. A la plume d’oie, trempée dans l’encre de suie. Et ces mêmes ecclésiastiques catéchisaient tailleurs et poseurs de pierre, charpentiers et vitriers, en leur apprenant à lire du même coup.

Ce n’est que dans les années 1450, à l’avènement de l’imprimerie, que, si je puis dire, des vrais bibles – reliées et protégées par des couvertures de cuir bovin – commencèrent à trouver place en loge, d’abord sur une table ou une chaise, puis enfin exposées en majesté sur un lutrin, près du Maître d’œuvre, également maître des lieux.

A noter que ce livre, compilé et sacralisé au fil des millénaires par les religions monothéistes dans leurs lieux d’exercice, a connu en loge diverses attributions selon les rites de la maçonnerie spéculative, qu’il devienne le livre de la Révélation divine ou de l’expression de la gnose, autrement dit de la Connaissance. Ou encore, qu’il soit considéré dans le cadre du Rite Ecossais Ancien et Accepté, en tant qu’outil symbolique non religieux : à savoir une histoire écrite traditionnelle de la condition humaine, sur le modèle de la civilisation méditerranéenne antique. A remarquer aussi qu’après la naissance de la maçonnerie spéculative, coïncidant avec l’avènement du « philosophisme » – siècle des Lumières oblige – la bible a perdu dans les loges françaises des années 1750, son statut de texte sacré, pour devenir conjointement une source d’informations doctrinales et un répertoire d’allégories judéo-chrétiennes. Bref une sorte de livre de références au plan moral. Elle a même pu constituer un temps, de ce fait et paradoxalement, un moyen de contestation anticléricale !

Au regard de toutes ces attributions, il est utile de se poser ici la question : Qu’est-ce au juste que la bible ? Qu’est-ce que ce « Maître-livre », qui est en fait composé d’un recueil de 66 autres : 39 livres pour l’Ancien Testament, la Torah, qui signifie « Révélation » en Hébreu et 27 livres pour le Nouveau Testament. Autant d’ouvrages additionnés, et rédigés sur plus d’un millénaire. Cette « écriture verbale » devenue littéralement une bibliothèque, a précisément commencé au désert avec Moïse : « Etoile du berger » pour des générations de croyants, la bible constitue en même temps le grand « reportage » de multitudes d’histoires d’hommes et de femmes. Donc des récits de rencontres, d’alliances, d’amours, de trahisons, de ruptures, de guerres, de morts. Témoignage grandiose de la foi monothéiste, elle demeure aujourd’hui un modèle de vie pour des millions de gens sur la planète, dévots ou non.

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Il faut pourtant admettre que cette toujours jeune Bible, traduite en quelque 2000 langues et continuel « bestseller » de librairie, est une bien lointaine parente des textes originaux, d’abord traduite de l’hébreu puis écrite en grec – langue universelle du bassin méditerranéen et des juifs en diaspora – pour être lentement diffusée ensuite dans le monde entier. Le « Livre » s’est ainsi mis à vivre de nouvelles vies ; avec toutes les métamorphoses, tous les changements de sens que l’on peut imaginer, selon les éditeurs, les traducteurs, les cultures, les nations…et les volontés correspondantes ! Ainsi la Bible, n’est en aucun cas, ni le livre de la Vérité, ni « Le Grand Livre de l’humanité », comme on l’entend parfois, fort abusivement. D’autant qu’elle ne reflète que la traversée d’une époque – fut-elle d’un millénaire, courte durée à l’échelle du temps – sur une infime partie de la planète. C’est à dire un petit pays de l’Orient antique, Canaan, encore appelée « terre d’Israël », situé entre l’Egypte et la Mésopotamie. Un lieu de passage, à la fois champ de bataille et carrefour de civilisations.

Or, c’est un fait avéré, la bible, ce recueil de fictions et de réalités – tel un papillon multicolore au vol arrêté et comme figé dans un cristal éternel – ce recueil est connu dans le monde entier ! De la même manière que sont connus de toutes les nations, grâce à la Bible – puisque nous ne disposons pas d’autres sources – le roi Salomon et son temple, monument plusieurs fois détruit, reconstruit et détruit à nouveau ! Peu importe d’ailleurs si cette royauté n’a jamais existé, comme le soutiennent encore certains historiens soupçonneux, à juste ou mauvais titre. Pour que les mythes, allégories, légendes et symboles vivent – la franc-maçonnerie le sait bien – il faut toujours les réinventer et les actualiser ! Parce que ce sont eux, par les constantes métaphores qu’ils permettent, qui donnent de l’amplitude à notre pensée, donc à notre raisonnement au présent, dans notre « ici et maintenant ».

Un premier survol de cette bible nous met d’entrée sous les yeux des scènes de fureur et d’horreur, avec des meurtres et du sang, tout au long des chapitres d’une longue histoire, qui commence en Canaan, passe par l’Egypte, la Mésopotamie, puis la Palestine, pour se terminer en Judée. Impression paradoxale devant le spectacle des plus bas instincts de l’homme en action – dominance, jalousie, rancœur, revanche, xénophobie, cruauté, crime – alors même que ce livre saint est donné pour un modèle d’amour et de paix ! Une lecture plus lente, plus approfondie, plus réfléchie aussi, rétablit son véritable propos : de fait, nous pénétrons au gré des feuillets, dans plus d’un millénaire de la vie tumultueuse d’un peuple. Si l’on veut bien emprunter le regard et l’oreille du psychosociologue, la Bible devient alors un fantastique lieu de « mises en présence » les plus variées, des rois vaniteux aux gens de peu, des prêtres en adoration aux prophètes dénonçant l’injustice, des sages les plus éclairés aux révoltés les plus décidés, des femmes dévouées à la cause familiale aux enfants porteurs de lumière et d’espérance…

…Au final, autant de photographies émouvantes, des vérités et contradictions mêlées de la condition humaine ! Autant d’époques traversées qui nous montrent que d’évènements tragiques peuvent naître des périodes de bonheur, à sans cesse entretenir. Que de la peur, la colère et la tristesse peuvent surgir la joie d’être, de penser et de faire, pour bien vivre ensemble. Avec au fil de ces textes, une figure centrale, à la fois lointaine et étonnamment proche, vivante et présente : celle du Dieu d’Israël, qui a révélé son nom en apparaissant à Moïse, sur le Mont Sinaï. Ce nom de Yahvé…que le croyant ne doit pas prononcer.

Le Royaume de Salomon{{}}

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Depuis cette révélation, les innombrables rédacteurs de la Bible, des premiers littérateurs israélites, eux-mêmes formés à la tradition orale, jusqu’aux derniers auteurs et témoins de la primitive Eglise chrétienne, tous sont animés d’une même foi : ils ont la certitude que Dieu, le « seigneur » tel qu’ils le nomment, cet invisible créateur de l’Univers et de l’humanité, veut que ce peuple méditerranéen vive et se multiplie, se dépasse dans l’action héroïque et lui soit fidèle. De la sorte, avec cette croyance monolâtre qu’ils entretiennent, ces rapporteurs comme tout le peuple d’Israël officialisent le monothéisme. Ils ne croient effectivement qu’en ce dieu unique, contrairement aux peuples voisins, souvent polythéistes.

Puisque Dieu est vivant, descendu du ciel, il est là, présent, parmi les hommes qui souffrent, qui luttent et qui pleurent, qui rient et qui sont heureux aussi. Puisque ce Dieu est adoré, sanctifié, puisque le peuple a fait « alliance » avec lui sur le mont Sinaï, alors il faut lui consacrer une terre, un espace. Cette ferveur institue la notion « d’espace sacralisé », qui a pu faire évoquer le « royaume sacré de Salomon », dont nous traitons ce soir. Quel est ce royaume ? Après leur temps nomade avec le patriarche Abraham, puis leur sortie d’Egypte avec Moïse, les israélites ont rejoint « la terre promise » de Canaan. Là, ils s’y organisent en royautés successives, avec Saul, David puis Salomon. Sous le règne de ce dernier, le territoire comprendra Israël au nord, avec pour capitale Samarie et Juda au sud, avec Jérusalem. C’est tout ce royaume qui devient sacré, c’est à dire dédié à Dieu. On peut l’inscrire dans 10 cercles concentriques puisque sont sacralisés, de l’extérieur vers le centre : le pays d’Israël tout entier, ses cités fortifiées, la ville de Jérusalem, le mont Moriah sur lequel sont construits le palais et le Temple, l’enceinte de ce Temple, le parvis des femmes, le parvis des israélites, le parvis des prêtres, le sanctuaire. Et enfin, au centre de l’ensemble, le saint des saints, lieu de conservation de l’Arche d’alliance, abritant les tables de la loi.

Cette notion de centre géographique et même « théographique » si je puis dire, est essentielle au temps du roi Salomon. Elle sera reprise par les bâtisseurs de cathédrales, qui n’ont pas posé celles-ci n’importe où, mais bien au milieu de la cité. Ce n’est bien sûr pas par hasard, si les dites cathédrales ont le plus souvent deux tours, à l’image des deux colonnes du Temple de Salomon. Et ce n’est pas un hasard non plus, si anciens tailleurs de pierre, maçons opératifs, ont choisi le Temple de Salomon, construit à Jérusalem en 967 avant Jésus-Christ, comme « symbolique centrale ». Et si, après eux, les maçons « spéculatifs » la perpétuent aujourd’hui, avec la présence de deux colonnes stylisées à l’entrée de leur loge, qui symbolisent celle du temple de Salomon !

Le mont Sinaï est en soi un centre initiatique, le mont Moriah, un autre : deux centres de ralliement autant que des bases de départ, d’ailleurs. Les Constitutions d’Anderson, désignant la franc-maçonnerie comme « centre de l’union » ne disent pas autre chose : rassembler d’abord ce qui est épars, en un point central, et rayonner ensuite. Alors que le Temple de Salomon est la maison de Dieu, la loge maçonnique elle, est la maison des hommes. Au vrai, le point central d’un cercle, d’où ils prennent leur départ vers la cité.

Ce centre est en soi une force, bien sûr par sa position axiale même, fédératrice parce qu’elle regroupe, et protectrice parce que, dans l’esprit humain, elle porte en elle la sécurité et l’espérance. En termes de construction monumentale, la combinaison du point central et de la surélévation, à l’image du mont Moriah, confirme le prestige et la durée, œuvre des bâtisseurs. N’oublions pas qu’au temps salomonien, la terre est pensée comme une plate-forme ronde dont le centre est le jardin d’Eden, près de Jérusalem et le ciel imaginé telle une calotte sphérique. Soit deux cercles superposés. Dans la fantasmatique humaine moderne qui a toujours besoin de « reliance », la verticalité est restée en quelque sorte, l’échelle galactique permettant de passer du royaume terrestre au royaume céleste, demeure attribuée à la force suprême. De ce point de vue, la verticalité fonctionne avec la croyance. Dieu est toujours désigné par les hommes, instinctivement, non en fixant le sol, mais les yeux et les bras levés vers le ciel, vers la voûte céleste, cercle à la fois indéfini et infini.

Le Volume de la Loi Sacrée{{}}

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Ce détour en forme de rappel historique par le Temple du Roi Salomon n’est pas inutile. A la fois parce que la loge maçonnique est une représentation de celle qui, dit-on, jouxtait le Temple et parce que ledit Roi est l’un des personnages principaux de la chronologie biblique. Il est ainsi omniprésent dans le Rite Ecossais Ancien et Accepté, au gré des mythes et légendes qui structurent ce dernier.

Nous constatons le rôle « primordial » – c’est le mot – de la bible en maçonnerie, dont elle est la source allégorique et le fil rouge dans le temps. D’abord considérée comme « meuble » en loge, puis « référence théologique » chez les maçons opératifs, elle devient « lumière » au sens de « guide moral » durant le siècle du même nom puis « Volume de la Loi Sacrée », synthèse de l’ensemble, chez les maçons spéculatifs, adhérant à une religion révélée ou à une symbolique déiste.

Pourquoi cette appellation : « Volume de la Loi Sacrée » en maçonnerie ? Une trilogie sémantique à analyser. « Volume » d’abord : le mot vient du latin volumen explicare, « déployer et décrypter un rouleau de manuscrit ». Il rappelle qu’après l’écriture sur des peaux, parchemins et papyrus, les textes religieux furent écrits sur des bandeaux tendus et enroulés entre deux bâtons. La Torah, se présente rituellement, toujours de la sorte. « Loi » ensuite : En 1804, le Rite Ecossais Ancien et Accepté apparaît et se répand progressivement sur tous les continents avec toutefois une modification dans la reprise textuelle des manuscrits anglais premiers. La phrase « La Bible règle et gouverne notre foi » devient ainsi « La Bible règle et gouverne notre loi ». Incontestablement, il y a changement de sens, dans le champ maçonnique moderne : à la croyance en un principe religieux déterminé se substitue l’idée de l’interprétation libre – laïque, entre autres – des métaphores bibliques.

Cette notion et ce mot « Loi » seront d’ailleurs repris cinquante ans plus tard par les juridictions maçonniques anglo-saxonnes, aux Indes, avec l’introduction de l’expression « Volume de la Loi sacrée » qui y désigne, non seulement la bible, mais de façon générale, l’ensemble et par là-même chacun des livres saints, sur lequel prêtent serment les initiés, chrétiens, juifs, hindous, sikhs, parsis et musulmans. Qu’il s’agisse de la bible donc, des Védas, des doctrines du Taoïsme et du Zoroastrisme ou du Coran. Dès lors, cette bible prendra au moins deux sens distincts en maçonnerie, selon les options des obédiences mondiales : soit elle devient en loge le Livre historique et imposé d’une religion révélée, en l’occurrence chrétienne, soit elle y est considérée comme un outil symbolique, laissant à chacun sa liberté de conscience tout en exprimant néanmoins parmi les autres livres, les trois mêmes concepts généraux : le fini et l’infini, le contingent et le permanent, le matériel et le spirituel. C’est à dire, tout à la fois, « le visible et l’invisible », « le mesurable et l’incommensurable », « l’autrefois et ailleurs », « l’ici et maintenant, « le demain et plus loin », « le naturel et le surnaturel ». Autant de vocables, et de mises en mots, pour tenter, à titre individuel, d’approcher les mystères du monde et de la condition humaine. Et de la sorte pour chacun, autant de « Lois » de l’univers qui nous dépassent, à essayer de comprendre, à accepter, à respecter au final : elles deviennent alors une seule et même Loi, « sacrée » par définition, au sens où naît un sentiment de révérence devant la puissance absolue et d’interrogation devant l’inconnaissable, l’intouchable, le séparé, l’interdit à l’homme en quelque sorte. Le mot « sacré », dernier de la trilogie, trouve ici sa définition même, certes librement interprétable.

Partant, la Grande loge de France, reconnait pour sa part un principe créateur et organisateur dans le symbole du Grand Architecte de l’Univers et perçoit les valeurs culturelles et traditionnelles d’une civilisation, dans ledit Volume de la Loi Sacrée. Certaines instances maçonniques pratiquant ce même REAA ou d’autres rites, estiment de leur côté, qu’une telle symbolique à composante déiste n’a pas sa place en loge et ont un point de vue essentiellement humaniste de la tradition. C’est le cas du Grand Orient de France qui a « évacué » le Grand Architecte de l’Univers et toutes références religieuses de ses rituels, en 1887. C’est le fait aussi du Droit Humain, dont certains ateliers ont remplacé la bible par les Constitutions de leur Ordre. Ce qui est bien entendu leur droit absolu. Et ce, au nom même de la liberté de penser et d’une tolérance qui se doit d’être réciproque entre toutes les obédiences.

Les psaumes de David{{}}

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Mais au-delà du regard, comment vraiment communiquer avec le divin ? Très tôt, semble-t-il, l’homme, a éprouvé le besoin de parler aux dieux supposés, ensuite au Dieu unique inventé, afin d’ « échanger » avec lui. Certainement après qu’il se soit dressé sur ses deux jambes, qu’il ait pu lever les bras, puis possédé un langage articulé. Ainsi, au cours des siècles a pris forme la prière, témoignage d’adoration, mais encore, conjuration de la peur et du doute. Croire en Dieu, n’est-ce pas une tentative désespérée pour refouler une idée insupportable…Croire ne serait-ce pas finalement un refus de croire : Que nous sommes seuls, abandonnés et emportés par notre vaisseau, dans l’immense océan cosmique…Un tragique accident dans l’histoire de l’univers en marche… ? Non, au temps biblique, ce doute n’existe pas ! En témoignent dans le Livre saint en début d’écriture, les psaumes qui vont y prendre progressivement une place particulière. Puisque toute divinité impose une idée d’élévation, traduite matériellement par de hauts édifices lancés vers le ciel – telles les Pyramides d’Egypte et tous les temples sur les montagnes, dont le temple de Salomon et les cathédrales plus tard – il s’agit donc d’élever aussi l’esprit de l’homme jusqu’au Seigneur ! La parole humaine permet de remplir cet office : ainsi vont naître les psaumes (littéralement des airs joués sur des instruments à cordes et chantés) attribués au roi David, parce qu’il était poète et musicien, mais de fait composés tout au long de l’histoire d’Israël. Autant de textes poétiques d’abord « psalmodiés », c’est le terme, par les israélites, au temps de l’Ancien Testament, puis ensuite par les chrétiens, à l’époque venue des évangiles et des épîtres.

Quand je parle de communication avec Dieu, le terme est d’évidence impropre, puisque, par définition, il s’agit d’un monologue. Mais cette expérience personnelle d’amour, conduit chaque « être priant » à la transcendance, à ce qu’il a de plus profond en lui, là où il est censé recevoir les réponses divines et éventuellement dialoguer en secret. A partir de ces psaumes, expression même du sentiment mystique, il est intéressant de considérer les variantes de cette relation humaine avec l’absolu. Qu’il s’agisse de la prière, manifestation parlée ou chantée de dévotion, issue desdits psaumes, ou des états spirituels, comme la méditation ou la contemplation, ou encore des productions spectaculaires de cette vie spirituelle, telles les extases et les visions. Tels encore les dons surnaturels, dits « charismatiques », permettant à certaines personnes, à l’aide de prières spécifiques généralement transmises, de guérir les brûlures ou autres maladies d’autrui.

Les psaumes, pour y revenir – textes traduits en vers libres, chacun de la longueur d’un feuillet dactylographié en moyenne – sont au nombre de 150. Ils ont été regroupés dans l’Ancien Testament, sous l’intitulé « d’écrits », et placés entre la trilogie « genèse – exode – prophètes » et la suite « cantiques – lamentations – chroniques ». Avec un psaume vite repéré, chantant la vigne et le vin (psaume 80), l’humoriste dira ici que ces textes ne peuvent être que sympathiques ! En fait, l’ensemble demeure d’une étonnante actualité. Parce que les attitudes religieuses décrites développent la large gamme des émotions et sentiments humains, de la confiance à la frayeur, de la tristesse à la colère, de la joie à la paix du cœur. Parce qu’aussi les prières décrivent le passé comme le bon temps, et le futur, comme celui des catastrophes inévitables. Parce qu’enfin, on y entend les accusés à tort protester de leur innocence, les fautifs faire repentance et les démunis demander un secours. Emouvants tableaux exposant l’angoisse existentielle du fils d’Adam…

Certains ordres monastiques n’ont pas hésité, pour leur part, à faire des cent cinquante psaumes une seule et longue prière au lyrisme surprenant, que les moines récitent trois fois par jour ! Sans aller jusque-là, quelques phrases méritent notre attention :

Titre du psaume Ier : « Le chemin du vrai bonheur » : « Heureux celui qui ne suit pas les conseils des gens sans foi ni loi, qui se tient à l’écart du chemin des coupables et qui ne s’assied pas avec ceux qui se moquent de Dieu ! …Cet homme ressemble à un arbre planté près d’un cours d’eau, il produit ses fruits quand la saison est venue et son feuillage ne perd jamais sa fraîcheur. Tout ce que fait cet homme est réussi. Mais ce n’est pas le cas des méchants : ils sont comme brins de paille, dispersés par le vent… ».

Que nous propose cet extrait du premier psaume, sinon une recette de bonheur, en distinguant le bien du mal. Le bien reste, le mal s’envole. Malgré son apparente naïveté, ce psaume pourrait être lu aujourd’hui dans une classe, telle une maxime d’instruction civique !

Ecoutons le début du psaume 32, intitulé « La joie du pardon » : Heureux celui que Dieu décharge de sa faute, et du mal qu’il a commis. Heureux l’homme que le Seigneur ne traite pas en coupable, et qui est exempt de toute mauvaise foi…Je t’ai avoué mes fautes, je ne t’ai pas caché mes torts, je me suis dit : je suis coupable ! … »

Ecoutons aussi les premières lignes du psaume 51, intitulé « Appel au pardon » : « O Dieu, toi qui es si bon, aie pitié de moi ; toi dont le cœur est si grand, efface mes désobéissances, lave-moi complètement de mes torts, et purifie-moi de ma faute, je t’ai désobéi, je le reconnais… ».

Que nous évoquent ces deux derniers psaumes, en forme de cri, de supplication même, sinon le sentiment de culpabilité, ce mal bien humain, trop humain, très antérieur au christianisme, on le voit, qui ronge l’homme depuis des millénaires et qui, avec la même constance, remplit aujourd’hui les cabinets des psychanalystes !

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De quelle faute s’accuse l’homme à travers ces psaumes, une autoaccusation que l’on retrouve sous diverses formes exprimées, de la soumission à la détresse, de la souffrance à l’espérance ? S’accuse-t-il d’être fautif du seul fait de se juger de naissance imparfaite dans une aussi belle nature qu’il glorifie ? Ou bien pense-t-il que Dieu s’est éloigné et l’a rejeté parce que, précisément, il renie son œuvre finale, la race humaine, devenue si méchante ? C’est ce constat de solitude soudaine qu’exprime au Seigneur, le Christ agonisant sur sa croix, en citant les premiers mots du psaume 22, écrit mille ans plus tôt : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné, pourquoi restes-tu si loin de moi ? ».

Ce qui est frappant, à la lecture de ces psaumes, c’est l’évidence, je dirais, d’un « ordre surnaturel », qui a pu exister il y a trois millénaires, et de plus, hiérarchiquement bien supérieur à « l’ordre naturel et rationnel ». C’est clair, l’homme autoconditionne alors sa vie dans une relation triangulaire, submergé qu’il est par sa subordination : « Dieu-Moi-l’Autre ». Moi, je suis le pécheur, l’autre peut être mon persécuteur, Dieu, lui, est mon sauveur, dont j’attends tout. A travers les prières, les louanges, les suppliques que je lui adresse à tout moment…La pensée magique est bel et bien au pouvoir, en chaque individu ! D’ailleurs, à propos de pouvoir, ne nous y trompons pas : les rois, Salomon compris, contrairement aux pays voisins, ne sont pas au royaume d’Israël, le fils de Dieu. Le roi en cour, n’en est que le fils adoptif. Il n’est donc de ce fait que son représentant auprès du peuple, c’est à dire une simple créature, louable ou critiquable. A preuve, le psaume 72, titré « prière pour le roi », une supplique pour que le monarque en place soit parfait dans son exercice et qu’il vive autant que le soleil brillera ! C’est bien Dieu qui, dans la tête des hommes, reste aux commandes suprêmes !

Une autre lecture des psaumes{{}}

Issus de ce qu’on peut appeler « le culte du temple », les psaumes, qui constituent une sorte de bible dans la bible – puisqu’au fil de leur écriture, ils racontent aussi l’histoire d’Israël – ces psaumes vont tenir également après Jésus-Christ, une place centrale, à la fois dans la liturgie de la Synagogue, dans l’Eglise chrétienne, aussi bien que dans le Coran. Cette unanimité des trois religions du Livre en faveur des psaumes, signant l’inféodation totale de l’homme au divin, finira toutefois par lever une opposition intellectuelle. Précisément lorsque la cité démocratique viendra concurrencer la cité sacrée. Et opposer les hommes de raison aux gens de foi. De la sorte naîtra dans l’antiquité judéo-grecque, un débat théologique complexe, toujours pas clos aujourd’hui : celui du libre-arbitre et de la grâce divine ! Un débat qui en a ouvert un autre, devenu plus que jamais au XXIème siècle, une bataille idéologique, c’est à dire politique : le créationnisme contre le darwinisme !

Bien avant Darwin et sa thèse de l’évolution naturelle et non surnaturelle, c’est la toute jeune philosophie grecque qui a ouvert le feu avec Epictète, il y a plus de deux millénaires. Pour ce philosophe, le « divin », c’est l’Univers constitué et non un Etre suprême. Beau joueur, il en accepte l’hypothèse mais en soulignant qu’elle n’est pas nécessaire puisque, dit-il, « il a été donné à l’homme toutes les ressources pour se diriger à travers ce qui arrive ». Pour sa part, le philosophe juif Maïmonide, affirme au XIIème siècle que tout homme, de son propre fait, a la possibilité d’être un juste, un méchant, un sage ou un sot. A la même époque, le philosophe arabe Averroès distingue à son tour les vérités rationnelles et révélées. Dès lors, à l’instar de ces philosophes, qui proposent un monde pensé sans Dieu, pourquoi ne pas opérer aujourd’hui avec la raison, une autre lecture des psaumes bibliques ?!

Si l’on veut bien sortir du contexte religieux, il est certain que ces psaumes dégagent une riche symbolique que tout citoyen, franc-maçon ou non, croyant ou pas, a intérêt à explorer pour sa réflexion personnelle. Augustin pensait que le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien et l’Ancien dévoilé dans le Nouveau ! Sans aller jusqu’à rechercher moi-même un sens caché dans chaque psaume, comme l’a fait ce saint, je me contenterai de pointer à nouveau dans le sillage du théologien, la puissance évidente de ce qui envahit la totalité du champ d’observation « psalmique » : à savoir, le discours ! Au commencement était le Verbe, dit précisément le bible. Ici, ces 150 prières, écrites au présent, nous mettent aussi en permanence en relation avec le passé mais également le futur, grâce au langage. Sans celui-ci, je ne peux pas penser mon rapport au temps. Avec les mots, en effet, il m’est loisible de rendre présent hier et demain ! Nommer, c’est faire exister. Je peux ainsi structurer ce qui est absent !

Grande Loge du Texas - Crédit photo Franco Huard

Autel des serments – Crédit photo Franco Huard

La lecture d’un psaume – qui est en soi une histoire mais correspond aussi à une durée inscrite dans le temps – me demande une disponibilité mentale, laquelle, au fil de chaque thème exploré, me met en relation avec un passé qui est révolu : c’est le souvenir. Cette même lecture me connecte à un futur qui n’est pas encore : c’est l’attente. Et elle me met en rapport avec le présent que je vis : c’est l’attention. Alors et seulement, j’assimile le contenu du psaume et m’en nourris vraiment jusqu’à le faire vivre en moi, qu’il s’agisse d’un cri de souffrance morale ou de l’expression d’une colère contre les méchants, d’un élan de reconnaissance pour le Créateur ou d’un hymne à la beauté de la nature ! Comme la bible, il n’est donc pas nécessaire d’être croyant pour lire et apprécier les psaumes. Ils ne sont la propriété de personne, et de la sorte, offerts à chacun. L’important est la façon individuelle de les appréhender. En toute liberté.

Avec cet « esprit psalmiste », je ne fais pas que réciter un texte biblique. En le lisant, je me dois d’être triplement attentif : attentif au souvenir de ce que j’ai déjà lu, attentif à l’attente de ce qui suit sur mon feuillet, et d’évidence attentif à ce que je vous dis en ce moment, si je souhaite obtenir votre concentration. Les trois temps sont donc par moi à penser ensemble, pour que je communique au mieux, à la fois avec moi-même et avec vous, mon lectorat momentané. Ce processus vaut autant pour la forme que pour le fond : communiquer, c’est s’installer dans le cœur de l’autre.

Au risque d’opérer un rapprochement hardi, les psaumes me renvoient ici aux rites et rituels maçonniques. Attention, je ne confonds pas les deux textes : dans leur « verticalité » les psaumes, le plus souvent déclamatoires, s’adressent à Dieu, avec davantage de points d’exclamation que de points d’interrogation. Dans leur « horizontalité », rites et rituels, eux, sont basés sur un système questions-réponses, entre interlocuteurs humains, identifiés en loge. Mais, en osant une métaphore, je pense que les psaumes, en forme de branche verticale d’une équerre dressée, peuvent rejoindre et nourrir la pratique rituelle, elle-même en forme de branche horizontale de cette même équerre. Précisément, aux plans de l’interprétation et l’assimilation des paroles prononcées, dans les deux cas. Une tendance naturelle, accentuée par l’utilisation d’un langage fleuri d’hier, est à même d’entretenir « le présent maçonnique » dans ce confortable passé. C’est à dire un film tourné, sans surprise, dans la projection duquel se complaisent un peu trop parfois les « récitants ». Or, de mon point de vue, ils ont à faire l’effort d’inclure le futur dans leur vécu rituélique. C’est à dire d’ouvrir de nouvelles portes, grâce aux multiples évocations symboliques. Pour chercher ensemble des idées neuves, pour ensemencer d’autres jardins à transmettre aux suivants. C’est cela aussi la tradition d’avenir. Produire et non seulement reproduire. Au vrai, le futur, c’est avant tout, une durée variable pour chacun, qui en cela même peut effrayer et suggérer son évitement par le silence ! Le futur, c’est aussi dans nombre d’esprits, le rêve, la chimère, l’illusion, l’utopie. Cet Art qui est appelé « Royal » (en référence au roi Salomon) peut être aussi perçu comme l’utopie précitée. C’est pourtant son entretien qui a permis à l’homme de réaliser l’un de ses plus beaux exploits, en faisant atterrir une fusée habitée sur la lune !

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Moïse recherchant le Créateur sur le Mont Sinaï, David jouant pour lui de la lyre, Salomon récitant un psaume, sur le Mont Moriah, les yeux levés vers le ciel…ces prophètes successifs ne pouvaient pas savoir que quelque 3 300 ans après eux, un homme de Dieu, le Pape Paul VI, prolongerait leurs gestes révérencieux de façon spectaculaire. Le 20 juillet 1969, l’astronaute et franc-maçon Eldwin Aldrin, dépose sur le sol lunaire – à côté du drapeau américain et d’un fanion orné de l’équerre et du compas – un étui mystérieux. Que contient-il ? Le texte enroulé du psaume 8 « Grandeur de l’homme aux yeux de Dieu » que le Pape lui a confié, afin qu’il l’emporte dans l’espace sidéral, à la gloire du Seigneur !

Qu’entendre dans cette symbolique en mouvement, sinon le message ultime des psaumes bibliques, tant pour le religieux que le laïque, maçon ou non, que nous murmure notre voix intérieure : « Prends de la hauteur, retrouve ton contact perdu avec l’univers, élargit ta pensée, ton regard et ton cœur ! ». Nous rejoignons alors l’écrivain Marcel Proust quand il dit :« Le véritable voyage de découverte consiste moins à chercher de nouveaux paysages qu’à nous offrir de nouveaux yeux ! ».

Source : https://450.fm/2023/11/20/de-la-bible-au-volume-de-la-loi-sacree/

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  • Grand Orient Arabe Œcuménique - Publié par G.O.A.O dans Culture · 08 Mars 2011 - Dialogue & Démocratie Suisse : une ONG pour la défense de la démocratie
    De l’obédience :

    - Le Grand Orient Arabe Œcuménique prône, en dehors de ses structures, le dialogue interreligieux et vise à porter la fraternité au-delà des confessions. Constatant que peu de français et d’européens de confession musulmane fréquentent les obédiences maçonniques faute d’y trouver leurs repères culturels, le G.O.A.O. travaille avec un nouveau rite dit Œcuménique décrit plus loin.

 L’obédience est ouverte aux hommes et aux femmes de toutes nationalités, de toutes races et de diverses croyances. Elle vise à placer la fraternité non pas au-dessus des confessions, mais au-delà, et veut faire en sorte que chacun puisse découvrir et s’enrichir des pensées de l’autre. Elle rappelle que la laïcité qui la structure qui n’est pas une forme d’athéisme et que, naturellement comme partout en maçonnerie, la religion et la politique restent aux portes de la loge, propriétés du monde profane.

 Le Grand Orient Arabe Œcuménique travaille donc à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers.
- Le Grand Orient Arabe Œcuménique est une puissance maçonnique indépendante et souveraine. Elle a pour devise : Liberté - Égalité – Fraternité.

 L’obédience est mixte et met l’accent sur l’étude et la recherche au sens maçonnique du terme.

 Ses trois Grandes Lumières traditionnellement placées sur l’autel de la loge sont : l’équerre, le compas et le Livre de la Loi sacrée. Ce dernier peut être soit l’Ancien Testament, soit l’Évangile selon saint Jean, soit le Coran, soit deux ou trois de ces ouvrages selon les circonstances.

 Les obligations des Maçons sont prêtées sous les trois Lumières et le choix du Livre de la Loi sacrée est laissé à l’initié.

Des moyens mis en œuvre : 

- De nombreux pays n’ont pas encore la chance de voir se développer librement des associations comme à la Franc-maçonnerie. La maçonnerie y est soit interdite, soit extrêmement contrainte. Le G.O.A.O. souhaite pourtant que les lumières qui se tiennent à l’Orient puissent également se tenir en Orient, pour en partager la fraternité et œuvrer à l’harmonie maçonnique. 

- Heureusement, depuis le XVIIIe siècle qui vit la naissance de la maçonnerie, les progrès technologiques sont importants. Internet, par exemple, représente le moyen de communication et de connaissance le plus largement partagé dans ces pays qui restreignent la forme d’expression maçonnique. C’est pourquoi il est dans les missions du G.O.A.O. d’entrouvrir les portes de la maçonnerie dans la conception universelle et œcuménique qui est la sienne, c’est-à-dire détachée de toute idée religieuse et plus encore de toute notion de salut comme de sécularisation, par l’intermédiaire de cette technologie.

- La connaissance de la symbolique maçonnique, de ses récits fondateurs ou non, comme de ses mythes et de ses rituels n’est plus un secret pour toute personne sachant lire et consulter quelques-uns des milliers de livres (ou de sites Web) sur le sujet. Tout y est dit, décrit, expliqué voire imagé. Le G.O.A.O. se propose donc par la voie d’internet de soutenir tout candidat sur le chemin de l’initiation à partir du moment où il réside dans l’un de ces pays contraints.

- Pour autant, l’initiation « à distance » ne peut qu’être un leurre. Elle doit être vécue entourée de frères et / ou de sœurs travaillant ensembles à sa réussite. C’est une œuvre nécessairement collective au profit d’un seul, une expérience sur soi qu’aucun savoir ne saurait remplacer. Le G.O.A.O., par son organisation novatrice, satisfait à l’ensemble de ces exigences.

Du rite Œcuménique

Il est un constat désolant pour des défenseurs de la fraternité, c’est que très peu de français et européens de confession musulmane fréquentent les loges maçonniques, toutes obédiences confondues. Cette échec à la fraternité s’explique par de nombreuses raisons, mais il est évident que les rituels que la maçonnerie propose, les décors qui ornent nos locaux et les récits historiques ou mythologiques (Hiram) qui les soutiennent n’ont aucun point commun avec le monde Islamique. Les rappels à la symbolique chrétienne ou judaïque de nos rituels sont nombreux et parfois très explicitent (cf. le chevaleresque RER, le rite d’York...).

- Un frère (ou une sœur) de confession musulmane est forcément en perte totale de repères culturels. Rien, en effet, ne vient conforter son regard ou tisser un lien avec son passé, son histoire sociale et religieuse.
- Nos rituels occidentaux relatent des chroniques anciennes de la Bible, du Talmud ou nous parlent de kabbale dans une débauche de termes hébraïques et de références chrétiennes. Et plus l’on monte dans les hauts-grades, plus cela se vérifie.

 Depuis l’affaire Dreyfus au XIXe siècle, l’image du « complot judéo-maçonnique » à laissé des traces persistantes qui évoquent trop souvent le juif comme une origine du mal, de la délinquance morale ou financière. N’est pas Satan qui veut, mais le juif de ces caricatures ne travaille pas seul puisqu’il fait corps avec le franc-maçon, qui élabore sans cesse d’infâmes complots contre la république dans la pénombre de ses ateliers.

 Tout ceci enfin tisse un lien fort avec l’état d’Israël où la maçonnerie aux racines juives est une machine assurément sioniste et anti-islamique, qui travaille à la gloire du judaïsme.

 Précisons encore que le protestantisme est largement représenté, depuis le texte fondateur des Constitutions d’Anderson au tout début du XVIIIe siècle, avec son lot de prérequis non négociables sur la croyance en Dieu, celui des chrétiens naturellement. 

Le rite Œcuménique est inspiré du Rite Écossais Ancien et Accepté et de l’ancienne maçonnerie musulmane opérative, ainsi que des branches initiatiques de l’Islam (soufis, druzes et ismaéliens). Il fait toujours appel aux symboles et références communs au judéo-christianisme mais emprunte également à la symbolique musulmane (comme, par exemple, des signes de reconnaissance, une symbolique des couleurs en Islam ou du voyage initiatique du Prophète). Les trois grandes religions du Livre sont ainsi également représentées afin que chacun s’enrichisse des pensées de l’autre. Il s’agit bien ici, et uniquement, d’instaurer des repères culturels communs afin que chacun trouve sa place dans le déroulement d’une tenue.

Enfin, il est composé de sept degrés, précédés d’un état d’Aspirant / Mourid.

- Le 1° degré (Apprenti/Mubtad’i) est l’équivalent du 1° degré du REAA
- Le 2° degré (Compagnon/Mouqadem) est l’équivalent du 2° degré du REAA
- Le 3° degré (Maître/Nassib) est l’équivalent du 3° degré du REAA
- Le 4° degré (Maître Secret/Saïs= Vénérable) est l’équivalent du 4° degré du REAA
- Le 5° degré (Chevalier Rose-Croix /Naqib) est l’équivalent du 18° degré du REAA
- Le 6° degré (Chevalier Kadosch/Cheikh Aql) est l’équivalent du 30° degré du REAA
- Le 7° degré (Grand Commandeur / Al Qutb Al A’Azam) est l’équivalent au 33° degré du REEA

http://www.goao.org/ - Source : http://www.deds.ch/blog/index.php?grand-orient-arabe-oecumenique

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  • Article - Le paysage maçonnique français de nos jours - Par Yves Hivert-Messeca et Michel Maffesoli – Document ‘essentiels.bnf.fr’

    Assemblée de francs-maçons pour la réception des Apprentis 

Assemblée de francs-maçons pour la réception des Apprentis - Bibliothèque nationale de France

Au-delà des différences politiques, sociétales, religieuses et philosophiques (qui relèvent du choix de chacun), jamais les usages dans les loges ne se sont autant diversifiés, de l’esprit libertaire à la stricte observance traditionnelle. Le courant libéral y est cependant, comme en Belgique, largement majoritaire.

Une représentation allégorique du Grand Orient de France

Une représentation allégorique du Grand Orient de France | Bibliothèque nationale de France

Avant de la décrire telle qu’elle apparaît aujourd’hui, il convient de préciser que la franc-maçonnerie française est, par sa nature, sa pratique et son patrimoine culturel, depuis cent cinquante ans, nettement particulière au sein du Landerneau maçonnique mondial. Le courant libéral, comme en Belgique, y est largement majoritaire.

Le dit paysage maçonnique français tire ses caractéristiques présentes des décennies 1870 à 1910. Ainsi, au convent dit « international » de Lausanne (1875), rassemblant une minorité de suprêmes conseils – juridictions gérant les grades post-magistraux du rite écossais ancien et accepté (REAA) –, est définie une maçonnerie représentée aujourd’hui par la Grande Loge de France (GLDF). En 1877, le Grand Orient de France supprime (il ne l’interdit pas) l’obligation de la référence au Grand Architecte, faisant de cette obédience le référent de la maçonnerie libérale adogmatique. En 1893-1894 naît à Paris l’Obédience mixte internationale Le Droit humain. Des loges d’adoption souchées auprès d’ateliers masculins de la GLDF, à compter de la décennie 1900, formeront l’Union maçonnique féminine de France (1945), transformée en 1952 en obédience dite « Grande Loge féminine de France » (GLFF). Enfin, en 1913, deux ateliers sécessionnistes donneront naissance à la Grande Loge nationale indépendante et régulière pour la France, devenue en 1948 la Grande Loge nationale française (GLNF), seule obédience reconnue par Londres, sauf de 2012 à 2014.

Les traits spécifiques à la France{{}}

Depuis plus d’un siècle, la franc-maçonnerie en France présente ainsi des traits spécifiques, dont certains se sont précisés, redessinés ou accentués.

De larges effectifs{{}}

D’abord, ses effectifs n’ont jamais été aussi importants (17 0000 membres, dont un sixième de maçonnes, répartis en 5 500 à 6 000 loges) en nombre et en pourcentage par rapport à la population globale. Cette situation est relativement récente : la répression conduite par l’État de Vichy et l’occupant allemand (1940-1944) a eu des effets négatifs sur son développement pendant de nombreuses années. Ce ne fut que dans la décennie 1960 que les obédiences françaises retrouvèrent leur étiage d’avant-guerre. Ensuite, la progression fut massive. Il semble qu’elle s’accompagne néanmoins d’un certain turnover, tant et si bien qu’il se murmure que le nombre maçons d’ex-maçons est équivalent à celui des maçons actifs.

Néanmoins, en quarante ans, les effectifs ont été multipliés par quatre. Les causes de ce succès sont multiples, variées et cumulatives, de la fin des grands récits métapolitiques et du déclin de deux institutions structurantes de la société française que furent l’Église romaine et le parti communiste (toutes deux hostiles à la franc-maçonnerie) au désir individuel de se construire et d’habiter une identité singulière, éclectique et adaptable. Parmi les motifs d’adhésion, on trouve la recherche d’un engagement civique et sociétal, le sens de l’autre, l’appétence pour la sociabilité associative, les besoins d’accomplissement, d’estime, d’action, de réflexion, d’identification et/ou de sécurité, la recherche d’un capital culturel, d’une expérience émotionnelle intense, d’une confiance mutuelle et de services partagés, la quête de soi, l’attrait pour le mystère, la tradition familiale, le plaisir d’être inclus dans un monde à la fois de plus en plus globalisé et individualisé, sans oublier toutes les motivations particulières de chaque impétrant. Sans être exclusif, le recrutement maçonnique s’opère largement dans les classes moyennes diplômées urbaines d’âge également moyen (40 à 50 ans le plus souvent).

La balkanisation{{}}

Bijou de sublime maître du Grand Œuvre

Bijou de sublime maître du Grand Œuvre | © Musée de la Franc‑maçonnerie

Présentement, à côté des institutions historiques, ou d’importance majeure citées ci-dessus, et de quelques nouvelles institutions qui ont trouvé leur place, on peut estimer à une centaine le nombre de micro-obédiences. Leur naissance, leur vie et leur disparition s’enchaînent de façon souvent rapide. Si le sérieux de quelques-unes d’entre elles est facilement admis, la conformité aux usages maçonniques de beaucoup n’est pas toujours évidente. À cela s’ajoute le phénomène des loges « indépendantes » ou « sauvages ». Une partie de cette multiplication est liée à la refondation / création de diverses obédiences issues de l’éparpillement de la mouvance « égyptienne » (rite de Memphis-Misraïm) à compter de la décennie 1990 ; une autre provient de miniscissions dans les grandes obédiences ; une troisième s’explique par le parcours buissonnier et zigzagant de certains maçons. Aussi les actions communes sont-elles quelquefois difficiles et éphémères et les œuvres partagées, rares. Néanmoins, les relations interpersonnelles entre sœurs et frères suppléent largement à cette division obédientielle.

L’hétérogénéité{{}}

Au-delà des différences politiques, sociétales, religieuses et philosophiques des maçons (qui relèvent du choix de chacun), jamais les usages dans les loges ne se sont autant diversifiés, de l’esprit libertaire à la stricte observance traditionnelle. Jamais le panel des rites pratiqués n’a été aussi riche.

Dieu créateur

Dieu créateur | Bibliothèque nationale de France

Ainsi, dans l’ensemble des loges françaises, le rite écossais ancien et accepté (REAA) est devenu majoritaire dans la décennie 1990. À côté de ce dernier, du rite français (lui-même pratiqué dans diverses versions), du régime écossais rectifié (RER) et des rites égyptiens sont apparus et se sont développés des systèmes nouveaux notamment venus du monde anglo-saxon, comme le style émulation ou le rite standard d’Écosse (RSE).

Autre nouveauté : depuis ces mêmes années 1990, la majorité des loges françaises travaille à nouveau « à la gloire du Grand Architecte de l’univers » – il est vrai avec des conceptions fort diverses, d’une simple interprétation symbolique pour les uns à une affirmation théiste pour les autres. Au-delà de cette diversification liturgique, on note les positionnements (parfois changeants ou flous) des obédiences entre tradition, régularité, reconnaissance, intervisites, libéralisme, mixité, spiritualité, engagement sociétal, philanthropie, mémoire, transmission, transgression et modernité. Depuis deux décennies, la plupart des obédiences ont également connu des questionnements internes, diverses évolutions et remises en cause, voire certaines turbulences, qui n’ont pas été sans influencer le paysage maçonnique français, dont il n’est pas sûr que la présente recomposition soit achevée. Aujourd’hui, il offre un large panel d’obédiences masculines, mixtes et féminines qui se veulent régulières, traditionnelles et / ou libérales.

Source : https://essentiels.bnf.fr/fr/societe/spiritualites/68bc2ac5-9792-4651-b856-cf2e358a2400-franc-maconnerie/article/ca95d8c3-f740-49eb-b4f7-624b6c535dba-paysage-maconnnique-francais-nos-jours

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https://essentiels.bnf.fr/fr/focus/...

  • Focus - Les obédiences maçonniques présentes en France - Par Yves Hivert-Messeca – Document ‘essentiels.bnf.fr’

    « Maçons levez les yeux vers l’étoile mystérieuse »

« Maçons levez les yeux vers l’étoile mystérieuse » - Bibliothèque nationale de France

L’une des originalités de la franc-maçonnerie française est son polymorphisme. Une chance par sa diversité, un handicap par ses querelles, l’un des obstacles à sa compréhension par les profanes et l’un de ses charmes pour ses adeptes.

Les grandes obédiences historiques{{}}

Le Grand Orient de France{{}}

Basé rue Cadet, à Paris, le Grand Orient de France est l’obédience la plus ancienne (née en 1783, mais héritière de la première Grande Loge de France, née dans les années 1720) et la plus importante (52 000 membres), même si son poids relatif décline au sein de l’effectif maçonnique global (les trois quarts en 1900, le tiers aujourd’hui). Le GODF se caractérise par la pluralité des rites – même si le rite français (dans diverses variantes) demeure prépondérant –, une grande diversité dans les usages maçonniques, la liberté de pensée philosophique et spirituelle de ses membres et un engagement citoyen important, notamment sur les questions de laïcité. Il définit la franc-maçonnerie comme « une institution essentiellement philosophique, philanthropique et progressive » qui a pour objet « la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité » et pour travail « l’amélioration matérielle et morale, [le] perfectionnement intellectuel et social de l’humanité ». Depuis 2012, il autorise des loges mixtes (présentement un tiers d’entre elles, avec 2000 sœurs environ) à côté des loges masculines.

La Grande Loge de France{{}}

Basée rue Puteaux, à Paris, la Grande Loge de France s’est constituée en 1894-1895. Elle regroupe 36 000 frères. Ses loges exclusivement masculines travaillent presque toutes au REAA et ne reçoivent en visiteurs que des frères. Sa déclaration de principes, adoptée le 5 décembre 1955, résume l’esprit de l’obédience : « I. La GLDF travaille à la gloire du Grand Architecte de l’univers ; II. Conformément aux traditions de l’Ordre, trois Grandes Lumières sont placées sur l’autel des loges : l’équerre, le compas et un Livre de la Loi Sacrée. Les obligations des maçons sont prêtées sur ces trois Lumières ».

La Grande Loge nationale française, dite « Bineau »{{}}

Basée rue Christine-de-Pisan, à Paris, la Grande Loge nationale française vient de connaître une crise profonde. Elle a perdu le tiers de ses effectifs, évalués aujourd’hui à 26 000 frères. Elle est l’institution française de la franc-maçonnerie dite « régulière » largement majoritaire dans le monde. Elle ne reçoit en visite que des frères reconnus « réguliers ». L’article 1 de sa règle est explicite : « La Franc-maçonnerie est une Fraternité initiatique qui a pour fondement traditionnel la foi en Dieu, Grand Architecte de l’univers. » Elle autorise la pratique de divers rites, notamment le REAA, le RER, le style émulation et le rite français.

Le Droit humain{{}}

Basé rue Jules-Breton *, à Paris, le Droit humain est une obédience à la fois mixte et internationale d’origine française. L’article 1 de sa Constitution internationale précise : « […] composé de francs-maçons, hommes et femmes fraternellement unis, sans distinction d’ordre racial, ethnique, philosophique ou religieux, l’Ordre s’impose pour atteindre ce but une méthode rituelle et symbolique, grâce à laquelle ses membres édifient leur temple à la perfection et à la gloire de l’humanité. » Les loges de sa fédération française (rue Pinel), forte de 17 000 sœurs (les deux tiers des effectifs) et frères (le tiers des effectifs), travaillent au REAA, « à la gloire du Grand Architecte » et / ou « au progrès de l’Humanité ».

Basée cité du Couvent, à Paris, la Grande Loge féminine de France est une obédience exclusivement féminine dont les ateliers reçoivent en visite les frères sous certaines conditions. La majorité travaille au REAA avec référence au Grand Architecte, même si la GLFF possède et pratique le rite français depuis 1973, et le RER (premier atelier en 1974). Elle fédère 14 000 sœurs. Elle a largement contribué à développer la franc-maçonnerie féminine en Europe et en Afrique francophone.

Nouvelles obédiences créées dans les années 1950-1970{{}}

La Grande Loge traditionnelle et symbolique dite « Opéra »{{}}

Par une scission de la GLNF-Bineau, en 1958, s’est formée la GLNF-Opéra, devenue en 1982 la Grande Loge traditionnelle et symbolique dite « Opéra » (à Levallois-Perret). Son rite majoritaire est le RER. Sa particularité est de pratiquer une maçonnerie qui se veut traditionnelle tout en conservant des liens avec les autres obédiences françaises masculines.

La Loge nationale française{{}}

De cette dernière obédience est née en avril 1968, à l’initiation de René Guilly (1921-1992), fondateur de la revue Renaissance traditionnelle, la Loge nationale française (LNF), avec une structure administrative réduite (Clichy). Son objet est prioritairement d’approfondir le patrimoine historique et les pratiques traditionnelles de l’Art royal.

La Grande Loge féminine de Memphis-Misraïm{{}}

Ensuite s’est constituée en 1965 la Grande Loge féminine de Memphis-Misraïm (rue d’Amsterdam, à Paris), spiritualiste laïque, symboliste dans la tradition « égyptienne » et engagée, forte de 1 000 sœurs. Démarche spiritualiste et symboliste, démarche éthique, humaniste et a-dogmatique et engagement dans la Cité, tel est le triptyque sur lequel repose le projet.

La Grande Loge mixte universelle et la Grande Loge mixte de France{{}}

Par scissiparité du Droit humain s’est formée une nouvelle obédience mixte, la Grande Loge mixte universelle (1973), puis par scission de la précédente la Grande Loge mixte de France (1982). Pratiquant plusieurs rites, la première, installée rue de la Réunion à Paris, compte 1400 frères et sœurs, la seconde, installée à Aubervilliers, compte 4500 membres.

L’Ordre initiatique et traditionnel de l’Art royal{{}}

Enfin, en 1974, quelques frères issus du GODF ont constitué l’Ordre initiatique et traditionnel de l’Art royal (un millier de membres), qui pratique le rite opératif de Salomon.

Loges du 21e siècle

Le nouveau siècle voit d’autres créations, souvent issues des turbulences internes agissant au sein de diverses familles maçonniques : en 2003 se constitue la Grande Loge des cultures et de la spiritualité (un millier de sœurs et frères), qui se présente comme une obédience théiste, laïque et mixte. La même année, le Grand Prieuré des Gaules (1935) se déclare indépendant et s’adjoint une Grande Loge réunie et rectifiée. Ordre maçonico-chevaleresque, il a pour fondement la foi en Dieu. « Ses membres professent la religion chrétienne et portent partout où ils se trouvent son message. » Son rite principal est le RER ; en opposition avec l’exécutif d’alors de la GLNF se constitue en avril 2012 la Grande Loge de l’Alliance maçonnique française (GL-AMF). Elle se définit comme « une fraternité initiatique qui repose sur la foi dans un Être suprême exprimé, au-delà des dimensions confessionnelles, sous le nom de Grand Architecte de l’univers ». Elle revendique près de 15 000 membres. Elle autorise ses loges à travailler à l’un des six rites, notamment le REAA et le style émulation. Toujours issue des mêmes turbulences s’est formée en janvier 2013 la Grande Loge indépendante de France.

Ainsi, malgré un corpus et un patrimoine communs, la franc-maçonnerie française peut prendre des formes contingentes différentes. Ce polymorphisme est à la fois l’une de ses originalités, une chance par sa diversité, un handicap par ses querelles, l’un des obstacles à sa compréhension par les profanes et l’un de ses charmes pour ses adeptes, d’autant que chaque maçon se fait souvent une conception très personnelle de l’Art royal. Au-delà de cette polyphonie, la franc-maçonnerie demeure un corps philosophico-spirituel qui engendre de l’égrégore et une sociabilité démocratique génératrice d’effets sociaux, dans lesquels le travail en loge introduit un continuum entre le cultuel (rite, symbolisme) et le culturel (idées produites).

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Source : https://essentiels.bnf.fr/fr/focus/f403a7be-ad70-426b-9535-5405775fba18-obediences-presentes-en-france

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  • L’empreinte maçonnique - Un laboratoire pour la socialité postmoderne – Document ‘essentiels.bnf.fr’
    L’imaginaire moderne, qui avait pris naissance avec le cartésianisme, s’était conforté avec la philosophie des Lumières et avait trouvé son apogée dans les grands systèmes sociaux du 19e siècle, reposait ainsi que l’a dit avec justesse le sociologue Auguste Comte sur la reductio ad JH2024-09-25T23:03:00J

unum.

Les institutions sociales sont progressivement devenues homogènes, et, en politique, la République s’est constituée comme une et indivisible. {{}}

Pourtant, à côté de la « rationalisation généralisée de l’existence », cette spécificité des « temps modernes » (Max Weber), on voit revenir de multiples représentations et donc organisations privilégiant non pas l’irrationnel, mais ce que le grand anthropologue de la culture Gilbert Durand, par ailleurs remarquable théoricien de la franc-maçonnerie, a appelé le « non-rationnel ».

C’est à partir de cette mise en perspective théorique que l’on peut comprendre que la franc-maçonnerie, qui regroupe des individus en petites entités (les loges) et favorise la recherche de ce non-rationnel, puisse exercer une fascination / répulsion. Fascination parce qu’elle est en phase avec l’esprit du temps, répulsion parce que d’une certaine manière ceux qui n’y participent pas expriment ainsi un désir inconscient.

Scène se déroulant à la loge Les Trois Globes de Berlin

Scène se déroulant à la loge Les Trois Globes de Berlin | © GLDF

Discrétion, secret, appartenance{{}}

Précisions que la franc-maçonnerie se caractérise moins comme une « société secrète » que comme une société discrète. Mais reconnaissons tout de même que la thématique du secret est tout à fait prospective, précisément en ce qu’elle privilégie le sentiment d’appartenance et le fait qu’au-delà d’un universalisme fleurant bien le siècle des Lumières elle rend attentif à la nécessité des regroupements affinitaires.

En un moment où l’idéologie de la transparence tend à prévaloir, il est important de rappeler que de plus en plus la vraie appétence sociétale va vers les « mystères » que l’on partage à quelques-uns. D’où la vision fantasmatique que ne manque pas de susciter une franc-maçonnerie qui, qu’elle le veuille ou non, favorise discrétion, voire loi du secret dans sa constitution même.

Une manière de relativiser le fantasme ayant trait à la franc-maçonnerie consistera peut-être à pratiquer un équilibre entre l’extériorisation et la discrétion.

Le secret maçonnique essentiel est justement qu’il n’y a pas de secret. Comme la « lettre volée » d’Edgar Poe, les grandes valeurs maçonniques sont si évidentes – le sens de la fraternité, l’importance de la solidarité, la recherche de l’entièreté de l’être, etc. – que ce sont des « secrets », pour reprendre une expression d’un grand franc-maçon, Joseph de Maistre, que « le bon sens et la droite raison réunis » comprennent aisément. Un goût pour le scandale pousse à voir du secret là où il n’y a qu’une évidence de bon sens. Là encore, la franc-maçonnerie correspond bien à l’esprit du temps : la multiplicité des microgroupes, ce que j’appelle « tribus », montre à loisir que le lien social est aujourd’hui quelque chose de mystérieux. Peut-être le secret maçonnique rappelle-t-il avec justesse cette constante anthropologique qu’est le clair-obscur de toute existence, c’est-à-dire le fait d’intégrer la part d’ombre dans le vivre-ensemble.

L’arc-boutant de Reims

L’arc-boutant de Reims | Bibliothèque nationale de France

Rose dite de l’église de Lausanne - Homme barbu assis tenant son pied.

Rose dite de l’église de Lausanne - Homme barbu assis tenant son pied. | Bibliothèque nationale de France

Plans de chevets d’église

Plans de chevets d’église | © Bibliothèque nationale de France

Élévation intérieure des chapelles absidales de la cathédrale de Reims

Élévation intérieure des chapelles absidales de la cathédrale de Reims | Bibliothèque nationale de France

Une quête spirituelle en phase avec les aspirations de la postmodernité{{}}

Le monde rationaliste et désenchanté, bien décrit par Max Weber et caractérisant notre société officielle, est en voie de saturation. La société officieuse en gestation, elle, est traversée par un véritable ré-enchantement du monde auquel participe le développement technologique. Il est évident que la franc-maçonnerie, qui a conservé un tel trésor par le biais de ses rituels, de ses secrets, de son ordre symbolique, ne peut qu’intéresser les jeunes générations en quête d’une expression spirituelle.

Une des spécificités de la socialité maçonnique repose sur cette vieille structure anthropologique qu’est l’entraide, l’idéal communautaire, ce que l’on peut nommer, au travers d’un vieux terme médiéval, l’« affrèrement ». Ce que l’on trouvait dans les sodalités des corporations ou même des ordres chevaleresques. Tout cela va à l’encontre du prétendu individualisme ambiant. Pour ma part, je pense que la fascination exercée par la franc-maçonnerie repose sur le fait qu’elle a pu garder un tel souci de l’autre propre à l’idéal communautaire. En effet, la franc-maçonnerie a été le dépositaire de ces « communautés affectuelles » qui sur la longue durée assurent la perdurance du lien sociétal. Là est peut-être le vrai secret maçonnique. La postmodernité est caractérisée par l’importance des affects, émotions et passions collectifs. L’idéal maçonnique n’est-il pas « de rassembler ce qui est épars » ?

« Maçons levez les yeux vers l’étoile mystérieuse »

« Maçons, levez les yeux vers l’étoile mystérieuse » |

Bibliothèque nationale de France{{}}

Il est important maintenant, à l’encontre des éternels feuillets à scandale dénonçant un prétendu complot maçonnique, de développer une vision objective propre à ce mouvement de fond, celle qui anime les hommes et femmes de bonne volonté et que l’on retrouve dans les diverses obédiences maçonniques. Pour ma part, sans pouvoir ni vouloir donner une définition précise d’un mouvement qui est par essence multiforme, complexe et d’une richesse encore insoupçonnée, je considère que la franc-maçonnerie, d’une manière prospective et grâce aux racines des traditions qui sont les siennes, constitue un vrai laboratoire pour la socialité postmoderne. L’appétence des jeunes générations pour la structure initiatique, le retour des rituels, le souci de l’entièreté de la personne individuelle, le sens de la communauté, la recherche d’un ordre symbolique, toutes ces choses mettent l’accent sur le qualitatif et sur la primauté du spirituel. Tout cela montre à loisir qu’au-delà du règne du quantitatif ayant marqué les temps modernes nous entrons dans un moment où va prévaloir le prix des choses sans prix. N’est-ce pas ainsi que l’on peut qualifier sur la longue durée ce qui fut, toujours et à nouveau, la quête maçonnique ?

Provenance : cet article provient du site Franc-maçonnerie (2016) - Mots-clés : Époque contemporaine France Franc-maçonnerie

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Source : https://essentiels.bnf.fr/fr/societe/spiritualites/68bc2ac5-9792-4651-b856-cf2e358a2400-franc-maconnerie/article/ca95d8c3-f740-49eb-b4f7-624b6c535dba-paysage-maconnnique-francais-nos-jours

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Marianne - Shepard Fairey/Obey

Marianne - Shepard Fairey/Obey

Le principe de laïcité, mis en œuvre par la loi du 9 décembre 1905, dite loi de séparation des églises et de l’État et confirmé par les Constitutions françaises de 1946 et de 1958, est un des principes inscrits dans les textes fondamentaux de la Grande Loge Féminine de France.{{}}

Il ne pouvait pas ne pas s’y trouver. Les travaux au sein de nos temples, où est posée en préalable la liberté absolue de conscience, où la parole circule librement, où l’on réfléchit en dehors de tout dogme, sont des lieux éminemment laïques et nous sommes attachées aux garanties que le principe de laïcité apporte à chacune et chacun.

La Laïcité, en effet, garantit l’exercice d’une totale liberté de conscience, la liberté de croire ou ne pas croire, le droit de pratiquer une religion ou de n’en pratiquer aucune, l’égalité des options spirituelles. Séparant la sphère publique de la sphère privée, établissant l’universalité de la loi commune, la Laïcité concilie unité et diversité. C’est cette conciliation qui permet aux citoyennes et citoyens d’une communauté de destin, la République, de vivre en paix. En résumé, la Laïcité fonde la liberté, l’égalité, la fraternité.

Il faut donc la faire vivre et la défendre quand elle est menacée. Une nécessité face aux traditions rétrogrades qui ne désarment jamais.

C’est ce que fait la Commission Nationale de la laïcité de La Grande Loge Féminine de France.

Véronique Bury-Dagot, Présidente de la Commission nationale de la Laïcité de la Grande Loge Féminine de France.

L’équipe - Jean-Christophe Francis Réalisation - Claire Poinsignon Collaboration

Société Associations – ONG Égalité femmes-hommes Franc-maçonnerie Loi de 1905 – Séparation Églises et État Constitution Féminisme

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/divers-aspects-de-la-pensee-contemporaine/grande-loge-feminine-de-france-la-laicite-principe-d-actualite-7525544

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  • Vidéo 23:32 - Pour le Grand Orient : ’Notre modèle républicain est menacé par l’islam politique’ - Public Sénat - 23 juin 2023
    Pour le Grand Orient : ’Notre modèle républicain est menacé par l’islam politique’, estime George Sérignac, grand maître du Grand Orient de France. 🔴 Pour suivre toute l’actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicse... 👉 Retrouvez l’émission intégrale de Bonjour Chez vous ! ici : https://www.publicsenat.fr/emission/b... 📬 Abonnez-vous à notre newsletter : https://urlz.fr/iinC 🚀

https://yt3.ggpht.com/ytc/AIdro_kT8m1tBkeaiUfSaj5VwG2oRRVjm85_qbyiZCF3_PQlpmg=s88-c-k-c0x00ffffff-no-rj

https://yt3.ggpht.com/ytc/AIdro_kT8m1tBkeaiUfSaj5VwG2oRRVjm85_qbyiZCF3_PQlpmg=s88-c-k-c0x00ffffff-no-rjPublic Sénat

https://www.youtube.com/@publicsenatSource : https://www.youtube.com/watch?v=duusblhY7e0

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Annexe – Symbolisme et Symbolique{{}}

Selon Wikipédia, le symbolisme est un mouvement artistique européen qui se développe dans les années 1870 et qui atteint son apogée dans les années 1890. Il apparaît d’abord en poésie avant de gagner la peinture, la musique et le théâtre. Il est difficile de définir clairement un style symboliste, puisque le mouvement a réuni de nombreuses tendances différentes. Un certain nombre de thèmes sont cependant communs à tous les artistes : un fort pessimisme, une attirance pour le rêve et l’ésotérisme, et une atmosphère générale de mélancolie. Le symbole de la femme fatale, très souvent interprété par les symbolistes, s’accompagne d’une forte misogynie dans le mouvement. Enfin, la recherche d’une synthèse des arts donne lieu à de nombreux échanges entre des artistes de différents domaines, et le symbolisme se répand dans tous les genres.

Le symbolisme apparaît à la fin du XIXe siècle, alors que l’Europe connaît un essor scientifique et industriel important, qui entraîne un recul de la spiritualité. Dans les années 1870, une partie de la jeune génération artistique, qui ne se retrouve pas dans ce contexte social et rejette le naturalisme, rejoint le décadentisme porté par Paul Verlaine. Puis, à partir de 1885, de plus en plus de ces poètes quittent le décadentisme pour rejoindre la sphère d’influence de Stéphane Mallarmé, dont le style poétique est à la base des théories symbolistes.

En 1886 sont publiés plusieurs textes fondateurs pour le mouvement, écrits par Teodor de Wyzewa, René Ghil et Jean Moréas, dont le « manifeste symboliste » paru dans Le Figaro impose durablement son nom au mouvement. Ces différents textes participent à élaborer le style symboliste : opposition au naturalisme, intérêt pour la métaphysique, poésie obscure et difficilement compréhensible, culte de « l’Idée » et de la suggestion. Une culture symboliste se met en place, fondée notamment sur Les Poètes maudits de Verlaine et À rebours de Joris-Karl Huysmans, avec pour principaux modèles Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Charles Baudelaire, Richard Wagner, Odilon Redon, Félicien Rops, Pierre Puvis de Chavannes et Gustave Moreau. Par la suite, entre 1886 et 1890, les revues dédiées au symbolisme se multiplient et publient d’autres manifestes, dont des manifestes picturaux. Celui du critique d’art Gabriel-Albert Aurier, paru en 1891, fait de Paul Gauguin le « fondateur » du symbolisme en peinture, bien que d’autres peintres aient élaboré des théories similaires avant lui, notamment les nabis et Émile Bernard. Cette profusion de manifestes donne lieu à des querelles d’artistes, qui cherchent à s’imposer comme inventeurs : Gauguin et Bernard en peinture, Gustave Kahn et Marie Krysinska en poésie.

Dans les années 1890, le symbolisme atteint son apogée en Europe. Il se répand dans tous les domaines artistiques : roman, peinture, sculpture, musique, théâtre, et il obtient du crédit auprès des critiques et de la presse. Joséphin Péladan, écrivain très en vue dans les milieux symbolistes, met en place une série d’expositions entre 1892 et 1897, les Salons de la Rose+Croix, qui réunissent des artistes complètement représentatifs du mouvement. L’influence de Péladan se fait sentir dans toute l’Europe, et principalement en Belgique, aux Pays-Bas, en Scandinavie et en Finlande.

Le symbolisme s’estompe à partir de 1900. Verlaine meurt en 1896, puis Mallarmé, Gustave Moreau et Puvis de Chavannes en 1898, et la plupart des jeunes poètes délaissent voire rejettent le symbolisme. Néanmoins, des peintres modernes comme Piet Mondrian, Pablo Picasso et František Kupka, ainsi que les surréalistes, sont très influencés par le symbolisme. Ainsi Dali, surréaliste, empruntera à l’occasion des motifs typiquement symbolistes, par exemple dans Un chien andalou, film réalisé en collaboration avec Luis Bunuel, la présence d’un personnage androgyne…

Lire l’article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Symbolisme_(art)

Symbole, Symbolique, Symbolismes – Article de Georges Lerbet - Document ‘revue-la-chaine-d-union-2010-4’ - Pages 18 à 21

Chacun peut faire du symbolisme aussi aisément que M. Jourdain faisait de la prose. Cependant, il n’est pas toujours facile de faire comprendre en loge le symbolisme même si on l’emploie avec aisance. Car le symbole peut se laisser envahir par l’allégorie. Et si le regard porté sur le symbole est plus collectif, ce dernier tend à se réduire à un emblème rassembleur d’idées.

Si, à la place de « symbole », l’étymologie latine avait fait souche dans notre langue, elle nous aurait offert le « cojet ». Certes, celui-ci aurait été proche du sumbolon des Grecs dont l’acception primitive évoque le rapprochement des deux parties d’un même objet pour qu’il retrouve son entièreté. Mais « cojet » aurait-il été capable d’accéder au terrain de l’esprit pour évoquer aussi, comme en grec, la convention grâce à laquelle on retient que des points de vue peuvent se rapprocher jusqu’à se réunir ?

En un mot, la dynamique motrice de jeter peut-elle aller au-delà de l’évocation de mouvements pouvant, ensemble, atteindre une même cible sans toutefois ne rien spécifier du trajet : divergences, convergences ou parcours parallèles ? - Tout change avec symbolon quand il se replace dans sa famille qui contient le verbe sumballein. S’offre alors à la pensée une très grande diversité d’acceptions pour traduire les idées de réunir, rassembler, rapprocher, se rencontrer…, voire de fermer les paupières sous l’effet du sommeil, à moins que, plus psychologiquement, il soit question de comparer, mêler, interpréter, rapprocher par la pensée, conjecturer, supputer, évaluer, mettre en commun ou bien encore jeter l’un vers l’autre, mettre aux prises…

Une authentique complexité cognitive sous-jacente{{}}

De tout ce foisonnement, il ressort combien nous avons affaire à des entremêlements qui témoignent d’une authentique complexité cognitive sous-jacente et dont les limites confinent à la profusion syncrétique si l’on n’y prend pas garde avec méthode. Qu’est-ce donc, en effet, que cet objet qui a une valeur de première importance dans le contenu de la communication et qui, dans le même temps, laisse apparaître le support métaphorique qui, à la fois le constitue et renvoie à ce qu’il transmet ? - Sans grand risque d’erreur, selon un retour aux fondamentaux émerge l’idée générale, souvent encore latente, où se conjuguent échanges, attractions, réunions qui, au fil du temps vont devoir décliner simultanéités ou successions pour corser l’ambiance mentale de la gestion des enjeux ayant cours. - Jeux d’ouvertures, de feintes, de masquages mais aussi de dévoilements jusqu’à construire des symboles hypercomplexes comme la figure de l’oxymore qui rapproche des antonymes à l’image de l’« obscure clarté » qui « tombe des étoiles ». Dès lors, ce qui fait subjectivement sens dans l’esprit de l’auteur peut résonner chez autrui avec le ressenti d’une grande puissance et l’ouverture de voies intimes pour transmettre de l’évocable.

Le symbole contient beaucoup de sens propre{{}}

Plus globalement, avec cette évocation limite, il apparaît que le symbole contient beaucoup de sens propre. L’ensemble marque le parcours intérieur du sujet. Il le structure morphologiquement et contribue aussi à générer une intention personnelle tournée vers le monde extérieur pour signifier des prises en considération culturelles plus ou moins recevables à l’usage. En effet, dans la pratique, la réalisation très saturée de cet ensoi laisse émerger la mise en mouvement d’un auteur chez qui un sens devient la source centrale d’une création originale (poïésis) traduite dans la symbolique. Habitée du désir (conatif) de produire du sens singulier dont la signifiance est riche de signifié, cette expression alimente directement la poésie du message.

Poésie certes, mais parfois dégradation vers le plus simple{{}}

Il reste enfin à considérer ce qu’il advient quand les significations culturelles viennent à primer dans l’espace symbolique. Leur puissance sociétale tend alors à prendre corps dans les symbolismes qui s’apparentent facilement à du convenu très codifiable en des doctrines qui ne peuvent pas ne pas être confrontées à l’arbitraire de l’univers des signes, ni concourir à l’idéologisation des conflits culturels comme on en rencontre dès que le symbole contribue à supporter l’institutionnalisation des subjectivités.

En cette affaire, la dégradation vers le plus simple se trouve renforcée. Chez l’individu, elle revient souvent à se satisfaire de la réduction du symbole à une allégorie surtout si la part du connoté – plus ou moins manifeste – se laisse envahir par le dénoté. D’autre part, quand le regard porté sur le symbole est plus collectif, ce dernier a surtout tendance à se réduire à un emblème qui sert, avant tout, à rassembler les idées communes à l’état de notions représentables plus faciles à dénoter.

Référence : https://shs.cairn.info/revue-la-chaine-d-union-2010-4-page-18?lang=fr

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