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"Ibn Tufayl (en arabe : ابن طفيل ) écrivain musulman et penseur andalou du 12ème siècle, astronome, médecin, mathématicien, mutazilite et soufi, auteur du ’Hayy ibn Yaqzan’, conte philosophique (la nature, la vocation et l’avenir de l’Homme)" par Jacques Hallard
mardi 24 septembre 2024, par
ISIAS Philosophie Islam Judaïsme
Ibn Tufayl (en arabe : ابن طفيل ) écrivain musulman et penseur andalou du 12ème siècle, astronome, médecin, mathématicien, mutazilite et soufi, auteur du ’Hayy ibn Yaqzan’, conte philosophique (la nature, la vocation et l’avenir de l’Homme)
Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 18/09/2024
A painting of a bearded man in a turban holding a decorative box, sitting by flowering trees and plants with a goblet nearby.
Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur
Tout d’abord uelques précisions préliminaires :
Livre ‘Hayy ibn Yaqdhan’ d’Ibn Tufayl ou Abubacer (1110-1185)
Hayy ibn Yaqdhan ou Ḥayy ibn Yaqẓān (arabe حي بن يقظان ; traduit en latin par Philosophus autodidactus, et en français par Le Vivant, fils de l’Éveillé ; L’Éveillé ou Le Philosophe autodidacte) est un roman philosophique écrit par Ibn Tufayl à la fin du XIIe siècle. Dans ce roman, Ibn Tufayl décrit l’éducation en autodidacte et les progrès dans la connaissance d’un être humain vivant seul sur une île inhabitée, sa rencontre avec un autre homme puis sa tentative infructueuse d’insertion dans une société humaine… - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibn_Tufayl
Mutazilisme -Le motazilisme est un mouvement religieux fondé au début du VIIIe siècle par Wasil ibn Ata. À cette époque, qui voit se mettre en place les principaux courants de l’islam, les débats théologiques sont nombreux, et influencent le pouvoir politique. Marqués par la philosophie antique, les motazilites sont souvent considérés comme rationalistes, car ils estiment que l’homme peut, en dehors de toute révélation divine, accéder à la connaissance. Une doctrine basée sur cinq grands principes… - A découvrir sue ce site : https://vous-avez-dit-arabe.webdoc.imarabe.org/religion/le-droit-musulman/qui-sont-les-motazilites-parfois-appeles-les-rationalistes-de-l-islam
Soufisme - Le soufisme désigne les pratiques ésotériques et mystiques de l’islam visant la « purification de l’âme » en vue de se « rapprocher » de Dieu… - Wikipédia
« Le soufisme renvoie à ce que l’islam appelle « ihsan » (excellence) : le fait d’adorer Dieu comme si on le voyait. C’est-à-dire que le soufisme a pour but ultime d’ouvrir le « cœur » de l’initié à la vision béatifique, à la connaissance supra-rationnelle et unitive du Principe divin… »
Rappel : Le mot « islam » avec une minuscule désigne la religion dont le prophète est Mahomet. Le terme d’ « Islam » avec une majuscule désigne la civilisation islamique dans son ensemble, « un ensemble de traits matériels, culturels et sociaux durables et identifiables »…
Rappel - À l’écrit en arabe, les voyelles longues sont notées par une lettre propre : ا, ي, و ; au contraire les voyelles courtes ne sont pas toujours indiquées. Elles peuvent cependant être notées grâce à des signes placés au-dessus ou au-dessous des lettres : les diacritiques. Ainsi, بَ se lit « ba », بِ « bi » et بُ « bou ».
Voir aussi : Comment lire une langue où les voyelles ne sont pas indiquées ? – Par Nejmeddine Khalfallah -
Aux vingt-huit consonnes dont se compose l’alphabet arabe s’ajoutent trois voyelles : a, i et ou. Dans un mot arabe, elles peuvent être courtes ou longues. Cette différence est majeure en arabe, car elle engendre des termes de sens très différents, comme entre kataba (écrire) et kâtaba (écrire à quelqu’un) ou encore entre namâ (s’accroître) et nâma (dormir).
À l’écrit, les voyelles longues sont notées par une lettre propre : ا, ي, و ; au contraire les voyelles courtes ne sont pas toujours indiquées. Elles peuvent cependant être notées grâce à des signes placés au-dessus ou au-dessous des lettres : les diacritiques. Ainsi, بَ se lit « ba », بِ « bi » et بُ « bou ». Il existe aussi un signe pour noter l’absence de toute voyelle, le soukoun, et un autre pour le doublement de la voyelle finale, le tanwin.
L’invention de ces signes diacritiques est attribuée à Abou al-Aswad al-Douali (603-688), l’un des premiers grammairiens arabes, qui les aurait imaginés pour éviter les erreurs de vocalisation lors la récitation du Coran. Cependant, c’est plutôt sous le règne du calife Abd al-Malik (686-705) qu’ils ont réellement été adoptés et généralisés.
Aujourd’hui encore, deux systèmes d’écriture coexistent : la scriptio plena où l’on met toutes les voyelles (notamment dans les textes religieux, poétiques ou didactiques) et la scriptio defectiva, où n’est marqué que le squelette du mot sans voyelles courtes. Même dans ce cas, le lecteur est capable de lire le mot, car la disposition des voyelles en arabe obéit à des règles constantes et régulières.
Comme dans beaucoup d’autres langues, les voyelles placées à la fin des mots servent à marquer le cas des noms (comme dans les déclinaisons latine ou allemande), ou encore la conjugaison des verbes. De plus, la construction des mots arabes se fonde sur une racine de deux, trois ou quatre consonnes, qui représente une notion définie : par exemple, K-T-B indique l’idée de l’écriture. Autour de cette racine s’intercalent des voyelles ou d’autres consonnes, selon un ordre précis, le schème. Les voyelles sont, entre autres, des éléments qui permettent la « dérivation » : longues ou courtes, on les ajoute à la racine pour obtenir les « formes dérivées ». Par exemple, à partir d’une racine trilittère (C-C-C, où C désigne une consonne), les noms de lieu suivent le schème suivant :
m + a + C1 + sokoun + C2 + a + C3 + voyelle variable en fonction du cas
Ainsi, à partir de la racine K-T-B, on obtient maktab (bureau) ; et à partir de la racine S-B-H, masbah (piscine).
Notons enfin que la variation des voyelles à la fin des verbes et des noms est moins riche en arabe dialectal qu’en arabe classique, car la tendance générale est d’abandonner les cas. Nejmeddine Khalfallah – Source : https://vous-avez-dit-arabe.webdoc.imarabe.org/langue-ecriture/l-ecriture-arabe/comment-lire-une-langue-ou-les-voyelles-ne-sont-pas-indiquees
Institut du Monde Arabe
Ce dossier est essentiellement consacré à un personnage historique et polyvalent du 12ème siècle : Ibn Tufayl ou Abubacer : sa spiritualité et son approche philosophique, que nous pouvons qualifier de rationnelle dans le langage actuel, illustre la diversité de l’islam depuis son origine et quelques similitudes avec le judaïsme, d’où il découle…
In fine se trouve une sélection de quelques documents liés au sujet traité dans ce dossier et qui ont été mis en ligne antérieurement sur le site ISIAS, ainsi que d’autres documents également mis en ligne sur ISIAS et étiquetés Judaïsme et Juifs…
Les articles sélectionnés pour ce dossier sont mentionnés avec leurs accès dans le sommaire ci-après
Retour au début de l’introduction
- Ibn Tufayl et la Spiritualité – Par Malika El Kettani - 06 avril 2020 – Document ‘lecourrierdelatlas.com
- Ibn Tufayl et l’histoire de l’enfant sauvage de la philosophie – Traduction du 13 septembre 2024 par Jacques Hallard d’un document de Marie Elshakry, intitulé Ibn Tufayl and the story of the feral child of philosophy - 26 mars 2019 – Document ‘aeon.co/ideas’
- Personnalité d’Ibn Tufayl - Par Chakib Ararou Publié le 01/06/2018 • modifié le 21/04/2020 • Document ‘lesclesdumoyenorient.com’
- Islam - Ibn Tufayl - Dimanche 4 août 2024 – Document ‘radiofrance.fr’ - Provenant du podcast Questions d’islam
- Article Wikipédia concernant Ibn Tufayl
Sélection de quelques documents liés au sujet traité dans ce dossier qui ont été mis en ligne antérieurement sur le site ISIAS
Retour au début de l’introduction
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Ibn Tufayl et la Spiritualité – Par Malika El Kettani - 06 avril 2020 – Document ‘lecourrierdelatlas.com
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Ibn Tufayl et la Spiritualité
A droite : Première page du manuscrit de Hayy Ibn Yaqdhân d’Ibn Tufayl. Crédit photo du texte : https://www.ias.edu/ Direction de la bibliothèque de manuscrits Süleymaniye
Remise en question, quête de sens, aspiration à un monde meilleur… Le coronavirus et son corollaire, le confinement réveillent chez beaucoup une certaine forme de spiritualité. C’est dans ce sens que l’histoire de « Hayy Ibn Yaqdhân » d’Abu Bakr Ibn Tufayl est particulièrement intéressante. Cet ouvrage majeur qui a notamment inspiré à Daniel Defoe le personnage mythique de Robinson Crusoé et à Voltaire ses fameux contes philosophiques, est surtout considéré comme le premier roman philosophique de l’histoire de la littérature. Rédigé au XIIème siècle par ce philosophe, scientifique et mystique soufi, Hayy Ibn Yaqdhân, ou le Philosophe autodidacte, est l’un des ouvrages les plus importants de la culture du monde arabo-musulman.
Hayy Ibn Yaqdhân (Vivant fils de l’éveillé) est l’histoire de Hayy, un jeune garçon né, sans père ni mère, sur une île, complètement seul et isolé du reste du monde. Il est alors adopté par une gazelle, qui l’allaite. L’enfant observe ce qui l’entoure et réfléchit beaucoup. Lorsque la gazelle décédera, Hayy prend alors conscience du phénomène de la vie, et part à la recherche du sens de l’existence.
Doté d’une intelligence supérieure, Hayy acquiert une multitude de savoirs, notamment la physique et l’astronomie. Bientôt, et par la seule force de son raisonnement, il accédera aux connaissances les plus élevées que la science humaine a de l’univers. Il atteint les secrets de l’être, il comprend que les êtres qui l’entourent comportent la multiplicité et l’unité : s’ils sont multiples par leurs formes, ils sont une même et unique chose quant à l’essence. Au stade final de son auto-initiation, Hayy recherche alors l’union intime avec Dieu.
Ce n’est qu’à la suite de son rapprochement avec le divin que Hayy rencontre pour la première fois un être humain, Açâl. Ils noueront rapidement des liens, Açâl vivant son existence comme une quête spirituelle et Hayy arrivant presque à la fin de son apprentissage. Açâl apprend alors à Hayy sa langue, tandis que Hayy lui partage les secrets de ses découvertes.
Enthousiaste, Açâl propose à Hayy d’aller prodiguer ses enseignements à la ville de l’île voisine. C’est une déception pour ce dernier. La société humaine n’est pas préparée à entendre de telles paroles, qu’elle ne parvient pas à saisir.
Hayy comprend alors que la révélation divine n’est saisie par les hommes que dans son aspect exotérique (dhâhir) et non ésotérique (bâtin). Pour Hayy, l’être social humain est, en majorité, réduit à se noyer dans des sciences pratiques qui l’aveuglent et le détournent de la vérité. Il décide alors de retourner sur son île, en compagnie de Açâl, son frère en connaissance.
Dans ce récit, Ibn Tufayl nous livre sa réflexion majeure, à savoir que l’éveil de l’individu ne repose sur aucun pré-acquis issu d’une quelconque tradition ou langage, mais se base uniquement sur la raison universelle.
le courrier de l’atlas - lecourrierdelatlas
© 2020, lecourrierdelatlas.com. Tous les droits sont réservés - Source : https://www.lecourrierdelatlas.com/livres-themeternel-ibn-tufayl-et-la-spiritualite-23699/
2.
Ibn Tufayl et l’histoire de l’enfant sauvage de la philosophie – Traduction du 13 septembre 2024 par Jacques Hallard d’un document de Marie Elshakry, intitulé Ibn Tufayl and the story of the feral child of philosophy - 26 mars 2019 – Document ‘aeon.co/ideas’
Marie Elshakry est professeur agrégé d’histoire à l’Université Columbia de New York. Elle est l’auteur de ‘Reading Darwin in Arabic’, 1860-1950 (2013). Elle vit à New York. Mourad Idriss est professeur adjoint de sciences politiques à l’Université de Virginie. Il travaille actuellement sur deux projets de livres, l’un sur Hayy ibn Yaqzan d’Ibn Tufayl et l’autre sur les constructions de l’Islam dans la langue. Son dernier livre est Guerre pour la paix : Généalogies d’un Idéal violent dans la pensée occidentale et islamique (2018).
A painting of a bearded man in a turban holding a decorative box, sitting by flowering trees and plants with a goblet nearby.Agrandir l’image
Fragment de folio d’album avec un érudit dans un jardin. Attribué à Muhammad Ali 1610-15. Avec l’aimable autorisation du Musée des Beaux-Arts de Boston
Ibn Tufayl, un andalou du 12ème siècle, a façonné l’enfant sauvage en philosophie. Son histoire Hayy ibn Yaqzan est l’histoire d’un enfant élevé par une biche sur une île anonyme de l’océan Indien. Hayy ibn Yaqzan (littéralement ’Fils Vivant de l’Éveil’) atteint un état de compréhension parfaite et extatique du monde. Méditation sur les possibilités (et les pièges) de la quête de la vie bonne, Hayy propose non pas une, mais deux ’utopies’ : une eutopie (εὖ ’bien’, τόπος ’lieu’’ de l’esprit dans un isolement parfait, et une communauté éthique sous la primauté du droit. Chacun a une version du bonheur humain. Ibn Tufayl les oppose les uns aux autres, mais chacun se déploie ’nulle part’ (ο not ’pas’, τόπος ’lieu’) dans le monde. Ibn Tufayl commence par une vision de l’humanité isolée de la société et de la politique. (Les théoriciens politiques européens modernes qui utilisaient ce dispositif littéraire l’appelaient ‘l’état de nature’’) Il introduit Hayy en spéculant sur son origine. Que Hayy ait été placé dans un panier par sa mère pour naviguer dans les eaux de la vie (comme Moïse) ou qu’il soit né par génération spontanée sur l’île n’a aucune importance, dit Ibn Tufayl. Sa position divine reste la même, tout comme une grande partie de sa vie, passée en compagnie uniquement d’animaux. Les philosophes ultérieurs ont soutenu que la société élève l’humanité de son état animal naturel à un état avancé et civilisé. Ibn Tufayl avait un point de vue différent. Il a soutenu que les humains ne peuvent être perfectionnés qu’en dehors de la société, par un progrès de l’âme, pas de l’espèce. Contrairement à l’opinion de Thomas Hobbes selon laquelle ’l’homme est un loup pour l’homme’, l’île de Hayy n’a pas de loups. Il s’avère assez facile pour lui de repousser d’autres créatures en leur agitant des bâtons ou en revêtant des costumes terrifiants de peaux et de plumes.
Pour Hobbes, la peur de la mort violente est à l’origine du contrat social et de l’apologie de l’État ; mais la première rencontre de Hayy avec la peur de la mort est lorsque sa mère biche meurt. Désespéré de la ranimer, Hayy dissèque son cœur pour découvrir que l’une de ses chambres est vide. Le coroner devenu théologien conclut que ce qu’il aimait chez sa mère ne réside plus dans son corps. La mort était donc la première leçon de métaphysique, pas de politique.
Hayy observe ensuite les plantes et les animaux de l’île. Il médite sur l’idée d’un élémental, ’esprit vital’ en découvrant le feu. La réflexion sur la pluralité de la matière l’amène à conclure qu’elle doit provenir d’une source singulière et non corporelle ou d’une Cause Première. Il note le mouvement parfait des sphères célestes et commence une série d’exercices ascétiques (comme tourner jusqu’au vertige) pour imiter cet ordre caché et universel.
À l’âge de 50 ans, il se retire du monde physique, méditant dans sa grotte jusqu’à ce qu’il atteigne enfin un état d’illumination extatique. La raison, pour Ibn Tufayl, n’est donc pas un guide absolu de la Vérité. La différence entre les voyages extatiques de l’esprit de Hayy et la pensée politique rationaliste ultérieure est le rôle de la raison.
Pourtant, de nombreux commentaires européens modernes ultérieurs ou traductions de Hayy confondent cela en encadrant l’allégorie en termes de raison. En 1671, Edward Pococke a intitulé sa traduction latine Le Philosophe autodidacte : « dans laquelle il est démontré comment la raison humaine peut passer de la contemplation de l’inférieur à la connaissance du supérieur ».
En 1708, la traduction anglaise de Simon Ockley était L’amélioration de la raison humaine, et elle soulignait également la capacité de la raison pour atteindre la ’connaissance de Dieu’.
Pour Ibn Tufayl, cependant, la vraie connaissance de Dieu et du monde – en tant qu’eutopie pour ’l’esprit’ (ou l’âme) - ne pouvait venir que d’une intuition contemplative parfaite, et non d’une pensée rationnelle absolue. C’est la première utopie d’Ibn Tufayl : une île inhabitée où un philosophe sauvage se retire dans une grotte pour atteindre l’extase par la contemplation et le retrait du monde. Le Zarathoustra de Friedrich Nietzsche serait impressionné : ’ Fuyez, mon ami, dans votre solitude !’’
Le reste de l’allégorie introduit le problème de la vie communautaire et une seconde utopie. Après que Hayy ait atteint sa condition parfaite, un ascète fait naufrage sur son île. Hayy est surpris de découvrir un autre être qui lui ressemble tellement. La curiosité l’amène à se lier d’amitié avec le vagabond, Absal.
Absal enseigne la langue à Hayy et décrit les mœurs des habitants respectueux des lois de sa propre île. Les deux hommes déterminent que la religion des insulaires est une version moindre de la Vérité découverte par Hayy, enveloppée de symboles et de paraboles.
Hayy est motivé par la compassion pour leur enseigner la Vérité. Ils se rendent chez Absal. La rencontre est désastreuse. Les insulaires d’Absal se sentent obligés par leurs principes éthiques d’hospitalité envers les étrangers, d’amitié avec Absal et d’association avec toutes les personnes d’accueillir Hayy.
Mais bientôt les tentatives constantes de Hayy de prêcher les irritent. Hayy se rend compte qu’ils sont incapables de comprendre. Ils sont motivés par les satisfactions du corps, pas de l’esprit. Il ne peut y avoir de société parfaite car tout le monde ne peut pas atteindre un état de perfection dans son âme. L’illumination n’est possible que pour l’élu, conformément à un ordre sacré, ou un ‘hiéros archein. (Cette hiérarchie de l’être et du savoir est un message fondamental du néo-platonisme).
Hayy conclut que persuader les gens de s’éloigner de leurs stations ’naturelles’ ne ferait que les corrompre davantage. Les lois que les ’masses’ vénèrent,-qu’elles soient révélées ou raisonnées -, décide-t-il, sont leur seule chance de mener une bonne vie. Les idéaux des insulaires - légalité, hospitalité, amitié, association - peuvent sembler raisonnables, mais ceux-ci existent aussi ’nulle part’ dans le monde.
D’où leur dilemme : soit ils y adhèrent et supportent les critiques de Hayy, soit ils les violent en l’évitant. Il s’agit d’une critique radicale de la loi et de ses principes éthiques : ils sont normativement nécessaires à la vie sociale, mais ils sont intrinsèquement contradictoires et impossibles. C’est un reproche sournois de la vie politique, dont la morsure perdure. Comme les insulaires, nous suivons des principes qui peuvent se saper eux-mêmes. Pour être hospitalier, nous devons être ouverts à l’étranger qui viole l’hospitalité. Pour être démocratique, nous devons inclure ceux qui sont antidémocratiques. Pour être mondains, nos rencontres avec d’autres personnes doivent être des occasions d’apprendre d’eux, pas seulement d’eux.
À la fin, Hayy retourne sur son île avec Absal, où ils jouissent d’une vie de contemplation extatique jusqu’à la mort. Ils abandonnent la recherche d’une société parfaite de lois.
[Addenda - L’utopie est une représentation d’une société idéale, opposée aux sociétés réelles imparfaites. Wikipédia – Et l’eutopie ? – « De l’anglais utopia, mot inventé en 1516, par Thomas More dans son livre Utopia. Construit à partir du grec ancien, dérivé de τόπος, tópos (« lieu »), avec le préfixe οὐ-, ou- (« non »), littéralement « (qui n’est) en aucun lieu », selon Wiktionnaire, le dictionnaire libre… - Pour avancer, voir https://nota-bene.org/Eutopie ]
Leur eutopie est la quête de l’esprit laissé à lui – même, au-delà des imperfections du langage, du droit et de l’éthique-peut-être même au-delà de la vie elle-même. Les insulaires offrent une leçon moins évidente : nos idéaux et nos principes se sapent eux-mêmes, mais cela est en soi nécessaire à la vie politique. Pour une île d’éthique et de droit purs, c’est une utopie impossible.
Peut-être, comme Ibn Tufayl, tout ce que nous pouvons dire sur la recherche du bonheur est (citant Al-Ghazali) : C’était-ce que c’était est plus difficile à dire. Pensez au meilleur, mais ne m’obligez pas à le décrire. Après tout, nous ne savons pas ce qui est arrivé à Hayy et Absal après leur mort – ni aux insulaires après leur départ. Histoires et littérature Penseurs et théories Philosophie comparée
[À propos d’Al-Ghazali : Abu Hamid Muhammad ibn Muhammad Al-Ghazali al-Tusi al-Nisaburi est connu en Occident sous les noms latinisés d’Algazel ou Algazelus. Philosophe, théologien, logicien, juriste et mystique musulman d’origine perse, il est une figure majeure de la pensée musulmane… - Wikipédia - Date/Lieu de naissance : 5 juillet 1057, Tus, Iran - Date de décès : 19 décembre 1111, Iran - Influences : Al-Kindi, Abou Hassan al-Achari, Al-Juwaynī, PLUS …]
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Source : https://aeon.co/ideas/ibn-tufayl-and-the-story-of-the-feral-child-of-philosophy
3.
Personnalité d’Ibn Tufayl - Par Chakib Ararou - Publié le 01/06/2018 • modifié le 21/04/2020 • Document ‘lesclesdumoyenorient.com’
L’auteur du roman philosophique Hayy Ibn Yaqdhân (Vivant fils de l’éveillé) s’efface derrière les figures d’Avicenne et d’Averroès dans le récit de la grande geste intellectuelle arabe d’Al Andalus.
Ce médecin impliqué dans la politique andalouse du XIIe siècle et versé dans toutes les sciences de son époque, en est pourtant l’un des grands personnages. Son ouvrage ouvre un dialogue à la fois savant et vivace avec l’ensemble de ses prédécesseurs en pensée, qui synthétise les grands enjeux du savoir arabe de la période.
Vie, activité et options intellectuelles d’Ibn Tufayl{{}}
Né à Wadi-Ach (Cadix) dans la première décennie du XIIe siècle, Abu Bakr Muhammad Ibn ’Abd al-Malik Ibn Muhammad Ibn Muhammad Ibn Tufayl al-Qaysi, connu dans l’Occident médiéval sous le nom d’Abubacer, fut disciple de la philosophie d’Ibn Bâja (Avempace), et étudia les sciences naturelles et religieuses. Il servit d’abord comme secrétaire du gouverneur de Grenade, puis de celui de Tanger et Ceuta à partir de 1154.
Remarqué par le calife almohade Abou Yusuf Ya‘qûb, « souverain des deux continents » qui régnait à la fois sur l’Espagne et l’Afrique du Nord, il devint en 1163 son médecin personnel et son vizir. Extrêmement attentif à la vie intellectuelle de son temps, il prit sous sa protection le jeune Ibn Rush (Averroès), le présentant au calife et l’encourageant, sur la demande de ce dernier, à entreprendre le commentaire des œuvres d’Aristote. C’est aussi à Ibn Rushd qu’il céda sa charge de médecin en 1182, conservant seulement celle de vizir. Il mourut à Marrakech en 1185.
De sa vie d’auteur, il nous reste peu de choses : quelques pièces versifiées, dont l’authenticité est contestée, relatant des événements de la période à laquelle il vécut, et surtout le texte intégral de Hayy Ibn Yaqdhân, sous-titré Les secrets de la philosophie orientale, et qui fit sa fortune. Un Traité de l’âme lui a été prêté sans qu’on en retrouve trace. Son activité de médecin laisse une forte trace dans Vivant fils de l’éveillé où l’observation anatomique précise joue un rôle de premier ordre, l’éveil à la réflexion philosophique prenant appui sur l’examen des corps.
La longue adresse liminaire du texte témoigne en outre de sa vaste connaissance de la philosophie et de la pensée arabes : il y produit l’examen critique d’un vaste corpus incluant certains mystiques soufis, Al Ghazâlî, Ibn Bâja, Al Fârâbî et surtout Ibn Sîna (Avicenne) dont l’influence fut la plus décisive sur la constitution de sa philosophie. Son travail ne se borne donc pas à l’invention d’une forme littéraire, celle du récit d’initiation d’un enfant retranché à la civilisation, et son étiquetage en simple précurseur du Robinson Crusoé, de Daniel Defoe, est aussi étroite qu’injuste.
Il s’agit en vérité d’un grand texte philosophique, dans une veine qui n’est pas sans familiarité avec les expériences de pensée chères aux Lumières européennes, et où se dessine sous couvert de fiction une réflexion majeure sur les modalités même de la connaissance et le rapport entre celle-ci et l’union avec l’intellect divin, objet de la discussion liminaire. Ibn Tufayl y raille les hardiesses de certains tenants de la mystique soufie à s’improviser interlocuteurs du Très-Haut, critique le caractère allusif de la doctrine d’Al-Ghazâlî en la matière et l’obscurité d’Ibn Bâja qui, selon lui, ne parvient pas à énoncer de manière satisfaisante les plus hautes exigences d’al ‘ilm al-ilâhî, littéralement science divine ou du divin, métaphysique ou théologie par conséquent.
Le critère de jugement fondamental d’Ibn Tufayl est indéniablement la scientificité, qui fait d’Al Ghazâli plus et mieux qu’un mystique et d’Ibn Bâja et Ibn Sînâ des maîtres en philosophie. Reste que leurs écrits sur l’expérience visionnaire demeurent insatisfaisants, et que le chemin vers la vision du ṣâni‘ ou « producteur », ce dieu que les philosophes peignent ainsi plutôt qu’en khâliq, créateur, ne se dessine pas assez dans leurs écrits. Ce sera tout le sens du roman que de dégager cette voie vers la Vision par la science.
L’histoire de Hayy Ibn Yaqdhân{{}}
Le maître ouvrage d’Ibn Tufayl est structuré autour de l’histoire de Hayy, jeune garçon né sur une île où il est le seul être humain. D’emblée, la démarche du narrateur est celle d’un homme de sciences aguerri, qui commente dans le détail les deux versions de sa naissance. La première ressortit du conte pur : la splendide sœur d’un roi jaloux qui la maintient à l’abri de tout prétendant épouse en secret un dénommé Yaqdhân dont elle a un fils. Pour que le secret de cette naissance ne soit jamais révélé, elle met l’enfant sur une barque qui dérive en mer vers une île.
L’autre version de la naissance de Hayy, elle, est expliquée par la génération spontanée, et donne à Ibn Tufayl l’occasion de développer une théorie de la relation entre la tempérance du climat et la possibilité de la vie, puis de décrire le processus d’engendrement spontané de la vie tel qu’on se le figure alors. Quelle que soit la version retenue par le lecteur, c’est son éducation par une gazelle qui le recueille qui préoccupera désormais le lecteur, puis la mort de celle-ci par laquelle Hayy prend conscience du phénomène de la vie et se met en quête de son sens.
Le récit est divisé en sept septenaires, ou périodes de sept années, soit quarante-neuf ans d’éducation au cours desquels Hayy découvre étape par étape un ensemble de savoirs, de la physique à l’astronomie, de l’astronomie aux catégories de l’être, et de ces dernières à l’extase de la connaissance divine dont le préambule d’Ibn Tufayl fixait nettement l’objectif.
Chemin faisant, le lecteur assiste à la description de pratiques scientifiques dont l’usage était alors défendu, et demeura longtemps telle en Orient comme en Occident : la dissection et la vivisection, que Hayy pratique sur différents animaux présents dans son environnement pour comprendre le phénomène de la vie. Il s’agit ici d’une véritable propédeutique dont l’ordonnancement doit à l’Organon aristotélicien et à son remodelage progressif par les plus grands philosophes arabes avant Ibn Tufayl : Al-Kindî, Al-Fârâbî et Ibn Sînâ. La dette est particulièrement grande à l’égard de ce dernier, dont les subtiles distinctions tracées dans le Kitâb al-shifâ‘ (Livre de la guérison) pour saisir les relations qui lient les savoirs entre eux irriguent les déductions du jeune philosophe autodidacte.
À la clé de ce parcours dans le savoir : la démonstration que l’acquisition de la connaissance jusqu’à ses divines fins dernières repose toute entière sur l’usage de la raison universelle. Elle n’est donc rattachée par aucune nécessité à l’acquisition d’une tradition ni même d’un langage. Et pour cause : ce n’est qu’après être parvenu à une extrême intimité avec le producteur – le créateur - de l’univers, à l’extrême terme de son auto-initiation, que Hayy rencontre pour la première fois un autre être humain, sectateur d’une religion monothéiste - Ibn Tufayl ne dira pas laquelle. Açâl vit l’existence comme une quête spirituelle, ce qui facilite sa rencontre avec Hayy.
Ce dernier, en échange de l’apprentissage de sa langue, l’initie aux secrets dont il a fait l’acquisition et devient pour lui une sorte de maître. Tous deux tombent d’accord sur la parfaite harmonie entre la révélation dont Açâl est le pieux disciple et les vérités rationnelles de l’isolé insulaire.
Désireux de répandre la parole de ce curieux savant sauvage, Açâl offre à Hayy de découvrir la ville de l’île voisine, dont le roi n’est autre que son ami Salâmân, et de professer son enseignement à ses semblables enfin découverts. Devant la réaction interloquée que suscite sa parole chez les autres hommes, Hayy est amené à comprendre que la révélation telle qu’elle est saisie par la société humaine est un contenu exotérique (dhâhir), simple d’accès et d’acquisition, destinée à une masse parmi laquelle l’enseignement ésotérique (bâtin) qu’il professe n’est accessible qu’à un petit nombre d’individus.
Le roi Asâl, versé dans les sciences pratiques liées à la vie en société et dans nul autre domaine, incarne en majesté - c’est ici le cas de le dire - cette condition sociale de l’être humain dont la découverte est amère pour Hayy. Devant la déception que lui cause une découverte aussi cuisante que celle d’un genre humain aussi endormi et sourd aux vérités qu’il est, lui, éveillé et disponible à elles, Hayy prend la décision de retourner sur son île et de consolider sa vision, escorté de son disciple Açâl, en qui il a trouvé un frère en connaissance et en contemplation.
Postérité de Hayy Ibn Yaqdhân{{}}
Dès la période médiévale, une traduction anonyme en langue hébraïque fut diffusée, et fut l’objet d’examen de la part de commentateurs aussi éminents que le rabbin, théologien et philosophe juif, Moïse de Narbonne, qui en donna l’exégèse en 1349. On retrouve d’étonnantes similitudes entre la construction narrative déployée chez Ibn Tufayl et celle du Criticón du maître de la pensée jésuite Baltasar Gracián, œuvre antérieure à la première traduction de Hayy en latin. Diverses théories ont été émises sur le sujet, notamment celle d’une origine commune des deux textes dans une Histoire de l’Emir Dhul-Qarnayn : conte de l’idole, du roi et de sa fille, bien traduite vers l’espagnol quant à elle, mais sans que le débat des spécialistes soit tranché à ce jour (1).
C’est en 1671 à Oxford que le texte est traduit en latin par Edward Pocock, sous le titre Philosophus autodidactus, assorti du texte arabe, dont dériveront trois traductions vers l’anglais, l’allemand et le néerlandais au XVIIIe siècle. La première est réalisée par Simon Ockley, publiée à Londres en 1708 puis 1711, date à laquelle Ockley devient le professeur d’arabe de l’université de Cambridge, et rééditée à Dublin en 1731.
L’œuvre avait déjà été traduite plusieurs fois en anglais à la fin du XVIIe siècle (par George Keith en 1674, puis par George Ashwell en 1686), mais celle d’Ockley précède de peu d’années la parution du roman Robinson Crusoé de Daniel Defoe (1719). Contrairement au cas de Gracián, la relation intertextuelle entre les deux textes est donc établie, et donne lieu à de riches études comparées jusqu’à nos jours (2).
Reste, et nous avons essayé de le démontrer ici, que l’œuvre d’Ibn Tufayl souffre autant de cette postérité littéraire qu’elle en bénéficie, son contenu se trouvant réduit à la préfiguration des aventures du héros de Defoe, alors même que la densité philosophique du texte, dont nous avons essayé ici d’esquisser l’allure, devrait lui mériter en tant que tel une lecture.
Notes :
(1) Voir Sara Lenzi, « Ibn Tufayl e l’eredità del filosofo autodidatta », Revista Española de Filosofía Medieval, 23 (2016), ISSN : 1133-0902, pp. 165-185.
(2) Et par exemple la these de Lamia Mohamed Saleh Baeshen, Robinson Crusoe and Hayy bin Yaqzan : a comparative study, University of Arizona, 1986.
Ibn Tufayl, L’Éveillé, traduction de Léon Gauthier [Alger, 1900], Paris, Libretto, 2017, 111 p.
Histoire Publié le 01/06/2018 - Chakib Ararou
Chakib Ararou est élève de l’École Normale Supérieure, diplômé de deux masters en lettres modernes et en traduction et actuellement en licence d’arabe à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales. Il a collaboré à diverses revues, comme Reliefs et Orient XXI, en tant que traducteur. Il a vécu à Rabat et au Caire et s’intéresse aux littératures et à l’histoire de la région.
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Islam - Ibn Tufayl - Dimanche 4 août 2024 – Document ‘radiofrance.fr’ - Provenant du podcast Questions d’islam
Two philosphers debating, miniature from The best rulings and the most precious sayings of Al-Moubachir, Arabic manuscript, 13th Century. ©Getty - DeAgostini/Getty Images©Getty - DeAgostini/Getty Images
Two philosphers debating, miniature from The best rulings and the most precious sayings of Al-Moubachir, Arabic manuscript, 13th Century.
Deux philosophes débattant, miniature tirée des Meilleurs jugements et des paroles les plus précieuses d’Al-Moubachir, manuscrit arabe, XIIIe siècle
Qui fut Abu Bakr Mohammed Ibn Tufayl, cet écrivain et penseur andalou du 12e siècle, auteur du ’Hayy ibn Yaqzan’, conte philosophique où sont envisagées la nature, la vocation et l’avenir de l’homme ?{{}}
Avec Maurice-Ruben Hayoun
Abu Bakr Mohammed Ibn Tufayl (1110-1185), latinisé en Aboubaker, est un philosophe andalou. Il est communément présenté comme le maître d’Averroès. Sa pensée philosophique est d’une grande audace intellectuelle pour le 12e siècle. Auteur du conte philosophique Le vivant fils de l’éveillé ou Le philosophe autodidacte, son œuvre a exercé une influence considérable sur la philosophie en Europe, particulièrement du temps des Lumières.
Le professeur Maurice-Ruben Hayoun viendra présenter Ibn Tufayl et son œuvre, notamment sa réception chez ses continuateurs juifs comme Moïse de Narbonne.
Conseils de lecture :{{}}
Le philosophe sans maître, d’Abu Bakr Mohammed Ibn Tufayl (Rivages, 2021)
Robinson de Guadix : une adaptation de l’épître d’Ibn Tufayl, Vivant fils d’éveillé, de Jean-Baptiste Brenet (Verdier, 2020)
Lumières arabes et Lumières modernes : au miroir de l’utopie insulaire d’Ibn Tufayl : expérience de soi et dissidence du Philosophe autodidacte d’Eric Marion (Kimé, 2016)
Les pédagogues du patrimoine arabe, de Michel Zakaria et Norma Abboud Zakaria (Fabert, 2021)
La philosophie juive de Maurice-Ruben Hayoun (Cerf, 2023)
(Une rediffusion du 18 février 2024)
À écouter : Philosopher en AndalousieQuestions d’islam 56 min
À écouter : Le philosophe autodidacteQuestions d’islam 59 min
À écouter : Le rayonnement d’AverroèsLes Chemins de la philosophie 58 min
Sciences et Savoirs Société Religions – Spiritualité Islam Littérature étrangère Les Lumières Philosophie politique
L’équipe -
Ghaleb BencheikhGhaleb Bencheikh Production - François Cauurcnac Réalisation - Thierry Beauchamp Collaboration
Source : https://www. /franceculture/podcasts/questions-d-islam/ibn-tufayl-9229255
Article Wikipédia concernant Ibn Tufayl{{}}
Abu Bakr Mohammed ben Abd-el-Malik ben Tufayl el-Qaïci, dit Ibn Tufayl (arabe : ابن طفيل), est un philosophe andalou d’origine, astronome, médecin, mathématicien, mutazilite et soufi1,2,3. Il est né vers 1110 à Wadi-Asch, aujourd’hui Guadix, à une soixantaine de kilomètres de Grenade et est mort en 1185 à Marrakech4. Il est également connu au Moyen Âge sous le nom d’Abubacer, transcription latine de son surnom Aboû Bekr5,6.
Biographie{{}}
Ibn Tufayl exerce la médecine à Grenade qui passe de la domination almoravide en 1090 à la domination almohade dès 11477,8,9, puis il est secrétaire provincial. Plus tard, il devient physicien du calife Abu Yaqub Yusuf à Marrakech et assume le rôle de protecteur d’Ibn Roshd (Averroès) qu’il encourage à commenter Aristote. Ibn Roshd décrit plus tard comment Ibn Tufayl l’encouragea dans cette entreprise :
« Aboû Bekr ben Thofaïl me fit appeler un jour et me dit : J’ai entendu aujourd’hui le Chef des Croyants se plaindre de l’obscurité du style d’Aristote ou de celui de ses traducteurs, et de la difficulté de comprendre ses doctrines. Si ces livres, disait-il, pouvaient rencontrer quelqu’un qui les commente et qui en expose le sens après l’avoir bien compris, on aurait alors par où les saisir ! [Ibn Thofaïl ajouta ] : Si tu as assez de force pour un tel travail, entreprends-le. Je compte que tu en viendras à bout ; car je connais ta haute intelligence, ta lucidité d’esprit, ta grande ardeur au travail. Ce qui m’empêche de m’en charger, c’est le grand âge où tu me vois arrivé et aussi les occupations que ma fonction et mes soins m’imposent, sans parler de préoccupations plus graves10. »
Auteur de l’Œuvre médicale et philosophique, où l’on discerne l’influence de l’encyclopédie du Xe siècle des Ikhwan al-Safa (Frères de la sincérité, en arabe), Ibn Tufayl est surtout connu pour son récit philosophique, Hayy ibn Yaqdhan connu en français sous le titre L’Éveillé ou Le Philosophe autodidacte.
Hayy ibn Yaqdhan{{}}
Histoire{{}}
Hayy ibn Yaqdhan est un traité philosophique et mystique, qui s’appuie sur la pensée d’Avicenne et le soufisme, sous forme de roman allégorique4. Le livre est également fortement ancré dans la pensée néoplatonicienne et aristotélicienne.
Le livre met en scène un enfant, vivant seul sur une île déserte au niveau de l’équateur4. Cet enfant qui n’a ni père ni mère connus, est élevé par une gazelle. Il s’éveille seul à la connaissance du monde puis à la connaissance de Dieu4. Hayy va finalement entrer en contact avec la civilisation et la religion « codifiée » quand il rencontre un naufragé nommé Absâl. Il découvre alors certains signes extérieurs de la religion auxquels il adhère car il les juge cohérents avec son intuition-conscience du divin. Mais bien qu’il reconnaisse que beaucoup de codes sont nécessaires pour la majorité, afin qu’ils puissent avoir une vie décente, il pense surtout que cette société est enfermée dans son dogmatisme et manque d’ouverture pour une véritable quête du divin. Il finit alors par quitter la société pour retourner sur son île avec son ami Absal et s’échapper de toute distraction.
Hayy ibn Yaqdhan11 est écrit comme une réponse à l’Incohérence des philosophes d’Al-Ghazâlî. Au XIIIe siècle, Ibn Nafis écrit Al-Risalah al-Kamiliyyah fil Siera al-Nabawiyyah (connu sous le nom Theologus Autodidactus en Occident) comme une réponse au Hayy ibn Yaqdhan (Philosophus Autodidactus) d’Ibn Tufayl. Le titre du récit et l’argument de l’histoire reprennent une œuvre d’Avicenne dans un esprit différent[réf. nécessaire].
Portée et influence{{}}
Hayy ibn Yaqdhan a eu une grande influence sur la littérature arabe et européenne au point de devenir un best-seller en Europe occidentale du XVIIe au XVIIIe siècle12,13. Ce travail a également eu une influence profonde à la fois sur la philosophie islamique et la philosophie moderne occidentale14. Il devient même « un des plus importants livres à préfigurer la révolution scientifique et le siècle des Lumières », et les pensées véhiculées dans ce livre se retrouvent à différents degrés dans les travaux de Thomas Hobbes, John Locke, Isaac Newton et Emmanuel Kant15.
À travers Hayy ibn Yaqdhan, Ibn Tufayl16 est le premier à introduire dans la pensée philosophique les concepts d’autoformation et surtout de tabula rasa.
La première traduction latine date de 1671 et a pour titre Philosophus Autodidactus. Elle fut écrite par Edward Pocock (le jeune). La première traduction anglaise date de 1708 par Simon Ockley et la traduction française est celle de Léon Gauthier datant de 1900.
Notes, références et bibliographie sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibn_Tufayl
Sélection de quelques documents liés au sujet traité dans ce dossier qui ont été mis en ligne antérieurement sur le site ISIAS{{}}
’Ensemble de sept balades multiculturelles à travers quatre continents autour du 12ème siècle’ par Jacques Hallard 8 septembre 2011 - ISIAS - Histoire 12ème siècle Arts Architecture - Sciences Techniques - Philosophies Spiritualités - Nous mettons l’accent sur l’écho que nous renvoie présentement ce 12ème siècle sur notre 21ème siècle : quelle résonnance après 9 siècles d’Histoire ?
D’autres documents mis en ligne sur ISIAS et étiquetés Judaïsme et Juifs sont à retrouver à partir d’ici > https://isias.info/spip.php?page=recherche&recherche=judaisme+juifs
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Collecte de documents et agencement, traduction, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 18/09/2024
Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales
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