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"Expression énergétique de douleur, blessure, privation, honte, humiliation, frustration, peur, anxiété, la colère témoigne de l’intensité et de la profondeur du lien interhumain : à gérer avec des activités apaisantes recommandées" par Jacques Hallard

dimanche 15 septembre 2024, par Hallard Jacques


ISIAS Psychologie Relations Colère

Expression énergétique de douleur, blessure, privation, honte, humiliation, frustration, peur, anxiété, la colère témoigne de l’intensité et de la profondeur du lien interhumain : à gérer avec des activités apaisantes recommandées

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 12/09/2024

La_Laitiere colere - Flym, dessin d’humour, blog bd humour, humour noir

In La laitière colère - Source : https://www.flym.fr/bd/tableaux/la_laitiere-colere-4/

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur


Préambule

Tout d’abord l’essentiel et quelques recommandations de solutions correctives

« Qu’est-ce que la colère ? - De la fureur de temps à autre. Dans certains cas, lorsque nous sommes en colère, nous parlons fort, nous crions, nous jurons et dans les cas extrêmes nous pouvons réagir violemment envers les objets (les casser) et les personnes (violence envers soi ou les autres)… »

La colère est un état affectif violent et passager, résultant du sentiment d’une agression, d’un désagrément, une frustration, traduisant un vif mécontentement entraînant des manifestations physiques ou psychologiques par une personne. Ces manifestations peuvent être contrôlées… - JH2024-09-12T07:56:00J

Wikipédia

Les interactions sociales et le {{}}lien interhumain - Pour gérer la colère, il est important de prendre du recul, de rester calme et de communiquer de manière respectueuse et assertive. Les techniques de gestion de la colère telles que la respiration profonde, la méditation ou l’exercice physique peuvent aider à réduire la tension et le stress. 08 mars 2023

Le yoga à flux lent – « Une forme de yoga doux qui propose des mouvements plus lents et sollicite moins le cardio. Par le biais d’exercices basés sur la respiration, le yoga doux propose de travailler les groupes musculaires en profondeur en souplesse… » Source : https://www.siddhiyoga.com/fr/yoga/types/yin/slow-flow-yoga

La méditation de pleine conscience - La méditation est une pratique ancestrale venant d’Inde et des méthodes traditionnelles bouddhistes, permettant de lâcher prise face au flot constant de pensées qui embrument l’esprit. Il n’y a pas qu’un seul type de méditation. En effet, il en existe de nombreuses techniques telles que la méditation Vipassana, transcendantale, ou encore la méditation de pleine conscience, également appelée Mindfulness en anglais. La pratique de la méditation de pleine conscience aide à porter son attention sur l’instant présent, le “ici et maintenant”, de manière consciente, présente, et sans porter de jugement. L’idée est de ne plus agir de manière automatique. La pleine conscience permet d’examiner les pensées et les émotions sans les combattre, et en les acceptant avec bienveillance… - Source : https://www.livi.fr/en-bonne-sante/mindfulness-meditation-pleine-conscience/

La relaxation musculaire progressive – « La technique de relaxation progressive de Jacobson consiste à tendre différents groupes de muscles volontairement sur une période de 5 à 10 secondes puis à relâcher la tension (détente). Chaque contraction peut être faite une seconde fois avant de passer à la suivante. C’est un exercice simple qui se fait en séries… » - En savoir plus sur ce site : https://www.helsana.ch/fr/blog/psyche/relaxation/detente-musculaire-progressive.html

La respiration diaphragmatique ou abdominale – C’est l’une des compétences de base dans l’apprentissage de la relaxation… Elle met en œuvre le diaphragme, qui est une sorte de muscle, sous forme de voûte convexe, qui sert de cloison entre le thorax et l’abdomen. Comme tout muscle, il se contracte, et à ce moment-là il s’aplatit vers le bas en créant une dépression dans la poitrine, ce qui fait rentrer de l’air dans les poumons. C’est une façon d’inspirer qui implique donc un petit effort, un petit travail musculaire. En pratique, il suffit d’inspirer en gonflant bien le ventre. Source : https://sse.univ-poitiers.fr/sante-au-travail/conseils-de-sante-au-travail/se-relaxer-par-la-respiration/

Pour en savoir plus et pratiquer :

La respiration diaphragmatique. YouTube · Ecole Francaise De Sophrologie De Montpellier -Cette vidéo pédagogique montre bien le muscle diaphragmatique en action.

Respiration diaphragmatique - YouTube · Geneva University Hospitals - 4:31 - Cette vidéo est proposée dans le cadre de la plateforme RAFAEL, première plateforme interactive d’informations et d’échanges

La respiration diaphragmatique - Centre Mosaique de Québec 13 mars 2023 — La respiration diaphragmatique est un outil puissant qui peut aider à réduire le stress et l’anxiété tout en calmant le corps et l’esprit.

Les pauses réflexives – C’est un temps de silence après l’énonciation d’une question, l’audition d’un point de vue : ce temps est accordé pour favoriser l’émergence d’une réflexion individuelle sur le sujet abordé. Il ne s’agit pas d’ouvrir une nouvelle discussion ou une quelconque contestation, cette pause réflexive agissant comme un miroir sur la pensée… - Des exemples d’application en pédagogie :

Pauses réflexives : quel impact sur la conscientisation des ... OpenEdition Journalsde M Denami · 2023 — Ll’objectif premier de cette approche est de produire la construction de savoirs et d’assurer des résultats de formation adéquats…

Pauses réflexives : quel impact sur la conscientisation des ... Innovation pédagogique - 31 janv. 2024 — Peut-on dynamiser le travail des étudiants en Licence ? Pauses réflexives : quel impact sur la conscientisation des compétences des étudiants ?

Des pauses réflexives pour orienter nos choix pédagogiques Educavox -1er février 2014 — Prendre ainsi conscience de cela en tant que professeur, c’est éclairer mes choix, mieux les orienter et mieux remplir mes missions de formateur….

L’analyse transactionnelle, appelée aussi AT, est une théorie de la personnalité, des rapports sociaux1 et de la communication. Créée en 1958 par le médecin psychiatre et psychanalyste canadien Éric Berne2, elle postule des « états du Moi » (Parent, Adulte, Enfant), et étudie les phénomènes intrapsychiques à travers les échanges relationnels de deux personnes ou plus, appelés « transactions » - Voir ici > https://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_transactionnelle

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Introduction {{}}

Ce dossier traite du sentiment de colère en psychologie et début par une rétrospective sur « Le bon usage de la colère… La parole aux émotions »…, sujet abordé sous l’angle de l’analyse transactionnelle

Puis vous pouvez « Tout savoir (ou presque) sur la colère avec Wikipédia » !

Suivent 2 articles récents :

* Surprenant : se défouler n’aide pas à réduire la colère, mais cette technique oui - Par la rédaction Futura le 10 septembre 2024

* Comment se déclenchent les colères ? Comment les gérer ? - Mardi 14 mai 2024 – Document ‘radiofrance.fr’ Provenant du podcast Grand bien vous fasse !

Ce dossier se termine avec un document canadien pratique : « Comprendre la colère et la gestion de la colère – Informez-vous sur la colère et apprenez comment aider les enfants et les jeunes à la gérer », d’une part, et un document officiel français : « Des lieux d’écoute et d’accompagnement des adolescents » ; d’autre part.

Les documents choisis pour ce dossier sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après

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Sommaire {{}}

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Le but de cet article est d’aider le lecteur a se réconcilier avec l’indispensable information que fournit la colère a toute personne soucieuse de bien conduire ses pas dans la vie, ainsi que sur le bon usage qui peut en être fait.

Bref aperçu de notre désinformation{{}}

Il existe de nombreuses pseudo-vérités nous incitant à nous écarter de nos sentiments de colère. Des expressions populaires comme « Ne nous fâchons pas » ou « La colère est mauvaise conseillère » ou encore « La colère vous aveugle » lui ont donné un statut sulfureux.

De nombreux thérapeutes nous encouragent à penser à autre chose, à redevenir Zen, à quitter la moindre trace de colère. Ils offrent à cet effet des procédés variés : calmants, yoga, méditation, expression émotionnelle et musculaire de la colère, ou encore promenade et sport.

On peut comprendre que le sentiment nommé colère soit accusé de maux divers, si l’on se souvient que nous n’avons pas appris à en faire un bon usage. De façon plus précise, la colère est perçue comme annonciatrice de la violence physique ou verbale, ou à tout le moins, de la perte de contrôle. Or, justement, mon propos est d’affirmer ici que la colère ne devient menaçante que si l’on n’en fait pas l’usage que son existence même requiert, à savoir repérer en quoi le monde ici et maintenant n’est pas assez bon pour soi, pas assez aimant, et ensuite, mettre en route des conduites destinées à influencer ce monde qui nous entoure afin qu’il redevienne meilleur et plus aimant.

On se trouve dès lors à tourner le dos à la crainte selon laquelle la colère laisse prévoir l’attaque, l’agression, la violence. De même, nous n’incluons pas dans la colère une quelconque intention de nuire, de détruire, d’humilier ou de contraindre. Il n’y a, dans le fond, aucun danger à se trouver auprès de quelqu’un qui ressent de la colère.

Quelques-unes des leçons que nous avons reçues partaient du présupposé selon lequel notre colère ne serait pas recevable par autrui, et qu’il convient donc de s’en détourner. D’où une foule de procédés contribuant lourdement à notre enfermement dans un mode de vie névrotique, tels que ’ravaler sa colère’, l’étouffer, la ’décharger’, et notamment par l’excès de travail ou par une série de comportements compulsifs, obsessions continuelles de nettoyage, de comptages, de rangement, de bourrage des temps libres par des activités culturelles, sportives, ou des régimes alimentaires. On y trouve parfois en outre l’accumulation d’activités sexuelles, la consommation de drogues diverses, euphorisantes ou excitantes.

Plus près des enseignements de l’analyse transactionnelle, les colères ’rentrées’, ou rendues inopérantes par un procédé quelconque vont probablement faire leur réapparition dans les sentiments parasites, ou dans les jeux psychologiques, avec un passage par la case Persécuteur pendant son déroulement ou à l’issue de celui-ci. De même, les colères restées inutilisées peuvent servir à empoisonner des temps de relation plus ou moins longs par le maintien d’une position existentielle négative, le plus souvent du type +/- ou -/+.

Enfin, dans les équipes et les couples, les colères auxquelles l’on n’a pas donné la suite constructive qu’elles nécessitent se manifestent indirectement par les silences, les bouderies, ou leur contraire apparent, la crainte, la peur que l’autre nous échappe, nous tourne le dos.

Remarquons, au passage, que ces silences divers risquent en fait d’aggraver la détérioration des relations que l’on souhaite bonnes, et donc d’aggraver les douleurs ou les peurs qui avaient été les premiers signaux se traduisant par une colère potentiellement opérationnelle. C’est le refus de cet emploi opérationnel de la colère qui risque donc, en fin de compte, de chroniciser notre tendance aux colères sourdes, et improductives. Ainsi ravaler ses colères peut conduire à l’anxiété, l’insomnie, une ’mauvaise humeur’ chronique ou un tempérament qualifié de ’ronchon’.

Par ailleurs le détournement de la colère, par des manœuvres qui tendent à la détourner de ses cibles de départ, sont faciles à repérer dans les choix que nous proposent, ou nous imposent, les dirigeants d’opinion, politiciens, philosophes, éducateurs, guides moraux ou religieux de toutes sortes. Si la colère permet de mobiliser de l’énergie nécessaire pour faire changer des comportements ou des décisions politiques par exemple, alors il est logique d’observer des désirs ou des manœuvres aboutissant à détourner les colères les plus légitimes de leur finalité, de leur visée première, en faveur de catharsis individuelles ou collectives. ’Donnez-leur du pain et des jeux’ disait déjà un empereur romain.

Dans le même esprit, les politiciens et les chefs d’Etat ont tout intérêt à se montrer aux compétitions de football, et à inviter les spectateurs (et les téléspectateurs) à se joindre à eux dans les explosions émotionnelles de joie de la victoire. La catharsis, émotionnelle et physique, constitue le produit de ces combats physiques. Il s’agit bien d’une décharge par personne interposée, une illusion de décharge, par le déplacement d’une cible qu’il eût fallu atteindre.

De nombreux éléments existent dans notre culture, dans notre éducation, qui concourent à nous démunir en ce qui concerne l’emploi constructif de la colère : on nous a, en somme, appris à nous démunir des moyens naturels d’avoir un impact correcteur sur notre milieu. On nous a ainsi invités à nous affaiblir, à nous rendre plus dépendants. La question n’est pas, ici, de savoir s’il y avait une telle intention dans l’esprit des philosophes ou des guides spirituels. Le résultat nous apparaît, ici, dans sa cruauté : nous sommes déforcés dans nos efforts pour rendre notre monde plus aimant pour nous.

Définition{{}}

La colère est un sentiment de base, se manifestant par un mécontentement, un courroux, une irritation, une exaspération, et constitue une réaction à une situation jugée comme mauvaise d’une façon ou d’une autre. Elle fait donc en principe suite à une douleur, à une blessure, à une privation, à une honte, à une humiliation, ou encore à une peur (notamment de perte d’objet d’amour).

Elle permet de recruter l’énergie de la personne, et la dispose ainsi à améliorer l’impact de ses actes sur le monde extérieur. Elle constitue ainsi un adjuvant important à l’efficacité dans la résolution des problèmes ou dans la satisfaction des besoins. La colère peut être la fois utile et efficace, lorsqu’elle vise exclusivement des comportements chez autrui, et nullement la personne.

Fonctions de la colère{{}}

« Il ne décolérera jamais, celui qui ne sait pas pour quoi il s’est mis en colère ».{}

  • La colère constitue d’abord un signal de frustration, ou de violation du territoire, par la mise en train d’un mouvement de protestation. Signal d’une perte de liberté (physique, psychique, spirituelle), elle va contribuer à activer chez la personne concernée une capacité à retrouver ses libertés bafouées. La personne en colère fait savoir aux autres qu’ils auront à tenir compte d’elle. En cas de blessure, d’offense, d’insulte, d’injure, d’atteinte à sa dignité la personne en colère va donc exercer une certaine pression, conduisant les autres à prendre conscience de leur méfait, et à entreprendre des réparations.
  • Elle suscite la prise de conscience d’une situation d’alerte. La personne en colère aura un pouvoir mobilisateur que n’affiche pas l’observateur neutre. Elle est plus présente, plus perceptible à l’autre, et suscite une meilleure écoute de la part des autres.
  • En ce sens elle renforce l’unité interne. La personne en colère marque que son rapport à autrui n’est pas fusionnel et qu’elle entend reconstituer des frontières interpersonnelles. Même les personnes dépressives ou insuffisamment structurées se sentent unies à l’intérieur, et beaucoup plus fortes, lorsqu’elles sont en colère.
  • La colère en effet fonctionnalise cette énergie : elle améliore l’efficacité comportementale en augmentant l’acuité perceptive, en orientant l’attention vers un but, qui est en fait la mission que la colère doit nous permettre d’accomplir (reprendre son dû, rouvrir le passage, chasser l’intrus, etc.) : rien de tel qu’une colère qui cible de façon pointue sur ce qu’il convient de changer.
  • La colère signale aussi la force du lien avec la personne-cible. En même temps qu’elle teste la solidité de cette relation, la colère manifeste que le changement ici a de l’importance pour la personne en colère. Elle va faire évoluer la relation d’un stade fusionnel, symbiotique ou co-dépendant vers une différenciation et un attachement plus autonome. Ainsi les relations qui soutiennent la colère de leurs protagonistes sont plus solides, plus tissées que celles où la colère ne peut pas avoir de place.
    En résumé, la colère manifeste donc une reconnaissance par le sujet de sa propre importance, une reconnaissance de l’importance de l’autre, ainsi que du contrat qui les réunit. Elle vise un comportement - non pas la personne - et doit donc être comprise comme le cri de douleur émis avec énergie. Interdire la colère reviendrait donc, dans une certaine mesure, à interdire de crier « Aïe ! ».

L’importance de la colère est aussi, contrairement à ce que l’on pourrait croire à première vue, proportionnelle à l’amour que l’on a pour l’autre, et à l’amour que l’on veut recevoir de l’autre.

Par contre, la colère ne définit ni ne contraint en rien un choix particulier d’action ou de comportement de par sa seule existence. En particulier elle ne devrait en aucun cas servir de justification à l’abandon de sa responsabilité. Elle n’excuse donc en aucune manière la violence. À ce stade, il n’est pas inutile de rappeler que la violence physique, qui représente le désir de détruire (tuer) l’autre, traduirait le contraire de l’amour pour cet autre, le contraire de la recherche d’un plus grand amour de l’autre pour soi. La violence est donc l’inverse de ce que vise la colère ; la chose sera d’autant plus évidente que la colère est ciblée et formulée de manière opérationnelle.

Sources de la colère{{}}

La théorie psychanalytique classique distingue des sources instinctuelles (ou internes) et réactionnelles (ou externes) à la colère.{{}}

 1. Source interne

Il s’agit de la Pulsion de Mort. C’est l’agressivité naturelle, qui sous-tend nos comportements de lutte pour la vie.

 2. Sources réactionnelles

  • En fonction du stade de développement.{}
    • Au stade oral, nous conservons le type de réaction à la frustration (être privé de son dû), qui mobilise une énergie d’autant plus grande qu’à cette frustration s’est attachée une plus grande angoisse, en particulier l’angoisse de mort ; l’énergie mobilisée ici est au service des actes destinés à reprendre son dû.
    • Au stade anal, nous conservons le type de réaction à l’empêchement des mouvements, des déplacements : l’impatience ici nous aide à mobiliser le type d’énergie utile pour repousser ce qui, ou celui qui semble nous faire obstacle.
    • Au stade génital œdipien, nous conservons le type de réaction à la violation territoriale par des comportements d’élimination de l’intrus, du rival, et plus généralement par des conduites de maintien ou d’agrandissement de l’espace vital.
    • De la phase narcissique, nous conservons le type de réactions consistant à attaquer, à diminuer, à dévaloriser les personnes qui font l’objet de l’admiration ou de l’attention générale.
  • En fonction de l’enjeu relationnel (Joines V.){}
    • La rage est la réaction typique du bébé face à la situation où ses besoins sont ignorés. Sa finalité est d’obtenir que l’entourage réagisse.
    • L’irritation, l’exaspération, liées à la déception désespérante est une réaction au fait d’être incompris, ou empêché d’agir. Sa finalité est d’obtenir d’autrui une réaction différente.
    • La colère est la réaction à l’envahissement inadéquat de ses frontières. Sa finalité est d’établir ou de rétablir des limites saines (territoire spatial, intellectuel, émotionnel, symbolique, etc.).
    • Contester, controverser, objecter, est la réaction au fait de n’avoir pas reçu les informations adéquates, utiles, aidantes. La finalité des discussions et argumentations interminables réside dans la recherche des informations utiles pour comprendre le sens d’une situation ou de ce qui est dit, ou demandé, ou ordonné.
    • Le ressentiment est une réaction au sentiment d’avoir été lésé, d’avoir subi un tort, un dommage. Sa finalité est d’inciter l’autre à reconnaître sa responsabilité.
  • En fonction des renoncements{}
    La période de la toute-puissance se termine normalement vers quatre ans. Jusqu’à cet âge, l’enfant considère que le monde doit tourner à sa guise : personnes, objets, et lois de la physique sont conçus pour lui faire plaisir en tous temps. Son comportement devient insupportable pour des parents, qui identifient bien la différence entre les besoins légitimes de leur enfant et ce qui n’est en somme que caprice. Tôt ou tard, les parents, les frères et sœurs, les objets, et les lois de la physique se montrent les plus forts, et contraignent l’enfant à renoncer à sa toute-puissance, et à concevoir qu’il existe des lois et des volontés extérieures à ses désirs, et que celles-ci sont insurmontables. Ce renoncement s’accompagne d’abord de colères spectaculaires, rageuses, qui impressionnent souvent l’entourage. Ces colères sont liées à l’abandon des pouvoirs totalitaires, de la toute-puissance magique.

Notons d’ailleurs que la suite ici est tout aussi importante : comme cette colère s’avère, idéalement, impuissante, inopérante, inutile, l’enfant manifestera une tristesse ou une dépression notable, qui marque le deuil de sa toute-puissance magique. C’est la réussite de ce deuil qui prépare le futur adulte à reconnaître les limites de ses pouvoirs, de ses droits, la pertinence des pouvoirs et droits d’autrui, et, enfin, l’étendue de ses obligations, et de sa responsabilité d’agir sur son monde pour le rendre plus juste, plus aimant, plus respectueux. Et donc, à lui de trouver et de construire les emplois socialisés de la juste colère.

Modalités transactionnelles de la colère{{}}

L’abbé Pierre dans une interview sur TRL, en réponse au journaliste lui disant qu’il semblait en colère a propos du manque d’efforts consacrés aux sans-abris, dit : « La colère, mais c’est une vertu ! J’espère bien que vous vous mettrez en colère si, devant vous, l’on bat vos enfants ! »

La colère peut être actionnée depuis les trois États du Moi{{}}

La colère du Parent s’indigne des injustices, des lâchetés, des immoralités, des parjures ou des trahisons. Elle se manifeste légitimement lorsque l’on est témoin d’abus de la force physique, par exemple à l’égard d’enfants ou témoin d’abus sexuels. Elle peut aussi vouloir signifier un non-conformisme (en regard des normes, des règles, des conventions).

La colère de l’Adulte réagit à des erreurs de raisonnement, à des négligences, ou à des retards dans les tâches à accomplir mais aussi à la désinformation, à la mauvaise foi ou à des comportements manipulateurs.

La colère de l’Enfant s’attache à un sentiment d’être étiqueté, dépossédé, méconnu, redéfini (par la moquerie, par exemple) ou pire, d’être blessé, insulté, s’entendre accuser injustement de mensonge, ou de délits non commis (surtout si cela vient d’une personne aimée, ou importante),ou encore d’ être objet de spoliation, de discrimination, de ségrégation, ou d’exclusion, ou d’abus.

Une différence importante est à faire en particulier entre la colère de l’état du moi Parent et celle de l’état du moi Enfant. En résumé, la colère Parent (Normatif) est de nature éthique, se manifeste par l’application de sanctions convenues, et elle s’exprime sur un ton posé, articulé, tandis que la colère Enfant est par nature plus réactive ; elle procède de l’irritation ou de la vengeance, et, dans cette mesure, est plus imprévisible, moins bien ciblée.

La colère peut revêtir toutes les positions existentielles{{}}

La colère n’envoie-t-elle pas un message destructeur ? La colère aura moins d’efficacité si l’on se place dans l’une des positions négatives de l’Enclos OK que si l’on se place dans la position « Je suis OK, tu es OK ».

Il importe de noter que la position existentielle peut être différente si l’on observe le niveau des comportements, et le niveau des attitudes internes.

En position +/+, Permission est donnée de ressentir, d’exprimer et de manifester ses sentiments de colère, avec le plein respect de la personne même de l’autre. La colère s’adresse à des comportements, et nullement à la personne de l’autre. Dans les trois autres positions existentielles la colère est inhibée, freinée : coupable, ou dangereuse (pour les autres et/ou pour soi), la colère risque de prendre la signification d’un jugement. Elle se relie alors à de la peur, de la culpabilité, à un jugement négatif sur soi (-/+), à de la honte doublée de méfiance, à un jugement négatif sur soi et sur l’autre (-/-) ou au désir de détruire l’autre, à la peur des représailles, dans ce cas le jugement négatif porte sur l’autre (+/-). De même, la perception ou l’expression de la colère peut être freinée ou dénaturée par le fait de se situer dans le Triangle Dramatique que ce soit depuis le sommet Persécuteur, Victime ou Sauveur.

La colère peut constituer un sentiment-parasite{{}}

L’analyse transactionnelle enseigne que, comme tout sentiment, la colère peut servir de sentiment-écran, ou sentiment-parasite (racket feeling). Le sentiment masqué peut être différent, ou une colère d’une autre nature, d’une autre origine. En général, la colère-parasite est improductive, trop durable et disproportionnée par rapport à l’événement déclenchant. À l’inverse un autre sentiment (la dépression, la douleur, les joies factices) peut servir de masque à la colère, par suite des apprentissages familiaux.

Quelques repères en psychopathologie : quand la folie s’empare de la colère{{}}

  • 1. L’escalade spontanée de la colère s’observe chez les personnes de structure maniaco-dépressive, ou paranoïaque, ou schizophrénique. Dans ces cas, la colère apparaissant ici et maintenant n’a de sens qu’à l’égard d’un monde révolu, ou éloigné dans l’espace, ou imaginaire.
  • 2. Les personnalités borderline recourent volontiers à de grandes colères pour se reconstituer un sentiment d’unité interne, ou un sentiment de moindre vulnérabilité. Dans ces cas, la colère a très peu de rapport avec la situation concrète de la personne avec son entourage de l’ici et maintenant.
  • 3. Les personnes dépressives peuvent recourir occasionnellement à des colères qui ont alors l’effet d’un antidépresseur temporaire (serait-ce un moyen de stimuler une sécrétion d’endorphines ?). Dans ces cas, la colère prend un sens de renversement de la passivité généralisée qui conduisait la personne à négliger ses besoins, ses désirs, ses problèmes.
  • 4. La colère, comme tout sentiment ressenti comme inavouable, peut faire l’objet d’un déplacement sur une autre personne, ou se voir attribuer un autre objet, une autre cause
  • 5. La colère peut avoir pour source une caractéristique qui réside en nous, que nous détestons, et que nous projetons sur certaines autres personnes avec deux sentiments distincts : l’un de soulagement à pouvoir assigner à l’extérieur ce que nous ne supporterions pas à l’intérieur, et l’autre de plaisir d’accuser autrui en nous acquittant.
  • 6. Une méconnaissance des causes réelles de notre colère peut se traduire par des tentatives d’atteindre l’autre, de lui faire mal, de le punir, de se venger. Il s’agit là d’une dérive observable notamment dans le cas de personnalités bloquées dans une phase du stade anal. Tactiquement, cela revient à renoncer à faire changer un comportement chez l’autre, et de remplacer cette entreprise par une atteinte à sa personne, à son confort, à son bien-être, à sa légitimité.
    Comment bien utiliser sa colère ?{{}}

Rien ne sert de se mettre en colère si on ne sait pas, d’emblée, comment on veut en sortir{{}}

En premier lieu une règle absolue devrait être instaurée : celle de l’interdiction de la violence physique. La violence physique ne résoudra vraisemblablement aucun problème ; au contraire, du fait qu’elle constitue une tentative de coercition, elle entraînera presque certainement une aggravation du problème, voire une multiplication des problèmes, et donc de la situation insatisfaisante. L’inadéquation de la violence apparaît donc clairement dans le contexte de la relation existant dans une « équipe-couple », ou une équipe de travail. Et cette inadéquation est donc d’autant plus flagrante qu’une équipe-couple, par exemple, se serait construite sur l’accord, le contrat, selon lequel chacun se proclame principal artisan du bonheur personnel de l’autre.

Disjoindre les émotions du problème{{}}

Il y a, dans toute colère, deux dimensions : le problème à résoudre, et l’énergie des sentiments. Parmi ceux-ci il peut encore s’avérer utile de distinguer les sentiments nés de la situation actuelle de ceux du passé, plus ou moins anciens, et recrutés à l’occasion de la situation actuelle. Il sera bon, pour rester efficace dans un tel cas, de traiter séparément les sentiments du passé et ceux du présent et donc de séparer les colères anciennes de celle de l’ici et maintenant. Cette différenciation n’est pas toujours aisée.

Il est dès lors important de rester suffisamment ouvert à la communication, en lien avec la personne-cible, afin de pouvoir entendre son témoignage selon lequel la colère qu’on s’apprête à lui manifester serait peut-être une colère déplacée. Il peut s’agir d’un déplacement dans le temps ou dans l’espace (la cible réellement visée pourrait être une autre personne) : une colère contre un conjoint peut être due à l’origine à une ou plusieurs frustrations ou à une ou plusieurs injustices vécues dans la relation avec un collègue au travail, ou la colère qui s’adresse à un enfant peut en réalité être destinée au conjoint, ou encore la colère d’un enfant contre sa mère peut en fait viser à l’origine son père ou sa sœur.

Un indice pourrait aider à cette différenciation : la disproportion énergétique de la colère manifestée, en termes d’intensité, ou en termes de durée. Si la colère est bien ciblée sans déplacement aucun, elle est généralement de très courte durée, et d’une intensité qui ne surprend personne. Elle se résout en principe en même temps que le problème qui l’a suscitée.

Résolution du problème{{}}

Au commencement, il est important d’énoncer sa propre souffrance, son propre malaise, son sentiment à soi, et de ne pas parler de l’autre. Il s’agit d’expliquer comment l’on comprend le problème et d’énoncer sa demande de changement de comportement, d’expliquer l’importance que l’on y attache, et de terminer par la question spécifique (’Vas-tu le faire ? ’). Il est important de terminer sa demande par cette question : elle invite l’autre à prendre position. En cas d’échec de la demande il faut alors :

  • Demander les explications, les clarifications utiles (Pourquoi pas ? Qu’est-ce qui dérange dans la demande ? Etc.),
  • Revoir le contrat de la relation : ’Au fond, nous sommes ensemble ici pour quoi, pour que quoi, notre relation existe dans quel but, avons-nous rangé les différents buts de notre relation dans le même ordre de priorités ?’, etc.,
  • Convenir des éventuelles réactions aidantes (« Comment veux-tu que je t’alerte si je te vois en train de faire ce que je trouve trop séducteur avec une autre femme, et que je commence à trouver la situation un peu saumâtre ? » etc.)
  • Examiner quel(s) contrat(s), ou quelles clauses du contrat sont à remettre en chantier.
    En cas de succès de la demande, il convient de remercier l’autre, de lui pardonner, de lui témoigner sa gratitude à tout le moins pour l’écoute, le temps et l’attention donnés.

Comment réagir à la colère de l’autre ?{{}}

Il convient de ne jamais oublier qu’une personne en colère n’est pas une personne qui hait, mais une personne en mal d’amour. La personne en colère n’est déjà plus dangereuse, mais certaines réactions à sa colère pourraient l’inciter à le devenir. Depuis la position « Je suis OK, Tu es OK », et à l’intérieur de frontières interpersonnelles suffisamment fermes il convient alors à la fois d’accepter d’être imparfait et d’adopter une attitude centrée sur l’autre, faite de respect et d’écoute.

Si l’on prend conscience d’une colère à soi à ce moment-là, il vaut mieux se promettre d’en parler à un autre moment. La priorité est de se montrer proche de l’autre, de remarquer sa colère et d’en reconnaître l’importance, de faire comprendre que l’on veut savoir la ou les raisons de cette colère en utilisant par exemple la technique du reflet, ou de la reformulation (non-interprétative). À ce stade, des questions opérationnelles (« Que me demandes-tu ? », « Que puis-je faire d’utile ? », « Est-ce une exigence ou une demande ? », « Que vas-tu faire si je ne change pas, si je refuse ? ») peuvent s’avérer utiles, de même que le fait d’offrir quelque chose en rapport avec la demande, s’il y en a une.

En revanche escalader, ou plaider, se justifier, s’excuser constituent autant de freins à l’expression de la colère de l’autre. Entrer en compétition et ’profiter’ de la colère de l’autre pour embrayer sur une colère à soi, ou encore afficher de la peur, et surtout si cette peur est disproportionnée (quitter la pièce), ou a pour origine une affaire ancienne, ne constituent pas des comportements très utiles. Il en va de même avec le fait d’ignorer la colère présente, de la minimiser, de faire comme si elle n’avait pas d’importance ou pas de fondement, pas de légitimité. Le plus dangereux est bien sûr d’en rire.

Les prix à payer pour se réapproprier sa colère{{}}

Il y a au moins deux deuils à accomplir pour se ré-approprier pleinement le droit de ressentir et d’utiliser sa colère.

Le premier est le deuil de son identité ancienne et de son image de personne ’gentille’. L’abandon de cette ancienne identité se marque par une certaine tristesse, et aussi par des craintes. Il importe de traverser ce passage. En ce sens, il peut être aidant d’en mesurer les pertes et les gains.

Que perd-on à assumer ses colères, à en faire un usage constructif, à ne plus cacher ses intentions de faire changer le comportement des autres ?

Une certaine image de personne gentille, bonne, facile, conciliante, séduisante… et aussi l’image de quelqu’un d’inconsistant, dont les limites sont floues.

Corrélativement, qu’y gagne-t-on ? Une image de personne à qui l’on peut faire confiance, qui tiendra sa parole, pas forcément gentille mais vraie, qui n’aime pas tout mais qui aime vraiment, qui dit clairement ce qu’elle n’aime pas et, tout autant, ce qu’elle déteste. À ce stade, elle gagne en densité, en solidité et devient une personne dont le ’Oui’ est reconnu comme prometteur, comme assez probablement sûr, puisque elle aura prouvé qu’elle n’hésite plus à dire ’Non’.

Le second deuil à faire est celui de l’image du monde. Accéder à la colère, c’est renoncer à une certaine image d’un monde ’bon’ qui relève des attentes magiques infantiles. Il s’agit donc d’abandonner une fois pour toutes l’idée selon laquelle ’les choses finissent toujours par s’arranger’, qui voisine d’ailleurs avec celle selon laquelle les personnes frustrantes ’finiront bien par devenir un jour gratifiantes’. L’image nouvelle du monde est celle où il y a à faire, et à faire faire par d’autres, et en somme d’un monde où il faudra mettre de l’énergie pour que le monde soit suffisamment bon et aimant, parce qu’il ne l’est pas automatiquement.

Le prix à payer pour accueillir la colère d’autrui{{}}

Accepter amicalement les colères de l’autre, c’est d’abord renoncer au ’droit’ de le fuir… De nouveau, pour pouvoir faire bon accueil à la colère d’autrui, il faut faire le deuil de certains comportements, et d’une certaine image. La personne craintive, défensive, ou susceptible de monter très vite au créneau face aux colères d’autrui, va faire place à l’image d’une personne nettement plus calme, contenue, centrée, confiante, et stable dans son positionnement proche avec les autres. Les personnes qui ’sentaient’ une certaine fragilité ou vulnérabilité ne ressentiront plus le besoin de prendre un rôle de protecteur, de défenseur, de Sauveur.

D’autres, ceux qui se tenaient à l’écart à cause de cette fragilité, se découvriront un intérêt nouveau pour cette, « nouvelle personne » qui va donc intéresser et attirer un tout autre genre de personnalités : celles désireuses de s’associer avec des humains plus responsables, plus profondément secourables, plus tolérants, plus profondément respectueux, plus experts sur le plan humain. Si donc la colère de l’autre mérite que l’on s’en approche pour l’aider à identifier ses besoins et à formuler ses demandes, il devra être assumé des tâches supplémentaires et nouvelles.

Conclusion{{}}

Mais si, la colère est un sentiment positif, à utiliser avec justesse, c’est même une voie royale pour être considère, apprécié et aimé ! En même temps qu’elle constitue un sentiment précieux, la colère est une ressource d’énergie véritablement vitale pour l’individu et pour l’espèce. Elle nous permet d’accroître notre impact sur autrui, sur le monde et elle nous sert à garantir notre liberté, notre dignité, notre respect, notre estime, et notre place dans des relations humaines aimantes et épanouissantes. Sans la colère, il n’y a plus de garantie de respect, de dignité, de liberté, d’estime, de lien, d’amour dans un monde inégalement bon. La colère est donc l’un des sentiments gardiens de vie et de la qualité de la vie.

La colère est le sentiment témoin de l’importance du lien interpersonnel ainsi que de l’importance de l’amour. La colère témoigne de l’intensité et de la profondeur du lien interhumain. Fâchons-nous donc, mais fâchons-nous bien, de telle sorte que l’on nous apprécie plus et que l’on nous aime mieux.{{}}

Bibliographie{{}}

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Selon certains philosophes grecs, notamment Aristote, la colère peut faire souffrir celui qui l’exprime et peut être ainsi considérée comme une passion.

Étymologie et définitions{{}}

Selon le Littré, le mot français « colère » est issu du latin « cholera  » signifiant, bile ou colère, lui même issu du grec χολέρα / kholéra, « choléra ». Colère est entré assez tard dans le vocabulaire de la langue française. Autrefois le mot habituel pour désigner la colère était « ire ». Le mot « chole » est apparu ensuite (du grec χολὴ / kholè, « bile »), et a été longtemps utilisé dans le sens d’emportement1.

Selon le dictionnaire Larousse, le terme colère est défini comme un « état affectif violent et passager, résultant du sentiment d’une agression, d’un désagrément, traduisant un vif mécontentement et accompagné de réactions brutales »2. Selon le CNRTL, le mot colère est défini plus simplement comme une « vive émotion de l’âme se traduisant par une violente réaction physique et psychique »3. Le dictionnaire Littré présente la colère comme « un sentiment d’irritation contre ce qui nous blesse »4. Le nouveau dictionnaire de la langue française conçu et élaboré par le grammairien français Jean-Charles Laveaux, publié en 1828, présente la colère comme une « émotion de l’âme » et définit le terme comme un « accès de fureur » causé par une injure entraînant un désir de se venger5.

Aspects médicaux{{}}

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c5/Emo_boy_03_in_rage.jpg/220px-Emo_boy_03_in_rage.jpgÉtat colérique.

Biologie{{}}

La colère, à l’instar de toutes les émotions, n’est pas uniquement localisée dans le cerveau humain. Selon une étude publiée par le site EurekAlert !, publié par L’association américaine pour le progrès de la science (AAAS), « la colère provoque des changements profonds de l’état d’esprit des sujets par rapport à différents paramètres psychologiques – ils se sentaient plus irrités et leur état d’esprit était davantage négatif. »6.

La colère provoque plusieurs modifications physiologiques et mentales préparant le corps au mouvement et à la réaction. Elle se traduit par une augmentation de l’activité cardio-respiratoire, une accélération du rythme cardiaque et un afflux de sang, notamment dans la partie supérieure du corps, ce qui peut colorer la peau. La respiration devient ample et rapide, ce qui cause notamment la hausse involontaire du volume sonore lors de l’expression de la parole. La colère provoque aussi une contraction involontaire du corps dans son ensemble et en particulier des mains, qui tendent alors à se fermer en poing, ainsi que du visage dont les sourcils se froncent, et les mâchoires se serrent, donnant une expression dure au visage. Les narines se dilatent pour s’adapter à un flux d’air plus important. Le sujet ressent un échauffement de la peau et le besoin d’agir. La colère, cependant, est le plus souvent de courte durée : ses signes s’effacent lorsque l’attention se centre sur un objet neutre et ses effets s’estompent.

Psychologie{{}}

Description{{}}

Selon l’enquête de la journaliste Christine Baudry, les études de psychologie ont démontré, et expérimentent chaque jour, les effets nocifs de la censure de la colère dite « colère rentrée », qui enferme l’individu dans des zones de non-dits et parasite la relation à soi-même et aux autres7. Il existe pourtant des expressions positives de la colère, qu’il est possible d’apprendre, de même qu’il est possible et souvent souhaitable d’accueillir la colère des autres8. Pour mémoire, « chez les Inuits, la colère s’exprime toujours en public, les deux adversaires s’insultent, s’injurient, jusqu’à ce que les rires des spectateurs et spectatrices de cette joute, où aucun coup n’est échangé mais où aucun mot n’est censuré, les départagent. »9

Si la colère est une forme d’expression licite d’indignation contre l’injustice, elle est parfois incontrôlable. Face à un mal subi, la personne en colère ne se contente pas alors de répondre par un mal équivalent, rétablissant une sorte d’ordre de droit égalitaire, mais rend facilement au centuple le mal qu’elle a subi. Pour Albert Camus, « la révolte est le refus d’une part de l’existence au nom d’une autre part qu’elle exalte. Plus cette exaltation est profonde, plus implacable est le refus. Ensuite, lorsque dans le vertige et la fureur, la révolte passe du tout ou rien, à la négation de tout être et de toute nature humaine, elle se renie à cet endroit ». La colère, lorsqu’elle est aveugle et dévastatrice, devient de la fureur et engendre de la peur.

Différents types de colère{{}}

Selon Gonzague Masquelier, psychothérapeute didacticien et directeur de l’école parisienne de Gestalt, l’état de colère chez l’être humain peut se développer selon quatre modes différents10 :

  • La « colère étouffée » ; non déclarée, elle se manifeste chez une personne se définissant comme incapable de se mettre en colère.
  • La « colère rentrée » ou rétro-réfléchie ; non exprimée, la personne enferme sa colère en elle.
  • La « colère réfléchie » ; liée à une réflexion personnelle, elle est déviée par la personne sur un autre objet que celui qui est lié à sa colère.
  • La « colère hypertrophiée (fureur) » ; exprimée dans l’excès et disproportionnée par rapport à sa raison, elle peut entraîner la personne à commettre des actes violents.
    Colère et rage{{}}

Au niveau de la médecine psychiatrique, la rage est l’état mental le plus extrême du spectre de la colère. Lorsqu’un patient est sujet à la rage, cela se termine lorsque la menace n’est plus oppressante ou que le patient atteint de rage est immobilisé. Des problèmes psychopathologiques tels que la dépression augmentent les chances et l’exposition à la rage11,12.

Aspects religieux{{}}

Tradition chrétienne{{}}

Dans la Tradition catholique, la colère fait partie des sept péchés capitaux, avec l’acédie (ou la paresse spirituelle), la gourmandise, l’orgueil, la luxure, l’avarice et l’envie.

Évagre le Pontique{{}}

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/94/Evagrius.jpg/130px-Evagrius.jpgÉvagre le Pontique (à gauche).

Évagre le Pontique est le premier à définir la colère comme un péché capital, c’est-à-dire source d’autres péchés. On lit par exemple, dans une formulation empruntée largement au stoïcisme (voir le commentaire de l’éditeur) : « La colère est une passion très prompte. On dit, en effet, qu’elle est un bouillonnement de la partie irascible et un mouvement contre celui qui a fait du tort ou paraît en avoir fait13. » Ce tort causé engendre d’abord une autre passion, la tristesse, d’où procède donc la colère. On lit ainsi : « Ne t’abandonne pas à la pensée de la colère, en combattant intérieurement celui qui t’a contristé, ni à celle de la fornication, en imaginant continuellement le plaisir. D’un côté, l’âme est obscurcie, de l’autre, elle est invitée à laisser s’embraser sa passion ; dans les deux cas, l’intellect est souillé… comme un chien fait d’une jeune biche14. »

Mais de manière générale, comme on le voit aussi dans la tradition latine à la suite de Cassien[Lequel ?], la tristesse est placée après la colère : « La tristesse… provient des pensées de la colère ; en effet, la colère est un désir de vengeance, et la vengeance non satisfaite produit la tristesse15. » La clef du succès contre cette passion est de mépriser aussi bien la gloire que l’infamie :

Il faut prendre soin des passions, et ainsi nous surmonterons facilement les pensées. Par exemple, contre la fornication (utiliser) épuisement du corps, jeûne, veille, retraite ; contre la colère et la tristesse, mépriser la matière, la gloire et l’infamie16.

Une seule colère est légitime : « Il n’y a pas de colère juste, sauf celle qui est dirigée contre les démons ; les autres (colères) sont contre nature ; car ’pour ceux qui font preuve de toute douceur envers tous les hommes’ (Tite 3, 2) se mettre en colère est contre nature. »17

Thomas d’Aquin{{}}

Thomas d’Aquin est un philosophe scolastique, fondateur du thomisme. Dans le traité la Somme théologique, il a consacré trois questions à la colère : Partie 2a, Questions 46, 47 et 48.

Pour Thomas d’Aquin, « se mettre en colère est louable si l’on s’irrite selon la droite raison ». Il donne trois critères : un objet juste, une intention droite et une réaction mesurée18.

Dans le catholicisme contemporain{{}}

Pour Pascal Ide, la colère est la réaction face à ce qui est perçu comme un préjudice. Elle n’est pas à priori un péché mais peut le devenir si elle dépasse trois critères. Le premier est que son objet doit être conforme à la justice, le deuxième est l’intention qui doit être droite, le troisième est la réaction qui doit être mesurée, car si elle est violente elle devient déshumanisante19.

La colère fait partie des péchés capitaux listés par le catéchisme de l’Église catholique au paragraphe 186620,21.

Alain Richard distingue la « colère basse », un sentiment, et la « colère haute », dirigée vers l’action qui comporte par la violence un non-respect de la dignité d’autrui21.

Dans le récit biblique{{}}

La colère de Dieu est présente cinq fois plus souvent que celle des hommes dans le récit biblique. Elle peut être vue comme un symbole de force et de détermination divine. Elle est également un révélateur du péché du peuple. Elle est pédagogique, c’est-à-dire que le pardon lui suit22.

La colère est présente dès le livre de la Genèse, par laquelle Caïn tue Abel. Le livre des Proverbes, l’Épître aux Colossiens ou le récit des Béatitudes condamnent la colère. Pourtant des colères justes sont décrites : Moïse face au Veau d’or, Jésus face aux marchands du Temple ou lors de la guérison de l’homme à la main paralysée18.

Tradition bouddhiste{{}}

Pour les bouddhistes, la « colère-aversion » fait partie des trois poisons de l’esprit, avec le désir-attachement, ou Trishna, et l’ignorance, ou Avidyā23. Le 14e dalaï-lama précise que la colère étant passagère, comme les autres défauts de l’esprit, elle n’est pas inhérente24. La colère est classée dans la catégorie des poisons mentaux ou émotions perturbatrices qui ne sont pas liés à des vues déformées ou croyances. Pour l’affaiblir, la méditation sur l’amour-tendresse en constitue un antidote contrecarrant. La colère a pour origine l’ignorance et l’intelligence confuse se fixant sur l’existence indépendante des phénomènes. Ainsi, pour éliminer la colère, la sagesse de la réalisation de l’absence d’ego en est l’antidote25.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/14/Maha_cala_en_dag_Shang_Kagy%C3%BC.jpg/220px-Maha_cala_en_dag_Shang_Kagy%C3%BC.jpgMahakala à Dag Shang Kagyu.

Dans la tradition karma-kagyu, un rituel lié à Mahakala, « Éliminer la Colère par le Feu » (tibétain : སཌང་བ་རྣམ་སྲེག, Wylie : sDang ba rnam sreg) a été écrit par le 6e karmapa à la demande du 1er Gyaltsap Rinpoché26.

Dans la pratique de la patience, confronté à la colère et l’agressivité dans la vie quotidienne, il est conseillé aux bouddhistes de s’efforcer ne pas répondre par la colère, en surmontant ses émotions27, qui engendrent un karma négatif.

La voie du mahamoudra et du dzogchen expose la possibilité de transmuter les émotions comme la colère, sans l’exprimer ni la réprimer, en expérimentant son essence, la clarté dynamique de l’esprit, qui permet de réaliser la « clarté-vide »28.

« Les dieux sont autocrates. Ils ont confisqué l’immortalité et la colère. Seul Dieu a le droit d’être en colère9 » : c’est l’ ire de Dieu, un flot d’ouragan, un souffle torride qui balaye tout sur son passage[réf. nécessaire].

« Un esclave, un domestique, un prisonnier, désormais un salarié, ne peuvent oser la colère, il en va pour eux de leur survie (physique ou professionnelle)’. ’Les ébauches de législation sur le harcèlement moral dans les entreprises viennent sans doute aucun de la disparition forcée et acceptée de l’expression de la colère sur les lieux de travail, de son caractère décrété tacitement impossible, impensable9. » Dans le milieu familial, à l’école, la situation n’est guère différente[réf. nécessaire].

Aspect philosophique{{}}

Mythologie{{}}

Dans la mythologie grecque, Lyssa qui personnifie la colère est engendrée par Ouranos et Gaïa, respectivement l’Air et la Terre-Mère, qui donnent en même temps naissance à la Terreur, l’Habileté et la Dissension. Elle était souvent apparentée aux Maniae, les déesses de la folie. Son équivalent romain était nommé Ira. L’auteur latin Hygin la présente comme une fille de Gaïa et d’Éther29.

Toujours dans la mythologie grecque, Némésis (en grec ancien Νέμεσις / Némesis) personnifie la juste colère des dieux et elle est liée au châtiment céleste. Le substantif « némésis » est employé par antonomase pour désigner la colère ou la vengeance divine30.

Aristote{{}}

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a4/Aristoteles_Louvre.jpg/130px-Aristoteles_Louvre.jpgAristote

Aristote (384 av. J.-C. – 322 av. J.-C.), qui a fondé l’école du Lycée et l’école des péripatéticiens, a consacré dans la Rhétorique un chapitre sur la colère : De ceux qui excitent la colère ; des gens en colère ; des motifs de colère.

Selon Aristote, toutes nos actions se rattachent nécessairement à sept causes diverses : le hasard, la contrainte, la nature, l’habitude, le calcul, la colère et le désir passionné. La colère, au même titre que le désir, est une passion (comme le sont aussi la pitié, la terreur, la haine, l’envie, l’émulation et la dispute). Le philosophe s’intéresse bien plus à l’état psychologique lié à la colère et c’est en dialecticien qu’il la définit ainsi « Admettons que la colère soit le désir douloureux de se venger publiquement d’un mépris publiquement manifesté à notre endroit, où à l’égard des nôtres, ce mépris n’étant pas justifié. »31.

Sénèque{{}}

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/44/Duble_herma_of_Socrates_and_Seneca_Antikensammlung_Berlin_07.jpg/130px-Duble_herma_of_Socrates_and_Seneca_Antikensammlung_Berlin_07.jpgSénèque

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Sénèque : De la colère, sur Wikisource

Sénèque (v. 4 av. J.-C. - 65 ap. J.-C.) est un philosophe stoïcien qui, comme tel, prône le contrôle des passions et l’appui de la raison contre les influences brutales des émotions. Son traité De la colère (De Ira) explicite sa position de stoïcien sur la passion de colère. Il la considère comme une folie temporaire, nuisible et dangereuse, commune aux femmes, aux hommes et aux enfants, qui au lieu de s’opposer au mal et à l’injustice, peut y pousser. En cela, elle n’est pas noble car elle ne pousse pas uniquement à la justice et n’est pas une émotion raisonnable et raisonnée. Parce qu’elle obscurcit le jugement et remplace la considération raisonnée, elle peut également mener à la peur ou à la cupidité et détourner l’homme de son but. De plus la colère n’est pas apaisée par la vérité et peut au contraire y trouver de nouveaux griefs.

Sénèque n’accorde de plus aucune valeur militaire à la colère où elle ne supplée pas au courage, mais fait au contraire remarquer que malgré leur férocité et leur furie, les troupes germaniques sont régulièrement défaites par l’armée romaine professionnelle et disciplinée. Il s’oppose à toute prise de décision sous son influence et déconseille d’accéder aux désirs des enfants qui s’emportent.

La peur est absente pendant la colère. L’hyperbole est un mode d’expression courante pendant une colère.

Contrairement à la volonté qui est le désir d’un bien accompagné de raison, la colère est irraisonnée. Elle est un désir de vengeance, secondaire à une marque de mépris, et, comme tout désir de vengeance, elle s’adresse toujours à quelqu’un en particulier : On n’agit jamais avec colère contre une personne sur qui l’on ne peut exercer sa vengeance. Le plaisir qui l’accompagne vient de l’espoir de cette vengeance.

Par mépris, il faut entendre le dédain, la vexation et l’outrage. Le mépris n’assigne aucune valeur à celui qui en est l’objet. La vexation consiste à obtenir que la volonté d’autrui ne s’accomplisse pas. L’outrage est de causer de la honte à quelqu’un, et d’y trouver de la jouissance, en se fondant dans la croyance qu’il y a un avantage sur celui qui est déshonoré.

On pense devoir être honoré, de ceux qui sont inférieurs dans un système hiérarchisé (richesse, rang de naissance, pouvoir…) ou de ceux dont on croit devoir attendre un bon office. Ainsi on ne peut ressentir une colère contre ceux qui peuvent nous être supérieurs ; dans ce cas, ou bien on n’agit pas avec colère, ou bien on le fait d’une manière moins énergique. La colère est le contraire du fait d’être calme. Le calme est un retour de l’âme à l’état normal et un apaisement de la colère32.

Selon Sénèque, ce qui fait tomber la colère est l’acte de repentance, d’humiliation, ou le fait d’agir avec considération. On devient calme après avoir épuisé sa colère contre un autre. Ou lorsqu’une personne qui nous a fait du tort se trouve condamnée.

La colère a son origine dans ce qui nous touche personnellement, tandis que la haine est indépendante de ce qui se rattache à notre personne. La colère peut guérir avec le temps, pas la haine. La haine s’attaque plus à une classe de gens. La colère s’accompagne de peine, non la haine. La colère peut porter à la haine. La colère, comme l’inimitié, peut inspirer la crainte, par le pouvoir et la volonté qu’elle procure. Il y a de l’assurance dans le sentiment de la colère, du fait de l’impression de subir une injustice.

Baruch Spinoza{{}}

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/ea/Spinoza.jpg/130px-Spinoza.jpgSpinoza

Les doctrines de Baruch Spinoza, 1632-1677, font partie des courants du Rationalisme, du Panthéisme et de l’Eudémonisme. La philosophie classique des affects ou sentiments distingue la colère de la haine. En effet, Spinoza définit la haine (odium) comme une tristesse accompagnée de l’idée d’une cause, donc ce qui correspondrait à un mécontentement attribué à un objet précis tandis que la colère (ira) est définie comme l’effort de causer du mal à l’objet de notre haine33. « Mal », ici signifie tout ce que nous imaginons pouvoir diminuer notre puissance d’exister propre34.

Spinoza rejoint en ce sens le stoïcien Cicéron qui définissait la colère comme « désir (libido) de punir celui qui semble nous avoir causé un dommage injustement »35. La colère serait alors la conséquence immédiate de la haine, elle-même causée par différents sentiments négatifs comme la sensation d’être menacé, une offense, une humiliation, etc. Et en tant que désir de faire subir un mal à ce qui nous en a fait subir auparavant, elle est à son tour cause de violence, de conflit, puis de haine et de colère en retour.

Spinoza oppose à la colère l’animositas, non pas l’animosité dans le sens de colère ou hostilité durable contre une personne, mais d’’ardeur, fermeté, courage’. Avec la générosité, il fait de l’animositas une des deux vertus fondamentales ou forces de l’âme36.

Pour lutter contre tout ce qui peut nous détruire, Spinoza oppose à la colère aveugle, le courage de l’ animositas, « désir qui porte chacun de nous à faire effort pour conserver son être en vertu des seuls commandements de la raison37. »

Aspects judiciaires et politiques{{}}

Études{{}}

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4a/Police_Everywhere_Justice_Nowhere_sign_at_a_rally_at_the_State_Capitol_in_St_Paul%2C_MN.jpg/220px-Police_Everywhere_Justice_Nowhere_sign_at_a_rally_at_the_State_Capitol_in_St_Paul%2C_MN.jpg

e sentiment d’injustice peut entraîner une sensation de colère (Manifestants contestant une décision de justice devant le capitole de Saint-Paul aux États-Unis).

Pour Lytta Basset38 l’injustice est un des mobiles de la colère et « une personne en colère est une personne qui n’a pas renoncé à la justice »38. La question de la justice ne se pose que dans le champ des relations interpersonnelles : la colère constitue un formidable contre-pouvoir face aux idéologies de toutes sortes. Elle est un potentiel de transformation inter-individuelle, à condition de ne pas ’casser’ la relation.

Tant que la recherche de la justice mobilise un individu, le processus de justification est sous-jacent. Mais cela nécessite qu’une relation soit encore possible, que le sujet en colère ne s’enferme pas à l’intérieur d’elle, et qu’un Autre puisse l’accueillir. Si ce n’est pas le cas, le sujet se met en danger. La tentation de l’auto-justification est grande, nourrissant le soupçon qu’autrui a besoin d’un coupable. La culpabilité et le sentiment de culpabilité s’entremêlent, pour le meilleur et pour le pire. Si ce n’est pas le cas, la frontière précise entre l’auto-accusation et l’accusation réelle est mince, quelle que soit la légitimité de la colère. Le processus de justification se transforme alors en hostilité et en inimitié et celui du bouc émissaire entre en scène.

Au niveau politique, selon Marie-Claire Caloz-Tschopp, professeur à Institut d’études politiques et internationales de Lausanne, la colère est une puissance vitale qui permet de s’indigner et de se défendre en interpellant l’adversaire, entraînant une certaine forme de courage, innovation politique et civilité 39.

Colères collectives{{}}

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d4/2018-11-25_15-09-05_manif-GJ-Errues-Menoncourt.jpg/220px-2018-11-25_15-09-05_manif-GJ-Errues-Menoncourt.jpg

Le mot « colère », inscrit sur une pancarte lors d’une manifestation du mouvement des Gilets jaunes en France en novembre 2018.

  • La grève qui se base sur le principe d’une action collective est liée à une colère de la part des personnes qui la mènent. La presse présente souvent cette action comme l’expression d’une colère de la part des salariés d’une entreprise, des agents d’une administration, voire des membres d’un secteur économique ou d’une catégorie professionnelle40.
  • La manifestation publique, liée à un mouvement de masse (défilé organisé par des syndicats professionnels, voire par des associations et quelquefois de manière spontanée), est également associée à une colère. Dans certains cas, en marge de certaines manifestations, des scènes de violences urbaines, souvent qualifiées d’émeutes peuvent parfois avoir lieu, donnant ainsi à la colère exprimée un niveau très élevé, quelquefois assimilé à de la rage. Durant les manifestations de mai 68 certains groupes qualifiés de « radicaux » revendiquèrent le nom d’« enragés ».
    Articles connexes : Les Enragés (mai 68) et Acte III du mouvement des Gilets jaunes.
  • L’insurrection est également une action collective liée à une révolte contre un pouvoir en place et pouvant conduire à des mouvements de violences engendrés par un état de colère extrême. Selon le philosophe Georges Didi-Huberman, « [...] le feu de la colère suscite un événement imprévisible, qui, entre fête et violence, entre allégresse et ressentiment, est toujours susceptible de bifurquer ou de se dévoyer, s’il n’est pas simplement écrasé ou canalisé par l’autorité contre laquelle il s’est dressé. »41.
    Gestion de la colère{{}}

Les recherches en psychologie appliquée (en) et sciences affectives ont testé plusieurs stratégies de régulation émotionnelle utilisées dans diverses thérapies et techniques de gestion de la colère (en) fondées sur des données expérimentales et sur l’expérience clinique : la suppression émotionnelle (en) par le cortex préfrontal qui consiste en l’inhibition consciente de son expression émotionnelle (posture, expression faciale, voix, comportement), stratégie parfois efficace à court terme mais risquée sur le long terme, car elle engendre une accumulation de stress et une détérioration de la santé mentale et physique, et peut induire des ruminations mentales ; l’évitement de l’expérience émotionnelle (évitement physique, hyperactivité, perfectionnisme…), stratégie qui a le même impact à long terme que la précédente, et qui peut déboucher vers des phobies d’évitement ou des angoisses sociales ; la réévaluation cognitive qui consiste à prendre conscience de sa colère et à la relativiser, « stratégie particulièrement efficace, étayée sur des décennies d’études en psychologie42 ».

Dans les arts{{}}

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La colère. Détail des « Sept péchés capitaux » Jérôme Bosch 1475-1480.

  • Les Sept Péchés capitaux et les Quatre Dernières Étapes humaines{{}}
    Ce tableau, attribué à Jérôme Bosch, réalisé vers 1500 ou ultérieurement. Huile sur panneau, le tableau représente une série de scènes circulaires. Il est actuellement exposé au Museo del Prado à Madrid (Espagne) dont la une représentation de la colère, dans sa partie inférieure.

Dans la littérature{{}}

  • L’Iliade{{}}
    Les premiers mots du chant I de l’Iliade d’Homère introduisent le récit fondateur comme un chant sur la colère d’Achille (’Mênin aiede, thea, Peleiadeo Achileos’) :

« Chante, déesse, la colère d’Achille, fils de Pélée ; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d’âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel - pour l’achèvement du dessein de Zeus »

—  Iliade, chant I, v. 1-5, trad. Paul Mazon, éd. Belles Lettres, 1937).

Si la colère contre Agamemnon conduit Achille à rester provisoirement en retrait de la bataille, elle a souvent pour fonction de pousser le héros à agir avec vigueur.

  • Les Raisins de la colère (titre original en anglais : The Grapes of Wrath)
    Ce roman de John Steinbeck publié en 1939 évoque les aventures d’une famille pauvre de métayers, les Joad, contrainte de quitter l’Oklahoma à cause de la sécheresse, et de la grave crise économique qui frappe les États-Unis durant la Grande Dépression.

Au cinéma{{}}

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d4/Zombie_Hulk_costume.jpg/220px-Zombie_Hulk_costume.jpg

Le personnage de fiction Hulk représente une forme de colère violente au cinéma (personne portant un déguisement de Hulk).

  • Dans le cas du super-héros Hulk, la colère et le stress déclenchent même une transformation physique du scientifique Bruce Banner, qui devient un colosse à la peau verte doté d’une force prodigieuse.
    Titres de films avec le mot colère
  • dans Fullmetal Alchemist de Hiromu Arakawa, l’un des sept Homonculus représente la colère. Son nom est Wrath, qui signifie « Colère » en anglais ;
  • dans Judge de Yoshiki Tonogai, Ryuhei, le jeune homme au masque de cheval, représente la colère ;
  • dans Seven Deadly Sins (en français « Les sept péchés capitaux ») de Nakaba Suzuki, le personnage principal, Meliodas, représente le péché de la colère, symbolisé par un dragon tatoué sur son corps.
    Dans la chanson{{}}
  • La Rage est une chanson de la chanteuse française Keny Arkana dans l’album Entre ciment et belle étoile, distribué en 2006.

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  • Surprenant : se défouler n’aide pas à réduire la colère, mais cette technique oui - Par la rédaction Futura le 10 septembre 2024 - ÉmotionsLes tendances

    Des chercheurs ont découvert comment évacuer sa rage. © sdominik, iStock

Une étude révolutionnaire remet en question une croyance populaire sur la gestion de la colère. Contrairement à l’idée reçue, évacuer sa rage ne serait pas la solution miracle. Que nous apprend cette recherche sur les méthodes efficaces pour apaiser notre fureur ? Découvrez les résultats surprenants qui pourraient changer notre approche de la gestion des émotions.

La colère, cette émotion intense qui nous submerge parfois, a longtemps été considérée comme une cocotte-minute nécessitant une soupape de sécurité. Mais, une méta-analyse publiée en avril 2024 par l’Université d’État de l’Ohio vient bousculer cette conception. L’étude, qui a passé au crible 154 recherches impliquant plus de 10 000 participants, révèle que l’expression de la colère, loin d’être bénéfique, pourrait même l’exacerber. Plongeons dans les découvertes de cette étude qui redéfinit notre compréhension de la gestion de la colère et explore des alternatives plus efficaces.

Le mythe de la catharsis émotionnelle démonté{{}}

L’idée que l’expression de la colère puisse la dissiper est profondément ancrée dans notre culture. Pourtant, les chercheurs n’ont trouvé aucune preuve scientifique soutenant cette théorie de la catharsis. Brad Bushman, scientifique en communication et auteur principal de l’étude, affirme : « Il est crucial de démystifier l’idée qu’en cas de colère, il faut évacuer la pression ».

Cette révélation remet en question des pratiques populaires telles que :

  • les séances de défoulement dans des « rage rooms » ;
  • l’exercice physique intense comme exutoire ;
  • les expressions verbales agressives.
    Paradoxalement, ces méthodes pourraient renforcer l’état de colère plutôt que de l’atténuer. L’étude suggère que ces activités augmentent l’excitation physiologique, alimentant ainsi le feu émotionnel qu’elles sont censées éteindre.

Comment calmer sa colère ? Car se défouler n’est pas la solution alors voici ce qui fonctionne selon une étude. © iStock

Comment calmer sa colère ? Car se défouler n’est pas la solution alors voici ce qui fonctionne selon une étude. © iStock

L’approche physiologique de la gestion de la colère{{}}

La clé pour maîtriser la colère réside dans la réduction de l’excitation physiologique, selon les conclusions de l’étude. Cette perspective s’appuie sur la théorie des deux facteurs de Schachter-Singer, qui décompose l’émotion en deux composantes : physiologique et cognitive.

Les activités apaisantes se sont révélées particulièrement efficaces pour diminuer la colère, tant en laboratoire que sur le terrain. Parmi les méthodes recommandées, - décrites dans le Préambule de ce dossier - on trouve :

  • le yoga à flux lent ;{{}}
  • la méditation de pleine conscience ;{{}}
  • la relaxation musculaire progressive ;{{}}
  • la respiration diaphragmatique ;{{}}
  • les pauses réflexives.{{}}
    Sophie Kjærvik, chercheuse en communication à l’Université du Commonwealth de Virginie et première auteure de l’étude, souligne : « Il est passionnant de constater que la relaxation musculaire progressive peut être aussi efficace que des approches telles que la pleine conscience et la méditation ».

Repenser l’activité physique dans la gestion de la colère{{}}

L’étude apporte un éclairage nuancé sur le rôle de l’activité physique dans la gestion de la colère. Contrairement à la croyance populaire, l’exercice intense n’est pas nécessairement bénéfique pour calmer les esprits échauffés. Le jogging, par exemple, s’est révélé être l’activité la plus susceptible d’augmenter la colère.

Néanmoins, toutes les formes d’activité physique ne sont pas à proscrire. Les sports de balle et les activités ludiques semblent réduire l’excitation physiologique, suggérant que l’aspect récréatif pourrait être un facteur clé. Voici un tableau récapitulatif des effets de différentes activités sur la gestion de la colère :

Type d’activité

Effet sur la colère

Jogging Augmentation
Sports de balle Réduction
Yoga à flux lent Réduction significative
Méditation Réduction significative

Vers une approche holistique de la gestion émotionnelle{{}}

Cette étude ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine de la gestion des émotions. Elle souligne l’importance d’une approche globale, intégrant à la fois des techniques de relaxation et une réflexion sur les causes profondes de la colère.

Les chercheurs encouragent l’utilisation de méthodes accessibles et gratuites pour gérer la colère au quotidien. Des applications mobiles ou des vidéos en ligne peuvent guider les individus dans des exercices de relaxation ou de méditation. Ces outils démocratisent l’accès à des techniques efficaces de gestion émotionnelle, sans nécessiter l’intervention immédiate d’un thérapeute.

En fin de compte, cette étude nous invite à reconsidérer notre rapport à la colère. Plutôt que de chercher à l’exprimer ou à l’évacuer, l’accent est mis sur l’apaisement et la compréhension de nos émotions. Une approche qui pourrait non seulement améliorer notre bien-être individuel, mais aussi contribuer à créer une société plus sereine et réfléchie.

Image du site Futura Sciencespar la rédaction Futura le 10 septembre 2024

Source : https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/emotions-surprenant-defouler-naide-pas-reduire-colere-mais-cette-technique-oui-115799/

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  • Comment se déclenchent les colères ? Comment les gérer ? - Mardi 14 mai 2024 – Document ‘radiofrance.fr’ Provenant du podcast Grand bien vous fasse !

    La colère, le feu dans le cerveau ©Getty - richellgen

La colère, le feu dans le cerveau ©Getty - richellgen

Grand bien vous fasse !

Pour Aristote, la colère est nécessaire, à condition de pouvoir la dompter. Sur les réseaux, au volant, la colère semble très présente dans nos sociétés modernes. Pourquoi sommes-si prompts à nous énerver ou hausser le ton ? Comment gérer cette colère, émotion désagréable mais humaine ?{{}}

Bien évidemment, comme le remarquait ce bon vieil Aristote, ’La colère est nécessaire’. On ne peut forcer aucun obstacle sans elle. Seulement ’il faut prendre la colère non comme capitaine mais comme soldat’.

Le problème, c’est que la colère est devenue l’émotion contemporaine par excellence qui nous monte à la tête dans tous les domaines de la vie quotidienne et de la vie sociale. Agressions de personnels soignants, de caissière ou d’agents administratifs, invectives sur les réseaux sociaux, insultes au volant ou dans les transports en commun… Nous disjonctons tous et nous semblons incapables de nous maîtriser.

Mais comment expliquer cette flambée émotionnelle qui nous fait perdre le contrôle de soi ? Est-on obligé de péter les plombs, de perdre ses nerfs pour exprimer son refus, sa désapprobation, sa légitime hostilité ? Faut-il fuir ces émotions désagréables, ravaler sa rage, au risque de ruminer sans relâche ? Faut-il éviter les situations qui nous énervent ?

Nous verrons dans cette émission pourquoi nous nous mettons en colère, ce qui provoque la violence verbale et comment mieux gérer ces émotions certes désagréables mais essentielles. Quelles sont les solutions pour éviter de péter les plombs ?

Une société plus colérique et plus violente{{}}

Guillaume Jacquemont est journaliste scientifique, il décrit dans un dossier spécial du magazine Cerveau et psycho, ’la colère monte, elle déborde de partout, ce serait presque une émotion à la mode’. Elle s’immisce dans les sentiments d’injustice ou d’exclusion que la société moderne expose.

Jérémie Pelletier rapporte les conclusions d’une étude de la Fondation Jean-Jaurès sur les Français et la colère. Pour lui, celle-ci est caractéristique de notre société épidermique, société ’sans doute plus vulnérable qu’elle ne l’était par le passé’ et ainsi moins capable de résister aux chocs du quotidien. Notre société a plus de mal que par le passé à gérer sa frustration, et laisse toute la place nécessaire pour l’expression de la colère. Jusqu’ici, tout va bien, la colère est une émotion humaine. ’Le problème est que la colère est la première étape à ce qu’on appelle la violence’, qu’elle soit verbale ou physique.

L’étude de la Fondation Jean-Jaurès, rendue publique en mai 2024, montre que **8 personnes sur 10 en France déclarent ’faire preuve de violence verbale’. **Ces dernières sont par ailleurs perçues en expansion, les Français disent se sentir dans une société violente, et plus violente que par le passé. Jérémie Peltier observe par ailleurs que ces mêmes personnes déclarent que ces colères, plus nombreuses et plus fortes, ne servent à rien, ne font pas avancer les choses.

À écouter aussi : Quelle place pour les émotions au travail ?

Grand bien vous fasse ! 52 min

La colère est estimée légitime pour qui la ressent, en réalité elle a cassé le lien avec les autres{{}}

Christophe André, psychiatre attitré de l’émission, explique que ’un des moteurs de la colère, c’est étonnamment l’égoïsme, le fait d’être très concentré sur soi (...), la plupart des colères sont plutôt des colères égoïstes liées à une entrave’. Ce qui déclenche la colère est le fait qu’un besoin, une attente soit empêchés. Il appuie également sur le fait que les egos prennent de plus en plus de place dans notre société. Dominique Picard, docteure en psychologie sociale, ajoute que celui qui est en colère trouve celle-ci légitime- toute émotion, pour celui qui la ressent, est légitime. ’Simplement on oublie beaucoup que la colère, comme beaucoup d’émotions d’ailleurs, a une dimension sociale et relationnelle. On ne peut pas se mettre en colère seul, sans engager les autres.

Par ailleurs, lorsqu’on est en colère contre la société, contre une situation quotidienne, on ne se met pas en colère contre la bonne personne, celle qui a décidé que le feu rouge serait ici, ou quel vélo serait prioritaire, ou que le piéton traverserait ici. Mais, comme la moitié des Français le déclarent, lâcher une insulte soulage et fait du bien.

La colère n’est pas l’affirmation de soi, qui écoute les besoins des autres. La colère, elle, a rompu le lien avec les autres.{{}}

Alors, si même les spécialistes ou les psychiatres se mettent parfois en colère, nom de Dieu de bon dieu, comment gérer cette émotion ? Car l’homme de la pampa, parfois rude, sait rester courtois. La réponse se trouverait du côté des besoins personnels, de l’accumulation de frustrations.

Une première réponse pour vous en voiture : la musique adoucit les mœurs.

À écouter aussi : Le ’rage ritual’, nouvelle manière d’évacuer sa colère contre le patriarcat

Un monde nouveau 2 min

À découvrir aussi : Les émotions chez les animaux

Les Savanturiers 54 min

Invité.e.s pour parler de la colère :

Jérémie Peltier, co-directeur général de la fondation Jean Jaurès est l’auteur de La fête est finie ? aux Éditions de l’Observatoire (2021).
Les violences verbales dans la société française et sur la route, étude d’opinion Viavoice pour la Macif et la Fondation Jean-Jaurès, mai 2024.

Guillaume Jacquemont, journaliste scientifique chez Cerveau et Psycho, auteur de La Science des rêves : s’en souvenir, les interpréter, les piloter aux éditions Flammarion (2020)

Dominique Picard, docteure en psychologie sociale, est l’autrice entre autres de Politesse, savoir-vivre et relations sociales (2003) ou encore Les conflits relationnels (2008).

Chroniques{{}}

La colère : ’trop de dégâts pour trop peu de bénéfices’ selon Christophe André

La colère et ses dégâts

À propos de notre sujet de cette semaine, deux questions : les bénéfices de la colère sont-ils vraiment supérieurs à ses inconvénients ? Et est-il possible de changer le monde sans se mettre en colère ?

Choses vues 14 mai • 5 min

Source : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-du-mardi-14-mai-2024-2026290

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  • Comprendre la colère et la gestion de la colère – Document canadien ‘ontario.cmha.ca’ - Informez-vous sur la colère et apprenez comment aider les enfants et les jeunes à la gérer.
    Comprendre la colère{{}}

Il est normal de se mettre en colère de temps à autre. Cependant, si une personne est irritée la majeure partie du temps ou si elle a tendance à s’emporter rapidement et souvent, la colère peut alors être un problème. À mesure que nous vieillissons, il est important d’apprendre à maîtriser notre colère au lieu de la laisser nous contrôler.

À l’instar de toutes les émotions, la colère est complexe. Elle peut aller d’une simple contrariété à la rage, et varie d’une personne à l’autre et selon la situation. Le stress vécu à la maison, à l’école ou au travail peut aussi précipiter la colère chez une personne.

Les changements hormonaux majeurs qui se produisent pendant l’adolescence compliquent encore plus les humeurs et les émotions :

  • La colère peut parfois se manifester sans raison apparente, et sa manifestation soudaine et son intensité peuvent prendre tout le monde par surprise.
  • Les sentiments de colère peuvent souvent être présents sans aucune raison claire.
  • La colère peut dissimuler ou remplacer d’autres sentiments pénibles comme la peur, la douleur, la culpabilité, la jalousie, la frustration ou la honte.
    Il est important que les jeunes apprennent à reconnaître et à exprimer la colère et d’autres sentiments pénibles de façon saine et constructive pour toutes les personnes concernées.

Gestion de la colère{{}}

La peur et la colère sont deux puissants facteurs motivateurs qui peuvent déclencher une réaction de lutte ou de fuite. La fréquence cardiaque et la respiration peuvent s’accélérer, la personne peut rougir, serrer les mâchoires et les poings et élever la voix. C’est le corps qui se prépare à agir.

La question qui se pose est la suivante : quelle action suivra ? Il est important de se rappeler que la colère, bien que puissante, est seulement une émotion. C’est ce qu’on en fait qui compte.

On peut gérer la colère de façon saine ou malsaine. Faire fi des sentiments de colère n’arrange rien et peut donner lieu à des sentiments d’amertume, de ressentiment et même de haine. En définitive, la colère cachée ou refoulée peut être dommageable pour soi et les autres.

Par ailleurs, les crises de colère ne règlent pas les problèmes. Au contraire, elles peuvent en créer. À tout le moins, elles peuvent être gênantes et au pire, elles peuvent créer des situations dangereuses. À la limite, la colère non maîtrisée peut aboutir à des actes de violence et ruiner la vie des jeunes.

Voici quelques idées que vous pouvez soumettre aux jeunes pour les aider à gérer leur colère :

  • Quand les sentiments de colère se manifestent, il est temps de s’arrêter et d’y penser. D’où la colère provient-elle ? Trouver les raisons de la colère représente la première chose à faire pour trouver une solution.
  • Pense à dire à quelqu’un en qui tu as confiance comment tu te sens. Le simple fait de parler à quelqu’un peut contribuer à atténuer les sentiments intenses et aider les autres à comprendre ta situation. De plus, le fait de verbaliser peut t’aider à comprendre ce qui se passe plus facilement que si tu gardes tes pensées et tes sentiments en-dedans.
  • S’il s’avère que la colère dissimule d’autres sentiments comme la peur ou l’anxiété, tu peux obtenir de l’aide et te sentir beaucoup mieux. Cependant, tu dois d’abord te donner la permission d’identifier honnêtement tes sentiments et d’en parler à quelqu’un.
    Pour maîtriser notre colère et la rediriger vers des solutions positives, nous devons être en harmonie avec nos pensées et nos sentiments, en fait, avec ce qui se passe en-dedans. Pour pouvoir se contrôler, il faut savoir et comprendre ce qui se passe en soi.

Il n’est pas facile de gérer sa colère. Cela demande de la pratique. C’est une aptitude qui s’acquiert et un processus continu, parce qu’il y a toujours quelque chose pour nous mettre en colère.

Réduire le stress et limiter la colère{{}}

Il peut être impossible de se débarrasser de sentiments de colère, mais il est important d’apprendre à maîtriser la colère et à ne pas la laisser nous contrôler. Les activités qui peuvent réduire le stress peuvent aussi aider à atténuer les sentiments de colère et à gérer celle-ci lorsque c’est nécessaire. Voici quelques conseils que vous pouvez prodiguer à une jeune personne qui a des problèmes de colère :

  • Sois actif. Va faire une marche ou courir. L’exercice a des effets positifs sur le corps et l’esprit.
  • Dors suffisamment et mange bien. Le repos et une sensation de bien-être physique peuvent t’aider à rester calme.
  • Exprime tes sentiments par l’écriture, le dessin ou le chant. Ne les refoule pas. Fais-les sortir et examine-les.
  • Reste calme. Essaie de méditer. Prends de grandes respirations. Il est essentiel de t’exercer régulièrement.
  • Distrais-toi. Écoute de la musique, lis un livre, va voir un film. Sors de toi-même.
  • Parle à quelqu’un en qui tu as confiance de tes sentiments. Ça t’aidera à comprendre ce qui se passe.
    Peu importe ce qui nous met en colère, la chose la plus importante c’est la façon dont nous gérons les choses. La colère est un sentiment. Ce qui compte c’est ce que nous en faisons.

Quand demander de l’aide{{}}

Il est normal d’être en colère de temps en temps. Cependant, lorsqu’une jeune personne montre les signes suivants, cela peut être problématique, et il sera peut-être nécessaire de demander de l’aide :

  • La jeune personne a des sentiments de colère qui ne disparaissent pas, que ce soit au sujet de choses passées ou actuelles.
  • Elle se sent en colère contre elle-même.
  • Elle est facilement irritée ou de mauvaise humeur.
  • Elle se querelle ou se bat souvent.
  • Elle se sent tellement en colère qu’elle a envie de se faire du mal ou d’en faire aux autres.
    La colère peut aussi être un signe d’autre chose, comme la dépression ou l’anxiété, ou le fait d’être victime d’intimidation. Il est important de prendre ces signes au sérieux. Il peut être utile d’en parler à ses amis, à ses parents, à son médecin ou à d’autres personnes en qui on a confiance.

La colère est parfois bien enracinée et ses causes peuvent être très complexes. Il faut du temps et des conseils professionnels pour les comprendre et les résoudre.

Traitement et soutien{{}}

Les programmes de gestion de la colère montrent dans un contexte thérapeutique comment gérer sa colère de façon positive et fonctionnelle. La participation à ces programmes peut être facultative ou ordonnée par la cour. Les participants peuvent comprendre des personnes qui intériorisent leur colère ou qui la manifestent verbalement ou par leurs comportements envers les autres.

Les programmes de gestion de la colère aident les participants à identifier leur style de colère, les déclencheurs et les scénarios qui suscitent la colère. Ils examinent ensuite différentes stratégies pour gérer sa colère. Ils peuvent aussi traiter de la résolution de conflits, en examinant différents moyens de réagir aux conflits et différents styles de résolution des conflits.

Aide{{}}

Trouver les services près de chez soi en consultant le répertoire Options de santé à proximité.

Les enfants et les jeunes peuvent communiquer avec :

Jeunesse, J’écoute 1 800 668-6868 jeunessejecoute.ca
Counseling gratuit, anonyme et confidentiel offert au téléphone et en ligne aux jeunes âgés de 20 ans et moins. Accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Enfants et jeunes {{}}

Children’s Mental Health Ontario

https://ontario.cmha.ca/wp-content/uploads/2016/12/khp-logo.png

Ontario health Care Options

Source : https://ontario.cmha.ca/fr/documents/comprendre-la-colere-et-la-gestion-de-la-colere/

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  • Des lieux d’écoute et d’accompagnement des adolescents - 17 juin 2024 – Via ‘ameli.fr’
    Vous êtes adolescent(e) et vous ressentez un mal-être. Vous avez un problème de santé. Vous souhaitez bénéficier d’une contraception. Pour vous confier, vous informer ou obtenir de l’aide, il existe de différents lieux. Vous pouvez aussi utiliser des sites et lignes d’écoute téléphonique, anonymes et gratuits.

La puberté : un passage souvent difficile pour le jeune{{}}

Durant l’adolescence, on peut ressentir un mal-être, souffrir d’un conflit familial, de violences ou d’un échec scolaire. On peut aussi se poser des questions sur la puberté, la sexualité, la drogue, etc. Quelles que soient vos difficultés, il existe des personnes et des lieux pour vous écouter et vous aider.

Pour les parents, il est parfois difficile de laisser leurs enfants vivre des expériences, tout en posant des limites. Il s’agit de trouver la bonne distance pour montrer sa confiance tout en restant vigilant et rester attentif sans devenir envahissant.

Si vous êtes concerné par cette situation :

  • essayez de définir avec votre enfant des règles de vie en commun (par exemple, fixez-lui une heure limite pour rentrer le soir) ;
  • rappelez-lui qu’il faut être prudent au quotidien (exemple : « Mets ton casque »).
    Dans tous les cas, votre attention le rassurera davantage que de l’indifférence.

En cas de difficultés ou de questions liées à la puberté, vous pouvez :

  • demander conseil à votre médecin traitant en particulier lors de la consultation de suivi de votre adolescent ;
  • vous rapprocher de structures spécialisées ;
  • lui conseiller de consulter filsantéjeunes (site externe), le site destiné aux 12-25 ans. Il pourra y poser ses questions et s’informer sur les changements liés à la puberté.
    Remboursement de séances chez le psychologue : le dispositif Mon soutien psy{{}}

Si vous ressentez un mal-être psychique, vous pouvez bénéficier du dispositif Mon soutien psy : il s’agit de la prise en charge d’un accompagnement psychologique.

Ce dispositif Mon soutien psy permet à toute personne (adolescents, adultes et également enfants dès 3 ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psychique, de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance Maladie.

Depuis le 15 juin 2024, vous avez le choix entre prendre rendez-vous directement avec un psychologue conventionné et partenaire du dispositif ou consulter d’abord votre médecin pour faire le point sur votre état de santé.

L’accompagnement psychologique comprend :

Où s’adresser en cas de problème de santé ou de mal-être ?{{}}

Si vous avez un souci, vous pouvez bien entendu vous confier à vos parents ou à vos proches. Cependant, il est parfois rassurant de parler aussi à un professionnel de santé. En effet, celui-ci porte un regard neutre sur les questions que vous lui posez, et il est habitué à les aborder. Ainsi, vous pouvez échanger avec :

  • votre médecin (il vous conseillera, posera éventuellement un diagnostic ou vous orientera vers un spécialiste) ;
  • votre infirmière scolaire.
    Si vous préférez un endroit plus anonyme, ou pour obtenir d’autres informations ou avis, rendez-vous dans les structures d’accueil des jeunes. Elles ont toutes un rôle :
  • d’information, d’écoute et de soutien ;
  • de médiation et de prise en charge ;
  • d’orientation et d’accompagnement vers l’accès aux droits sociaux et aux soins.
    Dans ces lieux, l’accueil est anonyme, gratuit, immédiat et sans formalité administrative. Vous pouvez y aller seul ou accompagné, sans rendez-vous, et aborder tous les sujets qui vous préoccupent. Il existe plusieurs types de structures :
  • Les Maisons des adolescents (MDA)
    Elles vous reçoivent pour un entretien. Si vous le souhaitez, vous pouvez ensuite être orienté vers un professionnel de santé au sein de la MDA (médecin généraliste, nutritionniste, psychologue, assistante sociale, etc.)
  • Les Points d’accueil écoute jeunes (PAEJ)
    Ces structures sont plus petites et plus nombreuses que les Maisons des Adolescents. Vous y êtes accueilli par un psychologue ou un éducateur. Toutefois, les PAEJ n’assurent pas de soins médicalisés.
  • Les Espaces santé jeunes (ESJ)
    Ces lieux sont davantage axés sur la prévention des problèmes de santé chez les adolescents.
    Il y a aussi d’autres types de structures où vous pouvez rencontrer des psychiatres, des psychologues et des infirmiers psychiatriques et bénéficier éventuellement d’un suivi régulier. Ces centres vous reçoivent gratuitement, sans que vous soyez adressé par un médecin. Il en existe deux types :
  • Les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP)
    Ils sont ouverts aux enfants et aux jeunes ayant des problèmes psychiques et/ou scolaires.
    Retrouvez les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) sur le site annuaire.action-sociale.org.
  • Les centres médico-psychologiques (CMP)
    Ils accueillent les jeunes souffrant de troubles psychiques, à partir de seize ans.
    Recherchez un CMP adulte (au-delà de 18 ans) ou un CMP adolescent (jusqu’à l’âge de 18 ans).
  • Les bureaux d’aide psychologique universitaire (BAPU) pour les étudiants au-delà de 18 ans.
    Où bénéficier d’une contraception ?{{}}

Vous hésitez à parler de contraception (ou de sexualité) avec vos parents ou votre médecin traitant ? Rendez-vous dans un centre de planification et d’éducation familiale (ou « planning familial ») accessible sur le site planning-familial.org. Là, des médecins peuvent :

  • vous écouter et vous informer sur la sexualité ;
  • vous prescrire éventuellement un moyen de contraception.
    Dans ces centres, les consultations, contraceptifs et examens biologiques sont gratuits pour les mineurs et les personnes non couvertes par l’Assurance Maladie.

Que faire en cas de difficulté liée à l’alcool, au tabac ou à une autre drogue ?{{}}

Vous avez des difficultés avec l’alcool, le tabac, ou vous consommez une drogue illicite et vous souhaitez être aidé(e) ?

Vous pouvez consulter votre médecin traitant, qui vous adressera éventuellement à un spécialiste, ou aller dans un centre d’accueil spécialisé dans l’accueil des jeunes.

Il existe aussi des numéros d’appel où des professionnels vous accueillent et vous conseillent, de manière anonyme :

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Contacts Aide Glossaire English Pages

ameli, le site de l’Assurance Maladie en ligne | ameli.fr ...

Source : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/puberte/lieux-ecoute-accompagnement

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Collecte de documents et agencement, traduction, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 12/09/2024

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

Site : https://isias.info/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Psychologie Relations Colère.5.docx

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