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"Vivre de façon vraiment écologique et avec des cycles en boucles fermées" par le Dr Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

jeudi 19 janvier 2012, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Economie Ecologie
Vivre de façon vraiment écologique et avec des cycles en boucles fermées
Living, Green & Circular
La nouvelle économie véritablement écologique doit être modelée et intégrée au sein de l’économie circulaire de la nature, pour générer et régénérer des revenus et des richesses pour les populations et pour la planète. Par le Dr Mae-Wan Ho

Rapport de l’ISIS en date du 11/01/2012
L’article original en anglais avec toutes les références et illustrations est intitulé Living, Green & Circular ; il est accessible par les membres de l’ISIS sur le site www.i-sis.org.uk/Living_Green_and_Circular.php
S’il vous plaît diffusez largement et rediffusez, mais SVP donnez l’URL de l’original et conservez tous les liens vers des articles sur notre site ISIS

L’économie mondiale est au bord de la crise financière, à cause de l’argent de la corruption de Wall Street et du système bancaire qui a déclenché la déréglementation dans les années 1970 et 1980 [1] ( "Shut Down Wall Street !" SiS 53) *.
* Version en français " Il faut faire cesser Wall Street ! " par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article199

Émergeant des ruines, il apparaît une nouvelle économie socialement responsable qui peut fournir de bons emplois avec salaires décents, et générer des revenus réels et de la richesse aux personnes et aux populations, au moins aux Etats-Unis [2] ( New Economy Now , SiS 53).
* Version en français "Une nouvelle économie est possible immédiatement" par le Dr Mae-Wan Ho ; traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article201

Mais cela ne suffit pas, nous avons besoin véritablement d’une économie écologique et circulaire qui travaille avec et au sein de la nature, pour générer et régénérer des revenus et de la richesse pour les gens et pour la planète. Jusqu’à il y a quelques années, très peu de gens prenaient l’économie verte ou l’économie circulaire au sérieux. Pas davantage les gouvernements et les entreprises qui vont désormais surpasser les groupes environnementaux en revendiquant l’économie circulaire et verte pour eux-mêmes. Alors il est peut-être temps de nous mettre au travail pour nous assurer d’aller dans cette direction.

L’économie circulaire est désormais dominante

J’ai été amenée à argumenter pour l’« économie circulaire » pendant plusieurs années, et j’avais d’abord utilisé le terme en 2006 pour décrire un système d’agriculture durable [3] (Circular Economy of the Dyke-Pond System, SiS 32), mais cela n’a pas commencé avec moi. Lors d’un voyage d’étude et de conférences en Chine, j’avais donné une conférence sur mon ‘modèle avec une entropie nulle’ [zéro-entropie] qui prévaut chez les organismes vivants et dans les systèmes durables’ (voir ci-dessous), à l’Institut de géographie de Guangzhou à Guangzhou, dans la province de Canton en Chine. Le Professeur Zhang Hongou, directeur de cet Institut, m’avait dit plus tard que ce dont j’avais parlé était bien l’ « économie circulaire », qui prévaut dans la pensée chinoise, par opposition à l’économie dominante linéaire qui est plus commune en Occident.
L’« économie circulaire » est une initiative que le gouvernement chinois avait lancée en 2004 en ciblant les secteurs manufacturiers et de services aux entreprises. Il avait exhorté les secteurs concernés à améliorer à la fois l’économie et l’environnement en collaborant à la gestion des ressources environnementales, afin « qu’une installation de traitement des déchets, y compris pour l’énergie, l’eau, les matériaux (ainsi que les informations), devienne une autre source, une autre ressource rendue disponible pour un nouvel usage » [4]. Ceci est devenu la politique du gouvernement avec la ‘Loi sur l’économie circulaire de 2008’, mais avec des aspirations considérablement édulcorées [5].

Le terme « économie circulaire » a depuis fait son chemin. Il figure en bonne place sur la page web de la ‘Fondation Ellen MacArthur’ sur la façon dont nous devrions repenser l’avenir [6]. Récemment, il a été abondamment utilisé par les orateurs lors d’une conférence publique organisée au Royaume-Uni par le groupe Green Alliance, l’Alliance verte [7]. La Secrétaire d’Etat à l’Environnement, à l’Alimentation et aux Affaires rurales, Caroline Spelman a parlé avec enthousiasme de la construction de la "nouvelle économie verte circulaire", en partenariat avec les entreprises [8], et a déclaré que le Royaume-Uni a déjà sa propre feuille de route pour une économie verte [9], en avance sur l’Union Européenne dont la feuille de route sur l’efficience des ressources est annoncée pour une publication au début de l’année 2012 [10].

Les principaux moteurs de l’économie circulaire ne sont pas tant les préoccupations écologiques, mais plutôt la flambée des prix des matières premières qui menacerait sérieusement la croissance dans le secteur des industries et des affaires.

Le Commissaire européen à l’Environnement, Janez Potočnik le dit plus crûment encore : l’amélioration de l’utilisation des ressources ne constitue pas seulement un impératif environnemental, c’est aussi une « question de survie » pour les entreprises et les milieux d’affaires [11], tout comme pour la planète. Potočnik a rappelé à ceux qui pensent encore que la protection de la nature est mauvaise pour les affaires, que des dizaines de milliards d’euros ont été perdus par les inondations parce que les évaluations environnementales avaient été ignorées. L’économie circulaire, dit-il, est un "mariage de raison" entre les entreprises et l’environnement. Caroline Spelman est d’accord [8] : « Être vert, fait économiser de l’argent et rapporte de l’argent ».

Janez Potočnik, commissaire européen pour l’environnement, a mentionné une nouvelle recherche conduite par le Ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (DEFRA), qui montre comment améliorer l’efficacité de l’utilisation des ressources peut faire économiser 23 milliards de € pour le Royaume-Uni et réduire les émissions de carbone du pays de 4% par an. Et selon le dernier rapport de McKinsey, globalement, les économies pourraient atteindre des valeurs aussi élevées que 3.700 milliards de $ états-uniens en 2030, soit plus de la moitié des émissions mondiales de carbone [12].

Caroline Spelman [8] a été la seule oratrice qui ait fait référence à des cycles naturels, en particulier au cycle de l’eau qui est si essentielle à la vie (voir encadré). En fait l’économie circulaire et la vie sont beaucoup plus intimement liées qu’on ne l’imagine souvent. .

David Korten, co-président du Groupe de travail de la nouvelle économie (NewGroup) aux Etats-Unis et l’architecte en chef de son ordre du jour sur la nouvelle économie [1, 2] fait également la promotion des « économies vivantes » qui imitent la vie [13, 14]. Il a identifié pratiquement toutes les caractéristiques d’un système vivant, que j’ai présenté comme la thermodynamique circulaire (et la cohérence quantique) des organismes vivants, en particulier dans la dernière édition 2008 de mon livre [15] The Rainbow and the Worm, The Physics of Organisms.

En d’autres termes, ce que Korten prescrit pour la nouvelle économie n’est pas seulement l’ensemble des caractéristiques souhaitables d’une perspective morale, éthique et sociale. Ce sont bien en fait les propriétés physiques des systèmes vivants.

La thermodynamique circulaire et l’économie « vivante et verte »

La thermodynamique est la science de la transformation des matériaux et de l’énergie ; la thermodynamique circulaire des organismes vivants n’est donc rien d’autre qu’une économie vivante : la transformation de l’énergie et des matériaux qui permet aux organismes vivants, y compris aux êtres humains, de survivre et de prospérer.

Les cercles impliquent des systèmes dynamiques fermés, ou des cycles avec des boucles fermées, dont les ressources sont régénérées et réutilisées. Plus important encore, un cycle fait un tour sur lui-même et retourne au même point de départ, et un cycle parfait en thermodynamique est parfaitement efficace et ne génère pas de déchets. Au lieu de cela, il se régénère et se renouvelle indéfiniment, en utilisant les énergies renouvelables, principalement à partir des rayonnements solaires.

La nature est remplie de cycles (voir encadré). Les organismes vivants sont entraînés selon les cycles naturels de la Terre, et ils sont également dominés par des cycles tels que les rythmes biologiques en physiologie, et les cycles métaboliques en biochimie.

Les cycles vivants

La Terre remonte à 4,54 milliards années [16], et la vie peut avoir trouvé son origine peu de temps après, il y a 4,38 milliards dannées [17]. Depuis lors, la vie s’est multipliée et elle a évolué pour coloniser toutes les niches écologiques disponibles sur la Terre, y compris les environnements extrêmes [18] : avec des teneurs élevées en sel, en acides ou en alcalins, avec les émissions hydrothermales supérieures à 100º C et le pergélisol à -15 º C.

La vie sur Terre est possible pour tous parce que l’eau liquide est présente, mais elle dépend aussi de la capacité à capter l’énergie de transformation des matières inanimées dans les organismes vivants (ou biomasse). Cette capacité est développée au plus haut degré dans la photosynthèse des plantes vertes, des algues et des cyanobactéries, qui captent l’énergie inépuisable du soleil pour décomposer l’eau, en transformant le dioxyde de carbone en hydrates de carbone, base de la biomasse, et libérant de l’oxygène dans l’atmosphère au profit des organismes aérobies [19 ].

Les organismes aérobies obtiennent leur énergie pour la croissance et la reproduction par l’utilisation de l’oxygène permettant de transformer les glucides en dioxyde de carbone et en eau dans le processus de la respiration, et cela achève le cycle qui supporte presque toute la biosphère.

Le cycle de la photosynthèse et de la respiration, alimenté par la lumière du soleil, dépend à son tour des cycles biogéochimiques qui transfèrent et transforment des matières chimiques entre la biosphère et le monde géologique inanimé des roches, des sols, de l’atmosphère et de l’eau [20]. Les principaux cycles biogéochimiques sont ceux de l’eau et des éléments suivants : carbone, phosphore, azote, soufre et oxygène, qui font partie de tous les cycles. Tous les cycles se croisent et interagissent à des degrés divers.

De plus, la Terre a ses propres cycles dans laquelle la biosphère est entraînée : le cycle du jour et de la nuit car elle tourne sur son axe ; le cycle lunaire d’environ 29,53 jours du fait que la lune prend une orbite autour de la Terre, et que l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre donne le cycle annuel des saisons, dans l’orbite terrestre autour du soleil.

La nature est remplie avec toutes sortes de cycles. Un cycle signifie un renouvellement et une régénération de la Terre au profit des organismes et des écosystèmes dont les rythmes sont liés à ceux de la Terre. La plupart, sinon tous nos problèmes environnementaux proviennent de perturbations dans les cycles naturels, en utilisant des ressources ou générant des déchets plus rapidement que les cycles naturels ne peuvent supporter.

En haut de la liste se trouvent la combustion des combustibles fossiles et la génération du CO2, qui se produisent plus vite que les organismes photosynthétiques ne peuvent absorber, d’où il résulte une augmentation du CO2 dans l’atmosphère et le réchauffement planétaire, ainsi que le changement climatique qui en découle (voir [21] Global Warming Is Happening, SiS 31) *.
* Version en français "Le réchauffement de la Planète est déjà à l’oeuvre" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction de Jacques Hallard ; accessible sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article2241

Pratiquement toutes les activités biologiques se présentent sous forme de cycles : ceux qui fournissent de l’énergie sont directement couplés à ceux qui ont besoin d’énergie ; les fonctions de donneur et de receveur peuvent être inversées lorsque la nécessité s’en fait sentir.

En outre, les activités se déroulent sur ​​toute la plage de l’espace et du temps, de sorte qu’aucune activité essentielle n’est laissée sans énergie à un moment donné. Par exemple, le fait de courir pour échapper à un tigre, contracte une dette d’énergie localement, notamment dans les muscles des jambes, qui est remboursé par la suite, dans l’éventualité d’une évasion réussie. Pour ce faire, il faut de l’intercommunication et une coordination parfaite, ainsi que de la réciprocité ou de l’aide mutuelle entre les différents tissus et organes dans le corps des êtres vivants. .

Ce sont quelques-unes des considérations qui m’ont conduit à mon modèle ’zéro entropie’ des organismes vivants, qui a été généralisé pour les systèmes durables [15] (figure 1), l’entropie consistant en de la chaleur résiduelle ou de l’énergie dissipée.

Figure 1 – L’utilisation d’une ressource en boucle fermée, avec une entropie nulle et renouvelable, correspond à une efficacité maximale et à un minimum de déchets

L’équation SDS = 0 à l’intérieur du cercle signifie que les déchets toxiques ne s’accumulent pas à l’intérieur, du fait qu’une transformation de la matière et de l’énergie est efficace à 100%. L’équation SDS ≥ 0 signifie que les déchets toxiques exportés vers l’extérieur sont également minimisés, proches de zéro dans le résultat final. C’est l’essence même d’être écologique et ‘vert’, car les organismes vivants dépendent de l’environnement pour les ressources entrantes (input), et le fait de minimiser les déchets exportés dans l’environnement permet à l’environnement de se régénérer afin qu’il puisse soutenir, alimenter l’organisme vivant.

Bien sûr, les cycles réels ne sont jamais parfaits, ou bien les organismes ne seront jamais à l’abri du vieillissement et de la mort, mais l’état idéal « zéro-entropie » peut être approché d’aussi près que possible, grâce à la réutilisation judicieuse et à la régénération des ressources. C’est précisément ce que certains sont tentés de faire dans l’industrie manufacturière (voir [22] Closed Loop, Cradle to Cradle, Circular Economy & the New Naturephilia, SiS 49) *.
* Version en français "L’économie circulaire, en circuit fermé, ‘Cradle to Cradle’, et la nouvelle ‘Naturophilie’" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article4696&lang=fr

Les structures fractales avec des cycles couplés et enchevêrès

L’état proche de zéro-entropie dépend du cycle de vie principal de l’organisme vivant ou d’un système durable qui est composé de cycles couplés dans une structure fractale (figure 2).

Figure 2 - Structure fractale des cycles couplés et enchevêtrés qui maximise la diversité, la symbiose, la réciprocité, la coopération et l’équité pour le stockage et l’utilisation efficace des ressources

Une fractale est une structure physique ou dynamique avec des dimensions fractionnaires au lieu de l’habituel schéma d’ordre 1, 2 ou 3 : il peut être divisé en plusieurs parties, dont chacune est une copie en taille réduite de l’ensemble ; cette propriété est appelée auto-similarité.

La structure fractale fait un pont à toutes les échelles d’espace et de temp, ce qui est typique des systèmes et des procédés biologiques. J’ai suggéré qu’il est optimisé pour la capture, le stockage et la mobilisation des ressources de manière efficace et rapide, tout en conférant l’autonomie locale à toutes les échelles (voir [15] et mon nouveau livre [19] Living Rainbow H2O, ISIS/WS publication).

La structure fractale permet également de maximiser la diversité avec de nombreuses entités, des plus petites jusqu’aux plus grandes, sur une échelle donnée. Les forêts anciennes, qui sont arrivées à un stade de maturité, tendent vers cet idéal de distribution « dans toutes les dimensions » [23] (Multiple Uses of Forests, SiS 26),

Ces forêts sont justement les plus productives et les plus diversifiées. Il se pourrait aussi qu’une distribution qui assure la plus grande diversité, soit aussi la plus équitable, et rende l’utilisation et la mobilisation des ressources plus efficaces, mais cette hypothèse doit être soigneusement examinée et testée.

Une autre caractéristique clé (déjà mentionnée) est que les activités nécessitant de l’énergie ou du matériel, sont couplées à celles qui en génèrent, et donneur et accepteur peuvent être inversés lorsque que le besoin s’en fait sentir. En d’autres termes, le système maximise la symbiose, la réciprocité et la coopération. Il est équitable et juste dans un échange réciproque de matières et d’énergie qui maintiennent et assurent la survie de l’ensemble. C’est peut-être la plus grande leçon que l’on peut tirer pour le secteur des échanges commerciaux qui a fonctionné jusqu’à présent sur des critères d’exploitation et de concurrence.

Cela soulève la question sur le moyen de pratiquer les échanges. Dans l’économie humaine, l’argent - la monnaie- est devenu le moyen d’échange pour les biens et les services, en remplacement des critères comme la confiance et la bonne volonté. Les biens et les services ont leurs homologues évidents dans les systèmes vivants, sous la forme de matière et d’énergie. Mais quel est l’équivalent de l’argent dans les systèmes vivants ? Y existe-t-il une chose semblable ou son équivalent ?

L’ATP fonctionnant dans les systèmes vivants par opposition à l’argent dans l’économie humaine

Le moyen d’échange dans le système vivant - l’équivalent de l’argent dans l’économie humaine - est un produit chimique spécial : le triphosphate d’adénosine (ATP), que de nombreux biologistes cellulaires et biochimistes ont assimilé à de l’argent. Il est le transducteur d’énergie universelle dans les organismes vivants, tant et si bien que sa concentration dans les cellules est maintenue constante autant que possible, par une molécule de réserve : la phosphocréatine (CP), qui peut être amenée à s’épuiser, et dont la seule fonction semble être d’assurer un approvisionnement constant de l’ATP. L’ATP a un rôle très particulier dans le maintien de l’état vivant [19].

L’ATP est lui-même synthétisé à partir de l’énergie provenant de la nourriture chez les animaux [ainsi que chez les êtres vivants] ou de la lumière du soleil [chez les organismes chlorophylliens], mais jamais à partir de rien. En d’autres termes, l’ATP est le moyen d’échange ‘des biens et des services’ dans les systèmes vivants : il n’est jamais dissocié des cycles de matières ou d’énergie, et c’est là que se trouve l’analogie avec les bases monétaires, de l’argent, du moins dans le système économique actuel.

Dans notre économie humaine présente, l’argent est créé électroniquement, généré pratiquement à partir de rien, sans limite ni contrôle ; ou pire, il sort des dettes toxiques et/ou des pyramides de dettes accumulées [1]. Il est devenu totalement découplé des biens et des services réels. Comme tel, il est plus à considérer comme une énergie toxique de dégradation ou des déchets toxiques, ou encore comme de l’entropie, qui empoisonnent l’économie, et pire encore, cet argent génère une véritable entropie dans notre écosystème terrestre, lorsqu’il est utilisé pour de la surconsommation et pour l’exploitation des ressources naturelles.

C’est pourquoi nous avons finalement grand besoin de "fermer Wall Street", de faire cesser ce système décrit par ailleurs [1].

La nouvelle économie verte est un véritable mode de vie intégral

Il y a deux aspects concernant la nouvelle économie véritablement écologique. Le premier est d’apprendre de la nature et des organismes vivants sur la façon de structurer l’argent et le système bancaire pour la survie de l’ensemble, et le second aspect est d’encourager et de soutenir les énergies renouvelables, les approches en boucles fermées dans tous les secteurs du commerce et de l’industrie. Les deux aspects sont d’ailleurs étroitement liés.

Dans la structuration de l’argent et du système bancaire, nous avons besoin de toutes les institutions financières qui soutiennent les projets communautaires au niveau local vers une plus grande équité et pour la durabilité. La proposition de NewGroup de remplacer les grandes banques de Wall Street par un système de banques communautaires, de coopératives de crédit et de banques d’État donne beaucoup de sens pour arranger la situation actuelle [1]. Mais surtout, nous devons nous assurer que l’argent n’est jamais dissocié de la valeur des biens et des services réels. Le NewGroup a déjà suggéré que toute création d’argent devrait être liée à l’appui sur des infrastructures (voir [1]).

L’économie verte pourrait aller encore plus loin : la création d’argent serait liée au soutien de projets d’infrastructures verts, [de nature vraiment écologique], comme par exemple le transport public urbain avec des véhicules électriques basés sur le biogaz et/ou le solaire, des corridors verts pour les piétons et les cyclistes ; en seraient exclus par exemple les grands barrages, les centrales brûlant du charbon, et ainsi de suite.

De même, l’économie verte devra jouer un rôle actif dans l’orientation des investissements dans tous les secteurs du commerce et de l’industrie verts, et en commencant par les modes d’agriculture biologiques et agro-écologiques dans le secteur de l’agriculture ([24] Food Futures Now : * Organic * Sustainable * Fossil Fuel Free , ISIS / TWN publication), ainsi que par l’utilisation des énergies renouvelables et durables ([25] Green Energies - 100% Renewable by 2050, ISIS/TWN publication) *,
* Version en français ‘Le pouvoir aux populations : 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050’ ; accessible sur http://www.i-sis.org.uk/PTTP100PCRfr.php?printing=yes

Les autres mesures à appliquer sont les constructions ‘vertes’ et la modernisation des bâtiments existants pour les rendre plus ‘verts’ et économes en énergie [26], l’adoption des systèmes avec des cycles en boucles fermées, des activités manufacturières qualifiées de ‘cradle to cradle’ [du berceau au berceau] et des industries de services [23], la maximisation de la coopération et de la réciprocité entre les sociétés et les entreprises avec une fermeture en boucle pour les ressources (comme l’initiative prise en Chine initiative l’économie circulaire originale), et surtout une organisation nationale de santé publique avec un accent particulier mis sur les soins préventifs de santé.
Les gouvernements ne doivent pas seulement se fixer des objectifs réalistes et stricts avec des feuilles de route vers l’économie véritablement écologique : ils doivent aussi fournir une législation propre à décourager ou à pénaliser la production de déchets, afin d’inciter à une utilisation efficace des ressources en boucles fermées, et d’encourager les projets communautaires surtout orientés vers l’éradication de la pauvreté et l’accroissement de l’équité et de la durabilité.

Mais surtout, les gouvernements doivent supprimer les subventions qui faussent l’utilisation non durable des ressources. Les subventions sur les combustibles fossiles, par exemple les allègements fiscaux pour les voitures, qui ont à eux seul un coût de 50 milliards d’euros par an en Europe [11].

Pour conclure

Contrairement à ce que de nombreux économistes supposent, une économie qui soutient véritablement les moyens de subsistance n’est pas seulement une question de circulation de l’argent ; il s’agit de considérer la façon dont les gens transforment et échangent les matériaux et l’énergie : l’économie est donc étroitement alignée avec la notion de thermodynamique.

L’argent est le moyen pour l’échange de biens et des services réels, et non la finalité de l’économie. Il ne doit jamais être dissocié de la valeur de ces biens et de ces services réels. Les grandes catastrophes, comme la crise financière actuelle, se produisent parce que l’argent a été créé sans contrôle et, finalement, parce que les gens se trompent en prenant les moyens pour la finalité.

La thermodynamique de l’état vivant [15] - la science de la transformation de l’énergie et de la matière chez les organismes vivants et dans les systèmes durables - apporte un soutien suffisant aux caractéristiques suivantes pour une économie véritablement écologique.

L’économie verte est renouvelable par nature, avec un modèle d’utilisation des ressources qui est basé sur des cycles fonctionnant en boucles, qui inclut en particulier les secteurs de l’agriculture, de l’énergie, de la construction, des industries de fabrication et des services, ainsi que le système monétaire et les finances. C’est un mode de vie complet et intégral.

Comme cela se passe dans la nature, l’économie véritablement écologique maximise la diversité, la réciprocité, la symbiose, la coopération et l’équité ; par contre, l’avidité, la cupidité et les injustices ne sont pas viables.

Une véritable économie verte est intégrée dans l’économie de la nature. Elle considère la nature comme la source ultime de « capital naturel » (c’est l’ Ecology of Commerce selon Paul Hawken [26]) ; c’est ce « capital naturel » qui doit être régénéré et en effet, augmenté, afin d’alimenter tous les secteurs de l’économie humaine.

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Définitions et compléments

Vivre de façon vraiment écologique et avec des cycles en boucles fermées

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
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