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"La franc-maçonnerie fut réprimée et interdite dans beaucoup de pays européens durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), entre résistance et collaboration avec Pétain - Solidarité avec l’Ukraine – Russie Turquie Afrique…" par Jacques Hallard

lundi 20 mai 2024, par Hallard Jacques


ISIAS Histoire Europe Franc-maçonnerie

La franc-maçonnerie fut réprimée et interdite dans beaucoup de pays européens durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), entre résistance et collaboration avec Pétain - Solidarité avec l’Ukraine – Russie Turquie Afrique…

Le dessin de Chaunu du samedi 18 mai 2024.

Le dessin de Chaunu du samedi 18 mai 2024 - Ouest-France - Emmanuel CHAUNU. Publié le 18/05/2024 à 06h00 - Chaunu Rouen Actualité en continuIn Le dessin de Chaunu : la synagogue attaquée à Rouen - Le dessinateur et caricaturiste Chaunu croque au quotidien l’actualité française et internationale pour « Ouest-France ». Aujourd’hui, l’attaque de la synagogue de Rouen (Seine-Maritime), vendredi 17 mai 2024. Source : https://www.ouest-france.fr/medias/ouest-france/chaunu/le-dessin-de-chaunu-la-synagogue-attaquee-a-rouen-65b1e12e-1483-11ef-a482-9d66515b057a

Série ‘L’esprit de résistance’

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 19/05/2024

Présentation de la série L’esprit de résistance’

Partie 1 - ’La militante suédoise pour le climat Greta Thunberg interpellée le 6 avril 2024 à La Haye, lors d’une manifestation contre les subventions aux énergies fossiles avec le mouvement écologiste radical ‘Extinction Rebellion’ - Dérèglements’ par Jacques Hallard - 19 avril 2024 - ISIAS L’esprit de résistance Climat Greta Thunberg

Partie 2 - ’La Résistance intérieure française (1940-1944) au ‘régime de Vichy’ : Robert Birenbaum (jeune parisien résistant communiste) et commémorations des 80 ans de la Libération (maquis des Glières et du Vercors, enfants d’Izieu)’ par Jacques Hallard - 22 avril 2024 - ISIAS L’esprit de résistance Histoire Guerre 39-45

Partie 3 - ’De la résistance juive lors du génocide par les nazis à celle actuelle contre le gouvernement Netanyahou en Israël. La résistance palestinienne s’adaptant à l’occupation israélienne avec une écologie de la subsistance’ par Jacques Hallard - 25 avril 2024 - ISIAS L’esprit de résistance Israël Palestine

Partie 4 – ’L’esprit de résistance Camp des Milles : lieu de migrations, d’internement, de mémoire : opposants au nazisme, allemands communistes, juifs expulsés puis déportés, indésirables pour raisons raciales, anciens des Brigades internationales d’Espagne’ par Jacques Hallard - 6 mai2024 - ISIAS L’esprit de résistance Camp des Milles

Partie 5 - La franc-maçonnerie réprimée et interdite dans beaucoup de pays européens durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), entre résistance et collaboration avec Pétain - Solidarité avec l’Ukraine – Russie Turquie…

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur


JH2024-05-18T22:23:00J

Préambule - Quelques précisions

Durant la Seconde Guerre mondiale la franc-maçonnerie fut réprimée et interdite, non seulement en France, mais aussi dans la majorité des pays européens : la propagande antimaçonnique se fit jour dès l’avènement des premiers régimes totalitaires au début des années 1930, principalement en Allemagne, qui connut pourtant aussi un certain nombre de résistants !

Franc-maçonnerie - Le terme franc-maçonnerie N 1 désigne un ensemble d’espaces de sociabilité sélectifs qui recrutent leurs membres par cooptation N 2 et pratiquent des rites initiatiques se référant à un secret maçonnique et à l’art de bâtir. Formée de phénomènes historiques et sociaux très divers, elle semble apparaître en 1598 en Écosse (Statuts Schaw), puis en Angleterre à la fin du XVIIe siècle où elle est contemporaine de l’essor des sociétés amicales1. Elle se décrit, suivant les époques, les pays et les formes, comme une « association essentiellement philosophique et philanthropique », comme un « système de morale illustré par des symboles » ou comme un « ordre initiatique ». Organisée en obédiences depuis 1717 à Londres, la franc-maçonnerie dite « spéculative » — c’est-à-dire philosophique — fait référence aux Anciens devoirs de la « maçonnerie » dite « opérative » anglaise formée par les corporations de bâtisseurs. Elle puise ses sources dans un ensemble de textes fondateurs rédigés entre les XIVe et XVIIIe siècles. Elle prodigue un enseignement progressif à l’aide de symboles et de rituels. Elle encourage ses membres à œuvrer pour le progrès de l’humanité, tout en laissant à chacun le soin d’interpréter ses textes. Sa vocation se veut universelle N 3, bien que ses pratiques et ses modes d’organisation soient extrêmement variables selon les pays et les époques N 4. Elle s’est structurée au fil des siècles autour d’un grand nombre de rites et de traditions, ce qui a entraîné la création d’une multitude d’obédiences, qui ne se reconnaissent pas toutes entre elles. Elle a toujours fait l’objet de nombreuses critiques et dénonciations, aux motifs très variables selon les époques et les pays. Une discipline d’étude et de réflexion porte sur la franc-maçonnerie : la maçonnologie… » Voir > https://fr.wikipedia.org/wiki/Franc-ma%C3%A7onnerie

Antimaçonnisme - Lantimaçonnisme (ou antimaçonnerie) désigne la critique, l’opposition et l’hostilité manifestées à l’encontre de la franc-maçonnerie et de ses membres. Souvent liées à l’Église catholique, qui condamna à plusieurs reprises la franc-maçonnerie en tant que telle depuis la bulle pontificale In eminenti apostolatus specula en 1738, les condamnations au sujet de la société initiatique se sont exprimées sous des natures et formes diverses. L’acceptation globale de l’idéologie démontre que la distribution des préjugés fut variable au sein des classes sociales et selon les appartenances religieuses. En tant que phénomène sociétal, l’antimaçonnisme constitue une réalité historique et sociale qui puise sa source dans plusieurs strates de l’histoire. La chronologie du phénomène rapporte un ensemble de faits concentrés géographiquement en Occident. Les politiques et publications antimaçonniques décrivent généralement des intentions et des actions de conspiration liées à un secret, telles les théories du complot maçonnique. Les hostilités furent nourries de tout temps par de multiples interprétations spéculatives telles que l’immixtion dans le pouvoir politique et judiciaire, les hauts grades, l’influence déterminante et l’insertion de symboles dans la vie civile qui en résultent. Dans une optique plus rationnelle, l’antimaçonnisme découle d’une opposition aux idées progressistes et libérales issues du siècle des Lumières, époque où certains philosophes de renom ont adhéré à l’école de pensée. À la suite notamment des ouvrages de l’abbé Barruel, qui défend la thèse que la Révolution française résulterait d’un complot maçonnique, l’antimaçonnisme devient progressivement une doctrine qui se développe dans les milieux catholiques ultramontains et chez les penseurs de la contre-révolution. Au XXe siècle, si la franc-maçonnerie est jugée « contre-révolutionnaire » par l’Internationale communiste qui l’interdit à ses partisans, la défiance à son encontre est reprise par l’extrême droite qui l’associe au discours antisémite par une dénonciation de « complot judéo-maçonnique », soupçonnant l’existence d’un faisceau d’intérêts communs. Les régimes dictatoriaux en général de par le monde et la Seconde Guerre mondiale furent les théâtres des persécutions les plus sévères à l’égard de la franc-maçonnerie… - A lire en totalité sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antima%C3%A7onnisme

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Introduction

Ce dossier est la Partie 5 de la Série ‘L’esprit de résistance’ : il est conçu pour un usage didactique et il est consacré aux formes de résistance de la Franc-maçonnerie (mais qui fut aussi quelques rares fois dans la collaboration) durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)

Quelques documents ont été choisis pour illustrer ces évènements douloureux, non seulement en France sous le Maréchal Pétain, mais aussi à travers quelques pays d’Europe, touchant notamment en grand nombre aussi des personnages juifs en Allemagne, Espagne, Roumanie, Norvège, Pays-Bas, Belgique et Yougoslavie…

De temps en temps des loges maçonniques extériorisent dans le public leur mode d’organisation, leurs méthodes de travail et leurs motivations philosophiques et philanthropiques. Ce fut par exemple le cas en Bretagne avec cette annonce : « Franc-maçonnerie : mixité, le culte du secret, les tenues… on casse les idées reçues », publiée par ‘Ouest France ‘ le 12/05/2024 à 19h02

Et en mars 2022 en France, en « Solidarité avec L’Ukraine … la Franc-maçonnerie romp(it) le silence » … - D’autres sources à consulter aussi…

Cette situation suggère de prolonger quelques recherches documentaires d’histoire contemporaines sur deux puissances influentes au niveau mondial  : la Russie (sous divers régimes politiques successifs) et la Turquie (état laïque à majorité musulmane) ; pays dans lesquels la franc-maçonnerie a connu, jusqu’à aujourd’hui, des soubresauts et réarrangements de structures et de dénominations, en parallèle avec les changements des pouvoirs politiques…

Récemment, avec les bouleversements politiques et les changements d’alliances dans des états de l’Afrique subsaharienne, certains observateurs et journalistes se sont demandé « pourquoi des grands maîtres africains de la franc-maçonnerie se sont-ils rendus à Istanbul en Turquie ? », alors que les évènements dans ces pays – où beaucoup de chefs d’état, de politiciens et de hauts fonctionnaires sont connus pour avoir été initiés en Franc-maçonnerie -, plaçant, selon ‘Jeune Afrique’, « les francs-maçons africains au pied du mur » …

Rappel : ’C’est au pied du mur qu’on voit le maçon’ - Locution-phrase (France) : on ne peut juger de la compétence de quelqu’un qu’en le voyant travailler.

Ce dossier se termine avec un enregistrement de ‘France Culture sur une « Une histoire croisée de l’Empire ottoman », révisant l’historiographie ottomane et l’histoire de l’Islam dans les territoires du Proche-Orient …

Pour mémoire, « Le mot « islam » avec une minuscule désigne la religion dont le prophète est Mahomet. Le terme d’ « Islam  » avec une majuscule désigne la civilisation islamique dans son ensemble, « un ensemble de traits matériels, culturels et sociaux durables et identifiables ».

L’islam est une religion abrahamique s’appuyant sur le dogme du monothéisme absolu et prenant sa source dans le Coran, considéré comme le réceptacle de la parole de Dieu révélée, au VIIᵉ siècle en Arabie, à Mahomet, proclamé par les adhérents de l’islam comme étant le dernier prophète de Dieu… - Wikipédia

Dernière minute : Appel à manifestation du collectif aixois pour la paix et la justice au Proche-Orient – CESSEZ-LE-FEU ! - Les massacres de la population de Gaza par l’armée israélienne se poursuivent avec une violence inouïe. Plus de 35000 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués. Après avoir déplacé la population du nord de Gaza vers le sud, l’armée israélienne a lancé un assaut sur la région de Rafah où s’étaient réfugiés les habitants, a pris le contrôle du passage frontalier avec l’Egypte et a fermé les deux principaux points d’accès à l’aide humanitaire, au risque de l’aggravation de la famine et de la catastrophe annoncée par les ONG. Est ainsi mis en place un risque avéré de génocide. Le gouvernement d’Israël persiste à violer toutes les règles du droit international, méprise les résolutions de l’ONU et l’ordonnance de la Cour internationale de Justice du 24 janvier 2024 lui enjoignant d’empêcher le génocide ; il poursuit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est une politique coloniale inhumaine et y instaure -à force de discriminations, d’assassinats, de répressions et d’arrestations arbitraires- une situation d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien. Il faut mettre fin à cette situation ; le Conseil de sécurité de l’ONU vient d’appeler à un cessez-le-feu ; la communauté internationale doit maintenant imposer une solution assurant une paix juste et durable basée sur le droit effectif, pour les deux peuples, de vivre chacun dans un Etat reconnu et viable. La responsabilité première en revient aux Etats-Unis, qui n’ont cessé d’aider, de soutenir et d’armer Israël. L’Union européenne doit aussi agir et dénoncer en particulier son accord d’association avec Israël. La France doit cesser toute coopération militaire et sécuritaire et exiger de l’Union européenne l’interdiction de livraison d’armes vers l’État d’Israël. Elle doit reconnaître l’Etat de Palestine comme 142 Etats dans le monde l’ont fait. Et comme le gouvernement d’extrême-droite de B. Netanyahou ne se plie à aucune injonction, des sanctions fortes doivent être mises en place par l’ONU, par l’UE, par la France. Nous citoyens, avons la responsabilité de faire pression sur nos gouvernants pour que notre pays porte l’exigence du respect des droits des peuples à vivre dans la paix et la dignité. C’est pourquoi nous appelons les aixoises et les aixois à une Manifestation : Mardi 21 mai à 17 heures 30, Place de la Rotonde à Aix-en-Provence pour dire : Arrêtez les massacres ! - Cessez-le-feu immédiat et permanent - Levée du blocus - Libération des otages israéliens - Libération des prisonniers palestiniens détenus arbitrairement - Arrêt des livraisons d’armes à Israël par la France - Reconnaissance de l’Etat palestinien par la France - A l’appel du Collectif aixois Paix et Justice au Proche-Orient : Aix Solidarité, Amnesty, ATMF, ATTAC, BDS Provence, Comité Etudiant- Palestine, CFDT, Droits et Accès aux Droits, Ensemble ! Europe Ecologie Les Verts, Gauche écosocialiste, Génération·s, La France insoumise, La Cimade, La Libre Pensée, LDH, Parti communiste français, Partit occitan, Résister Aujourd’hui, Syndicat des avocats de France… - 19 mai 2024 à 11:36 - De : Résister Aujourd’hui resister@resisteraujourdhui.com

Les documents sélectionnés pour ce dossier sont mentionnés avec leurs accès dans le sommaire ci-après

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Sommaire

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  • Documentaire - ’Pétain et les francs-maçons’ - Diffusion TV Actualités archivées 27/09/2022

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Mercredi 28 septembre 2022 à 22h10 sur HISTOIRE TV

À l’occasion du cycle ’Le mystère franc-maçon’ HISTOIRE TV diffuse, ce mercredi 28 septembre, ’Pétain et les francs-maçons’. Un documentaire historique réalisé par Jean Barat et co-écrit avec l’historien Laurent Joly, spécialiste de Vichy. Fondé sur des documents inédits d’archives, ’Pétain et les francs-maçons’ met en lumière un pan peu connu du régime pétainiste, sa lutte contre les francs-maçons. Coproduit par l’ECPAD et HISTOIRE TV, ce documentaire a reçu le soutien financier du ministère des Armées, dans le cadre de sa politique de soutien à l’audiovisuel.

Le réalisateur, Jean Barat, nous propose une approche nouvelle de la Collaboration.

Sujet de nombreux fantasmes, la franc-maçonnerie subit de plein fouet, dès le début de l’Occupation, la politique répressive du maréchal Pétain. Ce documentaire de 52 min retrace et décrypte les parcours des principaux acteurs de l’antimaçonnisme d’État tout en évoquant ceux de francs-maçons engagés dans la Résistance.

Pour réaliser ce documentaire, Jean Barat s’est servi de documents d’archives inédits, provenant notamment du musée de la Franc-maçonnerie du Grand Orient et de l’ECPAD. Cette collaboration, entre le réalisateur et l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), a permis d’illustrer, avec des archives d’images nouvelles, cette répression instituée par le régime de Vichy.

Pour plus d’informations, lisez cette interview de Jean Barat accordée à l’ECPAD. Le réalisateur revient sur son travail, sur sa collaboration avec l’ECPAD et l’apport de ces archives d’images dans l’élaboration de son documentaire. https://www.ecpad.fr/actualites/trois-questions-a-jean-barat-realisateur-de-petain-et-les-francs-macons/

La Direction de la mémoire, de la culture et des archives, au sein du Secrétariat général pour l’administration du ministère des Armées met en place des actions de soutien financier aux productions audiovisuelles (documentaires historiques). Elles traitent essentiellement de l’histoire militaire de la France et de la mémoire des conflits du XXe siècle et permettent de valoriser le patrimoine du ministère ou participent au renforcement du lien armée-nation. Pendant ces trois dernières années, plus de cent productions audiovisuelles ont été soutenues.

Source : https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?laref=2834&titre=diffusion-tv-petain-et-les-francs-macons-

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  • La Franc-maçonnerie durant la Seconde Guerre mondiale selon Wikipédia
    La franc-maçonnerie durant la Seconde Guerre mondiale est réprimée et interdite dans la majorité des pays européens. Elle fait l’objet d’une propagande anti-maçonnique dès l’avènement des premiers régimes totalitaires au début des années 1930. Elle subit des lois d’exception qui l’assimilent au complot juif et fait l’objet de persécutions au cours de la Seconde Guerre mondiale dans tous les pays européens qui subissent l’occupation nazie. À l’issue de la guerre, la franc-maçonnerie européenne quasiment anéantie met de nombreuses années à se reconstituer, à raviver le travail de ses loges maçonniques et à renouveler ses effectifs.

Durant cette période, de nombreux francs-maçons en France et en Europe entrent dans la clandestinité et mettent en œuvre ou rejoignent des réseaux de résistance. D’autres plus minoritaires et souvent par antisémitisme ou idéologie politique choisissent, en reniant leur serment maçonnique, la voie de la collaboration. La simple appartenance étant motif de persécutions ou d’interdictions, de nombreux francs-maçons, résistants ou non, périssent durant cette période.

Historique

Contrairement à sa traversée du premier conflit mondial où les obédiences s’engagent dans le soutien à leur nation respective, la franc-maçonnerie voit dans la première moitié du XXe siècle l’établissement en Europe de régimes autoritaires à des degrés divers et également d’États totalitaires qui l’amènent à sa quasi-disparition du continent européen. Ces totalitarismes finissent par réduire ou supprimer toutes libertés publiques par élimination de tous les systèmes de représentation citoyenne, la franc-maçonnerie faisant partie des premières victimes. Les dictatures, fascistes, nazies et communistes vont systématiquement éradiquer loges et obédiences maçonniques dans des mouvements répressifs de grandes ampleurs. Le régime franquiste au travers d’un cléricalisme consanguin au régime atteint des sommets dans la répression, en faisant de la franc-maçonnerie une cible privilégiéeM 1. Ainsi, de manière plus ou moins radicale, la franc-maçonnerie disparaît progressivement de l’Europe autoritaire à partir de 1919 avec la Russie des Soviets, en Allemagne avec son interdiction totale en 19341, jusqu’en 1939 avec l’avancée franquisteM 2. Les invasions nazies qui commencent la Seconde Guerre mondiale ont pour conséquence finale de conduire à la destruction quasi-totale de la franc-maçonnerie européenne, les rares pays ayant échappé aux dérives autoritaires de leur régime, se retrouvant sous occupation nazie ou après leur défaite militaire sous la direction de régime collaborationniste qui œuvrent à son éradication. À la suite de ces périodes d’anti-maçonnisme et de persécution, la tradition maçonnique, qui dans certains pays européens remonte au XVIIIe siècle, disparaît complétementM 1.

Allemagne

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Prisonnier 83-93516-0010, Carl von Ossietzky

À l’arrivée d’Hitler au pouvoir en janvier 1930, l’antimaçonnisme et l’antisémitisme sont déjà largement installés dans la société allemande par les milieux conservateurs et les nazis qui dénoncent de concert un« outil aux mains des juifs »2. L’incompatibilité entre l’appartenance à la franc-maçonnerie et au parti nazi est déclarée dès 1931 par Rudolf Hess. Pour répondre à cette montée de l’antimaçonnisme, les dirigeants des principales obédiences allemandes du courant dit « Prussien » donnent des gages au régime nazi en définissant leurs ordres comme des ordres chrétiens et en modifiant leur rituel pour introduire des références plus conformes à l’idéologie hitlérienne2.

Les trois grandes loges allemandes, la Grande Loge de Hambourg, la Grande Loge des trois globes et la Grande Loge nationale des francs-maçons d’Allemagne opèrent une mue vers des ordres germano-chrétiens à connotation templière et assurent télégraphiquement Hitler de leur loyalisme. Après avoir rompu leurs relations avec les grandes loges étrangères, elles expulsent de leurs rangs, les francs-maçons d’ascendance juive ou ayant soutenu la république de Weimar3.

Malgré cette allégeance d’une partie de ses obédiences, la franc-maçonnerie allemande ne passe pas au travers des destructions que subira la franc-maçonnerie européenne quelques années plus tard. Dès février 1933, les premières violences envers ses membres commencent, ses biens sont spoliés, les arrestations et les déportations sont nombreuses.

Toutes les grandes loges allemandes mettent fin à leurs activités. Une ordonnance signée par Hermann Göring en 1934 ordonne la dissolution de toutes les loges. Malgré des protestations auprès d’Hitler qui restent vaines, les grandes loges prussiennes tiennent leur dernière assemblée le 9 aout 1935. La documentation connue en 2018, dénombre 1265 francs-maçons morts à la suite de la répression mise en œuvre par le régime, la plupart étant juifs ou sympathisants de la république de Weimar.

Carl von Ossietzky, écrivain pacifiste et prix Nobel en 1935, est au nombre des victimes3.

La franc-maçonnerie allemande est la première à disparaitre d’Europe, bien avant le début des hostilités. Elle survit toutefois de manière éparse au travers de quelques loges ouvertes en Palestine ou en Amérique du Sud par le courant dit « Humanitaire » proche des obédiences libérales françaises, qui regroupe huit obédiences et environ 18 000 membres. Ces dernières font le choix de l’autodissolution sur le sol allemand dès l’accession d’Hitler au pouvoir et en attendant une meilleure époque4.

Espagne

La haine tenace que voue le dictateur espagnol Francisco Franco s’affirme jusque dans les derniers discours avant sa mort. Le régime franquiste fait preuve depuis son avènement et sans jamais y renoncer d’un véritable acharnement antimaçonnique M 3, qui s’inscrit dans l’esprit national-catholique et antirévolutionnaire qui caractérise le fondement de la dictature franquiste M 4.

Dès la victoire franquiste, se créent en 1937 et 1938 des officines et délégations chargées de recenser tous les documents maçonniques du pays, plus de cinq millions sont rassemblés. Le 21 décembre 1938, un décret ordonne la destruction de tous les signes maçonniques spécialement dans les cimetières. Ce décret est suivi par la demande d’une loi faite par Franco, qui vise à réprimer rétrospectivement les francs-maçons. Si celle-ci n’est pas adoptée immédiatement, la répression est couronnée par une loi générale qui vise à réprimer la franc-maçonnerie, le communisme et toutes les sociétés dites clandestines qui « expriment des idées subversives contre la religion et les institutions de l’État ».

Pour appliquer cette loi, un tribunal spécial est institué en juin 1940M 5. Ce tribunal se met à l’œuvre en 1941 et prononce exil, relégation, bannissement de la fonction publique, condamnant par contumace les exilés politiques, allant jusqu’à juger et condamner post-mortem. À l’aide des documents saisis, le tribunal constitue plus de 80 000 dossiers, pour 5 000 membres actifs que la franc-maçonnerie espagnole compte en 1930. Dans sa répression totale, le tribunal assigne tous les maçons vivants ou morts depuis la fin du XIXe siècle, actifs, radiés ou démissionnaires tous sont fichés et condamnésM 6. Ce tribunal reste en vigueur jusqu’en 1963, puis abrogé quand Franco constate qu’il n’y a plus de francs-maçons vivants ou morts à juger en EspagneM 7.

Roumanie

La franc-maçonnerie en Roumanie est considérée avant-guerre par l’alliance église orthodoxe et nation roumaine, comme une altérité sectaire, accusé d’attenter au sentiment national et à l’idée chrétienne. Le 11 mars 1937, un synode de l’église orthodoxe fulmine avec véhémence contre « la secte ». L’Église la condamne comme une doctrine et une organisation occulte qui vise à l’établissement d’une république universelle et laïque M 8.

Le roi Carol qui abolit tout système de représentation politique démocratique en 1938 nomme à la tête du gouvernement le patriarche orthodoxe de Roumanie devenu anti-maçon bien que membre pendant un temps de la Grande Loge nationale de Roumanie (GLNR)M 9.

La situation des juifs, des francs-maçons et des tsiganes s’aggrave sous le gouvernement du Ion Antonescu. L’immeuble de la GLNR est attribué à un tribunal civil. Une exposition antimaçonnique est présentée à Bucarest par Tom Petrescu, qui publie un ouvrage sur la « conspiration maçonnique » réédité plusieurs fois jusqu’en 1944, 1 500 maçons sont dénoncés dans ses pages. Certains sont condamnés et internés, d’autres sont exécutés sommairement M 10.

Norvège

En avril 1940, les armées du Troisième Reich envahissent le Danemark et la Norvège. Après plusieurs semaines de combat, elles occupent la totalité de ces pays. Le commissaire du Reich en Norvège Josef Terboven met en place un gouvernement dirigé par le conservateur Ingomf Christensen. En 1942, Vidkun Quisling dirigeant du parti d’extrême droite Nasjonal Samling reprend le pouvoir et mène immédiatement une politique de collaboration active M 11.

La franc-maçonnerie norvégienne en 1940 est principalement représentée par l’Ordre norvégien des francs-maçons , composé de 10 000 membres environ et d’un millier de membres de la petite obédience d’origine allemande, la Grande Loge de l’Étoile polaire. Dès le début de l’occupation, les loges sont interdites, les biens de l’ordre sont inventoriésn 1 et le grand temple maçonnique d’Oslo réquisitionné pour abriter en 1940 une exposition antimaçonnique. Le retour de la démocratie en 1945 permet le rétablissement de l’ordre norvégien qui porte à sa tête Jacob Hvinden Haug, général prisonnier de l’armée allemande de 1940 à 1945M 12.

Pays Bas

En mai 1940, les Pays-Bas sont envahis en quelques jours. Arthur Seyss-Inquart et Anton Mussert chef du mouvement nationaliste collaborent avec l’occupant dans un projet de nazification de la société. Perquisitions et saisies de locaux maçonniques commencent dès le mois de juin. En septembre 1940, le temple et le musée de la principale obédience néerlandaise à La Haye sont perquisitionnés, le Grand Orient des Pays-Bas est spolié de ses biens et archives qui sont détruits ou transférés en Allemagne. L’obédience compte à cette époque 4 100 membres et 67 loges.

Le dernier acte de l’obédience est la publication d’un vadé mécum de survie à destination de ces membres. Le grand-maître, l’ancien général Hermanus van Tongeren, qui ne s’est pas exilé à Londres lors de l’invasion est arrêté et déporté au camp de Oranienburg Sachsenhausen n 2,M 13. Il meurt dans ce camp le 29 mars 1941. La franc-maçonnerie néerlandaise continue toutefois d’exister dans les territoires néerlandais d’outre-mer, Antilles, Guyane, Afrique du Sud et Indes Orientales. L’invasion de l’île de Java par l’armée japonaise va toutefois mettre fin à cette présence dans une partie de ces territoires et provoquer l’internement de la majorité des francs-maçons ainsi que la confiscation de leurs biensM 14.

Belgique

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Jules Hiernaux

La Belgique subit le même sort en mai 1940 et chute en deux semaines. Le royaume est placé sous administration militaire commandée par le général Alexander von Falkenhausen. La Belgique qui a subi comme de nombreux pays européens, les assauts d’un antimaçonnisme virulent des milieux extrémistes politique et religieux durant les années 1930, voit l’occupant et la collaboration achever le rêve d’éradication de l’ultra-droite belge de la « secte judéo-maçonnique » M 15.

Les services spécialisés allemands réquisitionnent et confisquent le patrimoine immobilier et culturel des obédiences. Le mouvement Rex prend possession du temple de la rue de Laeken, une autre agence collaboratrice occupe celui de la rue de Persil. Les collaborateurs les plus virulents créent le 30 avril 1940, une nouvelle association antimaçonnique, la Ligue antimaçonnique belge dédié à la destruction de « la secte ». Elle organise une exposition antimaçonnique à Bruxelles qui reçoit 30 000 visiteurs, elle est ensuite déplacée dans plusieurs villes du royaume. Elle organise également des émissions de propagande à la radio, des conférences de dénonciation, divulgue les listes de noms de franc-maçon, publie des journaux sous contrôle de l’occupant. Le 20 aout 1941, le gouverneur militaire général interdit officiellement la franc-maçonnerie, les derniers biens sont confisqués, les archives transférées en AllemagneM 16.

Dès lors, dénonciations, arrestations et condamnations sont facilitées par les mouvements collaborationnistes de Léon Degrelle et Staf de Clercq principalement. Plusieurs assassinats sont perpétrés, tels celui de Georges Pètre grand commandeur du Suprême conseil de Belgique le 31 mai 1942, l’avocat Raoul Engel ancien grand-maître du Grand Orient de Belgique (GOB) tué le 24 février 1943 ou encore Jules Hiernaux, ancien ministre et ancien grand-maître également du GOB, assassiné le 29 juillet 1944. Comme dans toute l’Europe, les francs-maçons de confession juive sont déportés M 17.

Yougoslavie

Envahie en avril 1941, la Yougoslavie est démembrée. La Slovénie est annexée à l’Allemagne et les maçons subissent immédiatement la politique du Reich. Un État croate est créé et confié au Parti oustachi d’Ante Pavelic. Les premières arrestations sont rapides, l’État oustachi interne une quarantaine de francs-maçons dans le camp de Jasenovac. À la suite de diverses interventions, quelques-uns sont libérés en avril 1942, mais plusieurs d’entre eux sont abattus, comme le comte Josip Bombelles ou le juriste Manko Galjardi. Quelques autres meurent aussi des suites de leur internement. Tous les francs-maçons de confession juive sont exécutés, comme le physicien Slavko Hirsch (en) ou Ignjat Lang président de la communauté juive de VinkovciM 18.

En Serbie, les Allemands trouvent en la personne de Milan Nedić, le collaborateur utile à servir leurs intérêts militaires et politiques. Pour sa part, le mouvement ultra-nationaliste ZBOR dirigé par Dimitrije Ljotić met en œuvre avec l’aide des occupants, le corps de volontaires serbes, supplétif utilisé dans la lutte anti-communiste. Dans ce contexte, une grande exposition antimaçonnique commence le 22 octobre 1941 à Belgrade, dont le but est de démasquer les francs-maçons juifs et le complot judéo-communiste, responsable de tous les maux de la société serbe. 60 000 affiches et 200 000 dépliants vont attirer 80 000 visiteurs à cette exposition qui dure pendant trois mois. Une série de timbres antimaçonniques, antisémites et anticommunistes sont édités entre 1941 et 1942. Interdite depuis 1940, la franc-maçonnerie yougoslave sort exsangue de la guerre M 19.

L’histoire du pays et l’avènement d’une constitution de type soviétique promulguée en 1946, sous la présidence de Tito n’offre aucun répit jusqu’à sa mort en 1980 à la franc-maçonnerie. Celle-ci est considérée comme une structure bourgeoise, elle cesse d’exister dans ce pays pendant près de cinquante ans M 20

France

Dès que la guerre éclate, les francs-maçons et principalement le Grand Orient de France sont accusés par la presse antimaçonnique d’être responsable de cette déclaration d’hostilité et plus généralement de bellicismeC 1. La défaite des armées françaises ne permet pas au gouvernement de Paul Reynaud d’imposer la continuité de la guerre, la chambre des représentants issue du Front populaire vote alors les pleins pouvoirs au maréchal PétainC 2. Ce dernier hait la franc-maçonnerie qu’il considère comme « principale responsable des malheurs actuels de la France »C 3.

Dès la constitution du gouvernement Pétain, une loi est préparée pour l’interdiction des sociétés secrètes qui vise principalement les francs-maçons, elle est proposée au chef du régime de Vichy, le 13 aout 1940 par Raphaël Alibert, monarchiste catholique, antisémite et ministre de la Justice et Adrien Marquet, maire socialiste collaborateur, ministre de l’IntérieurC 4.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/cd/Forces_occultes.jpg/220px-Forces_occultes.jpg

Affiche de Forces occultes (1943), film antimaçonnique réalisé par Jean Mamy.

Sans jamais la nommer, la loi du 13 août 1940 interdit les sociétés secrètes, et réquisitionne les biens leur appartenant5. Elle pénalise leur reconstitution ou maintien, fait obligation aux fonctionnaires de renoncer par écrit à leur engagement ou de ne jamais faire partie de ce type de société sous peine d’être démis de leur fonction C 5.

En décembre 1940, le ministère de l’Intérieur lance des enquêtes sur les sociétés secrètes tombant sous le coup de la loi et dresse la liste de ces sociétés, qui se limitent aux obédiences maçonniques et à la société théosophique. Trois décrets interdisent toutes les obédiences, le premier touche directement le Grand Orient de France et la Grande Loge de France, le second et le troisième interdisent et dissolvent toutes les autres obédiences ainsi que tous les ordres maçonniques ou para-maçonniques mineursC 6.

Le but des nazis et des vichystes est la destruction totale de la franc-maçonnerie et cela passe pour eux par la spoliation de l’ensemble des biens appartenant aux obédiences et aux loges. Biens et archives sont mis sous séquestre par l’administration des domainesC 7. En août et novembre 1941, de nouvelles lois et dispositions sont mises en œuvre pour durcir la législation anti-maçonnique. Une définition pour qualifier les dignitaires des ordres maçonniques est élaborée pour permettre la publication d’une liste de 18 000 noms. 3 000 fonctionnaires de l’enseignement public sont révoquésM 21.

En 1942, l’État français et le département nazi de la propagande en France (Propaganda-Abteilung Frankreich) confient un projet de film à Robert Muzard, directeur de Nova-films. La réalisation revient à Paul Riche alias Jean Mamy ancien franc-maçon du Grand Orient de France qui choisit la collaboration. Le scénario est écrit par Jean Marquès-Rivière, également franc-maçon de la Grande Loge de France, qui se tourne vers le fascisme et l’antisémitisme. Le film Forces occultes qui dénonce la « franc-maçonnerie enjuivée » dont l’action occulte est de comploter contre l’État, l’Église et de servir la « ploutocratie républicaine » sort le 9 mars 1943 sur les écrans parisiens M 22.

Source de l’article complet avec Notes et références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Franc-ma%C3%A7onnerie_durant_la_Seconde_Guerre_mondiale

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6:55 -Emmanuel Pierrat - Les francs-maçons sous l’Occupation ... -YouTube· librairie mollat -2 mai 2016

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43:26 -Au cœur de l’histoire : Les francs-maçons sous l’Occupation ... -YouTube· Europe 1 -19 mars 2022

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2:29- Pétain et les francs-maçonsYouTube· ecpad -14 sept. 2022 -

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  • Scénario et album – « Les Sept Frères : 1943, trahison chez les francs-maçons résistants » - Didier Convard & Jean-Christophe Camus (scénario). Hervé Boivin (dessin). Delcourt. 56 pages. 14 ,95 € - Par Stéphane Dubreil

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Qui est le traître ? Qui a livré à la Gestapo en 1943 à Paris les résistants du réseau franc-maçon de ‘La Rose silencieuse’ ? En 1951, les survivants reçoivent une lettre qui les convie à des retrouvailles. Quel frère a pu accepter de renoncer à ses vœux de solidarité pour ses compagnons de loge en les dénonçant ? C’est Didier Convard, spécialiste – et pour cause * – de la franc-maçonnerie qui signe le scénario de Sept Frères avec Jean-Christophe Camus. Longtemps restée repliée sur elle-même et sujet prisé des hebdomadaires, la franc-maçonnerie a ouvert ses portes aux non-initiés.

En ce début de 1951, Henri Demonteil n’en croit pas ses yeux. La lettre qu’il a entre les mains le convoque à une « tenue », cérémonie maçonnique où il doit retrouver ses anciens camarades de Résistance, arrêtés, déportés ou qui ont échappé aux nazis. Mais il y a un hic. Pierre Constant, le vénérable maître de leur loge, a été abattu par les Allemands. Qui alors les convoque à cette réunion ? Et comment trouver celui qui les a trahis ? Tout laisse à penser que le traître fait partie des sept frères présents. Ils vont donc devoir, à tour de rôle, se justifier, revenir sur les conditions de leur arrestation ou de leur fuite en février 1943.

Résumer en quelques lignes la franc-maçonnerie et surtout ne pas tomber dans le piège des clichés n’est pas simple. Ses origines sont britanniques aux alentours du XVIe siècle. Son but est la recherche d’un progrès qui puisse apporter ses bienfaits à l’humanité. Philosophique, ésotérique, reposant sur la croyance en un être suprême, elle est composée, après sélection et initiation, d’hommes libres avec la solidarité comme base incontournable. Plusieurs obédiences existent. On accusera la très discrète franc-maçonnerie de tous les maux, en en faisant le bouc émissaire de réseaux aussi bien politiques qu’économiques à travers des scandales souvent financiers. Une des cibles privilégiées des nazis en Allemagne dès leur arrivée au pouvoir, les francs-maçons sont déportés ou exécutés. Considérée comme bourgeoise et parasitant la mainmise du parti communiste, la franc-maçonnerie est condamnée par l’URSS. En France occupée, c’est le contentieux avec les milieux d’extrême-droite, qui démarre à la fin du XIXe siècle, que le régime de Pétain s’attache à régler dès août 1940 **.

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Pour ces maçons tous unis dans leur volonté de se battre contre l’occupant et qui l’ont payé cher, il n’est pas facile de revivre cette journée de 1943. Les sept frères sont autour de Guérin, le plus âgé d’entre eux. Une autre lettre est sur son bureau. Elle affirme que la vérité doit jaillir de la réunion et le coupable être découvert, car il est présent dans la salle. Petit à petit des failles apparaissent dans la plupart des témoignages. Aucun des maçons n’est à l’abri du doute des autres. La solidarité vacille car le traître, si il avoue, ne sortira pas vivant de la Loge.

Convard et Camus connaissent leur sujet. Avoir choisi la franc-maçonnerie est astucieux et permet d’éclairer le thème et d’en faire, jusqu’au dénouement final, un fil rouge qui autorise des rebondissements scénaristiques intéressants. Reste que l’histoire, hors franc-maçonnerie, est très proche de celle du film Marie-Octobre de Julien Duvivier sorti en 1959. Des résistants se réunissent au domicile de leur chef trahi pendant la guerre. Le coupable est parmi eux. Danielle Darrieux, Bernard Blier, Lino Ventura, Paul Meurisse, Serge Reggiani, Noël Roquevert, le casting est sublime et le film d’une rare force écrit par Henri Jeanson. Un huis-clos aussi comme dans ces Sept Frères dont Hervé Boivin a assuré le dessin d’un trait précis, réaliste et très expressif pour bien typer chaque personnage.

* Didier Convard, qui ne se cache pas d’être franc-maçon et historien de la franc-maçonnerie, a publié de nombreux albums sur ce thème (les séries Le Triangle secret, INRI, Hertz, Les Gardiens du sang, Lacrima Cristi).

 ** Cet album revient sur une période terrible pour la franc-maçonnerie. Pilier de IIIe république, la franc-maçonnerie a influencé la politique qui se met en place en France à partir de 1870. Cercle de notables influents, ses réunions sont dans la plupart des pays d’Europe des laboratoires et des espaces d’échanges qui font émerger des idées nouvelles tout en acceptant les violences de la colonisation, par exemple. En France, de nombreux ministres, députés et présidents sont francs-maçons : Jules Ferry, Léon Gambetta, Félix Faure.

Si les frères semblent bien intégrés depuis longtemps au monde politique, culturel, économique et militaire, la fin du XIXe siècle est un moment de basculement. Les clivages sont violents et quelques scandales impliquant des francs-maçons permettent l’émergence d’une certaine forme de théorie du complot maçonnique que l’affaire Dreyfus transformera très vite en complot judéo-maçonnique. Pourtant, ni Alfred Dreyfus ni Émile Zola ne sont membres d’une loge. S’ajoutent la violence de la séparation de l’Église et de l’État que les frères ont soutenu, ce que ne pardonnent pas les conservateurs, et l’émergence de l’idée fausse que la franc-maçonnerie a organisé la Révolution française. Chose tout aussi inacceptable pour une grande partie de la droite française dont L’Action française de Charles Maurras qui monte en influence dans les années 30.

L’antimaçonnisme arrive au pouvoir en même temps que le maréchal Pétain en juin 1940. Un homme est à la manœuvre : Bernard Fay, professeur au collège de France. Ce familier du Maréchal s’est fait le spécialiste du combat contre les francs-maçons. Il rejoint là Philippe Pétain. Si l’antisémitisme de ce dernier est difficile à cerner avant la guerre, son antimaçonnisme en revanche est connu. Il semble dater de l’Affaire des fiches. Entre 1900 et 1904, le ministère de la Guerre en association avec le Grand Orient de France entreprend de mettre en fiche une grande partie des officiers français.

Dans ce fichier secret sont notées les opinions politiques et religieuses des hommes surveillés. On soupçonne rapidement que ce fichier permet de faire avancer certains hommes par rapport à d’autres sans que leurs qualités militaires soient avérées. Pétain, qui est au ministère, est choqué par le procédé et l’injustice des conséquences. Il ne cesse plus de détester les francs-maçons. En 1929, le général Weygand rapporte dans son journal que Philippe Pétain refuse de partir en retraite « pour barrer la route des hauts dignitaires trois points », c’est à dire, dans son esprit, empêcher les officiers appartenant à des loges de monter en grade. En novembre 34, le Maréchal rend les francs-maçons responsables de la chute du gouvernement Doumergue auquel il appartient. Enfin en octobre 36, Pétain participe à une réunion du club « Les affinités françaises » sur le thème « Les dessous maçonniques du radicalisme ».

Les nazis ont combattu les francs-maçons allemands dès 1934, bien que plusieurs obédiences se soient rapprochées d’eux. Ils ont été pourchassés comme toutes les sociétés ou organisations qui pouvaient constituer un lieu de réflexion et donc de critique du pouvoir. De plus, les nazis ne pouvaient accepter que des Allemands puissent prêter serment à autre chose que le führer. La franc-maçonnerie a littéralement disparu d’Allemagne à la suite des persécutions nazies.

C’est donc un adversaire farouche de la franc-maçonnerie qui prend le pouvoir en juin 1940. Dès le 13 août 40, bien avant la publication du statut des juifs, la franc-maçonnerie est interdite, les loges dissoutes. Les fonctionnaires francs-maçons sont obligés de se dénoncer, des listes de frères vont être publiées avec nom complet et adresse dans la presse collaborationniste. Sans que les Allemands ne demandent rien, Vichy commence la chasse aux francs-maçons. Puis celle des juifs trois mois plus tard.

Au même moment, Pétain confie une mission à Bernard Fay qui a remplacé Julien Cain à la tête de Bibliothèque nationale : créer le Service des sociétés secrètes dont le but est de collecter et d’étudier les archives saisies dans les loges pour débusquer les frères qui pourraient cacher leur appartenance. Ce service travaille main dans la main avec le SD allemand (service de renseignement de la SS) quand la traque des résistants devient une priorité. Ces persécutions vont conduire un certain nombre de frères dans la résistance et vers la création de réseaux d’inspiration maçonnique qui seront intégrés à des réseaux plus importants.

Il faut avoir ces informations bien en tête quand on avance dans la lecture de cet album. L’ambiance des persécutions, des arrestations, la violence de ces instants donne une force prenante à la réunion qui doit dévoiler le nom du traitre.

Sept Frères. Didier Convard & Jean-Christophe Camus (scénario). Hervé Boivin (dessin). Delcourt. 56 pages. 14 ,95 €

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Les 5 premières planches :

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© Editions Delcourt, 2016 – Convard, Camus, Boivin pour toutes les images - Thierry Lemaire Philippe Peter - Tags : Franc-maçonnerie Francs-maçons Gestapo Nazisme Résistance - Jean-Laurent TrucBas du formulaire

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  • Texte et enregistrement de 1 heure 25 à écouter à la source – « Les francs-maçons sous l’occupation, entre résistance et collaboration » Conférence proposée par ‘les Rendez-vous Maçonniques’ (Blois, 11-12 février 2017).
    Parmi les femmes et les hommes persécutés par la police de Vichy et la Gestapo, les francs-maçons figurent en bonne place : 64.000 furent fichés ; 33000 fonctionnaires perdirent leur emploi et plus d’un millier furent assassinés par les Allemands.

Voir aussi les Rendez-vous Maçonniques

Modérateur SOULIER Gérard Conseiller de l’ordre du Grand Orient de France

Intervenant PIERRAT Emmanuel Avocat du barreau de Paris

Media : Les francs-maçons sous l’occupation, entre résistance et collaboration

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Les Rendez-vous de l’histoire 4 ter rue Robert Houdin - 41000 BLOIS - Tel 02 54 56 09 50 - Fax 02 54 90 09 50 - Nous contacterAccueilActualitésIntervenants…. Les cafés historiquesNewsletter

Source : https://rdv-histoire.com/programme/les-francs-macons-sous-loccupation-entre-resistance-et-collaboration

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  • Exemple de résistance chez des Francs-Maçons avec ‘Patriam Recuperare selon Wikipédia
    Patriam Recuperare, (en français, « Récupération du pays ») est le nom donné en 1943 à un réseau de la résistance intérieure française (RIF). Il nait de plusieurs groupes constitués à l’initiative d’Albert Kirchmeyer et du colonel Gustave Eychene autour de la loge maçonnique « L’Atelier de la Bastille » créée en 1940 et du Comité d’action maçonnique en 1941. Il implique à l’origine et principalement des francs-maçons de toutes obédiences qui s’opposent tant à l’occupation et à la collaboration qu’à la dissolution de la franc-maçonnerie française. Réseau de résistance à dominance maçonnique, il est actif durant toute la Seconde Guerre mondiale et agit dans la propagande et le renseignement, l’aide aux réfugiés, aux Juifs, aux réfractaires, et engage de nombreuses autres actions de résistance. L’ensemble de ses composantes est reconnu officiellement le 15 mars 1950 par la RIF sous le nom de mouvement Patriam Recuperare.

Histoire

1940-1941

Démobilisé à l’automne 1940, Albert Kirchmeyer (1898-1995) né d’une famille alsacienne dreyfusarde installée à Paris et franc-maçon initié en 1932 dans la loge maçonnique « Les Travailleurs » du Grand Orient de France, rentre sur Paris et découvre les lois antimaçonniques et la politique collaborationniste du Régime de Vichy1. En septembre 1940, il fonde avec d’autres francs-maçons, et notamment le colonel Gustave Eychène (1862-1952), une loge clandestine sous le nom d’« Atelier de la Bastille ». Dans le même temps se forment d’autres groupes Liberté, souvent avec les mêmes francs-maçons, mais sans se constituer en loge : le groupe Legrand à Levallois-Perret et le groupe Boutbien à Villeneuve-Saint-Georges2.

Le groupe Noël Riou (1898-1964), maçon de la loge parisienne « Les Zélés philanthropes », et deux autres frères, José Roig et Georges Zaborowski, mettent en œuvre la première action de résistance du futur mouvement en septembre 1940. Ils cachent et organisent l’exfiltration de trois aviateurs anglais3. Avec l’aide des services secrets britanniques et d’un réseau lillois Pat O’Leary, ils organisent plusieurs passages en zone libre de Juifs, de communistes, de patriotes avant d’être dénoncés. José Roig est arrêté, condamné à mort et exécuté en mars 1941 ; la sœur Marcelle Hugot-Alphand franc-maçonne de la loge d’adoption « Travail et Vrais Amis fidèles » est également arrêtée et meurt en déportation4. Noêl Riou, arrêté en octobre 1941, est également déporté et est interné dans plusieurs camps où il survit, libéré en mars 1945, il rentre à Paris en avril 19453.

Au cours de l’hiver 1941, les divers groupes sont amalgamés en un réseau plus vaste qui prend le nom de « Liberté Égalité Fraternité » (LEF) ou groupe Pateau, toujours animé par Kirchmeyer et Eychène. Ce nouveau groupe recrute principalement dans la police et prend la forme d’un service de renseignement, il est dirigé par Gaston Pateau commissaire de police5

En janvier 1941, Albert Kirchmeyer et Gustave Eychène sont rejoints par plusieurs autres francs-maçons dont notamment, le général Ambroise Peloquin, le député des Vosges et ministre Marc Rucart, ou encore le professeur Louis Lapicque, initié en 1902 et membre de l’« Académie des sciences »6. Dans le laboratoire de la faculté des sciences de ce dernier, ils créent un Grand conseil provisoire de la maçonnerie française qui prendra ultérieurement le nom de Comité d’action maçonnique (CAM). Plusieurs dignitaires du Grand Orient de France notamment rejoignent ce groupe dans le but de faire entendre la voix du Grand Orient à Londres. Leur activisme permet la réactivation ou la création de 211 loges clandestines réparties dans 60 départements7.

1941-1943

Pour élargir son influence, le réseau se structure et s’agrandit. Kirchmeyer et Eychène créent deux nouvelles associations : Le Cercle et La Ligue.

Le Cercle a vocation à rassembler divers hommes politiques, intellectuels, personnalités de la société civile, il s’ouvre et ne regroupe pas uniquement des francs-maçons8. Le Cercle est très actif, organise un réseau de renseignements, de propagande, de camouflage aux réfractaires du Service de travail obligatoire (STO), organise filières et coupures en cas de danger. Ce groupe compte jusqu’à 200 membres, il est présent dans divers mouvements et sert également d’agent de liaison avec Londres9.

En 1942, les divers groupes constitués depuis 1940 se rassemblent au domicile de Kirchmeyer et adoptent le texte fondateur qui constitue La Ligue et précise son objet : celui d’aider à là libération de la France et de s’inscrire dans la restauration des institutions républicaines après la victoire. La Ligue reconnaît le Comité national français installé à Londres, comme seule instance légitime pour réorganiser le pays après la libération10. Le texte est remis à Londres par le représentant de la France Libre, le commandant Frédéric Manhès11. Gustave Eychène fonde en 1942, un journal clandestin, La Nouvelle République, dont le premier numéro est diffusé le 22 du mois de novembre ; Gaston Thil, franc-maçon de la loge Thélème, prend la direction des deux douzaines de numéros que le Cercle produit jusqu’au début 194311.

En février 1943, le réseau va subir de lourdes pertes. Repéré depuis 1942, par les inspecteurs de la police anti-communiste qui travaillent pour la Gestapo, de nombreux francs-maçons et membres du réseau sont arrêtés. Pierre Borderie, Léon Boutbien, Frédéric Mahnès, Marcel Cerbu, Gaston Pateau et les principales têtes de groupe, les fondateurs du réseau Albert Kirchmeyer et Gustave Eychène sont appréhendés12. Soixante-neuf personnes sont arrêtés au total selon les archives de la Préfecture de Paris, quarante sont relâchés faute de preuve de leur implication dans le réseau, vingt-sept sont remis aux autorités allemandes13.

Lors de son arrestation Albert Kircheyer a sur lui divers documents sur les activités des réseaux et une forte somme d’argent en liquide. Les charges pesant contre lui le présentent comme un « chef de groupe de francs-tireurs, francs-maçons LEF », il est incarcéré le 6 avril 1943 à la prison de la santé. Il est livré à la police allemande le 28 avril, il est « interrogé » deux fois par la Gestapo, puis enfermé à la prison de Fresnes pour être finalement déporté en 1944 comme « Nuit et brouillard » (en allemand « Nacht und Nebel », ou NN). Il survit à sa détention après avoir été interné à Buchenwald et Mauthausen, sa détention se poursuit au sous-camp de Güsen en avril 1945. Libéré début mai, il est de retour à Paris le 31 mai 194514.

1943-1945

Gustave Eychène qui est relâché faute de preuve suffisante, reprend le réseau malgré un âge avancé avec l’aval de Jean Moulin, récent représentant du Comité national français pour l’ensemble de la France. Au cours de ces semaines de restructuration, la nouvelle équipe décide de transformer toutes les composantes du Cercle et de La Ligue en un seul mouvement, il lui donne alors le nom de Patriam Recuperare (PR), la connotation moins maçonnique de celui-ci correspondant mieux à toutes les composantes du réseau qui comprenaient aussi de très nombreux résistants non francs-maçons. Le mouvement intègre dès lors le Conseil national de la résistance14. De 1943 à 1944, le mouvement regroupe plus de trois cents membres, dont une moitié de francs-maçons, une grande partie des agents sont issus des milieux de la Police, de l’enseignement ou des professions médicales. Sa sensibilité est majoritairement de gauche, proche de la mouvance socialiste et républicaine. Le mouvement se déploie principalement sur Paris et sa banlieue, il continue ses actions clandestines jusqu’à la fin de la guerre15.

Albert Kirchemyer toujours détenu, la direction crée en octobre 1944 son comité directeur à la demande du Conseil national de la résistance, il est placé sous la présidence de Louis Lapicque. Gustave Eychène est désigné par le groupe pour siéger à l’Assemblée consultative provisoire à la libération, il en est le doyen, il cède volontairement sa place à Albert Kirchemyer revenu de déportation fin mai 1945, qui le remplace jusqu’en juillet à la dissolution de cette assemblée. Le groupe cesse alors toute activité16.

Composante et reconnaissance

En 1948, Albert Kirchemeyer entame le travail de reconnaissance du mouvement17. Patriam Recuperare est reconnu comme mouvement de la Résistance intérieure française, par homologation du 15 mars 1950. Le mouvement regroupe plusieurs associations de résistants qui sont actives dès le début de l’occupation en septembre 1940. Les groupes historiques qui forment le mouvement sont18 :

  • L’Atelier de la Bastille
  • Le Comité d’Action Maçonnique
  • Le groupe Liberté
  • L. E. F. (Liberté, Égalité, Fraternité)
  • Le Cercle
  • La Ligue
    Le 9 avril 1952, le colonel Gustave Eychène s’éteint à Paris, Albert Kirchemeyer fondateur historique du réseau s’éteint à son tour en 1995, à l’âge avancé de 97 ans19

Loge Patriam Recuperare

À la libération le 20 avril 1945, une association loi 1901 qui porte le nom de Patriam Recuperare est créée dont le siège est situé au domicile de Kirchmeyer et dans le but de maintenir des liens entre les membres du réseau, le 22 du même mois, les feux d’une loge maçonnique éponyme sont allumés au sein du Grand Orient de France, exclusivement composé de francs-maçons membres du réseau PR20,18.

Source de l’article avec Notes et références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Patriam_Recuperare

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  • Franc-maçonnerie : mixité, le culte du secret, les tenues… on casse les idées reçues - Ouest-France Nadia LE SAUX. Publié le 12/05/2024 à 19h02
    Depuis sa création, la franc-maçonnerie cultive la discrétion, voire le secret, entretenant un certain nombre d’idées reçues dans la population.

Un franc-maçon du Grand Orient de France de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) nous aide à lever le voile sur certaines d’entre elles

Les gants, le tablier et le baudrier appelé aussi cordon, font partie des accessoires des francs-maçons.

Les gants, le tablier et le baudrier appelé aussi cordon, font partie des accessoires des francs-maçons. | ARCHIVES

Ils aiment à dire qu’ils sont discrets mais pas secrets. Pourtant, une forme de mystère continue d’entourer la franc-maçonnerie, suscitant beaucoup de fantasmes chez les profanes. On fait tomber quelques clichés, grâce à un franc-maçon du grand Orient de France de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).

Lire aussi : ENTRETIEN. « La franc-maçonnerie, c’est d’abord une école de la sagesse », selon Damien Bettembourg

La franc-maçonnerie est une secte : FAUX - On y entre et on en sort volontairement. Il.......

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© Ouest-France - Source : https://www.ouest-france.fr/societe/vrai-faux-franc-maconnerie-on-casse-les-idees-recues-sur-la-mixite-le-secret-les-tenues-315bd006-0eed-11ef-993c-f37c0160a6dd

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https://static.petiterepublique.com/wp-content/uploads/2017/04/temple_mac-cc-a7onnique-1280x560.jpg

Les Obédiences maçonniques signataires de ce communiqué condamnent avec la plus grande force, la guerre déclenchée en Ukraine par la Russie.

L’invasion par la Russie d’un état souverain, en violation des principes de la Charte des Nations Unies, est l’évènement le plus grave en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle met en péril notre continent et, au-delà, le monde.

Il s’agit d’une violation caractérisée des principes et des valeurs que nous, francs-maçons et francs-maçonnes, défendons.

L’agression russe contre l’Ukraine a déjà coûté beaucoup trop de vies humaines et causé de terribles souffrances. Elle expose des millions de personnes en Ukraine et au-delà, aux risques d’une violence insensée, de déplacements et d’autres violations graves des droits de l’homme et du droit humanitaire international. La protection des vies humaines doit rester la priorité absolue.

Les armes doivent se taire pour que puissent revenir le dialogue et la négociation. Soyons tous réunis pour exiger que la Russie cesse immédiatement et sans condition les hostilités afin que la diplomatie joue pleinement son rôle dans le rétablissement de la paix, avant que les conséquences les plus dévastatrices ne surviennent pour l’ensemble du continent.

Les illustres francs-maçons qui nous ont précédés, en oeuvrant sans relâche pour la Paix, ont tracé la voie pour la résolution pacifique des conflits.

L’Union Européenne ne saurait laisser, sans réagir, ses principes et ses valeurs piétinés à ses portes. Nous appelons tous les États membres à faire preuve d’unité et de solidarité avec l’Ukraine et à accueillir les personnes qui fuient les conflits armés pour les aider à protéger leur dignité, leur sécurité et leurs droits fondamentaux.

En ces jours funestes pour la paix et le bonheur universels, toutes nos pensées vont à nos FF∴ et à nos SS∴ en humanité.

 

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Mots-clés : Franc-maçonnerie, Ukraine

Petite République.com, le journal d’informations locales du Sud Toulousain ...- https://www.petiterepublique.com/tag/pays-sud-toulousain/

Source : https://www.petiterepublique.com/2022/03/03/solidarite-avec-lukraine-la-franc-m.aconnerie-rompt-le-silence/

Voir également :

Francs-maçons russes et ukrainiens : des frères pas toujours ennemis - Publié le 4 Juillet 2022 - par Jean-Moïse Braitberg - La spécificité de la franc-maçonnerie ukrainienne est justement de n’en avoir guère, tant son histoire se confond avec celle des maçonneries polonaise et russe. Pour autant qu’on le sache, la première loge sur le territoire ukrainien fut créée en 1742 à Vyshnivets, une ville de Volhynie, région alors polonaise où se dresse encore aujourd’hui le palais de la famille princière des Wishniowiecki. En 1758 fut créée à Lwow, — aujourd’hui Lviv — la loge des Trois déesses. La franc-maçonnerie se développa ensuite sur le territoire de l’actuelle Ukraine à l’initiative de fils d’officiers cosaques partis étudier en Allemagne, en France et en Angleterre. C’est ainsi que d’illustres familles polono-ukrainiennes… - La lecture des articles est réservée aux abonnés – Source : https://www.fm-mag.fr/article/societe/francs-macons-russes-et-ukrainiens-des-freres-pas-toujours-ennemis-2375

Francs-Maçons Ukrainiens et Russes se rencontrent ! /Gadlu.info - Les franc-maçonneries ukrainienne et russe se sont rencontrées à Rimini lors de la Grande Loge du Grand Orient d’Italie. L’appel à la paix de Stefano Bisi, Grand Maître du Grand Orient d’Italie. Une trentaine de délégations maçonniques étrangères ont participé à la Grande Loge 2022 « Science et Savoir », le traditionnel rendez-vous annuel du Grand Orient d’Italie. Parmi eux aussi la Grande Loge d’Ukraine et la Grande Loge de Russie, aux représentants desquelles le Grand Maître Stefano Bisi, lors de son discours, a souhaité lancer un appel. - Un article du site italien blitzquotidiano.it : Ukraine, l’appel de Stefano Bisi, le Grand Maître du Grand Orient d’Italie - « C’est un drame qui touche nos cœurs, nos corps, et nous espérons qu’à la fin la raison l’emportera et que les armes se tairont bientôt. Chaque homme, chaque franc-maçon doit apporter une brique pour construire la paix. Et vous qui êtes ici, chers frères, Fatih Sahin, Grand Secrétaire, et Maurizio Longo, Grand Secrétaire adjoint de la Grande Loge d’Ukraine, et cher frère Andrey Bogdanov, Grand Maître de la Grande Loge de Russie, faites tout ce qui est dans votre possibilité que la paix et l’harmonie règnent parmi vos peuples. Faites tout le possible et l’impossible pour que les tranchées soient remplies de fleurs et d’arbres, qui porteront des fruits que nous partagerons ensuite lorsque nous mangerons à la même table, côte à côte ». « Nous, francs-maçons, sommes des artisans de paix » - « Nous vivons dans une situation très dangereuse qui nous fait craindre des catastrophes si nous ne parvenons pas à gagner le bon sens et la paix. Nous, francs-maçons, sommes des bâtisseurs de ponts de paix et non de tranchées et nous nous souvenons, et nous rappelons à ceux qui ont la possibilité de définir les destinées du monde, que la paix se construit en temps de… paix. Quand les bombes pleuvent, quand il y a des massacres, quand des villes sont rasées, quand il y a des millions de réfugiés, c’est plus difficile de parler de paix, c’est plus difficile de chercher des compromis ». Pendant les travaux de la Grande Loge, il y avait aussi une connexion directe avec l’Ukraine avec le Grand Maître Anatoly Dymchuck avec qui la Communion travaille depuis le 8 mars pour coordonner des actions de solidarité en faveur des frères touchés par la guerre. - Ukrainian and Russian Freemasonry met in Rimini during the Grand Lodge of the Grand Orient of Italy which was held in Rimini on 8 and 9 April The call for peace by Stefano Bisi, Grand Master. - 3 Maggio 2022

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  • L’histoire des archives maçonniques Russes – Document ‘Grande Loge de France’ (gldf.org.)
    Les fonds permanents ont été considérablement enrichis au tout début des années 2000 avec le retour des archives saisies par l’occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale.

Dès le 14 juin 1940, l’armée allemande investit les locaux parisiens de la Grande Loge de France et du Grand Orient de France. Et, à partir du 26 juin 1940, la Feldpolizei saisit un matériel considérable appartenant aux obédiences maçonniques françaises : une partie des archives de la Grande Loge est conservée sur place aux bons soins du service des sociétés secrètes du gouvernement de Vichy et les fonds historiques anciens sont envoyés à Berlin. Ce dernier ensemble d’archives, après avoir transité par la capitale allemande, a été transféré dans un château isolé en Silésie, à Wölfelsdorf (de nos jours Wilkanov, en Pologne).

En mai 1945, l’Armée Rouge progresse sur le front oriental et découvre ces singulières archives qui sont saisies et rapatriées en Russie. Les services soviétiques les catalogueront telles qu’ils les trouveront et l’on voit bien, à l’inventaire, que les nazis les avaient emmenées en vrac en mélangeant des liasses de dossiers d’intérêts différents et en bousculant parfois la chronologie et la continuité de certains fonds que les Soviétiques ont ensuite conservés plus ou moins dans ce désordre.

C’est en 1992 que des négociations s’engagent avec le gouvernement russe pour la restitution des archives des obédiences maçonniques et la Grande Loge reçoit les 224 cartons qui lui reviennent en mai 2001 : l’ensemble est aujourd’hui réparti entre la Grande Loge de France et le Suprême Conseil de France avec pour les archives de la Grande Loge de France un classement soviétique conservé en l’état afin de respecter le parcours historique du fonds et un inventaire détaillé effectué par récolement (et non par la traduction du catalogue russe) avec l’aide de la commission d’histoire de la Grande Loge Féminine de France à la recherche des loges d’adoption d’avant-guerre considérées comme ses ancêtres.

Outre le fait qu’elles permettent de compléter, dans les détails, la vie administrative de la Grande Loge, ces archives offrent de véritables trésors : des rituels manuscrits parfois accompagnés de dessins ou d’aquarelles, des livres de procès-verbaux anciens remontant à la création des loges... parmi lesquels on peut citer, pour exemple, trois lots parmi les plus intéressants : plusieurs manuscrits du tout début du XIXe siècle par Pyron et Thory (personnages qui ont joué un rôle capital dans l’historiographie maçonnique et particulièrement dans l’histoire du Rite Écossais Ancien et Accepté), un ensemble de registres matricules des membres de la Grande Loge de 1804 à 1893 avec les mentions des principaux personnages de l’Empire en début du premier registre, et des archives de loges remontant au XVIIIe siècle dont celles de la Loge Anglaise à l’Orient de Bordeaux n° 204 crée en 1732 (c’est l’une des toutes premières loges françaises) qui représentent un ensemble très complet permettant de retracer l’histoire de cette loge toujours en activité et intégrée à la Grande Loge de France depuis 1923.

Source : https://www.gldf.org/culture-et-patrimoine/restitution-des-archives-russes.html

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    Combien sont les Francs-maçons russes ? État des lieux… - 31 mars 2024 Par La Rédaction - De notre confrère’thesquaremagazine.com’ –Document diffusé par ‘450.fm/’

    La Rédaction

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Les francs-maçons russes modernes sont très peu nombreux. De nos jours, il est très peu probable que le nombre total de membres dépasse la barre des 1.500.

Cependant, ces rares troupes sont inégalement réparties entre une douzaine d’obédiences, qui proviennent principalement de sources françaises et suivent la plupart du temps les us et coutumes de celles-ci, s’enfonçant néanmoins de temps en temps dans les gouffres vastes et profonds de la singularité authentique russe.

Certes, cette situation actuelle des francs-maçons russes peut être considérée comme le résultat clair et définitif du parcours long et sinueux de leur histoire dans ce pays.

L’histoire de la franc-maçonnerie russe a commencé vers 1731 et peut être considérée comme une séquence de quatre périodes historiques, chacune étant cependant assez courte et se terminant presque invariablement par l’extermination totale de ses membres.

La première période (1731-1798) est marquée par des loges occasionnelles établies par des marchands britanniques, allemands et néerlandais et des spécialistes embauchés (médecins, ingénieurs, etc.) au sein des communautés d’expatriés de Moscou et de Saint-Pétersbourg sous Pierre le Grand.

Après un certain temps, dans les années 1750-1770, sous Élisabeth la Béninoise et Catherine la Grande, les loges s’épanouirent et se répandirent dans toute la Russie européenne, pratiquant principalement les trois premiers degrés des Modernes britanniques et une grande variété de degrés supérieurs allemands et suédois d’Ecossais et Personnage templier

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IVAN ELAGUINE image liée : wikimédia

Après les deux premiers Grands Maîtres provinciaux étrangers – le « Capitaine John Phillips », évidemment fictif, dont aucune trace n’a survécu nulle part, et le maréchal James Keith, bien réel, mais d’une aptitude douteuse, – le trône maçonnique russe a été pris par Ivan Yelagin, qui reçut ses mandats d’abord – de la Royal York Lodge de Berlin, puis – de la Moderns Grand Lodge de Londres (1772).

La seconde moitié du siècle a été consacrée par les maçons russes à des luttes incessantes pour la prédominance d’un rite sur tous les autres, ce qui n’était sûrement qu’une sorte de vague sur les eaux de l’histoire maçonnique européenne de l’époque.

Les systèmes suédois et allemand de chevalerie maçonnique ont coopéré, ou sont entrés en conflit, avec les traditions magiques et alchimiques de la Croix allemande d’or et de rose, les rites de Melissino et de Schroeder, le martinisme français et le rite rectifié du congrès de Wilhelmsbad de 1782.

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NIKOLAÏ NOVIKOV image liée : wikimédia

Malgré la complexité des relations inter-maçonniques au sein de son pays, la Grande Tsarine, choquée et perplexe face à la Révolution française et aux théories du complot qui y sont liées, décide de trancher une fois pour toutes ce nœud gordien.

Elle a interdit la franc-maçonnerie dans le pays et a fait emprisonner ou exiler certains maçons éminents, dont le célèbre éditeur, journaliste et ésotériste Nicholas Novikov.

Son fils Paul Ier, montant sur le trône et révoquant chacune des résolutions de sa mère sur lesquelles il pouvait mettre la main, acquitta les victimes maçonniques de Catherine, mais approuva l’interdiction des réunions maçonniques, introduisant à la place quelques nobles maçons dans la chevalerie maltaise, étant le Grand Maître des Hospitaliers de l’époque.

Le dictionnaire volumineux et exhaustif des biographies maçonniques du plus éminent historien maçonnique russe Andreï Serkov fournit environ 4 000 actes de vie des membres de la loge de l’époque.

Paul Ier est souvent appelé par les chercheurs russes « le Hamlet russe », essayant désespérément de répondre aux attentes de son père décédé, assassiné par les sbires de sa mère.

Cependant, les six années tumultueuses de son règne n’aboutirent qu’à son assassinat par les tuteurs et amis de son fils, après quoi son fils Alexandre déclara à la noblesse de la cour que sous lui « tout serait comme sous la grand-mère ».

Un an plus tard, Alexandre Ier publia une résolution orale non officielle autorisant les maçons à se rassembler à nouveau dans des loges, et ainsi commença la deuxième période de la franc-maçonnerie russe (1802-1822).

Elle se caractérise principalement par la renaissance des anciens systèmes templiers d’origine suédoise – et des opérations semi-secrètes du cercle très étroit de la Rose-Croix – jusqu’à la fin de la guerre napoléonienne de 1812-1814, après quoi certaines idées maçonniques françaises libérales pénètrent en Russie avec les troupes victorieuses rentrent chez elles.

En 1815, une nouvelle Grande Loge « Astrea » fut créée à Saint-Pétersbourg, qui proclama le rejet de tous les degrés supérieurs et de la hiérarchie ainsi que l’intention de travailler uniquement avec trois degrés symboliques et de promouvoir la démocratie comme noyau de son gouvernement interne.

Les cinq années suivantes furent traditionnellement consacrées à des querelles inter-maçonniques et à des accusations mutuelles de haute trahison et d’espionnage ; transmis avec précision par les deux parties à la Direction Générale de la Gendarmerie.

Dans le même temps, de nombreux militaires maçons ont quitté leurs loges pour créer des ordres et des sociétés quasi-maçonniques et quasi-carbonaris afin de promouvoir les idées d’un gouvernement démocratique et de préparer des plans de coup d’État politique.

En conséquence, expressément fatigué des accusations et des ragots concordants, l’empereur Alexandre a émis une interdiction officielle de toutes les organisations maçonniques en 1822.

En 1825, Alexandre Ier mourut, les militaires révolutionnaires tentèrent un coup d’État, échouèrent et furent envoyés en Sibérie, tandis que le tsar suivant, Nicolas Ier, réaffirma l’interdiction en 1826.

Le dictionnaire de Serkov donne le nombre total de francs-maçons russes au XIXe siècle à près de 6. 000. 

Cette fois, l’interdiction dura plus longtemps ; tandis que les Russes rejoignaient parfois des loges maçonniques à l’étranger et y travaillaient de temps en temps. Mais ce n’est que le début de « la longue révolution russe » qui permit à la franc-maçonnerie de réintégrer le pays pour une brève troisième période (1908-1918).

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NICOLAS II DE RUSSIE image liée : wikimédia

Dès que le manifeste de Nicolas II autorisa les assemblées publiques sans surveillance, plusieurs loges furent installées à Saint-Pétersbourg par le Grand Orient de France et la Grande Loge de France.

Certains contacts de nouveaux maçons russes avaient également été enregistrés auprès des loges britanniques.

Mais la soif anxieuse de vie sociale, ressentie par la majorité des maçons russes de l’époque, ainsi que l’histoire d’autocratie et de manque d’activités publiques du pays, conduisirent désormais à une énorme politisation de la franc-maçonnerie.

Les loges ont été rejointes principalement par des députés de la Douma d’État (Parlement), des journalistes libéraux et des membres de nombreux partis nouvellement créés.

Ainsi, en 1910, le Conseil suprême des maçons russes décida de rejeter tous les rituels, symboles, vêtements, serments et conférences et de se concentrer sur les activités parlementaires, tout en conservant les titres de « francs-maçons » du « Grand Orient des peuples de Russie ».

Ceux qui n’étaient pas d’accord ont dû recourir à nouveau à des visites dans des loges étrangères ou essayer de garder leurs lumières allumées dans les plus petites loges jamais créées.

D’une manière ou d’une autre, ils ont tous été évincés de la capitale, puis de la partie européenne du pays et, enfin, complètement hors de Russie par les bolcheviks – ou exécutés.

Les archives de Serkov nous fournissent la liste d’environ 900 francs-maçons russes de l’époque. 

Toutes les tentatives visant à délimiter, aussi vivement soit-elle, la mentalité russe, tendent à affirmer que son trait dominant est évidemment l’antipathie ; la tendance à considérer et à valoriser le passé plus que l’avenir, alors que le présent est généralement traité avec un mépris presque total et présumé être une chimère, une ombre du « vieux temps audacieux » ou une préfiguration des « temps nouveaux heureux » à venir ».

Cette spéculation semble servir de clé, en particulier, au problème d’une bibliographie maçonnique russe, qui comprend des centaines de livres et d’articles sur l’histoire de la franc-maçonnerie russe des siècles passés – et à peine une demi-douzaine sur les publications de l’Ordre. la contemporanéité ou les enjeux généraux de la franc-maçonnerie, de sa symbolique et de sa philosophie.

Les francs-maçons russes ont réussi à survivre à l’émigration après la révolution russe de 1905-1917 et même à rédiger un chapitre précieux de l’histoire de la franc-maçonnerie mondiale.

Ils ont lancé leurs loges en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Allemagne, en Tchécoslovaquie, en Serbie et même en Chine.

Assurément, leur communauté en France était la plus nombreuse ainsi que la plus industrieuse et la plus active ; établissant plusieurs loges bleues, un temple russe séparé et une bibliothèque, des services caritatifs, tous les corps du rite écossais et, enfin, revendiquant le droit d’avoir leur propre Conseil suprême russe sous la Grande Loge de France.

Les lumières de leurs loges étaient restées allumées jusqu’à la fin des années 1980, lorsque les causes naturelles ont commencé à exercer leur influence, fauchant les bancs. Et aucun nouveau membre russophone ne s’est présenté.

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GEORGES DERGACHEV GLOR (1995-2002) - image liée : wikimedia attribution 4.0 international (cc by 4.0)

Mais l’histoire semble souvent agir consciemment et parfois – délibérément.

Cette fois, la situation a été inversée en 1985, lorsque la perestroïka a commencé en URSS. En 1986, un groupe d’anciens francs-maçons russes de plusieurs obédiences s’est créé à Paris pour tenter de faciliter l’entrée des citoyens soviétiques dans la franc-maçonnerie.

Radio Liberty a été utilisée pour cette cause. Cependant, ce n’est qu’en 1990, qu’un professeur de philosophie de Moscou, George Dergachev, a utilisé les conseils et les relations de son ami français pour s’initier à la franc-maçonnerie à Paris, pour finalement être élevé au grade de maîtrise et obtenir un mandat pour créer le premier loge du Grand Orient de France à Moscou.

La diversité maçonnique et sa structure à plusieurs niveaux sont splendides, d’un point de vue théorique. Cependant, il pourrait y avoir plus d’un point de vue quant à leur impact sur les juridictions nouvellement créées.

Pas moins de trois grandes loges françaises lancèrent simultanément leurs campagnes de prosélytisme en Russie, et très vite une loge de la Grande Loge de France fut établie en Union Soviétique, qui, presque en une fraction de seconde, devint la Fédération de Russie.

Pendant ce temps, le maçon franco-russe extrêmement charismatique Michel Garder, de la Grande Loge Nationale régulière de France, est devenu un ami proche de Dergachev et l’a convaincu de changer d’affiliation. En 1992, le Vénérable Maître Dergachev, nouvellement régularisé, a créé la première loge de la GLNF à Moscou, accueillant certains des anciens membres des loges GOdF et GLdF.

Plusieurs nouvelles loges régulières ont été installées à Moscou, Saint-Pétersbourg, Archangelsk, Voronezh et Yaroslavl.

En 1994, une réunion officieuse fut organisée pour tous les maçons russes, dans le but d’essayer de les persuader tous de rejoindre Dergachev et d’unir leurs efforts, en vain.

Les trois branches résolurent de vivre et de laisser vivre.

La croissance progressive des loges russes a valu en 1995 la création de la Grande Loge de Russie par la GLNF et sa reconnaissance ultérieure par la plupart des grandes loges régulières du monde.

En 1996, le Conseil Suprême du Rite Écossais Ancien et Accepté a également été installé. Mais la vie et la greffe de la Grande Loge n’ont jamais été paisibles, tout comme elles l’étaient au cours des siècles passés.

Diverses dissensions et querelles internes entre les membres ont conduit au premier schisme en 2001, lorsque six loges se sont séparées du corps du GLoR et ont formé la Grande Loge régulière russe, qui a commencé à chercher la reconnaissance des grandes loges régulières mondiales et a échoué.

Un autre tourbillon de discussions concernant la notion de régularité et les principes de reconnaissance a abouti en 2006 au deuxième schisme au sein du GLoR, lorsque six autres loges l’ont quitté ainsi que les deux tiers de la grande ligne.

Ils se sont rangés du côté des premiers dissidents de la Grande Loge régulière russe et ont formé une alliance.

Pendant une année entière, les deux organisations conservèrent chacune le titre de Grande Loge de Russie et se livrèrent des guerres, jusqu’à ce qu’un arbitrage soit convenu, sous la supervision fraternelle des respectueux représentants de la Grande Loge Unie d’Angleterre et de la Grande Loge de Colombie. ..

Ce fut une expérience soudaine et triste pour une partie considérable des francs-maçons russes que d’être confrontée au fait qu’un homme politique marginal et propriétaire d’une usine de partis politiques, Andreï Bogdanov, était généralement reconnu comme le candidat favori pour le poste de « l’Union unifiée ». » Grand Maître, sans consulter la plupart d’entre eux.

En conséquence, toute la procédure a échoué, laissant l’une des Grandes Loges de Russie avec le Grand Maître nouvellement élu Bogdanov – et l’autre Grande Loge de Russie fusionnant formellement avec la Grande Loge régulière russe pour former, en 2008, la Grande Loge Unie de la Russie.

L’essentiel des activités de l’UGLoR a depuis suivi l’exemple de la Grande Loge de France et des organismes de rite écossais qui lui sont affiliés.

Un petit groupe de maçons, également membres de l’ordre martiniste, fut déçu par l’évolution de la situation et résolut de quitter les deux organisations maçonniques existantes pour rejoindre la Grande Loge Symbolique de France de Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraim. En 2009, la première loge mixte de ce rite a été créée à Moscou.

En 2015, ce groupe était devenu suffisamment grand pour obtenir le mandat de la Grande Loge Symbolique de la Russie et des pays alliés. Elle est mixte, elle travaille exclusivement le rite Memphis-Misraim jusqu’à son 95ème degré, et se compose d’environ 150 membres.

Entre temps, le GLoR, sous la direction permanente d’Andrey Bogdanov, adoptait, aux côtés de l’AASR, la version italo-roumaine du rite Memphis-Misraim.

Plus tard, un chapitre britannique de l’Arche Royale établi plus tôt dans le Middlesex fut transféré pour opérer à Moscou, un chapitre suprême de rite français fut installé et un groupe de membres du GLoR fut reçu dans les degrés supérieurs du Grand Prieuré Rectifié de France.

En 2011, tout à coup, un groupe de maîtres maçons russes, auparavant issus de différentes obédiences russes, est apparu à Moscou, revendiquant son droit à établir à nouveau le Grand Orient des Peuples de Russie. Cette juridiction a depuis été acceptée comme membre du CLIPSAS, association maçonnique libérale sous le patronage du Grand Orient de France. Il a créé ses propres conseils supérieurs de l’A.&A. Rite Écossais, Rite Français et Rite Memphis-Misraim d’une autre lignée italienne. Le GOPR est mixte et accepte les candidats indépendamment de leurs croyances religieuses ou de leur absence ; ses membres s’élèvent à environ 400 maçons.

Toujours en 2011, un groupe d’anciens membres de l’UGLoR quitte l’obédience et entame une communication avec la fédération française de l’Ordre maçonnique mixte international, Le Droit Humain. Un an plus tard, ils ont reçu l’autorisation d’établir leur première loge à Moscou, et depuis lors, ce groupe mixte a également installé deux loges provisoires à Saint-Pétersbourg et à Vladimir, ainsi qu’une Loge de Perfection à Moscou. Ils pratiquent uniquement le REAA et comptent une soixantaine de membres.

Malheureusement, la Grande Loge Unie de Russie a hérité de certaines des caractéristiques douteuses de la GLoR, car des conflits permanents et des mini-scissions ont continué à ébranler et ébranler cette institution.

En 2011-2012, les deux premières loges russes du GOdF et du GLdF ont été relancées de manière inattendue par de nouveaux flux de membres venant des loges de l’UGLoR, et bientôt elles ont repris, après presque une décennie d’état semi-dormant, leurs travaux réguliers, indépendamment de tous les autres groupes maçonniques russes.

En 2013, un groupe de Maîtres Maçons russes, membres de l’UGLoR et du GSLoR engagés dans des études historiques du rite Rectifié, s’est rendu en France pour rejoindre, en tant que membres affiliés, les corps du Grand Prieuré Rectifié Écossais d’Occitanie.

En 2016, une loge bleue de la Grande Loge respective a été fondée et installée à Moscou, puis dotée d’une loge écossaise correspondante et d’une commanderie du rite. Jusqu’à présent, ils sont encore principalement composés de membres affiliés aux deux obédiences les plus anciennes, avec une douzaine d’initiés du GSRLO.

Un groupe de femmes russes – proches ou non de francs-maçons actifs – recherchent depuis 2007 activement et de manière persistante l’initiation maçonnique.

Il faut reconnaître que les organisations exclusivement masculines et mixtes du pays leur ont apporté tout le soutien et les conseils possibles, établissant ainsi des ponts entre elles et les autorités maçonniques étrangères.

Le chemin très long et difficile que ces 40 dames ont réussi à parcourir, les a finalement amenées à l’établissement de la première loge de la Grande Loge Féminine de France à Saint-Pétersbourg en octobre 2017. Un autre loge a été lancée à Moscou en février 2020.

En février 2019, plusieurs anciens membres de la loge GOdF de Moscou ont demandé et obtenu l’autorisation de travailler sous les auspices de la Grande Loge française traditionnelle et moderne et d’initier les candidats à la maçonnerie selon le rite traditionnel français.

En janvier 2020, un nombre considérable d’anciens membres de l’UGLoR ont annoncé la création à Saint-Pétersbourg de la Grande Loge Souveraine de Russie, avec une philosophie, des rites et des affinités encore flous.

En 2018-2020, deux « Sanctuaires égyptiens » ont été introduits en Russie par les représentants des lignées Bertiaux-Duez et Frank Ripel. Etant des organisations fraternelles gnostiques non maçonniques de par leur origine, elles revendiquent toujours le caractère maçonnique et recherchent des relations fraternelles avec diverses obédiences russes, parfois avec un soupçon de succès.

En tête de liste des références maçonniques russes se trouvent les présages de l’ère numérique. Plusieurs sites Web et communautés de médias sociaux appartiennent sur RuNet à la soi-disant « Grande Loge de Sibérie », récemment relookée en « Grande Loge libérale de Russie » et offrant des options d’adhésion.

Pour autant que l’enquête de certains bénévoles permette d’en juger, il ne s’agit que d’un projet artistique amateur d’un lycée allé trop loin.

Une remarquable mannequin ‘instagram’ russo-ukrainienne, la « Barbie d’Odessa » Valeria Lukyanova, qui réside en permanence au Mexique et a été récemment initiée dans une loge du Grand Orient Féminin de Mexico, propose une sorte d’« initiation astrale » à la Franc-Maçonnerie pour ses abonnés en ligne.

À l’exception de la Grande Loge de Russie, qui respecte strictement les Principes de Reconnaissance et fait souvent preuve d’une hostilité extrême envers tous les autres groupes auto-définis comme maçonniques – et à l’exception des entités décrites dans les deux passages ci-dessus – tous les nombreux groupes maçonniques russes sont liés par des chaînes assez labyrinthiques et sinueuses de contacts, de relations, de conflits sporadiques, ainsi que par divers types de liens apparentés, amicaux, anacréontiques et autres liens personnels.

Ils s’engagent parfois dans des projets collectifs d’édition, caritatifs, scientifiques ou artistiques, mais cela ne semble guère systématique, le plus souvent découlant de l’initiative et des efforts de certains membres particuliers.

Les principaux défis auxquels est confrontée la franc-maçonnerie russe moderne, pour n’en citer que quelques-uns, sont les suivants :

Premièrement, le nombre étonnamment bas de membres tout au long de la quatrième période d’existence de la franc-maçonnerie dans ce pays, commençant en 1991 et approchant maintenant le cap des 30 ans.

Par ailleurs, le taux d’initiation moyen dans toutes les obédiences russes a toujours été et est aujourd’hui considérablement élevé, tandis que les discordes internes permanentes et l’instabilité semblent provoquer une fuite des membres, qui est également constante, même à des taux faibles et moyens.

Deuxièmement, le nombre modeste de membres et l’origine sociale dominante des membres (les militaires, le personnel de bureau, les éducateurs, les médecins, les étudiants), qui les positionnent quelque part entre les classes moyennes supérieures et les classes à faible revenu dans ce pays, avec une prédominance des classes moyennes inférieures… secteur, rendent difficilement possible l’engagement des membres dans des projets massifs de charité, d’édition ou d’éducation, qui auraient pu, à leur tour, contribuer à l’intégrité et à l’unité des loges.

Troisièmement, le territoire du pays est si vaste que la communication en dehors d’Internet, l’organisation d’événements rituels et d’initiations ont été, et seront toujours, un grand problème pour les quelques maçons russes qui ont assez peu d’argent à dépenser pour parcourir le pays à la recherche de la lumière.

Les quatrième et cinquième points sont les complexités maçonniques internes d’une seule et même origine ; c’est-à-dire la rigidité des loges régulières et traditionnelles et le laxisme et l’anarchie des loges libérales.

Le premier provoque le rejet de nombreux bons frères (et sœurs), et le second force l’érosion des repères et permet à presque tous les profanes de s’identifier comme franc-maçon.

Ayant prouvé à tous ceux qui voudraient l’affirmer qu’elle peut survivre à presque tous les défis et survivre malgré plusieurs morts, la franc-maçonnerie russe est aujourd’hui, comme elle l’a toujours été, un phénomène très complexe.

Un royaume divisé contre lui-même, un État où quelque chose est toujours pourri, il guide toujours, au nom de la charité et de la bonne volonté, les faibles à travers la vallée des ténèbres, et aussi longtemps qu’il est capable de continuer, il devrait et vivra. .

Article de : Eugene L. Kuzmishin

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Eugene L. Kuzmishin, 33º-95º – historien, éducateur, interprète, auteur de « La faux et la pierre » (Moscou, 2010) et « Maçonnerie » (Moscou, 2017), auteur d’un cours de maîtrise en franc-maçonnerie (chrétien russe Humanities Academy, Saint-Pétersbourg, 2017-2020), traducteur de Cagliostro, A. Pike, A. Mackey, A. Waite, J. Yarker, R. Ambelain, etc…

1 commentaire : uy MARIE 1 avril 2024 à 11:30

Cet article met en évidence la guerre de chapelle que les obédiences se livrent, comment des profanes peuvent prendre au sérieux ces obédiences « Réunir ce qui épars » et construire la cité idéale. La FM est en plein déclin, cela est profondément triste.

Source : https://450.fm/2024/03/31/combien-sont-les-francs-macons-russes-etat-des-lieux/

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Le Grand Maître de la Grande Loge de Russie Andrei Bogdanov, devant « Trud » : les francs-maçons doivent préserver le pont entre l’Occident et la Russie

Travail Труд

Le Grand Maître de la Grande Loge de Russie Andrei Bogdanov a accepté pour la troisième fois l’invitation du journal « Trud » pour une interview. La différence est qu’il s’agit de notre première conversation depuis la pandémie – sur les défis auxquels la franc-maçonnerie est confrontée aujourd’hui. Et nous le faisons en ligne, pas en direct. Comment les francs-maçons ont-ils enduré les mesures draconiennes des autorités sanitaires et les dizaines de restrictions ? La question de la solidité de la chaîne fraternelle est-elle à nouveau posée, mais à cause de la crise en Ukraine ?

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– M. Bogdanov, le monde est en train de construire une nouvelle architecture des relations – sociales, économiques et politiques. Mais la franc-maçonnerie en tant que partie intégrante de la société est également confrontée à des problèmes. La franc-maçonnerie en Russie se sent elle actuellement isolée des autres Grandes Loges à cause de la crise en Ukraine ?
– Sans aucun doute, un autre moment de vérité sur la franc-maçonnerie mondiale arrive. Mais je suis sûr que, comme par le passé – la guerre civile américaine, les guerres napoléoniennes, le conflit Falklands-Malvinas, les guerres en Irak et en Afghanistan, etc., la franc-maçonnerie y survivra avec honneur. La Grande Loge de Russie reconnaît la Grande Loge d’Ukraine et n’a pris aucune autre décision.

– Comment le travail des loges maçonniques a-t-il changé sous les sévères restrictions dues au coronavirus ? Avez-vous pu maintenir l’harmonie du rituel, alors que pendant des mois les gens étaient obligés de porter des masques, de garder leurs distances ?
– Pendant les deux années de la pandémie de coronavirus, la Grande Loge de Russie a cessé de fonctionner pendant seulement cinq mois. En Russie, la conduite du rituel maçonnique sur Internet, en ligne, est interdite. Néanmoins, les frères de toutes les loges n’ont pas cessé leurs contacts, ils ont parlé dans des conférences en ligne. Lors de ces forums, des ouvrages historiques et philosophiques consacrés à la franc-maçonnerie ont été discutés et des questions caritatives ont été résolues. En mai 2020, 350 frères ont chanté la chanson écossaise « Auld Lang Syne » en ligne pour tous les francs-maçons du monde entier.

– Avant de commencer, adressez-vous à vos frères et comparez la sévérité de l’isolement pendant le confinement avec l’époque d’il y a plus de 75 ans, lorsque le nazisme a traversé l’Europe. Comment avez-vous remonté le moral des lodges ? Je me demande combien de maçons, de combien de pays ont applaudi votre initiative dans la Grande Loge de Russie, de chanter les grands poèmes de Robert Burns en ligne ?
– Vous pouvez en juger par les statistiques – la vidéo a été publiée dans 120 groupes maçonniques fermés sur Facebook, regardée par 182 000 personnes, atteinte par plus de 293 000 de nos frères, partagée plus de 1 500 fois. A ce moment-là, des frères de l’Ohio, des Pays-Bas, d’Autriche… du monde entier nous saluèrent et nous remercièrent.

– En ce moment, vos frères francs-maçons d’Europe et des États-Unis essaient de garder une certaine distance avec les francs-maçons de Russie, mais n’est-ce pas un remplacement du principe maçonnique de base pour une chaîne mondiale fraternelle indestructible ? De la non-ingérence de la franc-maçonnerie dans la politique et de la franc-maçonnerie comme philosophie ?
– Il y a plus de deux semaines, je revenais de l’Assemblée de la Grande Loge d’Italie, qui s’est tenue à Rimini. Elle est entrée dans une chaleureuse communion avec tous les frères du monde entier. Cela m’encouragea encore plus et confirma mon bon choix de rejoindre la franc-maçonnerie ! Fin mai je suis invité et je m’envolerai pour Santiago pour le 160ème anniversaire de la franc-maçonnerie au Chili. Et début juillet je m’envolerai certainement pour le 260e anniversaire de la Grande Loge d’Afrique du Sud. Ainsi, la chaîne fraternelle maçonnique est solide et indestructible ! Le week-end dernier s’est tenue l’Assemblée Générale de la Grande Loge Unie de Bulgarie (UCLB). Évidemment, suite à un malentendu, nous n’avons pas reçu d’invitation de nos frères bulgares et notre délégation n’a pas pu participer à cette célébration. Mais je profite de cette occasion et je voudrais transmettre mes sincères salutations et mes accolades fraternelles au Grand Maître Nikolai Bozhilov et à tous les frères de l’OVLB pour ce jour heureux pour eux ! Pas en vain au centre de Sofia se dresse un monument au tsar libérateur russe Alexandre II, qui était franc-maçon. Je suis sûr que de telles pages d’histoire ne seront jamais oubliées. Traditionnellement, le 24 mai, de la Grande Loge de Russie, nous déposerons des couronnes et des fleurs devant le monument des éducateurs slaves les Saints Frères Cyrille et Méthode. Nous nous souvenons toujours de leur travail et les appelons francs-maçons sans tablier. Cette tradition de la Grande Loge de Russie a déjà cinq ans. Traditionnellement, le 24 mai, de la Grande Loge de Russie, nous déposerons des couronnes et des fleurs devant le monument des éducateurs slaves les Saints Frères Cyrille et Méthode. Nous nous souvenons toujours de leur travail et les appelons francs-maçons sans tablier. Cette tradition de la Grande Loge de Russie a déjà cinq ans. Traditionnellement, le 24 mai, de la Grande Loge de Russie, nous déposerons des couronnes et des fleurs devant le monument des éducateurs slaves les Saints Frères Cyrille et Méthode. Nous nous souvenons toujours de leur travail et les appelons francs-maçons sans tablier. Cette tradition de la Grande Loge de Russie a déjà cinq ans.

– Est-il possible que la propagation de la russophobie affecte la franc-maçonnerie ? Certains analystes affirment déjà que l’orthodoxie, par exemple, souffre de russophobie ?
– Non, non et non ! Aujourd’hui, une centaine de frères de la Grande Loge de Russie travaillent dans des loges étrangères. Et aucun d’entre eux ne s’est plaint du manque de relations fraternelles. Je suis sûr qu’il en sera toujours ainsi ! 

– Comment continuez-vous à maintenir l’intérêt pour la franc-maçonnerie au 21ème siècle ? Quel est l’attrait de la franc-maçonnerie aujourd’hui lorsqu’un jeune homme met un tablier blanc ?
– J’ai trois fils. Les deux aînés sont déjà francs-maçons ! Le plus jeune, il a 15 ans, a rejoint l’Ordre Paramasonique de Taupe en janvier de cette année. Vous savez qu’en franc-maçonnerie vous ne pouvez pas être invité ou appelé à la fraternité. Le profane, le non-initié, doit lui-même frapper à la porte. J’ai demandé à mes fils – pourquoi ont-ils rejoint ? Leur motivation était la suivante : dans le monde en ligne d’aujourd’hui, il n’y a pas assez de communication humaine vivante ; la fraternité a des gens intéressants, très instruits et de bonne réputation ; l’ordre poursuit de bons buts ; vous touchez l’histoire ; Papa ne serait pas membre d’une mauvaise organisation.

– Et pourquoi avez-vous décidé de devenir franc-maçon ?
– En Union soviétique, chaque élève de l’école devait lire le roman Guerre et paix de Léon Tolstoï. Après lecture, la question se pose dans l’esprit de chacun : qui sont les francs-maçons ? Et quand j’ai lu le roman, je me suis posé la question aussi. Puis, dans les années 1970 et 1980, j’ai cherché beaucoup de littérature dans les bibliothèques pour répondre. Il n’y avait pas d’internet, tous les livres n’étaient pas disponibles. Des concepts tels que la connaissance secrète, la noblesse, le sacrifice de soi, l’éducation, le devoir envers la patrie, sont restés dans mon esprit. 

Et quand un de mes amis proches m’a dit au milieu des années 1990 qu’il était franc-maçon, j’ai commencé à penser à rejoindre la franc-maçonnerie. En 2000, en mai, j’ai rejoint. Mais si je dois être honnête avec vous, ce qui m’a beaucoup dérangé en entrant, c’est le rituel maçonnique et les accessoires – les insignes, les tabliersJ.

J’ai eu le sentiment que les hommes plus âgés, enfants, n’avaient pas assez de temps pour jouer aux « soldats ». Ce n’est qu’un an ou deux plus tard que j’ai réalisé que c’était un must. C’est le rituel qui est le facteur qui crée toutes les relations fraternelles.

– Dans notre dernière conversation avant la pandémie, vous disiez que la bande noire est toujours suivie de la blanche, et quand la bande blanche arrive, ce sont les francs-maçons qui établiront les liaisons nécessaires entre les différents pays. Pourquoi la période noire dure-t-elle si longtemps ? 
– Je ne suis pas d’accord avec toi. Mais il y a eu des périodes blanches et noires dans nos vies. Malheureusement, depuis huit ans, des nuages ​​sombres s’amoncellent sur l’humanité. Mais je suis sûr qu’il y aura du soleil dans le futur. Avec tous les problèmes du monde aujourd’hui, la franc-maçonnerie semble être le seul pont entre les civilisations de l’Occident et la Russie. Et nous, les maçons, devons le préserver ! En cela, je vois mon petit rôle de Grand Maître de la Grande Loge de Russie. Entre autres choses, nous devrons briser les nuages ​​avec nos mains et nos mots. Le concept d’opposition Ouest-Est, Ouest-Russie, Ouest-Chine est utilisé en politique. Comme l’opposition Nord-Sud vient de certaines théories économiques. Alors que dans la franc-maçonnerie, il n’y a pas d’opposition Ouest-Est ou Ouest-État séparé. La franc-maçonnerie est une fraternité mondiale.

– Le monde assistera-t-il bientôt au renouvellement des ponts entre l’Occident et la Russie ?
– Les francs-maçons ont construit non seulement des bâtiments mais aussi des ponts ! Je pense que les francs-maçons construiront beaucoup plus de ponts. Nous avons fait cela toute notre vie.

– Et encore une fois, je profite de vos paroles précédentes pour dire qu’il y a 300 ans, lorsque la franc-maçonnerie moderne est née, les francs-maçons rêvaient de droits égaux pour tous. De quoi rêvent les francs-maçons d’aujourd’hui ?
– Pour le même. Malheureusement, ces rêves ne se réalisent pas partout.

– A propos de la division, mais aussi de la distance – comment expliqueriez-vous ce phénomène qu’aujourd’hui, alors que les gens du monde entier communiquent instantanément via Internet, via les téléphones portables, l’homme s’éloigne de plus en plus de l’homme ?
– A cet égard, la franc-maçonnerie a aujourd’hui un grand avantage. Nous nous réunissons régulièrement et effectuons nos rituels uniquement en direct. Dernièrement, cela attire de plus en plus d’hommes vers nous. Tout le monde en a assez de communiquer uniquement en ligne. Dans la vie « caricaturale » d’aujourd’hui, il est très important pour beaucoup de sentir l’épaule fraternelle.

– Vous vous souvenez peut-être que dans l’un de ses célèbres discours, feu Thomas Jackson, l’un des noms les plus brillants de la franc-maçonnerie moderne, déclarait en 2015 à Legsington avec ferveur : « Si je savais ce qu’est la franc-maçonnerie aujourd’hui, je doute que je le devienne… franc-maçon il y a 56 ans. » Qu’est-ce qui peut briser la chaîne fraternelle ?
– Croire que dans notre pays, en Russie, la franc-maçonnerie est en plein essor. Pendant la pandémie nous avons créé 8 lodges dont 2 en Sibérie. Il y a maintenant une admission active de membres à l’Ordre. Je pense que dans 2-3 ans nous ouvrirons encore 8-10 lodges en Sibérie et en Extrême-Orient. L’histoire de 300 ans de la franc-maçonnerie régulière, basée sur l’application stricte de la Constitution de James Anderson, selon laquelle il est interdit de discuter de questions politiques et religieuses dans les loges régulières, a prouvé la force de la chaîne fraternelle ! Et le moindre écart à cette Constitution peut conduire à une rupture dans la fraternité. Aujourd’hui, les portes des loges irrégulières sont ouvertes à tous ceux qui souhaitent s’exprimer sur la situation politique d’un pays en public et dans les loges.

– Avec Viktor Belyavsky, Grand Maître Adjoint de la Grande Loge de Russie, vous travaillez avec les archives des Grandes Loges d’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Comment ces documents se retrouvent-ils à Moscou ? Combien de Grandes Loges ont demandé l’accès à des documents historiques au fil des ans ?
– Oui, en effet, les archives de nombreuses loges maçonniques européennes se trouvent à Moscou et sont dans le domaine public. Tout le monde y a accès. Et tout citoyen d’un autre pays. Les archives sont arrivées à Moscou en 1945. L’histoire est la suivante : pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler a rassemblé toutes les archives maçonniques dans tous les territoires conquis. Il les garde à Berlin. Lorsque l’armée soviétique a capturé Berlin, ces archives, environ 40 wagons, ont été transportées à Moscou. Depuis 1991, ils sont librement accessibles à toute personne intéressée. Belyavski étudie ces archives depuis plus de 15 ans. Pendant ce temps, deux Grandes Loges, l’Autriche et l’Allemagne, nous ont demandé de l’aide. Toutes les copies des documents qui leur sont remis sont un cadeau de la Grande Loge de Russie. Nous sommes toujours prêts à aider chaque Grande Loge à rechercher et copier ses archives.

« Je suppose que tu écris un nouveau livre. » Sur quel sujet travaillez-vous actuellement ?
– Bien sûr. Je travaille sur le deuxième volume du livre « Origine de l’Ordre des francs-maçons » (XIX-XX siècles). Dès que nous le publierons, nous vous le donnerons. Et espérons que, comme le premier volume (XVII-XVIII siècles) avec l’aide de la Vénérable Loge « Shipka » №50 sera publié en bulgare.

Notre invité - Andrei Bogdanov est né le 31 janvier 1970 à Mozhaisk, dans la région de Moscou. Il est diplômé de l’Académie russe d’économie Plekhanov. Docteur en sciences politiques (MSU). Il est politologue de profession. Candidat à la présidence de la Russie en 2008. Depuis le 30 juin 2007, il est Grand Maître de la Grande Loge de Russie. Marié, a trois fils et un petit-fils. Anglais courant.

Source : https://www.gadlu.info/grande-loge-de-russie-les-francs-macons-garants-du-lien-occident-russie/

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Cet article est une ébauche concernant la franc-maçonnerie et la Turquie. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.

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Carte postale naïve de 1895 saluant la Constitution ottomane du 23 décembre 1876, figurant le sultan Abdul-Hamid ainsi que les différents peuples de l’empire en fraternité et la Nation ottomane se relevant de ses chaînes. L’ange symbolisant l’émancipation porte une écharpe avec les mentions « Liberté, Égalité, Fraternité » en turc et grec.

Cet article présente diverses informations sur l’histoire et la situation actuelle de la franc-maçonnerie en Turquie.

Histoire

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Damad ottoman Ahmed Nami Bey.

Une franc-maçonnerie de type français s’implante en Turquie au cours du XIXe siècle, tout d’abord à Salonique puis à Istanbul. Il semble qu’elle soit arrivée par les loges militaires nées durant la guerre de Crimée, au contact d’officiers francs-maçons anglais et français, et par des loges d’intellectuels constituées autour des professeurs français des écoles de l’Alliance israélite universelle fondée par Gaston Crémieux. Les maçons sont alors très actifs dans l’armée, où les militaires hostiles à l’absolutisme et voulant laïciser l’État pouvaient en effet se réunir à l’abri des loges pour pouvoir s’exprimer librement sur l’avenir de l’Empire ottoman.

Selon le maçonnologue Paul Naudon, la franc-maçonnerie ottomane influence en partie le jeune officier Mustafa Kemal, initié à la loge Vedata de Thessalonique et futur fondateur de la République turque. Cependant, il lui faudra être auréolé du statut de sauveur de la nation, au terme de la guerre d’indépendance turque, pour pouvoir déposer le sultan-calife, laïciser l’État et la législation, instituer l’égalité hommes femmes, interdire le fez et le voile islamique, romaniser l’écriture et rendre l’instruction publique obligatoire, réformes radicales qui, en temps de paix, n’auraient jamais été acceptées par la majorité des populations d’un Empire dont le souverain était aussi le commandeur des croyants et dont l’islam, religion d’État, inspirait la législation et soumettait les non-musulmans à des discriminations comme le haraç (capitation supplémentaire) ou l’impossibilité de faire carrière dans l’armée1.

En 1935, le gouvernement turc décide de démolir toutes les loges maçonniques en Turquie au motif que les principes maçonniques sont incompatibles avec la politique nationaliste2.

Situation obédientielle - Voir l’article annexe : Liste d’obédiences maçonniques#Turquie. On trouve en 2016 en Turquie des obédiences dite « libérale et a-dogmatique » ou « régulière ».

Articles complet avec Notes et références sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Franc-ma%C3%A7onnerie_en_Turquie

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Les premières loges étrangères voient le jour dans l’empire ottoman en 1738. Peu à peu, des non-Européens y entrent. En 1861, est fondé un Suprême Conseil qui, à son tour, en 1909, crée le Grand Orient de l’Empire Ottoman. Lequel se saborde en 1935, estimant ses idéaux accomplis par Atatürk. Résurrection en 1948, et l’inévitable scission en 1966, des Frères tenant à se soumettre aux landmarks anglais. Les adogmatiques se maintiennent, progressent et suscitent une Obédience féminine, forte d’un millier de Sœurs.

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1 Si, un jour, votre chemin vous mène à Istanbul, la ville la plus importante de Turquie aussi bien sur le plan économique que sur le plan maçonnique, un Frère ou une Sœur se feront un plaisir de vous montrer deux statues érigées sur une terrasse, au premier étage d’un immeuble appartenant à une banque, face au port, et donnant sur une artère passante. Elles surplombent les piétons du haut de leurs trois mètres et plus.

2 Ce sont, espacées de six à sept mètres, les statues du Maître Hiram et de la Veuve, sculptées en pierre de taille. Hiram est à l’ordre, tenant son maillet et vêtu de son tablier. La Veuve, qui semble implorer de l’aide, est accompagnée de deux enfants. Ces statues prennent place au-dessus d’une frise de feuilles d’acacia parcourant toute la façade. Plus haut sur le bâtiment, on peut remarquer des symboles relatifs aux hauts grades. C’est sans doute le seul exemple au monde de Maître Hiram et de la Veuve, statufiés au centre d’une ville.

3 Tout atlas historique indique qu’avant sa dislocation, le territoire de l’Empire ottoman, sur les restes duquel est fondée la Turquie, se trouvait au croisement de deux routes que les historiens appellent « la route de la Soie » et « la route des Epices ». L’importance et la signification considérables qu’avaient ces deux routes pour la vie économique de l’époque sont immenses. Cette position stratégique a incité certaines populations d’Europe à venir s’établir là pour travailler et s’enrichir, en développant les relations commerciales et maritimes avec le Vieux Continent. Le commerce de textiles et d’épices, les activités bancaires, de change et d’assurance, le transport maritime, la construction ainsi que certains secteurs de l’industrie, ont été les cibles de prédilection de ces nouveaux arrivants.

Les deux statues sur la façade d’une banque en plein Istanbul : Hiram et la Veuve, s’expliquent…

4 Ainsi s’expliquent les deux statues érigées face au port d’Istanbul. Ce bâtiment, construit il y a plus de cent cinquante ans, était destiné à abriter une société d’assurances française. Son architecte était un frère levantin français. Il a profité de l’occasion pour mettre Hiram et la Veuve à la vue de tout le monde…

5 Les immigrés européens étaient composés de plusieurs nationalités : française, italienne, polonaise, hollandaise, belge, allemande, anglaise, irlandaise, autrichienne, hongroise ou suisse, plus particulièrement de Genève. On les appelait « levantins », puisqu’ils se trouvaient dans le pays du Soleil Levant, « Anatolia » en grec, le pays où le soleil se lève, l’Orient. Bien qu’un nombre significatif de descendants de ces levantins soit rentré dans leur pays d’origine, une minorité à ne pas négliger a élu domicile en Turquie, gardant et pratiquant ses traditions, ses langues, ses cultes, ainsi que ses systèmes d’enseignement et d’éducation, pratiquant encore de nos jours une certaine activité dans le commerce et l’économie.

6 Dans le courant du 18e siècle, les levantins ont entrepris de créer des loges maçonniques dans leurs villes, à l’image de leurs confrères dans leur pays d’origine. Dès 1738, la présence de loges est attestée, notamment dans les villes portuaires ou commerçantes, comme Alep, en Syrie, et Istanbul, en Turquie. Leur vie a été éphémère. C’est à partir des années 1850 qu’une activité maçonnique soutenue fait son apparition.

7 Ces loges dépendaient des obédiences d’origine de leurs fondateurs. Souvent, quand le fondateur d’une loge rentrait dans sa patrie, la loge qu’il avait créée s’éteignait. D’autres reprenaient le flambeau sous un autre nom. L’on rencontre ainsi à cette époque une pléthore de loges maçonniques, notamment à Istanbul, Izmir, Thessalonique et dans diverses villes côtières de l’Empire, aussi bien au Liban et en Egypte qu’en Syrie (tous ces pays faisaient partie de l’Empire ottoman).

8Ainsi émergent des loges italiennes, françaises, anglaises, irlandaises, allemandes, hongroises, polonaises etc. Ces loges pratiquaient des rites différents et initiaient de préférence les levantins ayant la nationalité du pays de l’obédience mère. Elles avaient peu de relations entre elles.

Les Jeunes-Turcs étaient imprégnés des idées débattues dans les loges de Thessalonique

9 Parmi ces loges maçonniques, celles de Thessalonique étaient connues pour leurs idées novatrices et réformatrices. Les Jeunes-Turcs, un mouvement politique et idéologique de l’époque, imprégnés des idées développées là, espéraient user de leur influence auprès du Sultan pour l’obliger à réformer la direction et l’administration de l’Empire, voire à adopter une nouvelle Constitution inspirée des idées modernistes de l’Europe.

10 Au tout commencement de leur existence, les loges maçonniques étrangères étaient fermées aux autres minorités de l’Empire, qu’elles fussent grecques, arméniennes ou juives. Cependant, sans trop tarder, ces minorités se firent initier en même temps que les levantins, suivies peu après par une partie de la population musulmane se trouvant des affinités avec la culture occidentale.

11 L’Empire ottoman, surtout vers sa fin, attirait la convoitise des puissances impérialistes de l’époque, parmi lesquelles la France, l’Allemagne et l’Angleterre, qui travaillaient et intriguaient puissamment pour gagner la sympathie des dirigeants à leurs causes. Les premiers ministres nommés par le Sultan, ainsi que leurs cabinets, étaient ainsi qualifiés, selon le cas, de pro anglais, pro français ou pro allemand. Les puissances étrangères n’hésitaient pas à utiliser les loges maçonniques de l’Empire pour servir leurs desseins.

12 Nous assistons ainsi, en 1876, à l’initiation secrète du futur Sultan Mourad par une loge du Grand Orient de France établie à Istanbul, dont le Vénérable Maître n’était autre que Louis Amiable, grande figure de la maçonnerie française, en poste diplomatique à Istanbul. Amiable est connu pour sa monographie de la fameuse loge des Neuf Sœurs. Le but poursuivi par cette initiation était sans aucun doute de gagner le futur Sultan aux influences françaises.

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13 La déception fut grande des deux côtés car, peu de temps après son intronisation, Mourad fut renversé par son frère Abdülhamid, connu dans le monde occidental sous la dénomination de « Sultan Rouge », à cause de la couleur de sa barbe qu’il teignait en ocre. Abdülhamid n’était pas un grand sympathisant des francs-maçons. Pendant vingt-sept longues années jusqu’à sa mort, le Sultan renversé fut gardé prisonnier dans un palais, aujourd’hui hôtel de luxe au bord du Bosphore. Il a attendu en vain l’intervention de la France pour le libérer. Il pensait que le Grand Orient de France interviendrait en sa faveur auprès du gouvernement français. Par contre, le Sultan Rouge utilisait l’appartenance de son frère déchu à la franc-maçonnerie pour le dénigrer auprès du peuple et pousser ses sujets à un comportement antimaçonnique. Il fut déchu à son tour après trente-trois ans de règne. L’acte de déchéance lui fut lu dans son palais par trois députés, tous les trois francs-maçons.

14 L’histoire de la maçonnerie turque connaît quelques dates importantes. L’année 1861 marque la fondation du Suprême Conseil de l’Empire Ottoman, le prédécesseur de l’actuel Suprême Conseil pour la Turquie. C’est donc l’un des plus anciens au monde.

15 Le Sultan Rouge exerçait un contrôle strict de l’activité maçonnique. Très suspicieux, il avait placé ses espions partout, y compris dans les loges. Les loges étrangères n’y faisaient pas exception. Toute création de nouvelles loges fut entravée.

16 Aussitôt ce Sultan renversé en 1909, un air de liberté souffla. La maçonnerie en a profité pour créer un Grand Orient de l’Empire Ottoman, qui plaçait sous son autorité toutes les loges en activité. Cette création fut rendue possible par la renaissance du Suprême Conseil, dont la reconstitution avait été approuvée par la Conférence des Suprêmes Conseils à Bruxelles en 1907.

17 La date de 1909 marque ainsi le commencement d’une franc-maçonnerie indépendante et souveraine en Turquie.

18 La création d’une obédience maçonnique en Turquie grâce aux efforts soutenus d’un Suprême Conseil créé avant elle est une des caractéristiques de la franc-maçonnerie turque : dans les autres pays, ce sont les obédiences qui créent leur Suprême Conseil, en Turquie c’est un Suprême Conseil qui créa l’obédience.

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Les amis les plus proches d’Attatürk, et bon nombre de ses ministres, étaient francs-maçons.

19 Le Grand Orient de l’Empire Ottoman ne manqua pas d’initier les grandes sommités de l’Etat. Ses Grands Maîtres successifs furent des ministres ou des premiers ministres. Ses membres étaient cosmopolites, aussi bien levantins qu’issus des minorités grecque, arménienne ou juive de l’Empire, sans oublier les musulmans, arabes ou turcs. De ce fait, les trois livres sacrés des religions monothéistes, le Talmud, la Bible et le Coran, prenaient place en permanence sur l’autel des serments. C’est encore le cas dans de nombreuses loges aujourd’hui, ce qui fait de la Turquie est un des seuls pays au monde, sinon le seul, où l’on pratique ainsi.

20 Cependant, cette nouvelle institution n’eut pas la vie tranquille. Les mouvements antimaçonniques qui faisaient rage en Europe, enflammés par les écrits de Léo Taxil, ne tardèrent point à atteindre les rives du Bosphore. Par ailleurs, certains dirigeants de l’Empire ou même des ténors importants de l’opposition parlementaire, bien qu’initiés, portaient leurs querelles dans les loges. Cette période trouble continua jusqu’en 1912, année de paix éphémère puisque l’Empire ottoman fut partie prenante dans la Première Guerre Mondiale, qui mobilisa la grande majorité des frères.

21 L’année 1923, qui marque la fondation de la République de Turquie par Mustafa Kemal Atatürk, constitue une autre date marquante de l’histoire maçonnique turque. Les amis les plus proches d’Atatürk étaient souvent des francs-maçons. Les ministres les plus en vue du gouvernement, son médecin personnel même, étaient francs-maçons.

22 Certains historiens, surtout italiens, affirment qu’Atatürk lui-même fut initié dans une loge italienne, Risorta Veritas, à Salonique, sa ville natale – sans cependant produire de preuve. Tout récemment, une rumeur circula, affirmant que Mustafa Kemal aurait été initié en 1909 dans une loge militaire en France, alors qu’il se trouvait en Picardie pour participer à des manœuvres militaires comme officier de l’armée ottomane. Sans plus de preuves.

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23 En 1932, le congrès de l’Association Maçonnique Internationale (AMI) se tint à Istanbul avec la participation de frères éminents venant de diverses obédiences, dont Arthur Groussier, représentant le Grand Orient de France. Lors de l’ouverture des travaux, le congrès adressa un télégramme de gratitude et de salutations respectueuses à Atatürk, qui répondit immédiatement, exprimant sa satisfaction quant à la tenue de ce congrès à Istanbul et lui souhaitant plein succès.

24 Hormis une réflexion sur les problèmes de la maçonnerie universelle, des activités festives étaient prévues, annoncées au monde profane local par la presse ou par les maçons eux-mêmes, qui multipliaient les inscriptions du type « excursion maçonnique », « sortie maçonnique », « bal maçonnique » etc. La volonté d’extériorisation de la maçonnerie dans cette région du monde, où l’Art Royal était méconnu ou mal connu, était nette. Mais l’époque était dangereuse. Le problème était-il différent dans d’autres pays ? Quelques années plus tard, la maçonnerie européenne a vu les pouvoirs publics décider l’interdiction des obédiences et la fermeture des loges.

25 La Turquie n’échappa pas à la contagion. Bien qu’Atatürk, le fondateur de la nouvelle république, ait été entouré de ministres francs-maçons très influents, la décision fut prise d’interdire la maçonnerie. Mais, pour éviter d’en donner au gouvernement la responsabilité, l’obédience maçonnique fut secrètement priée de se saborder. C’est ainsi qu’en 1935, dans une déclaration publique remise au gouvernement, lue à la radio et reprise par la presse écrite, le Grand Orient de Turquie annonça que les réformes entreprises par le gouvernement, notamment dans le domaine de la culture, correspondaient exactement aux buts poursuivis par l’obédience maçonnique et que, de ce fait, le Grand Orient de Turquie n’avait plus de raison d’être. Il décidait par conséquent de fermer ses portes et de cesser toute activité maçonnique.

26Cette décision, prise sous la pression gouvernementale, marquait la fin de la maçonnerie en Turquie pour une longue période de treize ans. Pas tout à fait cependant, car la décision ne visait que les loges bleues. Soit par oubli, soit par négligence volontaire, le Suprême Conseil de Turquie restait épargné. Personne ne doute qu’Atatürk, entouré d’éminents maçons membres du Suprême Conseil, ait été au courant de cette entorse. Celle-ci permit à la maçonnerie turque de vivoter en secret, se réunissant chez les uns ou les autres, plus particulièrement dans un immeuble du centre de la ville dont un des appartements était occupé par mes grands-parents. Lors de ces activités, on initiait même des profanes pour garantir la reprise de la vie maçonnique le moment venu.

La fin de la Seconde Guerre mondiale et le vent de liberté qui souffla permirent à la franc-maçonnerie turque d’être officiellement autorisée. Plusieurs frères devinrent des dignitaires de l’Etat

27 Ce moment arriva en 1948. La Seconde Guerre mondiale était terminée et le vent de la liberté soufflait de nouveau. Profitant de l’occasion, le Suprême Conseil de Turquie demanda officiellement au gouvernement de ré-autoriser la maçonnerie dans le pays. Celui-ci, soucieux de prendre sa place dans un monde de liberté, donna son feu vert sans difficulté.

28 Ce fut le début de la troisième période de la vie de la maçonnerie en Turquie. Et, pour la seconde fois, le Suprême Conseil procéda à l’ouverture des loges, tout en entreprenant une nouvelle organisation de la maçonnerie pour une meilleure implantation.

29 Le Grand Orient de Turquie a commencé par changer de nom, pour devenir la Grande Loge de Turquie. Plutôt que de continuer avec les anciennes loges d’avant la période d’interdiction, de nouvelles loges furent créées. Le mouvement maçonnique voulait ainsi signifier l’adoption de valeurs nouvelles. Un premier pas impératif était de libérer les loges symboliques de la tutelle du Suprême Conseil, ce qui fut arrangé par un concordat signé en 1956 entre le Suprême Conseil et la Grande Loge de Turquie.

30Un deuxième impératif était d’obtenir la reconnaissance universelle de cette nouvelle obédience, et surtout sa régularisation par la Grande Loge Unie d’Angleterre. Cette tâche s’avéra très difficile, la création de la Grande Loge de Turquie ne s’étant appuyée sur aucune Grande Loge reconnue auparavant par la Grande Loge Unie d’Angleterre, condition essentielle pour la régularisation par elle d’une obédience quelconque.

31 Après bien des années de discussions, un artifice fut trouvé en rattachant la fondation de la nouvelle obédience à une Grande Loge créée en Egypte au temps de l’Empire ottoman par le Suprême Conseil, qui n’a jamais cessé d’exister depuis. Cette Grande Loge égyptienne avait été reconnue comme régulière par la Grande Loge d’Ecosse de l’époque.

32 En 1965, une délégation de la Grande Loge d’Ecosse vint donc à Istanbul pour procéder à la cérémonie de consécration des temples de l’obédience qui, entre-temps, avait pris le nom de Grande Loge de Turquie des Maçons Libres et Acceptés.

Une reconnaissance trop fortement imprégnée des valeurs chrétiennes

33 Cette cérémonie de consécration ne fut pas du goût de tous, car trop fortement imprégnée des valeurs chrétiennes. Elle lui permit néanmoins d’être reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre et par toutes les autres obédiences régulières au monde.

34 Le feu couvait cependant au sein de l’obédience, dû à un autre incident, politique celui-là. Un ancien membre de l’obédience voulait tenter sa chance dans la politique en devenant le président d’un parti qui avait de très fortes chances d’arriver au pouvoir. Ses adversaires découvrirent son appartenance à la maçonnerie, un crime de lèse-majesté en politique. Pour éviter les retombées néfastes, le futur politicien écrivit une lettre à l’obédience, la priant de lui dire s’il faisait ou non partie de l’institution. De fait, ce frère n’était plus assidu. La Grande Loge lui répondit donc en lui fournissant une déclaration affirmant qu’on ne voyait pas son nom dans les matricules de l’obédience.

35 Muni de ce justificatif, le futur politicien déclara publiquement qu’il n’était pas franc-maçon et que, chez lui, « on priait cinq fois par jour », insinuant par là que les maçons ne pratiquaient pas leur religion ! Ce fut le tollé dans l’obédience. Déjà échauffés par une cérémonie de consécration qui ne leur convenait pas, certains frères furent choqués par la déclaration de l’obédience. Ils furent attristés également par la ridiculisation de la maçonnerie sur la place publique, situation dont la Grande Loge était la cause, ce qui n’empêcha pas le frère incriminé de satisfaire ses desseins en devenant président du parti en question, puis premier ministre et même Président de la République plus tard, occupant ainsi la première place dans la vie publique pendant plus de quarante ans.

La scission de 1966 s’explique par un excès de compromissions politiques de la part de la Grande Loge des Maçons Libres et Acceptés de Turquie et son entêtement à vouloir évoquer Dieu et le Gadlu

36 En 1966, à la suite d’une friction entre le Suprême Conseil et les loges bleues, une centaine de frères membres des hauts grades du Suprême Conseil, ainsi que son président, décidèrent de quitter la Grande Loge de Turquie des Maçons Libres et Acceptés et de continuer leurs travaux dans une nouvelle obédience, créée sous l’impulsion du S∴C∴ et installée dans son immeuble.

37 Ainsi, pour la troisième fois dans l’histoire de la maçonnerie turque, le Suprême Conseil recourait à la création d’une obédience maçonnique. Celle-ci prit le nom de Grande Loge Libérale de Turquie, qui fut immédiatement reconnue par le Grand Orient de France ainsi que par la Grande Loge de France, suivie plus tard par d’autres.

38 Un concordat fut signé entre le Suprême Conseil et cette nouvelle obédience pour donner entière liberté aux deux institutions quant à gérer les grades relevant de leur autorité, les deux entités étant autonomes et indépendantes l’une de l’autre. Depuis 1966, date du schisme, les deux obédiences, l’une reconnue par la G∴L∴U∴A∴, l’autre non, suivent donc leur chemin propre, et se différencient par certaines particularités.

39 Jusqu’à sa reconnaissance par la maçonnerie anglo-saxonne, la Grande Loge de Turquie pratiquait le Rite Ecossais Ancien et Accepté. Après sa reconnaissance, l’obédience s’est conformée aux recommandations de la Grande Loge Unie d’Angleterre pour changer le rite pratiqué et ses symboles. Elle a adopté le Rite Emulation et son symbolisme. Avec le temps, elle lui a apporté certaines transformations en vue de lui donner une coloration de « Rite Turc ».

40 La Grande Loge Libérale pratique toujours le Rite Ecossais Ancien et Accepté. Elle lui a aussi apporté quelques modifications en vue de satisfaire certaines aspirations de ses membres.

41 La Grande Loge Libérale n’est pas reconnue par la Grande Loge des Maçons Libres, qui la taxe d’obédience clandestine. Il n’y a aucune relation officielle entre les deux institutions, mais parfois des contacts discrets. Certains frères de l’obédience dite régulière refusent de reconnaître la qualité de « frère » aux membres de l’obédience libérale, préférant les appeler « Monsieur ».

42 A part ces petits traits de comportement, plus ou moins caractéristiques des maçonneries universelles dites régulières concernant leurs relations avec les maçonneries a-dogmatiques, certaines différences conceptuelles résident dans la pratique respective de la maçonnerie par les deux obédiences.

43 L’obédience dite régulière exige de ses membres la croyance en un dieu symbolisé chez eux par le Grand Architecte de l’Univers. Elle exige aussi la croyance en l’immortalité de l’âme. Les planches se terminent par la traduction en turc de l’expression « Ainsi soit-il ». Les tenues sont closes en demandant l’aide du Grand Architecte de l’Univers pour réussir leurs travaux. Les livres sacrés des trois religions monothéistes sont ouverts à chaque tenue sur l’autel des serments.

Dans la Grande Loge Libérale de Turquie, le principe premier est la liberté absolue de conscience. A chacun de chercher sa vérité !

44 La Grande Loge Libérale n’exige de ses membres aucune croyance en un dieu. Le mot d’ordre est « le libre arbitre », ou la liberté absolue de conscience. Quant à l’immortalité de l’âme, elle est laissée à la libre appréciation de chacun.

45 Les travaux de la Grande Loge Libérale s’ouvrent avec le symbole du Grand Architecte de l’Univers. La liberté absolue de conscience régnant, il est logique de n’imposer à personne un sens défini et immuable du concept de GADLU. La Grande Loge Libérale estime que le Grand Architecte de l’Univers n’est qu’un symbole et que l’on ne peut glorifier un symbole ni lui demander son aide. De ce fait, ce concept a un contenu dynamique, contrairement au contenu statique en vigueur dans l’obédience concurrente, et il incombe à chaque frère de rechercher le sens caché par ce symbole, en accord avec les principes et les objectifs de la maçonnerie. Chacun est libre d’interpréter ce symbole selon sa recherche personnelle de la vérité, sans imposer le résultat de cette recherche à un autre frère ou sœur.

46 Conformément encore, au respect de la liberté absolue de conscience sur l’autel des serments, n’est posé qu’un livre composé de pages blanches. Ce livre contient la vérité personnelle de chacun. Pour découvrir cette vérité, il faut la chercher. Cette recherche est pourvue d’une méthodologie. Elle est permanente et individuelle, sans fin ni aboutissement. Chaque frère est appelé à y œuvrer.

47 Toutes les loges de l’obédience libérale sont ouvertes, sans autorisation préalable, à la visite de tout maçon et de toute maçonne venant de toute obédience pouvant prouver son identité maçonnique.

48 Les planches présentées dans les loges des deux obédiences ont le même trait de caractère. Elles sont axées sur des sujets de société, sur le symbolisme maçonnique, sur l’histoire de la maçonnerie, sur des sujets philosophiques ou culturels. Les discussions ayant un caractère de parti pris sur la politique et sur les religions sont interdites.

49 Une particularité de l’obédience libérale est que les travaux effectués dans les loges ne se terminent pas dans le temple. Après les discussions dans la loge, les frères continuent le débat pendant l’agape. Chaque temple a sa salle humide qui lui est propre. Ainsi, les membres de chacune des loges ayant une tenue ce midi-là se réunissent ensuite pour les travaux de mastication dans la salle humide appartenant au temple où a lieu la tenue. Le prix des agapes est compris dans les capitations. De ce fait, nombreux sont les frères (et les sœurs visiteuses) qui assistent aux agapes. Après une demi-heure de conversations à bâtons rompus, le Vénérable maître donne le signal de départ des discussions.

50 Actuellement, le paysage maçonnique turc se compose de trois obédiences  : la Grande Loge des Maçons Libres et Acceptés, dite régulière, avec plus de 12 000 frères et plus de 270 loges dans une dizaine d’Orients ; la Grande Loge Libérale de Turquie, qui rassemble quelques 3 300 frères travaillant dans 51 de loges et dans huit Orients ; et la Grande Loge Féminine de Turquie, forte de quelques 1 050 sœurs travaillant dans 14 loges et cinq Orients.

51 La Grande Loge Libérale est membre de plusieurs associations ou organisations maçonniques universelles et elle leur offre souvent l’hospitalité pour leurs réunions, congrès ou assemblées. La Grande Loge Libérale vient de célébrer ses quarante ans d’existence.

52 Chacune des deux principales obédiences est propriétaire de ses temples, la Grande Loge Libérale mettant les siens à la disposition de la Grande Loge Féminine dans les Orients où elle n’en a pas.

La franc-maçonnerie turque est, par sa puissance, la troisième sur les bords de la Méditerranée, après la française et l’italienne

53 Comme de grandes disparités prévalent dans l’enseignement en Turquie, la maçonnerie est plutôt élitiste. Les frères et les sœurs proviennent surtout des professions du secteur secondaire et tertiaire. Les représentants du secteur primaire sont absents. Un certain nombre de militaires en retraite, ou même actifs, sont également sur les colonnes. Les trois obédiences présentent une moyenne d’âge basse, ce qui est de bon augure pour leur pérennité et l’avenir de la franc-maçonnerie.

54 Sur les rives de la Méditerranée, la maçonnerie turque est la troisième par sa puissance, juste après les maçonneries française et italienne. Elle défend et pratique une maçonnerie défendant des valeurs universelles et ouverte à toute culture. Chacune des deux principales obédiences publie régulièrement des périodiques et des livres se rapportant à la maçonnerie.

55 S’il faut rechercher la raison de cette forte implantation dans un pays à majorité de population musulmane, on en voit deux : un régime parlementaire axé sur la démocratie et sur l’Etat de droit, et la laïcité.

56 La Turquie se trouve être le seul pays au monde à majorité de population musulmane pratiquant la démocratie parlementaire en même temps qu’une laïcité militante à la française. La laïcité est inscrite dans le préambule de sa Constitution.

Une laïcité trop souvent incomprise et déformée par les intégristes de tous genres

57 Cependant, cette laïcité n’est souvent pas comprise ni respectée par les milieux intégristes de tous bords, qui veulent exercer une domination sur la sphère publique comme sur la sphère privée. Leurs cibles favorites sont les institutions démocratiques respectant la laïcité, dont la franc-maçonnerie. Ils considèrent que la franc-maçonnerie est le bras long des civilisations chrétienne et juive qui, comme les missionnaires en Afrique au siècle passé, travaillent à endoctriner les populations musulmanes. La liberté de pensée est leur pire ennemi.

58 Les diverses périodes de la maçonnerie turque ont connu des attaques venant de tous les milieux. Leur fondement n’était guère différent de celui qui dominait les comportements antimaçonniques dans les autres pays. Cependant, une différence de taille réside dans les attaques avant et après l’avènement de la République de Turquie. Alors que, pendant la période de l’Empire ottoman, elles restaient impunies et même encouragées par le Sultan lui-même, celles qui surviennent après la fondation de l’Etat de droit, et causant un préjudice, sont punies par les instances pénales de l’Etat.

59 On trouve toujours dans les médias des prises de position antimaçonniques, ou des « marronniers » visant la maçonnerie, comme partout, mais ces mêmes médias font aussi la part belle à l’autodéfense de la maçonnerie, aux déclarations des obédiences ou aux activités d’extériorisation de celles-ci. Une partie significative des personnes actives dans la presse ou l’audiovisuel sont par ailleurs des frères (ou des sœurs).

60 Il en est de même dans la politique. Les partis politiques qui prônent le nationalisme affichent sur la place publique leurs prises de position contre la franc-maçonnerie, utilisant le même langage que le Front National en France. On peut espérer que le processus engagé en Turquie en vue de sa future et hypothétique adhésion à l’Union Européenne aura comme résultat une transformation sensible de certains comportements dans le pays, et que la franc-maçonnerie verra porter sur elle un regard non plus négatif.

Mis en ligne sur Cairn.info le 28/05/2021 - https://doi.org/10.3917/cdu.052.0016 -

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Source : https://www.cairn.info/revue-la-chaine-d-union-2010-2-page-16.htm

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  • Franc-maçonnerie : pourquoi des grands maîtres africains se sont-ils rendus à Istanbul en Turquie ? - Jeune Afrique- Publié le 13 mai 2024
    Cinq délégations subsahariennes ont participé à l’Assemblée générale de la Grande Loge de Turquie, le 11 mai 2024. Coulisses.

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Le grand maître de la Grande Loge de Turquie, Remzi Sanver, en 2021. © DR

À l’occasion de son Assemblée générale annuelle, la Grande Loge de Turquie, qui compte 17 000 membres, a accueilli une centaine de personnalités étrangères, le 11 mai à Istanbul.

Sylvère Koyo parmi les invités - Son grand maître, le francophone Remzi Sanver, développe depuis des années des liens étroits avec les frères africains, ce qui explique que sur les 27 délégations présentes ……..

Source de l’article complet : https://www.jeuneafrique.com/1567212/politique/franc-maconnerie-des-freres-africains-a-istanbul/

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  • Dossier – Afrique – Accès à des articles ‘Jeune Afrique’ sur « les francs-maçons africains au pied du mur » [Procéder par copier-coller pour lire]
    Bien que nombre de chefs d’État francophones s’y côtoient, les Loges africaines apparaissent toujours comme un lieu de pouvoir occulte et semblent impuissantes à désamorcer les conflits qui déchirent le continent.

Sommaire

Les francs-maçons africains au pied du mur

Bien que nombre de chefs d’État francophones s’y côtoient, les Loges africaines apparaissent toujours comme un lieu de pouvoir occulte et semblent impuissantes à désamorcer les conflits qui déchirent le continent.

2 mars 2016

Francs-maçons : les présidents africains sont-ils initiés ?

Quels sont les présidents africains qui revendiquent leur appartenance à la franc-maçonnerie ? Ceux qui la démentent ou encore ceux qui laissent planer le doute ? Petite liste non exhaustive.

2 mars 2016

Cameroun : francs-maçons et francs-patrons

Bien que nombre de chefs d’État francophones s’y côtoient, les Loges africaines apparaissent toujours comme un lieu de pouvoir occulte et semblent impuissantes à désamorcer les conflits qui déchirent le continent. Zoom sur le Cameroun, qui a accueilli l’édition 2016 des Rehfram.

2 mars 2016

Gabon : les francs-maçons au cœur de l’État

Bien que nombre de chefs d’État francophones s’y côtoient, les Loges africaines apparaissent toujours comme un lieu de pouvoir occulte et semblent impuissantes à désamorcer les conflits qui déchirent le continent. Zoom sur le Gabon.

2 mars 2016

Franc-maçonnerie : les missi dominici de la diplomatie

Sadio Lamine Sow, diplomate de l’ombre qu’on aperçoit furtivement dans un hall d’hôtel, grand maître de la Grande Loge nationale du Mali, ancien journaliste à Jeune Afrique, a fait partie deux décennies durant de ces conseillers étrangers qui murmuraient à l’oreille de Blaise Compaoré.

2 mars 2016

Congo-Brazzaville : Lissouba sauvé par son tablier de franc-maçon ?

Le 11 février 2014, la célébration en grande pompe du 25e anniversaire du protocole de Brazzaville était en fait un grand raout maçonnique.

2 mars 2016

RDC – Congo Brazzaville : deux rives, deux frères (maçons)

Déclenchée en 2014 pour expulser les ressortissants de la RD Congo en situation illégale au Congo, l’opération Mbata ya bakolo (« La gifle des aînés », en lingala) a provoqué une querelle épistolaire dans le petit monde maçonnique des deux Congos.

2 mars 2016

Côte d’Ivoire : quand le frère Mba Obame se faisait messager

Bien que nombre de chefs d’État francophones s’y côtoient, les Loges africaines apparaissent toujours comme un lieu de pouvoir occulte et semblent impuissantes à désamorcer les conflits qui déchirent le continent. Zoom sur un épisode survenu en 2010, à quelques mois de la présidentielle en Côte d’Ivoire.

2 mars 2016

Cameroun : pas de corruption chez les francs-maçons ?

Ministres, directeurs généraux, hauts fonctionnaires… Avec l’opération anticorruption Épervier, on emprisonne à tout va au Cameroun.

2 mars 2016

Odon Vallet : « Aux yeux de l’Église, tout maçon est un pécheur »

Auteur de nombreux ouvrages, dont Dieu et les religions en 101 questions-réponses (Albin Michel, 2012), il revient pour Jeune Afrique sur les relations conflictuelles qu’entretient l’Église catholique avec les francs-maçons. Bien que ces derniers ne risquent plus l’excommunication, cette querelle séculaire continue d’agiter les Loges. Mais l’Afrique cultive sa petite exception. Explications.

2 mars 2016

Côte d’Ivoire : une nouvelle donneOffert en accès libre par SUBLIME CÔTE D’IVOIRE 11 mai 2024

Simandou, le dénouement d’un projet hors norme11 mai 2024

Le jour où Paul Biya a vacillé11 mai 2024

Services

Source : https://www.jeuneafrique.com/dossiers/les-francs-macons-au-pied-du-mur/

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  • Turquie : la confrérie Gülen, entre secte et franc-maçonnerie - Publié le : 27/12/2013 - 22:35 - Modifié le : 29/12/2013 - 06:54 - Par : Charlotte OBERTISuivre- Document ‘france24.com’
    La confrérie du prédicateur Gülen apparaît comme l’ennemi juré du Premier ministre Erdogan, en mauvaise posture en Turquie. Cette communauté musulmane, implantée dans la police, possède un vaste empire et une stratégie de communication bien huilée.

https://s.france24.com/media/display/eb2d3ae8-1456-11e9-b397-005056bff430/w:980/p:16x9/gulen.jpegAFP

Démissions de plusieurs de ses ministres, remaniement ministérielforcé… La mauvaise passe dans laquelle se trouve le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est le fruit de sa mésentente avec une influente confrérie musulmane, le mouvement Gülen. Ce dernier pourrait avoir contribué au déclenchement de l’enquête anticorruption qui a provoqué la démission des trois ministres d’Erdogan.

Anciennement alliée avec l’AKP bien qu’elle se défende de toute appartenance politique, cette confrérie est entrée en guerre ouverte avec le parti islamo-conservateur au pouvoir depuis le mois de novembre, lorsque le gouvernement a annoncé son intention d’interdire ses établissements de soutien scolaire, sa principale source de revenu. Une manière d’affaiblir l’association religieuse en l’empêchant de convertir de nouveaux disciples, explique Fatma Kizilboga, correspondante de FRANCE 24 en Turquie.

’Un fonctionnement totalement opaque’

Confortablement implantée dans la police, et dans la magistrature en Turquie, financée par de riches hommes d’affaires, la confrérie jouit d’une influence importante, dont le gouvernement se méfie. Un pouvoir qu’Erdogan dénonce comme un ’État profond’ ou un ’État dans l’État’.

Forte de quelque 3 millions de fidèles et 10 millions de sympathisants, la confrérie possède des contours plutôt flous. ’Elle est organisée comme une secte, confie un chercheur français désirant conserver l’anonymat à FRANCE 24. Dans certains lieux ’gulénistes’ à Istanbul, on a vraiment l’impression d’être dans un établissement scientologue. Ils délivrent des discours d’amour universel et diffusent des documents sur lesquels on peut voir des célébrités. Des cours sont dispensés dans les écoles gulenistes, mais impossible de savoir jusqu’à quel point les enseignements sont religieux’. Parmi les orientations du mouvement figurent également le nationalisme turc, le dialogue interreligieux ou encore le créationnisme, théorie selon laquelle l’Homme ne descend pas du singe.

Par ailleurs, la confrérie cultive l’art de la discrétion, voire du mystère. ’Les gulénistes sont très soucieux de leur image, qu’ils contrôlent totalement. La plupart des membres n’ont d’ailleurs même pas le droit d’évoquer la confrérie’, précise le chercheur. ’Le fonctionnement est totalement opaque, ce qui rappelle les francs-maçons.’

Le ’gourou’ Fethullah Gülen

Très connue en Turquie et en Asie centrale, la confrérie a forgé sa réputation sur une figure, celle de son chef et fondateur : Fethullah Gülen, un prédicateur aux allures de gourou. Exilé depuis 14 ans aux États-Unis, où il est peu connu, ce dernier a été condamné par contumace en 2000 avant d’être acquitté huit ans plus tard. Ainsi décapitée en Turquie, la confrérie n’a pourtant rien perdu de sa superbe, Gülen continuant, du haut de ses 75 ans, à prêcher et répandre ses enseignements via Internet. Mieux, l’absence de l’imam contribuerait à renforcer la dimension mystique de la confrérie. En 2008, l’homme a été élu penseur le plus influent de l’année par le magazine ’Foreign Policy’.

Prenant en compte l’aura de l’homme, Erdogan lui avait tendu la main, au printemps dernier, affirmant qu’il était temps qu’il rentre au pays, auquel il manquait. Pas suffisant pour faire revenir Fethullah Gülen. Ses adeptes voient dans cette invitation au retour un moyen de ramener le leader dans le giron du gouvernement. D’autant que les ambitions de Gülen ne se limitent pas aux frontières turques. Dès les années 1990, son mouvement s’est internationalisé et des centaines d’écoles ont été créées à travers le monde, principalement en Afrique et en Asie. L’une d’elles a ouvert ses portes en France, à Villeneuve-Saint-Georges. En Turquie, il offre des bourses à des étudiants étrangers, souvent venus d’Afrique subsaharienne. ’Lorsqu’ils rentrent dans leur pays, ces étudiants deviennent des disciples du mouvement Gülen’, commente le chercheur, anonymement. La confrérie, qui se targue d’avoir le soutien de 10 % de la population turque, possède en outre sa propre organisation patronale, Tuskon, plusieurs medias et associations, ainsi qu’un réseau social, ce qui lui a valu l’appellation de ’néo-confrérie’.

’Objet de tous les fantasmes’

Accusé par le pouvoir, le mouvement se défend bec et ongles, notamment via son journal ’Zaman’. Dans un édito du 25 décembre, le média affirme que des ’ennemis imaginaires de la Turquie servent de boucs émissaires dans la stratégie d’Erdogan pour étouffer les révélations du scandale de corruption.’ Et d’ajouter : ’Depuis le procès Ergenekon, le mouvement Gülen est la cible principale de différents groupes. […] Ce bouc émissaire est devenu l’objet de tous les fantasmes. […] Les procureurs et les policiers de ce pays ne viennent pas d’une autre planète, il est normal que l’on trouve des bureaucrates alévis, kurdes, féministes, kémalistes, pro-AKP ou pro-Gülen.’

Reste que certains demeurent sceptiques quant à la légitimité de la confrérie en tant que force d’opposition. ’La démocratie turque est en danger si on compte sur un mouvement non transparent et sans aucune légitimité politique pour contester l’autoritarisme du pouvoir en place’, indique à FRANCE 24 la spécialiste de la Turquie et chercheuse à l’Ifri (Institut français des relations internationales), Dorothée Schmid. Pourtant, face une très faible opposition parlementaire, le mouvement a toutes ses chances de peser très lourd lors des prochaines élections, prévues en 2014 dans le pays, pointe, pour sa part, le spécialiste Ali Kazancigil.

Source : https://www.france24.com/fr/20131227-turquie-confrerie-guelen-entre-secte-franc-maconnerie-erdogan

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  • Turquie et Tunisie – la laïcité, le déjeuner-conférence de l’UF2R - Par Yonnel Ghernaouti - 30 novembre 2023 – Document ‘L’Union Fraternelle des Deux Rives’ (UF2R) - Conférences & Colloques - 12/12/23

    Yonnel Ghernaouti

Géographique physique : carte de la Méditerranée >

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Par UF2R, comprenez L’Union Fraternelle des Deux Rives. Fondée en 2004, cette fraternelle vous invite le mardi 12 décembre prochain à 12h45 au Grand Orient de France à un déjeuner-conférence sur le thème de la laïcité. À l’ordre du jour, deux exposés :

https://450.fm/wp-content/uploads/2023/05/equerre-compas-plaque-mortuaire.png

  • La laïcité constitutionnelle en Turquie depuis Atatürk à nos jours par Selcuk Onder, Président de la Chambre de Commerce de Turquie en France et membre du Conseil Mondial des Hommes d’Affaires Turcs ;
  • La laïcité en Tunisie au fil de l’histoire par Ali Barnat.
    Vous aurez aussi l’occasion de découvrir le nouveau bureau.

Cette réunion est uniquement destinée aux maîtres maçons.

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Rappelons que le but de l’UF2R est de tisser les liens fraternels entre les hommes et les femmes des deux rives de la méditerranée afin de relier les peuples et contribuer par tous les moyens au développement de la franc maçonnerie universelle.

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Elle est membre de la Fédération du Cercle Européen des Fraternelles (FCEF).

Les organisateurs vous remercient, par avance, de bien vouloir confirmer votre présence avant le 5 décembre prochain : geoffroybleitrach.avocat@orange.fr ou nicole.graechen@wanadoo.fr

N’hésitez pas à diffuser cette invitation à toutes vos connaissances.

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[NDLR : C’est à l’occasion de la 6ème journée des Fraternelles, le 25 novembre dernier en l’Hôtel de la GLDF, que nous avons fait connaissance de cette fraternelle. Il faut dire que nous avons été immédiatement sensibles à son objet.

Pour nous, les deux rives de la Méditerranée sont deux ‘’régions’’ ont été connectées pendant des millénaires à travers l’histoire, la culture, le commerce, la guerre, les échanges intellectuels et la migration. Les relations humaines entre les deux côtés ont été façonnées par ces interactions, souvent complexes et parfois conflictuelles, mais aussi par un riche métissage culturel.

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Les deux rives…

Des villes comme Marseille, en France, ou Tanger, au Maroc, sont des exemples de points de rencontre où les influences des deux rives se mélangent. Historiquement, la Méditerranée a été un carrefour pour d’importantes civilisations. Par exemple, l’Empire romain a intégré des territoires des deux rives dans un même ensemble politique et culturel, ce qui a permis une certaine uniformisation culturelle, mais aussi la conservation et l’échange de diversités locales. Le commerce de biens tels que les épices, les textiles et les précieux manuscrits a également contribué à l’entrelacement des cultures méditerranéennes. Au-delà des interactions économiques et politiques, les échanges culturels ont été constants, avec des influences réciproques dans l’art, la musique, la gastronomie et la langue. Par exemple, la musique andalouse, qui combine des éléments arabes, berbères, et européens, est un symbole de cette riche fusion culturelle.

Retrouvez notre note de lecture mise en ligne le 28 août dernier La grande mer-Une histoire de la Méditerranée et des Méditerranéens de David Abulafia

La laïcité en Turquie : Elle s’établit formellement avec la fondation de la République en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, est ancrée dans la séparation de l’État et de la religion, avec une emphase sur l’identité séculaire de l’État. Cependant, la situation actuelle en Turquie montre une complexité croissante, avec des tensions entre les principes laïques et les courants politiques qui embrassent des identités plus religieuses.

La laïcité en Tunisie : Bien que la Tunisie souvent soit perçue comme progressiste dans le monde arabo-musulman, en particulier après transition démocratique suite à la Révolution de 2011, la notion de laïcité y est différente de l’interprétation occidentale.

Deux beaux exposés vous attendent ! Et découvrez la laïcité de nos jours dans ces deux pays au riche passé historique. Maîtres maçons, venez nombreux.]

Tags UF2R Turquie et Tunisie - la laïcité Union Fraternelle des Deux Rives Selcuk Onder Ali Barnat

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Yonnel Ghernaouti

Yonnel Ghernaouti

Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de ‘450.fm’. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l’Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International ‘Le Droit Humain’ ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d’honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d’Épinal (IM&EE).

Source : https://450.fm/2023/11/30/12-12-23-turquie-et-tunisie-la-laicite-le-dejeuner-conference-de-luf2r/

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  • Une histoire « croisée » de l’Empire ottoman - Dimanche 19 mai 2024 – Enregistrement de minutes de ‘France Culture’ - Provenant du podcast Questions d’islam

    Interior view of the newly restorated Yeni Cami Mosque( New Mosque) in Eminonu square in Fatih district of Istanbul, Turkey - Ayhan Altun

Interior view of the newly restorated Yeni Cami Mosque (New Mosque) in Eminonu square in Fatih district of Istanbul, Turkey - Vue intérieure de la mosquée Yeni Cami (nouvelle mosquée) récemment restaurée sur la place Eminonu dans le district de Fatih à Istanbul, Turquie. Ayhan Altun

Quelles découvertes historiographiques a permis l’ouverture massive des archives turques ?

Avec Juliette Dumas, Maîtresse de conférence en histoire ottomane à Aix-Marseille Université et directrice adjointe scientifique de l’Institut Français d’Islamologie (IFI).

Des pans entiers de l’historiographie ottomane ont été révisés suite à l’ouverture massive des archives turques avec une meilleure accessibilité aux manuscrits. Ils ont conduit à entreprendre de vastes chantiers pour la recherche avec une croissance phénoménale des informations sur l’Empire ottoman.

L’historienne Juliette Dumas viendra présenter un aperçu des études récentes de l’histoire ottomane.

Maîtresse de conférence en histoire ottomane à Aix-Marseille Université ; notre invitée est aussi la directrice adjointe scientifique de l’Institut Français d’Islamologie(IFI).

Sciences et Savoirs Société Religions – Spiritualité Islam

L’équipe - Ghaleb Bencheikh Production – François Caunac Réalisation - Thierry Beauchamp Collaboration

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-d-islam/une-histoire-croisee-de-l-empire-ottoman-4486289

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Collecte de documents et agencement, traduction, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 19/05/2024

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

Site : https://isias.info/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Histoire Europe
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