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"L’esprit de résistance Camp des Milles : lieu de migrations, d’internement, de mémoire : opposants au nazisme, allemands communistes, juifs expulsés puis déportés, indésirables pour raisons raciales, anciens des Brigades internationales d’Espagne" par Jacques Hallard

lundi 6 mai 2024, par Hallard Jacques


ISIAS L’esprit de résistance Camp des Milles

Cam ISIAS L’esprit de résistance Camp des Milles : lieu de migrations, d’internement, de mémoire : opposants au nazisme, allemands communistes, juifs expulsés puis déportés, indésirables pour raisons raciales, anciens des Brigades internationales d’Espagne

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 06/05/2024

Série ‘L’esprit de résistance’

Le camp des Milles pendant la Guerre, archive Mémorial du Camp des Milles

Actuellement, Site-mémorial du Camp des Milles à Aix-en-Provence - Vue historique du bâtiment principal au sud, détail des parties hautes du corps central. © Drac paca - crmh, Odile de Pierrefeu, 2004 – In Inauguration d’un Mémorial le 19 septembre 2012Référence : Le camp d’internement des Milles : enjeux mémoriels (1939-2013) par Cécile Denis – Voir ci-après

Présentation de la Série ‘L’esprit de résistance’

Partie 1 - ’La militante suédoise pour le climat Greta Thunberg interpellée le 6 avril 2024 à La Haye, lors d’une manifestation contre les subventions aux énergies fossiles avec le mouvement écologiste radical ‘Extinction Rebellion’ - Dérèglements’ par Jacques Hallard - 19 avril 2024 - ISIAS L’esprit de résistance Climat Greta Thunberg

Partie 2 - ’La Résistance intérieure française (1940-1944) au ‘régime de Vichy’ : Robert Birenbaum (jeune parisien résistant communiste) et commémorations des 80 ans de la Libération (maquis des Glières et du Vercors, enfants d’Izieu)’ par Jacques Hallard - 22 avril 2024 - ISIAS L’esprit de résistance Histoire Guerre 39-45

Partie 3 - ’De la résistance juive lors du génocide par les nazis à celle actuelle contre le gouvernement Netanyahou en Israël. La résistance palestinienne s’adaptant à l’occupation israélienne avec une écologie de la subsistance’ par Jacques Hallard - 25 avril 2024 - ISIAS L’esprit de résistance Israël Palestine

Partie 4 – Camp des Milles : lieu de migrations, d’internement, de mémoire : opposants au nazisme, allemands communistes, juifs expulsés puis déportés, indésirables pour raisons raciales, anciens des Brigades internationales d’Espagne

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur


Préambule

Ce dossier – rédigé avec une visée didactique - est la Partie 4 de la Série ‘L’esprit de résistance’  : il relate une courte période historique d’un lieu situé près d’Aix-en Provence, en Région Sud ‘Provence Alpes Côte d’Azur’ (PACA).

Il s’agit du ‘Camp des Milles’ : « un camp d’internement et de déportation français, ouvert en septembre 1939, dans une usine désaffectée, une briqueterie, au hameau des Milles sur le territoire de la commune d’Aix-en-Provence dans le département des Bouches-du-Rhône … - Wikipédia Adresse : 40 Chem. de la Badesse, 13290 Aix-en-Provence - Date de création : Septembre 1939 »

Il est rappelé dans ce préambule les catégories de personnes, ayant fait preuve de résistance à leur époque et qui y firent un séjour forcé : elles sont citées dans le titre de ce dossier intitulé « Camp des Milles : lieu de migrations, d’internement, de mémoire : opposants au nazisme, allemands communistes, juifs expulsés puis déportés, indésirables pour raisons raciales, anciens des Brigades internationales d’Espagne  »

Résistance intérieure au nazisme en Allemagne

La résistance intérieure au nazisme (1933-1945), longtemps méconnue hors d’Allemagne, s’est manifestée sous diverses formes, en provenance de tous les milieux politiques, sociaux et confessionnels, quoique les communistes aient organisé les groupes de résistance actifs les plus importants1.

On distingue plusieurs formes de résistance au nazisme à l’intérieur de l’Allemagne même et des territoires annexés. Ses éléments les plus connus, bien que d’importance numérique très différentes, sont l’organisation communiste Orchestre rouge, le groupe d’étudiants chrétiens de La Rose blanche à Munich, ou le regroupement très informel des groupes de la Rose blanche de Hambourg, et la résistance militaire.

Un phénomène important - Article détaillé : Liste de résistants allemands au nazisme.

Les statistiques de l’appareil répressif nazi, en particulier de la Gestapo et des divers tribunaux, donnent une idée de l’ampleur de la résistance allemande au nazisme :

  • De 1933 à 1939, 225 000 personnes sont condamnées pour motifs politiques à des peines de prison plus ou moins longues et 1 000 000 d’Allemands et d’Allemandes sont envoyés dans les camps de concentration pour les mêmes raisonsW 1.
  • Pour la seule année 1933, le journaliste Curt Bley compte 100 000 personnes ayant exercé une activité antinazie réelleW 2.
  • Au cours de l’année 1941, 11 405 opposants de gauche sont arrêtés par la GestapoW 3.
  • En 1944, environ 500 000 personnes sont arrêtées, dont une forte proportion d’étrangersW 4.
  • Pour la seule période allant du 30 janvier 1933 au printemps 1936, 1 359 personnes sont assassinées par des agents du régime naziW 5.
  • Vers 1935-1936, la Gestapo estime qu’il existe 5 708 centres clandestins diffusant des tracts, affiches et brochuresW 6.
  • En 1936, elle saisit 1 643 200 tracts du Parti socialiste (SPD) et du Parti communiste (KPD), et encore 927 430 l’année suivante W 2.
    Cependant, jamais la résistance allemande n’a pu avoir un impact suffisant pour déstabiliser à elle seule le régime nazi… - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9sistance_int%C3%A9rieure_au_nazisme

La résistance communiste allemande (1933-1945) : une histoire occultée - mercredi 15 mai 2019 Secours Rouge Genève, L’Atelier-Histoire en Mouvement - L’histoire en mouvement

La littérature relative à la résistance sous le IIIème Reich (voir en annexe dans ce dossier) est consacrée aux comploteurs aristocrates de juillet 1944 et à la poignée de jeunes catholiques de la « Rose blanche ». La résistance communiste qui s’est développée à cette époque est inexistante selon l’historiographie officielle, qui tente d’expliquer cette supposée absence par les effets de la répression, la démoralisation ou le ralliement du peuple allemand au régime nazi. Ce déni n’a jamais été questionné, alors que les preuves de la fausseté des arguments présentés sont légion. Dans les années 1930, le KPD (Parti communiste d’Allemagne) compte un million de membres et développe un appareil clandestin s’appuyant sur les 100’000 miliciens d’une organisation paramilitaire : la Ligue des combattants du Front rouge. En janvier 1933, les nazis arrivent au pouvoir. Les communistes seuls réagissent par des grèves et des manifestations. Le KPD est mis hors la loi et, dans la seule nuit du 27 au 28 février, après l’incendie du Reichstag, 10’000 communistes sont arrêtés. Quelques semaines plus tard, ils seront 20’000 et en novembre, 60’000. En quelques mois, 2000 militants sont abattus ou torturés à mort. Le KPD est contraint à la clandestinité et, dans chaque grande ville ouvrière, ses organisations se reconstituent. Régulièrement décimées par la Gestapo, elles ne cessent de se reformer et de poursuivent leurs activités. Celles-ci sont multiples : propagande antifasciste en direction du prolétariat allemand, sabotage de la production de guerre, aide aux antifascistes emprisonnés et, enfin, préparation d’une insurrection sur la base du précédent de 1918. Les archives de la Gestapo révèlent cette inlassable activité malgré les vagues d’arrestations et les milliers de condamnations à mort. La résistance est le fait de communistes actifs autant exilés que de ceux qui restent sur le sol allemand, rendant indéniable l’apport du KPD à la cause antifasciste. Les communistes ayant pu quitter le Reich organisent dans les pays voisins des « centrales » pour aider la résistance intérieure par l’envoi de cadres et de matériel. Ils fournissent des milliers de volontaires pour combattre en Espagne et, lorsque l’Europe sera envahie, ils s’engageront dans les résistances locales, créant parfois des unités entières de partisans. Avant 1933, le KPD avait détaché des militants aguerris aux services secrets soviétiques. Le seul réseau Harnack/Schulze-Boysen a livré des informations si nombreuses et cruciales à l’URSS que le chef des services secrets allemands a estimé qu’il avait coûté au Reich la vie de 200 000 soldats. Dans les camps de concentration, les SS emploient des détenus pour effectuer des tâches auxiliaires. Les prisonniers de droit commun auxquels ces postes sont d’abord confiés se disqualifient par leurs vols et leurs rivalités et des militants du KPD reprennent peu à peu nombre de ces occupations. Ils parviennent, grâce à une utilisation centralisée et rationnelle des possibilités offertes, à donner aux SS l’apparence d’une bonne administration tout en atténuant le caractère mortifère des camps. Ils sauvent (par substitution d’identité) des condamnés à mort, sabotent la production de guerre, éliminent les mouchards et préparent l’insurrection armée. A l’approche des forces alliées, les déportés de Buchenwald se libèrent eux-mêmes, capturant 150 SS. Alors que les troupes alliées entrent en Allemagne, 130 organisations clandestines municipales apparaissent au grand jour, poussant les militaires à capituler, arrêtant les nazis notoires, organisant les services publics. Il n’y a rien d’étonnant à ce que l’historiographie ouest-allemande de l’après-guerre ait occulté la résistance de dizaines de milliers de communistes allemands : en effet, cette historiographie est l’œuvre d’une université qui n’a alors pas totalement rompu avec l’époque hitlérienne. Ce déni s’est perpétué dans le cadre de la guerre froide et donc dans l’historiographie occidentale. Il est temps de rétablir la vérité historique, d’en dénoncer les falsificateurs et, surtout, il est temps de rendre justice à ces hommes et à ces femmes qui, dans des conditions effroyables et au prix de sacrifices inouïs, ont lutté jusqu’au bout contre le fascisme.1

Source : https://lecourrier.ch/2019/05/15/la-resistance-communiste-allemande-1933-1945-une-histoire-occultee/

Rappel - Expulsions historiques des Juifs en Europe

Si vous disposez d’ouvrages ou d’articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l’article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/65/Expulsion_judios-en.svg/330px-Expulsion_judios-en.svg.pngCliquer pour agrandir

Carte datée des diverses expulsions des Juifs au Moyen Âge ainsi que les routes prises par les exilés.

Les expulsions de Juifs sont un élément récurrent et caractéristique de leur histoire. Au sens strict, il s’agit d’une mesure prise par un gouvernement pour mettre fin à la présence de Juifs sur son territoire en les obligeant, soit à se convertir, soit à partir ailleurs. Dans l’Antiquité, de telles expulsions ont des motifs essentiellement politiques (répression du nationalisme juif). À partir de la christianisation de l’Empire romain, et des États qui en découlent, les motivations mélangent les aspects religieux, le christianisme ayant un lien étroit avec le judaïsme, et politiques, avec une dimension économique très forte. Les expulsions participent à la création de la diaspora juive, qui apparaît dès l’Antiquité en dehors des pays d’origine des juifs, les royaumes de Juda et d’Israel, issus de la division du royaume de David et de Salomon. Selon Raul Hilberg, l’expulsion des Juifs est une étape découlant logiquement des politiques d’ostracisation des Juifs, et précédant la mesure ultime, à savoir leur tentative d’extermination[pas clair]..

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Expulsion_des_Juifs

Évacuation et expulsion des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale 39-45

L’évacuation massive, le déplacement forcé, l’expulsion et la déportation de millions de personnes ont eu lieu dans la plupart des pays impliqués dans la Seconde Guerre mondiale. Un certain nombre de ces phénomènes ont été classés comme des violations des valeurs et des normes humaines fondamentales par le tribunal de Nuremberg après la fin de la guerre. Le mouvement de masse des personnes — pour la plupart des réfugiés — avait été soit causé par les hostilités, soit imposé par les forces de l’Axe ou les puissances alliées sur la base d’idéologies de race et d’ethnicité, culminant avec les changements de frontière d’après-guerre promulgués par les colonies internationales. La crise des réfugiés créée dans les territoires anciennement occupés pendant la Seconde Guerre mondiale a fourni le contexte d’une grande partie de la nouvelle architecture internationale des réfugiés et des droits de l’homme mondiale existante aujourd’hui1. Les belligérants des deux camps se sont livrés à des formes d’expulsion de personnes perçues comme étant associées à l’ennemi. L’Europe centrale et orientale fut le principal théâtre de ces déplacements forcés en temps de guerre, bien que les Japonais aient été expulsés pendant et après la guerre par les puissances alliées à plusieurs endroits en Asie, y compris l’Inde. L’Holocauste a également impliqué des déportations et des expulsions de Juifs préliminaires au génocide ultérieur perpétré par l’Allemagne nazie sous les auspices de l’Aktion Reinhard1.

Déportations, expulsions et déplacements pendant la Seconde Guerre mondiale

À la suite de l’invasion de la Pologne en septembre 1939 qui marqua le début de la Seconde Guerre mondiale, la campagne de « nettoyage » ethnique devint le but d’opérations militaires pour la première fois depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Après la fin de la guerre, entre 13,5 et 16,5 millions de germanophones ont perdu leur foyer dans les anciennes terres allemandes et dans toute l’Europe de l’Est….

Suite sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vacuation_et_expulsion_pendant_la_Seconde_Guerre_mondiale

Les indésirables pour raisons raciales sous le régime nazi … L’eugénisme nazi et ses conséquences

Pendant la période nazie, les pratiques eugéniques seront poussées à l’extrême et conduiront au génocide, avant de décliner sous le poids du discrédit moral.
La question de l’eugénisme nazi reste très peu connue en France et, pourtant, elle est très souvent prise en référence dans les discussions actuelles concernant les progrès des biotechnologies et les risques de dérives eugéniques. L’eugénisme nazi est alors présenté comme une barrière face à ces dérives possibles. Jusque dans les années 80, il en était de même en Allemagne. En effet, de 1945 à 1979, l’eugénisme allemand n’a fait l’objet que de très peu d’études. Par contre, à partir de 1980, ce pays, mais également les États-Unis et la Grande-Bretagne commenceront à s’intéresser au sujet. Des centaines de livres, thèses et articles vont traiter de cette partie de l’histoire de l’eugénisme. Pendant ce temps, la France en est restée à quelques poncifs. C’est pourquoi il est nécessaire de se pencher sur cette question. Il s’agit de comprendre comment l’Allemagne, pays le plus industrialisé d’Europe à l’époque, patrie des musiciens, des philosophes, pays particulièrement avancé dans la recherche médicale, a pu en arriver à exterminer des dizaines de milliers de personnes, exterminations auxquelles ont participé en masse les médecins, les psychiatres, les généticiens. Comment un pays aussi développé a-t-il pu commettre de telles atrocités ?
Une étude détaillée de la naissance et du développement de l’idéologie nazie dépasse bien évidemment le cadre de cette étude… - Source détaillée : https://www.cairn.info/eugenisme-la-science-et-le-droit—9782130522508-page-63.htm

Les anciens des Brigades internationales d’Espagne

Les brigades internationales sont des unités de volontaires étrangers qui combattirent aux côtés des Républicains pendant la guerre civile espagnole de 1936 à 1938. Un grand nombre étaient d’idées communistes et quasiment tous des anti-fascistes. Dès juillet 1936, des volontaires, à leur propre initiative, rejoignent l’Espagne où vient d’avoir lieu le soulèvement militaire nationaliste. Ce n’est que le 17 octobre 1936 que le dirigeant communiste soviétique Staline donne son « feu vert » pour que les partis communistes du monde entier envoient des volontaires en Espagne. En juin 1937, il y avait environ 59 000 volontaires brigadistes en Espagne. Les volontaires venaient de 53 pays. Les brigadistes étaient regroupés le plus souvent par nationalités. Il y eu 7 brigades. Proportionnellement à la population de leur pays ce sont les Canadiens qui sont les plus nombreux (plus de 1500). Mais les plus gros effectifs sont formés par les Français (9000), les Autrichiens (environ 5000), les Allemands (environ 5000), les Italiens (plus de 3300), les Polonais (environ 3000), les Américains (environ 2800) , les Britanniques (environ 2000), les Yougoslaves (environ 1600). Les soviétiques ne fournirent que 2000 brigadistes, surtout destinés à l’encadrement militaire et politique des brigades. Nombre d’entre eux, étaient des exilés politiques (Allemands, italiens, Autrichiens chassés par le nazisme et le fascisme). D’autres avaient été chassés par des régimes très autoritaires (Pologne, Yougoslavie). Pour les Français, les Britanniques, les Américains-Canadiens il s’agissait de défendre le régime démocratique de la République espagnole, attaqué par les rebelles nationalistes du général Franco aidés par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Beaucoup avaient une expérience militaire acquise pendant la première Guerre mondiale de ce fait étaient envoyés dans les endroits les plus exposés pour soutenir les troupes régulières espagnoles moins expérimentées (l’Espagne n’avait pas fait la guerre de 1914-1918). Les brigades internationales combattirent pour défendre Madrid (novembre 1936), à la bataille de Guadalajara (mars 1937), à bataille de Belchite (fin août/début septembre 1937), à la bataille de Teruel (décembre 1937/février 1938), au début de la bataille de l’Èbre (juillet/novembre 1938) - En septembre 1938, les brigades internationales ont été retirées des combats et dissoutes par le gouvernement républicain espagnol, à la demande des gouvernements français et britannique. Certains volontaires étrangers (anarchistes ou trotskystes) au lieu de rejoindre les brigades internationales, à leurs yeux trop contrôlées par les communistes staliniens ont préféré rejoindre les groupes politiques espagnols comme le POUM ou les anarchistes, qui combattaient aussi les troupes rebelles nationalistes.

Après leur engagement en Espagne, certains brigadistes sont allés aider les Chinois qui combattaient l’invasion japonaise de leur pays. Beaucoup de brigadistes devinrent des résistants à l’occupation de l’Europe par les troupes allemandes à partir de 1940…

Source : https://fr.vikidia.org/wiki/Brigades_internationales

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Introduction

Ce dossier est la Partie 4 de la Série ‘L’esprit de résistance’  : il est centré sur le Camp d’internement des Milles ouvert en septembre 1939 dans une usine désaffectée (une briqueterie), au hameau des Milles sur le territoire de la commune d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)

Après avoir repris les enjeux mémoriels de ce lieu de 1939 à 2013, présentés par Cécile Denis dans un document par Jacky Tronel en 2015, il est rappelé l’inauguration du Site-Mémorial du Camp des Milles près d’Aix-en-Provence le 10 septembre 2012…

Figurent ensuite :

  • Une Annexe sur le Troisième Reich de 1933 à 1945 en Allemagne, d’après Wikipédia
  • Parmi les Actualités - Dimanche 5 mai 2024 – Lundi 6 mai 2024 – La « Journée de la Shoah » : יום הזיכרון לשואה ולגבורה
  • Les Accès à des Actualités concernant l’Antisémitisme en France, notamment l’information suivante : « Le gouvernement lance des ’assises de lutte contre l’antisémitisme’ …
    Les documents sélectionnés pour ce dossier sont indiqués dans le sommaire ci-après

Dernière minute - Elie Barnavi, ancien diplomate israélien : « Reconnaître un Etat palestinien, maintenant » - Tribune ‘Li Monde’ - Débats {{}}Israël/Palestine - Elie Barnavi Historien et diplomate - Publié le 04 mai 2024 à 05h00, modifié le 04 mai 2024 à 06h57 Read in English – « Alors que les Etats-Unis se sont prononcés le 18 avril 2024 contre l’admission de l’Etat de Palestine à l’ONU, l’historien estime, dans une tribune au « Monde », que les amis d’Israël doivent agir sans attendre et reconnaître un Etat palestinien… » - Article réservé aux abonnés - A lire à partir d’ici > https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/04/elie-barnavi-historien-reconnaitre-un-etat-palestinien-maintenant_6231441_3232.html

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/ef/Elie_Barnavi_07657.jpg/260px-Elie_Barnavi_07657.jpgÉlie Barnavi en 2015. Source

Élie Barnavi est un historien, essayiste, chroniqueur et diplomate israélien, né en 1946 à Bucarest. Professeur émérite d’histoire de l’Occident moderne à l’université de Tel Aviv, il est aussi le créateur et conseiller scientifique auprès du Musée de l’Europe à Bruxelles… Wikipédia - Date/Lieu de naissance : 1946 (Âge : 78 ans), Bucarest, Roumanie - Enseignement : College of the brothers Jaffa

Lire aussi : Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France Le Monde.frhttps://www.lemonde.fr › Débats › Guerre Israël-Hamas 24 janv. 2024

Ecouter également : Elie Barnavi : ’A Gaza, les prochains jours seront déterminants ’Et ensuite ? L’analyse de l’historien – Vidéo 6 minutes - Disponible jusqu’au 07/10/2024 -Elie Barnavi, historien et essayiste, ancien ambassadeur d’Israël en France, est l’invité d’ARTE Journal, en duplex depuis Tel-Aviv, pour parler de l’actuelle escalade de violence au Proche-Orient… - Source : https://www.arte.tv/fr/videos/117069-000-A/elie-barnavi-a-gaza-les-prochains-jours-seront-determinants/

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Sommaire

Actualités - Dimanche 5 mai 2024 – Lundi 6 mai 2024 - « Journée de la Shoah » :יום#NEUESSHOAHהזיכרון#NEUESSHOAHלשואה#NEUESSHOAHולגבורה

Accès à des Actualités concernant l’Antisémitisme en France

Actualités France - Le gouvernement lance des ’assises de lutte contre l’antisémitisme’ - Article rédigé par franceinfo avec AFP - France Télévisions - Publié le 06/05/2024 07:18 Mis à jour le 06/05/2024 07:46

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  • Le camp d’internement des Milles : enjeux mémoriels (1939-2013) par Cécile Denis – Document par Jacky Tronel | samedi 11 juillet 2015 | © 2024 Histoire pénitentiaire et Justice militaire | Created by Topacki™ - Catégorie : Dernières parutions, DES CAMPS…

    Le camp d’internement des Milles : enjeux mémoriels (1939-2013) de Cécile Denis, paru dans le numéro 6 de la revue Essais de l’Université Bordeaux-Montaigne.

Le mémorial du camp d’internement des Milles a été inauguré en septembre 2012 après soixante-dix ans d’oubli.

L’article qui suit, de Cécile Denis (germaniste, professeur agrégée d’Allemand) interroge sur les différents phénomènes mémoriels qui ont jalonné son histoire. En dépit de son caractère singulier, s’inscrit-il dans un paradigme mémoriel plus vaste, tel que l’histoire de Vichy ou la mémoire de l’exil allemand ? Quand cette mémoire s’est-elle réveillée et pour quelles raisons ? Qui en sont les instigateurs ? Quelles sont les manifestations organisées par le mémorial actuel et ses ambitions pour l’avenir ?

Ce texte est de Cécile Denis, germaniste civilisationniste, professeur agrégée d’Allemand. Il est paru dans le numéro 6 de la revue Essais de l’Université Bordeaux-Montaigne (p. 69-91, 2014) et s’inscrit dans le cadre des travaux d’un doctorat, dirigé par Hélène Camarade, de l’école doctorale Montaigne-Humanités, consacré aux résistants Allemands et Autrichiens en France pendant la seconde guerre mondiale. Il a été rédigé à la suite d’une intervention en colloque sur la thématique de « L’histoire par les lieux, approche interdisciplinaire des espaces dédiés à la mémoire », le 21 janvier 2013.

Vous pouvez consulter l’article enrichi de ses notes et références en cliquant sur ce lien : ici
Les photos qui illustrent l’article proviennent du Site-Mémorial Camp des Milles.

Le camp des Milles pendant la Guerre, archive Mémorial du Camp des Milles

Le camp d’internement des Milles : enjeux mémoriels (1939-2013)

Dans un article publié en 2007 et dédié aux lieux de migration et de mémoire franco-allemands, le germaniste Thomas Keller et l’historien Jean-Marie Guillon évoquent « l’éclosion problématique des initiatives visant à créer des lieux et des jours de mémoire ».

Deux ans plus tard, une gradation s’opère lorsque les historiens Pascal Blanchard et Isabelle Veyrat-Masson tentent de comprendre « pourquoi et comment des guerres de mémoire existent, s’affirment, se transforment et contribuent in fine à “l’identité nationale” ». Or, c’est précisément entre les années 2006 et 2009, au moment où ces questions se posent avec acuité, que le projet d’inaugurer le mémorial du camp d’internement des Milles est finalisé au terme d’une longue et difficile période de gestation.

Le site occupe les bâtiments et le terrain d’une ancienne tuilerie située près d’Aix-en-Provence. Le bâtiment principal représentant 25 000 m2 de surface habitable a été de 1939 à 1942 le camp d’internement et de déportation le plus important du Sud-Est de la France. Contrairement à beaucoup d’autres camps construits ex nihilo dans un but précis et détruits lorsqu’ils n’avaient plus lieu d’être, le camp des Milles a repris son activité initiale de briqueterie entre les années 1946 et 2003.

À l’heure actuelle, il s’agit du seul camp d’internement français dont le bâtiment est encore intact et accessible au public. Le mémorial du Camp des Milles a ouvert ses portes en septembre 2012. En février 2013, le Mémorial de la Shoah lui a consacré un volet dans son exposition sur les nouveaux « musées-mémoriaux » de la Shoah en France, aux côtés d’autres lieux de mémoire tels qu’Yzieux, Drancy et Rivesaltes. Mais ces trois camps d’internement ne peuvent être présentés au sein d’une même exposition que parce qu’ils sont considérés sous un angle particulier en tant que projets architecturaux et scénographiques transmettant la mémoire des lieux de transit. Pour le reste de leur histoire, il apparaît difficile d’attribuer un statut identique aux Milles, à Rivesaltes et à Drancy.

Afin de distinguer les particularités du cas des Milles, il convient de rappeler quelques chiffres ainsi que trois étapes dans son histoire qui sont préalables à la question du « transit ». Les Milles compte parmi les 200 camps dans lesquels 600 000 personnes ont été incarcérées entre 1939 et 1946, selon les estimations de l’historien Denis Peschanski, spécialiste de l’internement français.

Les premiers camps d’internement sont majoritairement installés dans le Sud-Ouest pour « accueillir » les réfugiés espagnols. Le camp des Milles n’est pas concerné par cette première étape, il correspond à la deuxième : il n’est pas ouvert au début de l’année 1939 mais en septembre de la même année, après la déclaration de guerre à l’Allemagne, afin dinterner les ressortissants des puissances ennemies en attente dun visa pour émigrer.

La troisième étape est celle de l’emprisonnement des personnes que l’on désigne alors communément par le terme générique « d’indésirables » après la défaite militaire française en mai 1940 : les Allemands et les « ex-Autrichiens » se réclamant du droit d’asile, les ressortissants d’Europe centrale qui sont originaires d’anciens territoires germaniques ou austro-hongrois, mais aussi les communistes après le pacte germano-soviétique et leurs « sympathisants » tels que les sociaux-démocrates ou les anarchistes, ou encore les francs-maçons et les tziganes.

La circulaire ministérielle en date du 17 septembre 1939 regroupe les camps d’internement en trois catégories : le camp des Milles se classe dans les « camps de rassemblement des étrangers » destinés aux éléments « tranquilles ». Les deux autres classifications comprennent les camps dits « semi-répressifs » pour les personnes « à surveiller », Gurs par exemple, ou les camps répressifs comme Le Vernet. Un décret-loi du 12 novembre 1938, élargi par la loi du 18 novembre 1939, permet l’internement « sur décision du préfet » des « individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Ces individus sont alors internés non pas parce qu’ils ont commis un délit mais parce qu’ils représentent un danger potentiel, fussent-ils d’authentiques antinazis.

À partir de 1941, certains camps tels que Rivesaltes ou les Milles changent de fonction et se transforment en camps de transit pour les victimes « raciales » du régime national-socialiste. Ils deviennent donc les antichambres d’Auschwitz et font alors partie intégrante du programme d’extermination « raciale ». Leur population change, les femmes et les enfants, jusqu’alors internés séparément, sont rassemblés pour partir dans des convois qui ont pour destination Drancy. Mais contrairement au camp de Drancy, situé en zone Nord et réquisitionné par l’armée allemande dès juin 1940 pour l’internement des prisonniers de guerre puis pour la déportation des Juifs, les camps d’internement sont majoritairement situés en zone Sud, zone non-occupée jusqu’en novembre 1942. Par conséquent, ils sont avant tout au coeur du régime de Vichy, et ne sont pas l’instrument privilégié de l’occupant pour sa politique de répression. Alors que la plupart de ces camps sont situés dans le Sud-Ouest comme c’est le cas pour Gurs, Saint Cyprien, Le Vernet ou Argelès, le camp ‘Les Milles’ se distingue au sein de cette nébuleuse : il est le principal camp du Sud-Est avec plus de 10 000 personnes internées dont 2 000 Juifs qui sont déportés entre août et septembre 1942.

À titre de comparaison, Rivesaltes, le plus grand camp du Sud-Ouest en nombre de détenus, a accueilli 21 000 personnes en deux ans. 2 300 d’entre elles auraient rejoint Drancy. Mais la spécificité des Milles tient surtout à la composition de la population internée. Barbara Vormeier estime que 12 000 à 14 000 Allemands et environ 5 000 Autrichiens auraient été concernés par les mesures d’internement en France. De 1941 à 1942, aux Milles, environ un millier de prisonniers en moyenne sont originaires du Reich allemand.

Comme on le sait, la France a mis des décennies avant de se pencher sur l’histoire de Vichy et les camps d’internement français, qui ont fait l’objet d’un oubli ou d’une indifférence collectifs. Après soixante-dix ans de désintéressement à l’égard de son histoire, nous pouvons nous demander pour quelles raisons le passé du camp des Milles a resurgi et dans quelles mesures son historiographie s’inscrit dans un phénomène mémoriel plus vaste concernant les lieux de mémoire français du régime de Vichy.

Comme le résume Henry Rousso, le postulat des historiens de la mémoire est en effet que « la relation au passé connaît des évolutions et qu’elle possède une historicité propre qu’il s’agit de mettre à jour ». Nous utiliserons le terme de « phénomène mémoriel » pour désigner de façon neutre les différents événements qui ont marqué l’histoire du mémorial des Milles et qui introduisent ou concluent des périodes historiques puis historiographiques.

Notre analyse se déroulera en trois temps : nous allons tout d’abord nous intéresser à la fonction remplie par ce lieu, de sa création en 1882 en tant que tuilerie jusqu’en 2003, date de la cessation de l’activité industrielle. Nous nous pencherons ensuite sur les étapes et les difficultés posées par le retour de la mémoire, principalement à partir des années 1980. Enfin, nous analyserons de quelle façon le musée actuel présente les différentes phases de l’histoire du camp à proprement parler, ainsi que les répercussions qu’a eues la révélation de cette mémoire sur le plan local et les ambitions que porte le mémorial pour son avenir.

Le camp des Milles, le wagon du Souvenir, photo Mémorial du Camp des Milles

Le site des Milles et ses différentes fonctions (1882-2009)

Le 10 septembre 2012, à l’occasion de l’inauguration du « Site-Mémorial », le président de la Fondation du Camp des Milles Alain Chouraqui, directeur de recherches au CNRS, s’interrogeait : comment passe-t-on de « l’ordinaire de la tuilerie des Milles à l’extraordinaire d’Auschwitz » ? La Société des Tuileries de la Méditerranée est créée le 23 mai 1882 par Édouard Rastoin. La tuilerie des Milles est construite la même année à six kilomètres d’Aix-en-Provence, en plein coeur de la Provence, dans une zone rurale où elle dispose de la matière première (argiles de la rive droite de l’Arc au lieu-dit les Tuilières) et à proximité de l’agglomération marseillaise.

De plus, le site industriel bénéficie d’un point deau, la rivière l’Arc, et surtout d’une ligne de chemin de fer qui relie Paris, Lyon et Marseille. Après plusieurs décennies de bon fonctionnement, la crise de 1929 conduit à des difficultés d’ordre social, technique et économique, et l’usine ferme ses portes en 1937. Mais les atouts géographiques, les infrastructures et les voies de communication, qui avaient contribué à l’installation et au bon fonctionnement de l’entreprise, vont s’avérer être des avantages pour réutiliser le site, cette fois-ci en tant que camp d’internement.

Les trois étapes du camp d’internement de 1939 à 1942 et ses changements de fonction de 1942 à 1946

L’ouverture du camp des Milles a lieu peu après la déclaration de guerre à l’Allemagne. Le 4 septembre 1939, les locaux désaffectés de la briqueterie sont réquisitionnés par le gouvernement français et rouvrent leurs portes sous commandement militaire. Dès la mi-septembre, un nombre exceptionnellement élevé de personnalités ayant fui le nazisme est emprisonné. Si cette nouvelle disposition s’applique à tous les camps, elle a de grandes conséquences aux Milles en raison du nombre élevé d’opposants allemands et autrichiens au national-socialisme présents dans la région.

La présence d’intellectuels et d’artistes germanophones au camp des Milles peut paraitre étonnante de prime abord mais elle trouve son explication dans une histoire antérieure, celle de l’exil. L’établissement d’Allemands et d’Autrichiens sur la Côte d’Azur remonte au début du XXe siècle. Des peintres allemands partent à la recherche de la lumière vers la Provence. Ils s’installent dans les petits ports au bord de la Méditerranée. Lorsque les premiers émigrés quittent l’Allemagne en 1933, c’est tout naturellement qu’ils font appel à leurs amis et forment des communautés littéraires et artistiques en exil. Marseille occupe également une position stratégique. Sous condition d’obtention d’un visa, le port méditerranéen permet de quitter la France par bateau. Et pour ceux qui ne parviennent pas à obtenir le sésame, Marseille constitue alors une étape, généralement après Paris et Lyon ou encore Nice, dans leur fuite vers l’Espagne.

Aux Milles, il n’est donc pas étonnant que les nationalités les plus représentées soient les Allemands et les « ex-Autrichiens » : en 1941 et 1942, les chiffres oscillent entre 450 et 756 Allemands et entre 159 et 304 Autrichiens environ, alors que le camp compte 829 internés en mars 1941. De janvier à juin 1942, on dénombre entre 1 300 et 1 400 internés. Ces décomptes ne concernent que les hommes. Les internés poursuivent leur activité malgré les circonstances.

Tous les domaines sont concernés : la peinture et le dessin (Max Ernst, Robert Liebknecht), la littérature (Golo Mann, Alfred Kantorowicz, Lion Feuchtwanger, Franz Hessel), les sciences (Otto Meyerhof) pour ne citer que les plus célèbres détenus. Ainsi, les archives du camp des Milles se caractérisent par une production artistique exceptionnellement riche et diversifiée (plus de 300 oeuvres actuellement recensées) qui s’étend de 1939, date de l’ouverture, jusqu’à l’été 1942, moment où le camp perd sa fonction première et devient un camp de transit.

Des cours ou des conférences sont donnés, on écrit puis on interprète des pièces de théâtre. Les internés se retrouvent au premier niveau de la briqueterie, dans les anciens fours Hoffmann utilisés auparavant pour la cuisson des briques, pour travailler ou y installer leur salle de spectacle, appelée « Katakombe ». Les murs sont ornés d’une multitude de peintures murales à la taille et aux motifs variés (masques de Comedia dell’arte, fl‚eurs…) Parfois des commandes officielles sont passées par les autorités : d’imposantes peintures murales sont effectuées dans le réfectoire des gardiens, une petite salle située dans la cour de la briqueterie, en 1941. Les moissons et les vendanges, Le Banquet des Nations, Rêve de nourriture et Le cortège des prestataires sont quatre fresques mettant en scène des banquets et des cornes d’abondance tandis que les prisonniers sont affamés. Les œuvres réalisées empruntent à plusieurs styles, dont le constructivisme, et sont à attribuer à plusieurs auteurs, l’un d’entre eux étant vraisemblablement Karl Boldek.

Lors de cette première phase de l’histoire du camp, des « Commissions permanentes de criblage » décident le maintien de l’internement ou la libération, et le nombre de détenus s’amenuise. C’est ainsi par exemple qu’Alfred Kantorowicz est libéré et saisit l’occasion pour émigrer aux États-Unis via Marseille. En revanche, l’écrivain Lion Feuchtwanger regagne sa demeure de Sanary. Entre les mois d’avril et de juin 1940, on comptabilise en tout 300 internés qui quittent les Milles et sont provisoirement transférés à Lambesc, petit village situé au nord d’Aix-en-Provence.

La deuxième phase intervient après la défaite militaire française et l’invasion du territoire. Les étrangers en attente d’un visa et qui avaient été libérés grâce aux commissions de criblage sont de nouveau emprisonnés aux Milles, et les mesures d’internement à leur égard sont durcies. Le journal local, Le Petit-Var, publie le 21 mai 1940 l’ordre donné par le général commandant la XVe Région : « Les ressortissants allemands et étrangers de nationalité indéterminée, mais d’origine allemande […] devront sans délai rejoindre le centre de rassemblement du camp des Milles ».

Au moment de la signature de l’armistice, le 22 juin 1940, le camp des Milles est placé sous l’autorité du ministère de l’Intérieur. Certains, comme Lion Feuchtwanger, sont internés pour la deuxième fois. Son roman autobiographique, intitulé Le diable en France (Der Teufel in Frankreich), relate le quotidien des prisonniers et l’absurdité de leur internement. Le livre n’a pas été achevé par l’auteur lui-même, il s’interrompt juste avant son évasion. C’est son épouse Martha qui rédige le dernier chapitre et raconte leurs fuites respectives vers les États-Unis. Voici comment l’auteur décrit la population incarcérée aux Milles en 1940 :

« Les ordres d’internement étaient appliqués à la lettre ; les autorités subalternes avaient manifestement reçu la consigne d’interner plutôt trop de gens que trop peu. On ne s’en tenait pas aux seuls Allemands, Autrichiens et Tchèques ainsi que le stipulait le décret, car on trouvait également parmi nous des Luxembourgeois, des Hollandais, des Belges et des Scandinaves. Il était impossible de faire l’appel. Une fois entré dans le camp, on ne pouvait plus en sortir, même s’il s’agissait de toute évidence d’un excès de zèle ou de l’erreur d’un policier.

C’était grotesque de voir le genre de personnes qu’on avait rassemblées là sous prétexte qu’elles avaient pu entretenir des rapports avec la Cinquième Colonne. […] L’incarcération de tant de gens qui avaient montré de manière irréfutable leur farouche opposition au nazisme constituait une stupide et déplorable comédie. »

À cette population hétérogène s’ajoute une nouvelle catégorie d’internés car le décret du 4 octobre 1940 stipule que les Juifs étrangers doivent à leur tour être internés. C’est ainsi que 6 500 Juifs expulsés du Palatinat, du Bade et du Wurtemberg sont d’abord dirigés vers le camp d’internement de Gurs dans le cadre de l’action Bürckel-Wagner. Certains d’entre eux seront par la suite transférés au camp des Milles.
Les femmes sont quant à elles transférées dans des centres d’internement pour femmes. En juin 1940, à Marseille, 150 ressortissantes allemandes et autrichiennes sont les premières internées à l’hôtel Bompard. Les hôtels Terminus des ports et du Levant sont également réquisitionnés pour l’occasion. Comme c’est le cas pour les hommes au camp des Milles, les personnes ressortissantes du Reich sont les plus nombreuses : dans le cas des femmes, leur nombre dépasse les 60 % parmi les internées.

Enfin, un tournant se produit en juin 1942. Theodor Dannecker, chef de la section de la Gestapo chargée de la « question juive » et représentant d’Adolf Eichmann en France, demande la déportation de 40 000 Juifs de France. Le programme doit être réalisé en trois mois et prévoit une déportation par secteurs géographiques : 15 000 en provenance de la zone occupée, 15 000 du Grand Paris et plusieurs milliers de la zone non-occupée.

Le 16 juin 1942, René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy, accepte de livrer 10 000 Juifs de la zone Sud. En août et septembre 1942, le camp des Milles devient par conséquent un camp de déportation vers Auschwitz via Drancy ou Rivesaltes. 2 000 personnes environ, hommes, femmes et enfants, sont déportées en trois semaines. Le 15 septembre, la zone Sud toute entière a livré 10 000 Juifs. En octobre, ce chiffre monte à 10 500 Juifs déportés. L’administration de Vichy a alors atteint les quotas réclamés par l’Allemagne et le camp redevient un centre de transit pendant quelques mois, jusqu’en décembre 1942.

La zone non-occupée est envahie par l’armée allemande en novembre 1942. Le bâtiment du camp est réquisitionné pour le stockage des munitions et passe sous le contrôle militaire allemand. À partir de la deuxième quinzaine du mois d’août 1944, au moment du débarquement allié en Provence, l’armée américaine y cantonne durant un an. Jusqu’en 1946, le site est probablement délaissé.

Le camp des Milles, façade sud du camp, photo Mémorial du Camp des Milles

Reprise de l’activité économique de 1946 à 2009

Dès l’année 1946 et jusqu’en 1987, l’activité de briqueterie reprend sous la direction de la famille Rastoin. Le management familial devient alors régional puis multinational. Après la succession de différents groupes, la société Lafarge, groupe français de matériaux de construction, acquiert le site en 1987.

En fonction durant plusieurs années, l’ancienne tuilerie fait ensuite office d’entrepôt et cesse définitivement toute activité en 2003. Cela permet de conserver le site, bâtiment et réfectoire, sans modification majeure même si certaines des œuvres peintes dans les fours par les artistes sont effacées lorsque ceux-ci sont rallumés : l’indifférence règne au niveau local en ce qui concerne le camp d’internement et son histoire. Ce passé n’est plus évoqué jusqu’à la fin des années 1970. Qui sont donc les instigateurs du retour de cette mémoire ? Toutes les phases où la tuilerie a servi de camp d’internement sont-elles considérées avec le même intérêt ou a-t-on privilégié une mémoire en particulier ?

La préservation du site et le retour de la mémoire : étapes et
instigateurs (1942-2012)

Afin de saisir les spécificités du retour de la mémoire dans le cas du camp des Milles, il convient de rappeler les principales étapes qui constituent l’historiographie du régime de Vichy et des camps d’internement. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les gouvernements de la IVe puis de la Ve République instituent ce que l’historien Henry Rousso nomme le « résistancialisme », un mythe selon lequel les Français auraient unanimement et naturellement résisté depuis le début de la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement de Vichy est perçu comme une parenthèse dans l’histoire de France et la question de la collaboration des autorités françaises avec le gouvernement hitlérien devient un tabou national. Ce mythe unificateur a pour objectif de restaurer et de défendre une certaine cohésion de la nation française, et contribue de la sorte à la reconstruction du pays aux sens propre et figuré.

La briqueterie des Milles s’inscrit parfaitement dans cette phase. Les anciens surveillants affectés au camp reprennent le cours de leur vie, ils ne livrent aucun récit. La population locale est indifférente à cette histoire : à ses yeux, elle n’est pas concernée puisque l’internement touchait l’« anti-France ». Par conséquent, elle n’identifie pas ce site comme un lieu de migration traumatisant. Seules quelques personnes dans la population locale ont acquis bien plus tard le titre de « Juste parmi les nations » pour avoir aidé des prisonniers juifs. Mais vraisemblablement confrontés à l’indifférence locale et en prises aux soucis du quotidien (et certainement aussi par la discrétion), ils n’ont parlé que bien plus tard de leurs actes. Les porteurs de souvenir, et donc de mémoire, sont les anciens internés alors dispersés, mais ceux-ci ont quitté ce lieu où ils ont juste passé quelques mois.

Les germanistes de l’université d’Aix-en-Provence et la mémoire des intellectuels allemands

À partir de 1942, seuls de rares témoignages sur le camp voient le jour, le plus célèbre étant le livre de Lion Feuchtwanger intitulé Le Diable en France. Ainsi, dès les années 1950, le lecteur allemand peut apprendre l’existence du camp des Milles bien avant que cette histoire ne soit découverte par les Français. Il n’est donc pas étonnant que l’histoire du camp des Milles éveille, dans un premier temps, l’intérêt des germanistes aixois qui, lorsqu’ils en apprennent l’existence trente ans après les premiers témoignages, mettent à l’honneur les célébrités allemandes internées dans ce site.

Les recherches des germanistes s’inscrivent dans un courant historiographique plus vaste, d’échelle internationale, communément appelé la révolution paxtonienne. Peu après la mort du général De Gaulle en 1970, des initiatives issues de pays étrangers, telles que le documentaire franco-suisse Le Chagrin et la Pitié de Max Ophüls en 1971 et l’ouvrage pionnier de l’historien américain Robert Paxton La France de Vichy en 1973, mais aussi l’ouverture progressive des archives apportent une nouvelle perspective et inaugurent un cycle de remise en cause des mémoires convenues.

La recouvrance de la mémoire des Milles débute en 1973, à Berlin-Est. À cette époque, la « division » de la mémoire est encore vivace dans les deux États allemands : l’Allemagne de l’Ouest met encore principalement à l’honneur les formes de résistance chrétienne ou humanitaire, comme celle de la Rose Blanche, ou bien la résistance militaire. L’Allemagne de l’Est, de son côté, a construit son identité en se définissant comme un État antifasciste, or le fascisme est, selon l’approche marxiste, une conséquence du capitalisme.

Ce sont donc les résistants communistes qui incarnent pendant de longues années l’unique forme de résistance tolérée dans la mémoire officielle de la RDA. Nous l’avons mentionné plus haut, les mesures d’internement en France ont concerné les Allemands et les communistes. Après la guerre, bon nombre d’anciens internés allemands communistes s’établissent en RDA et y entretiennent la mémoire des Allemands en France, une fois que ce sujet est homologué par la mémoire officielle à partir des années 1970.

C’est à cette époque qu’un germaniste aixois, Jacques Grandjonc, professeur à l’Université de Provence, spécialiste de linguistique allemande, prend connaissance de l’histoire des Milles en rencontrant Karl Obermann, un collègue historien, membre du parti communiste est-allemand, le SED, et ancien interné.

En 1977, le germaniste Gilbert Badia, professeur à l’Université de Paris VIII, membre du Parti Communiste français, connu pour ses amitiés est-allemandes, initie les premières recherches sur l’exil allemand antinazi en France. C’est dans ce contexte marqué en RDA par un début de travail de mémoire sur la présence de communistes allemands en France pendant la guerre et, en France, par un début d’approche critique de l’histoire de Vichy et sur l’exil allemand que les premières recherches scientifiques d’André Fontaine, élève de Jacques Grandjonc, débutent deux ans plus tard sur le camp des Milles. Une exposition est organisée à Aix-en-Provence en 1981 au sujet des œuvres d’art produites aux Milles et un article d’André Fontaine paraît dans les Cahiers d’Études Germaniques la même année, mais la connaissance du site ne semble pas dépasser un cercle restreint d’universitaires.

Cette première étape du retour de la mémoire met à l’honneur une seule mémoire, celle des artistes germanophones, comme l’explique rétrospectivement Alain Chouraqui, actuel président de la Fondation du Camp des Milles :
« Mais les peintures et la célébrité de beaucoup des internés ont longtemps conduit à concentrer l’attention sur cette part de « culture allemande en France » – au point que fut évoqué le projet de faire des Milles une annexe du Musée des Beaux-arts d’Aix ! La période où le camp servit à l’internement des étrangers masqua ainsi souvent l’importance de la dernière période, celle de la déportation anonyme des Juifs. »

Ce premier et modeste réveil de la mémoire constitue cependant un phénomène mémoriel précis : le passage du lieu de migration, c’est-à-dire celui d’une expérience personnelle et individuelle, à un lieu de souvenir (en allemand « Erinnerungsort »), un site « qui, à travers des souvenirs isolés, reprend vie spontanément ».

Le camp des Milles, die katakombe, photo Mémorial du Camp des Milles

Enjeux liés à la préservation du site

Le véritable tournant pour la préservation de la mémoire a lieu en 1982. Lorsqu’on annonce la destruction prochaine du réfectoire des gardiens qui est orné de peintures murales, la mémoire latente du camp des Milles resurgit.

Deux hypothèses nous ont été livrées sur le déroulement des faits qu’il apparaît difficile de vérifier. Un premier récit raconte que ce serait le sous-préfet qui aurait informé une association d’anciens résistants et déportés de la destruction prochaine de la salle des peintures. Ceux-ci se seraient alors mobilisés avec le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et la mairie d’Aix-en-Provence. Une action est entreprise auprès de la Direction régionale des affaires culturelles. Une autre hypothèse provient de l’article de Jacques Grandjonc et de Philippe Joutard, où il est fait mention que le « directeur de l’équipe de recherches » (vraisemblablement le même Jacques Grandjonc, mais le nom n’est pas cité) serait intervenu auprès de Jack Lang pour inscrire la salle des peintures à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Selon cette deuxième hypothèse, le CRIF, les organisations d’anciens internés et déportés et des personnalités politiques – dont les noms demeurent inconnus malgré nos recherches – ne seraient intervenus qu’après cela pour transformer le réfectoire en musée.

Une instance de classement est prise le 5 novembre 1982 par le ministère de la Culture afin de protéger cette partie du site. Le réfectoire est ensuite inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 3 novembre 1983. Conséquence du « sauvetage » de la salle des peintures, un « Comité de coordination pour la sauvegarde du Camp des Milles » et un « Musée mémorial de la Déportation, de la Résistance et de l’Internement » sont constitués dès 1985 sous l’égide de Denise Toros Marter, déportée à Auschwitz à 16 ans, Sidney Chouraqui, engagé volontaire dans les Forces Françaises Libres, et Louis Monguilan, résistant déporté à Mauthausen.

Dans une conférence donnée au Mémorial de la Shoah le 22 mai 2013, Denis Peschanski a insisté sur « l’importance des initiatives prises par la société civile comme les autorités régionales pour la préservation des sites lieux de mémoire ». Dans le cas des Milles, nous assistons ainsi dès le début des années 1980 à une mobilisation de bénévoles. Ce sont ces exhortations qui ont engendré un début de prise de responsabilité par les pouvoirs publics. Dix années plus tard, en novembre 1993, la salle des peintures est classée monument historique et sa gestion confiée au ministère des anciens combattants et victimes de guerre.

Les ouvrages scientifiques des années 1990

Parmi les premiers ouvrages scientifiques prétendant à l’exhaustivité „figure le livre d’André Fontaine intitulé Un camp de concentration à Aix-en-Provence ? Le Camp d’étrangers des Milles, 1939-1949. Il est cependant contesté dans un article par Jacques Grandjonc et Philippe Joutard qui dénoncent son manque de rigueur scientifigue.

En 1990 paraît le livre Zone d’ombres sous la direction de Jacques Grandjonc et Theresia Grundtner, qui porte avant tout sur les migrations des Allemands et des Autrichiens et dans lequel le camp des Milles n’est évoqué qu’en marge. Néanmoins, l’avant-propos inscrit ces recherches dans un phénomène mémoriel et un courant de recherche plus vastes :

« Au moment où croît dans le public l’intérêt pour un aspect occulté de notre histoire nationale et européenne – l’exil et l’internement d’étrangers réfugiés sur le sol français, puis leur émigration outre-mer ou leur participation à la Résistance, ou encore leur déportation depuis les camps du Midi – nous avons décidé de doubler les résultats déjà assurés avec ceux que nous a permis d’établir la recherche poursuivie au cours des dernières années. »

Il faut cependant attendre 1999 pour que le premier ouvrage scientifique de référence paraisse, celui de Doris Obschernitzki, Letzte Honung-Ausreise : Die Ziegelei von Les Milles 1939-1942 : Vom Lager für unerwünschte Ausländer zum Deportationszentrum [Dernier espoir : l’émigration. La briqueterie des Milles de 1939 à 1942 : du camp pour les étrangers indésirables au centre de déportation]. Nous avons cité le cas du livre de Feuchtwanger plus haut : encore une fois, le lecteur germanophone accède à des informations inédites ou peu connues en France, ce livre n’ayant à ce jour jamais été traduit.

Le camp des Milles, salle des peintures, photo Mémorial du Camp des Milles

Concurrence des mémoires

Si les premières publications scientifiques caractérisent la décennie des années 1990, c’est également à cette période que l’on voit naître un foisonnement d’initiatives éparses pour recouvrer les mémoires du camp des Milles. À l’image de la présidence du Comité de coordination pour la sauvegarde du Camp des Milles – composée, comme nous le disions précédemment, de Denise Toros Marter, déportée à Auschwitz, de Sidney Chouraqui, ancien des Forces Françaises Libres et de Louis Monguilan, résistant déporté à Mauthausen – les différentes mémoires de la déportation, de la Shoah et de la résistance sont honorées et coexistent.

On constate également que ces mémoires sont portées par des personnes qui ne sont pas d’anciens internés, ces derniers étant en revanche sollicités par les chercheurs en Allemagne, par Doris Obschernitzki par exemple. Parmi les Français qui encouragent le devoir de mémoire aux Milles, chacun trouve tout naturellement dans ce site un écho à son histoire personnelle et les objectifs diffèrent selon les centre d’intérêt de chacun et le groupe qu’il représente : les déportés pour raisons raciales, les résistants ou bien encore les soldats des Forces Libres.

Ces différentes initiatives marquent cependant le passage du lieu d’émigration, c’est-à-dire celui d’une expérience personnelle et individuelle, à un lieu de mémoire (en allemand « Gedächtnisort ») caractérisé par le début d’écriture et donc de fictionnalisation : en d’autres termes, le lieu mémorisé est mis en scène dans des oeuvres (textes, expositions, „films…).

Dans ce contexte, trois événements marquants ont lieu mais sans lien entre eux : le Conseil d’Administration de l’Association Philatélique du Pays d’Aix, dont le président est Yvon Romero, décide d’acquérir un lot d’une dizaine de lettres écrites par des internés au camp des Milles, retrouvées par hasard. L’objectif est avant tout une forme de préservation du patrimoine.

Au même moment, Yad Vashem décerne le titre de Juste des Nations à plusieurs personnes qui ont sauvé des Juifs au camp des Milles. Quelques distinctions avaient déjà été accordées dès les années 1960 et 1980, notamment au pasteur Donadille et à Auguste Boyer, mais leur nombre augmente dans les années 1990. Nous pouvons citer les cas de Cyrille Argenti, d’Edmond et de Nelly Bartoloni ou du couple Donnier.

La troisième initiative a lieu en 1992, année marquée par la plainte déposée contre la SNCF pour crime contre l’humanité. Dans ce contexte, les anciens wagons deviennent le symbole de la déportation des Juifs et c’est vraisemblablement pour cette raison qu’un « wagon-souvenir » est installé par l’Amicale des anciens déportés d’Auschwitz en novembre de la même année à l’endroit même où les départs avaient lieu.

Son inauguration, à la date anniversaire des pogroms de la « Nuit de cristal » et pour commémorer les cinquante ans des déportations en zone Sud, est l’occasion d’une vaste opération éducative et culturelle à Aix et à Marseille, intitulée « Mémoire pour demain ». Le travail du premier comité est relayé par l’Association du Wagon-Souvenir et du Site-Mémorial du Camp des Milles dont Denise Toros Marter, Sidney Chouraqui et Louis Monguilan deviennent les co-présidents. Cette dernière initiative marque une étape supplémentaire dans le travail de mémoire, à savoir la volonté, commune aux trois co-présidents, de transformer le lieu de mémoire en lieu de commémoration, et elle s’inscrit dans une démarche d’ampleur nationale : une initiative similaire a lieu au Vernet deux ans plus tard.

Peu à peu, ces interventions contribuent à changer les mentalités en faisant accepter la réalité de Vichy à un large public. En 1995, Jacques Chirac « apure les contentieux mémoriels » grâce à son discours du 16 juillet. Prononcé lors des commémorations de la rafle du Vel’d’Hiv’, le chef de l’État reconnaît la responsabilité de l’État français dans les déportations et son discours ne suscite pas de polémique, ce qui couronne un changement de paradigme mémoriel au sein de la société française. En l’an 2000, la soutenance, puis la publication de la thèse d’État de Denis Peschanski sur les camps d’internement, qui complète l’ouvrage d’Anne Grynberg paru l’année précédente, confirment qu’une étape a en effet été franchie dans ce processus mémoriel.

Certes, les efforts pour que les différentes mémoires coexistent et soient honorées sans esprit de concurrence entre elles sont louables. Mais il manque d’une part une cohérence d’ensemble et d’autre part un lien plus clair avec l’histoire du site. Ces spécificités et les anciens internés sont en effet absents de ces démarches. Nous pourrions nous approprier ici l’analyse que Tzvetan Todorov livre dans son ouvrage Les abus de la mémoire : « le fait de conserver toutes les mémoires sans distinction et dans les moindres détails ne constitue pas encore un travail de mémoire ». En effet, un travail de mémoire doit obligatoirement procéder à une sélection pour mettre en lumière les éléments importants et donc la spécificité de chaque mémoire.

Dans le cas des Milles, on assiste dans les années 1990 à une situation paradoxale en ce qui concerne les phénomènes mémoriels : il existe à la fois une indifférence ou une méconnaissance locale, un réveil des différentes mémoires qui se fait sans distinction grâce à des associations de bénévoles, et les premières productions scientifiques de qualité sont produites en langue allemande ou diffusées en français au sein des groupes de germanistes.

Le tournant des années 2000

Lors de sa conférence donnée au Mémorial de la Shoah en 2013, Denis Peschanski a évoqué le début d’une nouvelle phase muséographique dans les années 1990. Celle-ci serait marquée par la prise de conscience selon laquelle un musée doit, pour fonctionner, être de taille importante et qu’il a besoin d’une légitimité scientifique. Cette étape est franchie lorsque Sydney Chouraqui passe le flambeau à son „fils, Alain Chouraqui, directeur de recherche au CNRS. À partir de ce moment-là, le président de la Fondation n’aura de cesse de donner une cohérence et un fondement scientifique aux différentes initiatives nées dans les années 1990 sans pour autant privilégier une mémoire en particulier.

La mémoire n’est plus aux mains des victimes ou des témoins et ce changement générationnel marque le passage à la quatrième étape du schéma proposé par Thomas Keller et Jean-Marie Guillon que l’on peut résumer ainsi : le lieu de migration (première étape) devient un lieu de souvenir (deuxième étape), puis un lieu de mémoire (troisième étape) et, enfin un lieu de commémoration.

Cette quatrième étape est atteinte lorsque la politique de mémoire « relie la conscience collective au lieu et le distingue ». Cette évolution n’aurait sans doute pas eu lieu sans la création de la Fondation pour la mémoire de la Shoah en l’an 2000, comme nous le verrons plus tard.

L’avenir de la briqueterie et du site tout entier se décide peu de temps après, en 2002, d’une part avec la naissance d’un comité de pilotage présidé par Alain Chouraqui, à la suite d’une « déclaration commune sur un projet de lieu de mémoire » signée par la mairie d’Aix-en-Provence, la société Lafarge et l’association du wagon-souvenir, et d’autre part avec une structure juridique porteuse du projet, l’association Mémoire du camp des Milles.

En 2004, c’est l’ensemble du site (sept hectares) qui est inscrit comme Monument historique par le ministère de la Culture. Mais la construction du mémorial est alors freinée par des problèmes de financement, malgré les études sur le potentiel de fréquentation. Finalement, la Fondation pour la mémoire de la Shoah achète le site au groupe Lafarge et confie sa gestion à l’association Mémoire du camp des Milles afin de réaliser un site mémoriel.

La première pierre est posée en 2009 sous le parrainage du président de la République. Cette même année, la « Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation » est créée. Le 10 septembre 2012, le « Site-Mémorial » est inauguré et ouvert au public en présence du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Le camp des Milles, museographie, photo Mémorial du Camp des Milles

Le mémorial du camp des Milles aujourd’hui : de la « mémoire révérence à la mémoire référence »

Les acteurs actuels de la mémoire et le statut du « Site-Mémorial »

Le mémorial comprend actuellement le site dans son ensemble : l’ancienne tuilerie où le musée a été installé, la salle des peintures et le wagon-souvenir. Comme nous l’avons précisé plus haut, cette salle des peintures, ou « réfectoire des gardiens », est classée monument historique depuis 1993. L’ancienne tuilerie a été, quant à elle, inscrite comme Monument historique en 2004. Cela signifie que les statuts de la tuilerie et de la salle sont différents : un bâtiment classé ne peut être transformé ou cédé sans que l’on en informe le ministre et une partie de l’entretien est financé par l’État. Cette inégalité de statut peut également expliquer que les différentes parties du site n’aient pas jusque-là bénéficié du même traitement mémoriel.

À cela s’ajoutent des questions d’ordre pratique qui ont longtemps conduit à privilégier certains lieux en particulier tels que la salle des peintures et le wagon-souvenir, plus petits en surface et moins coûteux pour l’entretien. À l’heure actuelle, la sauvegarde, l’ouverture au public des bâtiments du camp ainsi que son aménagement relèvent de la « Fondation du camp des Milles – Mémoire et Éducation », ce qui garantit une homogénéité dans le traitement des différentes parties du site. Établissement reconnu d’utilité publique, c’est donc un organisme régi par le droit privé. Il est dirigé par un large conseil d’administration : les partenaires publics (l’État et les collectivités locales), associatifs (Association Mémoire du camp d’Aix les Milles, Fondation pour la Mémoire de la Shoah…) et privés (les entreprises mécènes telles qu’Orange et la Caisse d’Épargne).

Un Conseil scientifique, international et pluridisciplinaire, composé d’universitaires, est responsable des contenus du « Site-Mémorial ». Parmi ses membres, on peut citer des professeurs d’histoire tels qu’Anne Grynberg, Jean- Marie Guillon, Robert Mencherini, Philippe Mioche. Sont également présents des sociologues (Chantal Borde-Benayoun, Angelika Gausmann), philosophes (Georges Bensoussan), un conservateur du patrimoine (François Gasnault), Serge Klarsfeld, Jacqueline Ursch (Directrice des Archives Départementales des Bouches-du-Rhône), et Olivier Lalieu (responsable de l’aménagement des lieux de mémoire et des projets externes du Mémorial de la Shoah et rapporteur du Conseil Scientique).

Le camp des Milles, museographie, photo Mémorial du Camp des Milles

Le parcours muséographique

La fonction du mémorial est étroitement liée à l’organisation de l’espace. Le parcours muséographique s’effectue en trois temps qui représentent les différents thèmes de réflexion voulus par la Fondation. Dans les trois cas, la pédagogie s’adresse en priorité à un jeune public dans un souci évidemment culturel mais aussi d’éducation citoyenne. Le premier volet est historique. Il s’agit de présenter le contexte international et national puis l’histoire régionale avant de s’intéresser aux différentes étapes de l’histoire du camp.

Concrètement, le visiteur entre dans l’ancienne tuilerie mais ne la reconnaît pas : les premières pièces traversées ont été rénovées et réaménagées. Elles donnent à voir une exposition « traditionnelle » et un équipement moderne avec la projection de „films, des écrans interactifs. Des bornes audiovisuelles reconstituent les destins individuels d’internés.

Le deuxième volet est mémoriel : le visiteur ne quitte pas le bâtiment mais en passant d’une pièce à l’autre, il sort des salles du musée pour entrer dans le lieu de mémoire à proprement parler puisqu’il parcourt les salles d’internement et qu’il peut observer les traces laissées par les détenus. Les dispositifs muséographiques sont alors très discrets, à dessein. Quelques panneaux indiquent la fonction des espaces et l’emplacement de graffiti effectués par les détenus mais l’information fournie en première partie suffit au visiteur pour donner un sens aux espaces parcourus.

L’objectif est ici de ressentir la force évocatrice de ces lieux restaurés par des archéologues mais volontairement laissés en l’état. Des escaliers conduisent à un étage et le visiteur entre alors dans le troisième volet, l’aspect réflexif. D’une pièce à l’autre, il quitte les anciennes salles pour entrer de nouveau dans un musée moderne qui n’est pas sans rappeler la première partie du musée. Mais cette fois-ci, il ne s’agit plus de reconstituer l’histoire du lieu. Des connaissances pluridisciplinaires sont présentées afin de mieux comprendre les engrenages qui conduisent à l’intolérance, le basculement de la démocratie à l’autoritarisme, la responsabilité individuelle et collective face au crime de masse.

Cette étape est en quelque sorte une station expérimentale dans laquelle le visiteur établit un parallèle avec les expériences du passé pour se livrer à une réflexion sur le présent. Ici encore, il faut souligner l’exceptionnel équipement informatique mis à disposition qui sollicite la réflexion personnelle (films, archives sonores, présentation de résultats scientifigues, dispositifs interactifs notamment au moyen de casques ou d’écrans tactiles) et qui permet de répondre presque sur mesure aux questions de chacun. Le visiteur accède ensuite aux espaces extérieurs du camp, dont la salle des peintures murales et la cour de la briqueterie. La visite se termine en empruntant le « Chemin des Déportés » qui conduit au Wagon du Souvenir, ancien lieu des départs en déportation. Afin de compléter ce parcours muséographique, la Fondation propose également un centre de ressources qui s’étend sur 400 m2 et contient environ 5 000 documents de nature diverse (des livres, mais également des films ou encore des bandes dessinées ainsi que des archives). De nombreuses activités culturelles sont également organisées dans différentes salles de projection. Le retour d’une culture vivante dans le Site-Mémorial est considéré comme un hommage à la mémoire des internés qui ont résisté à la persécution par la création.

Ainsi, en plusieurs étapes, en alternant la grande histoire et les petites histoires, le visiteur prend non seulement connaissance et conscience du passé mais il est également invité à se livrer à une réflexion, et ses émotions sont également sollicitées. De cette manière, la Fondation allie lieu de mémoire, d’hommage et espace éducatif ouvert à un large public, sans pour autant privilégier une mémoire en particulier.

Répercussions

Le « Site-Mémorial » a pour ambition de devenir l’un des premiers équipements culturels français. Dans un article des Cahiers d’Études Germaniques datant de 2007, Alain Chouraqui et Olivier Lalieu écrivent : « Les résultats d’une étude universitaire des publics situent le potentiel de fréquentation de ce lieu au-delà de 100 000 entrées annuelles, ce qui le placerait dans le premier groupe des équipements culturels français, et en tête pour Aix-Marseille ».

Si une partie du financement du mémorial, établissement sans but lucratif, est issue de fonds privés tels qu’Alteor, spécialisé en immobilier, tourisme et équipement de la maison, Orange installations ou encore WhatMatters informatique, le fait que la région d’Aix-Marseille ait été élue capitale européenne de la culture 2013 a sans nul doute également joué un rôle. Le choix de cette région a été opéré en septembre 2008 et la Fondation du Camp des Milles a été, comme nous l’avons dit précédemment, reconnue d’utilité publique un an plus tard.

Nous pouvons donc nous interroger sur la nature du lien qui unit ces deux événements : il s’agit vraisemblablement d’une opération de communication d’envergure visant d’une part à faire connaître le mémorial à un très large public et, de l’autre, permettant des retombées positives en termes d’image.

Cette publicité positive pour la région d’Aix-Marseille semble être la répercussion la plus évidente de la création du mémorial des Milles. Mais il serait réducteur de considérer le travail de la Fondation uniquement sous cet angle.

La naissance du mémorial s’inscrit également dans un phénomène mémoriel de plus grande ampleur en contribuant à briser les tabous liés à l’histoire de Vichy.

En effet, le mémorial constitue un soutien de poids pour la redécouverte à l’échelle locale de cet épisode de l’histoire de France, comme cela a été le cas pour la commune de Lambesc. Situé au nord d’Aix-en-Provence, ce village a temporairement remplacé le camp des Milles du mois d’avril au mois de juin 1940.

Brièvement évoqué dans l’ouvrage d’André Fontaine et sur une carte du livre d’Anne Grynberg, Les camps de la honte, il a attiré l’attention de Claire Lutrin-Le Pors, étudiante en histoire qui y était domiciliée. Après s’être heurtée à un silence généralisé, celle-ci a „fini par découvrir une liste de 343 détenus aux archives départementales des Bouches-du-Rhône.

Parallèlement à ces recherches, une association aixoise « Résister aujourd’hui » demande dès 1995 l’apposition d’une plaque sur le lieu de l’internement et se heurte au refus de la mairie. Il faut attendre des élections locales et le changement de municipalité pour que cela soit suivi d’effets au mois d’avril 2010. Trois ans plus tard, la municipalité de Lambesc, l’association précitée et Claire Lutrin-Le Pors publient un livret explicatif préfacé par Robert Mencherini, également membre du conseil scientifique du mémorial des Milles.

Une rencontre de ces scientifigues et du maire avec la population est organisée conjointement avec l’exposition « Vichy en Provence » en juin 2013. Celle-ci est organisée dans le cadre d’une opération de médiation pédagogique et culturelle proposée par les archives départementales des Bouches-du-Rhône.

Créé en 2004, le « Semi des Archives » est un camion semi-remorque conçu comme espace itinérant d’exposition. Il a pour objet de valoriser les archives auprès du grand public et des établissements scolaires. Sur la brochure introductive de l’exposition est précisé que celle-ci « entre en résonance avec l’ouverture du Site-Mémorial du camp des Milles ».

Ainsi le lien est nettement marqué entre les deux phénomènes mémoriels, celui du camp de Lambesc, victime d’un déni, et celui du mémorial du camp des Milles en pleine phase d’expansion. Le mémorial devient de la sorte un outil mémoriel qui encourage les processus d’imputabilité chers à Paul Ricoeur, et réalise ainsi son objectif majeur : devenir « un lieu témoin qui prend le relais des témoins ».

Le camp des Milles, inauguration, photo Mémorial du Camp des Milles

Conclusion

La question de la périodisation de la mémoire a été posée en introduction. Nous constatons dans un premier temps que la mémoire du camp d’internement des Milles s’inscrit dans un paradigme mémoriel plus vaste : celui du rapport à l’histoire de Vichy et de son oubli. Dans le cas des Milles, celui-ci a la particularité d’être plus ou moins volontaire.

Parce qu’il s’agit d’un ancien lieu de migration, la population locale a en effet du mal à sapproprier ce phénomène mémoriel perçu comme étranger. Puis cette mémoire en sommeil se réveille, particulièrement tôt dans notre cas, dès le début des années 1980. Ce phénomène particulier s’inscrit dans deux courants historiographiques plus vastes, celui de la relation au passé de Vichy et les recherches sur l’exil allemand en France. Confrontés au déni ou à l’oubli, les « passeurs de mémoire » – qui, nous le rappelons, ne sont pas les anciens internés et sont rarement en contact avec eux – ont apporté leur contribution en fonction de leur sensibilité, de leurs centres d’intérêts et de leurs moyens pour réhabiliter cette mémoire jusque-là latente.

Ainsi, les différentes mémoires ont longtemps coexisté entre le réfectoire, dont les fresques murales rappellent les artistes allemands, et le wagon-souvenir, symbole des déportations mais aussi des actions des Justes. Nous assistons alors à un phénomène mémoriel caractérisé par le foisonnement des initiatives qui, si elles ont le mérite d’exister et de coexister sans se faire ombrage, manquent néanmoins de cohérence et sèment parfois une certaine confusion. Les années 2000 inaugurent un troisième phénomène mémoriel : celui de musées visant un public international et nécessitant, par conséquent, des infrastructures adaptées ainsi qu’un conseil scientifique de qualité.

Pour preuve de son efficacité, le réseau scientifique international créé par la Fondation du Camp des Milles et l’Université d’Aix-Marseille a été reconnu comme « Chaire Unesco » en 2013, ce qui implique l’obligation de produire un compte rendu biennal. Cela apparaît comme la suite logique de la coopération renforcée mise en oeuvre au moyen d’une convention entre la Fondation du Camp des Milles et Éducation et Aix-Marseille Université. L’impulsion a sans nul doute été apportée par Alain Chouraqui, qui n’a eu de cesse non seulement de préserver ce lieu de mémoire mais également d’en faire le vecteur d’un projet éducatif au moyen d’une démarche historique et scientifique.

Aujourd’hui, le parcours muséographique allie l’information et la prévention, l’histoire et la didactique tout en restant ouvert et accessible à un large public. Dans son discours d’inauguration, Alain Chouraqui s’interrogeait : « Face à d’indécentes concurrences de mémoires, la démarche proposée ici ne peut-elle aussi aider à construire une solide convergence des mémoires, fondée sur ce qu’il y a de commun dans leur expérience des comportements humains, des pires aux plus admirables ? »
Force est de constater que le pari difficile a été gagné et que le mémorial des Milles, lieu souvenir, s’est transformé en un lieu de commémoration européen. L’objectif est tout à la fois de rendre hommage et d’éduquer pour l’avenir : la « mémoire révérence » est devenue la « mémoire référence ».

Cécile Denis EA 4593 CLARE Université Bordeaux Montaigne cecile.denis@etu.u-bordeaux-montaigne.fr

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7e Rencontres Historiques du Fort du Portalet11 octobre 2012In ’ACTUALITÉS’

Tags : Camp d’internement, Cécile Denis, exil, mémoire, mémorial, Seconde guerre mondiale, site-mémorial du camp Les Milles

Source : https://prisons-cherche-midi-mauzac.com/des-camps/le-camp-dinternement-des-milles-enjeux-memoriels-1939-2013-par-cecile-denis-16985

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Le Site-Mémorial du Camp des Milles sera inauguré aujourd’hui par Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, assisté de Vincent Peillon, ministre de l’Éducation Nationale, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Bernard Cazeneuve, ministre délégué auprès du ministre des Affaires Etrangères, chargé des affaires européennes, Marie Arlette Carlotti, ministre déléguée auprès de la ministre des Affaires Sociales et de la Santé chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la Défense chargé des Anciens Combattants, en présence d’Alain Chouraqui et Serge Klarsfeld, respectivement président et vice-président de la « Fondation du camp des Milles – Mémoire et Éducation ».

Le texte et les photos qui illustrent cet article sont tirés du dossier de présentation du Site-Mémorial du Camp des Milles, téléchargeable sur le site officiel [lien]…

Internés rassemblés dans la cour du Camp des Milles

Les internés rassemblés dans la cour de l’ancienne tuilerie au moment du repas, photo Site-Mémorial du Camp des Milles.

Objectifs du Site-Mémorial du Camp des Milles

Ce site est l’un des rares lieux témoins préservés en Europe qui raconte l’histoire tragique des internements et des déportations durant la Seconde Guerre mondiale. L’ambition de ce lieu lieu de mémoire est « d’apporter des repères pluridisciplinaires et des clés de compréhension scientifiques, susceptibles d’aider à être vigilant et à réagir à temps face aux crispations identitaires et aux extrémismes. Un lieu résolument tourné vers l’enseignement de la fraternité et du respect de l’autre, refusant l’engrenage des discriminations, de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie qui menacent le vivre ensemble et la paix civile. »

Septembre 1939 à juin 1940 : un camp pour « sujets ennemis »

Interné du camp des Milles occupé à écrire

L’histoire du camp débute sous la IIIe République, au début de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le gouvernement prend la décision d’interner les ressortissants du Reich, fussent-ils d’authentiques antifascistes ayant fui de longue date le nazisme qui sévissait dans leur pays d’origine pour venir se réfugier en France. Considérés paradoxalement et tragiquement comme des ”sujets ennemis”, les internés sont victimes d’un mélange de xénophobie, d’absurdité et de désordre administratifs ambiants et vivent dans des conditions très précaires. Dans le Sud-Est, ces étrangers sont internés dans la Tuilerie des Milles, alors désaffectée. Ce bâtiment industriel devient un camp d’internement sous commandement militaire français.

Juillet 1940 à juillet 1942 : un camp pour “indésirables”

En juin 1940 s’ouvre une seconde période avec la défaite française et la signature de l’armistice. C’est là que se situe l’épisode du « Train des Milles », popularisé par le film de Sébastien Grall. À partir de juillet, sous le régime de Vichy, le camp est rapidement surpeuplé (3 500 internés à la fois en juin 1940).

Au cours de cette période sont transférés aux Milles les étrangers des camps du Sud-Ouest, et en particulier des anciens des Brigades internationales d’Espagne ainsi que des Juifs expulsés du Palatinat, du Wurtemberg et du pays de Bade.

Site-Mémorial du Camp des Milles

À partir de novembre 1940, le camp, passé sous l’autorité du Ministère de l’Intérieur, devient le seul camp de transit en France pour une émigration Outre-Mer, transit régulier ou illégal avec l’aide de particuliers, d’organisations ou de filières locales et internationales. Au fil du temps, les conditions d’internement se dégradent : vermine, maladies, promiscuité, nourriture insuffisante…

Août et septembre 1942 : un camp de déportation des Juifs

Une troisième période correspond aux mois d’août et septembre 1942 qui voient la déportation vers Auschwitz via Drancy ou Rivesaltes de plus de 2 000 Juifs, hommes, femmes et enfants. Vichy a accepté de livrer 10 000 Juifs de la zone dite “libre” à l’Allemagne. Au début du mois de juillet 1942, Laval propose d’inclure les enfants âgés de moins de seize ans dans les déportations.

Femmes et enfants internés au Camp des Milles.

Le 3 août, le camp est bouclé. Femmes et enfants juifs de la région sont orientés vers les Milles pour rejoindre les autres internés avant d’être déportés. Ne sont pas épargnés les Juifs réfugiés politiques ou étrangers ayant servi dans l’armée française. Et une centaine d’enfants est ainsi déportée à partir de l’âge d’un an. Au total, cinq convois sont constitués. En réaction, des hommes et femmes courageux aident les internés et les déportés.

Ces événements surviennent avant même l’occupation allemande de la zone Sud (11 novembre 1942). Au-delà du mois de septembre 1942, le camp, demeurant un centre de transit, vivote : ses derniers occupants, très peu nombreux, quittent ses murs de briques en décembre 1942.

Artistes et intellectuels au Camp des Milles

Une caractéristique essentielle du Camp des Milles réside dans l’ampleur et la diversité de la production artistique réalisée par les internés, malgré les privations et le manque de moyens. Cette production est surtout abondante durant la première période du camp, entre 1939 et 1940. Mais on la retrouve avec une intensité variable tout au long de l’existence du camp, jusqu’à l’été 1942. Ce foisonnement s’explique incontestablement par la présence de nombreux artistes et intellectuels, dont certains bénéficient déjà d’une renommée internationale tandis que d’autres ne seront reconnus qu’après la guerre.

Camp des Milles, ’Die katakombe’.

« Die Katakombe », four à tuiles devenu refuge de la vie culturelle au camp, du nom d’un cabaret contestataire de Berlin avant le nazisme.

Toutes les disciplines sont concernées :

La peinture et le dessin avec notamment Max Ernst, Hans Bellmer, Robert Liebknecht, Gustav Ehrlich dit “Gus”, Eric Isenburger, Ferdinand Springer, Werner Laves, Leo Marschütz, Franz Meyer, Alfred Otto Wolfgang Schulze dit “Wols”, Max Lingner et Karl Bodek ; La littérature avec des écrivains, poètes, traducteurs ou critiques comme Alfred Kantorowicz, Golo Mann, Lion Feuchtwanger, Franz Hessel, Friedrich Wolf ; La musique avec le pianiste et compositeur Erich Itor Kahn, le chef d’orchestre Adolf Siebert, les chanteurs Ernst Mosbacher, Joseph Schmidt, Léo et Siegfried Kurzer… ; Le théâtre avec des comédiens, chansonniers, auteurs dramatiques et metteurs en scène comme Friedrich Schramm et Max Schlesinger ; La sculpture avec Peter Lipman-Wulf
À leurs côtés, sont aussi présents des architectes (Konrad Wachsmann…), des professeurs d’Université, des prix Nobel avec Otto Meyerhof, prix Nobel de médecine en 1922, Thadeus Reichstein, prix Nobel en 1950 pour son invention de la cortisone, des médecins, avocats ou journalistes mais aussi des députés ou hommes politiques allemands, autrichiens, italiens…

Fresque du Camp des Milles.

Peintures murales dans le réfectoire des gardiens du camp d’internement des Milles, photo Dominique Pipet, septembre 2008.

Parmi ces personnalités, beaucoup s’attachent à poursuivre leur activité, influencés par les circonstances extraordinaires et tragiques qui président à leur internement comme par le cadre même de la tuilerie. Ils donnent libre cours à leur créativité, parfois avec humour ou ironie, pour préserver leur dignité, tromper l’ennui, entretenir leur moral comme celui de leurs camarades  ; parfois aussi pour s’attacher les faveurs d’un membre de l’administration. Des cours ou conférences sont donnés, des pièces de théâtre et des opéras sont joués. Les autorités se montrent d’ailleurs plutôt bienveillantes. Des commandes officielles sont aussi parfois passées, comme la réalisation d’imposantes peintures murales pour le réfectoire des gardiens en 1941 (photo).

Pour aller plus loin…

Sur ce blog : Camp des Milles : « Parti sans laisser d’adresse », lien

Sur le blog d’Alain Paire : Le camp des Milles : internements et déportations, 1939-1942, lien
Visite du Site-Mémorial des Milles : premières impressions, lien

Et pour conclure, une courte vidéo du galiériste Alain Paire : « Parti sans laisser d’adresse », lien

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Tags : Alain Chouraqui, Alain Paire, Die Katakombe, inauguré par Jean-Marc Ayrault, Serge Klarsfeld, Site-Mémorial du Camp des Milles, tuilerie des Milles

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Entre 1939 et 1942, il a connu l’internement de personnes de statuts divers et relevant de 39 nationalités, y compris, sous le régime de Pétain, d’enfants nés français et de résistants, pour devenir finalement une antichambre d’Auschwitz avec la déportation de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants juifs en août et septembre 1942 dans le cadre de la Shoah. Il ne fonctionne plus comme camp à partir de l’arrivée des troupes allemandes en décembre 1942, qui le transforment ensuite en dépôt de munitions. Seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact et l’un des très rares en Europe, il devient accessible au public avec l’ouverture, dans les lieux mêmes, d’un Site-Mémorial éducatif et citoyen le 10 septembre 2012, 70e anniversaire du départ du dernier convoi de déportation vers Auschwitz via Rivesaltes.

Histoire (1939-1942)

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/7c/Lager_Les_Milles._Gedenkwaggon._Viehtransporter_zum_Abtransport_der_Juden.JPG/220px-Lager_Les_Milles._Gedenkwaggon._Viehtransporter_zum_Abtransport_der_Juden.JPG

Wagon utilisé comme monument de la déportation (mais qui a été construit entre 1952 et 1964).

Septembre 1939 à juin 1940 : un camp d’internement pour sujets dit « ennemis »

L’histoire du camp débute sous la IIIeRépublique, au début de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le gouvernement français radical-socialiste d’Édouard Daladier prend la décision d’interner les ressortissants du Reich. Le ministre de l’Intérieur, Albert Sarraut, n’a aucun égard pour les authentiques antifascistes qu’ils sont pour la plupart, ayant fui en France dès avant 1936 la politique antisémite et anti-intellectuels des nazis. Considérés paradoxalement et tragiquement comme des « sujets ennemis », les internés sont victimes d’un mélange de xénophobie, d’absurdité et de désordre administratifs ambiants.

Dans le Sud-Est, ces étrangers sont internés dans la tuilerie des Milles, alors désaffectée.

Le 31 août 1939 le maire d’Aix-en-Provence, Jean Peytral, au nom du préfet, Paul Bouët1, réquisitionne une briqueterie pour en faire un centre de regroupement.

Ce bâtiment industriel bâti en 1882, agrandi en 1926 et 1932, atteint une superficie de 15 000 m2. Quand la guerre éclate, la briqueterie, qui appartient à la Société des Tuileries de la Méditerranée, est fermée depuis un an après avoir connu grèves et lock-outs2.

Le 9 septembre 1939 les 50 premiers « ennemis » arrivent. Les internés y vivent dans des conditions très précaires comme en témoigne entre autres l’écrivain allemand Lion Feuchtwanger qui y est interné deux fois3. Selon la terminologie de la circulaire ministérielle du 17 septembre 1939, le camp des Milles est un ’ camp de rassemblement des étrangers’ destiné aux éléments ’tranquilles ;’

Leur nombre évolue jusqu’à la première fermeture de celui-ci le 18 avril 1940.

Juillet 1940 à juillet 1942 : un camp pour « indésirables » sous le régime de Vichy

Le 15 mai 1940 après le début de la campagne de France, le camp est rouvert. En juin 1940 s’ouvre une seconde période avec la défaite française et la signature de l’armistice. C’est là que se situe l’épisode du « train des Milles » popularisé par le film Les Milles de Sébastien Grall. À partir de juillet, sous le régime de Vichy, le camp est rapidement surpeuplé (3 500 internés à la fois en juin 1940). Au cours de cette période sont transférés aux Milles notamment les étrangers des camps du Sud-Ouest, et en particulier des anciens des Brigades internationales d’Espagne ainsi que des juifs expulsés du Palatinat, du Wurtemberg et du pays de Bade.

Le 1er août 1940 la commission allemande Kundt4 inspecte le camp qui compte à cette époque plus d’un millier d’internés. 747 d’entre eux sont volontaires pour être rapatriés en Allemagne.

À partir de novembre 1940, le camp, passé sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, devient le seul camp de transit en France pour une émigration Outre-Mer, transit régulier ou illégal avec l’aide de particuliers, d’organisations ou de filières locales et internationales. Au fil du temps, les conditions d’internement se dégradent : vermine, maladies, promiscuité, nourriture insuffisante... Max Ernst, Golo Mann, Hans Bellmer, Ferdinand Springer, Wols... y ont séjourné.

Août et septembre 1942 : un camp de déportation des juifs en zone non occupée

La conférence de Wannsee, présidée par Reinhard Heydrich « règle définitivement la question juive ». Concernant la « zone libre », l’Allemagne compte sur la collaboration du Gouvernement de Vichy, qui promet l’envoi de 10 000 Juifs étrangers ou apatrides, chiffre qui sera porté à 14 500 par Pierre Laval en août 1942.

Jusqu’en novembre 1940, le camp est placé sous administration militaire, dirigé par le capitaine Charles Goruchon assisté d’une trentaine de sous-officiers. Puis il passe sous administration civile et est dès lors placé sous l’autorité de l’intendant de police de Marseille Maurice de Rodellec du Porzic5.

Une troisième période correspond aux mois d’août et septembre 1942 qui voient la déportation vers Auschwitz via Drancy ou Rivesaltes de plus de 2 000 juifs, hommes, femmes et enfants. Vichy a accepté de livrer 10 000 juifs de la zone dite « libre » à l’Allemagne. Au début du mois de juillet 1942, Pierre Laval propose d’inclure les enfants âgés de moins de seize ans dans les déportations.

Le chef de la section anti-juive de la Gestapo, Dannecker, recense 1 192 Juifs « déportables »2 le 15 juillet 1942.

Le 3 août 1942, le camp des Milles est bouclé par 170 gardes mobiles de réserve. Femmes et enfants juifs de la région sont orientés vers les Milles pour rejoindre les autres internés avant d’être déportés. Ne sont pas épargnés les juifs réfugiés politiques ou étrangers ayant servi dans l’armée française. Et une centaine d’enfants sont ainsi déportés à partir de l’âge d’un an.

Au total, cinq convois ferroviaires sont constitués :

  • Le 11 août, 262 détenus, triés par l’intendant de police de Marseille Maurice de Rodellec du Porzic6,7, prennent la direction du camp de Drancy. 236 d’entre eux partent, le 14 août, en déportation au camp d’Auschwitz.
  • Le 13 août, 538 Allemands, Autrichiens et Polonais quittent le camp pour Drancy avant de partir, tous, à Auschwitz.
  • Le 23 août, 134 membres des Groupements des Travailleurs Étrangers (GTE) quittent le camp pour le camp de Drancy.
  • À la suite de la rafle du 26 août 1942 en zone libre, 1 200 Allemands, Autrichiens, Russes et Polonais sont rassemblés au camp des Milles. 574 d’entre eux (dont 54 enfants) sont envoyés le 2 septembre au camp de Drancy. 558 sont envoyés en déportation au camp d’Auschwitz2.
  • Le 10 septembre 1942 , 713 internés quittent le camp pour celui de Rivesaltes, avant d’être dirigé sur Drancy. 571 partent à Auschwitz.
    Au total plus de 2 000 Juifs sont transférés du camp des Milles pour le camp de Drancy et une grande partie sera ensuite envoyée en déportation au camp d’Auschwitz2.

En réaction, des hommes et femmes courageux aident les internés et les déportés. Des groupes civiques ou religieux comme la CIMADE viennent en aide aux internés, voire les aident à s’échapper. Certains de leurs animateurs furent reconnus Justes parmi les Nations : Père Cyrille Argenti, Edmond et Nelly Bartoloni, Marie-Jeanne et Auguste Boyer, MgrMarius Chalve, Georgette et André Donnier, pasteur Marc Donadille et son épouse Françoise Donadille, pasteur Charles Guillon, Alice Manen et son époux pasteur Henri Manen, R.P Joseph Marie Perrin, abbé Fernand Singerlé, pasteur Gaston Vincent et son fils Michel.

« Ce qui était particulièrement douloureux à voir c’était le spectacle des petits enfants. Car des ordres stricts furent donnés en dernière heure tels qu’au-dessus de 2 ans, tous devaient obligatoirement partir avec leurs parents… Des enfants tout petits, trébuchant de fatigue dans la nuit et dans le froid, pleurant de faim… de pauvres petits bonshommes de 5 ou 6 ans essayant de porter vaillamment un baluchon à leur taille, puis tombant de sommeil et roulant par terre, eux et leurs paquets – tout grelottant sous la rosée de nuit ; de jeunes pères et mères pleurant silencieusement et longuement dans la constatation de leur impuissance devant la souffrance de leurs enfants ; puis l’ordre de départ fut donné pour quitter la cour et partir au train. »

—  Pasteur Henri Manen, Aumônier du Camp - “Juste parmi les Nations”, devant le convoi du 2 septembre 1942

Ces événements surviennent avant même l’invasion allemande de la zone Sud (11 novembre 1942). Le 4 décembre 1942, le camp est réquisitionné par la Wehrmacht. Les 170 internés qui s’y trouvent encore sont transférés au camp de La Ciotat8.

Le camp des Milles est définitivement fermé le 15 mars 1943 et transformé en dépôt de munitions2.

Le camp des Milles et ses « satellites »

De nombreux lieux d’internement de la région (GTE - Groupement de Travailleurs Étrangers - et hôtels) ont été reliés au camp des Milles. Des hommes, des femmes et des enfants, considérés comme étrangers, le plus souvent juifs et antifascistes, y furent regroupés. D’autres centres d’internement existaient dans les départements voisins, comme à Toulon, Alès, Loriol, Saint-Cyr, Vidauban…

Artistes et intellectuels au camp des Milles

Une caractéristique essentielle du camp des Milles réside dans l’ampleur et la diversité de la production artistique réalisée par les internés, malgré les privations et le manque de moyens. Cette production est abondante durant la première période du camp, entre 1939 et 1940. Mais on la retrouve avec une intensité variable tout au long de l’existence du camp, jusqu’à l’été 1942. Ce foisonnement s’explique incontestablement par la présence de nombreux artistes et intellectuels, dont certains bénéficient déjà d’une renommée internationale, tandis que d’autres ne seront reconnus qu’après la guerre.

Toutes les disciplines sont concernées : la peinture et le dessin (avec notamment Max Ernst, Hans Bellmer, Robert Liebknecht, Gustav Ehrlich dit Gus, Eric Isenburger, Ferdinand Springer, Werner Laves, Leo Marschütz, Franz Meyer, Alfred Otto Wolfgang Schulze dit Wols, Max Lingner et Karl Bodek), la littérature avec des écrivains, poètes, traducteurs ou critiques (comme Alfred Kantorowicz, Golo Mann, Lion Feuchtwanger, Franz Hessel, Manès Sperber, Friedrich Wolf, Walter Hasenclever (Côte d’Azur 1940 : Impossible asile) ; la musique (avec le pianiste et compositeur Erich Itor Kahn (de), le chef d’orchestre Adolf Siebert, les chanteurs Ernst Mosbacher, Joseph Schmidt, Léo et Siegfried Kurzer, le pianiste de jazz Ernst Engel...), le théâtre avec des comédiens, chansonniers, auteurs dramatiques et metteurs en scène (comme Friedrich Schramm et Max Schlesinger), la sculpture avec Peter Lipman-Wulf... À leurs côtés, sont aussi présents des architectes (Konrad Wachsmann (de)...), des professeurs d’université, prix Nobel avec Otto Meyerhof (prix Nobel de médecine en 1922), Tadeusz Reichstein (prix Nobel en 1950 pour son invention de la cortisone), médecins, avocats, architectes ou journalistes mais aussi des députés ou hommes politiques allemands, autrichiens, italiens, etc.

Parmi ces personnalités, beaucoup s’attachent à poursuivre leur activité, influencés par les circonstances extraordinaires et tragiques qui président à leur internement comme par le cadre même de la tuilerie. Ils donnent libre cours à leur créativité, parfois avec humour ou ironie, pour préserver leur dignité, prendre du recul sur leur condition, tromper l’ennui, entretenir leur moral comme celui de leurs camarades, parfois aussi pour s’attacher les faveurs d’un membre de l’administration. Des cours ou conférences sont donnés, des pièces de théâtre et des opéras sont joués. Les autorités se montrent d’ailleurs plutôt bienveillantes. Des commandes officielles sont aussi parfois passées, comme la réalisation d’imposantes peintures murales pour le réfectoire des gardiens en 1941.

Environ 350 œuvres sont ainsi conçues au camp des Milles. En outre, des centaines de traces, décorations ou graffitis anonymes ont été mis au jour sur les murs du camp. Ces artistes sont imprégnés des grands courants du début du XXe siècle. Ils marquent de leur empreinte l’histoire du camp des Milles et sa mémoire.

Combat contre l’oubli (1983-2012)

1942 à 1981

En 1946, la tuilerie des Milles retrouve son activité industrielle. On ne parle pas du camp des Milles dans la région.
Mais des rescapés et certains acteurs commencent à témoigner, comme le pasteur Henri Manen, Juste parmi les Nations, qui a livré son témoignage noté sur le vif dans son journal Au fond de l’abîme, et quelques internés comme Lion Feuchtwanger qui publie Le Diable en France en 1942. Serge Klarsfeld travaille sur les noms des déportés des Milles ; en 1979, quelques universitaires d’Aix-en-Provence autour de Jacques Grandjonc commencent des recherches.

1982-1983

Face à l’annonce de la destruction de la “Salle des peintures murales” de l’ancien camp, d’anciens résistants et déportés, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et la mairie d’Aix-en-Provence se mobilisent et sensibilisent la direction régionale des Affaires culturelles : une instance de classement est alors prise le 5 novembre 1982 par le ministère de la Culture, sur proposition de la Conservation régionale des monuments historiques, pour assurer la protection immédiate du site. L’inscription sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques du 3 novembre 1983 sera suivie d’un classement par arrêté du 2 novembre 1993 pour ce qui concerne l’atelier de menuiserie avec les peintures qu’il renferme. L’essentiel des bâtiments et des espaces seront, eux, inscrits le 23 février 20049.

1985

Inauguration d’une stèle commémorative et naissance d’un Comité de coordination pour la sauvegarde du camp des Milles et la création d’un Musée mémorial de la Déportation, de la Résistance et de l’Internement, rassemblant l’ensemble des associations concernées, dont le travail sera relayé à partir de 1991 par l’Association du Wagon-Souvenir et du Site-Mémorial du Camp des Milles.

1992

Après l’inauguration d’un chemin des Déportés (1990), un wagon du Souvenir est installé sur les lieux mêmes des déportations et abrite une petite exposition d’élèves d’un collège marseillais. L’opération “Mémoire pour demain”, rassemble plusieurs milliers d’élèves autour de débats, projections de films, spectacles, expositions... Inauguration la même année aux Milles d’une école primaire au nom d’Auguste-Boyer, Juste parmi les Nations, ancien gardien du camp.

1993

Sauvegardée puis restaurée, la “Salle des peintures murales” est classée monument historique. Son ouverture au public est confiée au ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre.

2002 à 2009

Un Comité de pilotage fonde l’Association “Mémoire du Camp d’Aix-les-Milles” (2002) et œuvre à la conception d’un mémorial ambitieux. L’ensemble du site (7 ha) est inscrit comme Monument historique (2004). Les financements nécessaires, publics et privés, sont rassemblés (2006-2009) et le site est acheté avec le concours de la fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Depuis 2009

La “fondation du Camp des Milles - Mémoire et Éducation” est créée et immédiatement reconnue comme établissement d’utilité publique par décret du Premier ministre. Elle rassemble quatre ministères, les collectivités locales et les associations concernées, ainsi que quelques grandes entreprises mécènes.

2012

Le 10 septembre 2012, le site-mémorial est inauguré par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et Alain Chouraqui, président de la fondation du Camp des Milles - Mémoire et Éducation. Le site est ouvert au public10 depuis ce jour.

Le Site-mémorial du camp des Milles

Le camp des Milles est l’un des rares lieux témoins préservés en Europe qui raconte l’histoire des internements et des déportations durant la Seconde Guerre mondiale. Il est reconnu comme Monument historique par le ministère de la Culture et est présenté comme l’un des neuf hauts lieux de mémoire par le ministère de la Défense.

Pour la première fois sur un lieu de mémoire, le Site-Mémorial du Camp des Milles a pour but de fournir des repères pluridisciplinaires et des clés de compréhension scientifiques. Il comprend l’ancienne tuilerie où le musée a été installé, la salle des peintures et le wagon-souvenir. Le lieu souvenir, s’est transformé en un lieu de commémoration européen. L’objectif est tout à la fois de rendre hommage et d’éduquer pour l’avenir11. Un lieu tourné vers l’enseignement de la fraternité et du respect de l’autre, refusant l’engrenage des discriminations, de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie.

Ce projet mémoriel et éducatif, porté par l’universitaire français Alain Chouraqui, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui est devenu à sa création le président de la Fondation du camp des Milles - Mémoire et éducation, a obtenu le soutien de Simone Veil, Serge Klarsfeld, Elie Wiesel, Jorge Semprún, Robert Badinter, Denise Toros-Marter .

Le Site-mémorial du camp des Milles est l’un des chantiers de Marseille-Provence capitale européenne de la Culture 2013.

Il comprend trois volets confortés par plusieurs dispositifs technologiques particuliers :

  • Un volet historique : explication historique du contexte général, européen, national, régional dans lequel s’inscrit l’histoire du camp des Milles. Information scientifique sur le site, son histoire et ses acteurs.
  • Un volet mémoriel : ouverture au public des lieux historiques ayant servi à l’internement et à la déportation, dans et autour du bâtiment principal de la tuilerie. Accès aux traces laissées par les internés. Le Mémorial de la Shoah a assuré le commissariat général des expositions de ces volets historique et mémoriel, rassemblant de nombreux témoignages et apportant la documentation à la suite des recherches entreprises à travers le monde auprès de nombreuses institutions et particuliers.
  • Un volet réflexif : espace de réflexion et d’investissement personnel sur la responsabilité individuelle et collective dans les mécanismes qui peuvent conduire au pire. Accès aux conclusions d’expérimentations psychosociologiques sur la passivité, la soumission aveugle à l’autorité, l’effet de groupe, les stéréotypes... passerelles entre hier et aujourd’hui. Espace consacré aux « actes justes ». Diversité des actes de sauvetage et de résistances aux engrenages qui ont conduit à quatre grands crimes génocidaires au XXe siècle : Arméniens, Juifs, Tsiganes et Tutsis.
    La fondation du camp des Milles - Mémoire et éducation en partenariat avec l’Institut fédératif européen pluridisciplinaire (Aix-Marseille Université) a assuré le commissariat général de l’exposition du volet réflexif et mené les recherches qui y ont conduit et qui se poursuivent.
  • Exposition nationale sur les enfants juifs déportés : 1942/1944 : 11 000 enfants juifs déportés de France à Auschwitz réalisée par Serge Klarsfeld et l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France. Serge Klarsfeld a confié au Site-Mémorial cette grande exposition nationale, fruit d’une vie de recherche. Il s’agit d’une collection exceptionnelle de documents rares, qui sera donc présentée de façon permanente dans un lieu d’où furent déportés une centaine d’enfants.
    La Fondation du Camp des Milles-Mémoire et éducation

La Fondation du camp des Milles - Mémoire et Éducation est un établissement reconnu d’utilité publique par décret du Premier Ministre en date du 25 février 2009 (JO du 27 février 2009)12. Elle a pour mission la sauvegarde, l’ouverture au public des bâtiments du camp ainsi que son aménagement en lieu d’éducation citoyenne et de culture. Présidée par Alain Chouraqui, directeur de recherche au CNRS, avec Serge Klarsfeld vice-président, elle rassemble l’ensemble des institutions et partenaires concernés, publics et associatifs ainsi que des entreprises privées : État13 (ministères de la Culture, de l’Éducation nationale, de l’Intérieur et de la Défense), région Provence Alpes Côte d’Azur, communauté du Pays d’Aix, Ville d’Aix-en-Provence, fondation pour la Mémoire de la Shoah, Mémorial de la Shoah, CRIF14, Association Fils et filles de déportés juifs de France, Association du Wagon-souvenir, Association « Mémoire du Camp d’Aix-les Milles », Groupe Lafarge15, Fondation d’Entreprise Écureuil16, Fondation France Télécom, aujourd’hui « Fondation Orange » Orange (entreprise). Cette Fondation bénéficie aussi du soutien du conseil général des Bouches-du-Rhône, de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, la ville de Marseille, AXA17, le groupe Alteor18 et la SNCF.

Un Conseil scientifique international et pluridisciplinaire, présidé par le recteur de l’Académie d’Aix-Marseille, est garant des contenus du Site-Mémorial.

Une coopération renforcée a été mise en place par convention entre la Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Éducation et l’université d’Aix-Marseille depuis la création en mars 2010 d’un Institut Fédératif Européen Pluridisciplinaire traitant notamment des effets des crises et déstabilisations sur les règles, droits et libertés19.

Le Site-Mémorial accueille maintenant plus de 100 000 visiteurs par an, dont plus de 60 000 jeunes de toute la France20. Des sessions de formation sont aussi organisées pour des officiers de police, des pompiers, des fonctionnaires, des membres d’organisations non gouvernementales, des chefs d’entreprise, des travailleurs sociaux, des étudiants et autres types de public.

Les principaux points d’analyse ont été dessinés à partir du processus historique de la Shoah et ont été confirmés par l’analyse scientifique des processus ayant conduit à d’autres grands crimes génocidaires que ce soit contre les Arméniens, les Tsiganes ou encore les Tutsis au Rwanda.

En 2017, la Fondation du camp des Milles lance la campagne « Fais le pour toi. Résiste ! »21.

Citation

  • « Je suis convaincu que le Camp des Milles sera un lieu important, très important pour les siècles à venir. » Elie Wiesel, Prix Nobel de la Paix22,23.
    Galerie

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Un lieu unique et innovant pour apprendre de notre passé. En ce début d’année 2024, le Camp des Milles doit accueillir 3 416 élèves de l’académie de Nice du 1er janvier au 30 Juin. Cet accueil s’inscrit dans un ensemble d’action mené conjointement en 2024 telles qu’une expérimentation d’ateliers hors les murs dans 6 lycées de l’académie mais aussi une journée de formation programmée au printemps avec une vingtaine de professeurs, ce, afin d’apprendre du passé.

Se souvenir au Site-Mémorial du Camp des Milles

Natacha Chicot, rectrice de l’académie de Nice, s’est rendue, ce vendredi 19 Janvier 2024, au Site-Mémorial du Camp des Milles à Aix-en-Provence pour une visite avec les élèves de 1ère spécialité « Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences politiques » du lycée Paul Langevin de La Seyne-sur-Mer. Accueillie sur le site par Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation, la rectrice a pu parcourir les extérieurs et après un déjeuner de travail, assister à une visite guidée. La classe accompagnatrice est une classe de 1ère HGGSP constituée d’une vingtaine d’élèves du lycée Langevin à La Seyne-sur-mer, classe déjà engagée dans plusieurs projets mémoriels.

Plusieurs personnes étaient également présentes :

  • Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation
  • Jean-Marc Noaillle, IA-IPR Histoire-géographie, référent académique « Mémoire et citoyenneté »
  • Stéphane Cipriani, IEN-ET-EG Lettres-histoire
  • Sylvain Bégué, directeur de cabinet
  • Lilia Parisot, cheffe de cabinet de Mme la rectrice, directrice de la communication
    Le camp des Milles, un lieu unique aux portes de notre académie

D’abord camp de détention et d’internement (Entre 1939 et 1942, il a connu l’internement d’étrangers et de résistants de 39 nationalités) le camp des Milles est devenu camp de transit vers le camp d’Auschwitz à partir de 1942 et a donc joué un rôle essentiel dans l’histoire de la Shoah. Le Site-mémorial du Camp des Milles est devenu en 2012 un Musée d’Histoire et des Sciences de l’Homme et un Mémorial tourné vers l’éducation et la culture. Il est le seul grand camp d’internement et de déportation encore intact en France et l’un des très rares en Europe.

100 000 visiteurs par an

Il propose un parcours permanent diversifié, des expositions temporaires, des événements culturels, des activités de sensibilisation, de formation et de recherche, en particulier autour de la Chaire de l’Unesco qu’il a fondée et qui rassemble des scientifiques et des mémoriaux d’une trentaine de pays. Le camp des Milles est un lieu exceptionnel à la fois pour connaitre l’Histoire, se souvenir des personnes internées et déportées - parmi lesquelles de nombreux artistes et intellectuels dont les traces sont précieuses - mais aussi pour éclairer le présent grâce à un volet réflexif et citoyen unique au monde qui permet par la comparaison des trois génocides majeurs du XXème siècle de comprendre les mécanismes de mise en place des processus de discriminations, de soumission puis de persécution par les régimes totalitaires mais aussi les ressorts de la résistance et de la résilience face à ces mêmes régimes.

La Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Éducation

  • Création de la ’fondation du Camp des Milles - Mémoire et Éducation’ en 2009.
  • 2012 : le site-mémorial est inauguré et accueille du public
  • Fondation présidée par Alain Chouraqui, directeur de recherche au CNRS
  • Le site accueille plus de 100 000 visiteurs par an, dont plus de 60 000 jeunes de toute la France
    Partenariat 2024 avec le camp des Milles

De nombreuses classes de l’académie et de nombreux élèves se rendent chaque année au camp des Milles. Cette année près de 5500 élèves varois ou maralpins auront visité le camp. L’intégration de la visite au ‘Pass culture’ et à l’outil ADAGE depuis la rentrée auront pu doper la fréquentation.

6 Lycées de l’académie en expérimentation

Une expérimentation d’ateliers hors les murs est menée cette année en partenariat avec la Région Sud avec 6 lycées de l’académie ciblés :

  • 3 dans le département des Alpes Maritimes : Lycée Estienne d’Orves, Lycée Vauban, Lycée Masséna
  • 3 dans le Var : Lycée Langevin, Lycée Beaussier, Lycée Claret.
    Des ateliers hors les murs sont également proposés aux collèges.

La spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques

L’enseignement de spécialité d’histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques donne aux élèves des clés de compréhension du monde passé et contemporain sur le plan des relations sociales, politiques, économiques et culturelles. En adoptant de façon convergente des approches historiques et géographiques sur les situations, les événements et les contextes qu’il soumet à l’étude, il constitue à la fois une ouverture sur des objets peu explorés dans la scolarité des élèves et un approfondissement de l’enseignement commun d’histoire-géographie des classes de première et terminale.

L’enseignement propose en outre un traitement politique, aux échelles nationale et internationale, de grandes questions à dimension historique. À ce titre, il s’articule, de manière souple et cohérente, avec le programme de l’enseignement de spécialité de sciences économiques et sociales. L’examen de questions politiques, toujours lié à leur observation sur un territoire, l’intérêt accordé aux relations internationales, l’étude de l’histoire et des caractéristiques d’institutions supranationales telles que l’Union Européenne ou l’ONU, confèrent à la géopolitique une place centrale dans ce programme.

Consulter eduscol.education.fr

Mémoire, Citoyenneté, Défense

De l’école au lycée, les élèves suivent un ’parcours de citoyenneté’ et reçoivent un enseignement sur la défense et la sécurité nationale. À partir de 17 ans, ils participent à une journée défense et citoyenneté. Cette journée obligatoire permet de faire découvrir le ministère de la Défense aux jeunes et de dépister l’illettrisme. Les élèves qui le souhaitent peuvent s’engager dans les différentes formes du volontariat militaire et du service civil pour apporter leur concours à la collectivité.

Consulter education.gouv.fr - Mise à jour : janvier 2024 - Recherchez par mot-clés : Mémoire Histoire Géographie

Académie de Nice Région académique Provence-Alpes-Côte d’Azur - 53, avenue Cap de Croix 06181 Nice cedex 2 - Tél : 04 93 53 70 70 - Académie de Nice Unis pour notre École - 2024 

Accueil du site de l’académie de Nice

Accueil du site de l’académie de Nice | Académie de Nice

Source : https://www.ac-nice.fr/apprendre-du-passe-au-site-memorial-du-camp-des-milles-123552

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Annexe – Article Wikipédia sur le Troisième Reich de 1933 à 1945 en Allemagne

Le Troisième Reich est l’État allemand nazi dirigé par Adolf Hitler de 1933 à 1945. Ce terme est souvent utilisé en alternance avec celui d’« Allemagne nazie ».

Description de cette image, également commentée ci-après

Carte du contrôle territorial de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale (été 1942) :

Vert foncé < Reich allemand note 1

Vert clair < Administration civile

Gris < Administration militaire

La république de Weimar n’étant pas abrogée en droit durant l’année 1933, le terme « Reich allemand » (Deutsches Reich) continue d’être le nom officiel donné à l’État allemand, dans l’ensemble des documents administratifs et politiques produits par l’Allemagne jusqu’en 1945. Toutefois, à partir de l’automne 1943, le terme « Reich grand-allemand » (Großdeutsches Reich) lui est préféré par certains représentants du régime.

Adolf Hitler, le chef du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (abrégé en « NSDAP », pour l’allemand Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) est nommé chancelier par le président de la république de Weimar Paul von Hindenburg le 30 janvier 1933. Après son arrivée au pouvoir, le parti commence à anéantir toute opposition politique dans le pays et à consolider son pouvoir ; l’Allemagne devient un État totalitaire. Après le décès de Hindenburg le 2 août 1934, Hitler établit un pouvoir absolu en fusionnant les fonctions de chancelier et de président. Le 19 août 1934, il se fait appeler « Führer ».

À partir de la fin des années 1930, l’Allemagne nazie émet des revendications territoriales et menace d’une guerre. L’Autriche est annexée en 1938 et la Tchécoslovaquie en 1939. Une alliance est signée avec l’URSS et la Pologne est envahie en septembre 1939. L’alliance est rompue par l’Allemagne nazie deux ans plus tard avec l’opérationBarbarossa. Une autre alliance est signée avec l’Italie fasciste et les pays de l’Axe. L’Allemagne nazie occupe la majeure partie de l’Europe, jusqu’à être défaite le 8 mai 1945. Le 23 mai, le dernier gouvernement nazi de Karl Dönitz est arrêté. La propagande nazie destinait le Troisième Reich à durer « mille ans », il en dura douze, la république de Weimar n’ayant d’ailleurs jamais été formellement abrogée par les nazis.

État policier de type totalitaire, reposant avant tout sur le pouvoir absolu exercé par Adolf Hitler, le Troisième Reich est responsable du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Il laisse l’Allemagne et l’Europe en ruines.

L’idéologie du Troisième Reich repose sur la croyance en l’existence d’une « race aryenne », la promotion du Lebensraum, le racisme et l’antisémitisme. Dès son arrivée au pouvoir et particulièrement au cours de la Seconde Guerre mondiale, le régime met en place un système de répression s’attaquant à toute personne qui ne lui est pas totalement favorable ou soumis ou qu’il considère comme une « race » inférieure. Il met en place des mesures génocidaires, composé de camps d’extermination, de camps de concentration, de ghettos et de massacres par des unités mobiles.

L’Allemagne nazie commet ainsi la Shoah (génocide des Juifs), la Porajmos (génocide des Roms d’Europe), la mise à mort systématique des handicapés, ainsi que la déportation des personnes homosexuelles, des opposants politiques au régime, de l’aristocratie polonaise, du clergé catholique, des pasteurs et des membres de l’Église confessante. Tous ces massacres ayant conduit à la mort de plus de dizaines de millions de personnes…

Article complet à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Troisi%C3%A8me_Reich

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Actualités - Dimanche 5 mai 2024 – Lundi 6 mai 2024 - « Journée de la Shoah » : יום הזיכרון לשואה ולגבורה

יום הזיכרון לשואה ולגבורה - Yom HaShoah (hébreu : יום השואה yom ha-shoʾāh « Journée de la Shoah »), officiellement dénommé(e) Yom ha-zikaron / hazikaron laShoah vèlaGvoura (hébreu : יום הזיכרון לשואה ולגבורה « Journée du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme ») est une date fixée par l’État d’Israël dans la seconde moitié du XXe siècle.

Initialement conçue par l’établissement politique pour rendre hommage aux insurgés du ghetto de Varsovie et aux partisans juifs dans lesquels ils voient autant de frères d’armes ou précurseurs des pionniers de la nation israélienne, la journée s’étend à mesure de la compréhension du phénomène à l’ensemble des victimes de la politique nazie d’extermination du peuple juif, et présente Israël comme le seul refuge véritable des Juifs dans le monde. Elle dresse par conséquent un bilan annuel de la prévalence de l’antisémitisme dans le monde.

La commémoration se tient généralement le 27 du mois hébraïque de nissan (entre le début du mois d’avril et celui de mai selon les années) dans le calendrier hébraïque.
Elle donne lieu en Israël à diverses cérémonies civiles, la principale se tenant à Yad Vashem, et à d’autres coutumes, dont les sirènes du souvenir et la marche des vivants, observées par l’ensemble de la population juive israélienne, à l’exception de certains milieux orthodoxes et haredim.
Hors Israël, elle est observée par diverses manifestations imitées du modèle israélien et, dans certaines congrégations non-orthodoxes, à des cérémonies religieuses au moyen d’une liturgie nouvellement élaborée.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Yom_HaShoah

Yom HaShoah, officiellement dénommé Yom ha-zikaron / hazikaron laShoah vèlaGvoura est une date fixée par l’État d’Israël dans la seconde moitié du XXᵉ siècle. Wikipédia - Date : dim. 5 mai 2024 – lun. 6 mai 2024 - Commence : la veille du 27 nissan (en vertu du contexte) - Nom officiel : hébreu : יום הזיכרון לשואה ולגבורה Journée du Souvenir pour la Shoah et l’Héroïsme - Signification : Jour mémorial pour les victimes de la Shoah et les combattants du Ghetto de Varsovie

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Accès à des Actualités concernant l’Antisémitisme en France

France Info Antisémitisme : 86% des Français juifs craignent davantage d’être victimes d’agressions antisémites depuis le 7 octobre - Moqueries, insultes, agressions physiques... depuis sept mois, les actes antisémites et antisionistes se sont banalisés en France,...

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TF1 Info De plus en plus de Français constatent la hausse de l’antisémitisme en France - Si bien que 86% des Français juifs craignent désormais d’être victimes d’agressions antisémites, selon une étude menée par l’Ifop et publiée...

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Actualités France - Le gouvernement lance des ’assises de lutte contre l’antisémitisme’ - Article rédigé par franceinfo avec AFP - France Télévisions - Publié le 06/05/2024 07:18 Mis à jour le 06/05/2024 07:46

Selon le ministère chargé de la lutte contre les discriminations, le but de cet événement est de ’lancer un travail’ pour définir ’un socle commun de valeurs républicaines’. Plusieurs associations et représentants de culte sont conviés.

Marche contre l’antisémitisme à Paris, le 12 novembre 2023. (SYLVAIN LESER / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Marche contre l’antisémitisme à Paris, le 12 novembre 2023. (SYLVAIN LESER / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Le gouvernement lance lundi 6 mai des ’assises de lutte contre l’antisémitisme’. La ministre chargée de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, réunit dans la matinée à Paris les responsables de plusieurs associations (Licra, SOS Racisme...) et les représentants des six principaux cultes pour plancher sur le sujet. Des témoins ayant été victimes de l’antisémitisme viendront également faire part de leur vécu.

Il s’agit de ’lancer un travail’ pour définir ’un socle commun de valeurs républicaines’, explique le ministère auprès de l’AFP, afin de ’reconnaître l’antisémitisme tel qu’il est et lutter efficacement contre ce fléau’. Des personnalités seront désignées à l’issue de la matinée pour travailler à ce ’socle commun’. ’Quand on voit le volume, malheureusement, des actes antisémites (...), c’est toute la société qui doit se réveiller’, a déclaré Aurore Bergé sur BFMTV-RMC vendredi, évoquant une ’recrudescence terrifiante’.

Les actes antisémites en hausse

Aurore Bergé avait annoncé en mars l’organisation de ces assises, en réponse à une tribune publiée par le collectif ’Nous vivrons’ et 70 personnalités, qui appelaient les candidats aux européennes à s’engager ’sans détour et sans complaisance’ contre l’antisémitisme. En revanche, et contrairement à ce qui était prévu initialement, aucun responsable politique ne sera présent, ’pour éviter d’en faire un sujet politique avant les élections européennes’, explique le ministère.

Le nombre d’actes antisémites recensés en France a presque quadruplé l’an dernier, à 1 676 contre 436 en 2022, selon le ministère de l’Intérieur. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) déplore une flambée après le 7 octobre, date des attaques sanglantes du Hamas contre Israël. Selon une enquête de l’Ifop pour l’antenne française de l’American Jewish Committee publiée le 4 mai dans Le Parisien, 94% des Français de confession juive estiment que l’antisémitisme a progressé depuis une dizaine d’années (+21 points par rapport à 2022). Cette même enquête montre que 35% des 18-24 ans ont le sentiment qu’il est ’justifié’ de prendre à partie ’des Français juifs en raison de leur soutien réel ou supposé au gouvernement israélien’.

Au niveau mondial, l’Anti-Defamation League, principal groupe de défense des droits des juifs, s’est alarmée dimanche du ’niveau sans précédent’ d’actes antisémites enregistrés en 2023, la guerre entre le Hamas et Israël alimentant un ’incendie qui était déjà hors de contrôle’.

Source : https://www.francetvinfo.fr/societe/antisemitisme/le-gouvernement-lance-des-assises-de-lutte-contre-l-antisemitisme_6528101.html

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