Accueil > Pour en savoir plus > Sciences naturelles > Biosciences > Biologie animale > Mammifères > "Des traditions festives provençales avec chevaux et taureaux, aux (…)

"Des traditions festives provençales avec chevaux et taureaux, aux patrimoines multiples avec les équidés en France (dont l’équitation de tradition française), exemples en Bretagne et en Europe : Italie, Espagne, Portugal, Islande" par Jacques Hallard

samedi 30 mars 2024, par Hallard Jacques


ISIAS Famille des équidés Partie 3 Anthropologie Europe

Des traditions festives provençales avec chevaux et taureaux, aux patrimoines multiples avec les équidés en France (dont l’équitation de tradition française), exemples en Bretagne et en Europe : Italie, Espagne, Portugal, Islande

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 29/03/2024

L’équitation de tradition française : inscrit en 2011 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco - A voir dans ce dossier

Présentation Série ‘Famille des équidés’

Partie 1 ’Chevaux, poneys, ânes, zèbres possèdent un panel varié de couleurs de la peau, des poils et des crins (à partir des robes noire, Bai ou Alezan) - Diversification à partir des steppes du Kazakhstan et du Caucase’ par Jacques Hallard 25 janvier 2024 - ISIAS Famille des équidés Partie 1 axée sur la Biologie et la génétique de la couleur des robes des chevaux et autres équidés : donc Génétique de la couleur de la robe (épiderme, poils et crins) et reproduction - Caractéristiques physiologiques et aptitudes à ses usages divers de ces animaux

Partie 2 ’Les Fêtes des charrettes ‘Carreto Ramado’ en Provence figurent à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France : religieuses (catholiques) ou laïques, elles sont vivaces en Petite Crau, Pays d’Arles et Camargue’ par Jacques Hallard 29 janvier 2024 - ISIAS Famille des équidés Partie 2 couvrant spécialement les traditions en Provence

Partie 3 - Des traditions festives provençales avec chevaux et taureaux, aux patrimoines multiples avec les équidés en France (dont l’équitation de tradition française), exemples en Bretagne et en Europe : Italie, Espagne, Portugal, Islande

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur


Préambule

Les Fêtes des charrettes, religieuses (catholiques) ou laïques, et dénommées en Provence ‘Carreto Ramado’, figurent à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France.

D’autres traditions patrimoniales, festives et culturelles, y sont encore vivantes et, au-delà de la Provence, plus particulièrement en Bretagne et à travers l’Europe : Italie, Espagne, Portugal, Islande…


Introduction

Ce dossier est par Partie 3 de la Série ‘Famille des équidés’

On rappelle tout d’abord les Fêtes patrimoniales des charrettes ramées (ou ‘Carreto Ramado’), religieuses et laïques, qui se perpétuent dans les territoires situés entre Rhône, Alpilles et Durance, puis on résume une autre fête traditionnelle de Saint Eloi, patron des muletiers, qui se produit dans le village médiéval de Tende en Région Provence Alpes Côte d’Azur…

D’autres traditions festives provençales sont décrites : elles font appel aux chevaux et aux taureaux (tauromachie à cheval) : course camarguaise, Abrivado, Bandido, Encierro, Bourgine, Bouvine, Ferrade…

Puis plusieurs documents se rapportent à l’équitation de tradition française, en cours de renouvellement dans la liste du patrimoine culturel immatériel ’Culture, patrimoine et Unesco’… - Le cheval et ses patrimoines multiples en France sont rappelés dans un document officiel ‘culture.gouv.fr’ ; parmi les autres traditions équestres en France, le long article de Wikipédia a été retenu : le cheval dans la culture bretonne > « Sa présence … se manifeste par le fort attachement historique des Bretons à cet animal, et par des traditions religieuses ou profanes, parfois vues de l’extérieur comme un élément du folklore local. Probablement vénéré dès l’Antiquité, le cheval est l’objet de rites, de sorcellerie, de proverbes, et de nombreuses superstitions, faisant parfois intervenir d’autres animaux. Des pardons sont réservés aux chevaux. Ces cérémonies spécifiquement bretonnes, issues d’anciens rites de fécondité, font intervenir la symbolique de l’eau. Celui de la Saint-Éloi attire des pèlerins depuis toute la France. Symboliquement lié à la mer via des légendes comme celle de Morvarc’h, et à la mort avec l’Ankou ou encore le cheval Mallet, le cheval est aussi présent dans les contes, les chansons, nombre de récits traditionnels, et dans l’armorial de la Bretagne. Ces traditions ont été nettement folklorisées au cours du XXe siècle. Pierre-Jakez Hélias a popularisé les traditions équestres du pays Bigouden dans son roman Le Cheval d’orgueil, qui fut adapté au cinéma… »

Finalement, d’autres traditions équestres en Europe et certaines sont reprises à partir des documents empruntés à l’Agence ‘Cheval d’Aventure’ :

* Le Cheval de Maremme en Italie

* Le cheval ‘Pure Race’ en Espagne

* Le cheval ‘Pur Sang’ lusitanien au Portugal

* Le Cheval islandais

Les documents sélectionnés pour ce dossier – constituant une base de travail pour des présentations patrimoniales - sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

Retour au début de l’introduction

Retour au début du dossier


Sommaire

Retour au début de l’introduction

Retour au début du dossier

§§§


  • Rappel - Les ‘Carreto Ramado’ - Les Fêtes de Saint-Eloi, Saint-Jean, Saint-Roch entre Rhône, Alpilles et Durance. 27 avril 2014 – Document ‘Fédération Alpilles Durance des ‘Carreto Ramado’ [Charrettes ramées].
    « Ces fêtes très anciennes, dont on retrouve les traces au XVIIe siècle à Maillane et Châteaurenard, ont gardé tout leur rituel et sont plus qu’une fête folklorique. Elles sont une tradition vivante que nous ont transmise nos aïeux. Essentiellement rurales, ces fêtes font une large place à la langue provençale et au costume traditionnel. Patron des orfèvres et maréchaux ferrant, Saint-Eloi devint le patron des corporations en rapport avec les chevaux et les paysans.

C’est en son honneur que se donnent les cavalcades de la Carreto Ramado, char de verdure garni de blé, d’avoine, fusain, et autres céréales. D’autres confréries, ayant pris Saint-Roch pour patron, décorent leurs chars des plus beaux fruits du terroir. Celui-ci est tiré par des chevaux attelés
en flèche (queue leu leu) et le nombre varie d’une vingtaine lors d’une cavalcade ’ en courant’ à une cinquantaine et plus pour un déplacement au pas.

Les chevaux de tête sont harnachés à la mode sarrasine : brides et colliers sont ornés de houppes de laine, rubans multicolores, pompons et plumes de différentes couleurs, et sont incrustés de petits miroirs aux mille reflets. Grelots et clochettes tintent toujours au rythme des sabots qui martèlent le sol. Les suivants arborent fièrement leurs ’colliers cuivrés’, harnachement d’apparat aux cuivres rutilants. Un ’rava’, peau de mouton couvre les épaules du cheval, tandis qu’un ’tapis’ souvent brodé aux initiales de son propriétaire et complété par un filet ouvragé couvre le dos du cheval.

Chaque cheval est tenu par un charretier, membre de la confrérie, qui est traditionnellement vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon bleu. Une ’taillole’ de couleur différente selon le village complète la tenue. Sur les chevaux, jeunes filles et dames sont parées du magnifique costume provençal d’autrefois. Quelquefois, un ’fouetteur’, debout sur un cheval fait claquer son fouet. Ces fêtes se déroulent de début juin à mi-septembre dans différents villages de notre Provence Mistralienne, * entre Rhône, Alpilles et Durance… »

Enregistrer au format PDFSource : http://www.carreto-ramado.fr/spip.php?article23

[* « La norme mistralienne (appelée également « graphie moderne », « graphie mistralienne », « norme félibréenne ») est une norme linguistique (une codification), antérieure à la codification de la norme classique, qui fixe la langue occitane. Elle est apparue en 1853 dans les œuvres de Joseph Roumanille, puis dans celles de Frédéric Mistral après 1854… » Lire l’article sur le site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Norme_mistralienne ].

Retour au début du sommaire




  • Autres traditions festives provençales avec chevaux et taureaux (tauromachie à cheval)
    Course camarguaise

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f1/Course_camarguaise_Attaque_franche_du_taureau.jpg/220px-Course_camarguaise_Attaque_franche_du_taureau.jpg

Course camarguaise

La course camarguaise est un sport dans lequel les participants tentent d’attraper des attributs fixés aux cornes d’un taureau. Ce jeu sportif, sans mise à mort, est pratiqué dans le Gard, les Bouches-du-Rhône, ainsi que dans quelques communes de Vaucluse et de l’Hérault. C’est au XIXe siècle qu’apparaissent les premiers jeux taurins organisés et rapidement assimilés à la course camarguaise. Ils se déroulaient dans des « plans », arènes constituées de charrettes. Au fil du temps, le taureau commence à porter des attributs. À cette période les manadiers comprennent qu’ils peuvent tirer parti de ces courses, en améliorant la race des taureaux, qui sont déjà très combatifs. Cette course était appelée « course libre »16. Le 27 février 1966, le congrès qui se déroule au Paluds-de-Noves dans les Bouches-du-Rhône adopte la mise en place du projet Vignon17. La course à la cocarde a son premier règlement, La « Charte de la course à la cocarde »18. Avec lui, l’appellation « Course libre », même si elle a continué longtemps d’être utilisée, devient caduque et cède la place à « Course à la cocarde ». En 1975, la Fédération française de la course camarguaise19 est créée sous la loi des associations de 190120,21. Le 10 octobre 1975 la Fédération française de la course camarguaise (F.F.C.C.) est agréée par le Ministère. La course camarguaise est reconnue comme sport par le Secrétariat d’État à la jeunesse et aux sports. La « Course à la cocarde » devient définitivement la « Course camarguaise ».

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Course_camarguaise

Abrivado

Abrivado est un mot féminin et, comme tous les mots provençaux, invariable au pluriel. Comme dans la plupart des langues romanes, l’accent tonique doit être placé sur l’avant dernière syllabe (abrivado), et non sur la dernière comme en français. De ce fait, la prononciation du o ou a final en provençal est pratiquement celle d’une voyelle atone, ce qui donne approximativement abrivade.

C’est en Provence, un lâcher traditionnel de taureaux que des cavaliers doivent diriger vers l’arène. 24 janvier 2024

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/9a/Calvisson_-_Abrivado.jpg/220px-Calvisson_-_Abrivado.jpg

Formation en V

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/dd/Gardians_au_galop.jpg/220px-Gardians_au_galop.jpg

Traversée du village au galop

L’abrivado est un mot provençal signifiant « élan, hâte » 22, noté abrivada (norme classique) ou abrivado (norme mistralienne), qui désignait jadis la conduite des taureaux depuis les pâturages jusqu’aux arènes sous la surveillance de gardians. À l’origine (avant l’époque des camions transporteurs de bétail, que l’on appelle encore les chars de taureaux), l’abrivado consistait à conduire les taureaux des pâturages aux arènes où les bêtes devaient participer à des courses. Afin de faire ce trajet sans incident, les bioù ou buòus (« taureaux » en provençal) étaient encadrés par une dizaine de cavaliers disposés selon une formation en V. Lors des traversées de villages, il arrivait souvent que les jeunes villageois tentent de faire échapper les bêtes, afin de s’en amuser. Pour limiter les risques de voir les taureaux leur échapper, les gardians leur faisaient donc traverser le village au galop, à la vitesse la plus élevée possible.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abrivado

Bandido

La bandido est un mot provençal (du provençal bandir ou fòrabandir, « expulser » les taureaux) qui désignait jadis le retour des taureaux des arènes vers les pâturages. De nos jours, ce terme désigne une tradition taurine provençale et languedocienne consistant à simuler dans les rues fermées d’une ville ou d’un village le retour des taureaux des arènes au pré. La bandido était le contraire de l’abrivado : la course aux arènes une fois finie, les bêtes étaient ramenées par les gardians vers leurs pâturages en effectuant le chemin inverse, c’est-à-dire des arènes au pré. Comme dans le cas de l’abrivado, il arrivait que les jeunes villageois tentent de faire échapper les bêtes, afin de s’en amuser.

La bandido est un mot provençal (du provençal bandir ou fòrabandir, « expulser » les taureaux) qui désignait initialement le retour des taureaux des arènes vers les pâturages (l’abrivado désignant le transfert des pâturages vers les arènes).

Depuis le XXe siècle, ce terme désigne une tradition taurine provençale et languedocienne consistant à simuler dans les rues fermées d’une ville ou d’un village le retour des taureaux des arènes au pré.

Origines - La bandido était le contraire de l’abrivado : la course aux arènes une fois finie, les taureaux étaient ramenés par les gardians vers leurs pâturages en effectuant le chemin inverse, c’est-à-dire des arènes au pré. Comme dans le cas de l’abrivado, il arrivait que les jeunes villageois tentent de faire échapper les taureaux, afin de s’en amuser.

De nos jours :

Bandido

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/25/Calvisson_-_atrapa%C3%AFre_1.JPG/260px-Calvisson_-_atrapa%C3%AFre_1.JPG

‘Attrapaïre’ en action lors de l’abrivado-bandido de Calvisson.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a7/Calvisson_-_Atrapa%C3%AFre_2.JPG/260px-Calvisson_-_Atrapa%C3%AFre_2.JPG

‘Attrapaïre’ en action lors de l’abrivado-bandido de Calvisson.

L’abrivado-bandido a remplacé le taureau à la corde, course chaotique ou bourgino, qui s’achevait par l’abattage de l’animal et qui est interdite dans le département du Gard1. Dans les villages languedociens de Marsillargues et de Saint-Laurent-d’Aigouze, les encierros ont lieu le dimanche de soir vers 18 heures dans des rues fermées par de hautes barrières et le parcours du bandido est plus petit que celui de l’abrivado2.

En général on assiste à plusieurs passages. Les taureaux passent une fois chacun seuls, encadrés au galop par 2 ou 3 cavaliers. Ensuite ils passent le plus souvent 2 fois par 2 et encadrés par plus de cavaliers et une fois par 4. Parfois il arrive que la manade gratifie le public d’un passage « à l’ancienne » c’est-à-dire que tous les taureaux sont menés par un ou deux cavaliers au pas de course.

Les attrapaïres (« attrapeurs », figurant les jeunes villageois d’antan) tentent ici de capturer les taureaux par derrière, en les saisissant par la queue et les cornes. Il existe des concours d’attrapaïres où un prix récompense celui qui attrape le plus de taureaux.

Abrivado-bandido - La bandido a généralement lieu dans la soirée, contrairement à l’abrivado qui a lieu vers 11 h du matin…

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bandido

Encierro en France

Dans les villes et villages des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, du Gard et de l’Hérault, les encierros sont en fait des lâchers de taureaux de Camargue sur un parcours clos, dans une rue fermée à ses deux extrémités par des charrettes et des barrières, ou sur une place publique dont les accès sont fermés de la même manière.

Ces spectacles n’impliquent pas de cavaliers (au contraire de l’abrivado et de la bandido) : les villageois à pied excitent les taureaux et leur échappent en se réfugiant sur des ballots de paille ou derrière les barrières.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/Calvisson_-_Encierro_1.JPG/495px-Calvisson_-_Encierro_1.JPG

Lors des fêtes de Saint-Sever dans les Landes un encierro avec des taureaux est organisé, le dimanche à 12h12.

Par ailleurs, la commune de Seissan dans le Gers organise également chaque année, à l’occasion de la fête du premier week-end de septembre, un encierro avec le lâché de vaches dans les rues de la ville. Ces festivités sont organisées par l’association de l’Encierro de Seissan.

Un encierro peut aussi être un lâcher de vaches sur un parcours grillagé : il s’agit alors d’un encierro de vacas. Il a le plus souvent lieu dans les Landes, par exemple à Parentis-en-Born, à Arboucave, à Bias pour l’ouverture des Fêtes, ou encore à Mont-de-Marsan pendant les Fêtes de la Madeleine

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Encierro

Bourgine - Du N. C. fém. provençal bourgino francisé : corde (jeu taurin)

Corde. Corde dont se servent les gardians pour attacher les taureaux dans le char ou le toril. Aussi une corde qui servait à amarrer les péniches.

La ’bourgino’ est la corde qui permettait aux gardians de Camargue d’attacher un taureau échappé afin qu’il ne puisse foncer sur l’un des deux chevaux qui l’encadraient (un nœud coulant fixé en son milieu pour l’attraper).

Ainsi ’embourginé’, l’animal était reconduit vers le pâturage. La technique est toujours employée, en dernier ressort, lorsqu’un taureau a refusé de regagner le toril malgré tous les efforts déployés (photos ci-dessous).

{{}}

http://www.bouvine.info/local/cache-vignettes/L480xH342/hpim4593-392fb.jpg?1691253239

C’est aussi le nom de la longue et solide corde qui permet de conduire le taureau à travers les rues du village pour s’en amuser. Par extension ce nom a fini par désigner l’animal et le jeu eux-mêmes : ’la bourgine va sortir, on va voir la bourgine’.

’Taureau à la bourgine’ : Voir Taureau à la corde*

http://www.bouvine.info/local/cache-vignettes/L600xH364/x-140-0e2ca.jpg?1691253239{{Une ’bourgine’ à Eyragues

Publié le 23 octobre 2002 - Mis à jour le 30 septembre 2020

Autres termes apparentés : 1 Bac de Barcarin 2 Bac du Sauvage 3 baccharis (ou sénegon en arbre) 4 baceler 5 bacèu 6 bachouchage 7 baile ou baile-gardian 8 baisse 9 bajan 10 balestilla

Bouvine

La bouvine, ou bouvino en provençal, désigne l’ensemble des traditions du milieu taurin autour du taureau camargue avec l’aire géographique d’extension de son élevage et des jeux qui l’entourent (course camarguaise), s’exprimant par tout ce qui se rapporte au monde des Biòu1-1].

Description - Localisé dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, le Sud du Gard et l’Est de l’Hérault, la bouvine est pratiquée essentiellement dans la région naturelle de la Camargue et de la Petite Camargue2.

Le personnel identifiant la bouvine est composé de raseteurs, de tourneurs, du manadier et gardian, des musiciens et du tambourinaïre3-3].

http://www.bouvine.info/local/cache-vignettes/L397xH311/cartsit-c2037.gif?1691253090

Localisation dans le delta du Rhône

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bouvine

Ferrade

En Provence et surtout en Languedoc-Roussillon : la ferrade est une action qui consiste à marquer au fer rouge les taureaux ou les chevaux, spécialement en Camargue et en Petite Camargue. Par extension, le mot désigne également les festivités données à cette occasion.

Image illustrative de l’article Petite Camargue
La Petite Camargue, la Camargue et le parc naturel régional – Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Petite_Camargue

La ferrade

Le but est de marquer des jeunes bêtes d’un an au fer rouge afin de les rattacher à une manade. Ce marquage se fait la fin du printemps. Outre ses gardians, le manadier y convie ses amis, et c’est l’occasion d’une fête. Après que les anoubles ont été séparés du troupeau et conduit au galop vers le lieu du marquage, un gardian, d’un coup de trident sur la hanche, fait tomber l’animal qui est alors bloqué par les invités. L’anouble est alors escoussuré, entailles faites sur les oreilles, puis marqué au fer rouge sur la cuisse avec la marque de son propriétaire1.

Ferrade aux Saintes-Maries-de-la-Mer

Ferrade aux Saintes-Maries-de-la-Mer

Ferrade au mas de l’Amarée

Ferrade au mas de l’Amarée

Saisie de l’anouble

Saisie de l’anouble

Feu pour rougir le fer

Feu pour rougir le fer

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferrade

Retour au début du sommaire

Saint Eloi, patron des charretiers et des maréchaux-ferrants, est fêté à Cheval-Blanc le 1er dimanche de décembre (Saint Eloi d’hiver), l’anniversaire de sa mort étant le 1er décembre.

Les archives rappellent que depuis 1747, des prieurs allaient, de ferme en ferme, « vendre » le gâteau (qui deviendra plus tard… brioche), en charrette, en échange de blé que les paroissiens donnaient en « paiement ».

De plus, une affichette aux noms des Prieurs était imprimée et chaque famille la clouait à l’intérieur de la porte de son écurie. Cela mettait les chevaux ou mulets et les charretiers sous la protection de St. Eloi. Puis on donnait un morceau de ce gâteau, une fois béni à ses chevaux et ses chiens. Les deux guerres mondiales ont interrompu cette tradition.

L’affichette la plus ancienne en notre possession date de 1876 et le dessin est parfaitement identique à celui présent sur l’affichette de 1961, dernière année où l’on a fêté, sous cette forme, la tradition de la St Eloi à Cheval Blanc.

Depuis 2004 Cheval Blanc a renoué avec la « Saint Eloi ». Une messe, en présence du maire et des élus, y est à nouveau dite, invitant tous les Cheval Blanais à venir partager la brioche bénite avec les « porteurs » de l’année.

Source : https://www.cavaillon.paroisse84.fr/La-tradition-Cheval-Blanaise-a-propos-de-la-Saint-Eloi.html

Retour au début du sommaire

La 7e réunion du comité ’Culture, patrimoine et Unesco’ de l’IFCE s’est tenue à Avignon, mardi 24 octobre 2023. Photo Marie Meunier

L’utilisation du cheval soulève des débats aujourd’hui. D’un côté, il y a les fervents défenseurs du partenariat ancestral homme-cheval. De l’autre, une mouvance animaliste qui décrie de plus en plus l’équitation. Ces questions étaient au coeur des discussions des acteurs de la culture équestre cette semaine, à Avignon, qui travaillent au renouvellement de l’inscription de l’équitation de tradition française sur la liste du patrimoine immatériel de l’Humanité. 

En effet, la 7e réunion du comité ’Culture, patrimoine et Unesco’ de l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation) s’est tenue cette semaine au Palais des papes d’Avignon. Les travaux ont porté sur le renouvellement de l’inscription de l’équitation de tradition française (qui est labellisée depuis 2011) sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Le comité aimerait bien y intégrer en plus les arts équestres et les équitations de travail. 

Aux yeux des manadiers, c’est même une priorité, car c’est tout leur mode de vie, avec les chevaux et les taureaux, est aujourd’hui menacé. ’On est attaqué de partout par L214, par les animalistes, par Aymeric Caron... Je pense qu’une inscription des équitations de travail à l’Unesco permettrait de sauver nos traditions’, pense Frédéric Lescot, président de la Confrérie des gardians de Saint-Georges. Il insiste : ’Pour ces associations, le cheval ne devrait pas être monté. Mais, on a pu le voir en 2020, pendant le confinement, quand on ne s’occupe plus du cheval, qu’il ne sort plus, l’animal se dégrade.’ 

’On a complètement changé notre vision de la monte gardiane’

Il le reconnaît, le monde camarguais n’a pas toujours été tendre avec les animaux. ’Avant, on attrapait les chevaux à 4 ans, on leur montait dessus et cela se faisait dans la force. Maintenant, c’est tout en douceur, on a complètement changé notre vision de la monte gardiane’, poursuit le manadier de Saint-Martin-de-Crau (13). En intégrant les équitations de travail dans la labellisation Unesco, il a bon espoir d’asseoir davantage la légitimité de cette culture camarguaise, qui rayonne à travers la région Paca et le Gard. 

Il faut dire que de nombreux enjeux gravitent autour de la filière cheval en Camargue. C’est ce qui a été rappelé lors de cette réunion : ’Il y a le tourisme qui est drainé par les activités des manades. Il y a aussi une interconnexion avec la riziculture’, donne pour exemple, Patrick Leveque, président de la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône.

Il y a l’animal mais aussi le tourisme, l’écologie, l’agriculture...

Et Christophe Fontfreyde, directeur général du parc naturel régional de Camargue, de rebondir : ’L’élevage de taureaux ne pourrait se faire sans cheval Camargue. Dans le parc, on estime à 10 000 hectares le nombre de terres pâturées par les taureaux et les chevaux. Ces hectares, sans cet élevage extensif, seraient aujourd’hui fermés. Ce serait des zones qui ne pourraient pas accueillir toute la biodiversité de la Camargue où on recense 300 espèces d’oiseaux qui passent chaque année.

Voilà quelques arguments en faveur du renouvellement de l’inscription au patrimoine culturel immatériel et à l’élargissement du périmètre de l’équitation de tradition française aux arts équestres et aux équitations de travail. Reste maintenant à les faire connaître auprès du grand public et à réinscrire vraiment le cheval dans la société. ’Le cheval est un animal de rente, pas un animal de compagnie. Ce n’est pas pour autant qu’on le maltraite. Avec le cheval, c’est un travail à deux’, rappelle Didier Garnier, président du comité ’Culture, patrimoine et Unesco’.

À travers toutes les articulations entre le cheval et le territoire, le patrimoine, la culture, l’économie, tourisme, l’agriculture, la médiation animale, le comité veut défendre l’équitation de tradition française et son élargissement. Le travail s’appuie aussi sur un ensemble d’études éthologiques et sociologiques. ’Le cheval est content d’avoir son cavalier sur le dos. Il a confiance en son cavalier, affirme Didier Garnier. Une étude de l’université de Montpellier, pilotée avec l’INRAE et l’IFCE, a été faite auprès des chevaux dans les manades. On s’aperçoit qu’à certains moments, un simple regard du taureau déclenche chez le cheval une action, car il sait ce qu’il doit faire et comment s’y prendre. Sans l’intervention de l’homme.’

Et ‘Cheval Passion’ dans tout cela ?

Ces discussions sont en lien avec un travail mené conjointement avec ‘Cheval Passion’. Le salon équestre avignonnais (qui déroulera sa 38e édition du 17 au 21 janvier 2024) porte depuis 2018 le dispositif ’Graines d’artistes’ qui vise à faciliter l’accès des enfants à l’univers du cheval, en associant un centre équestre, une école ou un collège et une commune autour d’un projet culturel. ‘Cheval Passion’ soutient aussi le développement du pastoralisme et des activités d’élevage. L’objectif étant de mobiliser les manadiers de Camargue et les régions du Sud-Est à se former pour proposer des activités et des prestations touristiques. 

Marie Meunier

Source : https://www.objectifgard.com/societe/fait-du-soir-lequitation-de-tradition-francaise-bientot-renouvelee-dans-la-liste-du-patrimoine-culturel-immateriel-117731.php

Retour au début de ce dossier

Retour au début du sommaire

C’est quoi ?

« Ce que le cheval accomplit par la contrainte n’est ni su ni beau ; c’est exactement comme si l’on contraignait un danseur par la cravache ou l’aiguillon ; homme ou cheval, sous un pareil traitement, auraient bien plus une attitude disgracieuse que des gestes élégants »
Xenophon (1)

 « Le véritable écuyer doit être capable de dresser n’importe quel cheval, de n’importe quelle race, bien ou mal conformé, bien ou mal débuté. Dresser un cheval magnifique et talentueux ne vous donnera qu’un faible mérite, même si vous serez admiré grâce à ses qualités naturelles. Alors que réussir le dressage d’un cheval présentant des points faibles, paresseux ou mal équilibré, vous mettra moins en lumière, mais vous apportera plus de satisfaction personnelle et enrichira considérablement votre savoir. »
Jean-Marie DONARD, écuyer-professeur (2)

« Celui qui sait mener dignement un cheval ne peut être gauche dans les choses humaines »
Charles Sylvestre (1)

« Sincèrement désolé d’apprendre que vous avez perdu à la fois un vieil ami et un instrument savant et classique, sorti de vos mains, et irremplaçable pour l’instant. »
Témoignage d’amitié des Colonels Saint-André et Durant à J.-M. Donard, à la mort de son cheval Églantier. 

« Calme, en avant, droit »
Général d’Hotte, l’un des préceptes de l’équitation de tradition française

« Calme, en avant, droit » © ooh ! collective
 « Calme, en avant, droit » © ooh ! collective

« L’équitation de tradition française est un art de monter à cheval ayant comme caractéristique de mettre en relief une harmonie des relations entre l’homme et le cheval. Les principes et processus fondamentaux de l’éducation du cheval sont l’absence d’effets de force et de contraintes ainsi que des demandes harmonieuses de l’homme respectant le corps et l’humeur du cheval. La connaissance de l’animal (physiologie, psychologie et anatomie) et de la nature humaine (émotions et corps) est complétée par un état d’esprit alliant compétence et respect du cheval. La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent que le cheval participe volontairement aux exercices. Bien que l’équitation de tradition française soit exercée dans toute la France et ailleurs, la communauté la plus connue est le Cadre Noir de Saumur, basé à l’École nationale d’équitation. Le dénominateur commun des cavaliers réside dans le souhait d’établir une relation étroite avec le cheval, dans le respect mutuel et visant à obtenir « la légèreté ». La coopération entre générations est solide, empreinte de respect pour l’expérience des cavaliers plus anciens et riche de l’enthousiasme des plus jeunes. La région de Saumur est également le foyer des enseignants, des éleveurs, des artisans (selliers, bottiers), des services vétérinaires et des maréchaux ferrants. De fréquentes présentations publiques et des galas donnés par le Cadre Noir de Saumur contribuent à assurer la visibilité de l’équitation de tradition française. » (3)

« L’UNESCO a inscrit en 2011 l’Équitation de Tradition Française au patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité, dont le Cadre de Noir de Saumur est reconnu comme étant la communauté la plus représentative.

L’équitation de tradition française est une école qui ne se réduit pas aux techniques et à la pratique de l’équitation, mais une école de conduite de soi, d’écoute des partenaires et de respect d’autrui. C’est bien dans cette dimension sociale et culturelle que ce patrimoine a été reconnu et labellisé par l’UNESCO. Ainsi, par le maintien et le rayonnement de cette pratique, diffusé auprès de ses différents publics (équitants ou grand public), le Cadre Noir contribue à véhiculer des valeurs sociétales fondamentales. » (4) 

Les conseils indispensables d’un écuyer professeur, Jean-Marie Donard :

« Petit aide-mémoire de mes « indispensables »

  • Le mouvement en avant, puis l’impulsion : un préalable majeur, décisif, indiscutable.
  • La bouche au milieu des postérieurs, tout du moins le plus possible.
  • La gradation dans l’utilisation des embouchures.
  • L’attention portée à ce que le siège de la selle soit parfaitement parallèle au sol. C’est vraiment capital et tant de cavaliers s’en soucient si peu !
  • La maîtrise des différentes tenues de rênes pour agir efficacement sur l’attitude générale, c’est ce qui permet de construire.
  • La vigilance apportée à ce que le cheval ne freine jamais lorsqu’on ajuste ses rênes, car il dit non avant d’avoir commencé à travailler (attention donc au tact de la main).
  • Le soin apporté au travail de l’élévation de l’encolure (la baisser est un jeu d’enfant). 
  • La pratique des flexions de mâchoire (sortie des parotides) et de hanches, indispensable pour obtenir par la suite souplesse, légèreté et flexibilité.
  • Le choix des placers contraires au début de l’éducation, pour bâtir le pas et le trot, puis pour créer l’équilibre au galop.
  • L’essentiel travail des pas de côté.
  • La place de la volte qui débouchera plus tard sur les placers internes.
  • L’importance du terrain aussi plat que possible au début du dressage, le terrain varié ne pouvant apporter un plus qu’au cheval préalablement équilibré ou équilibré naturellement (bouger un cheval déséquilibré sur un terrain varié ne va pas l’équilibrer ; s’il est sur les épaules, il le restera même après avoir arpenté la campagne...).
  • Les friandises : en avoir toujours sur soi pour récompenser. » (5)
     Citations de l’ouvrage Le Cadre Noir de Saumur de Guillaume HENRY et Alain LAURIOUX. Editions Belin, 2012. Pages 107 et 74.
  • Citation de l’ouvrage Le Guide du dressage de Jean-Marie DONARD. Editions Belin, 2013. Pages 69, 70, 80.
  • Site officiel de l’UNESCO. [en ligne]. Disponible sur : http://www.unesco.org/culture/ich/fr/RL/00440 (consulté le 23/11/2013)
  • Frédérique Mercier, chargée de communication de l’IFCE.
  • Extrait de l’ouvrage de Jean-Marie DONARD, Le Guide du dressage. Editions Belin, 2013, page 54.
    Ça se passe où ?

En France et notamment à Saumur, chef-lieu d’arrondissement de Maine-et-Loire, en Anjou, sur la Loire.

L’ancien Manège des Écuyers à Saumur, déménagé depuis au sien de l’école nationale d’équitation © ooh ! collective
L’ancien Manège des Écuyers à Saumur, déménagé depuis au sien de l’école nationale d’équitation
© ooh ! collective

C’est quand ?

Tout au long de l’année, tant que la complicité entre le cavalier et le cheval perdurera. 

Écurie du Cadre noir © ooh ! collective
Écurie du Cadre noir © ooh ! collective

Un brin d’évasion

L’École d’Équitation espagnole de Vienne, Autriche.

« Dans l’équitation classique, le cheval est considéré comme un partenaire plutôt qu’un subordonné, et le dressage est fondé sur l’empathie et la récompense. Ces principes du général et philosophe grec Xénophon furent redécouverts à la Renaissance et sont restés valables jusqu’à ce jour. Ils ont largement influencé l’art équestre que pratiquait l’aristocratie de l’époque et ont jeté les bases du travail quotidien de l’École d’équitation espagnole de Vienne. 

La Haute École est la dernière phase la plus aboutie du système d’entraînement en trois parties de l’équitation classique (Remontenschule, Campagneschule, Hohe Schule) qui comporte les exercices complexes de dressage (« airs près de terre ») et les sauts (« airs relevés au-dessus du sol »). Passe-temps prisé des rois à l’époque de la Renaissance et du Baroque, ce savoir-faire n’a été maintenu que dans quelques académies équestres. En définitive, seule la petite équipe d’élite équestre de l’École espagnole de Vienne a poursuivi la tradition de l’équitation classique et la Haute École dans leur forme la plus pure. Pratiquement inchangées au fil des siècles, les méthodes sont transmises oralement par les cavaliers d’une génération à l’autre. Au Palais impérial de Vienne les séances quotidiennes d’entraînement et les spectacles hebdomadaires, accompagnés de musique classique, sont ouverts au public. 

Les petits lipizzans, considérés comme une race menacée, sont élevés spécialement pour exécuter les exercices mentalement et physiquement stimulants de la Haute École. Les connaissances en matière de psychologie et sur la conformation du lipizzan sont donc fondamentales. Elles reposent sur la relation de confiance durable entre le cavalier et le cheval, qui est transmise à l’École d’équitation espagnole. »

Les origines du Manège de Saumur. 

« À la Renaissance, l’influence de la vie des cours princières italiennes transforme les modes de vie des puissants. [...] Le raffinement italien apporte le souci des fêtes, des pratiques de danse et l’usage du cheval pour la parade s’ajoute à ses usages de chasse et de guerre. À partir des maîtres italiens, les écuyers français enseignent les nouvelles techniques pour monter à cheval et introduisent les ballets de chevaux à côté des danses et de la musique. 

L’éducation équestre des jeunes nobles poursuit d’autres buts que la guerre ou la chasse, notamment la pratique des figures pour les ballets et le premier traité d’équitation français fur écrit par Salomon de La Broue. À partir de lui, les écuyers dont Antoine de Pluvinel qui enseigne ce nouvel art équestre au futur Louis XIII, développent l’art équestre français et quand le modèle de la cour de Versailles influence l’Europe entière, avec l’architecture des palais et la langue française, l’équitation française deviendra un modèle pour toutes les cours d’Europe. 

En France même, de nombreux écuyers enrichissent ces réflexions par leurs traités d’équitation et diffusent dans leurs académies cet art équestre fait de discrétion, de recherche de la complicité entre le cavalier et le cheval avec un souci particulier de l’élégance du couple cavalier/cheval. Le Manège de Versailles où se forment les jeunes nobles dans leur préparation au métier d’officier brille par l’éducation équestre que les meilleurs écuyers du royaume y dispensent. L’évolution de ces enseignements équestres les adapte aux nécessités militaires, mais sans cesser de poursuivre l’objectif de promouvoir l’art de bien monter. 

Jean-Baptiste CORDIER : Premier écuyer en chef du Cadre Noir, de 1825 à 1833 © ooh ! collective
Jean-Baptiste CORDIER : Premier écuyer en chef du Cadre Noir, de 1825 à 1833 © ooh ! collective

Les origines du Cadre Noir : une première génération d’écuyers civils

Si les guerres de la Révolution et de l’Empire ont certes confirmé la bravoure légendaire de la cavalerie française, elles ont aussi révélé l’insuffisance de sa formation équestre. Les maladies contagieuses, la férocité des combats et la mauvaise qualité de l’équitation militaire de l’époque ont anéanti ses troupes. Au lendemain des guerres napoléoniennes, la cavalerie française est décimée. Dès 1825, pour reformer les troupes à cheval, une école de Cavalerie fut créée à Saumur avec pour mission de normaliser l’emploi du cheval de guerre. Face à l’urgence de cette remonte en cavaliers et en chevaux, on y constitue un corps d’enseignants composé de quelques grands écuyers civils, issus des Manèges de Versailles, des Tuileries ou de Saint-Germain. Considérés comme l’élite de l’époque, ils forment des élèves officiers de cavalerie : c’est la naissance du Cadre Noir de Saumur.

Ce recours aux meilleurs écuyers de l’Ancien Régime ou de l’Empire assure à l’équitation de tradition française la continuité de la transmission orale directe de maître à disciple.

La mécanisation de la cavalerie impose la reconversion

Mais au début du XXe siècle, lorsque la cavalerie se mécanise (les chars et l’aviation ayant progressivement remplacés les chevaux sur les champs de bataille), se pose la question de l’utilité du Cadre Noir au sein de l’armée. Le gouvernement de l’époque ne peut se résoudre à faire disparaître ce qui est devenu au fil des temps un véritable patrimoine vivant pour la France.

L’orientation sportive du Cadre Noir

Les années 70 ont connu un développement spectaculaire de l’équitation de loisir avec la création d’innombrables centres équestres. Ainsi, la France a souhaité organiser l’enseignement de l’équitation en créant une école qui aurait pour vocation la préparation aux diplômes supérieurs d’enseignants et la préparation à la compétition de haut niveau. Confiée au Ministère chargé des Sports, l’École Nationale d’Équitation est créée par décret en 1972. Elle s’est naturellement appuyée sur le savoir-faire et les connaissances des écuyers du Cadre Noir, qui, en devenant le corps enseignant de cette école, retrouvait ses missions d’origine : enseigner l’équitation adaptée à son époque, militaire hier, sportive aujourd’hui, et dresser des chevaux. Le Cadre Noir passait ainsi du statut militaire au statut civil. »

Extrait du site officiel de l’École Nationale d’Équitation, Le Cadre Noir de Saumur. [en ligne]. Disponible sur : http://www.cadrenoir.fr/historique (consulté le 23/11/2013)

Un brin de poésie

Autour de la chevelure et de l’encolure des chevaux…

’Cheval immatériel’ dessin Laurence Fanuel©(L.Fanuel)
’Cheval immatériel’ dessin Laurence Fanuel©(L.Fanuel)

La chevelure 

Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d’autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève !
Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
À grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse
Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m’enivre ardemment des senteurs confondues
De l’huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! Toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

Charles Baudelaire, extrait du recueil Les Fleurs du Mal. 

Poésie extraite du site Poésie française. [en ligne]. Disponible sur : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/la_chevelure.html (consulté le 23/11/2013)

Petit abécédaire

L’ALLURE-MÈRE : allure obtenue par un travail de placers contraires. Les pas de côté la déterminent et lui donnent la cadence : pour passer ses membres d’un diagonal à l’autre, le cheval marque une sorte de temps mort, particulièrement au trot, qui deviendra l’allure de fabrication. Cela demande trois ou quatre mois de travail au pas et au trot. (1)

BAUCHER, François (1796-1873) : maître de dressage français du XIXe siècle. Ses grands préceptes basés sur la recherche absolue de la légèreté restent d’actualité. A l’heure actuelle, les traditions qu’il a laissées servent de base, en France et à l’étranger, à l’équitation savante, au dressage raisonné du cheval de selle. (2)

CARTIER, Antoine dit le COMTE D’AURE (1799-1863) : célèbre écuyer français, il prône à Saumur une équitation naturelle et instinctive. Il enseigne plus par l’exemple que par une exposition claire de sa doctrine et de ses principes. (2)

CORDIER, Jean-Baptiste : Premier écuyer en chef du Cadre Noir, de 1825 à 1833.

DE PLUVINEL, Antoine (1555-1620) : Précurseur de l’école d’équitation française, il a fait évoluer les techniques équestres utilisées en Italie à la fin du XVIe siècle et crée en 1594 une académie à Paris, ce qui permit aux gentilshommes français de ne plus aller chercher en Italie l’enseignement de l’équitation. (2)

L’ÉCUYER : « Véritables experts dans leur discipline, les écuyers ont pour mission principale de transmettre un savoir technique et théorique aux élèves venus chercher une solide formation professionnelle à l’École Nationale d’Équitation. Ils contribuent aussi activement au maintien et au rayonnement de l’équitation française en illustrant et en transmettant ses principes lors de présentations publiques en France et à l’étranger. Ils ont également pour mission de préparer les chevaux pour la formation des élèves, chevaux qu’ils valorisent lors des compétitions nationales et internationales. » (2)

L’ENCOLURE : les positions de l’encolure sont essentielles. On distingue :

  • l’encolure basse qui est une position de détente et celle du repos entre les exercices (encolure basse, bout de nez en avant de la verticale) 
  • l’encolure haute (chanfrein presque horizontal), est la position du travail à pied ou du travail monté. Cette pratique engendre la confiance du cheval dans le cavalier et par là même sa soumission, car le cheval ne voit pas où il va. Sa tête bascule sur l’encolure, les oreilles s’avançant au-dessus de la bouche : c’est la position de travail. (1)
    ÉPAULES EN DEDANS  : exercice incontournable dans lequel le cheval se déplace légèrement de côté. « Cette façon produit tant de bons effets à la fois que je la regarde comme la première et la dernière de toutes celles qu’on peut donner au cheval, pour lui faire prendre une entière souplesse et une parfaite liberté dans toutes ses parties » F.R. de la Guérinière (3)

FAURE, Jean-Michel : colonel, 36e écuyer en chef au Cadre Noir de Saumur, de l’École Nationale d’équitation depuis 2006 et de l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation depuis 2010. L’écuyer en chef est surnommé le « grand dieu », en référence à sa maîtrise parfaite de l’art équestre. 

Jean-Michel FAURE : colonel, 36e écuyer en chef au Cadre Noir de Saumur © ooh ! collective
Jean-Michel FAURE : colonel, 36e écuyer en chef au Cadre Noir de Saumur © ooh ! collective

GÉNÉRAL ALEXIS L’HOTTE (1825-1904) : il fait la synthèse des travaux de François Baucher et du Comte d’Aure qui s’opposaient, et fixe magistralement la doctrine de Saumur : ’en avant, calme, droit’. (2)

LE MAÎTE DE MANÈGE  : « en charge du travail des sauteurs, il conseille et s’assure d’une progression au rythme de chaque cheval. » (3) 

LA QUEUE DES SAUTEURS : « elle est tressée et maintenue par deux courroies blanches reliées à la sangle, ce qui l’empêche de venir fouailler le cavalier pendant les sauts (notamment lors de la croupade ou de la cabriole). » (3) 

LES SAUTS D’ÉCOLE :

  • « La courbette : préparé par un équilibre sur les hanches, le cheval élève l’avant-main (les membres antérieurs) en prenant appui sur les postérieurs. Il reste en position quelques secondes. 
  • La croupade : À la demande du cavalier, le cheval monte la croupe. “Touché par la cravache”, il détache une ruade énergique en étendant complètement les postérieurs.
  • La cabriole : Le cheval, au ‘terre-à-terre’, lève haut l’avant-main, quitte le sol par la détente de ses postérieurs. “Touché” par la cravache, il détache avec force une ruade, postérieurs tendus horizontalement imitant le saut du cabri. La cabriole est le saut le plus classique conservé à Saumur. » (2) 

    La cabriole © ooh ! collective
    La cabriole © ooh ! collective

LES SOIGNEURS : « Ils ont la charge quotidienne d’un piquet de chevaux dont ils ont l’entière responsabilité. [...] Ils accompagnent les chevaux dans leurs déplacements en galas. Ils assistent aussi souvent les écuyers dans les présentations des chevaux dont ils ont la charge » (3) 

Travail du palefrenier, Olivier et Swing Royal © ooh ! collective
Travail du palefrenier, Olivier et Swing Royal © ooh ! collective

LE TRAVAIL AUX LONGUES RÊNES : « ce travail donne une plus grande liberté de mouvement au cheval (puisqu’il n’est pas monté) et renseigne utilement son cavalier sur les progrès de sa monture. » (3) 

LA TENUE DES ÉCUYERS : « En 1815, les premiers écuyers recrutés sont civils, souvent officiers en retraite. Se distinguant de l’encadrement militaire de l’école vêtu de bleu (couleur de la cavalerie), ils vont adopter progressivement une tenue noire. Les écuyers militaires qui les remplaceront perpétueront cette tradition en conservant cette tenue noire. Aujourd’hui, seule différence remarquable entre civils et militaires, les galons arborés sur les tuniques et les képis lors des présentations et galas. Le képi des écuyers est orné d’un petit soleil doré, symbole du rayonnement de l’équitation française à travers le monde, celui des écuyers militaires, d’une grenade enflammée. » (2) 

  • (1) D’après l’ouvrage Le Guide du dressage de Jean-Marie DONARD. Editions Belin, 2013. Pages 12, 13, 43.
  • (2) Extraits du site officiel de l’École Nationale d’Équitation, Le Cadre Noir de Saumur. [en ligne]. Disponible sur : http://www.cadrenoir.fr/ (consulté le 23/11/2013)
  • (3) Extrait de l’ouvrage Le Cadre Noir de Saumur de Guillaume HENRY et Alain LAURIOUX. Editions Belin, 2012. Pages 12, 43, 46, 65, 110, 200.
    Sources :

HENRY, Guillaume et LAURIOUX, Alain. Le Cadre Noir de Saumur. Editions Belin, 2012.

DONARD, Jean-Marie. Le Guide du dressage. Editions Belin, 2013.

Site officiel de l’École Nationale d’Équitation, Le Cadre Noir de Saumur. [en ligne]. Disponible sur : http://www.cadrenoir.fr/ (consulté le 23/11/2013)

Site officiel de l’UNESCO. [en ligne]. Disponible sur : http://www.unesco.org (consulté le 23/11/2013)

Site Wien Info. [en ligne]. Disponible sur : http://www.wien.info/fr/sightseeing/sights/imperial/spanish-riding-school < (consulté le 23/11/2013)

Site officiel de l’École d’Équitation espagnole de Vienne. [en ligne]. Disponible sur : http://www.srs.at/ (consulté le 23/11/2013)

Site Poésie française. [en ligne]. Disponible sur : http://poesie.webnet.fr (consulté le 23/11/2013)

Dictionnaire : Le Larousse en ligne disponible sur : http://www.larousse.fr/ (consulté le 23/11/2013)

Liens utiles

Site officiel de l’École Nationale d’Équitation, Le Cadre Noir de Saumur : http://www.cadrenoir.fr/

Avec le soutien du Ministère de la Culture DIRECTION GENERALE DES PATRIMOINES

France 3

Organisation des nations unies pour l’éducation, sous le patronage de la commission nationale française

© Copyright Ooh-collective 2009-2024 (design & web by Becognize)

Source : http://www.patrimoinevivantdelafrance.fr/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=99&cntnt01returnid=25

Retour au début du sommaire


  • L’équitation de tradition française - Inscrit en 2011 (6.COM) sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité - France - © 2009 Ecole Nationale d’Equitation
    L’équitation de tradition française est un art de monter à cheval ayant comme caractéristique de mettre en relief une harmonie des relations entre l’homme et le cheval. Les principes et processus fondamentaux de l’éducation du cheval sont l’absence d’effets de force et de contraintes ainsi que des demandes harmonieuses de l’homme respectant le corps et l’humeur du cheval. La connaissance de l’animal (physiologie, psychologie et anatomie) et de la nature humaine (émotions et corps) est complétée par un état d’esprit alliant compétence et respect du cheval. La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent que le cheval participe volontairement aux exercices. Bien que l’équitation de tradition française soit exercée dans toute la France et ailleurs, la communauté la plus connue est le Cadre Noir de Saumur, basé à l’École nationale d’équitation. Le dénominateur commun des cavaliers réside dans le souhait d’établir une relation étroite avec le cheval, dans le respect mutuel et visant à obtenir « la légèreté ». La coopération entre générations est solide, empreinte de respect pour l’expérience des cavaliers plus anciens et riche de l’enthousiasme des plus jeunes. La région de Saumur est également le foyer des enseignants, des éleveurs, des artisans (selliers, bottiers), des services vétérinaires et des maréchaux ferrants. De fréquentes présentations publiques et des galas donnés par le Cadre Noir de Saumur contribuent à assurer la visibilité de l’équitation de tradition française.

Download

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02971-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02971-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02972-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02973-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02974-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02975-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02976-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02977-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02978-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02979-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

https://ich.unesco.org/img/photo/thumb/02980-BIG.jpg

© ENE/Alain Laurioux, 2009

Source : https://ich.unesco.org/fr/RL/l-equitation-de-tradition-francaise-00440

Retour au début du sommaire

8.
La tradition équestre française – Document officiel Ministère de la Culture France

« Si quelqu’un, montant un bon cheval de guerre, veut le faire paraître avantageusement et prendre les plus belles allures, qu’il se garde bien de le tourmenter, soit en lui tirant la bride, soit en le pinçant de l’éperon ou en le frappant avec un fouet, par où plusieurs pensent briller. […] Conduit, au contraire, par une main légère, sans que les rênes soient tendues, relevant son encolure, et ramenant sa tête avec grâce, il prendra l’allure fière et noble dans laquelle d’ailleurs il se plaît naturellement ; car quand il revient près des autres chevaux, surtout si ce sont des femelles, c’est alors qu’il relève le plus son encolure, ramène sa tête d’un air fier et vif, lève moelleusement les jambes et porte la queue haute. Toutes les fois qu’on saura l’amener à faire ce qu’il fait de lui-même lorsqu’il veut paraître beau, on trouvera un cheval qui, travaillant avec plaisir, aura l’air vif, noble et brillant. » (Trad. Paul-Louis Courier, 1834)

Rendre au cheval monté la grâce des attitudes et des mouvements qu’il avait naturellement en liberté…

Depuis la Renaissance italienne, cette « imitation de la nature belle et bonne » et qui ne peut être forcée, inspire l’équitation académique en France qui veut « rendre au cheval monté la grâce des attitudes et des mouvements qu’il avait naturellement en liberté… » (Général Decarpentry, Équitation académique, 1947). La relation harmonieuse avec le cheval, les interventions d’une grande discrétion, la fluidité des mouvements, la flexibilité élastique de tous les ressorts du cheval, la « légèreté » qui en découle donnent une impression d’élégance et de sobriété, voilà la marque de l’équitation française.

Pour atteindre ces objectifs, les écuyers procèdent à la reconstruction posturale du cheval afin de le faire travailler dans un équilibre propice aux mouvements exécutés sur place. Il s’agit du « rassembler » qui se caractérise par l’engagement des postérieurs dont les pieds se posent au sol à l’aplomb de la pointe de la hanche pour une plus grande prise en charge de la masse, et par le redressement et l’élévation dans le « ramener » de l’encolure érigée comme une pyramide au-dessus des épaules.

Rubriques : L’homme et le cheval Le cheval en action Voitures et attelages L’équitation de tradition française

Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

ministère de la culture logo

Contact - Accessibilité : partiellement conforme -

Ministère de la Culture - Source : https://cheval-patrimoine.culture.gouv.fr/fr/la-tradition-equestre-francaise{{}}

On peut également consulter : Qu’est-ce que l’équitation de travail et de tradition - FFE https://www.ffe.com › pratiquer › disciplines › equitati...

Retour au début du sommaire


    • Le cheval et ses patrimoines multiples en France - Document officiel ‘culture.gouv.fr’
      Outil de prestige, animal de travail, fidèle allié de l’homme sur les champs de batailles, le cheval a une histoire intimement liée à celle de nombreuses sociétés.

Le site ‘Le cheval et ses patrimoines’ pose la question des rapports entre l’homme et l’animal et de leur évolution au fil des siècles et évoque les différents rôles joués par le cheval depuis sa domestication, jusqu’à son statut actuel de compagnon de loisirs, ainsi que le renouveau de certaines pratiques comme l’utilisation du cheval de trait et l’attelage de tradition.

Patrimoine naturel, patrimoine matériel, patrimoine immatériel : les patrimoines multiples constitués autour des cultures équestres en France sont présentés dans un parcours qui se décline en plusieurs volets : L’homme et le cheval / Le cheval en action / Voitures et attelages / L’équitation de tradition française / L’ architecture / Patrimoine médical / Ressources

L’équitation de tradition française

L’équitation de tradition française constitue l’un des pans le plus prestigieux de ces patrimoines : cette pratique est inscrite depuis 2011 dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Développé depuis la Renaissance, cet art se perpétue grâce à des communautés dont la plus connue est l’École nationale d’équitation - Cadre Noir de Saumur.

Un programme pluriannuel de travail

Le ministère de la Culture et de la Communication a lancé en 2011 un programme de travail sur le thème « Le cheval et ses patrimoines » qui mobilise les meilleurs spécialistes et professionnels. S’inscrivant dans la continuité des travaux récents des historiens et des ethnologues sur cet animal, ce programme est destiné à promouvoir une politique patrimoniale et à sensibiliser le grand public aux patrimoines témoignant de l’histoire du cheval en France. Le site Internet constitue l’une des réalisations de ce programme.

L’offre en ligne

cheval.culture.fr compte une vingtaine de contributeurs et fédère soixante institutions. Il a bénéficié des partenariats de l’Institut français du cheval et de l’équitation (Cadre Noir de Saumur), de la Garde républicaine, ainsi que de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (Musée Fragonard).

Le multimédia comprend 500 visuels, 40 extraits vidéos et films, 20 extraits sonores, des outils pédagogiques (démonstrations de figures équestres, documents animés et commentés). Cette documentation donne un aperçu de la richesse et de la diversité des collections et des savoir-faire autour du cheval.

cheval.culture.fr s’inscrit dans l’offre de ressources culturelles numériques mise en place dans le cadre des politiques de numérisation et d’innovation technologique menées par le ministère de Culture et de la Communication.

S’inscrire à nos InfolettresMinistère de la Culture 182 rue Saint-Honoré 75001 Paris T. 01 40 15 80 00

Contact Foire aux questions Presse

Source : https://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Sites-internet-et-multimedias/Le-cheval-et-ses-patrimoines

Retour au début du sommaire

10.
Autres traditions équestres en France - Le cheval dans la culture bretonne d’après un long article de Wikipédia

- Vous lisez un « article de qualité » labellisé en 2016. Pour un article plus général, voir Cheval en Bretagne.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/2b/Clohars-Fouesnant_Chapelle_du_Drennec_Le_pardon_des_chevaux_2.JPG/220px-Clohars-Fouesnant_Chapelle_du_Drennec_Le_pardon_des_chevaux_2.JPG

Un pardon aux chevaux à Clohars-Fouesnant dans la chapelle du Drennec, juillet 2013.

La présence du cheval dans la culture bretonne se manifeste par le fort attachement historique des Bretons à cet animal, et par des traditions religieuses ou profanes, parfois vues de l’extérieur comme un élément du folklore local. Probablement vénéré dès l’Antiquité, le cheval est l’objet de rites, de sorcellerie, de proverbes, et de nombreuses superstitions, faisant parfois intervenir d’autres animaux.

Des pardons sont réservés aux chevaux. Ces cérémonies spécifiquement bretonnes, issues d’anciens rites de fécondité, font intervenir la symbolique de l’eau. Celui de la Saint-Éloi attire des pèlerins depuis toute la France. Symboliquement lié à la mer via des légendes comme celle de Morvarc’h, et à la mort avec l’Ankou ou encore le cheval Mallet, le cheval est aussi présent dans les contes, les chansons, nombre de récits traditionnels, et dans l’armorial de la Bretagne. Ces traditions ont été nettement folklorisées au cours du XXe siècle. Pierre-Jakez Hélias a popularisé les traditions équestres du pays Bigouden dans son roman Le Cheval d’orgueil, qui fut adapté au cinéma.

Généralités

Observation d’Ephrem Houël

On conçoit l’amour des Bretons pour leur race native, quand on les voit franchir d’énormes distances doucement portés sur ces petits chevaux dont la vitesse égale celle des plus rapides trotteurs1.

Le statut culturel particulier accordé au cheval en Bretagne découle du fait que les agriculteurs sont restés très attachés à cet animal. Jusqu’au début du XXe siècle, le cheval fait partie de la famille2. Utilisé comme moyen de locomotion, il est associé à tous les événements de la vie. Sa présence en nombre lors des grands rassemblements populaires, tels que les pardons, les foires ou même les mariages, est également l’occasion d’organiser des cavalcades et des courses3. C’est à la fois un outil de travail et un orgueil4. La taille des fermes est même comptabilisée en nombre de chevaux5. D’après Éphrem Houël, cet orgueil est si grand « qu’il n’est pas rare de voir, les jours de marché, venir aux villes des charrettes fort peu chargées, traînées par cinq ou six forts chevaux ». Cette coutume appartient surtout au pays de Léon6. Paul Sébillot rapporte un proverbe : « Bon dieu d’en haut, prends ma femme, laisse les chevaux »4. Pour tout breton, Landivisiau est aussi le symbole du commerce de ces animaux7. Le lien avec les légendes de Bretagne est permanent. Éphrem Houël met en lien les contrées où la chevalerie est célébrée avec la qualité des élevages équins8 :

« La gloire de la chevalerie [...] doit revenir en partie à la Bretagne : c’est dans ses frais vallons que s’élevaient les destriers de Tristan du Léonnais, et des Preux de la Table Ronde ; c’est sur ses collines sauvages que bondissaient les cavales de la tendre Guenièvre et d’Iseult de Cornouailles » - Ephrem Houël9.

De nos jours, le marché touristique européen entraîne une « folklorisation » de ces traditions équestres, en particulier celles du monde paysan10. L’Institut Culturel de Bretagne, l’Atelier de création audiovisuelle et la Société d’Ethnologie Bretonne tournent en 1986 le documentaire vidéo Gwad Keseg (en breton, « sang de cheval »), qui aborde l’élevage en Basse-Bretagne11. Il est réalisé et commenté par Kristen Noguès, Breiz multimedia et l’atelier de création audio-visuelle de Saint-Cadou, dans le Finistère12. Les éleveurs de Basse-Bretagne évoquent leur gwad keseg pour parler de cette passion des chevaux qu’ils ont « dans le sang »7.

Culte et traditions religieuses - Article connexe : Culte du cheval.

Dans l’Antiquité

Le cheval est certainement vénéré par différentes tribus armoricaines, le culte du cheval et du guerrier remplaçant peu à peu celui d’une probable déesse mère du Néolithique13. La très populaire déesse gauloise Épona, protectrice des chevaux, est vénérée à la fois par les Gaulois et les unités de cavalerie romaines14. Il n’existe aucune preuve de son culte dans l’actuelle BretagneNote 1. Des statuettes d’argile blanche découvertes au XIXe siècle, et une statuette en bronze retrouvée à Baye, laissent supposer la vénération d’une déesse écuyère chez les peuples d’Armorique, peut-être une variante locale d’Épona15. La déesse vénérée dans le Ménez Hom rappelle très fortement Athéna, déesse grecque liée au cheval16. L’arrivée du Christianisme transforme le culte rendu au cheval, en introduisant notamment les saints17.

Pardons aux chevaux - Article connexe : Pardon (cérémonie).

Les Bretons connaissent de nombreux saints liés au cheval : Éloi (contre les maladies18,19), Gildas (rite de fécondité et de protection au pardon de Penvenan), Hervé, Nicodème, Herbot, Cornély, Vincent20... Salomon de Bretagne (857-874) est considéré comme un saint protecteur des cavaliers, statut qu’il a certainement obtenu grâce à son rôle militaire dans la cavalerie de Bretagne21. Saint Théleau est invoqué pour obtenir la victoire militaire avec la cavalerie17.

La perte d’un cheval est souvent vécue comme un drame pour une famille d’agriculteurs20. Avant l’arrivée de la médecine vétérinaire, il existe peu de moyens de s’en prémunir. C’est pourquoi les Bretons font appel à bon nombre de ces saints lors de pardons aux chevaux2. Ces pardons mêlent traditions sacrées et profanes2. Les pèlerins parcourent une courte distance sur l’animal à faire bénir. Une concurrence existe entre pardons. C’est une fête populaire dédiée aux chevaux, qu’il est interdit de faire travailler ce jour-là22. Elle rassemble tout le village, et revêt une importante fonction identitaire23. Ses racines sont très anciennes. Les baignades de chevaux sont attestées comme rite de fécondité dans de multiples régions du monde, notamment dans les pays celtiques24. La plupart des pardons aux chevaux sont organisés le 24 juin ou en juillet, jour des reliques de saint Éloi ou de la fête de la Saint-Jean. Ils correspondent à des moments importants du calendrier celtique25. À cette occasion, les chevaux sont bien nourris et toilettés26.

{{}} {{}} {{}} {{}}
Prière à Saint Éloi, en breton27. Traduction française27.
Aotrou Sant-Alar beniget,Hoc’h assistans ’zo goulennetDa breservi diouzh peb traHor loened ar re wella,Da genta hor c’heseg e keneb [...] Saint-Eloy béni,Apportez-nous votre aidePour protéger de tout malNos animaux les meilleursD’abord nos juments pleines [...]

Anatole Le Braz témoigne que le cheval est amené à réaliser trois tours du sanctuaire, avant d’être obligé à s’incliner face à l’image du saint28. Le propriétaire de l’animal fait une offrande : argent, fer à cheval ou plus fréquemment poignée de crins. À Gourin, il donne la queue de sa monture29. Après l’office, le prêtre bénit l’animal et offre parfois un morceau de pain bénit29. Une procession se met en route vers la statue du saint, ou bien en portant la statue 30. L’eau reste omniprésente pendant le rite en lui-même. Il peut s’agir d’arroser les oreilles, les parties génitales, la croupe ou les sabots dans une fontaine, pour invoquer la guérison, la protection ou la naissance d’un poulain31. La baignade ou le saut d’une rivière correspondent à un rite de fécondité, parfois accompagné de saillies sur place25. Des courses et cavalcades peuvent l’accompagner, de même que l’allumage d’un feu de joie32. Ces courses sont l’occasion pour les jeunes gens de se mesurer, et pour les villages de gagner en réputation26 : il n’est pas rare qu’elles se concluent sur des rencontres puis des mariages33. En marge du pardon, les discussions portent sur les mérites de chaque cheval. Les jeunes enfants peuvent s’initier à l’équitation pour la première fois34.

Ce rite est si populaire qu’à Quistinic, la fréquentation du pardon en juillet oblige la construction d’une nouvelle fontaine au XIXe siècle5. Le pardon aux chevaux subit par la suite une ‘folklorisation’ progressive. Dès les années 1950, il prend la forme d’un spectacle pour les touristes. Dans les années 1960 et 1970, tracteurs et autres machines remplacent les chevaux30. À Saint-Éloy, le pardon du jeudi de l’ascension attire toujours des fidèles depuis toute la France. Il en est de même à Saint-Péver, où depuis 1888, les chevaux se baignent dans un étang5. Salomon de Bretagne dispose toujours de son propre pardon à la chapelle de Plouyé21. De nombreuses chapelles gardent des ex-voto de propriétaires de chevaux29.

Magie et croyances profanes

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6e/Les_maladies_des_chevaux.jpg/220px-Les_maladies_des_chevaux.jpg

Couverture de l’ouvrage Les maladies des chevaux, avec leurs remèdes faciles et expérimentez, publié à Vannes en 1694.

Aux côtés des rites religieux et des appels aux saints guérisseurs, il existe une longue tradition de soin aux chevaux par la magie, de croyances profanes et de recours à la sorcellerie ou au désenvoûtement sur les bêtes, jusque dans les années 195035,Note 2. Bon nombre de ces croyances sont détaillées, spécifiquement pour le cheval, dans un ouvrage anonyme publié à Vannes en 1694 : Les Maladies des Chevaux, avec leurs remèdes faciles et expérimentez. Il recommande la purge par utilisation du venin de crapaud, censé provoquer une diarrhée bénéfique36. Piquer un ver avec une épine d’aubépine tuerait instantanément tous les autres vers infectant le cheval37. Une croyance perdure jusqu’au XXe siècle, selon laquelle le cheval qui mange une araignée « enfle de tout le corps » à cause du venin et risque la mort38. L’aubépine blanche est réputée au XIXe siècle pour guérir les boiteries. On amenait alors l’animal avant le lever du soleil39. Pour se protéger et attirer un sort favorable sur leurs bêtes, les Bretons invoquent saint Éloi (Sant Alar) à la naissance de chaque poulain40.

Superstitions et croyances

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/0f/Fontaine_Saint-Gobrien_%28Saint-Servant%29_5527.JPG/220px-Fontaine_Saint-Gobrien_%28Saint-Servant%29_5527.JPG

D’après une croyance bretonne, les chevaux seraient sensibles aux édifices religieux. Ici, la fontaine Saint-Gobrien à Saint-Servant.

Les Bretons sont réputés superstitieux. De manière générale, la présence d’un crapaud influencerait négativement le cheval, tout comme celle de petits animaux tels la musaraigne, le mulot, la belette et le hérisson41. En Loire-Atlantique, une croyance répertoriée au début du XXe siècle veut qu’il ne faille jamais nettoyer les écuries en mai, sous peine de permettre aux serpents de coloniser les lieux42. De même, travailler avec son cheval ou à l’écurie le dimanche ou le vendredi (surtout le vendredi saint)43, ou encore mettre son pain sur le dos44, c’est risquer une punition divine qui provoquera la mort des chevaux. D’autres croyances sont liées à leur couleur. Un animal portant quatre balzanes est réputé mauvais pour la boucherie. La présence de sabots à la corne blanche est très mal vue, et associée à la faiblesse45.

Si elle est piétinée par le cheval, l’herbe d’égarement pourrait conduire l’animal à perdre son chemin : un cas est recensé par témoignage à Spézet46. Les chevaux seraient également sensibles au déplacement des objets sacrés : à Elven, un homme déplaça une croix et les chevaux passant à proximité montrèrent dès lors des signes d’énervement. Il la remit à sa place, le comportement des animaux redevint normal. Le non-respect des morts peut lui aussi retomber sur le cheval : Anatole Le Braz47 cite un homme qui préféra ramasser le foin plutôt que d’assister à une veillée funèbre, et dont tous les chevaux moururent sans que le vétérinaire n’y trouve d’explication. Il s’agirait d’une vengeance des morts48. Au contraire, à l’instar de nombreuses autres régions du monde, le fer à cheval est réputé protecteur, en particulier lorsqu’il est placé les pointes vers le haut. Il capte alors la chance du ciel pour la transférer vers le lieu à protéger, où il est fixé49. La coutume d’enterrer un animal mort d’ensorcellement les jambes en l’air pour protéger le reste du cheptel du mauvais sort est connue dès la fin du XVIIe siècle50. L’utilisation du bouc émissaire est également courante51.

Ensorcellement et guérison des chevaux

La sorcellerie apparaît nettement liée au Diable dès le XVIIe siècle : le père Maunoir attribue au Diable l’emballement puis la chute de sa monture depuis un pont dans une rivière52. Les sorciers pactisant volontairement avec le Malin sont réputés doués de pouvoirs sur les animaux. Un sorcier pourrait faire tomber un cheval malade, mais aussi l’affaiblir en transférant les forces de la bête sur lui-même53. Cette sorcellerie passe par le regard. Certaines créatures, comme la salamandre (XIXe siècle), sont réputées pour tuer bœufs et chevaux d’un regard54. La magie du sorcier passe aussi par la parole. En louant l’état d’embonpoint d’un cheval, il laisse planer la menace que cela ne durera pas, par exemple55. L’enclouage, qui consiste à percer de clous le cœur ou une effigie de l’animal, est signalé dès 1697 comme une technique « qui fait clocher les chevaux »56. Des techniques permettant un retour du sortilège à l’envoyeur sont citées, notamment celle qui consiste à placer (ou à faire brûler) certaines parties du cadavre du cheval ensorcelé dans la cheminée57. D’après les témoignages recueillis au milieu du XXe siècle, il est possible de repérer qui a été sorcier dans sa vie en observant les chevaux qui tractent le corbillard du mort le jour de son enterrement : ils ne peuvent pas déplacer le cercueil, ou bien se mettent à courir partout58.

Une pommade composée de plantes, le louzou, est couramment utilisée pour soigner les plaies. Le rituel et la composition peuvent varier59. Le guérisseur peut aussi utiliser son souffle. Un témoignage recueilli à Saint-Congard parle d’une guérison de verrues incluant le souffler et le tracé d’une croix de l’autre main60. L’acte de guérison peut se révéler éprouvant pour le guérisseur, et devenir plus difficile si le propriétaire du cheval a de forts liens affectifs avec son animal61. L’utilisation des formules magiques est très probable dès le Haut Moyen Âge. L’évêque de Saint-Malo les dénonce au XVIIe siècle comme diaboliques. C’est sans doute pourquoi le traité de soin aux chevaux publié à Vannes en 1694 recommande une formule religieuse pour soigner les coliques62, et que l’abbé Thiers signale l’utilisation du signe de la croix pour guérir les entorses63. La formule de guérison des coliques faisant appel à saint Éloi semble extrêmement courante dans la campagne bretonne, puisqu’elle est très fortement diffusée dans les grimoires et par la tradition orale. Formules profanes et religieuses sont différentes. Les premières mettent en marche des forces par la parole, tandis que les secondes prennent la forme de suppliques à Dieu et aux saints, s’en remettant à eux64. Le recours aux différentes formes de magie a beaucoup diminué en Bretagne, mais il subsiste. Les magnétiseurs peuvent utiliser le crin du cheval à soigner à distance65, ou encore faire tremper les sabots dans de l’eau magnétisée66.

Relations avec les lutins - Article détaillé : Relations entre les chevaux et les lutins.

De nombreuses relations sont recensées entre lutins et chevaux. Paul Sébillot fournit à la fin du XIXe siècle des témoignages de croyances selon lesquelles le lutin les étrille, les soigne et les nourrit, ce qui en Haute-Bretagne fait hennir les chevaux de joie au moment où le Maît’ Jean apporte leur nourriture67.

Les lutins sont réputés visiter les écuries durant la nuit, et laisser pour traces de leur passage des torsades dans les crinières, qu’ils utilisent afin de se confectionner des étriers (les fameux « nœuds de fées »)68. Preuve du forfait des lutins, le propriétaire retrouve son animal couvert de sueur au matin. Ces chevaux aux « nœuds de fées » sont prisés sur les marchés bretons, et les juments réputées pour devenir de bonnes poulinières69. Des témoignages de crinières emmêlées sont recueillis par les paysans de Haute-Bretagne jusqu’au début du XXe siècle70. Des séances d’exorcisme sont menées, mais sont mal acceptées par les populations à en croire ce témoignage collecté par Paul Sébillot : « si on brûle les crins avec un cierge bénit, le lutin ne revient jamais, mais les bêtes sont, par suite de son départ, exposées à dépérir »71.

Paul Sébillot rapporte aussi des croyances populaires quant à plusieurs lutins-chevaux qui égarent ou noient les voyageurs, notamment le Mourioche de Haute-Bretagne, le maître Jean, le Bugul-noz et la jument blanche de la Bruz70. À Spézet, les lutins apparaissent près d’une croix et font s’emballer les chevaux attelés72.

Traditions populaires orales et collectages écrits - Article connexe : Ankou.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/5a/W._Otway_Cannell_5.jpg/220px-W._Otway_Cannell_5.jpg

Gwennolaïk et Nola, Illustration de W. Otway Cannell pour Legends & Romances of Brittany.

Les traditions orales et les chansons évoquent souvent le cheval. Si la plupart sont liés à l’élément eau, il existe aussi plusieurs attestations de « chevaux du Diable »73 et des associations symbolique entre l’animal et la mort74 (notamment dans les collectages d’Anatole Le Braz75) ou encore les astres. Sur l’île de Molène, où le paganisme est longtemps resté très présent, la lune était surnommée « jument blanche » jusqu’au début du XXe siècle17.

La charrette de l’Ankou, personnification de la mort en Basse-Bretagne, est tirée par un ou plusieurs chevaux d’un blanc blême, silencieux et attelés en flèche. Ils sont parfois décrits comme maigres et efflanqués, parfois l’attelage compte un cheval maigre et un gras. La description de l’ensemble tire son origine des traditions paysannes, avec l’association symbolique à la couleur blanche des animaux venus de l’Autre Monde celtique. La dernière vision qu’a le paysan (notamment dans le Trégor et le Léon) est celle qui se rapporte à sa propre existence18. Il existe une analogie entre les différentes allures du cheval dans la réalité et dans les traditions bretonnes. Le cheval de l’Ankou marche au pas, comme celui qui tire les corbillards. Le cheval de voyage va au trot, et le galop s’associe au cheval du Diable18.

Les courses de chevaux sont présentes dans la légende dorée de saint Guénolé, où Fracan et Riwalon mesurent leurs montures76. Le chant populaire Marzhin barzh (barde Merlin)Note 3 célèbre lui aussi les courses de chevaux (cf. Barzaz Breiz sur wikisource) :

{{}} {{}} {{}} {{}}
Marzhin barzh, en breton. barde Merlin, traduction française.
E ebeul ruz en deus sternetGant direnn-flamm ’neus hen houarnet :Ur c’habestr ’neus lakaet ’n e benn Hag un dorchenn skañv war e gein :E kerc’henn e c’houg ur walenn Hag en-dro d’e lost ur seizenn :Ha war e c’horre ’mañ pignet Hag er fest nevez degouezhet :E park ar fest pa oa degoue’et Oa ar gern-bual o vonet :Hag an holl dud en ur bagad Hag an holl virc’hed o lampat :« An hini en devo treuzet Kleun bras park ar fest en ur red :En ul lamm klok, distak, ha naet, Merc’h ar Rou’ en do da bried » :E ebeulig ruz, pa glevas, War-bouez e benn a c’hristilhas :Lammat a reas, ha kounnariñ, Ha teurel c’hwezh tan gant e fri :Ha luc’hed gant e zaoulagad Ha darc’h en douar gant e droad :Ken a oa ar re all trec’het Hag ar c’hleun treuzet en ur red :« Aotroù Roue, ’vel peus touet, Ho merc’h Linor renkan kaouet »77 Il a équipé son poulain rougeIl l’a ferré d’acier poliIl l’a bridé,Et lui a jeté sur le dos une housse légère.Il lui a attaché un anneau au col,Et un ruban à la queue.Et il l’a monté,Et est arrivé à la fête nouvelle ;Comme il arrivait au champ de fête,Les cornes sonnaient.La foule était pressée,Et tous les chevaux bondissaient.« Celui qui aura franchiLa grande barrière du champ de fête au galop,En un bond vif, franc et parfait,Aura pour épouse la fille du roi ».À ces mots,Son jeune poulain bai hennit à tue-tête,Bondit et s’emporta,Et souffla du feu par les naseaux,Et jeta des éclairs par les yeux,Et frappa du pied la terre ;Tous les autres étaient dépassésEt la barrière franchie d’un bond.« Sire, vous l’avez juré,Votre fille Linor doit m’appartenir »78

Animal de l’eau

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/df/Cl%C3%A9den-Poher_31_Monument_aux_morts_2.jpg/220px-Cl%C3%A9den-Poher_31_Monument_aux_morts_2.jpg

Monument aux morts de Cléden-Poher, associant le cheval et l’élément eau.

Article connexe : Symbolique de l’eau chez le cheval.

Comme le rappelle le conteur et écrivain Pierre DuboisNote 4, les chevaux fabuleux des traditions bretonnes « règnent sur la mer »79. Le nom de Morvarc’h, animal des légendes cornouaillaises, signifie « cheval de mer »80. On trouve un équivalent, un cheval blanc traversant l’océan pour échapper aux flots, dans les Cornouailles britanniques qui partagent le même socle de croyances81 : l’association entre le cheval et la mer est commune à tous les pays celtiques82. Dans la vita de saint Malo (évêque breton), voyant son serviteur attaché et prêt à être englouti par la mer, le saint enfourche son cheval, le libère et laisse l’animal à la place83.

Émile Souvestre collecte le conte de Jean Rouge-Gorge, où la vache Mor-Vyoc’h (vache de mer) se change en cheval et se fait appeler Marc’h-Mor (cheval de mer)84. Trois juments, aspects des vagues (Ar Gazek Wenn (la jument blanche), Ar Gazek Klañv (la jument malade, qui désigne la mer houleuse comme le précédent85) et Ar Gazek Ch’laz, règlent les marées et calment la houle selon les croyances du Trégor à la fin du XIXe siècle86. « Le cheval bleu » (Ar Marc’h Glas) est un surnom breton assez fréquent pour désigner la mer calme81. Une jument bleue mènerait les poissons près de l’île de Batz87. Les bretonnants emploient aussi kezeg-mor (chevaux de mer, équivalent du gaélique capall na mara) pour désigner les vagues83, ou encore Ar marc’h hep kavalier (cheval sans cavalier) et Ar mar’c hep e vestr (cheval sans son maître), pour une succession de vagues en rouleaux85. Dans la baie de Saint-Brieuc, une légende locale veut que le cheval qui aperçoit la mer s’y précipite et disparaisse au large pour ne plus revenir88.

Le thème de l’eau se mêle parfois au fantastique. À Boqueho, une légende veut qu’au clair de lune, des chevaux viennent boire dans le ruisseau près du menhir de Kergoff en faisant du bruit, mais sans que quiconque puisse les voir. Dans un conte, les chevaux se transforment en fontaine au moment où la fille d’un magicien s’enfuit avec son amoureux. À Plouguenast, un « cheval noyeur » allonge son dos pour prendre quatre ou cinq enfants et les jette dans un étang. Il existe aussi des récits de chevaux noyés, notamment dans la légende de saint Rou, qui est tombé dans une fontaine de la forêt de Rennes. On entendrait encore les hennissements de détresse de cette monture89.

Dans le Barzaz Breiz, rapporté par Théodore Hersart de la Villemarqué, le cheval est à la fois un symbole guerrier9 et un symbole d’eau, comme en témoigne le barde Gwenc’hlan dans sa prophétie comparant le roi au cheval marin (une créature assez proche de la licorne, avec des cornes d’argent90) :

{{}} {{}} {{}} {{}}
Diougan Gwenc’hlan. La prophétie de Gwenc’hlan, traduction française.
Me wel ar morvarc’h énep tont,Ken a gren ann aot gand ar spont.Dalc’h mat ta, dalc’h mat ta, morvarc’h ;Darc’b gand hé benn, darc’h mat ta, darc’h9 Je vois le cheval de mer venir à sa rencontreEt faire trembler le rivage d’épouvanteTiens-bon ! Tiens-bon, cheval de merFrappe-le à la tête, frappe fort, frappe ! »91

Contes

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/04/%22Un_jour_qu%27il_%C3%A9tait_%C3%A0_charruer%22.jpg/220px-%22Un_jour_qu%27il_%C3%A9tait_%C3%A0_charruer%22.jpg

Illustration du conte « La Houle du Châtelet » dans les Contes de Terre et de Mer de Paul Sébillot, 1883.

Dans les contes, le cheval joue généralement le rôle du protecteur magique d’un héros92. C’est le cas dans Trégont-à-Baris, collecté par Luzel93. Dans Domestique chez le Diable, le cheval est un hôte du royaume des morts92. Dans Les Quatorze Juments94, également intitulé Le cheval du Monde, Riwall cherche à obtenir le plus grand et le plus puissant des chevaux au mondeNote 5. L’Homme-cheval (collecté par Paul-Yves Sébillot95) et L’homme-poulain (Luzel)96, très proches, racontent les déboires d’un jeune homme (respectivement changé en cheval par une fée, et venu au monde avec une tête de poulain) qui cherche à se marier.

L’animal est très présent dans nombre d’autres contes, comme Louizik97. Albert Poulain collecte en Haute-Bretagne l’histoire d’un cheval merveilleux qui apparaît le soir : « On lui mettait une pièce dans l’oreille, on le montait, il allait au ruisseau »98 ; celle du petit cheval rouge ou encore celle du « cheval qui s’mettait à genoux »99. Dans La Gwrac’h de l’île du loch (version de Luzel) ou La Groac’h de l’île du loch (version de Souvestre), l’héroïne Bellah Postic sauve Houarn Pogann en traversant la mer sur le dos d’un cheval mystique qui se change en oiseau100. Le conte de Souvestre fait intervenir un bâton magique qui devient un « bidet rouge de Saint Trégonnec », et qui vole grâce à une incantation101 :

« De saint Vouga, rappelle-toi !
Bidet de Léon, conduis-moi
Sur le sol, dans les airs, sur l’eau,
Partout où passer il me faut ! »

—  Émile Souvestre, La Groac’h de l’île du Lok101

Morvarc’h et le roi Marc’h

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/86/Evariste-Vital_Luminais_-_Fuite_de_Gradlon.jpg/220px-Evariste-Vital_Luminais_-_Fuite_de_Gradlon.jpg

La fuite du roi Gradlon, selon Évariste-Vital Luminais, vers 1884, musée des beaux-arts de Quimper. Le cheval de droite est censé être Morvarc’h

Articles détaillés : Morvarc’h et Marc’h (roi).

Morvarc’h est un cheval fantastique capable de galoper sur les flots. Il est décrit avec une robe noire et l’ouvrage de Charles Guyot rapporte qu’il expire des flammes par les naseaux quand il galope. Il apparaît dans deux récits composés à la fin du XIXe siècle et au début du suivant : celui de la ville d’Ys avec le roi Gradlon, et un conte oral autour du roi Marc’h de Cornouaille, collecté par Yann ar Floc’h dans la vallée de l’Aulne. D’après Pierre-Jakez Hélias, Pouldreuzic a un toponyme dû selon la légende locale au pied de Morvarc’h, qui aurait gagné là le rivage après la submersion d’Ys102.

Le roi Marc’h est présent tant dans les textes médiévaux que dans les traditions orales récentes. C’est un roi d’Armorique, dont l’originalité est d’avoir des oreilles de cheval. Marc’h tue sa monture par erreur en visant une biche blanche à l’arc. La bête est protégée par Dahud et la flèche fait demi-tour, tuant Morvarc’h. En représailles, la fée-sirène fait pousser les oreilles et la crinière de Morvarc’h sur la tête de Marc’h80. Le roi cherche à cacher cette difformité. Il fait appel à des barbiers pour raser son abondante crinière et les tue ensuite, jusqu’au jour où il n’en reste plus qu’un, qui finit par divulguer le secret en creusant un trou dans la terre, où pousse plus tard du roseau à l’origine de la fabrication du premier biniou. D’après Bernard Sergent, l’histoire du roi Marc’h présente un parallèle important avec celle d’Eochaid en Irlande, un autre roi aux oreilles de cheval qui fait disparaître tous les barbiers qui le rasent et se retrouve à l’origine d’un instrument de musique. Le roi aux oreilles de cheval est donc très certainement un motif celtique commun103. Selon Gaël Milin, les oreilles équines dont il est affublé dans le récit breton mettant en scène Morvarc’h ne sont pas une marque de honte, mais une preuve de sa légitimité souveraine, symbolisme partagé dans tous les pays celtiques104.

Cheval Mallet - Article détaillé : Cheval Mallet.

Bien que cette légende soit surtout présente dans le Poitou, il existe des attestations du cheval Mallet en Bretagne historique, autour du lac de Grand-Lieu et dans tout le pays de Retz105. Ce cheval est censé s’y promener la nuit106. Blanc, il semble ordinaire quand les paysans et les voyageurs le croisent au hasard de leur route. Mais il les tente en leur proposant de monter en selle, ou les y oblige. Lorsqu’ils sont sur son dos, le cheval Mallet part dans une course folle. La chevauchée se termine toujours par la mort du cavalier. Une fête d’origine médiévale avec un cheval-jupon, le « jeu du cheval Mallet », était organisée dans la paroisse de Saint-Lumine-de-Coutais. Elle fut supprimée en 1791107.

Vocabulaire

Les deux langues régionales de Bretagne, le breton et le gallo, incluent du vocabulaire équestre. En raison de l’existence de nombreux dialectes au sein même de la langue bretonne en Basse-Bretagne, des différences de vocabulaire s’observent. Ainsi, les mots de commandement du cheval, comme « en avant », peuvent se prononcer heih, hilh, hai, hue, hefu ou encore dya. Ce n’est pas sans poser de problèmes, car un même mot peut avoir plusieurs significations différentes au sein de la Basse-Bretagne. Diha ou dia signifie « à droite » dans le Léon, tandis que cela signifie « à gauche » dans le Trégor et au sud du pays vannetais, et « en avant » dans le fond de la baie d’Audierne108. Les chevaux dressés à la voix avaient parfois des difficultés d’adaptation lorsqu’ils étaient vendus dans une autre région, de langue française ou occitane par exemple109. Certains noms de famille bretons proviennent du cheval et de l’importance qu’il revêtait dans la société celte : Gwivarc’h (« guerrier digne d’avoir un bon cheval »), Gwionvarc’h et ses variantes (Guyonvarc’h, etc), ou encore Glevarc’heg21 (« vaillant chevalier »).

Nom français

Nom breton et/ou gallo

Etalon Marc’h17
Entier Kalloc’h17
Jument Kazeg
Poulain Ebeul17
Bai Gell

Yell45

Alezan Rouan45
Rouan Rouan (gl)

Sklaer (br)45

Aubère Pechar

Pinchar45

Isabelle Rous45
Alezan brûlé aux crins lavés Brun (gl)

Dewet (br)45

Toponymes et blasons

Galerie : Chevaux héraldiques en Bretagne

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/87/Blason_ville_fr_crach_%28Morbihan%29.svg/220px-Blason_ville_fr_crach_%28Morbihan%29.svg.pngBlason de Crac’h, dans le Morbihan.

Les toponymes composés à partir des mots marc’h (cheval en langue bretonne) et cabal (cheval en latin) sont nombreux dans le sud-ouest du Finistère correspondant à la Cornouaille74, tout particulièrement le Ménez Hom. La présence du cheval n’y est pas seulement toponymique, elle se manifeste aussi par l’Art et des traces de vénération de saints ou de divinités équestres16.

Quelques toponymes sont dus au nom de la jument entre Douarnenez et l’île d’Ouessant. Le pays Bigouden portait le nom latin de Cap Caval74. Pour Léon Fleuriot, ces toponymes ne proviennent pas forcément de l’animal puisqu’une confusion existe avec le roi Marc’h, dont les récits et traditions proviennent de la même zone géographique. Ainsi, les Plomarc’h (le port de Marc’h), Lostmarc’h (« l’île chevalier » selon Fleuriot110, ou « la queue de cheval » selon Kervella74) et Penmarch (littéralement « tête de cheval » en breton, qui peut être compris comme « la tête du roi Marc’h » ou le « promontoire du roi Marc’h ») doivent selon lui leur nom à ce roi aux oreilles de cheval, par assimilation entre le prénom Marc et le nom commun marc’h110. Un peu partout en Bretagne, des pierres blanches portent le nom de gazek-vaen, « juments de pierre », dont la plus célèbre est à Locronan. Elles étaient réputées pour soigner la stérilité74.

Parmi les familles de la noblesse bretonne, celle de Gouvello a adopté des figures équestres sur son blason : d’argent au fer de mule de gueules accompagné de trois molettes d’éperon du mesme111. Parmi l’armorial des différentes communes, le cheval et les éléments équestres sont surtout présents en Basse-Bretagne, correspondant au département du Finistère : Brasparts (une tête de cheval d’argent), Guissény, Plounéventer, Penmarc’h (une tête de cheval arrachée de gueules, parmi d’autres éléments), Argol (le roi Gradlon sur sa monture), Plougonvelin (cheval marin), Gouesnou (un cheval blanc comme support), ou encore Saint-Renan (D’or au cheval gai de sable), Saint-Ségal (un cheval d’argent) et Tréméoc. En Morbihan, on compte Crac’h (une tête de cheval d’or), Merlevenez (Templiers à cheval) et Saint-Martin-sur-Oust (Saint Martin à cheval). En Ille-et-Vilaine, Plerguer (d’azur au cheval cabré d’argent), Lécousse (Saint Martin à cheval) et Saint-Georges-de-Reintembault (Saint Georges à cheval). Dans les Côtes-d’Armor, les communes de Trémeur (D’azur à Saint Georges monté sur un cheval terrassant un dragon, le tout d’or) et Hénanbihen (une jument et son poulain, parmi d’autres éléments) arborent l’animal sur leurs blasons. Des communes de Loire-Atlantique, aucune ne compte de cheval sur son blason.

Arts - Illustrations, peintures et sculptures

Le peintre breton Olivier Perrin est le premier à représenter la traditionnelle cavalcade qui accompagne les mariages bretons du XIXe siècle. Sa peinture a valeur de témoignage pour comprendre ce qui précédait les mariages bretons112.

Gallo-romaines

Le groupe sculptural gallo-romain dit « du cavalier à l’anguipède » (représentant un dieu cavalier jupitérien terrassant un géant à queue de serpent) est très présent dans l’Ouest de l’Armorique, avec trois œuvres recensées près de Quimper et une à Plouaret. Le thème est connu dans tout l’empire romain. Ces sculptures sont vraisemblablement destinées à la protection de riches domaines agricoles, elles témoignent de l’influence romaine113.

Un petit édifice cornouaillais de l’époque romaine, comportant une tête de cheval bridée et le dieu Pan, laisse deviner un important symbolisme lié à la fécondité et la fertilité pour l’animal, attesté ailleurs dans l’Empire romain et en Irlande. Ce symbolisme a perduré dans la région, puisque de nos jours la Gazek Vaen (jument de pierre) est toujours liée à la fertilité féminine114. Le musée des beaux-arts de Quimper conserve une tête masculine aux oreilles de cheval, certainement influencée par la légende du roi Marc’h115.

Chrétiennes

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6b/030D_Evang%C3%A9liaire_de_Land%C3%A9vennec_Saint-Marc_t%C3%AAte_de_cheval.jpg/220px-030D_Evang%C3%A9liaire_de_Land%C3%A9vennec_Saint-Marc_t%C3%AAte_de_cheval.jpg

Représentation des quatre évangélistes, dont saint Marc à tête de cheval (en haut à droite) - Évangéliaire de Landévennec, Bodleian Library.

La confusion entre le prénom Marc et le nom du cheval en langue bretonne (marc’h) a peut-être poussé les moines enlumineurs bretonnants à représenter Marc l’évangéliste avec une tête de cheval (à la place de l’habituelle tête de lion) dans plusieurs miniatures de l’évangile du saint, réalisées à l’abbaye de Landévennec74,116. Cette théorie ne fait cependant pas l’unanimité117.

Numismatique - Article détaillé : Cheval androcéphale.

Les monnaies celtiques figurent souvent des chevaux, ainsi les Vénètes, les Namnètes, les Coriosolites et les Riedones créent des pièces avec des chars, mais aussi des déesses cavalières chevauchant nues118. Une monnaie vénète datée de la fin du IIe siècle av. J.-C. présente un motif d’aurige sur un char, tracté par un cheval anthropomorphe à tête humaine qui survole un monstre ailé. Il pourrait s’agir d’une sorte de logo, tirant son origine dans une date mémorielle importante pour les Vénètes, probablement celle d’un équinoxe, et lié au groupe sculptural du cavalier à l’anguipède119. La figure du cheval à tête humaine est unique en Armorique, laissant aussi croire à une possible erreur du graveur120.

Article complet avec Littérature et cinéma, etc : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cheval_dans_la_culture_bretonne

Retour au début du sommaire

11.
Autres traditions équestres en Europe – Documentations reprises de ‘Cheval d’Aventure’

Voir Cheval d’Aventure & le Tourisme Responsable : chevauchées autour du monde depuis 1972 à ce site : https://www.cheval-daventure.com/

https://www.cheval-daventure.com/photos/400x400/italie-toscane-rando-flaneries-cheval-daventure-2-14969.jpg

L’histoire de l’Europe est liée au cheval. Tout d’abord il fut considéré seulement comme un cheval de guerre puis il fut prisé par les rois. Les chevaux ont été utilisés pour travailler la terre, pour le transport, pour des démonstrations telles que la tauromachie ou le dressage de haute école.

12.
Le Cheval de Maremme en Italie – Document ‘Cheval d’Aventure’

La Maremme est un territoire assez vaste, aux limites mal définies, situé en Toscane, au bord de la mer Tyrrhénienne et s’étendant jusqu’au nord du Latium. Son nom a pour origine l’adjectif latin maritima et la principale caractéristique de la région fut longtemps son caractère marécageux et donc insalubre… - Wikipédia

Parc naturel régional de la maremme toscane

Parc Naturel Régional de la Maremme Toscane

Source : http://www.maremmastyle.it/france/parcomaremma.aspx

Note sur l’équitation avec les ‘Butteri’, les chevaux et les bovins de la Maremme

Dans la Maremme, les vaches de Maremme et les Butteri, les cow-boys italiens traditionnels, jouent un rôle central dans la culture et l’agriculture locales. Les vaches de Maremme, connues pour leurs longues cornes et leur robuste constitution, paissent dans les vastes plaines de la Maremme. Ces bovins semi-sauvages sont gardés par les Butteri, dont les traditions remontent à l’Antiquité.

Les Butteri sont réputés pour leurs compétences exceptionnelles en équitation et leur profonde compréhension de l’élevage. Un événement historique qui met en évidence les compétences des Butteri est leur victoire dans un concours amical contre Buffalo Bill et ses cow-boys en 1890, démontrant les capacités supérieures des Butteri dans la gestion du bétail. Cette tradition vivante souligne le lien profond de la région avec son histoire agricole et contribue à la préservation du patrimoine culturel de la Maremme2.

Source de l’extrait : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maremme

La race de cheval Maremmano, est originaire de la région de Maremme en Toscane  : il avait déjà bonne réputation à l’époque préromaine. Elevé autrefois à l’état semi-sauvage, utilisé par les armées romaines, il s’est ensuite développé avec des ancêtres de diverses origines. La race fut affinée par l’apport de sang Pur-Sang Arabe à partir du XVème siècle sous l’impulsion de nobles familles florentines. Peu à peu, elle évolue en deux types : l’ancien type latin très rustique et le type toscan plus distingué. Aujourd’hui, la population du cheval de Maremme se concentre dans le centre de l’Italie, en Toscane et dans la Latium : 4000 unités sont réparties dans plus de 1200 élevages. Ils pâturent dans les régions les plus sauvages, au pied des collines dans les bois de chênes-lièges et de chênes verts, en semi-liberté.

Critères de la race du cheval de Maremme

C’est par excellence le cheval des Butteris, les gardians de la région de Maremme en Toscane. Docile, il présente toutefois un caractère affirmé. Ce cheval résistant, endurant et souple dans ses allures, possède une tête bien proportionnée au profil droit ou légèrement convexe, une encolure longue et musclée, un garrot haut et musclé, des épaules assez obliques, un poitrail éclaté, un dos court, une croupe oblique et des membres solides. Le cheval de Maremme a conservé ses aptitudes innées au franchissement des obstacles de toute nature. Ses qualités physiques et mentales font de lui un cheval apte à toutes les disciplines, y compris comme compagnon de la police montée italienne. Toisant de 1,60 à 1,72 au garrot, il est généralement de robe baie, alezane brûlée ou noire.

Harnachement du cheval de Marremme

Les exigences du travail de rassemblement du bétail ont fini par donner un style particulier de monte, dite « a la maremmana ». De cette équitation pastorale, adaptée au tempérament du bétail, fuyant et pugnace, est née la selle « maremmana ». Selle de travail en cuir ouvragée, au châssis en bois et à la forte matelassure, elle rappelle la selle à piquer. Aujourd’hui l’équitation à la Maremme est reconnue et défendue par l’Association nationale de monte maremmana.

Ursus del Lasco monté par Graziano Mancinelli remporta la Coupe des Nations et le Championnat d’Italie de saut d’obstacles en 1977. Depuis 1993 un test de performance et des indices génétiques ont donc été introduits pour l’approbation des étalons maremmano. ANAM : Union nationale des éleveurs de chevaux de race maremmano

Découvrez notre voyage en Italie au coeur des traditions équestres en Toscane.

Dessin ©Philippe Dumas

Dessin ©Philippe Dumas

Retour au début du sommaire

13.
Le cheval ‘Pure Race’ espagnole - Document ‘Cheval d’Aventure’

Histoire du ‘Pure race’ d’Espagne

Le cheval ‘Pure Race’ Espagnole reste le roi incontesté de la Doma Vaquera ! L’élevage du taureau de combat a non seulement donné naissance à une discipline équestre particulière, mais aussi à deux races de chevaux à l’ascendance commune : le cheval de Pure Race Espagnole (PRE) d’Espagne et le Pur Sang Lusitanien (Lusitano) du Portugal. Leurs particularités respectives résultent des méthodes de sélection propres aux deux pays, portés sur la morphologie en Espagne et sur les capacités au Portugal.

Le cheval ibérique prend souche au XIVe siècle dans le centre de l’Ouest de l’Andalousie. En effet, des moines de l’ordre Chartreux, fondent le monastère de la Cartuja sur la rivière Guadalète et y sélectionnent une lignée d’étalons. Plusieurs siècles plus tard, en 1973, Don Alvaro Domecq Romero, éleveur réputé de taureaux et de chevaux, crée à Jerez de la Frontera, ce qui deviendra l’Ecole Royale Andalouse d’Art Equestre. Il met en scène un spectacle éblouissant : « Como baïlan los caballos andalouces » : Voyez comment dansent les chevaux andalous !. Inaugurée officiellement par les autorités espagnoles en 1987, cette école équestre nationale présente des spectacles de haut niveau à travers le monde, et forme cavaliers et chevaux à la compétition de dressage classique. De nos jours, les Pures Races Espagnoles les plus prisés sont donc ceux issus de la prestigieuse lignée Cartujano. Même si les modèles les plus purs ne dépassent pas 500 représentants dans le monde, leur sang coule dans les veines de la plupart des PRE enregistrés au stud-book. L’appellation récente de Pure Race Espagnole est justifiée car aucun croisement n’est autorisé. Le Pure Race Espagnole a notamment contribué à la création du Frison, du Frederiksborg, du Connemara, du Lipizzan, du Criollo, de l’Oldenbourg, et du Hackney.

Critères de la race du Pure Race espagnole

Un profil convexe, de grands yeux expressifs, des naseaux en amande, des crins abondants, longs et soyeux sont caractéristiques du Pure Race Espagnole. Rustique, résistant, vigoureux et puissant, il n’est cependant pas très rapide.

Tout en rondeur, le Pure Race Espagnole toisant de 1,50 à 1,65 mètre en moyenne, possède une encolure puissante, des épaules longues et inclinées, un poitrail ample, un dos et des reins musclés qui le rendent puissant et résistant. Avec une arrière-main arrondie et plus prédominante que l’avant-main, ce cheval est idéal pour les exercices de manège, avec un bel engagement du postérieur. Il fait preuve d’une extrême mobilité et d’une souplesse certaine, tant verticale que latérale, allié à une remarquable facilité pour les rassemblés et tous les exercices exigeants un transfert de poids de l’arrière-main. Il dispose d’un équilibre idéal et naturel.

La robe la plus courante est le gris, mais il en existe deux types :

  • Le Cartujano : gris plus ou moins clair, pommelé ou anthracite. A la naissance, le poulain à une robe très sombre.
  • Le Yeguada : bai. Le noir est très rare. Crins abondants avec une longue crinière ondulée.
    Le caractère du Pure Race Espagnol est un autre de ses nombreux atouts. Fougueux mais docile et généreux, ses qualités permettent bien souvent de conserver les mâles entiers. Ce cheval polyvalent, excellent au dressage, particulièrement apte à l’art équestre et à la Haute École, est également très apprécié à l’attelage, dans les spectacles équestres, la corrida et les ferias.

Dessin © Philippe Dumas

Dessin © Philippe Dumas

Allures du Pure Race espagnole

D’abord très recherché comme cheval de guerre ou de chasse, ce cheval d’exception tenait la vedette des divertissements dans les cours royales, par son élégance, sa distinction, et ses allures relevées. La grande majorité des chevaux espagnols ont des allures caractéristiques, très différentes de celles des chevaux de selle de race marquées par le sang anglais. Le Pure Race Espagnole est doté d’une avant-main forte dont la morphologie explique ses allures brillantes mais peu étendues. Si particulières, elles sont généralement relevées et énergiques mais aussi souples et moelleuses. Un pas lent, un rythme à 4 temps (paso), un trot relevé, altier et arrondi avec une élévation typique des genoux et un galop naturellement cadencé, le caractérise. Bien souvent, le PRE « billarde », jetant ses antérieurs en dehors, de manière plus ou moins marquée. En Espagne, cette particularité était naguère très bien acceptée et l’on estimait qu’elle ajoutait de l’éclat aux actions du cheval… Il est évident qu’aujourd’hui, cette politique d’élevage s’est radicalement inversée. Les éleveurs, au lieu, comme jadis, de privilégier le modèle, la présence et la beauté des crins, attachent désormais la plus grande importance aux allures et à la fonctionnalité, gage des possibilités d’utilisation de leurs chevaux en équitation classique. Aujourd’hui, les éleveurs ont compris que l’équitation sportive (et notamment le dressage), dont le cheval ibérique veut désormais conquérir les adeptes, nécessite un cheval aux allures plus classiques et plus étendues. Bien sélectionnés, les chevaux de Pure Race Espagnole sont aujourd’hui capables d’allongements extrêmement satisfaisants et parfois même brillants. Certains sujets de grande classe peuvent donner un trot aussi allongé que n’importe quel cheval de dressage d’origine allemande ou hollandaise. L’allongement du pas est également chez certains sujets, aussi brillant que ceux que peuvent donner d’autres excellentes races de selle.

En savoir plus : Association Française des éleveurs de chevaux de Pure Race Espagnole, Cité du Cheval, Quartier Kilmaine, 13150 TARASCON 

Retour au début du sommaire

14.
Le cheval ‘Pur Sang’ lusitanien au Portugal - Document ‘Cheval d’Aventure’

Histoire du ‘Pur Sang’ lusitanien

Race portugaise de prestige, le ‘Pur Sang’ Lusitanien est considéré comme le plus ancien cheval de selle du monde. Il ne peut être dissocié de son cousin, le cheval de Pure Race Espagnole : de même origine, ces chevaux du sud de la péninsule Ibérique ont été très souvent regroupés dans notre pays sous la dénomination commune de ’Genet d’Espagne’, de ’Cheval Ibérique’ ou d’’Andalou’. Mais une divergence dans les critères sélectifs depuis quelques décennies a provoqué la scission en deux races distinctes. Plusieurs types de Pur-Sang Lusitanien ont alors été développés : l’un grand, aux allures superbes, un autre petit, fin, racé et nerveux, et un troisième sélectionné comme cheval de sport. Mais le plus répandu est le type « Alter-Real » destiné à la Haute École.

La pureté de la race a été conservée par les éleveurs du sud de la péninsule, et en particulier par les ’Cartujanos’, les moines Chartreux de Jerez qui nous ont légué une lignée de chevaux au sang très pur nommés Cartujanos et qui constitue de nos jours la base de la grande majorité des élevages tant espagnols que portugais. Tout au long de son histoire, la péninsule Ibérique a subi de nombreuses invasions. Mais tous les auteurs ayant décrit les durs combats livrés rapportent de façon unanime la grande habileté des cavaliers Ibères et les extrêmes qualités de leurs chevaux qui leur permettaient de pratiquer l’équitation tout à fait particulière, nommée équitation à la ’Genette’. Ce type de monte, dont dérive l’actuelle tauromachie à cheval, exigeait une incomparable mobilité en tous sens face à l’ennemi, les pirouettes et les arrêts les plus brusques, les départs au galop les plus foudroyants...

Race amélioratrice universelle, le cheval Ibérique contribua à la formation de très nombreuses races européennes parmi lesquelles il faut citer en particulier le Lipizzan, le Holstein, le Oldenbourg, le Kladruber, le Frederiksborg, le Frison, le Connemara, le Cleveland Bay, le Pur Sang Anglais ...

En Amérique, toutes les races actuelles possèdent un peu de son sang, puisque la réintroduction du cheval, espèce disparue sur ce continent, eut lieu à la fin du XVème siècle grâce aux chevaux espagnols et portugais des ’Conquistadores’. Soumis à de très rudes conditions de transport et de vie, le cheval Ibérique pouvait démontrer sur ce continent ses remarquables facultés d’adaptation ainsi que ses aptitudes guerrières.

Pourtant l’aube du XIXème siècle voyait poindre son déclin : la mode devait alors jeter son dévolu sur de nouvelles disciplines équestres, plus ’modernes’ (course, saut d’obstacles) qui supplantèrent la Haute École, et sur un nouvel ’idéal’ équin représenté par le Pur Sang Arabe et le Pur Sang Anglais. Peu à peu évincé, le cheval Ibérique devait sombrer dans l’oubli sur la scène hippique mondiale... Toutefois, au Portugal, les gentilshommes ne cessèrent jamais de pratiquer l’équitation et l’art de la ’Tourada’ (de ’toureio’, corrida portugaise à cheval). Au Portugal, même si les nombreuses autres disciplines de l’équitation européenne tendent à se développer, la Haute École connaît toujours un grand intérêt.

L’École Portugaise d’Art Equestre (EPAE) a pour objectif de protéger et de faire connaître ce patrimoine, mais aussi la pratique, la divulgation et l’enseignement de l’art équestre, de tradition. Au XXIème siècle, le Pur Sang Lusitanien est toujours un cheval d’art équestre, qui procure un grand plaisir de monte, et continue à surprendre par son aptitude naturelle à l’obstacle, et à l’enseignement, comme le prouvent les magnifiques résultats obtenus par ’NOVILHERO’ (12ème place au ranking mondial), et ’ORPHEE’ (présente dans l’équipe olympique de France de dressage, à Barcelone).

A Golegà, a été érigé un monument en l’honneur du cheval lusitanien. Chaque année, durant la première semaine de novembre, se tient la foire nationale du cheval qui voit rassembler un nombre impressionnant de chevaux en particulier de magnifiques lusitaniens.

En 1986, un nouveau pas était franchi avec la création du Festival International du Pur-Sang Lusitanien à Lisbonne, qui se déroule chaque année au mois de juin, redonnant une dimension internationale à cette grande race.

Dessin ©Philippe Dumas

Dessin ©Philippe Dumas

Critères de la race du Pur Sang lusitanien

L’équitation portugaise comporte quatre disciplines :

  • L’à portuguesca, où le cavalier en tenue traditionnelle doit faire exécuter dans un rectangle de dressage une série de figures issues de la tauromachie à cheval,
  • l’équitation tauromachique proprement dite, la plus ancienne et certainement celle qui à influencé le plus le PSL tant morphologiquement que psychiquement,
  • l’équitation de travail, qui requiert maniabilité et dextérité,
  • le picaria ou Haute-Ecole.
    Les spécificités de chaque discipline ont entraînées le développement de quatre grandes lignées de PSL : la Veiga, chevaux petits et athlétiques, l’Andrade, plus grands et plus charpenté, le Fonte Boa, modèle classique aux belles allures et l’Alter Real, petits chevaux aux actions très relevées, utilisés par l’ L’École Portugaise d’Art Équestre. Le cheval ibérique fut considéré pendant des siècles comme la race de prédilection pour la guerre (notamment apprécié par Alexandre le Grand), la pompe, la Haute École et la tauromachie. Il a fortement marqué de son sceau l’équitation, l’art et la littérature de tous pays ainsi que le fond génétique de très nombreuses races équines.

Le modèle actuel est le fruit d’une sélection rigoureuse réalisée pour les besoins du travail du bétail et de l’arène. Ses qualités de bravoure, d’obéissance, d’élasticité et de précision se sont affinées au fil du temps passé au contact du taureau. De tempérament généreux et ardent, mais toujours docile et endurant, c’est un cheval doux, équilibré, particulièrement souple et énergique. Par sa noblesse et son agilité, c’est une monture idéale de sport et de loisir. Grâce à la beauté du modèle et ses grandes capacités d’apprentissage, il est aussi l’une des races préférées des cascadeurs et des dresseurs du cirque et du spectacle. De taille moyenne, il possède une tête expressive au regard vif et une encolure forte et rouée, aux crins fins, abondants, et souvent ondulés. Un poitrail profond, un garrot peu sorti, un dos court et droit, une croupe arrondie, une queue attachée bas et des membres secs et fins s’achevant par de pieds petits sont caractéristiques du PSL. Les robes sont à prédominance grises ou baies, toutes les autres robes sont admises sauf le ‘pie’.

Allures du Pur Sang lusitanien

Très puissant de l’avant-main, aux formes arrondies, le Pur Sang Lusitanien excelle dans les airs relevés. Ses aptitudes naturelles pour le rassembler, ses capacités de concentration, sa souplesse, son confort, son énergie le prédestinaient pour l’instruction et la Haute École. Ses allures agiles et élevées, se projetant en avant, sont douces et très commodes pour le cavalier.

Harnachement Pur Sang lusitanien

Trois types de selles composent le harnachement traditionnel portugais :

  • la selle de Campino est une selle de travail. Elle est fabriquée avec de la paille de seigle et recouverte d’une peau de mouton.
  • la selle « à portuguesa » est une selle de dressage (ou selle à piquer du XVIIIème siècle). Elle est faite en peau de chamois et formée de deux arçons.
  • la selle à Relvas a été inventée par le célèbre cavalier tauromachique José Relvas. C’est une selle à mi-chemin entre la selle à la Portugaise et la selle moderne.
    Les étriers portugais sont en bois et ont une forme rectangulaire pour protéger les pieds du cavalier. Ils sont principalement utilisés par les cavaliers tauromachiques et les Campinos. La bride portugaise est une bride classique. Elle porte des boucles dorées ou argentées.

En savoir plus : Visitez le site del’Association Française du Lusitanien.

Source générale : https://www.cheval-daventure.com/info/les-traditions-equestres-a-travers-le-monde-1.2.html

Retour au début du sommaire

15.
Le Cheval islandais - Document ‘Cheval d’Aventure’

Rappel - L’Islande est un pays insulaire nordique aux paysages spectaculaires composés de volcans, geysers, sources chaudes et champs de lave. Les parcs nationaux de Vatnajökull et Snæfellsjökull comportent d’immenses glaciers protégés. La plupart des Islandais vivent dans la capitale, Reykjavik, qui est alimentée à l’énergie géothermique. Elle accueille le musée national et le musée des sagas, qui retracent l’histoire viking du pays. ― Google - Capitale : Reykjavik - Langue officielle : Islandais - Continent : Europe - Population : 372 520 (2021) Banque mondiale - Superficie : 103 000 km² - Devise : Pas de devise officielle - Fête nationale : 17 juin

Description de cette image, également commentée ci-après

L’Islande au sein de l’Europe

Tout savoir sur l’Islande à partir de ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Islande

Historique du cheval islanais

La scène se joue dans l’Europe du Nord-Ouest au VIIIe siècle après J.-C. Une caste de guerriers dont le mode de vie est fortement imprégné de religion païenne règne en Scandinavie. Attirés par les richesses du sud, ces commerçants norvégiens, que l’on nommera ’Vikings’, prennent la mer sur leurs drakkars et envahissent le nord de l’Écosse et l’Irlande. En Écosse, malgré l’évangélisation en cours, plusieurs tribus celtiques pratiquent encore l’élevage de chevaux sacrés, le sacrifice rituel de chevaux et divers rites de fécondités liés au cheval. En 850, la dynastie des Macalpin impose le christianisme. Un édit interdit la consommation de viande de cheval et sa vénération, ce qui porte un coup sévère aux éleveurs. Beaucoup refusent les dogmes de la nouvelle religion et recherchent, sous la direction de leurs chefs Ingolfur et Hjörleifur, un pays idéal vers l’Ouest. Il s’ensuit un exode, y compris des animaux. Ils naviguent vers le Nord et colonisent l’Islande en 874. Durant les 60 années suivantes, les colons vikings venus de Scandinavie, fuyant la tyrannie du Roi Harald Haarfagr, et immigrent avec quelques esclaves celtes. Beaucoup interrompirent leur voyage sur les îles de l’Atlantique nord, dont les îles Shettlands, où ils découvrirent la forme naine d’un poney britanico-scandinave.

L’Islande n’a donc jamais eu de chevaux indigènes. Le cheval islandais descend de races germaniques (Fjord de Norvège, Gotland du Danemark) et de diverses lignées de poneys celtiques.

Critères de la race du cheval islandais

Peu de races de chevaux peuvent prétendre à une telle pureté. Depuis 930 après JC, date à laquelle on décide d’interdire l’entrée de chevaux en Islande et de continuer l’élevage avec le cheptel existant sur l’île, aucun sang étranger ne fut mêlé à celui de ces chevaux dont les qualités ancestrales furent préservées intactes. Le cheval islandais est donc tel qu’il était il y a mille ans, un véritable témoin du passé. Il a notamment conservé les cinq allures (pas, trot, galop, amble et tölt) qui étaient courantes chez les chevaux européens au début du millénaire avant les diverses sélections successives. De nombreuses races issues de chevaux exportés du continent européen à la Renaissance ont d’ailleurs conservé des allures latérales : Paso ou cheval des steppes péruviennes, Paso Fino en Amérique du sud équatoriale, Mangalarga au Brésil, cheval de selle américain (American Saddlebred)… Mais toutes ces races ne possèdent que quatre allures : l’Islandais est le seul à pouvoir présenter à la fois l’amble et le tölt. Alors que les Européens ont sélectionné les chevaux les plus grands, les plus lourds pour la guerre, éliminant ainsi différentes caractéristiques originelles, les chevaux Islandais sont restés tels quels, avec une grande variété de robes (alezan, pie, noir, isabelle, rouan), et des caractéristiques des chevaux primitifs tels les zébrures sur les membres et la raie de mulet. De nos jours, les Islandais continuent à faire preuve d’un protectionnisme acharné à l’égard de leurs chevaux : tout cheval quittant l’île ne peut y revenir. Ce petit cheval robuste a dû s’endurcir et s’adapter au climat hostile du cercle Polaire. Amené par bateau, lâché dans les immensités de cette île, il lui fallait chercher la nourriture sous la neige pour survivre aux rudes conditions climatiques de l’Islande. Une sélection naturelle s’opéra alors, donnant à la race sa robustesse. L’Islandais mesure en général entre 1,25 et 1,45m au garrot.

Un cheval utilitaire

Élevé en troupeau en semi-liberté (les saillies, le ‘poulinage’ et l’élevage se font en liberté), son poil est épais et rude, et ses crins fournis. Son dos est court et souple, sa croupe puissante et son encolure forte. La tête sèche et expressive est assez grosse pour sa taille, caractéristique des chevaux rustiques. Ses membres sont courts, solides et ses sabots si durs qu’il n’est souvent pas nécessaire de les ferrer (en Islande le cheval est ferré à froid). Le cheval Islandais est avant tout un cheval utilitaire.

  • Capable de porter 80 à 100 kg, il a un tempérament de feu et une intelligence vive,
  • Courageux et indépendant, il est docile et d’humeur égale,
  • Prêt à collaborer avec son cavalier.
    Le cheval islandais vit longtemps, parfois plus de quarante ans ! À cause de sa longévité, il est tardif : il est débourré vers l’âge de cinq ans contre deux ou trois ans pour les autres chevaux en général. Il est enfin incroyablement résistant à la consanguinité. Depuis l’interdiction d’importation sur l’île, il y a plus de mille ans, les chevaux Islandais se sont reproduits entre eux. De plus, le climat rude de l’île ferme les routes et voies de communication entre certaines régions en hiver. Pourtant, même dans de petits élevages isolés, aucun problème lié à la consanguinité n’a surgi. Plus étonnant, les tares ont été éliminées du patrimoine génétique de la race par une rude sélection naturelle.

Dessin ©Philippe Dumas

Dessin ©Philippe Dumas

Les allures du cheval islandais

Le tölt et l’amble sont présents naturellement chez le cheval Islandais. Le travail des allures peut cependant permettre d’en améliorer la régularité, la netteté ou l’action.

Le tölt (prononcez ’teultt’) est une allure naturelle marchée, claire, rythmée, à quatre temps égaux, qui peut varier progressivement de la vitesse du pas à celle du galop. L’attitude relevée et l’ondulation de la queue sont caractéristiques. D’apparence spectaculaire et saccadée cette allure est en fait la plus confortable qui soit, au point qu’un cavalier peut tenir un verre d’eau sans en renverser une goutte !

Une partie des Islandais présente le tölt spontanément, même en liberté ; sous la selle, le tölt est obtenu facilement.

L’amble est une allure à deux temps dans laquelle le cheval se déplace par latéraux. Les deux jambes du même côté se déplacent en même temps ; au moment de changer de côté, le cheval se trouve en suspension. À vive allure, l’amble est ce que le cheval Islandais peut offrir de plus spectaculaire (vitesse de course jusqu’à 45 km/h !). En randonnée, il est recherché pour son confort tant pour le cheval que pour le cavalier.

Harnachement du cheval islandais

Les chevaux islandais sont en général montés avec des selles au siège long permettant au cavalier de déplacer le poids de son corps de manière significative pour le cheval. La position de l’assiette conditionne les allures :

  • en avant dans la selle, voire en équilibre, pour le trot
  • au centre et assis pour ambler
  • en arrière pour le tölt
    En savoir plus : The Icelandic Horse, 416 pages exclusivement consacrées au cheval islandais. Le livre le plus complet jamais édité. Histoire, tradition, illustration, poésie, actualité… Disponible en anglais.

Désinfection - Pour protéger le cheval islandais des maladies équines inconnues sur l’île, il est interdit d’entrer en Islande avec du matériel d’équitation ou tout accessoire en cuir, y compris cuir huilé, déjà utilisés. Tous les vêtements d’équitation, chaussures et bottes doivent avoir été lavés à 40°C et/ou soigneusement nettoyés et désinfectés. Pas d’inquiétude… Il est possible de faire nettoyer votre matériel à l’aéroport d’arrivée si les douanes vous contrôlent et que vous n’avez pas les documents requis.

Landsmót - Icelandic National Horse Show

Tous les 4 ans, a lieu le Landsmót - Icelandic National Horse Show où des poneys présélectionnés sont jugés, approuvés et primés. A cette grande fête de renommée mondiale se rencontrent tous les passionnés de la race du monde.

Retour au début du sommaire

Remerciements à l’Agence ‘Cheval d’Aventure’ qui a élaboré ses documentations mises à dispositions depuis 1972…

Cheval d’Aventure+33 (0)4 82 53 99 89Nous contacter

Retour au début du sommaire

Retour au début de l’introduction

Retour au Préambule

Retour au début du dossier


Collecte des documents et agencement, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 29/03/2024

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

Site : https://isias.info/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Famille des équidés Partie 3 Anthropologie Europe.7.docx

Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin via Yonnelautre.fr : un site des alternatives, d’éducation populaire, un site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, sans subvention, indépendant de tout parti, un site sans Facebook, Google+ ou autres GAFA, sans mouchard, sans cookie tracker, sans fichage, sans Facebook, Google+ ou autres GAFA, et à empreinte numérique réduite, un site entièrement géré sous Linux et avec l’électricité d’Énercoop , géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr

Yonnelautre.fr utilise le logiciel libre SPIP et le squelette Koinós. Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103

http://yonnelautre.fr/local/cache-vignettes/L160xH109/arton1769-a3646.jpg?1510324931

— -