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"Un nouveau médicament contre les diabètes et des risques de cancer" par le Dr Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

vendredi 18 novembre 2011, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Santé Alimentation
Un nouveau médicament contre les diabètes et des risques de cancer
New Diabetes Drug and Cancer Risk
Le liraglutide, un peptide synthétique proche du glucagon, à action rémanente, semble avoir des propriétés idéales pour le contrôle du glucose sanguin, à l’exception des risques potentiels de faire apparaître un cancer rare de la thyroïde. Dr Mae-Wan Ho

Rapport de l’ ISIS en date du 19/10/2011
L’article original en anglais, avec toutes les références, est intitulé New Diabetes Drug and Cancer Risk ; il est accessible par les membres de l’ISIS sur le site http://www.i-sis.org.uk/New_diabetic_drug_and_cancer_risk.php
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Le liraglutide (voir figure 1) est un médicament développé par la société pharmaceutique Novo Nordisk pour le traitement du diabète de type 2 ; c’est un peptide à action prolongée, analogue au glucagon (GLP-1) [1]. Il possède un groupe acyle (acide gras) attaché à l’acide aminé lysine.

Le médicament a été approuvé et autorisé par l’Agence Européenne du Médicament (EMA) en 2009, et par la Food and Drug Administration américaine (FDA) en 2010 ; il est commercialisé sous le nom de marque ‘Victoza’ aux Etats-Unis, au Canada, en Europe et au Japon, et il a été lancé commercialement en Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Irlande, en Suède, au Japon, au Canada, aux Etats-Unis, en France, en Malaisie et à Singapour.
Figure 1- Le liraglutide, un peptide à action prolongée analogue au glucagon, d’après Anypodetos, Wikimédia

Histoire

Les médicaments à base de GLP-1 sont le résultat de décennies de vieilles conclusions sur la régulation du sucre sanguin [2]. Dans la fin des années 1970, le chercheur Joel Habener de la Harvard Medical School, l’Ecole de Médecine de Harvard aux Etats-Unis, avait découvert une hormone chez la lotte, appelée GLP-1, qui stimule le corps pour sécréter juste la quantité d’insuline qui est nécessaire pour contrôler la glycémie, mais pas trop. Mais le GLP-1 s’est avéré être impraticable en tant que médicament, car se il dégrade rapidement lorsqu’il est injecté dans le corps.

Mais dans les années 1990, l’endocrinologue John Eng du VA Medical Center, dans le Bronx, à New York, a trouvé un produit chimique dans la salive venimeuse du monstre de Gila qui imitait les effets du GLP-1. Lorsque cette substance est injectée chez des souris diabétiques, il contrôle leur glycémie durant la nuit. Cette constatation a conduit au Byetta, une version synthétique de l’agent de monstre de Gila.

Mécanisme d’action

A ce jour, les études suggèrent que le liraglutide améliore le contrôle du glucose dans le sang [1]. Il réduit l’hyperglycémie liés aux repas pendant 12 heures après leur administration par une augmentation de la sécrétion d’insuline, ce qui retarde la vidange gastrique et supprime la sécrétion de glucagon liée aux repas.

Le liraglutide est un peptide acylé avec une séquence d’acides aminés qui est à 97 pour cent identique au GLP-1 endogène humaine. Le GLP-1 est sécrété par les cellules de l’iléon distal et une partie du côlon après l’ingestion des aliments qui peuvent abaisser la glycémie [1, 3].

Tout comme le GLP-1, le liraglutide active le GLP-1 au niveau des récepteurs de surface cellulaire membranaire, en se liant à eux, ce qui a pour effet d’augmenter le niveau d’AMP cyclique dans les cellules bêta du pancréas, et de libérer l’insuline en présence de concentrations élevées de glucose. La sécrétion d’insuline diminue lorsque les concentrations de glucose dans le sang baissent à des niveaux de repos. Le liraglutide diminue encore la sécrétion de glucagon de façon gluco-dépendante. Le mécanisme de l’abaissement de la glycémie (glucose sanguin) implique aussi un retard de la vidange gastrique. Alors que le glucagon humain naturel (GLP-1) a une demi-vie de 1,5 à 2 minutes, à cause de la dégradation par les peptidases ubiquitaires endogènes, le liraglutide est stable en ce qui concerne la dégradation métabolique, et a une demi-vie plasmatique de 13 heures après une injection sous-cutanée.

Le liraglutide peut avoir des avantages par rapport aux médicaments actuels, avec de nombreux avantages potentiels (voir [4] Treating Diabetes with a Glucagon-like Peptide, SiS 52) *.
* Version en français ‘Le traitement du diabète avec un peptide proche du glucagon’, en cours.

· Il stimule la sécrétion d’insuline seulement lorsque les niveaux de glucose dans le sang sont plus élevés que la normale, par conséquent, il a un risque négligeable d’hypoglycémie.

· Il a le potentiel d’inhiber l’apoptose (mort cellulaire programmée) et de stimuler la régénération des cellules bêta (d’après les études animales).
· Il diminue l’appétit et maintient le poids corporel, comme le montre l’étude par rapport au glimépiride (un médicament antibiotique à base de sulfonylurée).
· Il abaisse le taux de triglycérides dans le sang.

Les effets secondaires sont principalement d’ordre gastro-intestinal [5] : constipation, perte d’appétit, diarrhée, étourdissements, céphalées, petites douleurs au dos, nausées, douleurs, gonflement ou rougeur au site d’injection, inflammation des sinus, gorge endolorie, maux d’estomac, vomissements.
Cependant, il y a des préoccupations concernant les risques persistants d’apparition de cancers, qui doivent être soulignées.

Les préoccupations liées au cancer

Plusieurs mois avant l’approbation par l’administration FDA, le panel consultatif de cet organisme s’est scindé lors du vote, sur le fait de savoir si le médicament devait être autorisé [2, 6]. L’inquiétude provenait des études animales qui montrent que le médicament cause un type rare de cancer de la thyroïde - Le cancer médullaire de la thyroïde – à la fois chez les souris et chez les rats au laboratoire.

Bien que la société Novo Nordisk affirme qu’il n’y avait aucune preuve de ces cancers chez les humains, le comité des médecins de la FDA a dit que la société n’en avait pas exclu la possibilité. Après l’audience, la FDA a déclaré qu’il était "très rare" que ce médicament puisse provoquer le cancer chez plusieurs espèces animales, et qu’il pouvait être approuvé et autorisé.

Certains membres du panel s’étaient inquiétés du fait que le risque thyroïdien pourrait s’appliquer à toute la classe des médicaments à base des peptides proches du glucagon. Peter Savage du National Institutes of Health, l’Institut National de la Santé, qui a voté contre l’autorisation, a déclaré : « Il m’est apparu, d’après ce que j’ai entendu aujourd’hui, que cela peut être un effet de classe qui pourrait concerner les substances rémanentes, à action plus longue ». Il a ajouté : « Je ne suis pas sûr que les avantages l’emportent sur les inconvénients ».

Le problème est que le cancer médullaire de la thyroïde est si rare et qu’il se développe si lentement au fil des décennies, qu’il est difficile d’en écarter la possibilité. Au moins un membre du jury, Michael Tuttle, du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, a voté pour l’autorisation, parce qu’il pensait qu’il n’y avait pas d’étude évidente qui avait été faite pour en écarter le risque.
Novo Nordisk a déclaré que les données obtenues sur des souris et le rat ne sont pas pertinentes pour êtres les humains et que le médicament a été autorisé avec la promesse d’étudier la question de la thyroïde dans une grande étude impliquant 9 000 personnes, qui se penchera également sur la sécurité cardiovasculaire.

En Juin 2011, Novo Nordisk a émis un " Avertissement important concernant le médicament Victoza" à l’intention des professionnels de santé sur le thème suivant "Risques potentiels de tumeurs des cellules C de la thyroïde C et de pancréatite aiguë associée à Victoza" [7], tel que requis par la FDA. En raison de ces risques « la spécialité pharmaceutique Victoza n’est pas recommandée en première lieu comme traitement pour les patients qui ont un contrôle glycémique insuffisant d’après leur alimentation et leur pratique d’exercices physiques appropriés ».

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Définitions et compléments :

Un nouveau médicament contre les diabètes et des risques de cancer

Traduction, définitions et compléments en français :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard@wanadoo.fr
Fichier : ISIS Santé Alimentation New Diabetes Drug and Cancer Risk French version.2