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"Même les sols cultivés en bio sont contaminés par des pesticides persistants en France (Reporterre) et décès d’enfants par cancers infantiles (leucémies) liés à l’intensification agricole au Brésil" par Jacques Hallard
mardi 28 novembre 2023, par
ISIAS Pesticides Pollutions Sols Santé France Brésil
Même les sols cultivés en bio sont contaminés par des pesticides persistants en France (Reporterre) et décès d’enfants par cancers infantiles (leucémies) liés à l’intensification agricole au Brésil – En cours et perspectives
Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 27/11/2023
Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur
https://img.lemde.fr/2023/02/14/0/0/2150/1630/664/0/75/0/7c314e7_1676413068182-pesticides.jpg
In Les autorités sanitaires interdisent un herbicide majeur – « Très utilisé sur les cultures de maïs, le S-métolachlore se décompose en sous-produits responsables d’une vaste pollution des nappes phréatiques françaises… » - Par Stéphane Foucart - Publié le 15 février 2023 à 00h01, modifié le 15 février 2023 à 12h41 – Source
Avec ce trait d’humour, ce dossier – conçu à usage didactique – s’ouvre avec quelques précisions…
Intensification agricole : vise une augmentation des rendements par une augmentation des intrants – « L’agriculture intensive est un système de production agricole fondé sur un accroissement de la production agricole optimisé par rapport à la disponibilité des facteurs de production. Ce rapport entre volume produit et facteur de production est appelé productivité… » Wikipédia
Voir aussi les conséquences - L’intensification de l’agriculture est à l’origine de la disparition des oiseaux en Europe ... - Centre national de la recherche scientifique (CNRS) -https://www.cnrs.fr › presse › lintensification-de-lagric...-16 mai JH2023-11-25T11:44:00JL -
2023
Intensification durable ou agroécologie ? Confusion et interrogations ...- Fondation FARMhttps://fondation-farm.org › intensification-durable-o...09 novembre 2020 — Une majorité s’accorde sur le diagnostic : les systèmes agricoles actuels ne sont pas durables. Ils épuisent la biodiversité et ...
Rappel - JH2023-11-25T11:45:00JL -
Ethique et intensification agricole durable - Année de publication : 2004 – Pages #36 – ISBN 9252050671 – Auteur Legal and Ethics Office Titre de la série Collection FAO : Questions d’éthique - Numéro de série 1609-0101
L’intensification agricole devra être poursuivie pour permettre de faire face à la demande de produits alimentaires et agricoles d’une population mondiale croissante.
Toutefois, l’intensification en elle-même, si elle n’est pas gérée correctement, comporte des risques de dégradation des ressources naturelles et Pert compromettre la sécurité alimentaire. Elle peut aussi avoir des conséquences socioéconomiques importantes, notamment sur les moyens d’existence en zone rurale. Pour prendre les décis ions qui permettront d’assurer l’intensification agricole durable, les planificateurs doivent donc définir et évaluer d’autres stratégies en fonction de leur incidence immédiate et à long terme et de leurs répercussions sur tous les groupes sociaux intéressés. Il y a donc une dimension éthique évidente dans la formulation de ces politiques générales. Le présent numéro de la Collection FAO : Questions d’éthique envisage trois approches possibles à une analyse éthique des stratégies d’intensification on agricole. Les besoins alimentaires de l’homme constituent la justification utilitaire de l’intensification, tandis que le concept moral de vertu recouvre le devoir de l’homme de travailler pour le bien de la société. Une analyse basée sur les droits montre que la poursuite de ce bien par les individus peut être entravée par les droits des autres personnes. L’ouverture d’un débat sur ces approches peut nous aider à définir et, finalement, à assumer les responsabilités éthiques de l’intensification de l’agriculture.
Également disponible en : Chinois Espagnol - Source : https://www.fao.org/publications/card/fr/c/093fed52-1a26-5911-bb59-82a5a82e02bb
L’ensemble de ce dossier est consacré aux pollutions par les pesticides et aux impacts négatifs sur la santé : il rappelle tout d’abord les dangers des pesticides pour la santé et des données et des approches géographiques sur l’exposition des populations aux pesticides, en particulier avec le cas des fruits et légumes espagnols importés en France (courgettes, fraises, poivrons…) et leurs teneurs comparées en résidus de pesticides…
‘Reporterre’ rapporte ensuite que « même les sols cultivés en bio sont contaminés aux pesticides » et ‘Pleinchamp’ souligne le fait que « la pollution des sols par les pesticides est l’angle mort de la biosurveillance environnementale »…
Puis le cas de l’insecticide Dieldrine est abordé avec cet article choisi : « Des pesticides ultratoxiques et interdits depuis 30 ans continuent de polluer nos légumes », d’une part, et ainsi que la question « Une demi-vie de dissipation de 5 ans pour le chlordécone dans les sols des Antilles françaises est-elle pertinente ?, d’autre part…
Une étude terrible sur les « Décès d’enfants par cancer au Brésil : la culture du soja OGM est-elle à blâmer ? » résume un article de recherche original (PNAS) sur « l’intensification agricole et les cancers infantiles au Brésil - 30 octobre 2023 (Traduction partielle d’extraits)…
Ce dossier se termine avec une contribution prospective de lINRAE « qui imagine les chemins vers une agriculture sans pesticides en 2050… »
Tous ces documents sélectionnés pour ce dossier sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.#ZUSAMMENFASSUNG
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- Généralités - Quels sont les dangers des pesticides pour la santé ? - Publié par Lionel Le SauxBordeaux ; Cécile Chevrier, épidémiologiste à l’Inserm, université de Rennes. Documnt ‘Santé Magazine’
- Expositions des populations aux pesticides : données et approches géographiques - Publié le 8 mars 2023 – Document ‘santepubliquefrance.fr’
- Espagne - Courgettes, fraises, poivrons… Les fruits et légumes espagnols contiennent-ils vraiment plus de pesticides ? - Par Emma Confrère Publié le 25 novembre 2023 à 14:00 – Document ‘lefigaro.fr’
- Même les sols cultivés en bio sont contaminés aux pesticides selon ‘Reporterre’ - 25 mai 2023 à 14h55 Mis à jour le 26 mai 2023 à 09h45 – Document ‘reporterre.net’
- La pollution des sols par les pesticides, angle mort de la biosurveillance environnementale - Jeudi 25/05/2023 - Publié par Pleinchamp - Un article de Raphaël Lecocq
- Dieldrine - Des pesticides ultratoxiques et interdits depuis 30 ans continuent de polluer nos légumes - 23 novembre 2023 par Nolwenn Weiler
- Une demi-vie de dissipation de 5 ans pour le chlordécone dans les sols des Antilles françaises est-elle pertinente ? - Publié le 20 mars 2023
- Décès d’enfants par cancer au Brésil : la culture du soja OGM est-elle à blâmer ? -
- Article de Recherche - Intensification agricole et cancer infantile au Brésil - 30 octobre 2023 – Traduction partielle Extraits
- L’INRAE imagine les chemins vers une agriculture sans pesticides en 2050 - Publié le 27 mars 2023 par Frédéric Fortin, MCM Presse pour Localtis Développement économique, Environnement, Europe et international
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Généralités - Quels sont les dangers des pesticides pour la santé ? - Publié par Lionel Le Saux | Mis à jour le 19 oct. 2023 par Mathilde Pujol - Expertes : Ghislaine Bouvier, pharmacienne, épidémiologiste à l’Inserm, université de Bordeaux ; Cécile Chevrier, épidémiologiste à l’Inserm, université de Rennes. Documnt ‘Santé Magazine’dangers des pesticidesImage agrandie
Les pesticides sont des produits toxiques pour celles et ceux qui les manipulent. Quelles sont les grandes familles de pesticides ? Pourquoi représentent-ils un danger pour la santé humaine ? Que risquent réellement les personnes qui résident à proximité immédiate des zones traitées par divers pesticides, tout au long de l’année ? Nous faisons le point avec nos expertes.
Sommaire :
• Qu’est-ce qu’un pesticide ? Quels sont les 3 types de pesticides connus ?
• Pourquoi les pesticides sont toxiques ? Comment peuvent-ils contaminer l’homme ?
• Quels sont les effets et les dangers des pesticides sur la santé ?
• Quel est le pesticide le plus dangereux utilisé dans l’agriculture ?
• Pesticides dangereux : que dit la loi ?
Au cours de la décennie 2010, les ventes de produits phytopharmaceutiques sont restées à des niveaux élevés, rapporte un état des lieux du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires datant de 2018. La part des quantités de substances actives classées cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) est ainsi passée de 28 % à 12 % entre 2009 et 2020.
Qu’est-ce qu’un pesticide ? Quels sont les 3 types de pesticides connus ?
Les pesticides sont des produits dont les propriétés chimiques contribuent à la protection des végétaux, définit l’Institut français de l’éducation (Ifé) (Source 1). « Ils sont destinés à détruire, limiter ou repousser les éléments indésirables à la croissance des plantes, insectes, parasites et autres plantes. Ils luttent contre les maladies des cultures ou sont utilisés pour désherber ».
On parle de produits phytosanitaires ou produits phytopharmaceutiques pour désigner les produits utilisés dans le domaine agricole, et l’entretien des espaces verts, ajoute le Centre de lutte contre le cancer Léon Bernard (Source 2).
Les pesticides sont exclusivement d’origine anthropique (fabriqué par l’humain).
On distingue trois grandes familles des pesticides :
- Les insecticides : destinés à lutter contre les insectes. Ils interviennent en tuant ou en empêchant la reproduction des insectes, ce sont souvent les plus toxiques. Parmi eux, l’arsenic, les POP (polluants organiques persistants), le lindane et le carbaryl ;
- Les fongicides : destinés à éliminer les moisissures et parasites (champignons…) des plantes. « Les fongicides les plus anciens sont le soufre, le cuivre et ses dérivés organiques comme la bouillie bordelaise », note l’Institut ;
- Les herbicides : destinés à lutter contre certains végétaux (les « mauvaises herbes »), qui entrent en concurrence avec les plantes à protéger en ralentissant leur croissance. Les herbicides les plus connus sont l’acide sulfurique, utilisé pour désherber les céréales, et les phytohormones (le 2-4 D) ainsi que des dérivés de l’acide 2-phénoxyétahnoïque.
On peut ajouter une quatrième famille : les pesticides spéciaux, tels que les répulsifs de rongeurs, et les fumigènes.
À noter : les herbicides sont de nature assez différente de celle des trois autres familles. « D’une part, leur action n’est pas d’intervenir contre un intrus, de nature différente (insecte/parasite), mais de lutter contre un autre végétal. D’autre part, leur mode d’épandage est différent puisqu’ils sont déposés directement au sol, par opposition aux autres produits, plutôt pulvérisés sur la plante en croissance », explique l’Institut.
Pourquoi les pesticides sont toxiques ? Comment peuvent-ils contaminer l’homme ?
Les sources d’exposition aux pesticides de la population générale se retrouvent dans tous les compartiments de l’environnement, note le Centre Léon Bernard : alimentation (fruits et légumes, viandes et poissons, œufs, produits laitiers, miel…), eau, air intérieur et extérieur, sols, poussières, jardins, et même animaux domestiques…
L’exposition de la population générale aux pesticides se caractérise non seulement par des expositions répétées dans le temps, et parfois élevées, mais aussi par la multiplicité des voies d’exposition : ingestion, inhalation et contact cutané. Mais alors, pourquoi est-ce problématique ?
Tout simplement car « les pesticides sont conçus pour tuer les ’organismes nuisibles’, mais certains pesticides peuvent également avoir des effets néfastes sur la santé des humains », explique le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST) (Source 3). « La probabilité de subir des effets néfastes sur la santé dépend du type de pesticide et des autres produits chimiques qu’il contient, de la quantité à laquelle vous êtes exposé, de la durée et de la fréquence de l’exposition ».
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Quels sont les effets et les dangers des pesticides sur la santé ?
Les principales connaissances sur les effets aigus des pesticides sont issues d’observations rapportées chez des travailleurs et de cas d’intoxications documentés par les centres antipoison et de toxicovigilance, poursuit le Ministère de la Santé et de la Prévention (Source 4).
Les manifestations peuvent se limiter à des signes locaux :
- irritations cutanéo-muqueuses ;
- réactions allergiques cutanées ou oculaires ;
- vomissements ;
- toux ;
- gêne respiratoire ;
- traduire l’atteinte d’un ou plusieurs organes ou systèmes (système nerveux, foie, rein notamment).
Plusieurs études, et notamment une expertise de l’Inserm, ont rapporté des associations positives entre l’exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte comme la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non hodgkinien, myélome multiple).
Des résultats obtenus en Californie montrent un risque de développer une maladie de Parkinson près de deux fois supérieur pour les personnes vivant jusqu’à 500 mètres de parcelles traitées par deux fongicides. Les pesticides pourraient aussi entraîner des troubles cognitifs, anxio-dépressifs et des troubles de la fertilité. Sans compter que les mélanges des substances pourraient donner lieu à « des impacts sanitaires non prévisibles ».
Quels sont les risques pour les enfants ?
Chez l’enfant, le risque de leucémie et de tumeurs cérébrales peut être multiplié par deux lorsque la mère a été exposée durant la grossesse.
« Le fœtus est a priori plus vulnérable car il n’a pas encore de système de détoxication », précise Cécile Chevrier, chercheuse à l’Inserm, qui, d’après une étude menée sur 3 400 riveraines enceintes, a montré que même à des niveaux faibles, un herbicide utilisé jusqu’en 2003, augmente les risques d’anomalie de croissance dans l’utérus, avec un plus faible poids de naissance et un crâne plus petit.
Les pesticides augmenteraient aussi les risques d’anomalies du système nerveux ainsi que de malformations congénitales au niveau du cœur, de l’abdomen, des bras et des jambes. Ils pourraient aussi engendrer une malformation du sexe masculin et des pubertés précoces chez les jeunes filles. Enfin, il n’est pas exclu que certaines substances favorisent également l’obésité chez l’enfant.
Une étude menée par l’Inserm et publiée en octobre 2023 montre que les enfants de moins de 15 ans qui vivent près d’un grand vignoble sont plus à risque de souffrir d’une leucémie. « En moyenne pour chaque augmentation de 10 % de la part couverte par les vignes dans le périmètre de 1000 mètres, le risque de leucémie lymphoblastique augmente de près de 10 % », précise l’Inserm, qui estime que « l’exposition aux pesticides est suspectée d’être un facteur de risque de cancers pédiatriques, et plus particulièrement de leucémies » (source 8).
Quel est le pesticide le plus dangereux utilisé dans l’agriculture ?
Plus on réside près d’une zone traitée par des produits phytosanitaires, et plus on a de risque de respirer des molécules toxiques.
Ces substances volatiles se dispersent dans l’atmosphère sur des kilomètres. Des mesures de la qualité de l’air montrent des niveaux de pesticides plus élevés en zones d’épandage et lors de traitements, dit Ghislaine Bouvier, chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Par exemple en Gironde, l’air d’une commune viticole est vingt fois plus chargé en molécules de folpel, un fongicide très répandu, que celui d’une agglomération sans vigne.
Le glyphosate est le pesticide le plus dangereux car c’est celui qui est le plus répandu dans le monde. Cet herbicide, qui est le plus vendu au monde, est classé comme potentiellement cancérigène, indique l’association Greenpeace (Source 5). « Il est plus connu sous la marque commerciale Round Up de Monsanto et il est associé à certains OGM. Il a été confronté à de très nombreux problèmes de résistance, notamment aux États-Unis ».
En France, les pesticides contenant du glyphosate sont interdits pour les particuliers depuis 2019 mais restent permis en agriculture. « Ils sont principalement utilisés pour éradiquer toutes les plantes des champs avant d’y semer de nouvelles cultures (blé, maïs, colza, etc.) ou pour gérer les mauvaises herbes entre les rangs de vignes ou dans les vergers. Très peu chère et très efficace, la molécule est devenue après des dizaines d’années d’usage un incontournable de certains modes de culture à travers le monde », indique l’organisation Foodwatch (Source 6).
Glyphosate et cancer
En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a justement publié une méta-analyse sur le glyphosate. Leur conclusion ? Le glyphosate est « probablement cancérogène chez l’homme » (catégorie 2A) et « cancérigène » chez les animaux, indique Foodwatch.
En 2021, une méta-analyse publiée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) vient confirmer ces résultats : ’de nombreuses études mettent en évidence des dommages génotoxiques (cassures de l’ADN ou modifications de sa structure) liés au glyphosate. Ces dommages, s’ils ne sont pas réparés sans erreur par les cellules, peuvent conduire à l’apparition de mutations et déclencher ainsi un processus de cancérogenèse’.
L’Inserm relève également des effets potentiellement délétères du glyphosate sur certaines hormones et sur le microbiote intestinal. Il n’écarte pas non plus le risque qu’il soit perturbateur endocrinien.
Pourtant, aujourd’hui, le glyphosate n’est toujours pas considéré comme cancérigène par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
À lire aussi : Pollution des eaux : peut-on encore consommer du poisson ?
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Pesticides dangereux : que dit la loi ?
La réglementation des pesticides, fixée au niveau européen, est définie en fonction des types d’usages : produits phytopharmaceutiques, biocides et médicaments vétérinaires. Chaque produit est soumis, après évaluation, à une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), informe le Ministère de la Santé et de la Prévention (Source 7).
« La directive 2009/128/CE prévoit que chaque Etat membre mette en place un plan d’actions visant à réduire les risques et les effets de l’utilisation des pesticides sur l’homme et l’environnement. En France, il s’agit du plan Ecophyto II +, dont l’enjeu est de réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques de 50 % d’ici 2025 et de limiter les risques et les impacts sur la santé et l’environnement ».
Concernant la présence de pesticides dans l’eau et l’alimentation :
- dans les aliments, la réglementation détermine des limites maximales de résidus (LMR), pour chaque pesticide et pour une denrée définie, qui ne doivent pas être dépassées afin de garantir un niveau d’exposition le plus faible possible aux consommateurs ;
- l’eau du robinet fait l’objet d’un suivi sanitaire régulier, de façon à en garantir sa qualité pour la population.
Dangers liés aux pesticides : la protection des riverains en zones agricoles
Les pesticides « comportant une substance suspectée d’être cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction », sont soumis à une interdiction d’épandage à moins de 10 mètres des habitations, depuis un arrêté publié par le gouvernement en 2023 (source 9). Certains produits dont la nocivité est avérée ne doivent eux pas être utilisés à moins de 20 mètres des habitations, mais aussi des écoles ou encore des hôpitaux.
Ce que vous pouvez faire :
- Vous renseigner sur les périodes précises d’épandages, via la Chambre d’agriculture par exemple, afin d’aérer son logement en dehors de ces horaires ;
- Mettre en place des protections supplémentaires (bardage bois, haies, etc.) ;
- Signaler à la Draaf (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) tout non-respect des règles.
Sources :
Source 1 : « Les pesticides encore appelés produits phytosanitaires », Institut français de l’éducation (Ifé).
Source 2 : ’Pesticides’, Centre de lutte contre le cancer Léon Bernard’, 23/08/2022.
Source 3 : « Pesticides - Effets sur la santé », Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST), 01/12/2017.
Source 4 : « Effets sur la santé d’une exposition à des pesticides », Ministère de la Santé et de la Prévention, 29/12/2019.
Source 5 : « Excès et dangers des pesticides », Greenpeace, 2016.
Source 6 : « C’est quoi le problème avec le glyphosate ? », Foodwatch, 13/10/2021.
Source 7 : « Une réglementation stricte pour maîtriser les risques des pesticides », Ministère de la Santé et de la Prévention, 29/12/2019.
Source 8 : « Une étude de l’Inserm s’intéresse au lien entre le risque de leucémie pédiatrique et le fait d’habiter à proximité de vignes », Inserm, 18 octobre 2023.
Source 9 : « Arrêté du 14 février 2023 relatif aux mesures de protection des personnes lors de l’utilisation de certains produits phytopharmaceutiques et modifiant l’arrêté du 4 mai 2017 relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et de leurs adjuvants visés à l’article L. 253-1 du code rural et de la pêche maritime », Legifrance, 21 mars 2023.
Pour aller plus loin :
- Comment faire pour dépolluer son assiette ?
- Comment limiter les effets des polluants sur nos voies respiratoires ?
- Perfluorés : quels risques avec ces polluants persistants ?
- Nitrites : dans quels aliments trouve-t-on ces additifs alimentaires ?
Sujets associés : Alimentation bioRégime sans selAliments riches en ferRégime anti-diabèteRégime anti-constipation
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Expositions des populations aux pesticides : données et approches géographiques - Publié le 8 mars 2023 – Document ‘santepubliquefrance.fr’
Santé publique France publie une synthèse des réflexions menées lors d’un séminaire organisé le 28 juin 2022 avec les principales équipes scientifiques françaises qui travaillent dans le champ des expositions aux pesticides grâce aux approches géographiques.
Approcher l’exposition environnementale aux pesticides représente un enjeu majeur de santé publique. Face aux attentes citoyennes et en réponse aux plans gouvernementaux Ecophyto pour la réduction des usages de produits phytopharmaceutiques, les équipes scientifiques mobilisent des outils et des méthodes complexes et variés pour étudier cette question.
Santé publique France a développé une large expertise visant à estimer l’exposition aux pesticides au travers de plusieurs projets portant sur la surveillance des expositions (programme national de biosurveillance) et des pathologies en lien potentiel avec l’environnement général ou professionnel (cancers, maladie de Parkinson, diabète de type 1, etc…). Des pistes de travail communes sur la question des pesticides et le lien entre environnement et santé des populations ont par ailleurs été identifiées ces dernières années avec un grand nombre de partenaires de l’agence, soulevant également de nouvelles problématiques quant aux données géographiques utilisées.
C’est dans ce contexte que Santé publique France a organisé, le 28 juin 2022, un séminaire scientifique sur les données et les approches géographiques permettant d’estimer les expositions environnementales et professionnelles des populations aux pesticides en France (métropole et outre-mer). Cette journée a permis d’échanger avec un vaste panel d’acteurs pluridisciplinaires représentants d’Agences, d’institutions publiques, d’organismes de recherche.
Cartographie et perspectives des études sur les pesticides avec une approche spatiale
La synthèse de cette journée publiée aujourd’hui a été élaborée pour permettre à chacun d’avoir une vue d’ensemble des équipes impliquées et des études présentées ainsi qu’un résumé des réflexions en cours et les perspectives scientifiques (méthodologiques et technologiques) sur les approches géographiques dans les études qui mettent en relation les expositions aux pesticides et la santé.
Cette synthèse, photographie des avancées méthodologiques actuelles, expose plus largement les enjeux et les défis que représentent l’exploitation de l’information géographique pour caractériser le lien entre l’environnement et la santé des populations.
A télécharger
Estimer les expositions aux pesticides : données et approches géographiques. Synthèse du séminaire du 28 juin 2022 En savoir plus
Représentation schématique et non exhaustive de la cartographie des études pesticides et santé en métropole et outre-mer
Fournisseurs de données, équipe partenaires : ministère agriculture, DGDDI, CNRS-CESBIO, chambres agri, ANSES, INERIS, BRGM, INRAE, AgroParisTech, Aasqa/atmo France, INRIA, Agence bio Ministère de la transition écologique, IGN, Copernicus. Etudes nationales : GEO-K-PHYTO, Hemophuto, PestNeuro, Esteban, Matphyto, PestiMat, Pestiriv, GeocapAgri, CNEP, Elfe. Etudes régionales : Sig expo, Sigexposome, transpopest, pelagie, COPP’R, RePP’Air, Cartoexpo, Timoun, kannari2, Agrican, Gouramic, Gessica, Testis, PestiPrev
Focus sur les axes forts de ces dernières années
Deux types d’approches permettent aujourd’hui d’estimer les expositions aux pesticides : la cartographie fine des cultures via les données d’occupation du sol et d’imagerie aérienne et la modélisation de l’utilisation des substances chimiques (mesures, données de ventes, etc.). Pour ce faire les réflexions méthodologiques de ces dernières années concernent :
- La caractérisation des données utiles : occupation du sol (cartographie des parcelles en culture), caractérisation des cultures agricoles, substances utilisées sur ces cultures, etc. ;
- La caractérisation de l’exposition liée à l’enjeu de spatialisation des cultures à une échelle fine et à la difficulté d’y associer des pratiques agricoles qui évoluent dans le temps et pour lesquelles les données sont limitées ;
- La transposition du niveau local au niveau national concernant la mise en œuvre de méthodes de caractérisation fine des expositions et l’exploitation de données de type imagerie (aérienne, satellitaire), topographie, météorologie. En effet, l’exploitation des données spatialisées existantes à l’échelle nationale reste difficile techniquement notamment du fait du caractère massif des données d’occupation du sol à échelle fine.
Ainsi, la construction d’indicateurs géographiques d’exposition aux pesticides, notamment à l’aide de systèmes d’information géographique représente un défi majeur méthodologique et technique.
Cartographier les cultures agricoles en France : à quoi ça sert ?
Afin de répondre aux besoins des études épidémiologiques sur les liens entre exposition environnementale aux pesticides et santé, Santé publique France a développé une méthode de construction d’une cartographie multi-source des cultures agricoles en France métropolitaine dont les principes généraux sont publiés aujourd’hui.
Cette cartographie permet de décrire finement et de manière homogène en tout point du territoire métropolitain la présence de cultures agricoles grâce à différents indicateurs (peuvent par exemple être calculés la surface d’une culture donnée dans un rayon autour de sujets géocodés, la densité de surface cultivée dans une zone d’intérêt, la distance aux parcelles cultivées). Il s’agit d’un proxy intéressant de l’exposition aux produits phytosanitaires utilisés en agriculture pour les périodes pour lesquelles les données de vente de produits phytopharmaceutiques spatialisées à des échelles fines ne sont pas disponibles.
Trois sources de données nationales (le registre parcellaire graphique, les données d’occupation du sol de CORINE Land Cover, et les données vignes et vergers du thème végétation de la BD Topo® de l’IGN) ont été combinées dans un système d’information géographique (SIG). Ces bases se complètent entre elles et les méthodes de raffinement mises en œuvre visent à une description la plus fine possible.
Ce rapport détaillant la méthode de construction de la cartographie facilitera la production de cette dernière sur des périodes d’étude d’intérêts, en fonction des besoins spécifiques des équipes intéressées, en mobilisant des millésimes différents des sources de données.
En savoir plus : Construction d’une cartographie à échelle fine des cultures agricoles pour le territoire français métropolitain. Principes généraux et méthode
Dossier thématique 16 décembre 2021
Pesticides Les pesticides sont très utilisés en France, principalement en agriculture, et la population y est largement exposée. Leurs effets sur la santé de la population générale sont encore mal connus. en savoir plus
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Espagne - Courgettes, fraises, poivrons… Les fruits et légumes espagnols contiennent-ils vraiment plus de pesticides ? - Par Emma Confrère Publié le 25 novembre 2023 à 14:00 – Document ‘lefigaro.fr’
Selon le magazine Que Choisir, 66% des artichauts espagnols contiennent des résidus de pesticides, contre 41% pour ceux produits sur le sol français. Kitreel - stock.adobe.com
Si certains Français se détournent des produits d’origine espagnole, tous ne sont pas à mettre de côté. L’Hexagone enregistre même de pires résultats que son voisin sur quelques-unes de ses productions.
« Je n’achète plus aucun produit qui vient d’Espagne et je fais très attention aux produits français car on utilise aussi des pesticides », relève Karole, 73 ans, qui privilégie des fruits et légumes de producteurs locaux ou de son « carré de jardin » dans les Côtes d’Armor. Comme elle, de nombreux Français restent méfiants face aux produits espagnols accusés d’être aspergés de pesticides. En cause, des vidéos et photos qui circulent régulièrement sur les réseaux sociaux, montrant des produits phytosanitaires déversés sur des champs à perte de vue. Faut-il toujours se méfier des productions espagnoles ? Quels sont les fruits et légumes les plus à risques ? Et quelles sont les alternatives ? Plusieurs experts dévoilent leurs observations et leurs conseils au Figaro.
S’il est difficile d’obtenir des données précises sur les contaminations de pesticides, le magazine Que Choisir a étudié durant plusieurs mois plus de 4000 échantillons de 18 espèces de fruits et légumes, produits en France, en Europe et à l’étranger. La conclusion, publiée dans le numéro 629 de novembre, est sans appel : « Les contaminations par les substances les plus à risque semblent moins fréquentes lorsque la production est locale. » « On trouve ainsi entre 25 et 75% moins de molécules reconnues potentiellement dangereuses pour la santé sur les artichauts, concombres, courgettes, poivrons, salades, poires, bananes, brocolis et tomates plantés sur notre sol que dans ceux qui sont produits à l’étranger », précise l’enquête.
À lire aussiPourquoi les agriculteurs renversent les panneaux des villes
« Un bilan pas très flatteur » non plus pour la France
L’Espagne, qui produit en grandes quantités ces aliments, aurait donc la main plus lourde sur les pesticides. « Contrairement à ce qu’on observe de l’autre côté des Pyrénées, les serres sont collées les unes aux autres sur des dizaines de kilomètres carrés. Ce qui rend la production encore plus sensible aux problèmes phytosanitaires », souligne à Que Choisir Jan van der Blom, responsable du département technique de l’Association des organisations de producteurs de fruits et légumes de la province d’Almería, en Espagne. Ainsi, 66% des artichauts espagnols contiennent des résidus de pesticides, contre 41% pour ceux produits sur le sol français. Même observation pour 83% des courgettes espagnoles, contre seulement 34% de courgettes françaises. Les aubergines espagnoles sont elles aussi concernées par ces différences, avec 75% d’entre elles qui contiennent des résidus de pesticides, contre 52% pour celles cultivées en France. À noter que ces comparaisons ont été effectuées sur des productions conventionnelles, réalisées entre 2019 et 2021.
Voir l’illustration à la source - 83% des courgettes espagnoles contiennent des résidus de pesticides, contre 34% pour celles produites en France. Que Choisir
Si la France fait un peu mieux, « le bilan n’est pas très flatteur pour autant : 25% de ses artichauts contiennent des traces de pesticides à la dangerosité jugée “avérée” par les agences sanitaires européennes », mentionne Que Choisir. Parmi les molécules, la journaliste du média, Elsa Abdoun, a notamment retrouvé « de l’acétamipride », un insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Si ces derniers sont interdits dans l’agriculture française depuis 2018, il existe toutefois des dérogations, dont fait partie l’acétamipride, autorisé dans « les produits phytopharmaceutiques, biocides et médicaments vétérinaires ». Pour certains fruits, la France enregistre même de pires résultats que ses voisins. En 2019, trois quarts des pêches et cerises étaient contaminées par des résidus potentiellement dangereux, alors que l’intégralité des productions françaises était concernées. Côté agrumes, ceux importés du Maroc, d’Afrique du Sud, du Pérou ou d’Israël étaient davantage contaminés par des résidus dangereux pour la santé que leurs homologues espagnols.
Toute la faute n’est donc pas à rejeter sur l’Espagne, comme le souligne Jonathan Chabert, l’un des porte-parole de la Confédération paysanne : « Il n’y a pas de méchants producteurs espagnols et de gentils agriculteurs français, la situation est beaucoup plus nuancée. » S’il existe des réglementations similaires entre les deux pays, « ces normes et équivalences conduisent à renforcer la concurrence des agriculteurs entre eux ». À cela s’ajoutent des politiques « intra nationales » qui s’adaptent aux problématiques de climat, de techniques ou encore au nombre de producteurs. Avec un climat plus doux, l’Espagne n’utilise donc pas la même quantité de pesticides en hiver que les producteurs français. « La vraie question à se poser c’est comment on fait pour sortir des pesticides de synthèse pour protéger les revenus des agriculteurs ? », s’interroge Jonathan Chabert, qui espère « la construction de solutions sur le plan national, européen et mondial ».
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Consommer « bio, local et de saison »
Si, pour l’heure, aucune réponse claire n’est envisageable, ce sont avant tout les consommateurs qui se retrouvent pris au piège. Quelques astuces peuvent toutefois être appliquées pour minimiser les risques des pesticides sur la santé. Coralie Costi, diététicienne nutritionniste, recommande par exemple d’acheter bio sur les fruits et légumes considérés comme les plus contaminés, à savoir les fraises, les épinards, les pêches, les nectarines, les pamplemousses, les cerises, le céleri branche, les poires, le raisin, les pommes les poivrons et petits piments, la salade, les oranges, les framboises, les carottes, les tomates, les aubergines ou encore les pommes de terre. « Il faut également faire attention aux céréales complètes et légumineuses car les pesticides se nichent directement dans leur écorce », explique Coralie Costi. À l’inverse, il existe des espèces moins à risque comme les asperges, les brocolis, les kiwis, les oignons, la patate douce, le chou blanc, les bananes, les champignons, les courges, le concombre, la pastèque ou les navets.
« Je recommande à mes clients de consommer un maximum bio, local et surtout de saison », insiste la diététicienne nutritionniste. Si elle a bien conscience que les produits bio sont plus onéreux dans les rayons, elle conseille de se tourner vers des « fruits et légumes locaux, produits dans un rayon de 100 à 250 kilomètres, qui sont généralement moins chers ». Les fruits et légumes issus de l’importation et hors saison sont également moins intéressants d’un point de vue nutritionnel car ils « ne sont pas cueillis à maturité » pour qu’ils ne pourrissent pas durant le transport. Consommer de saison permet aussi d’obtenir des produits plus riches « en nutriments, en oxydants, en vitamines et en minéraux ». « Quand c’est bio et de saison, les aliments sont 35% plus riches en oxydants », relève Coralie Costi.
De bons gestes sont à adopter au quotidien comme nettoyer ses fruits et légumes, les éplucher et les nettoyer une seconde fois. « L’idéal est d’utiliser une brosse à légume et un peu de vinaigre blanc dans de l’eau », affirme la spécialiste. Une fois nettoyé, vous avez la possibilité de conserver vos aliments au congélateur pour les utiliser quelques mois après. « Par exemple, ça va être la fin de saison de l’ail, qui est excellent pour le système immunitaire. Il ne faut donc pas hésiter à faire des stocks », indique Coralie Costi. Si vous hésitez encore à acheter des tomates en hiver, mieux vaut donc se tourner vers des produits de saison : choux, betteraves, céleri, courges, carottes, épinards, clémentines, kakis, poires, poireaux, salades ou topinambours. De quoi ravir ses papilles mais aussi améliorer sa santé.
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Sujets : Pesticides Espagne Agriculture
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Même les sols cultivés en bio sont contaminés aux pesticides selon ‘Reporterre’ - 25 mai 2023 à 14h55 Mis à jour le 26 mai 2023 à 09h45 – Document ‘reporterre.net’Même les sols cultivés en bio sont contaminés aux pesticidesPhoto agrandie
De très nombreux pesticides persistent dans les sols. C’est ce que montre une étude de scientifiques de l’Inrae (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), publiée dans la revue Environmental Science and technology le 20 mai 2023.
Les résultats sont inédits, car la contamination des sols est très peu étudiée. Sur 47 sites, 1 seul ne présentait pas de traces de pesticides. 67 molécules différentes ont été identifiées et jusqu’à 33 substances ont été trouvées dans un seul échantillon. Les sols les plus contaminés sont ceux en grandes cultures, avec une moyenne de quinze pesticides par site. Mais les sols de forêts, prairies, friches, ou en agriculture biologique depuis plusieurs années présentaient également des résidus de pesticides, bien qu’en concentrations moindres.
Les auteurs soulignent donc un « risque modéré à élevé » pour les vers de terre dans les sols cultivés. Ils soulignent aussi que leurs analyses montrent que les pesticides persistent plus longtemps que prévu dans les sols. « La comparaison avec l’application de pesticides par les agriculteurs souligne la présence de certains résidus longtemps après leur dégradation supposée à 90 % et à des concentrations supérieures à celles prévues », écrivent-ils. Ils estiment que cela devrait mener à revoir les processus d’homologation des pesticides pour les adapter aux conditions réelles d’application par les agriculteurs. Ils recommandent également une surveillance de la pollution des sols aux pesticides à l’échelle nationale, à l’image de ce qui est fait pour l’air et l’eau…
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Source : https://reporterre.net/Meme-les-sols-cultives-en-bio-sont-contamines-aux-pesticides
La pollution des sols par les pesticides, angle mort de la biosurveillance environnementale - Jeudi 25/05/2023 - Publié par Pleinchamp - Un article de Raphaël Lecocq
Une étude de l’INRAE pointe une persistance « inattendue » des molécules de pesticides dans l’environnement, bien au-delà de leur temps de dégradation théorique et à des concentrations supérieures à celles escomptées. L’INRAE évoque « l’intérêt d’une surveillance nationale ».
Entre 2019 et 2021, dans le cadre du projet Phytosol, 47 sols cultivés (grandes cultures, vignes et vergers) mais aussi des sols supposément non traités (prairies, forêts, friches) prélevés dans toute la France ont été échantillonnés à une profondeur comprise entre 0 et 20cm. Résultats ? Sur les 111 substances recherchées, priorisées par l’Anses sur la base des usages et du comportement dans l’environnement, 98% des sites étudiés présentent au moins une substance. Au total, 67 molécules différentes ont été retrouvées, majoritairement des fongicides et des herbicides. Les résultats ont été publiés dans la revue Environmental Science & Technology.
Grandes cultures, glyphosate
Les parcelles de grandes cultures sont les plus contaminées, avec jusqu’à 33 substances différentes retrouvées dans un seul site, et une moyenne de 15 molécules dans les sols. Plus inattendu, dans les sols sous forêts, prairies permanentes, en friche ou en agriculture biologique depuis plusieurs années, plus de 32 pesticides différents ont été détectés, à des concentrations majoritairement plus faibles que pour les sites en grandes cultures.
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Les molécules les plus fréquemment détectées sont le glyphosate et l’AMPA, son métabolite principal, présents dans 70% et 83% des sols prélevés. Des fongicides de la famille des triazoles (époxiconazole) ou des fongicides inhibiteurs succinate deshydrogénase (SDHI) sont également retrouvés dans plus de 40% des sites, tout comme des insecticides de la famille des pyréthrinoïdes comme la tefluthrine. Si la majorité des substances recherchées sont utilisées uniquement en agriculture conventionnelle, quelques molécules peuvent cependant être utilisés en agriculture biologique, comme les pyréthrinoïdes.
Si les herbicides contribuent le plus aux concentrations totales en pesticides retrouvées dans les sols, le risque majeur estimé pour les vers de terre est dû aux insecticides et aux fongicides, indique l’INRAE. Les risques de toxicité chronique pour ces vers de terre sont modérés à forts pour toutes les parcelles cultivées.
Persistance « inattendue »
Ces travaux de grande ampleur démontrent une persistance « inattendue » des molécules de pesticides dans l’environnement, souligne l’INRAE, bien au-delà de leur temps de dégradation théorique et à des concentrations supérieures à celles escomptées, calculées à partir des informations sur les traitements phytosanitaires effectués sur les parcelles fournis par les agriculteurs (date d’application et doses appliquées), en utilisant les temps de dégradation théoriques. « Ces résultats soulignent un besoin accru de surveillance des sols, qui pourrait s’appuyer sur le Réseau de mesures de la qualité des sols (RMQS), en place depuis plus de 20 ans », estime l’INRAE.
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La contamination de l’environnement par les résidus de pesticides fait depuis de nombreuses années l’objet d’une surveillance pour les milieux aquatiques et l’atmosphère. Ce n’est pas encore le cas pour les sols.
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Dieldrine - Des pesticides ultratoxiques et interdits depuis 30 ans continuent de polluer nos légumes - 23 novembre 2023 par Nolwenn Weiler
Massivement utilisée avant son interdiction en 1972, totalement prohibée depuis 1992, la dieldrine demeure présente dans des sols agricoles aux quatre coins de la France. Une véritable entrave au développement de l’agriculture bio.
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Quand elle a découvert la pollution de ses légumes à la dieldrine, un insecticide très toxique pour l’être humain, Delphine est tombée de sa chaise, incrédule. Maraîchère bio, elle peinait à comprendre comment cet insecticide interdit en agriculture depuis 50 ans, et qu’elle n’a jamais utilisé, pouvait se retrouver dans ses productions. Puis, elle s’est heurtée au silence des diverses institutions qu’elle a contactées. Comme si personne ne savait rien.
Le problème est pourtant connu de longue date, si l’on en croit plusieurs témoins qui nous ont contactés à la suite de la publication de l’histoire de Delphine, en avril 2023.
Le produit en cause, la dieldrine, est un insecticide de la famille des organochlorées (la même que le DDT), utilisé en arboriculture, en viticulture, en horticulture et en grandes cultures pour lutter contre des insectes et certains champignons. La dieldrine est interdite en 1972 en agriculture, et totalement prohibée depuis 1992, quels que soient les usages.
Un problème connu depuis longtemps
Prenons l’exemple de Gilles, technicien pour un groupement d’agriculteurs bio dans le sud-ouest de la France. La première fois qu’il entend parler de problèmes de résidus de dieldrine dans des légumes, c’est dans les années 1980. Les alertes n’ont jamais cessé ensuite, jusqu’à la fin de sa carrière, en 2017. « C’était toujours plus ou moins les mêmes circonstances, évoque-t-il. Des acheteurs de légumes, souvent des grossistes belges et parfois allemands faisaient des analyses des productions et trouvaient des doses de dieldrine qui dépassaient les limites maximales de résidus (LMR). On avait surtout des problèmes avec les courgettes, qui captent facilement la dieldrine. Mais cela arrivait aussi avec les concombres et, parfois, les carottes. »
Extrait de la fiche sur les dangers de la dieldrine réalisée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).
Dieldrine : un poison
Extrait de la fiche sur les dangers de la dieldrine réalisée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).
« Les parcelles bio peuvent être polluées par des pesticides organochlorés (tels que la dieldrine, ndlr) puisque ces molécules perdurent dans la terre bien au-delà des deux années de la reconversion bio », avertit pour sa part l’Institut suisse de recherche sur l’agriculture biologique. Jamais utilisée en agriculture biologique, la dieldrine a été largement épandue dans les champs « conventionnels » jusqu’à il y une trentaine d’années, notamment sur les zones maraîchères, arboricoles et céréalières. « Les vieux agriculteurs disaient qu’ils en balançaient des quantités à l’époque pour assainir les sols, évoque Gilles. Résultat : il en traîne dans tous les vieux sols maraîchers. » Mais aussi dans bon nombre de légumes, apparemment.
Repère :
La dieldrine, un polluant organique persistant
« On retrouve d’autant plus les polluants qu’on les cherche », ironise Gilles, qui se souvient avoir croisé des labos qui avaient arrêté de chercher la dieldrine, mais aussi d’autres pesticides, parce qu’ils en retrouvaient toujours, souvent au-delà des limites autorisées. « Ces résidus sont très problématiques pour le bio, mais on doit également en retrouver dans légumes conventionnels », souligne Gilles.
Les courges bio ne sont évidemment pas les seules à pomper les polluants qui demeurent dans le sol. Mais, tenus de se conformer à un cahier des charges très précis, les agriculteurs bio et les produits qu’ils vendent sont beaucoup plus contrôlés que leurs collègues conventionnels. « Ce serait intéressant de tester des légumes non bio, et de voir ce qu’il y a dedans », avance Julien Hamon de la Confédération paysanne du Morbihan, qui a suivi le dossier de Delphine.
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Une vigilance inégale
Que faire face à cette pollution ? Pour éviter les déconvenues, « il est recommandé de clarifier une fois pour toutes si la parcelle est polluée par des pesticides organochlorés, en faisant une analyse de terre avant de cultiver pour la première fois des cucurbitacées. Cela permet aux producteurs de garantir facilement des récoltes non contaminées et de se prémunir à peu de frais contre les pertes », suggère l’Institut de recherche suisse dès 2012, soit dix ans avant que Delphine ne découvre, par hasard, cette problématique… « Si une parcelle est polluée, on oublie la production de courges dessus », appuie Gilles, qui pense qu’il faudrait systématiser les analyses de sols avant que les jeunes maraîchers s’installent. La Fédération nationale des agriculteurs bio (Fnab) partage son avis. Pour le moment, rien de tel n’est prévu en France.
La vigilance est inégale sur le territoire. Dans la Sarthe, c’est l’expérience professionnelle d’un technicien maraîcher, Frédéric, qui a rendu le groupement des agriculteurs bio attentifs à cette problématique. Frédéric a en effet travaillé sur la pollution des sols au sein du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) [1]. « Lors des formations que je délivre, je conseille de faire des analyses de sol dans les parcelles où il y a eu du maraîchage, de la viticulture ou de l’arboriculture, détaille-t-il. Parce que ce sont des cultures sur lesquelles on épand beaucoup de pesticides quand on est en conventionnel. »
Au-delà d’une certaine teneur en dieldrine, il déconseille carrément l’installation, car les risques d’absorption du toxique par les légumes sont trop élevés d’après lui. « S’il s’avère lors d’un contrôle que les produits sont contaminés, les maraîchers vont devoir détruire leurs cultures et ils vont perdre leur certification bio, explique-t-il. Ils peuvent difficilement prendre ce risque. » L’histoire de Delphine, livrée à elle-même après la découverte de la contamination de ses terres et aujourd’hui sans revenu, lui donne plutôt raison.
Que faire quand les terres sont contaminées ?
Cécile a également découvert que le coin où elle produit des plantes ornementales, dans la Sarthe, est largement contaminé à la dieldrine, quand des analyses ont été réalisées sur des terres voisines. « Une parcelle s’est libérée juste à côté de la mienne et des maraîchers voulaient s’y installer. Je me réjouissais d’avoir des collègues si proches. Mais la présence de dieldrine sur les terres qu’ils convoitaient a rendu leur installation impossible, regrette-t-elle. Aujourd’hui, ils continuent à chercher des terres. »
La productrice a découvert que ses propres parcelles contenaient de la dieldrine, et notamment celle qu’elle prévoyait de prêter à sa sœur pour faire pousser… des courges ! « Elle fait du maraîchage et manquait de terres, cette parcelle ne me servait pas, je pouvais la mettre à sa disposition. Mais quand on a vu à quel point les courges peuvent pomper de la dieldrine, on a décidé de renoncer à cette parcelle pour cette culture. »
D’où vient donc la dieldrine présente dans les terres de Cécile ? Impossible à dire précisément. « Mes terres sont une ancienne zone maraîchère, créée à la fin des années 1970. Mais la dieldrine a été interdite en 1972. Les épandages datent sans doute d’avant, de grandes cultures comme le maïs par exemple, évoque Cécile. Mais on ne sait pas trop. » Pour elle, qui produit des plantes ornementales, l’impact est limité. « Je me sers de terreau, et suis donc hors-sol », dit-elle.
Mais elle se pose tout de même de nombreuses questions concernant les risques pour la santé et les possibilités de dépollution. « Je serai intéressée d’avoir une cartographie précise, pour identifier les endroits où je peux cultiver. Via une IEM par exemple. » IEM signifie « interprétation de l’état des milieux ». C’est une analyse poussée des sols, de l’air et des végétaux. Problème : cela coûte environ 10 000 euros.
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Les nombreuses questions qu’impose la découverte d’une contamination à la dieldrine et l’absence totale de soutien technique, administratif et financier font que beaucoup de gens – agriculteurs, pouvoirs publics, laboratoires d’analyses, etc. – jouent la stratégie de l’autruche. « Il m’est arrivé de conseiller à de jeunes porteurs de projets de faire des analyses de leurs terres, évoque Gilles. Mais ils m’ont dit non, ils n’avaient pas le temps de s’intéresser à ça. »
Sur le même sujet ; Une agricultrice contrainte d’arrêter sa production bio à cause de pesticides épandus il y a 30 ans
Plus inquiétant, le technicien se souvient d’une conversation avec le responsable des pesticides au ministère de l’Agriculture, à propos des résidus de dieldrine. « Le gars me dit “ah non je n’en ai jamais entendu parler”. Je pense qu’il se moquait de moi. Dans toutes les anciennes zones maraîchères, on en trouve, c’est obligé. Ça a été mis sous le tapis. »
« En même temps, si on systématise ces tests, on risque de se retrouver avec beaucoup de parcelles sur lesquelles on ne pourrait pas faire pousser de courgettes », concède Gilles. « Imaginons une ferme de dix hectares où il y aurait de la dieldrine partout… Il faudrait que le maraîcher achète d’autres terres ailleurs. Mais où ? Et à qui ? Ça peut vite devenir très compliqué. »
Nolwenn Weiler - Dessin : Rodho - P.-S. Certains prénoms ont été changés.
Notes
[1] Le BRGM est l’établissement public de référence dans la gestion des ressources et des risques du sol et du sous-sol.
Basta ! - Décrypter, Résister, Inventer
Basta ! — Wikipédia
Source : https://basta.media/pollution-sols-pesticides-ultratoxiques-interdits-contamination-legumes
Une demi-vie de dissipation de 5 ans pour le chlordécone dans les sols des Antilles françaises est-elle pertinente ? - Publié le 20 mars 2023
Un groupe de chercheurs issus de plusieurs organismes (CEA, université d’Évry-université de Paris-Saclay, INRAE, IRD, BRGM, université de Strasbourg, université de Lorraine, CUFR de Mayotte) questionne au travers d’une publication parue dans la revue ‘Environmental Pollution’ les conclusions d’une précédente étude sur la durée de contamination des sols au chlordécone.
illustration Une demi-vie de dissipation de 5 ans pour le chlordécone dans les sols des Antilles françaises est-elle pertinente ?
Illustration -Une demi-vie de dissipation de 5 ans pour le chlordécone dans les sols des Antilles françaises est-elle pertinente ? © INRAE Antilles-Guyane
En 2022, une étude visant à prédire le devenir du chlordécone dans les sols agricoles des Antilles a été publiée (Comte et al., Environ Poll. 2022). Ses auteurs revisitent le modèle proposé par Cabidoche et al. (2009), qui est communément admis dans la communauté scientifique et qui prédit des durées de contamination en chlordécone allant de plusieurs dizaines d’années à plusieurs siècles selon les types de sols antillais. Comte et al. (2022) concluent à une estimation du temps de demi-vie du chlordécone de 5 ans seulement pour l’ensemble des types de sols.
Cette valeur signifie que, tous les 5 ans, la concentration de chlordécone serait divisée par 2 dans les sols, laissant entrevoir une concentration de chlordécone sous le seuil de détection à l’horizon 2050-2070. Cela indique ainsi une fin de contamination des sols agricoles beaucoup plus rapide qu’estimé précédemment. Ce résultat, s’il était confirmé, serait de nature à donner de nouvelles perspectives en matière de gestion de la contamination des milieux agricoles. En effet, une estimation fine du temps de demi-vie du chlordécone fait partie des informations primordiales pour prédire et gérer l’évolution de cette pollution historique.
Des chercheurs du CEA, de l’université d’Évry-université Paris-Saclay, d’INRAE, de l’IRD, du BRGM, de l’université de Strasbourg, de l’université de Lorraine, du Centre universitaire (CUFR) de Mayotte – dont Antoine Richard (UR ASTRO, centre INRAE Antilles-Guyane), Anatja Samouëlian, Marc Voltz et Olivier Grünberger (UMR LISAH, centre INRAE Occitanie-Montpellier) et Pierre Benoit (UMR EcoSys, centre INRAE Versailles-Saclay) – questionnent cette évaluation d’une demi-vie du chlordécone de 5 ans seulement. Le résultat de leur analyse critique est paru le 17 février 2023 dans la revue Environmental Pollution.
Sur la base qu’une demi-vie de 5 ans est trop courte pour expliquer l’ampleur de la pollution observée aujourd’hui encore dans les sols agricoles, 30 ans après l’interdiction de ce pesticide, ce consortium de chercheurs mené par Pierre-Loïc Saaidi a réexaminé les protocoles de prélèvement, les méthodes d’analyse, les données utilisées, les hypothèses appliquées et l’approche de modélisation développée dans l’étude de Comte et al. (2022).
Cet examen a permis de soulever plusieurs biais scientifiques dans l’étude de Comte et al., qui en fragilisent les conclusions. À l’appui de leur démarche, Saaidi et al. (2023) ont repris les estimations des quantités de chlordécone épandues sur les sols agricoles entre les années 1972 et 1993, et ont simulé l’évolution des concentrations du pesticide dans les sols en utilisant le modèle développé par Comte et al. et en supposant une durée de demi-vie de 5 ans du chlordécone. Les prédictions de concentrations dans les sols ainsi obtenues pour les années 2000-2020 sont très nettement inférieures à celles réellement retrouvées dans les sols sur cette période.
Les chercheurs concluent donc que l’hypothèse d’une durée de contamination « longue », largement supérieure à celle correspondant à une durée de demi-vie de 5 ans, doit être privilégiée. Afin de pouvoir aller plus loin, ils formulent aussi en complément une liste de recommandations pour améliorer la fiabilité des données qui alimenteront les futurs modèles prédictifs du devenir du chlordécone dans les sols antillais.
Pour en savoir plus :
Saaidi P.L., Grünberger O., Samouëlian A. et al. (2023). Is a dissipation half-life of 5 years for chlordecone in soils of the French West Indies relevant ? Environmental Pollution, 324, 121283, https://doi.org/10.1016/j.envpol.2023.121283
en]INRA and Irstea becomed a single research institute : INRAE[ :] – Wui-Net
Décès d’enfants par cancer au Brésil : la culture du soja OGM est-elle à blâmer ? – Traduction du 27 novembre 2023 par Jacques Hallard d’un article publié le 01 novembre 2023 par ‘gmwatch.org’
Illustration agrandie - Une étude révèle une incidence plus élevée de décès dus à la leucémie dans les zones en aval des fermes de soja - Enfant atteint de cancer et pulvérisation des pesticides sur du soja OGM
Une nouvelle étude établit un lien entre les pesticides utilisés dans la culture du soja GM tolérant le glyphosate et les décès par cancer chez les enfants au Brésil, le plus grand producteur mondial de soja. Les chercheurs ont constaté une incidence plus élevée de décès dus à la leucémie lymphoblastique aiguë (LAL), le cancer infantile le plus répandu transmis par le sang, dans les zones en aval des fermes de soja que dans les zones en amont. Cela signifie qu’il est probable que les maladies soient liées à la pollution de l’eau potable.
L’auteur principal de l’article, publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), est Marin Skidmore, professeur adjoint au Département d’économie agricole et de Consommation, qui fait partie du Collège des Sciences de l’Agriculture, de la consommation et de l’Environnement (ACES) à l’Université de l’Illinois Urbana-Champaign. Elle a déclaré “ ’ Nos résultats montrent une relation significative entre l’expansion du soja au Brésil et les décès d’enfants de TOUS dans la région. Les résultats suggèrent qu’environ la moitié des décès par leucémie pédiatrique sur une période de dix ans pourraient être liés à l’intensification de l’agriculture et à l’exposition aux pesticides.”
Skidmore a ajouté “’ Notre préoccupation est que nos résultats ne sont que la pointe de l’iceberg. Nous avons mesuré un petit résultat très précis. L’exposition aux pesticides peut également entraîner des cas non mortels de leucémie, et il existe un risque d’impacts sur la communauté des adultes et des adolescents.”
Dans leur article, les auteurs écrivent “ ’ Nous considérons la production de soja à partir de 2004, l’année où le soja génétiquement modifié (GM) a été approuvé pour une utilisation au Brésil. Ce soja GM est résistant aux herbicides, ce qui permet aux agriculteurs d’utiliser des intrants chimiques pour lutter contre les mauvaises herbes sans endommager les plants de soja en croissance. Il a été démontré que le soja GÉNÉTIQUEMENT modifié augmentait l’utilisation de pesticides au Brésil, en particulier le glyphosate chimique hautement dangereux (l’agent actif du Roundup), et est lié à une augmentation des effets néfastes sur la santé.’
Comme le rapporte ScienceDaily, la production de soja dans la région du Cerrado a triplé de 2000 à 2019, et dans la région amazonienne, elle a été multipliée par 20, passant de 0,25 à 5 millions d’hectares. L’utilisation de pesticides dans la région d’étude a également été multipliée par trois à dix au cours de la période. Les producteurs de soja brésiliens appliquent des pesticides à un taux 2,3 fois plus élevé par hectare qu’aux États-Unis.
Skidmore et ses co-auteurs montrent qu’une augmentation de 10 points de pourcentage de la production de soja est associée à 0,40 décès supplémentaire chez TOUS les enfants de moins de 5 ans et à 0,21 décès supplémentaire de moins de 10 ans pour 10 000 habitants. Ils estiment que 123 enfants de moins de 10 ans sont décédés de TOUS associés à l’exposition aux pesticides entre 2008 et 2019, sur un total de 226 décès signalés de TOUS au cours de la même période.
Skidmore a déclaré que l’étude ne fournissait pas de lien de causalité direct entre l’exposition aux pesticides et les décès par cancer, mais les chercheurs ont tenté d’exclure d’autres explications possibles. Ils n’ont trouvé aucune corrélation entre TOUS les décès et la consommation de soja, les changements de statut socio-économique ou la prévalence des cultures avec des taux d’application de pesticides plus faibles.
Les enfants étudiés par Skidmore et ses collègues auraient été exposés à plus de pesticides que de simples herbicides à base de glyphosate, mais les auteurs soulignent à juste titre que la propagation du soja GÉNÉTIQUEMENT modifié au Brésil a particulièrement augmenté l’utilisation de ce produit chimique. Cela signifie qu’il est un suspect principal dans les cas de cancer.
Et bien que des études épidémiologiques comme celle-ci ne puissent prouver un lien fortuit, des études contrôlées sur l’alimentation animale le peuvent. Avec un timing extraordinaire, la nouvelle étude fait suite à la découverte dans une telle étude sur l’alimentation des animaux par l’Institut Ramazzini en Italie que de faibles doses d’herbicides à base de glyphosate, à des niveaux jugés sûrs à ingérer par les régulateurs de l’UE, provoquent une leucémie chez les rats à un âge précoce.
En octobre, les gouvernements de l’UE n’ont pas réussi à s’entendre sur la proposition de la Commission européenne de renouveler l’approbation du glyphosate pour 10 ans supplémentaires.
La nouvelle étude : Skidmore ME et al (2023). Agricultural intensification and childhood cancer in Brazil. PNAS 120 (45) e2306003120. https://doi.org/10.1073/pnas.2306003120
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Article de Recherche - Intensification agricole et cancer infantile au Brésil - 30 octobre 2023 – Traduction partielle du 27 novembre 2023 par Jacques Hallard – Extraits choisis
Libre accès – Référence : https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2306003120 - Titre d’origine : Agricultural intensification and childhood cancer in Brazil
Auteurs : Marin Elisabeth Skidmore https://orcid.org/0000-0002-9061-932X marins@illinois.edu , Kaitlyn M. Sims https://orcid.org/0000-0003-2168-3448 , et Holly K. GibbsAuteurs Infos et affiliations
Édité par Prabhu Pingali, Université Cornell, Ithaca, NY ; reçu le 13 avril 2023 ; accepté le 31 août 2023
Numéro d’article 120 (45) e2306003120 - https://doi.org/10.1073/pnas.2306003120 ... Vol. 120 / Numéro 45
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Signification
Les pesticides sont essentiels à l’intensification agricole, mais peuvent avoir un impact négatif sur la santé humaine. Nous montrons qu’à mesure que la culture du soja se répandait à travers le Brésil, l’exposition aux pesticides agricoles était associée à une augmentation de la mortalité par cancer infantile parmi la population plus large indirectement exposée à ces produits chimiques. Nous constatons que les populations ont été exposées aux pesticides par l’approvisionnement en eau, mais les effets négatifs sur la santé ont été atténués par l’accès à des centres de traitement du cancer de haute qualité. Nos résultats soutiennent les politiques visant à renforcer la réglementation des pesticides, en particulier dans des contextes intensifiant leurs systèmes de production alimentaire, et une attention accrue de la santé publique à l’exposition aux pesticides dans la communauté au sens large.
Résumé
Au cours des dernières décennies, le Brésil est devenu à la fois le premier producteur mondial de soja et le premier consommateur mondial de pesticides dangereux. Malgré les liens identifiés entre l’exposition aux pesticides et la cancérogenèse, il y a eu peu de recherches au niveau de la population sur les effets de l’intensification des pesticides sur la santé humaine au Brésil. Nous estimons la relation entre l’augmentation de la production de soja—et l’exposition communautaire connexe aux pesticides - sur l’incidence du cancer chez les enfants à l’aide de 15 ans de données sur la mortalité par maladie. Nous constatons une augmentation statistiquement significative de la leucémie pédiatrique suite à l’expansion de la production locale de soja, mais l’accès rapide au traitement atténue cette relation. Nous montrons que l’exposition aux pesticides se produit probablement par pénétration de l’approvisionnement en eau. Nos résultats ne représentent que la pointe de l’iceberg des externalités sanitaires substantielles de la production végétale à forte intensité d’intrants et du changement d’affectation des terres. Nos résultats présentent un intérêt particulier dans les contextes en développement avec une demande de systèmes de production alimentaire intensifiés et soulignent la nécessité d’une réglementation plus stricte des pesticides et d’une attention accrue de la santé publique à l’exposition dans l’ensemble de la communauté.
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L’intensification agricole — augmentation des rendements via une augmentation des intrants - est une voie pour augmenter durablement l’approvisionnement alimentaire tout en minimisant les dommages environnementaux (1, 2). L’intensification est considérée comme particulièrement prometteuse dans les contextes des pays en développement caractérisés par une agriculture à faibles intrants (3). Malgré cela, les décideurs doivent évaluer les effets possibles de l’intensification agricole sur le développement communautaire et les résultats pour la santé humaine (4). Une préoccupation majeure est que l’intensification agricole implique souvent l’application de pesticides—des intrants chimiques qui tuent les parasites ou les mauvaises herbes-avec des effets néfastes connus sur la santé humaine (5-7).
Les décideurs et les parties prenantes peuvent sous-estimer le coût de l’intensification pour leurs communautés. Bien que de nombreuses recherches aient établi les risques pour la santé posés par une exposition aiguë aux pesticides, par exemple sur l’empoisonnement des travailleurs agricoles par les pesticides (6, 8) et sur les issues défavorables à la naissance (7), des preuves empiriques limitées ont caractérisé comment une exposition chronique et de faible intensité aux pesticides agricoles affecte la santé du grand public (9). En se concentrant uniquement sur les résultats pour la santé liés à une exposition à court terme ou à des doses élevées de pesticides, on sous-estime l’ensemble des coûts de santé communautaire de l’intensification ; une exposition indirecte, chronique et de faible intensité à certains pesticides a des effets négatifs à long terme sur la santé (10).
Nous fournissons une analyse à l’échelle de la population de l’association entre l’exposition indirecte aux pesticides agricoles et le cancer. Nous utilisons 15 ans de données de panel pour étudier la mortalité infantile par cancer au cours de l’expansion de la culture du soja et de l’utilisation de pesticides dans les biomes brésiliens du Cerrado et de l’Amazonie. La superficie en soja dans le Cerrado a triplé, passant de 5 millions d’hectares en 2000 à 15 millions d’hectares en 2019. En Amazonie, l’augmentation a été multipliée par vingt, le soja passant de 0,25 million à 5 millions d’hectares (11) (Fig. 1). L’expansion du soja se produit généralement par la conversion des pâturages plutôt que par le défrichement de la forêt indigène (12, 13). Cette conversion est une forme d’intensification, car la production bovine utilise relativement peu d’intrants, notamment en termes de pesticides, alors que l’utilisation d’intrants pour la production de soja est élevée (14).
Fig. 1.
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Pourcentage de la superficie municipale plantée en soja en 2004 et 2019 en Amazonie et dans le Cerrado.
Le Brésil est désormais le premier consommateur mondial de pesticides hautement dangereux et le deuxième consommateur de tous les pesticides. Cette consommation massive s’explique en partie par le fait que le Brésil applique des pesticides (par hectare) à un taux 2,3 fois plus élevé que les États-Unis et 3 fois plus élevé que la Chine, respectivement premier et troisième consommateurs de pesticides en volume (15, 16). L’utilisation de pesticides pour le soja au Brésil a augmenté depuis l’approbation en 2004 de variétés de soja génétiquement modifiées résistantes au glyphosate (7). Les agriculteurs brésiliens appliquent également plus d’intrants par hectare de soja que pour d’autres cultures temporaires, notamment le maïs, le riz, les haricots et la canne à sucre (7, 14, 17).
Nous démontrons empiriquement la relation entre l’expansion du soja et les cancers transmissibles par le sang chez l’enfant, en particulier la leucémie lymphoblastique aiguë (LAL), le cancer transmissible par le sang le plus courant chez l’enfant (18). Nous constatons une augmentation positive et significative des décès pédiatriques dus à l’expansion du soja, ce qui équivaut à 123 décès supplémentaires d’enfants de moins de 10 ans de 2008 à 2019. En tirant parti des données géospatiales sur le réseau fluvial brésilien, nous établissons un lien entre la mortalité et la production de soja en amont dans le bassin versant plutôt que dans la région administrative (municipalité). Ce résultat indique qu’une source primaire d’exposition est l’approvisionnement en eau contaminée. Nous excluons les mécanismes alternatifs de changement, y compris les effets placebo ou l’augmentation de la production d’autres cultures moins intensives. Nos résultats appuient notre hypothèse selon laquelle l’exposition aux pesticides est le canal entre l’expansion du soja et le cancer et qu’une source principale d’exposition est la contamination par les pesticides dans l’approvisionnement en eau.
Nous montrons une relation forte et persistante entre l’arrivée d’une agriculture de haute intensité dans une région et des résultats néfastes pour la santé humaine. De plus, nous montrons que cette relation est atténuée par l’accès à des systèmes de santé de bonne qualité. Bien que la LAL soit un cancer hautement traitable sous réserve de soins opportuns et de haute qualité, elle est mortelle sans de tels soins (19). Les premières étapes du traitement sont intensives, nécessitant une administration quotidienne de médicaments pouvant être obtenue par des séjours en hospitalisation ou en ambulatoire. Nous fournissons des preuves que l’accès à un centre d’oncologie pédiatrique dans un trajet quotidien (100 km) atténue une augmentation significative des issues fatales.
De plus, les pesticides sont un exemple classique de bien dont l’utilisation s’accompagne d’une externalité négative (6). Les agriculteurs et les producteurs de pesticides gagnent des avantages privés sous la forme de bénéfices tirés de l’utilisation et de la production continue de pesticides. Cependant, les pesticides imposent un coût externe aux populations vulnérables, y compris les fœtus et les nourrissons (7, 20, 21) et les personnes âgées (10), notamment par la contamination de l’eau. Ces externalités négatives ont conduit à un contrôle gouvernemental strict des pesticides dans certaines régions, principalement dans les pays riches (22). Le financement limité de la dotation en personnel et de l’application de la loi, ainsi que la pression accrue des groupes de pression, ont érodé le pouvoir du contrôle des pesticides au Brésil au fil du temps (16). La combinaison d’une surveillance restreinte, d’un accès limité aux soins de santé, d’un système de production agricole en évolution rapide et d’une nouvelle technologie chimique constitue une mise en garde pour les régions qui se trouvent à des stades similaires d’intensification agricole. À ce titre, les résultats de ce document ont des implications pour d’autres régions qui connaissent ou envisagent l’adoption ou l’expansion de l’agriculture à intrants élevés.
Cet article contribue à un nombre croissant de preuves empiriques des impacts des pesticides sur la santé humaine (7, 20). Au Brésil, plusieurs études ont trouvé des corrélations entre l’exposition aux pesticides et le cancer, soit en utilisant des données sur les ventes retardées de pesticides et la mortalité par cancer (23), soit en examinant des types spécifiques de tumeurs comme le cancer du côlon (24) ou de la prostate (25). Les pesticides sont un facteur de risque connu de cancer chez les enfants en particulier (26, 27), bien que les preuves empiriques tendent à s’appuyer sur des études cas–témoins et des données rétrospectives sur l’exposition aux pesticides. Certaines études ont trouvé une relation significative entre l’exposition aux pesticides et la LAL (28), y compris l’exposition in utero, tandis que d’autres études ont trouvé des effets mixtes ou négligeables de l’exposition paternelle sur la LAL en particulier (27, 29). Il est important de noter qu’aucune de ces études sur les pesticides et la pédiatrie n’utilise toutes des données provenant du Brésil.
Nous élargissons l’horizon de l’étude au-delà du temps in utero et de la première année de vie pour montrer que l’exposition à long terme aux pesticides continue d’avoir des associations solides avec des issues fatales pour les enfants de moins de 10 ans. Alors que d’autres travaux (7) ont identifié les impacts de l’exposition prénatale aux pesticides sur le développement fœtal et les issues défavorables de la naissance, nos travaux montrent des preuves de cette relation au-delà du développement fœtal dans la petite enfance et l’enfance. De plus, nous fournissons de telles preuves à grande échelle parmi les populations non directement impliquées dans la production agricole. Nos travaux mettent en évidence que l’exposition à des produits chimiques dangereux précédemment identifiée parmi les populations non agricoles est en effet associée à des effets néfastes sur la santé humaine dans l’ensemble de la population. De plus, nos résultats ne sont que la pointe de l’iceberg, car nos résultats ne tiennent pas compte des implications non mortelles pour la santé de l’exposition environnementale aux pesticides, y compris les cas de TOUS ceux qui sont traités avec succès, d’autres formes de cancer et de maladies non cancéreuses résultant de l’exposition aux pesticides. Cette étude reflète donc une petite partie d’un phénomène de santé environnementale beaucoup plus vaste.
Les preuves causales et démographiques limitées à ce jour concernant l’exposition aux pesticides et le risque de cancer proviennent du processus complexe et multifactoriel de la cancérogenèse. Les mutations génétiques qui conduisent à des tumeurs malignes (tumeurs liquides et solides) peuvent être stimulées par un certain nombre de causes, notamment l’exposition aux radiations, aux pesticides, au tabac, à l’alcool, etc. références. 30–32. En tant que tel, nous n’interprétons pas nos résultats de manière causale. Cependant, nous prenons des mesures pour exclure plusieurs explications alternatives potentielles de la relation que nous trouvons.
La limitation de l’analyse aux cas de TOUS les deux explique les effets confondants de l’âge et le risque multifactoriel de développement de tumeurs solides. Un certain nombre de facteurs de risque majeurs de cancer pour les adultes sont moins importants pour les enfants, tels que l’exposition aux radiations, la consommation d’alcool et le tabagisme. Notamment, alors que la littérature médicale suggère qu’il existe une relation directe entre la consommation de soja et d’autres types de cancer, peu de preuves ont suggéré la présence d’une relation similaire avec la LAL pédiatrique. Les recherches existantes sont mitigées quant à savoir si la consommation (directement ou in utero) de produits à base de soja pose une augmentation, aucun changement ou une réduction du risque de développement de la LAL (33, 34). De plus, la production de soja dans la région est presque exclusivement destinée à l’alimentation du bétail, plutôt qu’à la consommation humaine, ce qui réduit les préoccupations concernant la voie d’exposition alimentaire. Nous ne trouvons également aucune preuve que des cultures en rangées moins intensives en intrants augmentent les décès pédiatriques de TOUS. Cela exclut les changements économiques ou de mode de vie associés à l’agriculture agricole (comme une exposition accrue aux gaz d’échappement diesel) comme mécanisme par lequel l’expansion du soja conduit au cancer. Enfin, nous contrôlons directement les différences de population, de climat municipal et de développement, ainsi que les tendances régionales du développement…
Lire les Résultats et la suite de cet arfticl scientifique (en anglais) - Research Article Open access - Agricultural intensification and childhood cancer in Brazil
Marin Elisabeth Skidmore https://orcid.org/0000-0002-9061-932X marins@illinois.edu, Kaitlyn M. Sims https://orcid.org/0000-0003-2168-3448, and Holly K. GibbsAuthors Info & Affiliations - Edited by Prabhu Pingali, Cornell University, Ithaca, NY ; received April 13, 2023 ; accepted August 31, 2023 - October 30, 2023 - 120 (45) e2306003120 -https://doi.org/10.1073/pnas.2306003120 – Accès à l’article < Agricultural intensification and childhood cancer in Brazil
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L’INRAE imagine les chemins vers une agriculture sans pesticides en 2050 - Publié le 27 mars 2023 par Frédéric Fortin , MCM Presse pour Localtis
Développement économique, Environnement, Europe et international
Dans une étude de prospective, l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) décrit trois scénarios qui permettraient d’atteindre une agriculture sans pesticides en 2050. Résolument différents (privilégiant un fort appui technologique ou au contraire la quasi-absence d’intervention), tous trois supposent, de manière plus ou moins aiguë, un véritable bouleversement des pratiques agricoles et affectent fortement l’ensemble de la filière, en commençant par le citoyen – consommateur et riverain.
Champs de saladesPhoto agrandie
Peut-on remonter le temps dans une étude de prospective ? C’est ce que s’est employé à faire l’Inrae, dans une récente étude conduite ’à rebours’. Concrètement, l’institut est parti de l’objectif, supposé atteint, d’une agriculture européenne sans pesticides chimiques en 2050. Puis il a rebroussé le chemin pour (re)trouver la clef, autrement dit les décisions permettant ce résultat.
L’Inrae distingue trois trajets possibles.
Le tout technologique - Le premier trajet repose sur une ’haute intensité technologique’, faisant la part belle à l’agriculture de précision et aux robots ayant recours à l’intelligence artificielle, traitant chaque plante (pied) de manière individualisée. Il s’agit de renforcer l’immunité de chacune d’elles, grâce à l’utilisation de niveaux importants d’intrants exogènes (biostimulants, etc.) et à la sélection variétale, en anticipant l’arrivée des bioagresseurs et en mesurant l’état physiologique des plantes. Capteurs divers, drones, systèmes de télédétection, banques de données deviennent les outils usuels de ’l’agriculteur’. Dans ce modèle nécessitant de considérables investissements, les filières sont dominées par la grande distribution et les grands acteurs de la transformation alimentaire, depuis la production et la fourniture d’intrants jusqu’à la distribution. Les agriculteurs bénéficient de prix bonifiés pour compenser les risques de la transition. Technicité et financiarisation laissent toutefois à l’agriculture familiale une place résiduelle, ce qui nécessite une politique de reconversion des ’petits’ agriculteurs. Ce scénario n’exige pas des consommateurs un changement de régime alimentaire, mais se traduirait par une réduction du volume de production et une forte réduction des exportations (ou une extension des superficies cultivées serait nécessaire).
La plante et son environnement proche - Le deuxième projet repose sur la gestion de l’holobionte des plantes – c’est-à-dire la plante et son microbiome, soit l’ensemble des micro-organismes qui lui sont étroitement associés, en renforçant les interactions entre les deux. Et ce, du champ à l’assiette, en favorisant une transformation minimale : pas de conservateurs et de biocides. Si cette agriculture nécessite un niveau élevé de compétences (et les formations idoines) pour maîtriser les bioagresseurs et des pratiques culturales spécifiques (amendements organiques supposant le maintien d’une activité d’élevage, travail du sol, inoculation de micro-organismes, diversification des cultures…), elle permet (et nécessite) le maintien d’un tissu diversifié d’exploitations, qui mutualisent leurs équipements. Elle suppose également que les consommateurs européens aient adopté un régime alimentaire sain, plus équilibré et diversifié, évitant les aliments ultratransformés, consommant davantage de fruits et légumes, de légumineuses… Un changement facilité par des subventions sur les aliments sains et des taxes sur les aliments jugés néfastes pour la santé, ou encore l’ajout de cours de nutrition dans les programmes scolaires.
L’approche ’Une seule santé’ - Le troisième projet vise autant l’alimentation que la protection et l’augmentation de la biodiversité. Il repose sur la diversification et la relocalisation des cultures, la sélection des variétés, le développement d’habitats semi-naturels (au moins 20% de haies, bosquets, zones humides…), intégrant l’élevage extensif, dans une approche ’Une seule santé’. Les autorités territoriales doivent conduire des politiques pour réaménager les paysages, protéger les sols, l’eau et la biodiversité. La taille des parcelles est réduite et la production animale l’est très fortement également, les prairies devenant des zones arbustives ou des forêts. La commercialisation se fait en circuits courts. Les consommateurs ont plus encore que dans le précédent scénario complément modifié leur régime alimentaire, pour un régime sain ET respectueux de l’environnement. Ils consomment moins de calories – un régime plus frugal qui permet à l’Europe de devenir exportatrice nette de calories. Les aliments sont conservés avec un minimum de transformation. Le recours aux méthodes mécaniques ou biologiques ne se faisant qu’en dernier ressort, des compromis doivent être trouvés entre pertes de récolte et services écosystémiques. Les travaux spécifiques conduits à l’échelle locale du vignoble de Bergerac Duras font notamment ressortir que la mise en œuvre de cette nouvelle agriculture supposerait en amont ’la mise en place d’une gouvernance participative autour d’un contrat social de territoire’, intégrant viticulteurs, vignerons, coopératives, collectivité locales, associations de riverains.
Des traits communs
Ces trois trajectoires recèlent quelques traits communs. Aucun mode d’action ne permettant de remplacer à lui seul un pesticide chimique, toutes nécessitent de ’basculer d’une stratégie de lutte à une stratégie prophylactique des cultures’ – prévenir plutôt que guérir (comme le font certains pesticides) –, en mettant davantage l’accent sur les processus biologiques régulant les bioagresseurs à l’échelle des paysages, des peuplements et des sols. Ce qui nécessite a minima un fort investissement dans la connaissance.
Tous les scénarios affectent fortement l’ensemble de la filière alimentaire. De l’aval – le consommateur joue un rôle déterminant, qui doit modifier ses habitudes alimentaires (et, ce qui n’est pas évoqué par l’étude, sans doute aussi ses habitudes culinaires) – à l’amont, avec les structures d’exploitation (main-d’œuvre, capital, surfaces), en passant, entre autres, par la distribution et la logistique. Les habitants devraient également être davantage impliqués, leur mobilisation contre les pesticides étant un préalable. Tous trois supposent également une renégociation des accords commerciaux entre l’Union européenne et ses partenaires (clauses de réciprocité, forte taxation des produits importés pour lesquels des pesticides ont été employés…) et une remise à plat de la politique agricole commune (PAC), voire dans le dernier scénario son remplacement par une nouvelle politique rétribuant les services écosystémiques. Dans tous les cas, un ’changement de paradigme est nécessaire’, afin de passer ’d’une démarche incrémentale à une démarche disruptive’.
Moins de gaz à effet de serre
L’Inrae estime que les trois scénarios contribuent positivement à la diminution des émissions agricoles européennes de gaz à effet de serre et à l’augmentation du stockage de carbone. Ces diminutions étant principalement dues à la réduction des émissions liées à la production animale, elles sont les plus fortes dans le deuxième et surtout le troisième. L’Inrae estime de même que les trois modèles contribuent probablement à une amélioration de la biodiversité terrestre en Europe.
infograhieImage agrandie
© INRAE
Pour aller plus loin : Le résumé de l’étude prospective de l’Inrae (Lien sortant, nouvelle fenêtre)
Fichier:BANQUE TERRITOIRES LOGO ENDOS BM HORIZONTAL POS CMJN.png — Wikipédia
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