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"Les téléphones portables endommagent le cerveau" par le Dr Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mercredi 2 novembre 2011, par Ho Dr Mae-Wan

ISIS Santé Champs électromagnétiques
Les téléphones portables endommagent le cerveau
Mobile Phones Damage the Brain
Des expériences réalisées sur des rats en laboratoire montrent que les champs électromagnétiques des téléphones mobiles détruisent la barrière hémato-encéphalique et endommagent les neurones, même 50 jours après une seule exposition. Dr Mae-Wan Ho


Rapport de l’ISIS en date du 07/06/2011
L’article original en anglais s’intitule Mobile Phones Damage the Brain ; il est accessible sur le site http://www.i-sis.org.uk/Mobile_Phones_Damage_the_Brain.php
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http://www.i-sis.org.uk/rnbwwrm.php
The Rainbow And The Worm - The Physics of Organisms Third Edition Available Now. By Mae-Wan Ho, Director, Institute of Science in Society

Leif Salford de l’Université de Lund, en Suède, est à la tête d’une équipe interdisciplinaire de recherche qui a étudié les effets des champs électromagnétiques CEM sur le cerveau de rats depuis 1988, avec un intérêt majeur pour ce qui se passe au niveau de labarrière hémato-encéphalique (BHE). Chez les mammifères, y compris chez les êtres humains, cette barrière hémato-encéphalique protège le cerveau des composés potentiellement dangereux qui circulent dans le sang : il passe donc normalement très peu de sang vers le cerveau.

Leurs études ont révélé que les champs électromagnétiques émis par les téléphones portables ou mobiles, à de très niveaux faibles de rayonnements avec des effets non thermiques, conduisent à une augmentation des taux de perméabilité de la barrière hémato-encéphalique aussi bien immédiatement après 2 heures d’exposition, qu’également 7, 14 et 50 jours après une exposition.

Par ailleurs, des effets néfastes sur les neurones ont été trouvés, même à 28 et 50 jours après une seule et unique exposition [1]. La barrière hémato-encéphalique humaine est très similaire à celle des rats.

Nous avons décrit ces études en 2004 [2] ( Mobile Phones & Brain Damage , SiS 24), et ceci est une mise à jour, plus approfondie de ce rapport.

Les champs électromagnétiques CEM des téléphones portables sont jusqu’à 1018 fois supérieurs aux bruits de fond naturels

La densité de puissance de fond des microondes dans l’espace est d’environ 0,4 mW / m2. Sur terre, les émissions de fond naturelles sont beaucoup plus faibles et estimées à 10-15 à 10-8 mW / m2. Les émissions artificielles de microondes n’ont pas été produites jusqu’en 1886, jusqu’à ce que le physicien allemand Heinrich Hertz ait pû réaliser la première diffusion et réception des ondes radio.

Depuis lors, les émissions des microondes ont été les porteurs de données de transmissions entre les stations télégraphiques sur terre et entre la terre et les satellites. Dans les années 1950, les ondes radio haute fréquence (radiofréquences) ont été utilisées pour la radio en modulation de fréquence FM et pour la télévision.

Plus tard, les émissions des microondes furent en augmentation du fait de l’utilisation de nombreux téléphones mobiles, et une population beaucoup plus importante s’est trouvée exposée de façon passive aux émissions des microones provenant des téléphones mobiles et des stations de base émettrices qui sont réparties un peu partout.

En conséquence, le fond des émissions de microondes produites artificiellement dans notre environnement est d’environ 1011 à 1018 fois plus élevé que les émissions de microondes naturellles de fond dans l’espace.

La barrière hémato-encéphalique empêche les composés nocifs d’atteindre le cerveau

La barrière hémato-encéphalique BHE a été découverte par le bactériologiste allemand Paul Ehrlich et son élève Edwin Goldman. Ils ont constaté que lorsque des colorants ont été injectés dans le sang, les tissus du cerveau n’ont pas été souillés, et ils ne se tachent que lorsque le bleu trypan a été injecté directement dans les ventricules du cerveau. La présence d’une barrière entre le sang et le cerveau, au niveau des micro-vaisseaux sanguins du cerveau semblait être une explication logique.

En fait, une barrière hémato-encéphalique existe non seulement chez les mammifères, mais également chez tous les vertébrés et les invertébrés, y compris chez de nombreux insectes, crustacés, mollusques céphalopodes comme la seiche, ainsi que chez les escargots terrestres.

La barrière hémato-encéphalique est constituée de cellules endothéliales qui tapissent l’intérieur des capillaires (vaisseaux sanguins fins du cerveau), qui sont scellés avec des jonctions serrées composées de protéines d’occlusion, les claudines et des ‘zonula occludens’ (voir fig. 1). Il n’existe aucune lacune entre les cellules endothéliales.

Figure 1 Anatomie de la barrière hémato-encéphalique

En dehors du vaisseau sanguin, 25 pour cent de la surface est couverte de péricytes, une sorte de globules capables de phagocytose (engloutissant les bactéries et les virus), et qui contribuent de manière significative à la réponse immunitaire du système nerveux central, ainsi que pour maintenir la stabilité des vaisseaux sanguins.

Il existe une membrane basale bicouche, entourant les cellules endothéliales et les péricytes qui supporte la surface extérieure de l’endothélium et qui peut également agir comme une barrière vis-à-vis des macromolécules.
La surface externe de la membrane basale est entourée par les cellules du cerveau appelées astrocytes protoplasmiques, qui sont soupçonnées d’être impliquées dans la régulation et la réparation de la barrière hémato-encéphalique.

Leurs saillies, appelées ‘fin de pied’, couvrent la membrane basale et forment une deuxième barrière pour les molécules hydrophiles, mais aussi pour connecter l’endothélium vers les neurones. La barrière hémato-encéphalique n’est pas seulement une barrière physique, mais elle est aussi une barrière enzymatique qui a la capacité spéciale de mettre en solutions les métabolites, tels que les médicaments et les nutriments.

Chez les humains, les astrocytes protoplasmiques sont 27 fois plus volumineux que ceux des rats, et beaucoup plus élaborés. Ils résident à proximité des vaisseaux sanguins, et leurs ‘fin de pied’ entourent complètement les vaisseaux, tandis que ceux des rats forment des rosaces autour des vaisseaux.
La barrière hémato-encéphalique permet la diffusion de l’eau, de la plupart des molécules solubles dans les lipides, de l’oxygène et du dioxyde de carbone CO2 à partir du sang vers les cellules nerveuses ; elle est aussi légèrement plus perméable aux ions tels que Na+, K+, Cl-. Toutefois, les protéines et les composés les plus hydrosolubles sont exclus.

Au cours de certains états pathologiques, tels que la formation des tumeurs, l’infarctus, les infections, les traumatismes, les crises d’épilepsie ou l’hypertension sévère, la perméabilité sélective de la barrière hémato-encéphalique est compromise. Le résultat peut être un œdème cérébral (de l’eau dans le cerveau), l’augmentation de la pression intracrânienne et des lésions cérébrales irréversibles. En outre, les substances toxiques du sang peuvent alors pénétrer dans les neurones du cerveau.

L’exposition aux champs électromagnétiques CEM et la barrière hémato-encéphalique BHE

Des expériences menées dès les années 1970 ont démontré une augmentation des fuites de colorant fluorescéine dans le cerveau après 30 minutes d’exposition à des ondes pulsées et continues de 1.200 MHz. Cependant, ces résultats ne pouvaient pas être reproduits dans tous les laboratoires et un débat avait éclaté pour savoir si l’effet était dû au chauffage des tissus par les micro-ondes.

Le groupe de Salford a commencé à travailler sur le cerveau des rats en 1988, et il a trouvé une perméabilité accrue de la barrière hémato-encéphalique à l’albumine, qui est un constituant naturel du sang, sans qu’il soit nécessaire d’injecter une substance étrangère. Ils ont commencé leurs expériences avec une modulation de fréquence de 16 Hz et ses harmoniques de 4, 8, 16 et aussi 50 Hz, ce qui était censé être pertinent, car c’est la fréquence de ligne standard du système électrique européen, avec une onde porteuse de 915 MHz. Initialement, une modulation de 217 Hz avait été ajoutée, car cela était la fréquence du GSM (Global System for Mobile Communication) prévue à l’époque.

Les premiers travaux, publiés dans les années 1990 ont conclu qu’il y avait une différence significative, entre les groupes d’individus exposés et les témoins non exposés, pour les pertes d’albumine relarguée à partir des capillaires du cerveau vers le tissu cérébral.

La fenêtre d’amplitude pour les effets sur la barrière hémato-encéphalique

Après une ré-analyse des données, ils ont constaté que pour l’expérience avec une modulation de 217 Hz, et à des valeurs de DAS (débit d’absorption spécifique ou SAR en anglais) de 0,2 à 4 mW / kg, les 48 rats exposés avaient une augmentation significative de la perte d’albumine (avec une probabilité inférieure à 0,001) comparativement aux 48 autres rats témoins. Mais pour des valeurs du débit d’absorption spécifique DAS de 25 - 50 mW / kg, il n’y avait aucune différence significative entre les 22 rats exposés par rapport aux témoins appariés, non exposés. Ainsi, il y avait une remarquable fenêtre d’amplitude, telle qu’un effet plus prononcé a été démontré à des niveaux non thermiques, en-dessous de 10 mW / kg.

Une valeur DAS/SAR de l’ordre de 1 mW / kg existe à une distance de plus d’un mètre d’une antenne de téléphonie mobile, et à une distance d’environ 150-200 m d’une station de base.

L’effet d’une simple et unique exposition est durable

Dans les expériences précoces, les effets sur la barrière hémato-encéphalique ont été étudiés immédiatement après l’exposition de l’animal entier. Plus tard, l’équipe de Salford a effectué une série d’expériences dans lesquelles les animaux avaient été autorisés à survivre pendant 7 jours, 14 jours, 28 jours ou 50 jours après une seule exposition de 2 heures à un rayonnement à partir d’un téléphone mobile GSM (915 MHz, 217 Hz de modulation). La puissance de crête à partir du téléphone mobile GSM introduite dans les chambres d’exposition contenant les animaux, ont été de 1, 10, 100 et 1.000 mW, ce qui entraîne en moyenne sur tout le corps un débit d’absorption spécifique DAS/SAR de 0,12, 1,2, 12 et 120 mW / kg pour les quatre différents groupes d’animaux exposés.
Des fuites d’albumine a été détectées chez les rats qui avaient survécu pendant 7 et 14 jours après l’exposition, mais pas pour ceux qui avaient survécu pendant 28 jours. Cependant, après 50 jours, la fuite d’albumine avait à nouveau augmenté de manière significative.

L’albumine déversée dans le cerveau se propage aussi dans le tissu cérébral environnant, et une augmentation significative de l’absorption d’albumine dans le cytoplasme des neurones, était observée chez les animaux exposés au GSM et survivants pendant 7 et 14 jours après l’exposition, mais pas dans ceux qui avaient survécu pendant 28 ou 50 jour (voir Fig. 2).

Figure 2. Pertes d’albumine et dommages neuronaux, après une exposition aux champs électromagnétiques CEM

Il a été suggéré que l’albumine est la neurotoxine la plus probable dans le sérum. L’injection d’albumine dans le cerveau des rats a donné lieu à des lésions neuronales et à la mort des neurones. Elle a également causé une fuite de l’albumine provenant du rat lui-même, dans et autour de la zone des dommages neuronaux.

Salford pense que la fuite initiale d’albumine dans le tissu cérébral, bien que non suffisante pour endommager les neurones, a peut-être commencé un cycle vicieux de fuites supplémentaires qui ont conduit par la suite à des neurones endommagés. Les neurones endommagés ou neurones sombres ont des contours cellulaires irréguliers, une augmentation de la densité de la chromatine dans le noyau et dans le cytoplasme, ainsi qu’un noyau intensément coloré et de manière homogène.

Dans une récente étude à long terme, les rats ont été exposés à des rayonnements GSM pendant 2 heures par semaine, sur une période de 55 semaines, à raison de 0.5 mW/kg et 60 mW / kg. Après cette exposition prolongée, le comportement des rats et leur mémoire ont été testés.
Le comportement des animaux n’a pas été affecté, mais les rats exposés aux rayonnnements GSM avaient une mémoire épisodique compromise de manière significative, par rapport à la mémoire chez les rats témoins. Cependant, aucune différence histologique significative ne pouvait être trouvée entre les groupes exposés et les témoins non exposés, pour les fuites d’albumine ou pour les dommages neuronaux. Les chercheurs ont suggéré que pendant la longue période d’exposition, certains processus d’adaptation auraient pu se produire pour empêcher la fuite d’albumine et les lésions neuronales, mais cela ne compense pas la déficience cognitive.

Une approche distincte du groupe de Salford réside dans l’utilisation d’une intensité extrêmement faible et des niveaux non thermiques de l’exposition, alors que la plupart des autres laboratoires, qui ont échoué à trouver des effets significatifs, ont utilisé des niveaux d’exposition de 10 ou 100 fois plus élevés (quoique toujours non-thermiques).

Ce n’est pas sans rappeler la fenêtre d’amplitude observée dans toute une gamme d’effets de résonance d’ions en cyclotron de champs magnétiques combinés, statiques et alternatifs, qui ne se produisent seulement qu’à des valeurs de champ extrêmement faibles (voir [2] Non-thermal EMF effects, quantum coherent water & homeopathy , SiS 51) * Cela ne peut être expliqué qu’en termes de cohérence électrodynamique quantique de l’eau.

* Version en français intitulée ‘Les effets non thermiques des champs électromagnétiques, l’eau cohérente quantique et l’homéopathie’. En cours de parution.

La pertinence de l’utilisation du téléphone portable par les êtres humains

La valeur du débit d’absorption spécifique DAS (ou SAR) de l’ordre de 1 mW / kg existe à partir d’une distance de plus d’un mètre de l’antenne du téléphone mobile, et à environ 150-200 m d’une station de base.
Lorsque le téléphone mobile est maintenu à côté de l’oreille, une valeur du débit d’absorption spécifique DAS d’environ 1 mW / kg existe dans la partie la plus centrale du cerveau, et quand on utilise un kit mains-libres et quand le téléphone est par exemple dans une poche, il y aura toujours des micro-ondes capables d’atteindre le cerveau, bien que la valeur d’environ 1 mW / kg se trouvera dans les régions les plus superficielles du cerveau.

Dans de nombreux documents de normalisation et de sécurité, la valeur DAS/SAR limite est fixée à 4W/kg pour une localisation dans des membres, et à 2W/kg pour un débit DAS localisé dans la tête et le tronc. Les raisons de choisir cette valeur reposent sur une série d’études réalisées dans les années 1970 et 1980, qui avaient testé le comportement de rats, de singes, d’écureuils et de singes rhésus, après une exposition aux microondes.

Il avait été constaté que des augmentations de la température corporelle d’un degré Celsius de plus que la température de base du corps, avait entraîné des changements de comportement. Notamment, un débit DAS/SAR de près de 4 W / kg était nécessaire pour produire ce changement d’un dégré Celsius1 de la température du corps. Ces limites de sécurité sont clairement et manifestement insuffisantes pour tous les effets non thermiques décrits.

Il n’y a aucun doute pour Salford sur le fait que [1] « les champs électromagnétiques non thermiques émis à partir des téléphones mobiles et des stations de base des systèmes de télécommunications ont des effets sur le cerveau humain ».

Références
1. Salford LG, Nittby H, Brun A, Eberhardt J Malmgren L and Persson BRR. Effects of microwave radiation upon the mammalian blood-brain barrier. In Giuliani L and Soffritti M. eds. Non-thermal Effects and Mechanisms of Interaction between electromagnetic Fields and Living Matter, an ICEMS Monograph, Ramazzini Institute, European Journal of Oncology Library vol.5, pp. 333-55, Bologna, Italy, 2010.
2. Ho MW. Mobile phones & brain damage. Science in Society 24, 50-51, 2004.
3. Ho MW. Non-thermal EMF effects, quantum coherent water & homeopathy. Science in Society 51 (to appear).

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Définitions et compléments

Les téléphones portables endommagent le cerveau

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
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