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"Jacques Attali alerte encore et prévient que « le temps nous est compté » ... selon lui, une nouvelle et « immense crise financière » menace, alors que beaucoup de contemporains continuent de se réfugier dans le déni" par Jacques Hallard

jeudi 18 mai 2023, par Hallard Jacques

ISIAS Psychologie sociale Prospective

Jacques Attali alerte encore et prévient que « le temps nous est compté » ... selon lui, une nouvelle et « immense crise financière » menace, alors que beaucoup de contemporains continuent de se réfugier dans le déni

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 17/05/2023

Plan du document : Préambule Introduction Sommaire Auteur



Préambule

A propos de déni - « Nier la réalité est la meilleure façon de laisser advenir le pire. Rien n’est plus urgent que de regarder les enjeux en face. Et d’agir ». Jacques Attali

« Le déni est l’attitude de refus de prendre en compte une partie de la réalité, vécue comme inacceptable par l’individu. En psychanalyse, c’est un mécanisme de défense, par lequel le sujet refuse de reconnaître la réalité d’une perception ressentie comme menaçante et/ou traumatisante… » Wikipédia

À propos de Jacques Attali : né le 1ᵉʳ novembre 1943 à Alger, il est un écrivain, chef d’entreprise, économiste et haut fonctionnaire français. Polytechnicien et énarque, il est conseiller d’État et enseignant. Pendant une période de dix ans, entre 1981 et 1991, il est le conseiller spécial du Président français François Mitterrand. Wikipédia – « Docteur d’Etat en Sciences Economiques, diplômé de l’Ecole polytechnique (major de promotion), de l’Ecole des Mines, de Sciences Po et de l’ENA, professeur, ancien conseiller d’Etat auprès de François Mitterrand et homme de lettres… »

La psychologie sociale est la branche de la psychologie expérimentale qui étudie de façon empirique comment « les pensées, les émotions et les comportements des individus sont influencés par la présence réelle, imaginaire ou implicite d’autres personnes ». Wikipédia

La prospective, considérée comme une science de « l’homme à venir » par son créateur Gaston Berger1, vise, par une approche rationnelle et holistique, à préparer le futur de l’être humain. Elle ne consiste pas à prévoir l’avenir (ce qui relevait de la divination et relève aujourd’hui de la futurologie2) mais à élaborer des scénarios possibles et impossibles dans leurs perceptions du moment sur la base de l’analyse des données disponibles (états des lieux[[C’est-à-dire ?]->https://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:Pr%C3%A9ciser_un_fait], tendances lourdes, phénomènes d’émergences) et de la compréhension et prise en compte des processus socio-psychologiques. Car comme le rappelle Michel Godet : « si l’histoire ne se répète pas, les comportements humains se reproduisent », la prospective doit donc aussi s’appuyer sur des intuitions liées aux signaux faibles, des analyses rétrospectives et la mémoire du passé humain et écologique (y compris et par exemple concernant les impacts environnementaux et humains des modifications géo-climatiques passées)2. La prospective est aujourd’hui éloignée de celle de Gaston Berger à son époque. Son approche philosophique laissait une plus grande place aux visions qui s’appuyaient sur l’imagination et avaient pour but de rassembler les citoyens autour d’un projet commun après la guerre.

Le prospectiviste se distingue ainsi du prolongateur de tendances comme du visionnaire qui élabore des scénarios à partir de révélations. Sa fonction première aujourd’hui est de synthétiser les risques et d’offrir des visions (scénarios) temporelles en tant qu’aide à la décision stratégique, qui engage un individu ou un groupe et affecte des ressources (naturelles ou non) plus ou moins renouvelables ou coûteuses sur une longue durée. Elle acquiert ainsi après avoir pris les risques nécessaires à une double fonction de réduction des incertitudes (et donc éventuellement de certaines angoisses) face à l’avenir, et de priorisation ou légitimation des actions. Selon Antoine Bueno, le prospectiviste s’assigne donc une double mission : élaborer des scénarios destinés à coller au plus près au réel et, au contraire, mettre en garde contre certaines évolutions à éviter. En ce dernier sens, le prospectiviste a un rôle de lanceur d’alerte et une bonne prédiction est aussi bien une prédiction qui se réalise qu’une prédiction suffisamment entendue pour justement ne pas advenir.

La prospective est une démarche continue, car pour être efficace, elle doit être itérative et se fonder sur des successions d’ajustements et de corrections (boucles de rétroaction) dans le temps, notamment parce que la prise en compte de la prospective par les décideurs et différents acteurs de la société modifie elle-même sans cesse le futur (la prospective ne modifie pas le futur, elle se base sur le passé et le présent pour entrevoir le futur ; la prospective se nourrit d’elle-même et n’a aucune accroche de coïncidence avec des scénarios préétablis des acteurs politiques, elle n’est la propriété de personne, par contre la collecte, l’analyse et l’interprétation des données la font naître) qui est tout sauf prévisible. Elle s’appuie sur des horizons ou dates-butoir (ex : 2030, 20403, 2050, 2100) qui sont aussi parfois des échéances légales, et qui permettent à différents acteurs de faire coïncider leurs scénarios ou calculs de tendance…

Lire l’article en totalité sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Prospective

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Introduction

Ce dossier est concocté à la suite de récentes contributions de Jacques Attali avec, à l’occasion, l’approfondissement des notions de déni et de consentement

Tout d’abord l’entretien avec Jacques Attali à propos de son dernier livre « Plaidoyer pour une autre croissance », avec l’enregistrement de 42 minutes provenant du podcast d’une émission ‘Les Matins’ de France Culture « L’esprit d’ouverture »

Puis est rapporée la crainte de Jacques Attali d’une « immense crise financière qui menace » ; suit un autre entretien avec Jacques Attali à propos d’une possible « Crise bancaire : la panique et la contagion ? » - cf. #cdanslair [[C dans l’air - Replay et vidéos en streaming] ->https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjd6Pf-3fv-AhUnVqQEHQ0IDgEQFnoECB8QAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.france.tv%2Ffrance-5%2Fc-dans-l-air%2F&usg=AOvVaw0So0YMiguorl-z9uWlWO7x]…

Un autre thème provient du Blog de Jacques Attali : il traite des « Dénis de réalité » - Dans ce prolongement, sont intercalés :

* Un Mémoire sur le déni en psychiatrie

* Un article scientifique sur « Déni, négation et dénégation : aspects psychopathologiques et cas cliniques »…

* Un long document intitulé « Consentir : domination, consentement et déni » sont les auteurs sont : Florent Coste, Paul Costey et Lucie Tangy (Revue de Sciences humaines - 2008)

La suite est une reprise de l’épisode 1/4 d’une autre série de France Culture intitulée « Peut-on faire sans la décroissance ? », d’une part, et une présentation d’un des nombreux autres livres de Jacques Attali : « Histoires de l’alimentation - De quoi manger est-il le nom ? », d’autre part… - Tous les détails sur ce site : https://www.fnac.com/Jacques-Attali/ia2758

Ce dossier propose finalement un extrait d’un article que Wikipédia consacre à Jacques Attali

Nous avons ajouté in fine un Appel à pétition par Avaaz / Climat – Energies, pour demander à Philippe Brassac, Directeur général du Crédit Agricole, de ne plus financer de nouveaux projets de pétrole et de gaz….

Les documents choisis pour réaliser ce dossier sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

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Sommaire

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  • Entretien avec Jacques Attali : plaidoyer pour une autre croissance - Lundi 15 mai 2023 – Enregistrement de 42 minutes - Provenant du podcast d’une émission ‘Les Matins’ de France Culture « L’esprit d’ouverture »

    Jacques Attali ©AFPJacques Attali ©AFP

Les Matins

Dans son nouvel ouvrage, « Le monde, modes d’emploi : comprendre, prévoir, agir et protéger », Jacques Attali tente de faire la synthèse de l’histoire économique et politique du monde. Il lance surtout l’alerte : s’il se refuse à être pessimiste, il prévient que « le temps nous est compté » ...

Avec Jacques Attali économiste et écrivain

Guillaume Erner reçoit ce matin Jacques Attali, essayiste et auteur de « Le monde, modes d’emploi : comprendre, prévoir, agir et protéger », publié aux éditions Flammarion le 10 mai dernier.

Info Sciences et Savoirs Sciences économiques

L’équipe - Guillaume Erner Production - Vivien Demeyère Réalisation - Lucas Bretonnier Production déléguée - Roxane Poulain – Collaboration - Audrey Dugast – Collaboration -Emma Lichtenstein Collaboration - Joséphine Reinartz Collaboration

Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/jacques-attali-plaidoyer-pour-une-autre-croissance-4508751

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  • Une immense crise financière menace selon Jacques Attali - 12 avril 2023 – Blog de Jacques Attali Finance
    Une immense crise financière menace. A moins d’agir vite, elle frappera, probablement au cours de l’été 2023. Et si, par procrastination générale, elle est reportée, elle n’en sera, plus tard, que plus sévère. Nous avons encore tout pour la dominer vraiment, à condition de comprendre que c’est tout notre modèle de développement qui est en cause.

La situation mondiale ne tient aujourd’hui que par la force du dollar, lui-même légitimé par la puissance économique, militaire et politique des Etats-Unis, qui restent le premier refuge des capitaux du monde. Or ils sont aujourd’hui menacés par une très grave crise budgétaire, financière, climatique et politique :

La dette publique américaine atteint 120% du PIB, sans tenir compte des garanties données par l’administration fédérale aux divers systèmes de retraites des agents fédéraux ni du financement nécessaire des futures catastrophes climatiques. Or, depuis la mi-janvier 2023 le Trésor américain a atteint la limite de ce qu’il a le droit d’emprunter ($31.4Tr) ; les salaires des fonctionnaires et de l’armée ne sont plus payés que par des expédients (que la Secrétaire au Trésor dit ne pas pouvoir prolonger au-delà de début juillet 2023).

Les Républicains, qui contrôlent la Chambre des représentants, se préparent à proposer ce que la Maison Blanche dénonce déjà comme des « coupes dévastatrices qui affaibliraient la sécurité nationale tout en accablant les familles de travailleurs et de la classe moyenne ». Et le projet des Démocrates, qui vise à une réduction du déficit en 10 ans, par une hausse massive des impôts des plus riches, n’a pas plus de chance d’être adopté par le Congrès. Les Américains pourraient une fois de plus s’en tirer par une nouvelle hausse du plafond de la dette, dont personne ne veut. Et qui ne résoudrait rien.

La dette privée n’est pas dans un meilleur état : elle atteint 16 900 milliards de dollars soit 2 750 milliards de plus qu’avant la crise du Covid-19 ; soit 58 000 dollars par adulte américain ; ou encore 89% du revenu disponible des ménages américains. Une bonne partie ne finance que des dépenses de consommation et l’achat de logements ; en particulier, la dette immobilière atteint 44% du revenu disponible des ménages américains, soit le plus haut niveau historique, supérieur à celui de 2007, quand elle a déclenché la crise précédente.

Et les Américains les plus pauvres continuent d’emprunter, avec la garantie de la ‘Federal Housing Administration,’ pour acheter des logements avec un apport personnel limité à 5% mais des mensualités pouvant aller jusqu’à 50% de leurs revenus ! Système intenable. 13% de ces emprunts sont déjà en défaut et ce ratio augmente tous les jours ; de plus, la remontée des taux va augmenter la pression sur ces emprunteurs pauvres, trompés par les préteurs. A cela s’ajoute encore l’endettement des promoteurs immobiliers, qui atteint, lui aussi, des niveaux inédits ; 1 500 milliards d’emprunts d’immobilier commercial doivent être remboursés ou refinancés avant la fin de 2025, à des taux très supérieurs aux taux des emprunts en cours. Tout cela avec des banques très fragilisées par ce qui s’est passé récemment et qui ne pourront pas participer à ces refinancements.

A cela s’ajoute un climat révolutionnaire, où plus personne n’exclut une crise constitutionnelle, pouvant même conduire, selon certains, à la sécession de certains Etats.

Le reste du monde souffrirait terriblement d’une telle crise ; l’Europe, elle-même terriblement endettée, plongerait dans une récession, perdant des marchés d’exportation sans que sa demande intérieure ne puisse prendre le relais. De même pour la Chine. Seule la Russie, qui n’a plus rien à perdre, aurait à y gagner ; et elle va sans doute y contribuer par des cyberattaques, comme elle l’a sans doute fait il y a un mois quand les banques californiennes ont été attaquées.

On ne peut pas penser que la croissance actuelle suffira à avaler cette dette, comme ce fut le cas en 1950 : le rapport du FMI, pour son Assemblée annuelle de cette semaine, est sur ce point lucide, même s’il est incroyablement discret sur les risques financiers systémiques qui rongent l’économie de son principal actionnaire, américain.

Quelques trop rares experts murmurent maintenant qu’une grande crise financière se déclenchera, comme beaucoup d’autres avant elle, dans la deuxième quinzaine d’un mois d’août : comme en 1857, en 1971, en 1982 et en 1993. Mais de quelle année ? Peut-être août 2023.

Comment l’éviter ?

Il y a à cela quatre solutions : des économies radicales, dans le même mode de développement, (qui ne feront que créer de la misère et de la violence) ; une relance budgétaire et monétaire (qui ne fera que reporter l’échéance) ; la guerre (qui conduira au pire, avant peut-être d’ouvrir des opportunités pour les très rares survivants). Et enfin une réorientation radicale de l’économie mondiale vers un mode de développement nouveau, avec un tout autre rapport à la propriété des biens de consommation et du logement, réduisant à la fois l’endettement et l’empreinte climatique.

Naturellement, rien n’est préparé pour le mettre en œuvre ; et, si on le fait peut-être un jour, ce ne sera vraisemblablement pas à la place de la catastrophe, encore parfaitement évitable, mais après qu’elle aura eu lieu.

j@attali.com

Source : https://www.attali.com/finance/crise/

Jacques Attali

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  • Entretien avec Jacques Attali - Crise bancaire : la panique et la contagion ? - #cdanslair l’invité 16.03.2023 - Enregistrement de - Dans l cadre de l’émission de France Culture C dans l’air - 16 mars 2023
    Jacques Attali, écrivain et économiste, est, ce soir, l’invité de Caroline Roux.

Après la faillite de la Silicon Valley Bank, la deuxième banque suisse Crédit Suisse se trouve à son tour dans la tourmente. Sa valeur en bourse est tombée à son plus bas historique puisque le cours de son action a perdu 30%. La chute vertigineuse de cette banque a aussi fait chuter les valeurs bancaires, l’obligeant a annoncer en pleine nuit en Europe qu’elle allait faire appel à la banque centrale suisse pour emprunter jusqu’à 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros) afin de “renforcer de manière préventive” ses liquidités. Parallèlement, Crédit Suisse va procéder à une série d’opérations de rachat de dette pour environ 3 milliards de francs suisses. Le Crédit Suisse fait partie de 30 banques au monde ’que l’on ne peut pas laisser faire faillite’, analysent des experts du marché bancaire international. Pourtant, son principal actionnaire, la banque nationale saoudienne (qui détient 9,8 % du capital) “ne compte absolument pas injecter davantage d’argent”.

La Saudi National Bank avait volé au secours du Crédit Suisse en novembre 2022, mais a priori pas cette fois-ci. Et côté européen, la solidarité n’est pas plus grande. “Ce sujet est du ressort des autorités suisses. Il doit être réglé par elles”, a affirmé devant le Sénat la Première ministre française, Élisabeth Borne, précisant que le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire aurait un contact avec son homologue suisse. Selon les experts, la chute de cette banque serait essentiellement due à la “nervosité des investisseurs de la banque”, à la suite de la faillite de la banque américaine SVB, constatée en début de cette semaine. Jacques Attali, écrivain et économiste, reviendra notamment sur la fébrilité des marchés financiers et la possibilité d’une contagion aux banques français.

Retrouvez-nous sur : | Notre site : http://www.france5.fr/emissions/c-dan... | Facebook : https://www.facebook.com/Cdanslairf5/ | Twitter : https://twitter.com/CdanslairF5 Pas un événement important qui ne soit évoqué, expliqué et analysé dans C dans l’air. Tout au long de la semaine, les deux journalistes donnent les clés pour comprendre dans sa globalité un événement ou un sujet de première importance, en permettant aux téléspectateurs d’intervenir dans le débat ou de poser des questions par SMS ou Internet. Caroline Roux est aux commandes de l’émission du lundi au jeudi et Axel de Tarlé prend le relais le vendredi et le samedi. Diffusion : tous les jours de la semaine à 17 h 30 Rediffusion : tous les jours de la semaine à 22 h 30 Format : 65 minutes Présentation : Caroline Roux et Axel de Tarlé Production : France Télévisions/Maximal Productions

Source : https://www.youtube.com/watch?v=XdXuFFXAGlA

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  • Dénis de réalité - 22 mars 2023 – Blog de Jacques Attali - Société
    En France, le déni de réalité semble être le seul point commun de tous les acteurs de la vie publique : le président (qui a raison de dire que c’est son rôle de proposer des mesures impopulaires) refuse de voir que pour les retraites, d’autres solutions que la sienne étaient possibles et que les institutions ne suffiront pas durablement à légitimer ses décisions solitaires ; les oppositions parlementaires refusent de voir qu’elles ne constituent pas une majorité politique, puisqu’elles seraient incapables de gouverner ensemble et qu’elles n’ont en commun, pour un trop grand nombre d’entre elles, de gauche comme de droite, que la haine de l’argent, la méfiance devant la réussite, et le mépris pour l’excellence.

Cela conduit le pays, dans son ensemble, à refuser de prendre acte de l’amélioration de sa situation économique (le taux de chômage y est au plus bas, au point que ce seront bientôt les salariés qui feront la loi et exigeront des emplois ayant du sens et des salaires très supérieurs) ; cela conduit aussi, par contre, le pays à refuser d’attacher de l’importance à sa situation budgétaire désastreuse (une dette publique au niveau jamais atteint de 115% du PIB) ; à ses retraites mal financées, à une industrie déclinante (elle ne représente plus qu’une part de son PIB inférieure à celle de l’Espagne, ou de l’Italie) ; à une situation financière plus catastrophique que jamais, (avec des déficits de son commerce extérieur et de ses paiements devenus structurels) ; au point que, sans la protection de l’euro, la France serait aujourd’hui dans la situation de l’Argentine, comme on le verra peut-être bientôt par la dégradation de sa notation.

L’Europe est aussi en plein déni de réalité, devant la prise de contrôle militaire des Etats-Unis sur l’Allemagne (qui leur achète toutes ses armes, en refusant toute avancée sérieuse vers la constitution d’une Europe de la défense), et sur l’Europe de l’Est (qui accueille des troupes américaines sur son sol, sans même respecter le formalisme qu’exigeraient les traités existants) et devant la prise de contrôle économique de la Chine, dont les produits bon marché s’imposent de plus en plus à des consommateurs européens soucieux avant tout de leur pouvoir d’achat.

Le monde démocratique est, lui aussi, en plein déni face à la montée des dictatures et à leurs alliances triomphalistes, (dont la récente visite de Xi à Poutine a donné au monde une image somptueuse, qui va marquer durablement les esprits un peu partout dans le monde émergent) et aux tentations autoritaires en son propre sein ; pas seulement en Hongrie, mais aussi en Pologne, en Italie et aux Etats-Unis.

Enfin, la planète tout entière est dans le déni face aux dangers écologiques : presque personne ne veut écouter quand le GIEC dit, une fois de plus, que, pour éviter une hausse de 1,5°C, il faudrait réduire de moitié en sept ans les émissions de gaz a effet de serre de la planète, ce qui est évidemment absolument impossible ; ce qui signifie que nous sommes plutôt sur une tendance conduisant à une augmentation de 4 degrés dans quelques décennies ; ce qui implique qu’au moins la moitié de la planète serait invivable, alors qu’elle sera plus peuplée que jamais. Et pas seulement la moitié de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique. Mais aussi la moitié des Etats-Unis et de l’Europe.

Ces dénis de réalité s’expliquent assez facilement, tous, par les mêmes raisons : beaucoup trop de gens préfèrent une explication du monde n’exigeant pas de faire des efforts ; ou au moins conduisant à penser qu’il ne sert à rien d’en faire, parce qu’on ne peut avoir aucun impact sur son avenir. Ainsi, les Français pensent-ils ne rien pouvoir faire pour réduire leur dette extérieure, les Européens se résignent-ils à être soumis militairement aux Américains et économiquement aux Chinois ; et les humains pensent-ils que la maitrise du climat n’est pas à leur portée.

Alors, on confie aux puissants du moment le soin de gérer cette réalité qu’on ne veut pas voir, ce qu’ils font avec plaisir, dans leur intérêt immédiat, sans se préoccuper des générations futures, de peur de se faire accuser par leurs peuples de leur demander des efforts.

En agissant ainsi, la dette française augmentera, l’Europe se défera, les droits de l’homme reculeront, le climat de la planète se dégradera. Jusqu’à ce que la hausse des taux d’intérêt rende la France insolvable, que l’euro soit mis en cause, que la démocratie laisse la place à une dictature aux Etats-Unis ou dans un grand pays d’Europe, et que des centaines de millions de gens migrent pour fuir les dérèglements climatiques.

Nier la réalité est la meilleure façon de laisser advenir le pire. Rien n’est plus urgent que de regarder les enjeux en face. Et d’agir.

j@attali.com

Jacques Attali

Source : https://www.attali.com/societe/denis/

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Résumé

Le déni est un phénomène de refus de prendre en compte une part de réalité externe inacceptable, c’est-à-dire, non métabolisable sur le plan psychique. Ce terme initialement apparu au XIIIe siècle, au sens général de refuser quelque chose à quelqu’un, est utilisé en droit dès le XIVe siècle. La langue moderne a gardé le terme avec des emplois restreints, et surtout en termes de jurisprudence. En psychiatrie, il représente une modalité défensive permettant parfois la coexistence de représentations isolées. La clinique nous confronte régulièrement à différentes formes de déni, relevant d’élaborations psychopathologiques multiples. Lorsque le déni n’est pas structurel, comme dans le cas de la perversion mais conjoncturel, il apparaît réversible et accessible aux soins. Après avoir tenté de définir le déni, nous décrivons plusieurs situations cliniques marquées par de multiples formes de déni, et les possibilités thérapeutiques de travailler avec ce déni ou autour du déni.

Abstract

In case of disease and trauma some patients draw back upon denial to endure a reality that is unacceptable, i.e. that cannot be assimilated in the psychic sphere. The denial is a phenomenon of the patient refusing to recognise parts of reality. But what is denial ? A symptom ? A defensive psychotic mechanism ? In clinical cases we are regularly confronted with different forms of “denial”, emanating from multiple psychopathologic elaborations. What psychiatric situations lead us to talk about “denial” ? Is it always the same regardless of the circumstances of the situation ? After defining denial, we have tried to approach its function in different cases of schizophrenia, personality disorder, pregnancy and somatic diseases with the help of clinical cases. According to E. Lancon, the verb “denier” appears in the French language about 1160 in the form of “denier” derived from the latin “denegare”. In modern French, “denier” expresses the fact : i) of refusing to admit or to recognise a fact or an assertion as true or as one’s own, or, expressed differently to refuse to recognise the relation with someone else ; ii) of refusing to give somebody an IOU. Appearing in the 13th century with the general meaning of “an action to refuse something to somebody”, the obligatory). After the 17th century, it means to deny a fact. In modern language, it is used in a more restricted sense and mainly in legal expressions. “Dénégation” from the Latin “denegatio” is a late 14th century loan of a legal expression that means rejection. In the first place, it describes a situation when a person maintains that a fact reported by another one is not true. At the end of the 18th century, it is the refusal to recognise a fact. Nowadays, the expression is defined by the fact of negation or denial. In French literature, denegation is used more frequently than denial. In psychiatry, denial represents a reactive, defensive and unconscious mechanism used by a subject confronted with an invasion of anxiety as a reaction to trauma or disease. It is present in certain paradoxical situations where a normal personality is overtaxed by a major traumatic event that generates cracks and discontinuities in the tissue of this psychic reality. Otherwise, in the structures of more pathological personalities such as sexual perverts or borderline personalities, denial is associated with “cleavage” (split). In this case, denial does not affect the global perception of reality. Thus we can say that denial is a psychodynamic mechanism that may appear in any patient to allow him to maintain his integrity and his somatopsychic homeostasis as long as reality or parts of reality cannot be accepted. In psychosis, denial concerns large areas of reality allowing persons not to confront the anguish of annihilation. Denial appears in the silence and the lack of relation with the others. Denial is massive in paranoiac or schizophrenia pathologies. In this way, denial presents a scale of distinctive graded denials. Each degree of denial finds its corresponding level in a determined psychopathological organisation. This organisation is graduated from psychosis to perversion. The expression “denial” is used very frequently in psychiatry, sometimes in the description of clinical cases, or otherwise to show the difficulties of institutional treatment. It is used as rag-bag expression that underlines the inability of the care giver to deal with a patient who does not allow any communication.

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0003448705001319

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Discussion - Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, Volume 171, Issue 7, August 2013, Pages 489

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Résumé

Le déni est un mot qui comporte plusieurs sens ; en psychopathologie, il puise ses sources dans la psychanalyse, il signifie un refus de reconnaître ce que les sens montrent, et porte une fonction défensive. Le déni fait disparaître de la vie mentale, y compris inconsciente, la perception de certaines réalités, alors que le refoulement effectue un travail similaire, mais en intégrant la réalité non tolérée à l’inconscient. Le terme de dénégation désigne la négation d’une réalité psychique, il s’agit d’un refus de reconnaître comme sien une pensée, un désir ou un sentiment qui sont source de conflits intrapsychiques. Le déni psychotique est multifactoriel, il concerne l’existence de troubles psychiques, mais aussi des comportements médicaux légaux qui en découlent. Le déni névrotique est partiel, il joue le rôle de mécanismes de défense dans la mesure où il refuse la réalité d’une perception perçue comme dangereuse ou douloureuse pour le moi. Le déni pervers est caractérisé par la coexistence au sein d’une même personnalité de deux jugements contradictoires, sans relation avec la réalité extérieure. La banalisation et la minimisation ont pour fonction de maintenir la stabilité émotive face à des menaces et des angoisses liées à l’intégrité physique ou psychologique. Ils ne relèvent pas uniquement de mécanismes inconscients. Le déni de l’acte et/ou de ses conséquences caractérise le déni du sujet psychopathe, il concerne aussi la loi et l’autorité. L’anosognosie n’est pas un mécanisme de défense, mais le symptôme inhérent d’une pathologie, elle témoigne d’un déficit neuropsychologique ou d’un dysfonctionnement cérébral. L’insight est un terme anglo-saxon, il est apparenté au déni, à l’anosognosie, à l’introspection en fonction du contexte. Deux cas cliniques illustrent différentes sortes de déni dans les pathologies psychiatriques.

Abstract

The word “denial” has several meanings ; in psychoanalytically inspired psychopathology, it signifies a refusal to recognize sensory evidence, and it has a defensive function. Denial makes the perception of certain realities disappear from mental and unconscious life, whereas repression, while performing a similar task, integrates the intolerable reality into the unconscious. The term “negation” points to the negating of a psychic reality ; it is the refusal to recognize a thought, a desire, or a feeling that is a source of intrapsychic conflict as one’s own. Psychotic denial is multifactorial ; it includes the existence of psychic troubles, but also the medico-legal behaviors that result from these. Neurotic denial is partial ; it plays the role of a defense mechanism in that, it rejects the reality of a perception perceived as dangerous or painful for the ego. Perverse denial is characterized by the coexistence – within the same personality – of two contradictory judgments, unrelated to external reality. In order to maintain emotional stability in the face of anxieties concerning his physical or psychological soundness, the subject resorts to banalization and minimization. These mechanisms are not limited to the unconscious. The denial of an act and/or its consequences characterizes psychopathic denial ; this also includes law and authority. Anosognosia is not a defense mechanism, but rather a pathological symptom, demonstrating a neuropsychological deficit or a cerebral dysfunction. “Insight” is an Anglo-Saxon term related to denial, anosognosia, and introspection, depending on the context. Two clinical examples illustrate different types of denial in different psychiatric pathologies.

Cited by (2) :

Banalization discourse in sentenced persons : Some clinical aspects in the penitentiary context 2020, Evolution Psychiatrique

Supporting people with psychosis with and despite their denial 2016, Soins Psychiatrie

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Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0003448713001716

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  • Consentir : domination, consentement et déni – Auteurs : Florent Coste, Paul Costey et Lucie Tangy – Long document de ‘journals.openedition.org’ - Revue de Sciences humaines 14 - 2008 - pages 5-27
    Référence : https://doi.org/10.4000/traces.365

Quelques jalons pour penser le consentement

Exprimer, dire, négocier, refuser le consentement

Une notion entre contrat et contrainte

Consentir à la domination

Domination et aliénation : la fin du consentement ?

Déni, dénégation, occultation : des ressorts du consentement ?

Des enjeux méthodologiques à une éthique du consentement

Autonomie/dignité

Consentement, identité, résistance

Identifier le consentement

En finir avec le consentement ?

Plan :

Quelques jalons pour penser le consentement

Exprimer, dire, négocier, refuser le consentement

Une notion entre contrat et contrainte

Consentir à la domination

Domination et aliénation : la fin du consentement ?

Déni, dénégation, occultation : des ressorts du consentement ?

Des enjeux méthodologiques à une éthique du consentement

Autonomie/dignité

Consentement, identité, résistance

Identifier le consentement

En finir avec le consentement ?

Notes de la rédaction - Les notes d’Éric Monnet, Anton Perdoncin et Lucie Tangy, auxquelles nous faisons références dans cet éditorial, n’ont pu être publiées dans l’édition imprimée de ce numéro faute de place. Elles sont disponibles sur le site de la revue (www.traces.revues.org).

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1 Si la revue a choisi de consacrer un numéro à la question du consentement, c’est que cette notion ouvre un lieu de débat et d’interrogation sur les contours mouvants du sujet contemporain et sur la redéfinition de son autonomie.

Deux approches nous semblent d’ores et déjà possibles : appréhender le consentement dans son sens juridique (formaliste et contractualiste) ou par les voies de l’empirie, dans sa dimension procédurale et inter-actionniste. La tension entre ces deux points de vue se manifeste dans des mutations aussi diverses que récentes, symptomatiques d’une subjectivité en train de se redessiner.

2 Selon certains auteurs, la place accordée au choix individuel dans le domaine de la sexualité est la condition d’une véritable libération sexuelle. C’est notamment ce que décrit Marcela Iacub lorsqu’elle explique le passage d’une morale substantielle – fondée sur des critères de ce qui est bien ou mal en matière de sexualité et de mœurs – à une morale plus formelle et consensuelle selon laquelle ce qui rend légitime un acte n’est pas tant son contenu que le cadre contractuel dans lequel l’énoncé du consentement s’inscrit (Iacub, 2003). Lors de procès récents portant sur des cas extrêmes de sadomasochisme, la Cour européenne de justice a ainsi pris le parti des accusés contre la victime, même lorsque celle-ci a subi des traitements dégradants ou de terribles actes de violence. Contre la dignité de la personne, les juges se sont prononcés en faveur du respect du consentement donné (Marzano, 2006).

3 En médecine, de nouvelles relations semblent se dessiner entre le patient et le médecin, dont les enjeux sont à la fois juridiques et déontologiques. Du modèle paternaliste, qui repose sur le principe de bienfaisance et soumet le patient à la compétence experte du médecin, la médecine semble glisser vers un modèle « autonomiste », plus respectueux du droit des individus à déterminer ce qui est bon pour eux et où le médecin s’engage à procurer des soins adaptés et à informer, et le patient à donner son consentement libre et éclairé. La loi française du 4 mars 2002 relative aux droits des malades ainsi que la loi n° 2004-800 du 6 août 2004 relative à la bioéthique (Journal officiel du 7 août 2004) se sont attachées à réaffirmer la nécessaire obtention du consentement du malade.

4 La valorisation du consentement intervient également dans le monde du travail. Les entreprises deviendraient un lieu d’épanouissement à la faveur d’une plus grande autonomie, rompant de la sorte avec un taylorisme rigide qui avait d’abord concerné les seuls ouvriers et s’était étendu par la suite à l’ensemble de l’entreprise. À en croire la littérature de management étudiée par Ève Chiapello et Luc Boltanski (1999), les années 1980-1990 marqueraient la fin d’un travail aliénant et l’accentuation de l’autonomie des salariés, favorisées par l’effacement des hiérarchies et la multiplication de « projets » autour desquels se construisent de nouveaux collectifs. Selon cette nouvelle vulgate, l’ère du travail contraint serait révolue et laisserait la place à l’implication volontaire, à la responsabilisation et à la mobilisation.

5 L’émergence de ces problématiques fait fond sur un ensemble de transformations plus anciennes et, elles, moins contestables, la première de toutes étant certainement l’affirmation de la démocratie. D’après les réflexions de Geneviève Fraisse dans Du consentement (2007), dont Anton Perdoncin propose une recension, les sociétés occidentales sont passées en l’espace de deux siècles d’une forme – dominante à l’époque moderne – de consentement fondée sur le rapport mutuel et réciproque de deux volontés inégales à un consentement « démocratique » fondé sur un principe abstrait de liberté et l’avènement d’un individu autonome. Dans son article « Le consentement négocié. L’administration et les plaintes des contribuables en Seine-et-Oise (1860-1914) », Nicolas Delalande s’inscrit pleinement dans cette problématique en soulignant comment, depuis la Révolution et sur fond de contrat social, l’État et ses représentants renoncent, dans leurs interactions ordinaires avec les contribuables, au recours à la force, ou uniquement à elle. Ils doivent s’efforcer d’asseoir la légitimité des prélèvements pour obtenir le consentement éclairé des citoyens à la nécessaire contribution aux dépenses d’intérêt général.

Quelques jalons pour penser le consentement

Exprimer, dire, négocier, refuser le consentement

  • 1 Le sociologue américain Laud Humphreys (2007) décrit, par exemple, l’expression du consentement lo (...)
    6 Acte ponctuel, le consentement engage souvent l’individu dans la durée : par-delà le sens juridique du terme qui en fait un contrat fixe, il faut y voir un processus soumis à des variations et des aléas, susceptible d’être ou non renouvelé, et dans lequel l’individu dans sa totalité est engagé. Loin de ne concerner que le psychisme du sujet, il s’ancre aussi dans un corps et s’expose à être équivoque. Le consentement n’est pas toujours aussi explicite que lorsqu’il est écrit, consigné ou exprimé clairement par la parole : il peut prendre la forme d’un geste (un acquiescement) ou d’un comportement1 – comme parfois dans le fait de ne rien faire au lieu de s’opposer, de rester au lieu de fuir. Tacite et ambigu, le consentement court cependant le risque de ne pas être reconnu, comme d’ailleurs le non-consentement quand il n’est pas manifeste : « Qui ne dit mot consent. »

7 Il impose aussi d’être compris dans sa diachronie. Quand une personne est sommée (et qu’elle refuse) de consentir à une chose qu’elle a déjà acceptée dans le passé, la rupture prend alors, selon les cas, le nom de démission, de divorce ou de désengagement. Lucie Goussard, dans l’article qu’elle consacre aux formes de consentement au travail chez des cadres et des techniciens de l’industrie automobile, étudie quelques cas d’ingénieurs dans le centre d’étude d’une grande entreprise du secteur, qui ont choisi de démissionner en raison de la pression quotidienne qu’ils subissaient dans leur activité, et ce, dans un contexte durable de sous-emploi. Cette défection au sens d’Hirschman survient « lorsque l’échec de la prise de parole est devenu certain » (1995, p. 64), c’est-à-dire lorsque la discussion avec la direction n’aboutit pas. Reste toutefois qu’on ne peut décemment pas placer sur le même plan le refus d’emblée du consentement et le non-renouvellement d’un engagement.

8 Même si, loin d’être définitif, le consentement se renégocie, l’acte a parfois des conséquences durables, comme lorsqu’un patient donne son consentement à un médecin pour effectuer une opération délicate, au risque de séquelles irréversibles. Les plus grandes précautions s’imposent pour s’assurer de l’authenticité du choix et de la lucidité du contractant. Cette lucidité peut être entamée : il existe alors des dispositions légales pour pallier les défaillances des individus. C’est le cas notamment des majeurs sous tutelle, sur lesquels Benoît Eyraud et Pierre A. Vidal-Naquet attirent notre attention dans ce numéro.

9 Nicolas Delalande aborde également le consentement de façon dynamique comme le résultat d’une négociation mutuelle, et non comme un acte individuel et ponctuel de volonté. Loin de négliger les rapports de pouvoir ou la légitimité de l’État, il envisage la relation entre les contribuables et les percepteurs comme un consentement négocié, fruit de relations régulières. Ce dernier est ainsi obtenu grâce à une certaine tolérance des fonctionnaires et à de petits « arrangements avec la norme » : l’administration, en renonçant à l’application rigide des versements mensuels pourtant inscrits dans la loi, tente de se faire apprécier, de rester à l’écoute et de manier avec habileté le sens de l’adaptation et les ressources de la pédagogie. Cette prudence participe de la sorte à l’enracinement d’un consentement à l’impôt qui se construit bilatéralement dans la résolution d’épreuves, à la manière d’une renégociation pratique du contrat social.

10 Ce renouvellement est d’autant plus important qu’il passe pour la fortification d’un consentement toujours précaire. Car ce dernier peut être aussi symptôme d’une fragilité de la volonté. Dans son dernier opus, Agir contre soi (2007), dont Éric Monnet fait une recension dans ce numéro, Jon Elster analyse les mécanismes de la « faiblesse de volonté », menant au renversement temporaire des préférences ou à des contradictions dans l’ordre des croyances. Bien que faisant la distinction entre la « faiblesse de volonté » et le consentement comme acte de raison issu d’une libre volonté, l’auteur fait l’hypothèse que, dans certains cas, ce dernier peut être conçu comme une forme provisoire de faiblesse de volonté, un mécanisme déclenché par des « émotions et appétits excessifs » susceptibles de produire des « croyances biaisées ».

  • 2 Nous remercions Paul Lichterman de nous avoir signalé cette référence.
    11 Le consentement ne cesse donc de se reformuler. Il peut aussi s’incarner dans des silences pourtant équivoques. Les travaux du politiste anglais John Gaventa, notamment Power and Powerlessness2 (1982), fournissent des pistes très stimulantes pour penser ces questions de l’abstention ou de l’indifférence. À partir d’une longue enquête sociohistorique sur des mineurs américains des Appalaches, il propose une approche tridimensionnelle du pouvoir où la supériorité d’un individu ou d’un groupe se nourrit de l’inégalité des ressources, d’obstacles empêchant la participation des subordonnés et de jeux d’influence modelant les consciences des acteurs à partir d’une manipulation des mythes. Ces trois dimensions interdépendantes, véritables leviers des élites, contribuent à forger un consensus autour du système d’inégalités qui règne à Middlesboro et, dans le même temps, produisent l’apathie (quiescence) des dominés.

Une notion entre contrat et contrainte

  • 3 Voir Locke (1992), Mill (2005). Même si Paul Munier rappelle fort à propos qu’il existe de notable (...)
  • 4 Pour une critique argumentée de ces approches, voir Bourdieu (1980).
    12 Dans toutes ces analyses, le terme de contrat n’apparaît pas par hasard : dans sa forme idéale, le consentement est étroitement associé à la pensée philosophique libérale et contractualiste3. Chez Locke par exemple, le consentement est l’acte individuel, libre, volontaire et artificiel par lequel un nombre quelconque d’hommes renoncent au pouvoir qu’ils tiennent du droit naturel et le confient au public s’assemblant ainsi en une communauté de citoyens. Le consentement s’accompagne d’un acte de confiance envers l’autorité législatrice établie par le pacte (Locke, 1992). Dans cette tradition, le contrat symbolise et garantit l’accord entre deux parties. Il est le fait d’un individu conscient et responsable qui renonce en connaissance de cause à une partie de sa liberté pour la placer entre les mains du souverain, afin que ce dernier assure la sécurité de tous. Ces réflexions qui prennent forme à l’époque moderne sont empreintes d’un certain juridisme, analysant des cas en référence à des textes de loi plutôt qu’en reconstituant les motifs des acteurs4. Il n’y a alors pas lieu de s’étonner que quelques siècles plus tard, ce soient essentiellement des juristes et des philosophes, s’appuyant sur des exemples tirés du droit, qui contribuent à réhabiliter le terme même de « consentement » (Iacub, 2003 ; Marzano, 2006 ; Ogien, 2007).
  • 5 La surprise est définie juridiquement, aux côtés de la violence et de la menace, comme « vices du (...)
    13 Cette notion traduit la volonté de conclure un accord et de légitimer des actes par cet accord, son absence pouvant même constituer un crime (le viol par exemple est défini principalement par le non-consentement de la victime). Cette première définition traduit l’ambiguïté d’un terme se situant sur un axe structuré par l’opposition entre autonomie et contrainte. D’autres notions pourraient y trouver leur place : adhésion, acceptation, accommodation, adaptation, assentiment, accord, etc., termes si voisins du consentement qu’il semble parfois difficile de les distinguer clairement et qu’on peut choisir de situer sur ce « large éventail d’affects pour exprimer un “oui” », ce « spectre du consentement », comme l’appelle Geneviève Fraisse. Le consentement est « [l’]acte par lequel quelqu’un donne à une décision dont un autre a eu l’initiative l’adhésion personnelle nécessaire pour passer à l’exécution » (Foulquié, 1962, cité par Fraisse, 2007, p. 22). Il décrit une adhésion à une proposition extérieure et un accord de soi à soi résultant d’une délibération. Ancré dans un sujet conçu comme une personne autonome et informée, il doit être « libre et éclairé », expression qui fleurit dans les discours sur l’éthique, les chartes et les codes déontologiques. Par « libre », il faut entendre, dans la tradition de la liberté négative (Taylor, 1999), un accord souscrit en l’absence de contrainte physique (violence, coercition…) ou psychologique (manipulation, séduction, supercherie…5). « Éclairé » renvoie ici à un acte réfléchi et intentionnel : le consentement éclairé est un acte de la raison distinct d’une passion ou d’un désir éphémère et contingent.

14 Cependant, cet « engagement délibératif » (Mariot, 2003, p. 158) n’est pas toujours totalement transparent, contrairement à ce que suggère cette pensée inspirée du droit qui fonde le consentement « libre et éclairé ». Lorsque l’on renonce à l’un de ces deux qualificatifs, sinon aux deux, d’une part, on s’éloigne sensiblement de la sphère juridique, et d’autre part, on se rapproche des pratiques ordinaires et des descriptions empiriques : on ouvre ainsi un espace où la contrainte et la méconnaissance occupent une place de facto, qu’on ne saurait négliger. Si le consentement moderne, comme nous l’avons dit, s’est construit contre la contrainte, la critique de cette notion n’aura de cesse de souligner les écarts qui peuvent exister entre cette définition idéale et prescriptive du consentement et ses déclinaisons concrètes. Le consentement, lorsqu’il est le produit d’un rapport de force explicite ou implicite, devient un « consentement vicié » qui s’écarte significativement de ce que l’on entend communément par ce terme. Il est en outre possible de considérer qu’il est parfois moins le fruit d’une délibération rationnelle que le résultat du jeu des émotions et des passions. Le consentement politique même, comme le montre Paul Munier dans sa contribution, n’est pas nécessairement imperméable aux passions : pour Hobbes, la crainte prend le pas sur la raison pour garantir l’autorité du souverain.

15 L’acte de consentir oscille donc perpétuellement entre un consentement « vicié » et un consentement « libre et éclairé ». S’opposent alors la démarche qui consiste à défendre le consentement au nom d’une nécessité juridique et d’un principe de liberté abstrait et celle qui insiste sur la prise en compte de l’asymétrie des contractants et des rapports de force dans lesquels ils sont engagés, ainsi que des facteurs contextuels, qu’ils soient externes (économiques, sociaux, culturels, politiques…) ou internes (affectifs, psychiques), quitte à fragiliser les notions d’autonomie et de liberté. Le consentement se caractérise en effet par l’ambiguïté de ses usages : le consentement, certes parfois donné, peut être aussi obtenu, arraché, feint, simulé ou stratégique.

Consentir à la domination

16 De ce fait, rapidement, des liens étroits apparaissent, qui unissent consentement et contrainte. Mais la contrainte reste souvent décrite sous les traits de la domination qui consiste à exercer une autorité durable et univoque sur un individu ou un groupe d’individus. Dès lors qu’agit cette domination, l’acteur est soumis à des pressions régulières, au point qu’elles menacent la part de liberté qui lui reste, à la différence de « rapports de pouvoir » plus labiles (Foucault, 1994). Au lieu de présupposer un sujet nécessairement libre, la théorie de la domination, dans sa formulation bourdieusienne (1997), considère un agent en grande partie déterminé, ayant intériorisé la domination par l’entremise de la socialisation, et qui méconnaît le plus souvent cette domination. Assez curieusement, les défenseurs de cette théorie ont adopté le lexique du consentement, alors qu’ils négligent largement la part active du sujet. Cette association (domination-consentement) se vérifie dans bien des domaines de recherche où s’expriment des formes de pouvoir : les rapports de sexe, les relations de travail, la place des citoyens dans les régimes autoritaires…

  • 6 On peut rapprocher ces expressions de formules paradoxales utilisées dans d’autres domaines, telle (...)
    17 Prenons l’exemple de la domination au travail dans les régimes de production post-fordiens (Durand, 2004). Dans son article « Le consentement limité au travail. Résistances et consentement des salariés dans l’ingénierie automobile », Lucie Goussard cite une série de concepts puisés dans la littérature sociologique et censés traduire l’engagement des salariés dans les entreprises : « implication forcée », « coopération forcée », « coercition coopération », « autonomie contrôlée ». À chaque fois, ces expressions se composent d’un terme relatif au consentement (du moins, à la dimension volontaire de l’accord), nuancé par un second terme exprimant la contrainte6. Cette alliance systématique de termes antagonistes reconduit la topique de la « servitude volontaire » et entretient le trouble quant à la nature réelle de l’activité laborieuse. À lire ces expressions, on est embarrassé ou perplexe : soit on conclut à la nature contradictoire (ou dialectique) du procès de travail, soit l’usage de ces expressions contribue à vider de sa substance le concept de consentement. Domination et consentement seraient-ils inconciliables ?

18 L’intelligence de ces relations réclame un troisième terme qui préciserait le rapport d’adhésion idéologique qui lie un sujet et les principes qui fondent la domination. En bref, et en reprenant une question wébérienne (Weber, 1995), les acteurs croient-ils en la légitimité des principes qui fondent la domination ? Consentent-ils à la domination qu’ils subissent ?

Domination et aliénation : la fin du consentement ?

19 Avant de suggérer des pistes de réponse, demandons-nous si toutes les théories de la domination s’accompagnent d’une forme d’aliénation. Cette première question impose une réponse nuancée : parce que toutes ces théories ne proposent pas la version d’un sujet aveugle qui méconnaît les fondements de la domination, et parce qu’empiriquement, il est inconcevable de croire qu’en toutes circonstances, les individus soumis à une domination soient dotés d’une fausse conscience. Plus concrètement, on imagine que, selon les lieux et les moments, les personnes ne possèdent pas le même degré de lucidité et qu’elles sont en mesure de formuler certains des principes qui les font agir. Le consentement s’accommode donc mal des théories de l’aliénation qui réduisent au strict minimum l’autonomie des individus. Par conséquent, il est indispensable de distinguer fermement la domination de l’aliénation et, plus généralement, la domination de tout un réseau notionnel (discrimination, hégémonie, oppression, soumission, aliénation, assujettissement, asservissement, etc.) qui renvoie, du reste, très souvent aux travaux d’auteurs bien identifiés sur lesquels, faute de place, nous ne nous étendrons pas : Mill (subjection  : asservissement, assujettissement), Marx (aliénation / idéologie / domination), Gramsci (hégémonie / domination), etc.

20 Revenons un instant sur la question de la « servitude volontaire ». Étienne de La Boétie a inauguré cette figure du sujet, contraint ou abusé, qui se soumet à l’autorité du tyran :

Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, et n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. (La Boétie, 1993, p. 138)

  • 7 « […] à l’homme toutes choses lui sont comme naturelles, à quoi il se nourrit et accoutume. […] ai (...)
    21 Si l’autorité du tyran tient à sa capacité par quelques charmes et enchantements à endormir la vigilance, il convient de ne pas s’en contenter et d’en examiner les procédés concrets. « Nourris et élevés dans le servage », les hommes, selon La Boétie, s’inclinent devant le tyran, précisément du fait de l’éducation. Car c’est la coutume qui participe à la naturalisation de la servitude et de la croyance en sa légitimité 7. Claude Lefort (2002) voit dans les écrits de La Boétie une analyse matricielle de la « servitude désirante » qui se prolonge sous une autre forme chez Hegel, puis chez Marx, autour de la dialectique entre maître et serviteur. Ces deux derniers auteurs prennent soin d’introduire un mouvement, une dynamique, et inaugurent une véritable pensée de l’aliénation où le sujet dominé acquiesce à la domination, sans toutefois négliger la perspective émancipatrice et révolutionnaire qui s’y adjoint dans la pensée marxienne.
  • 8 Dans cette optique, les dominés méconnaissent la domination qu’ils subissent ; leur subjectivité s (...)
    22 Ces théories ont eu une riche postérité lorsque l’on pense notamment aux travaux de Pierre Bourdieu, mais de vives critiques ont relancé le débat sur les rapports entre consentement et domination. Plutôt que l’aliénation ou la méconnaissance (Bourdieu, 1997)8, qui supposent un consentement, même biaisé, des dominés, l’obéissance s’obtiendrait par le jeu de la contrainte pure, de la force, faisant l’économie de toute forme d’adhésion volontaire. Dans sa version radicale, c’est la thèse que défend Nicole-Claude Mathieu dans un article au titre évocateur : « Quand céder n’est pas consentir » (1991) dans lequel elle dessine les contours d’une sociologie du rapport de domination. Mathieu rappelle à juste titre que l’expérience varie en fonction du positionnement du côté des dominants ou du côté des dominés : un discours n’a pas le même poids, accompagné de la menace de la violence ou produit « hors de tout horizon de contrainte ». La croyance ou la reconnaissance (partielle) de la légitimité de son oppression est, pour la victime d’une domination, très ponctuelle, « une goutte d’eau (fade) dans l’océan de sa fatigue » (Mathieu, 1991, p. 216). Le consentement n’est pas premier ; à l’origine, on trouve de multiples impératifs, intimations, commandements adressés aux femmes. Dans le cas de la domination masculine, la violence idéelle n’est pas présente en permanence dans la conscience des femmes ; en revanche, la domination factuelle ou matérielle, elle, est permanente. Nicole-Claude Mathieu en fait le fondement de la distinction entre domination et oppression. Par conséquent, seuls les dominants ont le loisir de consentir à la domination, alors que les dominées subissent l’oppression et cèdent, auquel cas le terme de consentement est inapproprié puisque le consentement ne va pas pour elle sans adhésion idéologique.

23 Autre point délicat dans cette analyse des rapports entre aliénation et consentement : on ne sait pas vraiment si on a à faire à une « conscience capable de décider de son degré d’adhésion ou de refus » ou à une « conscience empêchée par des obstacles matérialisés hors d’elle » (Fraisse, 2007, p. 78-80). Dans les débats sur la prostitution tels qu’en rend compte Lilian Mathieu (2007), certains chercheurs, en essentialisant cette activité comme relevant soit de la contrainte, soit de la pathologie mentale, refusent a priori qu’elle puisse être l’objet d’un choix libre et volontaire. Le consentement des personnes qui l’exercent est jugé illusoire, fruit d’une « fausse conscience ». Consentir implique-t-il une croyance en la domination et, en deçà même, une conscience, une reconnaissance de la domination ? Pour Nicole-Claude Mathieu, la réponse est sans appel :

Si les opprimés « consentaient » à leur domination, on se demande bien pourquoi les premières fractions conscientes de la classe passent la majeure partie de leur temps et de leur énergie 1) à faire entre soi l’analyse de l’oppression, 2) à tenter de la révéler à leurs co-opprimés, que ce soit par la voie du discours politique ou par le biais de l’action violente. Autrement dit, si la conscience claire de la domination était déjà donnée, on se demande pourquoi existerait, et elle existe, l’étape nécessaire de la prise de conscience. (Mathieu, 1991, p. 218)

24 Les femmes, n’ayant pas identifié ce rapport, ne se sont pas révélées à elles-mêmes comme dominées. L’hypothèse inverse reviendrait à rejeter la responsabilité de la domination sur ceux qui la subissent, idée particulièrement dérangeante que Nicole-Claude Mathieu ne peut admettre. C’est pour cette raison qu’elle se montre très hostile à la théorie de Bourdieu et surtout à la notion de « violence symbolique ». Pour le sociologue, les contraintes produisent le consentement des acteurs (qui ne se reconnaissent pas comme contraints) en évitant le recours systématique à la coercition.

25. Michael Burawoy ne défend pas une thèse très éloignée dans « Le procès de production comme jeu » – le chapitre de Manufacturing Consent (1979) traduit dans ce numéro –, puisque le gain d’autonomie des ouvriers dans l’atelier, qui permet le développement du « jeu de s’en sortir », sert en fait les besoins de l’entreprise : le jeu est un moyen habile d’arracher le consentement des travailleurs tout en occultant les rapports de production. Par conséquent, comme chez Bourdieu, les acteurs sont pris dans les rapports de force d’un système (capitaliste, pour Burawoy) qui les englobe et les dépasse ; ils ne font qu’acquiescer à un ordre sur lequel ils n’ont pas de prise, sans le remettre en cause. La place accordée à l’adhésion idéologique distingue ici ces conceptions différentes de l’aliénation : chez Nicole-Claude Mathieu, elle ne concerne que les seuls dominants ; chez Bourdieu, les dominés acquiescent eux aussi aux valeurs dominantes, comme dans les interprétations les plus répandues de Max Weber.

26 Karim Hammou revient justement, dans ce numéro, sur la lecture aronienne traditionnelle des écrits du sociologue allemand en adoptant une posture plus ouverte, qui prend ses distances vis-à-vis des théories de l’aliénation à l’œuvre dans ces lectures et qui ne tranche pas a priori quelques-unes des questions fondamentales (conscience des rapports de domination, croyance en sa légitimité, soumission tactique…). Certes s’il ne conteste pas certains acquis, selon lesquels la domination s’appuie sur un minimum de volonté d’obéir, un intérêt extérieur ou intérieur, il en nuance toutefois la portée. L’obéissance n’est pas nécessairement le signe d’une soumission fondée sur une adhésion inconditionnelle (croyance en la légitimité de la domination), mais renvoie parfois à une docilité feinte ou à une domination acceptée comme inévitable sur le mode de l’impuissance ou de la faiblesse. À côté de cette croyance en la légitimité, il rétablit le rôle de la contrainte dans l’obéissance des dominés, pour achever de disqualifier l’idée de croyance. Ce mode d’adhésion si particulier qu’est la croyance serait en réalité l’apanage des membres de la direction bureaucratique (serviteurs de l’État, militants, disciples, fidèles, etc.), chargés d’exécuter les ordres émanant du chef, tandis que les seuls dominés qui adhéreraient à ces valeurs seraient appelés à rejoindre l’appareil administratif.

27 En dépit de l’incompatibilité posée ici entre aliénation et consentement, il n’en demeure pas moins possible de penser ensemble la domination (et les multiples autres formes de relations de pouvoir) et le consentement, quand on prend la peine de décrire précisément les situations concrètes.

Déni, dénégation, occultation : des ressorts du consentement ?

  • 9 Nous remercions Guillaume Marguerie pour cette référence et ses conseils avisés en psychanalyse.
    28 Le « déni » nous a paru constituer le dernier versant, actif, du triptyque que forme le titre du numéro. Entendu comme le refus d’une perception et un catalyseur de l’action, il suppose en premier lieu, tout comme le consentement, une volonté. C’est dire s’il s’accommode mal de la passivité du sujet aliéné. Or, l’idée de déni ou plus précisément de dénégation est très souvent associée à un acteur soumis aux lois de l’inconscient. La dénégation (Verneinung) appartient en effet au lexique de la psychanalyse (Laplanche, Pontalis, 1998a, 1998b ; Farhat, Ogilvie, 2006). Freud désigne ainsi le refus chez l’enfant d’admettre l’absence du phallus maternel ; il conserve sa croyance au prix d’un clivage du moi, « stigma indelibile dont le fétichiste est marqué à jamais » (Mannoni, 2006, p. 169). On retrouve ici la trace d’une domination que Dany-Robert Dufour et Patrick Berthier (2003) qualifient d’« ontologique », par opposition à une domination « sociopolitique » qui serait par exemple celle décrite par Pierre Bourdieu9.

29 Cette première domination, nécessaire, est inhérente à la constitution du « sujet de la psychanalyse », comme l’explique Sophie Genet dans son article (« L’aliénation dans l’enseignement de Jacques Lacan »). Disons-le d’emblée, ce texte se distingue de tous les autres rassemblés dans ce numéro, au vu de ses prémisses psychanalytiques, très éloignées de toutes les approches conventionnelles en sciences sociales et en philosophie. L’auteure y décrit l’opération logique lacanienne qui pose le sujet « devant le choix de se soumettre aux lois et aux effets du signifiant ». Ce choix forcé conduit irrémédiablement à opter pour le sens (l’Autre) contre l’être (le sujet), et initie par conséquent l’aliénation faute d’être capable de maintenir la présence conjointe de l’Autre et du sujet. La difficulté réside dans cet inévitable choix du sens qui appelle malgré tout le consentement du sujet : le sujet se fixe sur un signifiant qui renvoie au sens et occulte, dans le même mouvement, l’autre signifiant qui renvoie, lui, à l’être. En venant se fixer sur le premier signifiant, le sujet inaugure sa propre division.

  • 10 Voir les réflexions précieuses d’Alain Cottereau sur le déni de justice et le déni de réalité (199 (...)
    30 Pour poursuivre cette discussion, nous proposons de distinguer la « dénégation » qui renvoie à la psychanalyse et à la constitution du sujet de la psychose, et le « déni » que mobilisent certains chercheurs en sciences sociales 10. Nous pouvons qualifier le déni de « plus contextuel », car il n’a pas la forme psychique du choix forcé chez Lacan dans sa dimension « ontologique ». Christian Ingrao s’empare de certains de ces outils (dénégation, forclusion…) pour comprendre « comment le psychisme humain intègre le réel ». L’historien fonde son enquête sur des témoignages que les juges ont recueillis auprès des membres de la brigade Dirlewanger, unité composée de braconniers, qui a commis des exactions sur le front de l’Est durant la deuxième guerre mondiale (Ingrao, 2006). En raison de la gravité des crimes, les accusés nient les faits qui leur sont reprochés et invoquent l’autorité des chefs pour se disculper. Cette attitude s’apparente à une stratégie rhétorique, que Christian Ingrao (dans l’entretien qu’il accorde à Juliette Denis dans ce numéro), invite également à lire comme une dénégation progressive : alors qu’il a pris part à une exécution massive de juifs en Transnistrie, l’accusé ne cesse de nier sa participation en introduisant progressivement dans le récit des éléments factuels qui confirment sa présence sur les lieux du crime, jusqu’à ce qu’il passe aux aveux.
  • 11 Le concept de « culture de guerre », hérité des travaux historiques de George L. Mosse, explique c (...)
  • 12 Dans la voie empruntée par Browning, Patrick Pharo poursuit l’analyse en identifiant quatre condit (...)
    31 Pourtant, le phénomène de déni ne se laisse pas approcher de manière univoque. Quelle que soit la manière dont on l’envisage (biais cognitif, dynamique interactionnelle…), il permet de mieux comprendre comment des « hommes ordinaires » ont perpétré des crimes odieux, et ce, non plus seulement à travers une parole médiatisée et a posteriori, comme dans le cas d’un témoignage. Le livre de Christopher Browning (2007) donne des exemples éloquents de ces formes de déréalisation dans l’action – proches du déni de réalité. En vient alors à se poser une question majeure de l’historiographie de la violence au xxe siècle : par quels mécanismes les hommes consentent-ils au crime ? Loin de faire d’une hypothétique « culture de guerre » le ressort principal de la cruauté11, Browning insiste au contraire sur l’importance du conformisme, des pressions exercées par les pairs et de la soumission à l’autorité. Il s’oppose à la lecture fortement teintée de culturalisme proposée par Daniel Goldhagen (1997), pour qui un antisémitisme germanique viscéral et multiséculaire expliquerait le déchaînement de la haine à l’égard des juifs12. Dans cette spirale contextuelle de la violence où des actes de plus en plus atroces et la circulation d’images dévalorisantes de l’ennemi (animalisation, déshumanisation…) amplifient et justifient la cruauté, le conformisme du groupe puise dans des techniques d’obéissance, aujourd’hui bien connues. Outre l’autorité charismatique de certains chefs d’unité (Ingrao, 2006), l’organisation de fêtes autour d’alcool et de femmes capturées façonne le collectif. À l’heure de la division scientifique du travail, les unités combattantes s’organisent dans une discipline taylorienne visant à l’exécution rationnelle de tâches dégradantes et à limiter l’implication psychologique de chaque participant (partage des tâches, tirs collectifs, automatisation des gestes, dissimulation des corps au moment de l’exécution, rotation à chaque poste…). Cette comparaison professionnelle relie, dans une perspective continuiste, l’expérience de la guerre aux expériences plus ordinaires en temps de paix, et introduit des routines de travail dans l’exécution du « sale boulot » (Mariot, 2003).

32 L’ensemble de ces mécanismes brouille encore davantage la frontière entre consentement, contrainte, séduction et obéissance. Il est important de constater que le déni contextuel, tel que nous l’entendons ici, s’apparente à des formes d’aseptisation ou d’euphémisation de la réalité qui ne sont pas le seul fait de l’idéologie ou de la contrainte, mais embrasse l’ensemble des trajectoires individuelles et s’appuie sur la logique des situations. L’endoctrinement ne saurait à lui seul rendre compte des attitudes dans ces situations extrêmes.

Des enjeux méthodologiques à une éthique du consentement

33 Le consentement des personnes impliquées peut-il suffire à justifier un acte, à départager actes légitimes et illégitimes, licites et illicites ? À quel point un individu, une institution ou l’État peuvent-ils définir à la place d’un individu ce qui est bien pour lui et le lui imposer, même sans son consentement, sous prétexte par exemple qu’il consent à des actions qui portent atteinte à sa dignité, qu’il agit « contre son bien » ?

Autonomie/dignité

  • 13 Le débat entre ces deux positions se rejoue par exemple autour de la question de la prostitution. (...)
    34 Dans leur article sur les « majeurs protégés », Benoît Eyraud et PierreA. Vidal-Naquet opposent, dans le domaine de la philosophie du droit, deux manières d’appréhender la personne humaine : les approches « subjectives », qui insistent sur l’autonomie et la capacité du sujet à consentir de manière transparente, et les approches « anthropologiques » qui jugent que l’autodétermination peut être disqualifiée si elle porte atteinte à la dignité de la personne. Dans la lignée du célèbre « impératif catégorique » de Kant, il existe des universaux moraux protégeant l’humain et les valeurs humaines des souillures et des dégradations. Le consentement à des actes qui remettent en cause la dignité humaine ne peut en aucun cas servir de principe justificateur. À l’inverse, des juristes comme Daniel Borillo ou Marcela Iacub, en accordant la priorité à la liberté individuelle, considèrent que le droit actuel doit se contenter de fixer des règles minimales pour le vivre ensemble et non prescrire ou condamner des comportements qui relèvent du seul choix individuel (Ogien, 2007). Le « relativisme éthique » et la défense d’un pluralisme des mœurs et des valeurs vont donc de pair avec l’idée que l’État doit se contenter de garantir une « éthique minimale » en s’abstenant d’ériger une conception commune ou universelle du bien, par exemple dans le domaine de la sexualité (Iacub, 2003 ; Borillo et Lochak, 2005)13.

35 Les risques encourus par ces deux positions, l’universalisme et le relativisme, méritent toutefois d’être soulignés. La première peut s’abîmer dans un paternalisme excessif. En « victimisant » les individus, les tenants de cette position en viennent à refuser aux acteurs toute capacité d’action et d’autodétermination. En envisageant les plus démunis sous le seul angle de la domination, ce misérabilisme reproduit un discours de dominants et nie la liberté des dominés et leurs stratégies de résistance, ce qui est une manière de déposséder une seconde fois ceux qu’on prétend émanciper. La position inverse, assise sur la figure abstraite du sujet de droit, s’expose au risque du populisme : en voulant réhabiliter les dominés et leurs capacités de choix et de résistance, elle peut occulter la réalité des rapports de force dans lesquels ils sont pris. Mais dans ce cas, l’autonomie qu’on entend protéger n’est-elle pas elle-même menacée ? Que faire des situations où l’autonomie de la personne est radicalement remise en cause, alors même qu’elle y a consenti (esclavage, violence exercée contre soi…) ?

36 Ce débat interroge le rôle et la légitimité que l’on entend donner à l’État et à ses institutions dans la gestion des choix individuels.

Consentement, identité, résistance

37 Le consentement peut parfois s’insérer dans des pratiques d’affirmation de soi. Cependant, les personnes développent souvent, si elles sont l’objet d’une stigmatisation, des discours ambivalents où se mêle, à la revendication de la respectabilité de leur statut, une résignation qui porte la marque de l’intériorisation d’une indignité consentie.

38 En outre, alors même que la notion de consentement semble exiger un sujet premier et autonome, il existe des perspectives dans lesquelles on tente de penser le consentement alors que le sujet est problématique ou absent. Laetitia Monteils-Lang montre que, chez les stoïciens, le consentement est une modalité de l’âme qui nous fait accepter l’ordre cosmique, dont on reconnaît la bonté et la rationalité. Cette acceptation n’est ni un abandon ni une résignation passive, elle est simplement constitutive de notre autonomie car elle permet de nous réapproprier et de désirer ce qui ne dépend pas de nous. Il n’y a pas à proprement parler de sujet au sens moderne dans la pensée stoïcienne : l’agent expérimente sa liberté uniquement dans la reconnaissance de son « inconsistance ». De cette façon, le consentement initie la liberté et non l’inverse. Dans cette conception, comme dans celle qu’expose Lucie Tangy dans la note qu’elle consacre au travail de Judith Butler, le consentement prend moins l’allure d’un libre choix que d’une dépendance fondamentale et nécessaire à l’égard d’un ordre antérieur ou d’une injonction première, qui n’en reste pas moins la condition paradoxale de l’exercice de notre liberté. Mais s’il ne s’agit plus du choix d’un sujet préexistant et libre, est-il alors encore possible de parler de consentement ? Ces versions radicales de l’assujettissement rendent problématiques, en même temps que la possibilité du consentement, toute forme de dissidence, tandis que l’observation des pratiques ordinaires suggère un avis plus mesuré.

  • 14 Sur ces questions, voir Deporter, Farcy, Rothé, 2007.
    39 Pour preuve, l’apparition de nouvelles formes d’organisation du travail (évolution des politiques managériales de mise au travail qui insistent sur l’implication des salariés par l’intermédiaire du « management participatif », du « flux tendu » ou de « l’organisation par projet »…) aurait ainsi placé le consentement au cœur de la soumission des travailleurs.

Mais, pour beaucoup, cette évolution n’implique en rien la disparition de la domination. Ainsi est-on passé, avec la remise en cause du modèle taylorien comme modèle dominant d’organisation du travail, « d’une suprématie de classe fondée sur la coercition à une hégémonie qui est produite et consentie par les dominés eux-mêmes à l’intérieur du procès de production », comme le rappelle José Calderón dans la postface qui suit sa traduction d’un des chapitres de Manufacturing Consent – sous le titre : « Le procès de production comme jeu » – de Michael Burawoy.

Le consentement serait ainsi produit par plusieurs phénomènes, tels que l’« internalisation » de la concurrence externe sous la forme d’un individualisme concurrentiel ou l’institutionnalisation des conflits (qui aboutit à l’absence de conflit collectif ouvert). Malgré le déclin des formes traditionnelles de résistance collective, la contestation a-t-elle pour autant disparu ? N’existe-t-il pas de nouvelles formes de contestation14 en rapport avec les mutations historiques qui touchent le monde du travail ? Si le consentement peut être simulé et recouvrir une adhésion tactique, il est fort possible que la question de la dissidence voie ses contours redessinés. Comme le montre Lucie Goussard dans son article, l’engagement paradoxal du salarié au travail s’accompagne de comportements critiques ou réfractaires. Mais, selon elle, ces résistances cachées « dans les interstices des contraintes managériales », loin d’indiquer une fragilité ou un déclin du consentement, participent à sa consolidation. Elle opère ainsi une distinction entre consentement subjectif (degré d’acceptation des objectifs et des valeurs défendues par l’entreprise) et consentement comportemental (posture du salarié au travail au regard de son degré de productivité). Ces actions de résistance, faiblement contre-productives et ne constituant pas des formes structurées et (immédiatement) politiques de contestation, renforcent le consentement subjectif en permettant au salarié de s’accommoder plus aisément de sa tâche. Lucie Goussard parle alors d’un « consentement limité », marqué par une implication dans le jeu productif qui se distingue cependant d’une adhésion totale et sans failles (bien utopique).

40 Que l’on parte de témoignages, d’archives ou d’un matériau ethnographique, on se heurte toujours au lancinant problème de l’observabilité des formes actuelles de résistance – individuelles, spontanées, locales, opérant le plus souvent « en coulisse » : les sciences sociales, quand elles ne les jugent pas insignifiantes, sont-elles outillées pour identifier et décrire ces résistances ? Inversement, la reconnaissance, l’observation et l’interprétation des formes que prend le consentement ne posent-elles pas le même type de difficultés ?

Identifier le consentement

  • 15 En sociologie des pratiques culturelles, Claude Grignon et Jean-Claude Passeron (1989) invitent à (...)
    41 La raison suggère de ne pas statuer a priori quant aux marges de manœuvre des plus faibles socialement 15. La difficulté réside en premier lieu dans l’identification du consentement, rendue complexe par le distinguo qu’il est nécessaire de faire entre consentement explicite et consentement tacite ; ce dernier peut facilement échapper au regard de l’observateur, notamment dans des sphères intimes. Mais il est également difficile d’interpréter les raisons ou les motifs d’un consentement apparent ou de ce que l’on appelle, parfois trop vite, « consentement » : lorsque les gens cèdent, cela ne signifie pas qu’ils consentent.

42 Les contributeurs de ce numéro se sont pour une grande part confrontés à un problème d’ordre méthodologique qui, parce qu’il met au jour l’ambiguïté du consentement, mérite d’être souligné : comment l’observer dans les situations ordinaires contemporaines ou même dans le passé, alors qu’il se manifeste parfois dans des stratégies rhétoriques sinueuses, des contournements discursifs, sinon dans des silences ? Les sources historiques et les entretiens donnent rarement à lire tels quels les signes de l’acquiescement. Induire d’une attitude de soumission un consentement ne se fait jamais de manière évidente. Les dominés se soumettent-ils parce qu’ils accordent une légitimité à la domination, parce qu’ils savent que leur intérêt réside dans une soumission prudente ou parce qu’ils sont soumis par la force ? Au regard des risques qu’entraîne toute manifestation de contestation, les signes apparents de soumission, s’ils peuvent être interprétés comme une adhésion ou une croyance dans la légitimité de la domination, peuvent être lus en des termes stratégiques comme des simulacres. La gamme de ses modes d’expression est en effet large et requiert un effort d’analyse et de distance de la part des enquêteurs. C’est cette prudence qu’ont voulu manifester Eyraud et Vidal-Naquet dans leur enquête, notamment à travers la distinction opérée entre « consentement personnel » et « consentement formel » :

Cette difficulté méthodologique dissimule en fait un problème théorique. Il apparaît en effet impossible de saisir et de rendre compte de toutes les facettes du consentement, surtout lorsque celui-ci concerne la « matière personnelle ». Il peut être approché lorsqu’il est formel. Il peut l’être aussi quand la volonté propre devient explicite. Mais une part du consentement, la part restante, demeure toujours inaccessible à l’observateur. [...] Elle fait que le consentement est fragile, instable et finalement incertain dans un contexte où une institution comme la tutelle poursuit aujourd’hui un objectif de protection de la personne en s’appuyant sur le consentement de celle-ci. Or, un tel objectif est doublement compromis puisque le consentement – toujours incertain – n’est jamais acquis et qu’il ne peut non plus être représenté.

43 Statuer sur ce consentement « intime » demeure délicat car il est fuyant et insaisissable. Mais cette part d’ombre sur laquelle butent d’un point de vue méthodologique tous ceux qui s’attachent à déceler empiriquement le consentement, peut aussi recouvrir une exigence éthique. Il faudrait alors toujours supposer une marge de liberté, même chez ceux qui sont en apparence les plus aliénés. Cette marge de liberté incompressible est moins une réalité perceptible ou démontrable qu’une hypothèse, une forme de fiction éthique. Elle doit être préservée pour garder intacts, outre la capacité des sujets à négocier et à résister, leur intégrité et le respect qu’on doit à tout être humain – par-delà l’expression souvent problématique ou impossible du consentement.

44 Géraldine Bois analyse, dans une contribution inscrite dans la droite ligne de Jean-Claude Passeron et Bernard Lahire, les attitudes des écrivains les moins reconnus du champ éditorial français. Elle s’intéresse ainsi aux discours des écrivains en manque de reconnaissance, en tenant compte de leurs postures énonciatives : l’autodérision et l’ironie sont symptomatiques à la fois d’un sursaut de conscience et d’une reconnaissance des valeurs du monde éditorial hexagonal, et il n’est pas toujours simple de distinguer l’humilité affectée de l’humiliation consentie. Comme on le voit, les pratiques des acteurs demeurent parfois ambiguës : le fait de s’extraire d’une lutte pour la reconnaissance littéraire (par exemple en ne proposant pas ses manuscrits aux éditeurs nationaux) indique-t-il une résignation ou un refus des hiérarchies ? S’agit-il ici d’une croyance dans les valeurs des dominants, donc d’un consentement, ou au contraire d’une distance vis-à-vis de ces valeurs ?

  • 16 Notons que cet ouvrage vient de faire l’objet d’une traduction aux Éditions Amsterdam, sous le tit (...)
    45 Une des références les plus pertinentes sur le sujet, James Scott (199016, 2007-2008), reprend justement ce constat de la délicate observation d’un consentement à la domination. Il critique l’idée selon laquelle les dominés consentiraient à leur domination, puisqu’une chose sur laquelle on n’a pas de prise n’empêche pas d’en discuter, d’imaginer sa disparition ou d’inverser les rapports de pouvoir. Pour cela, il faut préalablement distinguer les scènes : celles qui mettent en présence dominés et dominants, où les risques liés à la contestation imposent de donner le change, les plus faibles offrant un « texte public » ; au contraire, celles où, lorsqu’ils sont entre eux, à l’écart des dominants, ils proposent un autre registre de pratiques et de discours, le « texte caché ». Seule la correspondance entre le « texte public » et le « texte caché » permet de trancher la question du consentement.

46 Au regard de cette ambivalence méthodologique du consentement et d’une exigence éthique incompressible, la question prend également en dernière instance une couleur politique et nous invite à rediscuter les fondements de nos sociétés libérales. Que devient en effet leur fondement contractualiste, si on ne peut identifier correctement les actes de consentement (Simmons, 1979) ? Nos consentements tacites ou supposés, bien plus fréquents que les consentements explicites, peuvent-ils suffire à fonder l’obligation de chacun à obéir à la loi ?

En finir avec le consentement ?

47 À la lecture de ce numéro, le lecteur sera probablement frappé par la complexité terminologique et sémantique qui entoure le consentement. Sans doute cultivera-t-il comme nous une certaine méfiance à l’égard de cette notion et de son incommodité. La même critique pourrait d’ailleurs s’appliquer à la domination et au déni, les deux autres termes que nous avons souhaité lui associer. Il appartient à d’autres de radicaliser cette critique et de remettre en cause les usages mécaniques de la domination, de la soumission ou de l’assujettissement qui décrivent des modes d’action toujours circonstanciés, au même titre que l’amitié, la philia ou l’amour. Le lecteur ne saurait imaginer, au terme de cet éditorial, que le pouvoir intervient dans toutes les relations sociales, même si cet aspect de la réalité nous a occupés dans ce numéro. Si beaucoup de moments de la vie sociale font intervenir des relations de domination, il serait dommageable, sinon grave, d’en faire l’unique mode d’engagement des acteurs sociaux.

48 Nous avons donc essayé de démêler la trame des moments où s’expriment les contraintes, de penser l’autonomie du sujet dans des situations particulièrement variées, de détacher la domination de l’aliénation, l’obéissance de l’adhésion idéologique en demeurant fidèles aux expériences des acteurs à travers le temps et l’histoire. Une fois encore, nous débouchons sur l’indispensable détour par le terrain de l’enquête (historique, sociologique…) pour témoigner des multiples manières de manifester son accord. Si le consentement est l’arbre qui cache les forêts de la domination et de l’autonomie, il importe encore de se donner la peine d’en explorer l’étendue et le foisonnement, de réarticuler et de réévaluer les points de vue normatifs (le consentement comme fiction éthique et juridique) à l’aune de perspectives empiriques en faisant varier les échelles de description des modalités d’action et de décision, ainsi que Daniel Dennett nous y invite :

Êtes-vous sûr que vous n’êtes pas dans une certaine espèce de prison ? Ici on est invité à considérer une chaîne de transformations qui nous mènent de prisons évidentes à des prisons non évidentes (mais néanmoins affreuses), à des prisons complètement invisibles et indécelables (mais néanmoins affreuses). Considérez un cerf dans le parc de Magdalen College. Est-il emprisonné ? Oui, mais pas beaucoup. L’enclos est très vaste. Supposons que nous le transportions dans un enclos plus vaste. La New Forest avec une clôture autour d’elle. Serait-il encore emprisonné ? Dans l’État du Maine, me dit-on, les cerfs ne se déplacent pas durant leur vie de plus de cinq milles par rapport à leur lieu de naissance. Si une clôture était placée en dehors des limites normales, franchissables, sans aucune entrave, des pérégrinations qu’un cerf effectue dans sa vie, le cerf à l’intérieur de cet enclos serait-il emprisonné ? Peut-être. Mais notez que cela fait une différence quant à nos institutions que la clôture soit ou non installée par quelqu’un. Vous sentez-vous emprisonnés sur la planète Terre – de la façon dont Napoléon a été immobilisé sur l’île d’Elbe ? C’est une chose d’être né et de vivre sur l’île d’Elbe, c’en est une autre d’être mis et maintenu sur l’île d’Elbe par quelqu’un d’autre. Une prison sans un geôlier n’est pas une prison. Que ce soit ou non une demeure désirable, cela dépend d’autres caractéristiques ; cela dépend de la façon (s’il y en a tout simplement une) dont cela impose des contraintes paralysantes au style de ses habitants. (Dennett, 1984, p. 8, cité par Bouveresse, 1995, p. 577)

Bibliographie

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Notes

1 Le sociologue américain Laud Humphreys (2007) décrit, par exemple, l’expression du consentement lors de rencontres homosexuelles dans des toilettes publiques, dans l’Amérique des années soixante. D’après ses observations, dans la plupart des cas, aucun mot n’est échangé ; les personnes intéressées se contentent de montrer leur sexe en érection, signe d’un accord pour des relations sexuelles à venir.

2 Nous remercions Paul Lichterman de nous avoir signalé cette référence.

3 Voir Locke (1992), Mill (2005). Même si Paul Munier rappelle fort à propos qu’il existe de notables différences entre les auteurs issus de cette tradition

4 Pour une critique argumentée de ces approches, voir Bourdieu (1980).

5 La surprise est définie juridiquement, aux côtés de la violence et de la menace, comme « vices du consentement » (Iacub, 2003).

6 On peut rapprocher ces expressions de formules paradoxales utilisées dans d’autres domaines, telles que « victime consentante » ou « désir de la domination ».

7 « […] à l’homme toutes choses lui sont comme naturelles, à quoi il se nourrit et accoutume. […] ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est la coutume » (La Boétie, 1993, p. 150).

8 Dans cette optique, les dominés méconnaissent la domination qu’ils subissent ; leur subjectivité s’accorde à leur condition objective et la domination apparaît comme légitime. Ils ne sont donc pas assez lucides pour mettre en place une véritable résistance, cet état de fait constituant un moteur essentiel de la reproduction de la domination.

9 Nous remercions Guillaume Marguerie pour cette référence et ses conseils avisés en psychanalyse.

10 Voir les réflexions précieuses d’Alain Cottereau sur le déni de justice et le déni de réalité (1999). Pour un exemple de recherche empirique, nous renvoyons le lecteur à l’article de Nicolas Jounin (2006) sur le déni du risque chez les travailleurs du bâtiment.

11 Le concept de « culture de guerre », hérité des travaux historiques de George L. Mosse, explique comment le phénomène de « brutalisation » (élévation progressif du seuil de tolérance à la violence) des sociétés européennes est né de la confrontation avec des expériences de guerre nouvelles et répétées. Ce concept très discuté en France a permis d’importantes avancées, même si son usage soulève certains problèmes. La mise au point de Nicolas Mariot (2003) est, sur cette question précise de la « culture de guerre », d’une grande utilité, particulièrement lorsqu’il décrit le glissement opéré entre endurer la violence / assumer la violence qui scellerait le rôle de la culture, même si nous ne partageons pas toutes ses conclusions sur la place de facteurs non « motivationnels » dans certains actes criminels.

12 Dans la voie empruntée par Browning, Patrick Pharo poursuit l’analyse en identifiant quatre conditionnements propices à « l’éclipse des convictions morales », qui expliquent d’ailleurs davantage la répétition des actes que leur déclenchement (plus aisément intelligible, selon l’auteur) : 1) « l’influence de l’idéologie qui attribue aux victimes des propriétés qui […] facilitent leur exclusion de la communauté d’obligations », 2) « le rôle de l’autorité, de la conformité au modèle dominant et des récompenses et des sanctions du groupe », 3) le conditionnement par la « routine opératoire », comme lorsque l’on « fait à fond un travail » qui favorise « la déréalisation, l’insensibilisation ou le dédoublement du moi », 4) l’auto-alimentation des actes cruels par leurs propres effets (« la présomption de culpabilité vis-à-vis des personnes dont on suppose qu’elles n’auraient pas été soumises à de tels traitements sans cela », le « ressentiment de l’agent à l’encontre d’une victime qu’il juge coupable d’être sa victime », les cercles de confirmation…) (Pharo, 1997, p. 185-186).

13 Le débat entre ces deux positions se rejoue par exemple autour de la question de la prostitution. Tandis que les partisans de l’abolitionnisme y voient, en dehors même de ses conditions d’exercice, une atteinte à la dignité individuelle, à l’intégrité physique ou psychique de la personne et une entorse au principe d’inaliénabilité du corps humain, impossible à « racheter » par le consentement des prostituées, les partisans de sa réglementation mettent en valeur le consentement comme droit de la femme à disposer librement de son corps pour en faire une source de revenus au service d’un plan de vie maîtrisé et rationnel (Lilian Mathieu, 2007).

14 Sur ces questions, voir Deporter, Farcy, Rothé, 2007.

15 En sociologie des pratiques culturelles, Claude Grignon et Jean-Claude Passeron (1989) invitent à se départir autant du misérabilisme que du populisme. Cette mise en garde vaut pour tous les travaux qui prétendent se confronter à une réalité empirique. Pour une critique de ce type de dérives, voir l’article classique d’Edward Thompson (1971).

16 Notons que cet ouvrage vient de faire l’objet d’une traduction aux Éditions Amsterdam, sous le titre La domination et les arts de la résistance. Fragments d’un discours subalterne.

Pour citer cet article :

Florent Coste, Paul Costey et Lucie Tangy, « Consentir : domination, consentement et déni », Tracés. Revue de Sciences humaines, 14 | 2008, 5-27.

Référence électronique - Florent Coste, Paul Costey et Lucie Tangy, « Consentir : domination, consentement et déni », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 14 | 2008, mis en ligne le 26 janvier 2009, consulté le 16 mai 2023. URL : http://journals.openedition.org/traces/365  ; DOI : https://doi.org/10.4000/traces.365

Auteurs :

Florent Coste - Doctorant en littérature médiévale et AMN à l’Université de Bourgogne/Sciences po

Paul Costey - Doctorant en sociologie au CMH (Centre Maurice Halbwachs, CNRS, EHESS, ENS, Université de Caen) et AMN à l’EHESS/Université de Caen

Lucie Tangy - Doctorante en lettres modernes au CRAIRAC (Centre de recherche aixois sur l’imagination à la Renaissance et à l’Âge Classique, Université de Provence Aix-Marseille 1) et AMN en Lettres modernes à l’Université de Provence

Droits d’auteur >

CC-BY-NC-ND-4.0Creative Commons - Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0 - https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/

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Source : https://journals.openedition.org/traces/365

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Avec philosophie

Provenant du podcast Avec philosophie

Que faire face à la finitude de nos ressources ? La réduction de la production marchande est-elle suffisante ? Ne faut-il pas repenser en profondeur nos façons de vivre pour qu’elles soient plus respectueuses du vivant ?

Avec :

Jacques Attali économiste et écrivain

Dominique Bourg Philosophe

Il s’agira de nous demander si le concept de ’décroissance’ est désormais indispensable, pour améliorer la situation environnementale actuelle. Mais quelle est l’origine de ce concept ? Certaines critiques de la technique et de l’Occident moderne, depuis la fin du XIXe siècle, ont compté dans sa genèse. Mais c’est le groupe d’industriels et de chercheurs du Massachussets Insitute of Technology, groupe appelé le Club de Rome, qui l’a pour la première fois et précisé, dans un ouvrage de 1972 intitulé Les Limites de la croissance (The Limits of Growth).

Cette position du Club de Rome faisait aussi écho, à l’époque, c’est-à-dire dans les années 1970, à l’analyse de certains penseurs. Ainsi André Gorz, inventeur de la notion d’’écologie politique’, pensait qu’il fallait mettre un grand coup sur la tête du système capitaliste, si l’on voulait entendre et endiguer le drame écologique qui se préparait.

Une croissance verte vs une économie circulaire

Jacques Attali explique qu’il faut certes penser à réduire nos émissions polluantes et à consommer moins mais cela ne justifie pas pour autant un arrêt de la croissance : ’Je suis contre la décroissance car ce ne sont pas toutes les productions qu’il faut réduire mais seulement celles liées à l’économie de la mort comme le tourisme, la mobilité. L’économie de la vie renvoie à des secteurs qui consomment beaucoup moins comme la santé, la culture, l’éducation’ aussi le changement est la nécessité d’avoir ’un autre usage du temps pour faire autre chose que consommer’.

Pour Dominique Bourg, la décroissance, prise de conscience de notre finitude, est nécessaire et incontournable : ’Dans les années 1970, on pense que si l’on produit mieux, on pourra toujours produire plus. C’est totalement faux’. Il est urgent de développer une nouvelle économie et d’adopter une culture de la sobriété. ’Nous avons un point commun, avec Jacques Attali, qui est de penser que le capitalisme est un imaginaire commun et diffus dont il n’y a pas de sortie magique. Nous nous opposons sur le point de la technique. Il n’y a pas d’Humanité sans technique mais cela ne veut pas dire que l’on peut tout faire avec la technique. C’est une illusion moderne (...) Je n’ai ni de jugement absolu ni d’espoir démesuré vis-à-vis de la technique.’

Bibliographie

  • Archive : Club de Rome, journal de l’ORTF, 13 juin 1972
  • Archive : André Gorz, A voix nue, France Culture, 7 mars 1991
  • Extrait : Aurélien Barrau à l’université du Medef, 30 août 2022
  • Chanson : Alain Souchon, Putain ça penche, dans l’album ’La Vie Théodor’ (2005)
  • Archive : François Mitterrand au Congrès d’Epinay qui a fondé le Parti socialiste actuel, archive INA, 3 juin 1972

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Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-philosophie/peut-on-faire-sans-la-decroissance-9812822

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9.

Un livre parmi d’autres : Histoires de l’alimentation [poche] - Jacques Attali (auteur) - De quoi manger est-il le nom ?

https://www.radiofrance.com/sites/default/files/2022-01/France-Culture.pngLivre -

Parution : 20.01.2021

Editeurs :Pluriel / Fayard

Thèmes : SociétéEconomie

Distributeur : Fayard

ISBN : 9782818506288

Référence : 52-4277-4

368 pages - Parution le 20 janvier 2021

Prix éditeur : 10€

Cette vaste fresque révèle comment nous sommes passés d’une nourriture variée, naturelle et abondante à des produits alimentaires standardisés, industriels et uniformisés, poisons pour l’homme et la nature. Elle nous dévoile la puissance immense, économique, idéologique et politique, de l’industrie agroalimentaire.

Elle nous raconte aussi les liens méconnus entre la nourriture et la conversation, entre l’alimentation et le pouvoir, entre ce que nous mangeons et la géopolitique.

Comprendre cette histoire est fondamental, si l’on veut prendre en main sa propre alimentation, manger sain et bon ; et sauver la nature, dont dépend la survie de l’humanité.

Que mangeaient les hommes il y a dix mille ans ? Que mangeront les humains dans un siècle ? Comment et où sont apparus le feu, l’agriculture, l’élevage ? Que mangeaient les empereurs romains ? Les empereurs chinois ? Les rois de France ? Comment mangeaient leurs peuples ? Comment s’expliquent les interdits alimentaires de chaque religion ? Le cannibalisme a-t-il vraiment disparu ? Quels sont les liens entre la sexualité et l’alimentation ? Comment et où sont apparus les restaurants ? Qui a inventé la pizza ? Qui mange des insectes ? Des algues ? Que mangent les plus riches aujourd’hui ? Quels peuples se nourrissent le mieux sur la planète ? Pourra-t-on nourrir sainement dix milliards d’humains ? Serons-nous obligés de manger ce qu’une intelligence artificielle nous imposera ? Mangera-t-on encore ensemble demain ?

Jacques Attali a proposé une série de huit émissions l’été 2017 « Le sens des choses » avec Stéphane Bonvicini les samedis de 15h à 16h et de 21h à 22h pour répondre à la question « De quoi manger est-il et sera-t-il le nom ? ».

Source : https://www.radiofrance.com/les-editions/livre/histoires-de-lalimentation-poche

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10.
Article de Wikipédia sur Jacques Attali (extrait)

Jacques Attali - 2020 - Paris.png

Jacques Attali en 2020.

Fonctions
Président

Commission pour la libération de la croissance française

2008
Conseiller d’État
jusqu’en 2000
Président

Positive Planet (d)

depuis novembre 1998
Président

Attali & Associés (d)

depuis 1994
Président

Banque européenne pour la reconstruction et le développement

avril 1991 - juin 1993
Jacques de Larosière
Biographie {{}}
Naissance 1er novembre 1943
(79 ans)

Alger (Algérie française)

Nom de naissance Jacques José Mardoché Attali
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Pseudonyme Simon Ther
Nationalité française
Formation École polytechnique (1963-1965)

Institut d’études politiques de Paris (1965-1967)

École nationale d’administration (1968-1970)

École nationale supérieure des mines de Paris

Université Paris-Dauphine

Lycée Janson-de-Sailly

Activités Banquier, économiste, ingénieur, écrivain, homme politique
Fratrie Bernard Attali
Enfants Jérémie Attali (d)

Bethsabée Attali (d)

Autres informations
A travaillé pour Conseil d’État (depuis 1970)

École polytechnique (1968-1985)

Le Journal des arts

L’Express

École des Ponts ParisTech

Université Paris-Dauphine

École nationale du génie rural, des eaux et des forêts

Les Échos

Parti politiqueParti socialiste (depuis 1973)
Membre de Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique
Directeur de thèse Alain Cotta
Site web www.attali.com
Distinction Docteur honoris causa de l’université de Haïfa
Œuvres principales
C’était François Mitterrand (2005), La Confrérie des Éveillés (2004), Analyse économique de la vie politique (d) (1972)

Jacques Attali, né le 1er novembre 1943 à Alger, est un écrivain, chef d’entreprise, économiste et haut fonctionnaire français.

Polytechnicien et énarque, il est conseiller d’État et enseignant. Pendant une période de dix ans, entre 1981 et 1991, il est le conseiller spécial du Président français François Mitterrand. En 1991, il devient le président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

Il a dirigé en 1997 la Commission de réforme de l’enseignement supérieur puis en 2008 la Commission pour la libération de la croissance française.

Il a publié plus de 80 ouvrages, dont des essais, des biographies et des romans. Éditorialiste du quotidien Les Échos depuis septembre 2019, il a écrit pour L’Express pendant 20 ans ainsi que au Journal des arts.

Jacques Attali dirige le cabinet Attali & Associés ainsi que Positive Planet. Depuis quelques années, il est un chef d’orchestre à temps partiel.

Biographie

Origines

Jacques Attali et son jumeau Bernard Attali naissent le 1er novembre 1943 à Alger, dans une famille juive séfarade d’AlgérieN 1.

Son père, Simon Attali1, se lance avec succès dans le commerce de parfumerie à Alger, où il s’est marié le 27 janvier 1943 avec Fernande Abécassis2.

Jacques Attali affirme que son père était un riche homme d’affaires, et en même temps profondément communiste, ce qui peut d’ailleurs sembler paradoxal.

En 1956, deux ans après le début de la guerre d’Algérie, son père s’installe avec sa famille à ParisN 2, rue de la Pompe, et y développe la distribution de parfums.

Il obtient le baccalauréat avec la mention « bien ».

Études

Jacques Attali entre en classes préparatoires à Janson-de-Sailly. En juillet 1963, il se classe 43e ex æquo au concours d’entrée de l’École polytechnique (X1963), perdant des points sur l’épreuve de gymnastique3.

Il sort major de promotion de l’École polytechnique en 1965 avec un total de points qui n’a jamais été dépassé depuis3.

Son classement lui permet de devenir ingénieur du Corps des mines (1965-1968)4,5.

Il suit en parallèle la formation de l’Institut d’études politiques de Paris dont il est diplômé en 1967 (section service public)6.

Il prépare l’ENAN 3 et a comme répétiteur Jean-Pierre Chevènement, qui l’aide à préparer l’épreuve de culture générale3. Il y est admis et il sort 3e de la promotion Robespierre (major Philippe Lagayette)7. En 1970, à sa sortie de l’ENA, il devient auditeur au Conseil d’État. Il soutient en 1972 un doctorat d’État en sciences économiques de l’Université Paris-Dauphine.

Sa thèse s’intitule La Théorie de l’ordre par le bruit dans la théorie économique (sous la direction d’Alain Cotta) et paraît en 19798.

Carrière d’enseignant - Il devient maître de conférences en sciences économiques à Polytechnique en 1968, jusqu’en 19859. Il enseignera aussi les sciences économiques à l’université Paris-Dauphine, à l’École des ponts et chaussées et à l’École du génie rural.

Parcours politique

Il adhère au Parti socialiste en 197310. Il commence à travailler étroitement avec François Mitterrand en décembre 1973. Il dirige son équipe de campagne aux élections présidentielles d’avril 1974, utilisant d’abord le pseudonyme de « Simon Ther »11,12.

Il est ensuite son directeur de cabinet dans l’opposition. Il refuse d’être candidat aux élections municipales et il cède le siège qui lui est proposé à son assistant, LaurentFabius. Il est ensuite aidé par ses assistants Ségolène Royal et François Hollande. En 1981, il quitte le Parti socialiste quand François Mitterrand, élu président de la République, le nomme conseiller spécial. Le président lui confie également le rôle de « sherpa » (représentant personnel d’un chef d’État) pour les sommets du G7 et européens.

Il organise le sommet du G7 de Versailles en juin 1982 et celui de l’Arche en 1989.

À la demande de Claude Allègre, il propose une réforme de l’enseignement supérieur (le LMD) issue du droit européen. Consulté successivement par les présidents Sarkozy et Hollande, il préside une commission bipartisane de réforme de l’économie en 2008, et milite pour le concept d’économie positive13 en 2012. Il choisit comme rapporteur Emmanuel Macron. Ses idées sont à l’origine d’une partie des dispositions de la loi Macron.[réf. nécessaire].

En 2015, il écrit un programme pour l’élection présidentielle qu’il publie dans un livre, France 2022, précisant ne pas vouloir se présenter lui-même14. Le 8 mars 2017, il annonce son soutien au candidat d’En marche, Emmanuel Macron15, qu’il avait autrefois recruté comme rapporteur général de sa commission. Il suggère également à Emmanuel Macron, en mars 2017, de choisir Édouard Philippe comme Premier ministre, et il organise leur rencontre 16.

Carrière internationale - En 1979, il est l’initiateur, avec l’aide d’autres intellectuels parmi lesquels Françoise Giroud, Bernard-Henri Lévy, Marek Halter, Alfred Kastler (Prix Nobel de physique), Guy Sorman, Jean-Christophe Victor, de l’ONG internationale Action internationale contre la faim, aujourd’hui connue sous le nom d’Action contre la faim (ACF)17. Il est co-instigateur du programme européen EUREKA de « développement de nouvelles technologies » qui est lancé en 1985.

En septembre 1988, à la suite de très meurtrières inondations au Bangladesh, il propose à François Mitterrand de lancer un projet de construction de digues dans ce pays. Il parle d’y construire « les cathédrales du XXe siècle » et d’un « projet qui soit l’équivalent de Suez et de Panama ». Ce projet n’aboutira pas18.

En mai 1990, lors du second septennat de François Mitterrand, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) est créée pour aider les anciens pays du bloc de l’Europe de l’Est. Jacques Attali préside la conférence de négociation à Paris et en devient le premier président à Londres. Sous son impulsion, la BERD lance des investissements destinés à la protection des centrales nucléaires, à la protection de l’environnement et, plus généralement, au développement des infrastructures, de la privatisation, et de la transition vers la démocratie.

En 1991, Jacques Attali invite Mikhaïl Gorbatchev au siège de la BERD à Londres, contre l’avis du Premier ministre britannique John Major19. Il oblige ainsi les chefs d’État d’un G7 se déroulant dans la ville au même moment à recevoir le chef d’État soviétique20. Au lendemain d’un entretien téléphonique houleux entre Jacques Attali et John Major, la presse britannique multiplie les critiques à l’encontre du président de la BERD, diffusant notamment des critiques sur la gestion de l’institution et révélant, en avril 1993, que la BERD avait dépensé pour elle-même deux fois plus d’argent qu’elle n’en avait déboursé pour ses activités à l’Est21 (il est notamment visé pour avoir fait remplacer le marbre du siège de la BERD22) — critiques qui seront ensuite relayées par la presse française21,23,24. Jacques Attali explique sa position dans le chapitre « Verbatim et la BERD » du livre C’était François Mitterrand25 ainsi que dans le livre Europe(s) : « les travaux en question avaient été réalisés sous la responsabilité d’un groupe de travail international dont je ne faisais pas partie ». De fait, à son départ, contraint par diverses révélations de quotidiens britanniques de frais injustifiés, de la BERD en juin 1993, Jacques Attali a reçu pour sa gestion le quitus du conseil des gouverneurs [réf. souhaitée]N 4.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d8/Jacques_Attali-FIG_1997.jpg/220px-Jacques_Attali-FIG_1997.jpg

Jacques Attali au Festival international de géographie en 1997.

En novembre 1998, avec Arnaud Ventura il fonde Positive Planet, une organisation aujourd’hui présente dans 40 pays qui conseille et forme plusieurs centaines d’institutions de microfinance26 et des millions de microentreprises27. Elle emploie plus de 200 salariés et poursuit des activités de conseil, et de plaidoyer pour le développement de micro-entreprises positives, et de l’économie positive. En particulier, elle travaille dans les banlieues françaises. Jacques Attali crée aussi MicroCred, filiale bancaire de Positive Planet, et préside le Conseil d’administration de la Fondation Positive Planet. Il lance le forum de l’économie positive en 2011 au Havre, dont le maire est Édouard Philippe. En 2019, il fonde l’Institut de l’économie positive, filiale de la Fondation Positive Planet.

Carrière financière privée

En 1994, Jacques Attali crée Attali et Associés28, cabinet de conseil international spécialisé dans le conseil stratégique, l’ingénierie financière et les fusions-acquisitions. Il le dirige toujours. Jacques Attali est administrateur du broker français Kepler Cheuvreux29, a présidé le conseil de surveillance de Slate.fr et préside l’International Advisory Board de C3.ai, que préside Tom Siebel en Californie.

Musique et arts

Passionné de musique, il pratique le piano depuis l’enfance (on l’a entendu jouer à France 2 pour les Restos du Cœur) et a écrit une chanson pour Barbara intitulée Coline30. Il publie en 1977 Bruits, essai sur l’économie musicale et sur l’importance de la musique dans l’évolution des sociétés, traduit dans de nombreuses langues.

En 1978, il joue son propre rôle dans le film Pauline et l’ordinateur de Francis Fehr31.

Depuis 2003, il dirige l’Orchestre universitaire de Grenoble, ouvert aux étudiants et musiciens amateurs, sous la direction de Patrick Souillot32,33,34 dans des pièces diverses : une symphonie de Benda, des concertos pour violon de Bach, une messe de Mozart, l’Adagio pour cordes de Samuel Barber, le double concerto pour violon et piano de Mendelssohn, des lieds de Richard Strauss. Il a dirigé en 2012 l’orchestre Musiques en Seine dans l’ouverture de l’opéra Le Barbier de Séville, et l’orchestre Lamoureux lors d’une soirée de gala à Paris pour le Technion, partageant le pupitre avec son ami, le généticien Daniel Cohen. Il a aussi dirigé la Sinfonietta de Lausanne en août 201235 et le concerto en sol de Maurice Ravel avec l’Orchestre symphonique de Jérusalem à Jérusalem en octobre 201236, puis à Paris, puis avec l’orchestre symphonique à Shanghai fin 2013, puis d’autres orchestres à Bondy, Marseille, Londres, Astana, Montréal, Bruxelles, Tirana, etc37.

Avec Patrick Souillot, il crée en 2012 une structure nationale sur le modèle de La Fabrique Opéra Grenoble, dans de nombreuses villes de France38, qui permet de coordonner la production d’opéras coopératifs en y associant les élèves des lycées techniques. Il a mis en scène La Bohème en 2017 et la La Traviata en 2019.

Réflexions sur la croissance et l’économie positive

Commission pour la libération de la croissance française, dite « Commission Attali » - Article détaillé : Commission pour la libération de la croissance française.

Le 24 juillet 2007, Jacques Attali est chargé par Nicolas Sarkozy de présider une commission bipartisane chargée d’étudier « les freins à la croissance »39 après le renoncement de Philippe Séguin. Cette commission est composée de quarante-deux membres, choisis librement par lui, essentiellement issus du courant libéral et social-démocrate. Il choisit comme rapporteurs Josseline de Clausade et Emmanuel Macron. Son rapport est remis au président de la République le 23 janvier 2008. Il contient des recommandations pour transformer en profondeur l’économie et la société françaises afin de « libérer la croissance » et relever différents défis macro-économiques.

Commission pour l’« économie positive »

En 2012, François Hollande a commandé à Jacques Attali un rapport sur la situation de l’« économie positive », c’est-à-dire au service des nouvelles générations. L’objectif de ce rapport, dont Angélique Delorme est rapporteure, est de mettre fin au « court-termisme », de passer d’une « économie individualiste » fondée sur le court terme à une économie fondée sur « l’intérêt général et l’intérêt des générations futures », d’organiser la transition d’un « modèle ancien fondé sur l’économie de la richesse » à un modèle dans lequel « les agents économiques auront d’autres obligations que la maximisation du profit »40. Ce rapport, rédigé par une vaste commission, propose 44 réformes. Il s’inscrit dans le cadre du mouvement de l’économie positive, créée par la Fondation Planet Finance, devenue Fondation Positive Planet et qui se réunit depuis 2012 chaque année au Havre, et bientôt dans d’autres pays.

Il rend en 2014 un rapport portant sur l’avenir de la Francophonie, avec Angélique Delorme et Adrienne Brottons.

Critiques et controverses

Euthanasie

Dans les années 1980, la diffusion d’extraits d’un entretien d’Attali avec Michel Salomon41 crée un malaise dans l’opinion ; on peut y lire : « […] du point de vue de la société, il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement plutôt qu’elle se détériore progressivement », et envisage que « l’euthanasie sera un instrument essentiel de nos sociétés futures »42. Affirmant que « la liberté fondamentale, c’est le suicide », il prévoit : « Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettront d’éliminer la vie lorsqu’elle sera trop insupportable, ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. Je pense donc que l’euthanasie, qu’elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera une des règles de la société future. »

Ces propos, pour lesquels il a intenté et gagné plusieurs procès en diffamation à ceux qui lui reprochaient de faire l’apologie de l’euthanasie, lui sont toujours reprochés43.

Dans son ouvrage À tort et à raison44 Jacques Attali répond à cette accusation45 : « […] on m’impute des idées que je n’ai jamais eues. Par exemple, je serais ou j’aurais été, l’apologue de […] l’euthanasie des retraités. Je défie quiconque de trouver dans un seul de mes textes ces idées, à condition de ne pas extraire une phrase de son contexte, pour lui faire dire le contraire de ce qu’elle dit. Et de ne pas confondre ce que je perçois comme une menace avec ce que je pourrais souhaiter. »

Justice - En mars 2001, il est mis en examen dans le cadre de l’affaire des ventes d’armes à l’Angola. Il est ensuite relaxé [réf. nécessaire].

Les Nouveaux Chiens de garde

En 2012, il est l’une des personnes prises comme exemple46,47, en qualité de prescripteur d’opinion48, par le film documentaire français sorti en janvier 2012 : Les Nouveaux Chiens de garde, qui explore les collusions entre les médias français et le pouvoir politique français.

Médiatisation - Sa médiatisation est critiquée par l’association Acrimed (Action critique Médias), qui publie un article intitulé « Ces économistes qui monopolisent (toujours) les débats » en octobre 201249 critiquant la présence d’Attali à la télévision publique française, de treize apparitions en une année.

Faim dans le monde - En 2022, Attali critique le battage médiatique autour d’un béluga alors que la faim dans le monde serait un problème délaissé. Il est critiqué par ceux qui considèrent qu’il ne faudrait pas opposer ces deux problèmes50.

Divers

En 2015, il participe à Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour la liberté d’expression. Paris : Le Livre de poche n° 33861, janvier 2015, p. 11-13. (ISBN 978-2-253-08733-5) avec Réveillez-vous !, un texte publié dans l’Express le 14 janvier 2015.

Fin 2016, il est la personnalité française sans mandat électif la plus suivie à travers trois réseaux sociaux différents51. Il est membre du comité stratégique de la France China Foundation (FCF), institution franco-chinoise dont l’objectif est d’encourager le dialogue entre la France et la Chine52. Il fait partie de la délégation française lors de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie en août 202253.

L’œuvre littéraire de Jacques Attali et l’article complet est à retrouver sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Attali

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Actualités - Appel urgent à pétition par Avaaz / Climat – Energies

- Appel urgent à pétition par Avaaz - Greta Thunberg vient de rejoindre notre mobilisation pour demander à Philippe Brassac, Directeur général du Crédit Agricole, de ne plus financer de nouveaux projets de pétrole et de gaz.

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Chères et chers membres en France,
Nous avons besoin de vous — et très vite !

Demain, la militante ougandaise Hilda Nakabuye sera présente à Paris pour l’assemblée générale des actionnaires de l’une des principales banques françaises : le Crédit Agricole.Elle sera le porte-voix de notre message au Directeur général Philippe Brassac : nous lui demandons d’arrêter immédiatement de financer les nouveaux projets de pétrole, gaz et de charbon qui détruisent notre planète. Il doit impérativement arrêter de soutenir TotalEnergies. La multinationale construit un gigantesque pipeline en Ouganda et en Tanzanie, ce projet pharaonique qui déplace des milliers d’hommes et de femmes et détruit l’environnement.Mais pour que Philippe Brassac, le Directeur général du Crédit Agricole, cède à la pression, nous devons attirer l’attention des plus grands médias sur le sujet. Et c’est là que nous, membres d’Avaaz, entrons en jeu. Nous sommes capables de rassembler des dizaines de milliers de voix pour demander au Crédit Agricole d’arrêter de détruire notre avenir. Alors signez à nos côtés et partagez cette pétition avec tous vos proches pour qu’Hilda porte nos voix jusque dans les sphères du pouvoir !

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JE SIGNE

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Philippe Brassac, directeur général du Crédit Agricole, rejoignez le combat pour notre avenir :

  • Investissez dans l’avenir, pas dans le pétrole et le gaz. Accélérez les solutions d’énergies renouvelables pour les humains et la planète, et rendez vos services financiers cohérents avec l’état des connaissances scientifiques pour atteindre l’objectif de 1,5°C.
  • Cessez de financer TotalEnergies et demandez des comptes à sa direction : pas de services financiers, et pas de vote de soutien à son Assemblée générale annuelle à moins que la major ne mette fin à ses plans d’expansion pétrolière et gazière.
  • Arrêtez le pipeline des Grands Lacs (EACOP) en usant de votre influence en tant que principal bailleur de fonds de TotalEnergies.



_ Sachez que beaucoup de Français ont déclaré être prêts à fermer leur compte en banque si leur argent n’est pas investi conformément à leurs valeurs. Nous explorerons toutes les actions en justice. Et nous continuerons à nous mobiliser dans la rue pour le climat.

JE SIGNE

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L’heure est venue de montrer aux PDG des banques qu’en 2023, le rôle des citoyens est de les tenir responsables de leurs actes. Restons solidaires, nous réussirons.
Sincèrement,

Greta (Suède), Hilda et Patience (Ouganda), Camille (France) avec toute l’équipe d’Avaaz

 
Pour en savoir plus :

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Avaaz est un réseau citoyen international de 70 millions de membres qui mène des campagnes pour que les opinions et les valeurs de ses membres pèsent sur les décisions mondiales. Avaaz signifie ’voix’ dans de nombreuses langues. Nos membres viennent de tous les pays ; notre équipe est répartie sur 18 pays et 5 continents et travaille dans 17 langues. Pour découvrir nos plus grandes campagnes, cliquez ici ou suivez-nous sur Facebook, Twitter ou Instagram.
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