Accueil > Pour en savoir plus > Sciences naturelles > Biosciences > OGM > OGM & Pesticides & Plantes résistantes > "Le glyphosate et le déclin du papillon monarque" par le Dr Eva Sirinathsinghji

"Le glyphosate et le déclin du papillon monarque" par le Dr Eva Sirinathsinghji

Traduction et compléments de Jacques Hallard

lundi 3 octobre 2011, par Sirinathsinghji Eva

ISIS OGM
Le glyphosate et le déclin du papillon monarque
Glyphosate & Monarch Butterfly Decline
Le glyphosate est soupçonné de détruire les aires de reproduction des papillons monarques en Amérique du Nord. Dr Eva Sirinathsinghji

Rapport de l’ISIS en date du 19/09/2011
La version originale en anglais, entièrement référencée et illustrée, s’intitule Glyphosate & Monarch Butterfly Decline ; elle est accessible par les membres de l’ISIS sur le site www.i-sis.org.uk/Glyphosate_and_Monarch_Butterfly_Decline.php
Le matériel du présent site ne peut être reproduit sous aucune forme sans autorisation explicite. FOR PERMISSION, AND REPRODUCTION REQUIREMENTS, PLEASE CONTACT ISIS . POUR OBTENIR SON APPROBATION et les EXIGENCES DE REPRODUCTION, ISIS CONTACT S’IL VOUS PLAÎT. WHERE PERMISSION IS GRANTED ALL LINKS MUST REMAIN UNCHANGED Lorsqu’une autorisation est accordée TOUS LES LIENS doivent rester inchangés

L’abondance des migrations des papillons monarque a diminué au cours des 17 dernières années, selon une nouvelle étude [1]. Les conditions météorologiques extrêmes, la sur-exploitation forestière de leurs destinations migratoires au Mexique et la destruction par des traitements herbicides sur leurs aires de reproduction aux États-Unis sont à incriminer.

Les papillons monarques (Danaus plexippus), également connus sous la dénomination de ‘papillons asclépiades’, sont célèbres pour leur migration spectaculaire de l’Amérique du Nord vers le Mexique au cours des mois d’hivernage. Les adultes ne vivent que 4 à 5 semaines, mais une autre merveille de ces papillons réside dans le fait qu’une génération particulière, née à l’automne, vit pendant 7-8 mois, ce qui leur permet de faire ce voyage étonnant qui peut atteindre jusqu’à 2.800 miles, soit environ 4.500 kilomètres.

Des millions de ces papilons descendent vers les forêts du centre du Mexique chaque année pour échapper aux hivers rudes qui sévissent en Amérique du Nord. Ils hibernent jusqu’à ce que la chaleur du printemps les ramène à la vie, pour qu’ils fassent alors le voyage de retour vers leur habitat de reproduction sur des plantes d’asclépiade en Amérique du Nord. Aucun individu ne fait le voyage de retour à lui tout seul : une progéniture de courte durée va pondre le long du chemin, jusqu’à ce que leurs descendants puisent revenir ‘à la maison’.
Ce phénomène spectaculaire montre maintenant des signes significatifs de déclin, selon une étude dirigée par Isabel Ramirez à la Universidad Nacional Autonoma. Les chercheurs ont analysé les données de la superficie totale occupée par les papillons en hibernation au cours des 17 dernières années (publié en ligne par le World Wildlife Fund-au Mexique depuis 1994) en utilisant deux méthodes statistiques différentes, et les deux méthodes ont montré des diminutions significatives.

Il s’agit des analyses de régression standard pour la détermination de la corrélation entre deux variables : dans ce cas là, la superficie des colonies et le temps. Le modèle linéaire suppose des relations linéaires simples entre les deux, tandis que le modèle exponentiel suppose une décroissance de la surface au fil du temps : comme les populations ont tendance à croître ou à diminuer de façon exponentielle, il s’agit d’une méthode commune pour analyser les données des populations.

Bien que les chiffres varient d’une année à l’autre, la plus grande superficie des aires de reproduction a été rapportée en 1997, année où elle a occupé 20,97 hectares. En 2010, la plus faible superficie a été enregistrée : seulement 1,92 hectares ont été relevés. La saison 2010-2011 a montré une légère augmentation à 4,02 ha. Les résultats sont présentés dans la figure 1.
Figure 1- Déclin de papillons monarques au cours du temps. Les barres représentent la taille totale des colonies sur 17 saisons, de 1994-1995 à 2010-2011. La ligne en pointillé montre la taille moyenne de la colonie sur cette période de 7,24 hectares. Les lignes montrent la superficie totale calculée par l’analyse statistique de régression en utilisant le modèle linéaire (en haut) et le modèle exponentiel (en bas).

Au cours des mois d’été, en Amérique du Nord, les œufs sont pondus sur les feuilles d’asclépiades. Les larves se nourrissent exclusivement de feuilles de cette plante, ce qui fait que l’abondance des papillons monarques dépend, de façon cruciale, de la disponibilité des plantes d’asclépiades.
La propagation des cultures de plantes génétiquement mmodifées (OGM) et l’utilisation concomitante d’herbicides ont toutefois menacé la survie des asclépiades et leur nombre n’a cessé de diminuer. L’asclépiade pousse souvent dans les cultures de maïs et de soja, dont 23 et 92 pour cent, respectivement, sont actuellement des OGM tolérants à l’herbicide glyphosate.

Les études conduites pour évaluer les populations d’asclépiades dans l’état de l’Iowa, aux Etats-Unis, ont enregistré des pertes, entre 1999-2009 et 2000-2009, estimées respectivement à 90 [2] et 79 pour cent (non publié). Les auteurs continuent de spéculer qu’avec un tel usage généralisé du glyphosate, les asclépiades peuvent presque complètement disparaître de terres cultivées.
Des augmentations supplémentaires de certaines cultures, liées au développement de la production des biocarburants, ont conduit les auteurs à estimer une perte totale de l’habitat des asclépiades de l’ordre de 56 millions d’hectares, soit plus d’un cinquième de la zone de reproduction dans le nord-est des Etats-Unis. L’étude conclut que cette énorme diminution dans les habitats de reproduction du monarque doit être significative dans les décomptes des effectifs de ce papillonn qui sont en baisse.

Ce n’est pas la première fois que des études scientifiques ont mis en garde contre les effets des cultures de plantes génétiquements modifiées (OGM) et de l’utilisation de la matière active herbicide glyphosate, qui y est associée, sur les effectifs des papillons monarques.

Déjà en 1999, trois ans après le lancement des Maïs Bt (OGM) sur ​​le marché américain, un rapport, publié dans la revue scientifique Nature, avait relaté et documenté que lorsque l’on saupoudrait de plantes d’asclépiades avec du pollen provenant du maïs Bt, la survie des larves était réduite jusqu’à 44 pour cent [3]. Bien que réalisé dans des conditions expérimentales artificielles, il s’agissait d’une étude de validation de principe, montrant les dangers potentiels de ces produits toxiques sur les invertébrés non-cibles.

Les sociétés de biotechnologie concernées ont fait valoir que l’exposition au pollen du maïs Bt peut être minime et avait donc des effets négligeables sur le nombre des papillons. Mais il est beaucoup plus difficile d’argumenter contre les effets néfastes de la disparition rapide de la seule source de nourriture des larves du papillon monarque.

Les auteurs mentionneent également des conditions climatiques extrêmes, ainsi que l’exploitation forestière illégale au Mexique, en tant que contributeurs au déclin des effectifs des populations de monarques.

Une étude a permis de constater une diminution de 44 pour cent dans la zone des forêts de haute qualité, en raison de la dégradation forestière de 1971 à 1999, à travers toute cette zone, de l’ordre de 40.000 ha [4]. L’augmentation de la taille des réserves naturelles par le gouvernement mexicain a endigué l’abattage, mais cela n’a pas complètement mis un terme à cette pratique.
Cette étude ajoute une autre preuve des effets nocifs du glyphosate sur l’écosystème et sur la diversité naturelle des insectes et comme sur celle des végétaux. (voir [5] Scientists Reveal Glyphosate Poisons Crops and Soil. GM meltdown continues, SiS 47 *, et [6] Glyphosate Tolerant Crops Bring Diseases and Death, SiS 47) **,
* Version en français "Des chercheurs scientifiques révèlent que le glyphosate empoisonne les plantes cultivées et les sols" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article69
** Version en français "Les cultures de plantes tolérantes au glyphosate apportent des maladies et la mort" par le Dr. Mae-Wan Ho et Brett Cherry, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article52

De plus, les impacts dévastateurs du glyphosate sur la santé ont été soulignés. (voir [7] EU Regulators and Monsanto Exposed for Hiding Glyphosate Toxicity, SiS 51) *
* Version en français "Pour avoir caché la toxicité du glyphosate, les autorités chargées de la règlementation auprès de l’Union Européenne, ainsi que Monsanto, sont démasqués et dénoncés" par le Dr Eva Sirinathsinghji et le Dr Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article179

Le glyphosate est l’herbicide le plus populaire et le plus utilisé aux États-Unis et, en conséquence, cet herbicide aura des effets néfastes considérables sur l’environnement.

Par ailleurs, une étude publiée par la Geological Society des États-Unis en août 2011 a permis de révéler la présence du glyphosate dans l’air et dans les eaux de pluies. La détection de cette matière herbicide varie de 60 à 100 pour cent dans les échantillons analysés, ce qui souligne combien les populations des Etas-Unis et l’environnement de ces territoires sont exposés à cet herbicide [8].
Son utilisation doit être freinée de toute urgence afin de prévenir tout dommage supplémentaire dans notre environnement et en matière de santé publique et individuelle.

© 1999-2011 L’Institut de Science dans la société
Contactez l’Institut de science dans la société
MATÉRIEL SUR CE SITE NE PEUVENT ETRE REPRODUITE SOUS QUELQUE FORME SANS AUTORISATION EXPLICITE. POUR OBTENIR SON APPROBATION, S’IL VOUS PLAÎT CONTACTEZ-ISIS

Définitions et informations complémentaires :

Le glyphosate et le déclin du papillon monarque

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS OGM Glyphosate & Monarch Butterfly Decline French version.3 allégée