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"Pour avoir caché la toxicité du glyphosate, les autorités chargées de la règlementation auprès de l’Union Européenne, ainsi que Monsanto, sont démasqués et dénoncés" par le Dr Eva Sirinathsinghji et le Dr Mae-Wan Ho

Traduction et compléments de Jacques Hallard

mardi 13 septembre 2011, par Ho Dr Mae-Wan, Sirinathsinghji Eva

ISIS Santé OGM
Pour avoir caché la toxicité du glyphosate, les autorités chargées de la règlementation auprès de l’Union Européenne, ainsi que Monsanto, sont démasqués et dénoncés
EU Regulators and Monsanto Exposed for Hiding Glyphosate Toxicity
La Commission Européenne avait autorisé le glyphosate en sachant, tout comme Monsanto, que cette matière active herbicide provoquait des malformations congénitales, alors que les populations étaient maintenues dans l’ignorance : l’herbicide concerné doit maintenant être interdit. Dr Eva Sirinathsinghji et le Dr Mae-Wan Ho

Rapport de l’ISIS en date du 13/07/2011
S’il vous plaît, diffusez largement à vos représentants politiques en vue d’une interdiction mondiale des herbicides à base de glyphosate
Article original en anglais intitulé EU Regulators and Monsanto Exposed for Hiding Glyphosate Toxicity ; acessible sur le site www.i-sis.org.uk/EU_Regulators_Monsanto_Glyphosate_Toxicity.php

Un rapport accablant co-rédigé par un groupe international de scientifiques et de chercheurs de l’organisation non-gouvernementale dénommée Open Earth Source (OES), révèle que des études émanant des structures des industriels concernés, y compris celles de Monsanto, depuis les années 1990, avaient démontré que le glyphosate provoque des malformations congénitales et que la Commission Européenne avait approuvé et autorisé cet herbicide en pleine connaissance des résultats [inquiétants] qui avaient été observés [1].

Le glyphosate est la matière active de l’herbicide ‘Roundup’ de Monsanto et de plus d’une centaine d’autres préparations herbicides commerciales. Il est la cause de grandes et graves préoccupations parce que les preuves de ses effets nocifs n’ont cessé de s’accumuler au cours des dernières années, à partir de plusieurs études scientifiques indépendantes : ces effets incluent des perturbations endocriniennes, des altérations de l’ADN, des toxicités dans la reproduction et dans le développement des êtres vivants, ainsi que des cas de neurotoxicité, de cancers et de malformations congénitales (voir [2]Glyphosate Toxic and Roundup Worse, SiS 26 ; [3] Death by Multiple Poisoning, Glyphosate and Roundup, SiS 42 ; [4] Ban Glyphosate Herbicide Now. SiS 43 ; [5] Lab Study Establishes Glyphosate Link to Birth Defects, SiS 48). Pour ces dernières références, voir les versions suivantes en français :
[2] En français ‘OGM : Le glyphosate est toxique et le “Roundup” est encore plus mauvais’ sur http://www.i-sis.org.uk/GTARWfr.php
[3] En français "’Roundup’ et glyphosate : mortifères par empoisonnements multiples" sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article3179&lang=fr
[4] En français " Il faut interdire les herbicides à base de glyphosate dès maintenant" sur http://yonne.lautre.net/spip.php?page=recherche&recherche=Death+by+Multiple+Poisoning%2C+Glyphosate+and+Roundup
[5] En français "Une étude de laboratoire établit un lien entre le glyphosate et des anomalies congénitales" sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article4472&lang=fr

La formulation commerciale ‘Roundup’ de Monsanto est l’herbicide le plus vendu dans le monde, et son utilisation a considérablement augmenté depuis que la société a introduit les semences de plantes cultivées génétiquement modifiées, tolérantes au glyphosate (OGM), telles que le soja ‘RR’ (Roundup Ready).
Aujourd’hui, presque 80 pour cent de la production de soja au monde a lieu aux Etats-Unis, au Brésil et en Argentine, et en 2009, le soja ‘RR’ y représentait respectivement un total de 91 pour cent, 99 pour cent et 71 pour cent des superficies du soja cultivé.

Depuis 1997, la production de soja ‘RR’ a augmenté de 5 à 30 millions d’hectares de terre cultivées pour les seuls Etats-Unis [1]. Il a été démontré que le soja OGM pouvait contenir jusqu’à 10 fois plus de résidus de glyphosate que les doses qui ont causé des malformations fœtales chez les poulets et chez les embryons de grenouilles.

Avec l’utilisation généralisée de cet herbicide et l’autorisation que l’Union Européenne envisage d’accorder pour les cultures de plantes OGM tolérantes au glyphosate en Europe, il y a un besoin urgent d’un examen et d’une évaluation appropriée de cet herbicide, ce qui est conforme à la réglementation plus stricte pour les nouveaux pesticides dans l’Union Européenne, qui est entrée en vigueur en Juin 2011.

En effet, un tel examen devait avoir lieu en 2012. Mais peu après que la CE ait été informée des résultats des dernières recherches sur le glyphosate, selon lequelles cette matière active herbicide provoque des malformations congénitales (et que la CE écarte), elle a retardé et différé l’examen concernant le glyphosate, et 38 autres pesticides dangereux, jusqu’en 2015 [1].

Par ailleurs, l’examen de 2010 sera réalisé en vertu des anciennes réglementations qui étaient moins strictes. La raison officielle de ce retard, c’est que les autorités qui en ont la charge ont « trop de travail ». Cela signifie que, [sur le plan sanitaire et environnemental], la sécurité et la sureté se rapportant au glyphosate ne peuvent pas être examinées en vertu du nouveau règlement jusqu’en 2030.

Le délai de révision est contesté dans une poursuite judiciaire intentée contre la CE par l’organisation Pesticides Action Network Europe et Greenpeace.
Les co-auteurs du rapport Open Earth Source (OES) appellent également la CE à procéder à un réexamen rapide et sans délai de ces produits herbicides, et de retirer du marché la matière active glyphosate et les spécialités commerciales de ‘Roundup’.

La preuve de malformations à la naissance était établie par des études provenant des industriels et par des études indépendantes

Le rapport Open Earth Source (OES) révèle que les études réalisées par l’industriel dans les années 1990 avaient démontré une létalité embryonnaire et des anomalies à la naissance chez les animaux de laboratoire qui servaient pour les expérimentations, y compris une dilatation du cœur chez le lapin à de faibles doses de glyphosate. Des doses plus élevées de glyphosate s’étaient traduites par des malformations, d’après des études indépendantes qui remontaient déjà à 1980.

Monsanto avait répondu en niant ses propres conclusions [6] : « Les autorités chargées de la réglementation et des experts indépendants à travers le monde sont d’accord pour dire que le glyphosate ne provoque pas d’effets néfastes sur la reproduction chez les animaux adultes ou des malformations congénitales chez les descendants de ces adultes exposés au glyphosate, même à des doses beaucoup plus élevées que celles occasionnées par des expositions environnementales ou professionnelles pertinentes ».

Toutefois, les « experts indépendants », cités par Monsanto, étaient embourbés dans des conflits d’intérêts, à la fois financiers et professionnels, et les travaux présentés reposaient presque entièrement sur des études réalisées par les industries concernées elles-mêmes [1].

Des études indépendantes ont révélé des liens entre le glyphosate et les cancers, avec des dommages génétiques et une perturbation endocrinienne, ainsi qu’avec des anomalies du développement, par exemple, des anomalies cranio-faciales et des vertèbres chez le rat [7] ainsi que des malformations cranio-faciales et de la bouche, des anomalies oculaires et une queue tordue et recourbée chez les têtards [8]..

D’après la plus récente étude de Carrasco et de ses collègues, il a été constaté un lien direct et automatique entre le glyphosate et une anormalie de signalisation par l’acide rétinoïque lors du développement embryonnaire [5, 9]
Étonnamment, ces derniers résultats et de nombreuses autres études citées par le rapport Open Earth Source (OES), ont été rejetés par la Commission Européenne (CE) et par l’Office fédéral allemand de protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL), qui est responsable de la liaison entre les industriels et la Commission Européenne. La conclusion délivrée par l’organisme allemand BVL, et communiquée à la Commission Européenne CE par le biais du "projet de rapport d’évaluation » (DAR) allemand de 1998, a été qu’il n’y avait « aucun signe de tératogénicité » avec le glyphosate.

Les documents des rapports d’évaluation contenaient des preuves accablantes

Le "projet de rapport d’évaluation » (DAR) allemand de 1998 fut crucial pour que le glyphosate obtienne l’autorisation actuellement en vigueur avec une approbation de l’Union Européenne.

Malgré la conclusion du dossier des études de l’industriel selon lesquelles « le glyphosate ne provoque pas d’effets tératogènes », le rapport s’est immédiatement fait remarqué par la qualité de sa conclusion, en soulignant que des doses plus élevées de glyphosate avaient causé « une ossification réduite et une incidence plus élevée des anomalies osseuses et / ou viscérales [dans les organes internes] » chez les fœtus de rats et de lapins. Il a également ajouté que les études de l’industriel sur le glyphosate à des doses élevées ont montré une réduction du nombre des fœtus viables produits par les rattes et les lapines, et que cela est compatible avec une augmentation des malformations congénitales.

Les anomalies squelettiques rapportées dans ces études de l’industriel dès le début des travaux sont également compatibles avec les conclusions récentes qui ont été mentionnées par Carrasco et ses collègues en Argentine [5, 9].
Cependant, ces anomalies ont été rejetées pour le motif fallacieux que les doses élevées avaient empoisonné les mères (doses toxiques au niveau maternel), et elles ont donc été jugées non pertinentes pour l’évaluation des risques chez les êtres humains, parce que l’intoxication d’une mère avec toute autre substance toxique peut affecter le fœtus et entraîner des malformations congénitales. Cette hypothèse absurde, à en effet été contestée dans la littérature scientifique d’origine indépendante, et au cours de nombreux débats qui ont eu lieu au sein même du milieu industriel.

Une histoire de la manipulation et de notre demi déception relative aux autorités chargées de la réglementation en Allemagne et auprès de l’Union Européenne

Comme il ressort de façon évidente du "projet de rapport d’évaluation » (DAR) allemand de 1998, l’Allemagne a manipulé les preuves scientifiques en utilisant divers subterfuges et tracasseries comme un moyen de tromperie, et avec un mépris total du principe de précaution.

Les animaux traités au glyphosate dans les études présentées par l’industriel ont pratiquement tous montré des effets du traitement par rapport aux animaux témoins non traités, et à des doses aussi faibles que 20 mg / kg. Tant et si bien que la Direction britannique de la sécurité des pesticides (PSD), qui a commenté les données, soutient la tératogénicité du glyphosate [1] : « Pris isolément, aucun des résultats de ces études tératologiques ménées chez les lapins ne saurait constituer clairement un sujet de préoccupation. Toutefois, pris dans son ensemble, il y a une indication d’une tendance » [ et d’une véritable raison d’inquiétude]. [Crochets rajoutés par le traducteur pour plus de précision]. D’autre part, les aautorités allemandes ont eu recours à des « groupes de contrôle historique » dans les autres études non publiées (et non pertinentes), qui auraient eu pour effet d’augmenter la variation, et donc d’annuler toute signification statistique dans les expériences réelles présentées par l’industriel.
La Direction britannique de la sécurité des pesticides (PSD), au Royaume-Uni, a fini par demander à l’Allemagne de mettre à sa disposition les données du contrôle historique, mais on ignore toujours si cet organisme PSD avait bien reçu les données en question et, s’il en disposait, comment il avait réagi. Et à ce jour, les données du contrôle historique restent toujours cachées et inaccessibles par le public.

Comme le rapport de l’Open Earth Source (OES) l’a commenté [1] : « L’utilisation des données historiques, plutôt que des contrôles simultanés, ajoute des sources de variations à une expérimentation qui vise justement à contrôler les variables, obscurcissant et masquant ainsi les effets tératogènes du glyphosate, et biaisant toutes les conclusions. C’est pourquoi l’utilisation de données du contrôle historique est controversée. Cette pratique ne devrait pas être autorisée pour l’évaluation dans les études toxicologiques ou autres, chez les animaux d’expérience, dans le but de procéder à l’autorisation et l’approbation des pesticides ».

Des sujets témoins valables pour tester la validité d’une expérience sont des animaux de la même souche génétique et de même âge, élevés dans le même environnement et étudiés en même temps que les animaux traités avec une matière active qui est donnée à contrôler. En outre, « la manière dont les animaux sont examinés et évalués, et les données enregistrées, doit être réalisée de la même façon ».

Le rapport de l’Open Earth Source (OES) a poursuivi en déclarant ceci : « Si de telles pratiques [de l’utilisation des témoins historiques] avaient été découvertes dans une étude scientifique indépendante, elles auraient pu être considérées comme une fraude scientifique ».

En résumé, l’industriel concerné et les autorités chargées de la réglementation et des contrôles semblent avoir été de connivence dans une saga de la manipulation des preuves scientifiques, en vue de l’obtention d’une autorisation pour la mise en marché du glyphosate.

L’industriel (dont Monsanto) avait connaissance depuis les années 1980 que le glyphosate provoquait des malformations congénitales chez les animaux à des concentrations élevées
L’industriel avait connaissance depuis 1993 que ces effets pouvaient également survenir à doses faibles à moyennes.
Le gouvernement allemand avait connaissance que le glyphosate provoquait des malformations congénitales au moins depuis 1998, année au cours de laquelle les autorités allemandes avaient présenté leur "projet de rapport d’évaluation » (DAR) de 1998 sur le glyphosate, avec sa remise à la Commission Européenne CE.

Le groupe d’experts scientifiques, chargé par la CE de l’évaluation en question, avait connaissance depuis 1999 que le glyphosate provoquait des malformations congénitales.

La Commission Européenne CE avait eu connaissance que le glyphosate provoquait des malformations congénitales, depuis 2002, année où sa Direction générale SANCO (Santé et Protection des Consommateurs) avait publié le rapport d’examen final en vue de l’approbation et de l’autorisation du glyphosate, qui est actuellement en vigueur.

Pendant tout ce temps, le public a été maintenu dans l’ignorance, et les travaux de scientifiques indépendants avaient pourtant attiré l’attention sur les effets tératogènes du glyphosate et du ‘Roundup’, résultats qui ont été ignorés, rejetés, ou d’une autre façon dénigrés.

Pour le glyphosate , le critère LOAEL (de l’anglais Lowest Observed Adverse Effect Level, (le plus bas niveau des effets négatifs observables lors d’une expérimentation), a été ainsi identifié par l’Allemagne à 60 mg / kg / jour, soit une dose au moins 3 fois supérieure à celle qui était indiquée d’après les données de l’industriel, grâce à un tour de passe-passe qui ne considérait que "l’exposition chronique" chez les « espèces les plus sensibles », en considérant que c’était le cas avec des rats, tandis que des études indépendantes ont indiqué un LOAEL de seulement 5 mg / kg, comme dose capable de générer des perturbations du système endocrinien et des dommages au niveau du foie chez les rats.

Le critère LOAEL est utilisé pour définir une dose journalière admissible (DJA), cette dernière étant de 1 / 100 de la valeur du critère LOAEL. En conséquence, la dose journalière admissible DJA actuelle est de 0,6 mg / kg / jour : elle est d’au moins 10 fois supérieure à celle qui avait été justifiée par les données existant à l’époque, lorsque le niveau avait été fixé.

Les lignes directrices et les normes industrielles sont blindées à partir d’une présentation tout à fait contestable des résultats scientifiques

En plus de la manipulation pure et simple des preuves scientifiques, l’industriel a érigé un bouclier efficace pour sa mauvaise approche scientifique, en prenant comme prétexte un document de « Bonnes Pratiques de Laboratoire » (BPL), fixé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui est un organisme de développement et de commerce, et en aucun cas une organisation scientifique.

Les directives figurant dans le document concernant les « Bonnes Pratiques de Laboratoire » ont déjà été vivement critiquées dans un article [10] co-rédigé par 30 scientifiques qui soulignèrent que ce document « ne précise rien au sujet de la qualité de la conception de la recherche, ni sur les compétences des techniciens, la sensibilité des tests, ou si les méthodes employées sont bien à jour à ce moment ou déjà obsolètes ».

La CE et l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) ont toutes les deux accepté les directives contenues dans ce document « Bonnes Pratiques de Laboratoire » BPL et une recherche indépendante, qui ne se conforme pas à ces directives, peut être ignorée à des fins d’évaluation.

Ainsi, la recherche de l’équipe de Carrasco et d’autres études indépendantes, montrant les dommages causés par le glyphosate ou le ‘Roundup’, ont été rejetées au motif que les systèmes utilisés pour les tests « ne sont pas valides » et que les études « sont inappropriées et inutiles pour des fins d’évaluation des risques sur la santé humaine » (parce qu’elles ne sont pas effectuées sur les animaux approuvés pour les tests officielstels que les rats, les souris et les chiens, par exemple) ; en d’autres termes, ces études sont considérées comme non conformes aux consignes données dans le document des « Bonnes Pratiques de Laboratoire » (BPL).

Comme le remarque le rapport Open Earth Source (OES)[1], « on doit se poser la question suivante : pourquoi les gouvernements financent-ils la recherche scientifique, s’ils ignorent ses conclusions dans presque toutes les évaluations des risques ? ».

En fait, les études de toxicité conduites selon le document des « Bonnes Pratiques de Laboratoire » (BPL), ont été critiquées pour l’utilisation de protocoles obsolètes avec des doses très élevées, situées à des niveaux proches des seuils d’intoxications ; ces niveaux de doses peuvent avoir peu de pertinence pour les niveaux réels d’exposition, et les animaux de laboratoire, servant aux expérimentations, sont généralement tués avant leur vieillesse, masquant ainsi la plupart des maladies qui ne peuvent pas se développer. En bref, les tests officiels en question utilisent des protocoles qui peuvent rarement démontrer une quelconque toxicité.

Une comparaison des critères NOAEL (niveaux d’une sustance sans effets nocifs observés) des tests effectués par les industriels d’une part, et par des chercheurs indépendants d’autre part, sur des dizaines de produits chimiques étudiés, démontre que, dans chaque cas, les études indépendantes ont détecté d’importants effets toxiques à des niveaux bien inférieurs à ceux que les industriels considèrent comme sûrs et sans danger. Et pourtant, les autorités chargées de la réglementation ignorent les données indépendantes en accordant leurs faveurs aux données provenant des industriels, puisqu’elles sont conformes aux directives données dans le document des « Bonnes Pratiques de Laboratoire », validé par l’OCDE. Leur rejet des récentes conclusions de l’équipe de Carrasco est indéfendable, car il repose uniquement sur une adhésion rigide aux directives du document de l’OCDE, comme le rapport Open Earth Source (OES) le souligne longuement (voir aussi [5]).

Par ailleurs, l’OCDE a mis en place des critères rigides et scientifiquement incorrects concernant la dose-réponse dans les tests toxicologiques. Ils ne prennent pas en compte le fait que les perturbateurs endocriniens et d’autres effets sont souvent plus forts à faible dose qu’à dose élevée, ce qui infirme l’hypothèse selon laquelle il existe une dose sûre en dessous de laquelle il n’y a pas de toxicité significative.

La nouvelle réglementation de l’Union Européenne sur les pesticides présente le potentiel de mettre fin à la tyrannie du document des « Bonnes Pratiques de Laboratoire » (BPL), en insistant, pour les évaluations des pesticides, sur les études scientifiques indépendantes publiées dans une revue scientifique avec une validation par des pairs.

Cependant, la nouvelle réglementation oblige l’industriel à faire sa propre recherche dans la littérature scientifique lors de la préparation d’un dossier sur les pesticides, donnant ainsi le contrôle complet à l’industriel qui choisit les références à inclure dans son étude : cela peut ainsi renforcer encore la tyrannie résultant de l’application du document des « Bonnes Pratiques de Laboratoire ».

Les preuves s’accumulent sur les soucis de santé chez les êtres humains
En raison des restrictions évidentes des expériences conduites sur les êtres humains, les données concernant la toxicité du glyphosate sont difficiles à obtenir dans un laboratoire. Il existe cependant des résultats qui ont été obtenus à partir de lignées cellulaires humaines. Une de ces expériences réalisée en 2009 par le scientifique français Gilles-Eric Séralini et ses collègues, a montré que le ‘Roundup’ pouvait causer une mort cellulaire totale chez des cellules de l’ombilic, ainsi que dans des cellules embryonnaires et placentaires, et ceci dans un délai de 24 heures [3, 11].

En outre, avec l’usage généralisé du glyphosate dans des pays comme l’Argentine et le Canada, les preuves d’un danger pour les êtres humains continuent de s’accumuler.

Un rapport d’un gouvernement provincial en Argentine rapporte un triplement du nombre des cancers de l’enfance de 2000 à 2009, et un quadruplement des malformations congénitales observées dans les zones de l’utilisation de produits agrochimiques (voir [12] ] Argentina’s Roundup Human Tragedy, SiS 48) *.
* Version en français intitulée "La tragédie humaine du ‘Roundup’ en Argentine" par Claire Robinson, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article4473&lang=fr

En Argentine, le chercheur scientifique Carrasco a noté dans son étude que [9] « Les résultats observés en laboratoire sont compatibles avec les malformations qui ont été observées chez les êtres humains exposés au glyphosate pendant la grossesse ».

Une étude épidémiologique menée dans l’état de l’Ontario, au Canada, a aussi trouvé des niveaux élevés de naissances prématurées et de fausses couches chez les femmes membres de familles d’agriculteurs qui utilisaient des pesticides, dont le glyphosate.

La réponse à ces problèmes, donnée par l’Office fédéral allemand de protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL), est qu’ils sont sans rapport avec la situation en Europe, alors même que les plans pour accroître les cultures de plantes tolérantes au glyphosate sont en cours d’élaboration : « Même s’il y avait des indications d’une augmentation des malformations à cause de l’exposition importante à des pesticides en Amérique du Sud, le autorités de l’Etat dans ces pays seraient responsables de l’initiation d’enquêtes plus approfondies. Prenant en compte les conditions d’application très différentes et les incertitudes à l’égard des produits phytosanitaires [pesticides] et de l’exposition humaine, de telles constatations ne seraient pas en mesure de donner lieu automatiquement à des préoccupations concernant la sécurité dans l’emploi des herbicides à base de glyphosate en Europe ».

D’autres préoccupations et de nouvelles craintes sont apparues

Un rapport publié récemment par un haut responsable américain, le chercheur Dr Huber Don, Professeur émérite, de l’Université de Purdue, nous a informé de l’existence d’un nouvel agent pathogène qui serait associé à des cultures de plantes OGM tolérantes au glyphosate (voir [13] Emergency ! Pathogen New to Science Found in Roundup Ready GM Crops ?) *.
* Version en français intitulée "Alerte à propos d’OGM tolérants à un herbicide : un nouvel agent pathogène, inconnu de la recherche scientifique, a été mis en évidence dans les plantes génétiquement modifiées Roundup Ready" par le Dr. Mae-Wan Ho, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur http://yonne.lautre.net/spip.php?article4728

Dans une lettre écrite par lui et émanant de l’USDA [Ministère de l’Agriculture aux Etats-Unis], il a exprimé sa profonde préoccupation face à cet agent pathogène qui s’est grandement accru et exprimé dans les cultures de plantes transgéniques, et qui serait apparemment associé à des maladies dévastatrices dans les cultures, ainsi qu’à des taux élevés d’infertilité et des fausses couches chez les animaux d’élevage.

C’est une préoccupation nouvelle qui renforce l’urgence avec laquelle les herbicides à base de glyphosate et l’agriculture faisant appel à des semences de plantes génétiquement modifiées (OGM), doivent être reconsidérés au niveau de l’Union Européenne.

Conclusion et recommandations

Les auteurs du rapport Open Earth Source (OES) concluent que « l’autorisation de la matière active herbicide glyphosate et des spécialités commerciales ‘Roundup’ est périmée et scientifiquement indéfendable ». Ils recommandent le retrait immédiat de glyphosate jusqu’à ce qu’un nouvel examen ait été réalisé avec une gamme complète d’expérimentations et de tests bien mis à jour, et aussi que des études soient conduites de manière indépendante et rendues accessibles au public.

Nous sommes entièrement d’accord avec leur conclusion et avec leurs recommandations.

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Définitions et compléments

Pour avoir caché la toxicité du glyphosate

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIS Santé OGM EU Regulators and Monsanto Exposed for Hiding Glyphosate Toxicity French version.2


[1Antoniou M, Habib M, Howard CV, Jennings RC, Leifert C, Nodari RO, Robinson C, Fagan J. Roundup and birth defects : Is the public being kept in the dark ? Earth Open Source, 2011.

[2Ho MW and Cummins J. Glyphosate toxic and Roundup worse Science in Society 26, 12, 2005.

[3Ho MW and Cherry B. Death by multiple poisoning, glyphosate and Roundup. Science in Society 42 , 14, 2009

[4Ho MW. Ban glyphosate herbicides now. Science in Society 43, 34-35, 2009.

[5Ho MW. Lab study establishes glyphosate link to birth defects. Science in Society 48, 32-33, 2010.

[6Beyond the Rows, A blog by Monsanto, St. Louis, United States of America, 9 June 2011, accessed 11 July 2011, http://www.monsantoblog.com/2011/06/09/june-2011-earth-open-source-report-on-roundup/

[7Dallegrave E, Mantese FD. et al. 2003. The teratogenic potential of the herbicide glyphosate-Roundup in Wistar rats. Toxicol Lett 142(1-2) : 48

[8ajmanovich RC, Sandoval MT, Peltzer PM. 2003. Induction of mortality and malformation in Scinax nasicus tadpoles exposed to glyphosate formulations. Bull. Environ. Contam. Toxicol. 70, 612–18