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"En Afrique, des alliances constituent un défi à l’introduction de la technologie des modifications génétiques et des OGM"par le Dr Eva Sirinathsinghji

Traduction et compléments de Jacques Hallard

vendredi 26 août 2011, par Sirinathsinghji Eva

ISIS Agriculture OGM
En Afrique, des alliances constituent un défi à l’introduction de la technologie des modifications génétiques et des OGM
African Alliances Challenge Introduction of GM Technology
La société civile et des organisations du secteur privé se réunissent pour lutter contre l’introduction de la technologie des modifications génétiques et des OGM. Dr Eva Sirinathsinghji

Rapport de l’ISIS en date du 20/06/2011
L’article original en anglais s’intitule African Alliances Challenge Introduction of GM Technology ; il est accessible sur le site www.i-sis.org.uk/AfricanAlliancesChallengeGM.php

L’introduction récente de la technologie des modifications génétiques (et des OGM) en Tanzanie a incité des groupes locaux et internationaux, qui mènent campagne contre les OGM, à unir leurs forces afin d’exprimer leurs préoccupations pour la conservation de la biodiversité agricole, qui est cruciale pour la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire.
Des groupes tels que le Centre africain pour la Biodiversité, Action Aid, International Tanzania, Biolands, BioRe, BioSustain, Envirocare, PELUM Tanzanie, Swissaid, ‘Eastern & Southern African Small Scale Farmers Forum’ (ESAFF), ’Le Forum des petits agriculteurs de l’Afrique australe et orientale’ et ‘Tanzania Organic Agriculture Movement’, le ‘Mouvement de l’agriculture biologique de Tanzanie ont formé ‘Tanzania Alliance for Biodiversity’, l’Alliance de Tanzanie pour la Biodiversité, au cours des dernières semaines afin d’exhorter le gouvernement à résister à la pression des sociétés et des intervenants du secteur des semences d’OGM, qui voudraient assouplir les lois strictes concernant la sécurité, afin de leur permettre une introduction généralisée des technologies des modfications génétiques et des OGM [1].

Une clause de responsabilité stipule ceci « une personne qui importe, organise le transit, fait usage, distribue et met en marché un OGM ou un produit dérivé d’un OGM, doit être strictement responsable pour tout dommage causé par un tel OGM ou produit d’un OGM » et que « le préjudice doit faire l’objet d’une compensation ». Dans un pays auparavant exempt d’OGM, l’Alliance de Tanzanie pour la Biodiversité veut baser l’évaluation de la sécurité des cultures de plantes génétiquement modifiées sur le principe de précaution, et précise que « les cultures de plantes ou les animaux génétiquement modifiés ne constituent en aucun cas la solution à la pauvreté et à la famine » dans l’Afrique australe et orientale.

Actuellement, la Tanzanie, avec le Kenya, l’Ouganda, le Malawi, le Mali, le Zimbabwe, le Nigeria et le Ghana sont en train de réaliser des expérimentations dans les champs avec des cultures de plantes génétiquement modifiées (OGM) : le maïs et le manioc sont actuellement testés en Tanzanie. Le Tanzanian Cotton Board, le Conseil tanzanien du coton a également approuvé l’introduction du coton Bt. L’Afrique du Sud, le Burkina Faso et l’Egypte ont déjà commencé à cultiver des plantes génétiquement modifiées (OGM).

L’Afrique du Sud a connu de gros problèmes avec des baisses de rendement dans les cultures d’OGM : les agriculteurs ont rapporté jusqu’à 80 pour cent de pertes dans la production de maïs, avec des cultivars de maïs génétiquement modifiés dont une proportion élevée de plantes ne produisaient aucun grain.

Monsanto a connu une expansion sur le continent africain avec le soutien de l’USAID, l’Agence américaine pour le développement international, la Fondation Bill & Melinda Gates, ainsi que l’organisation ‘Green Revolution in Africa’ (AGRA), l’Alliance pour une Révolution Verte en Afrique, également fondée par les fondations Gates et Rockefeller ( voir [2]Beware of the “Doubly Green Revolution”, SiS 37).

Bill Gates, qui est un grand partisan des biotechnologies et des OGM, a récemment investi dans 500.000 actions de Monsanto, d’une valeur approximative de 23,1 millions de $ US. Cet investissement représente un énorme conflit d’intérêts entre leur rôle présumé en vue de « la réduction de la pauvreté et de la faim parmi les petits agriculteurs », d’une part, et les antécédents de Monsanto relatifs au mépris pour les intérêts et le bien-être des petits agriculteurs du monde entier, d’autre part. Les structures agricoles de petite taille sont la plus importante source d’aliments pour une grande partie des pays de la région.

Un mouvement est mis en place entre les pays africains pour lutter contre l’expansion de l’agrobusiness, avec un certain nombre d’alliances déjà formées dans d’autres pays, y compris en Afrique du Sud, en Zambie, au Kenya et en Ouganda.

L’Alliance pour la biodiversité en Tanzanie a appelé le gouvernement à être prudent lors de l’invitation de nouveaux investissements dans les technologies des plantes génétiquement modifiées et des OGM. Mr. Shaha, agriculteur et président régional de l’ESAFF, a déclaré au journal Daily News au Kenya, au sujet de la pression intense exercées par des entreprises étrangères de biotechnologie, qui « sont en train de très bien payer nos chercheurs scientifiques pour soutenir leurs travaux et pour imposer leur agenda sur ce que nous devrions cultiver et manger ».
Le Directeur d’ActionAid Tanzanie, Aida Kiangi, a également fait le commentaire suivant : « Nous sommes l’une des nombreuses ONG qui ont vu les impacts et retombées de cette technologie sur les petits agriculteurs et leurs familles dans d’autres pays, et j’invite mes compatriotes Tanzaniens à se méfier des risques graves avant qu’il ne soit trop tard ».

Le Kenya a également vu se mettre en place une nouvelle coalition de petits agriculteurs biologiques se former dans les dernières semaines, avec un avocat et membre du Réseau africain de la biodiversité, en indiquant que « les aliments biologiques peuvent offrir un avenir alimentaire sûr et écologiquement sain, tandis que l’introduction de semences brevetées et les produits chimiques connexes dans nos systèmes agricoles, menacent nos pratiques agricoles, nos moyens de subsistance, l’environnement, et mine notre souveraineté en matière de semences ».
L’Union africaine est également en train d’établir une plate-forme de l’agriculture biologique pour fournir des directives à l’appui du développement de systèmes durables de l’agriculture biologique et pour l’amélioration de la qualité des semences, ainsi que la promotion de systèmes agricoles à petite échelle (voir [3] ] African Union to Support Organic Farming, SiS 50) *.
* Version en français intitulée "L’Union Africaine encourage l’agriculture biologique" par Lim Li Ching, traduction et compléments de Jacques Hallard ; accessible sur le site http://isias.transition89.lautre.net/spip.php?article173

Il y a une résistance croissante à l’encontre des pratiques agricoles étrangères, en particulier vis-à-vis de la culture des OGM, et cela pourrait bien finalement accroître la sécurité alimentaire dans cette région d’Afrique.

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Définitions et compléments

En Afrique, des alliances constituent un défi à l’introduction de la technologie des modifications génétiques et des OGM

Traduction, définitions et compléments :

Jacques Hallard, Ing. CNAM, consultant indépendant.
Relecture et corrections : Christiane Hallard-Lauffenburger, professeur des écoles
honoraire.
Adresse : 19 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIS Agriculture OGM African Alliances Challenge Introduction of GM Technology French version.2


[1Tanzania Alliance for Biodiversity, Dar es Salaam, Tanzania, accessed 6 June 2011, http://envaya.org/TABIO/home

[2Ho MW. Beware the “Doubly Green Revolution”. Science in Society 37, 26-29, 2008.

[3Lim LC. African Union to support organic farming. Science in Society 50, 19, 2011.