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"Un généticien moléculaire de premier plan met en garde contre l’impact des OGM (y compris ceux élaborés par l’édition génomique) et du glyphosate" par Jacques Hallard, d’une interview du Dr. Michael Antoniou
jeudi 25 août 2022, par ,
ISIAS OGM Edition génomique Glyphosate
Un généticien moléculaire de premier plan met en garde contre l’impact des OGM (y compris ceux élaborés par l’édition génomique) et du glyphosate
Traduction du 23 juin 2022 – avec un ajout de plein de compléments, dont ceux relatifs à la Dérèglementation des OGM - par Jacques Hallard, d’une interview du Dr. Michael Antoniou publiée le 14 juin 2022 par ‘gmwatch.org’ sous le titre « Leading molecular geneticist warns about the impact of GM (including gene editing) and glyphosate » - Référence : https://www.gmwatch.org/en/106-news/latest-news/20055-leading-molecular-geneticist-warns-about-the-impact-of-gm-including-gene-editing-and-glyphosate
Dans cet entretien approfondi, le Dr Michael Antoniou expose les dangers pour notre santé personnelle et au niveau planétaire concernant l’impact des OGM (y compris ceux qui sont issus de l’édition de gènes ou édition génomique), ainsi que les risques liés à la matière active à effet herbicide glyphosate.
Dr Michael Antoniou
Dr Michael Antoniou Reader in Molecular Genetics King’s College London - Source : https://www.kcl.ac.uk/people/michael-antoniou
Vous trouverez ci-après la transcription d’une interview fascinante avec Michael Antoniou - un scientifique qui a été très franc sur les dangers liés à la dérégulation des cultures de plantes modifiées génétiquement ‘OGM) de différentes manières. Le Dr Antoniou n’est pas quelqu’un qui peut facilement être rejeté comme un ignorant de la génétique ou peu familier avec les technologies impliquées en la matière. Comme il l’explique dans cette interview, il est un généticien moléculaire qui a étudié la structure et les fonctions des gènes pendant des décennies. Et, dans le cadre de cette recherche, il a longtemps utilisé “toutes sortes de technologies de génie génétique”, y compris l’édition génomique.
[Rappel : « L’édition génomique ou édition des gènes ou encore modification localisée de séquence génomique (genome editing pour les anglophones) regroupe un ensemble de techniques de manipulation du génome visant à la modification du matériel (et donc de l’information) génétique. Ces techniques sont plus précises et ciblées que les techniques OGM historiques qui voient ces organismes transformés par transgenèse, introduisant des modifications génétiques au niveau d’un site « au hasard » dans le génome. Les termes « édition génomique » ou « édition du génome », bien que couramment employés, sont à éviter car contrairement au mot anglais « editing », le mot « édition » ne signifie pas « modifier, corriger, retoucher ». L’expression « édition génétique » est aussi à éviter car ayant un autre sens1. Ces techniques peuvent être appliquées aux plantes, aux animaux2, aux champignons et aux organismes unicellulaires, procaryotes ou eucaryotes. Certains laboratoires proposent aussi de les appliquer au génome humain… » - Article complet à retrouver sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89dition_g%C3%A9nomique ].
Suite de l’article traduit
En fait, c’est sa profonde familiarité avec l’édition génomique qui le rend si préoccupé par la façon dont elle est utilisée dans l’agriculture, comme il l’a expliqué dans une récente édition du populaire programme ‘Countryfile’ de la BBC.
Plus précisément, c’est pourquoi il rejette toutes ces affirmations sur la précision supposée de l’édition génomique : “Les outils de l’édition génomique en question produisent invariablement des dommages involontaires à l’ADN”, a-t-il déclaré à l’intervieweur, et cela peut “finir par changer la biochimie et la composition de la plante cultivée – par exemple - et cela pourrait inclure la production de nouvelles toxines et des allergènes dans les produits alimentaires dérivés.”
Dans un quotidien écossais, le Dr Antoniou a expliqué comment le processus d’édition génomique peut conduire à de tels résultats inattendus : “L’ADN de l’outil d’édition génomique peut se fragmenter et des morceaux de celui-ci peuvent s’insérer de manière aléatoire dans de nombreux endroits autour de l’ADN de la plante, et cela n’est pas vérifié. À chacune des étapes du processus de l’édition génomique, vous introduisez des altérations génétiques involontaires qui se comptent par centaines de milliers. Même le processus de croissance des cellules végétales en laboratoire introduit des centaines de sites de dommages à l’ADN. Vous vous retrouvez alors avec une plante qui porte un lourd fardeau de dommages involontaires à l’ADN, avec des conséquences en aval qui sont inconnues.”
C’est pourquoi le Dr Antoniou critique la tendance des scientifiques pro-OGM, du gouvernement britannique et des médias complaisants, à induire les gens en erreur sur le niveau de complexité et le risque de l’édition génomique, sans parler des tentatives de prétendre que ce n’est même pas une forme de modification génétique proprement dite !
Michael Antoniou estime également que c’est sa familiarité avec le génie génétique dans un contexte médical, qui l’aide à reconnaître la manière cavalière dont il est déployé dans l’agriculture. Comme il l’explique dans l’interview suivante, son utilisation clinique est hautement réglementée, hautement contenue, soigneusement surveillée et soigneusement ciblée.
On pourrait également ajouter que le consentement éclairé est fondamental pour l’éthique médicale et vis-à-vis de la loi. En revanche, en agriculture, de nouveaux organismes sont créés avec essentiellement la même technologie imprécise et ils sont ensuite libérés dans l’environnement et ensuite dans l’approvisionnement et la chaîne alimentaire sans contrôles de sécurité, ni même d’étiquetage, dans le cas d’une déréglementation qui s’annonce.
Mais, comme le souligne Patrick Holden dans cette interview, le domaine de connaissances de Michael Antoniou ne se limite pas au génie génétique. Le Dr Antoniou a également utilisé son expertise en tant que scientifique de la santé pour rechercher non seulement les risques pour la santé associés aux aliments issus de plantes génétiquement modifiées (OGM), mais aussi ceux des pesticides qui leur est le plus étroitement associé : les herbicides à base de glyphosate.
En fait, comme le note Michael Antoniou lui-même, son laboratoire de recherche au King’s College de Londres est “l’un des principaux groupes au monde d’investigation dans l’étude de la toxicité de la matière active glyphosate et des produits commerciaux Roundup’, et nous avons constaté des résultats très inquiétants de nos études antérieures.”
Ce qui rend cette interview particulièrement convaincante, c’est que l’animateur du podcast, Patrick Holden, en tant qu’agriculteur lui-même, ancien directeur de la ‘Soil Association’ (de 1995 à 2010) et cofondateur - avec Anthony Rodale du ‘Sustainable Food Trust’ -, apporte une richesse de connaissances de l’agriculture et de l’industrie alimentaire à cette exploration vivante, mais très approfondie des préoccupations, de l’expertise et des recherches conduites par Michael Antoniou.
[Addenda – ‘Sustainable Food Trust’ (SFT) - La mission du SFT est d’accélérer la transition vers des systèmes alimentaires durables, inspirés par notre philosophie de l’interconnexion de la santé du sol, des plantes, des animaux et des personnes. Notre vision est celle de systèmes alimentaires et agricoles futurs qui nourrissent la santé des personnes et de la planète et qui sont équitables et accessibles à tous… - Source : https://sustainablefoodtrust.org/about-us/ ].
Suite de l’article traduit
Vous préférerez peut-être écouter l’interview sous forme de podcast [en anglais] plutôt que de lire la transcription, ou même écouter et lire simultanément. Quoi qu’il en soit, à notre avis, cela vaut vraiment la peine d’être écouté.
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Entretien avec le Dr Michael Antoniou [en anglais] - Sustainable Food Trust, 28 avril 2022 : accès > https://sustainablefoodtrust.org/podcast/in-conversation-with-dr-michael-antoniou/
Patrick est rejoint par le Dr Michael Antoniou, généticien moléculaire de premier plan et chef du groupe d’expression génique et de thérapie au ‘Kings College’ de Londres.
[King’s College London est l’une des universités les plus sollicitées par les étudiants de Study Experience et pour cause. Elle allie trois atouts indéniables : le prestige du diplôme, la reconnaissance en France et une situation fantastique, au cœur de Londres. Rentrer à King’s College n’est pas si simple, mais voici quelques informations et conseils pour démarrer du bon pied ! – Source : https://www.studyexperience.fr/comment-integrer-kings-college-london/ ].
File:King’s College London logo.svg - Wikimedia Commons
Suite de l’article traduit
Une écoute incontournable pour tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’impact qu’ont les modifications génétiques, l’édition génomique et les pesticides, en particulier l’herbicide largement utilisé glyphosate, sur notre santé personnelle, sur l’environnement et au niveau planétaire.
(Transcription par GMWatch. NB. Cette conversation a eu lieu il y a environ six semaines, de sorte que le processus législatif de déréglementation des plantes cultivées et des animaux génétiquement modifiés (OGM) a beaucoup progressé depuis lors. Voir ici les préoccupations spécifiques du Dr Antoniou concernant le projet de loi actuel sur les Technologies Génétiques (Reproduction de précision)).
Introduction - Cette semaine, nous entendons le Dr Michael Antoniou, un généticien moléculaire de premier plan et chef du groupe d’expression génique et de thérapie au ‘King’s College’ de Londres. Patrick et Michael discutent des préoccupations entourant l’édition génomique, de la façon dont cela s’applique à un contexte agricole et des implications pour notre santé.
Patrick Holden : Michael, merci beaucoup de vous être joint à moi sur ce podcast. Maintenant, nous nous connaissons depuis longtemps, mais les circonstances qui ont déclenché cette discussion particulière sont importantes. Peut-être aimeriez-vous les décrire.
Michael Antoniou : Merci, Patrick. Oui, c’est aussi un plaisir pour moi de me joindre à vous dans ce podcast et je crois que nous couvrirons des informations très importantes pour le public. Ce qui s’est passé au cours des derniers jours, c’est que le texte législatif du gouvernement [britannique], qui vise à prendre les premières mesures pour déréglementer fondamentalement l’utilisation, initialement, des technologies de génie génétique d’édition génomique dans un contexte agricole, a été adopté pratiquement sans opposition à la Chambre des lords, ce qui signifie qu’il retournera maintenant aux Communes et deviendra une loi [au Royaume-Uni] dans trois semaines.
Et cela rendra possible et presque gratuit pour les développeurs de plantes modifiées ainsi, de mener des essais sur le terrain d’une manière littéralement non réglementée, ce qui est pour moi une grande préoccupation, car le point sur les technologies d’édition génomique est qu’elles le sont ... loin d’être aussi précises (comme on le prétend) : en fait, ils sont imprécis et comportent des risques majeurs pour la santé humaine pour l’environnement.
Patrick Holden : Rappelez-moi simplement à quel point le gouvernement a demandé aux gens ce qu’ils pensaient de tout cela.
Michael Antoniou : Oui, le gouvernement a lancé une consultation l’année dernière, en demandant aux gens de commenter, entre autres, s’ils pensaient que l’édition génomique devrait être réglementée ou non. Et il y a eu une réponse massive, non seulement des individus mais aussi des organisations, suite à cette consultation ; hors, il s’est avéré que 99% des répondants étaient essentiellement toujours en faveur du maintien de la réglementation pour les produits modifiés par édition génomique, comme il y en a pour les cultures de plantes transgéniques élaborées par le « génie génétique à l’ancienne ».
Seulement 1% (un pour cent) des répondants ont déclaré qu’ils voulaient simplement que tout soit déréglementé et que tout soit gratuit pour tous.* Maintenant, le gouvernement, néanmoins, a choisi d’aller avec ce qu’un pour cent des répondants a dit, c’est-à-dire pour la déréglementation plutôt que de prendre en compte ce que les 99 pour cent des répondants voulaient, qui était de conserver la réglementation.
Patrick Holden : Donc c’est plutôt choquant, n’est-ce pas ? Que le gouvernement a vraiment ignoré la réponse à sa propre consultation. Pourquoi penses-tu que c’était le cas ? Je veux dire, pensez-vous qu’ils ont déjà décidé qu’ils voulaient déployer ces technologies ? Que se passerait-il ?
Michael Antoniou : Encore une fois, c’est un très bon point. Eh bien, même si – je devrais dire qu’une partie de la consultation demandait aux répondants de présenter des données scientifiques fondées sur des preuves, expliquant pourquoi une réglementation serait toujours nécessaire, et c’est ce que j’ai fait. J’ai répondu et j’ai fourni des masses d’excellentes preuves scientifiques montrant comment l’édition génomique n’est pas précise et pourquoi des dommages peuvent encore se produire. Donc, malgré toutes ces preuves, le gouvernement [britannique] continue de l’ignorer. Il n’y a eu aucune reconnaissance. Fait intéressant, le gouvernement n’a pas reconnu les preuves de dommages potentiels causés par l’édition génomique et il a emprunté la voie de la déréglementation.
Pourquoi est-ce ainsi le cas ? Mon sentiment est que, parce qu’il n’y a aucune raison scientifique à cela, je dois chercher ailleurs pour cette raison. Et l’explication pour moi, c’est pour des raisons purement politiques et commerciales. Le Royaume-Uni fonde beaucoup d’espoir sur un accord commercial avec les États-Unis pour compenser le fait que nous n’aurons pas de liens économiques aussi étroits avec l’Union européenne depuis le Brexit. Donc, en d’autres termes, le Royaume-Uni doit aligner sa réglementation sur les OGM et l’édition génomique sur les États-Unis pour permettre la libre circulation dans les deux sens de ces types de produits. Et donc je pense que c’est le vrai moteur derrière tout cela. C’est pour ces raisons politiques et commerciales, plutôt que pour la science – les scientifiques - qui vous dit : vous devez maintenir la réglementation en place et le faire correctement.
Patrick Holden : Maintenant, j’aimerais établir vos références scientifiques et en apprendre un peu plus sur votre histoire. Maintenant, j’ai dit que vous étiez un généticien moléculaire de premier plan, mais en fait, votre domaine de travail a été la thérapie génique et l’utilisation clinique de ces technologies. Il serait donc juste de dire, n’est-ce pas, que vous êtes un expert dans le domaine et dans son application, mais que vous avez de profondes inquiétudes quant à son utilisation en agriculture ? C’est vrai ?
Michael Antoniou : C’est exact, Patrick. Bien que les mêmes technologies soient utilisées pour le développement clinique de médicaments à base de gènes que pour les applications agricoles - et que les deux présentent donc les mêmes risques -, ce que nous constatons, c’est que dans un contexte médical, ces risques sont mieux reconnus et nous avons un très bon système de réglementation strict en place pour nous assurer que tout ce qui fait l’objet d’essais cliniques utilisant des médicaments à base de gènes a été soigneusement testé et fera l’objet de plusieurs essais avant de pouvoir éventuellement être approuvé pour une utilisation de routine en clinique. Nous constatons que de l’autre côté, [en agriculture] les choses vont dans la direction opposée, avec les mêmes technologies mais appliquées dans un contexte agricole.
Patrick Holden : Il y aura des gens qui écouteront cette discussion et qui sont partisans de l’édition génomique et du génie génétique en général. Et c’est merveilleux : nous voulons qu’ils écoutent. Mais je pense qu’ils pourraient considérer que vous êtes un militant plutôt teint dans la laine et idéologiquement engagé contre ces technologies. Alors, revenons un peu en arrière et établissons, comme je l’ai dit, vos références scientifiques. Parlez-moi de votre CV en version raccourcie. Comment êtes-vous arrivé dans ce domaine ? Quelle a été votre formation ?
Michael Antoniou : Je suis essentiellement un généticien moléculaire qui a étudié la structure et les fonctions des gènes pendant des décennies. Et dans le cadre de cette recherche, j’ai utilisé toutes sortes de technologies de génie génétique, et j’ai utilisé mes découvertes pour développer des médicaments à base de gènes ou pour la production industrielle de produits pharmaceutiques protéiques.
Patrick Holden : Mais où avez-vous étudié ?
Michael Antoniou : Mon diplôme de premier cycle était à l’Université d’Oxford en biochimie. J’ai ensuite fait mon doctorat à l’Université de Reading. La majeure partie de mes années – avant de créer mon propre groupe – était à l’Institut National de Recherche médicale de Londres, un établissement du Conseil de recherches médicales. Il n’existe plus, mais j’y suis resté pendant 10 ans. Et puis en 1994. J’ai rejoint la faculté de médecine de l’hôpital Guy, qui fait maintenant partie du ’King’s College’ de Londres, pour créer mon propre groupe. Ainsi, depuis 1994, je mène mes propres recherches indépendantes en génétique moléculaire fondamentale, comme nous l’appelons, c’est-à-dire comment les gènes sont organisés et comment ils sont contrôlés, et j’ai utilisé ces connaissances pour développer des médicaments à base de gènes.
Et j’ai travaillé en étroite collaboration avec l’industrie. Je tiens bien à souligner que j’ai également travaillé en étroite collaboration avec les industriels. J’ai même des brevets à mon nom. Vous savez, je tiens à souligner cela, parce que les gens pourraient penser que je suis, je suis en quelque sorte contre l’utilisation des technologies de génie génétique – : loin de là. Comme vous pouvez le voir, j’en ai profité au fil des ans à plus d’un titre.
Patrick Holden : Eh bien, c’est fascinant. Cela m’a toujours intéressé cette question de l’impartialité scientifique, parce que cela m’a toujours frappé que, vous savez, quel que soit le scientifique, qui que nous soyons, nous venons avec nos propres fragilités, nos propres convictions émotionnelles et intellectuelles et, bien sûr, avec des bagages. Et je crois, et je serais intéressé d’entendre votre réponse à cela, que tant que nous sommes honnêtes avec nous-mêmes sur notre origine, il se pourrait bien que nous ayons des positions sur des questions. Mais si nous sommes rigoureux, nous pouvons toujours être scientifiques et nous pouvons toujours être impartiaux, face aux preuves. Et je pense que c’est un thème très important à explorer brièvement, car il y aura des gens, comme je l’ai déjà dit, qui pensent que vous portez une idéologie et qu’elle ne sera pas ébranlée par de nouvelles preuves. Alors, que diriez-vous à tout cela ?
Michael Antoniou : Je suis entièrement d’accord avec vous Patrick. Deux choses pour moi. (Nous devons être) transparents sur qui nous sommes, quelle est notre position, mais nous devons aussi être fidèles à la science. Et en gardant à l’esprit que... la science fondamentale qui sous-tend tout développement technologique est en constante évolution. Et par conséquent, nous devons être fidèles aux progrès de la science.
Donc, si à un moment donné, sur la base de la science et des connaissances disponibles, nous pouvons penser qu’une certaine avancée technologique est une bonne idée, parce que nous pensons en savoir suffisamment pour prédire les résultats, mais ensuite, au fur et à mesure que la science progresse, nous découvrons que, eh bien, dans le contexte de cette compréhension scientifique beaucoup plus large et plus complète, peut-être que cette avancée technologique n’est plus une si bonne idée. Nous devons avoir le courage de pouvoir dire : “Non, nous ne devrions pas emprunter cette voie” ou “Nous devons changer”, car cela comporte des risques inacceptables.
Patrick Holden : Et, bien sûr, nous arrivons maintenant au point de la discussion concernant la remise en question des orthodoxies. Et je pense qu’il serait juste de dire que la communauté scientifique orthodoxe croit, et croit depuis de nombreuses années, que l’innovation dans le domaine de la génétique agricole et des semences, et tout ce qui va avec, est une bonne chose parce que c’est basé sur la science. Et cela nous permet d’accélérer notre compréhension de la façon dont nous pouvons cultiver plus de nourriture, peut-être avec moins d’intrants, etc…, etc…
Donc, jusqu’à présent, tout va bien, mais des gens comme vous arrivent et vous exprimez des doutes sur la sagesse de certaines des choses que nous faisons. Donc, peut-être juste pour commencer - parce que je pense que beaucoup de gens écouteraient cela, pourriez-vous décrire de manière très simple, peut-être quelques phrases, ce qu’est le génie génétique, puis passer à l’édition génomique, qui bien sûr est dans les actualités, comme vous l’avez dit, et décrire la différence entre l’édition génomique et le génie génétique ? Ou vous pouvez le faire dans l’autre sens, si vous le souhaitez.
Michael Antoniou : Oui, l’édition génomique relève du vaste domaine du génie génétique. Mais oui, ce sont de très bons sujets. Fondamentalement, le génie génétique des plantes cultivées ou même des animaux, est une procédure artificielle effectuée en laboratoire qui n’implique aucun élevage naturel. Vous cultivez littéralement, par exemple, du matériel végétal en laboratoire et vous introduisez artificiellement des gènes étrangers dans les cellules végétales [par transgénèse] ou en utilisant l’édition génomique, vous manipulez les gènes qui sont déjà là. Et puis à partir de ce matériel végétal, vous produisez cultivez de nouvelles plantes entières et vous les propagez à partir de ce moment-là.
Patrick Holden : Je comprends cela. Alors, pourquoi est-ce plus risqué, ou pourquoi cela pose-t-il des menaces potentielles que, appelons-le, les “processus de reproduction naturels” ne le font pas ? Pouvez-vous expliquer cela simplement ?
Michael Antoniou : Hmm, certainement. La procédure de génie génétique, et cela inclut l’édition génomique, a le potentiel d’endommager l’ADN, d’endommager le matériel génétique et la composition de la plante, de manière involontaire à plusieurs étapes de cette procédure. De sorte qu’à la fin du processus, vous vous retrouvez avec des combinaisons de fonctions génétiques qui n’existent pas naturellement. Et si vous modifiez la fonction des gènes, vous modifiez automatiquement la biochimie de la plante. Et la modification de la biochimie peut être incluse dans cette biochimie modifiée, peut-être la production de nouvelles toxines et d’allergènes. Et en tant que scientifique de la santé, c’est ma principale préoccupation.
Patrick Holden : Allons maintenant sur terre, pour ainsi dire, et zoomons sur la première génération de plantes cultivées génétiquement modifiées, à savoir le maïs et le soja ‘Roundup Ready’, qui sont cultivés maintenant partout dans le monde, partout en Amérique de toute façon, et dans d’autres parties du monde aussi. Maintenant, en appliquant cette compréhension à ces cultures particulières d’OGM, que diriez-vous des risques associés aux organismes qu’elles sont ?
Michael Antoniou : À travers les mécanismes que je viens de décrire : dans ces plantes génétiquement modifiées ‘Roundup Ready ‘ou tolérantes au glyphosate, comme le soja et le maïs, vous avez ajouté un gène étranger à la plante par une procédure complètement artificielle, ce qui, tout d’abord, (signifie) que vous avez une nouvelle combinaison de gènes là-bas, parce que vous avez ajouté un gène étranger. Mais en plus de cela, il y a ces processus incontrôlés qui entraînent des dommages généralisés à l’ADN de l’organisme, modifiant sa biochimie.
Et mon travail dans mon propre laboratoire l’a montré : il y a quelques années, nous avons publié l’article dans lequel nous comparions un maïs génétiquement modifié tolérant au Roundup avec son équivalent non OGM, non génétiquement modifié (plante). Et nous avons trouvé des changements de composition majeurs en termes de protéines et d’autres petites molécules biochimiques dans la plante. En d’autres termes, la procédure de génie génétique avait considérablement modifié la composition de ce maïs. C’est là que viennent les dangers et le fait est que ceux qui développent des plantes génétiquement modifiées, ne reconnaissent pas ces résultats inattendus. Et les régulateurs – chargés de la régulation et de contrôles - ne parviennent pas non plus à effectuer une analyse suffisamment bonne.
Patrick Holden : Mais les défenseurs des plantes génétiquement modifiées, des plantes tolérantes au glyphosate, diraient que ces plantes sont cultivées depuis quelques décennies et plus, et où sont les preuves du mal et des dommages ? Parce que vous dites que cela gâche la structure et qu’il peut y avoir des impacts inattendus, mais, vous savez, les gens diraient ’ Eh bien, ils sont là-dedans. Nous les mangeons, les animaux les mangent. Quel est le problème ?”
Michael Antoniou : Eh bien, avant de continuer, nous devrions dire que la culture de plantes tolérantes au Roundup a eu un effet dévastateur sur l’environnement. Parce que le Roundup est un désherbant non spécifique [total] qui a en fait décimé l’environnement des plantes dont la faune se nourrissait normalement, par exemple. Ces cultures vivrières tolérantes au Roundup ont de multiples sources de dommages potentiels, pouvant entraîner des dommages pour la santé.
Premièrement, il y a les résidus du pesticide, le Roundup, qui est là. Et encore une fois, mon laboratoire est l’un des principaux groupes au monde, et je ne le dis pas de manière vantarde. Je dis simplement que nous sommes l’un des pionniers et l’un des leaders dans l’étude de la toxicité du glyphosate et du Roundup, et nous avons constaté des résultats très inquiétants lors de nos études. Le fait est que la biochimie de la plante alimentaire a été modifiée de manière involontaire. Et il y a eu beaucoup, pas seulement une, mais de nombreuses études bien menées sur l’alimentation des animaux de laboratoire qui ont constamment montré des résultats négatifs sur la santé de la consommation d’aliments génétiquement modifiés, que ce soit le soja, le maïs ou d’autres choses. Et cela inclut les impacts sur la fonction hépatique et la fonction rénale : ce sont deux organes qui sont particulièrement touchés négativement, mais aussi les troubles du système digestif et des troubles du système immunitaire.
Ce qui est inquiétant, bien sûr, c’est qu’aucune étude épidémiologique humaine n’a été menée dans les régions du monde où la plupart des aliments génétiquement modifiés sont consommés, comme en Amérique du Nord, par exemple. Aucune étude épidémiologique n’a été menée pour déterminer s’il existe un lien entre la consommation d’aliments génétiquement modifiés et la santé. Donc, toute affirmation des gens qui disent ’Oh, les gens mangent ces aliments depuis des décennies maintenant et rien de fâcheux ne s’est produit”, c’est une affirmation totalement non scientifique, car il n’y a aucune preuve à l’appui parce qu’aucune étude n’a enquêté sur (cela). Mais nous pouvons citer ces nombreuses études contrôlées sur l’alimentation des animaux de laboratoire comme indicateur que tout ne va pas bien et que nous devrions également rechercher des effets indésirables chez les populations humaines.
Patrick Holden : Eh bien, vous avez déjà mentionné tout à l’heure que vous avez une expertise considérable non seulement dans la compréhension des risques potentiels des cultures génétiquement modifiées elles-mêmes lorsqu’elles sont nourries à des personnes ou à des animaux, mais aussi sur l’impact du Roundup ou d’autres herbicides à base de glyphosate, qui sont bien sûr régulièrement pulvérisés sur ces cultures, et ce depuis 20 ou 30 ans, car ils sont un moyen brillant du point de vue de l’agriculteur de contrôler les mauvaises herbes. Parce que lorsque vous les pulvérisez sur la culture, tout meurt, à l’exception de la culture elle-même, car elle tolère l’herbicide. Passons maintenant à la question du Roundup ou des herbicides tolérants au glyphosate en général. Tout d’abord, établir qu’ils sont très largement utilisés. Je crois qu’ils sont maintenant l’herbicide le plus utilisé au monde et à tel point qu’ils sont maintenant dans l’eau potable, tombant sous la pluie, et, oui, des résidus se trouvent dans de nombreux aliments que nous mangeons. Donc, je crois, si vous êtes d’accord avec tout cela, quel travail avez-vous fait pour examiner l’impact du Roundup sur les animaux et les humains ?
Michael Antoniou : Merci, Patrick. Oui, je suis d’accord que tout ce que vous avez dit est exact, en ce sens que les herbicides à base de glyphosate, tels que le Roundup, sont depuis longtemps le pesticide le plus utilisé au monde et qu’il est devenu presque omniprésent partout. Et la principale source d’exposition humaine semble provenir des denrées alimentaires elles-mêmes. Je devrais dire que l’exposition au glyphosate/Roundup ne provient pas seulement des plantes cultivées génétiquement modifiées qui ont été conçues pour tolérer, lorsqu’elles sont pulvérisées avec ces produits chimiques, mais aussi de cette habitude incompréhensible, ou quoi que ce soit d’autre, les agriculteurs ont adoptée plus récemment, qui consiste à utiliser le Roundup comme ce qu’on appelle un déshydratant de pré-récolte [défanant]. C’est dans un délai d’une ou deux semaines avant que l’agriculteur n’envisage de récupérer la récolte, il la tue intentionnellement en la pulvérisant avec du Roundup et cela aide apparemment à sécher le grain [ou les tubercules dans le cas des pommes de terre]. Et là où il est le plus utilisé, c’est sur les céréales, comme l’avoine, le blé et l’orge, mais aussi sur les légumineuses. Et apparemment, cela est fait pour que vous obteniez un séchage uniforme du grain, ce qui peut être très pratique pour l’agriculteur, car cela lui permet de récolter plus tôt qu’il ne le ferait peut-être (autrement).
Patrick Holden : En tant qu’agriculteur, si tout ce que vous combinez est sec et mort, cela signifie que vous pouvez ramasser la récolte plus rapidement et que cela n’encrasse pas autant (les machines). Vous avez tout à fait raison : le glyphosate en tant que déshydratant de pré-récolte est largement utilisé dans ce pays, pas seulement sur les plantes cultivées génétiquement modifiées. Et je peux ajouter à cela, je peux aussi vous dire qu’il est maintenant largement utilisé pour, comme on dit, “pulvériser” les prairies avant qu’elles ne soient labourées et réensemencées. Et aussi, c’est encore plus choquant à mon avis, il est parfois pulvérisé sur les cultures d’ensilage avant qu’elles ne soient coupées et ensilées, ce que les vaches laitières et les vaches de boucherie mangeront ensuite. Et la raison pour laquelle les agriculteurs le font, c’est parce que s’ils le pulvérisent sur la culture d’ensilage juste avant de la couper, puis après l’avoir coupée, le milieu est mort, et ensuite ils peuvent préparer le sol directement … sans avoir à labourer. Il y a donc de nombreuses raisons pour lesquelles le glyphosate est devenu l’herbicide de choix – pas seulement au Royaume-Uni, mais aussi aux États-Unis et dans le reste du monde, et pas seulement avec les cultures de plantes génétiquement modifiées.
Maintenant, concentrons-nous sur la question de savoir s’il y a un préjudice, car des milliers d’agriculteurs - et j’espère qu’ils écouteront beaucoup cela, car il y a toute une révolution de préparation du sol (travail du sol minimum) en cours, qui au Royaume-Uni, je pense, dépend en grande partie de l’utilisation du Roundup. La plupart des agriculteurs pensent que ce n’est pas grave. Alors tu vas les inquiéter en leur disant que ça ne va pas ? Et si oui, quelles sont vos preuves ? Parce que nous ne voulons pas seulement nous baser sur des opinions, vous savez, ici. Nous voulons des preuves !
Michael Antoniou : Oui, certainement. Le sujet en particulier avec le Roundup utilisé, juste pour revenir sur cet herbicide le Roundup, herbicide à base de glyphosate, qui est aussi utilisé comme agent de séchage – un ‘desiccant’ ou déshydratant – desséchant juste le matériel végétal avant la récolte. Parce que la récolte a lieu si peu de temps après la pulvérisation, il n’y a pas eu de temps pour la dissipation du Roundup et du glyphosate, c’est pourquoi vous trouvez souvent – dans les enquêtes sur les denrées alimentaires aux États-Unis que je connais, par exemple, cela peut ne pas signifier grand-chose pour le grand public, mais plus d’un milligramme kilogramme de glyphosate par kilogramme de produit récolté a été trouvé dans les céréales comme l’avoine aux États-Unis, par exemple. Et je suis sûr que si nous cherchions ici en Europe, nous trouverions probablement des niveaux élevés de résidus de glyphosate dans ces types de céréales.
Ce qui est inquiétant, c’est que nous avons montré dans les recherches de mon groupe et, bien sûr, d’autres groupes à travers le monde – le glyphosate est littéralement devenu l’un des produits chimiques les plus étudiés sur terre à l’heure actuelle – et nous trouvons de multiples mécanismes de dommages en découlant en particulier sur le long terme. Pour moi, à cause des dommages immédiats, des effets toxiques et des dommages, le glyphosate ne les montre pas, à moins que vous n’en preniez une quantité massive, ce que vous ne ferez jamais. Mais de plus petites quantités sur une plus longue période de temps, sont l’endroit où le mal commence à se manifester. Ainsi, dans notre première étude, les rats de laboratoire ont reçu une dose incroyablement faible de Roundup – si faible qu’elle est massivement inférieure à ce que les régulateurs autorisent en Europe à ingérer quotidiennement. Et c’est ce qu’on a trouvé chez ces rats !
Patrick Holden : Juste pour intervenir : comment ont-ils reçu cela ?
Michael Antoniou : Normalement, le Roundup est administré par l’eau potable parce que vous pouvez le contrôler plutôt que dans la nourriture. Vous pouvez contrôler l’ingestion, la quantité ingérée, beaucoup plus soigneusement par l’eau potable que par la nourriture. Donc, dans l’ensemble, pratiquement toutes, les études menées non seulement par moi-même, mais par d’autres chercheurs ont été (faites par) l’administration via l’eau potable.
Et même si la quantité dans cette première étude, même si la quantité de Roundup est ingérée, et c’était un Roundup typique de l’Union européenne, comme cela serait également utilisé au Royaume-Uni, nous avons constaté qu’après deux ans, les animaux présentaient des signes évidents de lésions hépatiques, une maladie connue sous le nom de stéatose hépatique non alcoolique, qui peut également entraîner une nécrose et un cancer du foie.
[Addenda - La stéatohépatite non alcoolique (NASH, pour non-alcoholic steatohepatitis) est une maladie chronique qui concernerait plus de 200.000 personnes en France. Elle correspond à une accumulation de graisses dans le foie (stéatose) associée à une inflammation de l’organe (hépatite). 15 juillet 2020 – Voir cette source : Stéatohépatite non alcoolique - Wikipédia ].
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Dans nos publications les plus récentes sur le Roundup (et donc son principe actif : le glyphosate), nous avons trouvé des preuves claires, s’appuyant sur des études antérieures, qu’il provoque ce que nous appelons le stress oxydatif. Cela perturbe l’environnement intestinal et je peux expliquer pourquoi c’est si important de nos jours – la santé intestinale est si importante pour la santé en général. Nous avons constaté des perturbations majeures dans l’intestin des rats nourris avec Roundup (don au glyphosate). Mais nous avons également constaté à nouveau des perturbations majeures dans leur biochimie sanguine et leur biochimie hépatique, ainsi que dans la biochimie rénale. Le tout suggérant véritablement un stress oxydatif.
[Addenda - Le stress oxydatif est l’ensemble des agressions causées par des molécules dérivant de l’oxygène, aux cellules de notre corps. Les plus connus de ces substances néfastes aux constituants de nos cellules sont les radicaux libres.
Selon ‘Futura Santé’ - Stress oxydatif : qu’est-ce que c’est ? Lire la bioMarie-Céline Ray Journaliste -Photo - Le stress oxydatif serait impliqué dans le vieillissement. © Vinoth Chandar, Flickr, CC by 2.0
Le stress oxydatif ou stress oxydant correspond à une agression des cellules par des radicaux libres, aussi appelés « espèces réactives de l’oxygène » (ERO). Il ne faut pas confondre stress oxydatif, qui s’observe au niveau cellulaire, et stress psychologique, au niveau de l’organisme.
Radicaux libres et antioxydants - Les radicaux libres sont produits en permanence par l’organisme, à partir d’oxygène dans la cellule, notamment au niveau de la mitochondrie, dans la chaîne respiratoire. Les ERO sont des substances réactives et très toxiques. Le stress oxydatif est causé par un déséquilibre entre les radicaux libres pro-oxydants et les antioxydants.
Stress oxydatif et vieillissement - Lorsque les ERO s’accumulent dans la cellule, ils peuvent être neutralisés par des molécules antioxydantes, comme les vitamines E et C, ou des enzymes, comme la superoxyde dismutase. La production élevée de radicaux libres peut être liée à l’inflammation, au tabagisme, à une alimentation trop riche en graisses, à l’alcool... L’accumulation des agressions par les radicaux libres favoriserait le vieillissement. Source : https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/biologie-stress-oxydatif-15156/ ].
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Maintenant, qu’est-ce que le stress oxydatif ? Le stress oxydatif est un type de substances de type oxygène/à base d’oxygène qui sont très dommageables. Ils vont littéralement attaquer et endommager tout ce qu’ils rencontrent. Donc ce n’est pas une bonne chose. Et une autre chose, c’est que le stress oxydatif est connu pour causer des dommages à l’ADN. Les dommages à l’ADN, bien sûr, ne sont pas bons, car si vous endommagez l’ADN et la fonction des gènes, cela peut conduire au cancer.
Un pourcentage assez élevé de ce qui est bu, de ce qui est absorbé par l’eau potable, sera absorbé dans le corps de l’animal, comme il le ferait avec un être humain. Si nous devions analyser l’urine humaine, par exemple, dans des régions du monde, comme les États–Unis, où le glyphosate est utilisé de manière presque omniprésente. Près de 100% des personnes interrogées aux États-Unis ont des résidus de glyphosate dans leurs urines. Et cela vient de la nourriture et des boissons qu’ils consomment. Et c’est la même chose chez les animaux de laboratoire. Il vient, entre dans le corps à travers la boisson. Mais, bien sûr, il y a un effet immédiat dans l’intestin où la population bactérienne intestinale [microbiote] très importante…
[Addenda - Qu’est-ce que le microbiote intestinal ? La population bactérienne hébergée par notre organisme est très importante : on y compte environ 100.000 milliards de bactéries (soit 100 fois plus que le nombre de cellules dont est constitué le corps humain), qui appartiennent à plusieurs centaines d’espèces différentes. 11 avril 2016.
Lecture suggérée : Microbiote intestinal (flore intestinale) : une piste sérieuse pour comprendre l’origine de nombreuses maladies - Publié le : 18/10/2021 – Dossier ‘inserm.fr’ - Notre tube digestif abrite pas moins de 1013 micro-organismes, soit autant que le nombre de cellules qui constituent notre corps. Cet ensemble de bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes constitue notre microbiote intestinal (ou flore intestinale). Son rôle est de mieux en mieux connu et les chercheurs tentent aujourd’hui de comprendre les liens entre ses déséquilibres et certaines pathologies, en particulier parmi les maladies auto-immunes et inflammatoires…
Lire le dossier complet sur ce site : https://www.inserm.fr/dossier/microbiote-intestinal-flore-intestinale/ ]
Autre source d’information : [Microbiote intestinal humain – Wikipédia ].->https://fr.wikipedia.org/wiki/Microbiote_intestinal_humain]
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Il ne se passe presque pas un jour sans que vous ne lisiez un article dans les médias sur l’importance de la santé intestinale pour notre bien-être général. En effet, notre intestin est habité par plusieurs milliers de types de bactéries différents et ces bactéries nous aident, non seulement à digérer nos aliments, mais elles produisent également des produits chimiques qui pénètrent dans le corps et aident à réguler certaines fonctions corporelles cruciales, telles que le fonctionnement du système nerveux. Ainsi, l’intestin communique avec le cerveau, mais il produit aussi, des substances qui modulent le fonctionnement de notre système immunitaire. Par conséquent, si le déséquilibre intestinal, le déséquilibre de la fonction intestinale, le déséquilibre de ce que l’on appelle le microbiote intestinal est alors lié à presque toutes les maladies chroniques graves que vous pouvez mentionner, y compris le cancer.
Patrick Holden : J’espère qu’il y aura des agriculteurs qui écouteront ce podcast. Et vous saurez probablement Michael qu’il y a un énorme intérêt pour l’agriculture régénérative au Royaume-Uni et dans le monde entier, ce qui est génial. Et il y a aussi un intérêt pour les systèmes de production agricole sans labour ou avec un travail du sol minimal qui entraînent une perturbation minimale du sol et l’évitement du labour grossier. Mais ces mêmes agriculteurs vous diront que ces systèmes fonctionnent mieux si vous avez un herbicide efficace. Et il y a pratiquement une dépendance ombilicale à l’utilisation du glyphosate certainement, ou de la spécialité commerciale Roundup, certainement dans les zones les plus humides du Royaume-Uni. Donc, cette conversation devient assez importante, parce que beaucoup d’agriculteurs diraient, eh bien, qi’ils ne peuvent pas faire de préparation du sol sans Roundup.
Addenda – L’Agriculture régénératrice d’après Wikipédia
L’agriculture régénératrice ou régénérative est caractérisée par une philosophie de la production agricole et un ensemble de techniques adaptables fortement influencés par la permaculture de Masanobu Fukuoka. Ses buts principaux sont de régénérer les sols, augmenter la biodiversité1, la séquestration du carbone atmosphérique par le sol, la résilience des sols face aux fluctuations du climat, optimiser le cycle de l’eau et améliorer la fourniture de services écosystémiques2,3.
Particularités de l’agriculture régénératrice - Par rapport à la permaculture, l’agriculture régénératrice se veut centrée sur la production agricole et ambitionne non seulement de conserver la sphère environnementale et agricole dans un état satisfaisant, mais de l’améliorer encore4, comme le font les paysans depuis le néolithique.
Les pratiques associées à l’agriculture régénératrice sont celles reconnues par la permaculture, l’agroécologie, l’agroforesterie et la restauration écologique, comme le maintien d’un taux élevé d’humus dans les sols, les techniques culturales simplifiées, le maintien de la biodiversité, le compostage, le paillage, la rotation des cultures, l’utilisation de cultures de couverture et d’engrais verts, la réduction ou la suppression des applications de produits phytosanitaires. Dans une ferme qui pratique l’agriculture régénératrice, la production devrait augmenter au cours du temps, tandis que l’apport de matière organique extérieure devrait diminuer5.
Son adoption n’empêche pas d’adhérer à un label d’agriculture biologique ou autre. Par rapport aux pratiques actuelles et en l’absence de charte ou de label précis et contraignants, l’agriculture régénératrice est donc à considérer dans la mouvance plus générale de l’agriculture de conservation et de l’agroécologie….
Lire l’article en totalité sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_r%C3%A9g%C3%A9n%C3%A9ratrice ].
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Michael Antoniou : Encore une fois, je prends vos points de vue. J’ai déjà entendu cela. Je ne suis évidemment pas fermier. Je ne peux donc pas fournir les réponses sur la façon dont vous pouvez faire du semis sans utiliser efficacement un herbicide à large spectre tel que le glyphosate (Roundup). Tout ce que je peux souligner, c’est que ces herbicides, y compris les herbicides totaux, à base de glyphosate comme le Roundup, sont loin d’être aussi sûrs que nous le pensions peut-être autrefois ; et nous devons y réfléchir à deux fois ; et que les pratiques agricoles devront s’adapter aux implications pour la santé, de ces dernières preuves ; et les systèmes agricoles doivent évoluer vers un système plus agroécologique et régénératif. C’est clairement la voie à suivre. Ce sera mieux pour les agriculteurs eux-mêmes, pour l’environnement et pour le consommateur.
Patrick Holden : Un dernier point sur le Roundup et le glyphosate. Y a-t-il des preuves que les résidus de Roundup dans le sol causent des dommages à... appelons-le vaguement, le microbiome du sol ?
[Addenda - Microbiologie du sol
Schéma - Taille et diversité des organismes du sol.
Schéma - Le rôle du microbiote du sol est considérable et très varié : humification et minéralisation, mycorhization, fixation de l’azote atmosphérique, défense des plantes par champignons endophytes.
Schéma - Le réseau mycorhizien et le microbiote du sol créent des systèmes de « relation sociale », avec notamment les ectomones qui établissent un dialogue interspécifique.
Illustration - Un exemple de réseau trophique, le réseau alimentaire du sol (en) dans lequel le microbiote tellurique fait partie des consommateurs primaires qui constituent le second niveau trophique.
La microbiologie des sols est la science dont l’objet est l’étude de l’édaphon microscopique, c’est-à-dire des microorganismes unicellulaires (constituant le microbiote du sol, appelé aussi microbiote tellurique) doués de fonction vitale, de types eucaryotes dont les cellules possèdent un vrai noyau et de type procaryote sans noyau véritable. Les virus bien qu’étant des organismes non vivants font tout de même l’objet d’études1.
Sa définition pourrait induire en erreur plus d’une personne concernant son champ d’étude, car il englobe d’autres branches comme la virologie, la mycologie et la parasitologie…
Article complet à lire sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Microbiologie_du_sol ].
Autres sources d’information :
Vidéos :
https://www.youtube.com/watch?v=Zy9...
APERÇU4:43 L’analyse du microbiome d’un solYouTube· IRDA2 oct. 2019
APERÇU58:47 Microbiome des sols agricoles, indicateurs de la productivité ...YouTube· CRAAQ18 déc. 2020
APERÇU8:33 Webinaire santé des sols – Le microbiome des sols agricolesYouTube· Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)
Le microbiome des sols agricoles, une source d’indicateurs de ...
https://www.agrireseau.net › grandsgibiers › videos › le...18 déc. 2020 — Le microbiome des sols agricoles, une source d’indicateurs de la productivité des cultures et de la santé des sols. Par M. Richard Hogue, ...
Le microbiome des sols en grandes cultures - MAPAQ
https://www.mapaq.gouv.qc.ca › Fichedetransfert...PDF 3 pages
https://www.agroscope.admin.ch › lots-de-travaux › mi...Le volet « Microbiome du sol » a pour but d’étudier la biodiversité microbienne dans différents sols et systèmes représentatifs de la Suisse et de son ...
SLS-7041 Écologie microbienne et santé du sol
https://www.ulaval.ca › Études › Cours -15 mars 2022 — ... approches moléculaires pour étudier le microbiome du sol ; gestion du microbiote du sol et de son processus, promouvoir la santé des sols ...
Changement climatique et microbiote du sol : quels impacts et ...
https://blog.vegenov.com › 2020/09 › changement-cli...23 sept. 2020 — Le microbiote contribue à la structuration des sols : par la production de molécules organiques, les bactéries permettent la formation d’ ...
L’analyse du microbiome d’un sol - IRDA
https://www.irda.qc.ca › telechargement › publicat..PDF ANALYSE DU MICROBIOME D’UN SOL : LES APPLICATIONS EN AGROENVIRONNEMENT par Richard Hogue, biol., Ph. D. Chercheur en écologie microbienne. Décembre 2017.]
Suite de l’article traduit
Michael Antoniou : C’est un très bon sujet et c’est un domaine inexploré. Sur la base de nos conclusions, selon lesquelles le glyphosate et le Roundup - ce sera le Roundup, bien sûr, qui finira dans le sol, la formulation entière plutôt que le glyphosate seul - nous savons qu’ils inhiberont comme nous l’avons montré dans l’intestin. Nous avons montré que les bactéries intestinales qui ont la voi sont très efficacement bloquées par le glyphosate et le Roundup.
La même chose que nous pouvons nous attendre à voir se produire chez les bactéries du sol. Si cela devait se produire, il ne fait aucun doute que de très nombreux types de bactéries du sol, très précieuses dans ce microbiome du sol, seront inhibés dans leurs fonctions et que cela aura des impacts négatifs sur la façon dont la culture prospérera et se développera, car nous savons qu’il existe une relation entre la santé du sol, qui comprend les bactéries du sol, et la santé et la performance agricole des plantes. Si vous perturbez le microbiome du sol – dans ce cas, par l’action du Roundup -, vous n’obtiendrez pas le meilleur parti de votre culture. Il n’y a aucun doute à ce sujet.
Patrick Holden : D’accord. Eh bien, je pense que nous ferions mieux d’arriver à une conclusion, parce que nous avons eu une exploration intensive et approfondie de l’impact de la modification génétique et de l’édition de gènes sur les plantes et sur les animaux, et potentiellement, y compris les êtres humains. Alors maintenant, pensons simplement à l’impact, comme nous sommes déjà aujourd’hui concernés, d’accord, vous voulez dire quelque chose de plus.
Michael Antoniou Je veux dire encore une chose, Patrick, parce que j’ai parlé de l’échec inévitable pour moi de l’édition de gènes dans un contexte agricole pour donner n’importe quoi de longue durée qui aura de la valeur. L’inquiétude pour moi encore, en tant que scientifique de la santé, est que l’édition de gènes changera inévitablement à nouveau le fonctionnement biochimique général de la plante cultivée.
L’édition de gènes modifiera également la biochimie de la plante de manière involontaire, car elle ne modifie pas seulement un gène, mais le fonctionnement de plusieurs gènes involontairement. Et rappelez-vous que lorsque vous modifiez ce schéma, - le schéma global de la fonction des gènes-, vous modifiez la biochimie et dans cette biochimie modifiée, vous avez le risque de produire de nouvelles toxines et allergènes. Et cela n’est pas reconnu. Il est simplement dit “ Non, non, rien ne (se passe”. Sans fournir de preuves, cela n’est pas reconnu et c’est très, très inquiétant pour les consommateurs.
Patrick Holden : D’accord, nous vivons donc dans un monde interconnecté d’écosystèmes, d’organismes et de gènes, et rien n’est séparé : tout est connecté. Et pourtant, même la Chambre des lords maintenant, qui arrête normalement les choses, a laissé le génie sortir de la boîte de Pandore. Nous vivons donc dans un monde, au Royaume-Uni en tout cas, où l’édition de gènes et très probablement plus tard, d’autres méthodes plus anciennes de génie génétique, vont être lâchées sur le monde entier, et sur le monde agricole en particulier.
[Addenda - La boîte de Pandore est un artefact de la mythologie grecque lié au mythe de Pandore dans les Travaux et les Jours d’Hésiode. Il a rapporté que la curiosité l’a amenée à ouvrir un récipient laissé aux soins de son mari, libérant ainsi des malédictions physiques et émotionnelles sur l’humanité. Wikipédia (anglais) ].
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Imaginons qu’il y ait plusieurs catégories d’êtres humains qui écoutent ce podcast et qui sont inquiets de ce que vous avez dit. Commençons par les agriculteurs. Que pouvons-nous faire pour éviter d’utiliser ces cultures de plantes génétiquement modifiées ?
Addenda – « Les Cotswolds sont une chaîne de collines du sud-ouest de l’Angleterre. La région est désignée comme une Area of Outstanding Natural Beauty (« région à la beauté naturelle exceptionnelle »). Le point culminant en est Cleeve Hill, à une altitude de 330 m. Photo : Cottages de Bibury, dans les Cotswolds. Les Cotswolds se trouvent dans les comtés cérémoniaux d’Oxfordshire, Gloucestershire, Wiltshire, Somerset, Warwickshire et Worcestershire. La source de la Tamise se trouve dans les collines du Gloucestershire. La chaîne s’étend de la ville de Bath au sud vers Chipping Campden au nord et a une longueur de 150 km et une largeur de 40 km. Elle a longtemps été un lieu de résidence convoité. De nombreuses hauteurs à l’ouest sont couronnées par des forts que construisirent sur les collines des hommes de la Préhistoire, dont les cimetières — des tombeaux du Néolithique au tumulus rond de l’âge du bronze — abondent. Bien loin des mines de charbon et des grandes villes, la région a échappé aux effets de l’industrialisation ; son mode de vie rural a été préservé… » -
Carte de l’AONB recouvrant les Cotswolds.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cotswolds
Suite du document traduit
Vraisemblablement, nous pouvons dire aux sociétés semencières, - les graines des Cotswolds ou les graines sur le marché occidental – j’ai mentionné ces deux-là, que nous ne voulons vraiment pas acheter de semences de plantes génétiquement modifiées. Et peut-être qu’ils répondront en conséquence, mais je pense que c’est le début, n’est-ce pas ? Parce que, que nous soyons des éleveurs d’animaux ou des agriculteurs, ou les deux à la fois, en fin de compte, ce sont nos décisions qui détermineront si ces technologies seront largement introduites dans l’environnement agricole britannique.
Michael Antoniou : Je pense qu’il s’agit pour les agriculteurs de faire connaître leurs souhaits aux producteurs et distributeurs de semences. Je dois dire qu’à l’heure actuelle, le texte législatif du gouvernement, qui a été adopté par la Chambre des lords, a essentiellement permis aux développeurs de cultures de plantes génétiquement modifiées, de mener très facilement des essais sur le terrain sans aucune surveillance. C’est donc toujours un instrument qui ne couvre que la recherche et le développement des plantes cultivées, plutôt que leur commercialisation.
Patrick Holden : Jusqu’à présent, nous sommes toujours à l’abri de leur ommercialisation.
Michael Antoniou : Exact.
Patrick Holden : C’est, pour moi, un peu un soulagement. Passons maintenant aux entreprises alimentaires et aux détaillants, qui devront également faire des choix au nom de leurs clients, pour savoir s’ils disent à ces entreprises semencières ou à ces chercheurs : “Regardez, voyez si vous pouvez produire une plante cultivée avec des rendements plus élevés ou plus de vitamines – quelque chose ou autre, quoi que ce soit – et nous l’achèterons”. Ils ne peuvent pas encore le faire, n’est-ce pas ? Ils ne peuvent pas encore acheter ces semences de plantes génétiquement modifiées sauf, bien sûr, par le biais d’aliments pour animaux qui sont donnés au bétail. Quelle serait leur réaction ?
Michael Antoniou : Encore une fois, cela dépend. Pour les grands détaillants, les supermarchés en particulier, comme nous le savons, tous les grands supermarchés ici au Royaume-Uni depuis 20-30 ans ont exclu les OGM, vous savez, les ingrédients issus de matériel végétal génétiquement modifiés, de leurs propres produits de marque. Et de nombreux grands fabricants d’aliments en Europe ont fait de même, que ce soit Unilever. Maintenant, s’ils veulent rester fidèles à cette politique d’exclusion des ingrédients génétiquement modifiés dans leurs produits, ils doivent également exclure les produits génétiquement modifiés par l’édition du génome, car ces derniers sont incontestablement des produits génétiquement modifiés, de véritables produits génétiquement modifiés.
Maintenant, cependant, le gouvernement tente, dans le cadre de sa déréglementation du génie génétique en agriculture, d’exclure l’édition génomique de la définition d’un produit génétiquement modifié (OGM). Donc, en d’autres termes, voici cette avoine provenant de la technique d’édition génomique qui n’a eu qu’un ou deux gènes modifiés et rien n’est ajouté en provenance de l’extérieur de la plante, et selon la nouvelle définition légale, ils ne sont pas génétiquement modifiés.
Addenda –
Dérèglementation des OGM : la France « soutient pleinement » la Commission européenne - version PDF par Eric MEUNIER - Date de rédaction / mise à jour : 23 juin 2021 – Document ‘Inf’OGM’ - Le 26 mai 2021, les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne étaient réunis pour réagir à la proposition faite par la Commission européenne de dérèglementer tous les nouveaux OGM. La proposition n’a pas été formellement rejetée, mais certaines positions exprimées annoncent des débats animés.
Le 29 avril 2021, la Commission européenne publiait un document de travail estimant nécessaire d’adapter la réglementation actuelle pour développer les opportunités offertes par les nouveaux OGM. Et le vice-président de la Commission européenne, Maroš Šefčovič, annonçait dans une lettre adressée au Portugal en tant que pays présidant l’Union européenne, son intention de « lancer une action politique (...) [sur] les plantes obtenues par mutagénèse dirigée et cisgénèse » [1].
Les États membres réagissent
Un mois plus tard, le 26 mai 2021, au cours d’une réunion retransmise publiquement, les ministres européens de l’Agriculture ont réagi à ces deux textes [2]. Des réactions succinctes, les unes à la suite des autres, sans aucun débat. Inf’OGM présente dans le tableau ci-dessous ces positions, permettant une vision aussi exhaustive que possible. Ces prises de parole des États membres avaient notamment pour objectif d’indiquer leurs réactions à l’étude publiée par la Commission européenne et faire connaître leur opinion sur la proposition de dérèglementer les végétaux génétiquement modifiés par mutagénèse dirigée et cisgénèse.
La France soutient « pleinement » la proposition faite
L’exercice peut paraître étonnant pour le citoyen européen. Chaque pays dispose en effet de trois minutes maximum pour présenter sa position. Une obligation de synthèse qui, parfois, impose de résumer fortement une position plus complexe qu’il n’y paraît. Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture français, a ainsi résumé l’analyse du gouvernement français du dossier des nouvelles techniques de modification génétique comme ses collègues en trois minutes, alors que la contribution française à l’étude des services de la Commission se composait de 65 pages hors annexes. Cette contribution écrite, comme Inf’OGM en avait rendu compte [3], était basée sur une analyse assez exhaustive des risques et bénéfices potentiels liés à l’utilisation des nouvelles techniques. Le gouvernement français préconisait une évaluation des risques adaptée et proportionnée des produits obtenus par ces nouvelles techniques. Il soulignait également que ces techniques profiteraient à des rares entreprises ayant les moyens techniques et financiers de les utiliser et étaient adaptées à un modèle agricole utilisant de grandes surfaces. Il en déduisait que cela impacterait négativement les systèmes agricoles sans OGM pourtant à même d’apporter des réponses aux problématiques environnementales, économiques et sociales actuelles.
Devant le Conseil du 26 mai, Julien Denormandie a indiqué que « la France soutient pleinement, pleinement (sic), les recommandations faites, entre les lignes dans ce rapport, d’un cadre réglementaire adapté à ces nouvelles techniques ». Il soutient, à l’instar du document de la Commission, que les nouvelles techniques peuvent être sources de progrès notamment face au changement climatique, mais a estimé que « en même temps, il nous faut avoir un certain nombre de principes ». Pour lui, la finalité des variétés créées est une question importante car « les variétés créées doivent être cohérentes avec les priorités de transition écologique, de souveraineté alimentaire, de développement de plantes qui résistent mieux à la sécheresse ou à des ravageurs ». Ainsi, « il n’y aurait pas lieu – il faudrait même s’y opposer – d’utiliser ces techniques pour développer des variétés tolérantes aux herbicides ». Une position relayée également par la ministre de la Transition écologique et solidaire, Barbara Pompili. Cette dernière a en effet précisé le 3 juin au journal La France Agricole ne pas s’opposer aux nouvelles techniques « dans le strict respect du principe de précaution ». La ministre de la Transition écologique et solidaire rejoint également son collègue de l’Agriculture, considérant que « ce qui est primordial, c’est la finalité recherchée. Si c’est pour développer des semences résistantes aux herbicides, là je ne suis pas d’accord, ce n’est pas acceptable ».
Lors du Conseil européen, le ministre de l’Agriculture a également cité « l’information des concitoyens » européens comme troisième élément d’analyse portée par le gouvernement. Pour conclure, il a résumé que « la France soutient les orientations proposées par la Commission européenne (...) et souhaite que la Commission puisse proposer une évolution réglementaire sur ce dossier ».
La prochaine étape sera la publication par la Commission européenne de sa feuille de route pour élaborer l’étude d’impact de sa proposition de modifier la réglementation de tous les végétaux OGM actuellement en développement sauf les plantes transgéniques. Entre-temps, les ministres de l’Environnement européens ont, de leur côté, décidé de... ne pas mettre ce sujet à l’ordre du jour de leur Conseil européen de l’Environnement du 10 juin 2021, bien que ce dossier dépende également de leur ministère.
Tableau : Grandes lignes des positions affichées par chaque État membre lors du Conseil de l’Union européenne des ministres de l’Agriculture du 26 mai 2021. La dernière colonne est une tentative de résumé par Inf’OGM, pour une lecture rapide des positions nationales, forcément caricaturées (et non officielles), Vidéo en ligne [4], consultée entre le 8 et le 11 juin 2021 sur base de la traduction française (et anglaise) fournie dans la vidéo.
Lire la suite à la source du document Inf’OGM : https://www.infogm.org/7225-dereglementation-ogm-france-soutient-pleinement-commission-europeenne
Nouveaux OGM : pour combien de temps encore aurez-vous le droit de choisir votre alimentation ?
Grâce à une campagne de longue haleine menée par Greenpeace et d’autres organisations partout en Europe il y a quelques années, vous avez le choix de consommer des organismes génétiquement modifiés (OGM) ou non. Cela est rendu possible grâce à l’étiquetage obligatoire de la présence d’OGM dans les aliments commercialisés en Europe. Aujourd’hui, votre choix est menacé. Les lobbies de l’agro-chimie et des semenciers font pression pour que vous ne puissiez plus choisir. Ils veulent en effet que les OGM produits via des techniques d’édition du génome, appelées par les industriels NBT (“new breeding techniques”), échappent à la réglementation et donc à l’étiquetage obligatoire et aux contrôles préalables à leur commercialisation en Europe.
L’impact des organismes produits par ces nouvelles techniques sur notre environnement et sur notre santé est pourtant méconnu. La culture et la dissémination dans la nature des plantes génétiquement modifiées dont on ne peut pas anticiper les effets menacent la biodiversité et la pérennité de notre agriculture, en plus d’en favoriser l’industrialisation. Il n’y a aucune raison valable justifiant que ces nouveaux OGM échappent à la réglementation européenne en vigueur sur les OGM.
Pourtant, le ministre français de l’Agriculture a récemment pris position en faveur des nouveaux OGM. Il ouvre ainsi la porte à une déréglementation de ces nouveaux OGM, amenuisant l’obligation de traçabilité et les contrôles exigés aujourd’hui en Europe. Dans les jours qui viennent, la Commission européenne proposera de réexaminer en ce sens le cadre réglementaire sur les OGM. Barbara Pompili ne s’est jamais positionnée publiquement sur le sujet. Pourtant, le ministère de la Transition écologique a bel et bien son mot à dire quant à la position de la France sur les nouveaux OGM.
Il est hors de question que la commercialisation des OGM produits par ces techniques d’édition du génome ne soit pas encadrée comme celle des OGM sous prétexte que ces techniques sont plus récentes, alors que les risques pour notre santé et notre environnement sont similaires. Le gouvernement doit agir immédiatement et se positionner en faveur d’une réglementation stricte de ces nouveaux OGM.
Je dénonce le silence du gouvernement
Source : https://www.greenpeace.fr/nouveaux-ogm-mobilisation/
Crispr/Cas9 : l’accès à un champ de mines ? version PDF par Charlotte KRINKE, Denis Meshaka - Date de rédaction / mise à jour : 21 juin 2022
Pour modifier les génomes, on dispose de plus en plus de nouvelles techniques de modification génétique. Le système Crispr/Cas9, évoqué à plusieurs occasions par Inf’OGM, est aujourd’hui, de loin, le plus utilisé. La technique a beau être moins coûteuse, le jeu du droit des brevets fait qu’elle n’induit pas une diversification des acteurs économiques…
Photo - Marcel Lemieux
Le marché mondial des semences est marqué par une forte concentration des acteurs. Depuis 2015, cette concentration s’est accentuée à la suite de plusieurs opérations de fusion-acquisition : Dow Chemical et DuPont ont fusionné pour former Corteva Agrisciences, ChemChina a racheté Syngenta et Bayer a racheté Monsanto [1] [2] [3] .
Dans le cas des OGM, la concentration des acteurs économiques serait notamment imputable aux coûts des techniques, prohibitifs pour les petites et moyennes entreprises (PME). Mais le développement de nouvelles techniques de modification génétique, moins coûteuses, était censé mettre fin à cette concentration du secteur et permettre aux PME d’y occuper elles aussi une place.
Le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB) a étudié les brevets sur la plus emblématique de ces techniques, Crispr/Cas9. Et montre qu’il n’en est rien.
Des droits de brevets « publics »… - La technique Crispr/Cas9 n’est pas la seule à faire l’objet de brevets. Les techniques Talen ou « nucléase à doigt de Zinc » sont aussi couvertes par de tels droits. Mais selon le RCAB, en 2021, l’Office américain des brevets a enregistré environ 6 000 brevets et demandes de brevets sur l’utilisation de la technique Crispr, dont 17% concernaient la modification de plantes.
L’engouement pour Crispr/Cas9 et son ancrage dans les mœurs techniques semblent aujourd’hui clairs. Ceci peut expliquer le contentieux de ces dernières années entre les détenteurs des droits de brevets de base sur l’outil Crispr/Cas9, les Universités de Vienne et de Californie/Berkeley d’une part et le Broad Institute (MIT [4] et Université de Harvard) de l’autre [5] [6]. À ce jour, les premiers détiennent les droits sur le système Crispr/Cas9 en Europe, mais ceux-ci sont limités au domaine des procaryotes (dont les bactéries) aux États-Unis. Les droits du Broad Intitute se limitent au domaine des eucaryotes (animaux et plantes notamment) et au territoire américain. En 2017, les deux tiers des brevets sur l’utilisation de Crispr/Cas9 provenaient du secteur public [7]. Ce dernier occupe donc une position dominante sur cette technique. Les licences qu’il octroie pour des applications « recherche », non commerciales, dans l’alimentation et l’agriculture notamment, sont gratuites. Le contraire serait étonnant de la part de structures financées par des fonds publics.
…bénéficiant largement aux multinationales des biotechnologies > Pour exploiter commercialement ces brevets, les structures publiques précitées ont créé des entreprises intermédiaires (ou surrogate companies). Celles-ci concèdent des droits à travers le monde à des sociétés qui commercialisent des applications du système Crispr/Cas9 et versent en contrepartie des redevances. Elles peuvent concéder différents types de licences (exclusive, semi-exclusive ou non exclusive [8]), par domaines techniques (humain, végétal, animal non humain…), par territoire (États-Unis, Europe, Chine…), par utilisation (clinique, recherche…).
Le rapport du RCAB montre que, à travers le brevet et l’octroi des licences commerciales, se reproduit le jeu de la concentration des acteurs, notamment agro-industriels. C’est ainsi que, parmi les quelques entreprises détentrices de droits de licence exclusifs, on trouve Corteva Agrisciences et Bayer-Monsanto [9].
Corteva Agrisciences, deuxième semencier mondial en 2018 après Bayer-Monsanto [10], est un important propriétaire de droits de brevets autour du système Crispr/Cas9 (création de semences). C’est aussi une des entreprises qui bénéfice de très nombreuses licences, notamment exclusives, sur des utilisations agricoles et des applications végétales. Elles ont été obtenues directement auprès des mêmes structures publiques propriétaires des brevets Crispr/Cas9 ou auprès des compagnies intermédiaires Caribou Sciences et ERS Genomics. Corteva Agrisciences a constitué un groupement de brevets (patent pool) et un programme de licence associé qu’il présente comme l’accès à l’outil Crispr pour un maximum d’utilisateurs du monde agricole. Ceci ressemble pourtant davantage à une stratégie lui permettant de contrôler la concurrence et s’assurer une position dominante sur le marché [11].
Bayer-Monsanto a de son côté signé avec l’entreprise intermédiaire Pairwise [12] un contrat de collaboration et une licence exclusive sur les principales cultures OGM dans le monde, à savoir le maïs, le soja, le colza et le coton [13]. On observera que Dr. Tom Adams, co-fondateur de Pairwise, est un ex-cadre dirigeant de Monsanto [14]… Pairwise avait obtenu des droits exclusifs sur Crispr/Cas9 dans le domaine du végétal auprès du Broad Institute, du MIT et de l’Université d’Harvard. Bayer-Monsanto a versé 100 millions de dollars de « droits d’entrée » [15] pour accéder à la propriété intellectuelle de Pairwise et la développer dans le domaine des cultures en ligne [16]. Le taux de redevances réclamé n’est, comme très souvent, pas public. Le montant de ces droits d’entrée montre néanmoins l’importance de l’exploitation des droits Crispr/Cas9, spécifiquement dans le domaine agricole. À titre de comparaison, les mêmes droits exclusifs sur Crispr/Cas9 ont été concédés à Editas Medicine Inc. pour une utilisation en thérapie humaine. Les droits d’entrée s’élevaient à 240 000 dollars, c’est-à-dire 400 fois moins [17]. Les taux de redevances n’ont, là non plus, pas été rendus publics.
Nous avons contacté les structures publiques propriétaires des brevets Crispr/Cas9 et leurs compagnies intermédiaires pour obtenir des détails complémentaires sur les conditions de licence. Celles qui ont répondu nous ont réorientés vers les communiqués de presse. Des contrats de licences sont disponibles sur les sites dédiés mais en versions « caviardées », c’est-à-dire masquant la plupart des informations sensibles, en particulier financières.
Affaiblissement d’un argument clé en faveur de la déréglementation des nouveaux OGM - Est-il si facile d’utiliser l’outil Crispr/Cas9 comme on l’entend souvent ? Techniquement peut-être, mais économiquement et juridiquement, absolument pas. La multitude de brevets et de licences crée une grande insécurité pour les utilisateurs potentiels. Et cette insécurité pourrait s’accroître encore. En effet, comme le précise le RCAB, « si le recours à l’édition du génome [18] [19] permet de faire des gains de temps et d’argent, la durée du cycle de développement des produits s’en trouvera réduite, et ces derniers seront protégés par plusieurs brevets qui se chevauchent ». Pour les obtenteurs, la sélection de nouvelles variétés pourrait alors bien s’apparenter à un véritable « champ de mines ». Ils devront en permanence s’informer des brevets nouvellement octroyés et négocier des droits de licence pour commercialiser la variété contenant ces éléments brevetés. Nous sommes loin de la « libération » du marché promise…
Du côté des PME, la concentration des acteurs sur l’utilisation commerciale de Crispr/Cas9 laisse penser qu’elles n’en tirent pas autant profit qu’annoncé. Cette concentration existe, y compris dans les États qui ne soumettent pas les produits issus de nouvelles techniques à la réglementation OGM. Un constat qui fragilise l’un des arguments clés de ceux qui, dans l’Union européenne, défendent des règles plus souples pour les OGM issus des nouvelles techniques telles que celles utilisant Crispr/Cas9...
En 2018, le député européen Paolo de Castro (Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates) considérait déjà que « si nous n’agissons pas maintenant et ne soutenons pas ce type d’innovation [NDLR : Ies nouvelles techniques de modification génétique], en les soumettant à la réglementation OGM, nous allons nous mettre entre les mains de quelques entreprises multinationales qui contrôlent déjà une majeure partie du marché » [20].
La Commission européenne va dans le même sens avec sa proposition législative qui fait actuellement l’objet d’une consultation publique [21]. Dans l’analyse d’impact initiale de cette proposition, elle explique que « (l)’adaptation des exigences juridiques relatives aux plantes obtenues par mutagénèse ciblée et cisgenèse [...] peut offrir de nouvelles possibilités aux opérateurs du système agroalimentaire et de la biotechnologie, ainsi qu’aux chercheurs et aux PME, en renforçant leur liberté d’action » [22]. La Commission fait donc le pari qu’un encadrement allégé pour les OGM issus des nouvelles techniques stimulera la croissance des PME européennes. Ces dernières n’auraient pas pu développer commercialement des OGM transgéniques du fait d’une réglementation trop lourde et donc de coûts d’entrée sur le marché trop élevés.
Nous avons interrogé une dizaine de PME françaises dites de l’agritech. Les quelques-unes qui nous ont répondu affirment ne pas utiliser la technologie Crispr/Cas9. Cette non-utilisation n’est pas liée à des freins réglementaires. Pour ces PME françaises, l’outil Crispr/Cas9 n’est tout simplement pas pertinent pour l’activité qu’elles mènent.
Le RCAB alerte pourtant que, dans le cas où les OGM issus des nouvelles techniques ne seraient pas soumis à la réglementation OGM, le développement et la commercialisation de tels produits ne seront qu’encouragés et le marché se trouverait alors « inondé de semences et d’aliments GM brevetés, non réglementés et non identifiés ». Une situation qui n’est désirable ni pour les sélectionneurs, ni pour les agriculteurs, ni pour une large part de la société civile.
La multiplication des brevets illustre d’ailleurs bien la course à l’innovation technique censée nous amener vers le progrès… un présupposé qui mériterait lui aussi d’être questionné.
L’accès aux techniques pionnières a toujours été coûteux - Le secteur des biotechnologies découvre et invente depuis plus d’un demi-siècle. À chaque fois que de nouvelles techniques « de rupture » sont décrites, la question de leur accès et de leur contrôle se pose. Le début des années 80 a vu l’invention de la PCR [23]., qui a fourni une méthode d’amplification exponentielle d’ADN (acide désoxyribonucléique) et ouvert la voie à une recherche tous azimuts. Jamais l’effet économique du brevetage sur la recherche biomédicale ne fut autant visible [24].
L’invention, ensuite, de la RT-PCR [25], technique de PCR permettant de quantifier les acides nucléiques, a été moins retentissante d’un point de vue médiatique, mais d’un intérêt financier majeur pour ses propriétaires historiques, Applied Biosystems. Les programmes de licence mis en place appliquaient des droits d’entrée importants et une redevance de 20 % sur chaque test de diagnostic in vitro effectué sur un patient. Ces technologies sont aujourd’hui dans le domaine public mais nombre de leurs perfectionnements font encore l’objet de brevets.
Lire l’étude complète sur ce site : https://www.infogm.org/7436-crispr-cas9-acces-a-un-champ-de-mines ]/
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Patrick Holden : Cela signifie donc que l’on pourrait me proposer ces flocons d’avoine modifiés par édition génomique assez rapidement.
Michael Antoniou : Non, non, on ne vous les proposera pas de sitôt. Mais je dis en bout de ligne, que la loi prépare ce que nous percevons : c’est que les mesures prises par le gouvernement - et ses intentions sont très claires – que progressivement, il va déréglementer toutes les formes de génie génétique dans le contexte agricole.
Mais plus précisément avec l’édition génomique, ou édition des gènes, le souci est qu’elle exclura de la définition des OGM certains types d’édition de gènes de sorte que, juridiquement parlant, certaines plantes cultivées vivrières, qui ont été modifiées génétiquement, ne seront pas classées comme OGM et pourront être vendues comme non-OGM. Et un agriculteur et un supermarché quelconque pourraient les vendre par inadvertance en pensant ’ Oh, ce n’est pas génétiquement modifié”. Mais vous seriez malhonnête. Vous pouvez être légalement sur des bases solides en disant ’ Oh, cet aliment modifié par édition génomique n’est pas génétiquement modifié”, mais scientifiquement, vous serez complètement que c’est malhonnête car l’édition de gènes est incontestablement un processus de modification génétique qui donne naissance à des organismes génétiquement modifiés (OGM).
Patrick Holden : D’accord, donc sur la base de ce que vous venez de dire, il y a une décision à prendre pour les entreprises alimentaires et les détaillants, qui doivent dire au grand public et à leurs clients en particulier : “Nous n’avons pas l’intention d’acheter des matières premières modifiées par édition génomique pour nos produits à ingrédients multiples”. C’est donc le début d’une discussion publique. Nous devrons surveiller cet espace. Et évidemment, je suis intéressé à avoir des discussions avec les détaillants et les entreprises alimentaires dans ce sens.
Finissons-en avec nous, en tant que citoyens individuels. On mange tous. Nous achetons tous de la nourriture. Je ne peux pas imaginer que quelqu’un qui écoute cela ne serait pas concerné – bien que, même s’ils ont des points de vue différents de ceux que vous avez exprimés. Mais si nous avons des inquiétudes et que nous voulons éviter de ingérer, consommer sciemment des organismes génétiquement modifiés, du Roundup (ou des résidus de Roundup) dans nos aliments, et à l’avenir des plantes cultivées génétiquement modifiées, que pouvons-nous faire ?
Michael Antoniou : Pour moi, du moins pour le moment, et j’espère que cela ne changera pas le fait que le secteur de l’agriculture biologique régénérative, au moins, est ferme sur l’exclusion des semences et des aliments génétiquement modifiés de ce secteur. Et j’espère qu’ils seront également fermes contre les produits modifiés par édition génomique sur toute la ligne.
Je sais qu’il y a beaucoup de débats au sein du secteur de l’agriculture biologique à l’échelle internationale et qu’il y a quelques divergences d’opinions, mais je pense que si ce secteur est fidèle à ses principes, il exclura également l’édition génétique de son secteur, comme il l’a fait avec les plantes cultivées transgéniques génétiquement modifiées « à l’ancienne ». Et cela étant le cas. Encore une fois, comme par le passé, en le mangeant, en s’approvisionnant autant que possible de nourritures de l’agriculture biologique que nous pouvons nous le permettre, et en ayant accès à des produits biologiques sera le moyen le plus sûr d’éviter, non seulement les aliments génétiquement modifiés, mais aussi les aliments qui ne contiendront pas de résidus de Roundup ou d’autres pesticides.
Patrick Holden : Oui, j’allais juste dire, je suppose que la même chose s’applique exactement au Roundup, que le seul espace sûr, pour ainsi dire, sur les étagères des supermarchés pour le moment, pour les produits qui ne contiennent probablement pas de résidus de Roundup, sont ceux qui sont vendus comme biologiques et certifiés ainsi.
Michael Antoniou : Oui, espérons que ce sera vrai. Il peut y en avoir, bien sûr, car comme nous le savons malheureusement, les fermes biologiques sont entourées de fermes non biologiques, et il y a une dérive, une dissémination des pesticides dans l’environnement. Vous trouvez donc occasionnellement des résidus de pesticides dans les aliments biologiques, mais ils ne représentent invariablement qu’une infime fraction – c’est occasionnel et une infime fraction de ce que vous trouvez dans les aliments issus de cultures conduites de manière conventionnelle. Ils sont donc le pari le plus sûr.
Patrick Holden : Au cas où nous serions en mesure de le faire entrer. Juste peut-être comme note de bas de page. Vous n’avez pas abandonné votre travail sur la thérapie génique, n’est – ce pas-l’utilisation clinique de ces technologies dans le traitement des personnes atteintes de maladies/troubles nécessitant un tel traitement ? Où diriez – vous – maintenant c’est une question de labyrinthe moral-où diriez-vous que la frontière se situe entre l’utilisation de la thérapie génique, par exemple, impliquant certaines de ces technologies avec des personnes malades, et la consommation d’aliments génétiquement modifiés ou modifiés si vous n’êtes pas malade.
Addenda – La thérapie génique consiste à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie. Au départ, cette approche a été conçue pour suppléer un gène défectueux en cas de maladie monogénique (i.e. liée à la dysfonction d’un seul gène). 12 juillet 2017.
La thérapie génique ou génothérapie est une stratégie thérapeutique qui consiste à faire pénétrer des gènes dans les cellules ou les tissus d’un individu pour traiter une maladie. La thérapie génique vise à remplacer ou complémenter un allèle mutant défectueux par un allèle fonctionnel ou à surexprimer une protéine dont l’activité aurait un impact thérapeutique.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3d/Gene_therapy.jpg/340px-Gene_therapy.jpg
Schéma - Thérapie génique à base d’un vecteur adénovirus (virothérapie).
Un nouveau gène est inséré dans un vecteur dérivé d’un adénovirus, lequel est utilisé pour introduire l’ADN modifié dans une cellule humaine. Si le transfert se déroule correctement, le nouveau gène élaborera une protéine fonctionnelle qui pourra alors exprimer son potentiel thérapeutique.
Source de< l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9rapie_g%C3%A9nique
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Michael Antoniou : Eh bien, c’est un point incroyablement important, Patrick. L’utilisation des technologies de génie génétique dans un contexte clinique est hautement réglementée et soigneusement surveillée et elle est très ciblée. Vous connaissez la personne qui a la maladie génétique, la condition, avant de la traiter. Et aussi, si nous utilisons des virus génétiquement modifiés pour délivrer le gène thérapeutique, ces organismes sont incapables de se reproduire et de se propager non seulement dans le corps, mais aussi d’une personne à l’autre. Les choses sont donc hautement contenues et contrôlées dans un contexte d’applications cliniques.
Les mêmes technologies, les mêmes types de technologies, dans un contexte agricole, nous avons ici tout le contraire où des organismes sont conçus et des dommages génétiques involontaires sont libérés dans l’environnement. Les choses ne sont pas surveillées. Et les choses peuvent se propager dans l’environnement et causer des dommages à l’environnement. De plus, l’évaluation de leurs risques est inadéquate et peut également nuire au consommateur. Pour moi, c’est un contraste stupéfiant de la façon dont deux technologies – des technologies presque identiques – peuvent être réglementées de manière si surprenante, même si les deux présentent les mêmes risques dans les deux contextes.
Définitivement, je continue. J’ai un programme de recherche sur l’utilisation des technologies génétiques pour des applications de thérapie génique. J’ai des collaborations industrielles pour l’utilisation du génie génétique pour la production industrielle de produits thérapeutiques. Alors là, il est appliqué à bon escient. Vous savez, je pense qu’il y a une sagesse dans un contexte clinique qui fait défaut dans un contexte agricole.
Patrick Holden : Eh bien, vous avez fait la lumière sur un domaine technologique très important, qui peut être plutôt inaccessible en raison de la complexité de ce qui est impliqué. Michael, je suis si content que tu fasses le travail que tu fais. Je suis vraiment heureux que nous ayons eu cette conversation dans ce podcast parce que je pense qu’il est d’une importance vitale en ce moment que les gens soient aussi bien informés que possible sur les technologies qui se développent et leurs risques et avantages pour la société dans son ensemble. Alors, merci beaucoup de vous joindre à moi.
Michael Antoniou : Vous êtes le bienvenu Patrick. Ce fut un plaisir et j’espère que les auditeurs cela les stimule à réfléchir et à prendre toutes les mesures qu’ils jugent nécessaires pour se protéger et protéger leurs proches.
Patrick Holden : Merci. Eh bien, je pense que ce qui est avant tout important pour moi, c’est la transparence de ces conversations. Nous devons absolument discuter de ces choses ouvertement. Avons-nous des préjugés personnels ? Bien sûr que oui, mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas avoir ces préjugés, mais en même temps être ouverts à la science honnête. Et je pense que c’est ce que vous incarnez, Michael. Alors merci pour votre bon travail.
Michael Antoniou : Merci beaucoup pour vos aimables paroles, Patrick, et meilleurs voeux à vous et aux autres à la SFT et aux auditeurs.
Vers la fin de l’enregistrement (Outro) : Merci d’avoir écouté. Si vous souhaitez en savoir plus sur le travail du ‘Sustainable Food Trust’, vous pouvez visiter notre site Web !https://sustainablefoodtrust.org/Sustainable Food Trust
Nous sommes impatients de vous accueillir la prochaine fois.
Michael Antoniou : Vous êtes le bienvenu Patrick. Ce fut un plaisir et j’espère que cela va stimuler les auditeurs pour réfléchir et prendre toutes les mesures qu’ils jugeront nécessaires pour se protéger et pour protéger leurs proches.
* Note de GMWatch : Sur la base des données publiées par le gouvernement [britannique], les organismes universitaires et du secteur public ne représentaient qu’environ 1% des répondants à la consultation officielle. Compte tenu de cela, selon un rapport de A Bigger Conversation, la DEFRA [[Department for Environment, Food & Rural Affairs - GOV.UK],->https://www.gov.uk/government/organisations/department-for-environment-food-rural-affairs]https://www.gov.uk/government/organ...a été trompeuse dans sa représentation de la consultation en la faisant tourner pour dire que la majorité des organismes du secteur public et universitaires sont davantage en faveur de la déréglementation. Une conversation plus large note qu’aucun groupe, y compris les organismes universitaires du secteur public, n’était complètement pour la déréglementation. Voir leur rapport ici : Filling in the Blanks : What Defra Didn’t Say - An Alternative Analysis of the UK Government’s - Consultation on the Regulation of Genetic Technologies.].
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Traduction, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 23/08
/2022
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