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"Les espèces d’insectes pollinisateurs sont menacées : la reproduction des abeilles et des bourdons est affectée par les herbicides (glyphosate ‘Roundup’) et les insecticides néonicotinoïdes - Plan national pollinisateurs 2021-2026" par Jacques Hallard

dimanche 3 juillet 2022, par Hallard Jacques

ISIAS Pollinisation Abeilles Bourdons Biodiversité Glyphosate Néonicotinoïdes

Les espèces d’insectes pollinisateurs sont menacées : la reproduction des abeilles et des bourdons est affectée par les herbicides (glyphosate ‘Roundup’) et les insecticides néonicotinoïdes - Plan national pollinisateurs 2021-2026

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 01/07/2022

Ruches et abeilles butinant dans des champs de colza.

En France, un arrêté du 20 novembre 2021 modifie les dispositifs sur les conditions d’utilisation de produits phytopharmaceutiques [pesticides] dans les champs en période de floraison. © nedomacki - stock.adobe.com – Source : https://www.vie-publique.fr/en-bref/282536-abeilles-les-grandes-lignes-du-plan-pollinisateurs-2021-2026

Plan du document : Définitions préalables Introduction Sommaire Auteur


Définitions préalables

Pollinisateur : c’est un animal vecteur qui à l’occasion de ses déplacements transporte des grains de pollen des anthères mâles d’une fleur vers le stigmate femelle d’une fleur. Ce faisant, il contribue à la fécondation des gamètes femelles dans l’ovule de la fleur par les gamètes mâles du pollen. Wikipédia

Pollinisation : c’est, chez les plantes à fleur, le transport du pollen des organes de reproduction mâle vers les organes de reproduction femelle, ce qui va permettre la reproduction sexuée. La pollinisation est une étape préalable à la fécondation dans le cycle de vie de ces plantes. Wikipédia

Glyphosate  : c’est un herbicide polyvalent et non sélectif (spécialités commerciales ‘Roundup’) qu’utilisent les agriculteurs, les gestionnaires de terres, des espaces extérieurs, ainsi que les jardiniers dans le monde depuis plus de 40 ans. Il fonctionne en inhibant une enzyme dont les plantes – dans ce cas, les mauvaises herbes – ont besoin pour pousser. Le plante traitées meurent, sauf chez les plantes devenues naturellement résistantes et les plantes transgéniques, génétiquement modifiées pour résister à cet herbicide (OGM) 12 avril 2022. Ce sujet très sensible fait l’objet de nombreuses prises de positions… - Pour plus d’informations, voir ces sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Glyphosate

Glyphosate : une étude confirme la présence de l’herbicide ...https://www.liberation.fr › Environnement -13 janv. 2022 — 99,8% des 6 795 échantillons d’urines analysés sont contaminés au glyphosate, ce pesticide controversé. Bien que sa dangerosité soit encore ...

Où en est-on de l’interdiction du glyphosate, cet herbicide ...https://www.ouest-france.fr › Économie › Agriculture -14 oct. 2021 — Le glyphosate est un produit chimique présent dans différents herbicides pour éliminer les plantes indésirables.

Le glyphosate franchit une étape-clé vers sa réautorisation ...https://www.lemonde.fr › Planète › Glyphosate -31 mai 2022 — Le glyphosate vient de franchir une étape majeure vers sa réautorisation dans l’Union européenne. L’Agence européenne des produits chimiques ...

Sortir du glyphosate - Ministère de l’Agriculturehttps://agriculture.gouv.fr › sortir-du-glyphosate

Interdiction du glyphosate : Emmanuel Macron veut une ...https://www.novethic.fr › actualite › agriculture › isr-rse -5 janv. 2022 — Dans une interview au Parisien, Emmanuel Macron a reconnu ’ne pas avoir réussi sur le glyphosate’. Alors que le Président s’était engagé à ...

C’est quoi le problème avec le glyphosate : Foodwatch FRhttps://www.foodwatch.org › ... › Pesticides -13 oct. 2021 — Le glyphosate est en effet une substance qui a le pouvoir de tuer toutes les plantes, sans distinction. Une vraie star au rayon pesticides

Pesticides : Pourquoi une agence européenne classe le glyphosate ...https://www.20minutes.fr › planete › 3301379-202206... -8 juin 2022 — Depuis 2015, le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS classe le glyphosate comme « probablement cancérogène ».

Néonicotinoïdes : qu’est-ce que c’est ? - Par Janlou Chaput, Futura : « Les néonicotinoïdes [insecticides] sont très efficaces contre les insectes, y compris sur les abeilles, victimes collatérales des épandages, alors qu’elles jouent un rôle fondamental dans les écosystèmes par leur pollinisation… - Les néonicotinoïdes correspondent à une classe d’insecticides neurotoxiques et sont très fréquemment utilisés de par le monde. Leur succès tient notamment à l’impact plus modéré de leur toxicité sur les neurones des mammifères, par rapport aux précédents insecticides utilisés, les organophosphates et les carbamates. Ils sont cependant pointés du doigt car accusés d’être à l’origine du déclin des populations d’abeilles, mais aussi de ne pas être inoffensifs pour l’Homme… » - Source : https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/developpement-durable-neonicotinoides-14365/

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Introduction

Ce dossier aborde tout d’abord le sujet de la pollinisation chez les plantes à fleurs et le rôle capital des pollinisateurs avec des enjeux dans de nombreux secteurs : 70 % à 90 % des plantes à fleurs (angiospermes) dans le monde, sont pollinisés par une espèce animale et l’agriculture et l’alimentation en sont très dépendantes.

Rappels :

  • « En France, la part de la production végétale destinée à l’alimentation humaine que l’on peut attribuer à l’action des insectes pollinisateurs, représente une valeur comprise entre 2,3 milliards et 5,3 milliards d’euros (EFESE, Rapport intermédiaire, 2016) ».
  • « 35 % de ce que nous mangeons dépend directement de la pollinisation par des insectes ! »
  • « 90% des espèces végétales à fleurs dépendent uniquement des insectes pollinisateurs pour leur reproduction. Ainsi, ils sont de véritables sentinelles de la santé des écosystèmes et du maintien de la biodiversité… - Parmi les insectes pollinisateurs, figurent quelque 20.000 espèces d’abeilles, dont environ 850 sont présentes en France… »
    L’accent est donc mis principalement ici sur les abeilles et bourdons dont la santé et la reproduction s’avèrent très affectées par les herbicides, comme la matière active glyphosate des produits commerciaux ‘Roundup’, d’une part, et par les insecticides, dont ceux appartenant à la famille des néonicotinoïdes, d’autre part.

Le nécessaire maintien de la biodiversité spécifique des insectes pollinisateurs, dont celle des abeilles et des bourdons en particulier, s’est traduit en France par le lancement du Plan national pollinisateurs de 2021 à 2026.

Voir l’article Abeilles : les grandes lignes du ’plan pollinisateurs’ 2021-2026 : « L’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs (abeilles en particulier) représente une menace pour l’équilibre de l’écosystème et le rendement des productions agricoles. Pour enrayer ce déclin, malgré un nombre croissant de ruches, un plan en faveur des insectes pollinisateurs a été élaboré pour la période 2021-2026… » - Par La Rédaction - Publié le 24 novembre 2021 – Source : https://www.vie-publique.fr/en-bref/282536-abeilles-les-grandes-lignes-du-plan-pollinisateurs-2021-2026

Ce dossier se termine par l’Appel de la Fondation pour la Nature et l’Homme (fnh.org) concernant la disparition des insectes.

Deux addendas ajoutés :

Addenda 1 - Néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » : le passage en force du gouvernement français - Par Justine Guitton-Boussion (Reporterre) - 5 janvier 2022 à 09h22 Mis à jour le 7 janvier 2022 à 09h36

Addenda 2 - Les néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » à nouveau autorisés - 28 février 2022 – Document ‘reporterre.net’

Les articles sélectionnés pour ce dossier – toujours à visée didactique -, sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

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Sommaire

Addenda 1 - Néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » : le passage en force du gouvernement français - Par Justine Guitton-Boussion (Reporterre) - 5 janvier 2022 à 09h22 Mis à jour le 7 janvier 2022 à 09h36

Addenda 2 - Les néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » à nouveau autorisés - 28 février 2022 – Document ‘reporterre.net’

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  • La pollinisation et les pollinisateurs – Article Wikipédia
    Un pollinisateur est un animal vecteur qui à l’occasion de ses déplacements transporte des grains de pollen des anthères mâles d’une fleur vers le stigmate femelle d’une fleur. Ce faisant, il contribue à la fécondation des gamètes femelles dans l’ovule de la fleur par les gamètes mâles du pollen. C’est l’une des formes de la zoogamie.

Il a été récemment montré que les Cycas qui ne sont pas des plantes à fleurs, sont également pollinisés par des insectes1.

Les pollinisateurs les plus emblématiques et les mieux connus du grand public sont les abeilles (dont l’abeille domestique, les bourdons...), les mouches (syrphes...), les papillons, et de nombreux coléoptères. Certains oiseaux (colibris) ou encore des mammifères (chauve-souris nectarivores) jouent également un rôle important de pollinisateurs durant tout ou partie de leur stade de vie adulte. Sur les 250 000 espèces d’Angiospermes, 150 voient leur pollen dispersé par l’eau (hydrogamie), 20 000 par le vent (anémophilie) et près de 220 000 par la faune (zoogamie), la diversité faunistique des pollinisateurs étant extrêmement élevée (100 000 invertébrés, essentiellement des insectes, et 12 000 vertébrés, notamment des chauve-souris, oiseaux de type colibri et petits rongeurs)2. La reproduction de plus de 90 % des espèces mondiales de plantes à fleurs dépend ainsi des animaux pollinisateurs (zoogamie) et de près de 80 % par des insectes (entomogamie)3. Pour une espèce de plante à fleurs donnée, toutes les espèces qui la visitent ne sont pas obligatoirement de bons pollinisateurs : parmi les insectes visitant Rhododendron ferrugineum, de nombreuses espèces (lépidoptères, coléoptères, fourmis chez les hyménoptères, mouches, empidides et volucelles chez les diptères) ne sont pas des vecteurs de pollen efficaces4. En revanche ces mêmes empidides se révèlent être aussi efficaces que les abeilles dans la pollinisation croisée du géranium des bois5.

Le nombre et la diversité des pollinisateurs influent fortement sur la biodiversité végétale et inversement, et la perte de diversité chez les pollinisateurs pourrait menacer la pérennité des communautés végétales6. Une étude de 2016 montre que les rendementsagricoles augmentent avec le nombre mais aussi la diversité des pollinisateurs7 : aux côtés de l’abeille domestique, « les espèces sauvages (bourdons, osmies, megachiles) ont donc un rôle très important »8. Les pollinisateurs sont ainsi une source déterminante pour l’humanité (et pour de très nombreuses autres espèces) de services écosystémiques ; ils contribuent aussi aux processus d’évolution adaptative face à la sélection naturelle et aux changements globaux.

Dans les pays industrialisés et dans les zones d’agriculture industrielle ou consommatrice de pesticides, la plupart des espèces pollinisatrices sont en voie de régression, sont menacées de disparition ou ont localement déjà disparu, ce qui préoccupe notamment les apiculteurs, les écologues et les agriculteurs. Les pollinisateurs sont actuellement gravement menacés, avec un taux d’extinction qui est ’de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale’, selon l’ONU9.

Le réchauffement climatique, en réduisant leur période de vol qui s’effectue de façon moins synchronisée, est une menace pour les espèces pollinisatrices10,11.

Sémantique, éléments complémentaires de définition

Pour les anglophones, bien que ces termes soient parfois confus, le mot « pollinator » a un sens qui peut différer de celui du mot « pollenizer » (qui est normalement le nom donné à la plante qui est source de pollen).

L’anthécologie est l’étude scientifique de la pollinisation.

Régression ou disparition de nombreuses espèces de pollinisateurs

Pour un article plus général, voir perte de la biodiversité.

Le phénomène le plus récent et le mieux connu du grand-public est le « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles »12, mais la plupart des familles d’insectes pollinisateurs sont victimes depuis les années 1920 d’un effondrement populationnel voire d’extinction d’espèces.

De nombreuses causes de disparition d’espèces d’insectes pollinisateurs ont été identifiées, allant de la destruction des habitats naturels ou semi-naturels, à la perte de leurs ressources naturelles (ressources en fleurs réparties selon les saisons et en quantité suffisante pour répondre à leurs besoins alimentaires) en passant par l’introduction de microbes et/ou parasites (Varroa en particulier pour les abeilles). Les pollinisateurs attirés par les fleurs de bord de route ou de voie ferrée ont aussi plus de chances d’être happés et tués ou mortellement blessés ou pollués par les véhicules.

Il semble qu’une cause de disparition (devenue majeure) soit l’usage croissant de pesticides et en particulier d’insecticides et de désherbants. Ces produits peuvent affecter les insectes, directement ou indirectement, éventuellement sans les tuer par exemple en les désorientant ou en dégradant leur système immunitaire13.

Certains dénoncent ou questionnent une éventuelle « dérive de la chimie » dans le domaine de l’agriculture, de l’élevage voire de la sylviculture14. Cette dérive a pu d’abord passer inaperçue car de nouveaux produits phytosanitaires sont actifs à très faible dose et peuvent présenter - chez l’abeille notamment - une toxicité chronique et sublétale, dès la partie par milliard ou ppb. Des dosages aussi fins n’ont pu être pratiqués en routine par les laboratoires agréés pour ce type de surveillance qu’après 2002, par exemple pour évaluer la teneur de ces pesticides dans les pollens récoltés par les abeilles sur le tournesol ou maïs14. Ces effets n’étaient antérieurement pas recherchés dans les protocoles d’études en vue de l’homologation de pesticides, études en outre faites par les producteurs eux-mêmes et généralement non rendues publiques.

Depuis les années 1970, sur tous les continents des scientifiques, agroécologues et jardiniers constatent une aggravation du problème, avec une chute accélérée de l’abondance et de la diversité des pollinisateurs (et de la plupart des prédateurs invertébrés d’insectes), notamment depuis l’apparition d’insecticides systémiques15. Ce phénomène a connu sa première vague au tout début de la révolution agricole du XXe siècle : Une étude anglaise publiée en 2014, a cherché à rétrospectivement évaluer les variations du taux d’extinction des abeilles et espèces de guêpes pollinisatrices en Grande-Bretagne, du milieu du XIXe siècle à nos jours, sur la base d’une analyse de documents d’archives. Cette étude a conclu qu’au Royaume-Uni, la phase la plus rapide de cette extinction semble avoir été liée aux changements à grande échelle des politiques et des pratiques agricoles qui ont suivi la Première Guerre mondiale dans les années 1920, au début de l’industrialisation de l’agriculture, avant même la grande phase d’intensification agricole provoquée par la Seconde Guerre mondiale, souvent citée comme l’explication la plus importante de la perte de biodiversité en Grande-Bretagne16.

Cette même étude a montré que dans les années 1960, alors que d’autres espèces disparaissaient plus vite encore, un certain ralentissement du taux d’extinction de pollinisateurs était observé, peut-être selon les auteurs parce que les espèces les plus sensibles ou vulnérables avaient toutes disparu, et/ou en raison de la mise en place de programmes de conservation des pollinisateurs. En outre les fabricants de pesticides ont peu à peu dû produire les résultats de leurs tests de toxicité faits sur deux groupes d’insectes dits utiles (coccinelles et abeilles domestiques) pour obtenir leurs autorisations de mise sur le marché (AMM). Cependant, la plupart de ces tests n’ont pas porté sur les effets transgénérationnels ni sur les effets synergiques d’une exposition à plusieurs pesticides, ni sur tous les produits de dégradation des principes actifs.

Les effets collatéraux (souvent dits « non intentionnels »17 sur les pollinisateurs, des plantes génétiquement modifiées pour produire un insecticide d’une part (et/ou résister à un désherbant total, au détriment des adventices18), et des pesticides systémiques à base d’imidaclopride (dans le groupe des néonicotinoïdes et « largement utilisé depuis 1994 en enrobage de semences »15) d’autre part, sont également encore source de vives controverses entre l’agroindustrie et les apiculteur. En particulier, bien après la mise sur le marché de l’imidaclopride, Des « études ont montré que cet insecticide présente une toxicité chronique et sub-létale pour des doses de l’ordre de la partie par milliard (μg/kg), ou moins, puisqu’on on observe un taux de 50 % de mortalité chez l’abeille en dix jours pour une concentration de 0,1 μg/kg d’imidaclopride dans une nourriture contaminée »15.

Sur la base des données disponibles depuis les années 1990/2000-2010, l’autorité européenne de sécurité des aliments a conclu que les tests obligatoires pour l’homologation des pesticides utilisés depuis les années 198019,20 ne permettaient pas d’en évaluer les risques et que certains produits phytosanitaires encore utilisés en agriculture, arboriculture ou sylviculture « présentaient un risque pour les abeilles »21. Au-delà du seul enjeu agricole existent aussi des enjeux toxicologiques, écotoxicologiques et de protection des milieux22. L’effondrement des populations naturelles et domestiques de pollinisateur est d’autant plus préoccupant qu’il semble aussi toucher des zones forestières et montagneuses (jusqu’à 100 % de mortalité dans les ruches placées en transhumance dans les hauts pâturages des Pyrénées-Orientales en 201423) alors que l’imidaclopride est aussi utilisé en pépinière pour traiter certains résineux contre l’hylobe (grand charançon des pins) avant qu’ils soient replantés, ce qui pourrait s’avérer néfaste pour les abeilles24.

Enjeux (environnementaux, sanitaires et socio-économiques...)

Enjeux de (re)connaissance et de gouvernance

Les insectes sont souvent considérés comme de peu d’intérêt voire comme des espèces nuisibles ou gênantes à éliminer. Et la valeur des services écosystémiques25 qu’ils apportent est difficile à calculer, même si quelques évaluations chiffrées ont été tentées26,27,28,29.

Les pollinisateurs sont cependant indispensables à la fécondation de nombreuses espèces cultivées d’herbacées, buissons ou arbres fruitiers. Parce que pour de nombreuses espèces de plantes les animaux pollinisateurs sont les seuls à pouvoir fournir les services vitaux de pollinisation, ils sont considérés comme des espèces-clé et une source majeure de services écosystémiques pour l’Homme, nécessaire au maintien de la biodiversité, de la productivité de l’Agriculture et de l’économie humaine. Ce rôle a été officiellement mondialement reconnu par les États de l’ONU en 1999 à l’occasion d’une réunion de la Convention sur la diversité biologique (Declaration on Pollinators, São Paulo30).

Enjeux socioéconomiques

Les pollinisateurs sont considérés comme en déclin régulier et parfois rapide à l’échelle globale, en raison de la perte et de la fragmentation des habitats, des changements d’utilisation des terres, des pesticides, du réchauffement climatique ou encore de la présence d’espèces invasives, mais les résultats sont plus controversés à l’échelle régionale ou locale31. Des espèces autrefois communes comme l’abeille domestique disparaissent anormalement et par milliards d’individus chaque année32. De nombreuses espèces de papillons ou le bourdon de Franklin (Bombus franklini) ont été classées sur la liste rouge de l’UICN des espèces menacées. La régression des abeilles domestiques n’est pas compensable par les pollinisateurs sauvages, qui sont aussi en pleine régression en de nombreux endroits. Alors qu’une grande partie de l’agriculture mondiale dépend économiquement - en partie ou en totalité - des pollinisateurs33. Le service rendu par les abeilles et principaux pollinisateurs a été estimé par l’INRA à 153 milliards d’euros par an34. Selon un rapport publié dans la revue Nature en 2016, l’extinction des pollinisateurs menace 1,4 milliard d’emplois dans le monde[réf. souhaitée].

Enjeux écologiques

De 70 % à 90 % des angiospermes sont pollinisés par une espèce animale.

La production de fruits et graines augmente dans les écosystèmes ou jardins présentant la plus grande diversité de plantes et de pollinisateurs, et deux ans après une plantation d’espèces variées de plantes, il reste environ 50 % d’espèces de plantes en plus sur le site où la diversité d’insectes est la plus élevée, par rapport à celles pollinisées par un ensemble moins varié d’insectes35. Or, les pollinisateurs sont globalement en régression sur toute la planète, et tout particulièrement dans les régions industrialisées et d’agriculture intensive de l’hémisphère nord.

Le déclin de la santé immunitaire des populations d’animaux pollinisateurs menace une partie de l’intégrité écologique des paysages et écosystèmes, et des pans entiers de la biodiversité spécifique, génétique et fonctionnelle associés à celles des plantes à fleurs qui ne peuvent pas être fécondées par le vent ni autofécondées. Une grande partie de la chaîne alimentaire humaine et des réseaux trophiques sont directement et indirectement concernés. On observe déjà, par exemple en Angleterre et aux Pays-Bas un déclin parallèle entre des plante et leurs pollinisateurs36. L’agriculture moderne est source de graves pertes de biodiversité, et en pâtit en retour, dont par la réduction du service de pollinisation autrefois mieux rempli par les insectes37. La disparition de plantes ou l’introduction de plantes (dont invasives38) peuvent perturber les réseaux plantes-pollinisateurs39.

Enjeux sanitaires

La santé environnementale considère souvent les pollinisateurs comme des bioindicateurs pouvant nous alerter sur la dégradation générale des écosystèmes d’une part, et d’autre part sur les effets (différés dans l’espace et dans le temps) de pesticides toxiques sur la Santé publique40. Les pollinisateurs sont un enjeu sanitaire pour toute l’humanité qui pour être en bonne santé doit disposer d’une alimentation saine, suffisante et équilibrée, qui ne peut - en grande partie – qu’être fournie par des plantes41, or au moins 80 % des céréales cultivées dans le monde ne peuvent être pollinisées que par des insectes pour produire du grain. Environ 1/3 de notre nourriture dépend des pollinisateurs42. Une étude publiée en 2011, basée sur les données disponibles de dépendance des plantes cultivées aux pollinisateurs43 montre que la santé publique et individuelle dépend pour certaines vitamines et nutriments fortement de plantes cultivées elles-mêmes dépendant entièrement ou partiellement des animaux pollinisateurs. Ainsi, plus de 90 % de nos besoins en vitamine C, la totalité de nos besoins en lycopène et la quasi-totalité de nos besoins en antioxydants β-cryptoxanthine et de β-tocophérol, ou encore la majorité de la vitamine A, du calcium et du fluorure, et une grande partie de l’acide folique qui nous sont nécessaires proviennent de ces plantes. « Le déclin en cours des pollinisateurs peut donc exacerber les difficultés actuelles que nous avons à fournir une alimentation adéquate sur le plan nutritionnel pour la population humaine mondiale »42.

Enjeux de prospective et de gouvernance

Les études de tendance mondiale à long terme pour les rendements et les productions agricoles ne montrent pas encore de pénurie de pollinisateurs, mais montrent que la pression sur les pollinisateurs et les services qu’ils fournissent s’accroît44, et que le nombre de plantes qui nourrissent le monde tend à se réduire45 (de même que leur diversité génétique). Ces études montrent parallèlement et également une augmentation de la dépendance des cultures qui se sont le plus développées aux pollinisateurs46. Le coût de l’inaction pourrait être très élevé et augmenter avec le temps passé sans mesures de correction de la situation47.

Pistes de solutions à la régression des pollinisateurs

Les pistes de solutions le plus souvent évoquées visent :

  • le développement d’une agriculture moins chimique48 et plus raisonnée, l’agriculture biologique49 et la lutte intégrée basée sur la protection des auxiliaires de l’agriculture, et donc de leurs milieux de vie50 ; une meilleure prise en compte des observations faites par les apiculteurs51 ;
  • le développement d’une apiculture tenant mieux compte de la biodiversité (les apports de souches d’abeilles étrangères dont le génome est inadapté aux conditions locales, la transhumance de ruches à grande échelle, le nourrissage sur monoculture, le déplacement de ruches dans les parcs nationaux ou réserves naturelles où l’abeille domestique peut priver de nourriture les pollinisateurs locaux naturels, etc. sont à éviter) ;
  • des plans de sauvetage, de restauration et de protection durable des populations résiduelles de pollinisateurs sauvages et domestiques, s’appuyant notamment sur la restauration d’une trame d’habitats naturels moins défavorables aux pollinisateurs y compris en ville et dans les jardins.
    Début juin 2018, la Commission européenne a proposé « la toute première initiative de l’Union européenne (UE) visant à enrayer le déclin des insectes pollinisateurs sauvages », qui s’appuiera sur un suivi et une coordination des actions visant à « remédier aux conséquences sociales et économiques de la diminution des insectes pollinisateurs », et probablement sur les mesures s’attaquant aux causes du déclin. Une sensibilisation des enfants et citoyens est également prévue52.
  • le développement de micro-robots pollinisateurs (RoboBees, par exemple évoqués dans le film « silence des abeilles »53,54). De tels robots ne sont pas encore au point, et devraient être autonomes et s’ils sont petits pouvoir échapper aux araignées, oiseaux et autres animaux insectivores.
    Conservation des insectes pollinisateurs - Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (décembre 2020). La mise en forme de cette section ne suit pas les recommandations concernant la typographie, les liens internes, etc. (décembre 2020). Découvrez comment la « wikifier ».

Importance du maintien de la diversité spécifique des insectes pollinisateurs

L’utilisation durable des insectes pollinisateurs, est un sujet sous projecteurs, l’érosion de ces petits animaux déclenchera automatique l’extinction des populations humaine. Ainsi c’est d’une importance capitale que les scientifiques du monde se concentrent sur la question de la conservation et l’utilisation durable des insectes pollinisateurs.

Tous les insectes volants sont par défaut des pollinisateurs potentiels, mais les plus importants sont les insectes dits pollinisateurs, car ils ont des caractéristiques physiologiques qui leur permettent de transporter beaucoup plus de pollen d’une fleur à une autre. Les hyménoptères, dont on retrouve les Apiformis ou Anthophila (= abeilles) ont un rôle très important dans le mécanisme de la pollinisation, grâce à leur corps couvert de soies ramifiées (poils branchus) qui accrochent le pollen et leur brosse à pollen situé (selon les familles) sur la face externe du métatarse ou sous l’abdomen. Les autres hyménoptères se nourrissent, à l’âge adulte, du nectar des fleurs. Mais ils ne collectent pas de pollen comme les abeilles. Notons toutefois l’exception que représentent les Masarines (Masarinae), petite sous-famille de guêpes qui récoltent pollen et nectar afin de nourrir leurs larves.

La pollinisation est capitale pour la fécondation des fleurs dites Angiospermes (mais également des Cycadales) ; c’est un processus durant lequel les insectes pollinisateurs jouent un rôle clé. En effet, en butinant les plantes, ils se couvrent de pollen et transportent ces précieux grains de l’organe mâle de la plante (anthère) à l’organe femelle (stigmate). Extrêmement productives, les abeilles mellifères peuvent visiter jusqu’à 250 fleurs par heure et stocker jusqu’à 500 000 grains de pollen.

On peut observer parmi la trentaine d’ordres d’insectes connue jusqu’à présent (Delfosse, E. 2015), que les Hyménoptères, les Diptères, les Lépidoptères et les Coléoptères, renferment une diversité d’espèces floricoles hautement pollinisateurs des plantes à fleurs, mais également on y retrouve dans d’autres ordres d’insectes, une grande majorité de visiteurs de fleurs décrits comme régulées ou obligatoires, et dont certains sont des pollinisateurs avérés tel que les Thysanoptères (thrips) et ceci en dépit de leur taille (Vincent Lefebvre 2017). Les Mécoptères semblent compter parmi les premiers insectes pollinisateurs dont les relations avec les plantes remonteraient à près de 240 millions d’années.

Il existe une forte relation entre certaines espèces d’insectes et les fleurs qu’elles butinent. Pour ces espèces, la production florale est leur seule source de nourriture ; comme chez les Abeilles, Symphytes, Mouches, certains coléoptères (Longicornes...), Thrips pour le pollen, ou chez les Abeilles, Symphytes, Papillons, Mouches, pour le nectar, les Cétoines, Longicornes, Symphytes consomment également les pétales de fleurs (Vincent Lefebvre 2017). Certaines espèces d’abeilles comme les Apis produisent grâce aux fleurs qu’elles butinent des sécrétions huileuses ou cireuses (Rasmussen, T. J., and J. Olesen. 2000). Des réseaux complexes sont formés par les interactions plantes-pollinisateurs (Isabelle Dajoz et al., 2012 ).

Il est démontré que 75 % de la diversité, soit 35 % du tonnage, de la production agro-alimentaire (alimentation humaine) dépendent de la pollinisation réalisée par les insectes. Pour certains chercheurs l’extinction des insectes est comparable à l’extinction des dinosaures. Présentes sur terre depuis plus de 80 millions d’années, la plupart des espèces de pollinisateurs sont de nos jours sont menacés de disparition. Des études démontrent que depuis une trentaine d’années les espèces de pollinisateurs disparaissent rapidement.

Pour l’abeille domestique (Apis mellifera), près de 300.000 colonies d’abeilles disparaissent chaque année, mais les mesures prises jusqu’à présent sont très insuffisantes, presque inutiles. Par ailleurs ce phénomène est bien pire s’agissant des espèces sauvages, la plupart du temps solitaires, car les butineuses, qui risquent l’intoxication lors de leur phase de butinage, sont les pondeuses ; ainsi c’est la reproduction et donc le maintien des abeilles sauvages qui sont directement compromis.

La pollinisation (service écologique primordial) assurée essentiellement par les insectes pollinisateurs est donc menacée.

Le déclin des insectes pollinisateur a de multiples causes : pesticides (insecticides, fongicides, herbicides...), destruction et fragmentation des habitats, urbanisation, homogénéisation et anthropisation des milieux… Au-delà de menacer directement la diversité biologique, ce phénomène a pour conséquences de simplifier les interactions plantes-pollinisateurs et de mettre en danger les services écosystémiques rendus par ces insectes (Isabelle Dajoz et al., 2012 ).

Perspective de conservation

Adopter de nouvelles stratégies agricoles

Dans une étude d’amélioration du paysage agricole pour les insectes pollinisateurs, les abeilles en particulier, un nombre d’objectifs sont mis en perspective pour augmenter la productivité du miel, améliorer la biodiversité et la santé des abeilles dans ces champs agricoles. Mais il convient de traiter le monde des abeilles dans son ensemble et de ne pas le réduire aux seules abeilles domestiques (Apis mellifera). Il apparait donc capital d’augmenter la disponibilité des ressources alimentaires pour les insectes pollinisateurs domestiques et sauvages, tout en les préservant des effets néfastes des pesticides (Isabelle Dajoz et al., 2012 ).

Grâce au système de rotation des cultures, accompagné de divers composition florale ; nous pouvons aboutir à un bon rendement de productivité agricole et des produits de la ruche, toute en protégeant les populations d’abeilles domestiques et sauvages, les bourdantes et d’autres insectes pollinisateurs qui visitent ces champs. L’une des études réalisées sur les champs de céréales, colza, tournesol, maïs, blé, a démontré que ces plantes accompagnées de la luzerne, Cipan avec du trèfle hybride et de la phacélie, chanvre, donner un bien milieu rendement et des ruches plus robuste. En effet, ces plantes doivent assurer une floraison en septembre et octobre et, par conséquent, améliorer les stocks alimentaires dans les ruches avant l’hiver (Axel Decourtye et al, 2013).

Contrôler l’utilisation des pesticides

La quantité de pesticides et fertilisants azotés et la charge en bétail, affecte négativement les populations d’insectes pollinisateurs, notamment les abeilles.

Il faudra demander aux compagnies désirant mettre un nouveau pesticide sur le marché canadien, d’effectuer des tests non seulement sur les abeilles adultes, mais également sur les autres stades de développement de l’abeille, afin d’éviter de retirer un produit, après s’être rendu compte de sa toxicité. Une des perspectives de conservation serra d’exiger aux producteurs des pesticides de mettre sur le marché que des pesticides déjà testés sur les insectes pollinisateurs (abeilles, papillons, sphinx…), et cela à plusieurs stades de leur développement. Cette pratique permettra de préserver les populations de ces insectes, notamment les colonies d’abeilles qui sont les plus touchées par ces phénomènes (Nathalie Pelletier 2010) ; car chez l’abeille ont y retrouve qu’une moitié des gènes de détoxification par rapport aux autres insectes (Jacobsen, R. 2009), eux-mêmes vulnérables aux pesticides. 

Des stratégies permettent de diminuer les effets de pesticides sur les populations d’insectes ; comme le remplacement des produits dangereux par d’autres moins nocifs, l’élimination de traitements utilisant les pesticides et cela sur l’ensemble de la période d’activité saisonnière des pollinisateurs. Nous pouvons également utiliser des plantes connus pour leurs vertus associées aux cultures agricole, afin de réduire l’utilisation des pesticides et insecticides, par exemple l’association du colza avec une plante gélive pour réduire l’urtication des herbicides et sur le tournesol, un désherbage mécanique ou l’utilisation ciblé des herbicides lors du semis (Axel Decourtye et al, 2013).

Stratégies de conservation dans les biotopes urbains et périurbains

Les espaces urbains doivent être plus accueillants pour les insectes pollinisateurs, notamment les paillions et les abeilles domestiques. Des zones de refuges et de protections doivent être élaborées pour ces petits animaux, qui le plus souvent, se retrouvent égarer, car leurs habitats sont fragmentés par ces milieux anthropiques.

On doit augmenter et diversifier les phonations de fleurs mellifères dans les parcs et les jardins. Sur nos petits balcons, ou au coin du jardin les plantes aromatiques sont un havre de paix pour nos insectes : la menthe, le thym, la sauge, l’aneth, la marjolaine ou la ciboulette. Nous pouvons aussi planter des lavandes, des rosiers, des hibiscus. Centaines plantes grimpantes font également partie des plantes mellifères, elles attirent aussi les insectes pollinisateurs : la glycine, la clématite, le jasmin, le chèvrefeuille et le lierre. 

Augmenter la plantation des plantes mellifères

La diversité florale d’un écosystème influence sur la diversité des insectes pollinisateurs. Ainsi, l’un des plans les plus avantageux à la conservation de ces espèces et l’augmentation de la composition florale de divers écosystèmes.

L’étude de la  coévolution entre les insectes pollinisateurs et les fleurs est un chemin important vers l’élaboration de plans efficaces à leur conservation. Des bandes aménagées à fleurs des prés doivent être plantées le long des cultures, dans les zones urbaines, bordures des forêts…, pour faire face au déclin des insectes pollinisateurs.

La relation précieuse entre la fleur et l’insecte est une parfaite harmonie de symbiose et une totale relation de mutualisme (anthécologie).

Enrichir la composition florale des milieux naturels et semi-naturels en plantes mellifères augmente le pourcentage de préservations des populations de pollinisateurs. Les plantes mellifères sont des espèces qui contiennent du nectar et du pollen en abondance, ce qui attire les abeilles et insectes butineurs.

Autres perspectives de conservation

  • Protéger les espèces d’insectes pollinisateurs sauvages et domestiques
  • Arrosage économique des plantes et tondre moins souvent
  • Augmentation des sites de nidification des insectes butineurs et accueillir favorablement l’installation des ruches dans l’environnement urbain et création de zones protégé (refuge des insectes pollinisateurs).
  • Enrichissement la diversité génétique (pool génétique) des populations de pollinisateurs.
  • Régulation les populations d’espèces envahissantes.
    Histoire évolutive des pollinisateurs

Durant leur coévolution avec les insectes et d’autres pollinisateurs, les plantes à fleur ont développé des traits qui les rendent très attractives pour une ou plusieurs espèces de pollinisateurs.

Ces traits correspondent à des éléments transmissibles du patrimoine génétique des plantes à fleur55 et des pollinisateurs ; ce sont par exemple la taille des fleurs, leur forme et profondeur, la largeur de leur corolle, leurs couleurs (dont dans le spectre non visible de l’ultraviolet). Il peut aussi s’agir du parfum, d’une offre en nectar, d’une certaine composition, etc.56 ou de la chaleur offerte par certaines fleurs57 (il a été expérimentalement montré que quand il a le choix, un bourdon - bien qu’ayant une certaine capacité de contrôle de sa température - préfère se nourrir sur les fleurs les plus chaudes, ce qui lui permet peut-être de dépenser moins d’énergie pour maintenir son corps à la température de vol, et une plante fournit une récompense en chaleur pourrait présenter le même intérêt et gain pour le pollinisateur qu’une plante identique plus riche en nectar, mais froide57).

Les oiseaux visitent préférentiellement les fleurs longues, étroites et rouges et sont moins attirés par des fleurs larges avec peu de nectar mais un pollen abondant, lesquelles sont plus attrayantes pour des coléoptères. Lorsque ces caractéristiques sont expérimentalement modifiés, les fleurs peuvent ne plus attirer ou moins attirer leurs pollinisateurs naturels58,59.

La somme de ces traits constitue ce que les chercheurs appellent le « syndrome de pollinisation ».

Quand un pollinisateur ne dépend que d’une espèce pour sa survie (pollinisateur monolectique) et que l’inverse est également vrai, la disparition de l’une des deux espèces entraîne celle de l’autre. Les fleurs sont majoritairement associées à des guildes de pollinisateurs polylectiques, qui fluctuent dans l’espace et dans le temps60.

Histoire récente

Une grande partie des populations de pollinisateurs semblent victimes d’un effondrement démographique, de disparitions ou d’une dégradation de santé qui affecte un service écosystémique considéré comme majeur et précieux (la pollinisation).

Cet effondrement se produit parfois dans des zones réputées peu anthropisées (pour le bourdon en Suède par exemple61).

Une étude portant sur les rendements des cultures mondiales dépendants ou bénéficiant de 60 pollinisateurs a fourni sur cette base une cartographie du service de pollinisation par les insectes les plus importants pour l’agriculture dans le monde, mettant en évidence une répartition spatiale actuelle des prestations de pollinisation qui n’est que partiellement corrélée avec les variables climatiques et la répartition des terres cultivées. Cette carte indiquant des points critiques avec selon les auteurs assez de détails guider les décisions politiques sur les lieux où il faudrait prioritairement restaurer ou protéger les services de pollinisation et la biodiversité qui leur sont nécessaires. Les auteurs (et d’autres62) ont aussi étudié la vulnérabilité des économies nationales face au déclin potentiel des services de pollinisation et ils notent qu’alors que la dépendance générale de l’économie agricole à la pollinisation est restée stable de 1993 à 2009, les prix des produits cultivés les plus dépendants des pollinisateurs ont ensuite augmenté, ce qui pourrait être un signal d’alerte précoce63.

Interactions plante-pollinisateur - Article connexe : interactions plantes-insectes.

Les plantes et leurs pollinisateurs ont co-évolué depuis l’apparition des plantes à fleur.

Les relations qui les unissent sont parfois non spécifiques (pollinisateurs généralistes) et parfois au contraire très spécifiques (pollinisateurs spécialisés) et de type interactionsdurables (un seul animal pouvant féconder une ou plusieurs plantes spécifiques). L’émergence d’espèces spécialistes advient plus souvent dans les environnements stables, alors que les généralistes sont avantagées dans des environnements perturbés (changements climatiques, perturbations anthropiques) ou hétérogènes. L’anthropocène caractérisé par un appauvrissement de la biodiversité voit ainsi un déclin des pollinisateurs spécialistes en raison notamment de l’homogénéisation des écosystèmes64.

Le mutualisme semble très fréquent, et dans quelques cas la stratégie semble évoquer une « tromperie » : Ainsi certaines espèces (d’orchidées principalement) ont développé lors de leur co-évolution avec leurs pollinisateurs une stratégie de leurres sexuels où les plantes produisent des combinaisons remarquablement complexes de phéromones attractives et de mimétisme physique qui induisent les abeilles ou les guêpes mâles en erreur, ces mâles tenant alors de s’accoupler avec la fleur qui les chargent de paquets collants de pollens, lesquels seront livrés à d’autres fleurs de la même espèce à proximité (phénomène de pseudocopulation). De tels exemples sont connus sur tous les continents (sauf en Antarctique). L’Australie semble être exceptionnellement riche en de tels exemples65.

Les « mouches à viande » de familles telles que Calliphoridae et Sarcophagidae ont été en quelque sorte « apprivoisées » par certaines espèces de plantes dont les fleurs se signalent à elles en dégagent une odeur de vase fétide ou de cadavre en décomposition. Dans ce type de cas, les stratégies écologiques des plantes varient : plusieurs espèces de Stapelia attirent ainsi des mouches charognardes qui pondent en vain leurs œufs sur la fleur (où leurs larves meurent rapidement de faim). D’autres espèces présentent des organes floraux qui se décomposent réellement et rapidement après maturation en offrant une véritable nourriture aux insectes qui les visitent et les fécondent parfois.

Types de pollinisateurs

Les pollinisateurs les plus connus sont les différentes espèces d’abeilles qui sont clairement adaptées à la pollinisation et vivent dans certains cas en totale codépendance avec certaines des espèces d’angiospermes qu’elles pollinisent le plus.

Les Apiformis ou Anthophila (= abeilles) ont un corps généralement poilu et porteur d’une charge électrostatique qui facilite l’accrochage et le transport des grains de pollen. Ils sont aussi dotés d’organes adaptés à la récolte du pollen prenant chez la plupart des abeilles la forme d’une structure dénommée scopa située sur les pattes arrière de la plupart des espèces et/ou sous l’abdomen (par exemple chez les abeilles de la famille des Megachilidae).

Ces organes sont composés d’épaisses soies plumeuses. Les abeilles domestiques, les bourdons, et leurs proches parents ont des scopa particulières puisque leurs pattes arrière sont modifiées en une structure appelée corbicula (ou « corbeille à pollen »), qui permet la collecte d’une pelote. Les abeilles se nourrissent de nectar (une source d’énergie concentrée) et collectent le pollen (nourriture riche en protéines) pour nourrir leurs larves. Ce faisant, elles transfèrent « par inadvertance » le pollen d’une fleur à l’autre. Parfois comme chez les abeilles Euglossines (qui pollinisent les orchidées), ce sont les abeilles mâles qui sont attirées par les senteurs florales et fécondent la fleur, alors que les femelles recueillent le nectar ou le pollen. Quand ces mêmes femelles visitent d’autres types de plantes à fleur ce sont elles (les Euglossines femelles) qui agissent comme pollinisatrices.

Toutes les abeilles ont besoin de sources abondantes et diversifiées de pollen et de nectar, réparties sur toute l’année.

Dans les milieux froids, comme en montagne à partir de l’étage subalpin ou sous les hautes latitudes, les abeilles deviennent plus rares et les visiteurs de fleurs les plus abondants deviennent des Diptères appartenant à plusieurs familles, notamment les Muscidae, les Anthomyiidae et les Empididae66,67.

Parmi les pollinisateurs autres qu’insectes, on peut citer les chiroptères, qui sont les seuls pollinisateurs spécialisés parmi les mammifères68. Certains rongeurs assurent également un service de pollinisation, ou encore quelques oiseaux (colibris par exemple) et même certains lézards (notamment des geckos diurnes du genre Phelsuma).

Source de l’article avec Notes et références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pollinisateur

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  • Document sur les pollinisateurs par l’Office français de la biodiversité (OFB)
    L’Office français de la biodiversité est pleinement mobilisé pour enrayer le déclin des insectes pollinisateurs, dont on compte plus de 20 000 espèces en France. Papillons, fourmis, abeilles, guêpes, mouches, moucherons… ils participent tous à la pollinisation.

Qu’est-ce que la pollinisation ?

La pollinisation est un élément clé de la reproduction d’un grand nombre de végétaux. Il s’agit du transport des grains de pollen entre les organes de reproduction mâle appelés étamines vers les pistils (organes femelles) des fleurs.
Cette étape est essentielle dans le cycle de vie de ces plantes. Ce transport peut se faire de différentes façons : par le vent, l’eau ou les animaux. L’entomogamie, ou pollinisation par les insectes, concerne 90 % des espèces de plantes à fleurs dans le monde (Plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation 2021-2026).

Si la pollinisation par les abeilles est la plus connue, il existe près de 1.000 espèces de pollinisateurs en France. L’abeille domestique, la seule à produire du miel, correspond à une seule espèce. Et parmi les milliers d’autres pollinisateurs, on compte principalement les hyménoptères (abeilles, fourmis, guêpes…), les papillons de jour comme de nuit, les coléoptères (cétoines, hannetons…) ou encore les diptères (mouches, moustiques, moucherons…).

Photo - Colette du Lierre (Colletes hederae). Crédit photo : Alexis Rondeau / Licence : CC BY 2.0 FR

Quel est le rôle des pollinisateurs ?

Les pollinisateurs jouent un rôle crucial dans la production alimentaire car un nombre important de cultures dépendent d’une manière ou d’une autre de la pollinisation par les insectes.

Ainsi, au niveau européen, 84 % des espèces végétales cultivées dépendent directement des insectes pollinisateurs (Eilers et al. – 2011).

En France, la part de la production végétale française destinée à l’alimentation humaine que l’on peut attribuer à l’action des insectes pollinisateurs représente une valeur comprise entre 2,3 milliards et 5,3 milliards d’euros (EFESE, Rapport intermédiaire, 2016).

Des espèces en déclin - Les plantes à fleurs et les insectes pollinisateurs sont interdépendants. Ce qui affecte les pollinisateurs affecte les plantes à fleurs et inversement.

La présence de pollinisateurs dépend de deux principaux facteurs :

  • La possibilité pour les insectes de trouver un habitat
  • La disponibilité et la diversité de plantes à fleur pour se nourrir
    Depuis plusieurs années, les scientifiques internationaux constatent un déclin des populations de la plupart de ces insectes. En cause, les activités humaines qui impactent fortement ces deux facteurs :
  • L’agriculture intensive contribue à l’uniformisation des paysages et provoque une perte de diversité de la flore.
  • L’utilisation de pesticides affecte les pollinisateurs directement (insecticides et fongicides) et indirectement (herbicides).
  • L’artificialisation des sols détruit les habitats (70 % des abeilles sauvages nichent dans le sol) et la qualité comme le nombre des fleurs à butiner.
  • Le changement climatique contribue à modifier leurs conditions de vie, avec par exemple une floraison plus précoce qui oblige les insectes à s’adapter pour survivre.
  • Certaines espèces exotiques envahissantes comme Megachile sculpturalis, qui est favorisé par les hôtels à insectes.
    Carte de France montrant l’abondance et la rareté des pollinisateurs sauvages. Crédit : Olivier Debuf / OFB

Le Plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation

Considérant l’urgence à agir, le Gouvernement vient de lancer un Plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation (2021-2026).

Il a en effet décidé d’amplifier la mobilisation en faveur de l’ensemble des insectes pollinisateurs qu’ils soient domestiques ou sauvages, de soutenir l’ensemble des secteurs d’activités et des démarches qui concourent à leur préservation et à leur valorisation, et d’engager le plus grand nombre à agir concrètement en faveur de ces espèces et de la préservation de la biodiversité.

Ce plan se décline en 6 axes thématiques majeurs : 

  • Amélioration des connaissances scientifiques ;
  • Leviers économiques et d’accompagnements des agriculteurs, apiculteurs et forestiers ;
  • Accompagnement des autres secteurs d’activités (aménagements urbains, infrastructures linéaires, sites industriels, sites à grande emprise foncière, aires protégées) ;
  • Préservation du bon état de santé des abeilles et autres pollinisateurs ;
  • Réglementation pour la protection des pollinisateurs lors de l’autorisation et l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ;
  • Partage des pratiques agricoles favorables aux pollinisateurs.
    Comment agir ?
  • Laisser pousser les fleurs sauvages
  • Faucher plutôt que tondre, et laisser des îlots en libre évolution
  • Se fournir en plantes sauvages et locales
  • Créer des haies diversifiées, d’origine locale, et sans paillage plastique
  • Conserver le bois mort
  • Créer une mare naturelle sans poissons
  • Aménager des pierriers, murets en pierre sèche...
  • Garder des espaces de terre nue
  • Éteindre les lumières
  • Observer et partager ses observations en ligne
    L’Office français de la biodiversité et les pollinisateurs

En tant qu’établissement public chargé de la préservation et de la reconquête de la biodiversité, l’OFB est pleinement impliqué pour enrayer le déclin des insectes pollinisateurs. Ainsi, l’Office français de la biodiversité a participé à la rédaction du Plan national en faveur des insectes pollinisateurs et la pollinisation, en y intégrant notamment :  

L’Office français de la biodiversité travaille étroitement avec le milieu agricole. Il participe au conseil de surveillance sur les néonicotinoïdes, mobilise les lycées agricoles et est partenaire du Concours général agricole « Prairies et parcours » qui récompense des prairies non semées, riches et diversifiées en espèces végétales, idéales pour le développement des insectes pollinisateurs.
Aussi, l’OFB et ses partenaires ont mis au point un mélange de semences à destination des agriculteurs favorable aux pollinisateurs et à la faune, tout en étant compatible avec la production agricole. Baptisé « Pollifauniflor », ce mélange composé de 10 espèces a fait l’objet de suivis botaniques, de floraison, de pollinisation ainsi que de suivis entomologiques pendant quatre années. Les résultats très positifs permettent aujourd’hui d’envisager la diffusion à grande échelle au sein des exploitations agricoles.

‘Végétal local’

L’OFB est propriétaire de la marque Végétal local depuis 2015, qui propose des semences locales prélevées dans le milieu naturel. Ces végétaux sauvages conservent un maximum de leur diversité génétique, garantie d’une bonne adaptation à court et long terme notamment vis-à-vis du changement climatique. Ils sont essentiels pour les pollinisateurs qui ont évolué depuis des milliers d’années à leurs côtés. Ces plantes répondent en effet à leurs besoins spécifiques, car elles ont co-évolué avec les insectes locaux depuis plusieurs siècles.

En savoir plus :

Afin de mobiliser l’ensemble de la société, un MOOC sur les pollinisateurs sera diffusé en 2023, accompagné de sorties nature et de différents outils de mobilisation, pour tous les acteurs et à toutes les échelles. Un ‘escape game’ sera également déployé dans deux régions test dès 2022.

Photo - Cétoine hérissée. Crédit photo : Aurélien Daloz / OFB

Photo - Piéride de la rave (Pieris rapae). Crédit photo : Julie Gourvès / i©onos

Photo - Bourdon des champs (Bombus pascuorum). Crédit photo : Benjamin Guichard / OFB

Dans cette rubrique : Mieux connaître les espèces en France

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Source : https://ww.ofb.gouv.fr/les-pollinisateurs

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  • Les insectes pollinisateurs nous en mettent plein la vue – Document ‘ecologie.gouv.fr’
    Connaissez-vous le point commun entre le cacaotier et la tomate, le cerisier et la courge, le caféier et le pommier ? Leurs précieux fruits et légumes ne tiennent qu’à la fascinante rencontre entre leurs fleurs et des insectes. Partons à la rencontre de ces pollinisateurs !

Beaucoup d’indifférence, un soupçon de crainte et du dégoût. C’est ce que les insectes nous inspirent trop souvent. Il y a bien quelques exceptions, comme les papillons colorés qui déroulent leurs trompes au cœur des fleurs. Mais globalement, les insectes sont peu appréciés alors qu’ils sont indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes et à notre bien-être. Laissons de côté nos préjugés et découvrons des insectes dont le labeur quotidien nous apporte beaucoup. Par une belle journée ensoleillée, n’avez-vous jamais contemplé le ballet incessant d’insectes volant de fleur en fleur ? Ils papillonnent, ils bourdonnent, ils s’activent… Mais que font-ils ?

Attirés par la forme, la couleur, l’odeur des fleurs, ces insectes sont à la recherche de nourriture, pour eux ou pour leur progéniture : ils viennent prélever le nectar ou le pollen. En volant de fleur en fleur, ces insectes nous rendent gracieusement un service vital. Ils transportent involontairement le pollen d’une fleur jusqu’à une autre fleur et assurent ainsi la pollinisation de nombreux végétaux. Lorsqu’un grain de pollen est déposé sur le pistil d’une fleur de la même espèce, cela permet la fécondation d’un ovule puis la formation d’un fruit contenant des graines. Le bilan ? Tomates, cerises, courges, café, pommes, mais aussi carottes et oignons, autrement dit de quoi remplir nos assiettes.

35 % de ce que nous mangeons dépend de la pollinisation par les insectes

Près de 90 % des plantes à fleurs (ou angiospermes) dans le monde dépendent, au moins en partie, de la pollinisation par les insectes. Dans l’agriculture, cela concerne la production de fruits et la production de graines de selences. Au total, environ 35 % de ce que nous mangeons est lié à l’action de ces insectes, y compris des denrées coûteuses comme le cacao, le café et des épices !

Dans le même temps, certaines activités humaines, en particulier l’utilisation excessive de pesticides et la dégradation des milieux naturels, sont responsables d’un déclin de l’abondance et de la diversité des insectes pollinisateurs. À ces causes s’ajoute le réchauffement climatique qui contribue à modifier les conditions de vie des espèces.

Par exemple, une floraison plus précoce peut ôter de précieuses ressources alimentaires à des populations d’insectes pollinisateurs qui s’affaiblissent, voire disparaissent. C’est un engrenage puisque la majorité des plantes à fleurs dépendent des insectes pollinisateurs pour leur reproduction : ce qui affecte les pollinisateurs affecte les plantes à fleurs… et inversement. Nos productions agricoles en pâtissent également.

Pour les protéger, il faut mieux les connaître. Qui sont ces insectes qui nous rendent gracieusement un service si précieux ? Comment peut-on agir en leur faveur ?

« Environ 250.000 espèces de plantes à fleurs dans le monde » - La pollinisation est le mode de reproduction sexuée des végétaux.

La fleur est une structure complexe, dans laquelle les organes reproducteurs mâles (>> les étamines) et femelles (>> le pistil) sont regroupés et entourés de pièces enveloppantes (>> calice et corolle)…

La suite de cette publication officielle, avec beaucoup de photos et schémas explicatifs, sont à lire sur ce site : https://www.ecologie.gouv.fr/insectes-pollinisateurs/

biodiversite.gouv.fr - Ministère de la Transition écologique

Enquête logement 2020

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  • Introduction d’un article de Wikipédia sur la pollinisation chez les plantes à fleur
    Photo - La reproduction est dite « entomophile » quand la pollinisation est faite par un insecte (ici un bourdon)

Photo - Tubes polliniques en croissance, ici à partir de grains de pollen de lys (ou lis).
Chez quelques espèces, la croissance des tubes polliniques est dopée quand le taux d’UV augmente (par exemple chez des poacées)1, mais chez la plupart des taxons elle est inhibée, de même que les capacités fécondantes du pollen1. Le trou de la couche d’ozone pourrait donc modifier la composition floristique des zones les plus exposées aux UV2, avec un effet cumulatif démontré. La température peut aussi interagir avec la germination du pollen3

La pollinisation est, chez les plantes à fleur (angiospermes et gymnospermes), le transport du pollen des organes de reproduction mâle (étamines) vers le (ou les) organes de reproduction femelle (pistil) qui va permettre la reproduction sexuée. La pollinisation est une étape préalable à la fécondation dans le cycle de vie de ces plantes.

Ce transport a lieu soit à l’intérieur des fleurs (autopollinisation), soit par pollinisation croisée appelée aussi allopollinisation (le pollen d’une fleur se dépose sur les stigmates d’une autre fleur de la même espèce). Dans ce dernier cas, les vecteurs de pollinisation peuvent être biotiques (zoogamie assurée par les oiseaux, insectes…) ou abiotiques (les agents de transport du pollen sont le vent — mode appelé anémogamie —, l’eau — mode de l’hydrogamie —…).

Les plantes contribuent à l’alimentation des pollinisateurs en leur fournissant le pollen en excès ou nectar. Cette relation est un mutualisme. Il existe une relation plus ou moins étroite entre la plante et l’animal capable de la polliniser : le pollinisateur qui visite un grand nombre d’espèces ou de genre de fleurs est dit polytrope, celui qui se concentre sur un nombre limité de types floraux est dit oligotrope et celui qui visite une espèce ou un très petit nombre d’espèces voisines est dit monotrope. Plus précisément, un insecte qui récolte une seule espèce de pollen est dit monolectique, quelques espèces ou davantage oligolectique ou polylectique4.

Dans la plupart des espèces de plantes à fleurs, la pollinisation suivie d’une fécondation est indispensable à la formation des graines et des fruits. Si la pollinisation n’a pas lieu, par exemple en raison d’insuffisance de pollinisateurs spécialisés, la production de fruits et de graines est gravement affectée. Cela peut poser d’importants problèmes en agriculture. La vanille est un exemple de plantes qui doit être pollinisé manuellement dans les cultures.

La pollinisation est un des services écosystémiques rendus par la biodiversité.

L’Anthropocène, caractérisé par un appauvrissement de la biodiversité, voit un déclin des pollinisateurs spécialistes en raison notamment de la fragmentation des habitats et de l’homogénéisation des écosystèmes5, ce qui amène certains chercheurs à parler de « crise de la pollinisation »6

Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pollinisation

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  • Aux États-Unis, cette vallée aride abrite plus de 500 espèces d’abeilles différentes - De Douglas Main - Publication 23 sept. 2021, 10:47 CEST, Mise à jour 24 sept. 2021, 16:21 CEST – Document ‘nationalgeographic.fr’
    À cheval entre l’Arizona et le Mexique, la vallée de San Bernardino est un haut lieu de la diversité pour les abeilles, mais la construction du mur à la frontière inquiète les spécialistes -

Photo - Un groupe d’abeilles solitaires de l’espèce Svastra duplocincta. Les mâles de cette espèce se regroupent la nuit pour s’installer et dormir sur des plantes en les mordant avec leurs mandibules pour ne pas tomber. PHOTOGRAPHIE DE Bruce D Taubert

Au beau milieu du désert de Chihuahua, à cheval entre le sud-est de l’Arizona, aux États-Unis, et le Sonora, au Mexique, la vallée de San Bernardino est une authentique oasis de vie. Après les pluies, notamment les moussons torrentielles de la fin de l’été, la région explose dans une abondance de fleurs et attire par légions les abeilles. D’après l’entomologiste Bob Minckley, cette région présenterait même la plus haute concentration d’espèces d’abeilles au monde. 

Lors d’une étude récentepubliée dans la revue Journal of Hymenoptera Research, Minckley et le responsable de la réserve faunique nationale de San Bernardino, Bill Radke, ont découvert que 497 espèces d’abeilles vivaient sur les 16 km² de la vallée, une surface plutôt modeste pour une telle étude, 7 fois plus petite que Paris intra-muros. 

Même si les scientifiques savaient que la zone était riche en espèces, ils ont été surpris. « La densité des abeilles dans cette zone est astronomique, bien plus élevée que n’importe quel autre endroit attentivement étudié dans le monde, » souligne Minckley, professeur à l’université de Rochester. 

À titre de comparaison, ces 497 espèces représentent 14 % des 4 000 espèces d’abeilles recensées aux États-Unis et à elle seule la vallée de San Bernardino compte plus d’espèces d’abeilles que l’État de New York (et la plupart des États), ajoute-t-il. 

Il existe d’autres régions à forte concentration : en Utah, le monument national de Grand Staircase-Escalante compte 660 espèces d’abeilles, mais recensées sur 7 700 km², soit une zone 480 fois plus grande que celle couverte par les chercheurs à San Bernardino. 

Minckley espère que leurs travaux permettront de sensibiliser la population quant à l’importance de la région de San Bernardino et la grande diversité des espèces d’abeilles, au nombre de 20 000 environ à travers la planète.

« Elles pollinisent le groupe d’organismes le plus important de la planète, les plantes à fleurs, ce qui favorise le bon fonctionnement des écosystèmes ; et elles sont tout aussi importantes pour notre espèce, » assure-t-il.

Le monde des abeilles

Cette vallée est alimentée par de l’eau fossile qui pendant des milliers d’années a ruisselé des montagnes Chiricahua pour jaillir des puits artésiens et former étangs et ruisseaux bordés de peupliers et de plantes à fleurs par centaines de variétés. D’imposantes créatures comme les pumas, les lynx roux, les pécaris et d’autres mammifères parcourent la région également prisée des amateurs d’oiseaux en raison des nombreuses espèces rares qui la survolent. Du côté américain, on retrouve la réserve faunique nationale de San Bernardino et du côté mexicain, la majeure partie de la vallée appartient à Cuenca Los Ojos, un organisme binational dédié à la conservation. 

Entre 2001 et 2009, Minckley et Radke ont prélevé des abeilles sur 45 sites à travers la vallée, des deux côtés de la frontière, pour un total de 80 000 spécimens. Outre les filets utilisés pour capturer les abeilles, les chercheurs ont également disposé des bols remplis d’eau et peints de façon à imiter les fleurs dans lesquels les abeilles se posaient sans pouvoir repartir. 

Plus de 90 % des abeilles identifiées par les chercheurs appartiennent à des espèces solitaires sans ruche ni colonie. Ces abeilles voient le jour au printemps ou à l’automne et ne vivent pas plus de quelques semaines en surface. Après l’accouplement, la femelle creuse un terrier dans le sol puis remplit une cavité de boules de pollen et de nectar. Aidés de ces provisions, les œufs évolueront en larve pour quitter le terrier l’année suivante, voire plus tard en cas de sécheresse. 

Ces abeilles se déclinent en une variété de tailles et de couleurs. Parmi les résidents de la vallée figure la plus petite abeille du pays, Perdita minima, orange et élancée, ne dépassant pas les trois millimètres de long. D’autres sont plus imposantes, comme l’abeille charpentière (Xylocopa californica) qui mesure plus de 2,5 cm de long et arbore une robe hirsute noire. 

La plupart des abeilles ne s’intéressent qu’à une seule plante, ou famille de plantes. Par exemple, l’abeille Diadasia rinconis, une espèce élégante au duvet jaune pâle, grignote et pollinise uniquement les cactus de barbarie. Des abeilles européennes, descendantes d’abeilles sauvages qui ont fui les ruches commerciales, ont également été trouvées en petit nombre.

Photo - Deux abeilles Centris caesalpiniae en plein accouplement. Les mâles ont de grands yeux jaunes alors que les femelles ont les yeux rouges et les pattes recouvertes de poils leur permettant de prélever du pollen. Après l’accouplement, la femelle dépose ses œufs dans des cavités souterraines avant d’y ajouter une pelote de pollen en guise de provision pour la croissance de ses petits. PHOTOGRAPHIE DE Bruce D Taubert

Certaines de ces abeilles sont plutôt rares : pour un tiers des espèces, Minckley et ses collègues n’ont trouvé qu’un seul spécimen. L’une d’entre elles, Macrotera parkeri avec un abdomen rouge métallique, n’a été aperçue que dans une poignée d’autres régions aussi disparates que Mexico City et Austin, au Texas. D’après Minckley, il pourrait être judicieux de lister cette abeille parmi les espèces menacées ou en danger. 

Pour Laurence Packer, entomologiste à l’université York de Toronto n’ayant pas pris part à l’étude, ces travaux pourraient aider à déterminer où se trouve la plus grande diversité d’espèces d’abeilles, une notion importante pour comprendre les tendances liées à la diversité des abeilles et ses moteurs.

Cela « montre également pourquoi il est nécessaire de réaliser des prélèvements sur plusieurs années, » ajoute-t-il. Ce type d’étude au long terme, relativement rare, est nécessaire pour acquérir une bonne compréhension de la diversité de la zone, surtout dans des milieux arides où le volume de précipitation fluctue.

Pourquoi une telle diversité ?

Si la vallée est une telle corne d’abondance pour la diversité des abeilles, c’est avant tout parce qu’elle se trouve à la croisée de vastes biomes. 

Ici, comme ailleurs dans le sud-est de l’Arizona, les déserts de Chihuaha et Sonora se rejoignent et fusionnent, avec les arbustes épineux subtropicaux du sud, les biomes de montagne tempérée du nord et les vastes prairies de haute altitude. Également connue pour ses biomes de haute montagne appelés Sky Islands, cette région présente les plus hauts niveaux de biodiversité des États-Unis contigus, indique Myles Traphagen, biologiste de la conservation au Wildlands Network, un groupe apolitique de défense de l’environnement, qui travaille pour la réserve faunique depuis de nombreuses années. 

Malgré la grande diversité de plantes, il semble que le climat aride soit bénéfique pour la région, avec une double floraison de fleurs différentes au printemps et à la fin de l’été, après la mousson, lorsque la moitié des pluies de l’année tombent en l’espace de deux mois, explique Minckley, même s’il ne tombe en moyenne que 350 mm de pluie par en an. 

Bien que cela puisse paraître contre-intuitif, la diversité des abeilles est faible sous les tropiques, où la diversité végétale est la plus importante. Les milieux secs mais à forte diversité écologique, comme la vallée de San Bernardino, semblent être le mélange parfait de variables pour assurer une diversité élevée chez les abeilles. Derrière la faible diversité des abeilles dans les tropiques se cache peut-être l’humidité du sol qui favorise l’apparition de champignons et autres végétaux pathogènes des abeilles terricoles, indique Minckley. Ici, les abeilles sociales vivant en grandes colonies peuvent également bénéficier d’un avantage. 

La débâcle du mur

Ce point chaud de la diversité des abeilles est aujourd’hui confronté à diverses menaces. En 2020, l’administration Trump a ordonné la construction d’une clôture en acier haute de 9 m le long de la réserve nationale faunique de San Bernardino, sur le tracé du mur de plus de 300 km érigé en Arizona.

La construction du mur a entraîné une restriction immédiate et prolongée du mouvement des animaux, selon les premières données issues des pièges photographiques, indique Traphagen. Cependant, l’aspect le plus dévastateur sur le plan écologique se trouverait plutôt du côté des quantités d’eau extraites de l’aquifère de la réserve pour fabriquer le béton versé à la base du mur. Après le début des opérations de pompage, plusieurs étangs se sont asséchés, ce qui a poussé la réserve à déclarer l’état d’urgence et le personnel à relocaliser les poissons avant d’installer des pompes artificielles pour maintenir le niveau d’eau. Ces petites étendues d’eau abritent plus de 8 espèces rares de poissons du désert, dont quatre en danger d’extinction, présentes nulle part ailleurs aux États-Unis. 

Photo - Si ces abeilles de l’espèce Diadasia rinconis forment un tel attroupement, c’est pour gagner le droit de s’accoupler avec la femelle solitaire au centre du groupe. Quand viendra la floraison des figuiers de barbarie, ces abeilles quitteront leur nid souterrain pour s’accoupler. PHOTOGRAPHIE DE Bruce D Taubert

Photo - Cette section du mur entre les États-Unis et le Mexique a été construite à l’automne 2020 ; elle traverse le désert à l’ouest de la réserve faunique nationale de San Bernardino. Construit en majeure partie sur les terres fédérales et les territoires autochtones, le mur a profondément bouleversé l’environnement.PHOTOGRAPHIE DE Matt York, Ap

Difficile de prévoir l’impact sur les animaux, comme les abeilles, mais si la baisse du niveau d’eau affecte les plantes, il pourrait y avoir des répercussions sur les abeilles. « Pour les abeilles, l’assèchement des sources aura forcément un impact, surtout pour les espèces qui dépendent des habitats alimentés par les sources pour trouver leur fleur préférée, » déplore Packer. 

Les murs et les barrières peuvent également avoir des effets surprenants, notamment sur les insectes volant près du sol, comme les papillons, ajoute Traphagen. 

À présent que la construction du mur est à l’arrêt et les opérations de pompage également, les biologistes espèrent voir l’aquifère retrouver son niveau initial et ainsi reprendre son rôle essentiel pour les animaux de la vallée de San Bernardino, y compris les abeilles. 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Source : https://www.nationalgeographic.fr/environnement/les-neonicotinoides-nuisent-a-la-fertilite-des-abeilles-condamnant-des-generations-entieres

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  • La santé des abeilles - 10/05/2021 – Document ‘anses.fr’
    Les abeilles représentent 90 % des insectes pollinisateurs, aux côtés de bourdons, papillons ou encore de mouches. Depuis plusieurs années, un phénomène d’affaiblissement et de mortalité des colonies d’abeilles est constaté dans le monde. Leur déclin engendrerait des conséquences importantes pour la diversité des espèces végétales et l’offre alimentaire. Maladies, insectes prédateurs, appauvrissement des pollens, produits chimiques… : l’Anses étudie et évalue les facteurs de stress qui pèsent sur les abeilles et propose diverses solutions scientifiques et réglementaires afin de préserver leur santé.

Les abeilles, sentinelles de la santé des écosystèmes

Les abeilles et insectes pollinisateurs sont essentiels à la reproduction de nombreuses plantes et à la production notamment de fruits. 90% des espèces végétales à fleurs dépendent uniquement des insectes pollinisateurs pour leur reproduction. Ainsi, ils sont de véritables sentinelles de la santé des écosystèmes et du maintien de la biodiversité. 75% de la production mondiale de cultures alimentaires dépendent en partie de l’action des pollinisateurs. Parmi eux figurent quelque 20 000 espèces d’abeilles, dont environ 850 sont présentes en France.

La surmortalité des colonies d’abeilles, un phénomène complexe aux causes multiples

Ecoutez notre podcast ’Le silence des abeilles’

Un pot de miel vendu 25 000 €, des drones pour assurer la pollinisation des plantes...Dans ’Le silence des abeilles’, nous avons imaginé un monde sans les pollinisateurs. Voyagez avec nous en 2031 pour comprendre comment la science d’aujourd’hui anticipe les risques de demain.

Zootopique est une série d’anticipation créée par l’Anses et composée de 5 épisodes. 

La mortalité des abeilles est un phénomène normal dans les ruchers. Chaque hiver, 5 à 10% des colonies décèdent et, au cours de la saison d’élevage, de février/mars à septembre/octobre, de nombreuses butineuses meurent chaque jour. Cependant, depuis le milieu des années 80, des phénomènes de surmortalité des colonies d’abeilles sont observés à l’échelle mondiale. Dans le cadre de ses travaux d’expertise et de recherche, l’Anses a mis en lumière le caractère multifactoriel de l’effondrement des colonies d’abeilles. Ce phénomène est complexe et met en œuvre de nombreux facteurs susceptibles d’interagir lors d’expositions concomitantes ou successives.

Cinq grandes catégories de causes :

  • Les causes biologiques
    Aujourd’hui, on dénombre 29 agents pathogènes et prédateurs de l’abeille : prédateurs, parasites, champignons, bactéries et virus. Tous ces agents participent potentiellement aux affaiblissements et pertes de colonies d’abeilles. Certains de ces agents peuvent agir simultanément.
  • L’appauvrissement des sources d’alimentation
    Pour couvrir leurs besoins, les abeilles doivent avoir accès à un pollen de qualité issu d’une flore diversifiée (source de protéines) et à du nectar afin de produire le miel (source d’énergie) stockés au cours de la saison apicole. Toutes les ressources alimentaires ne sont pas de qualité équivalente. En effet, certains pollens, plus riches en nutriments, sont choisis de façon préférentielle par les abeilles. La diminution de la biodiversité, liée notamment à la monoculture, a pour conséquence une réduction du nombre d’espèces de plantes disponibles ainsi qu’à un raccourcissement de de la période pendant laquelle diverses plantes mellifères en fleurs sont disponibles. Le manque de pollen, l’absence de réserves suffisantes, un manque de diversité ou de qualité dans ces apports peuvent affecter la bonne santé des colonies d’abeilles.
  • Les pratiques apicoles
    De la tenue du rucher, dépend son état sanitaire : il est donc essentiel que l’apiculteur porte une attention particulière aux facteurs critiques permettant le bon développement de ses colonies. Le respect de règles techniques et de biosécurité en termes de milieu de vie, essaimage, nourrissement, etc… est indispensable à la bonne santé du rucher. Il est également nécessaire d’effectuer des contrôles réguliers et d’utiliser de manière adéquate les traitements contre les maladies.
  • L’exposition aux produits chimiques employés dans l’environnement
    Les abeilles peuvent être exposées, comme l’ensemble des organismes vivants, aux divers agents chimiques susceptibles d’être présents dans l’environnement. Dans les zones cultivées, la majeure partie de ces agents chimiques appartient à la catégorie des produits phytopharmaceutiques. Les abeilles sont exposées directement lors de l’application du traitement, mais également via les résidus de pesticides contenus notamment dans les matrices récoltées par les abeilles.
  • Des causes qui restent inconnues et des effets difficiles à démontrer
    En l’absence de diagnostic étiologique, de nombreux cas de mortalité restent à ce jour d’origine indéterminée. Une grande diversité de facteurs, intervenant de façon isolée ou en association, est donc susceptible de provoquer une mortalité anormale de colonies d’abeilles. Certains de ces facteurs sont aujourd’hui bien connus et régulièrement identifiés, c’est le cas de nombreux agents biologiques et chimiques. Cependant, pour d’autres, leur effet est difficile à démontrer comme l’effet de l’environnement nutritif, de facteurs climatiques, de certains produits phytopharmaceutiques, certaines infections virales, etc. De plus, l’effet de l’action combinée de plusieurs d’entre eux reste, à ce jour, malgré les études en cours, encore peu connu.
    Parole d’expert 

https://www.anses.fr/sites/default/files/styles/image_500/public/gilles-salvat.jpg?itok=WRcNKExB

« Le phénomène de mortalité des abeilles est multifactoriel, ce qui rend d’autant plus difficile son étude et sa prévention. »

 Entretien avec Gilles Salvat
_ Directeur général délégué chargé de la santé et du bien-être des animaux.

«  La difficulté est que les abeilles évoluent dans un milieu ouvert. Leur alimentation est liée à de nombreux facteurs. Donc, la question n’est pas seulement la disponibilité de leurs aliments dans l’environnement, mais aussi la capacité des abeilles à aller chercher les ressources disponibles et à avertir leurs congénères de leur existence.

Autre difficulté : les abeilles sont des animaux difficiles à soigner, car on ne peut pas les isoler. Et, pour éviter de retrouver toute trace de médicaments dans le miel, seuls quelques traitements parasitaires pour combattre le varroa, par exemple, sont autorisés. Le varroa peut être à lui tout seul mortel pour les abeilles. La co-exposition à d’autres facteurs de stress, tels que les pesticides, les carences nutritionnelles, affaiblit leurs systèmes de défense et les rend encore plus vulnérables à l’infestation par le parasite. Or, depuis 20-25 ans, ces facteurs se sont aggravés.

Pour améliorer la santé des abeilles, il est crucial de mieux prévenir et traiter les maladies mais également diminuer l’utilisation des intrants phytopharmaceutiques.Cela veut dire se réapproprier d’autres méthodes de cultures dans les champs, mais aussi dans nos jardins, dans les parcs publics. »

Laboratoire de référence sur la santé des abeilles en France et en Europe

Depuis plus de 40 ans, le laboratoire de l’Anses de Sophia Antipolis est devenu une référence aux niveaux national et international dans le domaine de la santé des abeilles. Il détient les mandats de laboratoire national de référence et laboratoire de référence de l’Union européenne pour la santé de l’abeille ainsi que laboratoire de référence de l’OIE (organisation mondiale de la santé animale) pour six maladies de l’abeille.

Les équipes y étudient les maladies des abeilles, les bactéries, parasites ou virus qui en sont responsables et les effets des produits phytosanitaires. Elles mettent au point des méthodes d’analyses pour identifier et détecter les agents pathogènes ainsi que les résidus des produits les plus dangereux pour leur santé. Les travaux du laboratoire ont permis des avancées significatives pour la compréhension de multiples facteurs qui sont à l’origine des troubles affectant les colonies d’abeilles et la mise en place de solutions durables pour leur préservation au niveau national et européen.

Au titre de son mandat européen de référence, le laboratoire Anses de Sophia Antipolis a piloté EPILOBEE, un vaste programme de surveillance épidémiologique en Europe visant à mieux caractériser le phénomène de surmortalité des abeilles. Il participe actuellement et a participé à différents projets européens tels que :

Eclairage sur les effets des co-expositions

L’Anses a lancé des travaux d’expertise depuis 2012 pour comprendre les multiples causes de l’effondrement des colonies. Ses travaux montrent une réalité complexe d’interactions entre pathogènes tels que l’acarien varroa et certains virus, ou entre produits chimiques. Certains diminuent par exemple les défenses immunitaires des abeilles, les rendant plus fragiles face aux pathogènes. Le laboratoire de Sophia Antipolis a également mené des travaux visant à étudier les effets synergiques de virus avec des contaminants chimiques. Autant de facteurs auxquels s’ajoutent la perte de la biodiversité, notamment chez les fleurs prisées par les abeilles et le changement climatique qui diminuent leurs ressources alimentaires.

Face à ce constat, l’Anses a recommandé plusieurs pistes de travail comme la mise au point de mesures multi-résidus plus fines sur spécimens et produits de la ruche pour mieux identifier les molécules présentes dans l’environnement de l’abeille et a elle-même développé de méthodes d’identification et de quantification aux seuils de détection très bas pour de nombreuses molécules de diverses familles chimiques utilisées dans les pesticides. L’Anses a également recommandé la création d’un réseau de ruchers de référence pour mieux analyser les situations régionales des ruchers. L’Agence recommande, par ailleurs, de diminuer de façon globale le recours aux intrants chimiques et de renforcer les exigences pour les autorisations de mise sur le marché.

Lire notre actualité : ’Santé des abeilles : impact de la co-exposition des colonies aux pesticides et aux agents infectieux’.

Faire évoluer l’évaluation des risques liés aux produits phytosanitaires pour l’environnement, et, en particulier, pour les abeilles

Afin de réduire l’exposition des abeilles et autres insectes pollinisateurs aux produits phytopharmaceutiques, l’Anses a évalué différentes dispositions au niveau national et proposé différentes recommandations afin de faire évoluer les restrictions au niveau national et l’évaluation des produits au niveau européen.

Le document guide de l’OEPP relatif à l’évaluation du risque pour les abeilles a été révisé fin 2010 et précise la démarche à suivre pour les traitements de semence et les substances capables de migrer dans la plante.

Les recommandations de l’Anses pour renforcer la protection des abeilles exposées aux produits phytosanitaires

  • En complément de l’évaluation systématique des risques aigus,chroniques sur les abeilles adultes et sur le développement larvaire dans le cadre des demandes d’autorisation de mise sur le marché (AMM), l’Anses recommande la réalisation de nouveaux essais, dès lors que les méthodes le permettant sont disponibles.
  • Propositions de restrictions d’utilisation à l’ensemble des produits : aucune application en présence des abeilles pendant les périodes où les cultures sont attractives (avis de l’Anses émis en 2018 et 2019).
  • Propositions d’évolutions des méthodes d’évaluation des risques dans le cadre des demandes d’AMM pour améliorer l’évaluation des risques à long terme pour les abeilles et pour les autres pollinisateurs, avec notamment l’introduction de tests sur le comportement des abeilles, comme par exemple la méthode de mesure du temps de retour à la ruche (dès lors que des protocoles standardisés sont disponibles).
    10 ans d’expertise sur la santé des abeilles

Entre 2012 et 2015 : L’Anses conduit des travaux d’expertise sur les effets de la co-exposition des abeilles à différents facteurs de stress et leur rôle respectif dans les phénomènes d’affaiblissement, d’effondrement ou de mortalité des colonies d’abeilles.

2015 : Expertise sur la hiérarchisation des maladies des abeilles.

2016 : Expertise sur les risques que présentent les insecticides à base de substances de la famille des néonicotinoïdes.

2018 : Recommandations pour renforcer les dispositions nationales imposant des restrictions en matière d’utilisation des produits phytopharmaceutiques pendant les périodes où les cultures sont attractives pour ces insectes.

2019 : Recommandations pour renforcer les méthodes d’évaluation des risques dans le cadre des demandes d’autorisation de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques.

Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l ...

Fichier:Logo ANSES (Bloc-marque République Française).svg — Wikipédia

Source ; https://www.anses.fr/fr/content/sant%C3%A9-des-abeilles

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  • Le ‘Roundup’ serait, finalement, dangereux pour les abeilles – Document ‘Radio-Canada - Publié le 26 septembre 2018 - Un texte d’Alain Labelle
    Les biologistes ont marqué le dos des abeilles avec des points de couleur pour être en mesure de les suivre. Photo : Université du Texas à Austin/Marc Airhart

Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Les abeilles exposées au glyphosate voient une partie des bactéries bénéfiques de leurs intestins disparaître, ce qui les rend plus vulnérables aux infections mortelles causées par des bactéries nocives, selon les travaux de biologistes américains.

Le glyphosate, le principal ingrédient actif du Roundup, l’herbicide le plus utilisé sur la planète, est commercialisé depuis 1974 par la multinationale Monsanto. L’entreprise est passée aux mains de la pharmaceutique Bayer en septembre 2016.

Le glyphosate pénètre dans les organes de la plante et se répand partout dans celle-ci par la sève, laquelle passe par tous les points de croissance, jusqu’aux feuilles et aux racines.

Des abeilles dans une ruche.

Agrandir l’image(Nouvelle fenêtre) - Les biologistes ont marqué le dos des abeilles avec des points de couleur pour être en mesure de les suivre et d’éventuellement les recapturer. Photo : Université du Texas à Austin/Marc Airhart

Comme le glyphosate interfère avec une enzyme importante présente dans les plantes et les microorganismes, mais pas chez les animaux, on a longtemps pensé qu’il n’est pas toxique pour ces derniers, y compris les humains et les abeilles.

En 2015, toutefois, des recherches menées par le Centre international de recherche sur le cancer ont montré que la substance comporte plusieurs risques pour la santé. Elle a d’ailleurs depuis a été classée comme génotoxique (dommageable pour l’ADN), cancérigène pour l’animal et « cancérigène probable » pour l’humain.

Le saviez-vous ?

  • La disparition des abeilles est une réalité mondiale.
  • Des pertes sont recensées depuis près de 20 ans.
  • L’Amérique du Nord est particulièrement touchée, et au Canada, les apiculteurs ont perdu en moyenne 25 % de leurs abeilles.
  • L’Ontario est la province la plus touchée : en 2014, les pertes s’élevaient à 58 %.
  • Le Québec n’est pas épargné ; la mortalité est deux à trois fois plus élevée qu’auparavant.
    Des abeilles affaiblies

Des travaux réalisés récemment par une équipe de l’Université du Texas à Austin montrent ainsi que l’élément actif du Roundup affaiblit la flore bactérienne intestinale des abeilles.

Des abeilles dans une ruche.

Agrandir l’image(Nouvelle fenêtre) - Des abeilles marquées. Photo : Université du Texas à Austin/Marc Airhart

Les biologistes Erick Motta, Kasie Raymann et Nancy Moran, de l’Université du Texas, pensent que leurs travaux apportent une preuve claire que le glyphosate contribue au déclin des colonies d’abeilles mellifères et des abeilles indigènes partout sur la planète.

C’est qu’en modifiant le microbiome intestinal de l’abeille (l’écosystème des bactéries vivant dans le tube digestif de l’abeille, y compris celles qui la protègent des bactéries nocives), le glyphosate compromet sa capacité à combattre les infections et à s’adapter aux changements de son environnement.

Une réalité qui contribuerait « à l’accroissement largement inexpliqué de la mortalité des colonies d’abeilles », selon les chercheurs.

« Nous avons besoin de meilleures lignes directrices pour l’utilisation du glyphosate, surtout en ce qui concerne l’exposition des abeilles, parce qu’à l’heure actuelle, les lignes existantes laissent croire que les abeilles ne sont pas menacées par l’herbicide. » - — Une citation de Erick Motta, auteur principal.

Le saviez-vous ?

Les néonicotinoïdes, des insecticides dont les effets sur le système nerveux central de certains insectes sont documentés, étaient à ce jour les seuls associés au syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles. Ils sont d’ailleurs interdits dans plusieurs pays, notamment en Europe. Le Canada prend des mesures pour éliminer progressivement leur utilisation à partir de 2021.

Dans leur étude, les chercheurs ont exposé les abeilles aux concentrations de glyphosate présentes dans les champs, les cours d’eau et les bords de route.

Ils avaient marqué le dos des abeilles avec des points de couleur pour être en mesure de les suivre et de les recapturer.

Des abeilles endormies sont marquées avec de la peinture.

Agrandir l’image(Nouvelle fenêtre) - Des abeilles endormies sont marquées avec de la peinture.- Photo : Université du Texas à Austin/Marc Airhart

Après trois jours seulement, les chercheurs ont établi que l’herbicide diminuait le microbiote intestinal en réduisant la présence de quatre des huit espèces dominantes de bactéries saines chez les abeilles exposées.

L’espèce bactérienne la plus durement atteinte, la Snodgrassella alvi, est un microbe essentiel qui aide les abeilles à transformer les aliments et à se défendre contre les agents pathogènes.

Autre constat : les abeilles dont les microbiomes intestinaux avaient été altérés étaient beaucoup plus susceptibles de mourir lorsqu’elles étaient exposées plus tard à un pathogène opportuniste, comme la bactérie Serratia marcescens, comparativement aux abeilles dont les intestins étaient sains.

La Serratia est un pathogène opportuniste répandu qui infecte les abeilles partout sur le globe.

Environ la moitié des abeilles dont le microbiome était sain étaient encore en vie huit jours après l’exposition à l’agent pathogène, alors qu’environ un dixième seulement des abeilles dont le microbiome avait été modifié par l’herbicide étaient encore en vie.

Il est établi depuis longtemps que, chez l’humain comme chez les animaux, un microbiome intestinal stable permet de mieux résister à l’infection par des envahisseurs opportunistes.

« Si vous perturbez une communauté bactérienne stable, vous êtes plus vulnérable à cette invasion d’agents pathogènes. » - — Une citation de Nancy Moran.

Un appel à la prudence

Ces résultats militent, selon les scientifiques, pour une très grande prudence dans l’utilisation du Roundup. Selon eux, les agriculteurs, les paysagistes et l’ensemble de la population devraient éviter de pulvériser des herbicides à base de glyphosate sur les plantes à fleurs que les abeilles sont susceptibles de visiter.

Le détail de ces travaux est publié dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (Nouvelle fenêtre) (en anglais).

En 2017, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) annonçait qu’elle avait découvert des traces de glyphosate dans le tiers d’un échantillonnage de 3200 produits alimentaires testés. L’ACIA précise toutefois que les taux détectés sont inférieurs aux normes prescrites pour la consommation humaine.

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Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1126234/glyphosate-abeilles-flore-intestinale-infections-mortelles-roundup-pesticide

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  • Interdire le glyphosate ? Inutile, Bayer s’en charge… - 4 juin 2021 Francis Saucy Non classé – Document d’origine suisse ‘blogs.letemps.ch’
    Dans la campagne acharnée autour des initiatives anti-pesticides du 13 juin 2021, deux nouvelles d’importance concernant le glyphosate sont passées relativement inaperçues. La première concerne la double décision des chambres fédérales de refuser les initiatives cantonales des cantons du JU et de GE visant son interdiction en Suisse. La seconde, l’annonce de Bayer de le retirer du marché américain. Et pourtant, tous les miels sont contaminés, parfois au-delà des normes.

Décryptage…

Au prétexte que le glyphosate ne présente aucun danger pour la santé, les chambres fédérales viennent de refuser les initiatives cantonales des cantons du JU et de GE demandant l’interdiction de cet herbicide en Suisse. La décision se fonde sur le rapport de la Commission de l’économie et des redevances du 2 novembre 2020 qui est des plus clair : “La commission considère donc qu’il n’y a pas lieu d’agir du point de vue sanitaire et qu’il faudrait plutôt déployer des mesures là où la toxicité est élevée. Par ailleurs, elle rappelle que la tolérabilité des substances de ce type est systématiquement examinée en Suisse et qu’il ne serait pas judicieux d’exclure certaines substances arbitrairement. Elle relève en outre que l’utilisation du glyphosate en Suisse est soumise à des conditions strictes : contrairement à ce qui se fait dans d’autres pays, l’utilisation du glyphosate n’est autorisée que sur les plantes qui ne sont pas récoltées“. Voilà qui est rassurant.

Examen systématique ? A ma connaissance, il n’existe qu’un rapport officiel en Suisse sur la question du glyphosate dans les aliments. Il date de 2018. J’en dénonçais l’inénarrable inconsistance dans un billet du 27.05.2018 intitulé “15 miels sur 16 contaminés par le glyphosate en Suisse“. J’en rappelle ci-dessous l’invraisemblable échantillonnage :

“L’OSAV rapporte avoir analysé “243 échantillons de denrées alimentaires, réparties dans 19 catégories (…) prélevées dans le commerce de détail”. L’échantillonnage réalisé laisse plus que dubitatif : on se serait attendu à un échantillon représentatif de la nourriture consommée quotidiennement par un Suisse moyen au cours de ses 3 repas, sur la base, par exemple, d’une assiette type (salade, pâtes/riz, légumes, fruits) permettant d’évaluer la dose en glyphosate à laquelle la population est effectivement exposée. Au lieu de cela, une liste à la Prévert (avec toutes mes excuses aux grand poète dont les listes n’avaient aucune prétention scientifique) :

  • – produits à base de céréales : 93 (38% de l’échantillon)
  • – boissons : 49, dont vin (21), bière (15), jus de fruits (11), eau minérale (2) ;
  • – eau du robinet ? non pas d’eau du robinet…
  • – oeufs : 1 (oui, vous avez bien lu, un seul oeuf !)
  • – produits laitiers : lait (3), ni fromages, ni yogurts
  • – pommes de terre et produits dérivés, légumes : 10
  • – fruits ? non pas de fruits
  • – riz ? non pas de riz
  • – miel : 16″
    Décision prise par les chambres malgré des résultats très alarmants en 2020 : 

Dans son numéro de mars dernier, la Revue suisse d’apiculture rapporte ce qui suit (RSA, mars 2021, p. 102) : “Plusieurs articles parus dans les médias concernant des résidus de glyphosate dans les denrées alimentaires nous ont amené à une réflexion : trouve-t-on également des résidus de glyphosate dans nos miels suisses ? Afin de répondre à cette question pertinente, nous avons mené en 2020 une campagne d‘analyses, ciblant des ruchers en suisse romande. Pour cette étude, 7 miels issus de 7 ruchers situés dans un rayon inférieur à 3 km de parcelles susceptibles de traitements aux pesticides dont le principe actif est le glyphosate, ont été analysés par un laboratoire accrédité. Contre toute attente, dans 3 des 7 miels analysés, des concentrations significatives de glyphosate ont été mesurées. Il en ressort même qu’un miel dépasse la valeur légale autorisée. Le lot complet de cette récolte de miel a dû être retiré de la vente et éliminé.”

Précisons que les autorités cantonales concernées et l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) ont été informés de ces faits et qu’aucune mesure n’a été édictée. Précisons encore, qu’il n’existe aucun dédommagement pour les apiculteurs concernés, mais, et heureusement, car les lois sont bien faites, ces derniers ont l’interdiction de vendre les produits contaminés et pourraient être poursuivis s’ils ne respectaient pas ces prescriptions. La “tolérabilité” est assurée.

Bayer parle de retirer le glyphosate du marché américain La seconde nouvelle concerne l’annonce faite le 27 mai dernier par le Financial Times relative à l’annonce de Bayer de retirer le glyphosate du marché américain en raison d’une décision de justice défavorable dans l’un des procès qui l’oppose à quelques 125’000 plaignants souffrant de problèmes de santé graves (cancers) liés au glyphosate. Comme le rappelle le Financial Times, l’allemand Bayer avait racheté en 2018 l’entreprise Monsanto, leader mondial de la vente de glyphosate (commercialisé sous le nom du Roundup) pour quelques 63 milliards de dollars, alors que Monsanto était déjà confrontée à des problèmes judiciaires dans ce dossier. Toujours selon le Financial Times, Bayer aurait déjà perdu 37 milliards d’euros, soit 40 %, de sa valeur boursière dans cette désastreuse opération, alors que les ventes de Roundup ne représentent que 300 millions d’euros, soit moins de 2 % des ventes globales de son unité de produits phytosanitaires.

Enfin, Bayer a déclaré que si elle cessait de vendre du glyphosate aux détaillants américains, ce ne serait pas pour des raisons de sécurité, mais pour réduire le risque de litige : “Les autorités de réglementation du monde entier continuent de conclure que les produits Roundup à base de glyphosate peuvent être utilisés en toute sécurité et ne sont pas cancérigènes, et nous sommes tout aussi confiants dans leur sécurité“.

Voilà donc qui est rassurant et qui doit conforter Christian Lüscher, président de la Commission de l’économie et des redevances, dans les conclusions de son rapport.

Comment comprendre la stratégie de Bayer ? Si vous êtes parvenus à ce point de l’article, vous devez probablement aussi vous poser cette question. Comment comprendre qu’une entreprise que l’on imagine conduite par des dirigeants avisés se lance dans une telle galère ? En 2018, les premières décisions de justice étaient déjà tombées aux Etats-Unis. La déroute était donc plus que prévisible.

De même, comment comprendre l’annonce de Bayer d’envisager de se retirer du marché américain ? Chantage ? Peut-être, quoi qu’infirmé par Bayer auprès du journaliste du Financial Times : “Aucune de ces discussions n’affectera la disponibilité des produits à base de glyphosate sur les marchés des utilisateurs professionnels et agricoles”, a ajouté la société.

La réponse réside peut-être dans le lancement d’un nouveau pesticide, car “Liam Condon, (…) a déclaré aux analystes et aux journalistes lors d’une conférence téléphonique jeudi matin qu’il ne s’attendait pas à un impact financier de l’arrêt des ventes de glyphosate aux consommateurs américains. Bayer conserverait la marque Roundup mais changerait ses ingrédients actifs, a-t-il ajouté.

Tiens donc… un nouveau produit miracle ? Déjà homologué selon les normes en vigueur, à savoir les déclarations incontrôlables du producteur ? Et nous voilà repartis pour 30 ans…

Réfléchissez bien avant de voter…

Références :

18.308INITIATIVE DÉPOSÉE PAR LE CANTON DU JURA : Glyphosate et principe de précaution.

18.319 INITIATIVE DÉPOSÉE PAR LE CANTON DE GENÈVE : En finir avec l’utilisation du glyphosate en Suisse

Rapport de la Commission de l’économie et des redevances du 2 novembre 2020

Article du Financial Times du 27 mai 2021

https://blogs.letemps.ch/franci-saucy/wp-content/uploads/sites/22/2015/09/Francis_Saucy4_Fotor-60x60.jpg

Francis Saucy - Francis Saucy, Docteur ès sciences, biologiste, diplômé des universités de Genève et Neuchâtel, est spécialisé dans le domaine du comportement animal et de l’écologie des populations. Employé à l’Office fédéral de la statistique, Franci Saucy est également apiculteur amateur et passionné, et il contribue par ses recherches et ses écrits à l’approfondissement des connaissances sur les abeilles et à leur vulgarisation dans le monde apicole et le public en général. Franci Saucy fut également élu PS à l’exécutif de la Commune de Marsens, dans le canton de Fribourg de 2008 à 2011 et de 2016 à 2018. Depuis mars 2019, Franci Saucy est rédacteur de la Revue suisse d’apiculture et depuis le 15 septembre 2020 Président de la Société romande d’apiculture et membre du comité central d’apisuisse Blog privé : www.bee-api.net

Source : https://blogs.letemps.ch/franci-saucy/2021/06/04/interdire-le-glyphosate-inutile-bayer-sen-charge/

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  • Découverte : les bourdons piquent les plantes pour les faire fleurir plus tôt - De Virginia Morell – Document ‘nationalgeographic.fr’
    La mécanique de ce comportement reste un mystère, mais si l’Homme parvenait à le reproduire, cette découverte serait une aubaine pour l’agriculture.

Photo - Un bourdon terrestre vole parmi les fleurs en Angleterre. De nombreuses espèces de bourdons sont en déclin en raison du changement climatique. PHOTOGRAPHIE DE Stephen Dalton, Minden Pictures

Les bourdons ne se contentent pas de voler dans nos jardins. Ils évaluent activement les plantes, déterminent quelles fleurs ont le plus de nectar et de pollen, et laissent des marques qui leur indiquent quelles fleurs ont déjà été visitées.

Une nouvelle étude révèle que les bourdons forcent les plantes à fleurir en faisant de minuscules incisions dans leurs feuilles - une découverte qui stupéfait les spécialistes.

« Sensationnel ! a été ma première réaction », explique Neal Williams, biologiste des abeilles à l’Université de Californie. « Alors je me suis demandé, comment avons-nous raté cela ? Comment personne n’a pu s’en apercevoir avant ? »

Consuelo De Moraes, écologiste chimiste à l’Institut fédéral suisse de technologie de Zurich, a eu la même réaction lorsqu’un de ses élèves, Foteini Pashalidou, a observé des bourdons terrestres (Bombus terrestris) en train de faire de minuscules incisions dans les feuilles de plantes sous serre. Les insectes ne semblaient pas emporter les morceaux de feuilles dans leurs nids ou même les ingérer.

Émettant l’hypothèse que les abeilles incitaient ainsi les plantes à fleurir, l’équipe a mis en place une série d’expériences. Les résultats montrent que lorsque les sources de pollen sont rares, comme dans une serre ou au début du printemps, les bourdons peuvent forcer les plantes à fleurir jusqu’à un mois plus tôt qu’à l’ordinaire.

Cette recherche est prometteuse. D’une part, elle suggère fortement que les bourdons manipulent les fleurs, une compétence particulièrement utile car le réchauffement des températures à l’échelle planétaire fait émerger les pollinisateurs avant la floraison des plantes. Les insectes dépendent presque exclusivement du pollen pour se nourrir et nourrir leurs larves au début du printemps. 

C’est aussi un coup de pouce potentiel pour la chaîne d’alimentation humaine : si les agriculteurs peuvent amadouer leurs cultures pour qu’elles fleurissent tôt, cela pourrait augmenter la production alimentaire de certaines plantes.

Des maîtres jardiniers

Pour les besoins de l’étude, De Moraes, Pashalidou - l’auteur principal de l’étude - et leurs collègues ont placé des plants de tomates et de moutarde noire sans fleurs dans des cages avec des colonies de bourdons terrestres dépourvues de pollen. Ils ont ensuite retiré les plantes après que les abeilles ouvrières ont fait cinq à dix trous dans leurs feuilles.

Les petites piqûres ont fait fleurir les plants de moutarde noire deux semaines plus tôt, et les plants de tomates un mois plus tôt qu’à la normale, selon l’étude publiée le 21 mai dans Science.

Les scientifiques ont également placé des colonies de bourdons gavées de pollen et d’autres privées de pollen dans des espaces grillagés avec des plantes sans fleurs pour comparer leurs comportements. Les ouvrières des colonies nourries de pollen endommageaient rarement les plantes, tandis que celles des colonies privées de pollen le faisaient activement.

Pour s’assurer que leurs résultats n’étaient pas dus aux conditions artificielles du laboratoire, les scientifiques ont placé des colonies de bourdons et une variété d’espèces de plantes sans fleurs sur leur toit de Zurich fin mars 2018.

Les bourdons - une espèce européenne très commune - étaient libres de se nourrir aussi loin qu’ils le souhaitaient. Pourtant, ils endommageaient les feuilles de toutes les plantes non fleuries les plus proches de leurs ruches. L’intérêt des insectes pour cette activité a diminué vers la fin du mois d’avril, alors que de plus en plus de fleurs fleurissaient - établissant une fois de plus que le fait de piquer des feuilles était motivé par la disponibilité ou non-disponibilité de pollen.

Ils ont poursuivi leur expérience en plein air jusqu’en juillet et ont découvert que des ouvrières sauvages de deux autres espèces de bourdons (B. lapidgrius et B. lucorum) étaient venues dans leur parcelle de plantes non fleuries pour percer les feuilles.

Reste à déterminer à quel point le comportement est répandu chez d’autres bourdons, dont plus de 250 espèces sont actuellement recensées de par le monde.

Déchiffrer le code

La relation mutuellement bénéfique entre insectes pollinisateurs et fleurs remonte à environ 130 millions d’années. Les plantes fournissent de la nourriture aux pollinisateurs ; en échange de quoi les pollinisateurs fertilisent les fleurs. 

Mais ni l’un ni l’autre ne profite de cet échange s’ils ne sont pas synchronisés... ils ont donc trouvé des moyens de communiquer.

TIMELAPSE - L’éclosion d’une abeille mellifère

« C’est ce que montre cette étude », explique Lars Chittka, écologiste du comportement à l’Université Queen Mary de Londres, qui a écrit un essai qui accompagne l’article publié dans Science. « Dans un sens, les bourdons disent ’Eh, nous avons besoin de nourriture. Veuillez accélérer votre floraison et nous vous polliniserons’. »

« C’est un mode de communication très sophistiqué », ajoute Santiago Ramirez, écologiste chimique à l’Université de Californie, à Davis, qui n’a pas pris part à l’étude. « Il semble que les abeilles aient déchiffré le code qui fait fleurir les plantes. »

Mais de nombreuses questions restent sans réponse. Pourquoi les incisions font-elles fleurir les plantes ? Et, se demande Lars Chittka, « la floraison précoce conduit-elle à une meilleure condition pour les plantes - c’est-à-dire, ont-elles de plus grandes chances de faire des petits ? »

Une aubaine pour l’agriculture ?

Lorsque les auteurs de l’étude ont utilisé une pince métallique et un rasoir pour imiter les trous faits par les bourdons, les plantes ont fleuri plus tôt que la normale, mais pas aussi rapidement qu’elles l’avaient fait en réponse aux piqûres des bourdons.

« Ils font quelque chose que nous n’avons pas tout à fait saisi », explique le co-auteur de l’étude, Mark Mescher, écologiste évolutionniste à l’Institut suisse. « Il se pourrait qu’ils introduisent un signal biochimique ou odorant » depuis une glande salivaire. 

Cela pourrait créer une toute nouvelle façon pour les humains de cultiver les plantes, une aubaine potentiellement majeure pour l’agriculture. 

Pour les experts, l’une des plus grandes découvertes de l’étude est qu’elle a commencé par une simple preuve empirique.

« Charles Darwin s’est intéressé aux bourdons », explique Williams. « Quiconque s’intéresse aux bourdons a probablement passé des heures à les regarder sur des fleurs. Mais probablement pas sur des plantes qui ne sont pas encore en fleurs. »

Il a suffi que Foteini Pashalidou le fasse pour mettre au jour un phénomène encore inconnu jusqu’alors.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Source : https://www.nationalgeographic.fr/animaux/decouverte-les-bourdons-piquent-les-plantes-pour-les-faire-fleurir-plus-tot

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  • Le glyphosate affecte la reproduction des bourdons - 7 juin 2022 – Par Stéphane Foucart Publié le 04 juin 2022 à 10h41 _ Read in English– Article complet ‘Le Monde’ réservé aux abonnés
    Le glyphosate altère la reproduction des bourdons : Un quart des espèces de bourdons européennes, un groupe de pollinisateurs parmi les plus importants, est menacé d’extinction.

Photo [extra]- Un bourdon recueille le pollen d’une fleur de rhododendron dans un jardin à l’extérieur de Moscou, le 1er juin 2021. YURI KADOBNOV / AFP

La controverse sur le glyphosate n’a, jusqu’à présent, guère porté que sur sa sécurité sanitaire, pour les travailleurs agricoles et les consommateurs. Une équipe de chercheurs allemands de l’université de Constance et de l’institut Max-Planck éclaire le débat sur ses effets environnementaux.

Dans une étude publiée vendredi 3 juin dans Science, la biologiste Anja Weidenmüller et ses coauteurs montrent pour la première fois que le célèbre herbicide – le pesticide de synthèse le plus utilisé au monde –, altère la capacité des colonies de bourdons terrestres (Bombus terrestris) à réguler la température de leur nid. Un effet qui ne survient que lorsque ces pollinisateurs subissent un stress alimentaire et qui menace leur capacité de reproduction.

Au laboratoire, les chercheurs ont coupé en deux une quinzaine de colonies. Dans chacune d’elles, une moitié était exposée par l’alimentation à des faibles niveaux de glyphosate – comparables à ceux rencontrés dans l’environnement –, l’autre moitié servant de témoin. Les chercheurs ont ensuite simulé une situation de stress en réduisant les ressources alimentaires disponibles, situation fréquente dans les paysages agricoles, en particulier lorsque le désherbage à grande échelle détruit la flore adventice.

Ils ont alors constaté un affaissement de la capacité des insectes à garder leur nid à une température supérieure à 28 °C. Or les larves de ces insectes ne se développent correctement qu’entre 28 °C et 35 °C. « Ne serait-ce qu’à 25 °C, leur taux de survie baisse de 17 % et le taux de développement chute de plus de 50 % par rapport au taux optimal », écrivent les chercheurs.

Menaces d’extinction

Selon les mesures des chercheurs, l’exposition au glyphosate peut ainsi faire chuter de 25 % le temps de l’incubation pendant lequel les insectes parviennent à maintenir leur nid dans l’étroite bande de températures permettant à leur progéniture de se développer. « Nos résultats montrent un impact important, surtout lorsque les températures ambiantes sont basses, écrivent les auteurs. Cela suggère que les effets du glyphosate sur la colonie peuvent être particulièrement puissants au début du printemps, lorsque les reines solitaires élèvent leur première couvée seules, et dans la phase précoce du développement de la colonie, lorsque les colonies sont encore petites. » L’exposition à long terme, ajoutent-ils, pourrait ainsi avoir « des conséquences importantes » sur le succès reproductif des insectes.

Ces résultats sont d’autant plus importants qu’environ un quart des espèces de bourdons européennes sont menacées d’extinction, et que ces insectes forment un groupe de pollinisateurs parmi les plus importants, autant nécessaires à la reproduction de nombreuses espèces de fleurs sauvages qu’au maintien et aux rendements de certaines productions alimentaires…

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Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le glyphosate franchit une étape-clé vers sa réautorisation en Europe

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Face aux critiques, l’expertise européenne sur le glyphosate est reportée à 2023

Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/06/04/le-glyphosate-altere-la-reproduction-des-bourdons_6128933_3244.html

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  • Le glyphosate cause des dommages mortels aux colonies de bourdons – Traduction du 27 juin 2022 par Jacques Hallard d’un article publié le 09 juin 2022 - 00:35 par Sustainable Pulse -
    Les colonies de bourdons exposées à de faibles niveaux de glyphosate, un désherbant, sont incapables de réguler adéquatement la température du nid, ce qui met en péril la prochaine génération de bourdons et la croissance et la survie à long terme des colonies. Cette dernière découverte, publiée ce mois-ci dans la revue Science, est un rappel brutal qu’un pesticide n’a pas à tuer un animal pour créer des effets qui entraînent finalement la mort et le déclin de la population, a rapporté mercredi Beyond Pesticides.

Photo « Les effets sublétaux, c’est-à-dire les effets sur les organismes qui ne sont pas mortels mais qui peuvent être observés, par exemple, dans la physiologie ou le comportement des animaux, peuvent avoir un impact négatif significatif et doivent être pris en compte lors de l’approbation des pesticides à l’avenir », a déclaré Anja Weidenmüller, PhD, de l’Université de Constance, en Allemagne. Les régulateurs de l’Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis refusant de rendre-compte de manière adéquate des impacts sublétaux et se concentrant de manière myope sur les effets aigus de l’exposition aux pesticides, les populations de bourdons aux États-Unis sont en chute libre et nécessitent des mesures de protection urgentes.

Pour mieux comprendre comment l’exposition au glyphosate affecte la croissance des colonies de bourdons et le développement des couvées (jeunes larves d’abeilles), les chercheurs ont d’abord divisé les colonies en deux. Un côté de la colonie a été nourri avec de l’eau sucrée contenant 5 mg / litre de glyphosate, tandis que l’autre côté a été nourri avec de l’eau sucrée pure et non altérée. Cette pratique tient compte de la variation naturelle de la force qui peut se produire entre différentes colonies de bourdons. Bien que les colonies aient été séparées par un écran maillé, chaque jour, les scientifiques ont changé les reines entre les deux côtés.

Les abeilles ne sont pas mortes de l’exposition à ce niveau de glyphosate, vivant au moins 32 jours, une durée de vie typique des bourdons travailleurs. Bien que les abeilles exposées au glyphosate aient montré un investissement légèrement réduit dans le développement des couvées, l’effet le plus démesuré de l’exposition au glyphosate a été sur la thermorégulation des colonies. Les colonies de bourdons ont besoin de températures comprises entre 82,4 ° F et 95 ° F (28 ° C et 35 ° C) pour que les œufs et la couvée se développent correctement. « Tout comme nous, les humains, maintenons notre température corporelle constante, les animaux d’une colonie font collectivement preuve d’homéostasie dans la régulation de la température de leur couvée », explique le Dr Weidenmüller.

L’exposition au glyphosate à elle seule n’a pas altéré la thermorégulation, mais lorsque les chercheurs ont rappelé le sirop de sucre, les effets sont devenus prononcés. Par rapport aux moitiés de colonies témoins non exposées, les côtés traités au glyphosate sont tombés en dessous de 82,4°F beaucoup plus rapidement. En somme, les côtés exposés au glyphosate ont maintenu des conditions de couvée adéquates 26% moins de temps que le côté non exposé de la colonie. La plupart des côtés contaminés ne présentaient aucune région du nid supérieure à la marque de 82,4°F et étaient donc viables pour de nouveaux œufs. “Lorsque les ressources se raréfient, vous voyez très clairement que le comportement thermique collectif des colonies qui ont été exposées de manière chronique au glyphosate est affecté”, explique le Dr Weidenmüller. “Ils ne peuvent pas garder leur couvée au chaud aussi longtemps.”

Une altération de la thermorégulation du nid a des effets d’entraînement majeurs qui mettent la colonie en danger existentiel. Même des températures à 77°F réduisent la vitesse de développement de la couvée de 50% de son maximum potentiel et donnent aux nouveaux œufs un taux de réussite aussi bas que 17%. “Les colonies de bourdons subissent une très forte pression pour se développer le plus rapidement possible en peu de temps”, explique le Dr Weidenmüller. ’Ce n’est que lorsqu’ils atteignent une certaine taille de colonie pendant la période de croissance relativement courte qu’ils sont capables de produire les individus sexuellement reproducteurs d’une colonie, c.-à-d. reines et drones.” Une modélisation plus poussée des résultats de l’étude montre que les basses températures sont susceptibles de nuire davantage à ce processus.

L’un des moments les plus critiques du développement d’une colonie est après l’hibernation de la reine, lorsqu’il est urgent de reconstituer ses réserves d’énergie afin de commencer à construire un nid. Les reines bourdons se réveillent dans le froid, le début du printemps à des ressources florales relativement faibles, et un paysage contaminé représente une catastrophe lente qui se joue probablement dans des régions du monde entier.

À l’heure actuelle, le bourdon américain a connu un déclin de 89% de sa population au cours des 20 dernières années. Le bourdon rouillé a connu un déclin similaire de 91% depuis les années 1990 et, en 2017, il a été classé en voie de disparition par le Fish and Wildlife Service des États-Unis en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition.

Le glyphosate est loin d’être le seul facteur de stress chimique qui nuit aux bourdons. Les insecticides néonicotinoïdes systémiques représentent une menace encore plus puissante, posant des dangers aigus et chroniques à une gamme de pollinisateurs. En fait, il existe des preuves que les néonicotinoïdes constituent une menace pour les bourdons à chaque étape de leur vie.

Renforçant la présente étude, des recherches publiées en 2020 par des chercheurs de l’Université de Californie à Davis ont révélé que les abeilles mason souffrant d’une combinaison de pénurie alimentaire et d’exposition au néonicotinoïde imidaclopride ont vu une réduction de 57% de la progéniture, par rapport aux abeilles non exposées.

Outre un large éventail d’expositions chimiques et le manque de ressources florales provenant du développement et de l’agriculture industrialisée, les effets du changement climatique s’ajoutent. Une étude de 2015 publiée dans Science a déterminé que les bourdons d’Amérique du Nord et d’Europe sont incapables de coloniser de nouveaux habitats plus chauds au nord de leur aire de répartition historique, tout en disparaissant simultanément des parties sud de leur aire de répartition.

À ce stade, il semble presque artificiel de dire que le déclin des pollinisateurs est le résultat de nombreux facteurs. Mais il est essentiel de comprendre que l’utilisation de produits chimiques est l’un des facteurs les plus facilement modifiables de cette équation. Malgré un vaste corpus de littérature indépendante évaluée par des pairs associant divers pesticides à une myriade d’effets létaux et sublétaux différents sur les populations de pollinisateurs, les régulateurs de l’EPA autorisent l’utilisation continue de ces produits chimiques dangereux.

Le glyphosate et les néonicotinoïdes représentent à eux seuls des millions de livres de pesticides appliqués à travers les États-Unis. Bien que l’EPA ait le pouvoir d’ordonner des examens plus complets qui aboutiront à des mesures qui protègent véritablement les pollinisateurs, elle se voit refuser à plusieurs reprises de le faire. Non seulement cela, nous avons vu que même les exigences ternes ajoutées au début de la crise des pollinisateurs sont en train de tomber, car l’EPA ignore les évaluations des pollinisateurs tout en déclarant néanmoins que “les avantages out l’emportent sur tout risque restant.”

Apparenté :

La Cour suprême des États-Unis refuse la tentative de Bayer de contester les décisions sur le cancer du glyphosate

La Cour d’appel des États-Unis force l’EPA à réévaluer l’impact du glyphosate sur la santé et l’environnement

Lowe’s ciblé par des groupes de consommateurs pour avoir vendu du désherbant cancérigène Roundup

La Cour rejette l’approbation générale de la californie pour la pulvérisation de pesticides

Des documents du gouvernement britannique révèlent un mépris pour les opinions du public sur les cultures génétiquement modifiées

https://sustainablepulse.com/wp-content/uploads/2018/06/1450195042-bpfull.jpg

Sustainable Pulse est un média mondial couvrant l’agriculture durable, les OGM et les pesticides.

Source : https://sustainablepulse.com/2022/06/09/glyphosate-causes-fatal-damage-to-bumblebee-colonies/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=glyphosate_gmos_and_pesticides_weekly_global_news_bulletin&utm_term=2022-06-23

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    Dossier de l’ANSES sur les néonicotinoïdes - 13/10/2020
    Les néonicotinoïdes sont une famille de substances insecticides. L’usage des produits à base de néonicotinoïdes en agriculture a suscité des inquiétudes dans de nombreux pays notamment en raison de leurs effets sur les insectes pollinisateurs. De nouveaux éléments scientifiques ont conduit l’Union européenne à restreindre progressivement les usages de ces substances n’en laissant que deux autorisées pour des usages phytopharmaceutiques. En France, depuis 2018, l’utilisation des produits à base de néonicotinoïdes est interdite en agriculture. L’Anses a mené d’importants travaux pour évaluer les effets de ces substances sur les abeilles et s’est particulièrement investie pour renforcer les exigences pour l’utilisation de ces produits.

Sommaire de ce dossier ANSES

Que sont les néonicotinoïdes ?

•Les néonicotinoïdes en dates

•Les travaux de l’Anses

Pour commercialiser un produit phytopharmaceutique, la ou les substances actives qu’il contient doivent avoir été approuvées au niveau européen. Une substance est approuvée pour une durée moyenne de 10 ans et est réévaluée selon les évolutions des connaissances scientifiques et de la réglementation. Les produits sont ensuite soumis à une demande d’autorisation avant leur mise sur le marché dans chaque Etat membre. Chaque produit fait l’objet d’une évaluation scientifique selon les critères fixés par la réglementation européenne.

Que sont les néonicotinoïdes ?

Les néonicotinoïdes sont des substances insecticides qui peuvent être notamment utilisées dans des produits en agriculture. Ce sont des substances dites systémiques, c’est-à-dire qu’elles se diffusent dans toute la plante pour la protéger des ravageurs. Elles peuvent être utilisées en granulés, en traitements de semences ou en pulvérisation. En agriculture, cinq substances sont répertoriées dans la famille des néonicotinoïdes : la clothianidine, l’imidaclopride, le thiaméthoxame, l’acétamipride et le thiaclopride. Leurs effets sur l’environnement ont conduit l’Union européenne à retirer l’approbation de certaines substances.

Le saviez-vous ?

Les néonicotinoides sont également utilisés dans les médicaments vétérinaires comme les traitements contre les puces des animaux de compagnie et les produits biocides tels que les traitements des bâtiments d’élevage ou les appâts contre les nuisibles pour les usages domestiques.

Les néonicotinoïdes en dates

  • 2013 : Sur la base des conclusions de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), un moratoire de la Commission européenne impose des restrictions à l’usage de trois néonicotinoïdes jugés nocifs pour les abeilles dans les cultures prisées de ces insectes : la clothianidine, l’imidaclopride et la thiaméthoxame >> Interdiction du traitement des semences, des sols et des traitements des feuilles pour les cultures attractives pour les abeilles, sauf cultures sous serre, céréales d’hiver et après floraison.
  • 2016 : En France, la loi « Pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » prévoit l’interdiction des produits à base de néonicotinoïdes à compter du 1er septembre 2018. Des dérogations pouvaient être accordées jusqu’au 1er juillet 2020 sur la base d’un bilan établi par l’Anses, qui compare les bénéfices et les risques liés aux usages de ces produits avec ceux de produits de substitution ou de méthodes alternatives.
  • 2018 : L’Anses publie son premier rapport sur les alternatives chimiques et non chimiques des néonicotinoïdes.
  • La Commission européenne interdit l’usage des 3 substances clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame au niveau européen, sauf pour les usages sous serre.
  • 2019 : Suite à sa réévaluation, la substance thiaclopride est interdite dans l’Union européenne. Les demandes de renouvellement des substances clothianidine et thiaméthoxame et imidaclopride n’ont pas été soutenues. Actuellement, seule l’acétamipride est autorisée au niveau européen.
  • 2021 : Arrêté autorisant provisoirement l’emploi de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes.
    Le saviez-vous ?

La France a également interdit par décret l’usage de deux autres substances présentant un mode d’action identique à ceux de la famille des néonicotinoides : le sulfoxaflor et le flupyradifurone. 

Les travaux de l’Anses - Évaluation de l’impact des néonicotinoïdes sur la santé des abeilles et des Hommes

Depuis de nombreuses années, l’Anses étudie le rôle des co-expositions aux pesticides et aux agents infectieux sur le phénomène de mortalité des abeilles. Chargée d’évaluer les autorisations de mise sur le marché (AMM), l’Agence a émis dans ses avis, un certain nombre de recommandations pour faire évoluer la réglementation européenne, afin de mieux prendre en compte les impacts de ces substances sur le comportement des abeilles.

Dans un avis de 2016, l’Agence préconisait le renforcement des conditions d’utilisation des produits contenant les substances actives clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride pour tous les usages pour lesquels subsiste une incertitude importante.

Entre 2016 et 2017, l’Anses a également réalisé une expertise (PDF) approfondie sur les effets sur la santé humaine de six substances néonicotinoïdes autorisées dans les produits phytopharmaceutiques, biocides et médicaments vétérinaires (acétamipride, clothianidine, imidaclopride, thiaclopride, thiaméthoxame et dinotéfurane). Ses travaux ne mettent pas en évidence d’effet nocif pour la santé humaine, dans le respect des conditions d’emploi fixées dans les autorisations de mise sur le marché.

Evaluation des alternatives aux néonicotinoïdes

Entre 2016 et 2018 l’Anses a réalisé une évaluation des alternatives chimiques et non chimiques des produits à base de néonicotinoïdes. Son expertise comporte 3 volets :

1/ Mise au point d’une méthodologie pour identifier ces alternatives et permettre la comparaison de leur efficacité et de leur opérationnalité avec celles des néonicotinoïdes. Cette méthodologie a été appliquée à l’ensemble des usages des néonicotinoïdes.

Dans 6 cas : aucune alternative, qu’elle soit chimique ou non chimique, répondant aux critères d’efficacité et d’opérationnalité fixés, n’a été identifiée.

Dans 89% des cas, les solutions de remplacement aux néonicotinoïdes se fondent sur l’emploi d’autres substances actives, notamment des pyréthrinoïdes.

Dans 39% des cas, les alternatives chimiques reposent sur une même famille de substances actives, ou une seule substance active voire sur un seul produit commercialisé.

Et dans 78% des cas analysés, au moins une solution alternative non chimique existe.

2/ Définition des indicateurs de risque pour l’Homme et l’environnement, y compris les pollinisateurs, concernant les alternatives chimiques. >> L’Anses conclut qu’elle ne peut pas déterminer les substances actives qui présenteraient le profil de risques le moins défavorable par rapport à celui des néonicotinoïdes.

3/ Etude de l’impact de l’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes et de la mise en œuvre des alternatives sur l’activité agricole. >> Cet impact est difficile à anticiper, du fait notamment de la diversité des usages des néonicotinoïdes, et du caractère en partie « assurantiel » de leur usage important en traitement de semences. L’Agence propose toutefois une liste indicative de critères d’évaluation d’impact sur l’activité des filières.

L’Anses a rappelé qu’en ce qui concerne la lutte contre les ravageurs, aucune méthode n’assure à elle seule une efficacité suffisante, une combinaison de méthodes chimiques et non chimiques devra donc être envisagée dans le cadre d’une approche de lutte intégrée. Par ailleurs, elle a recommandé d’accélérer la mise à disposition de méthodes alternatives, efficaces et respectueuses de l’Homme et de l’environnement, pour la protection et la conduite des cultures.

La situation particulière des cultures de betteraves - Identification de traitements alternatifs aux néonicotinoïdes pour les cultures de betteraves

En juin 2020, suite à une épidémie de virus de la jaunisse de la betterave transmise par les pucerons, l’Anses a été saisie pour identifier des alternatives aux produits à base de néonicotinoïdes applicables à la filière betteravière. Les résultats de cette expertise ont été publiés dans un avis en mai 2021 (PDF). Quatre solutions disponibles à court terme ont été identifiées, ainsi que 18 moyens de lutte substituables aux néonicotinoïdes à moyen terme, dans un délai de deux ou trois ans. Les solutions applicables dans l’immédiat sont deux produits phytopharmaceutiques conventionnels à propriété insecticide, le paillage et enfin la fertilisation organique, afin de contrôler les apports d’azote.

Des mesures pour limiter les risques pour les pollinisateurs suite à la dérogation d’utilisation

Par arrêté du 5 février 2021, le Gouvernement a octroyé aux betteraviers une dérogation limitée dans le temps pour l’utilisation de semences enrobées traitées avec des néonicotinoïdes (imidaclopride ou thiamétoxame), dans le contexte de l’infestation des cultures de betteraves par les pucerons en Europe. L’Anses a été saisie par le Gouvernement afin de statuer sur les mesures qui pourraient permettre de limiter l’exposition des abeilles et autres pollinisateurs aux néonicotinoïdes. Ces mesures visent à atténuer les risques liés à l’utilisation des néonicotinoïdes l’année de la semence de betteraves traitées mais aussi pour les cultures suivantes. Elle a rendu plusieurs avis : 

  • l’avis de décembre 2020 (PDF) porte sur la rotation des cultures suivant des betteraves. Sur la base de cet avis, la liste de cultures pouvant être semées, plantées ou replantées les années suivant un semis de betteraves traitées avec des néonicotinoïdes a été établie. Elle fait l’objet d’une annexe dans l’arrêté de dérogation ; 
  • l’avis d’octobre 2021 (PDF) a pour objet l’évaluation du niveau de protection des mesures dites d’atténuation ou de compensation prévues dans la dérogation pour permettre le retour anticipé des cultures de maïs et colza, tout en limitant les risques d’exposition pour les abeilles et les autres pollinisateurs. Ces mesures consistent notamment en la mise en œuvre de pourtours de parcelles non semées avec des betteraves traitées aux néonicotinoïdes et des bandes de cultures mellifères non traitées aux abords des cultures traitées ou suivant les betteraves. Cet avis contient également une liste complémentaire de cultures qui pourront être ajoutées à la liste des cultures de l’avis de décembre 2020 ;
  • l’ avis de décembre 2021 (PDF)étudie la possibilité d’un retour anticipé dans la rotation de certaines des cultures prévues à l’annexe 2 de la dérogation (les pommes de terre, le lin (fibreux et oléagineux), le pois (protéagineux et de conserve) et les légumes mellifères), au vu des données disponibles sur la présence de résidus de néonicotinoïdes dans ces cultures et de la fréquentation de celles-ci par les pollinisateurs.
    Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l ...

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Source : https://www.anses.fr/fr/content/les-n%C3%A9onicotino%C3%AFdes

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  • Néonicotinoïdes : le Conseil d’État reconnaît les effets néfastes sur la santé des abeilles - Agroécologie | 13 juillet 2021 | Laurent Radisson | Actu-Environnement.com - Photo - © photografiero
    Par une décision du 12 juillet 2021, le Conseil d’État a rejeté la requête de l’Union des industries et de la protection des plantes (UIPP) et de trois autres organisations professionnelles qui demandaient l’annulation du décret du 30 juillet 2018. Ce texte avait interdit cinq insecticides néonicotinoïdes (acétamipride, clotianidine, imidaclopride, thiaclopride et thiamétoxam) en France. Il avait été pris en application de la loi de reconquête de la biodiversité du 8 août 2016 qui avait posé le...

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  • La fertilité des abeilles atteinte par les pesticides néonicotinoïdes - Par Stéphane Foucart - Publié le 06 décembre 2021 à 11h54 - Mis à jour le 06 décembre 2021 à 11h56 - Article complet ‘Le Monde’ réservé aux abonnés
    Selon des travaux menés en plein champ, l’exposition à l’imidaclopride au stade larvaire ampute le taux de reproduction ultérieur.

Photo - A l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) de Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), en décembre 2016. YANN COATSALIOU / AFP.

L’effondrement rapide des populations d’insectes, notamment pollinisateurs, est l’une des manifestations les plus inquiétantes de la crise actuelle de la biodiversité. L’usage des pesticides agricoles compte au nombre des causes majeures de cet armageddon des insectes, mais leur rôle est sans doute encore très sous-estimé.

C’est ce que suggèrent des travaux conduits par l’écologue Clara Stuligross et l’entomologiste Neal Williams (université de Californie à Davis) et publiés le 30 novembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Selon les conclusions des deux chercheurs américains, un insecticide agricole d’usage courant pourrait avoir des effets délétères différés, au point d’amputer d’environ 20 % le taux de reproduction d’abeilles n’ayant été exposées que par le biais de leurs géniteurs.

« Des résultats d’une très grande portée », estime l’entomologiste et agronome Hervé Jactel, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), qui n’a pas participé à ces travaux. « Cela indique que les abeilles pourraient avoir besoin de plusieurs générations pour se remettre d’une seule exposition à des pesticides, écrivent les auteurs. Ainsi, les “effets différés” doivent être pris en compte dans les évaluations du risque [de ces produits] et les politiques de conservation. »

« Effets additifs »

« Ces résultats sont importants, car, trop souvent, les travaux expérimentaux sur les abeilles portent sur une seule saison d’exposition et ne vont pas au-delà, estime le biologiste Francisco Sanchez-Bayo (université de Sydney), auteur de nombreux travaux sur l’impact des néonicotinoïdes sur la biodiversité. Le fait que le taux de reproduction diminue longtemps après l’exposition est inquiétant, car cela signifie qu’il existe des effets cachés qui persistent du stade larvaire à l’âge adulte. »

Les chercheurs ont mené leur expérience sur deux années, dans des conditions les plus proches possibles des situations rencontrées dans les champs. Ils ont exposé des abeilles solitaires (Osmia lignaria) à des niveaux communément rencontrés dans les parcelles traitées avec un insecticide néonicotinoïde, l’imidaclopride (réautorisé en 2020 en France pour la culture des betteraves), tandis que d’autres abeilles n’étaient pas exposées. Ils ont ensuite recueilli la descendance de ces deux groupes et ont aléatoirement placé leurs rejetons, soit dans un environnement vierge de l’insecticide, soit un environnement traité…

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Lire aussi Article réservé à nos abonnés Le plan « pollinisateurs » du gouvernement suscite la colère des apiculteurs

Lire l’article en entier à partir d’ici : https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/06/la-fertilite-des-abeilles-atteinte-par-les-pesticides-neonicotinoides_6104899_3244.html

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  • Les néonicotinoïdes nuisent à la fertilité des abeilles, condamnant des générations entières - 4 novembre 2021 - De Douglas Main pour ‘nationalgeographic.fr’
    Il suffit d’une seule diffusion d’imidaclopride, l’un des néonicotinoïdes les plus répandus, pour léser les abeilles sur des générations entières.

Photo - L’abeille maçonne du verger est cruciale à la pollinisation d’espèces fruitières et indigènes. PHOTOGRAPHIE DE Jennifer Bosvert, Alamy Stock Photo

L’abeille maçonne du verger, nom vernaculaire d’Osmia lignaria, est l’amie des arbres fruitiers. Elle pollinise activement les pommiers, les cerisiers, les amandiers, les pêchers, ainsi que nombreuses plantes à fleurs originaires.

Elle fait à peu près la taille d’une abeille mellifère mais est néanmoins assez différente : elle luit d’un bleu métallique, a un mode de vie solitaire et préfère transporter le pollen sur les poils de son abdomen plutôt que sur ceux de ses pattes.

À l’instar de nombreux pollinisateurs, elle est vitale pour l’agriculture et extrêmement vulnérable à une classe de pesticides qu’on appelle néonicotinoïdes (ou NNI).

D’après une étude réalisée il y a peu, l’imidaclopride, un des pesticides les plus utilisés dans le monde, porte directement atteinte à Osmia lignaria et a des effets nocifs sur sa descendance.

Comme le décrit une étude publiée le 22 novembre dans Proceedings of the National Academy of Sciences, la descendance des abeilles sauvages exposées à de faibles quantités d’imidaclopride à l’état larvaire (contenues dans le pollen et le nectar souillés administrés par la mère) engendrait 20 % de larves en moins que celles qui n’avaient pas été exposées à cet insecticide. Certaines abeilles y ont été exposées plus d’une fois au cours de leur vie et chaque exposition a davantage réduit leur fertilité.

« Les effets s’additionnent, vous ne pouvez pas simplement prendre une unique exposition pour argent comptant », déclare Clara Stuligross, autrice principale de l’étude et doctorante de l’Université de Californie à Davis.

Ceci a son importance, car les abeilles sont exposées de manière répétée aux pesticides au cours de leur vie. Selon Clara Stuligross, ces effets cumulés et multigénérationnels ne sont pas pris en compte dans les évaluations des risques environnementaux alors que celles-ci sont censées mesurer les dégâts causés par les pesticides et que les législateurs s’en servent pour réguler l’utilisation de produits chimiques.

Photo - Une abeille maçonne du verger à l’entrée de son nid. Dans la nature, ces insectes élisent domicile dans des cavités déjà existantes mais utilisent aussi des tunnels artificiels comme sur ce bloc fabriqué par des chercheurs. Les femelles apportent du pollen et du nectar à leur progéniture et les scellent avec de la boue. PHOTOGRAPHIE DE Clara Stuligross

Cet article de recherche s’appuie sur une multitude d’indices qui tendent à prouver que les néonicotinoïdes jouent un rôle dans le déclin des abeilles et d’autres insectes bienfaisants. Pour Steve Peterson, chercheur, apiculteur et propriétaire du ranch Foothill Bee dans le nord de la Californie où sont notamment élevées des abeilles maçonnes, cette étude est novatrice en ceci qu’elle indique que les effets nocifs peuvent perdurer sur des générations.

« Ces découvertes étayent le soupçon de bon nombre d’apiculteurs et de personnes qui élèvent des abeilles dans leur coin quant à ce qui se passe dans les champs cultivés », confie Steve Peterson, qui n’a d’ailleurs pas pris part à ces recherches. « Nous observons des déclins massifs chez tout type d’insectes depuis quelques dizaines d’années et il est possible que ce soit en grande partie dû aux résidus de pesticides dans l’environnement. » 

Les abeilles mellifères autant que les espèces locales sont en proie au réchauffement et au dérèglement climatique, à des parasites comme Varroa destructor, à des pathogènes, à l’extinction de certaines plantes à cause du bétonnage, entres autres. Leur déclin est spectaculaire : d’après une étude récente, un quart des espèces d’abeilles connues n’ont pas été observées depuis les années 1990.

Abeilles et produits chimiques

L’abeille maçonne du verger fait son nid dans des trous creusés par d’autres insectes, dans les cavités de certains arbres, et parfois à même le sol. Les femelles pondent une multitude d’œufs, chacun dans sa propre cavité en argile, et bâtissent des murs en mélangeant de la boue pour former des corridors en argile.

Quand elles émergent le printemps venu, les abeilles passent deux ou trois à jours à se nourrir avant de se reproduire. Puis les femelles pondent des œufs et les avitaillent avec une boule de pollen et de nectar. Quelques semaines plus tard, elles meurent. Leurs larves deviennent pré-adultes au cours de l’été et émergent de leur nid au printemps suivant pour recommencer le cycle.

Cette irruption de la pollinisation au début du printemps est cruciale pour la plupart des arbres fruitiers : les abeilles maçonnes du verger sont des pollinisatrices plus efficaces que les abeilles mellifères, car elles sont plus douées pour transporter de grandes quantités de pollen.

Dans l’étude, Clara Stuligross et ses collègues ont créé des cages de plein air pour des dizaines d’abeilles maçonnes et y ont placé diverses plantes à fleurs. Dans certaines cages, cinq semaines avant de libérer les abeilles, les chercheurs ont imbibé le terreau avec la formule d’imidaclopride utilisée le plus fréquemment en Californie (l’AdmirePro, produit fabriqué par Bayer Crop Science).

Les chercheurs ont diffusé le pesticide au taux maximum recommandé sur l’étiquette pour simuler des conditions réelles. Un représentant de Bayer a accepté de répondre à National Geographic. Selon lui, le taux d’imidaclopride utilisé dans cette étude est « valable dans les champs » mais la conclusion est « hors sujet » parce que « l’étiquette du produit prohibe la diffusion pré-éclosion et à l’éclosion [de la fleur] ».

Même si cet insecticide est généralement appliqué à des plantes (les amandes par exemple) après l’éclosion, Clara Stuligross rétorque qu’on utilise ces insecticides toute l’année dans les champs. D’autres recherches montrent d’ailleurs que les abeilles maçonnes du verger vivant autour des amandiers sont toujours exposées à l’imidaclopride tout au long de leur courte vie d’adulte, et ce à des niveaux comparables à ceux constatés dans cette étude.

Après leur libération, les abeilles sont restées quelques semaines dans les cages. Elles y ont pollinisé les fleurs, bâti des nids et réuni nectar et pollen pour leurs larves. À ce moment-là, l’insecticide avait été absorbé par les fleurs et était présent dans tous leurs tissus.

« Elles sont exposées à travers le pollen et le nectar », affirme Clara Stuligross. Elle ajoute que la nature systémique des NNI (qui s’immiscent dans les tissus organiques des plantes plutôt que de tuer les insectes au moment du contact) en fait des produits chimiques « toxiques mais efficaces » pour lutter contre certains nuisibles comme les pucerons mais que cela nuit incidemment aux pollinisateurs.

Steve Peterson ajoute pour sa part que les abeilles sont peut-être également polluées au niveau du sol comme elles utilisent de la boue pour leurs nids.

Les néonicotinoïdes tuent les insectes en s’attachant aux neurones et en empêchant la transmission d’impulsions électriques. Ils sont moins toxiques pour les mammifères mais sont nocifs pour beaucoup d’invertébrés comme les crustacées et le plancton, qui sont à la base des écosystèmes d’eau douce. 

Les chercheurs se sont servis d’un protocole croisé dans lequel on exposait uniquement les larves d’abeilles à l’imidaclopride présent dans le pollen et le nectar de plantes traitées avec le pesticide que leur amenait leur mère. Par ailleurs, des abeilles y étaient exposées à la fois à l’état larvaire et aussi au stade adulte ; et d’autres uniquement au stade adulte ; et d’autres pas du tout.

Photo - L’abeille maçonne du verger (Osmia lignaria) butine sur une fleur de l’espèce indigène Phacelia tanacetifolia. Quand les abeilles butinent du pollen et nectar sur les fleurs, elles sont exposées à des insecticides qu’elles transmettent ensuite à leurs larves. En marquant les abeilles à la peinture, les chercheurs les différencient mieux lorsqu’ils étudient leur nidation et leur reproduction. PHOTOGRAPHIE DE Clara Stuligross

Ils ont découvert que chaque exposition successive diminuait un peu plus la fertilité. Les abeilles exposées à l’état larvaire engendraient 20 % de larves en moins que celles qui n’avaient pas été exposées. Celles exposées à un stade primitif et ultérieur de leur vie pondaient 44 % de larves en moins. Comme les abeilles pondent en général deux bonnes douzaines d’œufs, cela fait une différence de dix abeilles. Celles qui n’avaient été exposées qu’à l’âge adulte pondaient 30 % de larves en moins.

Les chercheurs ne savent pas encore comment l’imidaclopride affecte la fertilité mais il n’est pas surprenant qu’un poison pour le système nerveux central donne ce type de résultat.

Ces effets sont « plutôt dramatiques », prévient Clara Stuligross, et sont certainement une des raisons pour lesquelles les populations d’abeilles déclinent à certains endroits.

L’étude montre que « la diffusion d’imidaclopride aujourd’hui aura des répercussions pour les générations d’abeilles bien après que les pulvérisateurs auront disparu des champs », affirme Charlie Nicholson, chercheur de l’Université de Lund en Suède. D’après lui, ces répercussions ne sont pas prises en compte lorsqu’on évalue l’impact des produits chimiques.

« C’est un exemple clair de la façon dont le passé est présent d’un point de vue éco-toxicologique. D’un point de vue plus large, ces découvertes me font aussi penser que le traumatisme générationnel est une chose que les non-humains éprouvent aussi. »

Une nocivité avérée

Des preuves toujours plus nombreuses montrent que les néonicotinoïdes nuisent à des insectes indispensables. Par le passé, les études se sont surtout focalisées sur leurs effets mortels, mais de plus en plus de données sur leurs impacts non létaux voient le jour. Par exemple, un article montrait récemment que l’imidacloride diminue drastiquement la fertilité des abeilles de la tribu Eucerini. Et une autre étude découvrait que ce composé chimique diminue l’activité mitochondriale des abeilles mellifères (c’est dans les mitochondries qu’est générée l’énergie des cellules). 

Comme ils sont dangereux pour les pollinisateurs et d’autres insectes, les néonicotinoïdes comme l’imidaclopride sont bannis dans l’Union européenne. De nombreux apiculteurs et chercheurs se demandent pourquoi ils sont toujours autorisés aux États-Unis.

« J’espère que l’EPA lira des études comme celle-ci et pensera bien aux effets lorsqu’elle évaluera les risques, commente Steve Peterson. Je pense en effet que les études multigénérationnelles et de contact non direct doivent faire partie de l’évaluation des risques liés aux pesticides. »

Nous devons faire davantage d’efforts pour « venir en aide aux abeilles de ces paysages [agricoles] en particulier », affirme Clara Stuligross. Une bonne façon de le faire est de réduire notre usage de pesticides ou de faire pousser des plantes indigènes partout où c’est possible.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Source : https://www.nationalgeographic.fr/environnement/les-neonicotinoides-nuisent-a-la-fertilite-des-abeilles-condamnant-des-generations-entieres

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    France - Lancement du plan national pollinisateurs 2021-2026 - 23 novembre 2021 – Vidéo 1:03
    Le Gouvernement français présente le plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation 2021-2026. Elaboré de manière concertée avec l’ensemble des parties prenantes, il présente six axes thématiques, pour favoriser la protection des pollinisateurs. ✅ Rendez-vous sur notre portail pour découvrir la biodiversité dans toutes ses composantes, comprendre les enjeux, s’informer sur les initiatives vertueuses et s’engager à son échelle pour freiner l’érosion la biodiversité :

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Source : https://www.youtube.com/watch?v=G1aiYC95GCo

https://yt3.ggpht.com/8dMyQ3Rxwmg-tpVkwEs5-Dl8otWR_erxjzbGktnvSsZ4RLlwaVIhjeRWjzBW7I_NpquBvFnxdMY=s88-c-k-c0x00ffffff-no-rj

Ministères Écologie Énergie Territoires

Voir également :

Le rôle oublié des pollinisateurs

Effondrement économique, monétaire & civilisationnel ? Charles Gave & Olivier Delamarche [EN DIRECT] Thinkerview • 1,8 M de vues 3:01:00

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Appel de la Fondation pour la Nature et l’Homme (fnh.org)

Image d’en tête - Disparition des insectes : une menace pour la biodiversité et notre alimentation : 80% de notre nourriture (fruits, légumes, colza, noix, amandes…) directement des pollinisateurs comme les abeilles, les papillons et les bourdons !

Chère Madame, cher Monsieur,

Vous êtes sans doute inquiet(e), comme moi, des chiffres que vous entendez régulièrement concernant la disparition de la biodiversité. De nouvelles preuves viennent malheureusement confirmer que l’ensemble des milieux terrestres, aquatiques et marins sont contaminés par les pesticides, avec des impacts délétères sur les écosystèmes et les populations d’organismes vivants.

Aujourd’hui, c’est notamment sur la biomasse des insectes volants que je souhaite vous alerter. Au total, celle-ci a chuté de plus de 75 % en 30 ans dans certaines zones protégées d’Europe. Or, ils jouent un rôle majeur non seulement dans la chaîne alimentaire en nourrissant les oiseaux, les petits mammifères, les reptiles et les amphibiens, mais aussi dans nos pratiques agricoles, et donc notre alimentation, en assurant la pollinisation. Ainsi, en France, un tiers de la population d’oiseaux communs a disparu des zones rurales au cours des 15 dernières années...

La raison de leur disparition ?

Nous pouvons agir immédiatement sur les 2 causes principales de leur disparition : l’agriculture industrielle et l’urbanisation croissante. Pourquoi l’agriculture industrielle ? Elle fait un usage massif de pesticides et détruit les habitats naturels des milieux agricoles (arrachage des haies, jachères insuffisantes, assèchement des mares, etc…).

Face aux menaces qui s’accumulent, la Fondation pour la Nature et l’Homme identifie, porte et met en œuvre des solutions à plusieurs niveaux, seule ou avec son réseau de partenaires. 

Ce sont ces solutions que nous vous proposons de soutenir financièrement pour protéger les insectes, la biodiversité, les agriculteurs et contribuer à accélérer la transition écologique

Comment nous agissons grâce à vos dons ?

Auprès de nos décideurs

Avec votre soutien, et pour empêcher la catastrophe annoncée, nous militons pour :

 La mise en cohérence de l’ensemble des politiques
publiques et des financements aux acteurs agricoles et de l’alimentation : moins de 1% des financements publics contribue
aujourd’hui à la réduction de l’usage des pesticides. Il faut accompagner beaucoup plus massivement nos agriculteurs à passer à l’agroécologie pour atteindre un niveau élevé de biodiversité, et donc de garantir notre futur alimentaire. En effet, on retrouve en moyenne 30% d’espèces et 50% d’individus en plus dans les parcelles conduites en agriculture biologique en France.

 Le maintien des ambitions de la stratégie européenne visant à développer une alimentation durable : la guerre en Ukraine ne doit pas servir de prétexte à des tentatives de ‘détricotage’ qui nous éloigneraient d’un système agricole résilient aux futurs chocs écologiques. La remise en culture des terres en jachère serait par exemple un non-sens environnemental et économique, tant elles préservent une diversité importante d’insectes pollinisateurs nécessaires à la reproduction des plantes.

Auprès d’un réseau d’acteurs de terrain

Votre don finance également des actions de terrain et des outils tels que notre plateforme J’agis pour la nature qui permet à chacun – individus, groupements de citoyens, associations – de s’investir concrètement dans la protection de l’environnement en participant par exemple à la restauration de zones humides ou de plantations qui offrent un habitat aux insectes pollinisateurs.

Vous le voyez, ensemble, nous agissons sur tous les fronts pour protéger les insectes pollinisateurs et notre biodiversité : un grand merci d’avance pour votre indispensable soutien à nos actions !

Caroline Faraldo - Responsable Agriculture et Alimentation

DON : Fondation pour la Nature et l’Homme (fnh.org)

Fondation pour la Nature et l’Homme : Accueil

Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme — Wikipédia

Selon Wikipédia, « La Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), initialement appelée Fondation Ushuaïa, puis Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme est une fondation française reconnue d’utilité publique dont l’objet est d’assurer une sensibilisation aux questions environnementales. Elle a été créée en décembre 1990 par Nicolas Hulot2,3. La mission de la fondation est de proposer et d’accélérer les changements de comportements individuels et collectifs, et de soutenir des initiatives environnementales en France et à l’étranger pour engager la transition écologique de nos sociétés… » - Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fondation_Nicolas-Hulot_pour_la_nature_et_l%27homme

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Addenda 1 - Néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » : le passage en force du gouvernement français - Par Justine Guitton-Boussion (Reporterre) - 5 janvier 2022 à 09h22 Mis à jour le 7 janvier 2022 à 09h36

Photo - Les écologistes sont dépités : les néonicotinoïdes seront à nouveau autorisés en 2022 dans les champs de betteraves, malgré leur toxicité. Voici pourquoi.

Encore un coup dur pour les insectes : les néonicotinoïdes continueront à polluer les champs de betterave sucrière français cette année. Interdits depuis 2018 en France, ils avaient été autorisés à nouveau en 2021 pour aider les producteurs de ce légume racine à lutter contre le virus de la jaunisse. Et devrait toujours l’être en 2022, malgré l’opposition des défenseurs de l’environnement. Explication en quatre points.

Sous-titres :

1 / Les néonicotinoïdes, qu’est-ce que c’est ?

2 / Pourquoi ont-ils été ré-autorisés temporairement en 2021 ?

Photo - Le puceron vert du pêcher Myzus persicae. Inaturalist / CC BY 4.0 / alexis_orion

3 / Pourquoi seront-ils reconduits en 2022 ?

Photo - Un champ de betteraves atteint par la jaunisse. © Justine Guitton-Boussion/Reporterre

4 / Des alternatives sont-elles possibles ?

Au mois de novembre 2021, l’Autorité européenne de sécurité des aliments a conclu que le retour des insecticides était fondé scientifiquement, car « aucune substance active alternative aux néonicotinoïdes n’est actuellement autorisée en France sur la betterave sucrière, pour le traitement des semences ». Le ministère de l’Agriculture avait lancé en 2020 un plan national de recherche et d’innovation, doté de plus de 20 millions d’euros pour coordonner les efforts de recherches sur le virus de la jaunisse de la betterave sucrière. « Ce programme compte à ce jour vingt-et-un projets scientifiques dont l’objectif est de trouver des alternatives aux néonicotinoïdes », souligne le ministère. Mais à l’heure actuelle, aucun n’a abouti. Soulignons tout de même qu’un projet de recherche proposé par l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) a été refusé.

Selon les associations de défense de l’environnement, la solution n’est pas de trouver des semences résistantes aux virus, mais de restructurer la filière betterave sucrière. « On accuse les pucerons, on accuse les écolos d’empêcher la filière de se développer. Mais le problème n’est pas du tout écologique ou agronomique : il est économique », souligne Jacques Caplat. Depuis 1968, des quotas limitaient la production de sucre au sein de l’Union européenne. En guise de contrepartie, un prix minimum était garanti aux producteurs. Mais le 1er octobre 2017, ces quotas de sucre et ce prix minimum ont été supprimés, ce qui a entraîné une surproduction et un effondrement du marché.

« Ce sont ces changements qui ont provoqué la crise, estime Jacques Caplat. Le gouvernement utilise l’alibi de la jaunisse pour cacher une destruction de la filière par l’agro-industrie. » Selon lui, il serait plus pertinent d’accepter les potentielles baisses de rendements, de payer davantage et indemniser les producteurs – comme cela peut être le cas pour les agriculteurs ayant subi des épisodes de gel sur leurs vignes, par exemple.

Le projet d’arrêté de réintroduction des néonicotinoïdes est mis à la consultation du public jusqu’au 16 janvier 2022…

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Addenda 2 - Les néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » à nouveau autorisés - 28 février 2022 – Document ‘reporterre.net’ - Photo

Le Conseil d’État a validé l’autorisation des néonicotinoïdes pour les cultures de betteraves, a-t-il annoncé vendredi 25 février dans un communiqué. « Au vu des éléments transmis par les parties, le risque d’une infestation massive de pucerons porteurs de maladies est réel et sérieux et il n’existe à ce jour, malgré les recherches en cours, aucun autre moyen suffisamment efficace pour protéger ces cultures », ont estimé les juges administratifs.

Le 30 janvier, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie avaient accordé une dérogation aux producteurs de betteraves sucrières pour l’utilisation de semences enrobées de ces pesticides « tueurs d’abeilles », censées les aider à lutter contre le virus de la jaunisse. Les betteraviers avaient été particulièrement touchés par cette épidémie en 2020, ce qui avait poussé le ministère de l’Agriculture à réintroduire les néonicotinoïdes dès février 2021, alors qu’ils étaient interdits en France depuis 2018.

Les associations de défense de l’environnement Agir pour l’environnement, Nature et Progrès ainsi que la Confédération paysanne avaient saisi le Conseil d’État en référé pour empêcher la réautorisation. Les trois organisations affirmaient que les documents fournis par le gouvernement ne démontraient pas la nécessité d’une telle dérogation. Fin novembre 2021, l’Institut technique de la betterave (ITB) a réalisé des prélèvements à proximité de parcelles touchées par la jaunisse. Bilan, seuls 7 prélèvements sur 267 parcelles se sont révélés positifs et risquaient donc de constituer des réservoirs viraux en 2022, contre 117 sur 170 l’année précédente…

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Collecte des documents et agencement, traductions, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 01/07/2022

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Pollinisation Abeilles Bourdons Biodiversité Glyphosate Néonicotinoïdes.8
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