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"Viser plus d’autonomie en considérant la souveraineté alimentaire : solutions en marche en France et exemple de l’Andhra Pradesh indien avec 75 millions d’habitants dont 80% de ruraux vers une agriculture 100% vertueuse" par Jacques Hallard

lundi 23 mai 2022, par Hallard Jacques


ISIAS Souveraineté alimentaire Crise alimentaire Inde Agriculture durable Photovoltaïque

Viser plus d’autonomie en considérant la souveraineté alimentaire : solutions en marche en France et exemple de l’Andhra Pradesh indien avec 75 millions d’habitants dont 80% de ruraux vers une agriculture 100% vertueuse

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 23/05/2022

« Des agriculteurs indiens réduisent leur empreinte carbone grâce aux arbres et à l’énergie solaire » - Source

Plan du document  : Contexte général Préambule {{}}Introduction Sommaire#ZUSAMMENFASSUNG Auteur {{}}


Contexte général

Le début de ce dossier – réalisé dans un but didactique - tente de proposer un point sur les notions de souveraineté alimentaire et de crise alimentaire (avec des exemples officiels des solutions adoptées en France et des recommandations internationales) : cela prépare une présentation de l’agriculture indienne, des orientations politiques récentes de ce pays et des incidences au plan mondial.

On peut soit lire la suite, soit passer directement à l’Introduction et/ou au Sommaire qui indique les documents sélectionnés et leurs accès…


Contenu du contexte général :


  • Souveraineté alimentaire d’après Wikipédia
    La souveraineté alimentaire est un concept développé et présenté pour la première fois par Via Campesina lors du Sommet de l’alimentation organisé par la FAO à Rome en 19961. Il a depuis été repris et précisé par divers courants altermondialistes lors de différents Forums Sociaux Mondiaux.

La souveraineté alimentaire est présentée comme un droit international qui laisse la possibilité aux populations, aux États ou aux groupes d’États de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à leurs populations sans qu’elles puissent avoir un effet négatif sur les populations d’autres pays. Elle se construit à l’origine dans l’objectif de permettre le respect des droits des paysans. La souveraineté alimentaire est donc une rupture par rapport à l’organisation actuelle des marchés agricoles mise en œuvre par l’OMC.

Complémentaire du concept de sécurité alimentaire qui concerne la quantité d’aliments disponibles, l’accès des populations à ceux-ci, l’utilisation biologique des aliments et le problème de la prévention et gestion des crises, la souveraineté alimentaire accorde en plus une importance aux conditions sociales et environnementales de production des aliments. Elle prône un accès plus équitable à la terre pour les paysans pauvres, au moyen si nécessaire d’une réforme agraire et de mécanismes de sécurisation des droits d’usage du foncier.

Au niveau local, les défenseurs de la souveraineté alimentaire favorisent le maintien d’une agriculture de proximité destinée en priorité à alimenter les marchés régionaux et nationaux. Les cultures vivrières et l’agriculture familiale de petite échelle sont présentées par les défenseurs de la souveraineté alimentaire comme étant d’une grande efficacité économique[réf. nécessaire], sociale[réf. nécessaire] et environnementale[réf. nécessaire], comparée à l’agriculture industrielle et les plantations de grande échelle où travaillent de nombreux salariés. La place et le rôle des femmes sont privilégiés.

La souveraineté alimentaire privilégie des techniques agricoles qui favorisent l’autonomie des paysans. Elle est donc favorable à l’agriculture biologique et à l’agriculture paysanne. Elle refuse l’utilisation des plantes transgéniques en agriculture….

Lire l’article complet sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Souverainet%C3%A9_alimentaire

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Photo - ’La souveraineté alimentaire est le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée produite avec des méthodes durables, et le droit des peuples de définir leurs propres systèmes agricoles et alimentaires.’ –

La Via Campesina(link is external) est un mouvement paysan mondial qui rassemble des millions de paysannes et de paysans, de petits et de moyens producteurs, de sans terre, de femmes et de jeunes du monde rural, de peuples autochtones, de migrants et de travailleurs pour combattre les injustices du système alimentaire. En défendant les droits des femmes et en combattant la mainmise sur les terres et la dissémination des OGM, La Via Campesina est l’auteure du concept de la lutte pour la souveraineté alimentaire.

 

Intitulée Du pain sur la planche : Une politique alimentaire pour le Canada, la plateforme politique du RAD fournit un compte-rendu détaillé de ce que pourrait être la souveraineté alimentaire au Canada.

https://foodsecurecanada.org/sites/foodsecurecanada.org/files/article_images/screen_shot_2018-02-07_at_11.35.24_am.png

 

La sécurité alimentaire est un but, alors que la souveraineté alimentaire décrit les moyens d’y parvenir. Différents éléments clés distinguent ces deux concepts.

  • La souveraineté alimentaire est enracinée dans les mouvements alimentaires populaires.
  • La souveraineté alimentaire souligne la nécessité d’établir un système alimentaire démocratique, qui tient compte des contributions des citoyens et des producteurs.
  • La sécurité alimentaire s’intéresse à la protection des systèmes alimentaires existants.
    Les septs piliers de la souveraineté alimentaire

Les premiers six piliers furent élaborés au Forum international de souveraineté alimentaire à Nyéléni au Mali en 2007. Le septième pilier - le caractère sacré des aliments - fut ajouté par des membres du Cercle autochtone lors du projet Pour une alimentation populaire.



  • Mettre l’accent sur les besoins alimentaires des peuples



  • Mettre les besoins alimentaires des populations au cœur des politiques
  • Insister sur le fait que les aliments sont plus que de simples biens de consommation
     
  • Parfaire les connaissances et les compétences



  • Tirer profit des savoirs traditionnels
  • Utiliser la recherche pour appuyer ces savoirs et les transmettre aux générations futures
  • Rejeter les technologies qui minent ou contaminent les systèmes alimentaires locaux
     
  • Travailler en harmonie avec la nature



  • Optimiser les contributions des écosystèmes
  •  Priser la résilience
     
  • Valoriser les fournisseurs d’aliments



  • Soutenir les modes de subsistance durables
  • Honorer le travail de tous les fournisseurs d’aliments
     
  • Circonscrire les systèmes alimentaires à une échelle locale Réduire la distance entre les fournisseurs d’aliments et les consommateurs



  • Rejeter le dumping et l’aide alimentaire mal adaptée
  • Résister à la dépendance envers les entreprises transnationales et irresponsables
     
  • Implanter le contrôle localement



  • Donner le contrôle aux fournisseurs d’aliments locaux
  • Reconnaître la nécessité d’habiter et de partager les territoires
  • Combattre la privatisation des ressources naturelles
     
  • Reconnaître le caractère sacré des aliments



  • Reconnaître que les aliments sont un cadeau de la vie et qu’ils ne doivent pas être gaspillés
  • Faire valoir le fait que les aliments ne sont pas des marchandises

Ressources suggérées :

Le projet de politique alimentaire populaire : présentation de la souveraineté alimentaire au Canada (en anglais seulement) par Cathleen Kneen (anciennement présidente du Réseau pour une alimentation durable)

US Food Sovereignty Alliance (link is external) (en anglais seulement)

Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire (link is external)

Farmers Foodies and First Nations : Getting to Food Soverignty in Canada (link is external) par Annette Desmarais et Hannah Wittman (en anglais)

Discussions et blogs récents :

Projection du film Food for the Rest of Us à Montréal

[Emploi] Responsable des relations avec les communautés

Consultation ouverte sur les systèmes alimentaires du Canada - date limite le 6 mai

[WEBINAIRE] L’Accès à l’alimentation locale au Canada francophone : Perspectives antiracistes et décoloniales

Mises à jour de l’assemblée générale annuelle du RAD

Nouveau projet de recherche du RAD : Améliorer l’accessibilité des aliments produits de manière durable

La lettre de mandat de la Ministre des Aînés sous l’angle des systèmes alimentaires

La lettre de mandat de la Ministre des Femmes et de l’Égalité des genres et de la Jeunesse sous l’angle des systèmes alimentaires

La lettre de mandat de la Ministre du Développement économique rural sous l’angle des systèmes alimentaires

La lettre de mandat du Ministre des Transports sous l’angle des systèmes alimentaires

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  • France - Objectif souveraineté alimentaire : un numéro spécial d’Alim’agri - Dossier
    Habituellement diffusé lors du Salon international de l’agriculture, Alim’agri, le magazine du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation est proposé cette année en version digitale. Il est enrichi de contenus à partir de vidéos accessibles depuis la publication numérique.

Dédiée à la souveraineté alimentaire, cette édition revient, entre autres, sur les mesures du volet agricole du plan de relance qui vont contribuer à gagner en indépendance, notamment grâce au plan protéines végétales.

  • Feuilleter l’Alim’agri « Objectif souveraineté alimentaire » en cliquant sur l’image ci-dessous :
    Calameo est désactivé. - Télécharger l’Alim’agri en pdf

Alim’agri n°1571 - Objectif souveraineté alimentaire (PDF, 6.84 Mo)

Vidéo - Alimentation animale : pourquoi devenir autonome ?

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/img_20200821_091730rz.jpg?itok=uI_XtP40

Protéines végétales et cultures : relocaliser les légumineuses

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/20139_3131.jpg?itok=0v00UHyh

Une assiette avec plus de lentilles, haricots, fèves et pois chiche

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/img_5475.jpg?itok=Jf5YM3vO

Circuits courts : la Ferme les Acacias a doublé ses ventes depuis mars 2020

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/gettyimages-1097842636rzbis-01.jpeg?itok=sEnSvEZU

Circuits courts : relocaliser mais sans forcer la nature

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/13145_171_bd.jpg?itok=xTUNGaLK

La restauration collective, reflet de la culture alimentaire française

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/sophie_hege_pays_terres_de_lorraine_ec_20200820.jpg?itok=govVvIWa

Retrouver sa dignité alimentaire : le projet de Terres de Lorraine

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/pnr_0000310ori.jpg?itok=95VubW_H

Redonner sa place à l’agriculture : le projet alimentaire du cirque de Mafate (La Réunion)

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/18150_063_1.jpg?itok=0DI_CooY

Installer de nouveaux agriculteurs : le projet de territoire de la Biovallée (Drôme)

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/p1040319.jpg?itok=R-StJymB

Tiphaine Chatal, l’élevage laitier et le partage avec le public

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/21011_013_bis.jpg?itok=QhQzXeLg

Vidéo - Agroéquipement : investir dans un robot désherbeur

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/19198_089_bd-01.jpeg?itok=HVvJTg2-

Agroforesterie : « Les arbres sont essentiels au sol »

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/ferme_des_peupliers.jpg?itok=eJNPNwrc

Haute Valeur Environnementale : les yaourts de la Ferme des peupliers

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/19173_026_bd.jpg?itok=A_j95WI9

Agriculture biologique : renforcer les filières bio avec France Relance

https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/styles/mini_home_top/public/dscf8148bis.jpg?itok=Km4Ap8CZ

Trophées de l’agroécologie 2019-2020 : les innovations du GIEE Rés’agri 29

Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation

Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation |

Source : https://agriculture.gouv.fr/objectif-souverainete-alimentaire-un-numero-special-dalimagri

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  • NB. En France, « Marc Fesneau, (nommé) ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire  » - 20/05/2022 - le ministre
    Vendredi 20 mai 2022, sur la proposition de la Première ministre Élisabeth Borne, le Président de la République a nommé Marc Fesneau ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. La passation de pouvoirs entre Julien Denormandie et Marc Fesneau a eu lieu le jour même.

(Re)voir le direct de la passation de pouvoirs entre Julien Denormandie
et Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

Source : https://agriculture.gouv.fr/marc-fesneau-ministre-de-lagriculture-et-de-la-souverainete-alimentaire-0

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  • Crise alimentaire : l’insécurité alimentaire atteint de nouveaux records selon le rapport mondial sur les crises alimentaires 2022 - Le Réseau mondial contre les crises alimentaires (Global Network Against Food Crisis) a publié hier son Rapport mondial sur les crises alimentaires 2022…

Référence : Commission européenne - Représentation en France - 05 mai 2022 – A lire en entier à cette source : https://france.representation.ec.europa.eu/informations/crise-alimentaire-linsecurite-alimentaire-atteint-de-nouveaux-records-selon-le-rapport-mondial-sur-2022-05-05_fr

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  • Lancement du Rapport mondial 2022 sur les crises alimentaires - Publié le 05 mai 2022 par UNICEF France
    Déclaration de la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell, lors du lancement du Rapport mondial 2022 sur les crises alimentaires.

New York, le 4 mai 2022 - « Merci au modérateur, et merci au directeur exécutif du PAM David Beasley, au directeur général de la FAO Qu Dongyu, et à la commissaire européenne Jutta Urpilainen d’avoir mené cette discussion cruciale. Nous sommes ici pour faire le point sur une sombre réalité. Comme nous l’avons déjà entendu aujourd’hui, le monde est une fois de plus au bord d’une crise alimentaire mondiale. Je voudrais concentrer mes remarques sur l’impact de cette menace croissante sur les enfants

La survie des enfants dépend de l’accès à des aliments nutritifs, abordables et disponibles en permanence. Une bonne nutrition est le fondement de la survie et du développement de l’enfant. En revanche, une alimentation inadéquate est une cause majeure de mortalité infantile. En fait, près de la moitié des décès d’enfants de moins de 5 ans sont attribuables à la dénutrition.

Mais dans le monde entier, les impacts en cascade de la pandémie de COVID-19, des conflits et des crises climatiques augmentent considérablement la faim et la malnutrition aiguë chez les enfants. En raison de la pandémie, 100 millions d’enfants supplémentaires vivent dans la pauvreté, et deux tiers des ménages avec enfants ont perdu des revenus. Le nombre d’enfants ne recevant pas de repas réguliers a augmenté.

Les conséquences humaines dévastatrices des crises alimentaires

Les fermetures d’écoles n’ont pas seulement affecté l’apprentissage. Elles ont également eu un impact sur les enfants et les familles qui dépendent des programmes de nutrition scolaire. La hausse des prix des denrées alimentaires n’a fait qu’aggraver une situation déjà difficile. Nous estimons désormais qu’à la fin de 2021, 50 millions d’enfants souffraient d’émaciation, la forme de malnutrition la plus dangereuse pour la vie. Nous nous attendons à ce que ce chiffre soit désormais plus élevé.

Au cours de mes premiers mois en tant que directrice général de l’UNICEF, j’ai déjà pu constater de visu les conséquences humaines très réelles et dévastatrices des crises alimentaires et nutritionnelles. J’étais récemment à Goma, en Éthiopie, dans la Corne de l’Afrique, où la pire situation d’urgence provoquée par le climat depuis 40 ans menace la vie de 10 millions d’enfants - dont 1,7 million qui ont besoin d’un traitement d’urgence pour la malnutrition aiguë sévère.

J’ai également visité un centre de santé dans une région rurale de l’Afghanistan, où une mère de cinq enfants, âgée de 25 ans, m’a dit que sa famille subsistait grâce à un régime de pain et d’eau. J’ai vu des enfants au bord de la famine et de la mort dans plusieurs hôpitaux et centres de santé communautaires, leurs parents ayant épuisé tous leurs mécanismes d’adaptation.

La même combinaison mortelle de conflit persistant, d’effondrement de l’économie, de hausse des prix des aliments et d’épidémies de maladies évitables fait des ravages au Yémen, où au moins 2,2 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë. L’inversion rapide de nos progrès est frustrante - et tragique. Mais nous ne devons pas perdre de vue le fait qu’entre 2000 et 2019, souvent face à de graves difficultés, l’effort mondial a permis de réduire de plus de trente pour cent le nombre d’enfants sous-alimentés dans le monde.

Ce rapport montre clairement - et de toute urgence - que nous devons relancer cet effort mondial.

L’UNICEF appelle à cinq actions clés

Premièrement, protéger l’accès à des régimes alimentaires nutritifs, sûrs, abordables et durables. Les marchés alimentaires devraient être désignés comme des services essentiels pour maintenir le fonctionnement et la sécurité des travailleurs et des consommateurs en cas de crise. Nous devrions décourager les interdictions commerciales et faire davantage pour protéger les producteurs, les transformateurs et les détaillants de produits alimentaires.

Deuxièmement, il faut garantir des investissements pour améliorer la nutrition tout au long de la vie d’un enfant, en commençant par la nutrition de la mère et de l’enfant pendant la grossesse, puis pendant la petite enfance et les années scolaires. Cela implique de fournir aux soignants et aux communautés des informations précises sur l’alimentation des nourrissons. Nous devons continuer à protéger l’allaitement maternel et à empêcher la commercialisation inappropriée des préparations pour nourrissons. Et à mesure que les écoles rouvrent leurs portes, nous devons étendre les programmes de nutrition en milieu scolaire pour les enfants vulnérables.

Troisièmement, il faut développer les systèmes et les services de détection précoce et de traitement de l’émaciation chez l’enfant - la forme de malnutrition la plus dangereuse. Dans le même temps, nous devrions étendre les services de prévention de la malnutrition chez les enfants et les femmes. Des interventions qui ont fait leurs preuves, comme la supplémentation en vitamine A, les vermifuges, les compléments alimentaires et le soutien nutritionnel aux femmes enceintes et aux mères allaitantes, sont parmi les moyens les plus rentables de sauver des vies et de préserver le développement.

Quatrièmement, étendre les systèmes de protection sociale pour aider les familles les plus vulnérables.  L’apport d’un soutien direct, comme les transferts d’argent, peut aider les familles à joindre les deux bouts pendant les crises. Ils contribuent également à renforcer la résilience pour l’avenir. En retour, les programmes de protection sociale peuvent aider les familles à éviter les stratégies d’adaptation négatives, comme le mariage des filles ou le travail des jeunes enfants.

Chaque enfant a le droit de survivre et de s’épanouir

Cinquièmement, protéger les investissements dans les services sociaux. L’impact économique de la pandémie continue de contraindre et de contracter les budgets, mais les coupes dans la nutrition et la sécurité alimentaire doivent être envisagées en dernier lieu.

Cela dit, compte tenu de ces contraintes, nous savons que nous devrons travailler plus dur pour faire fructifier des ressources précieuses. Cela signifie améliorer l’efficacité, l’équité et la transparence des allocations actuelles. Nous devons également mobiliser des financements supplémentaires, notamment auprès de sources publiques et privées.

Sixièmement, pour protéger les enfants de la malnutrition, protégez-les des impacts du changement climatique. Les enfants doivent être au centre des plans d’adaptation au climat et d’atténuation de ses effets - et le financement de ces interventions inclusives doit être accessible à tous les pays.

Enfin, mieux reconstruire. Nous devons faire plus que réagir au plus fort d’une crise alimentaire. Nous devons investir dans l’amélioration de la nutrition maternelle et infantile avant, pendant et après les crises aiguës.

Chaque enfant, partout dans le monde, a le droit de survivre et de s’épanouir. Les enfants bien nourris sont mieux à même de grandir, d’apprendre et de participer à leur communauté, leur économie et leur société. Ils sont également plus résilients face aux crises. Il ne devrait pas être nécessaire de provoquer une crise alimentaire pour mobiliser nos énergies et nos ressources en faveur de ces enfants. Nous devons nous engager à nouveau à accélérer le rythme des progrès - et travailler ensemble pour atteindre chaque dernier enfant. Merci ».

UNICEF France

Vu sur : https://www.unicef.fr/article/lancement-du-rapport-mondial-2022-sur-les-crises-alimentaires

logo-unicef-petit | Le Monde des ados

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La crise alimentaire de 2022 se manifeste par une série d’augmentations rapides des prix des denrées alimentaires, et par des pénuries d’approvisionnement alimentaire partout dans le monde. Cette crise résulte d’une multitude de causes géopolitiques, économiques et naturelles, telles que la chaleur extrême, les inondations et la sécheresse causées par le réchauffement climatique, et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Cette crise fait suite à la crise alimentaire due à la Covid-19.

Une grande partie de l’inquiétude est liée aux pénuries d’approvisionnement en blé, en maïs et en graines oléagineuses. En outre, les hausses des prix du carburant et des engrais associés (en raison du rôle important de producteur de gaz et de pétrole de la Russie et de l’importance de la Russie et de l’Ukraine sur les marchés européens des engrais) provoquent des pénuries et des hausses de prix supplémentaires.

Avant la guerre en Ukraine, les prix des denrées alimentaires atteignent déjà des niveaux record : en février 2022, les prix des denrées alimentaires d’une année sur l’autre ont augmenté de 20 % selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La guerre a encore augmenté les prix d’une année sur l’autre, à raison de 40 % en mars1. Les problèmes aggravants créés par la Covid-19, la guerre et les mauvaises récoltes liées au climat devraient inverser les tendances mondiales en matière de réduction de la faim et de la malnutrition2. Certaines régions, comme l’Afrique de l’Est et Madagascar, connaissaient déjà la sécheresse et la famine en raison des défaillances du système agricole et des changements climatiques. Les hausses de prix devraient aggraver la situation. Certains analystes ont décrit ces hausses de prix comme les pires depuis la crise alimentaire mondiale de 2007-20081

Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_alimentaire_de_2022

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Préambule sur la démographie et l’agriculture en Inde

Rappel de la démographie de l’Inde – « L’Inde compte 1,3 milliard d’habitants dont la moitié a moins de 25 ans. En 2016 elle comptait 1,26 milliard d’habitants soit 17,5 % de la population mondiale. Elle est le deuxième pays le plus peuplé au monde après la Chine et devrait devenir le plus peuplé vers 202514,15. Le taux de croissance de sa population était de 1,2 % en 201416. Ce pays compte plus de 2.000 groupes ethniques, plusieurs centaines de langues appartenant à quatre familles différentes (indo-européennes, dravidiennes, austroasiatiques et tibéto-birmanes) et l’ensemble des grandes religions du monde y est représenté. Seul le continent africain connait une diversité linguistique, culturelle et génétique plus importante que l’Inde17… » - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie_de_l%27Inde

Description d ’agriculture en Inde

L’Inde est le premier producteur mondial de lait et de légumineuses, le deuxième pour le riz, le blé, les légumes, les fruits, la canne à sucre. Première pour le jute, seconde pour le coton, deuxième aussi pour la pêche et l’aquaculture. Mais les problèmes demeurent, voire s’intensifient….

Agriculture en Inde - 16/05/2019 - Télécharger la fiche pays - Inde (PDF, 257.18 Ko)– Extrait - relations internationales monde

Ce qu’il faut retenir :

  • Puissance agricole majeure, l’Inde possède la 2ème surface agricole au monde.
  • Si la part de l’agriculture dans le PIB est en baisse, passant de 30 % en 1990-91 à 17 % en 2015-16, l’agriculture demeure le premier employeur du pays (55 % des actifs, soit 263 millions de travailleurs indiens). Un peu plus de 600 millions d’Indiens dépendent directement ou indirectement de ce secteur.
  • L’Inde est le 1er producteur mondial de lait (avec une productivité laitière faible) et de protéagineux, et le deuxième de blé, riz, coton, sucre, thé et fruits et légumes. De plus en plus présent sur les marchés mondiaux, ce pays est également le 1er exportateur de riz, de viande bovine et d’épices.
  • L’Inde doit nourrir 17 % de la population mondiale avec moins de 4 % des ressources mondiales en eau et 4 % des terres agricoles. La sécurité alimentaire demeure un enjeu essentiel dans un pays comprenant près de 190 millions de personnes en situation de sous-alimentation.
  • En 2013, l’Inde a adopté la loi ‘Food Security Act’, le plus grand programme de distribution alimentaire au monde, bénéficiant à près de 820 millions d’individus.
  • La productivité reste le talon d’Achille de ce secteur : des rendements faibles, une mécanisation peu développée, une taille moyenne d’exploitation toujours en diminution, à peine supérieure à 1 ha.
  • Au-delà de la dépendance à la mousson, qui contribue en moyenne à 80 % des précipitations annuelles, l’agriculture indienne est susceptible d’être fortement affectée par les effets du changement climatique dans l’hypothèse d’une hausse de la température de plus de 2°C d’ici 2050.
  • L’Inde se distingue par des droits de douane élevés (pour les produits agricoles, le droit moyen appliqué au stade du dédouanement est de 32,7 % ad valorem) et de nombreuses restrictions à l’importation des produits agricoles et agroalimentaires.
    Sources : Gouvernement indien, Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, Ambassade de France en Inde, Banque mondiale, PNUD, Unité Mixte d’Appui aux Relations Internationales (INRA-CIRAD).

Information officielle : https://agriculture.gouv.fr/inde

Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentationhttps://agriculture.gouv.fr

20 mai 2022. Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ...

Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation |

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Préambule sur la démographie et l’agriculture en INDE

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Introduction

Lecture préalable suggérée à propos de géopolitique : ’Place à l’homme politique, ancien Ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine qui s’exprime sur son parcours, ses idées, le « basculement du monde », ainsi qu’à son épouse Mme Dr. Michèle Froment-Védrine’ par Jacques Hallard - vendredi 14 janvier 2022 - ISIAS Géopolitique Histoire contemporaine

La géopolitique est à nouveau confrontée depuis le début de 2022 à une aggravation de la situation de l’alimentation au niveau mondial : la notion de souveraineté alimentaire est considérée avec sérieux dans de nombreux pays qui ne disposent pas d’une autonomie suffisante pour nourrir leurs populations, et l’état de crise touche aussi l’agriculture qui doit être repensée en phase de crise aigüe.

Le présent dossier s’ouvre avec une 1ère partie qui reprend un état des lieux de la souveraineté alimentaire et de la crise alimentaire  : voir la rubrique ‘Contexte général’ 

Le fond de ce dossier reprend les informations sur l’agriculture en Inde en général et en particulier l’exemple de l’Andhra Pradesh, l’un des états indiens (ou provinces indiennes).

« L’Andhra Pradesh abrite plus de 75 millions d’habitants sur une superficie de 276.754 km². Sa capitale est Hyderabad et la langue officielle est le télougou. L’état tire son nom d’une peuplade qui occupait la région plus de 1000 ans avant J.-C. – Cet état ou province indienne de l’Andhra Pradesh est surtout rural (80% de la population). Les plaines sont très fertiles car bien irriguées par les grands fleuves qui traversent tout l’état. L’Andhra Pradesh est le plus grand producteur de riz de l’Inde. Il produit aussi du tabac ainsi que de nombreuses espèces et variétés de fruits…. » - Source : https://www.merveilles-du-monde.com/Taj-Mahal/Inde/Andhra-Pradesh.php

La particularité de l’Andhra Pradesh est le pari fait par les autorités d’une « agriculture 100% vertueuse », une agroécologie ou agriculture véritablement durable !

Malgré cette conversion remarquable dans certains territoires indiens, les dirigeants de l’Inde ont toutefois pris des orientations politiques telles que « des lois agricoles qui ont sèment le trouble », ayant toutefois abouti à « une première victoire pour les agriculteurs en colère, ’mais [qui n’est] pas totale’ ».

Et puis à l’extérieur de l’Inde, la politique internationale s’est exprimée lors d’une réunion du G7 qui a critiqué la décision de l’Inde d’interdire les exportations de blé à la mi-avril 2022 !

Un rapport journalistique signale très opportunément que « Des agriculteurs indiens réduisent leur empreinte carbone grâce aux arbres et à l’énergie solaire photovoltaïque : une agriculture respectueuse du climat qui offre ainsi de nouvelles sources de revenus et qui est plus durable », d’après l’article de Sibi Arasu en date du 18/05/2022.

Finalement sont décrits « les pays menacés par la suspension des exportations de blé à partir de l’Inde » ….

On peut également consulter utilement :

Autonomie alimentaire : la France pourrait satisfaire plus de 100% de ses besoins (contre 60% aujourd’hui) - Giulietta Gamberini- 26 avril 2022 - Document complet réservé aux abonnés de la ‘latribune.fr’ - Powered byETX Daily Up - « L’agriculture française assure moins de la moitié de la consommation nationale de produits agricoles bruts. L’industrie agroalimentaire, elle, couvre aujourd’hui près des trois quarts des besoins en produits transformés. Leur potentiel est bien supérieur : elles pourraient fournir respectivement 98% et 114% de la production nécessaire pour satisfaire la demande interne, calcule une étude… » - Lire l’article en entier sur : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/agroalimentaire-biens-de-consommation-luxe/autonomie-alimentaire-la-france-pourrait-satisfaire-plus-de-100-de-ses-besoins-contre-60-aujourd-hui-915268.html

Quel est le rôle du maire dans la gestion d’une crise alimentaire ? Lundi 23 mai 2022 – Dans le cadre de Bas du formulaire

Université Francophone de l’Autonomie Alimentaire– Consulter à partir du site suivant : http://www.autonomiealimentaire.info/

Autonomie alimentaire et réorganisation fourragère – Document ‘moselle.chambre-agriculture.fr’ - Avec le contexte météorologique éprouvant, parler d’autonomie alimentaire peut paraître provocateur et pourtant l’amélioration de ce poste a un impact direct sur le revenu de l’éleveur. Une action engagée dès 2015 avec le soutien du Conseil Départemental de la Moselle dans les trois filières majeures du département vise à proposer différentes options permettant d’atteindre cet objectif … - La situation économique des élevages est difficile face aux marchés actuels. L’achat de matières premières dont les prix ont globalement augmentés depuis les cinq dernières années fragilise l’éleveur sur le plan économique et le rend dépendant sur l’origine des produits.

Pourquoi parler d’autonomie alimentaire ?

L’action de la Chambre d’agriculture a pour objectif d’orienter les élevages vers des pratiques innovantes pour les rendre plus autonomes sur le plan fourrager et sur l’utilisation de concentrés pour l’alimentation de leurs troupeaux. En effet, plus le système alimentaire sera autonome sur le plan quantitatif et qualitatif, plus il sécurisera l’éleveur, l’amenant à être moins dépendant de l’achat à l’extérieur de fourrages et/ou de concentrés.

L’aspect économique est évidemment la première conséquence à laquelle on pense lorsqu’on parle d’autonomie alimentaire mais on oublie souvent les incidences environnementales et sociales. Autonomie alimentaire est synonyme d’amélioration du bilan carbone, avec par exemple la réduction du transport de soja, ou de biodiversité via l’implantation de légumineuses ou de prairies multi-espèces. Au niveau social, elle permet de valoriser le métier d’éleveur et de créer de nouvelles formes de collaboration entre exploitants via des systèmes d’échanges locaux. Elle est aussi un bon moyen d’assurer une traçabilité des aliments pour les productions soumises à un cahier des charges.Pour mener à bien ce projet, quatre exploitations pour chacune des trois filières dominantes du département (bovins lait, bovins viande et ovins viande) sont accompagnées dans une démarche d’amélioration de leur autonomie alimentaire. A partir d’états des lieux sur ces douze exploitations portant sur les campagnes 2014 et 2015 et des orientations de chaque éleveur, les conseillers en élevage de la Chambre d’agriculture ont proposé des pistes d’évolution du système fourrager et de sa conduite.

Les situations initiales des exploitations sont très hétérogènes avec des taux d’autonomie en concentrés pouvant varier de 0 à 90 % ! Au niveau de l’autonomie fourragère, l’écart est plus resserré avec des taux allant de 72 % à 100%. A l’issue de la prochaine campagne, les bénéfices techniques, environnementaux et socio-économiques de ces pratiques seront évalués grâce à des indicateurs tels que le taux d’autonomie en fourrages, en concentrés et le coût de concentrés ramené à la production de l’élevage (lait ou viande). L’objectif global de l’étude est de constituer une base de démonstration et de communication aux éleveurs de la région à travers des articles et des portes ouvertes.

Quelles stratégies pour devenir autonome ?

Etre autonome, c’est optimiser et adapter les ressources de l’exploitation, produire en fonction de ce dont on dispose sur l’exploitation. Quelques principes fondamentaux à respecter pour y arriver :

  •  choisir une production (animale ou végétale) reflet du potentiel du milieu,
  •  rechercher la complémentarité cultures – élevage,
  •  utiliser des variétés adaptées : moins productives mais plus résistantes aux maladies,
  •  introduire des PT (de légumineuses) dans l’assolement,
  •  associer des cultures (exemple : pois/triticale),
  •  optimiser la gestion de l’herbe et la conduite du pâturage.
    Plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre pour atteindre l’autonomie alimentaire - Sur les exploitations suivies, les pistes étudiées sont, pour certaines, l’implantation de couverts après moisson, de prairies temporaires et/ou de luzerne et, le cas échéant, la réduction des surfaces en maïs. Pour d’autres exploitations, des modifications plus globales sont envisagées par les éleveurs, entraînant une réorganisation complète du système comme des conversions en agriculture biologique ou une dés-intensification du chargement par la réduction du cheptel.

Source : https://moselle.chambre-agriculture.fr/productions-agricoles/herbes-et-fourrages/autonomie-alimentaire-et-reorganisation-fourragere/

Les autres articles choisis dans ce dossier pour alimenter le fond de la réflexion sur la nécessité d’une plus grande autonomie alimentaire, sont indiqués avec leurs accès dans le sommaire ci-après.

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Préambule sur l’agriculture en INDE

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Sommaire

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Préambule sur l’agriculture en INDE

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Andhra Pradesh

L’Andhra Pradesh (en télougou : ఆంధ్ర ప్రదేశ్) est un État du sud de l’Inde. Article à lire sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Andhra_Pradesh ; ou encore sur celui-ci : https://www.universalis.fr/encyclopedie/andhra-pradesh/

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  • Inde : une région du sud fait le pari d’une agriculture 100% vertueuse - Publié le 22/11/2021 22:38 Mis à jour le 22/11/2021 23:00 - ‘20 Heures’ Édition du lundi 22 novembre 2021 - Article rédigé par A.Forget, U.Cailloux, A.Pandey - France 2 France Télévisions
    Enregistrement 3:48

Dans une région du sud de l’Inde, 800.000 paysans cultivent leurs terres sans aucun pesticide. C’est le plus grand projet d’agroécologie au monde. 

Dans le sud de l’Inde, la région agricole autour d’Anantapur, l’une des plus grandes du pays, est en pleine conversion vers une agriculture 100% naturelle, à rebours du modèle agricole indien. La terre compte huit millions de paysans, dont Surendra Reddy. Le fermier a été l’un des premiers convertis. Depuis quatre ans, il cultive ses champs sans produits chimiques. ’Au début, le passage à l’agriculture naturelle a été très difficile. Après des années d’utilisation de produits chimiques et de pesticides, ma terre était devenue comme morte’, confie-t-il. 

800.000 agriculteurs convertis

Il a également abandonné la monoculture, afin de faire pousser différents types de fruits et légumes sur ses terres : papayes, tomates, ou encore aubergines. Ils grandissent grâce à un mélange à base de bouse et d’urine de vache, qui stimule la vie microbienne sous le sol. ’Aujourd’hui, je repense moins et je gagne plus’, se réjouit Surendra Reddy. Au total, près de 800 000 agriculteurs dans la région se sont convertis à une agriculture 100% naturelle. C’est le plus grand projet d’agroécologie au monde. On le doit à Vijay Kumar, conseiller agricole pour le gouvernement, qui a souhaité développer le programme en réaction à une vague de suicide de paysans dans sa région. 

Source : https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/inde-une-region-du-sud-fait-le-pari-d-une-agriculture-100-vertueuse_4855093.html

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Source : https://www.youtube.com/watch?v=uesGlq-I0mQ

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  • L’agriculture en Inde d’après Wikipédia
    L’agriculture en Inde est un secteur économique important de l’Inde et l’une des productions agricoles les plus importantes de la planète. Le secteur emploie près des deux-tiers de la population active (49 % des emplois en 2012), avec un taux de suicide particulièrement élevé.

Sommaire

Article détaillé : Histoire de l’agriculture dans le sous-continent indien.

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Fleur du théier (Inde).

Historiquement, l’Inde était cultivée depuis l’Antiquité. Oryza sativa (riz asiatique) provient de divers événements de domestication ayant eu lieu environ 5000 ans av. J.-C. en Inde du Nord.

La colonisation a développé certains secteurs comme le thé, introduit en Inde au XIXe siècle. Entre 1840 et 1860, l’Angleterre multiplie par huit ses importations de coton indien : 463 000 balles contre 56 9231, mais avec des inconvénients : elle a introduit le coton américain en Inde, avec ses maladies végétales, et parasites, comme le ver de la capsule.

Histoire contemporaine

Après 1950, des réformes agraires de la révolution verte sont mises en place, mais l’extension des terres agricoles voient leurs limites dès les années 1950-19602. En 1951, les surfaces agricoles sont de 119 millions d’hectares, dont 21 millions sont irriguées2. L’objectif est alors d’augmenter les rendements agricoles notamment via l’irrigation, permettant 2 à 3 récoltes par an2. L’utilisation de pompes motorisés est financièrement soutenues dans certains états2.

Dans les années 1950 et 60, une des réformes les plus importantes est un remembrement agricole notamment dans les états de l’Uttar Pradesh et de l’Haryana2. En 1965, la Food Corporation of India est créée pour stocker les denrées agricoles pour éviter les disettes, ainsi que pour subventionner l’achat de denrées agricoles à la population pauvre2.

La population agricole s’enrichit relativement grâce à l’amélioration des rendements dans les régions les plus productrices notamment, le Pendjab, l’Uttar Pradesh, l’Haryana et les deltas rizicoles du sud de l’Inde2. Les régions du Bihar, du Bengale occidental, de l’Orissa connaissent des hausses rendements plus tardifs ou plus limités, alors que le Deccan et une grande partie de l’Inde du Sud a été moins touchés par la révolution verte, de par la difficulté d’accès à l’irrigation dans des régions montagneuses et semi-arides2.

L’Inde parvient à couvrir les besoins alimentaires essentiels de sa population depuis les années 1970. La production de blé a été multipliée par 6 et la production de riz par 4 entre 1961 et 2003. Le maraichage, les cultures commerciales et l’élevage laitier (notamment grâce à la « révolution blanche ») se développent également2. En parallèle, l’agriculture indienne se motorise2.

Cependant dès les années 1980, les investissements soutenus dans l’agriculture et le monde rural ralentissent, l’exode rural et la disparité de niveau de vie entre villes et campagnes s’accentuent2. Le réseau électrique, indispensable pour faire tourner les moto-pompes, se dégradent fortement, ainsi que les réseaux publics d’irrigations, qui manquent également d’investissements pour être étendues plus rapidement2. Les équipements maintenant la chaîne du froid sont peu utilisés, induisant des pertes importantes dans les denrées périssables. De plus, les sols dans certaines régions sont surexploités ou mal amendés, ennoyés ou salinisés2.

Pourtant entre 1981 et 2002, la part des dépenses liées à la consommation de céréales baisse. La consommation de lait triple sur la même période atteignant 91 millions de tonnes en 20022. Toujours entre 1981 et 2002, la production d’œufs quadruple. La consommation de sucre triple entre 1951 et 2002 et celle des fruits passe entre 1991 et 2002 de 12,7 millions de tonnes à 19,2 millions2.

En 1995-1996, 61,6 % des exploitations agricoles du pays ont une superficie de moins de 1 hectare, 18,7 % mesurent entre 1 et 2 hectares, 19,6 % mesurent plus de 2 hectares, pour au total de 116 millions d’exploitations2. En 2000-2001, les surfaces agricoles sont de 141 millions d’hectares, dont 55 millions sont irriguées2. Les mois de l’année propices à l’agriculture de Indonésie sont octobre à avril.

Au cours des dernières décennies, les paysans ont vu leurs revenus diminuer et leurs dettes augmenter. Une étude publiée en 2020 par l’université agricole du Pendjab indique que les paysans du Pendjab sont endettés à hauteur de quatre fois leur revenu annuel3. Ces vingt dernières années, 300 000 paysans se sont suicidés en Inde4. En 2018, des manifestations rassemblant des dizaines de milliers de paysans se multiplient ; ceux-ci dénoncent notamment les très forts taux d’endettement et de suicides5.

Le gouvernement de Narendra Modi décide en 2020 de libéraliser la commercialisation des produits agricoles en permettant aux producteurs de vendre directement aux entreprises privées, une mesure qui entrainerait la disparition des prix minimum garantis. Cette décision, susceptible d’appauvrir encore davantage les paysans, entraine une mobilisation nationale conduite par les syndicats et provoque la controverse au sein même du gouvernement6.

Climat et sols

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Carte à agrandir - Dates du début de la mousson estivale en Inde (couleurs). Vents dominants (flèches) durant les moussons estivales et hivernales

Le climat en Inde est fortement influencé par l’Himalaya et le désert du Thar. Le massif de l’Himalaya, de même que la chaîne de l’Hindū-Kūsh au Pakistan, constituent tous deux une barrière naturelle arrêtant les vents froids venant d’Asie centrale, maintenant ainsi au sein du sous-continent indien des températures plus élevées que dans la plupart des lieux situés aux mêmes latitudes. Le désert du Thar attire les vents de mousson chargés d’humidité qui sont responsables de la plus grande partie des précipitations en Inde.

Traversées par le Gange et bénéficiant davantage des bienfaits de la mousson, l’Indus et le Brahmapoutre sont, au nord du pays, les régions les plus fertiles. La ceinture indo-gangétique est la plus grande étendue d’alluvions du monde, formée par le dépôt de limon provenant des nombreuses rivières environnantes. Les plaines sont plates et le plus souvent dénuées d’arbres, favorisant ainsi l’irrigation au moyen de canaux. La zone est également riche en sources d’eau naturelle.

Cette plaine est l’un des plus grands espaces d’agriculture intensive au monde. Les cultures poussant sur la plaine indo-gangétique sont en premier lieu le riz et le blé, via le système de rotation des cultures. Les autres cultures incluent le maïs, la canne à sucre et le coton.

L’agriculture est très dépendante de la mousson pour l’irrigation. Dans certaines régions, une mousson trop faible engendrera un déficit d’eau qui entrainera la perte des récoltes.

Ces dernières années, les événements météorologiques extrêmes, avec des sécheresses, des canicules et des cyclones récurrents, sont un facteur majeur de la chute de revenus des fermiers. Selon le ‘Centre for Science and Environment’, la plus grande ONG environnementale de l’Inde : « On fait face à une crise agricole, avec une vague de suicides de fermiers et des manifestations paysannes qui se sont multipliées par trois7. »

Pratiques agricoles

Cultures et mousson

Kharif désigne les cultures et récoltes au cours de la saison des pluies (mousson pluvieuse) dans la région d’Asie du Sud, qui dure entre avril et octobre en fonction de la zone envisagée. Les cultures kharif principales sont le mil et le riz. Kharif contrastent avec rabi, les cultures irriguées de la saison sèche. Les deux mots sont arrivés avec les Moghols sur le sous-continent indien et sont largement utilisés depuis. Les cultures rabi sont semées à la mi-novembre, après que les pluies de mousson sont terminées, et la récolte commence en avril/mai. Les cultures sont cultivées soit avec l’eau de pluie qui a percolé à travers le sol, ou soutenues par l’irrigation. Une bonne pluie en hiver gâte les cultures rabi mais est bon pour les cultures kharif. La récolte rabi majeure en Inde est le blé, suivi par l’orge, la moutarde, le sésame et les pois. Les pois sont récoltés tôt, car ils sont prêts tôt : les marchés indiens sont inondés avec des pois verts de janvier à mars, avec un pic en février. Les cultures kharif sont généralement semées avec le début des premières pluies vers la fin mai dans le sud du Kerala au cours de l’avènement de la saison de mousson du sud-ouest. Comme les pluies de la mousson avancent vers le nord de l’Inde, les dates de semis varient en conséquence et atteignent juillet dans le nord de l’Inde.

La moitié de la production agricole du pays est semée entre les mois de juin et septembre8.

Seulement la moitié des terres sont irriguées. Les pratiques sont donc largement dépendantes de la mousson. À chaque publication d’un bulletin de prévision, des SMS sont envoyés à des millions d’agriculteurs pour qu’ils adaptent leurs semences en fonction du niveau des précipitations. A elle seule, la mousson peut faire varier la croissance du PIB indien de 0,5 point8. Les trois quarts des produits issus des cultures les plus gourmandes en eau souterraine sont exportés par trois pays : l’Inde (riz et coton, surtout vers la Chine), les États-Unis (coton, blé, maïs et soja, vers la Chine, le Japon et le Mexique), et le Pakistan (surtout du riz, à destination de l’Iran, de l’Arabie saoudite ou du Bangladesh). L’impact est important sur les ressources en eau souterraine, qui sont exploitées plus vite qu’elles ne se renouvellent9.

OGM

L’arrivée des OGM a modifié fortement la culture de coton, le coton Bt est devenu très majoritaire (11,6 millions d’hectares en 2014) alors que 1.500 espèces de coton étaient cultivées dans le pays10.

Pesticides et impacts sur les populations

Dans les années 2010, les cas mortels d’encéphalite aigüe sur les enfants se sont amplifiés en Inde, au Bangladesh au Vietnam et en Thaïlande. Au Bangladesh, le lien à un cocktail chimique de pesticides est mis en évidence en 2017. En Inde, le gouvernement local du Kerala a estimé que l’usage à tort et à travers de l’endosulfan avait empoisonné 4 270 personnes et causé la mort de 500 autres depuis 1978. Ce pesticide est interdit en Inde depuis 2012, mais une utilisation en contrebande est suspectée11.

Agriculture biologique

De très nombreuses fermes sont bio sans le savoir, simplement parce que les paysans sont trop pauvres pour acheter des pesticides et des engrais. Il existe cependant une pression forte de l’industrie et des services publics pour les inciter à passer à l’agriculture chimique, censée leur apporter de meilleurs revenus.

La première rencontre nationale de l’agriculture biologique s’est tenue en 1984 à Wardha (Maharashtra) à l’initiative de l’Apigr, une association pour la promotion des ressources génétiques indigènes. Ensuite, chaque année, des congrès à thème ont eu lieu : conservation des semences, promotion des fermes bio, ressource en eau, révolution verte… Vers le milieu des années 1990, cette première organisation a passé la main à l’association Arise, animée par Bernard Declercq, un agriculteur d’Auroville. En 2002, à Bangalore, est née l’association des agriculteurs bio, l’Ofai (Organic Farming Association of India). En novembre 2017, l’Ofai a organisé avec l’Ifoam (International Foundation of Organic Agriculture Movements) à New Delhi le 19e Congrès mondial de l’agriculture biologique. Ce fut l’occasion de mieux connaître le mouvement de l’agriculture biologique en Inde.

L’Ofai a mis en place un système de garantie participative : ce sont les producteurs et les consommateurs qui vérifient que les produits sont bien cultivés en bio. Progressivement, des inspections ont été mises en place, dans un premier temps par des contrôleurs européens, puis, après leur formation, par des contrôleurs indiens.

Un État indien est précurseur en matière d’agriculture biologique, c’est le petit État du Sikkim, au nord-est du pays. Cet État s’est déclaré complètement bio en 201312.

Le gouvernement de l’État en question a également mis en place des mesures visant à faire de la possession de tout type de produits agrochimiques ou de pesticides un délit punissable. C’est une initiative qui a été suivie par des pays voisins comme le Bhoutan13.

Mais à plus large échelle, le système agricole indien a favorisé une hyperspécialisation dévastatrice pour l’environnement : « Les agriculteurs du Pendjab et de l’Haryana ont été incités à la monoculture chimique du riz et du blé. Aujourd’hui, les sols sont sans vie, les nappes phréatiques s’épuisent, les eaux sont polluées par les nitrates et les pesticides, et les agriculteurs endettés par des intrants et semences industrielles pourtant subventionnés » explique le chercheur Bruno Dorin, du Cirad14.

Productions

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Cueillette du thé en Inde (Munnar).

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/52/Th%C3%A9_Inde_Munhoven.JPG/220px-Th%C3%A9_Inde_Munhoven.JPG

JH2022-05-23T10:37:00J

Plantation de thé à Munnar, Inde, 2012.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/df/Kochi_rice.JPG/220px-Kochi_rice.JPG

Photo - En Inde (2012, Cochin), des porteurs acheminent une production de riz dans les entrepôts du port.

La surface agricole utile (SAU) est de 180 millions d’hectares, dont 140 millions d’hectares sont en culture, soit environ 60 % de la surface du pays15.

En 2018, l’Inde :

  • C’était le deuxième producteur mondial de canne à sucre (376,9 millions de tonnes), dépassé seulement par le Brésil ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de riz (172,5 millions de tonnes), juste derrière la Chine ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de blé (99,7 millions de tonnes), juste derrière la Chine ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de pomme de terre (48,5 millions de tonnes), seulement dépassé par la Chine ;
  • C’était le premier producteur mondial de banane (30,8 millions de tonnes) ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de oignon (22 millions de tonnes), seulement dépassé par la Chine ;
  • C’était le septième producteur mondial de maïs (27,8 millions de tonnes) ;
  • C’était le premier producteur mondial de mangue (y compris mangoustan et goyave) (21,8 millions de tonnes) ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de tomate (19,3 millions de tonnes), seulement dépassé par la Chine ;
  • C’était le premier producteur mondial de coton (14,6 millions de tonnes) ;
  • C’était le cinquième producteur mondial de soja (13,7 millions de tonnes), perdant face aux États-Unis, au Brésil, à l’Argentine et à la Chine ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de aubergine (12,8 millions de tonnes), seulement dépassé par la Chine ;
  • C’était le troisième producteur mondial de noix de coco (11,7 millions de tonnes), dépassé seulement par l’Indonésie et les Philippines ;
  • C’était le premier producteur mondial de millet (11,6 millions de tonnes) ;
  • C’était le plus grand producteur mondial de pois chiches (11,3 millions de tonnes) ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de chou (9 millions de tonnes), seulement dépassé par la Chine ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de chou-fleur et brocoli (8,8 millions de tonnes), dépassé seulement par la Chine ;
  • C’était le troisième producteur mondial de colza (8,4 millions de tonnes), dépassé seulement par le Canada et la Chine ;
  • C’était le troisième producteur mondial de orange (8,3 millions de tonnes), dépassé seulement par le Brésil et la Chine ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de arachide (6,7 millions de tonnes), seulement dépassé par la Chine ;
  • C’était le premier producteur mondial de haricot (6,2 millions de tonnes) ;
  • C’était le premier producteur mondial de gombo (6,1 millions de tonnes) ;
  • C’était le premier producteur mondial de papaye (5,9 millions de tonnes) ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de citrouille (5,5 millions de tonnes), seulement dépassé par la Chine ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de pois (5,4 millions de tonnes), seulement dépassé par la Chine ;
  • C’était le cinquième producteur mondial de sorgho (4,8 millions de tonnes), dépassé seulement par les États-Unis, le Nigéria, le Soudan et l’Éthiopie ;
  • C’était le premier producteur mondial de citron (3,1 millions de tonnes) ;
  • C’était le septième producteur mondial de raisin (2,9 millions de tonnes) ;
  • C’était le quatrième producteur mondial de pastèque (2,5 millions de tonnes) ;
  • C’était le septième producteur mondial de pomme (2,3 millions de tonnes) ;
  • C’était le premier producteur mondial de jute (1,9 million de tonnes) ;
  • C’était le quatrième producteur mondial de piment (1,8 million de tonnes) ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de ail (1,7 million de tonnes), seulement dépassé par la Chine ;
  • C’était le sixième producteur mondial de ananas (1,7 million de tonnes) ;
  • C’était le 20e producteur mondial de orge (1,7 million de tonnes) ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de lentille (1,6 million de tonnes), dépassé seulement par le Canada ;
  • C’était le huitième producteur mondial de patate douce (1,4 million de tonnes) ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de thé (1,3 million de tonnes), juste derrière la Chine ;
  • C’était le quatrième producteur mondial de melon (1,2 million de tonnes), seulement dépassé par la Chine, la Turquie et l’Iran ;
  • C’était le premier producteur mondial de gingembre (893 000 tonnes) ;
  • C’était le premier producteur mondial de noix d’arec (809 000 tonnes) ;
  • C’était le deuxième producteur mondial de noix de cajou (785 000 tonnes), seulement dépassé par le Vietnam ;
  • C’était le troisième producteur mondial de sésame (746 000 tonnes), dépassé seulement par le Soudan et le Myanmar ;
  • C’était le 3e producteur mondial de tabac (749 000 tonnes), dépassé seulement par la Chine et le Brésil ;
  • Produit 4,2 millions de tonnes de pois cajan ;
  • Produit 1,2 million de tonnes de ricin ;
  • Produit 1,2 million de tonnes de laitue et chicorée ;
  • Produit 978 000 tonnes de caoutchouc naturel ;
  • Produit 678 000 tonnes de anis / coriandre ;
  • Produit 583 000 tonnes de carotte ;
  • Produit 572 000 tonnes de fibre de coco ;
  • Produit 326 000 tonnes de café ;
    En plus de petites productions d’autres produits agricoles. 16

L’Inde est le deuxième pays producteur de riz au monde avec 134 millions de tonne en 200917, année où le pays devient importateur pour cette denrée.

L’Inde est également l’un des principaux pays producteur de thé. Les thés Darjeeling, Assam et Nilgiri sont des thés noirs originaires des régions du même nom en Inde. Le pays produit également du café, du caoutchouc (au sud) et exploite des cultures d’oléagineux au centre du pays8.

L’Inde possède le plus grand cheptel bovin au monde, avec 325 millions d’individus18, notamment des buffles et zébus.

L’Inde est le deuxième pays producteur de Lait de vache en 2012 (54 millions de tonnes), et le premier pour le lait de bufflonne (66 millions de tonnes). C’est également le premier pays producteur de lait de chèvre (4,8 millions de tonnes). La production est cependant insuffisante pour couvrir les besoins nationaux.

L’agriculture contribue à hauteur de 15 % au PIB indien et fait vivre 60 % de la population dans les années 20108.

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Principales productions

Le tableau ci-dessous présente les 20 premiers produits, en valeur, de l’agriculture indienne en 2009. Le tableau indique également le rendement moyen des exploitations agricoles indiennes pour chaque produit. A titre de comparaison, sont également indiqués les rendements des exploitations les plus productives du monde en 2010 et le nom des pays concernés. Ce tableau suggère que l’Inde a de grandes possibilités de gains de productivité et d’augmentation de la production et des revenus agricole19,20.

Valeurs des principales productions agricoles en Inde21,22
Rang Productions Valeur

(milliards de dollars US, 2013)

Prix unitaire

(dollars/kg, 2009)

Rendement moyen

(tonnes/ha, 2010)

Pays les plus productifs

(tonnes/ha, 2010)

1 Riz 42,57 0,27 3,99 12,03 Australie
2 Lait de bufflonne 27,92 0,65 [archive] 0,6323 0,6323 Inde
3 Lait de vache 18,91 0,31 1,223 10,323 Israël
4 Blé 13.98 0,15 2,8 8,9 Pays-Bas
5 Mangues, goyaves 10,79 0,6 6,3 40,6 Cap-Vert
6 Sucre de canne 10,42 0,03 66 125 Pérou
7 Coton 8,65 1,43 1,6 4,6 Israël
8 Bananes 7,77 0,28 37,8 59,3 Indonésie
9 Pommes de terre 7,11 0,15 19,9 44,3 États-Unis
10 Tomates 6,74 0,37 19,3 524,9 Belgique
11 Légumes frais 6,27 0,19 13,4 76,8 États-Unis
12 Viande de buffle 4,33 2,69 0,13823 0,42423 Thaïlande
13 Arachides 4,11 1,96 1,8 17,0 Chine
14 Gombos 4,06 0,35 7,6 23,9 Israël
15 Oignons 4,05 0,21 16,6 67,3 Irlande
16 Pois chiches 3,43 0,4 0,9 2,8 Chine
17 Viande de poulet 3,32 0,64 10,6 20,2 Chypre
18 Fruits frais 3,25 0,42 1,1 5,5 Nicaragua
19 Œufs de poule 3,18 2,7 0,123 0,4223 Japon
20 Soja 3,09 0,26 1,1 3,7 Turquie

L’agriculture dans la culture indienne

Le dieu de la pluie, Indra, est l’un des plus révérés du pays8.

Lire l’article complet avec notes et références sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_en_Inde

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  • Géopolitique de l’agriculture indienne - Jean-Luc Racine - Dans Hérodote 2015/1 (n° 156), pages 29 à 49
    1 La géopolitique de l’agriculture indienne, pour la définir sous cette formule limitée, se décline sous de multiples composantes. Dans un pays qui compte encore deux tiers de ruraux et la moitié des emplois dans l’agriculture, celle-ci ne compte que pour moins d’un sixième du PIB. Ce décalage génère de graves problèmes socioéconomiques. L’Inde est l’un des plus gros producteurs agricoles au monde, mais une part de l’agriculture indienne est en crise, comme l’illustre le nombre tragique de suicides de paysans. Le modèle de la révolution verte, qui porta ses fruits après 1970, semble toucher à sa fin, d’autant qu’elle a laissé de côté l’essentiel des terres sèches. Une nouvelle révolution verte, dite parfois révolution doublement verte, est attendue, plus en accord avec les principes écologiques et le développement durable. Les densités rurales sont encore fortes, trop fortes : les exploitations s’amenuisent génération après génération, et les vieilles stratégies d’industrialisation rurale n’ont pas résolu le problème de l’emploi. Pire, la compétition pour les terres s’est aiguisée entre les paysans et les grands « développeurs » industriels et miniers qui voient se dresser contre eux des mouvements locaux n’attendant rien d’un monde mû par des logiques qui les dépassent.

2 Conflits pour la terre, conflits pour l’eau d’irrigation, menaces sur les forêts et sur les populations tribales, conflits sociaux débouchant en partie sur l’insurrection armée maoïste dans l’Inde centrale, défi climatique, politique environnementale, sécurité alimentaire, Organisation mondiale du commerce : la géopolitique indienne de l’agriculture se déploie largement en interne, mais elle compte aussi une dimension internationale non négligeable. Dans le cadre régional, l’accès à l’eau est source de controverses entre l’Inde et ses voisins, et les migrations illégales du Bangladesh vers les terres de l’Assam voisin sont un thème récurrent, tant dans la politique locale que dans le discours nationaliste. À l’échelle globale, la question agricole se déploie tout autant. Les achats massifs de terre à l’étranger comptent moins ici que la place de l’agriculture dans la politique indienne d’aide et de coopération, et surtout que les positions indiennes dans les grandes négociations internationales.

3 Si l’enjeu agricole et la sécurité alimentaire sont au premier plan des intérêts indiens capables de bloquer les négociations du cycle de Doha de l’OMC, la posture indienne sur les négociations climatiques (qu’on n’abordera guère ici) mériterait également l’attention car elle illustre un dilemme majeur dont le pays n’a pas le monopole. La tension entre politique industrielle et monde paysan ne porte pas seulement sur l’accès à la terre : elle relève aussi de la problématique du développement durable. De même, les débats sur les OGM, sur la défense des petits paysans face aux multinationales de la biotechnologie et aux tentations de l’agrobusiness sont indissociables des politiques d’attraction des investissements étrangers que le nouveau gouvernement de Narendra Modi, arrivé au pouvoir en mai 2014, entend encourager.

L’état des lieux. Réforme agraire et révolution verte : des transformations inégales et inachevées

4 L’Inde indépendante a mené, sous la direction du Premier ministre Jawaharlal Nehru (1947-1964), une réforme agraire qui, pour faire bref, a visé essentiellement les plus grands propriétaires, vieux féodaux ou intermédiaires enrichis depuis quelques générations par la collecte des impôts au bénéfice de l’Empire britannique. Cette réforme a pris un tour différent selon les régions, où les poids respectifs du système zamindari (domination des grands propriétaires) et du système ryotwari (société paysanne) dans le régime colonial pouvaient grandement varier. Cette réforme agraire a créé une société rurale d’un type particulier, fondé pour l’essentiel sur un triptyque dominé par une classe de notables puissants mais dont les propriétés sont relativement limitées (quelques dizaines d’hectares, voire quelques hectares), sous lesquels une classe de petits paysans, agriculteurs microfundiaires ou métayers, vivent chichement, tandis qu’un prolétariat d’ouvriers et d’ouvrières agricoles dépend du bon vouloir des possédants qui les emploient et dont ils sont souvent des créanciers à vie.

5 Par la suite, certains États de l’Union indienne ont mis en œuvre une politique de réforme plus poussée : c’est le cas du Bengale occidental où le Parti communiste indien-marxiste (PCI-M) arrive au pouvoir par les urnes en 1977 et s’y maintient plus de trente ans. L’opération Barga, qu’il lance en 1978, a permis de légaliser et de pérenniser par transmission héréditaire plus d’un million de métayers, jusque-là sous simple accord oral révocable par le propriétaire, et de leur offrir une part plus conséquente des récoltes. Mais certains militants ont voulu aller plus loin, cette réforme laissant de côté les ouvriers agricoles. Le PCI-M était né d’une scission du Parti communiste indien prosoviétique. Une scission promaoïste se fait jour dès 1969, alors que la Chine de Mao Zedong est engagée dans la Révolution culturelle. C’est à partir d’un conflit agraire dans un village du nord du Bengale, Naxalbari, que naîtra le mouvement révolutionnaire naxalite. Écrasé au Bengale (entre autres par les communistes parlementaires), il renaîtra de ses cendres pour s’enraciner durablement dans l’Inde centrale et devenir l’un des grands problèmes sécuritaires du pays.

6 Lancée après la disparition de Nehru en 1964 et la crise alimentaire de 1965- 1966, la « révolution verte » a réussi à faire disparaître les dernières disettes sans pleinement permettre de relever pour autant le défi de la malnutrition. Fortement encouragée par la Fondation Ford, la révolution verte indienne répondait de façon claire au quatrième point du discours inaugural du président Truman qui, en 1949, entendait lancer « un nouveau programme audacieux » pour que les avancées scientifiques bénéficient aux « zones sous-développées », une stratégie définie par Nelson Rockefeller comme « élargissant les frontières de l’intérêt national » américain [Rockefeller, 1951]. Promouvoir la révolution verte servait aussi à écarter la révolution rouge : une stratégie d’aide et de coopération inscrite dans la logique de la guerre froide [Perkins, 1998]...

7 Fondée sur l’expansion des variétés de semences à haut rendement, de l’irrigation et des engrais, elle ne s’est appliquée que dans les régions propices, vallées ou poches irrigables au bénéfice premier de la riziculture et du blé, et sans toucher les zones d’agriculture pluviale. Le moteur en fut les paysans disposant d’assez de capital pour investir et bénéficier des aides de l’État : ceux qu’on a parfois appelés les koulaks, en souvenir de la Russie présoviétique, et qui appartenaient le plus souvent aux castes dominantes des campagnes (pas nécessairement les plus hautes dans la hiérarchie traditionnelle, mais de bon statut et surtout maîtres d’une grande part des terres et des hommes) : Jats de l’Inde du Nord, Patels du Gujarat, Reddiars de l’Andhra Pradesh et du Tamil Nadu ; Gowdas et Lingayats du Karnataka, ou les bien nommés Bhumihars (bhumi = la terre) du Bihar...

8 Le dernier rapport OCDE/FAO sur l’agriculture indienne [OCDE/FAO, 2014] en brosse un tableau contrasté. Côté positif, il souligne une croissance moyenne annuelle de l’ordre de 3 % au fil des quarante dernières années, et une productivité en hausse notable sur le long terme, la production agricole ayant quadruplé en un demi-siècle (les céréales alimentaires passant de 50 Mt en 1950 à 263 Mt en 2013), la population ayant plus que triplé dans le même temps pour atteindre 1,2 milliard d’habitants en 2011. L’Inde est le premier producteur mondial de lait et de légumineuses, le deuxième pour le riz, le blé, les légumes, les fruits, la canne à sucre. Première pour le jute, seconde pour le coton, deuxième aussi pour la pêche et l’aquaculture.

9 Mais les problèmes demeurent, voire s’intensifient. La part de l’agriculture dans le PIB baisse rapidement (de près de 30 % en 2000 à 14 % en 2012), alors que l’agriculture compte toujours environ 50 % des emplois, dans une population rurale à 68 %. Un pays de microfundiaires ne peut garantir assez d’emplois agricoles dans des campagnes qui restent, dans l’ensemble, densément peuplées. Le soutien public aux petits paysans est donc nécessaire, dans des cadres régionaux très divers [Lutringer, 2013]. Les famines ont disparu, mais la sécurité alimentaire demeure une préoccupation majeure [Landy, 2014]. Même si les indicateurs vont dans le bon sens, l’Inde reste un pôle mondial de pauvreté rurale et d’enfants en état de sous-nutrition.

10 Cette dualité entre les données macroéconomiques de production et la fragilité d’une bonne part de la population paysanne est un élément fondamental pour comprendre les grands paramètres de la géopolitique de l’agriculture indienne. Tous les mouvements de défense des petits paysans ou des ‘sans-terre’ n’ont pas une dimension géopolitique. Le plus célèbre d’entre eux, Ekta Parishad ou Forum de l’unité, créé en 1991, a mobilisé plusieurs fois des dizaines de milliers de participants sans terre dans des « marches pour la justice » d’inspiration gandhienne et en appelle à une nouvelle réforme agraire. Il a su trouver de multiples relais internationaux dont Via Campesina ou, en France, l’ONG Peuples solidaires et la Confédération paysanne. En revanche, ancrés dans une région précise, de multiples mouvements relèvent bien d’une « lutte de pouvoirs sur un territoire ». Plus qu’un long catalogue d’actions significatives, une typologie de luttes emblématiques peut éclairer les problématiques qui touchent à des questions clés ne portant pas sur la seule agriculture stricto sensu, mais aussi sur les questions d’eau, de forêts et d’environnement, vécues à la base, sur le terrain.

11 Avant d’évoquer les luttes, il convient d’abord de souligner l’ampleur d’une manifestation de la crise de l’agriculture qui, précisément, n’a pas pris la forme de mouvements protestataires organisés : les suicides de paysans endettés. La gravité du phénomène est aujourd’hui reconnue, bien après les enquêtes pionnières d’un journaliste spécialiste des questions rurales indiennes, couronné par de nombreux prix pour ses reportages dans l’Inde des profondes détresses paysannes. Pris dans les rets de l’endettement, souvent après avoir tenté de jouer la carte de la modernisation de l’agriculture en passant des cultures vivrières aux cultures commerciales tel le coton irrigué par puits finissant par épuiser les nappes phréatiques déficientes, le recours au suicide du petit paysan surendetté est une pratique appelant aussi une interprétation culturelle et anthropologique. L’ampleur du phénomène, quatre fois plus meurtrier que trente ans d’insurrection au Cachemire, n’en reste pas moins saisissante : selon les statistiques officielles, 272500 paysans se sont suicidés en Inde entre 1995 et 2010, 62 % se concentrant dans cinq États contigus : Maharashtra, Madhya Pradesh, Chattisgarh, Andhra Pradesh, Karnataka [Sainath, 2012]. La prise en compte des données du recensement de 2011 confirme deux points [Sainath, 2013] : le recours au suicide se poursuit, alors même que le nombre d’exploitants agricoles a baissé de 7,7 millions en dix ans, et le pourcentage de suicide chez les paysans (16,3 pour 100000 en 2011) a légèrement augmenté depuis 2001, et dépasse de loin celui des autres catégories de population (11,1 pour 100000).

De la défense des petits à la mise en question des modèles de développement

12 À l’inverse de ces détresses individuelles qui font tache d’huile mais sans se rejoindre pour combattre, l’Inde a connu de multiples luttes paysannes après l’indépendance. Le mouvement Chipko prend corps ainsi dans les années 1970 pour s’opposer, dans les collines de l’Himalaya qui sont aujourd’hui dans l’État d’Uttarakhand, aux droits d’exploitation forestière concédés à des compagnies commerciales. Le mouvement est non-violent, et se fait connaître par une technique spécifique : les villageoises entourent de leur corps les arbres promis à la coupe. Le mouvement se propagera, et contribuera à sensibiliser une part de l’opinion sur les dangers de la déforestation, par des luttes qui sont d’abord sociales mais qui ont puissamment nourri la prise de conscience environnementale dans le pays.

13 Encore plus emblématique est le Mouvement pour la défense de la Narmada (Narmada Bachao Andolan) qui s’oppose pendant des années par des manifestations non-violentes et des grèves de la faim à l’expulsion des riverains, souvent tribaux, du fleuve Narmada où se construisent de multiples barrages, pour l’essentiel au Madhya Pradesh, les principaux bénéficiaires étant les paysans du Gujarat recevant de l’eau d’irrigation en aval de cet aménagement de très grande ampleur [Racine, 2001]. Plus que tout autre, ce mouvement, qui in fine a échoué, a mis en lumière le problème de la réhabilitation des populations déplacées au nom des grands programmes de développement. Mené par des leaders ou porte-parole extérieurs au monde paysan devenus des personnalités emblématiques (Medha Patkar au premier rang) acquérant une aura internationale et capables de convaincre la Banque mondiale d’arrêter de financer le projet, le mouvement pour la Narmada a puissamment contribué, avec des réseaux dans le monde intellectuel et médiatique, à poser la question de la validité des modes de développement qui perturbent ou détruisent les communautés rurales traditionnelles, sans aucun bénéfice pour les déplacés. La question des barrages est toujours d’actualité comme l’illustre parmi d’autres, le cas de Gosikhurd, dans l’Inde centrale, où quatre-vingt-treize villages doivent disparaître, afin que l’irrigation – et, dans la rhétorique développementaliste, la révolution verte – puisse s’étendre dans des terres sèches et « arriérées » [Cabalion, 2011].

« Avatar » en Orissa : tribus contre multinationale minière

14 Le cas le plus significatif de la lutte entre communautés locales et multinationales est celui de la tribu des Dongria Khonds, dans les montagnes de l’Orissa (aujourd’hui Odisha), dans les districts très reculés de Rayagada et de Kalahandi, tristement célèbres jadis pour les disettes et famines dues aux sécheresses. L’enjeu est la montagne de Niyamgiri, où vivent quelque 8000 Dongria Khonds, cultivant millets, pois, haricots, fruits, bambous, herbes médicinales. Riche en bauxite, le sommet de Niyamgiri, culminant à 1500 mètres, devait être arasé par une mine à ciel ouvert, au bénéfice d’un consortium établi en 2003 par la filiale indienne de la multinationale britannique Vedanta Resources Plc (capitalisation à la Bourse de Londres : plus de 4 milliards de dollars) en partenariat avec l’Orissa Mining Corporation, une entreprise publique du gouvernement d’Orissa. En 2007, Vedanta établissait au pied de la montagne une usine d’aluminium d’une capacité d’un million de tonnes par an, le coût de la mine étant évalué en sus à 1,7 milliard de dollars.

15 David contre Goliath : les Dongria Khonds s’opposèrent au projet, en invoquant à la fois l’attachement à leur mode de vie agroforestier et leurs croyances religieuses vénérant la nature, en particulier Niyamgiri, séjour de leur divinité tutélaire Niyam Raja ayant donné son nom à la montagne. Les travaux de longue durée de l’anthropologue Felix Padel ont décrypté la vision du monde des Khonds et leur rapport à la nature, donnant à la défense de leur territoire une aura quasi philosophique [Padel, 2009 ; Padel & Das, 2010]. Vite relayé par des organisations internationales, le combat des Dongria Khonds prit un tour inattendu avec l’énorme succès mondial du film hollywoodien de James Cameron Avatar, sorti en 2009. La science-fiction avait imaginé une exoplanète où les Terriens du XXIIe siècle venaient contrôler par clonage les Na’vi, population établie sur le site d’un rare minerai (joliment baptisé unobtainium) susceptible de résoudre la crise énergétique affligeant la Terre. Très vite, les Dongria Khonds défendant leur milieu ancestral furent rebaptisés par les médias les « vrais Avatars », et des vedettes médiatiques anglo-saxonnes soutinrent leur lutte, telle Joanna Lumley, prêtant sa voix aux courts-métrages de Survival International, l’ONG de référence de défense des peuples autochtones, illustrant le combat des Khonds [1][1]Voir par exemple le court-métrage de Toby Nicholas : Mine.….

16 Sur un autre mode, les rapports annuels d’Amnesty International ont contribué à déconstruire les argumentaires développementalistes de Vedanta, en soulignant combien la multinationale faisait fi des règlements indiens et de ses propres engagements [Amnesty, 2012]. Le combat des Khonds fut gagné sur le terrain du droit, la Cour suprême indienne décidant en avril 2013 de consulter douze des villages khonds concernés par le projet, ce qui fut fait en janvier 2014 : tous se prononcèrent contre la mine. Le ministère de l’Environnement et des forêts du gouvernement central indien confirma son opposition déjà formulée au projet minier, Vedanta acceptant en avril 2014 de soumettre son hypothétique mine à ciel ouvert à l’approbation future (encore plus hypothétique) des tribus locales, qui cherchent désormais à faire clore l’usine du piémont, alimentée tant bien que mal par de la bauxite venue d’ailleurs, la compagnie cherchant de nouvelles autorisations auprès du gouvernement d’Orissa. Une défaite pour la compagnie minière, sortie en 2013 de l’indice FTSE-100 [2][2]Financial Times Stock Exchange, indice boursier… de la Bourse de Londres, et disposant depuis mars 2014 d’un nouveau directeur général, l’ancien dirigeant de Rio Tinto, le deuxième groupe minier mondial. Mais les militants de la cause autochtone restent très prudents, et craignent que la politique du nouveau gouvernement indien ayant pris ses fonctions le 26 mai 2014, et en particulier l’altération des lois foncières et environnementales en projet, ne ravive les ambitions de Vedanta [Amnesty, 2014].

Paysans contre industriels au Bengale

17 Moins médiatisées à l’étranger, mais riches de sens en Inde, furent les luttes opposant les petits paysans du Bengale occidental aux grandes entreprises industrielles recevant du gouvernement de l’État des terres cultivées pour y implanter de nouvelles usines. Le cas le plus commenté fut celui de Singur, un village aux terres irriguées à une quarantaine de kilomètres de Calcutta. En 2006, le gouvernement communiste du Bengale, soucieux de favoriser la création d’emplois industriels, y acquiert quelque 400 hectares en invoquant une vieille loi des temps coloniaux, le Land Acquisition Act de 1894. Ces terres sont destinées à Tata Motors, la branche véhicules du plus prestigieux des grands groupes industriels indiens, pour y construire la petite Nano, « la voiture la moins chère du monde ». Les problèmes posés par l’inadéquation des compensations offertes aux paysans furent instrumentalisés par l’opposition du Trinamool Congress, allié un temps à la droite nationaliste du BJP [3][3]BJP : Bharatiya Janata Party (Parti du peuple de Bharat, le…, tandis que le Parti communiste indien marxiste au pouvoir se vit débordé sur sa gauche par l’opposition maoïste, mais aussi par nombre d’ONG et d’intellectuels très connus, avec qui le gouvernement refusa le débat. Dans une analyse lumineuse de la toile de fond socioéconomique et du jeu des acteurs politiques, Sumanta Banerjee rappelle que tous les métayers n’ont pas choisi de profiter de l’opération Barga, qui avait assis pour longtemps la prégnance du Parti communiste dans les campagnes. Certains des plus fragiles avaient préféré garder des liens personnels mais non formalisés avec les propriétaires fonciers accumulant leurs créances : ceux-là ne purent bénéficier des compensations proposées, qui du reste furent jugées décevantes par les bénéficiaires légaux, les ouvriers agricoles étant aussi en dehors du jeu, les perspectives d’emploi dans la future usine étant en outre limitées pour des ouvriers non qualifiés.

18 Plus généralement, la crise de Singur a parfaitement illustré les tensions entre agriculture et industrie. Buddhadeb Bhattacharya, le chef du gouvernement, avait fait campagne sur le slogan « l’agriculture est notre base, l’industrie notre avenir ». Les bénéfices tirés de la réforme agraire antérieure n’ont pas percolé jusqu’à tous et la production agricole touchait alors un plateau au Bengale, tandis que le manque d’infrastructures rendait inacceptables pour Tata Motors d’autres sites éventuels sur des terrains en friche, mais lointains et mal connectés. Sumanta Banerjee, qui connaît l’histoire des luttes populaires et des politiques de croissance, replace ainsi Singur dans un contexte beaucoup plus large, défini par « le problème fondamental de réconcilier les intérêts paysans avec la demande de croissance industrielle. La priorité donnée à celle-ci a façonné aussi bien les politiques des États capitalistes de l’Europe du XIXe siècle que celle de leurs successeurs socialistes en URSS et en Chine, tandis que l’inconfortable relation entre agriculture et industrie continue d’être un défi pour les États gouvernés par la gauche au Venezuela, en Bolivie, au Brésil et ailleurs en Amérique latine » [Banerjee, 2006]. Finalement, las de ce conflit, Tata Motors décida en 2008 d’arrêter la construction de son usine de Singur, et la transféra au Gujarat, à l’invitation de Narendra Modi, qui dirigeait alors cet État en jouant à fond la carte de l’industrialisation et des infrastructures. Convaincre Tata Motors de quitter un État communiste pour un bastion du BJP contribua à façonner l’image d’efficacité de Modi, qui n’avait pas encore acquis la stature de leader national, mais savait s’entourer de grands capitaines d’industrie, lors du très médiatisé sommet annuel des investisseurs, baptisé « Vibrant Gujarat ».

19 Alors même que le conflit de Singur se développait, un autre projet, proche de la zone portuaire de Haldia, au sud de Calcutta, suscita une même opposition entre paysans et puissance publique réquisitionnant des terres, pour créer en 2007, à Nandigram, une « zone industrielle spéciale » dévolue à l’industrie chimique, au bénéfice entre autres du groupe indonésien Salim. Une étrange coalition politique se dressa alors contre le projet au nom des intérêts des paysans du cru. Le parti du Congrès, très affaibli au Bengale, le Trinamool Congress (qui en avait fait scission en 1998), les islamistes de la Jamiat e Ulema e Hind (le district environnant compte une notable minorité musulmane) et les communistes du SUCI (Socialist Unity of India Centre, jadis allié du Front uni mené par le PCI-M dans les années 1960) créèrent un « Comité contre les évictions foncières » regroupant divers mouvements locaux déjà engagés sur ce type de conflit. Des violences répétées entre les opposants et les militants du PCI-M firent monter la tension, jusqu’à ce que la police tue, le 14 mars 2007, quatorze manifestants. Le gouvernement Bhattacharya renonça alors à ce projet. Aux élections à l’Assemblée du Bengale occidental de 2011 le PCI-M essuya sa première défaite depuis 1977, après avoir été victorieux sept fois de suite. L’inévitable usure du pouvoir et l’effritement de la base rurale du parti scellèrent son sort, au profit du Trinamool Congress de Mamata Banerjee qui avait été à la pointe du combat défendant les paysans contre les grands projets industriels accaparant les terres.

20 Les luttes foncières du Bengale eurent un écho particulier, mais furent loin d’être exceptionnelles, comme l’illustre le cas du projet d’aciérie de Posco, la major sud-coréenne, sur la côte de l’Orissa. Plus de 1600 hectares doivent être achetés dans une « zone économique spéciale », un tiers de la surface ayant été transféré par l’État. Ce projet majeur, prévoyant 12 milliards de dollars d’investissement pour produire 6 millions de tonnes d’acier par an et employer 18000 salariés directs, a été approuvé en 2006. Face aux oppositions de toutes sortes, Posco a obtenu fin 2013, pour la quatrième fois, un délai pour mener à bien ses achats fonciers [Sen, 2013]. À travers toute l’Inde, les zones économiques spéciales ont suscité des tensions, voire des conflits ouverts. L’Inde en voie de libéralisation s’est inspirée du modèle chinois de zones industrielles dévolues à l’exportation, sous conditions favorables pour les investisseurs, mais en en multipliant le nombre dans un contexte politique évidemment très différent. Une étude récente, conduite dans onze États indiens, illustre la diversité des cas de figure, des modes de mobilisation et d’intensité des protestations, mais souligne aussi la problématique commune à ces luttes : « Une stratégie d’industrialisation pionnière dans la Chine autoritaire a suscité une énorme résistance politique dans l’Inde démocratique. (...) Le point crucial de contestation étant l’aliénation de terres privées ou communautaires au bénéfice des intérêts d’affaires soutenus par l’État » [Kennedy et al., 2014].

De la lutte pour la terre à l’insurrection révolutionnaire : les naxalites

21 La question des naxalites a nourri une très abondante littérature qui ne s’épuise pas [Chakravarti, 2009 ; Cabalion, 2011 ; Jaffrelot, 2011], car elle illustre, non sans ambiguïtés, la persistance historique de luttes révolutionnaires ancrées dans le modèle maoïste d’avant la prise du pouvoir, jouant, contre le modèle européen des révolutions ouvrières, la carte de la paysannerie. Le mot vient du village du Nord Bengale, Naxalbari, où se cristallise pendant près de deux mois, en 1967, un mouvement tribal et paysan contre l’accaparement des terres, vite théorisé par des intellectuels communistes prônant la violence de classe contre les propriétaires terriens. Le mouvement échouera dans cette première phase, mais donnera naissance trois ans plus tard à une scission au sein du PCI-M, pour créer un mouvement non plus parlementaire mais révolutionnaire : le Parti communiste indien marxiste-léniniste (PCI-ML). Surtout, sur le terrain, l’insurrection se déplacera vers l’Inde centrale et fera tache d’huile depuis le Bihar jusqu’à l’Andhra Pradesh, dans ce qu’on appellera bientôt le « corridor rouge » dont l’un des bastions se fixera dans les collines tribales du Chhattisgarh où les naxalites finiront par « tenir » une partie significative de districts sur la soixantaine où ils ont une présence notable, en dépit d’un déploiement considérable de forces paramilitaires et policières, et de la création par le gouvernement du Chhattisgarh d’une milice tribale antinaxalite, baptisée Salwa Judum, qui finira par être interdite par la Cour suprême indienne en 2011. Entre 2003 et 2012, l’insurrection a coûté la vie à plus de 8000 personnes [Routray & D’Souza, 2013], certaines attaques contre les forces de l’ordre (en 2010) ou des forces politiques parlementaires (en 2013) ayant marqué les esprits : l’ancien Premier ministre Manmohan Singh avait du reste qualifié l’insurrection naxalite de « plus grande menace intérieure », plus grave en effet que le terrorisme, avait surenchéri son ministre de l’Intérieur en 2011. Le ministre du Développement rural, Jairam Ramesh, avait pour sa part une vision plus équilibrée du problème, en en analysant les causes profondes :

22 Ce ne sont pas les naxalites qui ont créé les conditions de terrain propices à l’acceptation de leur idéologie – c’est l’échec singulier des gouvernements successifs, dans les États comme [à New Delhi], à protéger la dignité et les droits constitutionnels des pauvres et des défavorisés qui a établi un champ fertile porteur de violence et a donné aux naxalites l’espace leur permettant de mobiliser le langage de la justice sociale, qui masque en réalité la construction de leurs bases de guérilla » [Ramesh, 2011], la population tribale étant souvent prise en étau entre la violence des insurgés et celle des forces de répression.

23 Milieux de collines forestières mal connectées, populations tribales attachées à leur mode de vie, intrusions extérieures et déplacements des populations pour accéder aux richesses minières de la zone, habileté des insurgés à établir leurs bastions dans les districts au contact de trois États, relevant donc de trois gouvernements différents : une géographie physique et sociale définit clairement les milieux les plus touchés, seuls les districts affectés au Bihar relevant d’une logique distincte, marquée par l’exploitation des ouvriers agricoles dalits [4][4]Dalit : mot marathi signifiant « écrasé », opprimé. Le terme… et d’une véritable guerre de classes/guerre de castes menées par la Ranbir Sena, milices privées des propriétaires fonciers pourchassant les insurgés et leurs sympathisants.

24 Entre districts campagnards et districts forestiers, entre dalits et tribaux, l’intensification de l’insurrection maoïste dans le « corridor rouge » dans les années 2000 répond certes à une concentration du mouvement, marqué en 2004 par la fusion du Centre communiste maoïste et du PCI-ML People War en un Parti communiste indien maoïste, mais aussi à la libéralisation accrue d’une économie en quête de ressources minières nouvelles, procédant par déplacement de populations a priori en position de faiblesse. Une recherche récente conduite sur cette dynamique résume ainsi ses conclusions :

25 La décentralisation du pouvoir politique en direction des élites locales a encouragé les politiques favorisant leurs gains personnels au détriment de la cohésion sociale, des droits fonciers et des politiques de développement. Cela a également porté les compagnies opérant en zones de conflit à utiliser les failles des structures démocratiques et fédérales indiennes à leur profit entrepreneurial. Le choix politique favorisant les intérêts miniers a renforcé le soutien apporté aux maoïstes en termes d’adhésion idéologique, de financement et de recrutement, et a donc contribué à accroître l’intensité de la violence. Les griefs ont été suscités par les inégalités verticales engendrées par les politiques minières, tandis que les maoïstes ont capitalisé sur les inégalités horizontales exacerbées par les activités minières, au détriment des communautés dalits et tribales [Miklian, 2014].

Guerres de l’eau et crises environnementales

26 Dans un tout autre contexte, mais toujours lié à la compétition sur les ressources, les conflits hydrauliques entre États indiens ont toujours été nombreux, puisque l’enjeu vital de l’irrigation des meilleures terres dépend directement des barrages établis sur des fleuves, et indirectement de l’état des nappes phréatiques dans les zones d’irrigation privée par puits tubés.

27 La loi de 1956 sur le règlement des conflits hydrauliques entre États est supposée aider à gérer ou à régler les contentieux qui opposent les États d’aval à ceux d’amont. Un cas classique en Inde du Nord est celui du Pendjab. L’État, qui fut dès le départ un des hauts lieux de la révolution verte, doit sa prospérité à l’agriculture irriguée. Tout canal détournant une part des eaux du Pendjab vers les États voisins suscite ainsi opposition et controverses, qu’il s’agisse du canal Indira Gandhi qui irrigue le Rajasthan ou celui reliant la Sutlej à la Yamuna, dérivant des eaux de l’Himachal Pradesh vers l’Haryana via le Pendjab. L’insurrection séparatiste qui ensanglanta le Pendjab dans les années 1980 (et qui coûta la vie à Indira Gandhi) eut de multiples causes, au rang desquelles les questions agraires n’étaient pas négligeables, tant sur un plan sociologique (les paysans sikhs enrichis avaient du mal à investir leurs surplus financiers dans les activités non agricoles, car le commerce était largement dans les mains de la minorité hindoue, et la politique d’industrialisation était délibérément limitée à proximité de la frontière pakistanaise) que sur le plan de la maîtrise de l’eau : les décisions de l’État central sur les canaux évoqués furent jugées par nombre de Pendjabis comme illégaux, car imposés sous état d’urgence par le pouvoir central d’Indira Gandhi en violation de la Constitution qui fait des questions agricoles comme des questions hydrauliques des dossiers relevant du portefeuille des États [Anonyme, n.d.].

28 Inévitablement, ces conflits hydrauliques suscitent des mobilisations paysannes vite soutenues par des partis politiques, qui poussent les États à intervenir au nom des intérêts supérieurs de la population. Un des exemples les plus politiquement significatifs à cet égard est celui des eaux de la Kaveri, le principal fleuve de l’Inde du Sud, qui prend sa source au Karnataka pour se jeter dans le golfe du Bengale dans l’État du Tamil Nadu. Le delta de la Kaveri, un des berceaux de la civilisation tamoule, est aussi le grenier à riz du Tamil Nadu : pour 1,7 million de cultivateurs des districts sur lequel s’étend le delta, l’accès à l’eau est crucial, puisqu’en dépendent les trois récoltes annuelles de riz qu’ils réussissent normalement à pratiquer. Depuis des décennies, les gouvernements du Tamil Nadu accusent ceux du Karnataka de ne pas respecter les accords de gestion du barrage de Mettur, construit par les Britanniques, et qui se situe à la limite des deux États, l’État d’amont invoquant pour sa part ses propres besoins en eau.

29 La vie politique au Tamil Nadu est depuis les années 1970 centrée autour des deux partis dravidiens frères ennemis, le Dravida Munnetra Kazhagam (DMK) de M. Karunanidhi, et l’Anna Dravida Munnetra Kazhagam (ADMK) de Jayalalitha. C’est le premier qui, en 1990, obtint du gouvernement central l’établissement d’un tribunal destiné à dire le droit sur le partage des eaux de la Kaveri. Passons sur les péripéties qui émaillèrent le dossier pendant vingt-deux ans, jusqu’à la décision finale de 2013, qui ordonna au Karnataka de laisser près de la moitié des eaux de la Kaveri irriguer le Tamil Nadu à compter de juin chaque année, quels que soient les besoins spécifiques du Karnataka en amont du barrage. Ce fut une victoire politique pour Jayalalitha, qui avait réussi à convaincre la Cour suprême de relancer le tribunal, le gouvernement central congressiste de Manmohan Singh ayant traîné les pieds sur le dossier, par crainte de contrecoups politiques négatifs au Karnataka, où le parti du Congrès gouverne en alternance avec le BJP, alors qu’il est écarté du pouvoir au Tamil Nadu depuis les années 1960. La ministre en chef ADMK du Tamil Nadu dut cependant revenir vers la Cour suprême pour convaincre le même gouvernement central congressiste de notifier la décision du tribunal, prise en 2007, ce qu’il rechignait toujours à faire, pour conserver du crédit au Karnataka. Ce n’est que six ans plus tard qu’il y consentit [Kumar, 2013].

30 Stratégies politiques internes aux États, gestion des tensions entre États, et arrière-pensées partisanes à New Delhi : la géopolitique de l’agriculture irriguée est un jeu complexe, qui se déploie aussi entre l’Inde et ses voisins. Le barrage de Farakka, à seize kilomètres de la frontière du Bangladesh, détourne ainsi l’eau du Gange pour alimenter l’Hooghly, qui arrose Calcutta et son avant-port Haldia. Terminé en 1975, le barrage a suscité vingt ans de tensions entre l’Inde et son voisin qu’elle avait pourtant aidé à devenir indépendant. Dacca se tourna vers les Nations unies en 1976 pour contraindre l’Inde à reprendre des négociations sur le partage des eaux, vital pour un Bangladesh essentiellement rizicole. Ce n’est qu’en 1996 qu’un accord pour trente ans fut signé. Après l’assassinat de Sheikh Mujibur Rahman, quelques mois après l’érection du barrage, les relations bilatérales entre Inde et Bangladesh se tendirent : la question du partage des eaux y contribua, tout comme celle des migrants bangladais quittant leurs villages surpeuplés pour s’établir illégalement dans l’Assam indien, où le parti du Congrès en régularisa un grand nombre pour s’assurer une clientèle électorale. Cette immigration clandestine de villageois bangladais fut le moteur de l’insurrection de l’Assam dans les années 1980, le mouvement séparatiste du Front uni pour la libération de l’Assam (ULFA) survivant bien au-delà de la normalisation politique de l’État par intégration au jeu politique du parti régionaliste Asom Gana Parishad, en pointe de la mobilisation contre New Delhi [Racine, 2006]. La poussée du nationalisme hindou en Inde a ultérieurement stigmatisé ces migrants ruraux comme étant le fer de lance d’une islamisation délibérée du nord-est de l’Inde.

31 Les théories du complot fleurissent plus encore au Pakistan, où la question du Cachemire a pris un tour nouveau avec la politique indienne de construction de barrages sur le haut Indus. Les missions officielles se poursuivent sur les dossiers les plus controversés, dont celui du barrage indien sur un affluent, la Kishanganga (Neelum au Pakistan), en bordure de la Ligne de contrôle (la dernière visite d’experts pakistanais a eu lieu en septembre 2014). En cas de désaccords persistants, ces questions peuvent être soumises au jugement d’experts internationaux, en raison du traité de l’Indus signé en 1960 grâce aux bons offices de la Banque mondiale, le seul cas où l’Inde accepte une médiation internationale dans ses contentieux avec son voisin. Mais face à la crise environnementale qui frappe le Pakistan et au poids décisif des eaux de l’Indus dans un pays dont une bonne part est semi-aride, la baisse des eaux de l’Indus nourrit un discours accusant l’Inde de « voler l’eau » [5][5]Au Pakistan même, le projet de grand barrage de Kalabagh sur…. La rhétorique sur une possible « guerre de l’eau » fleurit dès lors côté pakistanais, en particulier dans les organes de la Jamaat e Islami, accusant l’Inde de vouloir délibérément désertifier le pays [Ul Haq, 2010, p. 8], tandis que, côté indien, on argumente pour déconstruire cette rhétorique [Bisht, 2011].

32 Les enjeux hydrauliques jouent aussi dans les relations indo-népalaises, le barrage sur la Kosi, proche de la frontière indienne, étant accusé d’occasionner des inondations dans les plaines fertiles du Bihar. C’est toutefois avec la Chine qu’un nouveau front se dessine. Commencé en 2010, l’équipement hydroélectrique du Yarlung Tsangpo (le nom tibétain du Brahmapoutre) a vu son premier barrage achevé en novembre 2014. À en croire Pékin, ce projet, qui comptera cinq barrages au total, ne vise pas à détourner l’eau du Tibet vers les grandes plaines agricoles de l’Est, mais l’Inde et le Bangladesh, pays d’aval, sont toutefois inquiets, d’autant qu’aucun traité bilatéral de partage des eaux n’existe entre l’Inde et la Chine : seul un protocole d’accord a été signé en 2013 [Ray, 2014]. Les propos rassurants tenus par Pékin (entre autres pendant la visite du président Xi Jinping en Inde en septembre 2014) laissent sceptiques certains observateurs indiens qui jugent leur gouvernement trop timoré, et doutent de la véracité des données fournies par la Chine [Bhashkar, 2014]. Ils rappellent que, dans un contexte de stress hydrique croissant dans toute l’Asie, l’usage des eaux de fleuves transnationaux est d’autant plus sensible que nombre de cas portent sur les territoires contestés (Cachemire pour Inde et Pakistan, Arunachal Pradesh non reconnu comme indien par la Chine) ou sensibles (Tibet). Il importe donc de définir au plus tôt des accords internationaux sur le partage des eaux, avant que l’hydropolitique ne génère des conflits ouverts [Chellaney, 2013]. Le Bangladesh partage évidemment ces interrogations indiennes, mais questionne aussi New Delhi sur la relance éventuelle d’un vieux projet pharaonique de canaux connectant les fleuves indiens du Nord avec ceux du Sud. En juillet 2014, le Parlement bangladais s’est ému de l’annonce d’un financement de nouvelles études sur ce projet, alors même que les deux pays négocient un difficile accord sur les eaux de la Teesta, car New Delhi doit à la fois tenir compte des demandes du Bangladesh et des desiderata du Bengale occidental – l’État indien voisin gouverné par un parti d’opposition.

Agriculture, sécurité alimentaire et négociations internationales

33 La géopolitique de l’agriculture indienne se déploie enfin sur la scène mondiale, bien au-delà des relations de voisinage. La géographie de ses tractations commerciales s’inscrit dans un large cadre, mais leur ampleur est somme toute limitée. Les produits agricoles et alimentaires ne comptent que pour 3,4 % des importations indiennes en 2012-2013 (des oléagineux pour plus des trois quarts) et pour 13 % des exportations, avec une balance commerciale très favorable (13 milliards de dollars d’importations contre 41 milliards d’exportations) à l’inverse d’une balance commerciale globale très déficitaire, en raison des importations énergétiques massives [6][6]Pour le détail, voir les tableaux 7-2 A-B et 7-3 A-B, Economic…. Au total, la part de l’Inde dans le commerce agricole mondial est donc très limitée, ce qui la protège assez largement des soubresauts des cours des marchés.

34 Son savoir-faire agricole est par ailleurs un élément de sa politique d’influence, appuyée sur deux volets. Le premier développe une politique de coopération technique, qui peut être précieuse pour des pays tropicaux rizicoles, Afrique francophone incluse. Au-delà de cultures spécifiques (riz au Sénégal, sucre au Togo), une question centrale intéresse les décideurs africains, comme en témoigne une réunion bilatérale organisée à Dakar et consacrant une session entière à l’agriculture : comment l’Inde, avec neuf fois moins de terres arables que l’Afrique, est-elle capable de nourrir sa population ? La révolution verte, la révolution blanche qui rend l’Inde autosuffisante en lait, les perspectives de recherche-développement, les structures institutionnelles traitant de la sécurité alimentaire sont autant d’objets de dialogue [ICWA, 2013]. Le second volet repose sur une politique d’aide alimentaire, qu’on a pu voir à l’œuvre en Afghanistan par exemple, en sus de programmes de coopération technique agricole. Dans le cadre du triangle IBSA (Inde, Brésil, Afrique du Sud) les trois démocraties mènent aussi des politiques d’aide et de partenariats agricoles en pays tiers. Toutes ces formes de coopération Sud-Sud (qui ne sont pas uniquement agricoles) cherchent à renforcer l’audience de l’Inde, qui compte entre autres sur les nombreux pays africains lors des votes à l’Assemblée générale des Nations unies, avec comme objectif l’élargissement du cercle des membres permanents du Conseil de sécurité.

35 Dans un tout autre ordre d’idées, l’Inde compte aussi des compagnies qui investissent dans le foncier agricole outre-mer, particulièrement après la crise des prix alimentaires qui a frappé l’Afrique en 2008, tout en opérant aussi en Amérique latine et en Asie du Sud-Est. C’est assez pour susciter les inévitables polémiques, les ONG dénonçant des « accaparements » voire de « l’agrocolonialisme », particulièrement en Éthiopie, où Karuturi Global Ltd contrôle désormais plus de 100000 hectares, le gouvernement indien assurant qu’en règle générale les contrats respectent les lois des pays cédant des terres, et que les leçons tirées d’autres expériences critiquées (dont celles de la Chine en Zambie) sont prises en compte [Rowden, 2011 ; Dikshit, 2013].

36 Plus fondamentalement, depuis les années 1990, l’Inde est à l’avant-garde du combat mené sur les questions agricoles dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entre les pays du Sud d’une part, l’Union européenne et les États-Unis d’autre part. Dénonçant les subventions massives pilotées par la politique agricole commune en faveur des agriculteurs européens, et les subventions comparables obtenues par les « farmers » américains opérant une agriculture quasi industrialisée, l’Inde a perturbé de longue date les négociations de l’OMC sur la libéralisation des services, en la soumettant à une avancée préalable sur les dossiers agricoles, au nom de la défense des petits paysans du Sud victimes des subventions agricoles des pays avancés faussant le jeu du marché [Bhalla et al., 2002].

37 Cette question structurelle a pris un tour plus aigu quand l’OMC a jugé excessif le montant des subventions indiennes finançant le programme massif de sécurité alimentaire mis en place de longue date dans le pays [Dorin et Landy, 2003 ; Landy, 2006] et renforcé par le vote de la « loi sur la sécurité alimentaire nationale » en septembre 2013 au nom du « droit à l’alimentation », qui consolide un ensemble de programmes existants : repas gratuits en écoles publiques, nutrition maternelle et infantile, système public de collecte et de distribution (Public Distribution System PDS) de quantités rationnées de grains alimentaires essentiels à prix subventionnés, etc. Les débats étaient ouverts en Inde sur cette initiative du gouvernement congressiste, et portaient principalement sur la lourdeur et les coulages du PDS. N’importe. Arrivé au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) s’est dressé avec vigueur contre la position de l’OMC [7][7]Les normes de l’OMC limitent les subventions de nature…. En décembre 2013, le gouvernement congressiste de Manmohan Singh avait engagé l’Inde au sommet de Bali de l’OMC sur l’Accord sur la facilitation des échanges, supposé générer un trillion de dollars dans le circuit commercial mondial : le plus large accord commercial multilatéral jamais négocié. En juillet 2014, le gouvernement Modi refuse de ratifier cet accord, tant qu’une décision définitive n’est pas prise pour conforter le programme de sécurité alimentaire indien, rejetant les conditions proposées à Bali sur ce dossier : pas de plaintes lancées contre l’Inde, et recherche d’une solution définitive en 2017.

38 Le blocage indien alarme le nouveau directeur de l’OMC, le Brésilien Roberto Azevêdo, qui craint l’échec final des négociations du cycle de Doha lancé en 2001, ainsi que l’administration américaine, très critique de New Delhi. Un accord est finalement trouvé le 27 novembre, que formule une décision qui ne mentionne pas l’Inde, mais qui lui est consacrée : les États membres (comprendre les États-Unis) ne saisiront pas le mécanisme de règlement des différends par lequel se règlent les conflits à l’OMC, et la question des stocks indiens reste ouverte au-delà de 2017, dans l’attente d’une solution négociée [OMC, 2014]. Le lendemain, l’Accord sur la facilitation des échanges est approuvé par les 160 membres de l’OMC. Il n’est pas anodin de noter qu’entre-temps Narendra Modi, reçu à la Maison-Blanche en septembre 2014 (après avoir rempli Madison Square Garden pour un discours triomphal à la diaspora), avait redynamisé les relations indo-américaines, et cosigné avec Barack Obama un article en portant témoignage dans le Washington Post [Modi et Obama, 2014].

39 Si la ministre indienne du Commerce eut le succès modeste, l’épisode témoigne des capacités de l’Inde à contribuer à redéfinir les normes du multilatéralisme, soit dans le cadre des BRICS, comme l’illustre la création décidée en juillet 2014 d’une nouvelle Banque de développement et d’un fonds de réserve d’urgence de 100 milliards de dollars, soit dans les grands cycles de négociations internationales, dont le prochain sera, à Paris en décembre 2015, celui sur les négociations climatiques dites COP21. Après la déclaration sino-américaine du 12 novembre 2014, par laquelle les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre définissent leurs engagements chiffrés sur ce dossier, il n’est pas sûr que New Delhi, qui entend mettre en avant le principe d’« équité climatique », remporte une victoire comparable à celle de l’OMC. Mais la question reste essentielle pour l’Inde en raison, entre autres, des fragilités du monde rural, entre sécheresses et inondations catastrophiques, durabilité des ressources en eau, amenuisement des glaciers himalayens. À cela s’ajoute un dossier directement géopolitique, la question des réfugiés climatiques qui pourraient accentuer les migrations du Bangladesh, pays particulièrement menacé, vers l’Inde.

40 L’Inde n’agit pas seulement par les canaux gouvernementaux sur ce type de dossiers mondiaux. La lutte d’ONG indiennes contre les pratiques monopolistiques des multinationales des semences au détriment des petits paysans et des savoirs traditionnels a pris un tour emblématique avec l’altermondialiste écologiste Vandana Shiva et son organisation Navdanya (« les neuf graines »), dont les écrits ou les entretiens sont régulièrement traduits dans les cercles écologistes et chez les militants défendant la biodiversité et la paysannerie familiale [Astruc, 2014] [8][8]Le combat indien pour les médicaments génériques oppose de même…. Ce combat est indissociable de celui mené contre les OGM, avec la même cible : Monsanto, et sa filiale indienne Mahyco qui diffuse le coton OGM en Inde. En 2013, l’État du Maharashtra, le principal producteur de coton en Inde, a interdit ce coton OGM, une victoire pour Navdanya, alors que l’interdiction des aubergines génétiquement modifiées, un légume des plus quotidiens, a été renouvelée par les pouvoirs publics.

Le gouvernement Modi : quelle politique agricole ?

41 À l’heure où le BJP est revenu au pouvoir depuis quelques mois, l’incertitude plane encore sur ce que sera sa politique agricole. Le Premier ministre entend industrialiser l’Inde et attirer les investissements étrangers. Le ministre de l’Environnement a donc pour mission immédiate de revoir les réglementations gouvernant l’examen des dossiers industriels et miniers pour « accélérer les décisions », en prônant un nécessaire « changement d’esprit » dans son ministère, afin que la croissance soit accélérée « sans déséquilibre environnemental et dans le respect des communautés locales » [Mohan, 2014]. C’est la quadrature du cercle... La loi sur les achats fonciers, votée en 2013, devrait être très amendée : l’étude d’impact social des projets industriels ou d’infrastructure ne serait plus systématique, et les clauses imposant l’accord de 80 % des occupants dans le cas d’un projet privé, et 70 % dans le cas d’un partenariat public-privé, devraient être révisées.

42 Dans un discours au Conseil indien de la recherche agronomique (ICAR), Narendra Modi a appelé à « ovationner les agriculteurs », tout en demandant aux scientifiques d’intensifier les rendements, et aux universités agricoles d’identifier de jeunes agriculteurs instruits, en quête d’innovation, afin de contourner le blocage des paysans traditionnels « ne voulant pas prendre de risques » [ICAR, 2014]. Soucieux d’adapter l’agriculture à la diversité des zones agroécologiques, prend-il autant les inégalités sociales en compte ? La Chambre basse du Parlement indien compte, parmi les 314 nouveaux élus de 2014, 25 % d’agriculteurs : ce ne sont pas les plus démunis du monde rural. Du moins le nouveau gouvernement a-t-il pris soin d’annoncer le maintien du programme phare anti-pauvreté rurale, la loi de 2005 sur l’emploi rural garanti (en fait, 100 jours de travail manuel collectif pour un membre de chaque famille), 130 millions de familles étant inscrites en 2013.

43 En affirmant concilier environnement et développement, savoirs ruraux traditionnels et nouvelles technologies, le Premier ministre s’affiche comme l’homme du progrès et de la synthèse. Il lui faudra pourtant aller au-delà des mots. Il a à juste titre dénoncé l’amoindrissement continu des investissements publics dans l’agriculture, sans que le budget rectificatif présenté en juillet 2014 ne saute vraiment le pas à cet égard. La révolution verte, depuis presque cinquante ans, a assurément haussé de façon spectaculaire la production agricole, mais en intensifiant les inégalités régionales dans le pays. Devenue exportatrice de riz, l’Inde échappe toutefois au sort des petits pays agricoles tombés dans les rets des traders spéculant sur les matières premières agricoles, et du Chicago Board of Trade dont la Chine elle-même, grande importatrice, essaie de se libérer en passant des contrats directs avec de gros producteurs.

44 Faute d’une puissante industrie agroalimentaire (hormis l’exemplaire révolution blanche du lait portée par un mouvement coopératif), l’Inde n’offre que trop peu d’emplois tirant parti de ses richesses agricoles. Un gouvernement ouvert au monde des affaires devra toutefois mesurer les risques d’un développement de l’agrobusiness. Il lui faudra naviguer sur une voie étroite entre intérêts des producteurs nationaux, prix aux consommateurs, systèmes de protection sociale, environnement, voire agroécologie, et attraction des investissements étrangers. L’échec, sous le gouvernement précédent, des négociations sur l’ouverture des chaînes d’hypermarchés (Carrefour, Walmart) tenait moins à l’obligation d’acheter une part des produits alimentaires aux producteurs locaux qu’à la crainte de détruire des millions d’emplois dans le commerce traditionnel.

45 D’autres dilemmes se poseront à l’Inde de Narendra Modi dans la sphère de l’agriculture, de l’eau, de l’alimentation, du foncier et de l’environnement. Pour une part, se joueront là les chances de renouvellement du mandat du nouveau Premier ministre, qui a vite fait comprendre, en mai 2014, qu’il entendait bien être au pouvoir pour (au moins) dix ans. Bien au-delà de cet enjeu politique, c’est l’avenir de l’Inde qui est en jeu, entre rêve de puissance chère au Premier ministre, et « gloire incertaine » analysée par Jean Drèze et Amartya Sen dans leur dernier tableau du pays [Drèze et Sen, 2013]...

Notes

  • [1]
    Voir par exemple le court-métrage de Toby Nicholas : Mine. Story of a Sacred Mountain, Survival International, 2009 (où la vie tribale est passablement idéalisée pour la bonne cause). www.survivalinternational.org/films/mine. Je remercie Raphael Rousseleau pour avoir attiré mon attention sur les travaux de Felix Padel, sur ceux du programme SOGIP à l’EHESS, et sur le site www.minesandcommunities.org.
  • [2]
    Financial Times Stock Exchange, indice boursier des 100 entreprises britanniques les mieux capitalisées cotées à la Bourse de Londres.
  • [3]
    BJP : Bharatiya Janata Party (Parti du peuple de Bharat, le vieux nom sanscrit de l’Inde), bras politique du mouvement nationaliste hindou. Le parti a gouverné l’Inde de 1998 à 2004 à la tête d’une coalition. Il est revenu au pouvoir en disposant de sa propre majorité le 26 mai 2014, Narendra Modi devenant Premier ministre. Une coalition menée par le parti du Congrès a gouverné le pays de 2004 à 2014, Manmohan Singh étant Premier ministre.
  • [4]
    Dalit : mot marathi signifiant « écrasé », opprimé. Le terme désigne désormais les basses castes jadis qualifiées d’intouchables, appelées « castes répertoriées » par l’administration indienne. Les dalits comptent pour 16,6 % de la population indienne, les tribaux, dits aussi « adivasis » ou « tribus répertoriées », comptent pour 8,6 %, soit au total un quart de la population.
  • [5]
    Au Pakistan même, le projet de grand barrage de Kalabagh sur l’Indus attise les tensions entre les provinces d’aval, le Sindh et le Baloutchistan, et le grenier agricole et cœur du pouvoir pakistanais : le Pendjab. Rappelons qu’au Pakistan l’irrigation est impérative pour nombre de cultures vivrières comme pour la culture commerciale clé qu’est le coton.
  • [6]
    Pour le détail, voir les tableaux 7-2 A-B et 7-3 A-B, Economic Survey 2013-2014, Statistical Appendix, New Delhi, Ministry of Finance, 2014, p. 71-78.
  • [7]
    Les normes de l’OMC limitent les subventions de nature alimentaires à 10 % de la valeur nationale de la production alimentaire du pays concerné. L’Inde juge périmées les références statistiques de l’OMC, et demande de modifier la date de référence de calcul des subventions, de tenir compte de l’inflation et des fluctuations monétaires.
  • [8]
    Le combat indien pour les médicaments génériques oppose de même le pays aux grandes multinationales du médicament : sont en lice ici les entreprises et leurs avocats respectifs, mais aussi les politiques, dans un contexte où l’on retrouve les émergents (Inde, Brésil, Afrique du Sud en particulier) contre les leaders européens et américains du marché.

https://doi.org/10.3917/her.156.0029

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Christophe Jaffrelot - Directeur de recherche au Ceri-Sciences Po/CNRS

C’est la date symbolique du 19 novembre 2021, anniversaire de la naissance du fondateur du sikhisme, Guru Nanak, qu’a choisi Narendra Modi pour faire une annonce historique : celle de l’abandon de trois lois de la réforme agricole qu’il défendait depuis près d’un an. Ces lois, censées réformer un secteur clé de l’économie indienne qui compte pour 15 % du PIB national, avaient réussi l’exploit de mobiliser contre elles, massivement et durablement, les agriculteurs indiens. Les récentes annonces du Premier ministre doivent-elles donc être perçues comme un tournant dans l’ère de gouvernance Modi ? Pour l’Institut Montaigne, Christophe Jaffrelot est revenu sur l’opposition rencontrée par ces trois lois, et sur l’implication politique de l’abandon acté par Narendra Modi.

Le 19 novembre 2021, le Premier ministre indien Narendra Modi annonçait l’abrogation de trois lois de la réforme agricole face à une opposition déterminée. Quels étaient les éléments phares de cette réforme agricole qui avait été votée en septembre 2020 ? 

Ce qu’on appelle, en Inde, les ’farmers laws’ portaient sur trois points principaux, traités chacun à travers un texte législatif spécifique. Il s’agissait premièrement de supprimer l’obligation de constituer des stocks de produits agricoles, sauf en cas de ’circonstances exceptionnelles’, deuxièmement de permettre aux paysans de vendre leurs produits dans des lieux (y compris virtuels grâce au e-commerce) autres que les marchés régulés par l’État et troisièmement d’introduire des formes de ’contract farming permettant aux fermiers de recevoir des avances (notamment au moment des semailles) de la part de firmes agro-alimentaires s’engageant ensuite à leur acheter leur production. Ces mesures de libéralisation du secteur agricole étaient présentées par le gouvernement comme destinées à promouvoir l’investissement privé dans un secteur souffrant d’une faible productivité (faute, notamment, de travaux d’irrigation et d’effort de mécanisation).

Les organisations paysannes se sont montrées d’emblée hostiles à ce nouveau cadre législatif. Elles ont tout d’abord demandé à ce que l’application de prix planchers y soit inscrite.

Les organisations paysannes se sont montrées d’emblée hostiles à ce nouveau cadre législatif. Elles ont tout d’abord demandé à ce que l’application de prix planchers y soit inscrite.

Les fameux ’Minimum Support Prices’ qu’applique l’État indien depuis des décennies leur semblaient, en effet, la meilleure façon d’échapper à la domination des firmes qu’ils pensaient en passe de dominer le marché des produits agricoles. Le gouvernement leur a opposé une fin de non-recevoir. L’inquiétude s’est d’autant plus répandue ensuite que les milieux agricoles ont découvert que figuraient Reliance (l’entreprise de Mukesh Ambani, l’homme le plus riche de l’Inde) et le groupe Adani (de Gautam Adani, le deuxième homme le plus riche de l’Inde) parmi les conglomérats indiens intéressés à trouver des relais de croissance dans l’agriculture.

Les paysans craignaient qu’entrer dans une relation contractuelle avec ces firmes les placeraient dans une situation de dépendance qui allait dégrader encore leur condition socio-économique déjà très précaire. D’où leur mobilisation, surtout dans les États proches, voire limitrophes, de Delhi que sont le Punjab, l’Haryana et l’Uttar Pradesh. Pendant un an, des milliers de paysans ont manifesté et se sont relayés sur les piquets de grève autour de la capitale indienne. Plusieurs centaines d’entre eux sont morts de maladies (en contractant le Covid-19 ou du fait des conditions atmosphériques) ou de formes très variées de répression. 

Cette annonce du Premier ministre marque un tournant après près d’un an de manifestations massives à travers le pays. Comment expliquez-vous cette volte-face décisionnelle historique de la part du régime en place ? 

La persistance d’un mouvement paysan aussi massif, qui allait célébrer son premier anniversaire sans montrer de réels signes d’essoufflement, faisait courir un risque politique majeur au gouvernement de Narendra Modi. Au début de l’année 2022, des élections régionales auront en effet lieu au Punjab et en Uttar Pradesh. Il s’agit de scrutins très importants pour le BJP, le parti au pouvoir à New Delhi qui gouverne aussi l’Uttar Pradesh. Ce dernier est le plus grand État de l’Inde. Ses élus représentent un pourcentage important du collège électoral appelé à désigner les parlementaires siégeant à la chambre haute du pays, dont le rôle est presque aussi grand que celui de la chambre basse. Le BJP s’efforce depuis des années d’y être majoritaire, mais n’est pour l’instant que le premier parti dans cette assemblée.

Au-delà de cet enjeu, le BJP, qui n’a pas réussi à conquérir le moindre État nouveau depuis les élections régionales de 2017, ne peut pas se permettre de perdre l’Uttar Pradesh sans donner l’impression que sa popularité décline, une idée déjà alimentée par les ratés de la politique sanitaire lors de la deuxième vague de la pandémie de Covid-19 et de la crise économique associée, qui se traduit par des taux de chômage record. Dans ce contexte, le retrait des ’farmers laws’ vise à limiter les pertes en sièges dans les zones rurales.  

La persistance d’un mouvement paysan aussi massif [...] faisait courir un risque politique majeur au gouvernement de Narendra Modi.

Depuis sa prise de pouvoir en 2014, Narendra Modi n’avait jamais du faire face à une opposition d’une telle ampleur, à la fois par sa taille et par sa durée. Les partis d’opposition, à l’instar du Parti du congrès, s’en sont d’ailleurs saisis. L’annonce de l’abrogation s’est faite quant à elle juste avant l’anniversaire du vote de la réforme, à l’occasion duquel d’importantes manifestations étaient anticipées. Quelles sont les implications politiques de cette abrogation inédite pour le régime de Modi en Inde ?

Les partis d’opposition sont plutôt restés en retrait au cours de cette année de mobilisation paysanne qui a surtout vu renaître de ses cendres un syndicalisme agricole qui n’arrivait plus à fédérer ses troupes et à faire entendre sa voix depuis les années 1980. Pour les partis d’opposition, trois questions se posent aujourd’hui : le mouvement qui vient de remporter une victoire en effet historique a-t-il donné naissance à un ’vote paysan’ susceptible de s’exprimer contre le BJP au profit de formations comme le Congrès au Punjab (où ce parti est encore au pouvoir, mais divisé) ou le Parti Socialiste en Uttar Pradesh ? Les élections de 2022 apporteront un important élément de réponse à cette question. Dans un second temps, et au-delà de la question paysanne, il s’agira de voir pour l’opposition, si elle est en mesure de remettre à l’honneur un programme politique reposant sur des enjeux socio-économiques. Le BJP a imposé au cours des sept dernières années un répertoire identitaire exploitant les clivages religieux et capitalisant sur le nationalisme hindou. Si les électeurs ré-évaluent leurs priorités et s’intéressent davantage à des questions comme les inégalités - qui se sont beaucoup accrues depuis 7 ans -, la fin du deuxième mandat de Narendra Modi risque d’être d’une teneur différente et le mouvement des fermiers apparaîtra alors, rétrospectivement, comme un tournant.

Pourtant, Narendra Modi ne manque pas de ressources. Il va sans doute utiliser la session parlementaire qui s’ouvre pour reprendre la main en proposant une autre réforme de l’agriculture en concertation avec les mouvements paysans. Ce que cet épisode révèle d’ailleurs, c’est la capacité de Modi à faire de la politique et à faire marche arrière quand il le faut. Ceci dit, il a campé sur ses positions pendant très longtemps dans cette affaire, et renouer le dialogue avec les fermiers risque d’être difficile... 

Institut Montaigne : Accueil

Forum de l’Industrie • 26 novembre 2021

Copyright : Xavier Galiana / AFP - Source : https://www.institutmontaigne.org/blog/inde-les-lois-agricoles-sement-le-trouble

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  • Inde : une première victoire pour les agriculteurs en colère, ’mais pas totale’ – Par Anne-Sophie Pieri - 19 novembre 2021 - Mise à jour 24.12.2021 à 15:44 – Document ‘information.tv5monde.com’ - Photo

    Une femme dans un champ, le 19 novembre 2021. (AP Photo/Ajit Solanki)

Après un an de manifestations, les agriculteurs ont-ils gagné le combat contre la réforme agricole ? Le gouvernement recule et va abroger trois lois controversées « lors de la session parlementaire qui débute à la fin du mois », annonce le Premier ministre indien, Narendra Modi.

Il n’a sans doute pas choisi le moment au hasard : Narendra Modi a fait une déclaration, ce vendredi 19 novembre, jour du Guru Purab, date anniversaire de la naissance du fondateur du sikhisme, une religion minoritaire dans le pays, mais majoritaire parmi les agriculteurs protestataires. Le Premier ministre les a appelés « à rentrer chez eux, à retrouver leurs proches, leurs fermes et leur famille, en ce jour propice ». 

Addressing the nation. https://t.co/daWYidw609 - Narendra Modi (@narendramodi) November 19, 2021

Kavitha Kuruganti, activiste et membre de l’Alliance pour une agriculture durable et holistique (ASHA), a participé au mouvement de contestation. « C’est une première victoire importante » estime-t-elle, « mais pas encore totale  ». 

Dans son discours, le Premier ministre indien a fait un mea culpa : «  je veux dire du profond de mon cœur qu’il y a peut-être eu un manquement dans nos efforts sincères, qui a fait que nous n’avons pas pu expliquer à certains agriculteurs la vérité qui était aussi évidente qu’une lumière dans la nuit  ».

Il y a peut-être eu un manquement dans nos efforts sincères, qui a fait que nous n’avons pas pu expliquer à certains agriculteurs la vérité.

Narendra Modi, Premier ministre indien

Des excuses qui arrivent quelques mois avant des élections régionales clés notamment au Pendjab, qui regroupe les plus grandes exploitations agricoles du pays, ou dans l’Uttar Pradesh, devenue au fil des mois l’épicentre des manifestations et État le plus peuplé, avec près de 225 millions d’habitants. Dans ces deux États, le parti de Narendra Modi ne serait pas bien placé, selon de récents sondages.

Le poids du secteur agricole en Inde est considérable : il assure la subsistance de près de 50% de ses 1,3 milliard d’habitants, et contribue à environ 15% du PIB. «  Il est courant, avant des élections, qu’un geste soit fait vers les agriculteurs » rappelle Bruno Dorin, chercheur économiste auCIRAD, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Cela passe par des programmes «  de remises de dettes  ». « On sait que cette décision est liée aux élections, mais ce n’est pas seulement cela » tempère Kavitha Kuruganti. « C’est aussi un geste d’apaisement envers les agriculteurs ». 

Il est courant, avant des élections, qu’un geste soit fait vers les agriculteurs. 

Bruno Dorin, chercheur économiste au CIRAD

Les raisons de la colère 

Retour en septembre 2020. Le gouvernement de Narendra Modi adopte trois lois qui encouragent une libéralisation du commerce agricole. Ces mesures sont «  la poursuite naturelle de l’agriculture industrielle menée par l’Inde depuis la révolution verte lancée dans les années 1960 pour assurer l’autosuffisance alimentaire du pays » explique Bruno Dorin.

Durant cette période, la production céréalière augmente fortement. Une conséquence de la modernisation des techniques et de l’hyperspécialisation dans quelques productions. En Inde, c’est le cas du riz, du blé et de la canne à sucre, pour lesquelles les agriculteurs sont subventionnés. « C’est grosso modo ce qu’il s’est aussi passé en France et en Europe », note le chercheur.

Un homme s&#039 ;occupe de sa récolte à côté d&#039 ;Ahmedabad, en Inde, le 19 novembre 2021. (AP Photo/Ajit Solanki)

Photo - Un homme s’occupe de sa récolte à côté d’Ahmedabad, en Inde, le 19 novembre 2021. (AP Photo/Ajit Solanki)

Les exploitants sont ainsi poussés à investir dans ces productions avec des ’paquets technologiques’, pour lesquelles ils s’endettent pour acheter semences, engrais, pesticides, irrigation, machines... Néanmoins, comme partout, la monoculture a un prix : quand elle ne prend pas, l’agriculteur perd toute la récolte. Le fléau de ces dettes impossibles à rembourser entraîne le monde rural indien à connaître l’un des taux de suicide parmi les plus élevés au monde : en 2016, plus de 11 300 d’agriculteursse donnent la mort. Soit près d’un millier par mois.

Ces mesures sont ’la poursuite naturelle de l’agriculture industrielle menée par l’Inde depuis la révolution verte dans les années 1960, lancée pour assurer l’autosuffisance alimentaire du pays’

Bruno Dorin, chercheur économiste au CIRAD

Jusqu’aux lois de septembre 2020, les agriculteurs vendaient leurs productions à des « mandis  », marchés de gros contrôlés par l’Etat, avec un prix de soutien minimal (MSP) profitable pour le blé ou le riz, qui approvisionnent le système public de distribution alimentaire dans toute l’Inde. Ces prix sont un gage important pour les paysans indiens, en majorité très pauvres, endettés et ne possédant que de petites parcelles.

Ces lois entendaient dynamiser le négoce agricole en contournant ces marchés de gros, déréguler les achats et stocks et faciliter l’agriculture sous contrat entre producteurs et industrie agroalimentaire. Elles autorisaient donc les agriculteurs à sortir des marchés régulés et à vendre leurs produits directement aux acheteurs de leur choix. Tout cela avec le risque, pointé du doigt par des petits exploitants, de devoir brader à terme les marchandises pour augmenter le profit des quelques grandes entreprises.

Ces lois ont été contestées « parce qu’elles ont mis en danger la rente agricole  » raconte Bruno Dorin. « Dans ces bassins de la révolution verte (au Penjab, en Haryana, en Uttar Pradesh) certains ont pu gagner beaucoup d’argent grâce aux subventions et aux prix » , mais ce n’est pas le cas de tous. De nombreux exploitants n’ont, par exemple, pas eu accès à ces marchés régulés, ces « mandis  », très inégalement répartis sur le territoire. Ils ne bénéficiaient pas non plus du prix de soutien minimal « centré principalement sur le blé et le riz ».

Bruno Dorin regrette par ailleurs que ces agriculteurs « ne questionnent pas le modèle de production agricole, qui est un désastre écologique  ». Le prix de l’intensification et de l’hyperspécialisation de type industriel se paye aujourd’hui : nappes phréatiques épuisées, sols sans vie, eaux et air pollués. « C’est aussi un désastre nutritionnel », ajoute le chercheur, notamment parce que les pois et les lentilles, riches en protéines, ainsi que les légumes et les fruits, riches en fibres et micronutriments, sont devenus inaccessibles pour une vaste majorité de familles indiennes. 

À partir de novembre 2020, ils sont des dizaines de milliers à manifester dans plusieurs Etats. Des centaines, pour la plupart originaires de l’ouest de l’Uttar Pradesh, du Pendjab et de l’Haryana, vont jusqu’à camper sur les routes aux portes de New Dehli. Ce mouvement agricole devient alors l’un des plus grands défis auxquels le pays doit faire face depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014.

En janvier dernier, lors de du jour de la fête nationale, un rassemblement d’agriculteurs venus avec leurs tracteurs à New Delhi se transforme en heurts violents avec les forces de l’ordre. Un manifestant perd la vie, des centaines d’autres, ainsi que des policiers, sont blessés. 

En octobre, il y a un mois, dans l’État d’Uttar Pradesh, des affrontements entraînent la mort de huit personnes, dont quatre agriculteurs. Un drame qui provoque un tollé dans l’opinion publique de la région. 

Une crise agricole profonde

Si ces lois ont eu un effet déclencheur, les tensions liées au système agricole ne sont pas récentes. « L’Inde connaît une crise agraire structurelle depuis deux décennies  » déclare Bruno Dorin, et qui s’est aggravée « depuis trois ou quatre ans », selon Kavitha Kuruganti. L’activiste, comme de nombreux acteurs de la contestation, attend du gouvernement davantage que l’abrogation de ces trois lois. Elle milite notamment pour une garantie statutaire de rémunérations rentables pour tous les produits agricoles et pour tous les agriculteurs. « Nous exhortons Modi à satisfaire nos exigences, une concession partielle ne suffit pas ». 

Nobody should think that @narendramodi ji does not know that there are more pending issues. That farmers will not just up and leave. We hope that all pending things are resolved, and that we don’t lose more lives. @Kisanektamorcha - — Kavitha Kuruganti (@kkuruganti) November 19, 2021

A la frontière de Delhi, dans les campements d’agriculteurs, la méfiance reste de mise. « Les agriculteurs ne vont pas simplement se lever et partir » affirme Kavitha Kuruganti. Baljeet Singh, un manifestant, abonde dans ce sens : « c’est bien, mais ce n’est pas encore tout à fait complet. »

Le combat des agriculteurs ne semble donc pas encore gagné. Celui pour une agriculture écologique et durable non plus. Anne-Sophie Pieri - Mise à jour 24.12.2021 à 15:44

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Source : https://information.tv5monde.com/info/inde-une-premiere-victoire-pour-les-agriculteurs-en-colere-mais-pas-totale-433163

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  • Politique internationale - Le G7 critique la décision de l’Inde d’interdire les exportations de blé - Ouest-France- Avec AFP. Publié le 14/05/2022 à 15h23
    La décision de l’Inde d’interdire les exportations de blé après une vague de chaleur a fait réagir les ministres de l’Agriculture du G7, samedi 14 mai. Cela « ne fera qu’aggraver la crise » ​de l’approvisionnement en céréales, estiment-ils.

Photo - Des agriculteurs récoltent du blé dans un champ à la périphérie d’Amritsar, le 12 avril 2022. | NARINDER NANU/AFP

Les ministres de l’Agriculture du G7 ont critiqué samedi 14 mai la décision de l’Inde d’interdire les exportations de blé après une récente vague de chaleur, jugeant que cela ne fera qu’aggraver la crise ​de l’approvisionnement en céréales déjà sous tension avec la guerre en Ukraine.

Si tout le monde commence à imposer de telles restrictions à l’exportation ou même à fermer les marchés, cela ne fera qu’aggraver la crise et cela nuira aussi à l’Inde et à ses agriculteurs​, a déclaré le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Özdemir, à l’issue d’une réunion avec ses homologues à Stuttgart. Nous appelons l’Inde à prendre ses responsabilités en tant que membre du G20​, a-t-il ajouté en réaction à l’annonce de New Delhi.

« Nous appelons à maintenir les marchés ouverts »

« Nous nous sommes prononcés contre des restrictions d’exportation et appelons à maintenir les marchés ouverts », a rappelé Cem Özdemir.

Deuxième producteur de blé au monde, l’Inde a interdit samedi les exportations sauf autorisation spéciale du gouvernement, renforçant les craintes pour l’approvisionnement mondial en céréales.

Lancée le 24 février, l’offensive militaire russe perturbe gravement l’activité agricole dans les campagnes d’Ukraine, qui était avant l’invasion le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé.

En raison du blocus imposés aux ports du pays, une vingtaine de tonnes de céréales attend dans les silos d’être exportée et la récolte de cette année est menacée.

L’Inde veut assurer sa « sécurité alimentaire »

L’Inde a décidé cette interdiction pour assurer sa « sécurité alimentaire » après un déclin de la production en raison de la chaleur extrême et d’une hausse des cours, conséquence de la guerre en Ukraine, qui complique l’approvisionnement sur le marché mondial.

Les contrats d’exportation conclus avant le décret pourront être honorés, la mesure ne concernant que les exportations futures.

Celles-ci ne pourront se faire que sur autorisation spéciale de New Delhi, qui décidera au cas par cas d’approuver des demandes d’autres pays « pour garantir leur sécurité alimentaire ».

Les ministres de l’Agriculture réunis à Stuttgart ont « recommandé » d’évoquer le sujet lors de la réunion des chefs d’État et de gouvernement du G7 en juin, où l’Inde sera présente en tant qu’invitée.

L’invasion russe de l’Ukraine va aggraver les fragilités des pays très dépendants des exportations de céréales ou d’engrais russes et ukrainiens, notamment en Afrique, où l’insécurité alimentaire atteint déjà des sommets sous l’effet des conflits, des crises climatiques et des chocs économiques.

Le G7 critique la décision de l’Inde d’interdire les exportations de blé

Ouest-France : toute l’actualité en direct, l’info en continu -Agriculture Guerre en Ukraine Inde Actualité en continu

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Source : https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/le-g7-critique-la-decision-de-l-inde-d-interdire-les-exportations-de-ble-a84b44a2-d386-11ec-80ba-493b1bbfdada

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Inde - Des agriculteurs indiens réduisent leur empreinte carbone grâce aux arbres et à l’énergie solaire : une agriculture respectueuse du climat offre de nouvelles sources de revenus et elle est plus durable - Traduction du 18 mai 2922 par Jacques Hallard d’un article de Sibi Arasu en date du 18/05/2022, diffusé par ‘sciencenews.org’, sous le titre « Farmers in India cut their carbon footprint with trees and solar power « https://www.sciencenews.org/article/carbon-footprint-farming-india-solar-power-agroforestry

a photo of an Indian farmer in a field harvesting rice. There are solar panels behind him.

Photo - Un agriculteur du village de Dhundi, dans l’ouest de l’Inde, récolte du riz. Des panneaux solaires alimentent sa pompe à eau et lui apportent un revenu supplémentaire. Programme IWMI-TATA, Shashwat Cleantech et Dhundi Saur Urja Utpadak Sahkari Mandali (DSUUSM)

En 2007, la ferme d’arachides de P. Ramesh, 22 ans, perdait de l’argent. Comme c’était la norme dans la majeure partie de l’Inde (et ça l’est toujours), Ramesh utilisait un cocktail de pesticides et d’engrais sur ses 2,4 hectares dans le district d’Anantapur, dans le sud de l’Inde. Dans cette région désertique, qui reçoit moins de 600 millimètres de pluie la plupart des années, l’agriculture est un défi.

’J’ai perdu beaucoup d’argent en cultivant des arachides avec des méthodes chimiques’, explique Ramesh, dont le nom est composé de la première lettre du nom de son père suivie de son prénom, comme c’est souvent le cas dans le sud de l’Inde. Les produits chimiques étaient chers et ses rendements faibles.

Puis en 2017, il a laissé tomber les produits chimiques. ’Depuis que j’ai adopté des pratiques agricoles régénératrices comme l’agroforesterie et l’agriculture naturelle, mon rendement et mes revenus ont augmenté’, dit-il.

L’agroforesterie consiste à planter des plantes vivaces ligneuses (arbres, arbustes, palmiers, bambous, etc.) à côté des cultures agricoles (SN : 7/3/21 & 7/17/21, p. 30). Une méthode d’agriculture naturelle consiste à remplacer tous les engrais et pesticides chimiques par des matières organiques telles que la bouse de vache, l’urine de vache et le jaggery, un type de sucre foncé solide fabriqué à partir de la canne à sucre, afin de renforcer les niveaux de nutriments du sol. Ramesh a également étendu ses cultures, à l’origine des arachides et quelques tomates, en ajoutant des papayes, des millets, des gombos, des aubergines (appelées localement brinjal) et d’autres cultures.

a photo of a circle of Indian women in bright clothes holding palm sized balls of fertlizer

Photo -

Des agriculteurs d’Anantapur, en Inde, posent avec l’engrais naturel qu’ils utilisent sur leurs cultures. Appelé Ghanajeevamritam, il contient du jaggery, de la bouse de vache, de l’urine de vache et parfois de la farine de haricots secs. M. Shaikshavali

Avec l’aide du centre écologique à but non lucratif Accion Fraterna d’Anantapur, qui travaille avec des agriculteurs désireux de s’essayer à l’agriculture durable, Ramesh a suffisamment augmenté ses bénéfices pour acheter davantage de terres, portant sa parcelle à environ quatre hectares. Comme les milliers d’autres agriculteurs qui pratiquent l’agriculture régénératrice dans toute l’Inde, Ramesh a réussi à nourrir son sol épuisé, tandis que ses nouveaux arbres contribuent à empêcher le carbone d’entrer dans l’atmosphère, jouant ainsi un rôle modeste mais important dans la réduction de l’empreinte carbone de l’Inde. Des études récentes ont montré que le potentiel de séquestration du carbone de l’agroforesterie est jusqu’à 34 % plus élevé que celui des formes d’agriculture standard.

Dans l’ouest de l’Inde, à plus de 1 000 kilomètres d’Anantapur, dans le village de Dhundi, au Gujarat, Pravinbhai Parmar, 36 ans, utilise sa rizière pour atténuer le changement climatique. En installant des panneaux solaires, il n’utilise plus de diesel pour alimenter ses pompes à eau souterraine. Et il est incité à ne pomper que l’eau dont il a besoin car il peut vendre l’électricité qu’il n’utilise pas.

Si tous les agriculteurs comme Parmar passaient à l’énergie solaire, les émissions de carbone de l’Inde, qui s’élèvent à 2,88 milliards de tonnes métriques par an, pourraient diminuer de 45 à 62 millions de tonnes par an, selon un rapport publié en 2020 dans Carbon Management. Jusqu’à présent, le pays compte environ 250 000 pompes d’irrigation solaires sur un total estimé entre 20 et 25 millions de pompes souterraines.

Pour une nation qui doit subvenir aux besoins de ce qui sera bientôt la plus grande population du monde, il est difficile de cultiver des aliments tout en essayant de réduire les émissions de gaz à effet de serre déjà élevées dues aux pratiques agricoles. Aujourd’hui, l’agriculture et l’élevage représentent 14 % des émissions nationales brutes de gaz à effet de serre de l’Inde. Si l’on ajoute l’électricité utilisée par le secteur agricole, ce chiffre atteint 22 %.

Ramesh et Parmar font partie d’un groupe restreint mais croissant d’agriculteurs qui bénéficient de l’aide de programmes gouvernementaux et non gouvernementaux pour modifier leurs pratiques agricoles. Il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre les quelque 146 millions d’autres personnes qui cultivent 160 millions d’hectares de terres arables en Inde. Mais la réussite de ces agriculteurs prouve que l’un des secteurs les plus polluants de l’Inde peut changer.

Photo-

a photo of 8 men standing in a v shape in front of a field with crops and solar panels

Pravinbhai Parmar (au centre) pose avec d’autres agriculteurs qui font partie du programme d’irrigation solaire dans le village de Dhundi, Gujarat.Programme IWMI-TATA, Shashwat Cleantech et Dhundi Saur Urja Utpadak Sahkari Mandali

Nourrir les sols, soutenir les agriculteurs

Les agriculteurs indiens ressentent déjà profondément les effets du changement climatique : ils doivent faire face à des périodes de sécheresse, à des précipitations irrégulières et à des vagues de chaleur et des cyclones tropicaux de plus en plus fréquents. ’Lorsque nous parlons d’agriculture intelligente sur le plan climatique, nous parlons surtout de la manière dont elle a réduit les émissions’, explique Indu Murthy, responsable du secteur du climat, de l’environnement et de la durabilité au Center for Study of Science, Technology and Policy, un groupe de réflexion de Bengaluru. Mais un tel système devrait également aider les agriculteurs à ’faire face aux changements et aux phénomènes météorologiques inattendus’, ajoute-t-elle.

C’est, à bien des égards, la philosophie qui sous-tend toute une série de pratiques agricoles durables et régénératrices regroupées sous l’égide de l’agroécologie. L’agriculture naturelle et l’agroforesterie sont deux composantes de ce système qui trouvent de plus en plus d’adeptes dans les paysages variés de l’Inde, explique Y.V. Malla Reddy, directeur du centre écologique Accion Fraterna.

’Pour moi, le changement important est le changement d’attitude des gens envers les arbres et la végétation au cours des dernières décennies’, dit Reddy. ’Dans les années 70 et 80, les gens n’étaient pas vraiment conscients de la valeur des arbres, mais maintenant ils considèrent les arbres, en particulier les arbres fruitiers et utilitaires, comme étant également une source de revenus.’ Reddy plaide pour une agriculture durable en Inde depuis près de 50 ans. Certains types d’arbres, comme le pongamia, le subabul et l’avisa, ont des avantages économiques en plus de leurs fruits ; ils fournissent du fourrage pour le bétail et de la biomasse pour le combustible.

L’organisation de Reddy a aidé plus de 60 000 familles d’agriculteurs indiens à pratiquer l’agriculture naturelle et l’agroforesterie sur près de 165 000 hectares. Le calcul du potentiel de séquestration du carbone dans le sol de leur travail est en cours. Toutefois, un rapport du ministère indien de l’environnement, des forêts et du changement climatique pour 2020 indique que ces pratiques agricoles peuvent aider l’Inde à atteindre son objectif de 33 % de couverture forestière et arboricole afin de respecter ses engagements en matière de piégeage du carbone dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat d’ici 2030.

L’agriculture régénérative est un moyen relativement peu coûteux de réduire le dioxyde de carbone dans l’atmosphère, par rapport à d’autres solutions. L’agriculture régénérative coûte de 10 à 100 dollars par tonne de dioxyde de carbone éliminé de l’atmosphère, contre 100 à 1 000 dollars par tonne de dioxyde de carbone pour les technologies qui éliminent mécaniquement le carbone de l’air, selon une analyse de 2020 publiée dans Nature Sustainability. Selon M. Reddy, ce type d’agriculture est non seulement judicieux pour l’environnement, mais il y a de fortes chances que les revenus des agriculteurs augmentent également lorsqu’ils passeront à l’agriculture régénérative.

a photo of Indian women in a field harvesting crops

Photo - Les fermes du village de Kanumpalli, dans le district d’Antanapur, produisent de multiples cultures en utilisant des méthodes agricoles naturelles.M. Shaikshavali

a photo of women farmers walking in a line through a field of tall plants, they all have large bundles of harvest chiraita on balanced on their heads

Photo - Des agriculteurs des communautés tribales Baiga et Gondh du panchayat de Dholbajja, en Inde, récoltent la chiraita, ou Andrographis paniculata, une plante utilisée à des fins médicinales. Leur communauté autochtone a récemment adopté des méthodes d’agroforesterie et d’agriculture durable.Elsa Remijn photographe, fourni par Commonland

La culture du soleil

Mettre en place des pratiques d’agroécologie pour constater un effet sur la séquestration du carbone peut prendre des années, voire des décennies. Mais l’utilisation d’énergies renouvelables dans l’agriculture peut rapidement réduire les émissions. C’est pour cette raison que l’Institut international de gestion de l’eau (IWMI), organisme à but non lucratif, a lancé le programme L’énergie solaire comme culture rémunératrice dans le village de Dhundi en 2016.

’La plus grande menace que présente le changement climatique, spécifiquement pour les agriculteurs, est l’incertitude qu’il apporte’, explique Shilp Verma, chercheur de l’IWMI sur les politiques de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation, basé à Anand. ’Toute pratique agricole qui aidera les agriculteurs à faire face à l’incertitude améliorera la résilience au changement climatique.’ Les agriculteurs disposent de plus de fonds pour faire face aux conditions d’insécurité lorsqu’ils peuvent pomper les eaux souterraines d’une manière respectueuse du climat qui incite également à garder une certaine quantité d’eau dans le sol. ’Si vous pompez moins, vous pouvez alors vendre le surplus d’énergie au réseau’, explique-t-il. L’énergie solaire devient une source de revenus.

La culture du riz, en particulier le riz de plaine, qui est cultivé sur des terres inondées, nécessite beaucoup d’eau. En moyenne, il faut environ 1 432 litres d’eau pour produire un kilo de riz, selon l’Institut international de recherche sur le riz. L’organisation indique que le riz irrigué reçoit environ 34 à 43 % de la quantité totale d’eau d’irrigation dans le monde. L’Inde est le plus grand extracteur d’eau souterraine au monde, représentant 25 % de l’extraction mondiale. Lorsque les pompes diesel se chargent de l’extraction, du carbone est émis dans l’atmosphère. Parmar et ses collègues agriculteurs devaient autrefois acheter ce carburant pour faire fonctionner leurs pompes.

Forte utilisation des eaux souterraines

À partir des années 1960, l’extraction des eaux souterraines en Inde a commencé à augmenter fortement, à un rythme plus élevé que dans d’autres endroits. Ce phénomène est dû principalement à la révolution verte, une politique agricole à forte consommation d’eau visant à assurer la sécurité alimentaire du pays dans les années 1970 et 1980, et qui se poursuit encore aujourd’hui sous une certaine forme.

a graph showing how much groundwater has been used from 1940 - 2010 in India, the United Statews, Western Europe and ChinaC. Chang

SOURCE : T. SHAH/GLOBAL WATER PARTNERSHIP TECHNICAL COMMITTEE BACKGROUND PAPER. NO. 19. 2014

’Nous dépensions 25 000 roupies [environ 330 dollars] par an pour faire fonctionner nos pompes à eau à moteur diesel. Cela réduisait vraiment nos bénéfices ’, explique Parmar. Lorsque l’IWMI lui a demandé en 2015 de participer à un projet pilote d’irrigation à l’énergie solaire sans émissions de carbone, Parmar était tout ouïe.

Depuis lors, Parmar et six collègues agriculteurs de Dhundi ont vendu plus de 240 000 kilowattheures à l’État et gagné plus de 1,5 million de roupies (20 000 dollars). Le revenu annuel de Parmar a doublé, passant de 100 000-150 000 roupies en moyenne à 200 000-250 000 roupies.

Ce coup de pouce l’aide à éduquer ses enfants, dont l’un poursuit des études en agriculture - un signe encourageant dans un pays où l’agriculture n’est plus en vogue auprès de la jeune génération. Comme le dit Parmar, ’l’énergie solaire est opportune, moins polluante et nous procure également un revenu supplémentaire. Comment ne pas l’apprécier ?’

an aerial image of solar panels among crops

Photo - Cette image aérienne montre des panneaux solaires installés parmi les cultures pour alimenter des pompes à eau souterraine et offrir une nouvelle source de revenus aux agriculteurs du village de Dhundi, dans l’ouest de l’Inde.Programme IWMI-TATA, Shashwat Cleantech et Dhundi Saur Urja Utpadak Sahkari Mandali

Parmar a appris à entretenir et à réparer lui-même les panneaux et les pompes. Les villages voisins lui demandent maintenant de l’aide lorsqu’ils veulent installer des pompes à énergie solaire ou lorsqu’ils ont besoin de réparer des pompes. ’Je suis heureux que d’autres suivent notre exemple. Honnêtement, je me sens assez fier qu’ils m’appellent pour les aider avec leurs systèmes de pompes solaires.’

Le projet de l’IWMI à Dhundi a connu un tel succès que l’État du Gujarat a commencé à reproduire le dispositif en 2018 pour tous les agriculteurs intéressés dans le cadre d’une initiative appelée Suryashakti Kisan Yojana, qui se traduit par un projet d’énergie solaire pour les agriculteurs. Et le ministère indien des énergies nouvelles et renouvelables subventionne désormais et fournit des prêts à faible taux d’intérêt pour l’irrigation à l’énergie solaire chez les agriculteurs.

’La principale caractéristique de l’agriculture intelligente sur le plan climatique est que tout ce que nous faisons doit avoir une empreinte carbone moindre’, déclare Aditi Mukherji, collègue de Verma et auteur du rapport publié en février par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (SN : 26/03/22, p. 7). ’C’est le plus grand défi. Comment faire quelque chose avec une faible empreinte carbone, sans avoir un impact négatif sur les revenus et la productivité ?’ Mukherji est le chef de projet régional pour l’irrigation solaire pour la résilience agricole en Asie du Sud, un projet de l’IWMI qui examine diverses solutions d’irrigation solaire en Asie du Sud.

De retour à Anantapur, ’il y a aussi un changement visible dans la végétation de notre district’, dit Reddy. ’Auparavant, il n’y avait pas d’arbres à perte de vue dans de nombreuses parties du district. Maintenant, il n’y a pas d’endroit où il n’y a pas au moins 20 arbres dans votre champ de vision. C’est un petit changement, mais extrêmement significatif pour notre région sèche.’ Et Ramesh et d’autres agriculteurs bénéficient désormais d’un revenu stable et durable de l’agriculture.

A family holding crops grown with natural farming methods

Photo - Une famille du village de Muchurami dans le district d’Anantapur, en Inde, expose des légumes récoltés grâce à des méthodes agricoles naturelles. Les légumes comprennent des citrouilles, des pois, des épinards et des gourdes en bouteille.M. Shaikshavali

’Lorsque je cultivais des arachides, je les vendais sur les marchés locaux’, explique Ramesh. Désormais, il vend directement aux citadins par le biais de groupes WhatsApp. Et l’une des plus grandes épiceries en ligne de l’Inde, bigbasket.com, et d’autres ont commencé à s’approvisionner directement auprès de lui pour répondre à une demande croissante de fruits et légumes biologiques et ’propres’.

’Je suis maintenant convaincu que mes enfants peuvent eux aussi se lancer dans l’agriculture et bien gagner leur vie s’ils le souhaitent’, déclare Ramesh. ’Je n’avais pas le même sentiment avant de découvrir ces pratiques agricoles non chimiques.’

Une version de cet article est parue dans le numéro du 07 mai 2022 de ‘Science News’.

Citations

D.A. Bossio et al. The role of soil carbon in natural climate solutions. Nature Sustainability. Vol. 3, May 2020. doi.org/10.1038/s41893-020-0491-z

A. Rajan et al. Carbon footprint of India’s groundwater irrigation. Carbon Management, Vol. 11, May 2020. doi.org/10.1080/17583004.2020.1750265

T. Shah et al. Promoting solar power as a remunerative crop. Economic and Political Weekly. Vol. 52, November 11, 2017.

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Sibi Arasu is an independent journalist based in Bengaluru, India. He tweets @sibi123 – Auteur : Sibi Arasu est un journaliste indépendant basé à Bengaluru, en Inde. Il tweete @sibi123..

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Source : https://www.sciencenews.org/article/carbon-footprint-farming-india-solar-power-agroforestry

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  • Sécheresse : quels sont les pays menacés par la suspension des exportations de blé de l’Inde ? - Article rédigé par franceinfo avec AFP France Télévisions - Publié le 17/05/2022 17:16 Mis à jour le 17/05/2022 17:44
    L’Inde a annoncé le week-end dernier suspendre ses exportations de blé pour préserver son approvisionnement, à la suite d’une vague de chaleur extrême. Carte à l’appui, franceinfo dresse la liste des pays les plus concernés par cette décision.

Des ouvriers remplissent des sacs de blé à&nbsp ;Ghaziabad, près de New Delhi (Inde), le 17 mai 2022. (PRAKASH SINGH / AFP)

Photo - Des ouvriers remplissent des sacs de blé à Ghaziabad, près de New Delhi (Inde), le 17 mai 2022. (PRAKASH SINGH / AFP)

Le deuxième plus grand grenier du monde se referme. Touchée par une vague de chaleur extrême avec des pics à 50°C affectant les récoltes, l’Inde a annoncé, samedi, interdire les exportations de blé. Une restriction destinée à assurer la sécurité alimentaire nationale du pays de 1,4 milliard d’habitants. Alors que le marché international est déjà tendu du fait de la guerre en Ukraine, les exportations indiennes, qui ont représenté plus de 7 millions de tonnes en 2021, sont donc compromises. Le pays est pourtant le huitième exportateur mondial en volume, d’après le département américain de l’Agriculture.

Parmi les principaux pays touchés, on trouve le Bangladesh, pays frontalier de l’Inde, qui a reçu près de la moitié de ses exportations. Viennent ensuite les Emirats arabes unis et le Sri Lanka, d’après les données des échanges internationaux des Nations unies

Les importateurs du blé indien sont donc surtout asiatiques, voisins de l’Inde. Les pays africains n’importent que quelques dizaines de tonnes par an, à l’exception de Djibouti (10 914 tonnes en 2021), de l’Ethiopie (9 995) et de la Somalie (6 700). Les pays européens sont aussi de petits importateurs de blé indien, la France n’en ayant acheté que 500 tonnes l’an dernier.

Pour le Bangladesh, les 3,6 millions de tonnes de blé indien importés en 2021 sont en revanche stratégiques. Sur l’année 2020-2021, le pays en avait consommé 8,5 millions de tonnes, d’après le site spécialisé Agrochart. Pour ces pays fortement dépendants du blé indien, New Delhi déclare ’garder une fenêtre ouverte pour nos voisins. Nous avons aussi gardé une fenêtre ouverte pour un certain nombre de pays vulnérables si leur gouvernement le demande’, précise le ministre indien du Commerce. L’Inde précise par ailleurs que les contrats d’exportation conclus avant le décret allaient être honorés, la mesure ne concernant que les exportations futures. 

La guerre en Ukraine pèse déjà sur la production mondiale

Avant cela, l’Inde avait pourtant exprimé sa volonté de venir en aide aux marchés mondiaux en cas de problèmes d’approvisionnements causés par l’invasion russe de l’Ukraine, pays qui exportait 12% du blé à l’échelle mondiale. L’annonce de la suspension des exportations indiennes a été mal perçue à l’international. Réunis à Stuttgart, en Allemagne, les ministres de l’Agriculture du G7 ont aussitôt critiqué la décision, craignant de voir s’aggraver la crise des matières premières. ’Si tout le monde commence à imposer de telles restrictions à l’exportation ou même à fermer les marchés, cela ne fera qu’aggraver la crise et cela nuira aussi à l’Inde et à ses agriculteurs’, a déclaré le ministre allemand de l’Agriculture.

Reste que cette interdiction des exportations n’arrangera pas les prévisions mondiales de 2022, déjà peu optimistes avec la guerre en Ukraine - qui provoque la réduction d’un tiers des récoltes du pays - et la sécheresse dans plusieurs régions du monde. Selon un rapport du département américain de l’agriculture (article en anglais) publié début mai concernant l’année 2022-2023, ’la production mondiale de blé devrait baisser du fait de récoltes moins importantes en Ukraine, en Australie, au Maroc, en Argentine, dans l’Union européenne, en Chine’. A l’inverse, les prévisions de plus grandes récoltes au Canada, en Russie ou en Turquie ne suffiront sans doute pas à compenser cette baisse.

Source : https://www.francetvinfo.fr/monde/inde/carte-secheresse-quels-sont-les-pays-menaces-par-la-suspension-des-exportations-de-ble-de-l-inde_5143309.html

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Préambule sur l’agriculture en INDE

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Collecte et agencement des documents, traduction, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 23/05/2022

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Souveraineté alimentaire Crise alimentaire Inde Agriculture durable Photovoltaïque Andhra Pradesh.7.docx

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