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"La régénération après des feux de forêts est différente dans les milieux secs (massifs boréaux et garrigues méditerranéennes), de la reprise sur les terres déboisées des forêts tropicales après abandon de l’agriculture intensive", par Jacques Hallard

mardi 21 décembre 2021, par Hallard Jacques


ISIAS Forêts

La régénération après des feux de forêts est différente dans les milieux secs (massifs boréaux et garrigues méditerranéennes), de la reprise sur les terres déboisées des forêts tropicales après abandon de l’agriculture intensive

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 14/12/2021

Plan du document : Introduction Sommaire Auteur

« Il faut compter 3 à 5 ans afin de permettre aux herbes et arbustes de recouvrir les traces du feu. Ce n’est seulement que 20 à 30 ans après l’incendie que la forêt retrouvera son aspect initial. Les forêts tropicales, notamment en Amazonie, sont des exceptions : leur résilience aux flammes est moins élevée ». 05 septembre 2019.


Introduction

Ce dossier propose de faire un point sur la situation des incendies de forêts dans le monde, en précisant les dangers pour les êtres humains et pour l’environnement, ainsi que les moyens qui peuvent être mis en œuvre à titre préventif et les conséquences des feux dans les massifs boisés.

Des documents choisis indiquent aussi comment les forêts se régénèrent après un incendie selon les caractéristiques du milieu naturel : la reprise de la végétation est variable et documentée par des experts qui examinent aussi bien le cas des massifs dans des zones relativement sèches comme les massifs forestiers boréaux et les garrigues méditerranéennes, en comparaison avec les territoires tropicaux impactés par le déforestation, notamment avec ce qui se passe en Amazonie après les abattages massifs pour des mises en cultures industrielles (en particulier pour les productions des sojas OGM destinés à l’exportation en vue de la nourriture des animaux d’élevage dans de nombreux pays), lorsque ces cultures sont abandonnées…

Des cartes mondiales actualisées des feux de forêt et des panaches de fumée dans le monde « sont mises à jour régulièrement et montrent les incendies et les feux actifs dans les dernières 24 heures sur la Terre… » - Ces évènements « sont détectés par la « suite de radiomètres pour imageurs dans l’infrarouge et le visible » (en anglais : Visible Infrared Imaging Radiometer Suite, VIIRS), qui est embarquée à bord des satellites météorologiques ‘Suomi NPP’ et ‘NOAA-20’. VIIRS permet de traquer, dans l’infrarouge, toutes les sources anormales de chaleur : les incendies qu’ils soient sur terre (feux de forêt, catastrophe industrielle, torchères...) ou dans l’eau (torchères des plates-formes pétrolières) »… - « La présence quasi continuelle d’importants incendies en Amazonie, en Afrique centrale et en Indonésie trahit la déforestation mais … certains incendies ne peuvent être détectés par les satellites, comme les feux de tourbe qui brûlent sous terre ou lorsque la fumée générée par les feux est trop épaisse… »

Voir la carte mondiale des 51.648 feux détectés sur ce site : https://www.notre-planete.info/environnement/feux-forets-carte-monde.php - Dossier mis à jour le 14/12/2021

Lire les détails à partir de ce sommaire accessible à la source :

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Toilettes sèches à séparation : la solution écologique et innovante

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Six documents sélectionnés pour constituer ce dossier sur les incendies de forêts sont répertoriés dans le sommaire ci-après

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Sommaire

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  • Les feux de forêts : un danger pour les êtres humains et pour l’environnement - Publié par Estelle Reypin Étudiante M2BEE, le 12 décembre 2021 – Photo
    Toutes les régions de France sont enclines aux catastrophes causées par les feux de forêt. Le passage des flammes induit une destruction du paysage et de multiples conséquences sur l’environnement mais également sur la santé des êtres humains par les suies et les gaz toxiques dégagés. Dans 90% des cas, les feux de forêts sont d’origine humaine. Pourtant, ces dernières années des feux d’origine naturelle ont fait parler d’eux en décimant près de 10 205 hectares entre 2016 et 2020 en France, et 187 114 incendies ont été relevés dans le monde en aout 2021. L’aspect meurtrier des feux de forêts (naturels ou provoqués par l’humain) et la difficulté de maîtrise de ces incendies sont la raison pour laquelle il est important de mieux les appréhender.

Les origines des feux de forêts

Les feux de forêt sont définis comme des incendies se propageant sur une étendue boisée pouvant aller à plusieurs hectares. Ils ont une origine naturelle ou humaine. Depuis la préhistoire, l’Humain joue un rôle important dans les incendies volontaires ou non et aujourd’hui encore ils sont utilisés pour le déboisement ou par volonté criminel. Ils sont ainsi à l’origine d’une pollution de l’air, du sol mais également de l’eau et compromettent le devenir de l’écosystème forestier [4].

Les feux de forêts originels existent depuis la nuit des temps. Ces feux ont lieu naturellement et sont dus à la foudre et les orages secs, ou encore à l’activité volcanique. Ils permettent ainsi une régénération du milieu et de la végétation puisque certaines plantes nécessitent la présence du feu dans leurs cycles naturels – elles sont dites pyrophytes. Par exemple, le chêne-liège (Quercus suber) nécessite le passage du feu pour brûler son écorce et laisser sortir ces bourgeons, ou encore les protéacés, plantes d’Australie et d’Afrique du Sud, qui ont besoin du feu afin que l’opercule robuste renfermant les graines puissent s’ouvrir. Ainsi la saison sèche, permet à certaines forêts de brûler naturellement et ainsi de se régénérer. En France, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Occitanie et la Corse possèdent un risque de feu de forêt originel dont la menace s’intensifie avec les effets du changement climatique [8].

Au-delà des zones sujettes aux feux de forêt originels, l’humain reste toutefois le principal auteur de ces feux : 90% des feux de forêts sont d’origines humaines dont 50% sont dus à une imprudence (mégot de cigarette, barbecue mal maîtrisé, etc.). Contrairement à l’opinion plutôt partagée, les feux de forêts dus à l’Humain ne sont pas seulement dus à des malveillances (39%) mais à des activités anthropiques participant activement aux feux de forêts, tels qu’avec les feux utilisés intentionnellement pour la déforestation ou encore de manière indirecte, avec l’abandon de parcelles et l’absence de gestion forestière qui induisent une plus grande quantité de biomasse et un risque accru de feux de forêt lors d’épisodes de sécheresse [1, 10]. 

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En forêt, les causes d’incendie sont nombreuses. 2016. © Prévention incendie forêt

L’impact des feux de forêts

Les feux de forêts menacent les Humains et leurs infrastructures mais également l’environnement. Ils représentent un danger écologique, puisqu’ils tuent de nombreux animaux en les piégeant entre les flammes notamment par les nombreuses clôtures présentes. Ces incendies détruisent également les habitats de la faune et de la flore ce qui affecte leur population et leur cycle de vie. Le passage des flammes modifie aussi les conditions de vie de la flore et facilite la propagation de nouvelles espèces qui n’étaient pas présentes avant l’incendie, ainsi les espèces envahissantes ont plus de chance de s’installer et se développer dans le milieu qu’avant le feu. La destruction des forêts provoque un ruissellement des eaux de surfaces plus importantes, ce qui augmente l’érosion du sol et crée une instabilité dangereuse pour les Humains mais aussi pour la faune.

Cependant, plusieurs études ont mis en avant la capacité des feux de forêts à créer de la biodiversité. En effet, un feu crée une végétation hétérogène composée de nombreuses espèces pionnières qui ont de fortes capacités à coloniser un milieu détruit. Une végétation hétérogène abrite ainsi une plus grande biodiversité [1]. On estime que 20 à 35 espèces végétales supplémentaires sont retrouvées en milieu ayant connu des feux de forêts par rapport à une forêt n’ayant jamais connu de feu. Les mouches et les coléoptères profitent également des feux de forêts pour proliférer, car les arbres affaiblis sont un lieu de nourrissage et de pontes adéquat. Leur présence attire ainsi de nombreux oiseaux sur le site calciné. Cependant, les feux de forêts émettent une quantité importante de dioxyde de carbone (CO2), de méthane et également d’oxyde d’azote ; gaz à effet de serre qui participent activement au changement climatique.

Les feux de forêts sont également extrêmement dangereux pour les Humains. Depuis 1964 en France, 160 décès sont recensés parmi les pompiers, gendarmes et bénévoles qui ont participé à la lutte contre les feux de forêt en se battant contre des flammes de plusieurs mètres de haut à des températures atteignant les 600°C. Parmi les dégâts causés par les feux de forêts, des troubles d’ordre de santé publique sont également provoqués. Les feux de forêts émettent de nombreux gaz toxiques pour l’être humain, accompagnés de composés organiques volatiles (COV) et d’aérosols. Parmi ces aérosols, des suies et des goudrons sont dégagés par les incendies. Il s’agit de particules extrafines qui peuvent s’infiltrer dans les poumons. En plus de ces composés, de nombreux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont libérés qui sont des molécules génotoxiques donc qui pourraient endommager l’ADN des humains [9].

Aujourd’hui, avec le changement climatique en cours, le risque d’incendie s’aggrave un peu plus puisque de nouvelles zones sont exposées et la fréquence et la puissance des feux augmentent. Actuellement, 5 à 10% des émissions de CO2 présentes dans l’atmosphère sont dues aux feux de forêts. De plus, les particules fines relâchées par les feux, telles que les suies et le goudron, jouent un rôle dans l’augmentation de la température de l’atmosphère car ces molécules captent la lumière du soleil et dégradent la couche d’ozone.

Gestion des feux de forêts et moyens de protection 

La gestion des feux diffère selon les pays et les expériences vécues. Par exemple, les Etats-Unis ont adopté la politique du let it burn (laisse brûler) afin de rétablir le régime historique des feux de forêts et permettre aux forêts de retrouver leur résilience. L’ouest américain peut sans doute se permettre cette méthode puisqu’il est composé de grandes étendues sauvages [3]. En Australie, les gestionnaires préviennent les feux naturels très dévastateurs en réalisant des brûlages contrôlés systématiques tous les 3 à 5 ans sur des petites zones pour préserver la biodiversité des forêts et ainsi réduire la quantité de matière végétale combustible présente dans la forêt. Pourtant l’Australie est victime de nombreux feux historiques tels que le méga-feux de 2020. Enfin, en France, les brûlages volontaires de forêts sont réalisés seulement sur quelques milliers d’hectares, notamment dans les Pyrénées, dans le sud du massif central ou encore dans les alpes du sud, à des fins de gestion de plantations. Ainsi, les pompiers combattent les feux dès leur départ lorsqu’ils se déclenchent.

Photo - Un kangourou s’éloigne d’une maison en feu près du Lac Conjola, en Australie. © MATTHEW ABBOTT

En termes de protection, des départements de France étant particulièrement vulnérable face aux feux de forêts, ont mis en place des plans départementaux de protection des forêts contre les incendies. Par exemple, en Charente, ce plan a été mis en place dès 2007 et le plan de protection actuel (2017-2026) permet de mettre en œuvre des actions de prévention avec une délimitation des massifs à risque et une réglementation de débroussaillement. Une stratégie de surveillance est également prévue avec une ligne téléphonique disponible tous les jours et à toute heure. Des moyens de lutte contre les feux de forêts sont aussi mis en avant avec surtout les types de véhicules disponibles en Charente pour lutter contre les feux de forêts ainsi que le recensement des personnes dont les sapeurs-pompiers formés à ces interventions [6].

Voir la plaquette > Campagne de protection contre les feux de forêts © Charente.gouv - Juillet 2021

En somme, les feux de forêt sont particulièrement destructeurs des infrastructures et des milieux naturels et induisent des pertes humaines importantes. En Australie, le méga feu de 2020 a décimé 186 000 km² de terres et a tué 34 personnes ; en France, cette même année, 7 000 hectares ont brûlé et ont fait 20 victimes [5]. Ces feux ont mis en péril de nombreuses espèces menacées et ont émis des millions de tonnes de CO2 qui ne sont pas négligeables pour la santé humaine et le changement climatique de plus en plus présent.

Références :

[1] 5 choses à comprendre sur les feux de forêt dans le monde | WWF Belgique, sans date. 
 https://wwf.be/fr/actualites/5-choses-comprendre-sur-les-feux-de-foret-dans-le-monde

[2] Apprivoisé, le feu favorise la diversité des forêts, 2010. Le Monde.fr 
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/08/26/apprivoise-le-feu-favorise-la-diversite-des-forets_1402992_3244.html

[3] Faut-il laisser brûler les forêts  ?, 2021. Natura Sciences. 
https://www.natura-sciences.com/environnement/laisser-bruler-les-forets.html

[4] Feu de forêt, 2021. Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Feu_de_for%C3%AAt&oldid=187592502

[5] Feux de forêt de 2021 en France, 2021. Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Feux_de_for%C3%AAt_de_2021_en_France&oldid=187427958

[6] Feux de forêt et de végétation | Ministère de la Transition écologique, sans date. 
https://www.ecologie.gouv.fr/feux-foret-et-vegetation

[7] JULIA PEREZ, 2021. Causes et conséquences des incendies de forêt
https://www.ompe.org/causes-et-consequences-des-incendies-de-foret/

[8] La multiplication des feux et incendies dûe aux changements climatiques, 2020. Oxfam France
https://www.oxfamfrance.org/climat-et-energie/feux-de-forets-incendies-changements-climatiques/

[9] LACROUX, Margaux, sans date. Pollution  : « Les 150 000 feux en cours dans le monde ont des impacts sur l’atmosphère ». Libération 
https://www.liberation.fr/environnement/pollution/pollution-les-150-000-feux-en-cours-dans-le-monde-ont-des-impacts-sur-latmosphere-20210804_O6MMMI3OCBFR7P3ILYGA74F3AU/

[10] MAYER, Nathalie, sans date. Feux de forêt  : quelles sont les causes  ? Futura
https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/foret-feux-foret-sont-causes-7730/

[11] PRÉFECTURE DE CHARENTE, sans date. Plan départemental de protection des forêts contre l’incendie 

[12] VALABRE, sans date. Incendies et feux de forêt, dossier complet. Prévention Incendie Forêt
http://www.prevention-incendie-foret.com/dangers-incendie/incendie-de-foret

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  • Arbres, sol, animaux... Comment se reconstitue une forêt après un incendie ? Par Salomé Vincendon - Le 13/08/2021 à 13:22 – Document BFMTV
    Comment se reconstitue une forêt après un incendie ? Même après avoir été calcinée par le feu, une forêt peut se reconstituer, mais il faut lui laisser plusieurs années, et avec la multiplication des incendies et de leur intensité, les bois ont de plus en plus de mal à se reconstruire. Source BFMTV - 13 août 2021

Photo - Des pompiers venus de Serbie luttent contre un incendie près du village d’Avgaria sur l’île d’Eubée, le 10 août 2021 en Grèce - ANGELOS TZORTZINIS © 2019 AFP

Ecouter un enregistrement à la source

Même après avoir été calcinée par le feu, une forêt peut se reconstituer, mais il faut lui laisser plusieurs années, et avec la multiplication des incendies et de leur intensité, les bois ont de plus en plus de mal à se reconstruire.

Grèce, Algérie, Turquie, Sibérie, Amazonie... Ces dernières semaines, des incendies ont ravagé, et ravagent encore, plusieurs parties du monde. Déjà, à l’automne 2019, des feux en Australie avaient brûlé plusieurs millions d’hectares, tandis que des incendies impressionnants ont traversé la forêt amazonienne en 2019 et 2020.

Sur le moment, c’est le nombre d’hectares brûlés, de morts et d’habitations détruites qui frappent les esprits, la peur du réchauffement climatique ou encore le coût des réparations nécessaires. Mais ces incendies ont également une incidence forte sur le long terme, au niveau de l’environnemental local, ou même de l’atmosphère.

’La forêt a de plus en plus de mal à se reconstruire’

La destruction la plus visible après un incendie, c’est celle de la forêt elle-même,et des arbres calcinés sur une terre noircie. Mais ’après un incendie, la forêt se reconstitue’, explique à BFMTV.com Eglantine Goux-Cottin, présidente d’ICEF (Ingénieure Conseils en Environnement et Foresterie).

Dans le milieu très sec méditerranéen, la végétation, ’a su s’adapter, car elle est habituée aux incendies naturels’. Elle cite par exemple le chêne-liège, qui a développé une écorce protectrice contre le feu, et le phénomène de germination pour certaines plantes, qui libèrent leurs graines à haute température.

Mais ’les impacts à moyen et long terme dépendent du régime des feux auquel le territoire sinistré est confronté, un régime de feux fréquents et sévères pouvant s’accompagner localement d’une régression biologique’, écrit le ministre de l’Ecologie sur une page consacrée aux feux de forêt.

En effet, le problème aujourd’hui est que les feux naturels, plus rares, ne représentent qu’une minorité des incendies, 90% des départs de feu sont d’origine anthropique.

Cela s’ajoute aux sécheresses, dues au réchauffement climatique, qui entraînent des brasiers non seulement plus fréquents, mais aussi plus intenses, car avec moins d’eau, le feu se répand plus facilement. Ce qui fait que ’la forêt a de plus en plus de mal à se reconstruire’, après un incendie, car elle n’a pas assez de temps pour le faire, explique Eglantine Goux-Cottin.

Photo - Vue aérienne des feux en Grèce, sur l’île d’Eubée, le 7 août 2021 © Handout © 2019 AFP

Une forêt ’est reconstituée dans sa structure en 10 à 20 ans’

Une forêt ’est reconstituée dans sa structure en 10 à 20 ans’, les plantes sont alors de nouveau en croissance, explique l’ingénieure. ’Il faut attendre 40 à 50 ans pour qu’elles arrivent à maturité, et 100 ans pour que toutes les interactions entre la flore, la faune et le sol soient reconstituées’, explique-t-elle. ’Dans une forêt tout est lié, interconnecté’.

Elle peut se reconstruire ’sur des cycles longs, en centaines d’années et s’il n’y a pas de nouvel incendie’, explique à BFMTV.com Jean-Louis Pestour, responsable de la protection des forêts contre les incendies à l’Office national des forêts (ONF). Il ajoute qu’à court terme, ’il peut y avoir des substitutions d’espèces’. Et ’à long-terme, il y a un risque que la forêt méditerranéenne se transforme en maquis ou en garrigue’, déclare Eglantine Goux-Cottin.

Quant aux forêts primaires - qui n’ont jamais été exploitées ou défrichées par la main de l’homme - ’si elles partent en fumée, il faut attendre 10 siècles en zone tempérée, 7 siècles en zone tropicale’ pour qu’elles se reconstituent totalement, explique à BFMTV.com Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts à Greenpeace. Sans compter qu’au passage, des espèces végétales importantes peuvent être détruites, alors que la Méditerranée ’est ce qu’on appelle un hot spot de biodiversité’, rappelle Eglantine Goux-Cottin.

’Des espèces confrontées aux feux sont endémiques’

Les habitants de la forêt se retrouvent également en danger lors des incendies, ’seuls les grands mammifères et certains oiseaux arrivent à s’enfuir à l’approche du front de feu’, écrit le ministère de l’Écologie, mais ils peuvent tout de même être gravement brûlés.

Dans certains endroits ’des espèces confrontées aux feux sont endémiques, c’est à dire qu’elles vivent uniquement dans cette zone du monde’, explique Cécile Leuba. Ainsi, si ce territoire brûle, ces animaux perdent leur lieu d’habitation, ce qui peut fortement contribuer à leur disparition ou à la mise en danger de leur espèce.

Ce sujet avait particulièrement été abordé lors des incendies en Australie, qui avaient détruit 80% de l’habitat des koalas, espèce endémique de l’île. Cécile Leuba cite également l’exemple du tigre de Sumatra en Asie du sud-est ou du jaguar au Brésil, rappelant que ’ces espèces iconiques ne sont que la partie immergée de l’iceberg. La forêt tropicale amazonienne possède une biodiversité hors du commun, avec des espèces que l’on n’a encore jamais rencontrées’.

L’ONG de préservation des espèces sauvages menacées WWF a estimé dans un rapport que 143 millions de mammifères, 2,46 milliards de reptiles, 180 millions d’oiseaux et 51 millions de grenouilles ont été affectés par les feux australiens de 2019 et 2020.

Eglantine Goux-Cottin évoque également la microfaune des sols qui ne résiste pas au feu, ce ’qui perturbe la chaîne alimentaire et appauvrit la terre’. Quand le feu est très intense et dure longtemps, ’il y a une perte des éléments minéraux organiques nécessaires à la fertilisation’, explique-t-elle.

Mais comme pour les plantes, là aussi, le milieu peut se reconstituer avec le temps, et la faune réintégrer, petit à petit, son lieu de vie, en fonction de la gravité des dégâts. ’Deux ans après l’incendie de la colline du Vaucluse, lièvres, perdrix, sangliers et chevreuils ont regagné les lieux. Pour les petits mammifères et les insectes, leur retour prend un peu plus de temps’, explique par exemple l’ONF.

’5% des émissions de CO2 sont liées aux feux de forêts’

’Outre les flammes, qui détruisent et peuvent tuer, les incendies et les gaz dégagent des suies et des gaz toxiques, nocifs pour les humains mais aussi pour les espèces végétales et animales’, explique également le ministère de l’Écologie sur une page consacrée aux feux de forêt.

En effet en brûlant, les bois et les végétaux ’libèrent des gaz dont certains peuvent être toxiques’ explique à BFMTV.com Toussaint Barboni, chercheur au CNRS et maître de conférences sur les feux de forêts à l’Université de Corse. Il cite par exemple le CO2, qui contribue à l’effet de serre. Dans le monde, ’5% des émissions de CO2 sont liées aux feux de forêts’, souligne-t-il. Mais il y a également le méthane et le protoxyde d’azote, tous deux participant à l’effet de serre. D’autres, comme le benzène, sont connus pour être cancérogènes.

Il évoque aussi les aérosols : la suie et le goudron, sous forme de particules fines, ’peuvent être très toxiques, et rentrer dans l’organisme’, explique Toussaint Barboni. ’Les émanations de fumée de bois peuvent altérer les mécanismes des défenses immunitaires pulmonaires, et entraîner une altération de la fonction pulmonaire des personnes exposées’, souligne également le ministère de l’Écologie.

Plus le feu est puissant, chaud, plus toutes ces particules vont monter haut dans l’atmosphère et être transportées loin. Ainsi en 2006, l’Europe a connu un pic d’aérosols après de forts incendies au Canada. D’autre part, avec la pluie, ces particules peuvent retomber et imprégner le sol, ou encore contaminer les cours d’eau.

Difficile de connaître l’incidence réelle de ces feux dans l’atmosphère, bien que lorsqu’ils sont particulièrement importants, ils peuvent ’perturber les vents et créer des orages’, déclare Toussaint Barboni. Cela n’arrive toutefois qu’avec les ’méga-feux’, des incendies particulièrement puissants qui touchent plus de 80.000 hectares. L’Europe n’en connaît pas mais plusieurs ont déjà été observés en Australie ou en Sibérie. Ceux-là peuvent même ’créer leur propre nuage’, qui s’appellent pyrocumulus ou pyrocumulonimbus.

’Un feu reste dévastateur pour une forêt’

Ces forts incendies pourraient devenir de plus en plus fréquents à l’avenir, comme le souligne le dernier rapport du Giec, si le réchauffement climatique continue de s’aggraver. Cela prolongerait un cercle vicieux déjà en place : le changement climatique entraîne des incendies plus intenses, qui créent une pollution de l’air, qui empire le réchauffement climatique.

Le premier objectif est donc ’d’éviter les incendies’, souligne Jean-Louis Pestour, par exemple en faisant particulièrement attention à son comportement en forêt : ne pas allumer de feu ni de barbecue, ne pas jeter de cigarettes et respecter les interdictions d’accès.

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L’Algérie lutte toujours contre les incendies qui ont causé la mort de 71 personnes

’Post incendie il convient de sécuriser la zone pour éviter des accidents - abattage des arbres dangereux, mise en protection des secteurs avec des risques de ravinement... - et de valoriser les bois brûlés, de laisser le temps à la nature de se reconstituer’ et seulement ’en dernier ressort de faire quelques reboisements’, explique-t-il.

’Que ce soit après une coupe d’arbres ou un incendie, la perte d’un couvert forestier nécessite un suivi’, déclare Eglantine Goux-Cottin qui rappelle que quelles que soient les méthodes employées derrière, ’un feu reste dévastateur pour une forêt’.

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  • Que font les forestiers après un incendie en forêt ? – 13/08/2019 - Document ‘onf.fr’
    Replanter, laisser la nature se reconstruire, réduire les risques post incendie… Après un feu de forêt, l’ONF réalise des études dans les forêts publiques pour déterminer le meilleur comportement à adopter et définir l’utilisation possible du bois en fonction des dégâts.

Chaque été, des feuxravagent les forêts. Qu’ils soient accidentels, volontaires, liés à la foudre ou aux lignes électriques, ils créent des dégâts visibles pendant de nombreuses années. Impact paysager, baisse de valeur et deproduction de bois pour les propriétaires de parcelles sinistrées, impact sur le tourisme et dans certains cas perte de biodiversité … Que peuvent faire l’ONF et les acteurs de la filière forêt-bois face à ces catastrophes ?

Faut-il planter pour permettre à la forêt de repousser au plus vite ? Pas toujours, indiquent les experts de l’ONF. D’un point de vue écologique comme économique, les plantations représentent un investissement important, sans garantie de réussite selon les régions et les types de peuplements sinistrés. Le propriétaire forestier ne s’y résout en général que s’il s’est fixé un objectif bien particulier pour sa forêt. Par exemple, après un incendie dans du pin maritime dans le massif des Landes, le propriétaire choisira le plus souvent de replanter pour raison sylvicole. Des plantations peuvent aussi avoir lieu quand l’impact paysager de l’incendie est très important. Un exemple récent : l’ONF et ses partenaires ont replanté près de 10.000 pins de Salzmann en forêt communale de Banne en Ardèche, suite à un incendie qui avait ravagé plusieurs hectares en 2014. Ou en forêt communale de Champagny-en-Vanoise en Savoie où 80 hectares de forêts avaient brûlé en 2003.

Photo - Colline du Vaucluse après un incendie en 2017. - ©Frédéric Prodhomme / ONF

Dans la plupart des cas, les forestiers laissent la nature se régénérer par elle-même après un incendie. ’Si on ne replante pas, c’est avant tout parce que les arbres finissent toujours par repousser, même si c’est plus long’, explique Frédéric Prod’homme, forestier dans le vaucluse qui a vu, en juillet 2017, un incendie brûler 1.200 hectares de pins et de chênes dans le Parc naturel du Luberon. ’Nous avons observé que de nouvelles graines ont été déposées naturellement sur le sol après l’incendie, car la chaleur a favorisé l’ouverture des cônes des pins. On compte beaucoup dessus’, continue Frédéric Prodhomme. Pour retrouver des arbres de 10 à 20 mètres de haut, il faudra en moyenne 70 à 100 ans. Mais trois à cinq années suffisent pour atténuer l’impact visuel sur le paysage avec la couverture du sol par des herbacées et les premières repousses des espèces arbustives et arborées.

Autre priorité pour les forestiers : assurer le retour de la faune. Pendant le feu, seuls quelques oiseaux et les grands mammifères parviennent à prendre la fuite. Ils retrouvent la forêt lorsque les milieux commencent à se refermer par la repousse de la végétation, indispensable à leur alimentation. Deux ans après l’incendie de la colline du Vaucluse, lièvres, perdrix, sangliers et chevreuils ont regagné les lieux. Pour les petits mammifères et les insectes, leur retour prend un peu plus de temps.

Exploiter le bois qui a brulé

Photo - Récolte des bois touchés par un incendie sur la colline du Vaucluse - ©Frédéric Prodhomme / ONF

Ce choix de replanter ou non est en principe déterminé par une étude de restauration de terrain incendié (RTI). Cette dernière peut être réalisée par les équipes de l’ONF à la demande des communes sinistrées. ’Il s’agit d’abord d’apporter une expertise sur les risques liés à des éboulements, des glissements de terrain ou d’éventuelles inondations qui pourraient se déclencher en raison des amas de bois au sol, puis de faire des propositions de réhabilitation des espaces incendiés’, résume Philippe Caramelle, responsable de l’Unité spécialisée de Défense des forêts contre l’incendie (DFCI) en Corse. Autrement dit, il faut déterminer ce qui a été brûlé, avec quelle intensité et quelles techniques mettre en œuvre pour la reconstitution. Les propriétaires privés, dont les forêts ont été sinistrées par un incendie, peuvent se rapprocher du Centre national de la Propriété Forestière (CNPF) pour obtenir un diagnostic similaire.

Au cours d’un incendie, seules les parties fines de la végétation brûlent ; les troncs vivants ne se consument pas, seule leur surface est partiellement carbonisée et noircie. Vite récoltés, les bois restent donc exploitables, mais les impacts et traces superficielles de l’incendie peuvent conduire à un déclassement de leurs usages possibles. Les pins seront valorisés pour l’énergie dans les grandes centrales à biomasse régionales, tandis que les chênes alimenteront la filière bois de chauffage, s’ils sont en bon état, ou seront directement broyés avec les pins pour l’énergie. Le pin d’Alep, qui est souvent transformé en pâte à papier, ne pourra plus l’être si le bois est noirci.

Prévenir les incendies partout en France

Dans l’objectif de réduire au maximum le nombre d’incendies, les personnels de l’ONF se mobilisent dans toutes les forêts publiques du territoire national. En région méditerranéenne, l’ONF est chargé par le ministère de l’agriculture d’une mission d’intérêt général à laquelle il a affecté près de 230 agents de la Défense des forêts contre les incendies (DFCI). 

Ceux-ci interviennent, sous le pilotage des préfets de départements, avec l’appui de personnels assermentés des agences territoriales, sur la totalité des territoires forestiers de cette région, y compris hors forêts publiques. Ils sont mobilisés toute l’année pour identifier et résorber les causes des départs de feu, prévenir et sensibiliser le public, aménager des pistes d’accès pour les pompiers équipées de points d’eau. Ils interviennent également à la demande des préfectures (en appui aux communes) lorsque le débroussaillement réglementaire n’est pas effectué par les particuliers.

Tous nos articles sur la sécheresse et les feux de forêt ici !

Pour en savoir plus sur ce sujet :

’Avec la sécheresse, les risques d’incendies s’intensifient en France’

La défense des forêts contre les incendies

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Office national des forêts (ONF)

Office national des Forêts (ONF) / Agriculture, environnement, aménagement et logement / Services de l&#39 ;Etat / Accueil - Les services de l&#39 ;État dans l&#39 ;Yonne

©ONF 2021 - Source : https://www.onf.fr/onf/+/42b::apres-un-incendie-la-foret-se-reconstruit.html

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  • Après les flammes : conséquences des incendies de forêts - Waldbrandfläche in Leuk : hohe Artenvielfalt – Document bilingue d’origine suisse ‘wsl.ch’
    Un incendie de forêt ravage la faune et la flore ; après un incendie, les zones d’habitation et les voies de circulation se retrouvent exposées à un risque accru d’érosion et de chutes de pierres. Et pourtant, les espèces refont rapidement leur apparition et leur diversité dépasse en quelques années seulement celle de la forêt initiale.

 

Photo - Légende : Le rare épinard-fraise (Blitum virgatum) recouvrait de vastes étendues sur le sol calciné de Loèche.

La rapidité avec laquelle la forêt panse ses plaies dépend du type et de la fréquence des incendies qui y font rage. Lors d’incendies fréquents et intenses, seules les espèces pyrophytes survivent, c’est-à-dire celles qui sont adaptées au feu. Par ailleurs, le feu de forêt modifie les conditions de vie et facilite la propagation de nouvelles espèces. Après l’incendie, la structure forestière temporairement plus clairsemée ainsi que l’amélioration à court terme de la situation nutritionnelle offrent des conditions de vie favorables à de nombreux animaux et végétaux.

https://www.wsl.ch/fileadmin//user_upload/WSL/Wald/Krankheiten__Schaedlinge__weitere_Stoerungen/Waldbrandfolgen/leuk_bild3.jpg - Photo - Les trembles se régénèrent à une vitesse stupéfiante : un tremble de plus de cinq mètres à côté d’un arbre calciné en 2003 à Loèche. Photo : Reinhard Lässig / WSL

Photo - Légende : Sur les versants abrupts, des ouvrages préviennent des chutes de pierres et des avalanches. Photo : Reinhard Lässig / WSL

Après un incendie, certaines espèces d’arbres se régénèrent à une vitesse étonnante grâce aux rejets de souche et à l’ensemencement, rendant ainsi inutiles les plantations d’arbres ciblées, si aucune fonction de protection particulière n’est nécessaire. Quelques années après un incendie, le nombre d’espèces animales et végétales présentes sur le territoire incendié après recolonisation dépasse celui d’une forêt intacte. Les connaissances au sujet des conséquences positives sur la biodiversité et la régénération de la forêt peuvent être intégrées dans les pratiques de gestion forestière. Les données chiffrées concernant la période de colonisation permettent au gestionnaire forestier d’évaluer quand, où et quels aménagements de protection doivent être décidés, quelles espèces végétales sont les plus adéquates et à quelle vitesse la reforestation naturelle progresse. Ici aussi, les connaissances tirées de l’évolution de la biodiversité sur les zones incendiées sont particulièrement intéressantes et peuvent jouer un rôle dans la protection de l’environnement.

Chutes de pierres et érosion

Si les considérations écologiques quant à la question du repeuplement des zones incendiées sont importantes, il n’en reste pas moins qu’une forêt détruite par le feu pose surtout un problème de sécurité, en particulier lorsqu’il s’agit des forêts de montagne en Suisse. Les feux de forêts progressent généralement le long de pentes raides, entraînant souvent des chutes de pierre au moment même de l’incendie. Quand le feuillage et la couche supérieure d’humus brûlent, les pierres déstabilisées se mettent à rouler. Des conséquences plus graves apparaissent après l’incendie, le feu laissant une couche de cendres qui a un effet hydrofuge. Pendant un à deux ans, l’eau de pluie pénètre difficilement dans le sol et ruisselle en surface, entraînant l’érosion, notamment lors de précipitations abondantes. Des coulées de boue peuvent même survenir en cas de pluies persistantes. Après un incendie de forte intensité, des ouvrages préventifs permettent de protéger la zone contre les chutes de pierres et les glissements de terrain.

Pour en savoir plus : Publications Contact 

Écologie du feu des hêtraies montagnardes. Services écosystémiques et mesures sylvicoles après un incendie de forêt

Avec les changements climatiques, le temps devient plus chaud et plus sec, d’où le risque d’incendie de forêt augmente. Une meilleure connaissance de l’écologie du feu permet d’estimer si les prestations protectrices sont préservées ou si des mesures sylvicoles doivent être prises.

Notice pour le praticien 65 - 2020 - Télécharger

Vivre avec les incendies de forêt

Avec comme référence l’incendie de forêt de Loèche, été 2003, le plus grand sinistre de ce type en Valais de ces cent dernières années, nous montrons la variété des conséquences sur la nature d’événements à ce point destructeurs. À la lumière du changement climatique annoncé, le risque d’incendie pour l’avenir est débattu, et des exemples en vue d’actions préventives sont proposés.

Notice pour le praticien 46 - 2010 - Télécharger

Bibliographie :

Nussbaumer, C. ; Wohlgemuth, T., 2016 : L’abroutissement freine le chêne à Loèche. Forêt, 69, 3 : 9-11.

Wohlgemuth, T. ; Hester, C. ; Jost, A. ; Wasem, U. ; Moser, B., 2010 : Dynamik der Wiederbewaldung im Waldbrandgebiet von Leuk (Wallis). Schweizerische Zeitschrift für Forstwesen, 161, 11 : 450-459. doi : 10.3188/szf.2010.0450

Wohlgemuth, T. ; Moser, B., 2009 : Phönix aus der Asche : Die rasche Wiederbesiedlung der Waldbrandfläche oberhalb von Leuk durch Pflanzen. Bulletin de la Murithienne, 126 : 29-46.

Wohlgemuth, T. ; Duelli, P. ; Ginzler, C. ; Gödickemeier, I. ; Hadorn, S. ; Hagedorn, F. ; Küttel, P. ; Lüscher, P. ; Moretti, M. ; Schneiter, G. ; Sciacca, S. ; Wermelinger, B., 2005 : Ökologische Resilienz nach Feuer : die Waldbrandfläche Leuk als Modellfall. Schweizerische Zeitschrift für Forstwesen, 156, 9 : 345-352. doi : 10.3188/szf.2005.0345

Wasem, U. ; Hester, C. ; Wohlgemuth, T., 2010 : Vielfältige Wiederbewaldung nach Waldbrand bei Müstair. Waldverjüngung nach Feuer. Wald und Holz, 91, 1 : 42-45.

Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL

Contact News Implantations Médias Conditions d’utilisation Intranet SLF

Sites Internet du WSL :

waldwissen.net Plateforme pour les milieux de la forêt et le public intéressé

waldschutz.wsl.ch Protection de la forêt suisse

lfi.ch L’inventaire forestier national suisse (IFN), source de connaissances sur la forêt suisse.

dangers-naturels.ch Services spécialisés de la Confédération sur les dangers naturels

envidat.ch Accès à des données d’observation environnementale

boismort.chConnaître, protéger et promouvoir le bois mort et les vieux arbres

slf.ch WSL Institut pour l’étude de la neige et des avalanches SLF à Davos

Une recherche au service de l’homme et de l’environnement : L’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL assure le suivi et l’étude de la forêt, du paysage, de la biodiversité, des dangers naturels, de la neige et de la glace. Cet organisme de recherche de la Confédération appartient au Domaine des EPF. L’Institut WSL pour l’étude de la neige et des avalanches SLF fait partie du WSL depuis 1989.

Fichier:WSL logo.png — Wikipédia

Source : https://www.wsl.ch/fr/foret/maladies-nuisibles-perturbations/apres-les-flammes-consequences-des-incendies-de-forets.html

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  • Les forêts tropicales déboisées et défrichées peuvent se renouveler et regagner du terrain étonnamment vite : les terres agricoles établies après brûlis puis abandonnées peuvent se régénérer de près de 80 % en moyenne en 20 ans seulement - Traduction du 12 décembre 2021 par Jacques Hallard d’un article de Jonathan Lambert en date du 09/12/2021 publié par ‘sciencenews.org’ (NewsLife) sous le titre « Cleared tropical forests can regain ground surprisingly fast » ; accessible sur ce site : https://www.sciencenews.org/article/tropical-forest-recovery-ecosystem

    a young tropical forest growing on abandoned pastureland, with the sun rising or setting in the background

Photo - Une jeune forêt tropicale repousse sur des pâturages abandonnés au Brésil. De telles forêts peuvent se rétablir étonnamment vite, selon de nouvelles recherches. Rens Brouwer

Les forêts tropicales disparaissent à un rythme alarmant à travers le monde. Au fur et à mesure que des terres luxuriantes sont défrichées pour l’agriculture, du carbone qui réchauffe le climat est libéré et la biodiversité décline. Mais lorsque les terres agricoles sont laissées seules, la nature peut faire un retour étonnamment rapide.

Après seulement 20 ans, les forêts peuvent récupérer de près de 80 pour cent dans certains domaines clés, y compris la biodiversité et la santé des sols, rapportent des chercheurs dans la revue ‘Science’ du 10 décembre 2021.

Garder les forêts existantes intactes est crucial pour freiner le changement climatique et endiguer la perte d’espèces (SN : 7/13/21), explique l’écologiste Lourens Poorter de l’Université de Wageningen aux Pays-Bas. Mais cette recherche montre « qu’il existe un énorme potentiel d’atténuation [climatique] » en laissant les forêts se régénérer.

Les terres déboisées des forêts tropicales sont souvent abandonnées après quelques années d’utilisation agricole de faible intensité, dit Poorter, permettant à la nature de revenir. Pour voir comment ces zones se rétablissent, lui et ses collègues ont étudié 77 sites à travers les Amériques et l’Afrique de l’Ouest qui sont forêts en croissance dont l’âge varie. En utilisant 51 sites de vieilles forêts, ceux qui ne montrent aucun signe d’utilisation humaine depuis au moins 100 ans, comme référence, les chercheurs ont étudié 12 attributs forestiers liés à la santé des sols, au fonctionnement des écosystèmes, à la structure de la forêt et à la biodiversité végétale, analysant à quelle vitesse ces choses se rétablissent.

En voie de guérison

Les forêts tropicales peuvent se réinstaller sur des terres agricoles abandonnées plus rapidement que prévu, se rétablissant de près de 80 pour cent en moyenne en seulement 20 ans, selon de nouvelles recherches. Mais différents attributs forestiers, liés au sol (rouge), à ​​la biodiversité (orange) et à la structure (bleu), se rétablissent à des rythmes différents. Les niveaux de carbone et d’azote du sol se sont rapidement rétablis, atteignant des niveaux proches de ceux trouvés dans les forêts anciennes en 20 ans environ. La richesse en espèces végétales, ou le nombre d’espèces, dans les forêts en régénération prend plus de temps pour se rapprocher des niveaux de vieilles forêts - environ 40 ans - tandis que la composition des espèces, ou l’abondance relative de ces espèces, prend plus d’un siècle. De même, la biomasse aérienne totale mettra 120 ans pour approcher les niveaux des forêts anciennes, estiment les scientifiques.

Taux de récupération relatifs prévus pour les attributs des forêts tropicales

a chart showing relative recovery of various aspects of tropical forests over time. Soil carbon, soil nitrogen, species richness, species composition and aboveground biomass all have very rapid initial recovery rates and start to level off after a few decades

C. Chang. Source : L. Poorter et al/ Science 2021

Le sol a rebondi le plus rapidement, ses niveaux de carbone et d’azote atteignant presque ceux des forêts anciennes moins d’une décennie après l’abandon. Après 38 ans, les forêts en régénération comptaient en moyenne presque autant d’espèces végétales que les forêts anciennes similaires, bien qu’il faille attendre 120 ans pour que les abondances relatives des espèces remontent à 90 pour cent des niveaux de vieilles forêts, estiment les chercheurs. La biomasse aérienne totale prendra également 120 ans pour atteindre des niveaux de forêt presque intacts, suggèrent les données.

Dans l’ensemble, ’la récupération a été bien plus rapide que prévu’, déclare Poorter. Les graines et les souches qui sont restées après le défrichage ont probablement accéléré le processus. Le temps de récupération pourrait être plus lent sur les terres qui ont fait l’objet d’une utilisation agricole plus intense, dit-il, mais la protection des forêts en régénération peut être une ’solution naturelle et bon marché’ pour aider à faire face aux crises du climat et de la biodiversité.

Citation

L. Poorter et al. Multidimensional tropical forest recovery. Science. Vol. 374, December 10, 2021, p. 1370. doi : 10.1126/science.abh3629.

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Jonathan Lambert is the staff writer for biological sciences, covering everything from the origin of species to microbial ecology. He has a master’s degree in evolutionary biology from Cornell University.

Jonathan Lambert est le rédacteur en chef des sciences biologiques, couvrant tous les sujets, de l’origine des espèces à l’écologie microbienne. Il est titulaire d’une maîtrise en biologie de l’évolution de l’université Cornell aux Etats-Unis..

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Source : https://www.sciencenews.org/article/tropical-forest-recovery-ecosystem

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  • Comment la forêt se régénère après un incendie – Document ‘brut.media/fr/’ avec diaporama sous-titré
    Des feux brûlent les forêts aux quatre coins de la planète et ravagent tout sur leur passage... Mais après, il se passe quoi  ? Voilà comment l’écosystème se régénère après un incendie.

Comment la forêt renaît de ses cendres ?

Les plus grandes forêts du monde sont victimes de feux ravageant tout sur leur passage… Voilà comment la forêt renaît de ses cendres après un incendie.

Suivant un incendie, les arbres affaiblis représentent une source de nourriture et un lieux de ponte pour les mouches et coléoptères. La présence d’insectes attire ainsi les prédateurs, comme les oiseaux.

Lors de la première année suivant l’incendie, des graminées, des mousses et des petites plantes poussent progressivement. Cependant la régénération de l’écosystème diffère en fonction du climat et des espèces présentes dans la forêt.

Des espèces d’arbres résistent aux feux occasionnels grâce à leur écorce, les protégeant des flammes. C’est le cas du pin ou du chêne-liège, présents dans les forêts sèches, comme dans les forêts boréales ou méditerranéennes. Alors que des espèces prennent seulement deux ans à revenir, comme les chevreuils ou les lièvres, d’autres prennent 10 à 20 ans, comme les tortues.

Il faut compter 3 à 5 ans afin de permettre aux herbes et arbustes de recouvrir les traces du feu. Ce n’est seulement que 20 à 30 ans après l’incendie que la forêt retrouvera son aspect initial.

Les forêts tropicales, notamment en Amazonie, sont des exceptions : leur résilience aux flammes est moins élevée. 20 ans ne suffisent pas aux deux tiers des essences végétales présentes initialement pour se régénérer. La forêt ne retrouvera son aspect originel que des centaines d’années plus tard…

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Source du document complet avec diaporama sous-titré : https://www.brut.media/fr/international/comment-la-foret-se-regenere-apres-un-incendie-ab797c92-7edf-4c73-a403-f5ff61240a8b

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Collecte des informations et agencement, traduction, [compléments] et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 14/12/2021

Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales

http://www.isias.lautre.net/

Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France

Courriel : jacques.hallard921@orange.fr

Fichier : ISIAS Forêts Régénération après incendies de forêts selon les milieux.5.docx

Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin du site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti, géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr - Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103

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