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"Il convient de préserver et de mieux cultiver les sols vivants qui sont à considérer comme un bien public mondial : s’informer, apprendre, comprendre, partager et agir autrement pour demain et les générations futures" par Jacques Hallard

samedi 4 décembre 2021, par Hallard Jacques


ISIAS Pédologie Vie du Sol

Il convient de préserver et de mieux cultiver les sols vivants qui sont à considérer comme un bien public mondial : s’informer, apprendre, comprendre, partager et agir autrement pour demain et les générations futures

Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 03/12/2021

Plan du document : {{}}Introduction Sommaire {{}}Auteur

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Source 


Introduction

Ce dossier à encore une vocation didactique et il met l’accès sur l’importance des sols, de leur mode de formation et d’évolution : des milieux remplis de vie que sont à considérer comme véritablement vivants.

Différentes contributions ont été sélectionnées pour donner des vues du sujet sous différents angles, afin de s’informer, d’apprendre, de comprendre, de partager et d’agir en conséquence (documents 1 à 6 du sommaire ci-après).

Très concrètement, les sols vivants constituent une ressource clé pour la durabilité de l’agriculture, comme par exemple dans les pays d’Amérique (document 7) et des travaux de recherche récents montrent par exemple que les champignons pourraient jouer un rôle crucial dans le stockage du carbone dans le sol à mesure que la Terre se réchauffe (document 8).

Après tous ces constats et travaux en cours, il est apparu évident à d’éminents spécialistes et politiciens conscients que les sols vivants sont à considérer comme un bien public qu’il convient de préserver et de cultiver de manière appropriée pour demain et les générations futures des Terriens.

Les documents sélectionnés sont présentés dans le sommaire ci-après.

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Sommaire

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  • La Pédologie : une géoscience décrite par Wikipédia
    Photo - Pédologue observant les horizons, inclusions et structures du sol, dans une fosse pédologique.
Sous-classe de Science des sols {{}}
Partie de Géographie, science des sols
Pratiqué par Pédologue (d)
Objet Sol

La pédologie (du grec πέδον / pédon, « sol », et λόγος / lógos, « étude ») est une science ayant pour but d’étudier la pédogenèse, c’est-à-dire la formation et l’évolution des sols, notamment au travers de plusieurs taxonomies des sols.

La pédologie examine les constituants de la terre (minéraux, matières organiques), leur agencement (granulométrie, structure, porosité), leurs propriétés physiques (transfert de l’eau et de l’air), leurs propriétés chimiques (rétention des ions, pH) et leurs propriétés biologiques (activité des microorganismes). Elle porte des diagnostics sur les types de sol (classification) et sur leur dynamique (types de genèse : pédogenèse). Elle en déduit des applications (fertilité).

Histoire

Le sol a été étudié dès l’Antiquité par les Grecs et les Latins, puis par les Andalous au Moyen Âge. La science des sols prit son essor au XVIe siècle avec Bernard Palissy et Olivier de Serres, et se développa au XVIIIe siècle.

Elle devient un sujet d’étude important au XIXe siècle. La naissance de la pédologie comme science date de 1883 et de la publication de la thèse Russian Chernozem du géographe russe Vassili Dokoutchaïev1. Le sol est désormais considéré comme un corps naturel qu’il faut étudier par lui-même. La pédologie est également abordée par Charles Darwin. Cette science est véritablement introduite en France à partir de 19342.

Au XXe siècle, en Europe, la cartographie pédologique structurée en fonction des différents types de sols prend une autre dimension ; elle est désormais plus largement reconnue et relève de la responsabilité des pouvoirs publics de chaque État. Aujourd’hui, elle est mise en relation avec la protection de l’environnement et des eaux, la fertilisation ciblée (et économe) et la promotion d’une végétation naturelle et adaptée à l’environnement. La cartographie des sols se développe ainsi, avec notamment les cartes de pédo-paysages3.

L’enjeu de cette science est reconnu lors du Sommet de la Terre de 1992 qui développe la notion de sol comme compartiment de l’écosystème terrestre, à l’interface entre biosphère et lithosphère, qu’il faut protéger4.

Interdisciplinarité

La pédologie est une science interdisciplinaire, qui regroupe les connaissances et les méthodes de différents domaines de spécialité. Il s’y trouve notamment :

Les connaissances de la pédologie revêtent une importance fondamentale pour l’écologie, l’agriculture et la sylviculture. Ces dernières portent sur l’étude de la terre arable, sur laquelle repose la survie de l’Homme depuis les débuts de l’agriculture au néolithique.

À partir de la classification traditionnelle des sols, la sylviculture a vu émerger une conception du sol en tant que géo-écosystème. Les prévisions concernant les répercussions des émissions dues à l’Homme sur les bioéléments des sols ont été confirmées par des analyses à long terme.

Dans le cadre des sciences des matériaux, la pédologie fournit également des bases en mécanique et en comportement des sols ainsi qu’en hydrométrie pour la géotechnique et la statique des bâtiments, utilisées dans la construction de fondations.

Illustration - Différents échantillons de terre.

Applications

La pédologie trouve des applications dans l’agriculture, l’horticulture, la sylviculture. Ses enjeux concernent aussi la connaissance et la maîtrise des risques dans les domaines aussi variés que l’hydrologie (rétention de l’eau par le sol), la pollution (filtration naturelle, conservation et gestion de l’eau), dans l’archéologie (conservation d’archives végétales, animales, restes d’industries humaines), dans la construction (de par le monde, les maisons sont très souvent en terre), dans l’industrie minière (le sol est le résidu de la roche sous-jacente et concentre certains éléments, l’or par exemple).

En donnant, par la cartographie (pédo-paysages), une image de la répartition des sols, la discipline intéresse encore la géographie, l’écologie du paysage et même la climatologie (échange d’eau avec l’atmosphère), enfin le changement climatique (échange de carbone entre le sol et l’atmosphère via le CO2).

Protection de l’environnement

La protection des sols renvoie à la préservation durable des fonctionnalités du sol, qui doivent être avant tout préservées ou rétablies suivant un « code de bonnes pratiques » (cf. Directive cadre pour la protection des sols). Ainsi, il faut éviter autant que possible les altérations néfastes du sol ou, le cas échéant, assainir l’éventuelle fonctionnalité négative persistante. Outre l’altération mécanique due au compactage des sols, on prend également en compte la contamination chimique liée aux activités anthropiques (dépôt de déchets toxiques, émissions industrielles, activité agricole, etc.). L’activité des hommes sollicite trop fortement le sol, ce qui conduit à ces dégradations que l’on constate de plus en plus à travers l’érosion des sols (voir également Dust Bowl), l’imperméabilisation des sols ou encore la baisse de fertilité des sols. Lorsque l’on intervient sur les sols, on doit éviter autant que possible de dégrader ses fonctions naturelles ainsi que son rôle en tant que témoin de l’histoire naturelle et culturelle.

En Europe, une nouvelle « stratégie pour les sols » (annoncée en 2021), visant une neutralité de la dégradation des terres avant 2030 (c’est l’un des objectifs de développement durable de l’UE)5.

Concepts et techniques principaux

Sols

Les pédologues qualifient de sol ou de terre arable les décimètres supérieurs de la surface de la Terre, généralement très vivants et poreux, où les plantes prennent racine. Les sols se forment à partir de la roche sous-jacente sous l’effet de l’érosion et de l’activité des êtres vivants à la surface de la Terre. La pédologie définit ce terme (selon Winfried Blum, 1986, Hochschule Für Bodenkultur, Vienne) comme étant la couche supérieure, épaisse d’environ un mètre en moyenne, de la surface terrestre caractérisée par les éléments suivants : « De la surface terrestre jusqu’à la roche-mère, les sols sont des couches meubles, perméables, structurées horizontalement (stratigraphie), vivantes et réactives qui se renouvellent à travers la transformation de substances organiques et inorganiques – avec l’apport d’énergie et de substances présentes dans l’atmosphère – et dans lesquelles ces processus de transformation se poursuivent. »

Profil du sol - Article détaillé : Profil du sol.

Sur une coupe verticale, on observe que le sol est généralement constitué de plusieurs couches horizontales superposées appelées pour cela « horizons ». Ceux-ci se différencient par de nombreux caractères : épaisseur, couleur, teneurs en sables, limons et argile, composition chimique, colonisation par les racines, etc. L’ensemble des horizons constitue un profil de sol. Celui-ci s’étend vers le bas jusqu’à la roche sous-jacente, la roche-mère si elle est bien à l’origine du sol qui la surmonte. Il existe différents types de profils définissant des types de sols. Par exemple : calcosol, podzosol, luvisol. Le classement intervient en utilisant différents systèmes connus au niveau international comme la World Soil Reference Base (WRB) ou le Référentiel pédologique français (RP).

Pédogenèse - Article détaillé : Pédogenèse.

C’est la science de l’évolution des sols. Dokoutchaiev a démontré que le sol est le résultat de l’action du climat sur les roches, mais la topographie, les agents biologiques (êtres vivants) et la durée modifient les conditions et le degré d’altération. Au fur et à mesure de son évolution, le sol s’approfondit et se différencie en horizons. Souvent, un équilibre relativement stable s’instaure et le sol prend une morphologie caractéristique d’un climat donné. Par exemple : luvisol de la forêt tempérée froide. C’est le « climax ». Cependant, certains sols continuent de se transformer jusqu’à des formes matérialisant un âge avancé et des formes de décrépitude. D’autres sont constamment rajeunis par l’érosion.

Le degré d’évolution d’un sol s’apprécie par l’assemblage des espèces minérales qu’il contient et qui n’existent pas dans la roche sous-jacente. On tient compte aussi de la nature et de l’âge des composés organiques présents.

Lire la totalité de cet article avec notes et références sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9dologie_(g%C3%A9oscience)

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De nombreux types d’écosystèmes coexistent à travers le monde, influencés par divers niveaux de température, d’hygrométrie, de pluviométrie, d’ensoleillement…

Ceci explique la diversité des sols ainsi que l’origine de leur formation.

Ces différentes conditions sont également à l’origine d’une grande diversité de vie des sols : ils sont plutôt gérés par les termites en Afrique alors que les sols tempérés européens sont le lieu de vie privilégié des vers de terre et des champignons.

Ce que vous allez apprendre

  • Que la formation des sols est processus très long
  • De quoi se compose un sol
  • Que cette composition influence les plantes qui s’y installent
  • Que la vie du sol augmente sa fertilité
    Un sol forestier compte en moyenne 3 tonnes de champignons, 1,5 tonne de bactéries et 1 à 2 tonnes de vers de terre à l’hectare.

Les étapes de formation d’un sol

Il y a une grande diversité de sols dans le monde. Pourtant, tous se sont initialement formés en trois grandes étapes.

Voir les 3 étapes de la création d’un sol - Ghislain Ghourbi

  • Altération de la roche mère
    Le vent, le gel, le soleil et l’eau fissurent la roche.

Ces interstices sont colonisés par divers micro-organismes, dont les algues, qui produisent des acides organiques pour dissoudre les roches.

L’accumulation de sol permet ensuite l’installation de petites plantes, leurs racines colonisent les fissurent et fractionnent la roche mère.

Les mécanismes de respiration racinaire et d’absorption des nutriments augmentent et relâchent du gaz carbonique (CO2) et des protons (H+), qui ont le même effet que les acides organiques et permettent de dissoudre la roche mère sans que les plantes ne gaspillent d’énergie.

  • Enrichissement en matière organique
    Les végétaux grandissent au fil des années. Leurs racines s’enfoncent dans les fissures de la roche, augmentant ainsi la profondeur de sol.

Lorsque les plantes meurent, leurs racines sont dégradées et viennent enrichir le sol en matière organique.

Au contraire, les parties aériennes de la plante vont s’accumuler à la surface du sol et créer une litière très riche en matière organique.

  • Formation des couches de sol
    L’organisation du sol dépend du climat et de la végétation environnante.

En fonction des nutriments, micro-organismes et plantes déjà présentes, une certaine flore va coloniser le sol. Ceci influera le fonctionnement et l’architecture du sol.

Cette étape aboutit à l’apparition de différentes couches, dues à la migration de particules, entrainées par les pluies en profondeur.

Bien que l’étape 3 ne présente plus la production de sol, l’altération de la roche mère sous-jacente sera continue tout au long de sa vie.

Ainsi, la grande majorité des sols gagne un millimètre de terre fine par siècle, là où les pratiques agricoles incluant un travail intensif peuvent faire perdre plusieurs centimètres de sol pendant la même période !

Hetrik et al. in Duhamel et al., 2013
L’amélioration génétique des plantes a diminué la dépendance des variétés modernes aux champignons mycorhiziens.

Composition d’un sol

Le sol contient une part importante de terre, mais 50% de son volume est constitué d’éléments mobiles comme l’air, l’eau, les racines et la faune.

Cette part mobile est en réalité le cœur de la fertilité du sol.

Voir les proportions des éléments principaux d’un sol - Ghislain Ghourbi

  • Premier compartiment
    Eau et air

Les plantes utilisent l’eau, l’air et le soleil pour produire le composant primaire de leurs cellules.

Elles canalisent l’énergie solaire pour assembler l’eau (H2O) et le dioxyde de carbone (CO2) présents dans l’air et former des sucres, constituants primaires de la matière organique.

En fonction des types de sucres produits et de leur agencement, la plante constitue des réserves énergétiques et un squelette carboné rigide lui permettant de se dresser vers la lumière.

Nutriments

Ce sont eux qui permettent aux plantes de fonctionner. Leur présence leur garantit de pouvoir réaliser la majorité des processus métaboliques.

Ils composent également une partie des cellules et assurent les échanges d’eau et de gaz à travers la plante.

  • Deuxième compartiment
    La terre

Elle contient près de 95% de matière minérale, issue de l’altération de la roche mère en sable puis en limon.

Elle est également composée de particules secondaires plus petites, comme les argiles, elles-mêmes constituées de couches d’ions issues de l’érosion des minéraux primaires.

Les 5% restants sont de la matière organique, formée et dégradée en permanence par les micro-organismes présents dans le sol.

Texture

La taille des particules minérales présentent dans un sol détermine sa texture. Elle va influencer sa capacité de rétention et la pénétration de l’eau dans le sol.

Illustration : Triangle de détermination de la texture du sol Ghislain Ghourbi

Plus les particules minérales sont grosses (sables), plus l’eau et l’air pourront entrer dans le sol. Ceci entraine un réchauffement plus rapide du sol et favorise l’activité biologique à l’origine de la minéralisation de la matière organique.

La dégradation de la matière organique permet de libérer les nutriments nécessaires à la croissance des plantes. Toutefois, la facilité de l’eau à traverser ces sols, couplée à la minéralisation rapide de l’humus, induit souvent des pertes de nutriments (lixiviation), voire de particules entières de sols (lessivage).

Au contraire, les sols riches en argiles, particules les plus fines du sol, ont une interaction forte avec les éléments mobiles. L’eau et les nutriments restent accrochés à leur surface, ce qui limite les pertes par lixiviation. Cependant, ces interactions diminuent la circulation de l’air, ce qui ralentit le réchauffement du sol et réduit son oxygénation. Ceci induit une faible capacité de minéralisation de l’humus par la vie du sol, donc les plantes auront plus de mal à acquérir des nutriments.

  • Interactions des deux compartiments
    La matière organique présente dans le sol permet d’homogénéiser l’effet de la texture sur le sol. Elle aère les sols riches en argiles et sert de réserve d’eau et de nutriments dans les sols sableux.

Matière organique (humus)

La matière organique est l’un des trois constituants des êtres vivants, avec l’eau et les minéraux. Lorsqu’une plante meurt, elle est dégradée par les micro-organismes du sol. L’eau, les nutriments et la matière organique sont consommés, mais il reste généralement une partie du squelette carboné difficile à dégrader. Cette matière plus stable compose la part organique de la terre, appelée humus. Elle constitue à la fois les aliments et les briques permettant à la vie du sol d’organiser sa structure pour l’aérer.

Structure

La structure d’un sol dépend de l’agencement des particules de terre entre elles. Il existe de nombreux type de structures. Toutefois, la plus favorable à la croissance de la majorité des plantes est liée à l’activité des micro-organismes du sol.

En effet, les microbes sont capables de structurer les particules en agrégats arrondis propices à la circulation de l’eau et de l’air. Pour cela, les bactéries et champignons ont besoin de matière organique pour se nourrir et se développer, mais également parce que c’est l’agrégation d’argiles et de limons autour de particules de matière organique qui permet l’obtention d’une structure grumeleuse homogène assurant une circulation optimale.

La ferme du plateau

Logo de l’initiative d’éducation à la nature et à l’agriculture à Nancy Ferme du plateau - Nous étudierons dans un prochain article les techniques de base pour améliorer la vie d’un sol d’un jardin. Nous présenterons les méthodes et itinéraires techniques pratiquées pour l’instant à la Ferme du plateau de Haye et qui sont une bonne base de travail. Par la suite, nous expliquerons comment les faire évoluer pour affiner toujours plus le soutien à la vie du sol, respectueux de l’environnement et utilisant le moins de ressources possibles.

La diversité de la vie du sol

Un sol «  normal  » contient généralement la moitié de son volume en porosités. Cet espace libre est colonisé par une grande quantité d’êtres vivants, regroupés sous le terme de «  vie du sol  ». Un sol forestier compte en moyenne 3 tonnes de champignons, 1,5 tonne de bactéries et 1 à 2 tonnes de vers de terre à l’hectare. De nombreux autres organismes d’une grande diversité de taille et de forme sont également présents.

Photo - Prairie fleurie United States Mission Geneva

Une prairie abrite en moyenne 260 millions d’animaux au mètre carré. On retrouve autant d’êtres vivants dans le sol qu’à sa surface. Toutefois, les animaux et micro-organismes du sol sont beaucoup plus diversifiés. Un mètre carré de sol de forêt de hêtres peut contenir plus de 1 000 espèces d’invertébrés. Tous ces êtres vivants interagissent avec leur milieu et leurs activités ont un impact sur la structure, la composition et la fertilité du sol.

Le fonctionnement complexe des sols forestiers

Dans cet épisode, Francis Hallé se base sur l’exemple du sous-bois pour détailler l’importance vitale du sol pour tous les êtres vivants, y compris l’Homme.

Regarder la vidéo sur YouTube

Les animaux du sol

Photo - Vers de terre en action PortalJardin

La vie du sol peut être classifiée par taille.

On distingue la mégafaune, la macrofaune, la mésofaune et la microfaune qui sont des animaux, des micro-organismes comme les bactéries, algues et champignons.

La majorité des animaux du sol jouent un rôle dans la décomposition de la matière organique morte. Il existe également des insectes qui mangent les plantes et des prédateurs qui régulent toutes ces populations.

Ce sont les mouvements de ces animaux qui créent la porosité facilitant l’entrée d’air et d’eau dans le sol et l’avancée des racines.

Parmi ces animaux, les vers de terre sont les plus répandus. Il en existe une grande diversité, spécialisés dans différentes profondeurs et différents types de sols.

TypeTailleReprésentants
Mégafaune plus de 8cm taupe, campagnol
Macrofaune de 4mm à 8cm vers, cloportes, escargots
Mesofaune de 0,2mm à 4mm collemboles, acariens
Microfaune moins de 0,2mm nématodes

Vandenkoornhuyse et al., 2015
La plante peut être considérée comme un hôte végétal accompagné de l’ensemble de ses micro-organismes associés.

Les micro-organismes du sol

Photo - Collembole, Lepidocyrtus paradoxus Christophe Quintin

Les micro-organismes du sol ont des rôles plus diversifiés que les animaux. Toutefois, on peut les classer en deux grands types : ceux qui consomment des substrats morts et ceux qui interagissent avec les plantes.

Non liés à la plante

Les micro-organismes du sol sont au stade final de la décomposition des matières organiques. Ils permettent de transformer les résidus organiques en nutriments minéraux accessibles aux plantes. Ils agissent à une échelle microscopique et ont des interactions plus intimes avec la matière. Ainsi, certains champignons utilisent la matière organique pour former des réserves de nutriments (l’humus), dégradables seulement par d’autres bactéries et champignons.

Liés à la plante

Ces organismes, principalement des bactéries et des champignons, interviennent dans la plupart des fonctions de la plante, que ce soit pour la nutrition ou la résistance aux stress. En effet, les micro-organismes représentent un réservoir de gènes et de fonctions biologiques supplémentaires pour leur hôte, permettant aux plantes de mieux s’adapter aux changements environnementaux. Parmi ces organismes ayant développés des relations d’entraide mutuelle avec les plantes, certains ont coévolué avec les végétaux si longtemps qu’ils ne peuvent plus se développer sans ceux-ci.

Mychorization

Le terme «  mycorhize  » désigne les organes mixtes racine-champignons. La mycorhization est donc l’association entre un champignon et la racine d’une plante. On parle de symbiose car ils profitent mutuellement de cette association. Les champignons mychoriziens sont formés d’un réseau de filaments qui se développent dans le sol pour puiser les nutriments, permettant le transport d’éléments nutritifs du sol à la plante hôte, mais également entre plantes hôtes. Ainsi, le champignon fournit de l’eau et des nutriments en échange de sucres produits par la plante. En effet, la plupart des nutriments, notamment 70 % du phosphore nécessaire, sont livrés aux plantes par des champignons mycorhiziens.

Pour conclure

La plupart des jardiniers et agriculteurs cherchent à créer des conditions de cultures parfaites pour chaque plante qu’ils cultivent. Cette excellence peut avoir un intérêt pour adapter certaines plantes exotiques dans notre jardin. Toutefois, il faut savoir que les plantes locales n’ont pas besoin de tant de soins. Les micro-organismes du sol sont adaptés aux plantes depuis plusieurs siècles et inversement. Il est donc plus intéressant d’entretenir la vie du sol pour obtenir un sol équilibré et fertile. Les pratiques permettant d’améliorer la richesse et l’efficacité de la vie du sol sont nombreuses, mais nécessitent d’être d’abord conscient du trésor qui vit et se multiplie sous nos pieds.

Nature et techniques au service de l’agriculteur et d’une agriculture durable

Agroécologie - Illustration

  • Une réalité de terrain confrontée aux besoins de développement durable
  • Considération de l’humain comme pièce maîtresse de l’exploitation
  • Veille sur les nouvelles expériences et techniques
  • Des compétences riches et fortes d’une expérience de terrain
    en savoir plus

Auteur : Ghislain Ghourbi - Responsable de la recherche agronomique — La ferme du plateau - Il consacre ses études à l’autonomie agricole et la production durable. Son stage à l’INRA de Rennes lui a permis d’étudier l’importance de la vie du sol. Il est en master agronomie et étudie les techniques de production agricole durable, en Lorraine, notamment pour améliorer les méthodes de culture des fruits et légumes en maraîchage.

Agro-industrie Agroécologie Agroforesterie Auxiliaires de culture Permaculture Préservation des sols Ravageurs de culture

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2bis.
Sols vivants - Rendre la nature à l’agriculture - Traduction du 03 décembre 2021 par Jacques Hallard d’une note de ‘earthworm.org’

Les derniers sols fertiles de notre planète nourrissent et alimentent des milliards de personnes et d’autres formes de vie terrestre. Ils font partie intégrante de nos forêts, de nos exploitations agricoles et de nos systèmes d’eau douce. Les sols abritent plus d’un quart de la biodiversité de la Terre et soutiennent les chaînes d’approvisionnement, de la mode à l’industrie pharmaceutique.

Mais l’agriculture et la production intensives ont mis nos sols à rude épreuve. À cause de l’érosion et de la pollution, nous perdons des sols fertiles plus vite que la nature ne peut les reconstituer. Nos aliments contiennent moins de nutriments et nos fermes deviennent moins productives à chaque génération de cultures. À cela s’ajoute une perte de matière organique et de biodiversité dans le sol.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un changement vers des pratiques qui redonnent vie à nos sols, afin de garantir la résilience des agriculteurs, des aliments nutritifs, une eau propre et des systèmes naturels robustes. Dans cette optique, nous souhaitons nous associer aux gouvernements, aux entreprises, à la société civile et aux agriculteurs afin de favoriser le passage à une agriculture écologiquement saine.

Les faits

Les sols agricoles représentent un peu plus de 7 % de la surface de la Terre et servent à nourrir une population mondiale de près de 8 milliards de personnes.

Un tiers des terres de la planète sont gravement dégradées, selon des recherches soutenues par les Nations unies.

Les sols fertiles disparaissent au rythme de 24 milliards de tonnes par an.

Notre travail

Depuis un peu moins d’une décennie, nous sommes sur le terrain en République dominicaine, au Ghana, en Inde, en Indonésie, en Côte d’Ivoire, au Laos, en Malaisie et en Thaïlande ; à l’écoute des défis des agriculteurs et en cocréant des solutions. En 2016, notre voyage dans le sol a commencé avec les agriculteurs de sheesham en Inde - où nos équipes ont engagé environ 1 000 agriculteurs depuis 2011. En partenariat avec les ’médecins du sol’ Claude et Lydia Bourguignon, nous avons commencé à explorer les moyens de régénérer nos sols, pour finalement travailler avec des agriculteurs en France sur l’agriculture de conservation. Nos efforts s’articulent autour de la connexion des différents nœuds de la chaîne d’approvisionnement pour intensifier la restauration des sols, ainsi que du développement d’incitations innovantes pour transformer les pratiques agricoles.

Nos programmes liés : Placer l’agriculteur au cœur de la société > Rurality – Putting the society Learn more

Projects - All projects

Living Soils, Santerre, France - The Living Soils Initiative, launched in January 2018 aims to accelerate the adoption of conservation agriculture practices by farmers - Read more

Mitti Bole, India - Mitti Bole, or Soil Speaks, is supporting Indian farmers return health to their soils. Read more

News & Stories :

Jun 12, 2020 - A webinar about how businesses can benefit from regenerative agriculture - Read more

Feb 5, 2020 - Earthworm’s campaign to help tackle environmental challenges in India- Read more

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Home - Earthworm Foundation

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Source : https://www.earthworm.org/our-work/areas-of-work/living-soils

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  • Comprendre Le Sol, La Terre et l’Humus avec Lydia et Claude BOURGUIGNON - Vidéo 59 minutes 10 - Sortie le 20 août 2020 - OFF GRID ORGANIC FARM
    Lydia et Claude BOURGUIGNON : Comprendre Le Sol, La Terre et l’Humus Vidéo de la conférence de Lydia et Claude Bourguignon, donnée au COLLOQUE CHOISIR LE VIVANT à l’Athénée Théâtre le 14 avril 2018. CLAUDE ET LYDIA BOURGUIGNON sont ingénieurs agronomes, réputés pour leurs travaux et expériences sur la microbiologie des sols. Docteurs ès-sciences et fondateurs du LAMS - Laboratoire d’Analyse Microbiologique des Sols - ils travaillent en France, en Europe, en Amérique et en Afrique. Ils furent parmi les premiers, dans les années 1970, à alerter le monde de la dégradation rapide de la biomasse, de la raréfaction des micro-organismes présents dans les sols, ainsi que de la perte d’humus et de capacité de productivité des sols agricoles. http://offgridorganicfarm.blogspot.com

Source : https://www.youtube.com/watch?v=tf2zNgrzWg0

A propos de Lydia Gabucci Bourguignon

Lydia Gabucci Bourguignon est née le 18 mai 1949 à Dijon, elle est maître en sciences, a été ingénieure à l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) puis a fondé avec son mari, Claude Bourguignon, le laboratoire d’analyse microbiologique des sols (LAMS)1 qui est une entreprise de conseils agronomiques. Avec son mari, ils sont parmi les premiers à alerter sur la dégradation rapide des sols2….

Source de l’article complet :

A propos de Claude Bourgnignon

Claude Bourguignon, né en 1951 à Paris, est un ingénieur agronome français, ancien assistant de recherche à l’INRA. Fondateur du Laboratoire d’analyse microbiologique des sols (LAMS)1,2, une entreprise de conseils agronomiques, qui vend ses prestations, essentiellement aux viticulteurs3. Il travaille en France, ainsi qu’en Europe, en Amérique et en Afrique. Il est parmi les premiers, dans les années 1970, à avoir alerté sur la dégradation rapide de la biomasse (perte d’humus) et l’amenuisement de la richesse des sols en micro-organismes (bactéries et champignons), ainsi que sur la baisse de productivité des sols agricoles européens ou des sols tropicaux ou subtropicaux auxquels on applique les mêmes méthodes. Il a contribué à développer des techniques alternatives qui se sont avérées efficaces, mais qui demandent une certaine technicité et une bonne connaissance de la pédologie….

Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bourguignon

Photo de Lydia et Claude Bourguignon en avril 2010 .

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  • La vie dans le sol d’après une étude de la FAO - Publié en novembre 2000 – Document ‘fao.org’
    La terre sous nos pieds n’est pas un agglomérat inerte de particules minérales, mais elle abrite d’innombrables organismes dont la diversité peut surpasser celle des espèces vivant au-dessus du sol

Des chercheurs au Brésil ont mené récemment une expérience curieuse. Ils ont prélevé un bloc de 25 x 25 cm de terre de pâturage dégradée et l’ont enfoui dans une forêt voisine, et à sa place ont mis un bloc de la même taille de sol forestier. En moins d’un an, la structure des agrégats de l’échantillon de pâturage avait été complètement restaurée à des niveaux caractéristiques des forêts naturelles, alors que l’échantillon ’étranger’ de sol forestier s’était tassé et avait perdu en grande partie sa porosité.

Toute la différence provenait des organismes vivant dans le sol. Alors que la terre forestière était riche en ’ingénieurs de l’écosystème’ - vers de terre, termites, mille-pattes et fourmis - les communautés de macro-faune naturelle vivant dans la terre de pâturage avaient presque disparues. La diversité biologique disparaissant, le sol avait été envahi par une espèce unique de ver de terre, Pontoscolex corethrurus, qui colmatait littéralement le sol de ses déjections.

Cet exemple est cité dans un récent rapport de la Division de la mise en valeur des terres et des eaux du Département de l’agriculture sur la biodiversité des sols et son rôle dans l’agriculture durable. Il faut bien comprendre que le sol n’est pas un agglomérat inerte de particules minérales, mais abrite d’innombrables organismes dont la diversité peut surpasser celle d’espèces vivant au-dessus du sol. On ne rencontre nulle part ailleurs dans la nature une telle densité d’espèces : un mètre carré de sol dans une forêt de hêtre peut contenir plus de 1 000 espèces d’invertébrés, alors que l’on observe plusieurs milliers d’espèces de bactéries dans un seul gramme de sol.

Qui plus est, le biote du sol remplit des fonctions vitales pour l’environnement et, en particulier, pour l’agriculture. Celles-ci vont de la régularisation de la structure du sol et du régime des eaux souterraines à la dégradation des polluants, sans oublier les effets de recyclage des éléments nutritifs, la fixation du carbone, la protection et la stimulation de la croissance des plantes, et la purification de l’écosystème.

Thé et termites. Le rapport donne d’autres exemples sur les retombées bénéfiques que peut avoir une gestion judicieuse de la biodiversité sur la productivité agricole et sur la durabilité des agroécosystèmes. Afin d’inverser la dégradation à long terme des exploitations de thé dans le Tamil Nadu (Inde), des chercheurs ont inoculé un mélange de bois de taille de théier, de fumier et de vers de terre dans des fossés creusés entre les rangs de théiers. Ils ont constaté que la technique était beaucoup plus efficace que la fertilisation organique ou minérale seule, permettant des hausses de rendement de plus de 275% en moyenne. Plus de 20 millions de vers de terre sont aujourd’hui produits chaque année dans le cadre d’un programme de remise en état des terres de production de thé en Inde et dans d’autres pays.

En Amazonie péruvienne, des agriculteurs utilisent aussi des vers de terre pour la culture de tomates hybrides sur des sols caractérisés par une faible teneur en éléments nutritifs, une forte acidité et un excès d’aluminium. Le sol des planches de culture mélangé à de la sciure de bois provenant des scieries est inoculé avec des vers de terre pour obtenir des rendements qui sont le double des moyennes locales et égaux à ceux obtenus avec des engrais minéraux.

Dans le nord du Burkina Faso, les agriculteurs sont parvenu à régénérer avec l’aide d’un autre macro-organisme vivant dans le sol, des terres agricoles dénudées sur lesquelles s’était formée une croûte. Le paillage du sol a attiré des termites qui ont envahi le substrat organique et la couche arable, modifiant notablement sa structure physique. Le tassement du sol a été réduit et l’infiltration et le drainage des eaux ont augmenté jusqu’au point où les cultures étaient à nouveau possible . De plus, les termites ont renforcé la décomposition et la minéralisation du paillis, libérant des éléments nutritifs et accroissant leur disponibilité pour les plantes.

Bactéries et nématodes. Les micro-organismes sont tout aussi importants pour la productivité des plantes ; ce sont les organismes vivant dans le sol les plus abondants, et ils participent activement au cycle des éléments nutritifs et des matières organiques, à la fertilité des sols et à la régénération des sols, à et la santé et la production des plantes. Plus de 90% des plantes dans le monde développent des associations symbiotiques avec au moins un type de mycorrhizes. Il s’agit d’un champignon qui opère comme une extension naturelle du système d’enracinement de la plante. Cette association augmente la capacité de la plante à absorber des éléments nutritifs, elle la protège des organismes pathogènes, et augmente sa défense aux polluants et aux conditions défavorables du sol, telles que la déficience en eau, un faible pH et la température élevée du sol.

Gros plan sur la Communauté biotique du sol :

Mega-organismes : ils comprennent les vertébrés - tels les serpents, les renards, les souris, les taupes et les lapins, ceux qui creusent dans le sol pour leur nourriture et abri

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Macro-organismes (diamètre > 2 mm) : ils comprennent les invertébrés (par exemple, les fourmis, les termites, les mille-pattes, les vers de terre, les escargots et les araignées). Les racines des plantes sont souvent incluses parmi le biote du sol

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Méso-organismes (diamètre 0,1-2 mm) : ils vivent en général dans les pores du sol. Ce groupe est composé principalement de micro- arthropodes, tels les collemboles et les acariens

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Micro-organismes (diamètre < 0,1 mm) : ils sont extrêmement abondants, omniprésents et variés. La microflore comprend les algues, les bactéries, les champignons et les levures qui peuvent décomposer presque toutes les substances naturelles. La microfaune inclut les nématodes, les protozoaires, les turbellariés, les tardigrades et les rotifères.

Fixation biologique de l’azote

La FAO encourage la fixation biologique de l’azote, par inoculation de bactéries Rhizobium, qui permet d’augmenter les rendements des légumineuses et de fournir de l’azote fixé aux cultures non-légumineuses. Les rhizobiums infectent les racines des plantes et forment des nodosités où l’azote de l’air est fixé, satisfaisant l’essentiel des besoins en azote de la plante.

Cependant, le rapport de l’AGL constate, ’l’application généralisée de cette technique est limitée par l’utilisation des engrais azotés, par le manque d’incitations à la culture de légumineuses et de mesures politiques et économiques appropriées’. D’ailleurs, les résultats varient - l’efficacité du Rhizobium dépende de la qualité des souches utilisées, ainsi que les caractéristiques du sol et du système de gestion de cultures. Un effort soutenu de recherche et une participation active des agriculteurs et techniciens expérimentés sont nécessaires pour une promotion réussie.

Le rôle des six genres de la famille bactérienne de Rhizobiaceae dans la production des légumineuses est bien documenté (voir encadré à la gauche). L’utilisation des bactéries associatives diazotrophiques et endophytiques est également très répandue dans les régions tropicales, notamment au Brésil et au Mexique : celles-ci non seulement fixent l’azote de l’atmosphère mais modifient la forme et le nombre des poils radiculaires, aidant la plante à absorber une plus grande quantité d’éléments nutritifs. L’application de ces organismes dans les inoculums (surtout dans le maïs, le riz, le blé et la cane à sucre) a produit des hausses de rendement allant de ’négligeable à presque 100%’.

Plusieurs espèces et genres de bactéries ont été utilisés pour améliorer la croissance des végétaux, les résultats les plus intéressants étant obtenus avec Agrobacterium radiobacter, pour lutter contre la galle du collet dans plusieurs familles de plantes, Bacilus subtilus, qui élimine le piétin des céréales, et différents inoculums à base de Bacilus utilisés dans toute la Chine sur les cultures maraîchères.

La microfaune du sol joue elle aussi un rôle dans la protection des plantes. Des nématodes ont été utilisés avec succès contre une gamme étendue d’insectes nuisibles, notamment les vers blancs, les charançons, les mouches des fruits et les sirex. Des essais en serre ont également montré que les nématodes étaient efficaces contre plusieurs champignons infectant les racines.

Néanmoins, le rapport conclut que le rôle des micro-organismes du sol dans l’agriculture durable continue à être sous-évalué : ’L’usage abusif de facteurs de production externes, tels les engrais minéraux et les pesticides - accompagné de la spécialisation des cultures ou des monocultures - peut entraîner des hausses considérables de la production vivrière, mais également appauvrir la fertilité des sols et leurs éléments biologiques et dégrader la condition physique des sols. Il faut adopter une approche intégrée qui prenne en compte les incidences possibles de l’agriculture sur la biodiversité des sols : une approche qui respecte la fertilité de sols, la productivité et la protection des cultures en optimisant les effets de synergie entre les éléments biologiques de l’écosystème et en renforçant l’efficacité biologique des processus du sol. Une telle approche serait utile dans l’agriculture commerciale moderne, et surtout sur les terres marginales menacées de dégradation, sur les terres dégradées qui ont besoin d’être régénérées et dans les régions où une agriculture à forte intensité d’intrants externes n’est pas possible.’

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© FAO, 2000 – Source : https://www.fao.org/ag/fr/magazine/0011sp1.htm

https://planet-vie.ens.fr/thematiques/ecologie/le-sol-l-epiderme-vivant-de-notre-planete

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  • Le sol, l’épiderme vivant de notre planète - Publié le 07.05.20 - Par Clément Mathieu – Document ‘planet-vie.ens.fr’
    Les sols forment, à la surface de la lithosphère, une fine pellicule d’épaisseur et de composition variables en fonction, notamment, du climat et de la nature des matériaux parentaux. Les Hommes emploient les sols de diverses manières mais les pressions qu’ils leur font subir menacent l’utilisation à long terme de ce fragile patrimoine.

Cet article est une version adaptée de Le sol ou l’épiderme vivant de la planète Terre, La Cohorte, 2009, 195, 15-28, SMLH, Paris.

1.  Connaissez-vous les sols ?

1.1.  Le sol, première ressource pour la vie de la planète…

Ressource pour la production alimentaire, support des activités humaines, source de minerais et de matériaux de construction, système épurateur, réserve d’eau… le sol est un élément vital et fondamental pour l’humanité. Il est donc essentiel à la vie et fait partie du quotidien des Hommes.

Et pourtant, constat étonnant, le sol n’est pas, ou très mal connu des Hommes, y compris de ceux qui l’utilisent directement et quotidiennement.

Toutes les sociétés humaines ont utilisé ou utilisent le sol chacune à leur manière : cultures, élevage, forêts, matériaux pour les habitations et les routes, épandage des déchets agricoles, industriels et urbains, zones récréatives. Le sol est d’ailleurs conçu de manière fort différente selon le mode de vie de chacun.

Il est peut-être pour certains une simple interface entre l’atmosphère et la lithosphère. Pour le carrier, par exemple, il devient même le « stérile » lorsqu’il recouvre le matériau rocheux solide sous-jacent et utilitaire.

Il est aussi considéré comme une simple superficie. C’est l’approche classique des personnes traitant du « foncier » : remembrement, plans d’occupation des sols, classement des terres, etc.

Il est l’objet de diverses réglementations en matière d’usage : droit de passage, drainage, plantations, etc.

Figure 1 - Les principaux facteurs de formation des sols - Source : Properties, classification and management of oxisols, USDA-NRCS, 1996 - Auteur : USDA-NRCS, 1996 Licence : Reproduit avec autorisation

Pour l’agronome et le pédologue, le sol est le produit de l’altération, du remaniement et de l’organisation des couches supérieures de la croûte terrestre sous l’action de la vie, de l’atmosphère et des échanges d’énergie qui s’y manifestent. C’est donc une structure quadridimensionnelle (espace, temps) (Figure 1).

Figure 2 - Horizon, profil pédologique et couverture pédologique -Auteur : Clément Mathieu, d’après Begon et Jamagne, Techniques agricoles, 1994, 1110, 1-24 Licence : Reproduit avec autorisation

C’est aussi un volume organisé, structuré et continu : la couverture pédologique présente une grande variété spatiale et est un milieu en perpétuelle transformation. Elle fait donc partie des paysages et est elle-même composée de volumes plus petits, les couches de sol que les spécialistes appellent horizons. Ces derniers s’organisent dans le paysage en relation avec la nature des matériaux parentaux, la géomorphologie, la couverture végétale, l’occupation des sols et l’empreinte des activités humaines (Figure 2).

1.2.  … mais sa méconnaissance est importante

Figure 3 - Le sol n’est pas toujours directement observable

Ici dans le bocage de Thiérache (département de l’Aisne, France), la prairie et le bocage ne laissent pas apparaître le sol. Ni la couleur, ni la profondeur, ni les caractéristiques pédologiques du sol ne sont observables sans l’intervention d’un outil (pelle manuelle ou mécanique). Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

Cependant cette organisation complexe et définie par un système de lois reste bien moins connue des Hommes que d’autres populations d’objets naturels comme les oiseaux, les plantes, les minéraux, etc.

Dans notre environnement, cette méconnaissance vient du fait que le sol s’impose très peu au regard :

  • Quand la végétation le couvre, il n’est pas visible (Figure 3).
    Figure 4 - La surface du sol > voir à la source

Le sol est cette couche de « terre » encore trop souvent appelée « terre arable ». Il ne nous apparaît distinctement que lors des labours. Ici sur les plateaux limoneux de la Brie (Bassin Parisien, France). Mais cette couche est-elle peu épaisse ou a-t-elle plusieurs mètres d’épaisseur ? - Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

  • Quand il est à découvert, ses couleurs : rouge, noire, ocre, blanche, brune dominent les paysages ; mais ce qu’on en voit n’est que la surface (Figure 4), or le sol est un volume qui se transforme continuellement. Bien que faisant partie du paysage, il est difficile en circulant simplement de le percevoir dans son intégralité.
  • Son matériel originel ou la couche sous-jacente, n’est souvent visible qu’à l’occasion de fronts de carrière, ou de tranchées de routes.
    Figure 5 - Les fosses pédologiques permettent l’étude des sols > voir à la source

Le pédologue creuse une fosse d’une profondeur variant selon les circonstances agronomiques (profondeur d’enracinement de la culture) ou naturelles (apparition de la roche mère sous-jacente) ou ses propres préoccupations (moyen en temps, en matériel…).

Dans la plupart des cas, la profondeur est d’environ 1,50 m à 1,80 m. Grâce à cette fosse, le pédologue va pouvoir faire des observations morphologiques et des prélèvements pour l’analyse en laboratoire (les boîtes sur le côté de la fosse servent à emporter les échantillons prélevés).

Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

  • Enfin, sa surface, visible ou non, ne laisse pas facilement deviner son organisation interne avec ses caractéristiques et ses propriétés analytiques et qualitatives. Son étude détaillée ne peut se réaliser qu’en creusant des fosses et en réalisant des inventaires spatiaux comme la cartographie des sols (Figure 5).
    1.3.  Son existence a été longue à être reconnue

La conscience de l’existence du sol en tant que formation naturelle organisée, soumise à un fonctionnement et à une évolution, susceptible de lentes et/ou rapides transformations ainsi que de dégradations irréversibles a été très longue à apparaître.

Si les auteurs de l’Antiquité mentionnent bien quelques méthodes physiques d’amélioration du sol agricole, ils ont eu d’énormes difficultés à concevoir le rôle chimique du sol. Le Moyen Âge perpétue les idées du monde gréco-romain et même Olivier de Serres, en 1600, ignore toujours le rôle des éléments fertilisants. Les premiers progrès réels n’apparaissent qu’en 1750. Duhamel de Monceau met l’accent sur le travail du sol et Wallerius affirme l’importance primordiale de l’humus dans la nutrition des plantes.

Avec Liebig, Boussingault et Lawes (vers 1840), la chimie du sol prend triomphalement naissance et on n’ignore pas l’altération des roches comme facteur de formation.

À la fin du XIXe siècle, Dokouchaev en Russie avec l’étude du Chernozem dans les plaines de l’Ukraine, mais aussi Müller au Danemark et Hilgard aux États-Unis abordent enfin l’étude conjointe et dialectique de l’ensemble des caractéristiques du milieu (Boulaine, 1989). La pédogenèse et la cartographie des sols sont nées.

Le sol n’est donc plus considéré comme un matériau, résidu de la transformation des roches, mais comme une entité naturelle. C’est un complexe matériel structuré et doué de régimes cycliques (journaliers et annuels) qui évolue au cours des temps et dont les caractères sont en relation avec la répartition des facteurs de différenciation. Le sol est « doué d’historicité et de géographicité » (Boulaine, 1989).

À partir de ce moment-là, les institutions agronomiques se mettent en place. Parallèlement, l’industrie des engrais, celle des machines agricoles, les syndicats de drainage se développent progressivement. La demande de connaissances sur les sols se développe petit à petit. Mais c’est surtout à partir de 1950 (donc, bien tardivement) que les travaux de recherche, d’inventaire et les bureaux d’études sur les sols se multiplient. Si en même temps les progrès des techniques physico-chimiques et autres (microscopie des sols, minéralogie des argiles, télédétection, traitement statistique des données) se développent ainsi que l’inventaire des sols, toutes ces recherches vulgarisent peu la connaissance des sols, non seulement pour l’ensemble du public, mais aussi pour les principaux utilisateurs de cette ressource.

Pourtant les applications des recherches sont largement exploitées en matière de fertilisation, de travail du sol, de drainage, d’irrigation, de plan de reforestation, etc. ainsi qu’en conservation des sols.

1.4.  La conservation des sols, une préoccupation majeure

La conservation des sols devient un projet majeur à l’échelle mondiale. Tous les continents sont concernés : érosion, compaction, pluies acides, pesticides, métaux lourds, salinisation, constituent des facteurs importants de la dégradation des sols.

Les effets de l’érosion s’aggravent dans diverses régions du monde. Souvent, on ne s’attendait pas à y rencontrer des problèmes d’une telle ampleur au niveau, non seulement des parcelles et des bassins versants amont, mais aussi à l’aval avec les conséquences catastrophiques sur l’atterrissement (c’est-à-dire le dépôt) des sédiments, le comblement des exutoires et les inondations de plus en plus fréquentes qui en résultent.

Des effets indésirables se produisent sur la qualité de l’eau avec les diverses pollutions chimiques (nitrates, phosphates, pesticides) et physiques (suspensions solides).

Les sols sont non seulement soumis à des dégradations physiques (perte de porosité, tassement, érosion) et chimiques (salinisation, alcalinisation) mais également à des pollutions d’origines variées : pollutions liées aux retombées atmosphériques (pluies acides), en particulier de substances issues des combustibles fossiles (oxydes d’azote et de soufre, plomb, chlore, fluor par l’industrie, les transports et le chauffage), à la fertilisation agricole et aux modes de culture (excès d’engrais, pesticides), à la pratique non raisonnée des épandages de résidus organiques des zones urbaines ou d’industries agroalimentaires (boues d’épuration, composts urbains, effluents agro-industriels – laiteries, brasseries, abattoirs, etc.) sans parler des pollutions accidentelles ou clandestines (enfouissement de déchets toxiques, décharges sauvages).

1.5.  Le sol, restera-t-il un inconnu ?

Parallèlement à ces problèmes liés aux dégradations et aux pollutions des sols, la demande de connaissance de la ressource sol s’accroît et se diversifie ; les acteurs et les demandeurs deviennent beaucoup plus nombreux, ils connaissent cependant moins bien les sols que les agriculteurs du passé.

La gestion des sols se fait aussi en fonction d’objectifs finalisés correspondant à des aspects très variés. Les questions posées sont du type : zones sensibles à l’érosion, zones irrigables ou à drainer, zones d’implantation des diverses espèces forestières, plantation des taillis à courte rotation, impact des produits phytosanitaires sur la qualité de l’eau (capacité de filtrage du sol)…

Malheureusement, la connaissance des sols dans le monde, en Europe, et même en France, reste insuffisante et, actuellement, difficilement mobilisable. Or on a pourtant largement démontré que la fertilisation et les conditions d’utilisation d’un sol, tant en productions végétales, forestières qu’animales, mais également en matière de conservation, sont fonction des caractères morphologiques, biologiques et chimiques du sol.

Mais les propriétés du sol sont très différentes selon les matériaux parentaux d’origine et les divers climats qui ont fabriqué ce sol ; d’où l’existence d’une multitude de sols très différents dans une même région soumise à un même climat et à plus forte raison entre régions ayant des climats très différents. D’où une nécessité de plus en plus évidente de mieux le connaître, de le comprendre davantage pour mieux le conserver et l’utiliser. Il est donc indispensable de poursuivre la diffusion des connaissances ainsi que les études et les inventaires concernant cet inconnu. Le sol est un élément crucial pour un développement durable intégré à un contexte environnemental socio-économique de progrès.

2.  Les fonctions vitales du sol

Le sol est un patrimoine pour toute la planète, qu’il convient de protéger et de conserver en raison de ses fonctions par rapport à la vie et à la santé de l’Homme. On connaît depuis longtemps le sol pour son rôle dans la production agricole. Mais on ignore encore trop souvent les fonctions du sol qui sont vitales pour l’humanité : source de matière première extractive, habitat biologique et réserve génétique, filtre et tampon, paysage… (Figure 6).

Figure 6 - La place du sol dans les problèmes d’environnement - Auteur : Clément Mathieu, 1996 Licence : Reproduit avec autorisation

Par rapport à la vie en général et plus particulièrement par rapport aux besoins et à la santé de l’Homme, le sol assure quatre fonctions essentielles.

2.1.  Des fonctions biologiques

Le sol abrite de très nombreuses espèces animales et végétales. Les organismes du sol appartiennent d’une part à tous les groupes connus des micro-organismes (Bactéries et en particulier Actinobactéries, Champignons, algues, protozoaires et virus) et d’autre part à certains groupes d’Animaux, surtout des Nématodes et des Annélides, des Arthropodes, en particulier des Insectes, voire de petits Mammifères (Figure 7).

Figure 7 - Le sol abrite de nombreuses espèces animales > voir à la source

A : En France, dans le bocage limousin, les taupinières indiquent une très forte activité de brassage de l’horizon humifère par de très nombreuses taupes.
B : Les turricules manifestent à la surface du sol une très forte activité des vers de terre. Zone tropicale, République centrafricaine.
C : Développement des termitières en forme de champignon ; les sols sous-jacents sont cuirassés et les termites vont chercher l’argile à plusieurs mètres de profondeur. Zone tropicale République centrafricaine.

Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

Nous savons que la faune et la microfaune du sol jouent des rôles fondamentaux dans le maintien de la fertilité physique et chimique des sols (évolution de la matière organique, stabilité de la structure, aération du sol). Ainsi de nombreux cycles biologiques passent par le sol et l’incluent donc comme élément constitutif de nombreux écosystèmes. C’est un habitat essentiel pour la biodiversité.

2.2.  Des fonctions alimentaires

Les éléments indispensables aux végétaux se trouvent dans le sol (calcium, potassium, azote, eau, air, etc.). Le sol joue ainsi le rôle de réservoir, de « garde-manger » qui selon les cas est plus ou moins rempli. Il retient aussi l’eau nécessaire aux plantes qu’il leur restitue en fonction de leurs besoins. En définitive, une grande partie de ce que les plantes absorbent provient du sol (Figure 8) et pas seulement de la partie supérieure du sol, car les racines des plantes peuvent descendre jusqu’à plusieurs mètres de profondeur.

Figure 8 - Un potager à Kiwenza, région de Kinshasa - Climat tropical humide (République démocratique du Congo). Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation > voir à la source

2.3.  Des fonctions de filtre et de tampon

Le sol exerce une fonction de tampon vis-à-vis des éléments exogènes qu’il reçoit (pluies acides, fertilisation, pesticides…). Le sol remplit aussi un rôle majeur dans la séquestration du dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère sous forme de matière organique. Il émet également un certain nombre de gaz à effet de serre (méthane, protoxyde d’azote).

Le sol est un milieu poreux et il exerce vis-à-vis de l’eau qui le traverse un rôle de filtre et de réacteur chimique et biologique pour les nitrates, phosphates et pesticides… Le sol devient un système épurateur, la qualité chimique et biologique des eaux dépend des propriétés des sols. Mais cette fonction épuratrice dans l’écosystème a ses limites car si elle n’est pas suffisante, la pollution du sol peut être définitive.

2.4.  Des fonctions matériau

Le sol sert de matériau de construction dans de nombreux cas. Les sols argileux en particulier permettent la fabrication de briques mais également de maisons en torchis. C’est ainsi qu’ont été édifiées de nombreuses villes et de villages en terre à travers le monde (Figure 9B), il en est de même des barrages en terre. Les galets des sols très caillouteux sont utilisés pour le béton (Figure 9A) ou pour les routes. Le sol est aussi utilisé comme matériau pour des objets de la vie courante, comme les poteries (Figure 9C) ou pour en extraire des éléments comme l’aluminium (bauxite) et le fer (cuirasses ferrallitiques).

Figure 9 - Les fonctions de matériau du sol > voir à la source

A : Les graviers sont utilisés à travers le monde pour la construction des habitations et des routes (terrasse du Rio Grande, Texas).
B : Au Maroc, dans le Haut-Atlas (vallée de l’Aït Bouguemez), village construit avec des matériaux limono-argileux extraits du sol.
C : Au Burundi, dans le Bweru, fabrication de poteries usuelles avec de la terre argileuse provenant du sol.

Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

2.5.  Le sol, essentiel aux hommes

Or, « tout est question d’équilibre entre les capacités fonctionnelles et de renouvellement des sols et la pression anthropique » (Ruellan et Dosso, 1993). À travers le monde, les exemples de sols dégradés, suite à leur mise en valeur ne manquent pas. Citons l’érosion hydrique et l’érosion éolienne, les tassements, l’appauvrissement en matière organique et en activité biologique, l’accumulation des sels, les pollutions… Au total toutes les fonctions majeures du sol sont affectées. Le sol perd sa fertilité et ses fonctions régulatrices.

L’équilibre entre les potentialités du sol et la pression des activités humaines est seul garant de l’avenir. Or, cet équilibre n’a de chance d’être respecté que si l’homme apprend à connaître le sol. — Ruellan et Dosso, 1993

3.  Un milieu structuré et organisé, des particules aux paysages

Si, comme nous l’avons rappelé, on parle de sol depuis l’Antiquité, ce n’est que depuis la fin du XIXe siècle avec Dokouchaev que le sol est défini en tant qu’objet et qu’on l’étudie comme tel.

Le premier niveau d’observation du sol s’est d’abord fait à partir de coupes sur le terrain qu’on a appelées profils pédologiques (Figure 5). En étudiant ces profils, on s’est très vite aperçu que le sol présentait des arrangements spatiaux de ses constituants qui n’étaient jamais quelconques et on a ainsi défini des structures. Pour mieux comprendre ces organisations structurales, tant dans leur configuration que dans leur genèse, on s’est efforcé depuis plusieurs dizaines d’années, d’étudier leurs constituants à l’aide du microscope (microscope optique puis microscope électronique) allant de plus en plus vers le petit, vers les particules élémentaires du sol (argiles, limons, sables), les feuillets d’argile ou les cristaux de calcite, d’hématite, etc.

Par l’étude de terrain, on s’est aussi très vite rendu compte que les sols formaient un volume continu et tridimensionnel. Cette couverture pédologique, est située entre la lithosphère et l’atmosphère, et évolue en continu. Elle est formée de constituants minéraux et organiques et elle est organisée en couches ou horizons qui sont eux-mêmes des volumes.

L’organisation spatiale de la couverture pédologique intégrée à d’autres éléments paysagiques (substrat géologique, hydrologie, géomorphologie, occupation végétale et activités humaines) va définir le paysage pédologique ou pédopaysage (Figure 2).

Le sol possède une architecture interne à plusieurs niveaux d’organisation qui peuvent s’observer, depuis l’échelle des constituants élémentaires jusqu’à la couverture continue ; nous y reconnaissons quatre grands niveaux d’organisation : les organisations élémentaires, les éléments structuraux, les horizons et la couverture pédologique.

3.1.  Les organisations élémentaires

La fraction minérale du sol provient de la désagrégation et de l’altération des roches sous-jacentes ou des paysages amont (pour les sols alluviaux par exemple). Ces constituants minéraux peuvent être distingués selon leur taille par l’analyse granulométrique du sol. On distingue ainsi les argiles de taille inférieure à 2 µm, les limons fins entre 2 et 20 µm, les limons grossiers entre 20 et 50 µm et les sables de 0,05 mm (50 µm) à 2 mm ; leur proportion relative définit la texture du sol.

Les constituants minéraux les plus petits, les argiles et les oxyhydroxydes de fer et d’aluminium, ont une grande réactivité chimique due à leur surface spécifique et aux charges électriques qu’ils développent.

Cette fraction minérale associée à l’humus – la matière organique décomposée du sol – va constituer des associations organominérales qui sont la base des organisations élémentaires. Celles-ci, sous les microscopes (optiques et électroniques), se décrivent donc en termes de constituants (squelette, plasma, vide…) et de relations entre les constituants (accumulation, séparation, concentration…) (Figure 10).

Figure 10 - Un exemple de microstructure

1 : assemblage riche en argile et limon ; 2 : grains de squelette ; 3 : vides ; 4 : revêtements argileux issus du lessivage des niveaux supérieurs dans le sol.

Auteur : Roy Brewer, Fabric and Mineral Analysis of Soils, 1964 Licence : Reproduit avec autorisation

3.2.  Les éléments structuraux

Dans une coupe de sol, on observe aisément des volumes pédologiques individualisés dont la taille varie du millimètre (de très fins grumeaux) à parfois quelques décimètres (souvent en forme de colonnes ou de prismes). En fait, ce ne sont pas des fragments dus à la cassure d’objets existants mais bel et bien des volumes naturels, qu’on dénomme agrégats. Ils résultent de l’agencement d’organisations élémentaires sous l’action conjuguée des cycles de dessiccation-humectation, de l’activité microbienne et des racines et constituent un niveau d’organisation visible à l’œil nu (Figure 11).

Figure 11 - Macrostructure montrant des agrégats polyédriques en place, laissant apparaître les vides entre les agrégats è La photographie montre une zone de 15 cm de large. Auteur : Roy Brewer, Fabric and Mineral Analysis of Soils, 1964 Licence : Reproduit avec autorisation

Les agrégats vont être associés à des vides, des concentrations de constituants (revêtements, nodules…), des traces d’activités biologiques, des couleurs, etc.

Les caractéristiques des agrégats, à savoir leur forme, leur taille, leur netteté et leur porosité interne et externe, déterminent les conditions de circulation de l’eau et des gaz dans le sol ainsi que ses propriétés mécaniques.

3.3.  Les horizons

Figure 12 - Les horizons d’un sol calcaire

Les horizons superposés subhorizontaux d’un sol calcaire moyennement différencié sur calcaire lacustre (étage Stampien), Peyriac-sur-Mer, département de l’Aude, France.
1 : horizon A argilo-humifère. ; 2 : horizon B, altération et décarbonatation ; 3 : horizon C, roche calcaire altérée et désagrégée.

Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

Les horizons sont des volumes pédologiques apparaissant en couches plus ou moins parallèles à la surface du sol (Figure 12), mais pas toujours (Figure 13), d’une épaisseur qui va de quelques centimètres à quelques décimètres. La relative homogénéité morphologique de ces couches correspond à une certaine homogénéité de constitution et de structure. Latéralement l’extension d’un horizon est très variable : du mètre… jusqu’à plusieurs kilomètres ; il n’est cependant jamais infini.

Figure 13 - Un podzol très différencié > voir à la source

Les horizons de ce sol ne sont pas tous horizontaux. Podzol très différencié. Lande de Versigny, département de l’Aisne, France.
1 : horizon A, sablo-organique ; 2 : horizon E, complètement sableux, hormis la silice tous les éléments ont été entraînés en profondeur ; 3 : horizon B, d’accumulation, légèrement cimenté par les oxydes de fer et les complexes organo-minéraux.

Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

Dans une première approche, les horizons peuvent être répartis en quatre grands ensembles de la surface du sol vers la profondeur.

  • Les horizons organiques, composés essentiellement de débris végétaux plus ou moins transformés, mais encore reconnaissables à la surface du sol.
  • Les horizons organo-minéraux, généralement appelés horizons A où les constituants minéraux très largement majoritaires sont mélangés à la matière organique humifiée sus-jacente.
  • Les horizons minéraux où s’observent les processus de réorganisation de l’assemblage des constituants et l’altération géochimique de ces constituants et/ou de départ ou au contraire d’accumulation d’éléments (argiles, fer, aluminium…) (ce sont les horizons B ou E).
  • Enfin les horizons C qui correspondent à la roche sous-jacente, plus ou moins altérée ou désagrégée.
    Mais les horizons sont avant tout le résultat de l’histoire du sol, c’est-à-dire de la pédogenèse ou l’ensemble des transformations et des déplacements des constituants minéraux organiques au cours du temps. Durant toute l’histoire du sol, les transformations subies par les matériaux et les déplacements des constituants contribuent à la différenciation des horizons. Chaque type de pédogenèse est à l’origine d’horizons bien particuliers que le pédologue appelle horizons diagnostiques, c’est-à-dire ayant des propriétés de référence destinées à qualifier le type de sol selon son évolution.

Figure 14 - Dépôts de loess superposés

Ce ne sont pas des horizons différents d’un même sol mais deux matériaux loessiques éoliens superposés et déposés durant des phases successives du Quaternaire récent (Würm III). Briqueterie d’Épouville, département de la Seine-Maritime, France.

Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

Attention, surtout ne pas confondre une succession d’horizons d’un même sol avec la superposition de matériaux d’origine différente (sédimentaire, d’apports successifs) (Figure 14).

3.4.  La couverture pédologique

Figure 15 - Un exemple de toposéquence > voir à la source

Pédopaysage en Thiérache montrant une toposéquence avec limons des plateaux (1), argile à silex de décarbonatation (2), craie à silex du Crétacé (3) et colluvions (4). Marfontaine, département de l’Aisne, France.

Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

La superposition des horizons forme un profil pédologique et l’ensemble des horizons distribués dans l’espace constitue la couverture pédologique (Figure 2). Toutes les structures pédologiques – organisations élémentaires, agrégats, horizons et couverture – constituent un système cohérent caractérisé par un type de dynamique évolutive sous l’influence de processus de pédogenèse qui peuvent être très anciens, tout particulièrement dans la zone intertropicale. Sous climats tempérés, les processus de pédogenèse à l’origine des sols actuels ne se sont développés que postérieurement à la dernière grande glaciation, soit il y a environ 10 000 ans. Ces processus de pédogenèse, dont le façonnement des paysages (par l’érosion géologique), sont lents et font évoluer le sol sur des pas de temps très longs (Figure 15).

L’organisation de la couverture pédologique est donc à quatre dimensions : trois spatiales et une temporelle.

4.  Les propriétés non visibles sur le terrain

Des propriétés chimiques mais également physiques et biologiques échappent totalement aux facultés d’observation ou de mesure sur le terrain et requièrent des procédés d’analyse et de mesure en laboratoire.

La première propriété à évoquer, celle qui favorise ou au contraire entrave la disponibilité des éléments nutritifs, est l’acidité du sol. Elle s’apprécie par la mesure de la concentration de la solution du sol en ions H+ selon un protocole normalisé de laboratoire et elle s’exprime par le pH. Les sols sont ainsi qualifiés de sols acides, de sols neutres ou de sols basiques ou encore alcalins.

Le sol est un double réservoir d’eau et d’éléments nutritifs dont il faut pouvoir mesurer la capacité.

La propriété du sol de stocker de l’eau et de la mettre à disposition des plantes est appréhendée par l’appui conjugué de l’enquête de terrain et les mesures de laboratoire. La réserve utile pour la plante sera définie par la différence entre la capacité de rétention1 et l’humidité au point de flétrissement2. Ces « bornes » d’humidité sont mesurées au laboratoire.

Le réservoir des éléments nutritifs est constitué par les colloïdes du sol essentiellement formés d’argiles et d’humus (appelé complexe argilo-humique) sous climats tempérés et d’argiles et d’oxyhydroxydes de fer et d’aluminium sous les climats tropicaux. Ce réservoir est appelé la capacité d’échange cationique (CEC). C’est la quantité totale de cations (ions chargés positivement) que le sol peut adsorber sur son complexe et échanger avec la solution du sol dans des conditions de pH bien définies. Les méthodes de mesure utilisées donnent une vision assez réaliste de la capacité d’échange des éléments.

Si les concentrations d’éléments essentiels aux végétaux comme l’azote (nitrate et ammonium), le calcium, le potassium, le magnésium et le phosphore mais aussi les oligo-éléments (Mn, Na, S, Bo, Cu, Zn…) et d’éléments pouvant être toxiques (l’aluminium dans les sols très acides) ne peuvent être appréciés que par des mesures de laboratoire, même celles-ci ne vont toutefois fournir qu’une image imparfaite de la réalité nutritionnelle du sol.

Figure 16 - L’humus

La couche superficielle de ce sol forestier (sol brun acide) doit sa couleur sombre à la présence d’humus. Mais quelle est la quantité d’humus présent ainsi que sa qualité ? (Ausignan, département des Pyrénées orientales).

Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

La couleur sombre de l’horizon de surface nous renseigne sur la présence de la matière organique décomposée dans cet horizon (Figure 16). Mais il n’existe aucune méthode de terrain pour évaluer la quantité et la qualité de l’humus présent dans l’horizon. Ici, encore le recours à l’analyse de laboratoire est indispensable pour mesurer cette propriété fondamentale du sol.

Une autre propriété, le plus souvent indiscernable sur le terrain, est sa porosité, c’est-à-dire le rapport entre le volume de la phase solide et le volume des vides. Ce sont les vides qui conditionnent la phase liquide et la phase gazeuse du sol : microvides qui retiennent la solution du sol indispensable à la nutrition de la plante, macrovides qui assurent le drainage du sol et son aération.

5.  La diversité locale et mondiale des sols

5.1.  Dans un même espace climatique

Dans une même région, dans une même parcelle, nous n’avons pratiquement jamais le même type de sol. Prenons l’exemple le plus simple : celui de la parcelle. Celle-ci n’est jamais rigoureusement horizontale et à supposer que le matériau parental soit le même pour toute la superficie, les faibles variations de pente engendrent des différences dans l’épaisseur des horizons de surface. On observe aussi très souvent des variations du régime hydrique ou de l’acidité ou de la teneur en calcaire, etc. Les différentes propriétés du sol varient rapidement d’un point à l’autre de l’espace.

Si cette parcelle s’étend sur un pédopaysage semblable à la figure 15, celle-ci présentera des sols très variés, des sols acides aux sols calcaires.

Dans les régions tempérées comme la France, avec un climat humide et frais (pluviométrie annuelle oscillant autour de 800 mm et une température moyenne autour de 12 °C), l’action de la pédogenèse est ménagée, c’est-à-dire ni trop intense, ni trop réduite. On observe une élimination lente et progressive des cations résultant de l’altération des silicates primaires ou de la dissolution du calcaire, d’où une tendance inéluctable à une acidification des sols. Mais c’est encore le matériau parental qui est l’agent principal de la distribution des principaux sols :

  • Sur les roches acides (sables, grès, granite) où l’évolution acidifiante est favorisée dès le départ, nous aurons des sols bruns acides puis des sols podzolisés (Figure 13).
  • Sur les roches calcaires, le phénomène majeur est la dissolution du CaCO3, mais celle-ci n’est pas suffisamment intense pour décarbonater complètement le sol. Ceux-ci restent donc saturés et même calcaires. Il s’agit de sols calcimagnésiques (rendzines, Figure 18), sols bruns calcaires (Figure 12)…
  • Sur toutes les autres roches (limons, schistes, argiles…) l’évolution par acidification suit son cours normal, inéluctable mais lent ; c’est le grand ensemble des sols bruns aux sols lessivés.
    Globalement, dans le contexte climatique assez homogène de la France métropolitaine, c’est le matériau parental qui par son rôle de frein ou d’accélérateur, règle le jeu de la pédogenèse, avec toutefois une limite en ce qui concerne les variations d’altitude. Lorsque le climat devient plus froid et plus humide, en haute montagne, l’activité pédogénétique est nettement ralentie ; c’est alors qu’apparaissent des formations particulières propres aux régions froides et humides.

5.2.  À l’échelle de la planète

La répartition mondiale des sols traduit l’influence majeure des climats sur la pédogenèse. Nous illustrerons cette influence à partir d’un transect allant de l’équateur au pôle Nord (Figure 17) (Pédro, 1985).

Figure 17 - Influence des facteurs climatiques sur la pédogenèse

Auteur : Clément Mathieu, d’après Pédro, Cultivar, 1985, 184, page 80 Licence : Reproduit avec autorisation

Selon le climat et l’âge de la couverture pédologique, on constate que la profondeur de l’altération est très différente : l’épaisseur des horizons à structure modifiée d’une part et celle des altérites d’autre part sont maximales en régions tropicales et équatoriales. Cette épaisseur est nulle ou très réduite dans les déserts.

D’après le devenir du silicium et de l’aluminium libérés par l’hydrolyse des minéraux primaires des roches (quartz, feldspaths, micas…) sous des climats différents, on a pu ainsi distinguer quatre grands types d’altération.

Figure 18 - Sol lessivé très dégradé développé dans un limon lœssique sous futaie - Pisseleux, le Valois, département de l’Aisne

Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

Tout d’abord, l’altération avec une hydrolyse partielle des minéraux, où l’élimination de la silice est faible. Dans ce premier cas de figure, si le lessivage de tous les cations libérés par l’altération est moyen, avec suffisamment de silice, il y a formation d’argiles des types illite et vermiculite. C’est généralement le cas d’une pédogenèse des zones climatiques tempérées avec l’apparition des sols bruns et des sols lessivés (Figure 18).

Figure 19 - Sol marron sur dalle calcaire épaisse en climat semi-aride méditerranéen - Plaine du Garet, Maroc - Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

Si le lessivage est quasi-nul avec une accumulation de tous les cations issus de l’altération, il y a alors néoformation d’argiles gonflantes (montmorillonite). Ce type d’altération caractérise surtout les milieux où les pluies sont insuffisantes pour lessiver les éléments en profondeur ; nous sommes en zones semi-arides et arides de part et d’autre du Sahara, en présence de sols isohumiques, de sols calcimorphes (Figure 19) parfois salins.

Le second type d’altération se caractérise par une hydrolyse importante de minéraux dans des milieux beaucoup plus lessivés. La quantité de silicium et de cations restant dans le sol est si faible qu’elle ne permet que la néoformation de l’argile kaolinite. Il reste trop peu de silicium pour former d’autres types d’argile. Ce type d’altération concerne les zones tropicales humides, les sols correspondants sont les sols ferrugineux tropicaux lessivés et certains sols ferrallitiques avec cuirasses ferrugineuses (Figure 20).

Figure 20 - Cuirasse ferrugineuse en bordure d’un plateau tabulaire résiduel en climat tropical humide - Région de Kara, Togo - Auteur : Clément Mathieu Licence : Reproduit avec autorisation

Le troisième type d’altération est défini par une hydrolyse extrême des minéraux sous climat équatorial très humide et très chaud où le drainage des sols est maximum. Tous les cations et une grande partie du silicium sont lessivés. Il ne reste pas assez de cations pour s’associer à la totalité de l’aluminium : à côté de la kaolinite, la gibbsite se forme. Ce sont des zones à sols ferrallitiques très désaturés, des cuirasses ferrugineuses et des bauxites dans les cas ultimes de l’allitisation.

Le dernier type d’altération qu’on appelle podzolisation est un processus de destruction des argiles dans des matériaux relativement pauvres en minéraux altérables et très filtrants. Cette destruction est due à l’acidité et à l’activité complexante des humus mal décomposés (Figure 13). Le fer et l’aluminium complexés migrent en profondeur créant ainsi des horizons de surface de silice résiduelle. La podzolisation est surtout une caractéristique des régions froides et humides de l’hémisphère nord.

6.  En conclusion

Le sol qui est la base de la production alimentaire reste le grand oublié de l’environnement (IFEN, 1998). Utilisé par le passé comme un support de la culture ou comme matériau pour la construction des habitations ou encore comme simple filtre conditionnant la qualité de l’eau, le sol doit être enfin considéré comme un milieu vivant, complexe et fragile qu’il importe de préserver pour l’avenir, comme un patrimoine à ménager.

Depuis de nombreuses années, des pressions de plus en plus fortes s’exercent sur lui. Dans les pays industrialisés : surexploitation agricole, pollutions industrielles, épandages des boues… dans les pays du Sud : érosion hydrique et éolienne, déforestation, perte de matière organique, salinisation…

La protection des ressources en sols contre toutes ces formes de dégradation doit être ressentie comme un objectif prioritaire par tous les pays du monde. Pourtant l’absence d’une prise de conscience de l’importance et de la valeur du sol est très répandue dans l’opinion publique et chez ceux-là même qui l’utilisent et le gèrent directement. Cependant, la nécessité de réaliser des études pédologiques afin d’utiliser au mieux le sol agricole, tout en le préservant des multiples sources de dégradation, est unanimement admise par la communauté scientifique.

Aussi la poussée démographique mondiale et la montée des préoccupations alimentaires et environnementales d’une part, la limitation de la ressource en sols de notre planète et le déséquilibre croissant entre la vitesse de dégradation des sols et la vitesse de leur régénération d’autre part, incitent-elles à une révision profonde des attitudes humaines vis-à-vis des ressources naturelles de manière générale et des sols en particulier. Et ce, sans négliger son intérêt en tant que matériau (construction, poterie), minerai (aluminium, fer, or…) et support (habitation, routes et canaux).

Mais on peut s’interroger sur le paradoxe qui existe entre l’urgence reconnue de sauvegarder cette ressource essentielle qu’est le sol et l’oubli politique à responsabiliser les diverses communautés à la gestion durable de cette ressource en particulier.

7. Références

  • Anonyme, 1998 « Declaration de Klingenthal III concernant les sols », Fondation Charles Léopold Mayer, Paris.
  • Begon J.-C. et Jamagne M., 1994 « Genèse, typologie et utilisation des sols », Techniques Agricoles, 1110, (3-944), 1-24.
  • Boulaine J., 1989 « Histoire des pédologues et de la Science des sols », INRA.
  • IFEN, 1998 « Le sol, un patrimoine à partager », Les données de l’environnement, n° 38.
  • Jamagne M., 2011 « Grands paysages pédologiques de France », éditions Quae.
  • Mathieu C., 1996 – “Structures et programme de la normalisation”Qualité des sols”, Étude et gestion des sols, 3, 2, 115-134
  • Mathieu C., 2009 « Les principaux sols du monde, voyage à travers l’épiderme vivant de la planète Terre », Tec et Doc, Lavoisier.
  • Mathieu C. et Lozet J., 2011 « Dictionnaire encyclopédique de Science du sol », Tec et Doc, Lavoisier.
  • Pédro, 1985 « Les sols de France » et « Les grandes tendances des sols mondiaux », Cultivar, 184, 74-81.
  • Robert M. et Stengel P., 1999 « Sols et agriculture : ressources en sol, qualité et processus de dégradation », Cahiers d’Agriculture, 8, 301-308.
  • Ruellan A. et Dosso M., 1993 « Regards sur le sol », Foucher, AUPELF.
    Crédits Auteur(s) - Clément Mathieu Agronome et géologue de formation, professeur honoraire de science du sol et d’agronomie tropicale. Ancien fonctionnaire principal de la FAO, membre de l’Académie des sciences d’outre-Mer. clement.mathieu@club-internet.fr

Éditeur(s) Pascal Combemorel Professeur agrégé de SVT. Il est le responsable éditorial du site Planet-Vie depuis septembre 2016.

Licence du texte de l’article Creative Commons - Attribution

Notes

  • 1 La capacité de rétention d’un sol est la quantité maximale d’eau que peut retenir un sol après ressuyage, c’est-à-dire une fois que l’eau excédentaire s’est écoulée par gravité.
  • 2 Le point de flétrissement caractérise la situation d’humidité d’un sol au moment où les plantes commencent à flétrir.
    Continuer à lire sur ce sujet :

ArticleLes sols et leur formation sous climats tempérés21.04.20 — Par Denis Baize

ArticleLes grands processus pédogénétiques en action en climats tempérés02.05.20 — Par Denis Baize

ArticleFaune du sol et production végétale10.01.20 — Par Mickaël Hedde, Marine Zwicke

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Source : https://planet-vie.ens.fr/thematiques/ecologie/le-sol-l-epiderme-vivant-de-notre-planete

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Le sol fertile restant de notre planète nourrit et nourrit des milliards de personnes et d’autres formes de vie terrestre. Il fait partie intégrante de nos forêts, de nos fermes et de nos systèmes d’eau douce. Le sol abrite plus d’un quart de la biodiversité de la Terre et soutient les chaînes d’approvisionnement de la mode à l’industrie pharmaceutique.

Mais l’agriculture et la production intensives ont mis nos sols à rude épreuve. À cause de l’érosion et de la pollution, nous perdons des sols fertiles plus rapidement que la nature ne peut les reconstituer. Notre nourriture contient moins de nutriments et nos fermes deviennent moins productives à chaque génération de cultures. A cela s’ajoute une perte de matière organique et de biodiversité dans le sol.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un virage vers des pratiques qui redonnent vie à nos sols ; pour garantir des agriculteurs résilients, des aliments nutritifs, de l’eau propre et des systèmes naturels robustes. Dans cette optique, nous souhaitons nous associer aux gouvernements, aux entreprises, à la société civile et aux agriculteurs pour favoriser une évolution vers une agriculture respectueuse de l’environnement.

Les faits :

Les sols agricoles représentent un peu plus de 7 % de la surface de la Terre et sont utilisés pour nourrir la population mondiale de près de 8 milliards de personnes.

Un tiers des terres de la planète est gravement dégradé, selon une recherche soutenue par l’ONU.

Les sols fertiles disparaissent au rythme de 24 milliards de tonnes par an.

Notre travail

Depuis un peu moins d’une décennie, nous sommes présents sur le terrain en République dominicaine, au Ghana, en Inde, en Indonésie, en Côte d’Ivoire, au Laos, en Malaisie et en Thaïlande, pour écouter les défis des agriculteurs et co-créer des solutions.

En 2016, notre voyage concernant les sols a commencé auprès des agriculteurs de sheesham en Inde - où nos équipes ont engagé environ 1.000 agriculteurs depuis 2011. En partenariat avec les « médecins du sol » Claude et Lydia Bourguignon, nous avons commencé à explorer comment régénérer notre sol ; éventuellement travailler avec des agriculteurs en France sur l’agriculture de conservation. Nos efforts portent sur la connexion de différents nœuds de la chaîne d’approvisionnement pour intensifier la restauration des sols, ainsi que sur le développement d’incitations innovantes pour transformer les pratiques agricoles.

Nos programmes liés aux sols

Ruralité –

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L’Initiative Sols Vivants, lancée en janvier 2018, vise à accélérer l’adoption de pratiques d’agriculture de conservation par les agriculteurs Lire la suite

Mitti Bole, Inde Photo

Mitti Bole, ou Soil Speaks, aide les agriculteurs indiens à rétablir la santé de leurs sols. Lire la suite

12 juin 2020 - Un webinaire sur la façon dont les entreprises peuvent bénéficier de l’agriculture régénérative Lire la suite

5 février 2020 - La campagne de Earthworm pour aider à relever les défis environnementaux en Inde Lire la suite

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  • Les sols vivants : une ressource clé pour la durabilité de l’agriculture dans les pays d’Amérique latine - Traduction du 02 décembre 2021 par Jacques Hallard d’un article diffusé par ‘iica.int’ et intitulé « Living soils : a key ressource for agricultural sustainability in the Americas – En date du 12 février 2021 - © 2020 INTER-AMERICAN INSTITUTE FOR COOPERATION ON AGRICULTURE – Source : https://iica.int/en/press/news/living-soils-key-resource-agricultural-sustainability-americas
    12 février 2021 - Rattan Lal, lauréat du Prix mondial de l’alimentation 2020 et ambassadeur de bonne volonté de l’IICA, a souligné la relation entre la qualité du sol et la durabilité de la position de l’Amérique latine dans le domaine de l’agriculture et de la pêche, en tant que l’un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux de produits alimentaires.

Brasilia, 12 février 2021 (IICA) - Pour que l’Amérique latine maintienne et renforce sa position parmi les principaux producteurs et exportateurs mondiaux de produits alimentaires, elle devra améliorer la qualité de ses sols - un facteur clé de sa capacité à accroître la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Les sols riches en nutriments contribuent également à atténuer les effets néfastes du changement climatique.

Tels sont les principaux messages exprimés par Rattan Lal, lauréat du prix mondial de l’alimentation 2020 et professeur émérite de l’université d’État de l’Ohio, dans une interview accordée au programme télévisé Agro América, fruit d’un partenariat entre l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture (IICA) et la chaîne brésilienne AgroMais.

M. Lal, principale autorité mondiale en matière de sciences du sol et ambassadeur de bonne volonté de l’IICA, a exposé les pratiques à adopter pour que l’agriculture devienne une source de solutions aux problèmes du monde.

Le scientifique a expliqué : ’Un changement de paradigme est absolument nécessaire. L’idée est d’encourager les agriculteurs à toujours garder le sol couvert de végétation et à ne pas labourer le sol pendant la saison morte. Tous les résidus de la culture précédente doivent être laissés à la surface du sol, afin de le protéger de la pluie, du vent et des températures élevées et froides. Les organismes du sol ont également besoin d’un habitat et de sources de nourriture, de sorte que les résidus de culture peuvent constituer à la fois une source de nourriture et un habitat pour les organismes du sol’.

L’IICA, le Lal et le ‘Carbon Management and Sequestration Center’ (CMASC) - que le célèbre scientifique dirige à l’université d’État de l’Ohio - travaillent à l’initiative ’Living Soils of the Americas’, en vue de mettre en commun les efforts publics et privés dans la lutte contre la dégradation des sols. Ce phénomène risque de compromettre la capacité des pays à satisfaire durablement leur demande alimentaire.

Dans ce contexte, et en utilisant les meilleures approches de gestion, la coopération technique internationale travaillera avec les gouvernements, les organisations internationales, les universités, le secteur privé et les organisations de la société civile pour contribuer à freiner la dégradation des sols et de l’agriculture qui appauvrit la matière organique des sols.

Se référant à cette initiative, Mme Lal a rappelé que 31 millions de personnes en Amérique latine et dans les Caraïbes étaient déjà en situation d’insécurité alimentaire avant la pandémie de Covid-19.

’En plus de la sous-alimentation, il existe également un problème de malnutrition’, a-t-il déclaré. ’La qualité des aliments n’est pas très bonne, en termes de teneur en protéines, de micronutriments et de vitamines. Nous devons donc améliorer la santé des sols - là où les aliments sont produits - afin que la qualité nutritionnelle des aliments soit également accrue’. Il ne s’agit pas seulement d’une question de quantité suffisante de nourriture, de glucides et de sucres. Il s’agit de micronutriments, de protéines, de vitamines et d’autres éléments essentiels qui sont également cruciaux’.

Le scientifique a averti que nous pourrions éventuellement voir une plus grande incidence de pandémies à l’avenir si l’empiètement de l’humanité sur la faune sauvage augmente.

’Une plus grande interaction entre l’humanité et la faune sauvage pourrait accroître le problème du transfert de maladies des animaux sauvages aux humains. Il est dans notre intérêt d’introduire une zone tampon entre la civilisation humaine et la faune sauvage ; il est également très important de rendre certaines terres à la nature. Les humains devraient réfléchir à la manière de préserver les terres’, a-t-il déclaré.

Au cours du programme, M. Lal a également indiqué que l’Amérique latine avait réalisé des ’progrès considérables’ dans le domaine de l’agriculture au cours des trois dernières décennies, mais il a souligné que lorsque de meilleures pratiques ne sont pas adoptées - que ce soit sur les petites propriétés rurales ou dans l’agriculture à grande échelle - la dégradation se produit en raison du compactage des sols, dû à l’utilisation de machines et à l’érosion des sols qui ont une faible teneur en matière organique.

’La plupart des objectifs de développement durable des Nations unies peuvent être réalisés d’ici à 2030. Nous avons dix ans, mais nous ne réussirons que si les sols et l’agriculture sont gérés correctement. Dans le cas contraire, il sera très difficile de réaliser ces objectifs’, a-t-il prévenu, soulignant les conséquences que la dégradation des sols pourrait avoir sur les importations de la région.

’Des pays comme le Brésil, l’Argentine, le Chili et certaines parties du Pérou et du Mexique sont des exportateurs de produits alimentaires, mais en même temps, ils sont aussi des importateurs. Le Brésil, par exemple, importe du blé. La production de blé n’est pas suffisante et de nombreux pays, en raison des effets du changement climatique, pourraient augmenter leurs importations’, a prédit M. Lal.

À ce titre, le professeur a recommandé que les agriculteurs soient indemnisés pour les services écosystémiques afin de favoriser le captage du carbone, dans le but d’atténuer les effets du changement climatique et d’accroître la qualité et le renouvellement de l’eau, ainsi que la biodiversité.

Le programme Agro América est le fruit d’un partenariat entre l’IICA et AgroMais, une chaîne de télévision brésilienne du groupe de communication Grupo Bandeirantes. Il est diffusé tous les jeudis, avec une rediffusion le samedi et le dimanche.

En dehors du Brésil, où il est diffusé sur les chaînes câblées Claro (189 et 689), Vivo (587), Sky (569) et OI (176), il peut être vu sur les chaînes YouTube d’IICA et AgroMais.

You may view Rattan Lal’s interview here.

See as follows the complete list of programs : Click here

More information : Institutional Communication Division - comunicacion.institucional@iica.int

Contact : Headquarters. 600 m. northeast of the Ipís-Coronado intersection.
Vásquez de Coronado, San Isidro 11101 - Costa Rica. San José, Costa Rica

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Source : https://iica.int/en/press/news/living-soils-key-resource-agricultural-sustainability-americas

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  • Les champignons pourraient jouer un rôle crucial dans le stockage du carbone dans le sol à mesure que la Terre se réchauffe : lors de tests en laboratoire, les sols abritant uniquement des bactéries ont libéré davantage de CO2 que les autres sols lorsqu’ils ont été réchauffés - Traduction du 02 novembre 2021 par Jacques Hallard d’un article de Freda Kreier publié le 30 novembre 2021 par ‘sciencenews.org’ sous le titre « Fungi may be crucial to storing carbon in soil as the Earth warms  ; accessible sur ce site : https://www.sciencenews.org/article/fungi-carbon-storage-soil-earth-warm-climate
    Les scientifiques commencent à comprendre les relations entre les microbes du sol qui permettent à certains sols de retenir le carbone alors que d’autres le perdent plus facilement dans l’atmosphère.

Les champignons pourraient jouer un rôle clé dans le stockage du carbone dans le sol.

Les sols constituent un énorme réservoir de carbone, contenant environ trois fois plus de carbone que l’atmosphère terrestre. Le secret de ce stockage de carbone réside dans les microbes, tels que les bactéries et certains champignons, qui transforment les matières mortes et en décomposition en un sol riche en carbone.

Mais tous les composés de carbone produits par les microbes du sol ne sont pas égaux. Certains peuvent durer des décennies, voire des siècles, dans le sol, tandis que d’autres sont rapidement consommés par les microbes et transformés en dioxyde de carbone qui se perd dans l’atmosphère. Une étude montre aujourd’hui que les sols riches en champignons cultivés dans des expériences de laboratoire libèrent moins de dioxyde de carbone lorsqu’ils sont chauffés que les autres sols.

Ce résultat suggère que les champignons sont essentiels à la fabrication de sols qui séquestrent le carbone dans la terre. C’est ce que le microécologiste Luiz Domeignoz-Horta et ses collègues rapportent le 6 novembre dans ISME Communications.

Selon M. Domeignoz-Horta, il est important de savoir qui fabrique le sol.

Cette étude intervient alors que certains scientifiques mettent en garde contre le changement climatique, qui risque de libérer davantage de carbone du sol vers l’atmosphère, aggravant ainsi le réchauffement de la planète. Les chercheurs ont constaté que la hausse des températures peut entraîner une explosion démographique des microbes du sol, qui épuisent rapidement les composés de carbone facilement digestibles. Ces organismes sont alors contraints de se tourner vers des réserves de carbone plus anciennes et plus résistantes, transformant en dioxyde de carbone le carbone stocké depuis longtemps.

Avec la menace combinée de la hausse des températures et des dommages causés aux communautés microbiennes du sol par l’agriculture intensive et la disparition des forêts, certains modèles informatiques indiquent que 40 % de moins de carbone restera dans le sol d’ici 2100 que ce que les simulations précédentes avaient prévu (SN : 9/22/16).

Pour voir si les scientifiques peuvent inciter les sols à stocker davantage de carbone, les chercheurs doivent comprendre ce qui fait fonctionner les microbes du sol. Mais ce n’est pas une tâche simple. ’Certains disent que le sol est la matrice la plus complexe de la planète’, explique Kirsten Hofmockel, écologiste au Pacific Northwest National Laboratory à Richland (Wash.), qui n’a pas participé aux recherches.

Pour simplifier les choses, Domeignoz-Horta, de l’université de Zurich, et ses collègues ont cultivé leur propre terre en laboratoire. Les chercheurs ont séparé les champignons et les bactéries du sol forestier et ont cultivé cinq combinaisons de ces communautés dans des boîtes de Pétri, dont certaines n’abritaient que des bactéries ou des champignons. Les chercheurs ont nourri les microbes avec un régime de sucre simple et les ont laissés produire de la terre pendant quatre mois. L’équipe a ensuite chauffé les différents sols pour déterminer la quantité de dioxyde de carbone produite.

Les bactéries étaient les principaux moteurs de la fabrication du sol, mais les sols riches en champignons produisaient moins de dioxyde de carbone lorsqu’ils étaient chauffés que les sols fabriqués uniquement par des bactéries, ont constaté les chercheurs. La raison n’est pas encore claire. Selon M. Domeignoz-Horta, il est possible que les champignons produisent des enzymes - des protéines qui construisent ou décomposent d’autres molécules - que les bactéries ne sont pas capables de fabriquer elles-mêmes. Ces composés dérivés des champignons pourraient fournir aux bactéries des éléments différents pour construire le sol, ce qui pourrait aboutir à la création de composés de carbone ayant une durée de vie plus longue dans les sols.

Ce qui se passe dans un sol cultivé en laboratoire n’a pas forcément la même signification dans le monde réel. Mais cette nouvelle recherche constitue une étape importante dans la compréhension de la façon dont le carbone est enfermé à long terme, selon M. Hofmockel. Ce type d’information pourrait un jour aider les chercheurs à mettre au point des techniques permettant de s’assurer que davantage de carbone reste plus longtemps dans le sol, ce qui pourrait contribuer à réduire la quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

’Si nous pouvons obtenir du carbone dans le sol pendant cinq ans, c’est un pas dans la bonne direction’, déclare Hofmockel. ’Mais si nous pouvons avoir du carbone stable dans le sol pendant des siècles, voire des millénaires, c’est une solution’.

Citation  : L. Domeignoz-Horta et al. Direct evidence for the role of microbial community composition in the formation of soil organic matter composition and persistence. ISME Communications. Published November 6, 2021. doi : 10.1038/s43705-021-00071-7.

About Freda Kreier - Freda Kreier is an intern at Science News. She holds a bachelor’s degree in molecular biology from Colorado College and a master’s in science communication from the University of California, Santa Cruz.

À propos de Freda Kreier - Freda Kreier est stagiaire à ‘Science News’. Elle est titulaire d’une licence en biologie moléculaire du ‘Colorado College’ et d’un master en communication scientifique de l’Université de Californie, à Santa Cruz aux Etats-Unis.

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Source : https://www.sciencenews.org/article/fungi-carbon-storage-soil-earth-warm-climate

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  • Les sols vivants sont à considérer comme un bien public mondial – Document ‘planet-a-initiative.com’ – Eté 2019
    La communauté scientifique et les intervenants de haut niveau se sont mis d’accord sur un texte qui lance un appel clair à la protection des sols en tant que bien public mondial.

’Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, y compris les sols et les forêts, en assurant leur gestion durable, en luttant contre la désertification, en arrêtant et en inversant la dégradation des terres et de la biodiversité’ : C’est l’un des 17 objectifs de développement durable adoptés par l’Assemblée générale des Nations unies en 2015.

Pour nous, scientifiques, observateurs et cultivateurs de la terre et du sol, l’accent mis sur le sol est un impératif vital. Le sol, cette fine couche qui constitue l’interface entre la surface de la croûte rocheuse de notre planète et l’air qui l’entoure, est l’essence même de toute vie sur Terre. Il retient l’eau, recycle les éléments, nourrit la faune et la flore, produit nos aliments, stocke le carbone, aide les écosystèmes à être résilients aux chocs climatiques et abrite d’innombrables organismes vivants, qui représentent un quart de la biodiversité mondiale.

La santé des sols est essentielle pour toutes les espèces vivantes et les écosystèmes. Sa dégradation met en péril les cycles environnementaux qui sous-tendent la vie : sécurité alimentaire, qualité de l’eau, qualité de l’air, capacité à amortir le changement climatique, coexistence pacifique entre les peuples. Mais les sols sont fragiles, ils constituent une ressource limitée, et ils sont irremplaçables.

Nous n’avons plus le temps d’attendre que la nature rétablisse l’équilibre des sols. Aujourd’hui, un tiers des sols de la planète sont dégradés. Déforestation, imperméabilisation, intensification de l’agriculture, pollution chimique, salinisation : les activités humaines accélèrent et aggravent encore les dégradations, qui appauvrissent les terres au point de les tuer. Inverser ce processus est essentiel et possible.

Pour que notre planète reste vivante, il est urgent de protéger les sols par un soutien institutionnel et des mesures incitatives. Il est urgent de dépasser les règles simples et non dissuasives du pollueur-payeur. Il est urgent de prendre des mesures concrètes et fortes pour encourager la transition écologique de l’agriculture, qui est le seul moyen de nourrir durablement la planète et de lutter contre le changement climatique.

La protection et la régénération des sols est la responsabilité éthique et morale de l’humanité envers la planète. L’utilisation durable des sols est essentielle pour nos enfants et les générations à venir.

Nous, agriculteurs, chercheurs, professeurs, entrepreneurs, décideurs politiques, représentants de la société civile, tous signataires de cet appel, demandons solennellement aux autorités européennes et mondiales de reconnaître les sols vivants comme un élément essentiel de la société.

L’Europe, en particulier, doit inscrire à son agenda, dans le cadre d’une politique en faveur de l’agriculture et de l’environnement, un projet concret et ambitieux de protection de ses sols, terres et territoires. Riche de toutes ses composantes, l’Union européenne doit transmettre cette ambition aux grandes conventions environnementales des Nations unies et à toutes les institutions internationales qui travaillent sur les ODD.

Appel approuvé et signé entre le 28 juin et le 3 juillet 2019 par :

Rattan Lal, professeur de science du sol, directeur du Carbon Management and Sequestration Center, ancien président de l’Union internationale de la science du sol, lauréat 2019 de la Japan Prize Foundation, corécipiendaire du prix Nobel de la paix 2007 au titre du GIEC.

Initiative « 4 p 1000 » : Ibrahim Mayaki, President, Stéphane Le Foll, Vice-president, and Paul Luu, Excutive Secretary
Pierre Blanc, Geopolitics professor
Claire Chenu, Professor of Soil Sciences, Co-chair of the 4 p 1000 Initiative, Special ambassador for the international soil year 2015
Jean-Luc Chotte, Research Director at IRD, Scientific Expert within the Science-Policy Interface of the United Nations Convention to Combat Desertification (UNCCD) Scientific referent for Initiative « 4 p1000 »
Michel Eddi, Chairman of CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), President of Iddri
Dr. Fabrice DeClerck Science director, EAT/Stockholm Resilience Centre
Christian Huyghe, Science director Agriculture, INRA
Mike Parish, Director Health Soils Autralia
Jean-Pierre Rennaud, Chairman of the Scientific Board of Planet A®, Managing director Livelihoods Venture, Chairman of the Board of Supagro Montpellier,
François Mandin, Farmer, President of the APAD network
Jean-Philippe Quérard, Chairman, for Mouvement « Pour une Agriculture du Vivant »
Benoist Apparu, Mayor of Châlons-en Champagne, Former Minister
Henri Nallet, Former Minister, President, Fondation Jean-Jaurès
Gilles Finchelstein, Director, Fondation Jean-Jaurès
Dominique Potier, MP for Meurthe et Moselle
Anne Laurence Petel, MP for Bouches-du-Rhône 
Xavier Lacovelli, Sénator (Hauts-de-Seine)
Pierre-Marie Aubert, Researcher, coordinator of the European Agriculture Initiative, Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI)
Benoît Grimonprez, University Professor, Institute of Rural Law of Poitiers
Thomas Ribémont, President of Action Against Hunger
Sébastien Couasnet, CEO, Éléphant Vert
Jean-François Roucou, Pernod Ricard, Group Director of Sustainable Performance 
Carmen Munoz-Dormoy, President of Planet A®, CEO of Citelum

planet A®2021| Contacts| Partners - Privacy policy|Terms of Service|Location

Source : https://www.planet-a-initiative.com/lappel-les-sols-vivants-un-bien-public-mondial/?lang=en

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    Addenda – Accès à des vidéos relatant une rétrospective d’exposés avec Pierre Rabhi (intervenant), Lydia et Claude Bourguignon – Eté 2014
    Conférence PARTIE 1 Pierre Rabhi (intervenant) Lydia et Claude Bourguignon, Lalouvesc - 13 septembre 2014 - Fabrice Beauvois

Conférence Partie 1 - Lydia et Claude Bourguignon, Pierre Rabhi Lalouvesc (Ardèche) 2 Août 2014 Intervention de Pierre Rabhi Le 2 Août 2013, le premier marché bio de Lalouvesc (Archèche, Rhône-Alpes) s’est déroulé en présence de nombreux producteurs et artisans bio. Cet événement a été suivi d’une conférence donnée par Lydia et Claude Bourguignon et Pierre Rabhi. Les intervenants ont abordé tour à tour de nombreux thèmes comme les questions philosophiques et sociétales de l’avenir de notre planète, des questions agricoles et écologiques sur l’utilisation de nos sols, ainsi que d’autres thèmes qui leur sont chers. Cette première partie vous présente l’intervention de Pierre Rabhi fondateur du mouvement des Colibris. Réalisation, montage, photographies, timelapse : Fabrice Beauvois • Studio Sourisdom (www.sourisdom.fr) Crédits musicaux : toutes les musiques présentes dans ce film sont de Kevin Mac Leod (incompetech.com) © 2014, Fabrice Beauvois • Studio Sourisdom, tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle, est interdite, seuls les partages et insertions sur d’autres sites sont autorisés.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=jS82fc-WPdc

Conférence PARTIE 2 Lydia et Claude Bourguignon (intervenants), Pierre Rabhi, Lalouvesc - 13 septembre 2014 - Fabrice Beauvois

Conférence Partie 2 - Lydia et Claude Bourguignon, Pierre Rabhi Lalouvesc (Ardèche) 2 Août 2014 Intervention de Lydia et Claude Bourguignon Le 2 Août 2013, le premier marché bio de Lalouvesc (Archèche, Rhône-Alpes) s’est déroulé en présence de nombreux producteurs et artisans bio. Cet événement a été suivi d’une conférence donnée par Lydia et Claude Bourguignon et Pierre Rabhi. Les intervenants ont abordé tour à tour de nombreux thèmes comme les questions philosophiques et sociétales de l’avenir de notre planète, des questions agricoles et écologiques sur l’utilisation de nos sols, ainsi que d’autres thèmes qui leur sont chers. Cette seconde partie vous présente l’intervention de Lydia et Claude Bourguignon. Réalisation, montage, photographies, timelapse : Fabrice Beauvois • Studio Sourisdom (www.sourisdom.fr) Crédits musicaux : toutes les musiques présentes dans ce film sont de Kevin Mac Leod (incompetech.com) © 2014, Fabrice Beauvois • Studio Sourisdom, tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle, est interdite, seuls les partages et insertions sur d’autres sites sont autorisés.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=h2IFMocpe8o

Conférence PARTIE 3 (questions) Lydia et Claude Bourguignon, Pierre Rabhi, Lalouvesc - 13 septembre 2014 - Fabrice Beauvois

Conférence Partie 3 - Lydia et Claude Bourguignon, Pierre Rabhi Lalouvesc (Ardèche) 2 Août 2014 Questions aux intervenants Le 2 Août 2013, le premier marché bio de Lalouvesc (Archèche, Rhône-Alpes) s’est déroulé en présence de nombreux producteurs et artisans bio. Cet événement a été suivi d’une conférence donnée par Lydia et Claude Bourguignon et Pierre Rabhi. Les intervenants ont abordé tour à tour de nombreux thèmes comme les questions philosophiques et sociétales de l’avenir de notre planète, des questions agricoles et écologiques sur l’utilisation de nos sols, ainsi que d’autres thèmes qui leur sont chers. Cette troisième et dernière partie vous présente les questions du public. Réalisation, montage, photographies, timelapse : Fabrice Beauvois • Studio Sourisdom (www.sourisdom.fr) Crédits musicaux : toutes les musiques présentes dans ce film sont de Kevin Mac Leod (incompetech.com) © 2014, Fabrice Beauvois • Studio Sourisdom, tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle, est interdite, seuls les partages et insertions sur d’autres sites sont autorisés.

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