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"Le peuple amérindien autochtone ‘Dineh’, de la réserve Navajo au Sud-Ouest des États-Unis, à la recherche de l’harmonie sociale avec l’univers (Hózhó ou voie de la beauté cosmique), associant pratiques artistiques et soins de santé, agroécologie et poésie" par Jacques Hallard
vendredi 17 septembre 2021, par
ISIAS Ethnologie Culture Navajo Résistance
Le peuple amérindien autochtone ‘Dineh’, de la réserve Navajo au Sud-Ouest des États-Unis, à la recherche de l’harmonie sociale avec l’univers (Hózhó ou voie de la beauté cosmique), associant pratiques artistiques et soins de santé, agroécologie et poésie
Jacques Hallard , Ingénieur CNAM, site ISIAS – 24/09/2021
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Ce dossier propose, à des fins didactiques, de se concentrer sur un examen des nations amérindiennes, en particulier celles qui se situent dans le sud-ouest des Etats-Unis, dont le territoire revendiqué par le peuple Navajo.
Est mise en exergue la difficile histoire avec le gouvernement fédéral états-unien pour les Navajos qui n’ont eu de cesse de tout faire pour conserver leur culture, leurs valeurs et le genre de vie auquel ils aspirent, qu’ils soient ou résidents permanents sur leur territoire.
Un certain nombre de documents ont été sélectionnés pour faire ressortir les particularités liées au peuple Navajo. Les différentes approches et témoignages, de nature ethnologique, anthropologique et sociologique, ont été ordonnées et leurs accès figurent dans le sommaire ci-après
On remarque notamment comment le peuple Navajo s’appuie sur les paysages grandioses – mais souvent désertiques – qui les entourent, sur les éléments de la nature à considérer avec respect et sur des relations sociales fidèles à des pratiques traditionnelles, qui visent autant que possible à faire régner une certaine harmonie entre tous les êtres vivants dans leur environnement, en somme une approche que l’on peut qualifier d’écologique. Leur attention aux arts, aux soins de santé, à l’éducation de leur jeunesse, à la transmission de leurs traits culturels typiques, aux cultures vivrières dans un univers pas toujours évident pour y survivre, étonne toujours leurs hôtes et les visiteurs qui vont à leur découverte.
Ce dossier se termine avec quelques extraits d’une contribution poétique qui caractérise typiquement les diverses peuples amérindiens de ces territoires.
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- Les Nations indiennes - Dictionnaire historique et culturel des Indiens d’Amérique du Nord - Publié le 01 août 2015 par François Hameau
- Les Navajos ou Navahos d’après Wikipédia
- Ethnologie des Navajos, derniers des Non-Violents - M. Berton et C. Dordis - JONAS > Novembre > 2001 – Document ‘gaia.free.fr’
- L’esprit navajo - Publié le 08/08/2002 à 00:00 - Par LEXPRESS.fr
- Les indiens Navajos, entre tradition et modernité Par Lucia Dumont · Saison 2010-2011 · histoire, sociologie · 27 janvier 2011 – Document ‘universiteouverte.u-cergy.fr’
- Le monde spirituel des Navajo - Publié le 24 juillet 2015 – Diffusé par ‘Garrigues et Sentiers’ – Auteure : Marie-Claude Feltes-Strigler Université Sorbonne Nouvelle
- Les Navajo en transition : la difficile maîtrise d’un nouvel espace-temps - The Navajo in Transition : Coping with a New Space-Time Concept - Gérard Selbach (p. 128-145)
- Le temps, le sacré, l’être, la santé - Rencontre avec la philosophie navajo – Par Agnès DE SOUZA - 1996
- Les Peintures de Sable des Indiens Navajos - Document ‘lebatondeparole.com/’ – Communiqué
- Art et santé - Peintures de sable, de guérison (hozho) chez les Navajos – Diffusé par ‘arizona-dream.com’ - Mise à jour le : 20 juin 2021
- Covid-19 : le lourd tribut des Navajos, abandonnés par Washington - 20/06/2020 - Par Gregory Philipps – Document ‘.franceculture.fr’
- Bibliographie Navajo – GITPA
- Ouvrage - Beauté cosmique et harmonie sociale chez les Navajo Hozho
- Le peuple Navajo - Forum des Peuples Racines - 19 juin 2021 - 100 % digital – Document ‘.forumpeuplesracines.com’
- En plein pays Navajo, une école veut protéger la Terre et sa culture - Publié le : 26/03/2018 - 08:42 – Document ‘france24.com’
- Les Indiens navajos en mode start-up - Usbek & Rica - 24 août 2016 - Photographies réalisée par Daphnée Breytenbach et Constance de Longevialle.
- Vie quotidienne des Navajos - Document ‘chocolat.tv’
- Agroécologie - Découvrez tous les sujets de l’Association Navajo France liés à l’agroécologie ! - Agroécologie - Formation Fermiers Diné/ Agroécologie en Provence - Posté le 21 juin 2021 by Navajo France
- Les Navajos sont toujours là, et il a couru 330 miles pour le prouver – Traduction du 16 septembre 2021 par Jacques Hallard d’un article de John A. Kissane en date du 05 septembre 2018 – Document ‘ ‘runnersworld.com’ – Titre : The Navajo Are Still Here—and He Ran 330 Miles to Prove It
- Une conférence sur la vie du peuple des indiens Navajos - Publié le 08/11/2011 à 00:00 – Document ‘midilibre.fr’
- Quelques pages de poésie empruntées à la culture navajo et pueblo
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Les Nations indiennes - Dictionnaire historique et culturel des Indiens d’Amérique du Nord - Publié le 01 août 2015 par François Hameau http://nationsindiennes.over-blog.com/
Navajo - Nation indienne d’Arizona et du Nouveau-Mexique.
Un peuple du désert
Le nom « Navajo », vient d’un mot pueblo qui signifie ’grands champs’. Eux-mêmes s’appellent ’Dineh’, le Peuple. Ils sont issus, comme les Apaches, d’une migration d’Athapascans venant du nord-ouest du Canada à partir du XIème siècle.
Les Navajos vivent dans une région désertique et montagneuse, au nord-est de l’actuel état d’Arizona et au nord-ouest du Nouveau-Mexique.
Anciennement chasseurs-cueilleurs et agriculteurs, ils possèdent depuis le XVIIIè siècle des troupeaux de moutons, de chèvres et de chevaux acquis auprès des Espagnols et qui sont la propriété des femmes. Ils pratiquent un peu d’agriculture, maïs, haricots, courges. Avec la laine de leurs moutons, les femmes navajos tissent de belles couvertures très colorées. Les hommes fabriquent de la poterie et des bijoux d’argent incrustés de turquoises. Leur habitation caractéristique est le hogan, une lourde construction de pierre.
Vendus comme esclaves
A la fin du XVIIè siècle, les Navajos résistent aux Espagnols aux côtés des Pueblos. En 1821, le Mexique devient indépendant de l’Espagne. Les Mexicains attaquent les villages navajos et enlèvent les femmes et les enfants navajos pour les vendre comme esclaves dans les haciendas du sud. Les Navajos lancent des expéditions au Mexique pour délivrer leurs familles, ainsi que pour se procurer des chevaux et du bétail.
Confrontés aux Américains
En 1847, les Etats-Unis se sont emparés des territoires mexicains au nord du Rio Grande. L’armée américaine entreprend la construction de Fort Defiance, puis de Fort Wingate, en plein pays navajo. Cependant les relations entre Navajos et Américains demeurent relativement pacifiques.
En septembre 1861, une course de chevaux est organisée entre les Navajos et les soldats de Fort Wingate. Quelqu’un a coupé la bride du cheval du chef Manuelito, et les soldats gagnent la course. Ils rentrent en triomphe au fort et s’emparent des enjeux que les Navajos y avaient déposés. Furieux d’avoir été trompés, les Indiens veulent pénétrer dans le fort. Ils sont accueillis à coups de fusil. Comme les Indiens tentent de mettre le feu aux portes du fort, les soldats font une sortie, chargeant à la baïonnette les Navajos massés devant le fort, y compris les femmes et les enfants venus assister à la course. Puis le colonel fait tirer au canon sur les Indiens qui s’enfuient.
Traqués par Kit Carson
Dans l’été 1863, le général James H. Carleton, qui traite les Navajos de ’loups qui infestent les montagnes’, réclame leur élimination. Il reçoit l’accord du haut commandement pour mener une opération de déplacement.
Carleton ordonne aux Navajos d’aller s’installer à Bosque Redondo, un petite réserve désertique à quatre cent cinquante kilomètres à l’est, où survivent dans des conditions difficiles les Apaches Mescaleros. Aucun Navajo n’ayant accepté de se soumettre, le général Carleton entreprend une campagne pour les y contraindre. Il demande à Kit Carson, le célèbre éclaireur, de guider l’armée en territoire navajo. Les Indiens se sont réfugiés dans les montagnes. Carleton fait détruire les villages navajos situés dans le canyon de Chelly. En janvier 1864, plusieurs centaines de Navajos affamés se rendent et prennent la route de Bosque Redondo. Beaucoup d’entre eux mourront en route.
Sous la conduite du chef Manuelito, des Navajos résistent toujours dans les montagnes, pratiquement sans nourriture, sans armes, réduits à se défendre avec des pierres. Les soldats, toujours conduits par Kit Carson abattent le bétail, rasent les hogans, détruisent les caches de nourriture, ravagent les cultures. Ils vont jusqu’à couper les arbres fruitiers, en particulier les magnifiques plantations de pêchers dont les Navajos étaient si fiers. Ils abattent tous les Navajos qui passaient à leur portée, y compris femmes, enfants et vieillards. A bout de forces, les Indiens se rendent. Six mille Navajos sont acheminés, à pied, vers Bosque Redondo. Ils meurent par centaines de faim, de froid, d’épuisement et de maladie.
Bosque Redondo
La petite réserve de Bosque Redondo, installée le long du Rio Pecos près de Fort Sumner, est totalement invivable. L’eau y est saumâtre, le sol rocheux et très difficilement cultivable. L’endroit est dépourvu d’arbres et les Indiens doivent faire des kilomètres pour trouver du bois. Ils n’ont aucun matériau de construction et vivent dans des trous creusés dans la terre et recouverts de bâches. Depuis deux ans, quelques centaines de Mescaleros ont tenté d’y développer une agriculture au prix d’énormes efforts. L’arrivée de ces milliers de Navajos les contraindra à quitter la réserve.
Le chef Manuelito résiste toujours avec une centaine de personnes, y compris des femmes et des enfants. Ils se rendent en septembre 1866, et se résignent à rejoindre les leurs au Bosque Redondo où la situation s’est aggravée. L’armée a distribué aux Indiens de la nourriture avariée et les morts se comptent par centaines.
Au printemps 1868, le général William T. Sherman se rend au Bosque Redondo. Il est scandalisé de ce qu’il découvre. Sur la promesse solennelle des Navajos de vivre pacifiquement, il leur déclare : ’Mes enfants, j’ai décidé de vous ramener chez vous’. Les Navajos rentrent chez eux dans l’été 1868, heureux, avec toute leur vie à reconstruire.
Par un accord conclu en juin 1868, les Etats-Unis reconnaissent aux Navajos une réserve d’un million deux cents mille hectares sur leurs terres ancestrales des Chuska Mountains. La réserve navajo sera agrandie à plusieurs reprises par décret gouvernemental, notamment en 1882, finissant par entourer les terres hopis, une situation qui entraînera un conflit territorial entre les deux nations.
La réserve Navajo
Les Navajos possèdent actuellement la plus grande réserve des Etats-Unis qui s’étend principalement sur les états d’Arizona et du Nouveau-Mexique, dont la capitale est Window Rock. Beaucoup de Navajos vivent de leur troupeaux et de leur agriculture. Ils vendent leur artisanat : tissage, poterie, bijoux. Certains ont dû s’adapter à la vie moderne et chercher des emplois salariés, souvent en dehors de la réserve.
Ils ont maintenu leurs cérémonies se déroulent dans la discrétion. Toute leur religion repose sur l’idée d’harmonie et de beauté. Leurs rites de guérison, en particulier leurs ’peintures sur sable’, cherchent à rétablir l’harmonie entre l’individu et la nature.
Les Navajos sont parmi les moins métissés des Indiens des Etats-Unis et ont remarquablement conservé leur langue. Pendant la Seconde Guerre Mondiale dans le Pacifique, on utilisait les services d’opérateurs navajos, les ’windtalkers’, qui s’exprimaient dans leur propre langue pour l’envoi de messages secrets, déconcertant l’état-major japonais.
Depuis les années 1940, les mines d’uranium ont été ouvertes chez eux et les Navajos ont eu beaucoup à en souffrir. Des milliers de tonnes de terres radioactives abandonnées après la fermeture des mines causent toujours de graves problèmes de santé à la population navajo. Aujourd’hui, les mines de charbon exploitées à ciel ouvert dans la région de Black Mesa provoquent d’énormes problèmes de pollution des terres, de l’air et de l’eau.
Conflit avec les Hopis
Un conflit territorial oppose, depuis 1974, les Navajos aux Hopis depuis que l’administration américaine, à la demande du conseil tribal hopi, a décidé de partager entre les deux nations la zone d’usage conjoint qui se trouve au centre de la grande réserve navajo. Cette décision a entraîné le déplacement forcé vers les villes de plusieurs centaines de familles navajos se trouvant sur des terres attribuées aux Hopis, avec des conséquences catastrophiques. Un petit groupe de traditionalistes navajos vivant de l’élevage de leurs troupeaux de moutons, de chèvres et de chevaux, résiste obstinément au déplacement, dans la région de Black Mesa, sur le site de Big Mountain. Ils sont soutenus dans leur combat par des traditionalistes lakotas qui viennent tous les ans tenir chez eux des Danses du Soleil.
Les Navajos, dont le nombre est estimé à environ cent soixante mille, constituent la plus importante nation indienne du continent nord-américain.
Source : http://nationsindiennes.over-blog.com/2015/08/navajo.html
- Les Navajos ou Navahos d’après Wikipédia
Les Navajos ou Navahos (prononciation : /navaʁo/) constituent un peuple amérindien d’Amérique du Nord de la famille linguistique athapascane et de la zone culturelle du sud-ouest. Les Navajos vivent aux États-Unis, dans des réserves du nord-est de l’Arizona et des régions contiguës du Nouveau-Mexique et de l’Utah. Ils sont étroitemen
t apparentés aux Apaches.
Sommaire
- 1 Histoire
- 2 Tourisme
- 3 Organisation sociale
- 4 Spiritualité et art
- 5 Fêtes traditionnelles
- 6 Économie
- 7 Géographie
- 8 Langue
- 9 Prénoms navajos
- 10 Dans la culture populaire
- 11 Personnalités Navajos
- 12 Notes et références
- 13 Voir aussi
- 13.1 Bibliographie
- 13.2 Liens externes
Source de l’article complet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Navajos
Ethnologie des Navajos, derniers des Non-Violents - M. Berton et C. Dordis - JONAS > Novembre > 2001 – Document ‘gaia.free.fr’
Carte sommaire de la réserve navajo aux Etats-Unis
Pour régler leurs conflits, les Navajos, le peuple des ’vrais humains’ ne se battent pas. Ils se parlent... Chez les Navajos, on ne fait pas de grands discours sur la paix. On la vit, on la protège chaque jour. Elle est à ce point partie intégrante de l’existence que dans leur réserve qui s’étend sur plus de 65 000 km², située au carrefour de 4 états - Utah, Colorado, Arizona et Nouveau-Mexique -, les panneaux routiers invitent à ’conduire en beauté’. Aucun autre peuple ne place ainsi la sagesse au cœur de sa philosophie. Les Navajos se sentent responsable de la santé de la planète. Une mission sacrée qu’ils n’abandonneraient pour rien au monde. Et pour cause : dans leur langue, santé, beauté et harmonie sont synonymes.
Une querelle chez les Navajos. Du jamais vu ou presque ! Aussi rare qu’une ondée au-dessus de la ‘Monument Valley’. Dans la rue poussiéreuse de Kayenta, un bled paumé de l’Arizona, Hastin et Mai, littéralement ’Vénérable’ et ’Coyote’, sont en colère. Vénérable reproche à Coyote de lui avoir volé trois moutons. Ce sont deux bergers de Holbrook. Des hommes du désert, fiers, au bord de la crise de nerfs. Dans la chaleur de l’après-midi, on entend ’Tu veux me tromper comme le vent !’ - ’Et toi tu es rusé comme le serpent. Tu es fourbe et voleur. Espèce de crotale !’
Survient alors un médiateur qui entraîne les adversaires à l’écart et, en un quart d’heure, calme les belligérants. Chacun s’est exprimé, a exposé ses arguments. Un arrangement est trouvé. Les torts seront vite réparés et les deux frères ennemis se donnent l’accolade. La justice version indienne. L’affaire ne remontera jamais devant le tribunal tribal. Quels que soient leurs différends, les Navajos solutionnent 80 % de leurs litiges en se parlant. On appelle cela le ’processus Navajo de résolution des conflits’. Plutôt que de recourir à des mesures coercitives, de laisser germer l’idée de revanche ou, pire, de vengeance, plutôt que de céder à la violence, ils font appel à un elder, un aîné, un gardien du savoir indien.
’La plupart des conflits qui opposent les gens sont dus à un manque de communication’, m’explique Tom, mon guide. Le médiateur fait en sorte que chacun s’exprime. il les invite ensuite à réfléchir en remontant à la source de leurs différends. Par-là, il délivre un enseignement. Il n’insiste pas sur le préjudice mais sur la façon de le réparer ! Cela implique que chacune des parties admette que son attitude a rompu l’Hozo, l’harmonie, qui dans la langue Navajo est synonyme de santé et de beauté.
La voie de la beauté – Photo
En navajo, le mot ’art’ n’existe pas. Leur vie entière est un art. Expertes en tissage, en vannerie et en orfèvrerie, les femmes s’habillent en suivant la « voie de la beauté »
’Avec moi il y a beauté ; en moi il y beauté ; de moi irradie la beauté’, chante l’une des prières navajas. La mentalité des 200 000 âmes qui peuplent la paisible nation pastorale est à l’exact opposé des valeurs américaines, selon lesquelles le plus puissant domine et, de fait, a toujours le dernier mot. Lorsqu’un différend oppose deux parties adverses, chacun est amené à reconnaître qu’il doit modifier son comportement afin que tout rentre dans la voie de l’Hozo. Aucune loi écrite n’entre en jeu. L’un des facteurs clés de la réussite réside dans le respect du médiateur. Et personne n’est perdant. Chez les Navajos, ce n’est pas le silence qui est d’or. C’est la parole... Navajo nation, au sud-ouest des États-Unis. Le pays des Dinéé, les ’ êtres humains’ en langue athapasque, par opposition aux Ndàà, les Blancs, les ’presque humains’, ou plus exactement les ’pas tout à fait finis’, comme me l’explique mon guide. Une steppe aride et pelée, creusée de canyons ou barrée de mesas, ces hauts plateaux d’altitude qui grimpent vers le firmament, comme le mercure en été, les jours de canicule.
À la naissance du monde
Nomades venus de Sibérie par le détroit de Béring, il y a 14.000 ans, les Navajos auraient atteint, aux alentours du XIVè siècle, leur territoire actuel, où ils se sont semi-nomades avec leurs troupeaux de moutons, entre leurs camps d’hiver et d’été.
’Ne me dis pas que tu crois en cette stupide histoire de détroit de Béring, gronde Tom. Quand le monde fut créé, nous étions déjà là. À la demande expresse des divinités afin de veiller au maintien de l’harmonie entre les hommes, la nature et les animaux. Notre rôle était de rétablir la paix entre le Ciel et la Terre qui, à cette époque, étaient en guerre...’
Selon les ethnologues, les Navajos descendent des Athabascans, installés dans le nord de la côte Pacifique, et auraient entamé leur migration vers le sud il y a un millénaire environ, prenant peu à peu la place des Anasazis. Aujourd’hui, c’est avec les descendants de ces derniers, les Hopis et les Zunis, que les Navajos partagent une partie de leur réserve - ceux-là, longtemps leurs ennemis, occupent quatre mesas en plein cœur du Dinetah. Photo
Anasazis – Photo - Ruines d’un village anasazi, habité jusqu’à la fin du XIVè siècle (->). Ces vestiges racontent la vie des Indiens avant l’arrivée des conquistadors, qui rêvaient des rues pavées d’or des sept cités de Cibola.
Âge d’or - Le canyon Del Muerto est le cœur spirituel de Dinetah (<-), le pays navajo. Il abrite, au pied de ses falaises, quantité de peintures murales, dont certaines, vieilles de 2 000 ans, sont dues aux Anasazis.
Parler avec les nuages Photo
’Chaque élément, ici, a un nom, me dit Tom, une histoire. Tout y est sacré : chaque pierre, chaque plante, chaque animal et chaque humain. Ils sont liés comme les doigts de la main et méritent le respect. Lorsqu’un malheur frappe une existence, c’est que l’harmonie est rompue, et il y a toujours une bonne raison pour ça. Mon frère Roy, par exemple, s’est noyé parce qu’il était en mauvais termes avec les esprits de l’eau.’
Il y a quelques années, Richard, le copain de Tom, s’est mis soudain à souffrir de violents saignements de nez : une tumeur. Un médecin de Bagstaff a diagnostiqué un cancer et prescrit plusieurs séances de chimiothérapie. C’est alors qu’est venue une femme-médecine. Elle a observé Richard et lui a demandé : ’As-tu déjà tué un porc-épic ?’ - ’Oui, a-t-il répondu. Quand j’avais dix ans, j’en ai assommé un d’un coup de bâton. Il est mort après avoir saigné du nez’. La chaman lui a alors affirmé que s’il veut réellement guérir, il lui faudra offrir de la turquoise et de l’ormeau au premier porc-épic qu’il rencontrera, puis il devra confesser son meurtre et demander pardon. ’Il s’est plié à ce rituel et, croyez-le ou non, il a recouvré la santé.’
Animiste, le peuple du Dinétah communique avec les esprits. Il parle notamment avec les nuages, considérés comme des ancêtres qu’il faut invoquer afin qu’ils daignent offrir leur ’essence divine’ aux hommes, à savoir la pluie. Ils disent encore, et avec une infinie douceur, sans chercher à convaincre l’interlocuteur, que notre monde est le quatrième de la Création - les trois précédents ont disparu suite à la négligence, à la méchanceté et aux offenses commises par les hommes. Ils ont développé une religion complexe et lyrique basée sur 58 cérémonials différents interprétés par les hataalii, les hommes-médecine, spécialisés chacun dans un ou plusieurs de ces rituels communément appelés ’voies’.
Kinalda, ’la voie de la nuit’, par exemple, ou rite de la puberté, dure 9 jours et consiste en 576 chants qui doivent être psalmodiés avant la première gelée et alors que les serpents hibernent déjà. La moindre erreur peut être à la source d’une maladie : infirmité, paralysie, perte de la vue...
’La voie de l’eau’ est organisée pour ceux qui ont survécu aux catastrophes provoquées par les crues dévastatrices ou aux maladies contractées lorsqu’on a mangé un mouton ou un cheval frappé par l’éclair.
Représentation symbolique d’un ‘medecine man’
Un chant pour chaque maladie
La plus impressionnante demeure la ’Voie de la beauté’. Un long rituel de guérison au cours duquel le malade est ramené dans ’l’harmonie du corps et de l’esprit’. À chaque mal diagnostiqué correspond un cérémonial. Là, chants et mélopées s’accompagnent de peintures de sable - de véritables œuvres d’art éphémères - tracées à même le sol avec des poudres minérales et végétales, blanche, bleue, jaune et noire. Leur puissance allégorique aidera à la guérison des âmes en souffrance. ’Le Mal nous environne en permanence, m’affirme Tom. Il se rend invisible mais il est là. Si tu réveilles un hibou, cela signifie que quelqu’un va mourir. Si tu vois un coyote se diriger vers le nord, il faut que tu fasses une prière. La maladie du coyote est atroce. Tu ne la souhaiterais même pas à ton pire ennemi : une partie de ton visage s’affaisse, tu perds la mémoire, tu te mets à boire ou bien, si tu es une femme, tu te donnes sans retenue à tous ceux qui passent. Nous avons plus conscience de la mort et du mal que vous, les Blancs, parce que nous vivons dans un désert qui, malgré son infinie beauté, ne connaît aucune tendresse. Si tu ne le respectes pas, il te tue et il t’ensevelit...’
La bonne manière de briser la glace avec un habitant du Dinetah est de le faire rire. Malgré leurs innombrables peurs et croyances, l’humour irrigue tout le psychisme des Navajos. En revanche, s’il est une chose qu’ils ne supportent pas, c’est qu’on leur pose trop de questions. Un soir, alors que je me livrais à ce petit jeu-là avec Tom, celui-ci, l’air passablement irrité, a fini par me balancer : ’Si tu te tais, peut-être apprendras-tu enfin quelque chose. Prends un peu de recul et n’essaie pas de nous comprendre en un jour. Vous, les Blancs, êtes toujours en train de chercher une réponse immédiate à vos questions, comme si la vie était une soupe-minute.’
La paix avec le crotale Photo
Peu après, dans une échoppe, j’assiste à une scène cocasse. Une Allemande essaie d’entamer une conversation avec une femme Navajo qui tient dans ses bras un bébé aux cheveux rouges. ’Est-ce que le père est roux ?’, demande-t-elle. ’Je ne sais pas, répond calmement mais sèchement l’Indienne, il n’a jamais enlevé son chapeau...’ ’Pour nous, les Navajos, chaque journée est un jour de grâce, une prière dans le cycle de la vie, dit encore Tom. Notre univers est peuplé d’animaux-totems qui nous soufflent la nécessité de vivre en harmonie avec les hommes, la nature et les animaux. Lorsqu’elle était petite, ma sœur Lavine a été mordue par un crotale. À partir de ce moment, je me suis mise à tuer tous les serpents que je rencontrais... Jusqu’au jour où, alors que je gardais mes moutons, un crotale s’est approché de moi et m’a demandé : ’Pourquoi assassines-tu tous mes frères ?’ - ’Parce que l’un d’eux a tué ma petite sœur’, lui ai-je répondu. Alors le serpent a réfléchi, puis il m’a dit : ’Passons un accord : tu ne nous massacres plus, et nous ne mordrons plus jamais.’
S’ils ont su préserver l’indépendance de leur esprit, c’est par cette invocation permanente de la beauté qui commande leur vision du monde. Mais aussi grâce à leur remarquable capacité d’adaptation. De leurs prédécesseurs, les Navajos ont hérité la culture du maïs. Des Espagnols, l’élevage du mouton, de la chèvre et du cheval. Maîtres en orfèvrerie, ils sont aujourd’hui considérés comme les meilleurs bergers et cow-boys de toute l’Amérique. Et si certains d’entre eux ont aussi appris à se servir d’un fusil, d’un ordinateur ou à conduire un pick up truck - sans oublier de suspendre une plume d’aigle au rétro -, si la junk food, la telé, la bière et l’alcool les ont parfois rendus esdaves comme n’importe quels autres citoyens américains, la plupart des Navajos, fiers de leur passé, continuent à adhérer aux ’voies’ initiées par leurs ancêtres. Au-delà des blessures de leur histoire, des souffrances de la colonisation, des affres de l’américanisation, tous disent le lien sacré qui les unit à leur terre. ’À chaque fois qu’un doute profond m’assaille, dit Tom, je pars rejoindre les esprits dans le désert pour tenter de marcher à leurs côtés dans la voie de la beauté’. Un voyage dans l’indian time. À des années-lumière de notre civilisation. Dans l’or du temps...
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Source : http://planete.gaia.free.fr/animal/homme/ethno/navajos.html
Les coyotes savent bien qu’ils ne risquent plus grand-chose à marauder aux abords de la Route 66, la légendaire voie de l’Amérique qui traversait de part en part l’Etat du Nouveau-Mexique. Seuls des nostalgiques juchés sur de grosses Harley-Davidson ou conduisant de rondes Corvette des années 1950 empruntent encore les rares tronçons aux plaques de ciment disjointes qui ont survécu en parallèle à la Route 40. Ils peuvent alors apercevoir de loin en loin des cavaliers coiffés de larges Stetson, cow-boys au teint cuivré chargés de surveiller des troupeaux appartenant à la nation navajo, à présent le peuple le plus nombreux des Indiens d’Amérique du Nord. Leur culture est omniprésente, des bijoux d’argent et de turquoise aux somptueux tissages, des rodéos populaires aux cérémonies plus secrètes. Sur les éventaires des trading posts, leurs boutiques de souvenirs, on trouve aussi la plupart des romans que Tony Hillerman a situés au c ?ur de leur pays, dans un monde habité par les esprits.
Hillerman a grandi dans l’Oklahoma, au contact des Indiens Séminoles. En 1952, il s’installe à Santa Fe et gagne la confiance des natives. « J’étais un gars de la campagne qui savait élever du bétail comme eux », dit-il. Il se fait d’abord des amis parmi les pueblos, des sédentaires habiles à construire de belles maisons cubiques en adobe, de plusieurs étages parfois. « Je me suis immergé dans leur religion, leurs croyances, mais, assez vite, je me suis senti plus proche de la philosophie navajo, tout entière tournée vers la recherche de l’harmonie par la guérison. » Pour cet ancien journaliste, spécialisé dans les faits divers, la spiritualité navajo semble plus ancrée dans la vie quotidienne que celle des pueblos, pour lesquels le divin se manifeste par l’intermédiaire des fameuses poupées katchinas, que collectionnait André Breton.
Désormais installé dans une grande maison à la lisière d’Albuquerque, Tony Hillerman a pu observer les mutations traversées par les Navajo de la grande réserve. Au cours des vingt dernières années, celle-ci a conquis une autonomie aux multiples visages. La langue est aujourd’hui reconnue et enseignée jusqu’à l’université, et les jeunes la connaissent mieux que leurs aînés. Les pratiques religieuses incluant l’usage du peyotl ne sont plus interdites. L’administration et la police sont entre les mains des autochtones. Auteur de romans policiers mettant aux prises des détectives indiens et des sorciers alliés à des forces obscures, Hillerman dit beaucoup admirer le sens de la justice de ses amis. « Ils ne cherchent pas à exercer une vengeance, même par le biais de la loi. Pour eux, un criminel doit d’abord être soigné, puis guéri, afin que l’ensemble de la société recouvre l’harmonie originelle. »
Cette harmonie s’accorde mal avec la modernisation, d’où des difficultés d’intégration dans la vie américaine. Travailler à des heures précises pour gagner de l’argent est une tâche ardue pour un peuple qui ignore notre usage du temps et considère l’enrichissement comme un vol... Egarés entre le matérialisme yankee et l’art de vivre traditionnel, certains jeunes plongent dans la drogue ou l’alcool. Il n’est pas rare de voir des Indiens titubant de bar en bar dans les faubourgs d’Albuquerque ou de Gallup, villes réputées dangereuses. Les génies malfaisants, que les Navajo assimilent à la mort, rôdent autour des boutiques de prêteurs sur gages, où certains viennent brader leurs précieux bijoux-bracelets, pendentifs, bagues et ceinturons pour quelques bouteilles de plus.
Le pays est si beau, pourtant... Les montagnes, à l’horizon, indiquent les points cardinaux que tout Indien doit connaître. Ces lieux sacrés sont habités par des esprits incarnés en crotales, en aigles, en choucas, en coyotes et en chiens de prairie, en saules, en tamaris, en yuccas et en buissons de genévriers, en sauge odorante et en cactus candélabres, en vent de poussière ocre et en lumière d’or flamboyant. Le soir, sur la mesa, les natives prennent soin d’arrêter leurs grosses voitures, le temps d’admirer ce merveilleux cadeau de la nature : un coucher de soleil au Nouveau-Mexique. Pour l’Occidental, ce ne sont là que décors de western, cent fois revisités par Hollywood. On pourrait s’arrêter à ces splendeurs. Mais on se priverait de la découverte du sens de l’hospitalité navajo. « Elle est toujours accordée à celui qui sait respecter leur mode de vie, leur pensée, leur espace. » On vous accueille dans le hogan, hutte au toit arrondi dont ces éleveurs nomades ont fait leur habitat, à l’instar des yourtes mongoles. « Les Navajo sont très ouverts, confie Hillerman. Et, comme chez eux la religion se vit en famille, si celle-ci vous invite, vous pouvez alors assister aux danses, à certains rituels. Vous pourrez même profiter d’un bain de vapeur dans la sweat lodge, pour vous purifier, voire vous soigner. »
Il faudrait d’abord, en traversant ce pays, guérir d’une furieuse envie de tout acheter, tant les produits de l’artisanat local sont séduisants. Ceux de meilleure qualité s’achètent chez les Indiens des tribus Zia et Jemez, dans les villages de San Domingo ou San Felipe, entre Albuquerque et Santa Fe. Là, parées de bijoux en turquoise qui illuminent leur peau brune, les petites dames en longue robe derrière leur comptoir marchandent avec le sourire : une bonhomie fort éloignée de la vie chic et chère de Santa Fe, très à la mode depuis que des stars du cinéma et de la chanson ont choisi de s’y installer. D’ailleurs, si vous allez traîner du côté de la Plaza, ou sur Canyon Road, bordée de boutiques de luxe, « gardez vos mains dans vos poches », préviennent les habitués de la région...
Sur ce haut plateau, à 2 000 mètres d’altitude, le climat est chaud et sec en été, mais très froid en hiver : il arrive que le gel fasse éclater les pare-brise. En toutes saisons, il fait bon se réfugier dans l’une des auberges en adobe - matériau très isolant - établies le long de la Route 68, qui mène à Taos. Les hippies des années 1960 y avaient installé des communautés. Celle de New Buffalo accueille aujourd’hui les voyageurs dans un bed and breakfast décoré de couvertures et de poteries navajo, un style que n’aurait pas renié la locataire du Ghost Ranch, Georgia O’Keefe, célèbre peintre et sculpteur. Le village a d’ailleurs de tout temps attiré les artistes, et la mission Saint-François-d’Assise, à Ranchos de Taos, a été peinte et photographiée par les plus grands.
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Source : https://www.lexpress.fr/tendances/voyage/l-esprit-navajo_498327.html
Les indiens Navajos, entre tradition et modernité Par Lucia Dumont · Saison 2010-2011 · histoire, sociologie · 27 janvier 2011 – Document ‘universiteouverte.u-cergy.fr’
Les Navajos ont choisi l’éducation fondée sur les principes de leur philosophie comme nouvelle arme pour lutter contre l’échec scolaire, faire disparaître le sentiment de honte lié à leur identité et faire revivre leur culture ancestrale. Lucia Dumont, docteure en civilisation américaine à l’université de Cergy-Pontoise et chercheuse associée au centre de recherche Textes et francophonie, présenter les méthodes et les moyens que cette tribu a choisi pour former et éduquer les “nouveaux guerriers” capables de faire face aux enjeux de la mondialisation dans le respect de ses traditions et de son identité culturelle.
Introduction
Les Indiens Navajos sont un peuple autochtone vivant dans le Sud-Ouest des États-Unis, dans une réserve immense située aux confins de l’Utah, du Colorado, de l’Arizona et du Nouveau Mexique. Ce groupe ethnique minoritaire, qui vit dans une enclave de la nation américaine dans des conditions très rigoureuses, est parvenu à préserver et à maintenir sa culture au point de la transmettre aujourd’hui de façon institutionnalisée à la jeune génération. Malgré l’usage de la force, des politiques coercitives et des efforts d’éradication de leur culture, les Navajos ont su conserver leurs valeurs et traditions.
Les Navajos, une nation à part… à part entière
En tant que nation, les Indiens Navajos disposent d’un sceau et d’un drapeau aux couleurs de l’arc-en-ciel. Ils ont un gouvernement qui siège à la capitale, Window Rock, au Sud de la réserve.
Ce gouvernement dispose d’attributions réelles (éducation, santé, police tribale, etc.) dont la spécificité se fait notamment sentir en matière de justice, laquelle est soutenue par des conciliateurs, les peace makers, et privilégie des dispositifs souples basés sur la réprobation morale et le sentiment d’avoir trahi les valeurs traditionnelles.
Une culture contre l’américanisation
En 1868, après la fin de la guerre civile, le gouvernement fédéral américain décide de prendre en main l’éducation des Navajos. Il impose alors aux Navajos, de retour sur leurs terres, une culture allogène. Il fallait alors « tuer l’indien pour sauver l’homme ». Des religieux et instituteurs sont nommés dans la réserve pour s’acquitter de cette tâche. Mais très vite, le divorce est consommé. Les instituteurs se découragent tandis que les Navajos sentent que l’école qu’on leur impose ne leur apporte rien d’autre que le dénigrement de leur culture. C’est l’échec de « l’éducation de l’Homme Blanc ».
Les « nouveaux guerriers »
Les Navajos sont aujourd’hui aussi à l’aise dans le monde moderne que dans celui qui fut ceux de leurs ancêtres et duquel ils tirent l’essentiel de leurs enseignements et principes moraux. En témoigne leur familiarité avec Internet, mais aussi leur production artisanale qui relève de la plus pure création artistique. Leur philosophie ancestrale est une nouvelle arme pour lutter contre l’échec scolaire et faire disparaître ce sentiment de honte qui leur a été inculqué par l’idéologie dominante.
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Le monde spirituel des Navajo - Publié le 24 juillet 2015 – Diffusé par ‘Garrigues et Sentiers’ – Auteure : Marie-Claude Feltes-Strigler Université Sorbonne Nouvelle
Chacune des quelque 560 tribus amérindiennes reconnues par l’État fédéral américain a sa culture, sa cosmologie et sa religion, sans compter les tribus qui n’ont jamais signé de traité. Si les tribus des Plaines, comme les Lakota, les Cheyenne ou les Comanche s’adressent au Grand Esprit, au Créateur, ce n’est pas le cas des Navajo. Arrivés du Nord-ouest du continent dans le Sud-ouest américain entre le XIIIe et le XVe siècle, ces migrants ont trouvé les Pueblo, des groupes sédentaires, installés là depuis longtemps. Ils ont adopté certaines de leurs coutumes et une partie de leur spiritualité.
Ouvrage : Mythes et légendes des Indiens navajos – 1èrede couverture
En dépit de l’influence de la société majoritaire sur leur culture, un grand nombre de Navajo est toujours très attaché à leur philosophie traditionnelle et à leur système cérémoniel. La réserve de la nation navajo, qui s’étend sur une partie de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et de l’Utah, a un climat aride ou semi-aride, dans de magnifiques paysages de montagnes et de canyons, où les quelque 300 000 membres de la tribu révèrent un grand nombre de lieux sacrés. Le fait qu’il n’y a pas de mot en langue navajo qui traduise le concept de religion indique que la spiritualité est inséparable de la vie quotidienne. De nombreux Navajo rejettent le concept de religion parce que les religions qu’on a essayé de leur imposer étaient dogmatiques et mettaient l’accent sur un salut dans un monde bien éloigné de leur environnement. On ne peut néanmoins pas nier l’influence de cette christianisation forcée sur certains. Elle est perceptible dans ce que déclare Carl Gorman, professeur et artiste navajo :
Certains chercheurs ont écrit que nous n’avons pas de Dieu Suprême ; ils pensent cela parce qu’on ne peut pas le connaître. C’est simplement le Pouvoir Inconnu. Nous l’adorons à travers sa Création. Nous sommes trop insignifiants pour nous adresser directement à une Puissance incompréhensible par l’homme. La Nature nous inspire, et nous l’approchons par cette part de lui qui nous est proche. Nous pensons qu’il est partout dans sa Création. Comme tout dans l’univers contient une partie de son intelligence, nous ne pouvons qu’avoir du respect pour toutes les parties de la Création.
Dans la vie quotidienne, il n’y a donc pas de Grand Esprit unique, mais de nombreuses entités, les Diyin Dine’é, que l’on traduit généralement par Êtres Sacrés. Ils sont « sacrés », non pas au sens de perfection morale, mais parce qu’ils sont puissants et mystérieux. Les mythes navajo racontent les aventures de ces êtres puissants dont il faut s’attirer les bonnes grâces par des cérémonies et des offrandes.
L’essence des Diyin Dine’é est la connaissance et, en un sens, la sagesse, qui leur permettent d’agir sur l’avenir, par l’intermédiaire de rituels. Les principaux Êtres Sacrés sont Premier Homme, Première Femme, Coyote (le Décepteur), Dieu-qui-parle et Dieu-qui-appelle, les quatre lumières cardinales (la lumière blanche de l’aube à l’est, le bleu du milieu du jour au sud, le jaune du crépuscule à l’ouest, et le noir de la nuit au nord. Ce sont ces créatures qui ont émergé au Monde de la Surface (notre monde), qui ont accompli la première cérémonie de bénédiction et qui ont fait que le monde est comme il est.
La déité la plus aimée est Femme Changeante, ainsi nommée parce qu’elle représente le pouvoir de renouveau inhérent à la terre : c’est une ravissante jeune fille le matin, une femme épanouie le midi, et une vieille femme le soir, pour être à nouveau jeune le lendemain matin. Elle est le seul Être sacré à être toujours bienveillant et favorable aux hommes. Immédiatement en ordre d’importance après Femme Changeante vient son mari, le Soleil, dont le symbolisme est omniprésent. Il a confié ses armes à leurs fils, les Jumeaux sacrés, afin qu’ils débarrassent la Terre des monstres qui la ravageaient. Leurs aventures mythiques offrent un modèle de conduite aux jeunes Navajo en période de guerre. Grâce à l’aide de leur père, ils réussirent à détruire les monstres, à l’exception de quelques-uns : la faim, la misère, la vieillesse et la saleté survécurent, car ils purent prouver qu’ils avaient leur utilité dans la vie humaine. Les exploits des Jumeaux sont encore visibles dans des paysages, considérés comme sacrés ; ainsi, les champs de lave sont le sang séché des monstres qu’ils ont tués.
Tels qu’ils sont décrits dans la tradition orale navajo, les Êtres Sacrés ressentent les mêmes émotions que les hommes : l’inquiétude, la jalousie, la colère et la joie. Des liens claniques les rattachent aux habitants de la terre. Les religions occidentales tendent à établir une nette différence de nature entre les dieux et les hommes, ce qui n’est pas du tout le cas pour les Navajo. Les Êtres Sacrés ne sont jamais décrits comme des créatures parfaites parce que nous ne sommes pas parfaits non plus. Ils incitent les hommes à tendre à la perfection, mais aussi à être compatissants et patients s’ils n’y parviennent pas.
D’un point de vue occidental, on pourrait dire que les « rituels » navajo sont des techniques socio-économiques, c’est-à-dire des techniques pour obtenir de la nourriture, restaurer la santé, ou simplement pour survivre. Mais ces techniques tendent également à obtenir de quoi organiser des cérémonies coûteuses. Dans les sociétés « blanches », la religion a aussi ses aspects économiques et sociaux : le mariage célébré à l’église crée une nouvelle unité sociale et économique, la famille ; le fait de jurer sur la Bible garantit la sincérité des témoins. Cependant, la vie quotidienne dans la société majoritaire est essentiellement séculière. Pour les Navajo, la vie est un tout, habité par des forces surnaturelles, toujours présentes, et éventuellement menaçantes.
Les Êtres Sacrés ne sont pas aussi loin des hommes que le Dieu chrétien. Durant les cérémonies, qui sont en général des rites guérisseurs, ils sont présents, même si on ne peut pas les voir. Les Navajo expliquent qu’au début des temps, Premier Homme et Première Femme, avec les autres êtres Sacrés, ont créé le monde, la végétation, les animaux et les hommes, appelés les ”Êtres de la Surface de la Terre”. Tous les éléments de la nature étaient vivants et communiquaient entre eux, y compris les Êtres Sacrés. Tous parlaient la même langue. Lorsque les Diyin Dine’é estimèrent qu’ils avaient enseigné aux hommes tout ce dont ils avaient besoin pour survivre, (comment chasser, cueillir les plantes comestibles et médicinales, construire leurs habitations), ils se retirèrent et devinrent invisibles. Pourtant, ils sont toujours présents, car ils sont devenus les formes intérieures des rochers, des arbres, des cours d’eau… Ils peuvent communiquer avec les créatures terrestres par l’intermédiaire du souffle/vent. Certains Navajo considèrent que ce sont des présences spirituelles désincarnées qui peuvent apparaître en temps de crise, si les hommes ont besoin d’aide. Un Navajo, qui se forme pour devenir homme-médecine, dit qu’il voit parfois les Êtres Sacrés sur le visage des gens qu’il rencontre dans la journée. En d’autres termes, il essaie de percevoir le sacré et la spiritualité sur le visage d’autrui.
Tous les Êtres Sacrés sont puissants et donc, potentiellement dangereux. Ils sont capables d’infliger aux hommes de grands malheurs, et même la mort. Ils veulent cependant que le Peuple de la Surface de la Terre survive et s’épanouisse ; ils ne refusent pas leur aide si la demande est sincère.
Les prières et les chants rituels ont censément été donnés aux Navajo par les Êtres Sacrés pour qu’ils puissent servir lors des rites guérisseurs, pendant lesquels Êtres Sacrés et Navajo sont en parfaite symbiose. Les prières à la Terre mère et au Ciel père traduisent des liens quasi-familiaux, qui impliquent une obligation de réciprocité, base de la vie sociale de la tribu. L’offrande faite aux Êtres Sacrés lors d’une cérémonie de guérison est à la mesure du rôle qu’ils jouent dans la guérison du corps et de l’esprit du patient. Cette “rémunération” est une déclaration de foi dans le pouvoir de guérison de l’Être Sacré.
La nature inclusive de l’univers signifie que toutes les forces sont intégrées, bonnes et mauvaises, naturelles et surnaturelles, mâles et femelles, dans un état d’équilibre et d’harmonie, exprimé par le terme hózhó. Si l’état d’harmonie est perturbé, la maladie peut intervenir. Le but de la majorité des cérémonies est de préserver ou de rétablir l’état d’hózó. On comprend dès lors que, pour les Navajo, il n’est pas question de se rendre à intervalles réguliers dans un édifice religieux pour y célébrer une cérémonie. Les cérémonies navajo, qui sont des rites guérisseurs, ont lieu lorsque la famille d’un patient et un homme-médecine les jugent nécessaires. Il va s’agir, tout d’abord, de déterminer l’origine de la maladie. Ce rôle est dévolu à une diagnostiqueuse, qui va le plus souvent utiliser la méthode de « la main tremblante », c’est-à-dire qu’elle promène sa main sur le patient et, lorsque sa main se met à trembler, elle va comprendre ce qui a rompu l’harmonie dans la vie du malade, et saura à quel homme (ou femme) médecine il faudra s’adresser. En effet, ce ne sont pas les symptômes qui peuvent permettre de diagnostiquer une maladie. Le malade peut avoir « perdu son âme », avoir été ensorcelé, ou avoir enfreint l’un des innombrables tabous imposés par les Êtres Sacrés.
La langue navajo étant autrefois une langue à transmission uniquement orale, le mythe des Origines a différentes versions, selon le narrateur. Mais toutes expriment les mêmes conceptions de la vie : de tous temps, l’univers a été très dangereux, il était habité par des créatures qui n’étaient pas fiables, même si elles n’étaient pas foncièrement mauvaises. Les Êtres Sacrés avertissent les hommes d’un malheur ou d’une mort potentiels. Si les hommes tiennent compte de ces avertissements, ils peuvent faire quelque chose pour éviter ou repousser le danger.
L’environnement des Navajo est habité par les formes intérieures des Êtres Sacrés. Ils représentent les dangers et les moyens de les éviter. La spiritualité est donc inséparable de la vie quotidienne. L’ordre et la régénération ininterrompue inhérents au cosmos (le changement des saisons, caractérisé par Femme Changeante, le jour et la nuit, la vie et la mort), rappellent constamment qu’il faut vivre en état d’hózhó.
Le Navajo traditionnel commence sa journée en se tournant vers l’Est pour prier les Êtres Sacrés et demander leur protection et leur bénédiction. En faisant cela, il invoque, non seulement les forces du présent, mais aussi les forces du passé. Spiritualité, santé, harmonie et beauté sont liées. Tout ce qui est bon dans la vie (santé, prospérité, bonheur et paix) résulte d’une vie spirituelle qui reconnaît que toutes les parties de l’univers sont vivants et interdépendants. Les hommes sont responsables du maintien de cet équilibre.
Espaces de liberté, de foi et de réflexion chrétiennes GARRIGUES ET SENTIERS - Espaces de liberté, de foi et de ...http://www.garriguesetsentiers.org -
Source : http://www.garriguesetsentiers.org/2015/07/le-monde-spirituel-des-navajo.html
Les Navajo en transition : la difficile maîtrise d’un nouvel espace-temps - The Navajo in Transition : Coping with a New Space-Time Concept - Gérard Selbach (p. 128-145) - https://doi.org/10.4000/lisa.2880
Résumé
What happens when a society like that of the Navajo is faced with a Euro-American concept of space and time exerting tension and pressure on its way of thinking, its beliefs and its traditional way of life ? The Navajo tetragram made of spirituality, limited space (the land of their ancestors) and present time (continuity) is faced with another : secularity, unlimited space and just-in-time, typical of the free-market and consumer society. These are two cultures, two sets of values that seem irreconcilable except for the Navajo who, thanks to Hózhó, live an ambivalent balance : “We are two in one.”
Traduction de Jacques Hallard - Que se passe-t-il lorsqu’une société comme celle des Navajos est confrontée à une conception euro-américaine de l’espace et du temps qui exerce une tension et une pression sur sa façon de penser, ses croyances et son mode de vie traditionnel ? Le tétragramme Navajo fait de spiritualité, d’espace limité (la terre de leurs ancêtres) et de temps présent (continuité) est confronté à un autre : la sécularité, l’espace illimité et le juste-à-temps, typique de la société de marché libre et de consommation. Ce sont deux cultures, deux ensembles de valeurs qui semblent irréconciliables, sauf pour les Navajos qui, grâce à Hózhó, vivent un équilibre ambivalent : ’Nous sommes deux en un’.
Index de mots-clés : ambivalence, continuité, espace, identité, Navajo, sécularité, spiritualité, valeur euraméricaine - Index by keywords : ambivalence, identity, Navajo, secularity, space, spirituality, time - Index chronologique : 20th century, XXe siècle
Plan de l’érude
Les croyances ‘navajo’ : le tétragramme espace - temps - spiritualité
Le système ‘anglo’ : le tétragramme espace - temps - sécularité
Du “ vol du sacré ” à la perte d’équilibre
Vivre l’ambivalence ou comment recouvrer l’équilibre grâce à Hózhó
Assurer la continuité : “ work in progress ”
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- 1 Si “ traditionnel ” fait référence à des pratiques et croyances transmises et inchangées pendant p (...)
1 Si l’espace et le temps se mesurent scientifiquement grâce à des unités établies et définies par les sciences euraméricaines, leur appréciation et évaluation sont aussi des concepts culturels, perçus différemment par les groupes socioculturels à travers le monde. Ces repères sont le résultat d’une construction sociale acquise par les connaissances et les pratiques intériorisées au cours de l’enfance et transmises de génération en génération. Notre appréhension spatio-temporelle tient du registre psychologique collectif, puis personnel qui va structurer notre schème mental. Aussi, nous pouvons nous demander : que se passe-t-il lorsqu’une communauté se trouve confrontée à une autre vision de l’espace et du temps qui va exercer tension et pression sur son comportement social, sur son mode de pensée ou son mode de vie “ traditionnel1 ” ?
- 2 Nous utiliserons Navajo, et non Diné, qui signifie “ the people ” en langue navajo. Contrairement (...)
- 3 Cette recherche est le fruit d’une enquête de terrain qui s’est déroulée en trois visites de deux (...)
2 Notre étude empirique va porter sur les Navajo2, une nation amérindienne, peuplant la réserve située principalement dans l’État de l’Arizona, et qui doit faire face à des changements rapides, imposés par la société “ anglo ”, en particulier à un nouvel espace-temps, l’une des principales variables du système économico-culturel euraméricain. Les Navajo ont assurément vécu une série de chocs culturels plus ou moins violents au cours de leurs migrations passées et à l’occasion de leurs rencontres avec les pionniers au dix-neuvième siècle. Mais notre étude, qui s’appuiera sur des observations et des entretiens3, montrera que les Indiens sont en train de vivre ce qui pourrait être qualifié de “ révolution silencieuse ”, touchant aux racines même de leur identité. Nous évoquerons, tout d’abord, les croyances navajo en liaison avec les notions d’espace et de temps. Puis, après avoir rappelé les caractéristiques du paradigme occidental, nous verrons l’impact du déséquilibre causé par l’introduction de ce modèle, ainsi que les moyens mis œuvre par les Navajo pour tenter de retrouver l’équilibre et l’harmonie ou Hózhó, qui est au cœur de leur quête spirituelle.
Les croyances navajo : le tétragramme espace - temps - spiritualité
- 4 Informations fournies par une exposition permanente de photographies au Navajo Museum, à Window Ro (...)
3 En premier lieu, il est bon de contextualiser le thème de cette étude en rappelant quelques données géographiques et historiques de la réserve navajo et de sa population. Les Navajo — signifiant en langue Tewa “ cultivated fields ”, et aussi “ Diné ”, c’est-à-dire “ the People ”, leur nom d’origine — occupent la plus vaste réserve des États-Unis : 28 800 square miles, soit 72 500 km2 (l’équivalent de West Virginia). Située sur le Plateau du Colorado, la réserve occupe un morceau de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et de l’Utah au sud de la Colorado River. Cette enclave faisait partie des terres traditionnelles des Navajo délimitées par les quatre montagnes sacrées (sacred mountains) : Sierra Blanca Peak à l’Est, Mount Taylor au Sud, San Francisco Peak à l’Ouest et Mount Hesperus au Nord. Il semblerait que leurs ancêtres soient descendus du Northwest Canada vers l’an 1000 en direction du Sud-ouest. La première mention espagnole du nom “ Apache de Navajo ” fut faite en 1626. Ses membres font peu référence aux raids que leurs ancêtres menaient aux alentours pour voler récoltes et bétail, et tant que les conflits restaient intercommunautaires, ils ne concernaient pas le gouvernement fédéral. Mais, lorsque, vers 1863, ces incursions affectèrent les immigrants qui étaient de plus en plus nombreux dans la région, le Colonel Kit Carson fut envoyé pour soumettre la tribu : ce qu’il fit en pratiquant une stratégie de la terre brûlée. En mars 1864, d’abord 2 400 Navajo, puis, un peu plus tard, 8 000 hommes, femmes et enfants furent regroupés et conduits en captivité vers le sud du Nouveau-Mexique jusqu’à Fort Summer en un trajet épuisant de 550 km, appelé “ the Long Walk ”. Plus de 2 000 moururent de maladies et de malnutrition, avant que la signature du Treaty of 1868 ne les autorisât à quitter leur camp de concentration et à retourner sur leurs terres traditionnelles4.
- 5 RUSSELL George, Native American, FAQs Handbook, Russell Publications, Phoenix, AZ, 2000, 108.
4 Leur premier gouvernement remonte à 1922, en fait un simple Business Council, créé par le Department of the Interior, pour approuver les licences d’exploitation du pétrole. Quant à la constitution, elle fut adoptée en 1938. Se rendant compte qu’ils ne pouvaient pas attendre d’aide financière des États, ils voulurent contrôler leurs ressources naturelles (pétrole, charbon, uranium, bois) pour en tirer des royalties et demandèrent leur autodétermination. Au lieu de répartir l’argent par tête d’habitant, ils investirent dans des infrastructures, des écoles et des bourses d’études. La population est d’environ 240 000 (deuxième tribu pour sa population après les Cherokee : 320 000). En tout, 559 Nations sont officiellement reconnues par le Bureau of Indian Affairs (BIA), 2,5 millions vivant sur les réserves et 4,1m en tout, en prenant en compte ceux qui vivent à l’extérieur (6 Indiens sur 10), dont 4 sur 10 se considèrent comme multiraciaux, d’après le recensement de 2000. Ces tribus vivent un difficile dilemme, car elles se déclarent des nations souveraines et indépendantes, tout en réclamant au gouvernement fédéral d’honorer ses promesses d’aides sociales5.
5En prenant leur destin en main, les Navajo ont eu comme objectif principal la survie de leur tribu dont le mode de vie ne peut exister qu’ancré dans leurs croyances et leurs pratiques rituelles : ces éléments étant autant de repères, de bornes qui guident et rythment leur vie et dessinent leur identité. Leur mode de vie et de pensée est organisé autour de trois invariants : la spiritualité qui dessine l’espace et le temps (Figure n°1).
Figure n°1 : Tétragramme des valeurs pivots de leur culture identitaire
Figure n°1 : Tétragramme des valeurs pivots de leur culture identitaire
- 6 Entretien avec BENALLY Herbert J., 26/10/2000. Cf. son article “ Spiritual Knowledge for a Secular (...)
6 Herbert John Benally, un philosophe Navajo, nous a expliqué les grands principes de leur philosophie6 :
Traditional Navajo wisdom recognizes spirituality as the foundation of all knowledge necessary for achieving harmony or Hózhó, the Beauty Way of Life. This foundation is as relevant today as it ever was, and could serve as the basis of an approach to teaching which avoids the separation of the secular and spiritual knowledge that characterises Western society. The Navajos organized their knowledge, as well as their life activities around the parts of the day and the four cardinal directions. This system of organization was placed by the Holy People in the primordial era. At that time the gods laid the foundation of this world with grandfathers and grandmothers, fire, water, air and soil. Around that foundation they placed the four different lights and four forms of sacred knowledge which would regulate man and all life’s activities. With the dawn (the East) they placed “ that which gives direction to life ” and with the blue twilight (the South) they place “ sustenance ”. “ The gathering of family ” was placed with the yellow evening twilight (the West) and “ rest, contentment and respect for creation ” was placed in the darkness (the North). Once all of these things are placed they will direct all lives, so it was said. The essence of the Diné philosophy is holism : if any part of the system is upset, the whole system is affected, creating an imbalance. But by balancing the four cardinal areas of the Navajo knowledge, the individual will develop sound beliefs and values and make sound decisions.
Traduction de Jacques Hallard - La sagesse traditionnelle navajo reconnaît la spiritualité comme le fondement de toutes les connaissances nécessaires pour atteindre l’harmonie ou Hózhó, le mode de vie de la beauté. Ce fondement est aussi pertinent aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été, et pourrait servir de base à une approche de l’enseignement qui évite la séparation des connaissances séculaires et spirituelles qui caractérise la société occidentale. Les Navajos ont organisé leurs connaissances, ainsi que les activités de leur vie, autour des parties du jour et des quatre directions cardinales. Ce système d’organisation a été mis en place par le peuple saint à l’ère primordiale. À cette époque, les dieux ont posé les fondations de ce monde avec les grands-pères et les grands-mères, le feu, l’eau, l’air et le sol.
Autour de cette fondation, ils ont placé les quatre différentes lumières et les quatre formes de connaissances sacrées qui allaient régir l’homme et toutes les activités de la vie. Avec l’aube (l’Est) ils ont placé ’ ce qui donne une direction à la vie ’ et avec le crépuscule bleu (le Sud) ils ont placé ’ la subsistance ’. ’La réunion de la famille ’ a été placée dans le crépuscule jaune du soir (l’Ouest) et ’ le repos, le contentement et le respect de la création ’ a été placé dans l’obscurité (le Nord). Une fois que toutes ces choses sont placées, elles dirigeront toutes les vies, disait-on. L’essence de la philosophie Diné est le ‘holisme’ : si une partie du système est perturbée, l’ensemble du système est affecté, ce qui crée un déséquilibre. Mais en équilibrant les quatre domaines cardinaux du savoir navajo, l’individu développera des croyances et des valeurs saines et prendra des décisions judicieuses.
- 7 Cette affiche est disponible à la librairie du Navajo Museum.
- 8 Cette expression est aussi communément employée dans la région pour indiquer un temps imprécis ou (...)
7 Une affiche 7 fut conçue à partir des préceptes de H. Benally, représentant un monde idyllique, ensoleillé et une communauté vivant en équilibre avec l’univers et en harmonie avec les Esprits : c’est l’ “ Hózhó, the Beautiful and Blessing Way ”. Ces principes déterminent la façon dont les Navajo organisent leurs activités et mesurent le temps : l’Indian Time 8. La journée étant l’unité de base, ils valorisent cette durée délimitée entre le lever et le coucher du soleil en s’adonnant à leurs activités journalières. Le temps est culturel et social, lié à leur imaginaire spirituel. Une topographie du temps peut être dessinée dans le monde clos de leurs hooghans, leurs demeures octogonales construites en rondins. La porte ouvre à l’Est permettant d’invoquer les Esprits bénéfiques au lever du soleil, en leur offrant du pollen de maïs, céréale qui assure leur survie. Les activités vont ainsi suivre le mouvement du soleil et les quatre points cardinaux : au Sud le travail (s’occuper du champ de maïs, des moutons, tisser la laine, etc.) ; à l’Ouest, au soleil couchant, la famille se réunit et dîne. C’est le moment où les parents et grands-parents parlent aux enfants, transmettent leurs savoirs et racontent l’histoire de la tribu. Enfin, la famille se couche au Nord, la nuit noire où résident les Esprits maléfiques dont il faut se méfier.
- 9 Notre entretien avec A. L. au Diné College, AZ, 29/10/2000.
- 10 BIGFEATHER Joanna Osburn : “ because the millenium is an arbitrary point in time for Indigenous cu (...)
8 Jour après jour, immuablement. “ La vie avance comme une spirale, m’a dit un medicine man9. C’est le cycle de la vie, et le hooghan est l’image même de l’univers sacré des Navajo, il incarne notre vision holistique du monde ”. Le hooghan est donc une métaphore identitaire extrêmement forte. Le temps par excellence est le présent dans la continuité, une sorte d’éternel présent continu : un mélange de “ I am doing ” et de “ I have been doing ”. En langue navajo, seul un mot existe faisant référence au passé, très vague, qui se traduit en anglais par “ a long time ago ”. Leur passé est le présent mémoriel. Ils possèdent un calendrier lié aux saisons et aux mouvements des astres. Mais la datation à l’occidental n’aurait pas été nécessaire s’il n’y avait pas eu des contacts avec les “ Anglos ” : ils sont a-historiques. Ce qui explique le refus, par certains Navajo, de célébrer le “ millennium10 ”.
9 La terre qu’ils appellent Mother Earth, est ce qu’ils ont de plus cher : c’est la terre nourricière, avec toute la force symbolique de cette expression, et le sentiment d’avoir occupé cette terre depuis des millénaires, d’en être les premiers habitants. Ils ne connaissent pas la notion de propriété privée : la terre appartient collectivement au clan qui la répartit entre les diverses familles, ce qui provoque parfois des tensions lorsque de nouvelles familles viennent s’installer. Le monde Navajo est un monde mental fermé où les connaissances et les savoir-faire sont transmis oralement et immuablement par les grands-parents, de génération en génération, et où l’évolution est lente, car leur mémoire est informative et non formative, c’est-à-dire qu’elle profite peu de l’expérience accumulée. Les individus ont une place précise au sein du réseau familial, du clan et de la tribu ; et les liens familiaux et sociaux sont bien établis, forts et contraignants, où les anciens et les grands-parents jouent un rôle clé, ainsi que la mère : le système est matriarcal. La pression sociale sur le comportement est donc considérable. Lutter contre la perte de leur culture et de leurs traditions, conserver la mémoire et leur passé afin de mieux comprendre le présent et préparer l’avenir, telles sont leur démarche et leur devise actuelles.
Le système ‘anglo’ : le tétragramme espace - temps - sécularité
10 Tout irait bien s’ils pouvaient vivre en autarcie, isolés dans la capsule espace-temps figée de leur réserve, dans leur pré carré transformé en forteresse. Or il n’en est rien. Les frontières sont purement imaginaires et extrêmement poreuses, ce sont des zones de contact, d’échanges même, laissant filtrer des messages très différents et très attirants.
11 Face à leur tétragramme culturel dessiné par les trois piliers espace - temps - spiritualité, les Navajo voient se dresser un autre tétragramme espace - temps - sécularité (ou peut-être faudrait-il dire marché), propre à la société dominante américaine qui les entoure. À un espace-temps en boucle, refermé sur lui-même, peu évolutif, s’oppose un espace-temps vecteur, un monde en mouvement, décentralisé et éclaté, un système économique dynamique, flexible, innovant, en constante mutation, où l’accès à l’information se fait en temps réel grâce à Internet, et où, en tout cas, la source du savoir n’est plus les grands-parents.
12 Le local devient le global, le village devient le “ village planétaire ” dont parlait McLuhan, grâce à des médias qui font fi des distances et du temps. Il faut reconnaître que, depuis les années soixante, le mal qui a gangrené sournoisement la société indienne, est surtout venu de la télévision, ses messages et ses images dépeignant l’American Dream. Les séries télévisées, les feuilletons, projettent de nouveaux espaces imaginaires, vantant les mérites du confort ménager, faisant la publicité du mode de vie américain, ce qui rend leur vie dans la réserve d’autant plus triste et frustrante. Le temps présent apparaît, surtout aux jeunes Navajo, ennuyeux, immobile, archaïque et dépassé. Au contraire, la société de consommation est là colorée, vivante et innovante, la mode change et la musique bouge : des aimants fascinants pour les jeunes et les adolescents (Tableau n°1).
13 C’est la mobilité contre l’immobilisme, le mouvement contre la sédentarité, le changement contre l’immuable. La stabilité servait de mesure-étalon aux activités humaines et indiennes ; aujourd’hui, c’est le changement qui est devenu la norme à respecter dans nos sociétés.
Tableau n°1 : deux cultures, deux systèmes de valeurs
Les Navajo |
Les Euraméricains |
Traditions immuables | Culte du changement |
Système de valeurs changeant peu | Valeurs en changement permanent |
Permanence | Obsolescence, innovation |
Continuité, durée | Discontinuité, renouvellement |
Très long terme | Court terme, urgence |
Conserver | Jeter (throw-away society) |
Immobilisme, immobilité | Nomadisme, mobilité |
Conformisme | Anticonformisme |
Uniformité | Diversité |
Soumission au groupe | Individualisme |
Groupe indifférencié | Différenciation |
Uniculturalisme | Multiculturalisme |
Structure familiale | Famille éclatée, à géométrie variable |
Culte des anciens
(respect, reconnaissance) |
Culte de la jeunesse |
Transmission des connaissances par les grands-parents | Transmission des connaissances par l’école, les mass-médias, Internet |
Humilité | Réussite personnelle |
Système collectif | Système individuel |
Coopérative | Entreprise individuelle |
Partage des biens, solidarité | Égoïsme |
Faire | Faire et faire savoir |
Radio locale | Télévision, diffusion mondiale |
Village | Village planétaire |
Information par bouche-à-oreille lors de réunions familiales | Information par téléphone mobile, Internet |
Quête de Hózhó (équilibre, harmonie) | Quête du toujours plus, société de consommation |
14 L’idéologie dominante, celle de l’esprit d’entreprise, celle de la Frontière, nous tourne vers le futur, un avenir meilleur bien sûr, l’idée de progrès, d’amélioration de la condition humaine, de croissance économique, d’accumulation du savoir et des capitaux : en somme tous les ingrédients de l’American Dream. Même si l’utilisation irréfléchie des richesses naturelles, pour des gains immédiats, hypothèque l’avenir, peu importe, on reste optimiste. On est pragmatique après tout, donc on trouvera une solution. Ce comportement est le reflet d’une impatience du “ toujours plus ”, du “ tout, tout de suite ” de la société de consommation.
15 Le temps est devenu le paramètre essentiel du pilotage des entreprises. Si celles-ci n’adaptent pas leur rythme de fonctionnement à celui de leur environnement, elles meurent. La réduction des délais de conception et de fabrication ouvre de nouveau créneaux de marché grâce à des process comme le just-in-time ou le concurrent product development. Ne vend-on pas du “ gain de temps ” ? L’entreprise doit être flexible, réactive à la concurrence ou mieux faire plus vite que la concurrence (time-based competition), être réactive aux signaux de la Bourse à qui elle doit rendre des comptes trimestriellement (short-termism). Si elle est globale, elle mettra en œuvre un time-zone management. Elle doit définir une stratégie, fixer des objectifs, planifier, organiser, dégager des bénéfices, afin d’améliorer la valeur aux actionnaires. Il faut être performant, être même proactif, c’est-à-dire savoir anticiper, être le “ go-getter ” qui réussit, mais qui, d’après certains sociologues, souffrirait de la maladie du siècle : la course contre le temps. Nous serions même en train de vivre une crise du temps causée par les nouvelles technologies. Les téléphones mobiles, les ordinateurs portables et autres réseaux modifient le périmètre du travail : en tout temps, en tout lieu, on est branché à l’entreprise. Il y a compactage du temps et éclatement spatial.
Du “ vol du sacré ” à la perte d’équilibre …..
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Source : https://journals.openedition.org/lisa/2880
Le temps, le sacré, l’être, la santé - Rencontre avec la philosophie navajo – Par Agnès DE SOUZA - 1996
Le temps est la plus grande énigme qui se pose à L’Homme. Philosophes et scientifiques devraient s’unir en cette fin de 20ème siècle pour repenser cette question sans préjugé. Cela requerrait évidemment de la part des scientifiques une distance par rapport à leur propre approche, l’adoption d’une réflexion épistémologique. Un autre regard sur le temps entraînerait également un regard différent sur un certain nombre de phénomènes que l’esprit positiviste se contente de remiser avec condescendance aux oubliettes de l’histoire dite ’primitive’ ou de déclarer ’irrationnelles’ (quand elles ne font appel qu’à une rationalité différente, dont l’objet n’est plus la matière)- Il faudrait dépasser cette conception du rationnel comme limité au seul champ de l’objet matériel, conception qui est la véritable dictature du XXème siècle. En fin de compte, ce raisonnement peut être inversé : un regard de réelle ’considération’ pour certaines visions du monde de sociétés traditionnelles, entraînerait une appréhension différente du temps.
Si l’on en croit les enseignements de ces sociétés, le temps n’est pas linéaire mais cyclique. Cette conception du temps rend compréhensibles de nombreux phénomènes et états que nous ne considérons que comme des visions poétiques ou appartenant à un passé révolu de l’intelligence humaine. Dans les rituels de guérison navajos par exemple, les peintures de sable font advenir les Etres sacrés parmi les participants, et ce phénomène n’est ni une illusion ni une ’façon de parler’, encore moins une suggestion, il est réel, même si on peut le comprendre comme le ’transport’ des participants dans cet autre temps qui est le passé mais aussi le présent, c’est-à-dire ni le passé ni le présent, mais un temps autre, le temps de l’Eternité. De quel droit d’ailleurs nous permettons-nous de décider à leur place de ce qui est réel ou non, si ce n’est de celui que nous nous arrogeons du fait de l’implicite supériorité que nous confère, croyons-nous, le fait d’être des occidentaux, détenant l’étalon rationalité, et s’imaginant tout comprendre, tout pouvoir définir ?
Là où le bât blesse, c’est que nous définissons tout en effet, mais à travers nos mots et notre logique, ce qui fait que nous ne comprenons et trouvons finalement rien d’autre que nous-mêmes, éternels voyageurs que nous sommes du même sempiternel voyage, en quête d’un impossible ailleurs, assoiffés d’une autre réalité, qui nous manque cruellement mais que nous nous obstinons à essayer d’attraper avec un filet qui ne convient pas et dont les mailles laissent inévitablement échapper l’essentiel.
Lorsque l’homme-médecine navajo pose ses mains imprégnées des pigments de la peinture de sable sur le corps du malade, il se passe une osmose entre les Etres sacrés peints sur le sol et le patient, alors empli de sacralité. Ces Etres sacrés que les hommes-médecine font revenir sont ceux qui, à l’aube des temps, fixèrent l’ordre du monde. A ce moment-là, les peintures de sable SONT ces Etres eux-mêmes, ce qu’on ne peut comprendre qu’à l’intérieur d’une conception cyclique du temps. Et encore faut-il savoir ce que ce cyclique-là veut dire. Pour les Navajos, le présent ne s’éloigne pas du passé, tous deux coexistent, le passé n’est pas le passé, mais un temps présent quoiqu’autre, accessible à certaines conditions, par certains moyens. Ce temps ’des temps simultanés’ n’est pas ’cyclique’ au sens où il reviendrait périodiquement comme un temps linéaire déguisé qui sur une plus grande échelle s’enroulerait sur lui-même tel un ruban sur une bobine.
Mais au sens d’enveloppement et de superposition simultanés de ces temps différents. C’est pourquoi la cérémonie navajo n’est pas une évocation de la création, mais sa répétition. Qui permet de ’rectifier le tir’, remettre les choses en place quand des déséquilibres les ont déplacées et que la maladie s’est installée. On peut de cette façon recouvrer la santé, et la restauration du lien avec le sacré nous apparaît en effet comme un moyen que L’homme a à sa disposition pour retrouver équilibre et harmonie. Ces peintures de sable guérissent, cela est attesté de façon certaine, et ce phénomène n’est compréhensible que dans une telle conception du temps. Le ’Temps du rêve’ des Aborigènes australiens relève de la même logique.
Tout se passe donc comme si L’homme avait en lui la possibilité de passer d’un monde dans un autre, d’un temps dans un autre, temps et monde étant alors synonymes. C’est toute la dimension du sacré qui se joue dans cet espace-là. Tous ces rituels, ces techniques éprouvées d’un monde ancien apparaissent d’une précision rigoureuse, sans quoi d’ailleurs elles sont inopérantes ou dangereuses : cette règle de la précision qui ne souffre pas la moindre variation est impérative et universelle.
Cette conception rend compréhensibles de nombreux phénomènes, ceux que l’on qualifie d’’irrationnels’ comme la voyance, la prémonition, la vision d’êtres en habits de lumière, la visite d’êtres disparus... l’accès à un monde qui n’est pas immédiatement visible, et que nous nommons divin, surnaturel (et qui n’est pas ’irrationnel’). A dire vrai, et dans cette perspective, ce ne sont pas les êtres disparus qui reviennent mais les vivants qui pour un moment changent de perception et de monde. Cet espace-monde-là n’est pas régi par les mêmes lois que le monde quotidien tel qu’il est perçu par notre esprit aliéné au matériel, par notre intelligence, qui en est arrivée à cette aberration, disait Bergson, de ne plus se sentir ’chez elle que parmi les solides’.
Le quotidien est dans la temporalité linéaire, avec un passé, un présent, un avenir. Mais il y a d’autres temps, régis par d’autres logiques. Les échappées hors de ce monde dans l’autre nous font sortir de cette temporalité pendant un temps qui est à la fois et de manière simultanée et non contradictoire un temps quotidien x, et un temps hors du temps, le fameux ’instant d’éternité’ dont on ressort différent, régénéré, éventuellement guéri. Si ce qui précède a quelque justesse, l’homme occidental prend pour un absolu ce qui n’est qu’un type de perception. Des temps différents coexistent.
C’est dans ce cadre de pensée, et avec d’autres présupposés que ceux qu’elle applique à la matière, que la pensée scientifique devrait réfléchir à ces phénomènes. On devrait par la même occasion cesser de penser aux visions du monde des cultures traditionnelles comme à des philosophies infantiles, ce que malgré les circonlocutions intellectuelles d’usage, on n’a jamais cessé de faire.
La science positiviste exerce un totalitarisme trop fort. Ces temps simultanés peuvent être visualisés comme des cercles concentriques de différentes couleurs, dont chacun correspond à un mode de perception précis, mais dont on peut changer par ces méthodes spécifiques dont la planète nous offre encore pour quelques temps de très précieux modèles. De la considération pour ces visions du monde différentes, naîtraient une philosophie, une science, des comportements sociaux et humains différents...
Mots-clés : philosophie épistémologie ethnologie valorisation des savoirs traditionnelsconception du monde
Notes - Les sources d’information de cette fiche n’ont pu être retrouvées. Source : Livre > « Peintures de sable des indiens Navajo, la voie de la beauté, Actes Sud, 1996 (France) »
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Les Peintures de Sable des Indiens Navajos - Document ‘lebatondeparole.com/’ – Communiqué
Hozho = peintures de guérison des Indiens Navajos - Ya’at’eeh ! Bienvenue sur la terre des navajos.
On admet que les Indiens Navajo comme les apaches, descendent des Athabasques et qu’arrivés au Nord de la Sibérie par le détroit de Béring, ils se sont installés aux environs de XIII siècles sur le continent nord-américain, à l’ouest du Rio Grande. Mais le Diné (peuple en Navajo) préfère dire, comme l’affirment aujourd’hui les hommes médecine, ses plus éminents représentants, qu’ ’il a toujours été là ’, que sa présence, à la surface de la terre, est concomitante à la création des quatre montagnes sacrées qui découpent l’horizon et font aujourd’hui de la Nation Navajo, le plus vaste Hogan (maison cérémonielle), au sein de laquelle quelque cinq cents hommes et femmes médecines continuent d’entretenir les cérémonies qui les relient au temps immémorial de la création. La notion d’Hozho où santé beauté, sur laquelle pose toute leur philosophie, fait l’objet d’une attention extraordinaire. Les hôpitaux américains installés sur la terre des Navajo, accueillent dans leurs structures des Hogan où les patients indiens ont la possibilité de rétablir en eux, une fois les soins donnés, l’état d’Hozho, sous la conduite de consultants. En 1998, l’assemblée tribale composée de 98 membres représentant 110 circonscriptions administratives élus au suffrage universel, a voté un budget permettant aux jeunes Navajo, ayant débuté leur apprentissage auprès d’hommes médecine, de les aider financièrement et de rémunérer leurs maîtres. Cette aide vise l’enseignement de six cérémonies ou Voies, menacées de disparaître : - La voie de l’eau - La voie de la Plume - de la perle - de la fourmi - de la beauté et la voie de l’aigle. Hozho est une condition d’un être humain qui se sent sûr de lui, en sécurité, en accord avec lui-même, avec le monde qui l’entoure. C’est un état intérieur qui surgit quand tout est à sa juste place. C’est l’état du monde, la manière dont chacun, et ‘tous ensemble’, nous devrions vivre. (Citation d’un professeur Navajo enseignant à l’université de Tsaile au ‘Dîné collège’.
Il faut vingt ans pour être un homme-médecine, ne pas confondre avec des sorciers. Néanmoins, ce n’est pas parce que Hozho a affaire à la beauté que tout est beau, il y a de la négativité dans Hozho et c’est un élément de Protection. Quelque chose qui protège la beauté, veille à ce qu’elle puisse être. Dans la philosophie Navajo tout a deux faces : - la beauté, la sensibilité, le calme... C’est le féminin, la femme préserve cette abondance - L’autre possède une nature destructrice, on lui associe ces termes : guerre, brutalité... C’est le masculin qui les incarne. Il y a du mal et il faut l’utiliser en petite quantité mais l’utiliser quand même. Hozho est féminin... Naayee est masculin... Alliance subtil de ces deux termes. C’est ainsi que les Navajo pensent. Toute la philosophie occidentale est structurée autour de forces qui s’opposent, les Navajo ne voient pas les choses de la même façon. Ces points sont importants pour comprendre.
Voie de la bénédiction :
Cette voie n’est pas faite pour soigner, mais pour ponctuer les grands passages de la vie : naissance, puberté, mariage, départ à l’armée d’un conscrit, l’entrée d’un homme en politique, protection d’un troupeau ou l’ouverture d’un nouveau restaurant. Le cérémonial est court : deux jours deux nuits et simple : quelques chants et prières, des bains de mousse de Yucca, quelques peintures. Il existe mille deux cent, au moins peintures de guérison, même un Hataalii ou homme médecine ne les connaît pas tous. Il ne retient que celles qui se rattachent à sa spécialité. VOIE DE LA BEAUTE . Dans la voie de l’ennemi, deux belles femmes sont données en butin de guerre aux vainqueurs inattendus d’une bataille, deux hideux vieillards, homme-ours, homme serpent, capables de prendre l’apparence de la jeunesse et de la beauté. Elles s’enfuient l’aînée vers l’Ouest, la cadette vers l’Est, mais rattrapées, elles deviendront Bispali, l’héroïne de la voie de la montagne, et Glispah celle de la voie de la beauté. Les voies Navajo sont ainsi de grands et sinueux voyages initiatiques. L’importance de ces héroïnes rappelle la place privilégiée des femmes dans la société Navajo ou la descendance matrilinéaire : un Navajo appartient au clan de sa mère, étant seulement né pour celui de son père. Glispah apprendra au pays de peuple Serpent comment contrôler les forces de la fécondité, elle aura gâché des moissons, provoqué des ouragans de grêle, été punie, démembrée, puis reconstituée par le peuple serpent, maître en ce pouvoir d’utiliser et de contrôler la fécondité. L’homme serpent, son époux, peut enfin lui prodiguer cette cérémonie de quatre jours la voie de la beauté. A elle de porter cet enseignement au peuple de la terre puis de revenir vivre parmi le peuple serpent ou Femme serpent, déesse de la fertilité et de la guérison, règne depuis sur les nuages, la pluie, le brouillard la végétation pour le bien du peuple de la surface de la terre.
Voie du vent :
Vieil homme vent, vieille femme vent, petits vents de la montagne du yucca, vent noir à l’est, vent bleu au sud, vent jaune à l’ouest vent blanc au Nord, vent rayé et vent gaucher, vend fou, cyclone et tourbillon, vent rouge, vent gris... Les vents sont le principe même de la vie dans sa manifestation. Au sein même du corps, ils le parcourent, animent les poumons, le cœur, circulent dans l’oesophage et les intestins. Et celui qui sait capter, comme l’homme médecine, les chants des vents, sait aussi raccorder l’homme aux grands souffles qui traversent et gèrent l’univers et prodiguer l’immunité en prévision d’attaques futures. C’est ce que tente de faire cette cérémonie ou abondent les images du soleil et de la lune, des nuages et de l’arc-en-ciel, des tourbillons, des tonnerres, des cyclones, des cactus et des serpents. Le serpent est une figure omniprésente de la voie du vent. Il est la personnification animale du vent, sa puissance est aussi fulgurante et destructrice que celle des tempêtes. Dans les peintures de cette voie, qui durait autrefois jusqu’à neuf nuits, le serpent remplace l’arc-en-ciel protecteur, il habille le corps des vents ou traverse en croix les personnages.
Voie de la montagne
Voie sœur de la voie de la beauté, que cette voie de la montagne avec son héroïne Bispali, sœur aînée de Glispah, femme-serpent. Bispali, femme-ours, engendrant fille et garçon Ours, est associée aux lourds pouvoirs de cet animal, puissant guérisseur, lui-même lié aux montagnes, aux herbes médicinales et au feu. Son pouvoir est si grand que les navajos redoutent cet animal : ils ne le chassent rarement et ne mangent jamais sa chair. Lors des cérémonies, en particulier Voie du projectile, il arrive qu’un homme déguisé en ours, fasse irruption dans le Hogan et se rue sur le patient dans le but de provoquer en lui un choc psychologique censé l’aider dans sa reconquête de l’état d’Hozho. Les principaux personnages de cette voie sont les Etres de la montagne représentés par de très longs corps, la femme ours bien sur, ses parents, capables de passer en un clin d’œil de l’état humain à l’état ours. Figurent aussi les animaux de toutes sortes de la montagne tels que : porcs épics, papillons et évidemment les serpents.
Cette cérémonie se conduit sur 9 nuits et se clôt sur un final très spectaculaire appelé danse du corral ou feu, sorte de vaudeville sacré où diverses équipes, représentant divers voies, viennent interpréter leur numéro. Les cérémonies sont souvent liées à des chants. La personne malade doit laisser le chant s’enfoncer dans son corps et le laisser pénétrer en profondeur jusqu’au niveau cellulaire de son être, soit inspirer le chant. La voie de la Beauté, la voie de la montagne, vues précédemment sont différentes sortes de chants qui répondent à différentes sortes de maladie. Ex : Voie de la vie s’adresse aux suites d’un accident. Voie de l’ennemi traitera d’un mal qu’on attribue à des esprits non navajo. Voie du projectile traitera une morsure de serpent. Il existe aussi des chants pour les instabilités mentales.
La voie de la nuit
Cette voie se déploie sur 9 nuits et seulement pendant l’hiver, elle est destinée à rétablir l’ordre et la beauté chez les personnes dont le désordre s’exprime par un mal de tête ; d’yeux, d’oreilles. Cette procédure consiste à : - pendant les 4 premiers jours, exorciser le mal. - rétablir l’ordre et la beauté nécessaires à la personne qui souffre. Ainsi assiste-t-on initialement à des bains de sudations et une série d’offrandes k’eet’aan préparées pour inviter les Etres Sacrées, ces ancêtres invisibles, occupant aujourd’hui les sites sacrés de la terre navajo, et s’assurer de leur présence. Car ils sont nécessaires si l’on veut que la procédure fonctionne correctement et que pour la personne chantée soit rendue entièrement à l’ordre navajo.
Les premiers jours, c’est une succession de sudations, répétitions de prières, chants. Et plus tard surviennent les peintures de sable, les quatre derniers jours de la cérémonie. Chacune est une rhétorique de guérison en soi, complexe, des chefs d’œuvre de ré-ordonnancement. Les chants, prières, peintures sont de véritables chef-d’œuvre de beauté évoluant dans un univers Navajo organisé selon un ordre bien précis et imprégné d’une beauté lancinante. Cette Voie Mâle par excellence est très pratiquée encore de nos jours. Elle vient pour lutter contre toute forme de paralysie aussi bien physique que mentale. Les héros de cette cérémonie se nomment Les Rêveurs ou Visionnaires. Hosteen Klah ’1867-1937 fut l’un des plus brillants praticiens de cette voie complexe dont l’apprentissage culmine avec la constitution d’une trousse de médecine fournie, notamment en masques très difficiles à obtenir, les Maîtres de cette voie les cèdent difficilement à leurs apprentis. Aujourd’hui, de nombreux homme médecine continuent de la pratiquer dans l’ombre et le froid des nuits d’hiver.
La voie de la perle
Pouvoir de l’esprit et des cieux sur les piètres biens terrestres : telle est la leçon prodiguée par le Héros de la Voie de la Perle, dit le clochard qui vit habillé d’oripeaux et se nourrit de détritus. Mais sa richesse intérieure lui permet de s’allier avec les puissances suprêmes : à la fois celle de l’aigle, représentation de l’esprit indestructible, et celle de l’éclair et des serpents qui, prenant le relais, permettent au Clochard de franchir la porte du ciel. Mais comme tout héros, le Clochard aura commis préalablement des impairs, reçu l’aide de la Grande Mouche, bienveillante intermédiaire entre les humains et les Etres sacrés, donné l’abeille au monde terrestre et récupéré les trésors du plus riche de tous les peuples, le Peuple Araignée : il les retient dans les mailles serrées de sa toile et notamment des perles qui donnent leur nom à cette Voie de neuf nuits. Ayant reçu la cérémonie des Etres sacrés, il n’a pas manqué non plus de revenir dans le monde des humains pour la leur transmettre à son tour. Rentré dans sa maison céleste, le corps paré de perles de sa victoire, le Clochard assure une distribution équitable des richesses. Au soleil, par exemple, il offre un très long collier de turquoises et son précieux bonnet de plumes rouge, qui depuis, donne sa couleur au crépuscule. Quant à ces peintures ‘navajo’, ceux qui sont capables de réaliser un tel équilibre doivent avoir en eux-mêmes un sens aigu de l’harmonie, tout le contraire dans ce que l’on peut voir dans l’art moderne.
La voie de l’eau, de la grande étoile :
Une même trace - Les voies, notamment les majeures, finissent toutes par rejoindre un même tracé. Le héros commet des impairs à cause de sa nature, laquelle n’est pas aussi tranchée qu’il paraît, la preuve en est que des Etres intermédiaires lui viennent en aide pour lui révéler sa propre ambiguïté ni tout a fait méchant ni tout à fait bon, capable du pire comme du meilleur, jusqu’à ce qu’il croise leur chemin. Conscient de ses possibilités, il peut gagner ses galons d’Etre Sacré en rejoignant le monde de ceux qui ont déjà ce statut pour l’avoir acquis ou toujours eu. Là-haut ou tout en bas, il reçoit la cérémonie qui le sanctifie puis revient dans le monde des humains pour la leur léguer. Rejoignant définitivement le panthéon sacré des Navajos, il veille désormais à l’accomplissement de ce que sa nature avait de prophétique. Mais tous ces héros semblent nous encourager à tendre, même si c’est par des chemins différents vers l’immatérialité du pollen, la matière à l’interface du monde visible et invisible, de faire de sa vie une conquête spirituelle.
La voie de l’eau semble aujourd’hui éteinte, et ses deux derniers praticiens remontaient à l’époque du grand Homme-médecine du XXè siècle, Hosteen Klah (1867-1937). Cérémonie majeure, elle ne se déploie plus, alors, que sur cinq nuits contre neuf à l’origine. On la dit liée au retrait des eaux après le déluge. Dans cette Voie de l’Eau comme dans la Voie de la Grande Etoile dont on pense qu’elles appartiennent au même groupe, que la Voie du Projectile,, on voit surgir, aux côtés du héros, le Coyote : il est son animalité, son ombre lubrique. Mais rien de manichéen, car si le coyote recherche à abuser de la naïveté du héros, le Blaireau, en l’encourageant à grimper toujours plus haut afin de s’élever vers les Etres Sacrés. Le Coyotte n’est jamais loin, il guette à la fois tentateur, imaginatif, trouble, et celui qui propulse vers les choses de l’esprit. Ambigu à jamais : n’est-ce pas lui qui a donné le feu aux hommes mais a aussi provoqué le déluge ?
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Art et santé - Peintures de sable, de guérison (hozho) chez les Navajos – Diffusé par ‘arizona-dream.com’ - Mise à jour le : 20 juin 2021
Le terme navajo pour désigner les peintures de sable, ’sandpaintings’ : ’ iikààh’ peut être traduit littéralement par ’l’endroit par lequel les dieux viennent et vont’.
Photos - Ces dessins sont faits à base de pierres pulvérisées, de sable sec saupoudré et coloré avec des pigments naturels. L’intention de ces peintures est de permettre au patient d’être investi par les pouvoirs des êtres mythiques présents à travers ce diagramme coloré et de le guérir.
Feest et de rares auteurs utilisent plus spécifiquement le terme de ’peintures sèches’ ou ’drypaintings’ pour qualifier les peintures navajos originelles. En effet, elles ne sont pas uniquement faites à l’aide de sables colorés, rouges, jaunes (dépôt d’ocre) et blancs (craie), mais également de matières, à l’état pur et mélangées, telles que farine de maïs, pollen, pétales de fleurs pulvérisées et charbon de bois, qui sont répandues sur un fond sableux généralement doré. On observe l’utilisation d’autres matériaux, végétaux, minéraux.
Avant la cérémonie, sont déposés sur un tapis une grande pierre à moudre, du sable et des pierres de couleurs variées. En général ce sont les femmes qui pilent les différents sables colorés qui sont ensuite utilisés comme colorants. ’Il y avait des grès blancs, rouges et jaunes, du charbon de bois noir qu’il fallait mêler à du sable pour le rendre plus lourd ; des racines de chêne de rocaille qui, pilées avec du sable blanc, donnaient un beau ton bleu clair. D’autres couleurs telles que le brun, le rose et le gris étaient obtenues en mélangeant plusieurs teintes existantes.’
La peinture de sable navajo est l’un des éléments les plus importants d’une cérémonie de guérison.
Photo - A travers ce dessin, élaboré et coloré, dont les teintes noire, rouge, jaune, blanche et turquoise sont sacrées aux yeux des Navajos, les Etres Saints sont contactés afin de guérir le patient.
Ces peintures sont sacrées et font partie intégrantes de cérémonies. Elles ne sont réalisées que par un ’Medecine-Man’, ou par ses apprentis, mais toujours sous sa responsabilité. S’il ne trace pas lui-même la structure de la peinture de sable, dans tous les cas il dirige l’opération dans ses moindres détails. Ses assistants ont ainsi la possibilité d’apprendre en pratique les différentes peintures associées à chaque cérémonie.
La technique de réalisation d’une peinture demande énormément de précision dans le geste. Un peu à la manière des moines tibétains qui réalisent des mandalas de sable, les hommes-médecine, quant à eux utilisent leur pouce et leur index recourbé entre lesquels ils laissent le sable fin et coloré s’écouler en une ligne bien nette et régulière. Cette pratique nécessite une très grande maîtrise du geste. Les grains sont méticuleusement déposés sur un fond de sable de couleur terre préalablement étalé. Il s’agit d’une véritable mosaïque de sable !
Les peintures de sable navajos sont à la base une forme d’art éphémère ; aucun fixatif n’est employé. Ces peintures éphémères, dont Washington Matthews fait état pour la première fois en 1887 dans une première monographie vont évoluer vers une forme plastique fixe et permanente, lorsque des copies seront réalisées par des observateurs blancs puis par les Navajos eux-mêmes, malgré l’interdiction formelle mythologique de représenter ces motifs sacrés de façon permanente.
Il existe près de 600 peintures connues à travers la plupart des collections du début du siècle, environ quatre à cinq sont réalisées pour chaque cérémonie. Les peintures de sable traditionnelles appartiennent à deux catégories. Dans un premier temps, il y a les peintures spécifiques qui accompagnent les chants pendant une partie de la cérémonie. Puis, une autre catégorie est utilisée pour illustrer les ’histoires’ de la mythologie navajo et sur lesquelles le patient va s’agenouiller. De nos jours, des peintures traditionnelles et éphémères sont encore pratiquées dans les réserves par des hommes-médecine au cours de cérémonies de guérison. Ces dernières ne sont pas secrètes mais semblent faire preuve d’une très grande discrétion. Ainsi, des hommes-médecine navajos en viennent à réaliser deux sortes de peintures de sable, les traditionnelles et les peintures de dimension artistiques destinées à des usages différents et qui évoluent dans des espaces bien distinctifs.
Toutefois, il est important de savoir qu’aujourd’hui les peintures de sable navajos existent essentiellement sous forme d’œuvres d’art permanentes. Ces peintures ne sont plus uniquement pratiquées dans un contexte religieux ni pour des raisons thérapeutiques, mais ont intégré un marché de l’art ainsi que le champ de l’Art Contemporain.
Les peintures navajos originelles représentent ’des personnages : êtres surnaturels et figures mystiques, placés aux quatre points cardinaux, ou en file, les uns à la suite des autres, presque toujours groupés par pairs hommes et femmes, vieux et jeunes et également des représentations symboliques d’éléments sacrés : le soleil, la lune, l’éclair, le maïs, un arbre, une montagne, un serpent, un lac, des nuages, une ville, un champ, l’arc-en ciel, des étoiles’.
Chaque peinture de sable illustre un instant d’un mythe. En règle générale, les copies possèdent un titre qui permet de les identifier avec plus de précision. La peinture de sable navajo traditionnelle est exécutée sur le sol balayé du hogan cérémoniel par le chanteur, medecin-man et ses aides. Ensuite, au cours de la cérémonie, le patient s’assied sur la peinture de sable face à l’est.
Extrait d’une maîtrise d’arts plastiques, Sorbonne, 1999
Hozho - A travers les peintures de sable, les Navajos tendent vers Hozho.
Hozho c’est être en harmonie avec l’univers. C’est être bien dans son corps, en sécurité, en accord avec soi et tous ce qui nous entoure. C’est un état intérieur qui surgit quand tout est à sa juste place. Hozho, c’est aussi quelque chose qui protège la beauté, qui veille à ce qu’elle puisse être.
Hozho compte plusieurs cérémonies ou Voies. Certaines sont féminines, d’autres masculines. En voici quelques une parmis les plus célèbres : La voie de la bénédiction, de la beauté, de l’eau, de la plume, de la perle, de la fourmi et la voie de l’aigle etc.
Il existe au moins mille deux cents peintures de guérison. Même un Hataalii (homme médecine) ne les connaît pas toute. Il ne retient que celles qui se rattachent à sa spécialité.
La voie de la bénédiction Photo
Cette voie n’est pas faite pour soigner, mais pour ponctuer les grands passages de la vie : naissance, puberté, mariage, départ à l’armée d’un conscrit, l’entrée d’un homme en politique, protection d’un troupeau ou l’ouverture d’un nouveau restaurant.
Le cérémonial est court : deux jours deux nuits et simple : quelques chants et prières, des bains de mousse de Yucca, quelques peintures.
La voie de la beauté
Dans la voie de l’ennemi, deux belles femmes sont données en butin de guerre aux vainqueurs inattendus d’une bataille, deux hideux vieillards, homme-ours, homme serpent, capables de prendre l’apparence de la jeunesse et de la beauté.
Elles s’enfuient l’aînée vers l’Ouest, la cadette vers l’Est, mais rattrapées, elles deviendront Bispali, l’héroïne de la voie de la montagne, et Glispah celle de la voie de la beauté.
Les voies Navajo sont ainsi de grands et sinueux voyages initiatiques. L’importance de ces héroïnes rappelle la place privilégiée des femmes dans la société Navajo ou la descendance matrilinéaire : un Navajo appartient au clan de sa mère, étant seulement né pour celui de son père.
Glispah apprendra au pays de peuple Serpent comment contrôler les forces de la fécondité, elle aura gâché des moissons, provoqué des ouragans de grêle, été punie, démembrée, puis reconstituée par le peuple serpent, maître en ce pouvoir d’utiliser et de contrôler la fécondité.
L’homme serpent, son époux, peut enfin lui prodiguer cette cérémonie de quatre jours la voie de la beauté. A elle de porter cet enseignement au peuple de la terre puis de revenir vivre parmi le peuple serpent ou Femme serpent, déesse de la fertilité et de la guérison, règne depuis sur les nuages, la pluie, le brouillard la végétation pour le bien du peuple de la surface de la terre.
La voie de l’eau
Les voies, notamment les majeures, finissent toutes par rejoindre un même tracé. Le héros commet des impairs à cause de sa nature, laquelle n’est pas aussi tranchée qu’il paraît, la preuve en est que des Etres intermédiaires lui viennent en aide pour lui révéler sa propre ambiguïté ni tout a fait méchant ni tout à fait bon, capable du pire comme du meilleur, jusqu’à ce qu’il croise leur chemin.
Conscient de ses possibilités, il peut gagner ses galons d’Etre Sacré en rejoignant le monde de ceux qui ont déjà ce statut pour l’avoir acquis ou toujours eu. Là-haut ou tout en bas, il reçoit la cérémonie qui le sanctifie puis revient dans le monde des humains pour la leur léguer.
Rejoignant définitivement le panthéon sacré des Navajos, il veille désormais à l’accomplissement de ce que sa nature avait de prophétique. Mais tous ces héros semblent nous encourager à tendre, même si c’est par des chemins différents vers l’immatérialité du pollen, la matière à l’interface du monde visible et invisible, de faire de sa vie une conquête spirituelle.
La voie de l’eau semble aujourd’hui éteinte, et ses deux derniers praticiens remontaient à l’époque du grand Homme-médecine du XXè siècle, Hosteen Klah (1867-1937).
Cérémonie majeure, elle ne se déploie plus, alors, que sur cinq nuits contre neuf à l’origine. On la dit liée au retrait des eaux après le déluge. Dans cette Voie de l’Eau comme dans la Voie de la Grande Etoile dont on pense qu’elles appartiennent au même groupe, que la Voie du Projectile, on voit surgir, aux côtés du héros, le Coyote : il est son animalité, son ombre lubrique.
Mais rien de manichéen, car si le coyote recherche à abuser de la naïveté du héros, le Blaireau lui, l’encourage à grimper toujours plus haut afin de s’élever vers les Etres Sacrés. Le Coyote n’est jamais loin, il guette à la fois tentateur, imaginatif, trouble, et celui qui propulse vers les choses de l’esprit. Ambigu à jamais : n’est-ce pas lui qui a donné le feu aux hommes mais a aussi provoqué le déluge ?
La voie du vent
Vieil homme vent, vieille femme vent, petits vents de la montagne du yucca, vent noir à l’est, vent bleu au sud, vent jaune à l’ouest vent blanc au Nord, vent rayé et vent gaucher, vend fou, cyclone et tourbillon, vent rouge, vent gris...
Les vents sont le principe même de la vie dans sa manifestation. Au sein même du corps, ils le parcourent, animent les poumons, le cœur, circulent dans l’œsophage et les intestins. C’est le souffle de la vie.
Et celui qui sait capter, comme l’homme médecine, les chants des vents, sait aussi raccorder l’homme aux grands souffles qui traversent et gèrent l’univers et prodiguer l’immunité préventives. C’est ce que tente de faire cette cérémonie ou abondent les images du soleil et de la lune, des nuages et de l’arc-en ciel, des tourbillons, des tonnerres, des cyclones, des cactus et des serpents.
Le serpent est une figure omniprésente de la voie du vent. Il est la personnification animale du vent, sa puissance est aussi fulgurante et destructrice que celle des tempêtes. Dans les peintures de cette voie, qui durait autrefois jusqu’à neuf nuits, le serpent remplace l’arc-en-ciel protecteur, il habille le corps des vents ou traverse en croix les personnages.
La voie de la perle
Pouvoir de l’esprit et des cieux sur les piètres biens terrestres : telle est la leçon prodiguée par le Héros de la Voie de la Perle, dit le clochard qui vit habillé d’oripeaux et se nourrit de détritus.
Mais sa richesse intérieure lui permet de s’allier avec les puissances suprêmes : à la fois celle de l’aigle, représentation de l’esprit indestructible, et celle de l’éclair et des serpents qui, prenant le relais, permettent au Clochard de franchir la porte du ciel. Mais comme tout héros, le Clochard aura commis préalablement des impairs, reçu l’aide de la Grande Mouche, bienveillante intermédiaire entre les humains et les Etres sacrés, donné l’abeille au monde terrestre et récupéré les trésors du plus riche de tous les peuples, le Peuple Araignée : il les retient dans les mailles serrées de sa toile et notamment des perles qui donnent leur nom à cette Voie de neuf nuits.
Ayant reçu la cérémonie des Etres sacrés, il n’a pas manqué non plus de revenir dans le monde des humains pour la leur transmettre à son tour. Rentré dans sa maison céleste, le corps paré de perles de sa victoire, le Clochard assure une distribution équitable des richesses. Au soleil, par exemple, il offre un très long collier de turquoises et son précieux bonnet de plumes rouge, qui depuis, donne sa couleur au crépuscule.
Quant à ces peintures ‘navajo’, ceux qui sont capables de réaliser un tel équilibre doivent avoir en eux-mêmes un sens aigu de l’harmonie.
La voie de la nuit
Cette voie se déploie sur 9 nuits et seulement pendant l’hiver, elle est destinée à rétablir l’ordre et la beauté chez les personnes dont le désordre s’exprime par un mal de tête, d’yeux, d’oreilles.
Cette procédure consiste à : Pendant les 4 premiers jours, exorciser le mal puis à rétablir l’ordre et la beauté nécessaires à la personne qui souffre.
Ainsi assiste-t-on initialement à des bains de sudations et une série d’offrandes (k’eet’aan) préparées pour inviter les Etres Sacrées, ces ancêtres invisibles, occupant aujourd’hui les sites sacrés de la terre navajo, et s’assurer de leur présence. Car ils sont nécessaires si l’on veut que la procédure fonctionne correctement et que pour la personne chantée soit rendue entièrement à l’ordre navajo.
Les premiers jours, c’est une succession de sudations, répétitions de prières, chants. Et plus tard surviennent les peintures de sable, les quatre derniers jours de la cérémonie. Chacune est une rhétorique de guérison en soi, complexe, des chefs d’œuvre de ré-ordonnancement. Les chants, prières, peintures sont de véritables chef-d’œuvre de beauté évoluant dans un univers Navajo organisé selon un ordre bien précis et imprégné d’une beauté lancinante.
Cette Voie Mâle par excellence est très pratiquée encore de nos jours. Elle vient pour lutter contre toute forme de paralysie aussi bien physique que mentale. Les héros de cette cérémonie se nomment Les Rêveurs ou Visionnaires. Hosteen Klah ’1867-1937 fut l’un des plus brillants praticiens de cette voie complexe dont l’apprentissage culmine avec la constitution d’une trousse de médecine fournie, notamment en masques très difficiles à obtenir, les Maîtres de cette voie les cèdent difficilement à leurs apprentis. Aujourd’hui, de nombreux homme médecine continuent de la pratiquer dans l’ombre et le froid des nuits d’hiver.
Techniques
Les couleurs pour la peinture de sable sont habituellement faites avec le sable naturellement coloré, le gypse écrasé pour le blanc, le grès pour le rouge et un mélange de charbon de bois et de gypse pour les bleus. Le brun peut être fait par un mélange de rouge et de noir. Le rouge et le blanc donne le rose. D’autres agents de coloration participent à l’élaboration des couleurs : la farine de maïs, le pollen, les racines et l’écorce en poudre.
Les peintures de sable sont habituellement associées à une cérémonie. En raison de la nature sacrée des cérémonies, les peintures de sable sont réalisées et détruites au cours d’une période de douze heures.
Le rituel des peintures de sable fait partie d’une cérémonie plus vaste qui comporte des chants spécifiques en fonction du type de cérémonie (guérison, purification etc.). Chaque cérémonie dure habituellement de cinq à neuf jours, mais jamais moins de trois jours. Une peinture de sable est réalisée chaque jour.
Beaucoup de peintures de sable incluent les yéi, qui sont les êtres faisant parti de la mythologie Navajo. Les cérémonies curatives font participer des chamans chantant des chansons particulières et qui créent simultanément une peinture de sable sur la terre. Le chaman demande les yéis pour ’sentir’ la peinture et pour aider à la guérison du patient en reconstituant l’équilibre et l’harmonie : Hozho qui pourrait se traduire par la voie de la beauté.
Bien sûr, les peintures de sable vendues dans le commerce n’ont rien à voir avec celles utilisées dans les cérémonies...
Les peinture de Brigitte, artiste Française - Brigitte, a fait la rencontre de l’art Navajo il y a quelques années et voici le fruit de cette rencontre...
Réalisations artistiques à consulter à la source à partir de ce site : https://www.arizona-dream.com/usa/amerindiens/tribus/peintures-sable.php
Ces peintures sont faites sur papier huile avec des peintures acryliques, colles, pigments, encre noire et suivant la peinture et le thème, rajout de sable naturel, de perles, de maïs, de coquillages : hozho.eu
Des livres de peintures de sable Navajos sont également proposés à la source ci-dessous
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Guide de voyage ouest américain
Source : https://www.arizona-dream.com/usa/amerindiens/tribus/peintures-sable.php
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Covid-19 : le lourd tribut des Navajos, abandonnés par Washington - 20/06/2020 - Par Gregory Philipps – Document ‘.franceculture.fr’
Entretien | La Nation Navajo, une réserve grande comme l’Écosse, est une des régions les plus affectées par le nouveau coronavirus aux États-Unis. Le prix, explique Delores Greyeyes, une bénévole engagée auprès d’une communauté véritablement démunie, d’années de promesses non tenues par les autorités fédérales.
Photo - ’Je pense que l’on peut dire que nous sommes les oubliés du gouvernement fédéral’, estime Delores Greyeyes, bénévole pour le Fonds de soutien aux indiens navajos et hopis. • Crédits : Gregory Philipps - Radio France
Dans la Navajo Nation, qui regroupe 175 000 Amérindiens au nord-est de l’Arizona, le coronavirus fait des ravages. À ce jour, 6 800 personnes ont été contaminés, et 322 personnes sont mortes. Un lourd bilan pour une communauté où le premier cas a été diagnostiqué le 17 mars. Le scénario désormais classique : un important rassemblement religieux d’où des gens infectés repartent et répandent le virus.
Plus grave, explique Delores Greyeyes, bénévole pour le Fonds de soutien aux indiens navajos et hopis (Navajo Hopi Covid-19 Relief Effort), c’est un abandon manifeste des autorités fédérales qui a permis à la maladie de prospérer. Manque d’eau potable, sous-dimensionnement de l’offre médicale, fonds promis non versés et ’profanation de la Terre-Mère’… Delores Greyeyes raconte son peuple, ces ’oubliés du gouvernement fédéral’.
Photo - Chez les Navajos, l’infection au nouveau coronavirus sonne comme un rappel du dénuement d’une communauté isolée dans l’ouest américain.• Crédits : Gregory Philipps - Radio France
Vous travaillez pour le Fonds de soutien aux indiens navajos et hopis. Quelle est votre mission ?
Notre histoire n’est pas totalement écrite. Elle est faite d’histoires, et ce sont nos anciens qui les connaissent. Sur la façon de faire pousser les plantes, sur le cycle de la Lune…
Nos aînés – nombre d’entre eux ont plus de 80 ans, parfois jusqu’à 100 ans – sont donc une ressource majeure pour la communauté, sa mémoire. Ils sont notre première priorité.
Nous ne voulons pas qu’ils aient à venir dans les magasins parce que personne ne sait vraiment qui a la Covid-19 et que nombre de gens choisissent de ne pas porter de masque. Leur fournir de la nourriture et la livrer chez eux les dispense de s’exposer.
Photo - Des volontaires préparent des colis alimentaires, notamment pour les personnes âgées et leurs animaux de compagnie. • Crédits : Grégory Philipps - Radio France
Pourquoi la Nation Navajo est-elle si touchée par le virus ?
La Nation Navajo est une communauté très rurale. Pendant des années, elle a tenté de se doter d’infrastructures – électricité, logements, eau courante… Mais pour tout cela, il faut de l’argent, et nous n’en avons jamais eu. Une bonne part de la prévention contre le coronavirus consiste juste à pouvoir se laver les mains. Or ici, les gens doivent se contenter d’un réservoir de 190 litres d’eau, peut-être de deux, en attendant le prochain camion d’eau potable [30 à 40 % des maisons de la réserve Navajo n’ont pas accès à l’eau potable, ndlr].
Pour les gens d’ici, avoir à se laver les mains pendant vingt secondes [plusieurs fois par jour], c’est un gaspillage d’eau. Ils n’en ressentent pas le besoin.
C’est l’histoire la plus triste que j’ai eu à couvrir depuis le début de cette épidémie de #COVIDー19. Valentina Blackhorse est morte le 23 avril à l’âge de 28 ans. Très impliquée au sein de la communauté Navajo, elle avait été élue reine de beauté plusieurs fois .../...pic.twitter.com/R51stjYyXs— Gregory Philipps (@gregphil)May 29, 2020
Par ailleurs, il y a chez les Navajos un fort taux de diabète, de maladies cardiaques. Et tout simplement, aussi, un manque de soins médicaux. Pendant longtemps, il n’y a pas eu de tests disponibles ici. Lorsqu’ils se présentaient au dispensaire avec ce qu’ils pensaient être des symptômes de la Covid-19, on disait aux gens de notre tribu : ’Rentrez chez vous, surveillez votre fièvre et revenez seulement si votre état se détériore.’
Dans la plupart des cas, on a attendu trop longtemps. Et c’est pour ça que nous avons autant de morts. D’autant que ces gens avaient aussi de la famille, qui leur rendait visite, sans savoir, au départ, à quels risques ils s’exposaient.
Photo - Dans la réserve Navajo, il a fallu du temps pour que le risque de contagion soit compris. Désormais, les malades sont isolés. • Crédits : Grégory Philipps - Radio France
Avez-vous le sentiment que Washington est conscient de vos besoins ?
Pas du tout. Je pense qu’on peut dire que nous sommes les oubliés du gouvernement fédéral. Ils viennent nous voir, ils voient dans quel environnement on vit, et ils nous font toutes sortes de promesses.
En période électorale, des sénateurs, des représentants, viennent chercher nos voix, nos votes. Mais une fois passée la colline, ils nous oublient.
Et c’est si facile : Washington est à des milliers de kilomètres d’ici, à cinq heures d’avion. Même pour nos représentants au Congrès ou nos sénateurs à Phoenix, nous sommes à près de cinq heures de route.
Photo - La route 160 traverse la Nation Navajo, isolée aux confins de l’Arizona, à cinq heures de voiture de Phoenix. • Crédits : Grégory Philipps - Radio France
Un exemple : des fonds ont été débloqués pour lutter contre la Covid-19. Mais pour l’instant, la Nation Navajo n’a reçu que 40 % des sommes promises. Et encore, il nous a fallu attaquer en justice le gouvernement pour recevoir cet argent. La discrimination continue pour notre peuple, qui souffre.
Nous n’avons pas plus de six à sept centres médicaux dans la réserve. Très souvent, les gens ne s’y rendent pas parce que cela va représenter beaucoup de paperasserie et une longue attente. Pour que, à la fin, on leur donne des médicaments antidouleur et qu’on leur dise de rentrer chez eux.
Depuis un certain nombre d’années, les médecins ne veulent plus venir travailler ici. Nous en avons de moins en moins. Nous avons aussi un grand besoin d’infirmières pour prendre soin de notre communauté.
La communauté Navajo a un lien fort à son environnement. Et les changements dont il fait l’objet vous inquiètent...
Des facteurs environnementaux ont effectivement un fort impact sur la santé de notre peuple, au sein duquel on dénombre de nombreux cas de cancer. L’extraction minière, d’uranium notamment, une profanation de la Terre-Mère.
De grands groupes ont pratiqué des activités risquées dans la région, qui ont affecté la Nation Navajo comme les Hopi.
L’alimentation nous a aussi affectés. Quand vous allez dans une épicerie, vous trouvez des rayons de sucreries, des rayons de chips, des rayons de sodas… Tous les produits malsains que l’on vend à notre peuple et qui sont la cause du diabète chez les gens inactifs. Les mêmes qui n’ont pas les moyens d’acheter les fruits frais ou les légumes dont ils auraient besoin pour rester en bonne santé.
Chez nous, un grand nombre de personnes ont abandonné le jardinage parce qu’il ne pleut plus. Le climat a vraiment changé. Avant, quand j’étais jeune, je passais la journée dehors à garder les moutons, et tout allait bien. L’autre jour, j’ai passé quelques heures sous le soleil et ma peu était brûlée lorsque je suis rentrée.
À lire en complément : L’étonnante démocratie des Navajos, par Géo
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Tags : Coronavirus – Covid-19 États-Unis Amérindiens – Indiens d’Amérique Société Radio France
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Source : https://www.franceculture.fr/societe/covid-19-le-lourd-tribut-des-navajos-abandonnes-par-washington
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Bibliographie Navajo – GITPA – Références à la source ci-dessous
Le secret, affirme Lori Arviso Alvord, réside dans la philosophie Navajo qui consiste à ’ cheminer dans la beauté ’. C’est récit empreint d’une grande sagesse ...
Source : https://www.gitpa.org/Autochtone%20GITPA%20300/gitpa300-16-8etatsunisBIBLIOnavajo.htm
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Ouvrage - Beauté cosmique et harmonie sociale chez les Navajo Hozho ...
PDF - De MC Feltes-Strigler · 1997 — Hozho et Hozhooji : sur la voie du bonheur ... L’espace du bonheur : l’univers navajo · Attitudes envers la richesse · Le Nidah’ –
Source : https://www.persee.fr/doc/cchav_0184-1025_1997_num_22_1_1178
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Le peuple Navajo - Forum des Peuples Racines - 19 juin 2021 - 100 % digital – Document ‘.forumpeuplesracines.com’
« Pour nous, le Dineh, le peuple, les Navajo, le commencement n’existe pas. »
« Nous avons toujours été là, tel que nous sommes aujourd’hui. Nous avons toujours été là parce que le ciel et la terre ne s’entendaient pas. Dès qu’ils furent crées, la dispute éclata. Et ils se séparèrent. »
Selon leur compte, les Navajo ont reçu ils y a bien longtemps une mission particulière qui était de pérenniser le monde humain. À missions particulières, installations particulières. Ces dernières se trouvent, et ce depuis toujours, entre les 4 montagnes sacrées situées au sud-ouest des Etats-Unis qui s’étendent sur 69 000 Km² et traversent trois États : l’Arizona, l’Utha et le Nouveau Mexique.
Quatre montagnes sacrées, chacune représentant un point cardinal :
- le mont Hesperus pour le Nord
- le mont Taylor pour le Sud
- le mont Blanca Peak pour l’Est
- le mont San-Francisco Peaks pour l’Ouest
Une ligne de fer barbelé délimite la réserve. Elle symbolise la différence entre les conditions de vie et une vision du monde profondément différentes entre le peuple Navajo et le reste de la société.
Cette frontière directe sépare d’un côté le capitalisme et pragmatique de la société actuelle et de l’autre, la spiritualité du peuple Navajo fondée sur le culte de la santé, l’harmonie et la beauté.
La langue Navajo est une langue ancienne appelée Athapascane. Seuls les anciens et les hommes médecins détiennent encore des chants, des prières et des récits traditionnels.
Cette langue classée « top secrète » fut utilisée par le gouvernement américain lors des deux guerres mondiales pour empêcher les cryptographes japonais de déchiffrer les communications américaines.
Cela permet au peuple Navajo d’être acteur de l’histoire mondiale tout en faisant perdurer leurs valeurs.
Eco-agriculture Hozho
Dispenser des formations collectives et un accompagnement individuel en ferme pour permettre le développement de l’agroécologie, adaptée pour cultiver et élever des animaux, et vivre au quotidien les valeurs de la tradition Navajo.
Informations : Devenir Mécène Nous contacter ligneverteterredepaix.org Mentions légales Données personnelles
Contact : Ligne Verte, Terre de Paix Association humanitaire Tribunal Illkirch Vol.34 - Folio n°19 2c Rue d’Alsace 67400 Illkirch Graffenstaden
© 2021 Forum des Peuples racines – Source : http://www.forumpeuplesracines.com/people/les-navajos/
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En plein pays Navajo, une école veut protéger la Terre et sa culture - Publié le : 26/03/2018 - 08:42 – Document ‘france24.com’ - Leupp (Etats-Unis) (AFP)
Au pied de collines asséchées sur un haut plateau de l’Arizona, la ‘Navajo Star School’, l’une des écoles les plus écologiques des États-Unis, veut protéger sa culture menacée et la Terre en s’inspirant des valeurs amérindiennes.
Le nom de l’école —acronyme de ’Service To All Relations’ (service à toutes les relations)- insiste sur la philosophie Navajo : tout le monde sur la planète est lié, y compris avec les plantes et les animaux.
’Nous apprenons aux enfants la résolution traditionnelle des conflits —chacun doit faire preuve d’empathie, accepter ses responsabilités, réfléchir à des solutions, etc— et nous n’avons pas eu une seule bagarre depuis huit ans’, explique Mark Sorensen, fondateur de l’établissement. ’Je dirige des écoles depuis quarante ans et je vous garantis que c’est extraordinaire’.
Pour protéger ’Mère nature’, l’école qui accueille des enfants de la maternelle au collège, génère toute son électricité grâce à deux éoliennes et à 300 panneaux solaires.
Un choix idéologique mais aussi une nécessité : il n’y avait pas de réseau électrique dans ce bourg perdu à 40 kilomètres de Flagstaff, au bord de la Nation Navajo, plus grande réserve amérindienne du pays.
M. Sorensen, ardent écologiste, a fondé la Star il y a 17 ans avec sa femme sur ce qui était à l’époque une décharge automobile, en finançant le premier bâtiment avec sa carte de crédit.
Le campus a grandi et compte notamment un gymnase et une serre où les élèves cultivent légumes et herbes aromatiques ensuite dégustés à la cantine. Ils apprennent ainsi à vivre en mode ’renouvelable’ et se familiarisent aussi avec des légumes ayant quasiment disparu des tables de la région, véritable désert alimentaire.
La communauté Navajo, en proie à de multiples problèmes (pauvreté, drogue, alcoolisme, violence domestique, diabète entre autres), souffre encore du ’traumatisme historique’.
Au milieu du XIXème siècle, environ 9.000 Navajos ont été chassés de leurs terres ancestrales par l’armée américaine, déportés pendant la ’Longue Marche’ de 500 km pour être internés à Fort Sumner au Nouveau-Mexique. Un traité signé en 1868 les a autorisés à rejoindre une réserve, la Navajo Nation.
- Domination anglo-saxonne -
Mais leurs enfants ont été envoyés dans des pensionnats où leur langue natale était bannie. ’C’est un modèle qui a été utilisé partout dans le monde, en Australie avec les Aborigènes, par exemple. Ça a créé beaucoup de douleur et de colère envers l’école chez les familles amérindiennes’, rappelle M. Sorensen. Des établissements comme le sien s’efforcent aujourd’hui de raviver cette culture menacée par la domination anglo-saxonne. Son école, explique-t-il, s’emploie à former de jeunes adultes qui sauront ’résoudre les problèmes locaux, que ce soit la santé ou la pauvreté’.
Pour le diplôme de fin de collège, chaque élève doit réaliser un projet scientifique pour ’servir leur communauté’ : l’école a obtenu une bourse Samsung récompensant les travaux d’un groupe ayant réalisé un système de climatisation à faible coût et peu gourmand en énergie avec un simple seau.
La ‘Star School’ subit toutefois des tensions internes à cause d’entrechocs entre ses diverses missions.
Pour garder ses financements, elle doit afficher des moyennes au moins égales à celles des écoles publiques locales mais elle n’affiche pour l’instant qu’un C sur une échelle de A à F, dans un État parmi les pires pour l’enseignement, selon le site de référence US News.
Des enseignants ’occidentaux’ déplorent que l’attention portée aux traditions empiète sur les cours dédiés à l’apprentissage de la lecture ou des mathématiques.
A l’inverse, des professeurs Navajo se plaignent que seulement deux heures hebdomadaires soient consacrées à l’étude de leur langue menacée d’extinction.
’On vous dit quoi enseigner, que ceci est plus important que cela et c’est toujours la culture occidentale dominante’, constate Revalane Nez, une enseignante, qui aimerait pouvoir initier ses élèves aux figures héroïques Navajos, aux constellations, etc.
Elle tente de transmettre son héritage à travers un club culturel après l’école, un voyage nature et santé au printemps, un stage de dialecte Navajo qui, dans beaucoup de familles, n’est parlé couramment que par les grands-parents.
’Les écoles jouent un grand rôle pour redynamiser les langues mais les parents ont la responsabilité de parler en Navajo à leurs enfants’, estime Mme Nez.
La course peut toutefois être gagnée : à Hawaï, par exemple, les autorités locales sponsorisent des écoles publiques amérindiennes bilingues qui ont revitalisé avec succès les dialectes locaux.
© 2018 AFP – Source : https://www.france24.com/fr/20180326-plein-pays-navajo-une-ecole-veut-proteger-terre-culture
Les Indiens navajos en mode start-up - Usbek & Rica- 24 août 2016 - Photographies réalisée par Daphnée Breytenbach et Constance de Longevialle.
Reportage dans la plus vieille réserve indienne des Etats-Unis, où Ben Jones a créé le tout premier incubateur de start-up du coin.
Photo - Dans le désert du Nouveau-Mexique, la ‘Navajo Nation’ est la plus grande réserve native américaine des États-Unis. Pour inciter les jeunes à rester implantés en terre navajo, et faire en sorte que la réserve ne dépende plus seulement du business des casinos et des aides de l’État, Ben Jones a créé le tout premier incubateur de start-up du coin. Tout seul ou presque.
« Shí éí Ben Jones yinishyé. Ça veut dire “Je m’appelle Ben Jones” en navajo », sourit le conducteur. Chaque jour, l’homme aux cheveux noirs et à la peau tannée sillonne les routes de la plus grande réserve indienne du pays pour rejoindre les alentours de la ville étape de Gallup, au Nouveau-Mexique. À quelques kilomètres de là, l’incubateur qu’il dirige a ouvert ses portes en décembre 2015.
« Je suis heureux d’être entouré par un tel panorama. Il nous porte chance. »
Le petit bâtiment flambant neuf trône fièrement au cœur d’un paysage désertique, avec d’immenses montagnes rouges en toile de fond. Pour le peuple navajo, ces sommets sont sacrés. « Notre terre est délimitée par quatre monts, le mont Hesperus au nord, le mont Taylor au sud, le mont Blanca Peak à l’est et le mont San Francisco Peaks à l’ouest. Ils cernent les frontières de notre monde, de notre sanctuaire, note Ben. Je suis heureux d’être entouré par ce panorama. Il nous porte chance. »
À cheval entre l’Arizona, l’Utah, le Colorado et le Nouveau-Mexique, la Navajo Nation s’étend sur 69 000 km2. Cette réserve autonome a son gouvernement, sa Constitution et sa propre cour de justice. Ici, les habitants se nomment “dineh”, “le peuple”. Un peuple fier, guerrier, qui a su conserver une identité intacte malgré les multiples tentatives du gouvernement fédéral de les assimiler jusqu’au milieu du XXe siècle. Aujourd’hui, le métissage est officiellement reconnu et 2,5 millions d’Américains déclarent avoir une appartenance amérindienne. Les Navajo, eux, sont un peu plus de 300 000 à ce jour.
Dangereux sauvages
Faute de traces écrites disponibles, il est difficile de connaître avec précision l’histoire de ce peuple jusqu’à l’arrivée des premiers colons blancs. La suite, en revanche, est une succession de drames et de sacrifices pour les Navajo.
À la fin du XVe siècle, les explorateurs européens découvrent ce territoire peuplé de groupes autochtones politiquement et socialement organisés. Les Navajo sont alors chasseurs, pêcheurs, agriculteurs. Les relations entre les nouveaux arrivants et les Amérindiens se déroulent d’abord pacifiquement. Mais à la fin du XVIIIe siècle, les Navajo entrent en conflit avec les Espagnols. Le peuple dineh, considéré par ces derniers comme de dangereux sauvages, doit être combattu. Et il faudra attendre 1846 pour qu’un premier traité soit signé avec le gouvernement d’un territoire qui, entre-temps, a pris la forme des États-Unis. Pourtant, les accrochages se poursuivent : déportations, épidémies et famines sont alors le lot de la tribu indienne. Un nouvel accord, signé en 1868, autorise les survivants à rejoindre une réserve aménagée sur leur ancien territoire. Mais le mal est fait. Introduction de l’alcool et du sucre dans l’alimentation, découverte des armes à feu, commerce des richesses artisanales navajos… Le choc culturel est violent.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la langue navajo était utilisée comme code pour rester à l’abri des radars des forces de l’Axe – Photographie de Daphné Berytenbach pour Usbek & Rica
Aujourd’hui, les stigmates de ce passé douloureux sont toujours sensibles : 47 % des 181 000 personnes habitant la réserve vivent sous le seuil de pauvreté. Et si le taux de chômage n’est pas pire que celui de la France de 2016 (« seulement » 11 %), plus de la moitié (56 %) des adultes sont considérés comme vivant « en dehors » du marché de l’emploi. Pour trouver du travail, la plupart des jeunes font donc le choix de quitter la réserve.
« Faire accepter notre projet n’a pas été simple. C’est difficile de changer les mentalités. »
Aujourd’hui, les principaux revenus de la nation navajo sont encore ceux des casinos et des aides de l’État. Une réalité que Ben Jones est bien décidé à combattre : « Il ne faut pas baisser les bras, au contraire. Il faut réfléchir à la manière de transformer notre économie, de la rendre attrayante pour nos enfants. C’est toute l’idée de l’incubateur », affirme-t-il, l’air volontaire. L’homme parle peu, mais ses mains ne cessent de s’agiter. « Faire accepter notre projet n’a pas été simple. C’est difficile de changer les mentalités. Et puis, le monde de l’innovation paraît bien loin… » Importer l’esprit start-up en terre navajo s’est soldé par un choc culturel, tant les Amérindiens ne sont pas familiers avec l’univers numérique.
Dans la réserve, impossible de capter un réseau 3G, de trouver un réseau Wi-Fi gratuit ou d’acheter du matériel informatique digne de ce nom. « Moi-même, je n’utilisais presque jamais Internet. Mais c’est justement ce que je trouve fascinant : on peut écrire une histoire nouvelle, créer un rapport sain au progrès qui ne dénature pas la tradition, qui ne copie pas ce qui se fait ailleurs aux États-Unis. Un progrès à notre échelle, un progrès qui nous ressemble. »
Autorités tribales
Ben Jones le reconnaît : au départ, l’univers des start-up n’était pas son terrain de prédilection. À 56 ans, cet ancien membre du ‘Seventh Generation Fund’, une ONG spécialisée dans le développement de l’agriculture traditionnelle, a donc radicalement changé de cap. « J’étais devenu le président de cet organisme, je devais gérer les transactions financières. Faire du business et de l’humanitaire en même temps, c’est un peu paradoxal, non ? » Ben décide alors de se plonger dans l’univers de l’entreprise. Mais son inspiration ne vient pas de la Silicon Valley, ce sont plutôt les incubateurs du tiers-monde qui l’interpellent. « De nombreux pays d’Afrique sont en train de prendre le tournant du numérique. Ils cherchent à imiter le style des start-up à succès californiennes, mais les réalités économiques de leur marché sont différentes. C’est un peu la même chose ici. » Il s’agit d’inventer des solutions concrètes pour les habitants d’un territoire où les services publics sont trop souvent défaillants.
Des starts-up innovantes s’installent par dizaines dans ce petit morceau de Californie en pleine Savanne – Article de Matt Hussey pour Pitch Magazine sur la Silicon Savannah
Ben Jones cite en exemple l’incubateur iHub à Nairobi, la « Silicon Savannah » kenyane. « Là-bas, les innovations technologiques sont neuves, tout reste à faire : la rencontre entre différents secteurs économiques, la réflexion sur l’écologie et la préservation du patrimoine, et la nécessité d’offrir des conditions matérielles favorisant la création d’entreprises. Plus les réalités quotidiennes sont difficiles, plus les idées sont originales : j’ai décidé de faire le même pari. Je suis allé voir l’université technique navajo, à Church Rock, pour leur faire part du projet et ils ont tout de suite accepté. » Mais la mise en place prend du temps. Il faut obtenir l’autorisation de construire un nouveau bâtiment, décrocher des financements et rencontrer les bonnes personnes pour l’accompagner dans cette aventure. « À ce jour, l’argent que nous utilisons est celui de l’université et de plusieurs bourses fédérales. Le gouvernement de la Navajo Nation ne nous donne rien. Nous sommes quasiment seuls. »
Window Rock, symbole naturel de la Navajo Nation – Photographie de Daphné Berytenbach pour Usbek & Rica
Et pour cause : les responsables politiques locaux voient dans les petits business qui s’implantent dans la réserve des rivaux potentiels. Une paranoïa plus facile à comprendre quand on sait que les autorités tribales dineh détiennent un monopole sur la plupart des activités économiques de la réserve : électricité, eau, stations essence, réseaux téléphoniques, Internet, etc. Un gâteau qu’ils n’ont pas l’intention de partager. « Malheureusement, ce n’est pas le seul problème pour s’implanter ici, poursuit Ben. Si la plupart des entrepreneurs préfèrent développer leurs projets à l’extérieur de la réserve, c’est aussi à cause des licences d’exploitation, qui y sont beaucoup moins chères. Et pour louer ou acheter un local commercial, les procédures sont nettement plus simples. »
« Dans toutes les réserves du pays, les terres sont seulement prêtées à leurs occupants et restent la propriété des États. »
On touche ici au cœur du problème : quand l’héritage historique devient un frein à l’activité économique. En effet, en raison du trust law instauré dans toutes les réserves du pays, les terres sont seulement prêtées à leurs occupants et restent la propriété des États. Pour avoir le droit de construire, il faut donc obtenir une permission du gouvernement tribal. Et sans surprise, les banques sont plutôt frileuses pour avancer de l’argent dans ce genre de cas. « D’où la nécessité absolue d’un incubateur de start-up ici, notamment pour offrir un local à moindre coût aux chefs d’entreprise. »
Ravages de l’uranium
Ben Jones n’a pas baissé les bras, convaincu d’être porteur d’une solution fiable pour dynamiser l’économie de la réserve. C’est avec plaisir qu’il joue les guides, déambulant dans de petits locaux flambant neufs, aux murs d’un blanc éclatant. Le long d’un couloir circulaire qui fait le tour du bâtiment, il montre avec fierté la douzaine de bureaux qui accueillent les premiers start-upers navajo, tous équipés d’ordinateurs dernier cri. Certains ont rejoint l’incubateur dès le début de l’aventure, notamment l’un des développeurs de sites Internet les plus courus de la région. D’autres viennent de s’installer.
Walinda Sanchez, 50 ans, n’aurait pas pu lancer son entreprise de soins sans l’aide matérielle et les locaux mis à disposition par le nouvel incubateur – Photographie de Daphné Berytenbach pour Usbek & Rica
C’est le cas de Walinda Sanchez. Cette infirmière de 50 ans a longtemps connu les affres d’un emploi dans la réserve : salaires au rabais, journées à rallonge… Alors, il y deux ans, elle s’est décidée à créer son entreprise. Pour ne plus dépendre des autres. Mais sans l’incubateur, une telle démarche aurait été impossible. « Nous sommes une toute petite structure, nous ne sommes que deux, glisse-t-elle. Nous n’avions pas les fonds pour louer un local dans la réserve. C’est pourtant là que notre travail se concentre. Et surtout, sans adresse professionnelle, il est plus difficile d’obtenir des aides, de pérenniser son idée. » Aujourd’hui, elle profite du bureau qui lui a été alloué et qu’elle s’est empressée de redécorer à son image. Sur les murs, des photos de sa famille et des affiches aux couleurs vives ajoutent une touche de gaieté à l’espace de travail.
« Nous ne sommes pas seulement là pour faire du développement numérique ou de l’innovation. L’incubateur permet aussi d’aider des projets de santé publique. »
Le directeur des lieux a immédiatement été séduit par le projet de Walinda. Celle-ci n’est pas une infirmière ordinaire : son temps, elle le consacre exclusivement aux « malades de l’uranium ». Dans les années 1950, aux grandes heures de la guerre froide, l’eau de la réserve a été polluée par les travaux menés dans plusieurs mines, où les Indiens travaillaient comme mineurs à l’élaboration de l’arme nucléaire. On dénombre ainsi 489 mines abandonnées rien qu’au Nouveau-Mexique. Résultat, les Navajo sont deux fois plus exposés que le reste du pays à l’irradiation. Nombre d’entre eux souffrent de cancers, de troubles thyroïdiens ou d’insuffisances rénales. Et c’est Walinda qui s’occupe de ces patients. « Vous voyez, nous ne sommes pas seulement là pour faire du développement numérique ou de l’innovation, souligne Ben. L’incubateur permet aussi d’aider ces projets de santé publique. J’en suis fier. »
Parmi les autres start-up incubées par Ben Jones : Chei Transport, une entreprise qui propose des services de mobilité aux Navajo, par exemple pour se rendre de la réserve à l’hôpital, mais aussi un service de comptabilité pour aider les locaux à remplir leurs déclarations fiscales, ou encore une société proposant des cours de yoga. Le maître des lieux admet cependant qu’il n’a ni les moyens ni l’espace suffisant pour s’engager dans des développements d’entreprises plus ambitieuses, à plus grande échelle. « Nous n’avons pas la place de faire de la manufacture, par exemple. Et notre budget reste limité : nous louons les espaces à des tarifs très bas, qui sont à ajuster au cas par cas avec les résidents. Il n’est pas encore temps de voir en grand », avoue le fondateur.
Fuite des cerveaux
Ben Jones avance lentement mais sûrement, épaulé par Kristine Laughter, sa fidèle assistante administrative. Ancienne employée de banque, cette Navajo de 46 ans à l’allure juvénile a toujours voulu se consacrer aux autres. Aux plus jeunes, surtout. « La fuite des cerveaux est un vrai problème dans la réserve. Les diplômés savent qu’ils n’ont pas d’avenir ici. Ils partent dans les grandes villes limitrophes, à Flagstaff, à Phoenix. Et nous, nous perdons tous les talents… », constate-t-elle d’un air mélancolique. Et de citer l’exemple de cet inventeur de détartrant chimique devenu millionnaire, qui a préféré développer son activité à Albuquerque, à l’extérieur des terres dineh. « Quel dommage… Il est celui des nôtres qui a le mieux réussi », regrette Kristine.
« Vous savez, du temps de mes parents, tous les enfants étaient envoyés dans des internats à l’extérieur où on les forçait à parler anglais, à oublier notre langue. »
D’après elle, le facteur économique n’est pas le seul à pousser les Navajo au départ. De sa voix douce et tranquille, elle avance une autre raison : la honte. « Vous savez, du temps de mes parents, tous les enfants étaient envoyés dans des internats à l’extérieur où on les forçait à parler anglais, à oublier notre langue. Il fallait s’assimiler. Aujourd’hui, on subit toujours les conséquences de cette désastreuse politique à l’encontre des populations amérindiennes. » Loin de chez eux, de leur famille, de leur culture, ces hommes et ces femmes ont été contraints d’abandonner leurs coutumes. Alors impossible, après un tel traumatisme, de transmettre ces mêmes coutumes à leurs enfants et petits-enfants. Résultat, les plus jeunes ont tendance à vouloir s’éloigner et à s’intégrer à une société qui ne leur ressemble pas forcément.
Kayla Begay (à gauche) a été élevé par sa grand-mère, Yvonne (au milieu), et sa mère, Leanne, dans une maison traditionnelle Navajo – Photographie de Brian Leddy, tirée d’un long format pour One Day Magazine
Burrell Jones, le fils de Ben, s’efforce de ne pas renier ses racines. À 23 ans, le cadet des trois frères, diplômé en sciences politiques de l’université de Flagstaff, revient souvent chez lui chercher l’inspiration. « Je suis fier de mon père, fier de ce qu’il veut faire ici, sourit le jeune homme à la carrure d’athlète. Mes amis navajos veulent tous partir pour grimper l’échelle sociale. Et plus jeune, je n’envisageais pas une seconde de m’installer ici. Mais petit à petit, j’ai pris conscience de notre rôle : il faut changer les choses de l’intérieur. Alors je me forme à l’agriculture traditionnelle, comme mon père avant moi. J’aimerais bien contribuer à la faire connaître. »
« Nous sommes là pour essayer de dire aux jeunes : soyez fiers de vos origines, aimez votre terre, redonnez-lui de la puissance et de la force. »
Kristine, dont les enfants ne sont pas aussi impliqués dans la vie de la réserve, écoute Burrell d’une oreille bienveillante. « Nous sommes là pour essayer de dire aux jeunes : soyez fiers de vos origines, aimez votre terre, redonnez-lui de la puissance et de la force, soupire Kristine. Chez vous en France, on appelle ça “l’imagination au pouvoir”, n’est-ce pas ? », s’interroge l’assistante de Ben Jones, dans une surprenante référence au titre du documentaire réalisé en 2007 sur la grève de l’usine Lip de Besançon, qui aboutit dans les années 1970 à la toute première expérience d’autogestion ouvrière en entreprise.
Mirage touristique
Dans la réserve, tout le monde ne partage pas cette ligne. Il y a vingt ans, la pimpante Eunice Tso, tailleur noir et escarpins haut perchés de rigueur, a fondé un cabinet de conseil spécialisé dans l’implantation des entreprises en terre dineh. Parfaite connaisseuse des lois locales et fédérales, elle accompagne ceux qui souhaitent développer des activités sur place, apportant sa science sur des questions techniques comme le respect de l’environnement et des espaces protégés. Car s’installer dans la Navajo Nation est tout sauf facile. Mais pour elle, il ne s’agit pas du cœur du problème.
Eunice Tso veut développer l’activité touristique dans la réserve navajo – Photographie de Daphné Berytenbach pour Usbek & Rica
Eunice pointe plutôt du doigt les réflexes conservateurs d’une grande part de la population. Une résistance qui constitue selon elle un frein à ce qui relancerait véritablement l’économie de la réserve : le tourisme. « Nous avons tellement à offrir : les rivières, le Grand Canyon, les montagnes… Malheureusement, on ne fait rien pour mettre ce patrimoine en valeur, s’agace-t-elle. Tout ça parce que le Grand Canyon, par exemple, est soi-disant sacré pour notre culture. C’est comme les vaches en Inde. Elles meurent de faim à force d’être intouchables ! » Au lieu de s’évertuer à ramener les jeunes chez eux, en terre navajo, il faudrait plutôt les pousser à s’investir dans la voie touristique, jure Eunice : « Les visiteurs étrangers, voilà ce qui crée de l’emploi. Encore faut-il leur proposer des infrastructures adéquates. On en est loin… »
« C’est à nous de développer l’économie locale. Une économie respectueuse de nos terres, de notre patrimoine. Une économie qui correspond à ce que nous sommes vraiment. »
Sans surprise, Ben Jones est persuadé du contraire. Pour lui, c’est certain : les Navajo doivent protéger leur culture, préserver leur identité, cesser d’attendre de l’aide de l’extérieur. « À force de ne pas faire les choses par nous-mêmes, nous sommes devenus dépendants des aides de l’État. C’est à nous de développer l’économie locale. Une économie respectueuse de nos terres, de notre patrimoine. Une économie qui correspond à ce que nous sommes vraiment, s’emporte-t-il. Ce n’est pas en ouvrant nos sites à un tourisme de masse que l’on y arrivera. Cela risque de dénaturer la réserve et d’en transformer les habitants en bêtes de foire. Je crois à un progrès cohérent, à une innovation qui vienne de nous. » Et de conclure, ému : « Le temps est enfin venu de prendre notre destin en main. »
Article paru dans le numéro 20 d’Usbek & Rica. Texte et photos : Daphnée Breytenbach (avec Constance de Longevialle) - Usbek & Rica- 24 août 2016 – © Usbek & Rica 2021 - Mentions légales - CGV - Règles de publication - Politique de confidentialité - Lire notre charte - Source : https://usbeketrica.com/fr/article/les-indiens-navajos-en-mode-start-up
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Les Navajos sont toujours là, et il a couru 330 miles pour le prouver – Traduction du 16 septembre 2021 par Jacques Hallard d’un article de John A. Kissane en date du 05 septembre 2018 – Document ‘ ‘runnersworld.com’ – Titre : The Navajo Are Still Here—and He Ran 330 Miles to Prove It
https://www.runnersworld.com/runners-stories/a22824244/navajo-ultrarunner-edison-eskeets-330-mile-run/
Voir une prière navajo (en anglais)
En 1864, l’armée américaine a forcé 10.000 Navajos à marcher dans le désert pour être internés. Edison Eskeets est revenu sur les pas de son peuple. Photo
Alors que la lumière de l’aube colorait le ciel de l’est de l’Arizona, Edison Eskeets marchait seul vers le bord sud du Canyon de Chelly en Arizona et contemplait Spider Rock. Il mesure 1,80 m et pèse 135 kg, ses longs cheveux bruns sont striés de gris. Torse nu, vêtu d’un kilt et de mocassins, Eskeets, à 12 jours de son 59e anniversaire, étudie brièvement le monolithe de grès rouge de 800 pieds de haut. Il jette un coup d’œil sur les parois stratifiées du canyon, vers l’horizon rose-orangé qui s’éclaircit, et dans un recueillement silencieux, il contemple le paysage ancien et sacré, sa signification et son importance.
Plus d’un siècle et demi auparavant, au Canyon de Chelly (prononcé də-SHAY) et dans la région des Four Corners du Sud-Ouest, plus de 10 000 ancêtres d’Eskeets, hommes, femmes et enfants Navajo, ont été soumis par l’armée américaine. Une série de marches forcées s’ensuivit, les Navajos parcourant plus de 350 kilomètres à pied jusqu’à un paysage désolé, aujourd’hui le centre-est du Nouveau-Mexique. Une fois sur place, les Diné, comme les Navajo s’appellent eux-mêmes, ont été emprisonnés. Des centaines d’entre eux ont péri au cours de ce que l’on a appelé la Longue Marche ; plusieurs milliers sont morts dans les conditions brutales d’un internement de quatre ans.
Aujourd’hui, Eskeets a prévu d’honorer la Longue Marche de son peuple par une course à pied qui retrace à peu près leurs pas. (Son itinéraire modifié tiendrait compte des routes modernes et permettrait à sa camionnette de soutien de l’accompagner). Alors que de nombreux Navajos préfèrent ne jamais parler de cette époque, le travail de toute une vie d’Eskeets - entraîneur de cross-country et d’athlétisme pour des étudiants autochtones, leur enseignant l’art et l’histoire Navajo et célébrant la culture Diné - l’a guidé autrement. ’Le peuple navajo a souffert avant, pendant et après la Longue Marche, mais nous avons survécu’, dit-il. ’Nous avons toujours notre langue, nos traditions, notre créativité. Ma course est une reconnaissance de leur survie, et l’espoir que cela ne se reproduise plus jamais.’
Au cours de sa vie, Eskeets a accompli quatre courses spirituelles ultra-distance en reconnaissance de la culture navajo, et en ce matin frisquet de mai, sa dernière course couvrira 330 miles en 15 jours. ’De toutes les personnes que je connais, Edison est celui qui a la meilleure compréhension de ce qui compte et de la façon dont nous sommes liés les uns aux autres’, déclare Matt Hannifin, un ancien professeur de sciences qui a travaillé aux côtés d’Eskeets. ’Une partie de sa sagesse a trait à la compréhension de la façon dont le chemin d’une personne peut changer, même pour les personnes qui ont très peu de choses au départ.’
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Photo - Courant pour la coopérative de Yale dans le Connecticut, en 1985. Avec l’aimable autorisation
Il y a quelque chose là-dedans
Edison Eskeets est né en 1959 dans la ferme de ses parents, à 30 km au nord-est de Gallup, au Nouveau-Mexique, dans la communauté rurale dispersée de Springstead. Ses parents, Louis et Bessie Eskeets, n’ont pas fait d’études et la maison familiale n’a ni électricité ni eau courante. Cinquième d’une famille de sept enfants, Eskeets n’est pas allé à l’école pour aider sa mère à s’occuper de la ferme jusqu’à l’âge de sept ans. ’Cela signifie que j’ai commencé tard à apprendre l’anglais, car nous ne parlions que le navajo à la maison’, dit-il. ’J’étais toujours en retard, même à l’université’.
Dès son plus jeune âge, Eskeets était constamment en mouvement, parcourant plusieurs kilomètres par jour pour s’occuper des moutons et des chèvres de la famille à une altitude de près de 6 500 pieds. ’À l’âge de cinq ans environ, j’ai eu l’idée qu’il y avait quelque chose là-bas’, raconte-t-il. ’C’est devenu un véhicule, une force motrice pour voir ce qu’il y a là-bas. Je vis toujours selon cette idée’.
Grâce à ces kilomètres agricoles et à l’altitude, à 15 ans, Eskeets est considéré comme un coureur de fond naturel par l’entraîneur de cross-country de la Gallup High School ; il accepte à contrecœur de courir un contre-la-montre de 3 miles avec l’équipe. Il accepte à contrecœur de courir un contre-la-montre de 3 miles avec l’équipe. Eskeets écrase le peloton et termine deuxième. Soudain, il devient un coureur de cross-country universitaire, ses journées d’école étant rallongées par les entraînements et les compétitions, et il fait du stop pour rentrer chez lui la plupart des soirs.
Après avoir terminé 10e au championnat de cross-country de l’État du Nouveau-Mexique en 1976, lors de son année junior, Eskeets et ses coéquipiers ont été mis sur la touche l’année suivante lorsque l’entraîneur de Gallup High a quitté l’école. Incapable de concourir, le coureur prometteur est passé inaperçu auprès des programmes universitaires, et Eskeets a mis de côté l’idée de faire des études supérieures - jusqu’à ce qu’un appel de Jerry Tuckwin, entraîneur de cross-country et d’athlétisme à ce qui était alors le Haskell Indian Junior College (aujourd’hui Haskell Indian Nations University) à Lawrence, au Kansas. Tuckwin a offert à Eskeets une place dans l’équipe et la possibilité d’une éducation sans frais de scolarité.
’Au début, ma mère a dit non, parce que j’étais censé être à la maison, pour aider à prendre soin des choses’, se souvient Eskeets. Tous les quelques jours, je lui disais : ’Tu sais, ce serait bien, je peux essayer’. Et voilà qu’au cours d’une de ces conversations, elle a dit oui.’
En août 1978, Tuckwin a fait sa tournée annuelle dans le nord de l’Arizona et au Nouveau-Mexique, conduisant un petit bus Haskell et recueillant les nouveaux étudiants athlètes de diverses terres tribales. ’J’ai récupéré quelques enfants à Window Rock [Arizona, capitale de la nation Navajo]’, raconte Tuckwin, ’Edison était là avec juste son petit sac et sa veste en jean, il avait l’air d’appréhender.’
En disant au revoir à sa mère, Eskeets lui a promis qu’il reviendrait vivre dans le Sud-Ouest. Cela ne se produira pas avant plus d’une décennie.
Photo - Le septième jour, près de Fort Wingate, Nouveau-Mexique, sur l’Interstate 40. À ce stade, Eskeets a couru 120 miles. Wnpa/Joe Lunne - People, Smile, Human, Happy, T-shirt, Outerwear, Neck, Sleeve, Recreation, Travel,
Explorer l’inconnu
’J’ai eu du mal à tous les niveaux’, dit Eskeets en parlant de son adaptation au fait de quitter la maison pour la première fois. Mais en s’appuyant sur son talent naturel, il a trouvé le moyen d’endurer et de s’adapter. ’Ce qui m’a sauvé, c’est que la course à pied est devenue un atout’, explique-t-il. ’Cela a atténué la douleur, la pression’.
Quelques semaines après son arrivée à Haskell, plusieurs des nouveaux coéquipiers d’Eskeets avaient démissionné et étaient repartis chez eux ; Tuckwin s’attendait à moitié à ce que la timide recrue de Springstead fasse de même. ’On pouvait à peine lui faire dire le nom d’Edison à son arrivée, mais son amour de la course était là, et il a commencé à s’épanouir’, raconte Tuckwin. ’J’ai été étonné de la transition qui s’est opérée en deux ans et demi. Maintenant, c’est une personne unique qui s’exprime bien.’
Lors d’une visite à la maison avant son dernier semestre à Haskell en 1980, Eskeets a dit à ses parents qu’il avait l’intention d’entreprendre une course de cinq jours. Il avait prévu un parcours de 135 miles d’Albuquerque à Gallup qui l’amènerait au Mont Taylor, le plus méridional des quatre sommets qui délimitent le territoire Navajo et sont sacrés pour les Diné. ’Cette première course était innée’, dit Eskeets, ’et j’ai même dit à mes parents que je n’étais pas sûr de savoir pourquoi je devais le faire. Je n’en avais aucune idée jusqu’à des années plus tard.’ Son père est venu en voiture avec sa jeune sœur Lorraine, et tous trois ont campé chaque soir.
Eskeets a conclu sa carrière à Haskell par une sixième place au championnat national de cross-country des collèges en 1980 à Coeur d’Alene, dans l’Idaho, ce qui lui a permis d’obtenir une bourse complète pour l’université Bradley de Peoria, dans l’Illinois. Aspirant à devenir céramiste, il a sauté sur l’occasion d’obtenir un diplôme en beaux-arts et de faire passer sa course à pied au niveau supérieur.
Bien qu’il garde un bon souvenir de son séjour à Bradley, la course à pied d’Eskeets a été entravée par un entraînement intense et des surfaces de piste intérieures impitoyables qui lui ont causé des blessures débilitantes au genou. Il a abandonné l’école après deux semestres et n’a pas couru pendant un an, puis a repris ses études en 1985 et a fait un grand retour à la course. En octobre de la même année, il réalise un temps de 2:26:18 au marathon de Chicago, ce qui l’incite à travailler pour atteindre la norme de qualification de 2:20 pour les essais olympiques de 1988. Un an plus tard, avec son diplôme BFA de Bradley en poche, il a pris un emploi dans une bijouterie de Bloomington, Illinois, et a commencé à augmenter son kilométrage.
Lors d’un Patriots’ Day venteux en avril 1987, Eskeets a couru les deux tiers du marathon de Boston dans un groupe comprenant le quadruple champion de Boston Bill Rodgers, et était en bonne voie pour se qualifier facilement pour les essais olympiques. Mais au kilomètre 19, il a soudainement ressenti un mal de tête atroce et a quitté le peloton de tête. Les vents violents ont ralenti Rodgers qui a réalisé un temps d’arrivée de 2:18:11, bon pour la 15ème place, tandis qu’Eskeets a eu du mal à franchir la ligne d’arrivée en 80ème position en 2:31:21. Eskeets a déclaré : ’ Ce n’était certainement pas mon marathon le plus rapide, mais j’ai eu l’impression d’avoir été le plus courageux ’.
À suivre : Renforcez votre force de course et évitez les blessures grâce aux intervalles HIIT de l’entraînement IronStrength. (Accès refusé le 15/09/2021 JH).
Enseigner, entraîner, courir longtemps Photo
Ses aspirations aux essais olympiques n’ayant pas été satisfaites, Eskeets a décidé qu’il était temps de retourner dans le sud-ouest. Il a passé quelques années à former des guides dans un musée de Flagstaff, puis à enseigner l’art et à entraîner le cross-country et la piste dans un lycée d’élite préparatoire à l’université à Mayer, en Arizona. Bien qu’il ait adoré cette expérience, il a été attiré en 1996 par la Native American Preparatory School (NAPS) de Rowe, au Nouveau-Mexique.
Ouverte en 1995 en tant que seule école préparatoire intertribale privée du pays, la NAPS s’est rapidement classée parmi les meilleurs lycées privés en fonction de la progression des élèves dans les collèges et les universités. Alors que son effectif dépassait à peine la centaine d’élèves, l’école représentait près de trois douzaines de tribus autochtones de plus d’une douzaine d’États, dont Hawaï.
À la NAPS, Eskeets a recommencé à enseigner et à entraîner, et il a rapidement assumé des fonctions d’administrateur. L’école a prospéré, atteignant un taux d’obtention de diplôme de 99 % qui a valu à la NAPS une reconnaissance nationale. M. Eskeets a finalement été promu au poste de directeur, où il s’est trouvé mêlé aux défis financiers de la NAPS : 98 % des élèves dépendaient d’une aide financière basée sur les besoins, et l’argent manquait toujours.
Contraint de collecter des fonds pour l’école et de poursuivre le voyage spirituel à travers la nation Navajo qu’il avait commencé à l’époque de Haskell, Edison a trouvé une solution : un ultrarun. Photo Edison Eskeets Caitlin O’Hara
Lors de sa première tentative en juin de cette année-là, Edison Eskeets n’a mis que six jours pour parcourir 208 miles de Flagstaff à Gallup, y compris l’ascension du Humphrey’s Peak de 12 633 pieds, l’un des pics de San Francisco sacrés pour les Navajos. Moins de deux ans plus tard, il s’est attaqué à son ultra le plus ambitieux, un trek de 10 jours et de 375 miles qui comprenait l’ascension des montagnes sacrées Blanca et Hesperus dans le sud du Colorado. Entre les deux ultras, Eskeets a récolté près de 90 000 dollars pour les bourses d’études de la NAPS. De plus, les longues courses lui ont apporté une perspective cruciale.
’Petit à petit, en pensant aux montagnes sacrées que les Navajos prient chaque jour, j’ai compris que mes courses avaient pour but d’honorer ces sites, du passé au présent et à l’avenir’, explique Eskeets. ’Et de cette façon, les courses concernaient vraiment le peuple navajo, ses voix, ses prières et ses pensées, et la reconnaissance du fait que nous sommes toujours là.’
Au début de 2001, Eskeets a quitté le cadre académique de NAPS pour devenir directeur exécutif de Wings of America, une association à but non lucratif de Santa Fe. Créée en 1988, Wings utilise la course à pied comme catalyseur pour donner aux jeunes Amérindiens les moyens d’être fiers de leurs traditions culturelles, de saisir les opportunités d’éducation et de vie saine, et de prendre des décisions responsables. Chaque été, Wings organise jusqu’à deux douzaines de camps de course et de remise en forme dans des communautés tribales du Sud-Ouest, et chaque hiver, des entraîneurs forment des équipes d’athlètes autochtones d’élite pour participer aux championnats nationaux de cross-country des États-Unis. Au cours des 30 dernières années, les athlètes de Wings ont remporté plus de 20 titres nationaux juniors.
En tant que directeur exécutif de Wings, Eskeets a voyagé dans tout le pays, générant des fonds et un soutien pour le programme. ’Il est charismatique et les gens gravitent autour de lui. Il est capable de communiquer avec les étudiants et de faire sortir les enfants autochtones de leur zone de confort’, explique James Nells, un Navajo qui a couru avec Eskeets à Haskell et qui a également entraîné les équipes d’élite de Wings en 2001, 2003 et 2014.
près six ans à Wings, une nouvelle opportunité s’est présentée au Hubbell Trading Post National Historic Site. Ouvert en 1878 à Ganado, en Arizona, Hubbell fonctionne toujours comme un lieu où les Navajos, les Hopis et d’autres Amérindiens échangent et vendent des produits tissés, des paniers, des bijoux et des poteries fabriqués à la main. En tant que premier commerçant navajo employé à Hubbell, Eskeets participe à la sélection des marchandises navajo et transmet aux visiteurs ses idées sur la conception des tapis navajo, ainsi que sa philosophie selon laquelle les gens sont plus semblables que différents. Chacune de ses discussions populaires sur les tapis se termine par la même phrase : ’Si ton sang est rouge, tu es de mon espèce.’
Le pouvoir d’un bon professeur
Trois étudiants réfléchissent à la façon dont l’Eskeets a contribué à façonner leur vie.
Trouver son but - Front, Ciel, Mer, Tourisme, Voyage, Vacances, Lunettes, Photographie, Sourire, Côte - ERIC MANOLITO, (photo) 36 ans, Albuquerque, Nouveau-Mexique En repensant à sa première tentative de course à pied en 1999, Eric Manolito ne peut s’empêcher de rire : ’ J’étais un peu nul pour essayer de suivre ’, dit-il en parlant du mini-cours de course à pied qu’il a suivi à la Native American Preparatory School, sous la direction d’Eskeets. ’Il a grandi à Cuba, au Nouveau-Mexique, dans les Jemez Mountains, au nord-ouest de Santa Fe. Au début de son adolescence, Manolito s’est fait une idée de l’enseignement supérieur, allant jusqu’à acheter une Ford Mustang et à se rendre à Albuquerque pour s’inscrire à l’Université du Nouveau-Mexique. Cette perspective a changé à son arrivée à la NAPS à l’automne 1996 : ’Avoir un professeur qui me ressemble, comme Edison, ça m’a fait vibrer’, dit Manolito. ’Manolito est diplômé de Stanford avec une licence en études amérindiennes, il est aujourd’hui tuteur pour l’association nationale AVID (Advancement Via Individual Determination) et consultant pour Navajo Tours USA, une jeune entreprise qui propose des visites guidées sur la nation Navajo. Le dernier ultra run d’Eskeets a donné une nouvelle inspiration à Manolito. ’En pensant à la distance qu’il a parcourue, 330 miles, c’est puissant à première vue’, dit-il. ’Maintenant, je me suis remis à la course à pied comme un moyen de rester en bonne santé, et un moyen d’affronter les sentiers ici dans les montagnes’.
Trouver un but - Uniforme militaire, Militaire, Grade militaire, Officier militaire, Officiel, Sous-officier, Militaire, Uniforme, Travail, Armée, Courtoisie - La découverte de son pouvoir - RAVIS HENRY, (photo) 30 ans, Chinle, Arizona - Il y a treize ans, avec une seule année de course à pied à son actif, Ravis Henry a accepté avec appréhension un poste d’été d’assistant animateur de camp pour Wings of America et Eskeets. L’été 2005 s’est avéré être ce qu’Henry décrit comme ’l’un des meilleurs moments de ma vie’. L’automne suivant, Henry est passé du statut de ’joggeur moyen’ à celui de capitaine de l’équipe de cross-country de la Navajo Pine High School, première équipe championne de l’État du Nouveau-Mexique. Les enseignements d’Eskeets sur la course traditionnelle autochtone ont contribué à cette transformation : ’Chaque fois que je rencontrais Edison [à Wings], il avait une histoire, et ces histoires m’ouvraient vraiment les yeux’, raconte Henry. ’J’ai appris l’histoire de Billy Mills [Sioux Lakota et médaillé d’or aux Jeux olympiques de 1964], et celle des premiers coureurs messagers Navajo’... Aujourd’hui employé par le Service des parcs nationaux en tant que ranger interprète au Canyon de Chelly National Monument, Henry fait des présentations sur la Longue Marche. ’Beaucoup de personnes âgées n’osent pas en parler’, dit-il. Comme Eskeets, il pense que son message est vital. ’Je n’en fais pas une histoire de PG ; je laisse tout dehors’.
Fière de son patrimoine - Beauté, sourire, mur, fer, roue, œil, épaule, architecture, photographie, tourisme - ALVINA BEGAY, (photo) 37 ans, Flagstaff et Ganado, Arizona Sextuple championne d’Arizona de cross-country au lycée, Alvina Begay a passé cinq étés à travailler comme animatrice de camps de course et de fitness avec Wings of America aux côtés d’Eskeets. ’Edison mettait toujours un point d’honneur à nous parler des enseignements Navajo’, raconte Alvina Begay. Ces discussions l’ont marquée à vie. ’Je crois vraiment que nous devons revenir à nos racines, à notre culture et à nos prières, et parler la langue navajo. Avec le recul, je me demande pourquoi j’ai appris à l’école que George Washington avait abattu un cerisier alors que les livres d’histoire ne parlent pas de la Longue Marche. Il est important que nous sachions ce que nos ancêtres ont fait pour que nous soyons en vie aujourd’hui... ils ont enduré’ Diététicienne diplômée, Begay poursuit actuellement des études d’infirmière et s’engage à améliorer la santé des habitants de la nation navajo. La course à pied reste importante. Toujours en compétition à 37 ans, elle a participé à deux essais olympiques et a représenté les États-Unis aux championnats du monde de semi-marathon en 2012. Avec un temps de 2:44:05 au marathon de Boston 2017, la qualification pour les essais de marathon de 2020 est à portée de main : ’C’est difficile de travailler, d’aller à l’école, de s’entraîner et de concourir à un haut niveau’, dit-elle. ’Mais la course à pied m’aide à garder un équilibre dans ma vie. En Navajo, nous appelons cela hózhó - être équilibré mentalement, physiquement et spirituellement. La course à pied m’apporte cela.
’Le message - la course’ Photo
Peu de temps après avoir commencé à travailler à Hubbell en 2007, Eskeets a eu l’idée d’une dernière course d’ultra-distance. Il voulait essayer un itinéraire qui retracerait une grande partie de la Longue Marche et qui rendrait également hommage à l’histoire des messagers autochtones de longue distance : Pendant des siècles, de jeunes Navajos au pied léger et à la forme physique exceptionnelle ont littéralement transmis des messages d’une tribu à l’autre, et ont joué un rôle essentiel dans la survie en temps de guerre.
Mais il a fallu près de dix ans pour s’engager dans cet ultra. ’Le plus grand défi était l’aspect spirituel’, a-t-il expliqué. ’Il y a un élément qui est si puissant, à cause de tout ce qui a transpiré pendant la Longue Marche et après, avec le traité de 1868 et le gouvernement qui disait : ’Quand vous signez ici, vous allez laisser votre langue, votre système de droit, votre agriculture, et vos enfants iront dans nos écoles’. C’est difficile de regarder en arrière, et il y a encore beaucoup d’amertume au sein du peuple navajo.’
En fin de compte, c’est un profond désir d’honorer ses ancêtres qui a convaincu Eskeets d’aller de l’avant avec son idée : une course de 330 miles, 15 jours, débutant le 18 mai 2018, du Canyon de Chelly à la Plaza historique de Santa Fe, site du capitole territorial du Nouveau-Mexique. La fin de la course, le 1er juin, coïnciderait avec le 150e anniversaire du traité Navajo, qui a permis aux Diné de retourner sur leurs terres. Eskeets a baptisé l’entreprise ’The Message-The Run’ (le message et la course), afin de reconnaître la souffrance des Navajos pendant la période de la Longue Marche et de célébrer leur survie finale.
Eskeets a décidé de faire don de l’argent qu’il récolterait (en fin de compte, il s’agirait de 90 000 dollars) à la Western National Parks Association et à des programmes éducatifs à Hubbell. Puis il a appelé sa sœur Lorraine : Quand il m’a dit qu’il allait faire une autre course, sa dernière, je lui ai dit : ’Tu sais quoi, Ed ? Si c’est ta dernière, je l’ai commencée avec toi, finissons-la ensemble’. Le mari de Lorraine, Jason Bunion, a accepté de conduire, et la fille du couple, Jay-lynn, a convaincu ses parents de la laisser manquer deux semaines de sa deuxième année de lycée. L’équipe de soutien était en place ; la course était lancée.
Juste avant l’aube du 18 mai, un petit groupe s’est rassemblé au-dessus de Spider Rock, lieu sacré pour les Navajos car c’est la demeure de Spider Woman, qui a enseigné aux Diné l’art du tissage. Eskeets a commencé par une cérémonie honorant cette tradition, qui comprenait un tapis que le maître tisserand Mary Henderson Begay avait tissé spécialement pour être utilisé ce matin-là.
Eskeets s’est agenouillé sur le tapis, a regardé vers le canyon et a prononcé des paroles navajo de reconnaissance pour la survie des Diné. ’J’ai fait le lien entre les éléments - la terre, le vent, l’eau, le feu’, se souvient-il. ’Et j’ai rendu grâce au fait qu’il y a de la vie ici, qu’elle évolue encore au fur et à mesure’. Pour terminer la cérémonie, Eskeets a saupoudré de la farine de maïs blanche sur chacune des personnes présentes. ’C’était un gage de reconnaissance par rapport aux mots, à l’environnement et à l’événement’, explique-t-il.
À 6 h 10 du matin, vêtu de la tenue traditionnelle d’un messager Navajo et portant un hochet de fabrication apache, Eskeets s’est mis en route par une matinée de 39 degrés. Le hochet était un geste envers le peuple apache, dont au moins 500 membres avaient également été internés avec les Navajos.
Eskeets divisait la plupart de ses journées en trois segments de course, totalisant environ 20 à 25 miles. Son jour de course le plus court était le troisième, 11 miles, et il se terminait au Hubbell Trading Post. Sa mère de 95 ans, Bessie, était présente, ainsi que ses frères et sœurs Emerson, Lorraine et Irene.
’Cette course est en préparation depuis plus de 10 ans’, a déclaré Eskeets à la foule rassemblée à Hubbell. ’La préparation dure depuis plus de 40 ans - j’ai couru plus d’un quart de million de miles [pendant ce temps]. La Longue Marche fait partie de tout cela. Les gens ont été blessés, ils sont morts de faim, il y avait le mal du pays et la maladie. J’en ressens chaque centimètre. Vous savez comment les gens parlent d’avoir un but ? Ça, c’est au plus profond. Et ça n’a rien à voir avec la course, rien à voir avec l’athlétisme. Il s’agit de l’humanité.’
Et en partie, de son avenir. ’Le fait qu’Edison se soit exposé, en montrant aux gens à quel point un tel voyage est physiquement et émotionnellement éprouvant, est très important’, déclare le directeur exécutif des Wings, Dustin Martin. ’J’essaie de rappeler aux enfants que courir et se déplacer sur la terre, et connaître la terre sur nos deux pieds, c’est dans notre sang. Les jeunes autochtones doivent avoir une certaine vision de cela, car c’est notre héritage.’
Après avoir parcouru en moyenne 22 miles par jour pendant deux semaines, la dernière journée de 26 miles d’Eskeets a été la plus longue. Il a dû faire face à des vents violents, à des températures atteignant les 90 degrés, à des tendinites aux deux chevilles et à un trafic intense sur l’autoroute à l’approche de Santa Fe. Il attendait son arrivée avec Jerry Tuckwin, 76 ans, ancien entraîneur et directeur sportif de Haskell, qui avait fait peu de cas d’une maladie cardiaque pour venir du Kansas et être présent. ’Ma femme et moi nous sommes éloignés de l’arrivée d’un demi-mile environ, dit-il, et quand nous l’avons vu arriver sur la dernière longue colline, il volait, je vous jure, on aurait dit qu’il courait un 5 km.’ Edison a couru ces 10 derniers miles en un peu plus d’une heure.
Non pas que Tuckwin ne pouvait pas y croire : ’J’ai appris que lorsqu’Edison se met en tête de faire quelque chose, d’une manière ou d’une autre, il le fait’, dit-il. Il m’a dit après coup : ’Ce n’était pas une course - c’était une belle danse sur 330 miles ; j’ai dansé tout le long pour notre peuple’.
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How to Train for Half Marathon | Run Half Marathon | Training Guide 2018
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Une conférence sur la vie du peuple des indiens Navajos - Publié le 08/11/2011 à 00:00 – Document ‘midilibre.fr’ – Photo : Marie et Pierre Cayol avec leurs amis Navajos. © D.R - Domazan, Cinéma
Les indiens Navajos investissent Domazan le dimanche 27 novembre. L’association culturelle et historique domazanaise poursuit son cycle de conférences : Marie et Pierre Cayol, passionnés depuis plus de 30 ans de la culture navajo, animeront une conférence-débat sur le mode de vie et la philosophie de ce peuple.
Peuple qu’ils connaissent bien ; ils partagent leur vie entre la terre navajo qui est devenue leur terre d’adoption et le département du Gard.
Pierre Cayol, peintre fortement influencé par l’art navajo, a même son nom indien ’Celui qui peint’. Marie Cayol, quant à elle, est surnommée ’Celle qui accompagne celui qui peint’.
Des liens très forts se sont créés et leurs amis sont comme leur propre famille. Cette confiance mutuelle acquise au fil du temps a facilité l’entrée dans la culture et la philosophie navajo. ’L’été 2011 marquait le trentième anniversaire de notre rencontre avec deux familles navajos de Navajo Mountain en Arizona’ précise Marie Cayol.
Une date importante qui souligne l’amitié à une famille mais aussi une amitié élargie à l’ensemble des familles navajos. ’Attirés par la culture de ce peuple et sensibles à la beauté du pays navajo avec des sites grandioses comme monument Valley, le canyon de Chelly, nous sommes revenus maintes et maintes fois, guidés par nos amis navajos’. De ce lieu privilégié, l’intérêt du couple Cayol s’est étendu aux autres populations autochtones du sud-ouest de l’Amérique du nord : Apaches, Hopis et Pueblos.
C’est ce cheminement à la rencontre de l’autre qui est raconté dans le livre que Marie Cayol a publié en 2010 aux éditions Cardère, Navajo Mountain, la tête de la Terre Mère et qui sera présenté au cours de la conférence.
Loin des images véhiculées par le cinéma hollywoodien, c’est toute une civilisation, un mode de vie bien souvent mis en danger, qui seront dévoilés lors de cette conférence.
Midi Libre – Source : https://www.midilibre.fr/2011/11/08/une-conference-sur-la-vie-du-peuple-des-indiens-navajos,414152.php
Livre - Navajo Mountain. La tête de la Terre-Mère, Naatsis’ààn - Cayol/marie – « Chez les Navajos, Marie et Pierre Cayol sont ’celui qui peint et celle qui l’accompagne’, et ça, de façon très naturelle, depuis vingt-cinq ans... Lire la suite– 1èrede couverture
Livre – Dinetah en pays navajo de Marie Cayol chez Atelier du grand tétras , Paru le 22/08/2019 | Broché 62 pages – « En pays navajo, Dinetah, le pays des Diné -, ponctue le long cheminement de Marie Cayol en pays navajo depuis une quarantaine d’années. Son recueil de poèmes est une porte ouverte pour nous faire passer d’un monde concret, unique par la beauté de ses paysages, à un monde symbolique dans lequel les Dieux et les Hommes dialoguent entre eux. La sobriété, la souplesse et la justesse de ses mots affûtent ce regard posé sur l’Autre, et nous révèlent la voix intérieure qui envoûte. Source : https://www.lalibrairie.com/livres/dinetah—en-pays-navajo_0-6115139_9782375310489.html
Livre - Au pays des navajos - De Marie Cayol - Cet ouvrage ambitionne de faire découvrir, de manière interactive, un territoire du sud-ouest des USA ainsi que la population qui l’occupe – 1èrede couverture – « Cet ouvrage ambitionne de faire découvrir, de manière interactive, un territoire du sud-ouest des USA ainsi que la population qui l’occupe, son mode de vie, son art. Guidée par le concept d’altérité, Marie Cayol, spécialiste des Navajos, tente d’amener à la compréhension de ce qui est spécifique à ce peuple afin de mieux le reconnaître dans sa différence. Pour cela, l’auteur a tracé sept pistes riches en textes (proses et poèmes), en images (photos, peintures, cartes et documents). Les consignes de lecture, d’écriture ou de créations artistiques peuvent être exploitées dans tous les milieux, quel que soit l’âge des protagonistes.
L’interculturalité enchantera celles et ceux qui rêvent d’ouvrir plus largement leur réflexion sur le monde d’aujourd’hui. Les séquences sont en lien direct avec les programmes scolaires de français, de créations artistiques, d’études du milieu, d’histoire, de géographie et même de philosophie. Chacun y puisera à sa guise.
Palliant l’ignorance des générations qui ont, des Amérindiens, une image déformée par des clichés, cet ouvrage permet de reconnaître le peuple navajo, de le visiter de l’intérieur dans ce qui le fonde. En entrant dans son univers, on comprend combien le paysage influe sur leur pensée, leur philosophie et combien les dimensions symboliques et les représentations mythologiques donnent du sens à la vie, la leur comme la nôtre.
Aller « Au pays des Navajos », c’est faire l’expérience du sacré à travers leur vécu. Ainsi, nous pourrons les suivre sur « leur chemin de beauté ». Autrement dit, un essai indispensable à l’éducation de la jeunesse ! – Source : https://www.cultura.com/au-pays-des-navajos-9782870036105.html
Livre – Masayestewa : Un fermier hopi - Broché – Illustré, 8 juin 2018 ; de Marie Cayol (Auteur), Pierre Cayol (Illustrations) – 1èrede couverture
« Le climat aride a toujours été une contrainte forte en Arizona. Enclavé dans le territoire navajo, le peuple hopi a su adapter la culture du maïs – sa nourriture de base – pour survivre. De cette exigence pédoclimatique est née toute la philosophie hopi. À travers le quotidien de Masayestewa, ses paroles de sagesse et les expériences que Marie et Pierre Cayol partagent à ses côtés au cours des séjours nombreux depuis 1981, Marie nous guide dans l’univers hopi qui forme un monde à part et perdure depuis plus de mille ans. Le travail d’agriculteur de Masayestewa, réglé sur le cycle des saisons, est inséparable de sa fonction de chef spirituel qui organise des rituels au cours desquels interviennent les Katsinas – danseurs masqués représentant les esprits de la nature – pour demander la pluie. Ce livre témoigne de l’attachement des Hopis à vivre, se perpétuer et prospérer à l’endroit où ils se trouvent dans une relation forte, intime, pure, brute, à leur environnement, et dans le respect des traditions et des autres cultures ».
Œuvre artistique - Pierre CAYOL, Artiste Peintre – ‘Peindre le désir’ - Reproduction
Joseph Pacini - Préface de Pierre Provoyeur - 150 pages - Format : 23,5 x 27 cm sur papier couché satiné, 135gr. - Quarante ans de création ! Les amateurs de peinture connaissent le travail et la rigueur de Pierre Cayol. Ils savent combien sa passion silencieuse, sa créativité ardente et son immense talent composent les racines de son oeuvre. L’itinéraire du peintre que propose ce livre, est à la fois l’itinéraire réel et poétique, l’oeuvre composée et le cheminement intérieur.
Peindre, n’est-ce pas cette manière de voyager du dedans au dehors, de fixer pour la mémoire les itinéraires mystérieux du désir, d’établir les cartes géographiques de l’errance, de raconter l’histoire des hommes à la frontière du visible et de l’invisible ? -
Joseph Pacini
Réalisation artistique de Pierre Cayol – Source : http://www.pierre-cayol.com/livres/
Selon Wikipédia « Pierre Cayol, né le 14 août 1939 à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) est un artiste peintre, décorateur de théâtre, graveur aquafortiste, lithographe, et illustrateur Français… »
Voir aussi : La famille Cayol expose des oeuvres sur les indiens d’Amérique à Tavel 30 sur le site : https://www.midilibre.fr/2015/11/26/la-famille-cayol-expose-des-oeuvres-sur-les-indiens-d-amerique-a-tavel,1248381.php
Pierre CAYOL, Artiste Peintre – « ’Homme du sud méditerranéen, mais aussi d’un autre sud, celui des Indiens d’Amérique, dont il a fait sa terre d’élection, Pierre Cayol explore, du cœur et du regard, des paysages et des objets, des corps dont il saisit, sur une toile, l’harmonie profonde des formes et des couleurs. Le souffle de l’inspiration s’allie à la maîtrise. De la profusion se dégage l’équilibre fondamental. Cayol, poète de la peinture ? Pourquoi pas ? Devant ses tableaux, j’entends rôder en moi ce vers de l’Invitation au voyage : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté…- En ce début de siècle où tant d’esprits proclament la mort de la peinture, et s’en réjouissent, Pierre Cayol, avec une tranquille ferveur, et sans discours, affirme la pérennité d’un art tout d’harmonie et de lumière. Je vois dans son œuvre la présence de l’éternel paganisme où s’épanouit la complicité de l’homme et de la nature. Les liens sont profonds, que l’œil du peintre saisit et exalte. Dans ses toiles, on respire comme un air de bonheur.’ - Jean JOUBERT – Prix Renaudot, 1975, pour ’L’homme de sable’.
Photo de l’artiste devant l’une de ses œuvres
Pierre Cayol, Une œuvre en partage
Reproduction d’une œuvre dePierre Cayol :Pueblo 2020
En cette période de confinement, partout en France, les artistes, écrivains, musiciens, peintres, se mobilisent pour partager avec tous les publics leur quête de beauté, voulant ainsi donner à voir ou à entendre les signes qui disent que la vie a du sens.
Dans cet esprit de solidarité, Pierre Cayol, artiste peintre à Tavel, engagé dans ce cheminement esthétique et éthique, propose d’aller à la rencontre de ses œuvres en offrant au regard chaque semaine une présence par l’intermédiaire de l’un de ses tableaux. Sandrine et Olivier qui tiennent la Boulangerie Au vieux four, prêtent leurs murs à ces oeuvres, permettant ainsi de créer un lien entre le quotidien et l’art.
Boulangerie Au vieux four - Rue des Lavandières, Tavel 30126 – Source
Adresse de l’artiste : 37 Rue des Lavandières - 30126 Tavel – France - Tél : +33 (0)4 66 50 07 60 - E-mail : pierre.cayol@wanadoo.fr.
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Quelques pages de poésie empruntées à la culture navajo et pueblo
Poème des Navajos : que mes pas me portent dans la Beauté
Que mes pas me portent tout le long du jour
Que mes pas me portent à chaque retour des saisons
Pour que la beauté revienne vers moi :
La beauté des oiseaux : la joyeuse Beauté des oiseaux.
Que mes pas me portent sur le chemin, à l’air gorgé de pollens
Que mes pas me portent à travers la danse des sauterelles à terre
Que mes pas me portent dans la rosée fraîche des matins
Et que – tout le long - la Beauté soit avec moi.
Que mes pas me portent vers la beauté qui me précède
Que mes pas me portent vers la beauté qui me succède
Que mes pas me portent vers la beauté du ciel (et des étoiles le soir venu)
Que mes pas me portent vers la beauté qui m’entoure
Que mes pas me portent aussi dans la vieillesse sur un chemin de beauté,
vers une vie nouvelle qui se profile
Et dans la beauté, je marcherai … Dans la beauté je marcherai … je marcherai encore…
Diffusé par ‘Gazou’ dans ‘Poésie’ le 25 avril 2017 à 10:44
Source ; http://gazou.eklablog.com/poeme-des-navajos-que-mes-pas-me-portent-dans-la-beaute-a129984714
Extrait traduit de ‘Pueblo Indians’ (extrait de l’ouvrage The Stricken Twins : How Song Began, Oasis, Santa Fe, 1984, page 45)
Aucun d’entre eux n’a été créé par lui-même.
Tous ont été texturés, modelés, façonnés, par une grand-mère vannière
Et un tisserand d’âmes de notre communauté.
Dans des pièces en pierre et des fosses en terre, ils stockent leur maïs,
et ils le sortent quand ils en ont besoin pour décorer des jeunes filles.
Dans les kivas sacrés sont conservés les histoires, les chansons et les danses
dont se souviennent les anciens, et renouvelées par les jeunes,
[Une kiva : une pièce d’habitat, en général de plan circulaire et semi enterrée, qui est utilisée par les Pueblos pour des rituels religieux].
Un passé qui est bien vivant dans le présent,
tissant de nouveaux vêtements pour l’avenir.
Leurs rythmes lents s’écoulent avec les saisons :
Avec la femme qui change, la Terre Mère. Leur frères et sœurs : les plantes vivantes.
Un arbre ancien de la connaissance, plein de feuilles et d’oiseaux chanteurs,
Un arbre qui vit dans le Tewan et qui leur parle
[Tewan est un territoire d’une tribu d’Indiens d’Amérique comprenant de nombreux Pueblos du Nouveau-Mexique et des régions adjacentes].
Avec la flûte et le tambour, avec des plumes de prière et les pieds qui dansent,
Ils invoquent les nuages ancestraux : ceux qui apportent la pluie et renouvelle la vie.
Les tambours résonnent au rythme du vent et du ciel,
Et le tonnerre, né de la tempête, apporte la pluie.
Les danseurs, au rythme des tambours et des chants, sont convoqués sur la place.
La longue flèche du leader soulève les plumes d’aigle vers le bleu,
invoquant les cieux, de nuage en nuage.
Des gousses et des cailloux dans des calebasses sèches
font la musique des graines … et des gouttes de pluie tombent.
Les branches des pins sont des prières sans fin
pour la verte croissance et le vivant.
Les pieds des hommes marquent et martèlent le sol,
comme pour commander et donner du pouvoir.
Les pieds des femmes marchent doucement, plus souples comme pour bénir :
la terre attend de recevoir les semences pour nourrir tout le monde.
Un battement manqué - un arrêt soudain - du choeur et du batteur - signale un changement subtil de rythme.
Et des heures et des heures la danse continue, jusqu’à ce qu’au crépuscule,
les dieux repartent et que tout soit à nouveau silencieux.
…
Imiter, c’est induire. Imiter, c’est devenir.
La créativité subtile fait apparaître les vrais créateurs.
La cérémonie sacrée réveille les fontaines en haut et en bas…
Poètes navajo ou inspirés par les Navajo - Le désert : intarissable source d’inspiration…
Les paysages du Sud-Ouest américain ont été une source d’inspiration pour les nombreux voyageurs et aventuriers qui ont eu l’occasion d’emprunter les routes de terre, les canyons, les rivières et les autoroutes avec pour seul horizon des Mesa, une rangée de majestueuses montagnes, un défilé escarpé ou l’immensité à perte de vue…
Traders, missionnaires, et plus près de nous randonneurs soucieux de l’environnement ont composé des hymnes à la beauté sauvage du Sud-Ouest américain.
Je vous propose de découvrir des poèmes rédigés par un missionnaire qui décrivait l’acculturation progressive des Native American et la destruction de l’habitat traditionnel (Jacob Trapp) mais aussi les écrits d’écologistes comme David Chorlton qui s’inscrit dans la tradition visionnaire et revendicatrice d’Edward Abbey.
Enfin, je posterai régulièrement des extraits d’œuvres poétiques composées par des auteurs navajo, comme Emerson Blackhorse Mitchell ou Hershman John, jeune diplômé qui enseigne à ‘’Phoenix College’ et à l’’Arizona State University’. Ses poèmes ont été publiés dans de nombreuses revues, comme Arizona Highways ou Puerto del Sol.
Photo - David Chorlton
Les poèmes de Jacob Trapp.
Jacob Trapp fut au contact de nombreuses cultures amérindiennes. Ses déplacements dans le sud-ouest américain lui permirent d’observer Pueblo, Hopi, Navajo, Havasupai…
Ses poèmes décrivent principalement des membres des tribus Pueblo saisis dans leurs occupations quotidiennes : au marché, dansant sur la place devant des touristes étrangers à leur spiritualité…
Une inquiétude sourde traverse ses écrits qui constituent également un témoignage sur la destruction du mode de vie traditionnel et la progressive disparition de l’âme indienne telle que Jacob Trapp a pu la concevoir.
A la superficialité et à la recherche de profits immédiats symbolisés par les envahisseurs blancs (missionnaires aveuglés, colons blancs et touristes), Jacob Trapp oppose l’imperturbable lenteur de peuples qui, héritiers d’un temps cyclique, entrent en communion avec les forces de la Nature et deviennent, en se libérant de tout désir de toute-puissance ou de contrôle, les créateurs absolus.
Pueblo Indians (extrait de l’ouvrage The Stricken Twins : How Song Began, Oasis, Santa Fe, 1984, page 45) (traduction ci-dessus)
No one of them is self-made.
All were textured, patterned, shaped,
By a grandmother basket maker
And a communal weaver of souls.
In rock rooms and earthen pits
They store their corn, brought forth
When needed to blossom into maidens.
In sacred kivas are kept
Stories songs and dances,
Remembered by the old,
Renewed by the young,
A living past in the present
Weaving new garments into the future.
Their slow rhythms flow with the seasons
Of Changing Woman, Mother Earth.
Their brother the living plants.
An ancient tree of knowledge,
Full of leaves and singing birds,
Lives in the Tewan they speak.
With flute and drum,
With prayer feathers and dancing feet,
They summon ancestral clouds
Bringing life-renewing rain.
Photo - Danse Pueblo, Gallup, Intertribal Ceremonial, 2006, photographié par Nausica Zaballos.
Pueblo Ceremonial Dance (extrait du même ouvrage, page 46)
Drums throb to the wind and the sky,
And thunder, born of storm, brings rain.
Dancers, to drumbeat and song,
Are summoned to the plaza.
The leader’s long shaft lifts
Eagle feathers against the blue,
invoking the heavens, cloud to cloud.
Pods and pebbles in dry gourds
Make music of seeds and raindrops falling.
The pine boughs are prayers
For green growth and life unending.
The men’s feet stamp the ground
As though to command and empower.
The women’s feet step softly,
Caressing as though to bless
Earth waiting to receive and nurture.
A missed beat,
A sudden stop of chorus and drummer,
Signals a subtle change of rhythm.
Hours and hours the dance goes on,
until at dusk the gods depart
and all is silent.
To imitate is to induce.
To impersonate is to become.
Creativity conjures forth the creators.
Sacred ceremony awakens
Fountains above and below.
Photo - Danse Pueblo, Indian Pueblo Cultural Center, Albuquerque, juillet 2005, photographie prise par Nausica Zaballos.
Tous ceux qui se sont aventurés dans les paysages escarpés ou désertiques du Sud-Ouest américain s’accorderont pour dire que les magnifiques formations rocheuses, le rythme de vie de ses habitants, la prégnance des traditions populaires religieuses et la transmission des histoires sacrées indiennes concourent à l’élévation de l’âme. Que l’on soit athée ou que l’on revendique son affiliation à une communauté de croyants, on ne pourra rester aveugle aux marques de dévotion ou de spiritualité présentes dans les états du Sud-Ouest. Partez à la découverte des hauts-lieux spirituels du Nouveau-Mexique et d’Arizona à travers poèmes et images…
Photo -A l’intérieur d’Antelope Canyon… août 2011, (c) Nausica Zaballos
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À la mémoire de Mathieu Cayol, un ami des peuples amérindiens du Sud-Ouest des Etats-Unis.
Remerciements à Pierre et Marie Cayol qui partagent volontiers avec leurs Amis leur vécu régulier depuis plusieurs décennies parmi les Navajos et d’autres peuples amérindiens, auprès desquels où ils puisent leurs inspirations artistiques et littéraires.
Traductions, [compléments], collecte de documents et intégration de liens hypertextes par Jacques HALLARD, Ingénieur CNAM, consultant indépendant – 24/09/2021
Site ISIAS = Introduire les Sciences et les Intégrer dans des Alternatives Sociétales
Adresse : 585 Chemin du Malpas 13940 Mollégès France
Courriel : jacques.hallard921@orange.fr
Fichier : ISIAS Ethnologie Culture Navajo Résistance A la recherche de l’harmonie sociale associant pratiques artistiques, soins de santé, agroécologie et poésie.7.docx
Mis en ligne par le co-rédacteur Pascal Paquin du site inter-associatif, coopératif, gratuit, sans publicité, indépendant de tout parti, géré par Yonne Lautre : https://yonnelautre.fr - Pour s’inscrire à nos lettres d’info > https://yonnelautre.fr/spip.php?breve103
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